Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-01-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 janvier 1928 26 janvier 1928
Description : 1928/01/26 (A29,N15). 1928/01/26 (A29,N15).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451202c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N° 15
LE NUMBRO : 80 CENTIMES
JEUDI SOIH, M JANVIER lm
Les Annales Coloniales
Cm mmumett et rédma MW rffla m
bureau te journal.
Directeurs s M. RUEDEL et L-G. THÉBAULT
Terne Im arfledi puHUe ému wetre jiiwni n» rnmtmu
Un mpmdwb Of" la * rntmàm
JOURNALJUOTIDIER
Rédaction & Administration :
m, M M Méd-TMM
PARIS CI-)
fil im t Louvm is-w
» RICHELIEU «744
ABONNEMENTS
mvec k supplément iUuetré :
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Guérisseurs, Féticheurs
Un article, reproduit dans un des derniers
numéros de la Tribune Indochinoise, me
fournit l'occasion de revenir sur ce sujet.
Nous ne nous doutons pas, quand nous con-
damnons en bloc, quand nous tournons en
ridicule toutes les pratiques médicales, sans
exception, des peuples auxquels nous appor-
tons nos méthodes scientifiques, que nous les
froissons dans leur ainour-propre, dans leurs
croyances, dans leurs traditions. La Tribune
Indochinoise proteste contre cette « petitesse
d'esprit 9, contre le c parti pris » des gens
qui, ayant la science infuse, devraient avoir
la première qualité du savant : la modestie,
et reproduit l'article de M. Jean Clary sur
la les coolies et leur médecine 9, afin de dé-
montrer que c les méthodes d'investigation
européennes appliquées sans idée préconçue
à l'étude de la médecine et de la pharma-
copée annamites pourraient donner lieu à des
trouvailles insoupçonnées. -
Parce que les coolies indigènes, venus de
leurs campagnes reculées, transportent dans
leur paquet de voyage tout un lot de supers-
titions; parce que, par exemple, un malade
des yeux, auquel on a appliqué sur la con-
jonctive quelques gouttes de collyre, s'em-
presse de remplacer ce médicament européen
par un médicament annamite, composé d'ex-
créments de chauves souris et de sang d'an-
guille de rizière, animaux qui doivent, par
leur sécrétions, guérir les ophtalmies puis-
qu'ils ont eux-mêmes des yeux excellents;
parce qu'un autre auquel on a administré une
dose d'huile de ricin absorbe dans la jour-
née « des remèdes annamites dont la recette
a sauvé le troupeau 9, on infère de ces quel-
ques cas particuliers, drôles, il est vrai. ou
pittoresques, que ces gens sont stupides. A
cette condamnation catégorique et sans ap-
pel, l'auteur de l'article oppose qu'il serait
bizarre que cette thérapeutique, appuyée sur
des expériences qui remontent à des milliers
et des milliers d'années, ne fut qu'un tissu
d'absurdités, de formules répugnantes, de
pratiques dangereuses.
L'Annam, comme le Japon, a emprunté
se thérapeutique aux Chinois. Je sais - qu'on
a tour à tour trop loué et trop rabaissé la
médecine chinoise. Voltaice écrivait dans son
Essai sur les Mœurs : : La théorie de la
médecine n'est encore chez les Chinois
qu'ignorance et erreur; cependant les méde-
cins chinois ont une pratique assez heureuse.
La nature n'a pas permis que la vie des
hommes dépendit de la physique. Les Grecs
savaient soigner à propos, sans savoir que le
sang circulât. L'expérience des remèdes et le
bon sens ont établi la médecine pratique
dans toute la terre : elle est partout un art
conjectural qui aide quelquefois la nature,
et quelquefois la détruit. - Cette pratique
heureuse, cette expérience des remèdes, re-
montent à plusieurs siècles avant notre ère.
J'ai lu l'histoire, légendaire assurément, de
cet empereur Houang-Ti qui régnait en
2.660 avant J.-C. On lui attribue l'invention
de la boussole, de l'arithmétique, du calen-
drier, que sais-je encore? des cercueils, du
tambour et de la médecine. Qu'on ne voie
pas là un rapprochement irrévérencieux.
C'était un grand souverain, un esprit prati-
que et hardi à la fois.
Trouvant que le nombre des prêtres crois-
sait et multipliait plus que de raison, il se
réserva le sacerdoce à lui seul : concentration
et économie. C'est à cet homme universel
qu'on attribue les premiers progrès de la
médecine « par l'inspection des vaisseaux
sanguins ». Mais bien avant lui les expé-
riences avaient commencé puisque trois mille
ans avant notre ère les Chinois avaient ré-
servé des jardins spéciaux aux plantes médi-
cinales.
De là, une modestie dans les prétentions
qui devait ravir Voltaire. M. Jean Clary cite
ce passe d'un philosophe chinois : « La mé-
decine ne peut rien que selon les vues et les
desseins impénétrables du ciel. L'homme ne
sait pas comment il naît et il ignore comment
il meurt; tout est mystère pour lui. Ses jours
sont comptés, la longueur de sa course mesu-
rée, et la borne de sa carrière est fixe et im-
mobile sans aucun espoir que la médecine
puisse y rien changer, parce que toute sa
vie est un anneau dans la grande chaîne des
destinées du monde, dont toutes les propor-
tions sont déterminées et immuables. La mé-
decine ne peut sauver de la mort, mais son
rôle reste admirable; elle sert à prolonger
l'existence et à guérir d'une foule de maux
qui assiègent notre pauvre humanité. »
M. Jean Clary veut voir là les précau-
tions d'un marchand de santé dont la philo-
sophie n'est qu'un paravent contre les récri-
minations des familles, en cas de décès d'un
malade. Non, il y a là autre chose et c'est
bien une philosophie médicale. Au cinquième
siècle avant J.-C., Hippocrate de Cos, au-
quel on fait remonter les premières victoires
de la science médicale sur l'empirisme, te-
nait à peu près le même langage quand il
bornait le rôle du médecin à assister, en spec-
tateur intelligent et secourable, à la lutte
entre la force vitale et les causes qui tentent
de la détruire, et à suivre la marche de la
maladie quand ces causes prenaient à la lon-
gue une supériorité contre laquelle - tout pou-
voir humain était vaincu d avance. De même,
dans son Dictionnaire PltiloJOplziqlte, Vol-
taire, grand admirateur d'Hippocrate dont
il louait la maxime : Experientia fallax, jll-
'diÛu", difficile, faisait répondre par un mé-
decin c honnête homme et qui ne fardait
point sa marchandise » à une princesse qui
l'interrogeait sur la puissance de son art :
« Nous gtiérisssons infailliblement tous les
maux qui se guérissent d'eux-mêmes. La
nature seule vient à bout des maladies qui ne
sont pas mortelles : celles qui le sont ne
trouvent dans l'art aucune ressource. »
M. Jean Clary ne le dit pas. Mais on
sent bien qu'à son avis plus d'un de ceux
qui méprisent les guérisseurs et féticheurs des
vieilles nations, pourraient trouver une leçon
d'humilité dans la page du philosophe chi-
nois. Ils pourraient aussi trouver de précieu-
ses indications dans les pratiques de la mé-
decine et de la pharmacopée annamites.
Sans doute, il cite des exemples qui nous
font sourire, avec indulgence et, parfois,
avec étonnement. Encore n'est-il pas complè-
tement absurde de penser que la chasse au
grand air ne soit pas un adjuvant utile pour
combattre la tuberculose, et qu'un verre de
sang de cerf, absorbé pendant qu'il est
chaud, ne puisse faire aucun bien à un indi-
vidu anémié. Mais ce qu'il dit de la phar-
macopée annamite, de l'emploi du santal,
de la girofle, de la noix vomique, du cam-
phre, des gentianes, nous amène à estimer,
avec lui, qu'à côté de pratiques bizarres,
« on trouve dans cette thérapeutique une
foule d'excellents moyens curatifs et de ju-
dicieuses observations J.
Il parle du a Formulaire Annamite des dix
mille maladies - qui contient des descriptions
très exactes sur les vertus de la menthe, du
safran, de l'armoise, et à qui se hâterait de
s'écrier : « Nous connaissions tout cela avant
eux P, il est prêt à répondre : avant eux,
non, et puis pourquoi ne pas avouer que
votre pharmacie européenne « recèle plus
d'un médicament dans la composition des-
quel entrent quelques éléments parasites et
inutiles ». L'auteur n'ajouterait pe^t-être pas
que ce sont parfois les plus coûteux. Ajou-
tons-le pour lui, et citons sa conclusion :
t Ne méprisons pas absolument la théra-
peutique et la pharmacopée annamites. Leur
riche flore médicale provient d'une expérience
de milliers d'années. Exercée en général par
des praticiens qui ne possèdent que peu d'ins-
truction professionnelle, la médecine indi-
gène dispose de ressources mal connues, mal
appliquées, et que, par conséquent, il ne se-
rait peut-être pas tout à fait inutile de mieux
étudier. »
Et de la part de nos praticiens qui, eux,
ont une instruction professionnelle sérieuse,
cela vaudrait mieux que la raillerie et que
l'incompréhension.
