Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-04-05
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 avril 1928 05 avril 1928
Description : 1928/04/05 (A29,N55). 1928/04/05 (A29,N55).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64512380
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N° 55.
LE NUMERO : 80 CENTIMES
JEUDI SOIR. 5 AVRIL 192S.
joulail QUOTIOIEN
Rédaction & Administration :
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Les Annales Coloniales
La Miwien «t rMnin «oui npin -
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Dimeraunii Memel - RUEDEL et L.-G. THÊBAULT
10u la articles pubuds dant notre tournoi no wowont
ebv ""Oduus qu'en citant les Amum Gmula
ABONNEMENTS
avec le supplément illustrés
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France et
ColoniM t20. III 81.
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On i ikooM auii fraII lui
tom 1m burtan d* port*.
Coutumes, Traditions et Gvilisation
Voici un exempter destiné à nous faire
réfléchir sur le danger de certaines for-
mules toutes faites, trop facilement em-
ployées quand il s'agit des colonies.
Respectons les croyances et les coutumes
de nos protégés : sommes-nous telle-
ment convaincus que les nôtes soient
l'expression de la vérité? Thème facile,
trop facile. On ajoute, croyant faire
une concession très importante : sauf
toutefois quand ces usages sont opposés
à notre idée d'une civilisation humaine,
comme les sacrifices humains et l'escla-
vage. Restriction juste, mais, je le
répète, insuffisante. On le verra par le
chapitre du Rapport sur l'Administra-
tion sous mandat du territoire du Came-
roun, intitulé : Nuptialité, Polygamie.
La polygamie, nous dit-on, est mise
en échec : dans la région de Garoua,
d'influence musulmane, 3 des hommes
sont célibataires, 1 ont 4 femmes ou
plus (avec 7 au maximum), 3 ont
3 femmes, 1/4 ont 2 femmes, 2/3 ont
1 femme. Je ne me pose pas la question
de savoir s'il vaut mieux, même au
point de vue de la morale et de la so-
ciété, être célibataire ou avoir 2 femmes.
C'est un autre problème. Mais j'arrive à
ce qui m'a le plus frappé : au mariage
des indigènes Boulous et Bamilékés.
Les mariages consommés avec des fil-
lettes impubères v "ont de tradition; ils
sont favorisés à fa fois par les préjugés
des indigènes aisés et par l'âpreté au
gain des chefs de famille. On est bien
là en présence d'une coutume ancestrale.
Cependant, l'Administration allemande
n'avait pas hésité; se plaçant au point
de vue des conséquences physiologiques
de ces unions, soit pour les conjoints,
soit pour la reproduction de la race, elle
avait frappé cette coutume d'interdic-
tion. Le passé a survécu : ces pratiques
sont devenues clandestines, mais elles
ont résisté.
Les efforts de l'Administration fran-
çaise ne semblent pas avoir eu beaucoup
plus de succès; elle a fixé à 13 ans l'âge
minimum requis pour l'union conjugale.
Elle a prévu une sanction civile : le di-
vorce prononcé à la demande de la
femme quand elle a atteint l'âge nubile;
les tribunaux de races peuvent pronon-
cer la dissolution de l'union et décider
que la dot ne sera pas remboursée quand
la preuve est faite que la - mariée était
impubère; c'est la jurisprudence du tri-
bunal d'homologation de Douala qui a
cassé des jugements de tribunaux de
races condamnant à la prison des indi-
gènes qui avaient suivi la coutume des
ancêtres.
Cela n'a pas convaincu les autres. Et
alors l'Administration songe à des
sanctions pénales. Les tribunaux de
races appliquent les peines coutumières
prévues pour les blessures ou l'homicide
par imprudence et substituent même
l'emprisonnement et l'amende à la cou-
tume, mais lorsqu'il y a blessures
graves, infirmité ou mort à la suite
d'une union prématurée. Mais c'est
l'union prématurée elle-même qu'on
veut interdire, et un projet de décret
répressif a été proposé.
Certes, il ne va pas jusqu'à prévoir,
comme l'avaient fait les Allemands, la
suppression des fiançailles à long terme.
Il n'y a rien à faire contre cette cou-
tume si on la heurte brutalement, ce
serait « 'bouleverser les mœurs locales et
menacer ainsi la stabilité de la société
indigène ». On ne saurait mieux dire :
tout se tient dans les usages d'un peu-
ple, et il ne faut toucher que d'une
main prudente à tel ou tel usage, même
s'il nous paraît antisocial. Le texte
condamne les rapports sexuels préma-
turés, soit hors mariage, soit dans le
mariage « trop souvent consommé par
anticipation ». - Il s'inspire librement des
articles 331 et 332 du Code pénal, rela-
tifs aux attentats à la pudeur et au
viol; il tient compte du fait que la
puberté est plus précoce en Afrique
qu'en Europe pour déterminer la limite
d'âge « de la victime » (12 ans); un mé-
decin pourra toujours être appelé à
constater l'état de nubilité de cette der-
nière.
On laisse une marge très grande entre
la peine minima et maxima ; cela permet
de donner une plus grande élasticité à
la répression, de l'adapter « à la variété
des cas et à l'inexpérience des magis-
trats indigènes »; les amendes sont
fortes, car les « coupables » sont des
gens fortunés, capables de doter riche-
ment la jeune future; les complices sont
frappés parents cupicfes de mineurs
« qui facilitent au profit d'un mari im-
patient la consommation du mariage ».
- Un pareil texte sera-t-il plus efficace
que les mesures demeurées jusqu'à ce
jour inutiles? L'avenir nous le dira. Mais
il y a là un sujet de dissertation, ou
plutôt plusieurs sujets à l'usage des
.philosophes : il y a aussi de quoi nous
faire réfléchir sur la valeur réelle des
formules doctrinales dont j'ai parlé. 11
y a cependant un argument un peu
grossier, dont je ne dirais rien s'il ne
reparaissait constamment chez certaines
personnes : « Mais, enfin, demandent
celles-ci, ces coutumes-là existaient de-
puis des siècles et des siècles et, avant
notre arrivée, les races dont elles assu-
raient la « stabilité » ne s'en portaient
pas plus mal; en tout cas, elles avaient
résisté jusqu'ici. » Elles avaient ré-
sisté, c'est une façon de parler; elles ne
s'en portaient pas plus mal, c'est encore
une autre affaire. Mais j'ai souvent
entendu un raisonnement analogue tenu
par de vieux paysans robustes, droits et
vi fs, auxquels on expliquait que la
Faculté défendait désonnais de boire
l'eau malsaine et pernicieuse que tout le
village absorbait jusque là : « Voilà 70
ans que nous en buvons, de cette eau, et
nous sommes, ma foi, plus solides que
tous ces messieurs de la Faculté réu-
nis. » Le professeur, chargé de faire
l'analyse des eaux dans mon départe-
ment, ne trouve jamais à cet argument
une valeur quelconque; qui donc oserait
dire qu'il a tort?
Mario XoMstoit,
Sénateur de VItérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colontes.
BROUSSES
4p BROUTILLES
Mystère et discrétion
Nous avons souvent parlé du riz dans ces
colonnes, et avec la plus grande sympathie,
comme il se doit à l'égard d'une céréale
résolument coloniale et qui se préte à de
nombreuses et exquises préparations culi-
naires.
Pour la bonne santé de l'Indochine, de
Madagascar, comme pour celle de notre
estomac et même de notre intestin (en dépit
d'une injuste légende), il est expédient de
consommer beaucoup de riz : la cause, là-
dessus, est généralement entendue.
Mais, sur le point particulier de sa-
voir pourquoi le riz, en France, n'est
pas admis à suppléer le blé en cas de déficit,
les avis sont partagés.
Pourtant, ai-je dit, (passant par hasard
devant la Bourse de Commerce), à un néRo,
ciant en blés, de savants professeurs ont
démontré que le riz pouvait, sans inconvé-
nient, entrer dans une proportion de 25
dans la fabrication du pain.
- Hi, hi, les savadi u ain.
- Hi, hi, les savants!. a fait mon négo.
ciant.
- O'ailleur, ai-je poursuivi, je me rap-
pelle parfaitement la « boule Il riz et
froment -- que l'on donnait aux soldats à
la fin de la guerre. Elle était fort appétis-
sante, de goût agréable et de conséquences
digestives très normales.
- Heu, heu, a fait mon négociant.
Voyons, franchement, quoiqu'un est-il
intéressé a ce que la France importe du sei-
gle étranger au lieu de riz colonial, pour
aider à remplir les pétrins?
