Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-02-14
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 février 1928 14 février 1928
Description : 1928/02/14 (A29,N26). 1928/02/14 (A29,N26).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64512135
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N* 26.
LIC NUMERO : » CENTIMES
MARDI SOIR, 14 FEVRIER lir28
Les Annales Coloniales
[m et réclames SOM MCWM m
bureau du tournai.
DIRECTEURS » Mareel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Les Annales Coloiialbs ne publient que des arti-
cles inédits, qui sont leur propriété exclusive.
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PARIS (18)
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avec le supplément illustrd:
Un 1. 6 Moi. 3Mwit
France et
Colonies 120 a 65 » 35 l'
Étraafsr.. 1M» 100 » 50 »
On l'abonne sans frab dan
toaa les "UNaU de poste.
La colonisation au Maroc
1.1
En quinze ans, la paix française a permis
èIe créer au Maroc un ensemble de porta, de
cités modernes, de mae. de chemins de fer,
dont le remarquable essor a paru A beaucoup
la marque la plus éclatante du génie colonisa-
teur de notre race.
Pour si admirable qu elle soit, cette « orga-
nisation » du pays ne constitue pourtant qu un
aspect de l'effort développé, et les résultats
de la tâche la plus difficile et la plus rude,
la mise en valeur du sol marocain, sont restés
encore peu connus.
, Ils méritent pourtant de I être.
Avant 1912, cette ressource de premier
ordre que constitue la terre marocaine était peu
et mal exploitée. L'indigène, à qui des mé-
thodes primitives de culture ne donnaient que'
des résultats médiocres, ne labourait souvent
que le minimum nécessaire pour assurer sa
subsistance e celle de sa famille, et les condi-
tions d'insécurité dans lesquelles il vivait et
qui, trop souvent, le privaient au moment de
In récolte du résultat de son effort, ne l'en-
courageaient guère dans une autre voie.
Quelques Européens, très peu nombreux,
avaient bien osé s'aventurer dans les régions
côtières et y acquérir quelques « bleds ».
Mais le chaos des litiges fonciers était tel que
toute possession était précaire.
Faute d'engrais, d'outillage et main-d'œu-
vre surveillée, la mise en valeur de ces quel-
ques Îlots restait, d'ailleurs, à peu de chose
près, aussi peu moderne que celle des terres
jndiRènes.
Depuis 1912, sous 1 effort obstiné des co-
lons français, sous 1 influence intelligente et
énergique de l'Administration, la steppe maro-
caine immense et stérile cède petit à petit.
Travail en profondeur, qui ne tire pas I oeil,
n 'impose pë, du* premier coup l' admiration,
mais crée la véritable et très réelle richesse de
ce pays.
Travail considérable, si l'on songe à toutes
les difficultés à vaincre : établissement d'un
régime foncier apportant la sécurité dans les
transactions, défrichages des terres incultes,
création de fennes à grands rendements, intro-
duction de cultures nouvelles et rémunéra-
NtCM, sélection et amélioration des animaux
domestiques, éducation du collaborateur indi-
gène.
Et pourtant, travail couronné de succès,
puisqu à la date d' aujourd'hui, près de 2.500
colons cultivent suivant les méthodes les plus
Modernes 700.000 hectares de terrains libres
de tout litige.
Pour comprendre toute la valeur de ce résul-
tat, il est indispensable d'expoter d'une façon
trh générale les méthodes qui ont permis au
protectorat d'assurer la sécurité des transac-
tions immobilières, favorisant ainsi I installa-
tion des colons d'initiative privée et celles qui,
Sir la colonisation officielle, développent, tous
> ans, de la façon la plus heureuse, le peu-
eaaent européen.
- Rien n'est plus complexe que le statut fon-
cier indigène. Les superficies appartenant à
des particuliers (terrains melka) sont relative-
ment peu importantes, et le plus souvent, sous
le régime de l'indivision entre de nombreux
Propriétaires.
- En dehors de ces terrains mellcs, seuls sus-
ceptibles d'être acquis par des particuliers,
le domaine foncier du Maroc se compose : des
terrains « maghzen » (domaine privé de
l'Etat) ; « guich » dont la nue propriété
appartient à l'Etat, et dont l'usufruit a été
concédé à certaines tribus ; « collectifs »
appartenant à des tribus ou fractions de tribus ;
w Laboua » provenant de fondations pieuses et
tendus inaliénables.
La partie la plus vaste, la meilleure du
Sol khappant ainsi aux transactions privées,
constituait, avant l'instauration du protectorat.
les immenses terrains de parcours envahis de
broussailles et de palmiers nains perdus pour
la culture, et où les troupeaux indigènes trou-
vaient, à la saison favorable, de maigres pa-
turages.
lie problème était double :
Faire disparaître la précarité des transac-
tions en ce qui concerne les biens privés ;
Permettre la mise en valeur rationnelle de
la partie des terres maghzen, guich ou collec-
tives, non indispensables à l'élevage indigène.
en les livrant à la colonisation officielle.
Le premier résultat a été atteint par l'imma-
triculation foncière.
Calqué sur le régime foncier australien (Act
Torrens), le système adopté a abouti en quel-
ques années à préciser de façon définitive la
consistance matérielle et la situation juridique
et topographique de plus de 10.000 propriétés
représentant plus de 600.000 hectares. Les
dix mille titres fonciers délivrés constituent un
état civil souple et sur. donnant aux proprié-
taires la facilité de recourir au crédit, soumet-
tant enfin à la juridiction des tribunaux fran-
çais une partie importante du sol marocain.
Le protectorat a réalisé le second but à
atteindre en lotissant chaque année, dès 1918,
pour les programmes de colonisation officielle,
des superficies de plus en plus importantes de
biens maghzens, collectifs ou guich dont il
s'était, au préalable, assuré la propriété par
voie de transactions avec des tribus indigènes.
Formule heureuse qui permet, sans aucune
dépossession brutale, la mise en valeur, la
mise en circulation de ressources que des pos-
sesseurs débiles détenaient sans profit pour
eux-mêmes et pour tous. Le colon français et
le fellah sont faits pour vivre côte à côte et
pour s'entendre. Le fellah conserve sa terre
melk ; sa tribu, sa collectivité gardent les ter-
rains communaux indispensables au parcours de
ses animaux. Sur l'excédent de ces terres de
parcours rachetées par le protectorat, la ferme
française s installe. L'indigène y trouvera du
trnvail, des soins, un appui aux périodes diffi-
ciles et toujours la leçon de choses qui lui
servira parce que le paysan marocain, s'il est
de lui-même incapable d'entrevoir le progrès,
est pourtant bien accessible à la constatation
visuelle des résultats pratiques, à la « vertu
de l'exemple ».
Chaque année, au mois de septembre, a
lieu l'attribution des terres de colonisation,
groupées jusqu'ici près des voies de grandes
communications et réparties en lots de 150 à
250 hectares, suivant la valeur de la terre,
les possibilités d'irrigation et la proximité des
centres importants.
La masse des lots à attribuer est réservée à
quatre catégories de candidats : « Mutilés de
guerre et anciens combattants », « Vieux Ma-
rocains », « Immigrants », « Fonctionnaires et
officiers ».
Dans chacune de ces catégories s'établit un
concours où entrent en ligne de compte pour
le nombre de points obtenus la qualité de
père de famille nombreuse, celle de mutilé ou
ancien combattant, le nombre d'années de sé-
jour au Maroc et les titres agricoles. Un tirage
au sort a lieu pour départager les candidats
dont les notes sont ésrales.
Les lots sont payables en quinze annuités
sans intérêts, ce qui correspond à peu près au
prix d'une simple location. Sauf exception,
attributaire est tenu de résider. Il doit, en
outre, s'engager à valoriser la terre qu'il a
reçue en constituant une ferme, en défrichant,
en plantant des arbres, en cultivant, enfin sui-
vant des méthodes modernes.
Dès qu'il a utilisé ses fonds peftonnels et
que sa terre a reçu un commencement de valo-
risation, il peut recourir au crédit dans des
conditions extrêmement avantageuses auprès
des Caisses de Crédit agricole à base mutua-
liste, que le Gouvernement du protectorat a
instituées et qui fonctionnent sous son contrôle.
Tel est le schéma très général des opéra-
tions de colonisation officielle au Maroc.
Conduites avec habileté et énergie, elfes ont
abouti, en moins de dix ans, à l'installation de
près de 1. 100 colons sur des superficies appro-
chant de 190.000 hectares.
Leur succ ès est si considérable qu'en 1927,
près de 600 candidats ont été admis à concou-
rir pour les 140 lots distribués.
Ainsi, grâce à une heureuse direction admi-
nistrative, grâce à l'esprit colonisateur de notre
race, grâce à l'énergie, au labeur patient et
tenace des colons français, le champ de blé
ou d' orge, le verger d oliviers, la vigne, mor-
dent tous les jours davantage dans la brousse
marocaine. Partout, désormais, les fermes
claires piquent dans le décor sévère du bled
africain la note coquette de leurs murs blancs
et de leurs bouquets d'arbres.
