Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-11-22
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 novembre 1927 22 novembre 1927
Description : 1927/11/22 (A28,N172). 1927/11/22 (A28,N172).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451166z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
LVINGT-HUITIEME ANNEE. No 172
LE NUMlRO : 30 CENTIMES
MARDI SOIR, 22 NOVEMBRE 1927
Les Annales Coloniales
LU onnemm et rWiwtt MW régnés Mi
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DIMCTIUM i Ma"" RUEDEL et L.-Q. THÉBAUL T
Lde AMUH COUMULH ne puNUta, qu cie.
4m ImééÊ», qmt sont leur propriété mobuw.
JOURNAL QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
14, lu H Hut-miir
PARIS O")
niiirii 1 bouvis ig-W
MCHILIIUIWM
ABONNEMENTS
aMtc U supplément illustré :
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LIndochine est-elle en état de faillite ?
..1
Dans les articles que j'analysais hier, le cri-
tique du journal des Débats déclarait : « L In-
dochine n' a pas l'outillage qu'elle devrait avoir.
les travaux publics sont poursuivis suivant un
rythme trop lent. » Il fait ressortir que, de
1918 à 1923, l'hydraulique agricole n'a pu
voir consacrer à ses travaux que 18 millions de
pi astres, mais il reconnaît que 105 millions de
(Nastres ont été dépensés durant cette époque.
ce qui fait une moyenne suffisamment élevée
pour permettre de conclure à ceux qui ne raison-
nent pas in abstracto que l' OTI a sensiblement
atteint les capacités de travail de l'Indochine.
Il n'est, en effet, rien de prévoir des travaux,
mais il est ptus difncite de les exécuter, et les
efforts ne peuvent être massifs sur une seule
catégorie de travaux quand 1" on songe à la
variété de ceux auxquels il faut faire face. Les
écoles qui font partie de ces bâtiments admi-
nistratifs qui sont particulièrement exécrés du
critique des Débats, correspondent néanmoins à
une nécessité politique qu'il serait dangereux de
négliger.
Pour la période s'étendant de 1921 à 1925,
la proportion des travaux neufs par rapport aux
dépenses totales des services des Travaux pu-
blics a été dans r ensemble des divers budgets
ide 67
Pour la même période, le budget générât
liommé dans cette étude donne la répartition
suivante entre les divers ordres de travaux, des
dédits affectés à des travaux neufs.
Budget général et fonds d'emprunt.
Pour-
Catégorie des travaux Totaux centage.
- -
Piastres Piastres
Chemins de fer 92.760. 000 42
toutes et ponts 45.252 - OM 20
llydraulique agricole
et navigation inté-
rieure 38.820.000 18
"orts maritimes 15.409 000 9
ilâtiments civils 19-135.000 7
Assainissement, Sa-
natoria 4.993.000 2
Outillage et divers. 6.209.000 2
Totaux 221 578.000 100
Le Caton des Débats voit, d'ailleurs, avec
atisfaction la consécration de ses théories dans
''exposé des motifs du budget général de 1927.
Dans cet exposé, il est dit que la période de
1922 à 1925 se caractérise dans l'exécution du
à»àdget général par une décroissance des re-
cettes nettes ordinaires et un recours systémati-
que au fonds de réserve par des prélèvements
sans cesse supérieurs aux bonis annuels. Le
critique des Débats n'a certes pas la naïveté
d'admettre sans explication ces caractéristiques
des budgets de 1922 à 1925. il les accepte
parce qu'elles sont conformes à ses idées et
parce que l'exposé des motifs fait du budget
général de 1927, emploie le même procédé que
lui, mais pour des buts différents, 1 ui psur
montrer que tout va mal en Indochine, 1 autre
pour mettre en valeur l'effort accompli pour
arriver à une augmentation des recettes ordi-
naires pour le budget 1927.
Dans les deux cas, la période antérieure à
1922 et la situation ifnancière de la caisse avant
cette époque sont complètement négligées.
L'histoire ifnancière du budget général de l'In-
dochine commence à 1922 parce que cette date
est commode pour les besoins de la cause.
