Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-03-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 mars 1928 20 mars 1928
Description : 1928/03/20 (A29,N46). 1928/03/20 (A29,N46).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64512291
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N* 46.
le. Numéro : 30 CENTIMES
MARDI SOIR, 20 MARS 198&
Les Annales Coloniales
1- e b l .1 s
JOUR III QUOllDIEI
Rédaction & Administration :
94, III te MHt-TMtor
PARIS a•') 1
fllJÉPH. 1 LOUVRE 19-37
- RICHELIEU 97-94
ABONNEMENTS
avec le supplément illusird :
Un la 6 Moi. 3 Miit
France et
Colonies 120 » 85 » 35 »
Étranger 180 > 100 » 50 »
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DIRECTEURS: Mareel RUEDEL et L.-G. THÊBAULT
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La reglementalion du travail en Indocbine
A la session du Conseil de Gouverne-
ment d'octobre 1927, M. le Gouverneur
Général Vàrenne avait présenté à l'ap-
probation de cette assemblée trois tex-
tes réglementant le recrutement de la
main-d'œuvre et l'organisation du tra-
vail en Indochine.
Il n'est pas d'esprit averti des choses
de l'Indochine qui n'estime qu'une ré-
glementation s'imposait en pareille ma-
tière. En effet, l'Indochine est sortie de
la période où elle poursuivait son déve-
loppement économique « au ralenti »,
dans des conditions qui n'apportaient
aucune modification importante à la vie
générale de la colonie.
Depuis la guerre, un essor extraordi-
naire a été pris non seulement par les
': exploitations agricoles, mais aussi par
1 les exploitations minières et industriel-
les. Pour celui qui se tient au courant
des événements économiques indochi-
nois, il n'est pas de courrier qui, depuis
quelques années, n'apporte la nouvelle
de la création de Sociétés agricoles ou
industrielles nouvelles. Il y a eu une vé-
ritable fièvre d'affaires justifiée d'ail-
leurs par les possibilités que réserve l'In-
dochine et par les heureux résultats
qu'ont donnés les premières affaires
- créées par -- des -- Français dans - - l'un - quel-
conque des cinq pays de 1 Union Indo-
chinoise. L'étendue considérable de
l'Indochine, 710.000 Km2, la variété
de possibilités qu'elle offre aux entrepri-
ses qui veulent s'y créer, sont les deux
faits caractéristiques qui ont rendu ur-
gente, mais en même temps difficile, la
solution à donner au problème de la
main-d 'œuvre en général.
Depuis sept à huit ans, il s'est créé
des foyers d'appel de main-d'œuvre qui
nécessitent un recrutement considérable
et une véritable transplantation de la
main-d'œuvre, qui doit quitter les ré-
gions peuplées pour se rendre au tra-
vail dans des régions peu habitées ou
même complètement inhabitées. Il est
certain qu'il eût été souhaitable que cette
question fût réglée depuis déjà quelques
années, mais l'on vivait en un opti-
misme quelque peu béat sur des « on
dit » admis sans discussion qui ten-
daient à faire croire que l'Indochine était
surpeuplée et que les affaires pourraient
Se créer à l'infini sans que se pose même
la question de la main-d 'œuvre. Le rai-
sonnement très faux sur lequel était ba-
sée cette croyance venait de ce que l'on
confondait le chiffre record de la den-
sité de la population dans un point
donné de l'Indochine avec le chiffre de
la densité moyenne de la colonie.
Il est bien certain que si * de vastes
létendues avaient comme densité kilomé-
trique 596 habitants au kilomètre carré
comme la province de Nam-Dinh, non
'seulement la*question de la main-d'œu-
jrre ne se poserait pas pour l'Indochine,
mais il faudrait songer à exporter de
la main-d'œuvre hors de la colonie, car
aucun pays ne pourrait faire vivre une
pareille population. Mais ce chiffre est
exceptionnel et le chiffre moyen de 28
habitants au kilomètre carré pour toute
l'Indochine, tout en étant un chiffre in-
téressant par les possibilités de travail
qu'il permet d'entrevoir, n'était point
tellement élevé que l'on ait pu se per-
mettre de négliger, pendant si long-
temps, l'organisation du travail et de la
main-d'œuvre en Indochine.
Si l'on songe que, dans la seule Co-
chinchine, les concessions européennes
occupent plus de 400.000 Ha et que
710.000 Ha ont été demandés en conces-
sions depuis deux ans, l'on conçoit les
besoins de main-d'œuvre que nécessite
cette mise en valeur.
I"?è;; qu'il faut déplacer de la main-
plique et devient plus difficile à résou-
dre. Ce n'est pas d'aujourd'hui d'ail-
leurs que date cette difficulté. Déjà bien
làvant notre occupation, les empereurs
V Annam, plus spécialement les empe-
reurs Tu-Duc et Minh-Mang, ont cher-
ché à faire mettre en valeur les espaces
incultes en promettant aux colons anna-
mites fondateurs de villages nouveaux
des avantages honorifiques. Malgré la
tentation que pareilles offres pouvaient
avoir, cet essai de colonisation n'a donné
qoe des résultats insignifiants et frag-
mentaires. L'Annamite, en effet, est at-
taché à son village avec une force que
*ri on ne renconre même pas chez le paysan
européen le plus fixé à la terre. Aussi, il
est bien évident que pour qu'il consente
de bonne foi et de bonne volonté à se dé-
glacer, il faut que l'offre qui lui est faite
soit sinon tentante, tout au moins avan-
tageuse.
M. le Gouverneur Général Varenne,
dès son arrivée en Indocnine, fut frappé
* l'importance de ce problème et se mit
immédiatement à l'oeuvre pour arriver à
Jt résoudre. L'on doit malheureusement
4Sre que la question était entièrement
neuve car, jusqu'alors, les conventions
faisaient la loi des parties et les recru-
tements se faisaient dans .des conditions
absolument différentes et variables sans
qu'il y ait dobligation réglementaire
pour les contractants. Cette absence de
règle fixe n'était d'ailleurs pas sans in-
convénient car, s'il faut rendre justice
aux planteurs européens qui ont cherché
à traiter équitablement leur main-d'œu-
vre, il faut bien dire que souvent les en-
gagés étaient loin de respecter les obli-
gations auxquelles ils étaient soumis.
Après avoir créé une inspection
générale du travail, qui a coordonné
les efforts des inspections locales,
M. Alexandre Varenne a élaboré un pro-
jet de réglementation qui fut soumis aux
membres du Conseil de Gouvernément
après avoir été étudié par les résidents
supérieurs et gouverneur des divers pays
de l'Union. Sans entrer dans le détail
même de cette réglementation, disons
qu'elle est en somme la transcription des
prescriptions élémentaires qui doivent
dominer tout contrat de travail dans
quelque pays qu'il soit. Il contient néan-
moins une originalité intéressante dans
la création du pécule pour le travailleur.
Le pécule, qui est alimenté par des ver-
sements faits partie par l'employeur, par-
tic par l'employé, n'est remis à l'engagé
qu'à l'expiration de son contrat et il est
payé soit dans son village d'origine s'il
y retourne, soit à l'endroit où il décide
de se fixer définitivement si, après son
engagement, il fait de l'endroit de son
travail le lieu d'élection de son domi-
cile.
Cette remise d'argent en fin de con-
trat est, pour qui connaît l'Annamite,
le meilleur moyen de lui faire compren-
dre l'intérêt qu'il peut avoir à sortir
de son village pour aller travailler
au loin. Chacun sait que l'idéal de
tout Annamite est de pouvoir, dans
le village auquel il appartient, faire
figure, grâce à l'argent qu'il peut possé-
der et qui lui rend possible l'acquisition
des quelques rizières qui en font un
membre important de son village.
Ce projet a été longuement étudié par
les membres du Conseil de Gouverne-
ment, assemblée dans laquelle sont repré-
sentés les planteurs par les présidents
des Chambres de commerce, d'agriculture
et les industriels et les commerçants par
les présidents des Chambres de com-
merce. Apres étude, cette assemblée a
adopté le projet sans y apporter grand
changement.
Ceux qui sont sur place et en lutte
avec les difficultés que pouvait pré-
senter le recrutement de la main-d'œu-
vre ont certes été très heureux de voir ré-
glementer cette question. Mais suivant
l'éternel différend qui existera toujours
dans les colonies lointaines entre les di-
recteurs qui travaillent sur place et les
sièges sociaux qui discutent à Paris,
l'annonce de cette réglementation n'a pas
été accueillie favorablement par certai-
nes sociétés françaises.