- Hé, ha, a fait mon négociant, appelant
un taxi.
Et je n'ai pu éclaircir le mystère de l'in-
terdit prononcé sur le riz en tant que succé-
dané du blé.
Pauvre riz! C'est quand il est réduit en
pâte qu'il n'en faut plus parler : n'y touchez
pas, il est crevé.
De petits chimpanzés
Cinq petits chimpanzés, venus de la Côte
d'Ivoire, avaient été placés en résidence for-
cée au Jardin des Plantes. Trois ont eu
froid, malgré les plus grandes précautions,
et sont morts l'un après l'autre, malgré des
soins empressés.
L un d'eux, avant de rendre au gransl Tout
son âme inoffensive, a pris dans ses bras
son petit compagnon de cage, mort le pre-
mier, et il ne voulait pas qu'on le lui
enlevât.
Le troisième, isolé dès les premiers symp-
tômes de congestion pulmonaire, a refusé
toute nourriture. Voyant, de loin, agoniser
ses deux amis, il ne pleurait pas, mais c'était
tout comme, tant il y avait de douleur dans
ses yeux. Puis, il a succombé à son tour.
Nous ne sommes plus, malheureusement,
au temps où les bêtes parlaient. Cependant,
trois petits chimpanzés, sans parler, peuvent
nous donner à entendre comment on s'aime
chez les bêtes.
Aud'on.
t 4>»
Dépêches de l'Indochine
«♦«
Raid automobile
Les automobilistes Laubinet et Cravetto
ont tenté vainement de trouver une piste
praticable à la fronière nord du Siam.
Ayant déhionté leur voiture, ils essayèrent
de tfranchir les montagnes de la frontière
de Birmanie. Mais ils durent abandonner
et revenir sur Korat. Ils prirent une autre
direction pour atteindre la frontière bir-
mane, franchirent la rivière Mepai sur un
radeau et atteignirent Monpai, à 110 kilo-
mitres de la frontière. La voiture lui de
nouveau démontée pour le passage de la
montagne, mais les passages impraticables
obligèrent, les deux voyageurs à revenir à
Mofipai où ils prirent le train pour Bang-
kok.
Cravetto est revenu à Pnom-Penh, puis
à Saigon. Laubinet gagnera Pénang par
le chemin de fer, puis par mer Calcutta,
où il reprendra le raid.
(Indopacifl.)
LIRE EN SECONDE PAGE :
V AVIATION COLONIALE
141 COTON DU NIGER par Euonoi DIVAUX.
Le Transsaharien automobile
»♦«
Il n'est de semaine où nous n'ap-
prenions une nouvelle tentative de
traversée du Sahara, soit au lOi."
de vue touristtque, soit, ce qui est plus inté-
ressant, au point de vue commercial et scien-
tifique. Mais dès le 22 octobre dernier, les
Annales Coloniales annonçaient le départ
d'Alger a destination de l'A. O. F. d'une
caravane commerciale, composée de cinq voi-
tures automobiles de série ordinaire à quatre
roues de 6 à Il CI'., transportant chacune
2.000 kilogrammes de marchandises à distri-
buer à El Goléah, In Salait, Reggan, Goa
(sur le Niger). Cette caravane devait pour-
suivre sa randonnée par Niamey, Ollaga-
dougou, Bamako et Dakar. Bien plus, depuis
le ier octobre 1927, une compagnie a organisé
la liaison de Colomb-Béchar à Gao par un
service automobile régulier qui aura lieu
chaque année le 1" de chaque mois jusqu'en
avril. Le trajet n'est que de six jours et en
cinq étapes. Le voyage de retour s'est effec-
tué dans les mêmes conditions, le départ de
Gao ayant lieu entre le 20 et le 25 de chaque
mois.
De Colomb-Bécliar, par Taghit et Igli on
arrive à Btni-Abbès où l'on déjeune 8 l'hô-
tel TrallsatlantÙltle. La piste Lagardctte vous
mène à Timmoudi où 1 on passe la nuit. Le
lendemain on traverse Adrar du Touat puis
on arrive à la dernière oasis, Reggan, au
bordi Estienne de la Compagnie Transsaha-
rienne. On s'y repose une journée.
La traversée jadis si redoutée du Tanez-
rouft se fait en vitesse sur une piste jalon-
née de bidons vides. Par la vallée du Ti-
lemsi on atteint le premier poste soudanais
et enfin Gao sur les bords du Niger. Voilà
pour la liaison Algérie-Niger par le Sahara
Occidental.
Au Sahara Oriental qui correspond davan-
tage aux départements d'Aller et de Cons-
tantine ainsi qu'à la Tunisie, plusieurs ten-
tatives de liaison transsaharienne ont été
faites. La plus récente est celle du comman-
dant Roiticr, de l'Infanterie Coloniale, que
M. le gouverneur Brévté, lieutenant gouver-
neur de la Colonie du Niger, chargea de re-
connaître la meilleure piste automobile entre
Agadez au Strd de l'Aïr, et le poste d'ln
Guezzam.
C'est sur une voiture étrangère ancien
modèle, à carosserie genre Frégoli, que le
commandant Rottier e ffectua une première
reconnaissance du 16 au 20 avril 1927, re-
connaissance dont on trouve une relation dé-
taillée dans les Renseignements Coloniaux
du Bulletin du Comité de l'Afrique Fran-
çaise de mars 1928.
Des deux itinéraires qui s'offraient à lui,
le commandant Rottier prit celui qui s'éloi-
gnait sensiblement des contreforts de l'Air,
jalonné par des puits très abondants et fré-
quenté par Zee caravanes qui du Hoggar et
du Tassili des Azjers se rendent au Damer-
gou pour y prendre les céréales nécessaires à
l'alimentation des Touareg du Nord.
Grâce à des cléments de tôle ondulée de
20 centimètres de largeur les lits de torrents
sablonneux furent franchis, et par le poste
d'li: Gall, Trguidda N' l't'(lIm, aux salines ré-
putées comme celle de Taodenit, la mission
franchit les vallées des oueds desséchés qui
descendent vers le Niger. Celle du Timmer
saï dont le terrain est excellent, prolonge vers
le Sud celle de Tafassassct qui vient dit Tas-
sili des Azjer, passe par In Azaoua et était
jadis un affluent du Niger. Malheureusement
les efforts du moteur avaient tellement rit-
tamé la provision d'essence qu'il fallut faire
demi-tour sur III Gall qui fut atteint en em-
pruntant une. piste meilleure et en roulant à
une vitesse moyenne de 30 kilomètres à
l'heure. C'était déjà un résultat appréciable
et en quittant de nouveau In Gall le 16 mai,
le commandant Rottier avait, dans son flOU-
vel essai une confiance que le résultat n'a
fait que justifier. Le 18 mai à 10 h. 30,
l'automobile s'arrêtait à l'ombre d'un bel
a afagag » au feuillage touffu qui pousse à
quelques mètres du fuits d In Guezsan,
Ainsi se trouvait réalisée la première liai-
son automobile entre l'Algérie et le Niger
dans cette portion du Sahara Oriental.
Au voyage de retour, le véritable itinéraire
automobile fut reconnu et arrêté comme
suit ;
In-Guezzam-In Abbagarit: 245 kilomètres.
In Abbagar*t-Tfg*r'dda N'Tcfum : no ki-
lomètres.
Teguidda N'Tçum-lit Gall: 90 kilomè-
tres, soit au total 445 kilomètres franchis
à l'allure pratique de 24 kilomètres à l'heure
et avec une consommation moyenne d'essence
de 15 litres aux 100 kilomètres.
Faisant abstraction de tout amour-propre
d'auteur, le chef de la mission reconnaît que
si, au lieu de partir de Tamanrasset, on
part du Sud Tunisien comme le fit le colo-
nel Courtot dans son raid Djanet BiZma.
N'Guigm¡ (Tchad), la liaison sera certaine-
ment plus aisée. On emprunterait alors l'iti-
néraire Djanet-In Azaoua, ht Abbangarit,
In Gall.
Dès que la piste atttomobilable Zinder-
Fort Lamy sera terminée, on pourra rayon-
ner dans tout notre empire Ouest Africain,
en restant constamment en territoire français.
De ces ",issi"ns". trOtlS fouvons conclure que,
dans notre Sahara, la circulation automobile
a surmonté tous les obstacles et les résultats
politiques et économiques sont en rapport des
fatigues courageusement suffortées, de
l'endurance et de l'énergie de tous ces explo-
rateurs qui ajoutent une notevelle page de
gloire à l'épopée africaine.