Il semble que le chiffre de 35.500.000 pias-
tres mentant de la caisse de réserve en 1922
soit un chiffre normal et habituel et qui! ait
été grandement coupable de ne pas maintenir
cette caîlse à pareille somme. Et condamnant
les prélèvements faits, le critique des Débats
souligne les diminutions successives de cette
caisse. En la circonstance, volontairement sans
Houte, on omet de faire remarquer que l'avoir
Be la caisse de réserves s'est trouvé accidentel-
lement et exceptionnellement grossi en 1921 et
ien 1922 d'une somme de plus de 12 millions
8e piastres provenait du règlement du compte
Spécial constitué par le fonctionnement du cours
forcé. Eût-il été souhaitable, comme semble le
désirer le critique des Débats, que, pratiquant
une politique de « petit rentier », l'on ait placé
cet argent en fonds d'Etat pour percevoir les
intérêts francs que cette somme aurait rapportés.
et conservé jalousement le capital acquis ?
Les événements se seraient chargés de dë-
montrer le pitoyable résultat de semblable poli-
tique,. et l'on aurait pu voir quel bénéfice le
développement économique de l'Indochine eût
tiré de semblable méthode. Fort heureusement,
le législateur métropolitain avait eu, dès avant
la guerre, des vues plus larges sur la gestion
financière des caisses de réserves, car, bien
avant l'année 1922, la caisse des réserves du
budget général a contribué à fournir aux exer-
cices successifs les moyens financiers d'exécu-
tion du orotrramme des travaux neufs.
Cette procédure, si critiquée aujourd hui. j
loin d'être coupable, est parfaitement légitime
et régulière. En effet, le règlerrer.t finarcier du
30-12-1912 était accompagné d'une circulaire
oui disposait que, « sous le régime d'autonomie
financière des colonies institué par la loi du
il 3-4-1900, le fait de réserve* ne doit plus avoir
un caractère exclusif de prévoyance pour les
cas imprévus, il y a tout avantage à en faire,
en outre, dans les colonies rarliculièrement
prospères, une accumulation d'économies per-
mettant, au bout d'un certain nombre d'années,
d'entreprendre un programme de travaux dont
l'importance néanmoins n'oblige pas de recou-
rtra temptuntn.
Le législateur métropolitain, dans une sage
Vision de la mise en valeur des colonies, avait
tompris qu'il serait contra re au dév loppeme-t
'des pays neufs de pratiquer une po itique de
« bas de laine » au lieu d'employer, dès ou2
les sommes acquises permettent de le faire, les
disponibilités existantes à des dépenses dont le
rendement utile ne tarderait pas à améliorer les
finances des colonies.
Tout observateur indépendant et au fat des
besoins de l'Indochine ne peut que se louer
de la politique financière qui fut suivie en em-
ployant l'excédent exceptionnel de la caisse de
réserves et en ramenant le fonds de ré erve à
un encaisse normal. En raisonnant commercia-
lement semblable question, que pen era:t-on
d'une industrie petitement outillée et ayant de
grandes possibilités de production et d écoule-
ment de ses produits qui, ayant fait une année,
par suite de circonstances exceptionnellement
favorables, des gains exhorbitants, placerait cet
argent en fonds d'Etat au lieu de s'agrand r, de
s'outiller et d'améliorer sa capacité de produc-
tion ? Le cas est identiquement celui de l'In-
dochine. Il est bien évident que si la capacité
fiscale de l'Indochine s'est trouvée plus grande
en 1927 et a permis de demander davantage
à l'impôt, c'e!t grâce au développement écono.
mique donné à la colonie dans ces dernières
années par les travaux exécutés sur les écono-
mies de la caisse de réserves employées selon
les vues même du législateur et au mieux des
intérêts indochinois.
Cet excédent de la caisse de ré serve ne pou-
vait pas être perpétuel et il fallait prévoir on
rythme accéléré des travaux qui corresponde
aux capacités d'exécution de l'Indochine. Le
critique des Débats qui, involontairement doit
admettre les progrès réalisés, se choque de voir
que des dépenses supplémentaires de travaux
publics aient entraîné des dépenses supplémen-
taires de personnel. Il semble pourtant assez
naturel que le rendement d'un personnel ait
une limite déterminée et que si cette limite e3t
dépassée, il faille augmenter les cadres de ce
personnel. Celte conséquence logique ne parait
pas être admise par l'auteur de l'étude des
Débats, car dans son premier chapitre, il re-
! proche déjà au service des douanes d'avoir
augmenté son personnel alors que le3 recettes
démontrent par leur accroissement un nombre
plus important de perceptions. De même le
te; vice des postes se voit incriminer pour une
augmentation de 40 unités alors que chaque
année, avec les nouvelles lignes télégraphiques,
les réseaux téléphoniques nouveaux, les bu-
reaux créés, le travail va en croissant 1
Chartee Debierre,
Sénateur du Nord
Membre de la Commission
des Affaires étrangères.