Les Conseils d administration des So-
ciétés indochinoises, qui n'ont à connai-
tre que des chiffres de l'exploitation, ont,
il faut bien le dire, raisonné en compta-
bles et ont vu seulement l'augmentation
évidente de charges que donnait cette
réglementation. Ils ont conclu de là que
cette réglementation leur était préjudi-
ciable puisqu'elle augmentait les charges
matérielles de leurs affaires. Ils n'ont
point envisagé la question dans son en-
semble et en y apportant la largeur de
vues qu'ils auraient dû y apporter. En
effet, il était urgent que cette question
se réglât, car nombreux étaient les dan-
gers de l'incertitude et de l'inorganisa-
tion dans laquelle était laissé le travail
en Indochine.
Cit. DeMrrre,
Sénateur du Nord.
'--.-------.-- ---
A LA GUADELOUPE
Comme nous l'avions annoncé, le second
tour de scrutin des élections au Conseil Général
dans le canton du Lamentin a eu lieu dimanche
18 mars.
Voici les résultats du scrutin :
Electeurs inscrits : 6.123.
Nombre des votants : 2.540.
Liste d'union républicaine et socialiste
M. Bouvrat, 1.453 voix.
M. Nata, 1.452.
M. Larisla, 1.450.
M. François, 1.461.
(Toute la liste est élue.)
Liste d'union républicaine sociaUste
et radicale
M. Reymonencq, 1.069 voix.
M. Blanche, 1.020.
M. Chalus, 1.047.
M. Middleton, 1.045.
Liste du parti socialiste ouvrier
M. Légitimus, 21 voix.
M. Samar, 8.
Bulletins nuls, 18.
Les élections ont eu lieu sans incident au
milieu d'un calme parfait.
L'électrification au Maroc
Le Parlement a adopté, quelques
jours avant la suspension de la ses-
sion, V emprunt marocain.
Une partie des sommes demandées est des-
tinée à la construction de barrages et à des
travaux d'électrification. Le Maroc dispose
vraisemblablement de grandes ressources mi-
nières, mais ne possède pas de charbon.
C'est évidemment une sérieuse infériorité au
au point de vue économique. Mais on peut
y remédier en partiç, notamment dans le
domaine des transports, en recourant à Vélec-
tricité.
M. Steeg a déclaré à la Commission des
Colonies que les travaux d'électrificatioN
allaient être poussés de la façon la plus
active, que sous peu les usines thermiques ne
seront plus utilisées et que toute Vénergie
électrique sera fournie par les chutes que
l'on organisera grâce aux fonds de Vem-
prunt.
-. a. aa -
L etectriftcÊ^ion du Maroc, tout au moins
de certaines parties du Maroc, est déjà com-
mencée. Le centre de ces travaux est Casa-
blanca. Une centrale thermique de 18.000 kw.
a été construite à proximité de la ville et ali-
mente non seulement celle-ci, mais encore
Rabat et les chemins de fer et V exploitation
des phosphates de Kourigha. Mais cette usine
est appelée à disparaître sous peu. Elle ne
jouera plus, en effet, aucun rôle lorsque
l'usine hydroélectrique de Sidi-Machou sera
entrée en exploitation. L'usine de Sidi-Ma-
chou, la première de ce genre sur le terri-
toire du ProtfCtorat, utilisera une chute de
15 à 20 mètres et aura une puissance de 12
à 20.000 kilowatts.
Le développement du réseau de haute ten-
sion, dont le foyer est q CasahlallCa. sera
prochainement réalisé. L'extension se fera à
la fois au lIord et au sud. Au nord, vers
Fez et les plaines agricoles qui s'étendent
de la côte vers l'intérieur. Au sud vers Mar-
rakecll, à travers la région si fertile des
Dotikkala. Enfin, une ligne de 60 kilomè-
tres à 60.000 volts et qui est presque lami-
née, reliera l'usine que l'on construit à Sidi-
Machou à la ligne Casablanca-Kourigha.
La Compagnie des Chemins de fer dit
Maroc a électrifié quelques-unes de ses voies
ferrées, notamment les lignes Casablallca-
Kourigha et Casablanca-Rabat. l' exploita-
tion de ces lignes est faite, Paraît-il, de la
façon la plus judicieuse et la plus hotlo-
mique. Des initiatives très heureuses dans
l'ordre technique ont été prises.
M. Steeg nous a dit, à la Commission des
Colonies, que ces travaux d'électrification
auraient la plus heureuse influence sur le
développement de la colonisation et qu'il y
avait là un élément nouveau de bien-être et
aussi de pacification. C'est évidemment une
des formes de la pénétration pacifique et ce
n'est pas la moins bonne. L'avenir le plus
brillant s'ouvre dans cc domaine aux initia.
itves intelligentes.
IVenrl Fonfanler,
Député du Cantal.
Vice-président de la Commission
des Colonies. •
t Secrétaire de la Commission
des Affaires étrangères.
M. Steeg à Rabat
•+.
M. xtcrjt, résident yénéral, revenant de
France, est rentré à Ilahat hier soir. Il
avait déttartmé le matin à 9 heures, à la
gare maritime de Casablanca, il fut revu
par M. Urbain lilanc, ministre plénipoten-
tiaire, délégué à la résidence ; par le géné-
ral V ida/on, commandant en chef des trou-
pes au Maroc, et les directeurs des services
civils et militaires venns spécialement de
IlltlHlt. Les corps constitués étaient égale-
ment représentés à cette arrivée, du résident
général qu'attendaient aussi les hautes no-
tabilités européennes et indigènes de CllSll-
hlanca. Une compagnie de zouaves avec-
drapeau et musique rendait, les honneurs.
Voici les quelques modifications qui vont
être faites dans l'entourage immédiat de
M. Steeg :
jf accord avec les Affaires étrangères, le
poste de secrétaire général du protectorat
serait confié fo M. Labonne, consul général,
qui occupa divers postes importants à
l'étranger ; la direction des municipalités et
la direction des contrôles civils marocains
changeront aussi de titulaires ; le chef des
services municipaux de Fez sera nommé
à une importante direction à llahat.
Le général Ducla, arrivé avec lç résident
général, prendra le commandement dés
troupes de la région de Fez en remplace-
ment du générai de Chamhrun, nommé à
Toulouse. (Par dépÓChc.)
L'Aviation Coloniale
«»«
Paris-Saïgon et retour
La mission aérienne Antoinat, qui, ayant dû interrompre son
raid vers l'llllhH'hillc,a\'ait. pris le chemin du
retour par un itinéraire jalonné par la Pa-
lestine, la Cyrénaïque, la Tunisie et l'Al-
gérie, vient d'être de nouveau arrêtée en
I npolitaine par un accident. L'avion
Georges-Guy nemer ayant été obligé d'atter-
rir aux environs de la ville de Syrte, se
brisa complètement en touchant le sol. Les
occupants n'ont pas été blessés Les auto-
rités italiennes leur ont aussitôt prêté assis-
tance.
-010
Muséum d'Histoire Naturelle
660
M. le professeur A. Gruvel ouvrira son
cours le lundi 26 mars courant, à 17 h. 15,
dans l'amphithéâtre Cuvier, 57, rue Cuvier,
Paris (58), et le continuera tous les lundis
et jeudis de chaque semaine, à la même
heure.
Le professeur étudiera : l'écaillé, la na-
cre, la perle, les coraux et les éponges.
Le cours sera accompagné de projections
fixes et de vues cinématographiques.
1
Un nouveau miracle
de la T. S. F.
ALLO, ALLO. ALGER ?
M. Bokanowski. ministre du Commerce,
tranquillement assis dans son cabinet de la rue
de Grenelle, a parlé à M. Pierre Bordes, Gou-
verneur Général de l'Algérie, qui l'écoutait
dans son blanc palais d'Alger. t
C'est avec les appareils dont ils se servent
tous les jours que M. Bokanowski et M. le
Gouverneur Bordes ont communiqué.
Le ministre du Commerce, ayant expliqué
à son interlocuteur dans quelles conditions s' ef-
fectuait l'expérience, a ajouté :
« Bientôt, nous l'espérons, la Méditerranée
ne sera plus un obstacle aux communications
téléphoniques entre les Français de France et
ceux d'Algérie. » -- - - -
Voilà qui accentuera la liaison entre Alger
et la métropole, liaison si souhaitée par M.