Mario Rouatan,
Sénateur de l'ilérauti, ancien mtnatre
Viee-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Les réservoirs à pétrole
aux colonies
--0-0--
M. Charles Baron, député, avait demandé
à M. le ministre de la Marine, par question
écrite du 23 décembre 1927 : 1° Quelles ont
été pour les diverses capacités réalisées les dé-
penses d'établissement des réservoirs à pétrole
construits par la marine dans les divers ports
et points d'appui, au cours des exercices 1924,
1925, 1926, 1927 ; 20 quelles ont été, au
cours de chacun de ces exercices, les dépenses
totales effectuées - pour - la réalisation du pro-
gramme de réservoirs de la marine.
Le ministre de la Marine vient de répondre,
en ce qui concerne les colonies, par le tableau
ci-dessous :
Ports et dates des marchés.
Capacités réalisées au lor janvier 1928.
Bizerte (novembre 1923) : 38.910 mètres
cubes (quatre réservoirs).
Dakar (décembre 1922) : 2.080 mètres cu-
bes (un réservoir).
Casablanca (mars 1927) : 2.200 mètres cu.
bes (deux réservoirs).
Quant aux dépenses d'établissement des ré-
servoirs proprement dits (fourniture et montage)
sans réchauffeurs intérieurs, elles se sont mon-
tées à 1.192.200 francs pour Bizerte, 102.000
pour Dakar, et 223.000 pour Casablanca.
Les camions à gazogène
00
Aujourd'hui, à midi, une expédition auto-
mobile coloniale dirigée par MM. Henri Du-
faux et Xavier Roubaud, a quitté Paris à
destination de l'A. O. F. et de l'A. E. F.
Cette expédition a pour objet de faire de la
propagande en faveur du gaz de bois. Elle
sera effectuée avec une camionnette alimen-
- - -- a
tée par un gazogène à bois. L'itinéraire est
le suivant : Paris-Bordeaux, le bateau jus-
qu'à Dakar, le Sénégal, le Soudan, le Niger,
le Tchad, l'OubanghiChari et enfin le Congo.
Le chef de l'expédition, Henri Dufaux, in-
génieur et peintre, a fait en outre de nom-
breux voyages en Afrique, d'où il a rapporté
des peintures appréciées.
Quant à Xavier Roubaud, son adjoint,
c'est également un spécialiste des questions
coloniales.
Les deux hardis voyageurs espèrent mener
à bien leur entreprise et prouver ainsi l'effi-
cacité de l'emploi du bois comme carburant.
i
UN BON TEXTILE
---0-0-
Dans la région de Bossangoa (Oubangui-Chari),
sur les bords de l'Ouham, se trouve une plante
textile appelée Lingué, qui, d'après l'exa-
men technologique de l'Institut national d'Agro-
nomie coloniale, ressemble à un beau jute, en
a la finesse, mais est, en outre, notablement
plus forte et plus souple.
Cette filasse remplira tous les emplois du
jute, aussi bien pour la corderie, le sac et la
toile d'emballage que pour les tissus d'ameu-
blement sans nécessiter d'autre matériel que
celui dont on se sert pour le jute.
La démission -
de M. A. Varenne
-
M. Varemte vient de prévenir
M. le ministre des Colonies qu'il
- ne - demanderait pas le renouvelle-
ment de sa mission, qui expire à la fin de
ce mois.
M. !e ministre des Colonies lui a exprimé
le regret que cause au Gouvernement sa dé-
termination et Va félicité de Voeuvre qu'il a
accomplie en Indochine.
Il est encore trop tôt pour juger d'une
façon définitive la politique de M. Varenne
comme gouverneur général de VIndochine.
Nous sommes persuadés qu'avec le recul du
temps, qui apaise bien des passions, on sera
beaucoup plus juste à son égard.
Il est, d'autre part, encore prématuré
d'apprécier les résultats de certaines de ses
mesures. La raison en est qu'il faut attendre
qu'elles soient réalisées et surtout voir la
manière dont ceux qui viendront après lui
les appliquCTont. Je ne sais plus quel géné-
ral avait l'habitude de dire qu'un ordre im-
porte moins que la manière dont ou en sur-
veille Vexécution. Rien n'est plus vrai. Et
ceci s'applique bien au cas de M. Varcllne.
M. Varenne s'en va juste au moment où
il était nécessaire qu'il restât. Il avait pris
des initiatives heureuses, intelligentes et
crjsii fait des efforts louables pour rétablif
une situation assez chancelante. Seulement,
il ne sera plus là pour voir comment ses ré-
formes seront appliquées.
Il n y a dans ces reflexions rien de déso-
bligeant pour M. Varenne, dônt nous igno-
rons les raisons qui l'ont déterminé à renon-
cer aux hautes fonctions qu'il occupait de-
puis deux ans et demi.
Mais son cas pose une question d'ordre
général, si je puis dire, bien que ne s'agisse
en fait que de l'Indochine.
La question n'est pas tout, à mon sens, de
savoir si on enverra à Hanoi un administra-
teur du cadre des colonies ou un homme po-
litique que ses capacités et son passé dési-
gneraient pour ce poste difficile, mais de
savoir pour combien de temps on l'y cttvcrra.
Les deux thèses qui s'af frontent toutes les
fois qu'tm gouvernement général est vacant
sont également défendables et je ne crois pas
qu'on puisse à priori rejeter l'une ou accep-
ter l'autre d'une façon absolue. Des argu-
ments très forts militent en faveur de l une
et de l'autre. On ne peut pas, à mon sens,
prendre un parti définitif. La décision dé-
pend des hommes et des circonstances. Le
système que les Anglais pratiquent pour la
vice-royauté des bides n'est pas, somme,
toute, mauvais. Cependant, rien n'indique
que nous devions servilement le copier.
Mais, quel que soit le parti auquel on
s'arrête, il est une règle qu'il faut s'imposer,
c'est de ne pas envoyer là-bas ce que j'ap
pellerai des intérimaires. Or, depuis près de
dix ans, c'est-à-dire depuis le retour d'Albert.
Sarraut, il n y a guère eu à Ilanoï que dc..
intérimaires, des gouverneurs généraux qui
n'y sont allés que, les uns dans le dessein
de voir du pays et de satisfaire certains sen-
timents de vanité, les autres dans celui
d'achever en occupant le plus haut- poste de
VAdministration coloniale, une carrière mo-
destement commencée.
Je ne veux pas m'attard er à m'indigner
en présence de ces faits. Qu'il me suffise de
dire qu'une pareille pratique a eu les résul-
tats les plus néfastes. Cette colonie n'est
plus administrée. Aucun des problèmes qui
Vintéressent n'est, vraiment examiné, étudié.
T..es solutions qu'ils comportent ne sont pas
mises au point. C'est le régime des palabres,
des discours pompeux, des velléités. C'est
la rivalité de clans, de coteries d'autallt plus
forte que celui qui devrait normalement
faire régner l'ordre, imposer sa volonté n'est
qu'un oiseau de passage dont, à peine arri-
vé, on suppute déjà le départ.
Nous n'avons pas beaucoup de fautes à
commettre en Indochine. Et il n'est pas né-
cessaire d'en ajouter une autre à celles qui
ont déjà été accumulées en désignant pour
gouverner ce pays un nouvel intérimaire.
Henry Fontanier
Député du Cantal.
Vice-président de la Commission
des Colonies.
Secrétaire de la Commission
des Altaires étrangères.
-60.
ItftMES DE- L'IRIOCHIIE
Exploitation de gisements minéraux
Sous la dénomination « Clirôme et Nie-
kel » est fondée à Hanoï une société anon-
mjme au capital de 1.000.000 de piastres
ayant pour objet l'exploitation de gisements
minéraux comportant principalement le
clirôme et le nickel de la région de Than-
ffoa, Annam. Les fondateurs sont MM. A.-
11. Fontaine, président du Conseil d'admi-
nistration des Distilleries de t'Indochine, et
François l,ahcs.c, industriel à Paris.
