Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-12-29
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 décembre 1927 29 décembre 1927
Description : 1927/12/29 (A28,N193). 1927/12/29 (A28,N193).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451186q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
YïNûT-UUiïliiME ANNliK. - Na 193
LE NUMERO : 90 CENTIMES
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Les annonces et réelames tonl reçue* -
bureau du fournoi.
DIRECTEURS S Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAUt*^
Tout la articles publiés dam notre tournoi ne oeuvent
être - qu'en citant les Anwa Gouwuus.
JOUIIIIL QUOTIOIEI
Rédaction & Administration :
S4, tMMMMHMMf
PARIS O")
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RICHCLIKU WT-M
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré :
Un se 0 lIob S mois
France et
Colonial 120 » 66 » Ii.
Étranger 180 » tao. 60 »
On * tbonnt sans trais dans
tons les bureau dm posl*.
A.U TOGO
L'émigration vers la côte
Je me suis attaché, dans de précédents
articles, x montrer l'immense intérêt écono-
mique qu'il y aurait à encourager les popu-
lations de l'intérieur à quitter les territoires
souvent stériles où elles vivent misérable-
ment et à faciliter leur établissement dans
des régions moins éloignées de la mer, plus
fertiles et plus aisément exploitables, mais
demeurées improductives faute de main-
d'œuvre. J'exprimais, en outre, l'opinion
que ces déplacements de population ne com-
portaient aucune difficulté insurmontable
pour peu que les administrations intéressées
fussent animées d'une égale bonne volonté et
d'un réel et tenace désir d'aboutir.
Or, il se trouve que cette opinion, par-
tagée par de nombreux coloniaux, rencontre
aussi quelques adversaires. Belle idée en vé-
rité m'a dit notamment, avec un sourire
sceptique et désabusé, un vieil africain tic
mes amis, mais allez donc un peu la réaliser
sur le terrain et vous aurez vite fait de vous
rendre compte qu'une tribu attachée à son
sol par des traditions ancestrales et mille
superstitions ne se laisse pas déplacer
comme tuie troupe de tirailleurs et qu'on ne
crée pas de nouveaux villages dans les ré-
gions désertes des tropiques comme on or-
ganise des lotissements dans la banlieue de
Paris.
Ces objections m'incitent à revenir sur une
question qui me tient à coeur car elle m'ap-
paraît d'une importance primordiale pour
l'avenir économique de notre empire africain.
Je voudrais aujourd'hui convaincre les scep-
tiques en leur mettant sous les yeux la
preuve, en l'espèce un exemple concret de
transplantation d'indigènes qui,, '- voulue et
organisée tout entière par l'Administration,
entreprise à l'origine en petit et très pru-
demment, se poursuit actuellement sur une
vaste échelle et sans aucun à-coup. C'est
dans un pays sous mandat que j'irai cher-
cher cet exemple, au Togo, dont un Gouver-
neur à l'intelligence ouverte et à l'esprit
positif toujours en éveil, a su faire un do,-
maine magnifique qui mériterait à tous
égards de servir de modèle à beaucoup de
nos possessions plus anciennes où les idées
neuves et fécondes n'ont pas encore triomphé
'de la routine et des vieux préjugés.
Comme dans la plupart de nos colonies,
la population est au Togo très inégalement
répartie le long de cet immense couloir qui,
de la mer à la Haute-Volta, ne compte pas
moins de 700 kilomètres; alors que le Nord
et le littoral sont fort peuplés, la zone inter-
médiaire, qui possède cependant des terres
propres aux divers genres de culture, est
quasi déserte. En présence de cette situation
démographique peu favorable à la mise en
valeur intégrale du territoire. l'administra-
tion locale conçut, en 1922, l'idée de colo-
niser la zone dépeuplée en y attirant les po-
pulations des pays Cabrais du Nord où la
densité moyenne - de 40 à fo habitants au
kilomètre carré - est relativement impor-
tante pour l'Afrique.
Le premier soin fut de consulter les chefs
et notables intéressés et de faire comprCll-
dre aux indigènes, au cours de longues et
patientes palabres, l'avantage que trouve-
raient les leurs à émigrer avec une partie de
leur famille vers le Sud pour s'installer au
large, sur des terres fertiles et faciles à cul-
tiver. Certes la tâche se présentait ardue car
le Cabrais est fortement attaché à sa terre
par le culte absolu qu'il voue à ses ancêtres
et qui lui interdit notamment de se faire en-
terrer ailleurs que dans le caveau familial.
Mais comme il est essentiellement agricul-
teur la perspective d'entrer en possession de
yastes terrains de culture ne pouvait man-
quer de le séduire et ce sentiment que l'ad-
ministration développa chez lui avec une pa-
tiente persuasion devait à la. longue l'em-
porter sur toute autre considération. Il arriva
donc qu'un jour plusieurs familles exprimè-
rent le désir d'aller tenter dans le sud
l'expérience qui leur était offerte.
On conçoit qu'en pareille matière, 1 Ad-
ministration ait, dès l'origine, répudié toute
idée de contrainte pour appuyer son action
et fonder la réussite de ses projets de trans-
plantation exclusivement sur la libre adhé-
sion de ses protégés. Ce consentement une
fois acquis, il importait d'entourer les pre-
miers exodes de minutieuses précautions ma-
térielles pour éviter les déboires et les misè-
res de toutes sortes qui, dans ces pays, nais-
sent avec une redoutable rapidité du climat,
des intempéries, d'une alimentation insuffi-
sante; il fallait enfin s'assurer de la qualité
du sol qui, pour la première fois, allait être
mis en culture.
Déjà des (';spositions avaient été prises et
dans la région qu'il s'agissait de peupler les
services de santé et de l'agriculture avaient
déterminé les zones offrant le plus de ga-
ranties au double point de vue sanitaire et
agrrolc, Des crédits spécialement prévus au
budget permettaient au surplus de couvrir
les dépenses qu'allait occasionner cette expé-
rience. En temps voulu donc, à la fin de
1924, deux emplacements soigneusement étu-
diés étaient aménagés au nord d'Atakpamé
n bordure de la route et une quinzaine de
familles cabraises venaient s'y installer. Les
émigrànts trouvèrent en arrivant sur place du
ravitaillement, l'outillage aratoire nécessaire,
des graines et plants et même du bétail gra-
tuitement prêté par l'Administration. On
prit grand soin dans les mois qui suivirent
d'effectuer très régulièrement des distribu-
tions de vivres en même temps que de très
fréquentes visites sanitaires.
Les vastes plantations entreprises suivant
le9 conseils de l'Administration- et dès leur
arrivée par les nouveaux colons, produisi-
rent le moment venu, des récoltes tellement
abondantes que ceux-ci connurent immédia-
tement la prospérité et convièrent d'autres
familles à venir les rejoindre. Leur nombre
en peu de temps doubla et tripla.
Depuis trois ans ont été constitués suivant
les mêmes méthodes, d'autres noyaux de po-
pulation auxquels viennent chaque jour s'ag-
glomérer de nouveaux éléments venus du
Nord.
L'élan est donné. Bien plus, la « pous-
sée » vers le Sud a pris une allure telle que
l'Administration a dû récemment se préoc-
cuper de ralentir l'affhix des immigrants
afin d'éviter que ceux-ci ne souffrent au mo-
ment de leur installation d'une préparation
insuffisante. C'est ainsi que tout dernière-
ment, un chef très écouté, le chef de Kod-
jène, demandait à l'Administration do
Sokodé, l'autorisation de descendre avec les
20.000 hommes de son commandement sur
les terres vacantes.
Là où le voyageur ne rencontrait, il y a
trois ans, qu'une savane inculte, s'étendent
maintenant à perte de vue d'immenses plan-
tations, source de richesses nouvelles pour
le pays et ses habitants. Hier le désert et
la mort, aujourd'hui la fécondité et la vie.
I"ceuvre qui se poursuit au Togo, et que
son chef a conçue comme une colonisation
intérieure du pays par ses propres habitants,
ne manquera pas d'exercer une influence con-
sidérable sur le développement économique
de ce territoire. La même expérience tentée
sans douceur par les Alleman. avait échoué ;
l'Administration française a réussi par la
seule persuasion. Je ne m'explique pas pour- 1
quoi, dans d'autres possessions étroitement
semblables au Togo, notre Administration ne
s'efforce pas d'obtenir les mêmes résultats
par des moyens identiques conformes à nos
méthodes colonisatrices et au génie de notre
race.
Pierre Valatle.
Député du Cher,
Ancien ministre.
BROUSSES
& BROUTILLES
Pour aller à Tunis
Il est nécessaire, s'il n'est peut-être pas
suffisant, d'être jolie pour aller à Tunis gra-
tuitement et même y recevoir des hommages,
des fleurs et des cadeaux.
Entendons-nous I Ce sera, comme on dit,
en tout bien, tout honneur.