Bordes et par la France continentale.
Aussitôt après cette communication d'inaugu-
ration, diverses personnalités des P.T.T. et des
exploitations électriques de Pars ont parlé à
leur tour, de leur bureau, à de hautes person-
nalités
leur tour, d'Alger, qui les ont parfaitement enten-
dues, ainsi qu'en font foi les télégrammes arri-
vés à Paris quelques heures plus tard.
« J'ai eu la satisfaction d'entendre d'une
façon absolument distincte votre communica-
tion de 10 h. 36, disait le télégramme de M.
Pierre bordes. Je vous remercie d'avoir bien
voulu choisir Alger comme champ d'expé-
riences d'une merveilleuse découverte française
qui va nous permettre, à nous Français d'outre-
mer, d'entendre la voix même de la mère pa-
trie, toujours près de notre cœur.
« L'Algérie se réjouit de pouvoir escomp-
ter un contact permanent avec sa capitale mé-
tropol itaine. »
Il ne s'agit encore que d'une transmission
unilatérale. La conversation dans les deux sens
où les personnes s'entendront l'une et l' autre
et se répondront ne sera possible que lorsque
sera édifiée en Algérie une station d'émission
semblable à celle qui a servi aux expériences
et qui est installée à Sainte- Assise.
Ce nouveau miracle, nous le devons à la
T. S. F., et non plus par les ondes longues,
mais par des ondes courtes de 30 mètres.
M. Chireix, le principal inventeur, et son
collaborateur, le professeur Mesny, ont obtenu
ces résultats par un nouveau procédé de pro-
jection. Les ondes, projetées dans une direction
déterminée, sont captées à la réception comme
avéc une lentille, de façon à multiplier encore
l'effet de concentration. Le rendement ainsi
obtenu est de beaucoup supérieur à celui d'un
poste ordinaire, si bien que les phénomènes
d'évanouissement bien connus sous le nom de
« fading » qui empêchent parfois la régularité
des transmissions par ondes courtes, deviennent
beaucoup moins nuisibles :
D'autres essais plus @ prolongés vont être faits
afin de permettre de s' assurer de la permanence
de la liaison quels que soient l'état atmosphé-
rique. l'heure et la saison.
L'Administration des P.T.T. espère pouvoir
procurer au public, dans un avenir prochain
l'installation de la station émettrice en Algérie
ne peut pas demander plus d'un an - la faci-
lité de téléphoner entre la France et l'Algérie
à un tarif voisin de celui des conversations télé-
phoniques par ligne.
L éloignement n ctai\t plus un obstacle, des
liaisons pareilles vont être établies avec nos
autres colonies.
Réjouissons-nous donc de cette invention
qui vient de supprimer la Méditerranée et
qui est d'essence et de réalisation françaises.
AU CONSEIL D'ETAT
6+ 1
Enseignement, de la langue arabe à
l'école primaire supérieure de Mosta-
ganem.
Mme Bodin, institutrice de l'Enseignement
primaire en Algérie, ayant demandé en vain au
ministre de l'instruction publique le poste de
professeur de langue arabe à l'école primaire
de Mostaganem, avait introduit une requête au
Conseil d'Etat aux fins d'obtenir satisfaction.
En lui refusant cet emploi disait-elle
le ministre avait excédé ses pouvoirs.
Appelé à statuer sur cette affaire, le Conseil
d'Etat a répondu par la négative en rejetant
la requête de Mme Bodin, attendu que si seuls
les candidats pourvus du certificat d'aptitude à
l'enseignement des langues vivantes dans les
écoles primaires supérieures, peuvent être titu-
larisés comme professeurs de langues vivantes
desdites écoles - aucun texte de loi ou de
- - - - -
règlement ne leur confère le droit d être dési-
gnés, en suivant l'ordre de leurs demandes pour
occuper les postes comportant ledit enseigne-
ment qui deviennent vacants.
Dès lors, en supposant que le poste de pro-
fesseur de langue arabe à l'école primaire supé-
rieure de Mostaganem, ait été disponible à la
date de sa réclamation, ( la dame Bodin n'est
pas fondée à soutenir qu'en refusant de la nom-
mer a ce poste, ou tout centre de même nature,
le ministre a excédé ses pouvoirs.
D'où, ainsi que dit : rejet de sa requête.
Et comme la délégation de Mlle Grégoire
dans le poste de professeur d'arabe à cette
même école supérieure de Mostaganem avait été
renouvelée par décision du ministre de l'Ins-
truction publique, Mme Bodin avait également
déféré ladite décision devant le Conseil d'Etat
aux fins de son annulation.
Sur ce point, la requérante a obtenu gain de
cause. Le Conseil d'Etat a, en effet, déclaré
que le ministre avait violé l'art. 20 de la loi
du 30 octobre 1886 en renouvelant Ta déléga-
tion à Mlle Grégoire au poste dont s'agit, cette
institutrice ne possédant pas le certificat d'apti-
tude correspondant à cet enseignement.
Conclusion : la décision du ministre a été
anmalé.
EL HAMRA
Le millepertuis croît dans presque toute
la Tunisie. On le trouve dans les pâturages,
les cultures et surtout les lieux incultes.
L'affection qu'il provoque eèt connue sous
le nom de « El fiatnra » (la rouge).
Les effets toxiques de l'hamra se mani-
festent plus particulièrement sur les ovins.
Mais les chèvres, les bœufs, les chevaux en
subissent les ravages.
Chez le mouton atteint par le mal, des
œdèmes surviennent dans les régions dé-
pourvues de laine et à la face en particulier.
Les malades sont dans l'impossibilité de
s'alimenter. Souvent ils perdent la vue.' Et
si l'infection se met dans les plaies, la mort
est rapide.
Chez le cheval, les effets locaux se mani-
festent à peu près exclusivement sur les ta-
ches de ladre, les listes et les bazanes.
Les bovidés à peau blanche et délicate
peuvent en être atteints.
D'une manièie générale, les animaux jeu-
nes sont plus sensibles à l'hamra que les
animaux âgéf; et les races améliorées sont
plus atteintes que les races rustiques. Mais
deux particularités doivent surtout être re-
tenups -
10 L'intoxication par le millepertuis ne
se manifeste que sur les animaux peu ou
pas pigmentés, les races à robe foncée
n'étant jamais incommodées ;
2° Même les animaux à pelage clair ne
ressentent aucun trouble s'ils consomment
le millepertuis à l'étable, ou simplement à
l'ombre.
En général, le diagnostic est facile à éta-
blir.
Les moyens de guérison sont assez sim-
ples. Le plus efficàcc. est de laisser à la
bergerie, à l'étable ou à l'écurie les animaux
atteints d'intoxication par l'harnra, C'est le
plus sûr et le plus simple.
1 !
Plantons des bergamotiers
•+•
Près de 3.000 hectares de bergamoticrs
embaument subtilement l'Italie tout en
l'enrichissant. Nous sommes d'ailleurs l'un
de ses plus gros clients en essence de cette
plante.
Le climat fortuné de la péninsule con-
vient fort bien, certes, à cette culture. Mais
notre Afrique du Nord ne lui conviendrait
pas moins.
La culture du bergamqjier ne diffère en
rien de celle des plantes de la même fa-
mille. Pourquoi ne l'ajouterions-nous pas à
la liste de plantes à parfum nord-africaines?
L'exportation italienne est passée de 64.000
kilos en 1910 à 200.000 en 1924, c'est-à-dire
qu'elle a triplé en 15 ans; c'est concluant.
Il ne s'agirait que d'un peu de bonne vo-
lonté et. de patience. En effet, le berga-
motier n'est en pleine production qu'à douze
ans. Mais cette « bergamo.t^ » qui parfu-
mait les bergères roses et les dames pou-
drées du grand siècle, vaut bien qu'on tente
la lente floraison des bergamotiers, au so-
leil de la France africaine.