Ernest Haiiifos,
Sénateur de la Marne,
Vice-président de la Commission des Douanes,
Pour le Centenaire de FAtgene
le On prépare avec la plus grande activité et
le plus grand soin, les fêtes de la commémora-
tion du centenaire de l'Algérie.
., 4. Au point de vue « Architecture et Monu-
ments », on étudie la construction d'un certain
nombre .d'édifices à Alger, à Oran et à Cons-
tantine.
Dans cette ville, il est question de transfor-
mer en musée le splendide Palais de la Divi-
sion, chef-d'oeuvre de l'art mauresque et de
construire un nouveau bâtiment pour les services
de l'Armée.
D'autre part, afin de donner un plus grand
faste au cérémonial des fêtes en attirant un plus
grand nombre de visiteurs dans la ville, Oran a
remis l'exposition qui devait avoir lieu en 1926,
à 1930.
Cinquante-deuy Congrès sont prévus à ce
jour : médicaux, apicoles, archéologiques.
eucharistiques, de la musique, des instituteurs,
des industries minérales, de la route, des che-
mins de fer, de la navigation, etc.
Des fêtes antiques, d'importantes manifesta-
tions sportives sont prévues.
La l iaison entre la métropole et I Algérie
s'organise d ores et déjà.
Un bureau vient d'être loué à cet effet,
boulevard Haussmann, n° 74. Il permettra
d'assurer en France et à l'extérieur, une vaste
publicité préliminaire. C'est M. Sabatier, an-
cien président des délégations financières, qui
en aura la haute direction.
t ̃ ai»
Sessions du baccalauréat
à Alger
«♦»
Les sessions d'examens du baccalauréat de
l'enseignement secondaire s ouvriront dans
l'Académie d'Alger le jeudi 14 juin et le lundi
15 octobre 1928.
Le recteur de l'Académie fixera les dates
d'ouverture et de clôture du registre.
8..
Pâques tunisiennes
Caravanes interuniversitaires
Les fêtes de Pâques amènent chaque année
à Tunis des caravanes scolaires, venues de tous
les points de la métropole.
Les caravanes sont organisées par la Ligue
de l' Enseignement de Tunisie, à qui la Rési-
dence Générale et les Directions générales de
rInstruction Publique et de l'Agriculture prê-
tent un concours à la fois moral et financier, qui
est pour beaucoup dans la bonne marche de
l'organisation des caravanes scolaires.
Elèves-maitres d' Ecoles normales, c' est-à-
dire de futurs instituteurs, étudiants des Fa-
cultés de Lettres et de Science, appelés par-
fois à entrer dans le professorat, sont guidés à
travers les richesses et les principales « curio-
sités » de la Régence. Les caravanes sont con-
duites judicieusement dans tous les endroits de
Tunis et de la Tunisie importants, tant au point
de vue agricole, industriel qu'au point de vue
artistique.
Donc demain, fidèle à sa coutume heureuse,
Tunis accueillera la 7° caravane interuniversi-
taire.
Elle comprendra 22 élèves-maîtres de 3° an-
née de l'Ecole Normale de Limoges, dirigés
par M. Vigueras, docteur en droit, président de
l' Association des Directeurs et Directrices des
Ecoles Normales de France.
Souhaitons beau temps et bon séjour aux
chanceux caravaniers.
e..
Concours de taille de l'olivier
en Tunisie
La Commission du concours de taille de
l'olivier vient de clôturer les opérations.
Le concours comprenait des concurrents
des régions de Hizerte, Menzel Djlmil. El
Aliu, Aousdja, lias Djübcl et Metline.
lin voici les résultats :
Nombre de candidats ayant pris part au
concours : 62.
Nombre de diplômes attribués : 5.
Nombre de certificats provisoires vala-
bles un an : 35.
Candidats refusés : 26.
l'automobilisme au Sahara
1. -
Le 30 mars dernier, deux torpédos 6 cylin-
dres, dans l'une desquelles avait pris place
le général Meynier, directeur des territoires
du Sud, quittaient Alger à 4 heures du ma-
tin à destination d'In-Salah. Elles arrivaient
à Ghardaïa le même jour à 16 h. 45, pour
en repartir le lendemain à 7 h. 15. Elles tou-
chaient El-Goléa à 16 h. 25, en repartaient à
21 heures et arrivaient à In-Salah le ier avril
à 11 h. 10.
Puis, revenant en arrière, la petite cara-
vane quittait In-Salah le 2 avril à 4 h. 45,
passant à El-Goléa le même jour à 16 h. 10,
pour arriver à Alger le 3 avril à 17 h. 20.
La liaison automobile entre Alger et In-
Salah était ainsi réalisée en trente-six heures
trente-cinq minutes, sans aucune défaillance,
bien que dans des conditions difficiles. Il est
à noter que les courriers ordinaires mettent
vingt jours à franchir cette distance, qui
peut être évaluée à un millier de kilomètres
environ à vol d'oiseau.
AU MUSÉUM
̃ «♦«
Le musée d'ethnographie est rattaché au
Muséum d'histoire naturelle et annexé à la
chaire d'nhthropologie dudit établissement.
Le règlement pour les collections du musée
d'ethnographie sûra arrété dans les condi-
tions prévues pour les autres collections du
Muséum.
.1.
A L'ACADÉMIE DES SCIENCES
l' l
Au cours d'une lécente séance de l'Aca-
démie des Sciences, M. Joubin a commenté
une note de M. Boumpt sur la reproduction
de deux mollusques, hAtes intermédiaires du
parasite de la billaarliose.
*
Voyage aux Antilles
VERS MADININA
.8.
Madininal nom oriental, semble-t-il, d'une
princesse lointaine, qui n'est, en réalité, que
l'appellation caraïbe de la Martinique. L'île,
comme la Mélissinde du troubadour amou-
reux, est, parait-il, souverainement belle.
Selon le poète voyageur, une île apparaît
toujours comme une coquille perlière, elle
recèle la naissance d'un mystère, avec toute
la richesse de ses reflets. Guadeloupe et Mar-
tinique sont, évidemment, deux perles ma-
gnifiques au-dessus des mers chaudes. Elles
coûtèrent fort cher à la France, fuisqu'au
traité de Paris, en 1763, le Canada leur ser-
vit de rançon. La sanglante êfofêe des
Antilles révèle à quel point elles furent dure-
ment conquises, plus âprement défendues
contre les Espagnols et les Anglais.
Après les maladresses politiques accumu-
lées durant près de trois siècles, je trouve
miraculeux de pouvoir encore, comme au
temps des chevaliers A. de Bertill et de
Parny, m'embarquer, partant de la Guade-
loupe française, à destination de la Marti-
nique française!
N'est-il pas moins admirable que nous
ayolls pu nous maintenir, depuis le 15 août
1604, sur le territoire si disputé de la
Guvane t
il entre beaucoup d'ignorance géograplti-
que, historique, économique dans nos déboi-
res coloniaux. Nous avons vécu et nous
vivons encore tellement indifférents et déta-
chés des réalités! Un Français d'aujour-
d'hui, même instruit, avant de situer la
Guyane, joue à « pigeon vole > sur la carte
du monde. Pour le plus grand nombre des
métropolitains, V « el Dorado » des pion-
niers du 1 76 stccl". est une terre gluante,
lubrique, pays des caïmans et des boas,
juste bonne à recevoir les réchappes de la
guillotine, la Guadeloupe et la Martinique
sont deux cocotiers-farasols voguant sur l'un
quelconque des océans terrestres.
Cette méconnaissance de nos possessions
américaines fut manifeste, lorsqu'à l'insti-
gation d'un sénateur des Etats-Unis, qui
essayait d'acclimata Vidée d'un troc hon-
teux, il fut question de payer nos dettes
à l'aide des terres antillaises. Beaucoup
de Français, au vingtième siècle, n étaient
pas éloignés de renouveler le genre de spé-
culations à la mode au dix-huitième siècle,
où sombrèrent les Indes, le Canada, la Loui-
siane. Ainsi, la Martinique et la Gllade-
loupe, traitées de « lointaines savanes P,
faillirent être vendues au prix démarqué des
soldes.
Seulement, ces « lointaines savanes » ont
un sol prodigieusement fertile, et elles sont
mervcillesuement placées sur la route Europe-
Panama-Pacifique, l'une des plus grandes
voies commerciales du monde.
On ne peut pas reprocher à nos An filles
de n'être guère plus, encore, qu'un don tf:
la nature abandonné au sein des flots, aux
intempéries de stériles farlotes politiques.