Et c est bien là le vrai visage de la France,
ingénieuse et forte et qui trouvera dans le la-
beur pacifique et productif de ses fils, dans
l'amitié d'un peuple dont elle est le guide
bienveillant et sûr, la récompense du courage
et de l'énergie dépensée.
Claarle. Debierre
Sénateur du Nord
Membre de la Commission
des Affaires étrangèrest.
M Bordes à Paris
--0-0--
M. Bordes, (iouverneur Général de l'Al-
Rérte, arrivé hier à Paris, comme .ious
l'avons annoncé, s'est entretenu, l'après-
midi, avec le ministre de l'Intérieur à qui
il venait rendre compte des premiers résul-
tats de l'œuvre administrative qu'il a entre-
prise.
Cette œuvre est le commencement du
grand effort nécessaire pour le relèvement*
des ruines accumulées par le terrible si-
nistre qui ravagea une partie de la province
d'Oran.
Eprouvée en avril dernier par un cyclone
comme on n'en vit point depuis plus de
5° ans, l'Algérie connut encore en novembre
la rupture du barrage qui provoqua la mort
de près de 400 personnes. Depuis lors, un
nouveau fléau fit son apparition : l'inonda-
tion. Alors que la période des pluies ne
devrait commencer que maintenant, il pleut
dans certaines contrées depuis plus de deux
mois! Ainsi les travaux entrepris à Perré-
gaux, à Mostaganem, ont été considérable-
ment gênés par ce mauvais temps persistant.
Il Cependant, a déclaré le Gouverneur Gé-
néral, grâce à l'admirable effort de la po-
pulation française et indigène, les contrées
éprouvées ressusciteront bientôt. »
Grâce aussi à la généreuse solidarité de
la métropole. Le Parlement, comme l'on sait,
a voté un crédit de 100 millions sur la pro-
position du Gouvernement. A quoi viennent
s'ajouter 26 millions d'excédent de recettes
au budget de l'Algérie sur l'exercice 1027,
et 4 millions de souscriptions publiques. Soit,
au total, 130 millions, c'est-à-dire une som-
me suffisante pour parer aux travaux de re-
constitution pour cette année, dont le mon-
tant ne saurait guère excéder cinquante mil-
lions. Ce qui évitera de recourir à l'emprunt
envisagé.
Le temps s'étant remis au beau et les tra-
vaux de reconstruction ayant pu être Tcprh:,
sauf un nouveau déchaînement des eaux, les
travaux feront désormais menés activement
et rapidement terminés.
-
MECHES DE l'IMlCIIIE
00
Radiophonie
Yentlrcdi à IN heures, a été inaugurer la
nouvelle station tic radiophonie installée
à llaïphtmg, qui ulilisc une puissance tic
2 IÎW 5, longueur d'onde. 1) 1 1 nélres..t cette
occasion le directeur du cabinet et des af-
faires politiques, délégué par le (iouver-
neur général par intérim de rIndochine,
souligna les nombreux avantages tic la
radiophonie, précieux instrument de dif-
fusion tle la pensée française en Kxlréme-
Orient.
(Indopneili.)
LE DUEL DU CAOUTCHOUC
PESSIMISME
La parole est aux docteurs Tant
Pis. Voici leur thèse :
Toutes les statistiques, tous les
calculs du monde ne peuvent prévaloir contre
ce fait : il y a 40 de la production du
caoutchouc qui n'est pas absorbée. Le plan
Stevenson n'est efficace que sur le papier.
Depuis le 1er novembre 1922, date à laquelle
il est entré en vigueur, les prix n'ont pas été
maintenus à 2 sh., la production n'a pas été
réglée; on parle d'arrêter la contrebande :
les producteurs sont trop nombreux et de
catégories trop diverses pour avoir les mêmes
intérêts; chacun s'arrange de son mieux, et
les envois frauduleux se font grâce aux
ports non soumis au contrôle. Il y a eu, il
y aura encore de beaux jours pour la contre-
bande.
Certes, il y a toujours Ford, suprême
espoir et suprême pensée. Si après ces longs
mois de restrietiolls, le fameux constructeur
d'automobiles inonde les marchés de 350.000
voitures, Vabsorption du caoutchouc sera de
nouveau considérable. IJamt! A cinq pneus
par automobile, il est aisé de compter com-
bien il faudra de tonnes de caoutchouc.
C'est cela qui rendra moins fâcheux les ré-
sultats de la contrebande : elle ne sera pas
supprimée ; 011 s'en apercevra moins, voilà
tout.
l'augmentation annuelle de la consomma-
tion est bien supérieure' en 1927 à ce qu'elle
était en 1926. Cela n empêche pas que les
stocks accumulés à Londres ne font que croî-
tre et embellir : 48.000 tonnes dons les trois
premiers trimestres de 1926, 70.000 dans les
trois premiers trimestres de 1927; dif férence:
22.000 tonnes. Et ce n'est pas fini.
Enfin et surtout les Hollandais restent
en dehors du plan Stevenson. Or, les Itrdcs
Hollandaises produisent à force. A Suma-
tra, dans le district de Djumbi, on est passe
dr 2.232 tonnes entre 1919 et 1924 ci 21.423
tonnes.
Développement qui fait réfléchi,. Il est
clair qu'il n'est pas partout aussi important.
Mais enfin Djumhi, Bornéo Sud et Est, Pa-
lembang, Sumatra Est, Riost ont donné en
1925 34.000 tonnes. Des manufactures s'ins-
tallent dans ces régions, qui jadis expor-
taient le caoutchouc en Chine pour qu'il y
tût travaillé. On ne doit pas dissimuler les
difficultés qui proviennent de la main-
d'œl"Vft, insuffisante et pour la qualité et
pour la quantité, des prix toujours plus
élevés des travaux de défrichement. Mais,
d'abord, ces difficultés se retrouvent, plus
ou moins grandes, il est vrai, aussi bien
dans les Indes anglaises, à Ceylan, en Ma.
laisie, que dans VInsulinde. Et puis, elles
n'ont pas empêché que les Indes Hollan-
daises ont produit, en 1926, pour plus de 8
millions de livres sterling 'de caoutchouc.
Pour toutes ces raisons, le plan Stevenson
est inef licau. Bien plus, il crée un danger
en masquant la réalité, et en nous empêchant
de voir l'issue vers laquelle nous sommes
nécessairement conduits. Ce n'est pas à lui
qu'est duc la hausse des prix qui a été cons-
tatée; il faut l'expliquer par bien d'autres
causes. Ce qui doit arriver arrivera; Vai>etiir,
dès aujourd'hui, semble fort inquiétant.
Ainsi raisonnent les docteurs Tant Pis,
contrairement à ce que disent, à ce qu'écri-
vent les docteurs Tant Mieux. Cela étant,
comment doivent raisonner les Français qui
n'oublient pas qu'à côté des plantations des
Indes Anglaises et Nécrlandaises, il l' a
non seulement celles de l'Afrique mais 01-
core et surtout celles de l'Indochine.
Il sera utile de leur donner à leur tour la
parole : ce sera pour la prochaine fois.
Mario Romtan,
Sénateur de VHérault, ancien ministre
Vicc-Prèsident de la Commission
sénatoriale des Colonies.
f --
L'Aviation Coloniale
0
Randonnée britannique
Les quatre hydravions britanniques qui
effectuent uno rnnc^niinéo Londres-Australie
sont arrivés hier a Mergu:, Birmanie, à
11 h. 15 venant de Hongoon. La prochaine
étape pré¡lI,) osl Singapour.
Zurich-Congo
Le capitaine aviateur suisse Wirlli, pilo-
tant une udonnettt" continue son voyage.
Il a atterri hier à IX heures ;, à Casa-
blanca., venant de Mnlaga, a,près avoir luit
escale à Aigésiras.
En Méditerranée
Le consul de France à Hambourg s'est
rendu samedi à bord du vapeur llamsès
pour exprimer aux officiers de l'équipage
de ce navire les remerciements du gouver-
nement fronçais ipour le sauvetage, opéré,
en octobre dernier, en Méditerranée, de
l'équipage d'un hydravion frallçais.
M. Lncien Saint ati qui d'Orsay
---0-0--
M. Lucien Saint, Résident Général de
Tunisie, a été reçu hier matin par M. Aris-
tide Briand, ministre des Affaires étrangères.
M. Lucien Saint a entretenu M. Briand du
nouveau projet. de reqonstitutipn du Grand
Conseil et lui a signalé les grands avantages
que cette réforme présenterait pour la Ré'
gence.
Au cours de son séjour à Paris, M. Lucien
Saint insistera probablement pour qu'une
Cour d'appel soit créée à Tunis.
