Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-02-11
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 11 février 1928 11 février 1928
Description : 1928/02/11 (A29,N24). 1928/02/11 (A29,N24).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451211b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. No 24.
LE -- NUMERO ! - 80 CKNTIMBB
SAMEDI SOIR. 11 FEVRIER 1928
1. JOURNALQUOTIDIEN
-
Rédaction & Administration :
l',.
PARIS AN
,,"'-H. 1 EJOUVRB 1M7
, RICHKklBU WF-M
1- C 0
Les Annales Coloniales
sa MIIOftCI. et rie" Ntut m
bureau du journal.
Diriotrurs i Marotl RUE9IL et L.-G. THÉBAULT
Lu ADALU COLOHULE8 ne publient que des arti-
ele. inédits, qui total leur propriété exclusive.
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré:
Un au 6 Mois 3 W.i.
France et
Cttoflitt 120. 65 > 35.
ttruftr.. 110 > 100 » 50 »
On s'abonne uns frall Aaaa
loua lai bureau de poste.
9 0
Les Chinois en Indochine
Au milieu du chaos chinois et de la guerre
civile où sç disputent et se font la guerxo,
** lei^Stt^W gw^erneurs de province ) aé-
moment de la pénétration des communistes
à la solde de& Soviets de Moscou, est brus-
quement survenue la prise de Canton par
les communistes. C'était le triomphe des bol-
cheviks et ̃la Russie rouge en tressaillit.
Mais quelques jours plus tard, Canton
était repris aux Rouges : 4.000 communistes
étaient tués, le parti bolchevik était exter-
miné. Les Russes qui avaient pris part au
mouvement furent fusillés. Le gouvernement
de Moscou fic entendre une protestation in-
dignée dont le cynisme le dispute au men-
songe. Le Gouvernement de Nankin n'en
ordonna pas moins la fermeture des Consu-
lats soviétiques et la mise sous séquestre des
agences commerciales russes, sur tout le ter-
ritoire nationaliste.
L'influence soviétique parait bien morte en
Chine et la consternation est grande à Mos-
cou. C'est l'échec de la révolution commu-
niste internationale, si chère au cœur des
Prophètes de Moscou.
Privé du concours russe, que fera le parti
Kuo Min Tang ? Constatons pour le mo-
ment que le parti de Sun yat Sen n'existe
plus que de nom et se divise en tronçons
multiples, faction Changhaï-Nankin, faction
d'Hankeou, faction de Canton, faction du
Chansi, etc.
Le Kuo Min Tang est dévoré par une
multitude de petits despotes militaires dont
les soldats, non payés, vivent sur le pays, et
la Chine de ce jour rappelle étrangement le
xv* siècle italien.
En attendant, le désordre gagne en pro-
fondeur, et la Chine du Sud, jadis pros-
père, est devenue une terre de misère. La fa-
mine règne au Chantoung et l'émigration est
considérable vers la Mandchourie.
La Chine du Nord reste séparée de la
Chine méridionale. Quelle autorité possède
son gouvernement ? En Yunnam, c'est l'agi-
tation et le trouble.
Jusqu'ici, l'Indochine est restée à l'ahri
du désordre de la Chine. Ce désordre a
accentué l'émigration chinoise en Annam et
au Tonkin, sans qu'il en résulte le moindre
mal pour notre colonie. Mais, si le chaos
chinois s'aggravait, qui sait ce qui pourrait
advenir ? Cependant, les puissances occi-
dentales laissent faire ou se défendent mol-
lement. Elles pourront un jour le regretter.
Pourquoi cette attitude ? Parce que les puis-
sances ne sont pas d'accord et que, jus-
qu'ici, elles ont été incapables de s'accorder
sur un plan commun et pacifique d'inter-
vention en Chine. Ce n'est pas, hélas!
qu'en Chine que se manifestent les divergen-
ces des grandes puissances occidentales.
L'examen de la situation des Chinois en
Indochine n'en reste pas moins intéressant.
Dans les récentes et violentes manifesta-
tiens des Annamites contre les Chinois à
Haïphong, les Chinois se sont contentés de
se défendre et leur réaction paraît avoir été
très faible pour qui connaît leur orgueil et
leur mépris de l'Annamite. C'est plutôt par-
ce que jouissant de droits privilégiés dans
notre Colonie d'Extrême-Orient, ils ne veu-
lent pas s'exposer à retourner à Canton ou
à Amoy. Jls trouvent que le régime français
n'est pas si mauvais.
Les Chinois sont installés en Indochine
depuis plus de 2 siècles. En fait, les colo-
nies chinoises de Cochinchine rendirent aux
Annamites de grands services. Elles ouvri-
rent dans le pays des routes et des canaux
et refoulèrent les Cambodgiens. A ce titre,
les Annamites doivent de la reconnaissance
aux Chinois. Les Français aussi leur doi-
,vent de la reconnaissance parce que dès leur
arrivée, comprenant que nous apportions
l'ordre et la paix. ils nous aidèrent de tout
leur pouvoir et ravitaillèrent nos troupes.
Dans l'économie indo-chinoise, les Chi
nois jouent un rôle important. Sans eux.
l'Indochine se trouverait en dehors des
mouvements d'échange de l'Extrême-Orient
et n'aurait pas de liaison avec les grandes
places voisines.
En dépit des privilèges qu'ils ont en
Indo-Chine, les Chinois se plaignent parfois
de l'Administration française. Soumis à un
contrôle sévère en arrivant en Indochine, ils
considèrent ce contrôle comme humiliant.
Une fois installés dans une ville ou un vil-
lage, les Chinois sont intégrés dans une
« Confrérie ». Dans chaque. congréga-
tion i, à Canton, Fou-Kien, Hakao, Hai-
nan, Tchiou-Tchao, au Tonkin, se grou-
rnt tous les Célestes. Ces congrégations ont
a leur tête un chef et un sous-chef élus par
les membres de la Congrégation, mais nom-
més par le Résident supérieur ou le Gou-
verneur de la province. C'est le chef de la
Congrégation qui lève les impôts.
Ce système des congrégations (bang) est
très ancien et on le trouve dans l'Empire
d'Annam dès la venue d'immigrants chinois
à la fin du xvii* siècle. Il donne satisfaction
à l'Administration et aux Chinois eux-mê-
mes. Cependant, ces derniers réclament de-
puis longtemps le droit d'avoir des consuls
en Indochine. L'instabilité des gouverne-
ments chinois est trop grande en ce moment
pour que la Chine puisse être représentée
en Indochine.
On a-parlé du « danger chinois » en Indo-
chine. Existe-t-il réellement ? Il y a 356.000
Chinois en Indochine (1926), soit 1 sur 55
de population totale, implantés surtout en
Cochinchine, au Cambodgé et au Tonkin
Ils sont proportionnellement beaucoup plus
nombreux au Siam, en Malaisie. A Singa-
pour, les deux tiers des habitants sont Chi-
nois,
En Cochinchine, le Chinois ne cultive gé-
néralement pas. Il laisse la rizière au .dAn.
et se contente de ramasser le paddy qu'il
amène à Cholon véritable cité chinoise
''1'u8ine' et"Ve*pédie par jomftaes à
Hongkong et en Chine.
En Annam, le Chinois est surtout com-
merçant détaillant. Au Tonkin, parce qu'il
se heurte au petit négociant et à l'artisan
indigènes, il se contente du commerce de
gros et demi-gros et se cantonne, d'autre
part, dans les entreprises de travaux pu-
blics, les transports fluviaux. On trouve - de
nombreux coolies chinois dans les mines du
Tonkin.
On a reproché au Chinois d'être un para-
site et de vivre du travail de l'Annamite.
Ce n'est pas exact. Le Chinois qui ramasse
le paddy de l'Annamite fournit un travail
pénible. Ce qu'on lui reproche, c'est d'avoir
su tirer des bénéfices de son commerce. Le
Chinois est à la fois commerçant, usinier,
exportateur, banquier ; qui s'étonnerait qu'il
gagne de l'argent ? En consentant des
avances aux paysans sur récoltes, le Chinois
se montre quelquefois usurier. Mais ce n'est
pas la faute du Chinois si l'Annamite est
imprévoyant et joueur.
Le Chinois s'incorpore assez difficilement
à l'indigène. Cependant, au Cambodge, par
exemple, dans la province de Hatien, il y a
une véritable colonie agricole chinoise qui
cultive rizières et poivrières et a fait sou-
che. Il y a là 61.000 Sino-Cambodgiens.
Certes, les deux tiers du commerce exté-
rieur et intérieur sont aux mains des Chi-
nois en Cochinchine. Mais, si notre devoir
est de favoriser l'essor industriel et com-
mercial des Annamites, il faut convenir que
les Annamites ne sont pas en état de rem-
placer les Chinois. Ce n'est pas notre faute
si les diplômés des écoles de commerce veu-
lent devenir fonctionnaires et si la prétendue
élite Jeune Annam préfère prononcer des
discours d'émancipation intégrale qu'ache-
ter du paddy ou exploiter une carrière.
les Chinois ne sont pas indésirables en
Indochine. En toutes circonstances, ils té-
moignent de leur sympathie envers la France.