Dans le mauve d'une fuite de jour, j'évo
que les grands Français, défenseurs des Iles,
ceux qui jamais, au temps des lents voiliers,
ne trouvèrent qu'dits étaient trop lointaines
pour être défendues : Bertrand d' Ogeropi,
Claude d'Amblemont, Jean d'Estrées et tous
a les frères » flibustiers de l'ile de la Tor-
tue qui, si souvent, participèrent à de légen-
daires exploits.
Il serait incompréhensible que leurs efforts
soient com promis, à l'époque qui a le
privilège de rapprocher les distances par la
vapeur et Vélectricité, par la T. S. F. et
l'aviation.
iliarie-Louiae Sicardt.
Uu comptoir colonial français
à Vienne
L'attaché commercial près la Légation de
France à V ienne vient de s ignaler au Gouver-
neur Général de Madagascar la création dans
cette ville d'un comptoir colonial français s'oc-
cupant activement de développer les transac-
tions entre les colonies françaises et l' Autriche.
Cette maison est dirigée par M. Charles
Landes, commerçant de Vienne, connu comme
très honorable et sérieux.
Les commerçants et exportateurs de la colo-
nie qui désireraient trouver des débouchés pour
leurs produits en Autriche sont priés de s'adres-
ser directement à M. Charles Landés, directeur
du Comptoir colonial français, Favoritenstrasse
7, à Vienne (Autriche).
Maroc-Paris en automobile
«♦»
Cinq Français habitant Safi, parmi lesquels
M. Lebert, président de la Chambre de com-
merce de cette ville, sont partis ce matin
dans le but d'effectuer en automobile, le raid
Safi-Paris, via Tanger-Algésiras, Madrid,
Bordeaftx, Poitiers. Ils désirent établir le
record sur cette distance et marcheront jour
et nuit, sauf entre El-Ksar et Tanger, où la
circulation de nuit est interdite. Ils espèrent
effectuer le raid en quatre jours.
1
lA CONFÉRENCE DE PARIS
Les experts français, italien, anglais et espa-
gnol poursuivent actuellement, au Quai-d'Or-
say, leurs échanges de vues sur la mise au point
définitive du statut de Tanger.
Au cours de leur dernier entretien, ils se sont
particulièrement occupés de l'organisation de
la gendarmerie. Ce n'est vraisemblablement
qu'après les fêtes de Pâques que les ambassa-
deurs, chargés de régler le c6té politique des
pourparlers, se réuniront.
Le mouvement commercial
du Sénégal
peodant le 4e triaestre et r année 1927
(Chiffres provisoires)
Le mouvement commercial du Sénégal pea-i
dant le 48 trimestre 1927, s' est élevé à 389
millions 500.241 francs, dont 237.581.649 fr.
d'articles importés et 131.918.392 francs de
produits exportés. Au cours de la période cor-
respondante de 1926, le mouvement des échan-
ges avait atteint 526.426.781 francs, dont 345
millions 606.018 francs à l'importation et 160
millions 818.763 francs à l'exportation.
Les résultats du 4° trimestre 1927 portent à
1.548.650.964 francs (chiffres provisoires), la
valeur des échanges commerciaux de l'année
1927, dont 809.435.156 francs à l'entrée et
739.215.806 francs à la sortie. Pendant l' an-
née 1926, le mouvement commercial du Séné-
gal avait été de 1.795.944.653 francs, dont
909.998.954 francs d'articles importés et 885
millions 945.699 francs de produits exportés.
Le commerce de 1927 est donc en régression
de 247.293.689 francs sur les chiffres de 1926
dont 100.563.798 francs à l'importation et 146
millions 729.891 francs à l'exportation et la
balance commerciale qui, en 1926, accusait
49 aux exportations, s'abaisse, en 1927, à
47
Comparé à ia moyenne quinquennale des an-
nées 1922 à 1926, qui s'élève à 993.649.160
francs, le montant des échanges du Sénégal
présente, en 1927, un accroissement de 555
millions 1.804 francs, dont 282.659.919 francs
aux importations et 272.341.885 francs aux
exportations.
La moins-value qu'enregistre le commerce de
1927 sur l' année précédente semble tenir à
deux causes dont la principale est le fléchisse-
ment (1) du rendement de la récolte d'arachides
de 1926 exportée dans le courant de l' année
1927. Les sorties d'arachides, en effet, se sont
élevées à 405.000 tonnes en chiffres ronds,
alors qu'en 1926 les statistiques douanières de
la colonie accusaient 484.000 tonnes. Cette
différence de tonnage se traduit par une dimi-
nution de valeur de 125 millions de francs. La
seconde cause est l'état sanitaire du Sénégal
qui a entraîné un ralentissement sensible des
importations au cours du second semestre. Les
entrées de tissus de coton, notamment, qui
avaient atteint 3.659 tonnes en 1926. n'ont pas
dépassé le chiffre de 2.582 tonnes en 1927.
Dans l' ensemble du mouvement commercial
du Sénégal, pour l'année 1927, la France figure
pour 1.044.900.685 francs, soit 65.9 %, les
colonies françaises pour 19.083.315 francs, soit
1,2 et l'étranger pour 520.666.964 francs.
soit 32,9 1, -
Pendant l'année 1926, la part de la France
avait été de 1.060.164.459 fr., soit 59,1 %,
celle des colonies françaises de 15.137.140 fr.,
soit 0,8 %, et celle de l'étranger 720.643.054
francs, soit 40,1 En définitive, le pourcen-
tage des échanges de la métropole avec cette
colonie s'améliore, en 1927. de près de sept
points sur les chiffres de 1926, pendant que Iii
part des échanges avec l'étranger marque une
diminution de 7 points 2.
(1) Klccliisseincnl uniquemont du. il ost bon
dn lp riippcler. à hi raVlH'ivssf cx^-pliiriinrlle
survenue en t\':?6 uu cours (te rhivemiijf*.*.
-00.
Le mouvement commercial
de la Guinée française
p n ande 4e trimestre et l'année 1927
- e. -
(Chiffres provisoires)
Le mouvement commercial de la Guinée
française pendant le 4" trimestre 1927 a été de
50.896.644 francs, dont 32.991.583 francs
d'articles importés et 17.905.061 francs de pro-
duits exportés. Au cours de la période corres-
pondante de 1926, le mouvement des échanges
s'était élevé à 55.200.907 francs, dont 35 mil-
lions 143.998 francs à 1 importation et 20 mil-
lions 56.909 francs à l exportation.
La totalisation des échanges commerciaux des
4 trimestres 1927 porte à 174.099.426 francs
la valeur du commerce de la colonie pour l'an-
née 1927, dont 100.396.556 francs à l'entrée
et 73.702.870 francs à la sortie (chiffres pro-
visoires). Pendant l'année 1926, le mouvement
commercial de la Guinée française avait été de
229.952.242 francs, dont 152.538.377 francs
d'articles importés et 77.413.865 francs de
produits exportés. Dans l'ensemble, les résultats
de 1927 sont en régression, sur les chiffres de
1926, de 55.852.816 francs, dont 52.141.821
francs à l'importation et 3.710.995 francs à
l'exportation.
La moins-value enregistrée dans les importa-
tions de l'année écoulée porte notamment sur
les tissus de coton dont le tonnage est descendu
de 1.867 tonnes en 1926 à 1.128 tonnes en
1927, représentant une différence de près de
44 millions de francs.
La diminution de valeur des exportations tient
beaucoup plus à la baisse des prix qui s'est
manifestée au cours de la même année 1927
qu'à une régression des sorties. A part le caout-
chouc, la cire, le coton, le beurre de karité, les
boeufs e*: les peaux, les exportations de 1927,
en effet, présentent, dans l' ensemble, un ton-
nage supérieur à celui de l'année 1926.
Il est intéressant de noter que la balance
commerciale de la colonie a marqué, en 1927,
une amélioration sensible sur la valeur des
transactions de l'année 1926 qui avaient donné
67 à l'importation et 33 > à l'exportation.
Les mêmes opérations ont accusé, en 1927, res-
pectivement 58 et 42 soit un accroisse.
ment de 8 points au profit des exportations.
Comparée à la moyenne quinquennale 1922-
1926 - période pendant laquelle la valeur
des échanges de la Guinée française compre.
nait 65 d'articles importés pour 35 de
produits exportés la balance commerciale de
1927 gagne sept points aux exportations.
