Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-12-22
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 décembre 1927 22 décembre 1927
Description : 1927/12/22 (A28,N190). 1927/12/22 (A28,N190).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-HUITIEME ANNEE. N° 190
LE NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI soin, 22 DECEMBRE 1927
0
Les Annales Coloniales
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bureau du tournai.
DIRECTEURS : Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Tout les articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALES.
JOURMLJUOTIOIEN
Rédaction & Administration :
t4, m II Mit-Tfcafeir
PARIS ne,)
ftUPH. t LOUV". 19-S7
RICHELIEU C7-S4
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré:
Un et 6 Moi* 3 Moi.
France et
Colonies 120 » 65 > 35 D
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tous les bureaux de poste.
LES IDÉES DE M. ALEXANDRE VARENNE
0 ào 0
Dans le domaine économique
J'ai dit les idées originales, concernant le
statut politique de l'Indochine, que l'on
trouve dans le discours prononcé par M.
Alexandre Varenne devant le Conseil de
Gouvernement avant son départ.
Mais ce discours n'est pas moins intéres-
sant par les principes de politique économi-
que qui y sont affirmés.
Sans doute ces principes paraissent très
simples, presque d'une simplicité de truisme.
M. Alexandre Varenne marque de quelques
indications et de quelques chiffres l'impor-
tance de l'expansion écc.ionique de l'Indo-
chine, en ces dernières années : de 1913 à
1926, le mouvement total du commerce exté-
rieur passe de 1.910.000 tonnes à 2.785.000,
les exportations des dix principaux produits
passent de 231 millions de francs à plus de
3 milliards. Le mouvement de la navigation
accuse une augmentation de 3 millions de
tonnes, la superficie des rizières en exploi-
tation passe de 3 millions d'hectares, en
1913, à 5.200.000, à la fin de 1926. Il tire
les conséquences naturelles de ces faits, en
disant : « Une telle prospérité comporte des
exigences nouvelles pour l'équipement indus-
triel et l'outillage économique du pays. »
Comment ces - exigences seront-elles satis-
faites? D'abord par le développement du
budget normal affecté à l'entretien et à
l'extension méthodique de l'outillage écono-
mique, routes coloniales, voies fluviales, voies
ferrées, outillage des ports : 30 millions de
piastres en 1925, 34 millions en 1927, 36 en
1928..
Mais il ne suffit pas, dans les pays neufs
que sont les colonies, plus encore que dans
les autres, de suivre aitl$i, pas à pas, le dé-
veloppement économique, il faut prévoir,
préparer et promouvoir l'expansion économi-
que. Et avec raison, à mon sens, le pro-
gramme de M. Alexandre Varenne, fait por-
ter l'effort principal, à l'heure actuelle, sur
l'hydraulique agricole et les chemins de fer,
auxquels doivent être affectés 37 millions de
piastres, pour la première, 85 millions pour
les seconds.
Dans l'un comme dans l'autre domaine,
M. Alexandre Varenne ne fait que réaliser
des projets, mûrement étudiés depuis long-
temps, par ses services techniques et je se-
rais plutôt porté, pour ma part, à trouver le
programme trop timide.
Mals ce qui, dans ces projets, retient
mon attention plus particulièrement, c'est la
méthode nouvelle d'exécution administrative
et financière qui s'y trouve.
Au point de vue administratif, les con-
trats préparés pour la construction et l'exploi-
tation des voies ferrées se réfèrent à un mo-
dèle-type dont les caractéristiques princi-
pales sont les suivantes :
L'Administration entend réserver l'ave-
nir. Entre la concession et la régie directe
ou tout autre mode de gestion, il ne prend
pas définitivement parti. C'est ainsi que des
garanties sont prises pour que le concession-
naire arrivant en fin de concession, ne soit
pas tenté d'augmenter ses bénéfices en ré-
duisant exagérément les dépenses d'exploi-
tation ou d'entretien; qu'aucune durée n'est
fixée pour la concession, l'Administration se
réServant, ¥!Jle, la faculté d'y mettre fin à
l'expiration de chaque période décennale par
un rachat qui rembourse seulement, dans des
conditions équitables, le capital investi et
la plus-value qu'il a acquise.
Mais, au cas même où c'est le régime de
concession qui est établi, le contrat-type ré-
serve les droits de la puissance publique con-
cédante dans des formes nouvelles, inspirées
directement des principes de ce que l'on ap-
pelle, aujourd'hui « l'économie mixte » : le
gouvernement se réserve le droit de parti-
ciper à la formation du capital de la société
concessionnaire jusqu'à concurrence de 1/5
au plus du capital. Ainsi le gouvernement
ne se contente plus, du contrôle technique, de
l'extérieur, il s'installe dans la maison, il
intervient comme fIn véritable associé qu'il
t est, il s'intéresse directement à la vie de l'en-
treprise, il assure l'intime pénétration des
intérêts généraux de la collectivité et des in-
térêts capitalistes privés. -
Modestement, mais très justement, M.
Alexandre Varenne ffait remarquer, dans
son discours, à ses auditeurs :
« L'originalité de ce type de contrat ne
vous échappera pas. On peut en critiquer la
formule, mais il me paraît avoir au moins
t'avantage de sauvegarder, par des clauses
ingénieuses, les intérêts financiers. et les
droits privilégiés de la colonie, tout en la
faisant bénéficier des conditions d'entreprise
les- meilleures et pratiquement les plus
efficaces. 8
Pour ma part, n'étant pas tenu par la dis-
crétion d'auteur, j'irai beaucoup plus loin,
en disant qu'il y a là un type de contrat qui
peut constituer L'amorce d'un bouleversement
total de toutes nos idées en matière d'inter-
vention de la puissance publique dans la vie
économique. On a bien, jusqu'ici, mis ces
idées en application dans des projets, comme
celui de la Compagnie Nationale du Rhône,
mais c'est la première fois que nous les
voyons s'appliquer à des projets dont la réa-
lisation est déjà en cours.
Dans le système d'exécution financière,
M. Alexandre Varenne ne montre pas moins
d'originalité et d'audace. T1 annonce, en
effet, dans son discours, qu'il n'a pas hésité
à faire largement appel aux « prestations en
nature w.
Des maintenant, des commandes fermes
et immédiates ont été passées, et dûment
acceptées par le service des réparations,
pour 90 millions de francs : 300 kilomètres
de voies, 5 locomotives, 180 wagons, 120
ponts-rails, 3.300 mètres de ponts-route, 2
porteurs à vapeur.
Mais ce n'est là, si j'ose dire, qu'une en-
trée en matière. Un plan, beaucoup plus
large, a été préparé pour l'avenir.
Une convention passée par le ministre des
Colonies, au nom de l'Indochine, avec le
ministre des Finances prévoit des prestations
à fournir à l'Indochine pour une somme
pouvant atteindre 35 millions de marks-or,
l'échelonnement des crédits étant de 8 mil-
lions de marks-or pour 1927, 7 millions pour
chacune des années de 1928 à 1930, 6 mil-
lions pour l'année 1931. Le remboursement
de la dette doit s'effectuer en vingt annuités
égales chacune au montant total en marks-or
des fournitures multiplié par le taux corres-
pondant à un intérêt de 5 et à un amor-
tissement en vingt années.
Et M. Alexandre Varenne, marquant la
portée exacte de cette convention, d'ajouter :
a Ainsi se trouve non seulement tracé mais
amorcé, un programme de grande enver-
gure. »
Ai-je besoin d en dire davantage pour
faire sentir toute l'audace contenue dans une
sage prudence, que l'on trouve dans les pro-
jets de M. Alexandre Varenne. C'est, à
mon sens, comme je le disais au début de
cette série d'articles, toute une politique de
la colonisation qui s'affirme ici en action.
Et on ne peut que regretter, je le dis
parce que je le pense, que le discours de M.
Alexandre Varenne se termine par cette bou-
tade désenchantée qui n'est, malheureuse-
ment, que trop vraie : « Messieurs, le
sort des parlementaires placés en mission par
la République à la tête des grands groupe-
ments coloniaux est de n'exercer jamais
qu'un pouvoir fragile et éphémère. »
On rendait hier hommage au Sénat, à
l'œuvre de M. Paul Doumer en Indochine,
on rendra un jour le même hommage à celle
que M. Alexandre Varenne n'a fait, hélas!
qu'amorcer et que préparer.