Lors de l'emprunt indochinois de 180.000
piastres (1921), les plus grosses souscrip-
tions émanèrent des Chinois. Et puis, qu'on
le veuille ou ne le veuille pas, ils sont l'ar-
mature du commerce d'Extrême-Orient et
aucun peuple, dans cette partie du monde,
ne peut se passer d'eux. Ce qu'on peut dire,
c'est que la France n'a pas su tirer tout le
parti qu'on peut obtenir de la collaboration
des Chinois. On doit utiliser au maximum
leur habileté et leurs capitaux. La mise en
valeur des terres rouges de l'Indochine mé-
ridionale, la construction du Tan Ap-Tha-
khek et du Nhatrang-Tourane vont nécessi-
ter une nombreuse main-d'œuvre. On ne doit
pas oublier que la voie ferrée de Haïphong
à Yunnanfou, qui est un monument de l'in-
dustrie française, fut construite par 18.000
ouvriers chinois. Dans les mines, les coolies
chinois sont irremplaçables.
Il faut conclure que le Chinois a rendu
de grands services à la France et à l'Indo-
chine dans le passé. Vouloir se passer de lui
serait une folie.
Sans doute, il y a eu la révolution chi-
noise et la désarticulation de l'esprit des
Célestes contagionné dangereusement par la
lèpre communiste. Soit. Mais il est facile
de prendre les précautions nécessaires con-
tre la xénophobie des Chinois en Indochine
si jamais elle venait à se manifester. La
France ne pourrait tolérer le renouvellement
de la grève des commerçants chinois de
Phnom-Penh et le boycottage des marchan-
dises anglaises l'an dernier par les compra-
dores chinois de Saigon et de Cholon à la
suite du bombardement de Ouan-Sien, sur
le haut Yang-Tsé par les Anglais. Les in-
cidents récents de Haïphong montrent assez
toutefois que nous n'avons pas à craindre
une coalition sino-annamite. Les Chinois
doivent éviter avec soin les mouvements de
nervosité si fréquents au tempérament chi-
nois et ne pas se départir de la réserve
qu'ils doivent au pays qui leur donne géné-
reusement l'hospitalité. Mais, ces réserves
faites, le Chinois n'est pas un danger pour
notre colonie d'Indochine et peut y devenir
un précieux collaborateur.
Charte* Debierre
Sénateur du Nord
Membre de la Commission
des Affaires - étrangères.
Cinéma Colonial
« Dans l'ombre du harem »
Dans l'Ombre du Harem, adapté et mis à
l'écran par MM. Léon Mathot et Liabel,
d'après le drame de Lucien Besnard sera
Erésenté vers la fin du mois. On dit grand
bien de cette production.
Le gala pour les sinistrés
Le programme de cette belle manifesta-
tion comprendra une partie artistique algé-
rienne, une projection de documentaires sur
les inondations et la présentation d Dttel
le film émouvant de M. Jacques de Baron-
celli.
Carpeatier à Alger
Georges Carpentier a débarqué du cour-
rier Gouverneur-Général-Chanay, ces jours
derniers, sur le quai de la gare maritime
d'Alger, en compagnie de quelques stars de
cinéma avec qui, dit-on, il doit tourner un
film, en Algérie.
8.e
A la Société des Nations
̃ ce •
A l'ordre du jour de la 49* session du Coq.
seil de la Société des Nations qui s'ouvrira
le S mars à Genève, ifgwent quelques ques-
tions relatives aux mandats coloniaux.
L'AFRIQUE SAHARIENNE!
ET SOUDANAISE
III
Quel est le fasse de cette (Jarl"
de l'Afrique sur laquelle nous som- ̃
mes encore èeu renseigné* t Quelles
étaient sur elle les connaissances des anciens ?
Telles sont les deux questions auxquelles
s'efforce de répondre l'ouvrage récent de M.
André Berthelot, dont le titre eit celui-là
même de cet article.
M. André Berthelot a été, pendant quel-
ques années, député et sénateur de la Seine.
Il est un grand homme d'affaires et un fi-
nancier. Mais il est aussi, ce que bien peu
de gens savent, un historien et un érudit. Et
il n'a jamais complètement négligé les scien-
ces historiques pour la finance et la politi-
que. Il a beaucoup lu sur la plupart des su-
jets, beaucoup écrit d'ailleurs, et de la façon
la plus brillante, et le domaine de ses con-
naissances est fort étendu en même temps
que son érudition est des plus sérieuses et
des plus solides.
M. Berthelot nous apprend ce qu'était le
Sahara préhistorique. A l'épofuc où l'Eu-
rope était couverte de glaces, le Sahara était
un asile pour les hommes. L'agriculture y
était pratiquée. Les graines alimentaires y
étaient cultivées et Von a trouvé les meules
primitives qui servaient à écraser le grain.
Ses habitants connaissaient le bœuf porteur
et le bélier. Ils rendaient même un culte à
ce dernier, qui était une soM de dieu de
la pluie et de l'orage. Le Sahara fut, avant
l'Egypte, le domaine d'une civilisation agri-
cole caractérisée par l'élevage de certains
animaux, la culture des céréales et l'industrie
de la pierre polie. Vers l'ail 4000 avant notre
ère, cette civilisation gagna la vallée du Nil.
Elle s'étendait d'ailleurs déjà aux pays que
nous appelons l'Arabie et la Syrie, habités
par des populations parentes de celles qui
occupaient la plateforme saharienne. M. Bcr-
thelot cite de nombreux faits que nous ne
pouvons rapporter ici et qui témoignent de
la communauté de cette civilisation, qui allait
des rives du Sénégal à celles de VEuphrate.
M. Berthelot nous retraer ensuite les éta-
pes qui ont marqué l'évolution de cette civi-
lisation ; l'introduction du cheval vers 1500
avant ¡.-C., celle du cltameau, beaucoup plus
récente, puisqu il la situe aux premiers siè-
des de notre ère, celle des armes à feu, en-
core beaucoup plus rapprochée de nous, et il
en marque les conséquences non seulement
économiques et sociales, mais encore politi-
flltl.
Une question d'importance capitale est celle
du dessèchement progressif du Sahara. M.
Berthelot ne croit pas à la a pijoration du
climat proprement dit dans la période histo-
rique ». Mais il y a eu d'énormes modifica-
tions dans le régime des cours d'eau souda-
nais et qui ont eu de très grandes répercus-
sions. Te Niger et le Chari, notamment, ont
subi des transformations qui sont aujourd'hui
connues des géographies et qui ont eu pour
résultat de changer l'aspflt dit sol et la vie
humaine. M. Berthelot étudie les reculs suc-
cessifs de la vie dans cette partie de l'Afri-
que et en montre les conséquences politiques.
Dans la deuxième partie de son ouvrage,
l'auteur recherche quelles étaient les parties
de l'Afrique saharienne et soudanaise con-
nues des anciens.
Généralement, ton pense qu'ils n'en con-
naissaient que la bordure méditerranéenne.
Il semble bien que cette thèse est latisse.
Même à l'époque historique, le Sahara n'était
pas une cloison étallchc. De la Méditerranée
à Véquateur, la terre africaine était traver-
sée par des courants humains. Aussi, les Car-
thaginois, les Grecs, les Romains avaient-ils
sur le Soudan des informations qui lie nous
sont pas parvenues, mais qui, très vraium-
blablement, étaient réunies au, Musée
d'Alexandrie, dont la destruction a été une
perte irréparable pour là connaissance de
l'antiquité.
Il est évidemment impossible de marquer
avec précision les limites de ces connaissan-
ces. Mais nous en trouvons des traces certai-
nes dans les cartes de Ptolémée} géographe
alexandrin dit n° siècle.
M. Berthelot montre que la plupart des
géographes n'ont pas su lire les cartes de
Ptolémée et se sont trompés dans l'identifi-
cation qu'ils ont essayé d'établir entre les
noms portés sur les cartes et les noms actuels.
Il indique les rectifications à faire, de sorte
qu'il faut en cOllclure, pour ne prendre que
quelques exemples, que le géographe alexan-
drin connaissait le Sénégal, le Jtfiger, le lac
Tchad, le floggar, l'Adrar de Mauritanie,
l'Ennedi, etc. Voilà qui révolutionne sérieu-
sement la tradition en cette matière. Tant
pis pour la tradition.
Certaines thèses de M. Berthelot ont peut-
être besoin d'être examinées de très près,
mais cet ouvrage, suivant l'expression d'un
géographe qui connaît bien ces questions,
« fourmille de suggestions intéressantes ».
Henry Fontanier
Député du Cantal.
Vice-président de la Commission
des Colonies.
Secrétaire de la Commision
des Affaires étrangères.