La jeune fille, en effet, qui sera élue reine
de Paris de 1928, se verra confier, au cours
de son règne, la présidence des fêtes de Tu-
nis, du 18 au 21 février.
Donc, mesdemoiselles, préparez vos armes.
Cambrez votre taille et soignez les attitudes
qui font le mieux valoir une jolie jambe.
Ayez le teint frais et l'œil, si je puis dire,
naturellement cerné, afin qu'il émeuve par
sa langueur. Et surtout, sachez, sans avoir
l'air de le faire exprès, sourire gentiment,
ce qui sera l'une de vos fonctions essen.
tielles.
Tunis, ça vaut le voyage et vous n'y gre-
lotterez pas, du moins il faut l'espérer,
comme sous les bises - je parle des mé-
téores - de notre ciel parisien trop souvent
dépourvu de galanterie.
Sport et cannibalisme
D'après un voyageur allemand, les natu-
rels des îles Fidji ont une école commer-
ciale, vont à la messe, chantent des canti-
ques, jouent au football et au tennis. Ainsi
comblés de distractions, ils en oublient de
manger de l'homme.
Il ne faudrait pas, cependant, s'y fier, sur-
tout lorsqu'ils pratiquent le football. L'une
des règles de ce jeu étant, pour les joueurs,
de se bouffer le nez lorsqu'ils ne sont pas
contents de l'arbitre, il y a lieu de se de-
mander si un cannibale, ça comprend la mé-
taphore.
Audion
L'Aviation Coloniale
--o,--
Toulouse-Casablanca
L'avion fronçais qui a atterri à AJmeria
(Espagne) n'a pas pris feu ainsi qu'on
rayait annonfcé. il avait une simple panne.
France-Amérique du Sud
Le ministère de la Guerre de la Républi-
que du Chili, a chargé de la réception des
aviateurs Costes et Le Brix la direction de
l'aéronautique ; elle a invité la population
de Lima et de Callao à assister, à l'aéro-
drome de Las Palmas, A l'arrivée des avia-
teurs, qui suivront l'itinéraire la Pax-Lima,
en survolant les villes intormédiaires.
Le ministre de la Guerre offrira un grand
banquet officiel en l'honneur de Costes et
de Le Brix.
Le journal El Sol écrit au sujet des avia-
teurs.
Leur vol est un vol mathématique et scientl-
fique, auquel rien ne manque ; ils arrivent cha-
que fois au moment prévu.
Paris-Hanoï
L'avion Gcorgcs-Guyncmcr, de la mis-
sion Antoinal, a atterri ii Rayak, aérodro-
me de Devronth, dans de bonnes condi-
tions.
Le raid est interrompu à la suite d'ins-
tructions du ministère, (parvenues à l'ar-
mée du Levant.
Il sera reprise à une date ultérieure, avec
point de départ en Syrie.
TAUX DB LA PIASTRE
oo
Le Gouverneur général de l'Indochine vient
de faire connaître au ministre des Colonies qu'à
la date du 25 décembre 1987, le taux officiel
de la piastre était de 12 fr. 90.
Préjugés
On a quelque hésitation à re-
commencer et cependant on a une
excuse. Laquelle? La même que
Eierrot expose si candidement à Charlotte
dans le Don Juan de Molicre :
a Je te dis toujou la même chose, parce
que c'est ioujou la même chose ; et si ce
n'était pas toujou la même chose, je ne le
dirais pas toujou la même chose. »
Sur les 60 milliards que nous versons à
Vétranger pour nous nourrir, nous vêtir,
.nous entretenir, combien pourrions-nous fil
apporter à notre France coloniale au lieu de
les apporter à l'Allemagne, à l'Angleterre,
aux États-U tris qui nous demandent des
marks-or, des livres sterling et des dollars?
Les calculs varient, mais la réponse reste
la même : Beaucoup assurément. Un exem-
ple entre autres nous sili fira pour alilollr-
d'hui.
Le Français a acheté à Ceylan 1.306.766
livres de thé en 1926, contre 915.000 en
1925. C'est du progrès à rebours. J'entends
bien l'objection : le thé de Ceylatt est su-
périeur à notre thé indochinois. - Pas de
chance, répliquerai-jc. Des renseignements
qui nous sont fournis il résulte, au contraire,
qu'en 1926 le thé de Ceylan a été remar-
quablement au-dessous de ce qu'il était, soit
parce qu'on a trop prodigué les engrais,
soit parce que de la cueillette à la sortie de
l'usine les soins ont été insuffisants.
Vaugmentation de la production du thé
dans le monde a été si considérable que
l'india Tca Association a suspendu la
cueillette, le 20 novembre 1925, afin que
les cours descendus à 84 cents puissent rc-.
monter à 99 cents. Et la France achète du
thé de Ceylan pendant que le thé indochi-
nots subit une crise.
On note, en effet, que VIndochine qui a
exporté 2.305 quintaux dans les quatre pre-
miers mois de 1926, ,,'a exporte que 1.240
qlllntatix dallS cette même période, de 1927
(et déjà la diminution en 1926 était sensible
en comparaison de Vannée précédente). Or,
la qualité du thé indochinois ri est pas infé-
rieure à celle du thé de Ceylan, les prix
sont plus avantageux, le supplément de
coût dit fret ne grève pas le prix de rci,ic,
d'une somme appréciable.
Alors? Alors, l'explication est simple, Il
y a une attitude singulière de la part d'un
grand nombre de consommateurs frallçais.
Une sorte de méfiance instinctive, inexpli-
cable, s'élève dans leur esprit dès qu'il
s'agit de produits venant des provinces de no-
tre empire colonial. Ils aiment mieux payer
plus cher un produit qui vienne d'une colonie
étrangère. Que dis-je? Ils aimeraient même
mieux payer plus cher un produit d'une co-
lonie française qui aurait passé par un pays
étranger. C'est une conception originale du
respect qui est dû aux appellations d'ori-
gine. Vous répliquerez que, réciproquement,
il y a des étrangers qui sont dans le mime
état d'esprit à l'égard des marchandises qui
viennent de leurs propres possessions colo-
niales, Peut-être. Mais la règle est sans
doute moins générale,- ou s'en a perçoit en
consultant les statistiques.
Quand je présidais les travaux de la
Sous-Commission extra-parlementaire de la
Marine Marchande qui s'occupait des ports,
trafics et transports, j'avais été frappe à
la lecture d'un document curieux : on y li-
sait que les fabricants de Champagne fran-
çais, en faisant passer leurs produits à Lon-
dres pour atteindre certains pays, notam-
ment les Indes Anglaises, avaient fini par
aboutir au résultat suivant : on ne ollsidé-
rait plus comme ehampagnes authentiques
que ceux qui portaient la marque des docks
de la capitale du Rovaume Uni.
Peut-être SUOIIS-IZOUS obligés d'en faire
autant pour nos produits coloniaux : quand
ils auront passé par VAllemagne, VAngle-
terre et les Etats-Unis, ils triompheront de
cette méfiance dont ils sont injustement les
victimes. Il me parait très vraisemblable
que le thé indochinois, offert au consomma-
teur dans une boîte qui porterait un nom
bien arrglaÙ; et qui représenterait sur le cou-
vercle une île montagneuse qui pourrait être
prise à la rigueur pour l'Ile Fortunée, re-
cueillerait tous les suffrages des connais-
seurs et des femmes délicates qui ne sau-
raient acheter et consommer du thé frallçais,
cueilli sur une terre française.
Mario Roustan,
Sénateur de L'ilérautt, ancien ministre
Vite-président de la Commission
sénatoriale deR cotonte..
Port-Say aux enchères
--(ton.
Port-Say, créé par l'un des fils du riche
raffineur de sucre, près de la frontière algéio-
marocaine, vient d'être mis aux enchères pu-
bliques ine, l'audience des criées du Tribunal ci-
vil de Tlemcen.
Son créateur avait rêvé de faire de Port-
Say un grand port, mais ce fut la petite ville
de Nemours que l'on choisit comme tête de
ligne du futur chemin de fer.
La mise à prix des dix-neuf lots s'élevait
à 99.000 francs, alors qu'il avait été dépensé
2 à 3 millions, sinon plus.
Le site environnant Port-Sax est, d'ailleurs.
ravissant, et - serait - un - séjour d'été idéal.
•
BN
o-o
La goé.leLte,nllant de Saint-Pierre-Mique-
Ion à Bordeaux, avec une cargaison de mo-
rues, s'est réfugiéq à la Rochelle. Elle avait
été assaillie par la tempête. Le capitaine Le-
normand avait été gravement blessé par un
coup de mer et un matelot, Daniel, agé de
18 ans, avait été enlevé par une lame.
La culture du ricin
La question du ricin est à l'ordre du jour.