---
PHILATÉLIE
---.----
Madagascar
Madagascar connut les timbres-taxe spé-
ciaux des iSqO, où notre colonie d'Afrique
put sa série surchargée :
Iadagascar
et
DEPENDANCES
sur timbres-taxe des colonies françaises. Cette
série comprend sept valeurs : •
0 c. bleu, surcharge rouge. Val. cnv. 35 Il
10 c. brun, surcharge rouge 25 »
-jo c. orange, surcharge bleue 10 H
30 r. ronge, surcharge bleue..,. 20 »
40 c. violet, surcharge rouge •• 25 »
50 c. lilas, sureliarge bleue 15 Il
1 fr. vert, surcharge rouge. 50 Il
En iqoS, parait une nouvelle série avec
vue
2 c. brun violet Valeur o 05
4 c. violet o 05
5 c. vert o 10
10 c. rouge o 15
20 c. olive o 25
40 c. brun o 45
50 c. marron sur* bleu, , , .., o 55
Oo c. vermillon o 70
1 fr. bleu 4 1 10
Avant le 60 c. vermillon type définitif, un
60 c. provisoire fut en service quelque temps.
C'est un 60 c. en surcharge, sur le 1 fr. de
cette série, mais imprimé en vcrmi llon au
lieu de bleu : valeur environ, 10 francs.
MAJUNGA
Il n'a jamais été créé pour Majunga de sé-
rie particulière et ses timbres devraient fig-tl-
rer avec les variétés de Madagascar comme
les surcharges de Vohémar ou d'Antalana.
Les timbres dits de Majunga, sont dus à
l'habituelle pénurie de vignettes.
Le 24 février 1895, avant le départ du
courrier pour l'Europe, le bureau postal de
Majunga disposait des timbres ci-après : -
A 5 c.. 500; à 10 c., 580; à 15 c., néant;
à 25 c., 3.524; à 40 c., 271 ; à 1 fr., 500.
Deux heures avant la fermeture des sucs,
la provision des timbres à 5 c. était épui-
sée. Le public réclamait impérieusement le
timbre à 15 c. ; on transforma en timbres à
o fr. 15, mi-partie à l'encre rouge, mi-partie
à l'encre grasse :
i9 100 timbres à 1 fr. ;
2" 250 timbres à o fr. 25.
Un timbre de o fr. 25 sans surcharge fut
vendu pour 15 centimes de monnaie.
152 timbres furent vendus à ce prix-là.
Ces surcharges furent faites sur timbres de
France de 1876 à 1884.
Il existe donc : 10 des surcharges à la main
encre rouge :
9 o fr. 15 sur o fr. 25, valeur environ 5.000 fr.
o fr. 15 sur 1 fr., valeur environ 7.000 fr.
20 Des surcharges au composteur encre
grasse rouge :
o fr. 15 sur o fr. 2c, valeur environ 6.000 fr.
o fr. 15 sur 1 fr., valeur environ 0.000 fr.
Il y a de nombreuses imitations et de telles
pièces ne doivent être acquises qu'avec ga-
ranties formelles.
Voyage aux Antilles
0
LILE ARDENTE
Le feu coum aux cœurs des petites An-
tilles, sous l'exultant poème de la verdure.
tropicale, dans l'horreur de gouffres couleur
de charbon éteint.
A la Guadeloupe, quand un ciel extraor-
dinairement pur dégage les fumerolles de la
Soufrière, on peut voir le volcan, d'une fu-
mée nonchalante, signer sur l'horizon lisse
son message de paix. Ie piton domine l'île
de ses 1. 500 mètres d'altitude, séparé par
les nuages de la terre magnifique, il semble
perdu dans un paysage dantesque.
Du fond de cette enceinte muette de toute
lumière, s'échappent d'abondantes vapeurs
de soufre à la température de 100 degrés,
évoquant les brasiers ardents de la rallée
d' Knnon ou Vaffreux symbole du Baal en-
flammé !
Sur le littoral de la commune de Bouil-
lante s'oltvrent, à fleur de terre, de petits
cratères qui dégagent des sulfures bridants
jusque dans la mer.
Ce pays des nuées ardentes, dont les vo-
lutes épaisses laissent des sillons de cendre
et d'affreuses déchirures aux flancs d'abî-
mes plaqués d'une lèpre de cataclysme,
porte ait verso de cette vision de mort les
apparitions les plus fraîches, les plus rian-
tes du monde vivant. Le ciel. la t>*rrc, l'eau
semblent arc CliC ore fées pour une naissance
de Vénus.
Les balisiers ardents aussi flambent rou-
ges dans la folie végétale qui couvre les
deux tiers de la Guadeloupe montagneuse.
Les forêts sans chemin gardent jalouse-
ment le trésor de leurs essences rares, de
leurs bois d' aromates.
Aucune exploitation n'est encore venue
troubler, pour les transformer fil chiffon-
niers de grands prix, les bois d'Inde, les
bois de roses, les mancenilliers. En com-
pagniç des cannclliers, des arbres à encens,
des vetiverts, du gombo musqué, des morin-
gas, l'ébène vertf, Vacajou ronge, le catalpa
célèbrent sans aucun but utilitaire la prodi-
galité d'une terre inépuisablement riche.
La hache ou le sabre d'abatis doivent pré-
parer le passage du chasseur de raeoons,
d'agoutis, de ma/lgoustes. Lianes et bran-
ches de forêts vierges tressent d'impénétra-
bles fourrés, solides corbeilles remplies d'un
terreau artificiel qui portent de véritables
jardins suspendus aux fleurs multicolores.
Ici, une humidité grasse de six mois de
pluie et l'implacable soleU transfusent à la
terre une sorte de vitalité animale qui se
traduit par d'incroyables mouvements ram-
pants et grimpants, des feuilles larges, tiè-
des, poisseuses comme du sang, des étrein-
tes de lianes, qui imagent la légende des
plantes vampires.
Ainsi, au-dessous des fumerolles en acti-
vité, la jord ardente vit, meurt debout, rê-
vait plus forte de ses charniers de troncs,
de feuilles, de fleurs. l>e toute la force de
s e < ramures, arc hitecture d'arcs-boutants,
qui soutiennent des nids d'ciseaux êi ai-
grettes, en dépit du volcan, niaise (a me-
nace latente du cyclone, le terrible « iouâl-
lo;i » des Caraïbes, die pousse l'hymne de
t nrers la vie :
(( On n;,' IllL'lI rt (llll' 1 p1.\llll "n y enlisent. »
Marie-Louise Sicarti.
A la Martinique
La question des taxes de consommation et
de l'octroi de mer ont fait l'objet avec l'amé-
lioration des soldes des cadres locaux d'un
important débat au cours de la dernière ses-
sion extraordinaire du Conseil général.
En avril 1926, sous la pression des néces
sites financières de la colonie, le Conseil gé
néral avait adopté plusieurs dlqibération
portant remaniement et création de taxes.
On envisageait ainsi une augmentation
de ressources pour le budget local et les
budgets communaux, afin de permettre à la
colonie et aux municipalités de faire lace
aux dépenses nouvelles de la solde et de
continuer utilement les travaux en cours
d'exécution.
Les decrets qui ont institue ces taxes en
ayant limité l'application au 31 décembre
1927, l'Administration a remis ces questions
à l'étude, et à la session de juin 1927, le
Conseil général a adopté les projets qu'elle
lui a présentés et qui consistaient :
1° A remanier l'octroi de mer;
20 A remanier le droit d'importation avec
suppression de la taxe de consommation;
30 A maintenir la modification relative au
droit de douane sur la farine étrangère.
Ces remaniements ont été effectués de fa-
çon à maintenir aux mêmes chiffres que pré-
cédemment le rendement de ces taxes et les
deliberatrons du Conseil général ont etc
transmises au Département des Colonies.
L'Administration escomptant leur appro-
bation, a inscrit au budget de 1298 les chif-
fres probables des perceptions résultant de
leur anplication,
A la fin de novembre, lorsque les travaux
du Conseil général étaient achevés, le Gou-
verneur fut avisé par clhle des objections
que soulevait le ministère du Commerce et
des desiderata de ce département.
Dans l'impossibilité d'entreprendre une
nouvelle étude de la question et pour per-
mettre d'obtenir l'alignement du budget de
1928, le Conseil général s'est joint à l'Ad-
ministration pour obtenir la prorogation des
taxes existantes. Des décrets des 24 et 30 dé-
cembre dernier sont intervenus dans ce sens.