L'actif Résident Général s'efforcera éga-
lement d'obtenir une convention entre le Gou-
vernement français et r Etat tunisien pour
mettre un terme aux impôts de superposition
qui grèvent lourdement les valeurs locales.
Agriculture et main-d'œuvre
à la Réunion
00
C'est parfois le propre des habitants des
pays de soleil d'avoir l'initiative prompte et
le découragement facile.
Quand il fut prouvé à La Réunion que la
culture de la seule canne à sucre pouvait con-
duire aux pires mécomptes, et que l'invasion
d'un parasite suffirait parfois à anéantir les ré-
sultats d'une longue 1 période d' activité, les
propriétaires de l'lie s adonnèrent à des cul-
tures nouve lles, ou plutôt firent une place plus
grande et plus rationnelle aux cultures secon-
daires. Ils consacrèrent donc de grands espaces
au mais et au manioc. C'est de cette époque
que date la fabrication d'un tapioca dont la
réputation n'est plus à faire.
Mais à ces plantes convient davantage le
climat chaud du littoral. Les hauteurs de l'lie
restaient à peu près incultes. On y exploitait,
à condition de les anéantir, les ressources fores-
tières naturelles. Le déboisement s'élargissait,
bouleversant le régime local des pluies et
créant des vides improductifs. C'est alors que
dans la colonie commença la culture des
plantes à parfum. Immédiatement, elle procura
aux petits propriétaires de l'intérieur de l'île
une aisance qu'ils n'avaient jamais connue.
Vint la période de guerre qui brisa cet essor,
mais vint aussi l' après-guerre qui, de chaque
distillateur de géraniums et de vétyver, fit un
homme riche ou à peu près.
Mais à nouveau, voici la mévente. Les prix
ne sont plus rémunérateurs. Et partout où
l'épargne fut insuffisante, où l' argent trop
vite gagné fut dépensé de même, on assiste
à ce spectacle de petits propriétaires aban-
donnant le champ qui leur appartient pour aller
se proposer comme colons partiaires ou jour-
na l iers chez les gros usiniers de l'Ile.
Du coup, la main-d' oeuvre qui avait atteint
des prix excessifs, baissa. C'est sans doute
excellent pour les employeurs, mais c'est dé-
sastreux pour les employés ! plus désastreux
encore pour la constitution souhaitable de la
petite propriété et pour la mise en valeur de
tant d'hectares de terre à nouveau inemployés.
Eji effet, toutes les surfaces cultivables sont
loin d'être cultivées dans ce pays où la diver-
sité des climats réclame la diversité des cul-
tures.
Aujourd'hui donc se pose, comme d ailleurs
elle n'a jamais cessé de se poser, la question
de la main-d' œuvre.
Tout récemment, on avait cru l' avoir réso-
lue grâce à l'introduction d'assez forts contin-
gents de travailleurs malgaches. Ces mal ga-
ches étaient recrutés dans le sud de la Grande-
lie, et leur existencé semble bien avoir passé
inaperçue des colons locaux. La Réunion les
fit venir, les employa, et à l' expiration de leur
premier contrat d'engagement, les renvoya chez
eux dégrossis, voire même éduqués. Ce lut
une révélation pour les agriculteurs de Mada-
gascar qui, maintenant, n ont plus qu une
idée : empêcher que de nouveaux contingents
soient accordés à La Réunion. Pour atteindre
ce but, tous les moyens sont bons, et surtout
le meilleur de tous : des conditions de salaire
qui font que 1. Antandroy de Fort-Dauphin,
presque encore un sauvage, touche, arrivé à
La Réunion, un salaire journalier plus élevé
que celui des créoles de l'lie, pourtant rompus
dès l' enfance aux travaux agricoles et ayant
des besoins autrement développés.
Cette situation est anormale, tout le monde
gagnerait à sa disparition, et je ne crois pas
qu un accord soit impossible entre l'Ue im-
mense et sa petite voisine, à qui, en définitive,
elle doit d'être devenue terre trançaise. Depuis
son origine même, l'histoire de Madagascar
et celle de La Réunion sont étroitement mê-
lées. C'est la représentation parlementaire de
la seconde qui, grâce à son patriotisme éclairé
et tenace, décida, en somme, la métropole à
l'effort que réclamait l'occupation de la pre-
mière. Ce sont des Bourbonnais qui furent les
premiers colonisateurs de Madagascar. C'est
par eux que se construisirent les villes du litto-
ral, et que se reconstruit actuellement Tama-
tave.
Il y a des gestes qu'il ne faut pas oublier,
et le Gouvernement Général qui siège à Tana-
narive serait, croyons-nous, bien inspiré en ne
ménageant pas à La Réunion une aide dont
elle a besoin et qui, d'ailleurs, n'est pas gra-
tuite.
Mais, d'autre part, La Réunion agirait sage-
ment de son côté en ne lésinant pas trop et en
consentant certains sacrifices pécuniaires pro-
pres à lui assurer le fonctionnement normal
d'une immigration qui lui est indispensable.
Sans doute, avec la mévente actuelle de ses
produits, le prix de la main-d' œuvre malgache
est pour elle une lourde charge. Mais qu'elle
ne se hâtq pas de désespérer et de se décou-
rager, une époque de stabilisation arrivera.
C'est en l'attendant, et c'est pour l'attendre
qu'il lui faut maintenir l'immigration malga-
che comme on maintient un principe et pour
qu'il ne vienne plus tard à l'idée de personne
de lui imposer des délais de prescription.
Maurice Ribet,
Auarat à la Cour de l'ans.
CANDIDATURES
--()-()-
ORAN
Le Congrès social iste S. F.I. O. du 5 fé-
vrier, à Tlemcen, a désigné comme candi-
dats : 1. Oran, M. Dubois, secrétaire de la
Fédération ; 2. TIcmcen-Sidi-bel-Abbès, M.
Raymond Blanc, avocat au barreau de Tlem-
cen ; 3. Mostaganem-Mascara, M. Dela-
marre.
D'autre part, dans la circonscription de
Tlemcen, un congrès dit « d'Union nationale »
a désigné M. Brière, président de la Chambre
d'agriculture, réactionnaire notoire. On prévoit
enfin, toujours à Tlemcen, la candidature ré-
publicaine du docteur Gasser, ancien sénateur.
Une seule Cour d'Appel
aux Antilles
Au sujet des économies buclaétaÍlel qui
pourraient être faites aux Antilles, notre
confrère de Fort-de-France, la Paix, soulève
de nouveau la question de la réduction des
frais dans l' administration de la Justice en
supprimant les Cours d'appel de la Guyane
et de la Guadeloupe pour ne maintenir que
celle de la Martinique.
Dans la métropole, chaque Cour d'appel
étend sa juridiction sur deux, trois ou quatre
départements. Personne ne songe à en prendre
ombrage.
Pourquoi n'en serait-il pas de même pour
nos trois colonies où chacune s'offre le luxe
d'une Cour d'appel. Le nombre des arrêts
rendus par chacune d'elles est si minime que
chacun doit revenir à 60.000 ou 80.000 francs,
d après notre confrère, si on en fait le dé-
compte d'après les traitements qui sont actuel-
lement payés aux magistrats.
A ce projet, qui a déjà fait couler beau-
coup d'encre, la Guadeloupe et la Guyane
opposent les difficultés du déplacement qui
ne peuvent être comparées à celfes que les
justiciables ont en France, où il suffit de quel-
ques heures pour se transporter du point le plus
éloigné au chef-lieu du siège de la Cour d ap-
pel.
Qu'à cela ne tienne, ripostent les partisans
de la Cour d'appel unique. Ce ne seront pas
les justiciables qui auront à se déplacer, c est
la Cour qui se rendra dans chaque colonie pour
y tenir des audiences à des dates fixées.
La question ne semble pas devoir être en-
core résolue. La Guadeloupe demande pour-
quoi la Cour d'appel serait à Fort-de-France
plutôt qu'à la Martinique, et la Guyane se
résigne.
Suppression de l'administration
pénitentiaire en Nouvelle-Calédonie
On sait que depuis 189G la Nouvelle-Ca-
lédonie n'a plus reçu aucun convoi de con-
damnés aux travaux forcés. Mais cette me-
sure n'a été prise qu'à la suite d'une déci-
sion ministérielle pouvant toifjours être rap-
portée, la Nouvelle-Calédonie restant tou-
jours affectée à la transportation suivant le
décret du 2 septembre 186..
Le nombre des condamnes qui se trouvent
en ce moment en Nouvelle-Calédonie, se
trouvant ainsi très minime, le moment est
venu d'abroger le décret du 2 septembre
1863 et de supprimer la servitude morale
imposée à cette colonie par la transporta-
tion. Une correspondance a été engagée à
ce sujet par l'administration locale avec la
métropole pour arriver à ce résultat.