On s apuçoit, avec la stupéfaction qui nous
est coutumière en pareil cas, et dont, cepen-
dant, nous n aimons pas à nous guérir, que
nous achetons tort cher à l'étranger l'huile
faite avec les graines de cette plante, c"est-
à-dire un produit que nos colonies pourraient
nous fourni, en quantités plus que suffisantes
pour nos besoins, et à bien meilleur compte.
Et, sur cette constatation faite depuis belle
lurette par tous les coloniaux de France, on
bâtit force hypothèses, et les colons de la mé-
tropole tracent un plan de campagne magni-
fique. Espérons que cette fois il sortira quel-
que chose de cette agitation.
En attendant, et pour aider au besoin dans
la limite de nos forces les gens bien intention-
nés que la question préoccupe, rappelons que
nous sommes de ceux qui avons déjà parlé de
l' extension que l'on devrait donner à cette
culture, à plusieurs reprises notamment dans
notre Maroc agricole dont les principaux cha-
pitres parurent ici-même.
cependant, comme il est à craindre que
quelques lecteurs des Annales ColoniGla,
n" aient pas fait leur livre de chevet de cet
ouvrage, reprenons sommairement le sujet.
Le ricin est une de ces plantes amiables qui
viennent bien, un peu sous tous les climats, et
qui s" accommodent des sols les plus différents.
Si sa prédilection semble particulièrement ac-
quise aux terres profondes, conservant leur
humidité, comme celles d'alluvion du Sénégal,
de la vallée du Niger, d'Egypte et de
Zanzibar, il sait se contenter des terrains plus
'ecs du Maroc, et on peut même le voir en
grosses touffes florissantes, jusque dans les sa.
bles du littoral, à condition que l' air ambiant
soit assez chargé d'humidité.
Partout, son caractère accommodant et fa.
cile reste le même. Tel le chat qui s'attache
à la maison où il est recueilli, le ricin, quand
il a élu domicile dans un champ ne le quitte
plus facilement ; il lui suffit de recevoir le mi-
nimum de soins et d'entretien. Planté par
boutures en série, sur une terre sommairement
préparée, il produit dès sa seconde année, il
n'exige ni engrais, ni grands so ins culturaux ;
on peut désherber les plantations de ricin une
fois par an, encore est-ce pour éviter le dan-
ger des incendies de brousse ou de bled, plus
encore que pour soulager fa ptahte, car celle-
ci, après la première année passée, se déve-
loppe assez pour ne pas craindre les parasites
qu'elle étouffe.
Une plantation nouvellement conçue aura
ses plantes alignées à un intervalle de quatre
mètres, car le ricin devitnt .and, et fournit
de belles touffes. Un hectare peut donner, à
raison de 1.150 à 1.200 grammes de srai.
décortiquées par pied, 2.000 kilos, comme ré-
colte brute, et comme la richesse en matière
grasse est d'environ 40 à 50 %, il s'en suit
qu'un hectare peut fournir tout près d'une
tonne d'huile annuellement.
- - -
La plante vit de douze à quatorze ans. Une
exploitation est facile et relativement peu coû.
teuse à installer. Elle comprend des décorti-
queurs, des presses et cela peut suffire, le
traitement final de l'htéle pouvant se terminer
en France. Quant à la quantité produite, elle
est tellement facile à vendre, que les contrats
d'achats peuvent être passés d'avance.
Voilà bien des considérations qui semblent
devoir inciter les colons à entreprendre cette
culture. Cependant au Maroc, ou elle avait
pris un certain développement pendant la
guerre. elle est aujourd'hui plus abandonnée.
Peut-être, va-t-on s'y remettre maintenant : il
faut le souhaiter en - tout - cas.
Comme nous le disions tout à 1 heure, le
ricin vient aussi bien au Sénégal et dans 1b
vallée du Niger, qu'au Maroc ; sinon mieux.
Mais ces deux colonies sont moins bien situées
au point de vue transports que leur voisin Ché-
rifien. Or cette question des transports joue un
rôle de plus en plus important dans l'établisse-
ment des prix de revient et ceux qui voudront
se lancer dans une entreprise de ce genre
feront bien de s' en souvenir avant de s' instal-
ler. Néanmoins, cette culture étant de celles
qui coûtent le moins à entreprendre et à en-
tretenir, le prix de revient de la matière fabri-
quée peut rester assez bas pour permettre des
exploitations dans presque toutes les colonies
du groupe de 1- A. O. F eu même temps que
dans le protectorat.
Louis Le Barbier.
L'Exposition coloniale
internationale
Le fournal officiel publie ce matin la loi
relative à l'Exposition Coloniale Internatio-
nale de Paris, dont la teneur suit ;
Article premier. - Par modification a la
loi du 9 avril 1926, le Gouvernement aura
la faculté de retarder, par décret, jusqu'à
1931, l'ouverture de l'Exposition Coloniale
Internationale de Paris.
Art. 2. - Le ministre des Colonies, agis-
sant au nom de l'Etat d'une part et la Ville
de Paris, d'autre part, sont autorisés à pro-
roger de deux années les délais fixés par la
convention passée entre l'Etat et la Ville de
Paris, le 9 mai 1927, et ratifiée par la loi du
22 juillet 1927.
qu__
RUE OUDINOT
-0
La Commission de classement de la magis-
trature coloniale se réunira au Ministère des
Colonies le 3 janvier.
t –-
Retraite et honorariat
0-0
M. Bonsch J<'do ,1" classo dos colonies, a été admis sur
sa demande et à titre d'ancienneté de ser-
vices a faire valoir ses droits à une pen-
sion de retraite, pour compter du 31 dé-
cembre 1927.
M. Benseh a été nommé Gouverneur ho-
nornire des colonies.
Les inondations du Maroc
--O
Les inondations ont j>ris; le caractère de gra-
vité que nous redoutions. La pluie a con-
tinué à tomber toute la nuit du 27 au 28
décembre, accompagnée d'orages violents mê-
lés de grêle. La crue de tous les oueds a aug-
menté, notamment celle des affluents du Se-
bou, qui débordent dans la campagne.
Sur l'Ouergha, dont on redoutait la crue, le
pont de Mjara a été emporté par la violence
des eaux, isolant l' importante tribu des Beni
Zeroual. Un avion survole les régions immer-
gees.
- La voie ferrée entre Taza et Fez a cédé au
moment où passait une locomotive haut le
pied. La machine a été précipitée d'une hau-
teur de 40 mètres. Le mécanicien Sanchez a
été tué. Les dégâts sont partout très élevés.
L'oued Bouskoura, grossi démesurément par
les pluies violentes et continues, déborde aux
environs mêmes de Casablanca, inondant le
haut quartier populeux appelé Maarif.
De nombreuses maisons sont envahies par
les eaux qui recouvrent complètement la route
de Mazagan, entre Casablanca et le camp
d'aviation.
On s'efforce de visiter en bateau les fermes
européennes pour en assurer le ravitaillement.
Quant aux indigènes sinistrés, ils sont rassem-
blés, chauffés et nourris. D'ailleurs, tous les
Européens et indigènes gardent un calme re-
marquable. Et l'inspection de M. Steeg qui
a quitté Rabat hier matin ne pourra que leur
donner confiance:" Le Résident Général s'est,
en effet, rendu à Si Allal Tazi, où il s'entre-
tint avec les colons accourus et sur place il a
organisé les secours.
A Souk El Arba, où il arriva dans un ca-
mion militaire, M. Steeg a rencontré le député
Piétri qui se rendait à Rabat au Congrès des
Corses et qui avait été bloqué à Larache à la
suite de la rupture d'un pont sur le Loukkos.
Tout trafic avec la zone française est inter-
rompu.
Sur les conseils mêmes de M. Steeg, M.
Piétri est parti devant les camions résidentiels
pour être éventuellement sauvé, et le voyage
de retour se poursuivit dans la désolation des
averses multipliées, coupées de chutes de
grêle, tandis que les camions avançaient lente-
ment, repérant avec soin les balises qui mar-
quent ce qui fut la route.
Dans le Nord, par suite de la crue de
l'Ouergha et de ses affluents, la ville d'Ouez-
zan est entièrement isolée, ainsi, du reste, que
la piste militaire de Bou-Nizer, menant au
Rif. Les colons de cette région ont dû aban-
donner leurs fermes. Sept voitures de touristes
sont immobilisées à Taounat.
On ignore s'il y a des victimes dans l'inté-
rieur du pays, par contre, un chalutier espa-
gnol désemparé par la tempête s'est jeté à la
côte vers Moulay-bou-el-Ham. Sept marins de
ce navire sont arrivés épuisés à Souk-el-Arbi
où ils ont rté immédiatement recueiWis, velus
et nourris.
Dans le désastre, trois de leurs compagnons
ont été noyés.
Ajoutons qu'aux dernières nouvelles, dans
la région de l'oued Bou-Regreb, on signale
de fortes crues et les eaux ont monté dans le
port même de Rabat d'une façon inquiétante :
le trafic a dû être suspendu.