Etienne Antonelli,
Député de la Haute-Savoie, profes-
seur de législation coloniale et d'éco.
nomie politique à la Faculté de Droit
de Lyon.
A la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats
---0+--
La Commission, réunie hier à la Chambre,
a examiné, sur la proposition de M. Morinaud,
un rapport de M. Roux-F reissineng relatif aux
assemblées algériennes. Après avoir entendu
MM. Antonelli et E. Lafont, la Commis-
sion, avant de prendre une décision, a décidé
d'entendre M. Albert Sarraut, ministre de
T Intérieur.
La Commission a adopté un rapport de M.
A. Brunet sur une proposition de M. Morinaud
tendant à créer un poste d'adjoint pour les
indigènes aux Conseils municipaux algériens.
Le Président, M. Diagne, a ensuite donné
connaissance d'une lettre de remerciements
adressée à la Commission par M. Bordes,
Gouverneur Général de l'Algérie, à la suite
du télégramme qui lui avait été envoyé par la
Commission à 1 occasion des inondations qui
ont ravagé l'Algérie. La Commission a adopté
un ordre du jour marquant sa volonté de se
saisir rapidement de la question du travail dans
les colonies.
DEPECHES DE L'IHDOCHIHE
0
( La foire de Saigon
A l'inauguration de la première foire-
exposition de Sagon, le Gouverneur géné-
ral p. i. Monguillot, répondit au président
du Comité d'organisation qui souligna Cim-
portance de cette véritable fété du travail
Indochinois et au Gouverneur de la Co-
chinchinc qui félicita de leurs efforts le?
participants de tous les paus. Le Gouver-
neur général p. i. commenta la significa-
lion de celte manifestation qui traduit
la solidarité indissoluble de tous les
pays de t'union entre eux et avec
la métropole, ainsi que le rayonne-
ment du génie Indochinois à travers VEx-
tréme-Asie. Il visita ensuite l'exposition
qui groupe 3:1 pavillons et 2G0 stands dans
le parc Maurice Long, richement aménagé
et constituant un décor artistique incompu,
rable, Il félicita vivement les organisa-
teurs, dont le succès couronne les efforts.
Une fêle de nuit eut lieu dans le parc du
palais du Gouverneur de la Cochinchine.
Un banquet a réuni au palais du Gou-
verneur général les principaux exposants
et les notabilités.
Dimanche malin rexposition a été ou-
verte au public, qui, par son extrême af-
fluante, témoigne des intérêts que tous
Français et indigènes prêtent à cette ma-
nifestation.
IPAitis-miffoi En AUTONOEILE
--t)-().-
Poursuivant son raid Paris-Hanoï en auto-
mobile, M. Duverne est arrivé hier à Bey-
routh.
Il a découvert un itinéraire nouveau d'Is-
maëlia à Bir-Hassana, à travers les massifs
montagneux.
000
TAUX DE LA PIASTRE
0
Le Gouverneur générnl do "Indorhinû vient
tle, faire connaître nu ministre des Colonies
quVt la dnle du 21 décembre m27, le taux offi-
ciel de- la piastre <'-htt de 12 fr. 00.
Simpllcations administratives
à Madagascar
M. Olivier, Gouverneur Général
de Madagascar, a fait procéder
dans toute la Grande lie à une en-
quête qui a fait quelque bruit. Il s'agissait
de formuler ;
« il Toutes propositions utiles en vue de
a la simplification à apporter dans les for-
« malitès administratives, comptables, judi-
a ciaires;
e 20 Les mesures à prendre pour la rcor-
« ganisation de tous les services provinciaux
« et techniques. »
J'ai souvent dénoncé la paperasserie et les
formalités excessives qui prennent le meil-
leur du temps de nos fonctionnaires d'auto-
rité. Madagascar est certainement celle de
nos colonies où la réglementation administra-
tive est le plus poussée beaucoup trop
mime car elle s'oppose aux initiatives indis-
pensables dans un pays neuf et aux régions
aussi différentes que celles de la Grande lie.
Une autre conséquence de cette réglemen-
tation c'est la paperasserie innombrable
les états en triple et quadruple expédition
dont une seule est utilisée et les autres vont
s'enfouir dans les archives et c'est aussi la
multiplication des transmissions exigées par
une centralisation à outrance.
M. Marcel Olivier tente un effort sérieux
dont il y a lieu de le féliciter en souhaitant
qu'il reussise, car avant lui d'autres ont
voulu aussi bouleverser les habitudes admi-
nistratives et malheureusement sali! résultat.
A Madagascar, comme dans toutes nos ad-
ministrations, il y a une catégorie de fotle-
tionnaires irréductible à ce point de pue : u.
sont les anciens admirateurs des méthodes
anciennes qui ne peuvent comprendre que
l'action est à l'heure actuelle une nécessité
supérieure à Vétude des dossiers et quelque-
fois à l'observation des vieilles règlemellta-
tions. Ce sont aussi les chefs de service on
leurs collaborateurs immédiats dont l'acti-
vité' est surtout épistolaire et forcément créa-
trice de formalités compliquées. Ceux-là
sont, évidemment, peu disposés à supporter
les objections de leurs collègues actifs.
Ces derniers ne savent pas comment faire
examiner leurs propositions; il y a trop d'in-
j termédiaires entre eux et l'autorité supé-
rieure et chacun juge suivant son tempéra.
ment. 19
L'initiative poursuivie par M. Olivier est
donc difficile, car pour qu'elle produise de
favorables résultats, il faudra qu'il se mon-
tre impitoyable aux récriminations et décidé
aussi bien à faire des coupes sombres dans la
forêt des papyrus administratifs qu'à heur-
ter les convenances hiérarchiques et ridicules
qui alourdissent la vie administrative.
Maurice Bouilloux-Lafont,
Député eau Finistère.
vace.Pr.,.tün, de la Chambre,
A L'OFFICE INTERN A TtONAL DU VIN
Notre collaborateur et ami Mario Roustan 1
vient d'être nommé membre du Comité Fran-
çais de l'Office International du vin. Secrétaire
général du Groupe viticole, il a traité plusieurs
fois dans nos colonnes les questions relatives
aux vins de l'Afrique du Nord, aux importa-
tions de vins dans nos colonies, et dernièrement
encore il prenait ici même et à la Commission
des Finances la défense des rhums coloniaux.
Le Secrétaire Général du groupe viticole n'ou-
blie pas qu'il est vice-président de la Commis-
sion des Colonies, et il ne l'oubliera pas à
l'Office International du Vin.
Un circuit automobile africain
---0-0--
MM. Roger Lacor et le comte Pierre de
Varlemont qui ont quitté Paris le 11 octobre
dernier en camionnette, sont arrivés à Ba-
mako le 20 décembre et en sont repartis le
même jour pour Ouagadougou.
Ils doivent gagner Tripoli par Zinder, le
Tchad et le Tibesti.
Voyage princier aux colonies j
_,i
Le prince hériter Humbert quittera sous
peu l'Italie pour un long voyage au cours
duquel il visitera la Somalie italienne.
Mieux que Gérard
« 0
Un chasseur de lions, nommé Hunter, qui,
à la demande du gouvernement de Kenya,
était parti chasser les fauves attaquant gens
et bêtes dans la région de Masai, est revenu
à Nairobi, après avoir tué quatre-vingts lions
et dix léopards.
A L'OFFICIEL
(21 décembre 1927)
0-0-
Les produits de provenance marocaine
Extrait du relové des produits originaires cl
provenant de la zone française de "empirc
chérifien importas en franchise en France et
en Ah]trie pendant le mois de novembre 1927 :
(humilités lUiiliis imputées sur les crédits en
cours :
\ninhlllX vivnr.ls des espèces : bovine, 1.030
têtes ; ovine, (iO. lsG tètes ; caprine, 1.411 têtes ;
porcine, 2.W9 têtes.