Le ministre des Colonies a fait savoir au
Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie que
son département, d'accord avec celui des Fi-
nances, donne une adhésion de principe à la
liquidation de l'administration pénitentiaire
sur les bases ci-après :
a) Le Service local aura à subvenir, à
compter du (!!Ir janvier 192Q, aux frais d'en-
tretien et de surveillance des condamnés et
libérés de toutes catégories, soit au total
1.224.376 francs.
h) L Etat lui cède, en toute propriété, la
totalité des immeubles et du matériel de
toute nature en compte à l'Administration
pénitientiaire, soit au total 1.616.546 fr. 82.
c) Le Budget local rembourse à l'Etat la
différence entre les deux sommes ci-dessus,
soit : 302.270 francs.
En dix annuités avec intérêts à 7 %,.
Le Conseil général de la Nouvelle-Calé-
donie a adhéré au projet de décret qui lui
était soumis par le Gouverneur et dont l'ar-
ticle premier est ainsi conçu :
La Nouvelle-Calédonie cesse d'être colonie
pénitentiaire.
Les conseillers généraux ont manifesté leur
contentement de cette heureuse solution at-
tendue depuis si longtemps.
La métropole n'aura qu'à se féliciter
d'avoir pris la mesure demandée par une
colonie recherchée par les condamnés aux
travaux forcés qui la considéraient comme
leur paradis, où un climat délicieux leur
assurait une longue et confortable existence.
Commandant Laporte
Fine secrètes du caodaïsme
----0-0-
Porteur de la bonne parole caodaiste, un
jeune Annamite prêchait la région de Baria,
Afin de mieux recruter ses adeptes, il tint
aux paysans des discours incendiaires, leur de-
mandant d'adopter la nouvelle religion dont la
fin immédiate était de bouter les Français hors
de ce pays.
Le-van-Trung et consorts ne nous avaient
pas encore fait parade cette intention.
Le bon apôtre a été arrêté.
«eoa-
Sidi Mohamed en France ?
Il est question d'un voyage en France
que Sidi Mohamed désirerait vivement ef-
fectuer dans le courant de cette, année, ou
tiu plus lard, l'année prochaine.
lA' jeune souverain a ganté., en effet, un
excellent, souvenir de son voyage à Paris, à
In suite de Moulny Yousscf.
Il eut. probable que le voyage aura lieu,
mais tlans des conditions plus modestes
que le précédent.
DEPARTS
M. (îratien Cambre, drputr de la C.uadr-
loupc, quittera Paris jriuli, à destin.itinn
des Antilles.
Il s'embarquer;) samedi 18 février à Saint-
N'azaire, à bord du pauueUtt Porto Rico,
rourrior de la Guadeloupe.
M. Edmnnd llolivar, président du (\)11
seil général de la Guadeloupe, <|iii séjour
liait en France depuis plusieurs mois, pren-
dra également passade à 1 pour rejoindre la rolonie.
GOUACHE OU PASTEL
–0–
Le colonel Bernard
La catastrophe du De- Trentinian, qui vient
d'endeuiller l'Indochine et la France,
met en vedette l'homme qui est à la fois
l'âme et la vie et aussi la mort des
Messageries Fluviales de Cochinchine : le co-
lonel Bernard. C'est une personnalité regret-
tablement connue dans les milieux coloniaux
où il s'agite depuis quelques lustres - et sans
beaucoup de lustre. Ce n'est pas d'hier que
nous suivions dans ses évolutions ce phynan-
cier colonial qui sait manœuvrer assez habi-
lement au milieu des constitutions de sociétés.
entre les parts de fondateur et les actions d ap-
port. Nous espérions, contre toute espérance,
que sa débordante activité veillerait tout de
même un peu sur les Messageries fluviales de
Cochinchine, si néfastes au Sud indochinois,
et c'est pourquoi nous ne disions rien. Nous
avons eu tort, reconnaissons notre erreur.
Mais aujourd'hui, le scandale explose, en-
traînant la mort de braves gens entassés, pêle-
mêle, sur un bateau qui transportait des pas-
sagers et du mazout. Voyez-vous Vllc-de-
France amenant à la fois, de New- York au
Havre, des milliers d' Américains vivant et
dansant pendant une semaine au-dessus de
centaines de galions de pétrole. Le crime ne
serait pas plus grand. Souhaitons pour
l'honneur de notre pays, pour le respect que
nous devons à nos compatriotes d'Indochine,
aux Annamites, aux Cambodgiens, aux Lao-
tiens que le châtiment ne soit pas moindre.
Au physique, tout petit, l'oeil de vautour, Ila
face glabre, le cheveu rare et clair, prol ixe et
verbeux, le geste tranchant et sec, tel est le
colonel Bernard. Il parle comme il écrit, inlas-
sablement, mais la lassitude vient vite pour
ceux qui essayent de l'écouter. Mandaté ou
non, il est la terreur des réunions et des co-
mités coloniaux, où il a toujours un discours à
placer, car cet ancien officier est un véritable
moulin à paroles, uniquement préoccupé de
spéculations et non de la bonne marche des
affaires qui lui ont été imprudemment confiées.
Voilà l'homme aui porte d'un cœur léger,
sur ses épaules, la ourde responsabilité de la
catastrophe de Takket.
Ce scandale, qui est un véritable assassinat,
nous connaissons trop l'administration indoebi-
noise pour croire un seul instant qu'il soit
étouffé.
L'opinion publique alertée attend anxieuse
les résultats de l'enquête qui est certainement
commencée, de l'instruction qui a dû être
ouverte.
Que n. ai-je 111 plume vengeresse du grand
frère qui s'illustra, il y a trente ans, dans une
cause célèbre ; que n'ai-je le talent. la vigueur
et la foi dans la justice des hommes ,du. grand
Bernard Lazare pour demander et les légitimes
réparations dues aux familles des innocents
assassiné s et la tête du coupable t
L* Angély
e..
An livre d'Or du Sonvenir français
En parcourant la liste des souscriptions à
l'eruvre du Souvenir Africain, nous avons
relevé le nom d'un généreux donateur : le
lieutenant d'infanterie coloniale de Sèze
qui, par sa récente mort glorieuse à Taodé-
nit, s'est inscrit sur les colonnes du mauso-
lée que sera la basilique de Dakar.
Nombreux sont déjà les souscripteurs,
mais si l'on veut que la cathédrale de Da-
kar puisse être inaugurée le Il novembre
1928, il faut encore en accroître le nombre,
et en envoyant une obole, si modeste soit-
elle, au R. P. Brottier (30, rue l.homond,
Paris V), on l'aidera à parachever t'ouvre
du regretté évêque Mgr Jalahert,
E. D.
1
Les élections à la Guadeloupe
Le deuxième tour de scrutin pour une élec-
tion au Conseil Général, dans le canton de
Basse-Terre, a eu lieu dimanche.
Il y avait 4.839 électeurs inscrits et 1.528
votants.
Ont obtenu :
M. Nemaussat, 1.468 voix, élu.
M. de LignÎères, 44 voix.
Divers, 16 voix.
Sinistre au large des îles Kergue'en
--0.0-
l'n message tle Durban annonce que le
vapeur français I.ozéro a coulé dimanche
soir, an large des iles Kertjuelen, avec trois
familles françaises à bord et qu'en
s'échouant sur les rochers, le navire, s'est
brise en deux.
Pièges japonais
-----
Voici quelques conseils pour les chasseurs
tonkinois qui se laisseraient trop facilement
éblouir par le récit des coups de fusil niei-
veilleux de leurs voisins jaunes.
Pour prendre les sarcelles dans une ri-
zière, inutile d'avoir un fusil : deux tiges
de bambou, un filet suspendu entre les deux.
Sur le filet, une petite sonnette. I.es sar-
celles volant à tire-d'ailes, se jettent dans le
filet. 1.a sonnette tinte et fait tomber le filet
qui enveloppe les oiseaux.
Pour prendre les tourterelles qui roucou-
lent sur les lilas du Japon, il suffit d'emme-
ner avec soi deux oiseaux : un chanteur en
cage, un autre en liberté, familier niais si-
lencieux, Et un filet, bien entendu. T.es ¡,)'II.
terelles sauvages entendant un oiseau et 1;.ti-
ge r .'hanter dans leur zone, pensent 'III'¡)
vient leur en disputer la possession : elles
arrivent pour combattre l't, pour cola, iè-
vent la queue. C'est le moment de tirer la
ficellt" ce qui rabat le filet.
Pour prendre une jeune albinos, blam he
des ^ou 1 cils aux « heveux et des pieds à 1,\
tête, 1111 e laut-il ? l'n uni d'or 5 Do 1".0110m ?
Ça ne gène pas, évidemment. Au fait, si
vous n'êtes pas noir comme Pluton ou jaune
comme vin 1 bel' de gaie, le < on-oil ne vous
servirait de rien.