En résumé, les dégâts matériels sont consi-
dérables.
.1.
L'avènement de Sidi-Mohamed
0
En raison de la persistance du mauvais
temps, le Sultan, d'accord avec le Résident,
a remis à une date ultérieure l'cntrée solen-
nelle qu'il devait faire à Fez. Toutefois,
comme il est relaté plus loin dans le Cour-
rier du Maroc, il s'est rendu incognito dans
cette ville pour la cérémonie de la pose de
la première pierre tombale, du sanctuaire où
repose son père, Moulay Youssef.
Le Sultan a visité hier la région de (harb
où il s'est rendu compte sur place, de* dégâts
causés par les inondations et des mesures
à prendre.
-a$*-
Tanger-Gibraltar à la nage
Miss Gleitze et Miss Hudson s'entrainent
dans la rade de Tanger pour la traversée
du détroit de Gibraltar. Miss Gleitze doit rc-
commencer sa tentative.
L'Exposition d'Oran
0
L'Exposition régionale qui devait être 01-
ganisée à Oran en 1928, a été reportée au
mois d'avril 1929, en raison des inondations
de l'Oranie et des ruines qu'elles ont causée;
aux colons. e..
---
Animaux antédiluviens
0
Dinosaures, plésiosaures, iguanodons, ich-
tyosaures, serpent de mer n'ont sans doute pas
disparu du monde, ainsi que le pense M. Jean
Lecoq du Petit Journal,
La science s occupait alors du serpent de
mer. Des officiers de marine, parfaitement di-
gnes de foi, affirmaient ravoir vu et observé
longuement dans la baie d'Along. Ces témoi-
gnages ne pouvaient être traités de rêveries.
Ces officiers avaient recueilli leurs observations
en des rapports très précis qui servirent au pro-
fesseur Giard pour une communication - sen-
sationnelle, - à l'Académie des Sciences.
On trouvait dernièrement en Afrique un
animal terrien, l'Okapi, que nous supposions
depuis longtemps disparu. En 1909. j'ai vu
au Congo belge, de nombreux indigènes por-
tant un baudrier fait en peau d'Okapi et j'ai
pu acheter à l' un d' eux une peau entière de
ce grand animal au pelage bai-brun. tacheté
de blanc.
Ainsi que l'écrit M. Jean Lecoq, l'ichtyo-
saure. le plésiosaure et le serpent de mer ne
sont peut-être pas des ( canards Il.
S. D.
L'importation des vêtements
en Tunisie
lj'apivs l»'f rdernière:» stuliatiques doua-
nières, l'importation en Tunisie des vête-
ments confectionnés pour hommes n'ccit
pas inférieure il 200.000 kilos, chiffre que
l'on peut considérer comme important par
rapport à la population totale de la Régence
;2.1ÙÎK708 habitants d'après le dernier re-
censement -- avril 1W0 - dont lrJ.:!Sl Ivi-
ropéens seulement).
Les importations de confections pour
hommes comprennent à peu près exclusive-
mont des confections courantes, c'est-à-dirt
des vêtements confectionnas avec des Itor.
fes de prix modhllll'S -uJl'np mélmigés, cou-
tils de coton) et des vêtements de travail :
combinaisons pour mécaniciens, vêtements
en toile bleue pour ouvriers métallurgistes,
cache-poussières et. hlouses pour employés
de magasin, etc., le tout >11 tissus de co-
ton ordinaires.
Les commerçants, consultés, ont unani-
mement, déclaré qu'il fallait surtout impor-
ter dans la Hégence du vêtement bon mar-
ché. Tel article solide ou do luxe de vente
courante en France, mais d'un prix rcluti-
vement élevé, ne trouverait pas son place-
ment en Tunisie où le travailleur indigène
1 u européen cherche surtout le bon mar-
ché sans trop regarder :\ la quulité.
C'est la France qui est 1f principal four-
nisseur de la Tunisie pour le vêtement
confectionné ; la concurrence Nrongèrc,
qui n'intervient dans les importations que
pour une très faible partie, n'est pas a
craindre pour' le moment, mais il ne fau-
drait pas que l'industrie française néglige
pour cela le marché tunisien, car il est à
considérer que l'indllstrie étrangère pour-
lait .bien reprendre la place qu'elle avait
avant la guerre en Tunisie alors qu'elle
était, au point de vue de la monnaie, plu-
cée sur le même pied que l'industrie fran-
çaise.
Les vêtements confectionnés d'origine
française sont exempts de droits de douane
;i leur entrée on Tunisie, quel que soit le
genre de tissus entrant dans leur fabrica-
tion. Les vêtements d'origine étrangère
sont soumis aux droits applicables aux es-
pèces de t issus Ktvec lesquels ils sont cunfec.
tionnés : laine, lnino et coton, coton, etc.
Les articles dont il s'agit sont générale-
ment expédiés aux commerçants dans des
ballots sous double toil,, cerclés de fil de
fer ou de feuillard. Il est spécialement re-
commandé de soigner l'emballage en rai-
son du long trajet à effectuer sur terre LIt,
sur mer, et des nombreuses manutentions
auxquelles sont soumis les colis. On ne
saurait trop insister sur cette recommanda-
tion, car un défaut d'emballage permet aux
tranporteurs de décliner toute responsabi-
lité en cas d'avnries ou de vol en cojirs (le
route.
Cartographie coloniale
Occupation de Toummo
Nous écrivions dernièrement que le Ser-
vice géographique de l'A. O. F. a fait exé-
cutcr des travaux de précision fort impor-
tants par les ofiieiers que le Service géogra-
phique de l'armée a mis à disposition.
l'our déterminer astronomiquement le
point de Toummo situé au nord-ouest de
Djado et au nord de Hilma sur les extrêmes
confins sahariens franco-tripolitains, une re-
connaissance de la région de Toummo a été
exécutée par le capitaine Duprcz, de la Com-
pagnie Saharienne des Ajjer, et le lieute-
nant Fouqud, stagiaire colonial du Service
géographique de l'armée, en février-inar<
1()7.
L'importance de cette reconnaissance géo-
graphique se doublait d'un intérêt j>olitiquc.
car Toummo n'avait été que visité en 1S3_•
par Yogel, le 27 juin i86c) par Nachtigal.
et le 12 octobre iSi)2 par le colonel Monteil.
Le icr mars 1027, venant de Djado, les
méharistes et tes deux officiers de la com-
pagnie des Ajjers l'occupaient définitivement
et en faisaient une terre française, non sans
toutefois avoir fait leur jonction avec le IW-
loDton de méharistes n° 2 de l'A. O! F., le
15 février à Ourda, au nord-ouest de Djado.
d'où la reconnaissance ,-e dirigea su:
Toummo.
Dans un rapport récent de cette rcconnai-
sance publié par le liulleiin du Comité i/c
l'Afrique française, nous relevons le récit
suivant de la rude étape de Yerkéhida à In
Essan. Les profanes ou chauds partisans du
Il transsaharien verront ainsi que certains en-
droits du Sahara ne ont pas l'ldcn qu'il-
prétendent ans jamais y être allé.
Il Nous faisons route au nord sur les pcn-
tes rocheuses et à demi-ensablées du njd><'l.
Le vent nous chasse. Du sable partout ! Pen-
dant que je fais des visées (c'est le lieute-
nant Fouquei ijui écrit), il me semble qu'on
me jette des poignées de sable en pleine
face. Nos chameaux assel, le froid, le Sa
ble, le vent, un guide qui n'a fait la route
qu'une lois en razzia, il y a 18 ans!. Vé-
gétation et faune nulles.
Nos chameaux ont absolument besoin de
se remplir le ventre de quelque chose,
même si ce quelque chose ne les nourrit pas,
ils auront l'impression d'avoir mangé et
leurs sucs assimileront les réserves des bos-
ses. Celui qui a déclaré le chameau un ani-
mal qui ne boit ni ne mange et va vite, de-
vrait bien faire un stage dans une unité
méharistc en icconnaissance. (Ce fameaux coloniaux en chambre qui disent de
ces àneries. t
Le 1 1 mais, départ à h. 20 de l'oued
AcheUiuma. Le-, homme-, n'ont presque plu-
d'eau, un litre 0.1 deux. Nous fonçons dom
sur 1 n Enan : coûte que coûte, il faut y
être demain.
Route pénible, il fait chaud, et passé le
401 kilomètre, il faut peiner pour avancer ;
il le faut, l'eau est au bout.
Le soir suivant. Nous mangeons un peu
dans la nuit qui tombe, sans feu. Le capi-
taine quelques dattes, moi un peu de viande,
nous buvons presque tout notre bidon, car
nous avons très soif, et \'()iI:\ des heures que
nous hésitons à finir l'eau.
Les animaux avancent, on croirait qu i'i =
r.cntt'nt l'eau.,, A 23 h. 50, le guide ne j,,.