En sorte que jusque nouvel ordre, les per-
ceptions sont assurées et l'alimentation du
budget pourra s'effectuer d'une façon nor-
male,
Mais, afin de donner satisfaction au Dé-
partement et aussi pour éviter le retour
d'une situation difficile, comme il s'est pro-
duit en fin 1927, l'Administration a estimé
qu'elle devait rapidement saisir l'assemblée
le. Numéro : 30 CENTIMES
MARDI SOIR, 20 MARS 198&
Les Annales Coloniales
1- e b l .1 s
JOUR III QUOllDIEI
Rédaction & Administration :
94, III te MHt-TMtor
PARIS a•') 1
fllJÉPH. 1 LOUVRE 19-37
- RICHELIEU 97-94
ABONNEMENTS
avec le supplément illusird :
Un la 6 Moi. 3 Miit
France et
Colonies 120 » 85 » 35 »
Étranger 180 > 100 » 50 »
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bureau dû tournai.
DIRECTEURS: Mareel RUEDEL et L.-G. THÊBAULT
Tous lq articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les Amnalbs rni^mnica
On s'abonne sans frais dans
tous Jcs bureaux de poste.
La reglementalion du travail en Indocbine
A la session du Conseil de Gouverne-
ment d'octobre 1927, M. le Gouverneur
Général Vàrenne avait présenté à l'ap-
probation de cette assemblée trois tex-
tes réglementant le recrutement de la
main-d'œuvre et l'organisation du tra-
vail en Indochine.
Il n'est pas d'esprit averti des choses
de l'Indochine qui n'estime qu'une ré-
glementation s'imposait en pareille ma-
tière. En effet, l'Indochine est sortie de
la période où elle poursuivait son déve-
loppement économique « au ralenti »,
dans des conditions qui n'apportaient
aucune modification importante à la vie
générale de la colonie.
Depuis la guerre, un essor extraordi-
naire a été pris non seulement par les
': exploitations agricoles, mais aussi par
1 les exploitations minières et industriel-
les. Pour celui qui se tient au courant
des événements économiques indochi-
nois, il n'est pas de courrier qui, depuis
quelques années, n'apporte la nouvelle
de la création de Sociétés agricoles ou
industrielles nouvelles. Il y a eu une vé-
ritable fièvre d'affaires justifiée d'ail-
leurs par les possibilités que réserve l'In-
dochine et par les heureux résultats
qu'ont donnés les premières affaires
- créées par -- des -- Français dans - - l'un - quel-
conque des cinq pays de 1 Union Indo-
chinoise. L'étendue considérable de
l'Indochine, 710.000 Km2, la variété
de possibilités qu'elle offre aux entrepri-
ses qui veulent s'y créer, sont les deux
faits caractéristiques qui ont rendu ur-
gente, mais en même temps difficile, la
solution à donner au problème de la
main-d 'œuvre en général.
Depuis sept à huit ans, il s'est créé
des foyers d'appel de main-d'œuvre qui
nécessitent un recrutement considérable
et une véritable transplantation de la
main-d'œuvre, qui doit quitter les ré-
gions peuplées pour se rendre au tra-
vail dans des régions peu habitées ou
même complètement inhabitées. Il est
certain qu'il eût été souhaitable que cette
question fût réglée depuis déjà quelques
années, mais l'on vivait en un opti-
misme quelque peu béat sur des « on
dit » admis sans discussion qui ten-
daient à faire croire que l'Indochine était
surpeuplée et que les affaires pourraient
Se créer à l'infini sans que se pose même
la question de la main-d 'œuvre. Le rai-
sonnement très faux sur lequel était ba-
sée cette croyance venait de ce que l'on
confondait le chiffre record de la den-
sité de la population dans un point
donné de l'Indochine avec le chiffre de
la densité moyenne de la colonie.
Il est bien certain que si * de vastes
létendues avaient comme densité kilomé-
trique 596 habitants au kilomètre carré
comme la province de Nam-Dinh, non
'seulement la*question de la main-d'œu-
jrre ne se poserait pas pour l'Indochine,
mais il faudrait songer à exporter de
la main-d'œuvre hors de la colonie, car
aucun pays ne pourrait faire vivre une
pareille population. Mais ce chiffre est
exceptionnel et le chiffre moyen de 28
habitants au kilomètre carré pour toute
l'Indochine, tout en étant un chiffre in-
téressant par les possibilités de travail
qu'il permet d'entrevoir, n'était point
tellement élevé que l'on ait pu se per-
mettre de négliger, pendant si long-
temps, l'organisation du travail et de la
main-d'œuvre en Indochine.
Si l'on songe que, dans la seule Co-
chinchine, les concessions européennes
occupent plus de 400.000 Ha et que
710.000 Ha ont été demandés en conces-
sions depuis deux ans, l'on conçoit les
besoins de main-d'œuvre que nécessite
cette mise en valeur.
I"?è;; qu'il faut déplacer de la main-
dre. Ce n'est pas d'aujourd'hui d'ail-
leurs que date cette difficulté. Déjà bien
làvant notre occupation, les empereurs
V Annam, plus spécialement les empe-
reurs Tu-Duc et Minh-Mang, ont cher-
ché à faire mettre en valeur les espaces
incultes en promettant aux colons anna-
mites fondateurs de villages nouveaux
des avantages honorifiques. Malgré la
tentation que pareilles offres pouvaient
avoir, cet essai de colonisation n'a donné
qoe des résultats insignifiants et frag-
mentaires. L'Annamite, en effet, est at-
taché à son village avec une force que
*ri on ne renconre même pas chez le paysan
européen le plus fixé à la terre. Aussi, il
est bien évident que pour qu'il consente
de bonne foi et de bonne volonté à se dé-
glacer, il faut que l'offre qui lui est faite
soit sinon tentante, tout au moins avan-
tageuse.
M. le Gouverneur Général Varenne,
dès son arrivée en Indocnine, fut frappé
* l'importance de ce problème et se mit
immédiatement à l'oeuvre pour arriver à
Jt résoudre. L'on doit malheureusement
4Sre que la question était entièrement
neuve car, jusqu'alors, les conventions
faisaient la loi des parties et les recru-
tements se faisaient dans .des conditions
absolument différentes et variables sans
qu'il y ait dobligation réglementaire
pour les contractants. Cette absence de
règle fixe n'était d'ailleurs pas sans in-
convénient car, s'il faut rendre justice
aux planteurs européens qui ont cherché
à traiter équitablement leur main-d'œu-
vre, il faut bien dire que souvent les en-
gagés étaient loin de respecter les obli-
gations auxquelles ils étaient soumis.
Après avoir créé une inspection
générale du travail, qui a coordonné
les efforts des inspections locales,
M. Alexandre Varenne a élaboré un pro-
jet de réglementation qui fut soumis aux
membres du Conseil de Gouvernément
après avoir été étudié par les résidents
supérieurs et gouverneur des divers pays
de l'Union. Sans entrer dans le détail
même de cette réglementation, disons
qu'elle est en somme la transcription des
prescriptions élémentaires qui doivent
dominer tout contrat de travail dans
quelque pays qu'il soit. Il contient néan-
moins une originalité intéressante dans
la création du pécule pour le travailleur.
Le pécule, qui est alimenté par des ver-
sements faits partie par l'employeur, par-
tic par l'employé, n'est remis à l'engagé
qu'à l'expiration de son contrat et il est
payé soit dans son village d'origine s'il
y retourne, soit à l'endroit où il décide
de se fixer définitivement si, après son
engagement, il fait de l'endroit de son
travail le lieu d'élection de son domi-
cile.
Cette remise d'argent en fin de con-
trat est, pour qui connaît l'Annamite,
le meilleur moyen de lui faire compren-
dre l'intérêt qu'il peut avoir à sortir
de son village pour aller travailler
au loin. Chacun sait que l'idéal de
tout Annamite est de pouvoir, dans
le village auquel il appartient, faire
figure, grâce à l'argent qu'il peut possé-
der et qui lui rend possible l'acquisition
des quelques rizières qui en font un
membre important de son village.
Ce projet a été longuement étudié par
les membres du Conseil de Gouverne-
ment, assemblée dans laquelle sont repré-
sentés les planteurs par les présidents
des Chambres de commerce, d'agriculture
et les industriels et les commerçants par
les présidents des Chambres de com-
merce. Apres étude, cette assemblée a
adopté le projet sans y apporter grand
changement.
Ceux qui sont sur place et en lutte
avec les difficultés que pouvait pré-
senter le recrutement de la main-d'œu-
vre ont certes été très heureux de voir ré-
glementer cette question. Mais suivant
l'éternel différend qui existera toujours
dans les colonies lointaines entre les di-
recteurs qui travaillent sur place et les
sièges sociaux qui discutent à Paris,
l'annonce de cette réglementation n'a pas
été accueillie favorablement par certai-
nes sociétés françaises.