Prod lits de pèche mnrocllinc, !¡..f)3 kilos,
nié, Œ:\4t\ quintaux ; fèves, 21.303 quintaux ;
graines d'alpislcs 0.2G8 quinlaux : huiles d'olives
l't de ni'ignons d'olives, 170 quintaux; légumes
'rnis, :'.2:H quintaux
Tapis estampillés par l'Etat chérifien, 7.573
mètres carrés.
Nattes d'alfa et, de jonc, 1.608 quintaux.
CONGO BELGE ET ANGOLA
n
La Chambre des rëépulés dn Gouverne-
ment belge a approuvé la convention con-
clue avec le Portugal et signée à Saint-
Paul-de-Loandn, ainsi que le traité d'arbi-
trage si.ufn<; avec ce pays.
BROUSSES
fr BROUTILLES
A chacun son dimanche
Au Lycée Carnot, de Tunis, il y a quel-
que 400 élèves israélites. Certains d'entre
eux, ces temps derniers, pris d'un zèle reli-
gieux très respectable, demandèrent au pro-
viseur de leur donner la liberté le samedi,
qui est leur jour dominical.
Le proviseur ne laissa pas d'approuver à
part lui du moins on se plaît à le croire
une requête qui partait d'un si bon senti-
ment : à coup sûr, elle ne ressortissait pas
à la propension, bien connue des pédago-
gues, que symbolise un poil dans la main ;
mais il était tenu lui-même d'obéir à la loi
des lycées métropolitains, laquelle régit
aussi le lycée Carnot et n'admet pas de
congé le samedi.
Les requérants sincl inèrent (y compris
plusieurs parents du Grand Rabbin de Tu-
nisie) à l'exception de deux élèves qui se
trouvent ainsi curieusement orthodoxes au
regard d'Abraham, et schismatiques au
point de vue « potache ».
On ne peut ni les en louer, ni les en blâ-
mer. Il y a lieu cependant de rappeler que
150 élèves musulmans pourraient demander,
eux, le repos du vendredi. Et puis, il y a
sûrement au lycée de Tunis des disciples de
Luther et de Calvin. Ils observent déjà le
repos de ce bon vieux dimanche, avec tous
leurs camarades. Mais s'ils se mettaient à
protester par principe et comme leur nom
confessionnel semble leur en faire un de-
voir afin d'obtenir quelques petits loisirs
de « rabiot Il, la vie des lycéens de Tunis
présenterait cet aspect de pétaudière qu'of-
frent ici quelques groupes politiques.
J'imagine le proviseur du lycée Carnot un
peu goguenard. comme un électeur l
Audion
000-
L'Aviation Coloniale
A l'Aéro-Club de France
Le diner mensuel de l'Aéro-Clull de
Frunce a eu lieu avunt-hier soir il l'hôtel
Claridge, sous lu présidence de M. Boka-
iiowski, minisll'e de l'aéronautique et des
transports aériens, en l'honneur des avia-
teurs Cluille et Rapin pour leur raid Paris-
Suigon, Pelletier-Doisy, Gonin et Vigroux
pour leur dernier circuit méditerranéen.
ainsi que Bernard et Bougault, lauréats du
prix Lioré et Olivier ; commandant Da-
naux, pour son raid Paris-Madagascar.
La mort du fils de Lamothe
Le pilote aviateur Edouard de Lamothe,
lils du regretté Gouverneur Général des
Colonies et neveu du Général de Lamothe,
a fait une chute mortelle aui Petit-Clamart
en effectuant un essai d'appareil sur la base
d'aviation de Villaooublay.
M. Henri de Lamothe était bien connu au
Sénégal où il fit plusieurs voyages et où
son père avait laissé un impérissable sou-
venir.
C'était un pilote très adroit et malgré
remploi de son parachute il fut carbonisé.
Randonnée africaine
La mission aérienne qui se propose d'ef-
fectuer une randonnée en Afrique occiden-
tale, devait partir hier matin du Bourget.
Elle se rendit au complet au port aérien,
mais la brume opaque empêcha l'envol, qui
fut renvoyé Il la première éclaircie.
France-Amérique du Sud
Les aviateurs Costes et Le Brix ont quitté
Sanliugo-du-Chili hier matin, à 5 h. 35. Ils
sont arrivés à la Paz (Bolivie) à 13 heures,
après un voyage sans incident.
Parts-Saigon et retour
L'aviateur Challe est arrivé hier soir à
Paris en automobile venant de Ponthierry
(à proximité de la route de Melun à Fon-
taincblcuu) où il avait dû atterrir par suite
du mauvais temps.
Le capitaine Challe et son mécanicien
Rapin, avaient survolé Lyon à 12 h. 30,
allant vers le Bourget.
Immédiatement après son atterrissage,
M. Challe a traversé la Seine en bateau
_.-- -------- - .-- -- --- - - --- --
pour téléphoner lui-même à l'aérodrome du
Bourget et annoncer qu'il s'était posé nor-
malement et qu'iL rentrerait à Paris par la
voie des airs dès que les conditions atmos-
phériques le permettraient.
Aussitôt que la. nouvelle fut connue, l'in-
génieur mécanicien Carol, accompagné de
l'aviateur Gonin, sont partis pour Pon-
thierry en voiture d'où ils ont ramené les
aviateurs.
Interviewé par tiri de nos confrères des
son arrivée chez lui, le capitaine Challe a
déclaré que l'étpc la plus I)én.il)le illi
voyage fut celle d'Alep-Alhènts au retour.
« Durant, notre passage au-dessus des
montagnes turques, ajouta l'aviatcur, nous
fûmes assaillis par un véritable cyclone,
qui nous ballotta de la plus atroce lagon
pendant plus de trois heures. Cela retarda
notre marche, et nous filmes obligés d'at-
terrir à Athènes, en pleine nujt".
En Asie, nous avons trouvé un hiver très
rigoureux. D'autant plus que, cette année,
il est précoce, Vu-bas. J'ai dû attendre long-
temps en Perse, avant de trouver une occa-
sion favorable. Il est vrai que j'avais, éga-
lemenf, une mission" de propagande Ù rem-
plir auprès du chef de l'aviation persane,
le colonel Nakitchova.iL qui est un grand
ami de la France où il a fait toutes ses
études. L'aviation persane est en gros pro-
grès. Il lui reste, évidemment, un ,gr-and
effort à faire, mais le « démarrage » y est.
Elle utilise des appareils français et anglais,
principalement. )0,'"1 avions de grande capa-
cité. Peu d'appareils légers.
Au cours de nos escales tout le monde
a été chnrmnnt. Mais surtout il Saigon.
Rapin et moi ne savions où nous fourrer.
Paris-Hanoï -
Le Georges-Guynemer dont on comptait
recevoir des nouvelles d'Athènes où il de-
vait atterrir en quittant Home, est arrivé
Ji Adana. sur la côte sud de l'Asie Mineure
11 1.800 kit. de Home et à GOO kil. environ
de Beyrouth.
En annonçant leur arrivée à Adana, les
aviateurs signalnient <1110 : « Tout allai
1 ion a bord. )'.
Droit d'exercice et taxe de consommation
icie
La Thèse de l'Administration de l'A.O F.
Un décret du 1er décembre 1927 a approuvé,
en ce qui concerne le mode d' assiette et les
règles de perception, un arrêté du Gouverneur
Général de l'Afrique Occidentale Française du
16 juin dernier instituant des taxes de consom-
mation sur des produits fabriqués dans la colo-
nie. Deux produits seulement sont visés : les
huiles d'arachides et les tissus de coton. Et il
ne s'agit que d' articles obtenus par des indus-
tries outillées à l'européenne.