LE NUMERO : 90 CENTIMES
JElJlH sont 'I DECJ-.\mn!.; v.\27
,Ab t' , ) e-
1- > 1 "4 C -%.Z 0~~ «S% Les Annales Cêmtiiales
Les annonces et réelames tonl reçue* -
bureau du fournoi.
DIRECTEURS S Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAUt*^
Tout la articles publiés dam notre tournoi ne oeuvent
être - qu'en citant les Anwa Gouwuus.
JOUIIIIL QUOTIOIEI
Rédaction & Administration :
S4, tMMMMHMMf
PARIS O")
Ttl tril 1 LOUVRE 19>S7
RICHCLIKU WT-M
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré :
Un se 0 lIob S mois
France et
Colonial 120 » 66 » Ii.
Étranger 180 » tao. 60 »
On * tbonnt sans trais dans
tons les bureau dm posl*.
A.U TOGO
L'émigration vers la côte
Je me suis attaché, dans de précédents
articles, x montrer l'immense intérêt écono-
mique qu'il y aurait à encourager les popu-
lations de l'intérieur à quitter les territoires
souvent stériles où elles vivent misérable-
ment et à faciliter leur établissement dans
des régions moins éloignées de la mer, plus
fertiles et plus aisément exploitables, mais
demeurées improductives faute de main-
d'œuvre. J'exprimais, en outre, l'opinion
que ces déplacements de population ne com-
portaient aucune difficulté insurmontable
pour peu que les administrations intéressées
fussent animées d'une égale bonne volonté et
d'un réel et tenace désir d'aboutir.
Or, il se trouve que cette opinion, par-
tagée par de nombreux coloniaux, rencontre
aussi quelques adversaires. Belle idée en vé-
rité m'a dit notamment, avec un sourire
sceptique et désabusé, un vieil africain tic
mes amis, mais allez donc un peu la réaliser
sur le terrain et vous aurez vite fait de vous
rendre compte qu'une tribu attachée à son
sol par des traditions ancestrales et mille
superstitions ne se laisse pas déplacer
comme tuie troupe de tirailleurs et qu'on ne
crée pas de nouveaux villages dans les ré-
gions désertes des tropiques comme on or-
ganise des lotissements dans la banlieue de
Paris.
Ces objections m'incitent à revenir sur une
question qui me tient à coeur car elle m'ap-
paraît d'une importance primordiale pour
l'avenir économique de notre empire africain.
Je voudrais aujourd'hui convaincre les scep-
tiques en leur mettant sous les yeux la
preuve, en l'espèce un exemple concret de
transplantation d'indigènes qui,, '- voulue et
organisée tout entière par l'Administration,
entreprise à l'origine en petit et très pru-
demment, se poursuit actuellement sur une
vaste échelle et sans aucun à-coup. C'est
dans un pays sous mandat que j'irai cher-
cher cet exemple, au Togo, dont un Gouver-
neur à l'intelligence ouverte et à l'esprit
positif toujours en éveil, a su faire un do,-
maine magnifique qui mériterait à tous
égards de servir de modèle à beaucoup de
nos possessions plus anciennes où les idées
neuves et fécondes n'ont pas encore triomphé
'de la routine et des vieux préjugés.
Comme dans la plupart de nos colonies,
la population est au Togo très inégalement
répartie le long de cet immense couloir qui,
de la mer à la Haute-Volta, ne compte pas
moins de 700 kilomètres; alors que le Nord
et le littoral sont fort peuplés, la zone inter-
médiaire, qui possède cependant des terres
propres aux divers genres de culture, est
quasi déserte. En présence de cette situation
démographique peu favorable à la mise en
valeur intégrale du territoire. l'administra-
tion locale conçut, en 1922, l'idée de colo-
niser la zone dépeuplée en y attirant les po-
pulations des pays Cabrais du Nord où la
densité moyenne - de 40 à fo habitants au
kilomètre carré - est relativement impor-
tante pour l'Afrique.
Le premier soin fut de consulter les chefs
et notables intéressés et de faire comprCll-
dre aux indigènes, au cours de longues et
patientes palabres, l'avantage que trouve-
raient les leurs à émigrer avec une partie de
leur famille vers le Sud pour s'installer au
large, sur des terres fertiles et faciles à cul-
tiver. Certes la tâche se présentait ardue car
le Cabrais est fortement attaché à sa terre
par le culte absolu qu'il voue à ses ancêtres
et qui lui interdit notamment de se faire en-
terrer ailleurs que dans le caveau familial.
Mais comme il est essentiellement agricul-
teur la perspective d'entrer en possession de
yastes terrains de culture ne pouvait man-
quer de le séduire et ce sentiment que l'ad-
ministration développa chez lui avec une pa-
tiente persuasion devait à la. longue l'em-
porter sur toute autre considération. Il arriva
donc qu'un jour plusieurs familles exprimè-
rent le désir d'aller tenter dans le sud
l'expérience qui leur était offerte.
On conçoit qu'en pareille matière, 1 Ad-
ministration ait, dès l'origine, répudié toute
idée de contrainte pour appuyer son action
et fonder la réussite de ses projets de trans-
plantation exclusivement sur la libre adhé-
sion de ses protégés. Ce consentement une
fois acquis, il importait d'entourer les pre-
miers exodes de minutieuses précautions ma-
térielles pour éviter les déboires et les misè-
res de toutes sortes qui, dans ces pays, nais-
sent avec une redoutable rapidité du climat,
des intempéries, d'une alimentation insuffi-
sante; il fallait enfin s'assurer de la qualité
du sol qui, pour la première fois, allait être
mis en culture.
Déjà des (';spositions avaient été prises et
dans la région qu'il s'agissait de peupler les
services de santé et de l'agriculture avaient
déterminé les zones offrant le plus de ga-
ranties au double point de vue sanitaire et
agrrolc, Des crédits spécialement prévus au
budget permettaient au surplus de couvrir
les dépenses qu'allait occasionner cette expé-
rience. En temps voulu donc, à la fin de
1924, deux emplacements soigneusement étu-
diés étaient aménagés au nord d'Atakpamé
n bordure de la route et une quinzaine de
familles cabraises venaient s'y installer. Les
émigrànts trouvèrent en arrivant sur place du
ravitaillement, l'outillage aratoire nécessaire,
des graines et plants et même du bétail gra-
tuitement prêté par l'Administration. On
prit grand soin dans les mois qui suivirent
d'effectuer très régulièrement des distribu-
tions de vivres en même temps que de très
fréquentes visites sanitaires.
Les vastes plantations entreprises suivant
le9 conseils de l'Administration- et dès leur
arrivée par les nouveaux colons, produisi-
rent le moment venu, des récoltes tellement
abondantes que ceux-ci connurent immédia-
tement la prospérité et convièrent d'autres
familles à venir les rejoindre. Leur nombre
en peu de temps doubla et tripla.
Depuis trois ans ont été constitués suivant
les mêmes méthodes, d'autres noyaux de po-
pulation auxquels viennent chaque jour s'ag-
glomérer de nouveaux éléments venus du
Nord.
L'élan est donné. Bien plus, la « pous-
sée » vers le Sud a pris une allure telle que
l'Administration a dû récemment se préoc-
cuper de ralentir l'affhix des immigrants
afin d'éviter que ceux-ci ne souffrent au mo-
ment de leur installation d'une préparation
insuffisante. C'est ainsi que tout dernière-
ment, un chef très écouté, le chef de Kod-
jène, demandait à l'Administration do
Sokodé, l'autorisation de descendre avec les
20.000 hommes de son commandement sur
les terres vacantes.
Là où le voyageur ne rencontrait, il y a
trois ans, qu'une savane inculte, s'étendent
maintenant à perte de vue d'immenses plan-
tations, source de richesses nouvelles pour
le pays et ses habitants. Hier le désert et
la mort, aujourd'hui la fécondité et la vie.
I"ceuvre qui se poursuit au Togo, et que
son chef a conçue comme une colonisation
intérieure du pays par ses propres habitants,
ne manquera pas d'exercer une influence con-
sidérable sur le développement économique
de ce territoire. La même expérience tentée
sans douceur par les Alleman. avait échoué ;
l'Administration française a réussi par la
seule persuasion. Je ne m'explique pas pour- 1
quoi, dans d'autres possessions étroitement
semblables au Togo, notre Administration ne
s'efforce pas d'obtenir les mêmes résultats
par des moyens identiques conformes à nos
méthodes colonisatrices et au génie de notre
race.
Pierre Valatle.
Député du Cher,
Ancien ministre.
BROUSSES
& BROUTILLES
Pour aller à Tunis
Il est nécessaire, s'il n'est peut-être pas
suffisant, d'être jolie pour aller à Tunis gra-
tuitement et même y recevoir des hommages,
des fleurs et des cadeaux.