Là mumuraels &Local[
08
Les chiffres de la production du vin en Al-
gérie pour 1927 viennent d'être communiqués
par l'administration. Ils ont été, officielle-
ment, de 8.031.500 hectos, soit 4.421.000
pour le département d'Alger; 2.754.000 pour
le département d'Oran; 1.156.000 pour le
département de Constantine. Par rapport à
1926, la diminution de la production vini-
cole est de 211.000 hectos, en raison du dé-
ficit considérable du département d'Alger
(700.000 hectos).
AU StNAT
DEBAT8
Lu Commission de l'Algérie
Au cours de la séance de jeudi, le Sénat
a adopté la proposition de loi du générai
.u.rgeojs et .de çlMSiâurs de ses collèguee
tendant à la nommation d'une Commission
de dix-huit membres chargée, en 1928
d'examiner les projets et propositions 8e loi
relatifs à l'Algérie.
PROJET DE LOI
Le projet de loi ci-dessus adopté par la
Chambre des députés et complétant la loi
du 12 juillet 1909 autorisant le Gouverne-
ment général du Congo à contracter un
emprunt de 21 millions de francs pour exé-
cuter divers travaux d'utilité publique et
d'intérôt général, modifiée par la loi du"*31
mars 1914, vient d'être distribué au Sénat
et renvoyé à l'examen de la Commission
des Finances.
'Voici l'article, unique du projet de loi.
L'objet de l'article premier de la loi du
12 juillet 1909, modifiée par celle du al
mars 1914. dont l'énoncé est :
« CAble Libreville Il LOlJno, deux mil-
lions sept cent mille fruncs (2.700.000 fr.))),
est modifié comme suit :
« CAbles Libreville à Loango et Brazza-
ville à Kinshassa (Congo belge), deux mil-
lions sept cent mille francs (2.700.000 rl'.).11
MOTIONS D'ORDRE
Le Sénat a renvoyé ,pOUI' avis il la cu;u-
nliuiqll des colonies :
1° Le projet de loi tendant à compléter
lu loi du 15 avril 1890 concernant Porgani-
sation judiciaire duns les colonies de la
Guudeloupe, la Martinique et la Réunion et
prévoyant l'institution de tribunaux mixtes
de commerce ;
2° Le projet de loi relatif au versement
au Trésor public, pur la banque de la (lua-
deloupe, de la contre-valeur des billets des
émissions antérieures à 1 '.H>7 non encore
présentés ail remboursement ;
- 3° Le projet de loi complétant lu loi du
12 juillet 1909 autorisant le gouverneanent
général du Congo il contracter un empnlnt
de 21 millions de francs pour exécuter di-
vers travaux d'utilité publique et d'inlérOt
général, modifiée par In loi du 31 murs 1914.
.,.
A LA CHAMBRE
--0-0--
PROJETS DE LOI
Le projet de loi concernant le port de
Mostagunem a été mis en distribution le
9 février 1928* sous le numéro MOB.
M. Poincaré déposera incessamment sur
le bureau de la Chambre un projet de loi,
tendant à l'ouverture de crédits qui seront
affectés à l'étude du tracé d'un chemin de
fer transsharien.
DANB LES aOMMJQIOMS
- Commission de l'armée
La Commission de l'Armée de la Cham-
bre a invité hier le Gouvernement à réali-
ser un programme d'ensemble destiné ti
accroître la valeur de notre armée d'Afri-
que et à assurer la défense de l'Algérie et
de l'Afrique du Nord.
Commission de la Marine Marchande
M. Joseph Vidal a été nommé rappor-
teur de la proposition de loi (n° 4079), de
M. Gratien Ca.ndace, tendant à la création
de zones franches maritimes.
Commission des Travaux publics
et des moyens de communication
M. Claude Petit a été nommé rapporteur
du projet de loi (lin 5398), ayant pour ob-
jet l'amélioration et l'extension du port de
Mostagunem.
RAPPORT
Dans son rapport sur le projet de loi
portant approbation des comptes définitifs
des colonies pour L'exercice 192», M. Per-
reau-Pradier a signalé, une amélioration
financière générale dans nos quatre grands
gouvernements généraux. Les graves per-
turbations occasionnées par la guerre dans
leur vie économique disparaissent peu à
peu et la situation est redevenue normale,
aussi bien en Afrique Occidentale fran-
çaise qu'à Madagascar et en Indochine. Et
l'Afrique Kquutoriale française fait de
moins en moins appel à la métropole.
COMITE PARLEMENTAIRE
DU COMMERCE
Pour le Transsharien
Le Comité parlementaire français du
commerce réuni jeudi dernier au Palais-
Bourbon, sous la présidence de M. Chau-
met, sénateur, a, après avoir entendu un
exposé de M. Edouard de Warren, député,
voté à l'unanimité le vœu suivant :
Considérant qu'un ifuinii do fer transsharicn
offrira au poillll de vue économique et politique
les plus grands avantages pour l'avenir d'une
France qui s'étend de la mer du Nord au
Congo :
Emet lo vœu que le gouvernement :u.isse la
Chambre avant lu fin do la législature du pro-
jet de loi tendant à la uéntion d'un r.filce d étu-
des du 1 ranssaharien qui permettra de 1 rendre
unie décision définitive.
A la commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats
Dans sa réunion d'hier, à laquelle assis-
taient, sous la présidence de M. Blaise Dia-
gne, président, MM. Antonelli, Fontanier,
Nouelle, Barthélemy Robaglia, Maître, Pe-
tit Proust, Théo-Bretin, la Commission de
l'Algérie, des colonies et des protectorats,
au sujet du renouvellement du privilège de
la Banque de l'Afrique Occidentale, a, sur
la demande de M. Blaise Diagne, autorisé
son président à entériner l'avis de la Com-
mission des Finances.
• ̃ «
DÉPART
M. Blaise Diagne, député du Sénégal, Pré.
dent de la Commission de l'Algérie, des
Colonies et des Protectorats, quittera Paris le
26 février et s'embarquera pour l'Ouest-Afri-
cain.
Profits exagérés
--oo
Oranges à 3 centimes en Algérie
Vendues 45 centimes à Paria
Le public, généralement appelé « grand
public » par désignation quantitative plutôt
que qualitative, ne lit guère les comptes. ren-
dus des séances tenues périodiquement par
l'Académie d'agriculture.
On ne peut lui demander de faire de ces
documents son ouvrage de chevet. Mais il
pourrait parfois les consulter avec fruit.
Avec beaucoup de fruit! Justement, il con-
sommerait à bien meilleur compte les oran-
ges et les mandarines de ses desserts, si,
mieux renseigné sur la valeur réelle de ces,
agrumes et les bénéfices de ceux qui les
vendent, il provoquait, à l'endroit de ces
derniers, une action gouvernementale pa-
ternellement moralisatrice.
Mais il y a vendeurs et vendeurs, et c'est
cet important distinguo que vient de mettre
en lumière l'Académie d'agriculture, grâce
à l'un de ses membres les plus éminents, M.
J. H. Ricard, ancien ministre du blé, de la
vigne et de toutes les bonnes choses que la
terre de France, bénie des dieux, ne de-
mande qu'à produire.
C'est l'Algérie et ses agrumes qui occu-
paient, cette fois, M. Ricard. Présentant une
note de M. Pierre Berthault, correspondant,
il fit connaître à l'assemblée que l'orange
d'Algérie ne peut plus rémunérer les pro-
ducteurs, malgré Vaugmentation des rende-
meltts et la qualité des variétés cultivées,"
que le mille d'oranges, vendu en gros 200
francs à Paris, est payé moins de 45 francs
a la production ; que les frais de transports,
les impôts, les taxes d'octroi et les bénéfices
des intermédiaires représentent les trois
quarts du prix de gros; bref, que le pro-
ducteur algérien vend 3 ou 4 centimes le
fruit qui en coûte à Paris 45 ou 50.
On le voit, c'est un rien.
Or, s'il est malaisé actuellement d'abais-
core que le fisc et les compagnies aient tout
à gagner à encourager la production), il ne
serait peut-être pas impossible de réduire
les bénéfices de certains mandataires aux
Halles, qui gagnent S sur les pioduits
en question et ne courent aucun des risques
des producteurs.
Certaines lectures, n'est-ce pas, sont ins-
tructives. Mais je me permettrai d'ajouter
une anecdote, puis une petite réflexion à
celles qu'ont échangées à l'Académie d'agri-
culture les techniciens et les spécialistes les
plus hautement qualifiés.
Un clerc de notaire de ma connaissance,
il y a quatre ans, lassé de rétliger des actes
de succession qui n'intéressaient guère son
portefeuille personnel, s'improvisa mar-
chand de fonds de commerce. Il était, d'ail-
leurs, intelligent, actif et même honnête.
Je n'invente rien : il sut si bien convain-
cre des multitudes de boutiquiers de l'avan-
tage qu'il y a à changer de boutique, que,
au bout de la seconde année de sa nouvelle
profession, il enregistrait un bénéfice net de
UN MILLION DEUX CENT MILLE FRANCS.
Bénéfice sorti, naturellement, de votre po-
che et de la mienne. Il faut bien que les
vendeurs au détail récupèrent les commis-
sions versées.