Parmi les principaux articles importés, les
tissus de coton autres que les gui nées rerésen-
tent à eux seuls plus des 2/5 de la valeur des
LE NUMERO : 80 CENTIMES
JEUDI SOIR. 5 AVRIL 192S.
joulail QUOTIOIEN
Rédaction & Administration :
u, m m Mi-Tiator
PARIS CM)
ifiirn I LOUVMI ,.,
- alcuvuau $y-»
b 0
Les Annales Coloniales
La Miwien «t rMnin «oui npin -
tvrtm 4m fournal.
Dimeraunii Memel - RUEDEL et L.-G. THÊBAULT
10u la articles pubuds dant notre tournoi no wowont
ebv ""Oduus qu'en citant les Amum Gmula
ABONNEMENTS
avec le supplément illustrés
U» m «Mois I tuu
France et
ColoniM t20. III 81.
ttranfir.. tu l Ifli » M»
On i ikooM auii fraII lui
tom 1m burtan d* port*.
Coutumes, Traditions et Gvilisation
Voici un exempter destiné à nous faire
réfléchir sur le danger de certaines for-
mules toutes faites, trop facilement em-
ployées quand il s'agit des colonies.
Respectons les croyances et les coutumes
de nos protégés : sommes-nous telle-
ment convaincus que les nôtes soient
l'expression de la vérité? Thème facile,
trop facile. On ajoute, croyant faire
une concession très importante : sauf
toutefois quand ces usages sont opposés
à notre idée d'une civilisation humaine,
comme les sacrifices humains et l'escla-
vage. Restriction juste, mais, je le
répète, insuffisante. On le verra par le
chapitre du Rapport sur l'Administra-
tion sous mandat du territoire du Came-
roun, intitulé : Nuptialité, Polygamie.
La polygamie, nous dit-on, est mise
en échec : dans la région de Garoua,
d'influence musulmane, 3 des hommes
sont célibataires, 1 ont 4 femmes ou
plus (avec 7 au maximum), 3 ont
3 femmes, 1/4 ont 2 femmes, 2/3 ont
1 femme. Je ne me pose pas la question
de savoir s'il vaut mieux, même au
point de vue de la morale et de la so-
ciété, être célibataire ou avoir 2 femmes.
C'est un autre problème. Mais j'arrive à
ce qui m'a le plus frappé : au mariage
des indigènes Boulous et Bamilékés.
Les mariages consommés avec des fil-
lettes impubères v "ont de tradition; ils
sont favorisés à fa fois par les préjugés
des indigènes aisés et par l'âpreté au
gain des chefs de famille. On est bien
là en présence d'une coutume ancestrale.
Cependant, l'Administration allemande
n'avait pas hésité; se plaçant au point
de vue des conséquences physiologiques
de ces unions, soit pour les conjoints,
soit pour la reproduction de la race, elle
avait frappé cette coutume d'interdic-
tion. Le passé a survécu : ces pratiques
sont devenues clandestines, mais elles
ont résisté.
Les efforts de l'Administration fran-
çaise ne semblent pas avoir eu beaucoup
plus de succès; elle a fixé à 13 ans l'âge
minimum requis pour l'union conjugale.
Elle a prévu une sanction civile : le di-
vorce prononcé à la demande de la
femme quand elle a atteint l'âge nubile;
les tribunaux de races peuvent pronon-
cer la dissolution de l'union et décider
que la dot ne sera pas remboursée quand
la preuve est faite que la - mariée était
impubère; c'est la jurisprudence du tri-
bunal d'homologation de Douala qui a
cassé des jugements de tribunaux de
races condamnant à la prison des indi-
gènes qui avaient suivi la coutume des
ancêtres.
Cela n'a pas convaincu les autres. Et
alors l'Administration songe à des
sanctions pénales. Les tribunaux de
races appliquent les peines coutumières
prévues pour les blessures ou l'homicide
par imprudence et substituent même
l'emprisonnement et l'amende à la cou-
tume, mais lorsqu'il y a blessures
graves, infirmité ou mort à la suite
d'une union prématurée. Mais c'est
l'union prématurée elle-même qu'on
veut interdire, et un projet de décret
répressif a été proposé.
Certes, il ne va pas jusqu'à prévoir,
comme l'avaient fait les Allemands, la
suppression des fiançailles à long terme.
Il n'y a rien à faire contre cette cou-
tume si on la heurte brutalement, ce
serait « 'bouleverser les mœurs locales et
menacer ainsi la stabilité de la société
indigène ». On ne saurait mieux dire :
tout se tient dans les usages d'un peu-
ple, et il ne faut toucher que d'une
main prudente à tel ou tel usage, même
s'il nous paraît antisocial. Le texte
condamne les rapports sexuels préma-
turés, soit hors mariage, soit dans le
mariage « trop souvent consommé par
anticipation ». - Il s'inspire librement des
articles 331 et 332 du Code pénal, rela-
tifs aux attentats à la pudeur et au
viol; il tient compte du fait que la
puberté est plus précoce en Afrique
qu'en Europe pour déterminer la limite
d'âge « de la victime » (12 ans); un mé-
decin pourra toujours être appelé à
constater l'état de nubilité de cette der-
nière.
On laisse une marge très grande entre
la peine minima et maxima ; cela permet
de donner une plus grande élasticité à
la répression, de l'adapter « à la variété
des cas et à l'inexpérience des magis-
trats indigènes »; les amendes sont
fortes, car les « coupables » sont des
gens fortunés, capables de doter riche-
ment la jeune future; les complices sont
frappés parents cupicfes de mineurs
« qui facilitent au profit d'un mari im-
patient la consommation du mariage ».
- Un pareil texte sera-t-il plus efficace
que les mesures demeurées jusqu'à ce
jour inutiles? L'avenir nous le dira. Mais
il y a là un sujet de dissertation, ou
plutôt plusieurs sujets à l'usage des
.philosophes : il y a aussi de quoi nous
faire réfléchir sur la valeur réelle des
formules doctrinales dont j'ai parlé. 11
y a cependant un argument un peu
grossier, dont je ne dirais rien s'il ne
reparaissait constamment chez certaines
personnes : « Mais, enfin, demandent
celles-ci, ces coutumes-là existaient de-
puis des siècles et des siècles et, avant
notre arrivée, les races dont elles assu-
raient la « stabilité » ne s'en portaient
pas plus mal; en tout cas, elles avaient
résisté jusqu'ici. » Elles avaient ré-
sisté, c'est une façon de parler; elles ne
s'en portaient pas plus mal, c'est encore
une autre affaire. Mais j'ai souvent
entendu un raisonnement analogue tenu
par de vieux paysans robustes, droits et
vi fs, auxquels on expliquait que la
Faculté défendait désonnais de boire
l'eau malsaine et pernicieuse que tout le
village absorbait jusque là : « Voilà 70
ans que nous en buvons, de cette eau, et
nous sommes, ma foi, plus solides que
tous ces messieurs de la Faculté réu-
nis. » Le professeur, chargé de faire
l'analyse des eaux dans mon départe-
ment, ne trouve jamais à cet argument
une valeur quelconque; qui donc oserait
dire qu'il a tort?
Mario XoMstoit,
Sénateur de VItérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colontes.
BROUSSES
4p BROUTILLES
Mystère et discrétion
Nous avons souvent parlé du riz dans ces
colonnes, et avec la plus grande sympathie,
comme il se doit à l'égard d'une céréale
résolument coloniale et qui se préte à de
nombreuses et exquises préparations culi-
naires.
Pour la bonne santé de l'Indochine, de
Madagascar, comme pour celle de notre
estomac et même de notre intestin (en dépit
d'une injuste légende), il est expédient de
consommer beaucoup de riz : la cause, là-
dessus, est généralement entendue.
Mais, sur le point particulier de sa-
voir pourquoi le riz, en France, n'est
pas admis à suppléer le blé en cas de déficit,
les avis sont partagés.
Pourtant, ai-je dit, (passant par hasard
devant la Bourse de Commerce), à un néRo,
ciant en blés, de savants professeurs ont
démontré que le riz pouvait, sans inconvé-
nient, entrer dans une proportion de 25
dans la fabrication du pain.
- Hi, hi, les savadi u ain.
- Hi, hi, les savants!. a fait mon négo.
ciant.
- O'ailleur, ai-je poursuivi, je me rap-
pelle parfaitement la « boule Il riz et
froment -- que l'on donnait aux soldats à
la fin de la guerre. Elle était fort appétis-
sante, de goût agréable et de conséquences
digestives très normales.
- Heu, heu, a fait mon négociant.
Voyons, franchement, quoiqu'un est-il
intéressé a ce que la France importe du sei-
gle étranger au lieu de riz colonial, pour
aider à remplir les pétrins?