Les apports algériens
sur le marché métropolitain
Une baisse a été enregistrée sur le mar-
ché métropolitain, sur les pommes de terre
nouvelles d'Algérie. On les cotait mardi à
230 et 280. Les oranges, dont les arrivages
ont été restreints, étaient plus chères que
voilà quelques jours (180 à 450 fr. les 100
kilos). Par contre, les vendeurs de manda-
rines ont dû faire des concessions, beau-
coup de ces fruits étant arrivés avariés ; c'est
la conséquence de pluies excessives. On co-
tait, le même jour, les mandarines à 260 et
450 fr. les 100 kilos.
BROUSSES
& BROUTILLES
---0-0--
'-'. Plus fort qu'Orphée
On a vu ces jours derniers au Cirque de
Paris un spectacle inaccoutumé : quatre
lionnes présentées, non point par un domp-
teur professionnel, mais par un journaliste-
poète qui en obtenait la plus parfaite obéis-
sance sans recourir au moindre geste bru-
tal.
Ce sympathique confrère, M. Louis Dal-
garra, avait auparavant soutenu, dans une
garra, d'articles, que l'on pouvait dresser par
série
la seule douceur les bêtes féroces. C'était
bien d'un poète. Mais démontrer, au péril
de sa vie, la vérité d'une thèse, c'est d'un
homme brave, et abandonner tout le mon-
tant de son engagement à la « Société de
secours immédiat aux artistes - de cirque - »,
c'est d'un brave homme.
Pauvre Orphée ! Ce n'était pas assez de
servir de patron à des sociétés dites musi-
cales et qui ne le sont pas toujours, voire,
horresco referens, à des amateurs de bigo-
phone ! On peut se passer de sa lyre pour
charmer les fauves. Le malheureux époux
d'Eurydice doit faire une tête vexée, parmi
les asphodèles des Champs-Elysées.
Pourtant, je l'avoue, je n'irai pas essayer
la méthode de M. Louis Dalgarra aux con-
fins de la Mauritanie et du Soudan, ni entre
Luang Prabang et Hué,
On demande un pèse-bébé
Le 2Se régiment de tirailleurs algériens,
•̃à Sarrebourg, est à la tête, si l'on peut dire,
de 87 poupons qui appartiennent plus par-
ticulièrement à un certain nombre de sous-
officiers rengagés, et il a à sa tête le colo-
nel Millet.
Comme les quelques Français auxquels la
guerre et ses suites joyeuses n'ont pas tout
à fait tourneboulé l'entendement, le colonel
Millet est d'avis, certes, qu'il faut faire des
enfants, mais qu' le sauvetage de ceux qui
existent est de première urgence.
Il s'efforce donc de créer à Sarrebourg
une pouponnière. Le toubib et les frmmes
d'officiers du régiment l'aident, de toute leur
bonne volonté, à réaliser son projet. Mais
les fonds manquent, et le 25e tirailleurs n'a
même pas un pèse-bébé, le cas n'étant pas
prévu par la rue Saint-Dominique.
Le colonel demande un pèse-bébé et quel-
que pécunc, Nous avons plaisir a publier
sa requête et à louer un projet où il appa-
raît, non seulement comme le père, mais le
grand-père du régiment.
Audion
Lefoot-ball à Madagascar
---0-0--
Avant l'arrivée des Français à Madagas-
car, les indigènes pratiquaient un grand
nombre de jeux, mais ceux-ci ne faisaient
valoir que des qualités physiques individuel-
les, où la culture et l'entraînement n'étaient
pour rien. Il n'existait aucune société ou
groupe sportif - au sens - où nous l'entendons.
- Mais lorsque le football (association et
rugby) furent introduits dans l'Ile par les
Européens, les indigènes, bons observateurs,
purent se rendre un compte exact du beau
résultat que l'on peut obtenir par la cohé-
sion et la discipline de l'ellort de plusieurs
individus. Et les nuelnucs Européens, sports-
men consommés, qui eurent l'idée de for-
mer des équipes malgaches de football, no-
tamment de rugby, ne tardèrent pas à voir
leur peine récompensée, ces équipes autoch-
tones ayant pu, après quelques mois seule-
ment d'apprentissage, faire bonne figure de-
vant l'équipe européenne du Bataillon de
l'Emyrne, composée d'athlètes rompus à tous
les exercices du corps et ayant l'expérience
du jeu.
Ainsi l'on assista à des rencontres intéres-
santes à Tananarive, depuis 1911, et que la
guerre vint interrompre.
A la fin des hostilités, la vogue du foot-
ball ne cessa de croître.
Les clubs indigènes, loin de se découra-
ger de quelques défaites successives, se refor-
maient plus nombreux, et en 1926, huit so-
ciétés étaient engagées pour disputer le
« championnat de Madagascar de rubgy >»,
et l'une d'elles, la plus ancienne au point
de vue formation le I( Stade » enleva
au « Racing » le titre de champion de Ma-
dagascar qu'il a conservé encore cette an-
née.
Ce club a eu également cette même année,
le championnat d'Association, ainsi que ce-
lui d'Athlétisme interclub ; il est sorti vain-
queur aussi dans la compétition athlétique
pour la coupe « Citroën ».
Il est à souhaiter que le mouvement spor-
tif de la Grande Ile aille encore se déve-
loppant. Le sport est une admirable école,
non seulement de vigueur physique et mo-
rale et de discipline, comme on l'a dit mille
fois, mais de loyauté, qu'il faut, en cette
occurrence coloniale, écrire loyalisme.
Cinéma Colonial
O"ce"
M. Fescourt en Algérie
M. H. Fescourt irait au printemps pro-
chain en Algérie, tourner quelques exté-
rieurs de « l'Occident », d'après l'œuvre de
Kistemaeckers, avec Mme Claudia .Victrix
comme interprète.
« Le Jardin d AUah H
Ce dernier film de Rex Ingram est com-
plètement terminé, et on annonce sa pro-
chaine présentation dans une salle de"
grands boulevards à Paris.
Film interdit
Le Comité de censure d'Alger vient d'in-
terdire pour toute l'Afrique du Nord 1':.'$-
clave Blanche.
CANDIDATURES
GUADELOUPE
A la Pointe-à-Pitre, M. Graev, avocat, in-
dustriel, Conseiller Général du Moule, se
présentera aux élections législatives.
Il aura pour concurrent communiste M.
Max Bloncourt, petit-fils de l'ancien député
de la Guadeloupe.
Les indigènes
voteront-ils
La représentation parlementaire
des indigènes.
En ouvrant la séance du Comité d'action
républicaine aux Colonies, le Président, M. le
sénateur Viollette, a tout d'abord fait remar-
quer que pour résoudre le problème de la repré-
sentation des indigènes au Parlement, il fallait
clarifier la question et la compartimenter, par
suite des diverses catégories d'indigènes et de
colonies.
Indépendamment de toutes contingences et de
statut personnel, la représentation des indigènes
au Parlement s'impose, car le Parlement n'est
pas autre chose que la représentation de tous
les intérêts qui, à l' abri de la loi française, doi-
vent avoir droit de cité dans les assemblées lé-
gislatives pour suivre la politique générale du
pays.
Or, les populations indigènes ont les mêmes
droits, elles y sont intéressées au même titre
que les populations européennes. N'y a-t-il pas
en fin de chacune de nos lois un article final
applicable à certaines colonies, et la législation
coloniale se modifie avec la législation métro-
politaine qui est le rythme de la législation
unique du territoire français colonial et métro-
politain tout à la fois.
S'associant aux idées émises par M. Viol-
lette, M. Blaise Diagne, député du Sénégal
et président de la Commission des Colonies,
ajouta :
C est une œuvre de justice que nous pour-
suivons.
C' est pour l' avenir même, pour leur bénéfice
que nous devons considérer cette question de la
représentation parlementaire des indigènes de
la plupart de nos colonies comme un levier per-
mettant de mettre en mouvement ces masses si
différentes qui vivent dans notre empire colo-
nial.
N' est-ce pas une iniquité flagrante qui existe
en Algérie où 700 à 800.000 colons sont re-
présentés au Parlement, alors que 5 millions
d'indigènes ne le sont pas.
L'élection, l'éligibilité des indigènes de nos
colonies sont la rançon de la guerre.
Nous devons tenir compte" du passé, des
droits acquis et d' une situation de fait pour ins-
tituer une dualité de représentation qui serait,
le cas échéant, comme une soupape de sûreté.
L'expérience doit cependant être tentée avec
le maximum de garanties en sélectionnant le
collège électoral et en ne s'adressant qu' aux
colonies suffisamment évoluées telles que l'A.
O. F., le Dahomey.
Pour l' A.L.F., la question ne se pose certes
pas pour l'instant, mais f)t'UI' Madagascar nous
nous trouvons dans lr même situation qu'en Al -
gérie.