Les raisons qui ont motivé, d'après l'admi-
nistration de t Afrique Occidentale française,
l'établissement de ces droits, peuvent être résu-
mées ainsi :
1° En 1905. lors de l'établissement du tarif
douanier spécial à l'Afrique Occidentale fran-
çaise, la perception de droits fiscaux sur les
marchandises françaises à leur entrée dans la
colonie n" a été admise que sous la réserve
expresse que si des produits analogues venaient
à être manufacturés dans la colonie même, ils
seraient frappés de droits équivalents ;
2° Le tarif douanier métropolitain accorde
la franchise à la presque totalité des produits
de l'Afrique Occidentale française à leur en-
trée en France. Comment pourrait-on justifier
le maintien de cette mesure essentiellement
favorable à la production coloniale si on sou-
mettait les marchandises françaises métropoli-
taines à un régime fiscal plus rigoureux que
celui applicable aux marchandises similaires de
fabrication locale ?
30 Il paraît, en effet, impossible que les
industries européennes locales qui, par ailleurs,
jouissent d' avantages, certains par rapport aux
industries métropol itaines (voir § 4) puissent
prétendre bénéficier d' une sorte de protection-
nisme à rebours à l'encontre des manufactures
françaises ;
4° Les taxes nouvelles, qui représentent les
droits d'importation perçus sur les marchandises
françaises ne peuvent, semble-t-il, avoir une
répercussion bien sérieuse sur la solidité des
industries locales atteintes, où l' on est obligé
d'admettre, si celles-ci doivent s' en trouver
gravement affectées, qu' en vérité elles ne sont
pas viables dans l'état présent des conditions
économiques du milieu où elles ont pris nais-
sance. En dehors des avantages fiscaux dont
jouissent 023 industries (les charges fiscales
qu'elles suppqrtent en A. O. F. sont insigni-
fiantes en comparaison de celles qui pèsent sur
la production métropolitaine, et, d'autre part,
il est à noter que les produits fabriqués au Sé-
négal consommés sur place échappent à la taxe
additionnelle de 5 qui frappe les produits
similaires importés), les produits obtenus dans
la colonie bénéficient de conditions infiniment
plus avantageuses pour leur écoulement du fait
qu'ils n'ont point à subir, comme les articles
usinés dans la métropole, les frais de transport
aller et retour de la matière travaillée, le coût
des assurances. la perte des déchets de route,
etc., etc. ;
5° La main-d'oeuvre utilisée dans la colonie
a. objecte-t-on, un moindre rendement. Mais,
pour être juste, if faut noter aussi que fe prix
auquel elle est payés ne saurait être comparé
aux salaires des ouvriers de la métropole, dont
les exigences sont appuyées, avec le maximum
d'efficacité par des organisations syndicales
puissantes qui n' ont pas de similaires en A.
O. F.
6° Au point de vue de l'intérêt supérieur
de la mise en valeur de lA.O.F., il est inad-
missible que la création de certaines industries
locales, dont l' influence sur l'accroissement de
la richesse générale est quasi nulle, puisse avoir
pour conséquence de diminuer les ressources du
budget général.
Dans la phase actuelle de son évolution,
l'A.O.F. a, avant tout, pour rôle essentiel de
tirer le meilleur parti de ses immenses possibi-
lités en production de matières premières. Son
gros effort doit donc porter sur la création de
l'outillage indispensable à sa mise en valeur.
Pour cet effort, il lui faut pouvoir disposer no-
tamment du maximum de moyens financiers. Il
serait assez paradoxal, on en conviendra, sous
prétexte d' encourager quelques établissements
privés ne représentant qu'une force économique
des plus faibles, de creuser des trous dans les
recettes normales du budget au lieu de renfor-
cer, au contraire, ces dernières (qu'il est, entre
parenthèses, d'autant plus important de « soi-
gner » que l'A.O,F. va se trouver obligée
de rempl ir maintenant les engagements qu' elle
a pris pour le remboursement des prestations en
nature) ;
7° Enfin, un argument de sentiment est tiré
de ce qu'il paraît inopportun de taxer une ma-
tière alimentaire, comme l'huile d'arachides,
qui entre dans la consommation indigène. Il est
aisé de répondre : I 0 que les produits récoltés
par l'indigène étant aujourd'hui cotés en valcur-
or sur le marché mondial, le producteur autoch-
tone a vu singulièrement m 'accroître les moyens
d'achat que lui procure la vente desdits pro-
duits ; 20 que les dre'.ts frappant l'huile d'ara-
chides sont des plu modérés (5 de la va-
leur), et qu'au surplus, s'il fallait exempter de
droits fiscaux tout article pouvant présenter un
intérêt quelccn'.uc, soit sens le rapport ? 1imcn-
Les observations qu'elfe soulève
Les raisons présentées par l'administration
de Dakar résistent difficilement à un examen
des faits et sans tenir compte des arguments
fondés sur l'intérêt bien compris du pays tout
entier, on doit observer que :
1 Le décret du 14 avril 1905 a été précédé
d'un rapport de M. Etienne Clémentel, minff
tre des Colonies. à M. Emile Loubet, prési-
dent de la République. Dam ce rapport, il n'a
pas été indiqué qu'en retour des droits à perce-
voir à l'entrée et à la sortie de l'Afrique Occi-
dentale, il serait institué ultérieurement des
droits équivalents sur les produits analogues qui
viendraient à être manufacturés dans la colonie.
Il y a peut-être des échanges de vue entre les
départements intéressés (Finances, Commerce et
Colonies) lors de la préparation des textes, mais
aucune allusion dans le rapport du ministre,
a fortiori dans le texte même du décret.
2" Les produits des colonies d'Afrique sont
soumis au tarif minimum à leur importation en
France.
Par décret rendu en Conseil d'Etat, certains
pioduits seuls bénéficient de détaxes partielles
ou d'exemption.
Les produits visés par l'arrêté du 16 juin
1927 du Gouvernement Général de l'Afrique
Occidentale Française ne bénéficient d'aucune
exemption de détaxa.
3° Les conditions dans lesquelles ont été
nstiluées et vivent depuis des industries localest
ont totalement différentes de celles des indus-
ries métropolitaines, Difficultés, d'obtenir le
natériel, les pièces de rechange, lenteur de la
nise en route, salaires beaucoup plus élevés de
zontremaitres et spécialistes venus de France,
endement plus faible, malgré des salaires infé-
rieurs des ouvriers indigènes, sans oublier l'in-
1 uffisance des moyens de transports, Vinexis-
fance d'adductions d'eau et d'égout, le manque
de force motrice, etc., etc.
40 Le régime de "exercice est une entrau
très lourde à la production et aux échangq,
lourde d'abord par les proportions qu'il attetm
pour des produits de première nécessité, lourde
surtout par la paperasserie, l'inquisition et la
vexation qu'il nécessite, pour être sérieusement
appliqué.
D'ailleurs, pour le Sénégal, il existe un
décret du 22 mars 1880 qui accorde la
liberté à tout « commerce » au Sénégal et
qui, n'étant pas abrogé, a encore force de loi.
En ce qui concerne le taux de la taxe, il est
élevé puisque tandis qu'en France la taxe sur le
chiffre d affaires est de 2 %, qu'en Indochine
la taxe provisoire sur la production est égale-
ment de 2 et ne frappe pas les denrées de
première nécessité, en A.O.F., la faxe nou-
velle sur les produits visés sera, à partir du
Ier février, de 5 et même 10 %;
5" (Voir 30) ;
6" Ces industries sont embryonnaires, et
l'impôt qui les gênera ou les anéantira ne rap-
portera rien. A lors pourquoi l'instaurer ?
Il vaudrait mieux, au contraire, développer
les industries locales, utilisant les produits du
sous-sol et du sol, procéder à l'aménagement
économique de l'A. 0. F. aussi bien au point
de vue industriel et minier qu'au point de vue
agricole et commercial.
En outre, l'indigène n'a qu'à gagner à la
création d'industries qui lui permettent, en amé-
lic,rant sa condition sociale, d'apprendre un mé-
tier.
7" Tous les économistes ont toujours été
J'accord qu'il était indispensable de réduire au
strict minimum les impôl de consommation "tr
les produits de première nécessité. C'est la
doctrine qu'a toujours défendue le Conseil
d'Etat chaque fois que celui-ci a été consulté
et que le Parlement a toujours observé.
< *
N'e.',t-il donc pas possible de concilier les
vues de ceux qui ont créé et sont prêts à in-
vestir encore de nouveaux capitaux dans les
industries et établissements européens en Afri-
que Occidentale française et le souci de l'ad.