Entendons-nous I Ce sera, comme on dit,
en tout bien, tout honneur.
La jeune fille, en effet, qui sera élue reine
de Paris de 1928, se verra confier, au cours
de son règne, la présidence des fêtes de Tu-
nis, du 18 au 21 février.
Donc, mesdemoiselles, préparez vos armes.
Cambrez votre taille et soignez les attitudes
qui font le mieux valoir une jolie jambe.
Ayez le teint frais et l'œil, si je puis dire,
naturellement cerné, afin qu'il émeuve par
sa langueur. Et surtout, sachez, sans avoir
l'air de le faire exprès, sourire gentiment,
ce qui sera l'une de vos fonctions essen.
tielles.
Tunis, ça vaut le voyage et vous n'y gre-
lotterez pas, du moins il faut l'espérer,
comme sous les bises - je parle des mé-
téores - de notre ciel parisien trop souvent
dépourvu de galanterie.
Sport et cannibalisme
D'après un voyageur allemand, les natu-
rels des îles Fidji ont une école commer-
ciale, vont à la messe, chantent des canti-
ques, jouent au football et au tennis. Ainsi
comblés de distractions, ils en oublient de
manger de l'homme.
Il ne faudrait pas, cependant, s'y fier, sur-
tout lorsqu'ils pratiquent le football. L'une
des règles de ce jeu étant, pour les joueurs,
de se bouffer le nez lorsqu'ils ne sont pas
contents de l'arbitre, il y a lieu de se de-
mander si un cannibale, ça comprend la mé-
taphore.
Audion
L'Aviation Coloniale
--o,--
Toulouse-Casablanca
L'avion fronçais qui a atterri à AJmeria
(Espagne) n'a pas pris feu ainsi qu'on
rayait annonfcé. il avait une simple panne.
France-Amérique du Sud
Le ministère de la Guerre de la Républi-
que du Chili, a chargé de la réception des
aviateurs Costes et Le Brix la direction de
l'aéronautique ; elle a invité la population
de Lima et de Callao à assister, à l'aéro-
drome de Las Palmas, A l'arrivée des avia-
teurs, qui suivront l'itinéraire la Pax-Lima,
en survolant les villes intormédiaires.
Le ministre de la Guerre offrira un grand
banquet officiel en l'honneur de Costes et
de Le Brix.
Le journal El Sol écrit au sujet des avia-
teurs.
Leur vol est un vol mathématique et scientl-
fique, auquel rien ne manque ; ils arrivent cha-
que fois au moment prévu.
Paris-Hanoï
L'avion Gcorgcs-Guyncmcr, de la mis-
sion Antoinal, a atterri ii Rayak, aérodro-
me de Devronth, dans de bonnes condi-
tions.
Le raid est interrompu à la suite d'ins-
tructions du ministère, (parvenues à l'ar-
mée du Levant.
Il sera reprise à une date ultérieure, avec
point de départ en Syrie.
TAUX DB LA PIASTRE
oo
Le Gouverneur général de l'Indochine vient
de faire connaître au ministre des Colonies qu'à
la date du 25 décembre 1987, le taux officiel
de la piastre était de 12 fr. 90.
Préjugés
On a quelque hésitation à re-
commencer et cependant on a une
excuse. Laquelle? La même que
Eierrot expose si candidement à Charlotte
dans le Don Juan de Molicre :
a Je te dis toujou la même chose, parce
que c'est ioujou la même chose ; et si ce
n'était pas toujou la même chose, je ne le
dirais pas toujou la même chose. »
Sur les 60 milliards que nous versons à
Vétranger pour nous nourrir, nous vêtir,
.nous entretenir, combien pourrions-nous fil
apporter à notre France coloniale au lieu de
les apporter à l'Allemagne, à l'Angleterre,
aux États-U tris qui nous demandent des
marks-or, des livres sterling et des dollars?
Les calculs varient, mais la réponse reste
la même : Beaucoup assurément. Un exem-
ple entre autres nous sili fira pour alilollr-
d'hui.
Le Français a acheté à Ceylan 1.306.766
livres de thé en 1926, contre 915.000 en
1925. C'est du progrès à rebours. J'entends
bien l'objection : le thé de Ceylatt est su-
périeur à notre thé indochinois. - Pas de
chance, répliquerai-jc. Des renseignements
qui nous sont fournis il résulte, au contraire,
qu'en 1926 le thé de Ceylan a été remar-
quablement au-dessous de ce qu'il était, soit
parce qu'on a trop prodigué les engrais,
soit parce que de la cueillette à la sortie de
l'usine les soins ont été insuffisants.
Vaugmentation de la production du thé
dans le monde a été si considérable que
l'india Tca Association a suspendu la
cueillette, le 20 novembre 1925, afin que
les cours descendus à 84 cents puissent rc-.
monter à 99 cents. Et la France achète du
thé de Ceylan pendant que le thé indochi-
nots subit une crise.
On note, en effet, que VIndochine qui a
exporté 2.305 quintaux dans les quatre pre-
miers mois de 1926, ,,'a exporte que 1.240
qlllntatix dallS cette même période, de 1927
(et déjà la diminution en 1926 était sensible
en comparaison de Vannée précédente). Or,
la qualité du thé indochinois ri est pas infé-
rieure à celle du thé de Ceylan, les prix
sont plus avantageux, le supplément de
coût dit fret ne grève pas le prix de rci,ic,
d'une somme appréciable.
Alors? Alors, l'explication est simple, Il
y a une attitude singulière de la part d'un
grand nombre de consommateurs frallçais.
Une sorte de méfiance instinctive, inexpli-
cable, s'élève dans leur esprit dès qu'il
s'agit de produits venant des provinces de no-
tre empire colonial. Ils aiment mieux payer
plus cher un produit qui vienne d'une colonie
étrangère. Que dis-je? Ils aimeraient même
mieux payer plus cher un produit d'une co-
lonie française qui aurait passé par un pays
étranger. C'est une conception originale du
respect qui est dû aux appellations d'ori-
gine. Vous répliquerez que, réciproquement,
il y a des étrangers qui sont dans le mime
état d'esprit à l'égard des marchandises qui
viennent de leurs propres possessions colo-
niales, Peut-être. Mais la règle est sans
doute moins générale,- ou s'en a perçoit en
consultant les statistiques.
Quand je présidais les travaux de la
Sous-Commission extra-parlementaire de la
Marine Marchande qui s'occupait des ports,
trafics et transports, j'avais été frappe à
la lecture d'un document curieux : on y li-
sait que les fabricants de Champagne fran-
çais, en faisant passer leurs produits à Lon-
dres pour atteindre certains pays, notam-
ment les Indes Anglaises, avaient fini par
aboutir au résultat suivant : on ne ollsidé-
rait plus comme ehampagnes authentiques
que ceux qui portaient la marque des docks
de la capitale du Rovaume Uni.
Peut-être SUOIIS-IZOUS obligés d'en faire
autant pour nos produits coloniaux : quand
ils auront passé par VAllemagne, VAngle-
terre et les Etats-Unis, ils triompheront de
cette méfiance dont ils sont injustement les
victimes. Il me parait très vraisemblable
que le thé indochinois, offert au consomma-
teur dans une boîte qui porterait un nom
bien arrglaÙ; et qui représenterait sur le cou-
vercle une île montagneuse qui pourrait être
prise à la rigueur pour l'Ile Fortunée, re-
cueillerait tous les suffrages des connais-
seurs et des femmes délicates qui ne sau-
raient acheter et consommer du thé frallçais,
cueilli sur une terre française.
Mario Roustan,
Sénateur de L'ilérautt, ancien ministre
Vite-président de la Commission
sénatoriale deR cotonte..
Port-Say aux enchères
--(ton.
Port-Say, créé par l'un des fils du riche
raffineur de sucre, près de la frontière algéio-
marocaine, vient d'être mis aux enchères pu-
bliques ine, l'audience des criées du Tribunal ci-
vil de Tlemcen.
Son créateur avait rêvé de faire de Port-
Say un grand port, mais ce fut la petite ville
de Nemours que l'on choisit comme tête de
ligne du futur chemin de fer.
La mise à prix des dix-neuf lots s'élevait
à 99.000 francs, alors qu'il avait été dépensé
2 à 3 millions, sinon plus.
Le site environnant Port-Sax est, d'ailleurs.
ravissant, et - serait - un - séjour d'été idéal.
•
BN
o-o
La goé.leLte,nllant de Saint-Pierre-Mique-
Ion à Bordeaux, avec une cargaison de mo-
rues, s'est réfugiéq à la Rochelle. Elle avait
été assaillie par la tempête. Le capitaine Le-
normand avait été gravement blessé par un
coup de mer et un matelot, Daniel, agé de
18 ans, avait été enlevé par une lame.
La culture du ricin
La question du ricin est à l'ordre du jour.