En Indochine. le problème est iv.mcoup pipi
délicat, étant donné que si U Orxhinclune {:51
sous notre administration directe, les autres
contrées sont pays de protectorat comme le sont
la Tunisie et le Maroc. Mais la France peut
tout de même y instituer l'autorité légale sous
forme d'assemblées délibérant sur les aspira-
tions des populations.
C' est à une élite que nous devons recourir,
à une élite représentant la somme des qualités
qui nous permettront de nous rendre compte des
étapes parcourues parmi ces populations par la
civilisation française.
Entre nous et les indigènes, il n'y a de place
que pour la vérité, la justice et la raison. Et
c est en gagnant le cœur et le cerveau des
populations indigènes que nous les élèverons à
notre niveau, ce qui est la fin honorable de
toute colonisation.
Après avoir insisté sur la nécessité de doter
nos colonies d' assemblées véritablement repré-
sentatives des intérêts des indigènes, le docteur
Boussenot, délégué de Madagascar au Conseil
Supérieur des Colonies, fit voter à l'unanimité
l'approbation des conceptions de M. Diagne
dont il loua l'exposé si cl air, si éloquent et si
persuasif.
Eugène Devaux
–-
M. Steeg en France
--0-0--
M. Steeg, accompagné de Mme Stceg et
de M. Dubroca, chef du secrétariat particu-
lier, est attendu à Marseille, demain, par
le paquebot Medie-ll. Le Résident Général
se rend en France pour présenter le budget
du protectorat au ministère des Affaires
étrangères. M. Steeg a été salué, sur le quai
de la care maritime de Casablanca, par M.
Urbain Blanc, délégué à la résidence; le
général Vidalon, les principaux directeurs
de la Résidence, ainsi que par toutes les
autorités locales, civiles et militaires, euro-
péennes et indigènes et une délégation des
corps constitués. Une foule nombreuse assis-
tait à leur départ et a salué respectueuse-
ment Mme Steeg et le Résident.
A bord du même paquebot, voyagent Mme
Duclos et ses enfants, ramenant en Franco
le corps de M. Duclos, ancien directeur des
affaires indigènes à la Résidence, mort ac-
cidentellement vendredi dernier. En raison
de cette présence, M. Steeg a demandé que
les honneurs militaires ne lui soient pas
rendus à son départ.
L'avènement de Sidi Mohamed
-o-
Comme nous l'avions annoncé, après avoir
fait son entrée solennelle à Meknès, le Sultan
.) I d riss.
s'est rendu au tombeau de Moulai Idriss.
A cette occasion, comme on tenait absolu-
ment à donner à cette cérémonie qui couronne
la tournée impériale, un caractère purement ma-
rocain, aucune troupe française ne faisait partie
du cortège ; seuls la garde noire à cheval et à
pied et les cavaliers des tribus à cheval avec
leur caïd en grand apparat ont fourni l'escorte.
(Par dépêche.)
Au Conseil du Gouvernement
de l'Algérie
Pur décret du Président de la République
en date du 20 janvier 11)28, rendu sur la pro-
position du ministre de l'Intérieur, M. Mau-
ty,di'r<'ci<')H' de l'Intérieur au Gouvernement
général de l'Algérie, est nommé conseiller
île gouvernement de t re l'\usse, en remplo-
renient de M. Sabalier, et par permutation
avec lui.
Bienv s inancejrocraairice.
Peut-on faire appel à la fI bienveillance
procréatrice » du haut fonctionnaire? Un
agent des P. T. T. tonkinois, mari d'une
sage-femme, le fit à peu près en ces termes :
Il Je me suis marié pour assurer le culte
de la reproduction et mes satisfactions. J'ai
sollicité l'autorisation de nous réunir, ma
femme et moi, dans une même province, sous
le même toit, pour éprouver la satisfaisance
de notre acte de mariage. Mais l'adminis-
tration sépare les deux époux d'un mur in-
franchissable par les chemins. Comment sa-
tisfaire à la loi de l'cngcndrement ? C'est
pourquoi je fais la tentative trop forte de
vous demander de vous gêner pour ma re-
connaissance éternelle de réunir les deux
époux pour la procréation de celui qui sera
ainsi votre enfant. »
Il reste à savoir si la bienveillance pro-
créatrice du haut fonctionnaire indochinois
donna à son subordonné la satisfaction que
réclamait ses moyens procréateurs.
LIRE EN SECONDE PAGE :
M. Alexandre, Varenne daime le renouvelle-
ment de sa mission.
A lu harnbre.
r ré s de l'Instilut de.s llaules-litudes ma-
rocaines.
DANS LA LEGION D'iHiNNhl'M
0
La promotion
du Ministère des Colonies
---0-0--
Grand Croix
M.
l'on-Jlmt-llan, Kégenl de l'Empire d'An-
na rn.
Commandeur
MM.
Lapalud, Gouverneur de 1re cl. des
Colonies. Lieutenant-Gouverneur de la Côte
d'Ivoire.
C'est un des plus distingué? fonction-
naires coloniaux, sa carrière 'uborieuse, et
probe reçoit là une juste récompense.
I.ounvi). Conseiller 1. I ; Cour du Cas-
sation, .Mfrntoy (Ii" lu ';.!I"IJ¡:;:<ÍII; de
ehissenii- ! it, (lu Pnr^.iirn-i ;( m i : .ji Un o
coloniale.
/tcjiféj '•>/̃ li ii!>' t at'iliihi rnen ii^<)-
IHuino (in ̃ .t > tir
de la h :<> 0 ioh\ de!,:;r, V
tinu.-V.s( 11. liofoi1 ̃.1 ce rôle
"",,;( ,'1' 'Iriv-jnctiénl nue de désinteres-
t.- ia cause coloniale.
lJicaiion, inspecteur général de 2° classe
des Colonies,.
S. A. U. le Prince Sutliarol, lils de S. M.
Norodniu, ancien Uni du Cambodge.
l'er.-Tiiat- Tram, Président du Conseil de
la Famille Koyale d'Annain.
Officier
MM.
Meurnier, Gouverneur de classe des Co-
lonies, Directeur (les Finances et de la
Comptabilité du Gouvernement Général de
l'A. O. F.
A ({uitlê le secrétariat général du Gou-
vernement de la Uuadeluuiie, après un
conflit avec le conseil général tiIL'il a
dissulls. Dans un poste de choix, à Dakar,
rendra irémineids services à M. Carde.
Cadier, Administrateur un chef des colo-
nies.
.lourda, Secrétaire-Econome de l'Ecole co-
loniale.
Moynac, Proviseur du Lycée Carnot il
Pointe-à-Pitiv. Chef du Service de l'Instruc-
tion Publique de la Guadeloupe et dépen-
dances.
Fonctionnaire infiniment dévoué il la
cause coloniale, depuis trente-quatre ans à
la Guadeloupe, professeur (lc philosophie,
puis censeur, enfin proviseur du lycée et
chef dit service de iInstruction publique,
ne compte que des amis dans la colonie. A
quitté ses fonctions au mois de juillet et a
été l'ol>iet à ce moment, d'une IlLOtion de
sijnipathie de tout le conseil général.
Pellissier-Tanon, Négociant-armateur i
ûlyennc.
lliehissime industriel, qui assure notam-
ment depuis de longues années les services
cotiers de la Guyane. Heureux propriétaire
d'une importante écurie de courses dont les
couleurs triomphent fréquemment sur les
, champs parisiens et provinciaux.
H;)/.y, Conseiller référendaire de lN classe
à la Cour des Comple, Membre de la Com-
mission des Concessions coloniales et du
Domaine.
Uocaché, Administrateur eu chef des colo-
nies.
Sauibue, Avocat-défenseur honoraire près
la Cour d'appel de Saigon.
Suhner, Sous-Directeur à l'Administration
Centrale du Ministère des Colonies. Chef du
Service colonial de Bordeaux.
Waller, Inspecteur général de lrc classft
des Postes et 'Télégraphes. Directeur des
Postes et Télégraphes de l'Indochine.
\lllI'nl., Médecin-major de lr0 classe des
troupes coloniales hors cadres. Chef de Sec-
teur de Prophylaxie de la maladie du som-
meil en A. E. F.
Mokar Hiro. Chef do Canton en Guinée
française.
Chevalier
MM.
Aubor. Pharmacien la Réunion. Maire
et conseiller général de Saint-Benoit.
Auphelle, Ingénieur principal de Wn classe
des travaux publics. Chef du Service hy-
draulique en Indochine.
Râlions, Administrateur «les Services d.
vils de l'Indochine en disponibilité. Indus-
triel à Snïgon,
Rarrietv, Administrateur de l™ classe dea
Colonies.