- Hé, ha, a fait mon négociant, appelant
un taxi.
Et je n'ai pu éclaircir le mystère de l'in-
terdit prononcé sur le riz en tant que succé-
dané du blé.
Pauvre riz! C'est quand il est réduit en
pâte qu'il n'en faut plus parler : n'y touchez
pas, il est crevé.
De petits chimpanzés
Cinq petits chimpanzés, venus de la Côte
d'Ivoire, avaient été placés en résidence for-
cée au Jardin des Plantes. Trois ont eu
froid, malgré les plus grandes précautions,
et sont morts l'un après l'autre, malgré des
soins empressés.
L un d'eux, avant de rendre au gransl Tout
son âme inoffensive, a pris dans ses bras
son petit compagnon de cage, mort le pre-
mier, et il ne voulait pas qu'on le lui
enlevât.
Le troisième, isolé dès les premiers symp-
tômes de congestion pulmonaire, a refusé
toute nourriture. Voyant, de loin, agoniser
ses deux amis, il ne pleurait pas, mais c'était
tout comme, tant il y avait de douleur dans
ses yeux. Puis, il a succombé à son tour.
Nous ne sommes plus, malheureusement,
au temps où les bêtes parlaient. Cependant,
trois petits chimpanzés, sans parler, peuvent
nous donner à entendre comment on s'aime
chez les bêtes.
Aud'on.
t 4>»
Dépêches de l'Indochine
«♦«
Raid automobile
Les automobilistes Laubinet et Cravetto
ont tenté vainement de trouver une piste
praticable à la fronière nord du Siam.
Ayant déhionté leur voiture, ils essayèrent
de tfranchir les montagnes de la frontière
de Birmanie. Mais ils durent abandonner
et revenir sur Korat. Ils prirent une autre
direction pour atteindre la frontière bir-
mane, franchirent la rivière Mepai sur un
radeau et atteignirent Monpai, à 110 kilo-
mitres de la frontière. La voiture lui de
nouveau démontée pour le passage de la
montagne, mais les passages impraticables
obligèrent, les deux voyageurs à revenir à
Mofipai où ils prirent le train pour Bang-
kok.
Cravetto est revenu à Pnom-Penh, puis
à Saigon. Laubinet gagnera Pénang par
le chemin de fer, puis par mer Calcutta,
où il reprendra le raid.
(Indopacifl.)
LIRE EN SECONDE PAGE :
V AVIATION COLONIALE
141 COTON DU NIGER par Euonoi DIVAUX.
Le Transsaharien automobile
»♦«
Il n'est de semaine où nous n'ap-
prenions une nouvelle tentative de
traversée du Sahara, soit au lOi."
de vue touristtque, soit, ce qui est plus inté-
ressant, au point de vue commercial et scien-
tifique. Mais dès le 22 octobre dernier, les
Annales Coloniales annonçaient le départ
d'Alger a destination de l'A. O. F. d'une
caravane commerciale, composée de cinq voi-
tures automobiles de série ordinaire à quatre
roues de 6 à Il CI'., transportant chacune
2.000 kilogrammes de marchandises à distri-
buer à El Goléah, In Salait, Reggan, Goa
(sur le Niger). Cette caravane devait pour-
suivre sa randonnée par Niamey, Ollaga-
dougou, Bamako et Dakar. Bien plus, depuis
le ier octobre 1927, une compagnie a organisé
la liaison de Colomb-Béchar à Gao par un
service automobile régulier qui aura lieu
chaque année le 1" de chaque mois jusqu'en
avril. Le trajet n'est que de six jours et en
cinq étapes. Le voyage de retour s'est effec-
tué dans les mêmes conditions, le départ de
Gao ayant lieu entre le 20 et le 25 de chaque
mois.
De Colomb-Bécliar, par Taghit et Igli on
arrive à Btni-Abbès où l'on déjeune 8 l'hô-
tel TrallsatlantÙltle. La piste Lagardctte vous
mène à Timmoudi où 1 on passe la nuit. Le
lendemain on traverse Adrar du Touat puis
on arrive à la dernière oasis, Reggan, au
bordi Estienne de la Compagnie Transsaha-
rienne. On s'y repose une journée.
La traversée jadis si redoutée du Tanez-
rouft se fait en vitesse sur une piste jalon-
née de bidons vides. Par la vallée du Ti-
lemsi on atteint le premier poste soudanais
et enfin Gao sur les bords du Niger. Voilà
pour la liaison Algérie-Niger par le Sahara
Occidental.
Au Sahara Oriental qui correspond davan-
tage aux départements d'Aller et de Cons-
tantine ainsi qu'à la Tunisie, plusieurs ten-
tatives de liaison transsaharienne ont été
faites. La plus récente est celle du comman-
dant Roiticr, de l'Infanterie Coloniale, que
M. le gouverneur Brévté, lieutenant gouver-
neur de la Colonie du Niger, chargea de re-
connaître la meilleure piste automobile entre
Agadez au Strd de l'Aïr, et le poste d'ln
Guezzam.
C'est sur une voiture étrangère ancien
modèle, à carosserie genre Frégoli, que le
commandant Rottier e ffectua une première
reconnaissance du 16 au 20 avril 1927, re-
connaissance dont on trouve une relation dé-
taillée dans les Renseignements Coloniaux
du Bulletin du Comité de l'Afrique Fran-
çaise de mars 1928.
Des deux itinéraires qui s'offraient à lui,
le commandant Rottier prit celui qui s'éloi-
gnait sensiblement des contreforts de l'Air,
jalonné par des puits très abondants et fré-
quenté par Zee caravanes qui du Hoggar et
du Tassili des Azjers se rendent au Damer-
gou pour y prendre les céréales nécessaires à
l'alimentation des Touareg du Nord.
Grâce à des cléments de tôle ondulée de
20 centimètres de largeur les lits de torrents
sablonneux furent franchis, et par le poste
d'li: Gall, Trguidda N' l't'(lIm, aux salines ré-
putées comme celle de Taodenit, la mission
franchit les vallées des oueds desséchés qui
descendent vers le Niger. Celle du Timmer
saï dont le terrain est excellent, prolonge vers
le Sud celle de Tafassassct qui vient dit Tas-
sili des Azjer, passe par In Azaoua et était
jadis un affluent du Niger. Malheureusement
les efforts du moteur avaient tellement rit-
tamé la provision d'essence qu'il fallut faire
demi-tour sur III Gall qui fut atteint en em-
pruntant une. piste meilleure et en roulant à
une vitesse moyenne de 30 kilomètres à
l'heure. C'était déjà un résultat appréciable
et en quittant de nouveau In Gall le 16 mai,
le commandant Rottier avait, dans son flOU-
vel essai une confiance que le résultat n'a
fait que justifier. Le 18 mai à 10 h. 30,
l'automobile s'arrêtait à l'ombre d'un bel
a afagag » au feuillage touffu qui pousse à
quelques mètres du fuits d In Guezsan,
Ainsi se trouvait réalisée la première liai-
son automobile entre l'Algérie et le Niger
dans cette portion du Sahara Oriental.
Au voyage de retour, le véritable itinéraire
automobile fut reconnu et arrêté comme
suit ;
In-Guezzam-In Abbagarit: 245 kilomètres.
In Abbagar*t-Tfg*r'dda N'Tcfum : no ki-
lomètres.
Teguidda N'Tçum-lit Gall: 90 kilomè-
tres, soit au total 445 kilomètres franchis
à l'allure pratique de 24 kilomètres à l'heure
et avec une consommation moyenne d'essence
de 15 litres aux 100 kilomètres.
Faisant abstraction de tout amour-propre
d'auteur, le chef de la mission reconnaît que
si, au lieu de partir de Tamanrasset, on
part du Sud Tunisien comme le fit le colo-
nel Courtot dans son raid Djanet BiZma.
N'Guigm¡ (Tchad), la liaison sera certaine-
ment plus aisée. On emprunterait alors l'iti-
néraire Djanet-In Azaoua, ht Abbangarit,
In Gall.
Dès que la piste atttomobilable Zinder-
Fort Lamy sera terminée, on pourra rayon-
ner dans tout notre empire Ouest Africain,
en restant constamment en territoire français.
De ces ",issi"ns". trOtlS fouvons conclure que,
dans notre Sahara, la circulation automobile
a surmonté tous les obstacles et les résultats
politiques et économiques sont en rapport des
fatigues courageusement suffortées, de
l'endurance et de l'énergie de tous ces explo-
rateurs qui ajoutent une notevelle page de
gloire à l'épopée africaine.