Il y aurait donc lieu, qu'il s'agisse d'oran-
ges, de carottes, de bas de soie ou d'apéri-
tifs, de diminuer par un moyen quelconque
l'attrait grandissant du métier d'intermé-
diaire.
Lorsque, dans un pays, ce métier appa-
raît d'une façon éclatante mille fois plus
avantageux que celui de producteur, le
pays, en vérité, n'est pas en parfaite santé.
R. B de Laromiguière
REPECHES lE l'HIQCWlE
«) 0 -
L'explosion de la chaloupe De Trentinian
M. Quilichini, capitaine de la chaloupe
qui coula sur le Mélwny, le 4 courant, par
suite de l'explosion d'une cargaison d'es-
sence, est mort à l'hôpital de Thakhck des
suites de ses blessures. Ce décès 'porte à
quatre le chiffre des. Européens victimes
de la catastrophe. Le corps de M. Bartho-
loni n'a pas encore é/ë retrouvé. Les re-
cherches continuent activement, avec le
concours de scaphandriers. Les membres
Siamois de la Haute-Commission perma-
nente du Mélwng qui vient de terminer ses
travaux à Vientiane se sont rendus A Ta-
hheh pour exprimer les condoléances offi-
cielles du Gouvernement Siamois. Les au-
torités siamoises riveraines apportèrent
d'ailleurs une collaboration active et dé-
vouée au sauvetage des passagers et aux
recherches effectuées pour retrouver les
disparus.
Décret du roi de Siam
Un décret royal nomme Piq/a Samsas-I
tra, directeur général des Chemins de fer
Siamois, en remplacement du prince Phra-
chatra qui reste ministre du Commerce.
Exportations de l'Indochine
ilanoï. Pendant Vannée 1927, les
chiffre des exportations d'Indochine at-
teignent, en tonnes :
Peaux brutes : 1.890, en diminution de
286, sur le chiffre de L'année 1926 ; soies
grèges natives : :tt, en diminution de 30 ;
poissons secs : Hl.iHO, en diminution de
1.697 ; poivre : 1.235,en augmentation de
I.+{. ; coprah : 9.678, en diminution de
1.\ ; caoutchouc : 9.627, en augmentation
de 8:10 ; bois de Tecl 13.850, en augmenta-
tion de 614 ; kapok : 514, en diminution de
71 ; ciment : 3(>.8i8, en diminution do
24.666 - liotiille : 1.008.992, en augmentation
de 119.394 ; minerai de zinc : 59.074, en aug-
mentation de 11.497.
Une importante diminutio-n est enregis-
trée sur les exportations de ciment qui r.
suite de la situation troublée en Chine.
(Indopttcifi.)
1
L'lviatioa ColoDialc
LISBONNE-GOA
Un aviateur civil portugais, Vf. Carlos
nlcek, a pris les airs jeudi matin, de l'aéro-
drome d'Alverea, à destination de Melilla,
terme de la première étape du voyage
qu'il compte effectuer. du Portugal à Goa,
Inde portugaise, sur la ec'ite indoue de Ma-
labar.
L'aviateur, après un arr arrivé hier à Ornn à 11 h. 55.
Voyage aux Antilles
-0-
PARTIR
Nous tous, ceux qui sont partis et ceux qvÍ.
n'ont jamais quitté l'ombre de leur clocher
nous avons tous rêvé, une fois au moins, J'URCIl
nostalgique invitation au voyage.
Qu'il est beau, le pays de nos chimères f
terres de Jules Veme où l'imagination, cette
enfant gâtée, n'a pas à murmurer, désappointée
par la réalité : « C'est tout ».
Serai-je déçue par mon premier voyage aux
Antilles ? vers la Guadeloupe que m'a révélée
l'enthousiasme d'une mère créole, éprise d'oi-
seaux des Iles, de fruits rares au goût de goJCI"
ves, couleur de sapotilles et de chansons mélan-
coliques où une jeune négresse pleure ses
amours :
« Adieu foulards, adieu madras l
m Adieu grains d'or, adieu collier chéri.
Doudou à moi li ka poti l
Li ka pati pou toujou. »
(Mon cher amour s' en va !
Il s'en va pour toujours.) *
Je voudrais être « cubiste » pour rendre
Il l'hiéroglyphe dynamique » d'un départ, car
mes impressions bousculées se tassent à fond de
cale parmi des centaines de malles plates cons-
tellées de petites affiches comme les colonnes
« Moriss ».
L'énorme paquebot, se méfiant de sa force,
filme au ralenti son départ et démarre si pru-
demment par le flanc qu'on peut faire la syn-
thèse de son vaste mouvement.
Depuis que nous avons quitté Saint-Nazaire,
il me semble que j'ai changé d'identité, l'océan
joue avec Fria pensée, comme avec les mouettes
qui tournent en spirales au-dessus des remous.
Je suis grisée par l' écume, ivre des gouttelettes
salées qui jaillissent des vagues retombées.
L'océan tumultueux de novembre remplit l'ho-
rizon, je vois des vagues, encore des vaguesf
comme des cimes neigeuses pour des Alpes in-
nombrables.
Un phare, très loin, toutes les dix secondest
rappelle seul un continent qui s'efface, et plus
l'Europe s'éloigne, plus mon désir se tend vers
les îles, semées en bouquets sur la mer des An-
tilles, de Porto-Rico au Venezuela.
Le palace flottant a maintenant des oscilla-
tions menaçantes, des visages oerdissent, les
mouchoirs bâillonnent des lèvres contractées, et
je sens un chatouillement désagréable qui com-
mence dans la poitrine, et monte me glacer le
front.
Lentement, à l'avant, le pont se soulève, de-
meure une seconde en équilibre instable, pais,
avec une secousse qui chavire les coeurs, descend
toujours plus vite, pour remonter aussitôt et re-
descendre encore et encore.
Un très fort roulis aggrave le langage, des
passagers désemparés se précipitent vers les ca-
bines, je gagne péniblement, dans mon « com-
partiment des dames seules H, la couchette éle-
vée au-dessus d'une gémissante Anglaise.
Pas un seul point ferme où reposer les yeux,
un mouvement perpétuel hante l'ameublement
de la cabine; j'entrevois la veste de toile blan-
che d'un « pofon d'étage » oscillant lui aussi.
- Qu'y a-t-il pour le service de ces dames?
Il tend à rnlrc détresse, des moins apprivoi-
sées par de généreux pourboires.
- Un quiou. un quiouoett̃: f désarticule
l'Anglaise.
- Et mademoiselle ?
--- Champagne. glace pilte
La sirène déchire cet hôtel chancelant sur
la cime des vagues. Un bouchon saute et j'a b-
sorbe du champagne au rythme d'un roulis qui
arrache chaque fois la coupe des lèvres.
Comme au premier jour de la création, les
ténèbres couvrent les eaux, tout le reste est va-
carme, écroulement de montagnes liquides.
L'A nglaise s'est assoupie, une cuvette d'émail
près du cœur. Je bois du champagne. le pa-
quebot. Paris. où suis-je ? Un jazz noir me
martèle les tempes. Des jambes de grenooillel
galvanisées « charlestonnent ) à bâtons rom-
pus.
Encore du champagne, je tratique les con-
seils d'un vieux loup de mer.
Marie-Louise Sicard
–-– -000
Marie-Louise Sicard
--0-0--
Mlle Marie-Louise Sicard descend d une
des plus anciennes familles créoles de la Gua-
deloupe. Nos lecteurs apprécient chaque se-
maine ses courts articles si joliment pensés et si
finement écrits. Elle a débuté dans la littéra-
ture par un roman d'érudition, si j'ose écrire,
puisque après tout, il n' est pas permis aux mots
de hurler quand ils sont mal accouplés, mais
simplement à ceux qui les lisent de hurler pour
eux.
Roman d'érudition, le Bâtùseur de Cathé-
drales, que t Académie françai se a couronné,
l' est réellement. Mlle Marie-Louise Sicard a
le cerveau adorné d'une très belle culture, je
dirais presque d'une trop belle culture, car on
sent les élans de son cerveau et de son cœur
brisés trop souvent par les liens impérieux du
document et de la vérité historique. Ce léger
reproche passé, il faut avouer que son mérite
n'est pas mince, d'avoir réussi à faire un roman
vivant dans une matière aussi dure, dure
comme la pierre - que la vie à demi monacale
de ceux qui édifièrent au moiMat de la chute dIt
style roman, le triomphe de l'ogival. Cathé-
drale de Chartres, cathédrale de Paris, ca-
thédrale de Reims, surtout celle-ci à laquelle
l'auteur s'est attaché. Combien peu nom-
breux sont ceux qui aujourd hui, réfléchissent
en les visitant et en les admirant, au travail de
gants qu'ont réalisé à une époque primitive
es architectes de ces basiliques, qui demeurent
encore après dix siècles, dans leur religiosité.
les monuments les plus complets de notre civi-
l isation.