Rarthelemy, Publieisle. Président de la
LE NUMBRO : 80 CENTIMES
JEUDI SOIH, M JANVIER lm
Les Annales Coloniales
Cm mmumett et rédma MW rffla m
bureau te journal.
Directeurs s M. RUEDEL et L-G. THÉBAULT
Terne Im arfledi puHUe ému wetre jiiwni n» rnmtmu
Un mpmdwb Of" la * rntmàm
JOURNALJUOTIDIER
Rédaction & Administration :
m, M M Méd-TMM
PARIS CI-)
fil im t Louvm is-w
» RICHELIEU «744
ABONNEMENTS
mvec k supplément iUuetré :
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FfMMtt
CalMiM IM» M • K b
ttrufir.. t.
On grabmm - Mm ftu
tm - -- m os"
Guérisseurs, Féticheurs
Un article, reproduit dans un des derniers
numéros de la Tribune Indochinoise, me
fournit l'occasion de revenir sur ce sujet.
Nous ne nous doutons pas, quand nous con-
damnons en bloc, quand nous tournons en
ridicule toutes les pratiques médicales, sans
exception, des peuples auxquels nous appor-
tons nos méthodes scientifiques, que nous les
froissons dans leur ainour-propre, dans leurs
croyances, dans leurs traditions. La Tribune
Indochinoise proteste contre cette « petitesse
d'esprit 9, contre le c parti pris » des gens
qui, ayant la science infuse, devraient avoir
la première qualité du savant : la modestie,
et reproduit l'article de M. Jean Clary sur
la les coolies et leur médecine 9, afin de dé-
montrer que c les méthodes d'investigation
européennes appliquées sans idée préconçue
à l'étude de la médecine et de la pharma-
copée annamites pourraient donner lieu à des
trouvailles insoupçonnées. -
Parce que les coolies indigènes, venus de
leurs campagnes reculées, transportent dans
leur paquet de voyage tout un lot de supers-
titions; parce que, par exemple, un malade
des yeux, auquel on a appliqué sur la con-
jonctive quelques gouttes de collyre, s'em-
presse de remplacer ce médicament européen
par un médicament annamite, composé d'ex-
créments de chauves souris et de sang d'an-
guille de rizière, animaux qui doivent, par
leur sécrétions, guérir les ophtalmies puis-
qu'ils ont eux-mêmes des yeux excellents;
parce qu'un autre auquel on a administré une
dose d'huile de ricin absorbe dans la jour-
née « des remèdes annamites dont la recette
a sauvé le troupeau 9, on infère de ces quel-
ques cas particuliers, drôles, il est vrai. ou
pittoresques, que ces gens sont stupides. A
cette condamnation catégorique et sans ap-
pel, l'auteur de l'article oppose qu'il serait
bizarre que cette thérapeutique, appuyée sur
des expériences qui remontent à des milliers
et des milliers d'années, ne fut qu'un tissu
d'absurdités, de formules répugnantes, de
pratiques dangereuses.
L'Annam, comme le Japon, a emprunté
se thérapeutique aux Chinois. Je sais - qu'on
a tour à tour trop loué et trop rabaissé la
médecine chinoise. Voltaice écrivait dans son
Essai sur les Mœurs : : La théorie de la
médecine n'est encore chez les Chinois
qu'ignorance et erreur; cependant les méde-
cins chinois ont une pratique assez heureuse.
La nature n'a pas permis que la vie des
hommes dépendit de la physique. Les Grecs
savaient soigner à propos, sans savoir que le
sang circulât. L'expérience des remèdes et le
bon sens ont établi la médecine pratique
dans toute la terre : elle est partout un art
conjectural qui aide quelquefois la nature,
et quelquefois la détruit. - Cette pratique
heureuse, cette expérience des remèdes, re-
montent à plusieurs siècles avant notre ère.
J'ai lu l'histoire, légendaire assurément, de
cet empereur Houang-Ti qui régnait en
2.660 avant J.-C. On lui attribue l'invention
de la boussole, de l'arithmétique, du calen-
drier, que sais-je encore? des cercueils, du
tambour et de la médecine. Qu'on ne voie
pas là un rapprochement irrévérencieux.
C'était un grand souverain, un esprit prati-
que et hardi à la fois.
Trouvant que le nombre des prêtres crois-
sait et multipliait plus que de raison, il se
réserva le sacerdoce à lui seul : concentration
et économie. C'est à cet homme universel
qu'on attribue les premiers progrès de la
médecine « par l'inspection des vaisseaux
sanguins ». Mais bien avant lui les expé-
riences avaient commencé puisque trois mille
ans avant notre ère les Chinois avaient ré-
servé des jardins spéciaux aux plantes médi-
cinales.
De là, une modestie dans les prétentions
qui devait ravir Voltaire. M. Jean Clary cite
ce passe d'un philosophe chinois : « La mé-
decine ne peut rien que selon les vues et les
desseins impénétrables du ciel. L'homme ne
sait pas comment il naît et il ignore comment
il meurt; tout est mystère pour lui. Ses jours
sont comptés, la longueur de sa course mesu-
rée, et la borne de sa carrière est fixe et im-
mobile sans aucun espoir que la médecine
puisse y rien changer, parce que toute sa
vie est un anneau dans la grande chaîne des
destinées du monde, dont toutes les propor-
tions sont déterminées et immuables. La mé-
decine ne peut sauver de la mort, mais son
rôle reste admirable; elle sert à prolonger
l'existence et à guérir d'une foule de maux
qui assiègent notre pauvre humanité. »
M. Jean Clary veut voir là les précau-
tions d'un marchand de santé dont la philo-
sophie n'est qu'un paravent contre les récri-
minations des familles, en cas de décès d'un
malade. Non, il y a là autre chose et c'est
bien une philosophie médicale. Au cinquième
siècle avant J.-C., Hippocrate de Cos, au-
quel on fait remonter les premières victoires
de la science médicale sur l'empirisme, te-
nait à peu près le même langage quand il
bornait le rôle du médecin à assister, en spec-
tateur intelligent et secourable, à la lutte
entre la force vitale et les causes qui tentent
de la détruire, et à suivre la marche de la
maladie quand ces causes prenaient à la lon-
gue une supériorité contre laquelle - tout pou-
voir humain était vaincu d avance. De même,
dans son Dictionnaire PltiloJOplziqlte, Vol-
taire, grand admirateur d'Hippocrate dont
il louait la maxime : Experientia fallax, jll-
'diÛu", difficile, faisait répondre par un mé-
decin c honnête homme et qui ne fardait
point sa marchandise » à une princesse qui
l'interrogeait sur la puissance de son art :
« Nous gtiérisssons infailliblement tous les
maux qui se guérissent d'eux-mêmes. La
nature seule vient à bout des maladies qui ne
sont pas mortelles : celles qui le sont ne
trouvent dans l'art aucune ressource. »
M. Jean Clary ne le dit pas. Mais on
sent bien qu'à son avis plus d'un de ceux
qui méprisent les guérisseurs et féticheurs des
vieilles nations, pourraient trouver une leçon
d'humilité dans la page du philosophe chi-
nois. Ils pourraient aussi trouver de précieu-
ses indications dans les pratiques de la mé-
decine et de la pharmacopée annamites.
Sans doute, il cite des exemples qui nous
font sourire, avec indulgence et, parfois,
avec étonnement. Encore n'est-il pas complè-
tement absurde de penser que la chasse au
grand air ne soit pas un adjuvant utile pour
combattre la tuberculose, et qu'un verre de
sang de cerf, absorbé pendant qu'il est
chaud, ne puisse faire aucun bien à un indi-
vidu anémié. Mais ce qu'il dit de la phar-
macopée annamite, de l'emploi du santal,
de la girofle, de la noix vomique, du cam-
phre, des gentianes, nous amène à estimer,
avec lui, qu'à côté de pratiques bizarres,
« on trouve dans cette thérapeutique une
foule d'excellents moyens curatifs et de ju-
dicieuses observations J.
Il parle du a Formulaire Annamite des dix
mille maladies - qui contient des descriptions
très exactes sur les vertus de la menthe, du
safran, de l'armoise, et à qui se hâterait de
s'écrier : « Nous connaissions tout cela avant
eux P, il est prêt à répondre : avant eux,
non, et puis pourquoi ne pas avouer que
votre pharmacie européenne « recèle plus
d'un médicament dans la composition des-
quel entrent quelques éléments parasites et
inutiles ». L'auteur n'ajouterait pe^t-être pas
que ce sont parfois les plus coûteux. Ajou-
tons-le pour lui, et citons sa conclusion :
t Ne méprisons pas absolument la théra-
peutique et la pharmacopée annamites. Leur
riche flore médicale provient d'une expérience
de milliers d'années. Exercée en général par
des praticiens qui ne possèdent que peu d'ins-
truction professionnelle, la médecine indi-
gène dispose de ressources mal connues, mal
appliquées, et que, par conséquent, il ne se-
rait peut-être pas tout à fait inutile de mieux
étudier. »
Et de la part de nos praticiens qui, eux,
ont une instruction professionnelle sérieuse,
cela vaudrait mieux que la raillerie et que
l'incompréhension.