LIC NUMERO : » CENTIMES
MARDI SOIR, 14 FEVRIER lir28
Les Annales Coloniales
[m et réclames SOM MCWM m
bureau du tournai.
DIRECTEURS » Mareel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Les Annales Coloiialbs ne publient que des arti-
cles inédits, qui sont leur propriété exclusive.
JOUMKâL OMTtMEtt
Rédaction & Administration :
14, IM II MM-TUft*
PARIS (18)
Ttlim. 1 LOUVM 1149
- RICHELIEU1744
ABONNEMENTS
avec le supplément illustrd:
Un 1. 6 Moi. 3Mwit
France et
Colonies 120 a 65 » 35 l'
Étraafsr.. 1M» 100 » 50 »
On l'abonne sans frab dan
toaa les "UNaU de poste.
La colonisation au Maroc
1.1
En quinze ans, la paix française a permis
èIe créer au Maroc un ensemble de porta, de
cités modernes, de mae. de chemins de fer,
dont le remarquable essor a paru A beaucoup
la marque la plus éclatante du génie colonisa-
teur de notre race.
Pour si admirable qu elle soit, cette « orga-
nisation » du pays ne constitue pourtant qu un
aspect de l'effort développé, et les résultats
de la tâche la plus difficile et la plus rude,
la mise en valeur du sol marocain, sont restés
encore peu connus.
, Ils méritent pourtant de I être.
Avant 1912, cette ressource de premier
ordre que constitue la terre marocaine était peu
et mal exploitée. L'indigène, à qui des mé-
thodes primitives de culture ne donnaient que'
des résultats médiocres, ne labourait souvent
que le minimum nécessaire pour assurer sa
subsistance e celle de sa famille, et les condi-
tions d'insécurité dans lesquelles il vivait et
qui, trop souvent, le privaient au moment de
In récolte du résultat de son effort, ne l'en-
courageaient guère dans une autre voie.
Quelques Européens, très peu nombreux,
avaient bien osé s'aventurer dans les régions
côtières et y acquérir quelques « bleds ».
Mais le chaos des litiges fonciers était tel que
toute possession était précaire.
Faute d'engrais, d'outillage et main-d'œu-
vre surveillée, la mise en valeur de ces quel-
ques Îlots restait, d'ailleurs, à peu de chose
près, aussi peu moderne que celle des terres
jndiRènes.
Depuis 1912, sous 1 effort obstiné des co-
lons français, sous 1 influence intelligente et
énergique de l'Administration, la steppe maro-
caine immense et stérile cède petit à petit.
Travail en profondeur, qui ne tire pas I oeil,
n 'impose pë, du* premier coup l' admiration,
mais crée la véritable et très réelle richesse de
ce pays.
Travail considérable, si l'on songe à toutes
les difficultés à vaincre : établissement d'un
régime foncier apportant la sécurité dans les
transactions, défrichages des terres incultes,
création de fennes à grands rendements, intro-
duction de cultures nouvelles et rémunéra-
NtCM, sélection et amélioration des animaux
domestiques, éducation du collaborateur indi-
gène.
Et pourtant, travail couronné de succès,
puisqu à la date d' aujourd'hui, près de 2.500
colons cultivent suivant les méthodes les plus
Modernes 700.000 hectares de terrains libres
de tout litige.
Pour comprendre toute la valeur de ce résul-
tat, il est indispensable d'expoter d'une façon
trh générale les méthodes qui ont permis au
protectorat d'assurer la sécurité des transac-
tions immobilières, favorisant ainsi I installa-
tion des colons d'initiative privée et celles qui,
Sir la colonisation officielle, développent, tous
> ans, de la façon la plus heureuse, le peu-
eaaent européen.
- Rien n'est plus complexe que le statut fon-
cier indigène. Les superficies appartenant à
des particuliers (terrains melka) sont relative-
ment peu importantes, et le plus souvent, sous
le régime de l'indivision entre de nombreux
Propriétaires.
- En dehors de ces terrains mellcs, seuls sus-
ceptibles d'être acquis par des particuliers,
le domaine foncier du Maroc se compose : des
terrains « maghzen » (domaine privé de
l'Etat) ; « guich » dont la nue propriété
appartient à l'Etat, et dont l'usufruit a été
concédé à certaines tribus ; « collectifs »
appartenant à des tribus ou fractions de tribus ;
w Laboua » provenant de fondations pieuses et
tendus inaliénables.
La partie la plus vaste, la meilleure du
Sol khappant ainsi aux transactions privées,
constituait, avant l'instauration du protectorat.
les immenses terrains de parcours envahis de
broussailles et de palmiers nains perdus pour
la culture, et où les troupeaux indigènes trou-
vaient, à la saison favorable, de maigres pa-
turages.
lie problème était double :
Faire disparaître la précarité des transac-
tions en ce qui concerne les biens privés ;
Permettre la mise en valeur rationnelle de
la partie des terres maghzen, guich ou collec-
tives, non indispensables à l'élevage indigène.
en les livrant à la colonisation officielle.
Le premier résultat a été atteint par l'imma-
triculation foncière.
Calqué sur le régime foncier australien (Act
Torrens), le système adopté a abouti en quel-
ques années à préciser de façon définitive la
consistance matérielle et la situation juridique
et topographique de plus de 10.000 propriétés
représentant plus de 600.000 hectares. Les
dix mille titres fonciers délivrés constituent un
état civil souple et sur. donnant aux proprié-
taires la facilité de recourir au crédit, soumet-
tant enfin à la juridiction des tribunaux fran-
çais une partie importante du sol marocain.
Le protectorat a réalisé le second but à
atteindre en lotissant chaque année, dès 1918,
pour les programmes de colonisation officielle,
des superficies de plus en plus importantes de
biens maghzens, collectifs ou guich dont il
s'était, au préalable, assuré la propriété par
voie de transactions avec des tribus indigènes.
Formule heureuse qui permet, sans aucune
dépossession brutale, la mise en valeur, la
mise en circulation de ressources que des pos-
sesseurs débiles détenaient sans profit pour
eux-mêmes et pour tous. Le colon français et
le fellah sont faits pour vivre côte à côte et
pour s'entendre. Le fellah conserve sa terre
melk ; sa tribu, sa collectivité gardent les ter-
rains communaux indispensables au parcours de
ses animaux. Sur l'excédent de ces terres de
parcours rachetées par le protectorat, la ferme
française s installe. L'indigène y trouvera du
trnvail, des soins, un appui aux périodes diffi-
ciles et toujours la leçon de choses qui lui
servira parce que le paysan marocain, s'il est
de lui-même incapable d'entrevoir le progrès,
est pourtant bien accessible à la constatation
visuelle des résultats pratiques, à la « vertu
de l'exemple ».
Chaque année, au mois de septembre, a
lieu l'attribution des terres de colonisation,
groupées jusqu'ici près des voies de grandes
communications et réparties en lots de 150 à
250 hectares, suivant la valeur de la terre,
les possibilités d'irrigation et la proximité des
centres importants.
La masse des lots à attribuer est réservée à
quatre catégories de candidats : « Mutilés de
guerre et anciens combattants », « Vieux Ma-
rocains », « Immigrants », « Fonctionnaires et
officiers ».
Dans chacune de ces catégories s'établit un
concours où entrent en ligne de compte pour
le nombre de points obtenus la qualité de
père de famille nombreuse, celle de mutilé ou
ancien combattant, le nombre d'années de sé-
jour au Maroc et les titres agricoles. Un tirage
au sort a lieu pour départager les candidats
dont les notes sont ésrales.
Les lots sont payables en quinze annuités
sans intérêts, ce qui correspond à peu près au
prix d'une simple location. Sauf exception,
attributaire est tenu de résider. Il doit, en
outre, s'engager à valoriser la terre qu'il a
reçue en constituant une ferme, en défrichant,
en plantant des arbres, en cultivant, enfin sui-
vant des méthodes modernes.
Dès qu'il a utilisé ses fonds peftonnels et
que sa terre a reçu un commencement de valo-
risation, il peut recourir au crédit dans des
conditions extrêmement avantageuses auprès
des Caisses de Crédit agricole à base mutua-
liste, que le Gouvernement du protectorat a
instituées et qui fonctionnent sous son contrôle.
Tel est le schéma très général des opéra-
tions de colonisation officielle au Maroc.
Conduites avec habileté et énergie, elfes ont
abouti, en moins de dix ans, à l'installation de
près de 1. 100 colons sur des superficies appro-
chant de 190.000 hectares.
Leur succ ès est si considérable qu'en 1927,
près de 600 candidats ont été admis à concou-
rir pour les 140 lots distribués.