A la vie laborieuse de cf larcs, qui apprit
LE -- NUMERO ! - 80 CKNTIMBB
SAMEDI SOIR. 11 FEVRIER 1928
1. JOURNALQUOTIDIEN
-
Rédaction & Administration :
l',.
PARIS AN
,,"'-H. 1 EJOUVRB 1M7
, RICHKklBU WF-M
1- C 0
Les Annales Coloniales
sa MIIOftCI. et rie" Ntut m
bureau du journal.
Diriotrurs i Marotl RUE9IL et L.-G. THÉBAULT
Lu ADALU COLOHULE8 ne publient que des arti-
ele. inédits, qui total leur propriété exclusive.
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré:
Un au 6 Mois 3 W.i.
France et
Cttoflitt 120. 65 > 35.
ttruftr.. 110 > 100 » 50 »
On s'abonne uns frall Aaaa
loua lai bureau de poste.
9 0
Les Chinois en Indochine
Au milieu du chaos chinois et de la guerre
civile où sç disputent et se font la guerxo,
** lei^Stt^W gw^erneurs de province ) aé-
moment de la pénétration des communistes
à la solde de& Soviets de Moscou, est brus-
quement survenue la prise de Canton par
les communistes. C'était le triomphe des bol-
cheviks et ̃la Russie rouge en tressaillit.
Mais quelques jours plus tard, Canton
était repris aux Rouges : 4.000 communistes
étaient tués, le parti bolchevik était exter-
miné. Les Russes qui avaient pris part au
mouvement furent fusillés. Le gouvernement
de Moscou fic entendre une protestation in-
dignée dont le cynisme le dispute au men-
songe. Le Gouvernement de Nankin n'en
ordonna pas moins la fermeture des Consu-
lats soviétiques et la mise sous séquestre des
agences commerciales russes, sur tout le ter-
ritoire nationaliste.
L'influence soviétique parait bien morte en
Chine et la consternation est grande à Mos-
cou. C'est l'échec de la révolution commu-
niste internationale, si chère au cœur des
Prophètes de Moscou.
Privé du concours russe, que fera le parti
Kuo Min Tang ? Constatons pour le mo-
ment que le parti de Sun yat Sen n'existe
plus que de nom et se divise en tronçons
multiples, faction Changhaï-Nankin, faction
d'Hankeou, faction de Canton, faction du
Chansi, etc.
Le Kuo Min Tang est dévoré par une
multitude de petits despotes militaires dont
les soldats, non payés, vivent sur le pays, et
la Chine de ce jour rappelle étrangement le
xv* siècle italien.
En attendant, le désordre gagne en pro-
fondeur, et la Chine du Sud, jadis pros-
père, est devenue une terre de misère. La fa-
mine règne au Chantoung et l'émigration est
considérable vers la Mandchourie.
La Chine du Nord reste séparée de la
Chine méridionale. Quelle autorité possède
son gouvernement ? En Yunnam, c'est l'agi-
tation et le trouble.
Jusqu'ici, l'Indochine est restée à l'ahri
du désordre de la Chine. Ce désordre a
accentué l'émigration chinoise en Annam et
au Tonkin, sans qu'il en résulte le moindre
mal pour notre colonie. Mais, si le chaos
chinois s'aggravait, qui sait ce qui pourrait
advenir ? Cependant, les puissances occi-
dentales laissent faire ou se défendent mol-
lement. Elles pourront un jour le regretter.
Pourquoi cette attitude ? Parce que les puis-
sances ne sont pas d'accord et que, jus-
qu'ici, elles ont été incapables de s'accorder
sur un plan commun et pacifique d'inter-
vention en Chine. Ce n'est pas, hélas!
qu'en Chine que se manifestent les divergen-
ces des grandes puissances occidentales.
L'examen de la situation des Chinois en
Indochine n'en reste pas moins intéressant.
Dans les récentes et violentes manifesta-
tiens des Annamites contre les Chinois à
Haïphong, les Chinois se sont contentés de
se défendre et leur réaction paraît avoir été
très faible pour qui connaît leur orgueil et
leur mépris de l'Annamite. C'est plutôt par-
ce que jouissant de droits privilégiés dans
notre Colonie d'Extrême-Orient, ils ne veu-
lent pas s'exposer à retourner à Canton ou
à Amoy. Jls trouvent que le régime français
n'est pas si mauvais.
Les Chinois sont installés en Indochine
depuis plus de 2 siècles. En fait, les colo-
nies chinoises de Cochinchine rendirent aux
Annamites de grands services. Elles ouvri-
rent dans le pays des routes et des canaux
et refoulèrent les Cambodgiens. A ce titre,
les Annamites doivent de la reconnaissance
aux Chinois. Les Français aussi leur doi-
,vent de la reconnaissance parce que dès leur
arrivée, comprenant que nous apportions
l'ordre et la paix. ils nous aidèrent de tout
leur pouvoir et ravitaillèrent nos troupes.
Dans l'économie indo-chinoise, les Chi
nois jouent un rôle important. Sans eux.
l'Indochine se trouverait en dehors des
mouvements d'échange de l'Extrême-Orient
et n'aurait pas de liaison avec les grandes
places voisines.
En dépit des privilèges qu'ils ont en
Indo-Chine, les Chinois se plaignent parfois
de l'Administration française. Soumis à un
contrôle sévère en arrivant en Indochine, ils
considèrent ce contrôle comme humiliant.
Une fois installés dans une ville ou un vil-
lage, les Chinois sont intégrés dans une
« Confrérie ». Dans chaque. congréga-
tion i, à Canton, Fou-Kien, Hakao, Hai-
nan, Tchiou-Tchao, au Tonkin, se grou-
rnt tous les Célestes. Ces congrégations ont
a leur tête un chef et un sous-chef élus par
les membres de la Congrégation, mais nom-
més par le Résident supérieur ou le Gou-
verneur de la province. C'est le chef de la
Congrégation qui lève les impôts.
Ce système des congrégations (bang) est
très ancien et on le trouve dans l'Empire
d'Annam dès la venue d'immigrants chinois
à la fin du xvii* siècle. Il donne satisfaction
à l'Administration et aux Chinois eux-mê-
mes. Cependant, ces derniers réclament de-
puis longtemps le droit d'avoir des consuls
en Indochine. L'instabilité des gouverne-
ments chinois est trop grande en ce moment
pour que la Chine puisse être représentée
en Indochine.
On a-parlé du « danger chinois » en Indo-
chine. Existe-t-il réellement ? Il y a 356.000
Chinois en Indochine (1926), soit 1 sur 55
de population totale, implantés surtout en
Cochinchine, au Cambodgé et au Tonkin
Ils sont proportionnellement beaucoup plus
nombreux au Siam, en Malaisie. A Singa-
pour, les deux tiers des habitants sont Chi-
nois,
En Cochinchine, le Chinois ne cultive gé-
néralement pas. Il laisse la rizière au .dAn.
et se contente de ramasser le paddy qu'il
amène à Cholon véritable cité chinoise
''1'u8ine' et"Ve*pédie par jomftaes à
Hongkong et en Chine.
En Annam, le Chinois est surtout com-
merçant détaillant. Au Tonkin, parce qu'il
se heurte au petit négociant et à l'artisan
indigènes, il se contente du commerce de
gros et demi-gros et se cantonne, d'autre
part, dans les entreprises de travaux pu-
blics, les transports fluviaux. On trouve - de
nombreux coolies chinois dans les mines du
Tonkin.
On a reproché au Chinois d'être un para-
site et de vivre du travail de l'Annamite.
Ce n'est pas exact. Le Chinois qui ramasse
le paddy de l'Annamite fournit un travail
pénible. Ce qu'on lui reproche, c'est d'avoir
su tirer des bénéfices de son commerce. Le
Chinois est à la fois commerçant, usinier,
exportateur, banquier ; qui s'étonnerait qu'il
gagne de l'argent ? En consentant des
avances aux paysans sur récoltes, le Chinois
se montre quelquefois usurier. Mais ce n'est
pas la faute du Chinois si l'Annamite est
imprévoyant et joueur.
Le Chinois s'incorpore assez difficilement
à l'indigène. Cependant, au Cambodge, par
exemple, dans la province de Hatien, il y a
une véritable colonie agricole chinoise qui
cultive rizières et poivrières et a fait sou-
che. Il y a là 61.000 Sino-Cambodgiens.
Certes, les deux tiers du commerce exté-
rieur et intérieur sont aux mains des Chi-
nois en Cochinchine. Mais, si notre devoir
est de favoriser l'essor industriel et com-
mercial des Annamites, il faut convenir que
les Annamites ne sont pas en état de rem-
placer les Chinois. Ce n'est pas notre faute
si les diplômés des écoles de commerce veu-
lent devenir fonctionnaires et si la prétendue
élite Jeune Annam préfère prononcer des
discours d'émancipation intégrale qu'ache-
ter du paddy ou exploiter une carrière.
les Chinois ne sont pas indésirables en
Indochine. En toutes circonstances, ils té-
moignent de leur sympathie envers la France.