LE NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI soin, 22 DECEMBRE 1927
0
Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçues au
bureau du tournai.
DIRECTEURS : Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Tout les articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALES.
JOURMLJUOTIOIEN
Rédaction & Administration :
t4, m II Mit-Tfcafeir
PARIS ne,)
ftUPH. t LOUV". 19-S7
RICHELIEU C7-S4
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré:
Un et 6 Moi* 3 Moi.
France et
Colonies 120 » 65 > 35 D
Étranger 180 » 100 » 50 »
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tous les bureaux de poste.
LES IDÉES DE M. ALEXANDRE VARENNE
0 ào 0
Dans le domaine économique
J'ai dit les idées originales, concernant le
statut politique de l'Indochine, que l'on
trouve dans le discours prononcé par M.
Alexandre Varenne devant le Conseil de
Gouvernement avant son départ.
Mais ce discours n'est pas moins intéres-
sant par les principes de politique économi-
que qui y sont affirmés.
Sans doute ces principes paraissent très
simples, presque d'une simplicité de truisme.
M. Alexandre Varenne marque de quelques
indications et de quelques chiffres l'impor-
tance de l'expansion écc.ionique de l'Indo-
chine, en ces dernières années : de 1913 à
1926, le mouvement total du commerce exté-
rieur passe de 1.910.000 tonnes à 2.785.000,
les exportations des dix principaux produits
passent de 231 millions de francs à plus de
3 milliards. Le mouvement de la navigation
accuse une augmentation de 3 millions de
tonnes, la superficie des rizières en exploi-
tation passe de 3 millions d'hectares, en
1913, à 5.200.000, à la fin de 1926. Il tire
les conséquences naturelles de ces faits, en
disant : « Une telle prospérité comporte des
exigences nouvelles pour l'équipement indus-
triel et l'outillage économique du pays. »
Comment ces - exigences seront-elles satis-
faites? D'abord par le développement du
budget normal affecté à l'entretien et à
l'extension méthodique de l'outillage écono-
mique, routes coloniales, voies fluviales, voies
ferrées, outillage des ports : 30 millions de
piastres en 1925, 34 millions en 1927, 36 en
1928..
Mais il ne suffit pas, dans les pays neufs
que sont les colonies, plus encore que dans
les autres, de suivre aitl$i, pas à pas, le dé-
veloppement économique, il faut prévoir,
préparer et promouvoir l'expansion économi-
que. Et avec raison, à mon sens, le pro-
gramme de M. Alexandre Varenne, fait por-
ter l'effort principal, à l'heure actuelle, sur
l'hydraulique agricole et les chemins de fer,
auxquels doivent être affectés 37 millions de
piastres, pour la première, 85 millions pour
les seconds.
Dans l'un comme dans l'autre domaine,
M. Alexandre Varenne ne fait que réaliser
des projets, mûrement étudiés depuis long-
temps, par ses services techniques et je se-
rais plutôt porté, pour ma part, à trouver le
programme trop timide.
Mals ce qui, dans ces projets, retient
mon attention plus particulièrement, c'est la
méthode nouvelle d'exécution administrative
et financière qui s'y trouve.
Au point de vue administratif, les con-
trats préparés pour la construction et l'exploi-
tation des voies ferrées se réfèrent à un mo-
dèle-type dont les caractéristiques princi-
pales sont les suivantes :
L'Administration entend réserver l'ave-
nir. Entre la concession et la régie directe
ou tout autre mode de gestion, il ne prend
pas définitivement parti. C'est ainsi que des
garanties sont prises pour que le concession-
naire arrivant en fin de concession, ne soit
pas tenté d'augmenter ses bénéfices en ré-
duisant exagérément les dépenses d'exploi-
tation ou d'entretien; qu'aucune durée n'est
fixée pour la concession, l'Administration se
réServant, ¥!Jle, la faculté d'y mettre fin à
l'expiration de chaque période décennale par
un rachat qui rembourse seulement, dans des
conditions équitables, le capital investi et
la plus-value qu'il a acquise.
Mais, au cas même où c'est le régime de
concession qui est établi, le contrat-type ré-
serve les droits de la puissance publique con-
cédante dans des formes nouvelles, inspirées
directement des principes de ce que l'on ap-
pelle, aujourd'hui « l'économie mixte » : le
gouvernement se réserve le droit de parti-
ciper à la formation du capital de la société
concessionnaire jusqu'à concurrence de 1/5
au plus du capital. Ainsi le gouvernement
ne se contente plus, du contrôle technique, de
l'extérieur, il s'installe dans la maison, il
intervient comme fIn véritable associé qu'il
t est, il s'intéresse directement à la vie de l'en-
treprise, il assure l'intime pénétration des
intérêts généraux de la collectivité et des in-
térêts capitalistes privés. -
Modestement, mais très justement, M.
Alexandre Varenne ffait remarquer, dans
son discours, à ses auditeurs :
« L'originalité de ce type de contrat ne
vous échappera pas. On peut en critiquer la
formule, mais il me paraît avoir au moins
t'avantage de sauvegarder, par des clauses
ingénieuses, les intérêts financiers. et les
droits privilégiés de la colonie, tout en la
faisant bénéficier des conditions d'entreprise
les- meilleures et pratiquement les plus
efficaces. 8
Pour ma part, n'étant pas tenu par la dis-
crétion d'auteur, j'irai beaucoup plus loin,
en disant qu'il y a là un type de contrat qui
peut constituer L'amorce d'un bouleversement
total de toutes nos idées en matière d'inter-
vention de la puissance publique dans la vie
économique. On a bien, jusqu'ici, mis ces
idées en application dans des projets, comme
celui de la Compagnie Nationale du Rhône,
mais c'est la première fois que nous les
voyons s'appliquer à des projets dont la réa-
lisation est déjà en cours.
Dans le système d'exécution financière,
M. Alexandre Varenne ne montre pas moins
d'originalité et d'audace. T1 annonce, en
effet, dans son discours, qu'il n'a pas hésité
à faire largement appel aux « prestations en
nature w.
Des maintenant, des commandes fermes
et immédiates ont été passées, et dûment
acceptées par le service des réparations,
pour 90 millions de francs : 300 kilomètres
de voies, 5 locomotives, 180 wagons, 120
ponts-rails, 3.300 mètres de ponts-route, 2
porteurs à vapeur.
Mais ce n'est là, si j'ose dire, qu'une en-
trée en matière. Un plan, beaucoup plus
large, a été préparé pour l'avenir.
Une convention passée par le ministre des
Colonies, au nom de l'Indochine, avec le
ministre des Finances prévoit des prestations
à fournir à l'Indochine pour une somme
pouvant atteindre 35 millions de marks-or,
l'échelonnement des crédits étant de 8 mil-
lions de marks-or pour 1927, 7 millions pour
chacune des années de 1928 à 1930, 6 mil-
lions pour l'année 1931. Le remboursement
de la dette doit s'effectuer en vingt annuités
égales chacune au montant total en marks-or
des fournitures multiplié par le taux corres-
pondant à un intérêt de 5 et à un amor-
tissement en vingt années.
Et M. Alexandre Varenne, marquant la
portée exacte de cette convention, d'ajouter :
a Ainsi se trouve non seulement tracé mais
amorcé, un programme de grande enver-
gure. »
Ai-je besoin d en dire davantage pour
faire sentir toute l'audace contenue dans une
sage prudence, que l'on trouve dans les pro-
jets de M. Alexandre Varenne. C'est, à
mon sens, comme je le disais au début de
cette série d'articles, toute une politique de
la colonisation qui s'affirme ici en action.
Et on ne peut que regretter, je le dis
parce que je le pense, que le discours de M.
Alexandre Varenne se termine par cette bou-
tade désenchantée qui n'est, malheureuse-
ment, que trop vraie : « Messieurs, le
sort des parlementaires placés en mission par
la République à la tête des grands groupe-
ments coloniaux est de n'exercer jamais
qu'un pouvoir fragile et éphémère. »
On rendait hier hommage au Sénat, à
l'œuvre de M. Paul Doumer en Indochine,
on rendra un jour le même hommage à celle
que M. Alexandre Varenne n'a fait, hélas!
qu'amorcer et que préparer.