Ainsi, grâce à une heureuse direction admi-
nistrative, grâce à l'esprit colonisateur de notre
race, grâce à l'énergie, au labeur patient et
tenace des colons français, le champ de blé
ou d' orge, le verger d oliviers, la vigne, mor-
dent tous les jours davantage dans la brousse
marocaine. Partout, désormais, les fermes
claires piquent dans le décor sévère du bled
africain la note coquette de leurs murs blancs
et de leurs bouquets d'arbres.
Et c est bien là le vrai visage de la France,
ingénieuse et forte et qui trouvera dans le la-
beur pacifique et productif de ses fils, dans
l'amitié d'un peuple dont elle est le guide
bienveillant et sûr, la récompense du courage
et de l'énergie dépensée.
Claarle. Debierre
Sénateur du Nord
Membre de la Commission
des Affaires étrangèrest.
M Bordes à Paris
--0-0--
M. Bordes, (iouverneur Général de l'Al-
Rérte, arrivé hier à Paris, comme .ious
l'avons annoncé, s'est entretenu, l'après-
midi, avec le ministre de l'Intérieur à qui
il venait rendre compte des premiers résul-
tats de l'œuvre administrative qu'il a entre-
prise.
Cette œuvre est le commencement du
grand effort nécessaire pour le relèvement*
des ruines accumulées par le terrible si-
nistre qui ravagea une partie de la province
d'Oran.
Eprouvée en avril dernier par un cyclone
comme on n'en vit point depuis plus de
5° ans, l'Algérie connut encore en novembre
la rupture du barrage qui provoqua la mort
de près de 400 personnes. Depuis lors, un
nouveau fléau fit son apparition : l'inonda-
tion. Alors que la période des pluies ne
devrait commencer que maintenant, il pleut
dans certaines contrées depuis plus de deux
mois! Ainsi les travaux entrepris à Perré-
gaux, à Mostaganem, ont été considérable-
ment gênés par ce mauvais temps persistant.
Il Cependant, a déclaré le Gouverneur Gé-
néral, grâce à l'admirable effort de la po-
pulation française et indigène, les contrées
éprouvées ressusciteront bientôt. »
Grâce aussi à la généreuse solidarité de
la métropole. Le Parlement, comme l'on sait,
a voté un crédit de 100 millions sur la pro-
position du Gouvernement. A quoi viennent
s'ajouter 26 millions d'excédent de recettes
au budget de l'Algérie sur l'exercice 1027,
et 4 millions de souscriptions publiques. Soit,
au total, 130 millions, c'est-à-dire une som-
me suffisante pour parer aux travaux de re-
constitution pour cette année, dont le mon-
tant ne saurait guère excéder cinquante mil-
lions. Ce qui évitera de recourir à l'emprunt
envisagé.
Le temps s'étant remis au beau et les tra-
vaux de reconstruction ayant pu être Tcprh:,
sauf un nouveau déchaînement des eaux, les
travaux feront désormais menés activement
et rapidement terminés.
-
MECHES DE l'IMlCIIIE
00
Radiophonie
Yentlrcdi à IN heures, a été inaugurer la
nouvelle station tic radiophonie installée
à llaïphtmg, qui ulilisc une puissance tic
2 IÎW 5, longueur d'onde. 1) 1 1 nélres..t cette
occasion le directeur du cabinet et des af-
faires politiques, délégué par le (iouver-
neur général par intérim de rIndochine,
souligna les nombreux avantages tic la
radiophonie, précieux instrument de dif-
fusion tle la pensée française en Kxlréme-
Orient.
(Indopneili.)
LE DUEL DU CAOUTCHOUC
PESSIMISME
La parole est aux docteurs Tant
Pis. Voici leur thèse :
Toutes les statistiques, tous les
calculs du monde ne peuvent prévaloir contre
ce fait : il y a 40 de la production du
caoutchouc qui n'est pas absorbée. Le plan
Stevenson n'est efficace que sur le papier.
Depuis le 1er novembre 1922, date à laquelle
il est entré en vigueur, les prix n'ont pas été
maintenus à 2 sh., la production n'a pas été
réglée; on parle d'arrêter la contrebande :
les producteurs sont trop nombreux et de
catégories trop diverses pour avoir les mêmes
intérêts; chacun s'arrange de son mieux, et
les envois frauduleux se font grâce aux
ports non soumis au contrôle. Il y a eu, il
y aura encore de beaux jours pour la contre-
bande.
Certes, il y a toujours Ford, suprême
espoir et suprême pensée. Si après ces longs
mois de restrietiolls, le fameux constructeur
d'automobiles inonde les marchés de 350.000
voitures, Vabsorption du caoutchouc sera de
nouveau considérable. IJamt! A cinq pneus
par automobile, il est aisé de compter com-
bien il faudra de tonnes de caoutchouc.
C'est cela qui rendra moins fâcheux les ré-
sultats de la contrebande : elle ne sera pas
supprimée ; 011 s'en apercevra moins, voilà
tout.
l'augmentation annuelle de la consomma-
tion est bien supérieure' en 1927 à ce qu'elle
était en 1926. Cela n empêche pas que les
stocks accumulés à Londres ne font que croî-
tre et embellir : 48.000 tonnes dons les trois
premiers trimestres de 1926, 70.000 dans les
trois premiers trimestres de 1927; dif férence:
22.000 tonnes. Et ce n'est pas fini.
Enfin et surtout les Hollandais restent
en dehors du plan Stevenson. Or, les Itrdcs
Hollandaises produisent à force. A Suma-
tra, dans le district de Djumbi, on est passe
dr 2.232 tonnes entre 1919 et 1924 ci 21.423
tonnes.
Développement qui fait réfléchi,. Il est
clair qu'il n'est pas partout aussi important.
Mais enfin Djumhi, Bornéo Sud et Est, Pa-
lembang, Sumatra Est, Riost ont donné en
1925 34.000 tonnes. Des manufactures s'ins-
tallent dans ces régions, qui jadis expor-
taient le caoutchouc en Chine pour qu'il y
tût travaillé. On ne doit pas dissimuler les
difficultés qui proviennent de la main-
d'œl"Vft, insuffisante et pour la qualité et
pour la quantité, des prix toujours plus
élevés des travaux de défrichement. Mais,
d'abord, ces difficultés se retrouvent, plus
ou moins grandes, il est vrai, aussi bien
dans les Indes anglaises, à Ceylan, en Ma.
laisie, que dans VInsulinde. Et puis, elles
n'ont pas empêché que les Indes Hollan-
daises ont produit, en 1926, pour plus de 8
millions de livres sterling 'de caoutchouc.
Pour toutes ces raisons, le plan Stevenson
est inef licau. Bien plus, il crée un danger
en masquant la réalité, et en nous empêchant
de voir l'issue vers laquelle nous sommes
nécessairement conduits. Ce n'est pas à lui
qu'est duc la hausse des prix qui a été cons-
tatée; il faut l'expliquer par bien d'autres
causes. Ce qui doit arriver arrivera; Vai>etiir,
dès aujourd'hui, semble fort inquiétant.
Ainsi raisonnent les docteurs Tant Pis,
contrairement à ce que disent, à ce qu'écri-
vent les docteurs Tant Mieux. Cela étant,
comment doivent raisonner les Français qui
n'oublient pas qu'à côté des plantations des
Indes Anglaises et Nécrlandaises, il l' a
non seulement celles de l'Afrique mais 01-
core et surtout celles de l'Indochine.
Il sera utile de leur donner à leur tour la
parole : ce sera pour la prochaine fois.
Mario Romtan,
Sénateur de VHérault, ancien ministre
Vicc-Prèsident de la Commission
sénatoriale des Colonies.
f --
L'Aviation Coloniale
0
Randonnée britannique
Les quatre hydravions britanniques qui
effectuent uno rnnc^niinéo Londres-Australie
sont arrivés hier a Mergu:, Birmanie, à
11 h. 15 venant de Hongoon. La prochaine
étape pré¡lI,) osl Singapour.
Zurich-Congo
Le capitaine aviateur suisse Wirlli, pilo-
tant une udonnettt" continue son voyage.
Il a atterri hier à IX heures ;, à Casa-
blanca., venant de Mnlaga, a,près avoir luit
escale à Aigésiras.
En Méditerranée
Le consul de France à Hambourg s'est
rendu samedi à bord du vapeur llamsès
pour exprimer aux officiers de l'équipage
de ce navire les remerciements du gouver-
nement fronçais ipour le sauvetage, opéré,
en octobre dernier, en Méditerranée, de
l'équipage d'un hydravion frallçais.
M. Lncien Saint ati qui d'Orsay
---0-0--
M. Lucien Saint, Résident Général de
Tunisie, a été reçu hier matin par M. Aris-
tide Briand, ministre des Affaires étrangères.
M. Lucien Saint a entretenu M. Briand du
nouveau projet. de reqonstitutipn du Grand
Conseil et lui a signalé les grands avantages
que cette réforme présenterait pour la Ré'
gence.
Au cours de son séjour à Paris, M. Lucien
Saint insistera probablement pour qu'une
Cour d'appel soit créée à Tunis.