Lors de l'emprunt indochinois de 180.000
piastres (1921), les plus grosses souscrip-
tions émanèrent des Chinois. Et puis, qu'on
le veuille ou ne le veuille pas, ils sont l'ar-
mature du commerce d'Extrême-Orient et
aucun peuple, dans cette partie du monde,
ne peut se passer d'eux. Ce qu'on peut dire,
c'est que la France n'a pas su tirer tout le
parti qu'on peut obtenir de la collaboration
des Chinois. On doit utiliser au maximum
leur habileté et leurs capitaux. La mise en
valeur des terres rouges de l'Indochine mé-
ridionale, la construction du Tan Ap-Tha-
khek et du Nhatrang-Tourane vont nécessi-
ter une nombreuse main-d'œuvre. On ne doit
pas oublier que la voie ferrée de Haïphong
à Yunnanfou, qui est un monument de l'in-
dustrie française, fut construite par 18.000
ouvriers chinois. Dans les mines, les coolies
chinois sont irremplaçables.
Il faut conclure que le Chinois a rendu
de grands services à la France et à l'Indo-
chine dans le passé. Vouloir se passer de lui
serait une folie.
Sans doute, il y a eu la révolution chi-
noise et la désarticulation de l'esprit des
Célestes contagionné dangereusement par la
lèpre communiste. Soit. Mais il est facile
de prendre les précautions nécessaires con-
tre la xénophobie des Chinois en Indochine
si jamais elle venait à se manifester. La
France ne pourrait tolérer le renouvellement
de la grève des commerçants chinois de
Phnom-Penh et le boycottage des marchan-
dises anglaises l'an dernier par les compra-
dores chinois de Saigon et de Cholon à la
suite du bombardement de Ouan-Sien, sur
le haut Yang-Tsé par les Anglais. Les in-
cidents récents de Haïphong montrent assez
toutefois que nous n'avons pas à craindre
une coalition sino-annamite. Les Chinois
doivent éviter avec soin les mouvements de
nervosité si fréquents au tempérament chi-
nois et ne pas se départir de la réserve
qu'ils doivent au pays qui leur donne géné-
reusement l'hospitalité. Mais, ces réserves
faites, le Chinois n'est pas un danger pour
notre colonie d'Indochine et peut y devenir
un précieux collaborateur.
Charte* Debierre
Sénateur du Nord
Membre de la Commission
des Affaires - étrangères.
Cinéma Colonial
« Dans l'ombre du harem »
Dans l'Ombre du Harem, adapté et mis à
l'écran par MM. Léon Mathot et Liabel,
d'après le drame de Lucien Besnard sera
Erésenté vers la fin du mois. On dit grand
bien de cette production.
Le gala pour les sinistrés
Le programme de cette belle manifesta-
tion comprendra une partie artistique algé-
rienne, une projection de documentaires sur
les inondations et la présentation d Dttel
le film émouvant de M. Jacques de Baron-
celli.
Carpeatier à Alger
Georges Carpentier a débarqué du cour-
rier Gouverneur-Général-Chanay, ces jours
derniers, sur le quai de la gare maritime
d'Alger, en compagnie de quelques stars de
cinéma avec qui, dit-on, il doit tourner un
film, en Algérie.
8.e
A la Société des Nations
̃ ce •
A l'ordre du jour de la 49* session du Coq.
seil de la Société des Nations qui s'ouvrira
le S mars à Genève, ifgwent quelques ques-
tions relatives aux mandats coloniaux.
L'AFRIQUE SAHARIENNE!
ET SOUDANAISE
III
Quel est le fasse de cette (Jarl"
de l'Afrique sur laquelle nous som- ̃
mes encore èeu renseigné* t Quelles
étaient sur elle les connaissances des anciens ?
Telles sont les deux questions auxquelles
s'efforce de répondre l'ouvrage récent de M.
André Berthelot, dont le titre eit celui-là
même de cet article.
M. André Berthelot a été, pendant quel-
ques années, député et sénateur de la Seine.
Il est un grand homme d'affaires et un fi-
nancier. Mais il est aussi, ce que bien peu
de gens savent, un historien et un érudit. Et
il n'a jamais complètement négligé les scien-
ces historiques pour la finance et la politi-
que. Il a beaucoup lu sur la plupart des su-
jets, beaucoup écrit d'ailleurs, et de la façon
la plus brillante, et le domaine de ses con-
naissances est fort étendu en même temps
que son érudition est des plus sérieuses et
des plus solides.
M. Berthelot nous apprend ce qu'était le
Sahara préhistorique. A l'épofuc où l'Eu-
rope était couverte de glaces, le Sahara était
un asile pour les hommes. L'agriculture y
était pratiquée. Les graines alimentaires y
étaient cultivées et Von a trouvé les meules
primitives qui servaient à écraser le grain.
Ses habitants connaissaient le bœuf porteur
et le bélier. Ils rendaient même un culte à
ce dernier, qui était une soM de dieu de
la pluie et de l'orage. Le Sahara fut, avant
l'Egypte, le domaine d'une civilisation agri-
cole caractérisée par l'élevage de certains
animaux, la culture des céréales et l'industrie
de la pierre polie. Vers l'ail 4000 avant notre
ère, cette civilisation gagna la vallée du Nil.
Elle s'étendait d'ailleurs déjà aux pays que
nous appelons l'Arabie et la Syrie, habités
par des populations parentes de celles qui
occupaient la plateforme saharienne. M. Bcr-
thelot cite de nombreux faits que nous ne
pouvons rapporter ici et qui témoignent de
la communauté de cette civilisation, qui allait
des rives du Sénégal à celles de VEuphrate.
M. Berthelot nous retraer ensuite les éta-
pes qui ont marqué l'évolution de cette civi-
lisation ; l'introduction du cheval vers 1500
avant ¡.-C., celle du cltameau, beaucoup plus
récente, puisqu il la situe aux premiers siè-
des de notre ère, celle des armes à feu, en-
core beaucoup plus rapprochée de nous, et il
en marque les conséquences non seulement
économiques et sociales, mais encore politi-
flltl.
Une question d'importance capitale est celle
du dessèchement progressif du Sahara. M.
Berthelot ne croit pas à la a pijoration du
climat proprement dit dans la période histo-
rique ». Mais il y a eu d'énormes modifica-
tions dans le régime des cours d'eau souda-
nais et qui ont eu de très grandes répercus-
sions. Te Niger et le Chari, notamment, ont
subi des transformations qui sont aujourd'hui
connues des géographies et qui ont eu pour
résultat de changer l'aspflt dit sol et la vie
humaine. M. Berthelot étudie les reculs suc-
cessifs de la vie dans cette partie de l'Afri-
que et en montre les conséquences politiques.
Dans la deuxième partie de son ouvrage,
l'auteur recherche quelles étaient les parties
de l'Afrique saharienne et soudanaise con-
nues des anciens.
Généralement, ton pense qu'ils n'en con-
naissaient que la bordure méditerranéenne.
Il semble bien que cette thèse est latisse.
Même à l'époque historique, le Sahara n'était
pas une cloison étallchc. De la Méditerranée
à Véquateur, la terre africaine était traver-
sée par des courants humains. Aussi, les Car-
thaginois, les Grecs, les Romains avaient-ils
sur le Soudan des informations qui lie nous
sont pas parvenues, mais qui, très vraium-
blablement, étaient réunies au, Musée
d'Alexandrie, dont la destruction a été une
perte irréparable pour là connaissance de
l'antiquité.
Il est évidemment impossible de marquer
avec précision les limites de ces connaissan-
ces. Mais nous en trouvons des traces certai-
nes dans les cartes de Ptolémée} géographe
alexandrin dit n° siècle.
M. Berthelot montre que la plupart des
géographes n'ont pas su lire les cartes de
Ptolémée et se sont trompés dans l'identifi-
cation qu'ils ont essayé d'établir entre les
noms portés sur les cartes et les noms actuels.
Il indique les rectifications à faire, de sorte
qu'il faut en cOllclure, pour ne prendre que
quelques exemples, que le géographe alexan-
drin connaissait le Sénégal, le Jtfiger, le lac
Tchad, le floggar, l'Adrar de Mauritanie,
l'Ennedi, etc. Voilà qui révolutionne sérieu-
sement la tradition en cette matière. Tant
pis pour la tradition.
Certaines thèses de M. Berthelot ont peut-
être besoin d'être examinées de très près,
mais cet ouvrage, suivant l'expression d'un
géographe qui connaît bien ces questions,
« fourmille de suggestions intéressantes ».
Henry Fontanier
Député du Cantal.
Vice-président de la Commission
des Colonies.
Secrétaire de la Commision
des Affaires étrangères.
Là mumuraels &Local[
08
Les chiffres de la production du vin en Al-
gérie pour 1927 viennent d'être communiqués
par l'administration. Ils ont été, officielle-
ment, de 8.031.500 hectos, soit 4.421.000
pour le département d'Alger; 2.754.000 pour
le département d'Oran; 1.156.000 pour le
département de Constantine. Par rapport à
1926, la diminution de la production vini-
cole est de 211.000 hectos, en raison du dé-
ficit considérable du département d'Alger
(700.000 hectos).