On s apuçoit, avec la stupéfaction qui nous
est coutumière en pareil cas, et dont, cepen-
dant, nous n aimons pas à nous guérir, que
nous achetons tort cher à l'étranger l'huile
faite avec les graines de cette plante, c"est-
à-dire un produit que nos colonies pourraient
nous fourni, en quantités plus que suffisantes
pour nos besoins, et à bien meilleur compte.
Et, sur cette constatation faite depuis belle
lurette par tous les coloniaux de France, on
bâtit force hypothèses, et les colons de la mé-
tropole tracent un plan de campagne magni-
fique. Espérons que cette fois il sortira quel-
que chose de cette agitation.
En attendant, et pour aider au besoin dans
la limite de nos forces les gens bien intention-
nés que la question préoccupe, rappelons que
nous sommes de ceux qui avons déjà parlé de
l' extension que l'on devrait donner à cette
culture, à plusieurs reprises notamment dans
notre Maroc agricole dont les principaux cha-
pitres parurent ici-même.
cependant, comme il est à craindre que
quelques lecteurs des Annales ColoniGla,
n" aient pas fait leur livre de chevet de cet
ouvrage, reprenons sommairement le sujet.
Le ricin est une de ces plantes amiables qui
viennent bien, un peu sous tous les climats, et
qui s" accommodent des sols les plus différents.
Si sa prédilection semble particulièrement ac-
quise aux terres profondes, conservant leur
humidité, comme celles d'alluvion du Sénégal,
de la vallée du Niger, d'Egypte et de
Zanzibar, il sait se contenter des terrains plus
'ecs du Maroc, et on peut même le voir en
grosses touffes florissantes, jusque dans les sa.
bles du littoral, à condition que l' air ambiant
soit assez chargé d'humidité.
Partout, son caractère accommodant et fa.
cile reste le même. Tel le chat qui s'attache
à la maison où il est recueilli, le ricin, quand
il a élu domicile dans un champ ne le quitte
plus facilement ; il lui suffit de recevoir le mi-
nimum de soins et d'entretien. Planté par
boutures en série, sur une terre sommairement
préparée, il produit dès sa seconde année, il
n'exige ni engrais, ni grands so ins culturaux ;
on peut désherber les plantations de ricin une
fois par an, encore est-ce pour éviter le dan-
ger des incendies de brousse ou de bled, plus
encore que pour soulager fa ptahte, car celle-
ci, après la première année passée, se déve-
loppe assez pour ne pas craindre les parasites
qu'elle étouffe.
Une plantation nouvellement conçue aura
ses plantes alignées à un intervalle de quatre
mètres, car le ricin devitnt .and, et fournit
de belles touffes. Un hectare peut donner, à
raison de 1.150 à 1.200 grammes de srai.
décortiquées par pied, 2.000 kilos, comme ré-
colte brute, et comme la richesse en matière
grasse est d'environ 40 à 50 %, il s'en suit
qu'un hectare peut fournir tout près d'une
tonne d'huile annuellement.
- - -
La plante vit de douze à quatorze ans. Une
exploitation est facile et relativement peu coû.
teuse à installer. Elle comprend des décorti-
queurs, des presses et cela peut suffire, le
traitement final de l'htéle pouvant se terminer
en France. Quant à la quantité produite, elle
est tellement facile à vendre, que les contrats
d'achats peuvent être passés d'avance.
Voilà bien des considérations qui semblent
devoir inciter les colons à entreprendre cette
culture. Cependant au Maroc, ou elle avait
pris un certain développement pendant la
guerre. elle est aujourd'hui plus abandonnée.
Peut-être, va-t-on s'y remettre maintenant : il
faut le souhaiter en - tout - cas.
Comme nous le disions tout à 1 heure, le
ricin vient aussi bien au Sénégal et dans 1b
vallée du Niger, qu'au Maroc ; sinon mieux.
Mais ces deux colonies sont moins bien situées
au point de vue transports que leur voisin Ché-
rifien. Or cette question des transports joue un
rôle de plus en plus important dans l'établisse-
ment des prix de revient et ceux qui voudront
se lancer dans une entreprise de ce genre
feront bien de s' en souvenir avant de s' instal-
ler. Néanmoins, cette culture étant de celles
qui coûtent le moins à entreprendre et à en-
tretenir, le prix de revient de la matière fabri-
quée peut rester assez bas pour permettre des
exploitations dans presque toutes les colonies
du groupe de 1- A. O. F eu même temps que
dans le protectorat.
Louis Le Barbier.
L'Exposition coloniale
internationale
Le fournal officiel publie ce matin la loi
relative à l'Exposition Coloniale Internatio-
nale de Paris, dont la teneur suit ;
Article premier. - Par modification a la
loi du 9 avril 1926, le Gouvernement aura
la faculté de retarder, par décret, jusqu'à
1931, l'ouverture de l'Exposition Coloniale
Internationale de Paris.
Art. 2. - Le ministre des Colonies, agis-
sant au nom de l'Etat d'une part et la Ville
de Paris, d'autre part, sont autorisés à pro-
roger de deux années les délais fixés par la
convention passée entre l'Etat et la Ville de
Paris, le 9 mai 1927, et ratifiée par la loi du
22 juillet 1927.
qu__
RUE OUDINOT
-0
La Commission de classement de la magis-
trature coloniale se réunira au Ministère des
Colonies le 3 janvier.
t –-
Retraite et honorariat
0-0
M. Bonsch J<'
sa demande et à titre d'ancienneté de ser-
vices a faire valoir ses droits à une pen-
sion de retraite, pour compter du 31 dé-
cembre 1927.
M. Benseh a été nommé Gouverneur ho-
nornire des colonies.
Les inondations du Maroc
--O
Les inondations ont j>ris; le caractère de gra-
vité que nous redoutions. La pluie a con-
tinué à tomber toute la nuit du 27 au 28
décembre, accompagnée d'orages violents mê-
lés de grêle. La crue de tous les oueds a aug-
menté, notamment celle des affluents du Se-
bou, qui débordent dans la campagne.
Sur l'Ouergha, dont on redoutait la crue, le
pont de Mjara a été emporté par la violence
des eaux, isolant l' importante tribu des Beni
Zeroual. Un avion survole les régions immer-
gees.
- La voie ferrée entre Taza et Fez a cédé au
moment où passait une locomotive haut le
pied. La machine a été précipitée d'une hau-
teur de 40 mètres. Le mécanicien Sanchez a
été tué. Les dégâts sont partout très élevés.
L'oued Bouskoura, grossi démesurément par
les pluies violentes et continues, déborde aux
environs mêmes de Casablanca, inondant le
haut quartier populeux appelé Maarif.
De nombreuses maisons sont envahies par
les eaux qui recouvrent complètement la route
de Mazagan, entre Casablanca et le camp
d'aviation.
On s'efforce de visiter en bateau les fermes
européennes pour en assurer le ravitaillement.
Quant aux indigènes sinistrés, ils sont rassem-
blés, chauffés et nourris. D'ailleurs, tous les
Européens et indigènes gardent un calme re-
marquable. Et l'inspection de M. Steeg qui
a quitté Rabat hier matin ne pourra que leur
donner confiance:" Le Résident Général s'est,
en effet, rendu à Si Allal Tazi, où il s'entre-
tint avec les colons accourus et sur place il a
organisé les secours.
A Souk El Arba, où il arriva dans un ca-
mion militaire, M. Steeg a rencontré le député
Piétri qui se rendait à Rabat au Congrès des
Corses et qui avait été bloqué à Larache à la
suite de la rupture d'un pont sur le Loukkos.
Tout trafic avec la zone française est inter-
rompu.
Sur les conseils mêmes de M. Steeg, M.
Piétri est parti devant les camions résidentiels
pour être éventuellement sauvé, et le voyage
de retour se poursuivit dans la désolation des
averses multipliées, coupées de chutes de
grêle, tandis que les camions avançaient lente-
ment, repérant avec soin les balises qui mar-
quent ce qui fut la route.
Dans le Nord, par suite de la crue de
l'Ouergha et de ses affluents, la ville d'Ouez-
zan est entièrement isolée, ainsi, du reste, que
la piste militaire de Bou-Nizer, menant au
Rif. Les colons de cette région ont dû aban-
donner leurs fermes. Sept voitures de touristes
sont immobilisées à Taounat.
On ignore s'il y a des victimes dans l'inté-
rieur du pays, par contre, un chalutier espa-
gnol désemparé par la tempête s'est jeté à la
côte vers Moulay-bou-el-Ham. Sept marins de
ce navire sont arrivés épuisés à Souk-el-Arbi
où ils ont rté immédiatement recueiWis, velus
et nourris.
Dans le désastre, trois de leurs compagnons
ont été noyés.
Ajoutons qu'aux dernières nouvelles, dans
la région de l'oued Bou-Regreb, on signale
de fortes crues et les eaux ont monté dans le
port même de Rabat d'une façon inquiétante :
le trafic a dû être suspendu.