L'actif Résident Général s'efforcera éga-
lement d'obtenir une convention entre le Gou-
vernement français et r Etat tunisien pour
mettre un terme aux impôts de superposition
qui grèvent lourdement les valeurs locales.
Agriculture et main-d'œuvre
à la Réunion
00
C'est parfois le propre des habitants des
pays de soleil d'avoir l'initiative prompte et
le découragement facile.
Quand il fut prouvé à La Réunion que la
culture de la seule canne à sucre pouvait con-
duire aux pires mécomptes, et que l'invasion
d'un parasite suffirait parfois à anéantir les ré-
sultats d'une longue 1 période d' activité, les
propriétaires de l'lie s adonnèrent à des cul-
tures nouve lles, ou plutôt firent une place plus
grande et plus rationnelle aux cultures secon-
daires. Ils consacrèrent donc de grands espaces
au mais et au manioc. C'est de cette époque
que date la fabrication d'un tapioca dont la
réputation n'est plus à faire.
Mais à ces plantes convient davantage le
climat chaud du littoral. Les hauteurs de l'lie
restaient à peu près incultes. On y exploitait,
à condition de les anéantir, les ressources fores-
tières naturelles. Le déboisement s'élargissait,
bouleversant le régime local des pluies et
créant des vides improductifs. C'est alors que
dans la colonie commença la culture des
plantes à parfum. Immédiatement, elle procura
aux petits propriétaires de l'intérieur de l'île
une aisance qu'ils n'avaient jamais connue.
Vint la période de guerre qui brisa cet essor,
mais vint aussi l' après-guerre qui, de chaque
distillateur de géraniums et de vétyver, fit un
homme riche ou à peu près.
Mais à nouveau, voici la mévente. Les prix
ne sont plus rémunérateurs. Et partout où
l'épargne fut insuffisante, où l' argent trop
vite gagné fut dépensé de même, on assiste
à ce spectacle de petits propriétaires aban-
donnant le champ qui leur appartient pour aller
se proposer comme colons partiaires ou jour-
na l iers chez les gros usiniers de l'Ile.
Du coup, la main-d' oeuvre qui avait atteint
des prix excessifs, baissa. C'est sans doute
excellent pour les employeurs, mais c'est dé-
sastreux pour les employés ! plus désastreux
encore pour la constitution souhaitable de la
petite propriété et pour la mise en valeur de
tant d'hectares de terre à nouveau inemployés.
Eji effet, toutes les surfaces cultivables sont
loin d'être cultivées dans ce pays où la diver-
sité des climats réclame la diversité des cul-
tures.
Aujourd'hui donc se pose, comme d ailleurs
elle n'a jamais cessé de se poser, la question
de la main-d' œuvre.
Tout récemment, on avait cru l' avoir réso-
lue grâce à l'introduction d'assez forts contin-
gents de travailleurs malgaches. Ces mal ga-
ches étaient recrutés dans le sud de la Grande-
lie, et leur existencé semble bien avoir passé
inaperçue des colons locaux. La Réunion les
fit venir, les employa, et à l' expiration de leur
premier contrat d'engagement, les renvoya chez
eux dégrossis, voire même éduqués. Ce lut
une révélation pour les agriculteurs de Mada-
gascar qui, maintenant, n ont plus qu une
idée : empêcher que de nouveaux contingents
soient accordés à La Réunion. Pour atteindre
ce but, tous les moyens sont bons, et surtout
le meilleur de tous : des conditions de salaire
qui font que 1. Antandroy de Fort-Dauphin,
presque encore un sauvage, touche, arrivé à
La Réunion, un salaire journalier plus élevé
que celui des créoles de l'lie, pourtant rompus
dès l' enfance aux travaux agricoles et ayant
des besoins autrement développés.
Cette situation est anormale, tout le monde
gagnerait à sa disparition, et je ne crois pas
qu un accord soit impossible entre l'Ue im-
mense et sa petite voisine, à qui, en définitive,
elle doit d'être devenue terre trançaise. Depuis
son origine même, l'histoire de Madagascar
et celle de La Réunion sont étroitement mê-
lées. C'est la représentation parlementaire de
la seconde qui, grâce à son patriotisme éclairé
et tenace, décida, en somme, la métropole à
l'effort que réclamait l'occupation de la pre-
mière. Ce sont des Bourbonnais qui furent les
premiers colonisateurs de Madagascar. C'est
par eux que se construisirent les villes du litto-
ral, et que se reconstruit actuellement Tama-
tave.
Il y a des gestes qu'il ne faut pas oublier,
et le Gouvernement Général qui siège à Tana-
narive serait, croyons-nous, bien inspiré en ne
ménageant pas à La Réunion une aide dont
elle a besoin et qui, d'ailleurs, n'est pas gra-
tuite.
Mais, d'autre part, La Réunion agirait sage-
ment de son côté en ne lésinant pas trop et en
consentant certains sacrifices pécuniaires pro-
pres à lui assurer le fonctionnement normal
d'une immigration qui lui est indispensable.
Sans doute, avec la mévente actuelle de ses
produits, le prix de la main-d' œuvre malgache
est pour elle une lourde charge. Mais qu'elle
ne se hâtq pas de désespérer et de se décou-
rager, une époque de stabilisation arrivera.
C'est en l'attendant, et c'est pour l'attendre
qu'il lui faut maintenir l'immigration malga-
che comme on maintient un principe et pour
qu'il ne vienne plus tard à l'idée de personne
de lui imposer des délais de prescription.
Maurice Ribet,
Auarat à la Cour de l'ans.
CANDIDATURES
--()-()-
ORAN
Le Congrès social iste S. F.I. O. du 5 fé-
vrier, à Tlemcen, a désigné comme candi-
dats : 1. Oran, M. Dubois, secrétaire de la
Fédération ; 2. TIcmcen-Sidi-bel-Abbès, M.
Raymond Blanc, avocat au barreau de Tlem-
cen ; 3. Mostaganem-Mascara, M. Dela-
marre.
D'autre part, dans la circonscription de
Tlemcen, un congrès dit « d'Union nationale »
a désigné M. Brière, président de la Chambre
d'agriculture, réactionnaire notoire. On prévoit
enfin, toujours à Tlemcen, la candidature ré-
publicaine du docteur Gasser, ancien sénateur.
Une seule Cour d'Appel
aux Antilles
Au sujet des économies buclaétaÍlel qui
pourraient être faites aux Antilles, notre
confrère de Fort-de-France, la Paix, soulève
de nouveau la question de la réduction des
frais dans l' administration de la Justice en
supprimant les Cours d'appel de la Guyane
et de la Guadeloupe pour ne maintenir que
celle de la Martinique.
Dans la métropole, chaque Cour d'appel
étend sa juridiction sur deux, trois ou quatre
départements. Personne ne songe à en prendre
ombrage.
Pourquoi n'en serait-il pas de même pour
nos trois colonies où chacune s'offre le luxe
d'une Cour d'appel. Le nombre des arrêts
rendus par chacune d'elles est si minime que
chacun doit revenir à 60.000 ou 80.000 francs,
d après notre confrère, si on en fait le dé-
compte d'après les traitements qui sont actuel-
lement payés aux magistrats.
A ce projet, qui a déjà fait couler beau-
coup d'encre, la Guadeloupe et la Guyane
opposent les difficultés du déplacement qui
ne peuvent être comparées à celfes que les
justiciables ont en France, où il suffit de quel-
ques heures pour se transporter du point le plus
éloigné au chef-lieu du siège de la Cour d ap-
pel.
Qu'à cela ne tienne, ripostent les partisans
de la Cour d'appel unique. Ce ne seront pas
les justiciables qui auront à se déplacer, c est
la Cour qui se rendra dans chaque colonie pour
y tenir des audiences à des dates fixées.
La question ne semble pas devoir être en-
core résolue. La Guadeloupe demande pour-
quoi la Cour d'appel serait à Fort-de-France
plutôt qu'à la Martinique, et la Guyane se
résigne.
Suppression de l'administration
pénitentiaire en Nouvelle-Calédonie
On sait que depuis 189G la Nouvelle-Ca-
lédonie n'a plus reçu aucun convoi de con-
damnés aux travaux forcés. Mais cette me-
sure n'a été prise qu'à la suite d'une déci-
sion ministérielle pouvant toifjours être rap-
portée, la Nouvelle-Calédonie restant tou-
jours affectée à la transportation suivant le
décret du 2 septembre 186..
Le nombre des condamnes qui se trouvent
en ce moment en Nouvelle-Calédonie, se
trouvant ainsi très minime, le moment est
venu d'abroger le décret du 2 septembre
1863 et de supprimer la servitude morale
imposée à cette colonie par la transporta-
tion. Une correspondance a été engagée à
ce sujet par l'administration locale avec la
métropole pour arriver à ce résultat.