AU StNAT
DEBAT8
Lu Commission de l'Algérie
Au cours de la séance de jeudi, le Sénat
a adopté la proposition de loi du générai
.u.rgeojs et .de çlMSiâurs de ses collèguee
tendant à la nommation d'une Commission
de dix-huit membres chargée, en 1928
d'examiner les projets et propositions 8e loi
relatifs à l'Algérie.
PROJET DE LOI
Le projet de loi ci-dessus adopté par la
Chambre des députés et complétant la loi
du 12 juillet 1909 autorisant le Gouverne-
ment général du Congo à contracter un
emprunt de 21 millions de francs pour exé-
cuter divers travaux d'utilité publique et
d'intérôt général, modifiée par la loi du"*31
mars 1914, vient d'être distribué au Sénat
et renvoyé à l'examen de la Commission
des Finances.
'Voici l'article, unique du projet de loi.
L'objet de l'article premier de la loi du
12 juillet 1909, modifiée par celle du al
mars 1914. dont l'énoncé est :
« CAble Libreville Il LOlJno, deux mil-
lions sept cent mille fruncs (2.700.000 fr.))),
est modifié comme suit :
« CAbles Libreville à Loango et Brazza-
ville à Kinshassa (Congo belge), deux mil-
lions sept cent mille francs (2.700.000 rl'.).11
MOTIONS D'ORDRE
Le Sénat a renvoyé ,pOUI' avis il la cu;u-
nliuiqll des colonies :
1° Le projet de loi tendant à compléter
lu loi du 15 avril 1890 concernant Porgani-
sation judiciaire duns les colonies de la
Guudeloupe, la Martinique et la Réunion et
prévoyant l'institution de tribunaux mixtes
de commerce ;
2° Le projet de loi relatif au versement
au Trésor public, pur la banque de la (lua-
deloupe, de la contre-valeur des billets des
émissions antérieures à 1 '.H>7 non encore
présentés ail remboursement ;
- 3° Le projet de loi complétant lu loi du
12 juillet 1909 autorisant le gouverneanent
général du Congo il contracter un empnlnt
de 21 millions de francs pour exécuter di-
vers travaux d'utilité publique et d'inlérOt
général, modifiée par In loi du 31 murs 1914.
.,.
A LA CHAMBRE
--0-0--
PROJETS DE LOI
Le projet de loi concernant le port de
Mostagunem a été mis en distribution le
9 février 1928* sous le numéro MOB.
M. Poincaré déposera incessamment sur
le bureau de la Chambre un projet de loi,
tendant à l'ouverture de crédits qui seront
affectés à l'étude du tracé d'un chemin de
fer transsharien.
DANB LES aOMMJQIOMS
- Commission de l'armée
La Commission de l'Armée de la Cham-
bre a invité hier le Gouvernement à réali-
ser un programme d'ensemble destiné ti
accroître la valeur de notre armée d'Afri-
que et à assurer la défense de l'Algérie et
de l'Afrique du Nord.
Commission de la Marine Marchande
M. Joseph Vidal a été nommé rappor-
teur de la proposition de loi (n° 4079), de
M. Gratien Ca.ndace, tendant à la création
de zones franches maritimes.
Commission des Travaux publics
et des moyens de communication
M. Claude Petit a été nommé rapporteur
du projet de loi (lin 5398), ayant pour ob-
jet l'amélioration et l'extension du port de
Mostagunem.
RAPPORT
Dans son rapport sur le projet de loi
portant approbation des comptes définitifs
des colonies pour L'exercice 192», M. Per-
reau-Pradier a signalé, une amélioration
financière générale dans nos quatre grands
gouvernements généraux. Les graves per-
turbations occasionnées par la guerre dans
leur vie économique disparaissent peu à
peu et la situation est redevenue normale,
aussi bien en Afrique Occidentale fran-
çaise qu'à Madagascar et en Indochine. Et
l'Afrique Kquutoriale française fait de
moins en moins appel à la métropole.
COMITE PARLEMENTAIRE
DU COMMERCE
Pour le Transsharien
Le Comité parlementaire français du
commerce réuni jeudi dernier au Palais-
Bourbon, sous la présidence de M. Chau-
met, sénateur, a, après avoir entendu un
exposé de M. Edouard de Warren, député,
voté à l'unanimité le vœu suivant :
Considérant qu'un ifuinii do fer transsharicn
offrira au poillll de vue économique et politique
les plus grands avantages pour l'avenir d'une
France qui s'étend de la mer du Nord au
Congo :
Emet lo vœu que le gouvernement :u.isse la
Chambre avant lu fin do la législature du pro-
jet de loi tendant à la uéntion d'un r.filce d étu-
des du 1 ranssaharien qui permettra de 1 rendre
unie décision définitive.
A la commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats
Dans sa réunion d'hier, à laquelle assis-
taient, sous la présidence de M. Blaise Dia-
gne, président, MM. Antonelli, Fontanier,
Nouelle, Barthélemy Robaglia, Maître, Pe-
tit Proust, Théo-Bretin, la Commission de
l'Algérie, des colonies et des protectorats,
au sujet du renouvellement du privilège de
la Banque de l'Afrique Occidentale, a, sur
la demande de M. Blaise Diagne, autorisé
son président à entériner l'avis de la Com-
mission des Finances.
• ̃ «
DÉPART
M. Blaise Diagne, député du Sénégal, Pré.
dent de la Commission de l'Algérie, des
Colonies et des Protectorats, quittera Paris le
26 février et s'embarquera pour l'Ouest-Afri-
cain.
Profits exagérés
--oo
Oranges à 3 centimes en Algérie
Vendues 45 centimes à Paria
Le public, généralement appelé « grand
public » par désignation quantitative plutôt
que qualitative, ne lit guère les comptes. ren-
dus des séances tenues périodiquement par
l'Académie d'agriculture.
On ne peut lui demander de faire de ces
documents son ouvrage de chevet. Mais il
pourrait parfois les consulter avec fruit.
Avec beaucoup de fruit! Justement, il con-
sommerait à bien meilleur compte les oran-
ges et les mandarines de ses desserts, si,
mieux renseigné sur la valeur réelle de ces,
agrumes et les bénéfices de ceux qui les
vendent, il provoquait, à l'endroit de ces
derniers, une action gouvernementale pa-
ternellement moralisatrice.
Mais il y a vendeurs et vendeurs, et c'est
cet important distinguo que vient de mettre
en lumière l'Académie d'agriculture, grâce
à l'un de ses membres les plus éminents, M.
J. H. Ricard, ancien ministre du blé, de la
vigne et de toutes les bonnes choses que la
terre de France, bénie des dieux, ne de-
mande qu'à produire.
C'est l'Algérie et ses agrumes qui occu-
paient, cette fois, M. Ricard. Présentant une
note de M. Pierre Berthault, correspondant,
il fit connaître à l'assemblée que l'orange
d'Algérie ne peut plus rémunérer les pro-
ducteurs, malgré Vaugmentation des rende-
meltts et la qualité des variétés cultivées,"
que le mille d'oranges, vendu en gros 200
francs à Paris, est payé moins de 45 francs
a la production ; que les frais de transports,
les impôts, les taxes d'octroi et les bénéfices
des intermédiaires représentent les trois
quarts du prix de gros; bref, que le pro-
ducteur algérien vend 3 ou 4 centimes le
fruit qui en coûte à Paris 45 ou 50.
On le voit, c'est un rien.
Or, s'il est malaisé actuellement d'abais-
à gagner à encourager la production), il ne
serait peut-être pas impossible de réduire
les bénéfices de certains mandataires aux
Halles, qui gagnent S sur les pioduits
en question et ne courent aucun des risques
des producteurs.
Certaines lectures, n'est-ce pas, sont ins-
tructives. Mais je me permettrai d'ajouter
une anecdote, puis une petite réflexion à
celles qu'ont échangées à l'Académie d'agri-
culture les techniciens et les spécialistes les
plus hautement qualifiés.
Un clerc de notaire de ma connaissance,
il y a quatre ans, lassé de rétliger des actes
de succession qui n'intéressaient guère son
portefeuille personnel, s'improvisa mar-
chand de fonds de commerce. Il était, d'ail-
leurs, intelligent, actif et même honnête.
Je n'invente rien : il sut si bien convain-
cre des multitudes de boutiquiers de l'avan-
tage qu'il y a à changer de boutique, que,
au bout de la seconde année de sa nouvelle
profession, il enregistrait un bénéfice net de
UN MILLION DEUX CENT MILLE FRANCS.
Bénéfice sorti, naturellement, de votre po-
che et de la mienne. Il faut bien que les
vendeurs au détail récupèrent les commis-
sions versées.
Il y aurait donc lieu, qu'il s'agisse d'oran-
ges, de carottes, de bas de soie ou d'apéri-
tifs, de diminuer par un moyen quelconque
l'attrait grandissant du métier d'intermé-
diaire.