En résumé, les dégâts matériels sont consi-
dérables.
.1.
L'avènement de Sidi-Mohamed
0
En raison de la persistance du mauvais
temps, le Sultan, d'accord avec le Résident,
a remis à une date ultérieure l'cntrée solen-
nelle qu'il devait faire à Fez. Toutefois,
comme il est relaté plus loin dans le Cour-
rier du Maroc, il s'est rendu incognito dans
cette ville pour la cérémonie de la pose de
la première pierre tombale, du sanctuaire où
repose son père, Moulay Youssef.
Le Sultan a visité hier la région de (harb
où il s'est rendu compte sur place, de* dégâts
causés par les inondations et des mesures
à prendre.
-a$*-
Tanger-Gibraltar à la nage
Miss Gleitze et Miss Hudson s'entrainent
dans la rade de Tanger pour la traversée
du détroit de Gibraltar. Miss Gleitze doit rc-
commencer sa tentative.
L'Exposition d'Oran
0
L'Exposition régionale qui devait être 01-
ganisée à Oran en 1928, a été reportée au
mois d'avril 1929, en raison des inondations
de l'Oranie et des ruines qu'elles ont causée;
aux colons. e..
---
Animaux antédiluviens
0
Dinosaures, plésiosaures, iguanodons, ich-
tyosaures, serpent de mer n'ont sans doute pas
disparu du monde, ainsi que le pense M. Jean
Lecoq du Petit Journal,
La science s occupait alors du serpent de
mer. Des officiers de marine, parfaitement di-
gnes de foi, affirmaient ravoir vu et observé
longuement dans la baie d'Along. Ces témoi-
gnages ne pouvaient être traités de rêveries.
Ces officiers avaient recueilli leurs observations
en des rapports très précis qui servirent au pro-
fesseur Giard pour une communication - sen-
sationnelle, - à l'Académie des Sciences.
On trouvait dernièrement en Afrique un
animal terrien, l'Okapi, que nous supposions
depuis longtemps disparu. En 1909. j'ai vu
au Congo belge, de nombreux indigènes por-
tant un baudrier fait en peau d'Okapi et j'ai
pu acheter à l' un d' eux une peau entière de
ce grand animal au pelage bai-brun. tacheté
de blanc.
Ainsi que l'écrit M. Jean Lecoq, l'ichtyo-
saure. le plésiosaure et le serpent de mer ne
sont peut-être pas des ( canards Il.
S. D.
L'importation des vêtements
en Tunisie
lj'apivs l»'f rdernière:» stuliatiques doua-
nières, l'importation en Tunisie des vête-
ments confectionnés pour hommes n'ccit
pas inférieure il 200.000 kilos, chiffre que
l'on peut considérer comme important par
rapport à la population totale de la Régence
;2.1ÙÎK708 habitants d'après le dernier re-
censement -- avril 1W0 - dont lrJ.:!Sl Ivi-
ropéens seulement).
Les importations de confections pour
hommes comprennent à peu près exclusive-
mont des confections courantes, c'est-à-dirt
des vêtements confectionnas avec des Itor.
fes de prix modhllll'S -uJl'np mélmigés, cou-
tils de coton) et des vêtements de travail :
combinaisons pour mécaniciens, vêtements
en toile bleue pour ouvriers métallurgistes,
cache-poussières et. hlouses pour employés
de magasin, etc., le tout >11 tissus de co-
ton ordinaires.
Les commerçants, consultés, ont unani-
mement, déclaré qu'il fallait surtout impor-
ter dans la Hégence du vêtement bon mar-
ché. Tel article solide ou do luxe de vente
courante en France, mais d'un prix rcluti-
vement élevé, ne trouverait pas son place-
ment en Tunisie où le travailleur indigène
1 u européen cherche surtout le bon mar-
ché sans trop regarder :\ la quulité.
C'est la France qui est 1f principal four-
nisseur de la Tunisie pour le vêtement
confectionné ; la concurrence Nrongèrc,
qui n'intervient dans les importations que
pour une très faible partie, n'est pas a
craindre pour' le moment, mais il ne fau-
drait pas que l'industrie française néglige
pour cela le marché tunisien, car il est à
considérer que l'indllstrie étrangère pour-
lait .bien reprendre la place qu'elle avait
avant la guerre en Tunisie alors qu'elle
était, au point de vue de la monnaie, plu-
cée sur le même pied que l'industrie fran-
çaise.
Les vêtements confectionnés d'origine
française sont exempts de droits de douane
;i leur entrée on Tunisie, quel que soit le
genre de tissus entrant dans leur fabrica-
tion. Les vêtements d'origine étrangère
sont soumis aux droits applicables aux es-
pèces de t issus Ktvec lesquels ils sont cunfec.
tionnés : laine, lnino et coton, coton, etc.
Les articles dont il s'agit sont générale-
ment expédiés aux commerçants dans des
ballots sous double toil,, cerclés de fil de
fer ou de feuillard. Il est spécialement re-
commandé de soigner l'emballage en rai-
son du long trajet à effectuer sur terre LIt,
sur mer, et des nombreuses manutentions
auxquelles sont soumis les colis. On ne
saurait trop insister sur cette recommanda-
tion, car un défaut d'emballage permet aux
tranporteurs de décliner toute responsabi-
lité en cas d'avnries ou de vol en cojirs (le
route.
Cartographie coloniale
Occupation de Toummo
Nous écrivions dernièrement que le Ser-
vice géographique de l'A. O. F. a fait exé-
cutcr des travaux de précision fort impor-
tants par les ofiieiers que le Service géogra-
phique de l'armée a mis à disposition.
l'our déterminer astronomiquement le
point de Toummo situé au nord-ouest de
Djado et au nord de Hilma sur les extrêmes
confins sahariens franco-tripolitains, une re-
connaissance de la région de Toummo a été
exécutée par le capitaine Duprcz, de la Com-
pagnie Saharienne des Ajjer, et le lieute-
nant Fouqud, stagiaire colonial du Service
géographique de l'armée, en février-inar<
1()7.
L'importance de cette reconnaissance géo-
graphique se doublait d'un intérêt j>olitiquc.
car Toummo n'avait été que visité en 1S3_•
par Yogel, le 27 juin i86c) par Nachtigal.
et le 12 octobre iSi)2 par le colonel Monteil.
Le icr mars 1027, venant de Djado, les
méharistes et tes deux officiers de la com-
pagnie des Ajjers l'occupaient définitivement
et en faisaient une terre française, non sans
toutefois avoir fait leur jonction avec le IW-
loDton de méharistes n° 2 de l'A. O! F., le
15 février à Ourda, au nord-ouest de Djado.
d'où la reconnaissance ,-e dirigea su:
Toummo.
Dans un rapport récent de cette rcconnai-
sance publié par le liulleiin du Comité i/c
l'Afrique française, nous relevons le récit
suivant de la rude étape de Yerkéhida à In
Essan. Les profanes ou chauds partisans du
Il transsaharien verront ainsi que certains en-
droits du Sahara ne ont pas l'ldcn qu'il-
prétendent ans jamais y être allé.
Il Nous faisons route au nord sur les pcn-
tes rocheuses et à demi-ensablées du njd><'l.
Le vent nous chasse. Du sable partout ! Pen-
dant que je fais des visées (c'est le lieute-
nant Fouquei ijui écrit), il me semble qu'on
me jette des poignées de sable en pleine
face. Nos chameaux assel, le froid, le Sa
ble, le vent, un guide qui n'a fait la route
qu'une lois en razzia, il y a 18 ans!. Vé-
gétation et faune nulles.
Nos chameaux ont absolument besoin de
se remplir le ventre de quelque chose,
même si ce quelque chose ne les nourrit pas,
ils auront l'impression d'avoir mangé et
leurs sucs assimileront les réserves des bos-
ses. Celui qui a déclaré le chameau un ani-
mal qui ne boit ni ne mange et va vite, de-
vrait bien faire un stage dans une unité
méharistc en icconnaissance. (Ce
ces àneries. t
Le 1 1 mais, départ à h. 20 de l'oued
AcheUiuma. Le-, homme-, n'ont presque plu-
d'eau, un litre 0.1 deux. Nous fonçons dom
sur 1 n Enan : coûte que coûte, il faut y
être demain.
Route pénible, il fait chaud, et passé le
401 kilomètre, il faut peiner pour avancer ;
il le faut, l'eau est au bout.
Le soir suivant. Nous mangeons un peu
dans la nuit qui tombe, sans feu. Le capi-
taine quelques dattes, moi un peu de viande,
nous buvons presque tout notre bidon, car
nous avons très soif, et \'()iI:\ des heures que
nous hésitons à finir l'eau.
Les animaux avancent, on croirait qu i'i =
r.cntt'nt l'eau.,, A 23 h. 50, le guide ne j,,.
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