Mario Rouatan,
Sénateur de l'ilérauti, ancien mtnatre
Viee-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Les réservoirs à pétrole
aux colonies
--0-0--
M. Charles Baron, député, avait demandé
à M. le ministre de la Marine, par question
écrite du 23 décembre 1927 : 1° Quelles ont
été pour les diverses capacités réalisées les dé-
penses d'établissement des réservoirs à pétrole
construits par la marine dans les divers ports
et points d'appui, au cours des exercices 1924,
1925, 1926, 1927 ; 20 quelles ont été, au
cours de chacun de ces exercices, les dépenses
totales effectuées - pour - la réalisation du pro-
gramme de réservoirs de la marine.
Le ministre de la Marine vient de répondre,
en ce qui concerne les colonies, par le tableau
ci-dessous :
Ports et dates des marchés.
Capacités réalisées au lor janvier 1928.
Bizerte (novembre 1923) : 38.910 mètres
cubes (quatre réservoirs).
Dakar (décembre 1922) : 2.080 mètres cu-
bes (un réservoir).
Casablanca (mars 1927) : 2.200 mètres cu.
bes (deux réservoirs).
Quant aux dépenses d'établissement des ré-
servoirs proprement dits (fourniture et montage)
sans réchauffeurs intérieurs, elles se sont mon-
tées à 1.192.200 francs pour Bizerte, 102.000
pour Dakar, et 223.000 pour Casablanca.
Les camions à gazogène
00
Aujourd'hui, à midi, une expédition auto-
mobile coloniale dirigée par MM. Henri Du-
faux et Xavier Roubaud, a quitté Paris à
destination de l'A. O. F. et de l'A. E. F.
Cette expédition a pour objet de faire de la
propagande en faveur du gaz de bois. Elle
sera effectuée avec une camionnette alimen-
- - -- a
tée par un gazogène à bois. L'itinéraire est
le suivant : Paris-Bordeaux, le bateau jus-
qu'à Dakar, le Sénégal, le Soudan, le Niger,
le Tchad, l'OubanghiChari et enfin le Congo.
Le chef de l'expédition, Henri Dufaux, in-
génieur et peintre, a fait en outre de nom-
breux voyages en Afrique, d'où il a rapporté
des peintures appréciées.
Quant à Xavier Roubaud, son adjoint,
c'est également un spécialiste des questions
coloniales.
Les deux hardis voyageurs espèrent mener
à bien leur entreprise et prouver ainsi l'effi-
cacité de l'emploi du bois comme carburant.
i
UN BON TEXTILE
---0-0-
Dans la région de Bossangoa (Oubangui-Chari),
sur les bords de l'Ouham, se trouve une plante
textile appelée Lingué, qui, d'après l'exa-
men technologique de l'Institut national d'Agro-
nomie coloniale, ressemble à un beau jute, en
a la finesse, mais est, en outre, notablement
plus forte et plus souple.
Cette filasse remplira tous les emplois du
jute, aussi bien pour la corderie, le sac et la
toile d'emballage que pour les tissus d'ameu-
blement sans nécessiter d'autre matériel que
celui dont on se sert pour le jute.
La démission -
de M. A. Varenne
-
M. Varemte vient de prévenir
M. le ministre des Colonies qu'il
- ne - demanderait pas le renouvelle-
ment de sa mission, qui expire à la fin de
ce mois.
M. !e ministre des Colonies lui a exprimé
le regret que cause au Gouvernement sa dé-
termination et Va félicité de Voeuvre qu'il a
accomplie en Indochine.
Il est encore trop tôt pour juger d'une
façon définitive la politique de M. Varenne
comme gouverneur général de VIndochine.
Nous sommes persuadés qu'avec le recul du
temps, qui apaise bien des passions, on sera
beaucoup plus juste à son égard.
Il est, d'autre part, encore prématuré
d'apprécier les résultats de certaines de ses
mesures. La raison en est qu'il faut attendre
qu'elles soient réalisées et surtout voir la
manière dont ceux qui viendront après lui
les appliquCTont. Je ne sais plus quel géné-
ral avait l'habitude de dire qu'un ordre im-
porte moins que la manière dont ou en sur-
veille Vexécution. Rien n'est plus vrai. Et
ceci s'applique bien au cas de M. Varcllne.
M. Varenne s'en va juste au moment où
il était nécessaire qu'il restât. Il avait pris
des initiatives heureuses, intelligentes et
crjsii fait des efforts louables pour rétablif
une situation assez chancelante. Seulement,
il ne sera plus là pour voir comment ses ré-
formes seront appliquées.
Il n y a dans ces reflexions rien de déso-
bligeant pour M. Varenne, dônt nous igno-
rons les raisons qui l'ont déterminé à renon-
cer aux hautes fonctions qu'il occupait de-
puis deux ans et demi.
Mais son cas pose une question d'ordre
général, si je puis dire, bien que ne s'agisse
en fait que de l'Indochine.
La question n'est pas tout, à mon sens, de
savoir si on enverra à Hanoi un administra-
teur du cadre des colonies ou un homme po-
litique que ses capacités et son passé dési-
gneraient pour ce poste difficile, mais de
savoir pour combien de temps on l'y cttvcrra.
Les deux thèses qui s'af frontent toutes les
fois qu'tm gouvernement général est vacant
sont également défendables et je ne crois pas
qu'on puisse à priori rejeter l'une ou accep-
ter l'autre d'une façon absolue. Des argu-
ments très forts militent en faveur de l une
et de l'autre. On ne peut pas, à mon sens,
prendre un parti définitif. La décision dé-
pend des hommes et des circonstances. Le
système que les Anglais pratiquent pour la
vice-royauté des bides n'est pas, somme,
toute, mauvais. Cependant, rien n'indique
que nous devions servilement le copier.
Mais, quel que soit le parti auquel on
s'arrête, il est une règle qu'il faut s'imposer,
c'est de ne pas envoyer là-bas ce que j'ap
pellerai des intérimaires. Or, depuis près de
dix ans, c'est-à-dire depuis le retour d'Albert.
Sarraut, il n y a guère eu à Ilanoï que dc..
intérimaires, des gouverneurs généraux qui
n'y sont allés que, les uns dans le dessein
de voir du pays et de satisfaire certains sen-
timents de vanité, les autres dans celui
d'achever en occupant le plus haut- poste de
VAdministration coloniale, une carrière mo-
destement commencée.
Je ne veux pas m'attard er à m'indigner
en présence de ces faits. Qu'il me suffise de
dire qu'une pareille pratique a eu les résul-
tats les plus néfastes. Cette colonie n'est
plus administrée. Aucun des problèmes qui
Vintéressent n'est, vraiment examiné, étudié.
T..es solutions qu'ils comportent ne sont pas
mises au point. C'est le régime des palabres,
des discours pompeux, des velléités. C'est
la rivalité de clans, de coteries d'autallt plus
forte que celui qui devrait normalement
faire régner l'ordre, imposer sa volonté n'est
qu'un oiseau de passage dont, à peine arri-
vé, on suppute déjà le départ.
Nous n'avons pas beaucoup de fautes à
commettre en Indochine. Et il n'est pas né-
cessaire d'en ajouter une autre à celles qui
ont déjà été accumulées en désignant pour
gouverner ce pays un nouvel intérimaire.
Henry Fontanier
Député du Cantal.
Vice-président de la Commission
des Colonies.
Secrétaire de la Commission
des Altaires étrangères.
-60.
ItftMES DE- L'IRIOCHIIE
Exploitation de gisements minéraux
Sous la dénomination « Clirôme et Nie-
kel » est fondée à Hanoï une société anon-
mjme au capital de 1.000.000 de piastres
ayant pour objet l'exploitation de gisements
minéraux comportant principalement le
clirôme et le nickel de la région de Than-
ffoa, Annam. Les fondateurs sont MM. A.-
11. Fontaine, président du Conseil d'admi-
nistration des Distilleries de t'Indochine, et
François l,ahcs.c, industriel à Paris.