Les Conseils d administration des So-
ciétés indochinoises, qui n'ont à connai-
tre que des chiffres de l'exploitation, ont,
il faut bien le dire, raisonné en compta-
bles et ont vu seulement l'augmentation
évidente de charges que donnait cette
réglementation. Ils ont conclu de là que
cette réglementation leur était préjudi-
ciable puisqu'elle augmentait les charges
matérielles de leurs affaires. Ils n'ont
point envisagé la question dans son en-
semble et en y apportant la largeur de
vues qu'ils auraient dû y apporter. En
effet, il était urgent que cette question
se réglât, car nombreux étaient les dan-
gers de l'incertitude et de l'inorganisa-
tion dans laquelle était laissé le travail
en Indochine.
Cit. DeMrrre,
Sénateur du Nord.
'--.-------.-- ---
A LA GUADELOUPE
Comme nous l'avions annoncé, le second
tour de scrutin des élections au Conseil Général
dans le canton du Lamentin a eu lieu dimanche
18 mars.
Voici les résultats du scrutin :
Electeurs inscrits : 6.123.
Nombre des votants : 2.540.
Liste d'union républicaine et socialiste
M. Bouvrat, 1.453 voix.
M. Nata, 1.452.
M. Larisla, 1.450.
M. François, 1.461.
(Toute la liste est élue.)
Liste d'union républicaine sociaUste
et radicale
M. Reymonencq, 1.069 voix.
M. Blanche, 1.020.
M. Chalus, 1.047.
M. Middleton, 1.045.
Liste du parti socialiste ouvrier
M. Légitimus, 21 voix.
M. Samar, 8.
Bulletins nuls, 18.
Les élections ont eu lieu sans incident au
milieu d'un calme parfait.
L'électrification au Maroc
Le Parlement a adopté, quelques
jours avant la suspension de la ses-
sion, V emprunt marocain.
Une partie des sommes demandées est des-
tinée à la construction de barrages et à des
travaux d'électrification. Le Maroc dispose
vraisemblablement de grandes ressources mi-
nières, mais ne possède pas de charbon.
C'est évidemment une sérieuse infériorité au
au point de vue économique. Mais on peut
y remédier en partiç, notamment dans le
domaine des transports, en recourant à Vélec-
tricité.
M. Steeg a déclaré à la Commission des
Colonies que les travaux d'électrificatioN
allaient être poussés de la façon la plus
active, que sous peu les usines thermiques ne
seront plus utilisées et que toute Vénergie
électrique sera fournie par les chutes que
l'on organisera grâce aux fonds de Vem-
prunt.
-. a. aa -
L etectriftcÊ^ion du Maroc, tout au moins
de certaines parties du Maroc, est déjà com-
mencée. Le centre de ces travaux est Casa-
blanca. Une centrale thermique de 18.000 kw.
a été construite à proximité de la ville et ali-
mente non seulement celle-ci, mais encore
Rabat et les chemins de fer et V exploitation
des phosphates de Kourigha. Mais cette usine
est appelée à disparaître sous peu. Elle ne
jouera plus, en effet, aucun rôle lorsque
l'usine hydroélectrique de Sidi-Machou sera
entrée en exploitation. L'usine de Sidi-Ma-
chou, la première de ce genre sur le terri-
toire du ProtfCtorat, utilisera une chute de
15 à 20 mètres et aura une puissance de 12
à 20.000 kilowatts.
Le développement du réseau de haute ten-
sion, dont le foyer est q CasahlallCa. sera
prochainement réalisé. L'extension se fera à
la fois au lIord et au sud. Au nord, vers
Fez et les plaines agricoles qui s'étendent
de la côte vers l'intérieur. Au sud vers Mar-
rakecll, à travers la région si fertile des
Dotikkala. Enfin, une ligne de 60 kilomè-
tres à 60.000 volts et qui est presque lami-
née, reliera l'usine que l'on construit à Sidi-
Machou à la ligne Casablanca-Kourigha.
La Compagnie des Chemins de fer dit
Maroc a électrifié quelques-unes de ses voies
ferrées, notamment les lignes Casablallca-
Kourigha et Casablanca-Rabat. l' exploita-
tion de ces lignes est faite, Paraît-il, de la
façon la plus judicieuse et la plus hotlo-
mique. Des initiatives très heureuses dans
l'ordre technique ont été prises.
M. Steeg nous a dit, à la Commission des
Colonies, que ces travaux d'électrification
auraient la plus heureuse influence sur le
développement de la colonisation et qu'il y
avait là un élément nouveau de bien-être et
aussi de pacification. C'est évidemment une
des formes de la pénétration pacifique et ce
n'est pas la moins bonne. L'avenir le plus
brillant s'ouvre dans cc domaine aux initia.
itves intelligentes.
IVenrl Fonfanler,
Député du Cantal.
Vice-président de la Commission
des Colonies. •
t Secrétaire de la Commission
des Affaires étrangères.
M. Steeg à Rabat
•+.
M. xtcrjt, résident yénéral, revenant de
France, est rentré à Ilahat hier soir. Il
avait déttartmé le matin à 9 heures, à la
gare maritime de Casablanca, il fut revu
par M. Urbain lilanc, ministre plénipoten-
tiaire, délégué à la résidence ; par le géné-
ral V ida/on, commandant en chef des trou-
pes au Maroc, et les directeurs des services
civils et militaires venns spécialement de
IlltlHlt. Les corps constitués étaient égale-
ment représentés à cette arrivée, du résident
général qu'attendaient aussi les hautes no-
tabilités européennes et indigènes de CllSll-
hlanca. Une compagnie de zouaves avec-
drapeau et musique rendait, les honneurs.
Voici les quelques modifications qui vont
être faites dans l'entourage immédiat de
M. Steeg :
jf accord avec les Affaires étrangères, le
poste de secrétaire général du protectorat
serait confié fo M. Labonne, consul général,
qui occupa divers postes importants à
l'étranger ; la direction des municipalités et
la direction des contrôles civils marocains
changeront aussi de titulaires ; le chef des
services municipaux de Fez sera nommé
à une importante direction à llahat.
Le général Ducla, arrivé avec lç résident
général, prendra le commandement dés
troupes de la région de Fez en remplace-
ment du générai de Chamhrun, nommé à
Toulouse. (Par dépÓChc.)
L'Aviation Coloniale
«»«
Paris-Saïgon et retour
La mission aérienne
raid vers l'llllhH'hillc,a\'ait. pris le chemin du
retour par un itinéraire jalonné par la Pa-
lestine, la Cyrénaïque, la Tunisie et l'Al-
gérie, vient d'être de nouveau arrêtée en
I npolitaine par un accident. L'avion
Georges-Guy nemer ayant été obligé d'atter-
rir aux environs de la ville de Syrte, se
brisa complètement en touchant le sol. Les
occupants n'ont pas été blessés Les auto-
rités italiennes leur ont aussitôt prêté assis-
tance.
-010
Muséum d'Histoire Naturelle
660
M. le professeur A. Gruvel ouvrira son
cours le lundi 26 mars courant, à 17 h. 15,
dans l'amphithéâtre Cuvier, 57, rue Cuvier,
Paris (58), et le continuera tous les lundis
et jeudis de chaque semaine, à la même
heure.
Le professeur étudiera : l'écaillé, la na-
cre, la perle, les coraux et les éponges.
Le cours sera accompagné de projections
fixes et de vues cinématographiques.
1
Un nouveau miracle
de la T. S. F.
ALLO, ALLO. ALGER ?
M. Bokanowski. ministre du Commerce,
tranquillement assis dans son cabinet de la rue
de Grenelle, a parlé à M. Pierre Bordes, Gou-
verneur Général de l'Algérie, qui l'écoutait
dans son blanc palais d'Alger. t
C'est avec les appareils dont ils se servent
tous les jours que M. Bokanowski et M. le
Gouverneur Bordes ont communiqué.
Le ministre du Commerce, ayant expliqué
à son interlocuteur dans quelles conditions s' ef-
fectuait l'expérience, a ajouté :
« Bientôt, nous l'espérons, la Méditerranée
ne sera plus un obstacle aux communications
téléphoniques entre les Français de France et
ceux d'Algérie. » -- - - -
Voilà qui accentuera la liaison entre Alger
et la métropole, liaison si souhaitée par M.