Ernest Haiiifos,
Sénateur de la Marne,
Vice-président de la Commission des Douanes,
Pour le Centenaire de FAtgene
le On prépare avec la plus grande activité et
le plus grand soin, les fêtes de la commémora-
tion du centenaire de l'Algérie.
., 4. Au point de vue « Architecture et Monu-
ments », on étudie la construction d'un certain
nombre .d'édifices à Alger, à Oran et à Cons-
tantine.
Dans cette ville, il est question de transfor-
mer en musée le splendide Palais de la Divi-
sion, chef-d'oeuvre de l'art mauresque et de
construire un nouveau bâtiment pour les services
de l'Armée.
D'autre part, afin de donner un plus grand
faste au cérémonial des fêtes en attirant un plus
grand nombre de visiteurs dans la ville, Oran a
remis l'exposition qui devait avoir lieu en 1926,
à 1930.
Cinquante-deuy Congrès sont prévus à ce
jour : médicaux, apicoles, archéologiques.
eucharistiques, de la musique, des instituteurs,
des industries minérales, de la route, des che-
mins de fer, de la navigation, etc.
Des fêtes antiques, d'importantes manifesta-
tions sportives sont prévues.
La l iaison entre la métropole et I Algérie
s'organise d ores et déjà.
Un bureau vient d'être loué à cet effet,
boulevard Haussmann, n° 74. Il permettra
d'assurer en France et à l'extérieur, une vaste
publicité préliminaire. C'est M. Sabatier, an-
cien président des délégations financières, qui
en aura la haute direction.
t ̃ ai»
Sessions du baccalauréat
à Alger
«♦»
Les sessions d'examens du baccalauréat de
l'enseignement secondaire s ouvriront dans
l'Académie d'Alger le jeudi 14 juin et le lundi
15 octobre 1928.
Le recteur de l'Académie fixera les dates
d'ouverture et de clôture du registre.
8..
Pâques tunisiennes
Caravanes interuniversitaires
Les fêtes de Pâques amènent chaque année
à Tunis des caravanes scolaires, venues de tous
les points de la métropole.
Les caravanes sont organisées par la Ligue
de l' Enseignement de Tunisie, à qui la Rési-
dence Générale et les Directions générales de
rInstruction Publique et de l'Agriculture prê-
tent un concours à la fois moral et financier, qui
est pour beaucoup dans la bonne marche de
l'organisation des caravanes scolaires.
Elèves-maitres d' Ecoles normales, c' est-à-
dire de futurs instituteurs, étudiants des Fa-
cultés de Lettres et de Science, appelés par-
fois à entrer dans le professorat, sont guidés à
travers les richesses et les principales « curio-
sités » de la Régence. Les caravanes sont con-
duites judicieusement dans tous les endroits de
Tunis et de la Tunisie importants, tant au point
de vue agricole, industriel qu'au point de vue
artistique.
Donc demain, fidèle à sa coutume heureuse,
Tunis accueillera la 7° caravane interuniversi-
taire.
Elle comprendra 22 élèves-maîtres de 3° an-
née de l'Ecole Normale de Limoges, dirigés
par M. Vigueras, docteur en droit, président de
l' Association des Directeurs et Directrices des
Ecoles Normales de France.
Souhaitons beau temps et bon séjour aux
chanceux caravaniers.
e..
Concours de taille de l'olivier
en Tunisie
La Commission du concours de taille de
l'olivier vient de clôturer les opérations.
Le concours comprenait des concurrents
des régions de Hizerte, Menzel Djlmil. El
Aliu, Aousdja, lias Djübcl et Metline.
lin voici les résultats :
Nombre de candidats ayant pris part au
concours : 62.
Nombre de diplômes attribués : 5.
Nombre de certificats provisoires vala-
bles un an : 35.
Candidats refusés : 26.
l'automobilisme au Sahara
1. -
Le 30 mars dernier, deux torpédos 6 cylin-
dres, dans l'une desquelles avait pris place
le général Meynier, directeur des territoires
du Sud, quittaient Alger à 4 heures du ma-
tin à destination d'In-Salah. Elles arrivaient
à Ghardaïa le même jour à 16 h. 45, pour
en repartir le lendemain à 7 h. 15. Elles tou-
chaient El-Goléa à 16 h. 25, en repartaient à
21 heures et arrivaient à In-Salah le ier avril
à 11 h. 10.
Puis, revenant en arrière, la petite cara-
vane quittait In-Salah le 2 avril à 4 h. 45,
passant à El-Goléa le même jour à 16 h. 10,
pour arriver à Alger le 3 avril à 17 h. 20.
La liaison automobile entre Alger et In-
Salah était ainsi réalisée en trente-six heures
trente-cinq minutes, sans aucune défaillance,
bien que dans des conditions difficiles. Il est
à noter que les courriers ordinaires mettent
vingt jours à franchir cette distance, qui
peut être évaluée à un millier de kilomètres
environ à vol d'oiseau.
AU MUSÉUM
̃ «♦«
Le musée d'ethnographie est rattaché au
Muséum d'histoire naturelle et annexé à la
chaire d'nhthropologie dudit établissement.
Le règlement pour les collections du musée
d'ethnographie sûra arrété dans les condi-
tions prévues pour les autres collections du
Muséum.
.1.
A L'ACADÉMIE DES SCIENCES
l' l
Au cours d'une lécente séance de l'Aca-
démie des Sciences, M. Joubin a commenté
une note de M. Boumpt sur la reproduction
de deux mollusques, hAtes intermédiaires du
parasite de la billaarliose.
*
Voyage aux Antilles
VERS MADININA
.8.
Madininal nom oriental, semble-t-il, d'une
princesse lointaine, qui n'est, en réalité, que
l'appellation caraïbe de la Martinique. L'île,
comme la Mélissinde du troubadour amou-
reux, est, parait-il, souverainement belle.
Selon le poète voyageur, une île apparaît
toujours comme une coquille perlière, elle
recèle la naissance d'un mystère, avec toute
la richesse de ses reflets. Guadeloupe et Mar-
tinique sont, évidemment, deux perles ma-
gnifiques au-dessus des mers chaudes. Elles
coûtèrent fort cher à la France, fuisqu'au
traité de Paris, en 1763, le Canada leur ser-
vit de rançon. La sanglante êfofêe des
Antilles révèle à quel point elles furent dure-
ment conquises, plus âprement défendues
contre les Espagnols et les Anglais.
Après les maladresses politiques accumu-
lées durant près de trois siècles, je trouve
miraculeux de pouvoir encore, comme au
temps des chevaliers A. de Bertill et de
Parny, m'embarquer, partant de la Guade-
loupe française, à destination de la Marti-
nique française!
N'est-il pas moins admirable que nous
ayolls pu nous maintenir, depuis le 15 août
1604, sur le territoire si disputé de la
Guvane t
il entre beaucoup d'ignorance géograplti-
que, historique, économique dans nos déboi-
res coloniaux. Nous avons vécu et nous
vivons encore tellement indifférents et déta-
chés des réalités! Un Français d'aujour-
d'hui, même instruit, avant de situer la
Guyane, joue à « pigeon vole > sur la carte
du monde. Pour le plus grand nombre des
métropolitains, V « el Dorado » des pion-
niers du 1 76 stccl". est une terre gluante,
lubrique, pays des caïmans et des boas,
juste bonne à recevoir les réchappes de la
guillotine, la Guadeloupe et la Martinique
sont deux cocotiers-farasols voguant sur l'un
quelconque des océans terrestres.
Cette méconnaissance de nos possessions
américaines fut manifeste, lorsqu'à l'insti-
gation d'un sénateur des Etats-Unis, qui
essayait d'acclimata Vidée d'un troc hon-
teux, il fut question de payer nos dettes
à l'aide des terres antillaises. Beaucoup
de Français, au vingtième siècle, n étaient
pas éloignés de renouveler le genre de spé-
culations à la mode au dix-huitième siècle,
où sombrèrent les Indes, le Canada, la Loui-
siane. Ainsi, la Martinique et la Gllade-
loupe, traitées de « lointaines savanes P,
faillirent être vendues au prix démarqué des
soldes.
Seulement, ces « lointaines savanes » ont
un sol prodigieusement fertile, et elles sont
mervcillesuement placées sur la route Europe-
Panama-Pacifique, l'une des plus grandes
voies commerciales du monde.
On ne peut pas reprocher à nos An filles
de n'être guère plus, encore, qu'un don tf:
la nature abandonné au sein des flots, aux
intempéries de stériles farlotes politiques.