Les apports algériens
sur le marché métropolitain
Une baisse a été enregistrée sur le mar-
ché métropolitain, sur les pommes de terre
nouvelles d'Algérie. On les cotait mardi à
230 et 280. Les oranges, dont les arrivages
ont été restreints, étaient plus chères que
voilà quelques jours (180 à 450 fr. les 100
kilos). Par contre, les vendeurs de manda-
rines ont dû faire des concessions, beau-
coup de ces fruits étant arrivés avariés ; c'est
la conséquence de pluies excessives. On co-
tait, le même jour, les mandarines à 260 et
450 fr. les 100 kilos.
BROUSSES
& BROUTILLES
---0-0--
'-'. Plus fort qu'Orphée
On a vu ces jours derniers au Cirque de
Paris un spectacle inaccoutumé : quatre
lionnes présentées, non point par un domp-
teur professionnel, mais par un journaliste-
poète qui en obtenait la plus parfaite obéis-
sance sans recourir au moindre geste bru-
tal.
Ce sympathique confrère, M. Louis Dal-
garra, avait auparavant soutenu, dans une
garra, d'articles, que l'on pouvait dresser par
série
la seule douceur les bêtes féroces. C'était
bien d'un poète. Mais démontrer, au péril
de sa vie, la vérité d'une thèse, c'est d'un
homme brave, et abandonner tout le mon-
tant de son engagement à la « Société de
secours immédiat aux artistes - de cirque - »,
c'est d'un brave homme.
Pauvre Orphée ! Ce n'était pas assez de
servir de patron à des sociétés dites musi-
cales et qui ne le sont pas toujours, voire,
horresco referens, à des amateurs de bigo-
phone ! On peut se passer de sa lyre pour
charmer les fauves. Le malheureux époux
d'Eurydice doit faire une tête vexée, parmi
les asphodèles des Champs-Elysées.
Pourtant, je l'avoue, je n'irai pas essayer
la méthode de M. Louis Dalgarra aux con-
fins de la Mauritanie et du Soudan, ni entre
Luang Prabang et Hué,
On demande un pèse-bébé
Le 2Se régiment de tirailleurs algériens,
•̃à Sarrebourg, est à la tête, si l'on peut dire,
de 87 poupons qui appartiennent plus par-
ticulièrement à un certain nombre de sous-
officiers rengagés, et il a à sa tête le colo-
nel Millet.
Comme les quelques Français auxquels la
guerre et ses suites joyeuses n'ont pas tout
à fait tourneboulé l'entendement, le colonel
Millet est d'avis, certes, qu'il faut faire des
enfants, mais qu' le sauvetage de ceux qui
existent est de première urgence.
Il s'efforce donc de créer à Sarrebourg
une pouponnière. Le toubib et les frmmes
d'officiers du régiment l'aident, de toute leur
bonne volonté, à réaliser son projet. Mais
les fonds manquent, et le 25e tirailleurs n'a
même pas un pèse-bébé, le cas n'étant pas
prévu par la rue Saint-Dominique.
Le colonel demande un pèse-bébé et quel-
que pécunc, Nous avons plaisir a publier
sa requête et à louer un projet où il appa-
raît, non seulement comme le père, mais le
grand-père du régiment.
Audion
Lefoot-ball à Madagascar
---0-0--
Avant l'arrivée des Français à Madagas-
car, les indigènes pratiquaient un grand
nombre de jeux, mais ceux-ci ne faisaient
valoir que des qualités physiques individuel-
les, où la culture et l'entraînement n'étaient
pour rien. Il n'existait aucune société ou
groupe sportif - au sens - où nous l'entendons.
- Mais lorsque le football (association et
rugby) furent introduits dans l'Ile par les
Européens, les indigènes, bons observateurs,
purent se rendre un compte exact du beau
résultat que l'on peut obtenir par la cohé-
sion et la discipline de l'ellort de plusieurs
individus. Et les nuelnucs Européens, sports-
men consommés, qui eurent l'idée de for-
mer des équipes malgaches de football, no-
tamment de rugby, ne tardèrent pas à voir
leur peine récompensée, ces équipes autoch-
tones ayant pu, après quelques mois seule-
ment d'apprentissage, faire bonne figure de-
vant l'équipe européenne du Bataillon de
l'Emyrne, composée d'athlètes rompus à tous
les exercices du corps et ayant l'expérience
du jeu.
Ainsi l'on assista à des rencontres intéres-
santes à Tananarive, depuis 1911, et que la
guerre vint interrompre.
A la fin des hostilités, la vogue du foot-
ball ne cessa de croître.
Les clubs indigènes, loin de se découra-
ger de quelques défaites successives, se refor-
maient plus nombreux, et en 1926, huit so-
ciétés étaient engagées pour disputer le
« championnat de Madagascar de rubgy >»,
et l'une d'elles, la plus ancienne au point
de vue formation le I( Stade » enleva
au « Racing » le titre de champion de Ma-
dagascar qu'il a conservé encore cette an-
née.
Ce club a eu également cette même année,
le championnat d'Association, ainsi que ce-
lui d'Athlétisme interclub ; il est sorti vain-
queur aussi dans la compétition athlétique
pour la coupe « Citroën ».
Il est à souhaiter que le mouvement spor-
tif de la Grande Ile aille encore se déve-
loppant. Le sport est une admirable école,
non seulement de vigueur physique et mo-
rale et de discipline, comme on l'a dit mille
fois, mais de loyauté, qu'il faut, en cette
occurrence coloniale, écrire loyalisme.
Cinéma Colonial
O"ce"
M. Fescourt en Algérie
M. H. Fescourt irait au printemps pro-
chain en Algérie, tourner quelques exté-
rieurs de « l'Occident », d'après l'œuvre de
Kistemaeckers, avec Mme Claudia .Victrix
comme interprète.
« Le Jardin d AUah H
Ce dernier film de Rex Ingram est com-
plètement terminé, et on annonce sa pro-
chaine présentation dans une salle de"
grands boulevards à Paris.
Film interdit
Le Comité de censure d'Alger vient d'in-
terdire pour toute l'Afrique du Nord 1':.'$-
clave Blanche.
CANDIDATURES
GUADELOUPE
A la Pointe-à-Pitre, M. Graev, avocat, in-
dustriel, Conseiller Général du Moule, se
présentera aux élections législatives.
Il aura pour concurrent communiste M.
Max Bloncourt, petit-fils de l'ancien député
de la Guadeloupe.
Les indigènes
voteront-ils
La représentation parlementaire
des indigènes.
En ouvrant la séance du Comité d'action
républicaine aux Colonies, le Président, M. le
sénateur Viollette, a tout d'abord fait remar-
quer que pour résoudre le problème de la repré-
sentation des indigènes au Parlement, il fallait
clarifier la question et la compartimenter, par
suite des diverses catégories d'indigènes et de
colonies.
Indépendamment de toutes contingences et de
statut personnel, la représentation des indigènes
au Parlement s'impose, car le Parlement n'est
pas autre chose que la représentation de tous
les intérêts qui, à l' abri de la loi française, doi-
vent avoir droit de cité dans les assemblées lé-
gislatives pour suivre la politique générale du
pays.
Or, les populations indigènes ont les mêmes
droits, elles y sont intéressées au même titre
que les populations européennes. N'y a-t-il pas
en fin de chacune de nos lois un article final
applicable à certaines colonies, et la législation
coloniale se modifie avec la législation métro-
politaine qui est le rythme de la législation
unique du territoire français colonial et métro-
politain tout à la fois.
S'associant aux idées émises par M. Viol-
lette, M. Blaise Diagne, député du Sénégal
et président de la Commission des Colonies,
ajouta :
C est une œuvre de justice que nous pour-
suivons.
C' est pour l' avenir même, pour leur bénéfice
que nous devons considérer cette question de la
représentation parlementaire des indigènes de
la plupart de nos colonies comme un levier per-
mettant de mettre en mouvement ces masses si
différentes qui vivent dans notre empire colo-
nial.
N' est-ce pas une iniquité flagrante qui existe
en Algérie où 700 à 800.000 colons sont re-
présentés au Parlement, alors que 5 millions
d'indigènes ne le sont pas.
L'élection, l'éligibilité des indigènes de nos
colonies sont la rançon de la guerre.
Nous devons tenir compte" du passé, des
droits acquis et d' une situation de fait pour ins-
tituer une dualité de représentation qui serait,
le cas échéant, comme une soupape de sûreté.
L'expérience doit cependant être tentée avec
le maximum de garanties en sélectionnant le
collège électoral et en ne s'adressant qu' aux
colonies suffisamment évoluées telles que l'A.
O. F., le Dahomey.
Pour l' A.L.F., la question ne se pose certes
pas pour l'instant, mais f)t'UI' Madagascar nous
nous trouvons dans lr même situation qu'en Al -
gérie.