Etienne Antonelli,
Député de la Haute-Savoie, profes-
seur de législation coloniale et d'éco.
nomie politique à la Faculté de Droit
de Lyon.
A la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats
---0+--
La Commission, réunie hier à la Chambre,
a examiné, sur la proposition de M. Morinaud,
un rapport de M. Roux-F reissineng relatif aux
assemblées algériennes. Après avoir entendu
MM. Antonelli et E. Lafont, la Commis-
sion, avant de prendre une décision, a décidé
d'entendre M. Albert Sarraut, ministre de
T Intérieur.
La Commission a adopté un rapport de M.
A. Brunet sur une proposition de M. Morinaud
tendant à créer un poste d'adjoint pour les
indigènes aux Conseils municipaux algériens.
Le Président, M. Diagne, a ensuite donné
connaissance d'une lettre de remerciements
adressée à la Commission par M. Bordes,
Gouverneur Général de l'Algérie, à la suite
du télégramme qui lui avait été envoyé par la
Commission à 1 occasion des inondations qui
ont ravagé l'Algérie. La Commission a adopté
un ordre du jour marquant sa volonté de se
saisir rapidement de la question du travail dans
les colonies.
DEPECHES DE L'IHDOCHIHE
0
( La foire de Saigon
A l'inauguration de la première foire-
exposition de Sagon, le Gouverneur géné-
ral p. i. Monguillot, répondit au président
du Comité d'organisation qui souligna Cim-
portance de cette véritable fété du travail
Indochinois et au Gouverneur de la Co-
chinchinc qui félicita de leurs efforts le?
participants de tous les paus. Le Gouver-
neur général p. i. commenta la significa-
lion de celte manifestation qui traduit
la solidarité indissoluble de tous les
pays de t'union entre eux et avec
la métropole, ainsi que le rayonne-
ment du génie Indochinois à travers VEx-
tréme-Asie. Il visita ensuite l'exposition
qui groupe 3:1 pavillons et 2G0 stands dans
le parc Maurice Long, richement aménagé
et constituant un décor artistique incompu,
rable, Il félicita vivement les organisa-
teurs, dont le succès couronne les efforts.
Une fêle de nuit eut lieu dans le parc du
palais du Gouverneur de la Cochinchine.
Un banquet a réuni au palais du Gou-
verneur général les principaux exposants
et les notabilités.
Dimanche malin rexposition a été ou-
verte au public, qui, par son extrême af-
fluante, témoigne des intérêts que tous
Français et indigènes prêtent à cette ma-
nifestation.
IPAitis-miffoi En AUTONOEILE
--t)-().-
Poursuivant son raid Paris-Hanoï en auto-
mobile, M. Duverne est arrivé hier à Bey-
routh.
Il a découvert un itinéraire nouveau d'Is-
maëlia à Bir-Hassana, à travers les massifs
montagneux.
000
TAUX DE LA PIASTRE
0
Le Gouverneur générnl do "Indorhinû vient
tle, faire connaître nu ministre des Colonies
quVt la dnle du 21 décembre m27, le taux offi-
ciel de- la piastre <'-htt de 12 fr. 00.
Simpllcations administratives
à Madagascar
M. Olivier, Gouverneur Général
de Madagascar, a fait procéder
dans toute la Grande lie à une en-
quête qui a fait quelque bruit. Il s'agissait
de formuler ;
« il Toutes propositions utiles en vue de
a la simplification à apporter dans les for-
« malitès administratives, comptables, judi-
a ciaires;
e 20 Les mesures à prendre pour la rcor-
« ganisation de tous les services provinciaux
« et techniques. »
J'ai souvent dénoncé la paperasserie et les
formalités excessives qui prennent le meil-
leur du temps de nos fonctionnaires d'auto-
rité. Madagascar est certainement celle de
nos colonies où la réglementation administra-
tive est le plus poussée beaucoup trop
mime car elle s'oppose aux initiatives indis-
pensables dans un pays neuf et aux régions
aussi différentes que celles de la Grande lie.
Une autre conséquence de cette réglemen-
tation c'est la paperasserie innombrable
les états en triple et quadruple expédition
dont une seule est utilisée et les autres vont
s'enfouir dans les archives et c'est aussi la
multiplication des transmissions exigées par
une centralisation à outrance.
M. Marcel Olivier tente un effort sérieux
dont il y a lieu de le féliciter en souhaitant
qu'il reussise, car avant lui d'autres ont
voulu aussi bouleverser les habitudes admi-
nistratives et malheureusement sali! résultat.
A Madagascar, comme dans toutes nos ad-
ministrations, il y a une catégorie de fotle-
tionnaires irréductible à ce point de pue : u.
sont les anciens admirateurs des méthodes
anciennes qui ne peuvent comprendre que
l'action est à l'heure actuelle une nécessité
supérieure à Vétude des dossiers et quelque-
fois à l'observation des vieilles règlemellta-
tions. Ce sont aussi les chefs de service on
leurs collaborateurs immédiats dont l'acti-
vité' est surtout épistolaire et forcément créa-
trice de formalités compliquées. Ceux-là
sont, évidemment, peu disposés à supporter
les objections de leurs collègues actifs.
Ces derniers ne savent pas comment faire
examiner leurs propositions; il y a trop d'in-
j termédiaires entre eux et l'autorité supé-
rieure et chacun juge suivant son tempéra.
ment. 19
L'initiative poursuivie par M. Olivier est
donc difficile, car pour qu'elle produise de
favorables résultats, il faudra qu'il se mon-
tre impitoyable aux récriminations et décidé
aussi bien à faire des coupes sombres dans la
forêt des papyrus administratifs qu'à heur-
ter les convenances hiérarchiques et ridicules
qui alourdissent la vie administrative.
Maurice Bouilloux-Lafont,
Député eau Finistère.
vace.Pr.,.tün, de la Chambre,
A L'OFFICE INTERN A TtONAL DU VIN
Notre collaborateur et ami Mario Roustan 1
vient d'être nommé membre du Comité Fran-
çais de l'Office International du vin. Secrétaire
général du Groupe viticole, il a traité plusieurs
fois dans nos colonnes les questions relatives
aux vins de l'Afrique du Nord, aux importa-
tions de vins dans nos colonies, et dernièrement
encore il prenait ici même et à la Commission
des Finances la défense des rhums coloniaux.
Le Secrétaire Général du groupe viticole n'ou-
blie pas qu'il est vice-président de la Commis-
sion des Colonies, et il ne l'oubliera pas à
l'Office International du Vin.
Un circuit automobile africain
---0-0--
MM. Roger Lacor et le comte Pierre de
Varlemont qui ont quitté Paris le 11 octobre
dernier en camionnette, sont arrivés à Ba-
mako le 20 décembre et en sont repartis le
même jour pour Ouagadougou.
Ils doivent gagner Tripoli par Zinder, le
Tchad et le Tibesti.
Voyage princier aux colonies j
_,i
Le prince hériter Humbert quittera sous
peu l'Italie pour un long voyage au cours
duquel il visitera la Somalie italienne.
Mieux que Gérard
« 0
Un chasseur de lions, nommé Hunter, qui,
à la demande du gouvernement de Kenya,
était parti chasser les fauves attaquant gens
et bêtes dans la région de Masai, est revenu
à Nairobi, après avoir tué quatre-vingts lions
et dix léopards.
A L'OFFICIEL
(21 décembre 1927)
0-0-
Les produits de provenance marocaine
Extrait du relové des produits originaires cl
provenant de la zone française de "empirc
chérifien importas en franchise en France et
en Ah]trie pendant le mois de novembre 1927 :
(humilités lUiiliis imputées sur les crédits en
cours :
\ninhlllX vivnr.ls des espèces : bovine, 1.030
têtes ; ovine, (iO. lsG tètes ; caprine, 1.411 têtes ;
porcine, 2.W9 têtes.