Lorsque, dans un pays, ce métier appa-
raît d'une façon éclatante mille fois plus
avantageux que celui de producteur, le
pays, en vérité, n'est pas en parfaite santé.
R. B de Laromiguière
REPECHES lE l'HIQCWlE
«) 0 -
L'explosion de la chaloupe De Trentinian
M. Quilichini, capitaine de la chaloupe
qui coula sur le Mélwny, le 4 courant, par
suite de l'explosion d'une cargaison d'es-
sence, est mort à l'hôpital de Thakhck des
suites de ses blessures. Ce décès 'porte à
quatre le chiffre des. Européens victimes
de la catastrophe. Le corps de M. Bartho-
loni n'a pas encore é/ë retrouvé. Les re-
cherches continuent activement, avec le
concours de scaphandriers. Les membres
Siamois de la Haute-Commission perma-
nente du Mélwng qui vient de terminer ses
travaux à Vientiane se sont rendus A Ta-
hheh pour exprimer les condoléances offi-
cielles du Gouvernement Siamois. Les au-
torités siamoises riveraines apportèrent
d'ailleurs une collaboration active et dé-
vouée au sauvetage des passagers et aux
recherches effectuées pour retrouver les
disparus.
Décret du roi de Siam
Un décret royal nomme Piq/a Samsas-I
tra, directeur général des Chemins de fer
Siamois, en remplacement du prince Phra-
chatra qui reste ministre du Commerce.
Exportations de l'Indochine
ilanoï. Pendant Vannée 1927, les
chiffre des exportations d'Indochine at-
teignent, en tonnes :
Peaux brutes : 1.890, en diminution de
286, sur le chiffre de L'année 1926 ; soies
grèges natives : :tt, en diminution de 30 ;
poissons secs : Hl.iHO, en diminution de
1.697 ; poivre : 1.235,en augmentation de
I.+{. ; coprah : 9.678, en diminution de
1.\ ; caoutchouc : 9.627, en augmentation
de 8:10 ; bois de Tecl 13.850, en augmenta-
tion de 614 ; kapok : 514, en diminution de
71 ; ciment : 3(>.8i8, en diminution do
24.666 - liotiille : 1.008.992, en augmentation
de 119.394 ; minerai de zinc : 59.074, en aug-
mentation de 11.497.
Une importante diminutio-n est enregis-
trée sur les exportations de ciment qui r.
suite de la situation troublée en Chine.
(Indopttcifi.)
1
L'lviatioa ColoDialc
LISBONNE-GOA
Un aviateur civil portugais, Vf. Carlos
nlcek, a pris les airs jeudi matin, de l'aéro-
drome d'Alverea, à destination de Melilla,
terme de la première étape du voyage
qu'il compte effectuer. du Portugal à Goa,
Inde portugaise, sur la ec'ite indoue de Ma-
labar.
L'aviateur, après un arr
Voyage aux Antilles
-0-
PARTIR
Nous tous, ceux qui sont partis et ceux qvÍ.
n'ont jamais quitté l'ombre de leur clocher
nous avons tous rêvé, une fois au moins, J'URCIl
nostalgique invitation au voyage.
Qu'il est beau, le pays de nos chimères f
terres de Jules Veme où l'imagination, cette
enfant gâtée, n'a pas à murmurer, désappointée
par la réalité : « C'est tout ».
Serai-je déçue par mon premier voyage aux
Antilles ? vers la Guadeloupe que m'a révélée
l'enthousiasme d'une mère créole, éprise d'oi-
seaux des Iles, de fruits rares au goût de goJCI"
ves, couleur de sapotilles et de chansons mélan-
coliques où une jeune négresse pleure ses
amours :
« Adieu foulards, adieu madras l
m Adieu grains d'or, adieu collier chéri.
Doudou à moi li ka poti l
Li ka pati pou toujou. »
(Mon cher amour s' en va !
Il s'en va pour toujours.) *
Je voudrais être « cubiste » pour rendre
Il l'hiéroglyphe dynamique » d'un départ, car
mes impressions bousculées se tassent à fond de
cale parmi des centaines de malles plates cons-
tellées de petites affiches comme les colonnes
« Moriss ».
L'énorme paquebot, se méfiant de sa force,
filme au ralenti son départ et démarre si pru-
demment par le flanc qu'on peut faire la syn-
thèse de son vaste mouvement.
Depuis que nous avons quitté Saint-Nazaire,
il me semble que j'ai changé d'identité, l'océan
joue avec Fria pensée, comme avec les mouettes
qui tournent en spirales au-dessus des remous.
Je suis grisée par l' écume, ivre des gouttelettes
salées qui jaillissent des vagues retombées.
L'océan tumultueux de novembre remplit l'ho-
rizon, je vois des vagues, encore des vaguesf
comme des cimes neigeuses pour des Alpes in-
nombrables.
Un phare, très loin, toutes les dix secondest
rappelle seul un continent qui s'efface, et plus
l'Europe s'éloigne, plus mon désir se tend vers
les îles, semées en bouquets sur la mer des An-
tilles, de Porto-Rico au Venezuela.
Le palace flottant a maintenant des oscilla-
tions menaçantes, des visages oerdissent, les
mouchoirs bâillonnent des lèvres contractées, et
je sens un chatouillement désagréable qui com-
mence dans la poitrine, et monte me glacer le
front.
Lentement, à l'avant, le pont se soulève, de-
meure une seconde en équilibre instable, pais,
avec une secousse qui chavire les coeurs, descend
toujours plus vite, pour remonter aussitôt et re-
descendre encore et encore.
Un très fort roulis aggrave le langage, des
passagers désemparés se précipitent vers les ca-
bines, je gagne péniblement, dans mon « com-
partiment des dames seules H, la couchette éle-
vée au-dessus d'une gémissante Anglaise.
Pas un seul point ferme où reposer les yeux,
un mouvement perpétuel hante l'ameublement
de la cabine; j'entrevois la veste de toile blan-
che d'un « pofon d'étage » oscillant lui aussi.
- Qu'y a-t-il pour le service de ces dames?
Il tend à rnlrc détresse, des moins apprivoi-
sées par de généreux pourboires.
- Un quiou. un quiouoett̃: f désarticule
l'Anglaise.
- Et mademoiselle ?
--- Champagne. glace pilte
La sirène déchire cet hôtel chancelant sur
la cime des vagues. Un bouchon saute et j'a b-
sorbe du champagne au rythme d'un roulis qui
arrache chaque fois la coupe des lèvres.
Comme au premier jour de la création, les
ténèbres couvrent les eaux, tout le reste est va-
carme, écroulement de montagnes liquides.
L'A nglaise s'est assoupie, une cuvette d'émail
près du cœur. Je bois du champagne. le pa-
quebot. Paris. où suis-je ? Un jazz noir me
martèle les tempes. Des jambes de grenooillel
galvanisées « charlestonnent ) à bâtons rom-
pus.
Encore du champagne, je tratique les con-
seils d'un vieux loup de mer.
Marie-Louise Sicard
–-– -000
Marie-Louise Sicard
--0-0--
Mlle Marie-Louise Sicard descend d une
des plus anciennes familles créoles de la Gua-
deloupe. Nos lecteurs apprécient chaque se-
maine ses courts articles si joliment pensés et si
finement écrits. Elle a débuté dans la littéra-
ture par un roman d'érudition, si j'ose écrire,
puisque après tout, il n' est pas permis aux mots
de hurler quand ils sont mal accouplés, mais
simplement à ceux qui les lisent de hurler pour
eux.
Roman d'érudition, le Bâtùseur de Cathé-
drales, que t Académie françai se a couronné,
l' est réellement. Mlle Marie-Louise Sicard a
le cerveau adorné d'une très belle culture, je
dirais presque d'une trop belle culture, car on
sent les élans de son cerveau et de son cœur
brisés trop souvent par les liens impérieux du
document et de la vérité historique. Ce léger
reproche passé, il faut avouer que son mérite
n'est pas mince, d'avoir réussi à faire un roman
vivant dans une matière aussi dure, dure
comme la pierre - que la vie à demi monacale
de ceux qui édifièrent au moiMat de la chute dIt
style roman, le triomphe de l'ogival. Cathé-
drale de Chartres, cathédrale de Paris, ca-
thédrale de Reims, surtout celle-ci à laquelle
l'auteur s'est attaché. Combien peu nom-
breux sont ceux qui aujourd hui, réfléchissent
en les visitant et en les admirant, au travail de
gants qu'ont réalisé à une époque primitive
es architectes de ces basiliques, qui demeurent
encore après dix siècles, dans leur religiosité.
les monuments les plus complets de notre civi-
l isation.
A la vie laborieuse de cf larcs, qui apprit
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.93%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 75.93%.
- Auteurs similaires Agence économique des territoires africains sous mandat Agence économique des territoires africains sous mandat /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Agence économique des territoires africains sous mandat" or dc.contributor adj "Agence économique des territoires africains sous mandat")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6451211b/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6451211b/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6451211b/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6451211b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6451211b