En Indochine. le problème est iv.mcoup pipi
délicat, étant donné que si U Orxhinclune {:51
sous notre administration directe, les autres
contrées sont pays de protectorat comme le sont
la Tunisie et le Maroc. Mais la France peut
tout de même y instituer l'autorité légale sous
forme d'assemblées délibérant sur les aspira-
tions des populations.
C' est à une élite que nous devons recourir,
à une élite représentant la somme des qualités
qui nous permettront de nous rendre compte des
étapes parcourues parmi ces populations par la
civilisation française.
Entre nous et les indigènes, il n'y a de place
que pour la vérité, la justice et la raison. Et
c est en gagnant le cœur et le cerveau des
populations indigènes que nous les élèverons à
notre niveau, ce qui est la fin honorable de
toute colonisation.
Après avoir insisté sur la nécessité de doter
nos colonies d' assemblées véritablement repré-
sentatives des intérêts des indigènes, le docteur
Boussenot, délégué de Madagascar au Conseil
Supérieur des Colonies, fit voter à l'unanimité
l'approbation des conceptions de M. Diagne
dont il loua l'exposé si cl air, si éloquent et si
persuasif.
Eugène Devaux
–-
M. Steeg en France
--0-0--
M. Steeg, accompagné de Mme Stceg et
de M. Dubroca, chef du secrétariat particu-
lier, est attendu à Marseille, demain, par
le paquebot Medie-ll. Le Résident Général
se rend en France pour présenter le budget
du protectorat au ministère des Affaires
étrangères. M. Steeg a été salué, sur le quai
de la care maritime de Casablanca, par M.
Urbain Blanc, délégué à la résidence; le
général Vidalon, les principaux directeurs
de la Résidence, ainsi que par toutes les
autorités locales, civiles et militaires, euro-
péennes et indigènes et une délégation des
corps constitués. Une foule nombreuse assis-
tait à leur départ et a salué respectueuse-
ment Mme Steeg et le Résident.
A bord du même paquebot, voyagent Mme
Duclos et ses enfants, ramenant en Franco
le corps de M. Duclos, ancien directeur des
affaires indigènes à la Résidence, mort ac-
cidentellement vendredi dernier. En raison
de cette présence, M. Steeg a demandé que
les honneurs militaires ne lui soient pas
rendus à son départ.
L'avènement de Sidi Mohamed
-o-
Comme nous l'avions annoncé, après avoir
fait son entrée solennelle à Meknès, le Sultan
.) I d riss.
s'est rendu au tombeau de Moulai Idriss.
A cette occasion, comme on tenait absolu-
ment à donner à cette cérémonie qui couronne
la tournée impériale, un caractère purement ma-
rocain, aucune troupe française ne faisait partie
du cortège ; seuls la garde noire à cheval et à
pied et les cavaliers des tribus à cheval avec
leur caïd en grand apparat ont fourni l'escorte.
(Par dépêche.)
Au Conseil du Gouvernement
de l'Algérie
Pur décret du Président de la République
en date du 20 janvier 11)28, rendu sur la pro-
position du ministre de l'Intérieur, M. Mau-
ty,di'r<'ci<')H' de l'Intérieur au Gouvernement
général de l'Algérie, est nommé conseiller
île gouvernement de t re l'\usse, en remplo-
renient de M. Sabalier, et par permutation
avec lui.
Bienv s inancejrocraairice.
Peut-on faire appel à la fI bienveillance
procréatrice » du haut fonctionnaire? Un
agent des P. T. T. tonkinois, mari d'une
sage-femme, le fit à peu près en ces termes :
Il Je me suis marié pour assurer le culte
de la reproduction et mes satisfactions. J'ai
sollicité l'autorisation de nous réunir, ma
femme et moi, dans une même province, sous
le même toit, pour éprouver la satisfaisance
de notre acte de mariage. Mais l'adminis-
tration sépare les deux époux d'un mur in-
franchissable par les chemins. Comment sa-
tisfaire à la loi de l'cngcndrement ? C'est
pourquoi je fais la tentative trop forte de
vous demander de vous gêner pour ma re-
connaissance éternelle de réunir les deux
époux pour la procréation de celui qui sera
ainsi votre enfant. »
Il reste à savoir si la bienveillance pro-
créatrice du haut fonctionnaire indochinois
donna à son subordonné la satisfaction que
réclamait ses moyens procréateurs.
LIRE EN SECONDE PAGE :
M. Alexandre, Varenne daime le renouvelle-
ment de sa mission.
A lu harnbre.
r ré s de l'Instilut de.s llaules-litudes ma-
rocaines.
DANS LA LEGION D'iHiNNhl'M
0
La promotion
du Ministère des Colonies
---0-0--
Grand Croix
M.
l'on-Jlmt-llan, Kégenl de l'Empire d'An-
na rn.
Commandeur
MM.
Lapalud, Gouverneur de 1re cl. des
Colonies. Lieutenant-Gouverneur de la Côte
d'Ivoire.
C'est un des plus distingué? fonction-
naires coloniaux, sa carrière 'uborieuse, et
probe reçoit là une juste récompense.
I.ounvi). Conseiller 1. I ; Cour du Cas-
sation, .Mfrntoy (Ii" lu ';.!I"IJ¡:;:<ÍII; de
ehissenii- ! it, (lu Pnr^.iirn-i ;( m i : .ji Un o
coloniale.
/tcjiféj '•>/̃ li ii!>' t at'iliihi rnen ii^<)-
IHuino (in ̃ .t > tir
de la h :<> 0 ioh\ de!,:;r, V
tinu.-V.s( 11. liofoi1 ̃
"",,;( ,'1' 'Iriv-jnctiénl nue de désinteres-
t.- ia cause coloniale.
lJicaiion, inspecteur général de 2° classe
des Colonies,.
S. A. U. le Prince Sutliarol, lils de S. M.
Norodniu, ancien Uni du Cambodge.
l'er.-Tiiat- Tram, Président du Conseil de
la Famille Koyale d'Annain.
Officier
MM.
Meurnier, Gouverneur de classe des Co-
lonies, Directeur (les Finances et de la
Comptabilité du Gouvernement Général de
l'A. O. F.
A ({uitlê le secrétariat général du Gou-
vernement de la Uuadeluuiie, après un
conflit avec le conseil général tiIL'il a
dissulls. Dans un poste de choix, à Dakar,
rendra irémineids services à M. Carde.
Cadier, Administrateur un chef des colo-
nies.
.lourda, Secrétaire-Econome de l'Ecole co-
loniale.
Moynac, Proviseur du Lycée Carnot il
Pointe-à-Pitiv. Chef du Service de l'Instruc-
tion Publique de la Guadeloupe et dépen-
dances.
Fonctionnaire infiniment dévoué il la
cause coloniale, depuis trente-quatre ans à
la Guadeloupe, professeur (lc philosophie,
puis censeur, enfin proviseur du lycée et
chef dit service de iInstruction publique,
ne compte que des amis dans la colonie. A
quitté ses fonctions au mois de juillet et a
été l'ol>iet à ce moment, d'une IlLOtion de
sijnipathie de tout le conseil général.
Pellissier-Tanon, Négociant-armateur i
ûlyennc.
lliehissime industriel, qui assure notam-
ment depuis de longues années les services
cotiers de la Guyane. Heureux propriétaire
d'une importante écurie de courses dont les
couleurs triomphent fréquemment sur les
, champs parisiens et provinciaux.
H;)/.y, Conseiller référendaire de lN classe
à la Cour des Comple, Membre de la Com-
mission des Concessions coloniales et du
Domaine.
Uocaché, Administrateur eu chef des colo-
nies.
Sauibue, Avocat-défenseur honoraire près
la Cour d'appel de Saigon.
Suhner, Sous-Directeur à l'Administration
Centrale du Ministère des Colonies. Chef du
Service colonial de Bordeaux.
Waller, Inspecteur général de lrc classft
des Postes et 'Télégraphes. Directeur des
Postes et Télégraphes de l'Indochine.
\lllI'nl., Médecin-major de lr0 classe des
troupes coloniales hors cadres. Chef de Sec-
teur de Prophylaxie de la maladie du som-
meil en A. E. F.
Mokar Hiro. Chef do Canton en Guinée
française.
Chevalier
MM.
Aubor. Pharmacien la Réunion. Maire
et conseiller général de Saint-Benoit.
Auphelle, Ingénieur principal de Wn classe
des travaux publics. Chef du Service hy-
draulique en Indochine.
Râlions, Administrateur «les Services d.
vils de l'Indochine en disponibilité. Indus-
triel à Snïgon,
Rarrietv, Administrateur de l™ classe dea
Colonies.
Rarthelemy, Publieisle. Président de la
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