Prod lits de pèche mnrocllinc, !¡..f)3 kilos,
nié, Œ:\4t\ quintaux ; fèves, 21.303 quintaux ;
graines d'alpislcs 0.2G8 quinlaux : huiles d'olives
l't de ni'ignons d'olives, 170 quintaux; légumes
'rnis, :'.2:H quintaux
Tapis estampillés par l'Etat chérifien, 7.573
mètres carrés.
Nattes d'alfa et, de jonc, 1.608 quintaux.
CONGO BELGE ET ANGOLA
n
La Chambre des rëépulés dn Gouverne-
ment belge a approuvé la convention con-
clue avec le Portugal et signée à Saint-
Paul-de-Loandn, ainsi que le traité d'arbi-
trage si.ufn<; avec ce pays.
BROUSSES
fr BROUTILLES
A chacun son dimanche
Au Lycée Carnot, de Tunis, il y a quel-
que 400 élèves israélites. Certains d'entre
eux, ces temps derniers, pris d'un zèle reli-
gieux très respectable, demandèrent au pro-
viseur de leur donner la liberté le samedi,
qui est leur jour dominical.
Le proviseur ne laissa pas d'approuver à
part lui du moins on se plaît à le croire
une requête qui partait d'un si bon senti-
ment : à coup sûr, elle ne ressortissait pas
à la propension, bien connue des pédago-
gues, que symbolise un poil dans la main ;
mais il était tenu lui-même d'obéir à la loi
des lycées métropolitains, laquelle régit
aussi le lycée Carnot et n'admet pas de
congé le samedi.
Les requérants sincl inèrent (y compris
plusieurs parents du Grand Rabbin de Tu-
nisie) à l'exception de deux élèves qui se
trouvent ainsi curieusement orthodoxes au
regard d'Abraham, et schismatiques au
point de vue « potache ».
On ne peut ni les en louer, ni les en blâ-
mer. Il y a lieu cependant de rappeler que
150 élèves musulmans pourraient demander,
eux, le repos du vendredi. Et puis, il y a
sûrement au lycée de Tunis des disciples de
Luther et de Calvin. Ils observent déjà le
repos de ce bon vieux dimanche, avec tous
leurs camarades. Mais s'ils se mettaient à
protester par principe et comme leur nom
confessionnel semble leur en faire un de-
voir afin d'obtenir quelques petits loisirs
de « rabiot Il, la vie des lycéens de Tunis
présenterait cet aspect de pétaudière qu'of-
frent ici quelques groupes politiques.
J'imagine le proviseur du lycée Carnot un
peu goguenard. comme un électeur l
Audion
000-
L'Aviation Coloniale
A l'Aéro-Club de France
Le diner mensuel de l'Aéro-Clull de
Frunce a eu lieu avunt-hier soir il l'hôtel
Claridge, sous lu présidence de M. Boka-
iiowski, minisll'e de l'aéronautique et des
transports aériens, en l'honneur des avia-
teurs Cluille et Rapin pour leur raid Paris-
Suigon, Pelletier-Doisy, Gonin et Vigroux
pour leur dernier circuit méditerranéen.
ainsi que Bernard et Bougault, lauréats du
prix Lioré et Olivier ; commandant Da-
naux, pour son raid Paris-Madagascar.
La mort du fils de Lamothe
Le pilote aviateur Edouard de Lamothe,
lils du regretté Gouverneur Général des
Colonies et neveu du Général de Lamothe,
a fait une chute mortelle aui Petit-Clamart
en effectuant un essai d'appareil sur la base
d'aviation de Villaooublay.
M. Henri de Lamothe était bien connu au
Sénégal où il fit plusieurs voyages et où
son père avait laissé un impérissable sou-
venir.
C'était un pilote très adroit et malgré
remploi de son parachute il fut carbonisé.
Randonnée africaine
La mission aérienne qui se propose d'ef-
fectuer une randonnée en Afrique occiden-
tale, devait partir hier matin du Bourget.
Elle se rendit au complet au port aérien,
mais la brume opaque empêcha l'envol, qui
fut renvoyé Il la première éclaircie.
France-Amérique du Sud
Les aviateurs Costes et Le Brix ont quitté
Sanliugo-du-Chili hier matin, à 5 h. 35. Ils
sont arrivés à la Paz (Bolivie) à 13 heures,
après un voyage sans incident.
Parts-Saigon et retour
L'aviateur Challe est arrivé hier soir à
Paris en automobile venant de Ponthierry
(à proximité de la route de Melun à Fon-
taincblcuu) où il avait dû atterrir par suite
du mauvais temps.
Le capitaine Challe et son mécanicien
Rapin, avaient survolé Lyon à 12 h. 30,
allant vers le Bourget.
Immédiatement après son atterrissage,
M. Challe a traversé la Seine en bateau
_.-- -------- - .-- -- --- - - --- --
pour téléphoner lui-même à l'aérodrome du
Bourget et annoncer qu'il s'était posé nor-
malement et qu'iL rentrerait à Paris par la
voie des airs dès que les conditions atmos-
phériques le permettraient.
Aussitôt que la. nouvelle fut connue, l'in-
génieur mécanicien Carol, accompagné de
l'aviateur Gonin, sont partis pour Pon-
thierry en voiture d'où ils ont ramené les
aviateurs.
Interviewé par tiri de nos confrères des
son arrivée chez lui, le capitaine Challe a
déclaré que l'étpc la plus I)én.il)le illi
voyage fut celle d'Alep-Alhènts au retour.
« Durant, notre passage au-dessus des
montagnes turques, ajouta l'aviatcur, nous
fûmes assaillis par un véritable cyclone,
qui nous ballotta de la plus atroce lagon
pendant plus de trois heures. Cela retarda
notre marche, et nous filmes obligés d'at-
terrir à Athènes, en pleine nujt".
En Asie, nous avons trouvé un hiver très
rigoureux. D'autant plus que, cette année,
il est précoce, Vu-bas. J'ai dû attendre long-
temps en Perse, avant de trouver une occa-
sion favorable. Il est vrai que j'avais, éga-
lemenf, une mission" de propagande Ù rem-
plir auprès du chef de l'aviation persane,
le colonel Nakitchova.iL qui est un grand
ami de la France où il a fait toutes ses
études. L'aviation persane est en gros pro-
grès. Il lui reste, évidemment, un ,gr-and
effort à faire, mais le « démarrage » y est.
Elle utilise des appareils français et anglais,
principalement. )0,'"1 avions de grande capa-
cité. Peu d'appareils légers.
Au cours de nos escales tout le monde
a été chnrmnnt. Mais surtout il Saigon.
Rapin et moi ne savions où nous fourrer.
Paris-Hanoï -
Le Georges-Guynemer dont on comptait
recevoir des nouvelles d'Athènes où il de-
vait atterrir en quittant Home, est arrivé
Ji Adana. sur la côte sud de l'Asie Mineure
11 1.800 kit. de Home et à GOO kil. environ
de Beyrouth.
En annonçant leur arrivée à Adana, les
aviateurs signalnient <1110 : « Tout allai
1 ion a bord. )'.
Droit d'exercice et taxe de consommation
icie
La Thèse de l'Administration de l'A.O F.
Un décret du 1er décembre 1927 a approuvé,
en ce qui concerne le mode d' assiette et les
règles de perception, un arrêté du Gouverneur
Général de l'Afrique Occidentale Française du
16 juin dernier instituant des taxes de consom-
mation sur des produits fabriqués dans la colo-
nie. Deux produits seulement sont visés : les
huiles d'arachides et les tissus de coton. Et il
ne s'agit que d' articles obtenus par des indus-
tries outillées à l'européenne.
Les raisons qui ont motivé, d'après l'admi-
nistration de t Afrique Occidentale française,
l'établissement de ces droits, peuvent être résu-
mées ainsi :
1° En 1905. lors de l'établissement du tarif
douanier spécial à l'Afrique Occidentale fran-
çaise, la perception de droits fiscaux sur les
marchandises françaises à leur entrée dans la
colonie n" a été admise que sous la réserve
expresse que si des produits analogues venaient
à être manufacturés dans la colonie même, ils
seraient frappés de droits équivalents ;
2° Le tarif douanier métropolitain accorde
la franchise à la presque totalité des produits
de l'Afrique Occidentale française à leur en-
trée en France. Comment pourrait-on justifier
le maintien de cette mesure essentiellement
favorable à la production coloniale si on sou-
mettait les marchandises françaises métropoli-
taines à un régime fiscal plus rigoureux que
celui applicable aux marchandises similaires de
fabrication locale ?