Dans le mauve d'une fuite de jour, j'évo
que les grands Français, défenseurs des Iles,
ceux qui jamais, au temps des lents voiliers,
ne trouvèrent qu'dits étaient trop lointaines
pour être défendues : Bertrand d' Ogeropi,
Claude d'Amblemont, Jean d'Estrées et tous
a les frères » flibustiers de l'ile de la Tor-
tue qui, si souvent, participèrent à de légen-
daires exploits.
Il serait incompréhensible que leurs efforts
soient com promis, à l'époque qui a le
privilège de rapprocher les distances par la
vapeur et Vélectricité, par la T. S. F. et
l'aviation.
iliarie-Louiae Sicardt.
Uu comptoir colonial français
à Vienne
L'attaché commercial près la Légation de
France à V ienne vient de s ignaler au Gouver-
neur Général de Madagascar la création dans
cette ville d'un comptoir colonial français s'oc-
cupant activement de développer les transac-
tions entre les colonies françaises et l' Autriche.
Cette maison est dirigée par M. Charles
Landes, commerçant de Vienne, connu comme
très honorable et sérieux.
Les commerçants et exportateurs de la colo-
nie qui désireraient trouver des débouchés pour
leurs produits en Autriche sont priés de s'adres-
ser directement à M. Charles Landés, directeur
du Comptoir colonial français, Favoritenstrasse
7, à Vienne (Autriche).
Maroc-Paris en automobile
«♦»
Cinq Français habitant Safi, parmi lesquels
M. Lebert, président de la Chambre de com-
merce de cette ville, sont partis ce matin
dans le but d'effectuer en automobile, le raid
Safi-Paris, via Tanger-Algésiras, Madrid,
Bordeaftx, Poitiers. Ils désirent établir le
record sur cette distance et marcheront jour
et nuit, sauf entre El-Ksar et Tanger, où la
circulation de nuit est interdite. Ils espèrent
effectuer le raid en quatre jours.
1
lA CONFÉRENCE DE PARIS
Les experts français, italien, anglais et espa-
gnol poursuivent actuellement, au Quai-d'Or-
say, leurs échanges de vues sur la mise au point
définitive du statut de Tanger.
Au cours de leur dernier entretien, ils se sont
particulièrement occupés de l'organisation de
la gendarmerie. Ce n'est vraisemblablement
qu'après les fêtes de Pâques que les ambassa-
deurs, chargés de régler le c6té politique des
pourparlers, se réuniront.
Le mouvement commercial
du Sénégal
peodant le 4e triaestre et r année 1927
(Chiffres provisoires)
Le mouvement commercial du Sénégal pea-i
dant le 48 trimestre 1927, s' est élevé à 389
millions 500.241 francs, dont 237.581.649 fr.
d'articles importés et 131.918.392 francs de
produits exportés. Au cours de la période cor-
respondante de 1926, le mouvement des échan-
ges avait atteint 526.426.781 francs, dont 345
millions 606.018 francs à l'importation et 160
millions 818.763 francs à l'exportation.
Les résultats du 4° trimestre 1927 portent à
1.548.650.964 francs (chiffres provisoires), la
valeur des échanges commerciaux de l'année
1927, dont 809.435.156 francs à l'entrée et
739.215.806 francs à la sortie. Pendant l' an-
née 1926, le mouvement commercial du Séné-
gal avait été de 1.795.944.653 francs, dont
909.998.954 francs d'articles importés et 885
millions 945.699 francs de produits exportés.
Le commerce de 1927 est donc en régression
de 247.293.689 francs sur les chiffres de 1926
dont 100.563.798 francs à l'importation et 146
millions 729.891 francs à l'exportation et la
balance commerciale qui, en 1926, accusait
49 aux exportations, s'abaisse, en 1927, à
47
Comparé à ia moyenne quinquennale des an-
nées 1922 à 1926, qui s'élève à 993.649.160
francs, le montant des échanges du Sénégal
présente, en 1927, un accroissement de 555
millions 1.804 francs, dont 282.659.919 francs
aux importations et 272.341.885 francs aux
exportations.
La moins-value qu'enregistre le commerce de
1927 sur l' année précédente semble tenir à
deux causes dont la principale est le fléchisse-
ment (1) du rendement de la récolte d'arachides
de 1926 exportée dans le courant de l' année
1927. Les sorties d'arachides, en effet, se sont
élevées à 405.000 tonnes en chiffres ronds,
alors qu'en 1926 les statistiques douanières de
la colonie accusaient 484.000 tonnes. Cette
différence de tonnage se traduit par une dimi-
nution de valeur de 125 millions de francs. La
seconde cause est l'état sanitaire du Sénégal
qui a entraîné un ralentissement sensible des
importations au cours du second semestre. Les
entrées de tissus de coton, notamment, qui
avaient atteint 3.659 tonnes en 1926. n'ont pas
dépassé le chiffre de 2.582 tonnes en 1927.
Dans l' ensemble du mouvement commercial
du Sénégal, pour l'année 1927, la France figure
pour 1.044.900.685 francs, soit 65.9 %, les
colonies françaises pour 19.083.315 francs, soit
1,2 et l'étranger pour 520.666.964 francs.
soit 32,9 1, -
Pendant l'année 1926, la part de la France
avait été de 1.060.164.459 fr., soit 59,1 %,
celle des colonies françaises de 15.137.140 fr.,
soit 0,8 %, et celle de l'étranger 720.643.054
francs, soit 40,1 En définitive, le pourcen-
tage des échanges de la métropole avec cette
colonie s'améliore, en 1927. de près de sept
points sur les chiffres de 1926, pendant que Iii
part des échanges avec l'étranger marque une
diminution de 7 points 2.
(1) Klccliisseincnl uniquemont du. il ost bon
dn lp riippcler. à hi raVlH'ivssf cx^-pliiriinrlle
survenue en t\':?6 uu cours (te rhivemiijf*.*.
-00.
Le mouvement commercial
de la Guinée française
p n ande 4e trimestre et l'année 1927
- e. -
(Chiffres provisoires)
Le mouvement commercial de la Guinée
française pendant le 4" trimestre 1927 a été de
50.896.644 francs, dont 32.991.583 francs
d'articles importés et 17.905.061 francs de pro-
duits exportés. Au cours de la période corres-
pondante de 1926, le mouvement des échanges
s'était élevé à 55.200.907 francs, dont 35 mil-
lions 143.998 francs à 1 importation et 20 mil-
lions 56.909 francs à l exportation.
La totalisation des échanges commerciaux des
4 trimestres 1927 porte à 174.099.426 francs
la valeur du commerce de la colonie pour l'an-
née 1927, dont 100.396.556 francs à l'entrée
et 73.702.870 francs à la sortie (chiffres pro-
visoires). Pendant l'année 1926, le mouvement
commercial de la Guinée française avait été de
229.952.242 francs, dont 152.538.377 francs
d'articles importés et 77.413.865 francs de
produits exportés. Dans l'ensemble, les résultats
de 1927 sont en régression, sur les chiffres de
1926, de 55.852.816 francs, dont 52.141.821
francs à l'importation et 3.710.995 francs à
l'exportation.
La moins-value enregistrée dans les importa-
tions de l'année écoulée porte notamment sur
les tissus de coton dont le tonnage est descendu
de 1.867 tonnes en 1926 à 1.128 tonnes en
1927, représentant une différence de près de
44 millions de francs.
La diminution de valeur des exportations tient
beaucoup plus à la baisse des prix qui s'est
manifestée au cours de la même année 1927
qu'à une régression des sorties. A part le caout-
chouc, la cire, le coton, le beurre de karité, les
boeufs e*: les peaux, les exportations de 1927,
en effet, présentent, dans l' ensemble, un ton-
nage supérieur à celui de l'année 1926.
Il est intéressant de noter que la balance
commerciale de la colonie a marqué, en 1927,
une amélioration sensible sur la valeur des
transactions de l'année 1926 qui avaient donné
67 à l'importation et 33 > à l'exportation.
Les mêmes opérations ont accusé, en 1927, res-
pectivement 58 et 42 soit un accroisse.
ment de 8 points au profit des exportations.
Comparée à la moyenne quinquennale 1922-
1926 - période pendant laquelle la valeur
des échanges de la Guinée française compre.
nait 65 d'articles importés pour 35 de
produits exportés la balance commerciale de
1927 gagne sept points aux exportations.
Parmi les principaux articles importés, les
tissus de coton autres que les gui nées rerésen-
tent à eux seuls plus des 2/5 de la valeur des
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