Le ministre des Colonies a fait savoir au
Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie que
son département, d'accord avec celui des Fi-
nances, donne une adhésion de principe à la
liquidation de l'administration pénitentiaire
sur les bases ci-après :
a) Le Service local aura à subvenir, à
compter du (!!Ir janvier 192Q, aux frais d'en-
tretien et de surveillance des condamnés et
libérés de toutes catégories, soit au total
1.224.376 francs.
h) L Etat lui cède, en toute propriété, la
totalité des immeubles et du matériel de
toute nature en compte à l'Administration
pénitientiaire, soit au total 1.616.546 fr. 82.
c) Le Budget local rembourse à l'Etat la
différence entre les deux sommes ci-dessus,
soit : 302.270 francs.
En dix annuités avec intérêts à 7 %,.
Le Conseil général de la Nouvelle-Calé-
donie a adhéré au projet de décret qui lui
était soumis par le Gouverneur et dont l'ar-
ticle premier est ainsi conçu :
La Nouvelle-Calédonie cesse d'être colonie
pénitentiaire.
Les conseillers généraux ont manifesté leur
contentement de cette heureuse solution at-
tendue depuis si longtemps.
La métropole n'aura qu'à se féliciter
d'avoir pris la mesure demandée par une
colonie recherchée par les condamnés aux
travaux forcés qui la considéraient comme
leur paradis, où un climat délicieux leur
assurait une longue et confortable existence.
Commandant Laporte
Fine secrètes du caodaïsme
----0-0-
Porteur de la bonne parole caodaiste, un
jeune Annamite prêchait la région de Baria,
Afin de mieux recruter ses adeptes, il tint
aux paysans des discours incendiaires, leur de-
mandant d'adopter la nouvelle religion dont la
fin immédiate était de bouter les Français hors
de ce pays.
Le-van-Trung et consorts ne nous avaient
pas encore fait parade cette intention.
Le bon apôtre a été arrêté.
«eoa-
Sidi Mohamed en France ?
Il est question d'un voyage en France
que Sidi Mohamed désirerait vivement ef-
fectuer dans le courant de cette, année, ou
tiu plus lard, l'année prochaine.
lA' jeune souverain a ganté., en effet, un
excellent, souvenir de son voyage à Paris, à
In suite de Moulny Yousscf.
Il eut. probable que le voyage aura lieu,
mais tlans des conditions plus modestes
que le précédent.
DEPARTS
M. (îratien Cambre, drputr de la C.uadr-
loupc, quittera Paris jriuli, à destin.itinn
des Antilles.
Il s'embarquer;) samedi 18 février à Saint-
N'azaire, à bord du pauueUtt Porto Rico,
rourrior de la Guadeloupe.
M. Edmnnd llolivar, président du (\)11
seil général de la Guadeloupe, <|iii séjour
liait en France depuis plusieurs mois, pren-
dra également passade à 1
GOUACHE OU PASTEL
–0–
Le colonel Bernard
La catastrophe du De- Trentinian, qui vient
d'endeuiller l'Indochine et la France,
met en vedette l'homme qui est à la fois
l'âme et la vie et aussi la mort des
Messageries Fluviales de Cochinchine : le co-
lonel Bernard. C'est une personnalité regret-
tablement connue dans les milieux coloniaux
où il s'agite depuis quelques lustres - et sans
beaucoup de lustre. Ce n'est pas d'hier que
nous suivions dans ses évolutions ce phynan-
cier colonial qui sait manœuvrer assez habi-
lement au milieu des constitutions de sociétés.
entre les parts de fondateur et les actions d ap-
port. Nous espérions, contre toute espérance,
que sa débordante activité veillerait tout de
même un peu sur les Messageries fluviales de
Cochinchine, si néfastes au Sud indochinois,
et c'est pourquoi nous ne disions rien. Nous
avons eu tort, reconnaissons notre erreur.
Mais aujourd'hui, le scandale explose, en-
traînant la mort de braves gens entassés, pêle-
mêle, sur un bateau qui transportait des pas-
sagers et du mazout. Voyez-vous Vllc-de-
France amenant à la fois, de New- York au
Havre, des milliers d' Américains vivant et
dansant pendant une semaine au-dessus de
centaines de galions de pétrole. Le crime ne
serait pas plus grand. Souhaitons pour
l'honneur de notre pays, pour le respect que
nous devons à nos compatriotes d'Indochine,
aux Annamites, aux Cambodgiens, aux Lao-
tiens que le châtiment ne soit pas moindre.
Au physique, tout petit, l'oeil de vautour, Ila
face glabre, le cheveu rare et clair, prol ixe et
verbeux, le geste tranchant et sec, tel est le
colonel Bernard. Il parle comme il écrit, inlas-
sablement, mais la lassitude vient vite pour
ceux qui essayent de l'écouter. Mandaté ou
non, il est la terreur des réunions et des co-
mités coloniaux, où il a toujours un discours à
placer, car cet ancien officier est un véritable
moulin à paroles, uniquement préoccupé de
spéculations et non de la bonne marche des
affaires qui lui ont été imprudemment confiées.
Voilà l'homme aui porte d'un cœur léger,
sur ses épaules, la ourde responsabilité de la
catastrophe de Takket.
Ce scandale, qui est un véritable assassinat,
nous connaissons trop l'administration indoebi-
noise pour croire un seul instant qu'il soit
étouffé.
L'opinion publique alertée attend anxieuse
les résultats de l'enquête qui est certainement
commencée, de l'instruction qui a dû être
ouverte.
Que n. ai-je 111 plume vengeresse du grand
frère qui s'illustra, il y a trente ans, dans une
cause célèbre ; que n'ai-je le talent. la vigueur
et la foi dans la justice des hommes ,du. grand
Bernard Lazare pour demander et les légitimes
réparations dues aux familles des innocents
assassiné s et la tête du coupable t
L* Angély
e..
An livre d'Or du Sonvenir français
En parcourant la liste des souscriptions à
l'eruvre du Souvenir Africain, nous avons
relevé le nom d'un généreux donateur : le
lieutenant d'infanterie coloniale de Sèze
qui, par sa récente mort glorieuse à Taodé-
nit, s'est inscrit sur les colonnes du mauso-
lée que sera la basilique de Dakar.
Nombreux sont déjà les souscripteurs,
mais si l'on veut que la cathédrale de Da-
kar puisse être inaugurée le Il novembre
1928, il faut encore en accroître le nombre,
et en envoyant une obole, si modeste soit-
elle, au R. P. Brottier (30, rue l.homond,
Paris V), on l'aidera à parachever t'ouvre
du regretté évêque Mgr Jalahert,
E. D.
1
Les élections à la Guadeloupe
Le deuxième tour de scrutin pour une élec-
tion au Conseil Général, dans le canton de
Basse-Terre, a eu lieu dimanche.
Il y avait 4.839 électeurs inscrits et 1.528
votants.
Ont obtenu :
M. Nemaussat, 1.468 voix, élu.
M. de LignÎères, 44 voix.
Divers, 16 voix.
Sinistre au large des îles Kergue'en
--0.0-
l'n message tle Durban annonce que le
vapeur français I.ozéro a coulé dimanche
soir, an large des iles Kertjuelen, avec trois
familles françaises à bord et qu'en
s'échouant sur les rochers, le navire, s'est
brise en deux.
Pièges japonais
---
Voici quelques conseils pour les chasseurs
tonkinois qui se laisseraient trop facilement
éblouir par le récit des coups de fusil niei-
veilleux de leurs voisins jaunes.
Pour prendre les sarcelles dans une ri-
zière, inutile d'avoir un fusil : deux tiges
de bambou, un filet suspendu entre les deux.
Sur le filet, une petite sonnette. I.es sar-
celles volant à tire-d'ailes, se jettent dans le
filet. 1.a sonnette tinte et fait tomber le filet
qui enveloppe les oiseaux.
Pour prendre les tourterelles qui roucou-
lent sur les lilas du Japon, il suffit d'emme-
ner avec soi deux oiseaux : un chanteur en
cage, un autre en liberté, familier niais si-
lencieux, Et un filet, bien entendu. T.es ¡,)'II.
terelles sauvages entendant un oiseau et 1;.ti-
ge r .'hanter dans leur zone, pensent 'III'¡)
vient leur en disputer la possession : elles
arrivent pour combattre l't, pour cola, iè-
vent la queue. C'est le moment de tirer la
ficellt" ce qui rabat le filet.
Pour prendre une jeune albinos, blam he
des ^ou 1 cils aux « heveux et des pieds à 1,\
tête, 1111 e laut-il ? l'n uni d'or 5 Do 1".0110m ?
Ça ne gène pas, évidemment. Au fait, si
vous n'êtes pas noir comme Pluton ou jaune
comme vin 1 bel' de gaie, le < on-oil ne vous
servirait de rien.
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