30 Il paraît, en effet, impossible que les
industries européennes locales qui, par ailleurs,
jouissent d' avantages, certains par rapport aux
industries métropol itaines (voir § 4) puissent
prétendre bénéficier d' une sorte de protection-
nisme à rebours à l'encontre des manufactures
françaises ;
4° Les taxes nouvelles, qui représentent les
droits d'importation perçus sur les marchandises
françaises ne peuvent, semble-t-il, avoir une
répercussion bien sérieuse sur la solidité des
industries locales atteintes, où l' on est obligé
d'admettre, si celles-ci doivent s' en trouver
gravement affectées, qu' en vérité elles ne sont
pas viables dans l'état présent des conditions
économiques du milieu où elles ont pris nais-
sance. En dehors des avantages fiscaux dont
jouissent 023 industries (les charges fiscales
qu'elles suppqrtent en A. O. F. sont insigni-
fiantes en comparaison de celles qui pèsent sur
la production métropolitaine, et, d'autre part,
il est à noter que les produits fabriqués au Sé-
négal consommés sur place échappent à la taxe
additionnelle de 5 qui frappe les produits
similaires importés), les produits obtenus dans
la colonie bénéficient de conditions infiniment
plus avantageuses pour leur écoulement du fait
qu'ils n'ont point à subir, comme les articles
usinés dans la métropole, les frais de transport
aller et retour de la matière travaillée, le coût
des assurances. la perte des déchets de route,
etc., etc. ;
5° La main-d'oeuvre utilisée dans la colonie
a. objecte-t-on, un moindre rendement. Mais,
pour être juste, if faut noter aussi que fe prix
auquel elle est payés ne saurait être comparé
aux salaires des ouvriers de la métropole, dont
les exigences sont appuyées, avec le maximum
d'efficacité par des organisations syndicales
puissantes qui n' ont pas de similaires en A.
O. F.
6° Au point de vue de l'intérêt supérieur
de la mise en valeur de lA.O.F., il est inad-
missible que la création de certaines industries
locales, dont l' influence sur l'accroissement de
la richesse générale est quasi nulle, puisse avoir
pour conséquence de diminuer les ressources du
budget général.
Dans la phase actuelle de son évolution,
l'A.O.F. a, avant tout, pour rôle essentiel de
tirer le meilleur parti de ses immenses possibi-
lités en production de matières premières. Son
gros effort doit donc porter sur la création de
l'outillage indispensable à sa mise en valeur.
Pour cet effort, il lui faut pouvoir disposer no-
tamment du maximum de moyens financiers. Il
serait assez paradoxal, on en conviendra, sous
prétexte d' encourager quelques établissements
privés ne représentant qu'une force économique
des plus faibles, de creuser des trous dans les
recettes normales du budget au lieu de renfor-
cer, au contraire, ces dernières (qu'il est, entre
parenthèses, d'autant plus important de « soi-
gner » que l'A.O,F. va se trouver obligée
de rempl ir maintenant les engagements qu' elle
a pris pour le remboursement des prestations en
nature) ;
7° Enfin, un argument de sentiment est tiré
de ce qu'il paraît inopportun de taxer une ma-
tière alimentaire, comme l'huile d'arachides,
qui entre dans la consommation indigène. Il est
aisé de répondre : I 0 que les produits récoltés
par l'indigène étant aujourd'hui cotés en valcur-
or sur le marché mondial, le producteur autoch-
tone a vu singulièrement m 'accroître les moyens
d'achat que lui procure la vente desdits pro-
duits ; 20 que les dre'.ts frappant l'huile d'ara-
chides sont des plu modérés (5 de la va-
leur), et qu'au surplus, s'il fallait exempter de
droits fiscaux tout article pouvant présenter un
intérêt quelccn'.uc, soit sens le rapport ? 1imcn-
Les observations qu'elfe soulève
Les raisons présentées par l'administration
de Dakar résistent difficilement à un examen
des faits et sans tenir compte des arguments
fondés sur l'intérêt bien compris du pays tout
entier, on doit observer que :
1 Le décret du 14 avril 1905 a été précédé
d'un rapport de M. Etienne Clémentel, minff
tre des Colonies. à M. Emile Loubet, prési-
dent de la République. Dam ce rapport, il n'a
pas été indiqué qu'en retour des droits à perce-
voir à l'entrée et à la sortie de l'Afrique Occi-
dentale, il serait institué ultérieurement des
droits équivalents sur les produits analogues qui
viendraient à être manufacturés dans la colonie.
Il y a peut-être des échanges de vue entre les
départements intéressés (Finances, Commerce et
Colonies) lors de la préparation des textes, mais
aucune allusion dans le rapport du ministre,
a fortiori dans le texte même du décret.
2" Les produits des colonies d'Afrique sont
soumis au tarif minimum à leur importation en
France.
Par décret rendu en Conseil d'Etat, certains
pioduits seuls bénéficient de détaxes partielles
ou d'exemption.
Les produits visés par l'arrêté du 16 juin
1927 du Gouvernement Général de l'Afrique
Occidentale Française ne bénéficient d'aucune
exemption de détaxa.
3° Les conditions dans lesquelles ont été
nstiluées et vivent depuis des industries localest
ont totalement différentes de celles des indus-
ries métropolitaines, Difficultés, d'obtenir le
natériel, les pièces de rechange, lenteur de la
nise en route, salaires beaucoup plus élevés de
zontremaitres et spécialistes venus de France,
endement plus faible, malgré des salaires infé-
rieurs des ouvriers indigènes, sans oublier l'in-
1 uffisance des moyens de transports, Vinexis-
fance d'adductions d'eau et d'égout, le manque
de force motrice, etc., etc.
40 Le régime de "exercice est une entrau
très lourde à la production et aux échangq,
lourde d'abord par les proportions qu'il attetm
pour des produits de première nécessité, lourde
surtout par la paperasserie, l'inquisition et la
vexation qu'il nécessite, pour être sérieusement
appliqué.
D'ailleurs, pour le Sénégal, il existe un
décret du 22 mars 1880 qui accorde la
liberté à tout « commerce » au Sénégal et
qui, n'étant pas abrogé, a encore force de loi.
En ce qui concerne le taux de la taxe, il est
élevé puisque tandis qu'en France la taxe sur le
chiffre d affaires est de 2 %, qu'en Indochine
la taxe provisoire sur la production est égale-
ment de 2 et ne frappe pas les denrées de
première nécessité, en A.O.F., la faxe nou-
velle sur les produits visés sera, à partir du
Ier février, de 5 et même 10 %;
5" (Voir 30) ;
6" Ces industries sont embryonnaires, et
l'impôt qui les gênera ou les anéantira ne rap-
portera rien. A lors pourquoi l'instaurer ?
Il vaudrait mieux, au contraire, développer
les industries locales, utilisant les produits du
sous-sol et du sol, procéder à l'aménagement
économique de l'A. 0. F. aussi bien au point
de vue industriel et minier qu'au point de vue
agricole et commercial.
En outre, l'indigène n'a qu'à gagner à la
création d'industries qui lui permettent, en amé-
lic,rant sa condition sociale, d'apprendre un mé-
tier.
7" Tous les économistes ont toujours été
J'accord qu'il était indispensable de réduire au
strict minimum les impôl de consommation "tr
les produits de première nécessité. C'est la
doctrine qu'a toujours défendue le Conseil
d'Etat chaque fois que celui-ci a été consulté
et que le Parlement a toujours observé.
< *
N'e.',t-il donc pas possible de concilier les
vues de ceux qui ont créé et sont prêts à in-
vestir encore de nouveaux capitaux dans les
industries et établissements européens en Afri-
que Occidentale française et le souci de l'ad.
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