Bordes et par la France continentale.
Aussitôt après cette communication d'inaugu-
ration, diverses personnalités des P.T.T. et des
exploitations électriques de Pars ont parlé à
leur tour, de leur bureau, à de hautes person-
nalités
leur tour, d'Alger, qui les ont parfaitement enten-
dues, ainsi qu'en font foi les télégrammes arri-
vés à Paris quelques heures plus tard.
« J'ai eu la satisfaction d'entendre d'une
façon absolument distincte votre communica-
tion de 10 h. 36, disait le télégramme de M.
Pierre bordes. Je vous remercie d'avoir bien
voulu choisir Alger comme champ d'expé-
riences d'une merveilleuse découverte française
qui va nous permettre, à nous Français d'outre-
mer, d'entendre la voix même de la mère pa-
trie, toujours près de notre cœur.
« L'Algérie se réjouit de pouvoir escomp-
ter un contact permanent avec sa capitale mé-
tropol itaine. »
Il ne s'agit encore que d'une transmission
unilatérale. La conversation dans les deux sens
où les personnes s'entendront l'une et l' autre
et se répondront ne sera possible que lorsque
sera édifiée en Algérie une station d'émission
semblable à celle qui a servi aux expériences
et qui est installée à Sainte- Assise.
Ce nouveau miracle, nous le devons à la
T. S. F., et non plus par les ondes longues,
mais par des ondes courtes de 30 mètres.
M. Chireix, le principal inventeur, et son
collaborateur, le professeur Mesny, ont obtenu
ces résultats par un nouveau procédé de pro-
jection. Les ondes, projetées dans une direction
déterminée, sont captées à la réception comme
avéc une lentille, de façon à multiplier encore
l'effet de concentration. Le rendement ainsi
obtenu est de beaucoup supérieur à celui d'un
poste ordinaire, si bien que les phénomènes
d'évanouissement bien connus sous le nom de
« fading » qui empêchent parfois la régularité
des transmissions par ondes courtes, deviennent
beaucoup moins nuisibles :
D'autres essais plus @ prolongés vont être faits
afin de permettre de s' assurer de la permanence
de la liaison quels que soient l'état atmosphé-
rique. l'heure et la saison.
L'Administration des P.T.T. espère pouvoir
procurer au public, dans un avenir prochain
l'installation de la station émettrice en Algérie
ne peut pas demander plus d'un an - la faci-
lité de téléphoner entre la France et l'Algérie
à un tarif voisin de celui des conversations télé-
phoniques par ligne.
L éloignement n ctai\t plus un obstacle, des
liaisons pareilles vont être établies avec nos
autres colonies.
Réjouissons-nous donc de cette invention
qui vient de supprimer la Méditerranée et
qui est d'essence et de réalisation françaises.
AU CONSEIL D'ETAT
6+ 1
Enseignement, de la langue arabe à
l'école primaire supérieure de Mosta-
ganem.
Mme Bodin, institutrice de l'Enseignement
primaire en Algérie, ayant demandé en vain au
ministre de l'instruction publique le poste de
professeur de langue arabe à l'école primaire
de Mostaganem, avait introduit une requête au
Conseil d'Etat aux fins d'obtenir satisfaction.
En lui refusant cet emploi disait-elle
le ministre avait excédé ses pouvoirs.
Appelé à statuer sur cette affaire, le Conseil
d'Etat a répondu par la négative en rejetant
la requête de Mme Bodin, attendu que si seuls
les candidats pourvus du certificat d'aptitude à
l'enseignement des langues vivantes dans les
écoles primaires supérieures, peuvent être titu-
larisés comme professeurs de langues vivantes
desdites écoles - aucun texte de loi ou de
- - - - -
règlement ne leur confère le droit d être dési-
gnés, en suivant l'ordre de leurs demandes pour
occuper les postes comportant ledit enseigne-
ment qui deviennent vacants.
Dès lors, en supposant que le poste de pro-
fesseur de langue arabe à l'école primaire supé-
rieure de Mostaganem, ait été disponible à la
date de sa réclamation, ( la dame Bodin n'est
pas fondée à soutenir qu'en refusant de la nom-
mer a ce poste, ou tout centre de même nature,
le ministre a excédé ses pouvoirs.
D'où, ainsi que dit : rejet de sa requête.
Et comme la délégation de Mlle Grégoire
dans le poste de professeur d'arabe à cette
même école supérieure de Mostaganem avait été
renouvelée par décision du ministre de l'Ins-
truction publique, Mme Bodin avait également
déféré ladite décision devant le Conseil d'Etat
aux fins de son annulation.
Sur ce point, la requérante a obtenu gain de
cause. Le Conseil d'Etat a, en effet, déclaré
que le ministre avait violé l'art. 20 de la loi
du 30 octobre 1886 en renouvelant Ta déléga-
tion à Mlle Grégoire au poste dont s'agit, cette
institutrice ne possédant pas le certificat d'apti-
tude correspondant à cet enseignement.
Conclusion : la décision du ministre a été
anmalé.
EL HAMRA
Le millepertuis croît dans presque toute
la Tunisie. On le trouve dans les pâturages,
les cultures et surtout les lieux incultes.
L'affection qu'il provoque eèt connue sous
le nom de « El fiatnra » (la rouge).
Les effets toxiques de l'hamra se mani-
festent plus particulièrement sur les ovins.
Mais les chèvres, les bœufs, les chevaux en
subissent les ravages.
Chez le mouton atteint par le mal, des
œdèmes surviennent dans les régions dé-
pourvues de laine et à la face en particulier.
Les malades sont dans l'impossibilité de
s'alimenter. Souvent ils perdent la vue.' Et
si l'infection se met dans les plaies, la mort
est rapide.
Chez le cheval, les effets locaux se mani-
festent à peu près exclusivement sur les ta-
ches de ladre, les listes et les bazanes.
Les bovidés à peau blanche et délicate
peuvent en être atteints.
D'une manièie générale, les animaux jeu-
nes sont plus sensibles à l'hamra que les
animaux âgéf; et les races améliorées sont
plus atteintes que les races rustiques. Mais
deux particularités doivent surtout être re-
tenups -
10 L'intoxication par le millepertuis ne
se manifeste que sur les animaux peu ou
pas pigmentés, les races à robe foncée
n'étant jamais incommodées ;
2° Même les animaux à pelage clair ne
ressentent aucun trouble s'ils consomment
le millepertuis à l'étable, ou simplement à
l'ombre.
En général, le diagnostic est facile à éta-
blir.
Les moyens de guérison sont assez sim-
ples. Le plus efficàcc. est de laisser à la
bergerie, à l'étable ou à l'écurie les animaux
atteints d'intoxication par l'harnra, C'est le
plus sûr et le plus simple.
1 !
Plantons des bergamotiers
•+•
Près de 3.000 hectares de bergamoticrs
embaument subtilement l'Italie tout en
l'enrichissant. Nous sommes d'ailleurs l'un
de ses plus gros clients en essence de cette
plante.
Le climat fortuné de la péninsule con-
vient fort bien, certes, à cette culture. Mais
notre Afrique du Nord ne lui conviendrait
pas moins.
La culture du bergamqjier ne diffère en
rien de celle des plantes de la même fa-
mille. Pourquoi ne l'ajouterions-nous pas à
la liste de plantes à parfum nord-africaines?
L'exportation italienne est passée de 64.000
kilos en 1910 à 200.000 en 1924, c'est-à-dire
qu'elle a triplé en 15 ans; c'est concluant.
Il ne s'agirait que d'un peu de bonne vo-
lonté et. de patience. En effet, le berga-
motier n'est en pleine production qu'à douze
ans. Mais cette « bergamo.t^ » qui parfu-
mait les bergères roses et les dames pou-
drées du grand siècle, vaut bien qu'on tente
la lente floraison des bergamotiers, au so-
leil de la France africaine.
---
PHILATÉLIE
---.----
Madagascar
Madagascar connut les timbres-taxe spé-
ciaux des iSqO, où notre colonie d'Afrique
put sa série surchargée :
Iadagascar
et
DEPENDANCES
sur timbres-taxe des colonies françaises. Cette
série comprend sept valeurs : •
0 c. bleu, surcharge rouge. Val. cnv. 35 Il
10 c. brun, surcharge rouge 25 »
-jo c. orange, surcharge bleue 10 H
30 r. ronge, surcharge bleue..,. 20 »
40 c. violet, surcharge rouge •• 25 »
50 c. lilas, sureliarge bleue 15 Il
1 fr. vert, surcharge rouge. 50 Il
En iqoS, parait une nouvelle série avec
vue
2 c. brun violet Valeur o 05
4 c. violet o 05
5 c. vert o 10
10 c. rouge o 15
20 c. olive o 25
40 c. brun o 45
50 c. marron sur* bleu, , , .., o 55
Oo c. vermillon o 70
1 fr. bleu 4 1 10
Avant le 60 c. vermillon type définitif, un
60 c. provisoire fut en service quelque temps.
C'est un 60 c. en surcharge, sur le 1 fr. de
cette série, mais imprimé en vcrmi llon au
lieu de bleu : valeur environ, 10 francs.
MAJUNGA
Il n'a jamais été créé pour Majunga de sé-
rie particulière et ses timbres devraient fig-tl-
rer avec les variétés de Madagascar comme
les surcharges de Vohémar ou d'Antalana.
Les timbres dits de Majunga, sont dus à
l'habituelle pénurie de vignettes.
Le 24 février 1895, avant le départ du
courrier pour l'Europe, le bureau postal de
Majunga disposait des timbres ci-après : -
A 5 c.. 500; à 10 c., 580; à 15 c., néant;
à 25 c., 3.524; à 40 c., 271 ; à 1 fr., 500.
Deux heures avant la fermeture des sucs,
la provision des timbres à 5 c. était épui-
sée. Le public réclamait impérieusement le
timbre à 15 c. ; on transforma en timbres à
o fr. 15, mi-partie à l'encre rouge, mi-partie
à l'encre grasse :
i9 100 timbres à 1 fr. ;
2" 250 timbres à o fr. 25.
Un timbre de o fr. 25 sans surcharge fut
vendu pour 15 centimes de monnaie.
152 timbres furent vendus à ce prix-là.
Ces surcharges furent faites sur timbres de
France de 1876 à 1884.
Il existe donc : 10 des surcharges à la main
encre rouge :
9 o fr. 15 sur o fr. 25, valeur environ 5.000 fr.
o fr. 15 sur 1 fr., valeur environ 7.000 fr.
20 Des surcharges au composteur encre
grasse rouge :
o fr. 15 sur o fr. 2c, valeur environ 6.000 fr.
o fr. 15 sur 1 fr., valeur environ 0.000 fr.
Il y a de nombreuses imitations et de telles
pièces ne doivent être acquises qu'avec ga-
ranties formelles.
Voyage aux Antilles
0
LILE ARDENTE
Le feu coum aux cœurs des petites An-
tilles, sous l'exultant poème de la verdure.
tropicale, dans l'horreur de gouffres couleur
de charbon éteint.
A la Guadeloupe, quand un ciel extraor-
dinairement pur dégage les fumerolles de la
Soufrière, on peut voir le volcan, d'une fu-
mée nonchalante, signer sur l'horizon lisse
son message de paix. Ie piton domine l'île
de ses 1. 500 mètres d'altitude, séparé par
les nuages de la terre magnifique, il semble
perdu dans un paysage dantesque.
Du fond de cette enceinte muette de toute
lumière, s'échappent d'abondantes vapeurs
de soufre à la température de 100 degrés,
évoquant les brasiers ardents de la rallée
d' Knnon ou Vaffreux symbole du Baal en-
flammé !
Sur le littoral de la commune de Bouil-
lante s'oltvrent, à fleur de terre, de petits
cratères qui dégagent des sulfures bridants
jusque dans la mer.
Ce pays des nuées ardentes, dont les vo-
lutes épaisses laissent des sillons de cendre
et d'affreuses déchirures aux flancs d'abî-
mes plaqués d'une lèpre de cataclysme,
porte ait verso de cette vision de mort les
apparitions les plus fraîches, les plus rian-
tes du monde vivant. Le ciel. la t>*rrc, l'eau
semblent arc CliC ore fées pour une naissance
de Vénus.
Les balisiers ardents aussi flambent rou-
ges dans la folie végétale qui couvre les
deux tiers de la Guadeloupe montagneuse.
Les forêts sans chemin gardent jalouse-
ment le trésor de leurs essences rares, de
leurs bois d' aromates.
Aucune exploitation n'est encore venue
troubler, pour les transformer fil chiffon-
niers de grands prix, les bois d'Inde, les
bois de roses, les mancenilliers. En com-
pagniç des cannclliers, des arbres à encens,
des vetiverts, du gombo musqué, des morin-
gas, l'ébène vertf, Vacajou ronge, le catalpa
célèbrent sans aucun but utilitaire la prodi-
galité d'une terre inépuisablement riche.
La hache ou le sabre d'abatis doivent pré-
parer le passage du chasseur de raeoons,
d'agoutis, de ma/lgoustes. Lianes et bran-
ches de forêts vierges tressent d'impénétra-
bles fourrés, solides corbeilles remplies d'un
terreau artificiel qui portent de véritables
jardins suspendus aux fleurs multicolores.
Ici, une humidité grasse de six mois de
pluie et l'implacable soleU transfusent à la
terre une sorte de vitalité animale qui se
traduit par d'incroyables mouvements ram-
pants et grimpants, des feuilles larges, tiè-
des, poisseuses comme du sang, des étrein-
tes de lianes, qui imagent la légende des
plantes vampires.
Ainsi, au-dessous des fumerolles en acti-
vité, la jord ardente vit, meurt debout, rê-
vait plus forte de ses charniers de troncs,
de feuilles, de fleurs. l>e toute la force de
s e < ramures, arc hitecture d'arcs-boutants,
qui soutiennent des nids d'ciseaux êi ai-
grettes, en dépit du volcan, niaise (a me-
nace latente du cyclone, le terrible « iouâl-
lo;i » des Caraïbes, die pousse l'hymne de
t nrers la vie :
(( On n;,' IllL'lI rt (llll' 1 p1.\llll "n y enlisent. »
Marie-Louise Sicarti.
A la Martinique
La question des taxes de consommation et
de l'octroi de mer ont fait l'objet avec l'amé-
lioration des soldes des cadres locaux d'un
important débat au cours de la dernière ses-
sion extraordinaire du Conseil général.
En avril 1926, sous la pression des néces
sites financières de la colonie, le Conseil gé
néral avait adopté plusieurs dlqibération
portant remaniement et création de taxes.
On envisageait ainsi une augmentation
de ressources pour le budget local et les
budgets communaux, afin de permettre à la
colonie et aux municipalités de faire lace
aux dépenses nouvelles de la solde et de
continuer utilement les travaux en cours
d'exécution.
Les decrets qui ont institue ces taxes en
ayant limité l'application au 31 décembre
1927, l'Administration a remis ces questions
à l'étude, et à la session de juin 1927, le
Conseil général a adopté les projets qu'elle
lui a présentés et qui consistaient :
1° A remanier l'octroi de mer;
20 A remanier le droit d'importation avec
suppression de la taxe de consommation;
30 A maintenir la modification relative au
droit de douane sur la farine étrangère.
Ces remaniements ont été effectués de fa-
çon à maintenir aux mêmes chiffres que pré-
cédemment le rendement de ces taxes et les
deliberatrons du Conseil général ont etc
transmises au Département des Colonies.
L'Administration escomptant leur appro-
bation, a inscrit au budget de 1298 les chif-
fres probables des perceptions résultant de
leur anplication,
A la fin de novembre, lorsque les travaux
du Conseil général étaient achevés, le Gou-
verneur fut avisé par clhle des objections
que soulevait le ministère du Commerce et
des desiderata de ce département.
Dans l'impossibilité d'entreprendre une
nouvelle étude de la question et pour per-
mettre d'obtenir l'alignement du budget de
1928, le Conseil général s'est joint à l'Ad-
ministration pour obtenir la prorogation des
taxes existantes. Des décrets des 24 et 30 dé-
cembre dernier sont intervenus dans ce sens.
En sorte que jusque nouvel ordre, les per-
ceptions sont assurées et l'alimentation du
budget pourra s'effectuer d'une façon nor-
male,
Mais, afin de donner satisfaction au Dé-
partement et aussi pour éviter le retour
d'une situation difficile, comme il s'est pro-
duit en fin 1927, l'Administration a estimé
qu'elle devait rapidement saisir l'assemblée
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