Du haut de mon cocotier
Frères ennemis ou camarades
0
Tels des héros d Homère. ou d'Aristo-
phane, MM. Octave Homberg et Ernest Ou-
trey s'injurièrent copieusement, il y a plus et
moins d'un an à propos de la politique indochi-
noise et de M. Alexandre Varenne, le pre-
mier la soutenant, peut-être comme la corde
soutient le pendu (ouisqu'il a partie liée avec
M. Pierre Laval qui veut déboulonner de son
siège M. Varenne dans la deuxième circons-
cription de Riom) ; mais enfin, le second, cher-
chant, avec la fougue d'un hanneton dans un
arrosoir, mal de mort à toutes les affaires indo-
chinoises en essayant de jeter sur elles le plus
fâcheux discrédit.
Des mois ont passé. La Liberté, qui estime
à la fois M. Ernest Outrey et M. Octave
Homberg pour des raisons différentes, à moins
que ce soient les mêmes, a ouvert largement
ses colonnes au financier fâcheusement cité par
M Pierre Hamp. tout en gardant parmi ses
collaborateurs zélés le dépulc J;; la Cochin-
chine.
Aujourd'hui, est-ce une piquante coïncidence
ou une simple inadvertance, notre excellent
confrère le Courrier du Parlement fait un ra?-
pioché plus sensible.
- En première page, il publie une conférence
de M. Octave Homberg qui fait suite à une
série de causeries de plusieurs de ses lieute-
nants parlementaires, parmi lesquels nous
voyons MM. Lucien Lamoureux, Jacques Du-
boin, Georges Bonnet, Adolphe Landry et
Bertrand Nogaro. Le propriétaire de Brigueil,
qui a gagné hier à Auteuil le prix Le Hon
(15 000 francs), y apparaît comme un soleil.
Espérons aussi qu'il apparaîtra bientôt
comme tel aux acheteurs à des cours astrono-
miques des Raffineries et Sucreries de l'Indo-
chine, des Remorquages et Chalandages, des
Cultures tropicales et des Graphites de Mada-
gascar, pour ne citer que les plus beaux titres
de la collection. Il serait malheureux que, pour
ceux-là seulement, M. Octave Homberg ne
fît figure que d'étoile filante ou de bolide.
Immédiatement au-dessous de l'article de
l'animateur des Cultures tropicales, dans le
même numéro du Courrier du Parlement, nous
voyons quoi ? un superbe portrait très ressem-
blant du député de la Cochinchine par Bib,
accompagnant un éloquent article de M. Ernest
Outrey, par Zag.
La paix est-elle signée entre les frères enne-
mis qui, jusqu'à l' an dernier, marchèrent la
main dans la main au Comité du C-mmerce et
do l'Industrie de l'Indochine et ailleurs.
Cela sentie svmotomattque. Amkut si l'on
pense oue M. Alexandre Varenne débarque à
Marseille à la fin de cette semaine.
Si l'accord est fait, souhaitons qu'il n'y eut
dans le coup personne de refait.
8 , taoo.
La préfecture de Constantîne
On annonce que M. C.arles, préfet des Py-
lt"'n{',-Orimh¡\(,A, va être incessamment
nommé préfet de Constant i ne, en rempJa-
ciMnent de M. 1 -amy Roiisrnsitfr. admis h
'fnire valoir seg droits h la retraite.
Cuique scium
-0-
Probité scientifique
-0-0--
On peut distiller des eaux ma-
gnésiennes par les rayons solaires.
J'ai dit dans un récent article !>u-
blié dans les Annales Coloniales combien
simple était la découverte ; III. Lucien Saint
avait institué, l'an dernier, un concours
ayant pour objet les procédés susceptibles
d'obtenir la distillation des eaux souterraines
fortement magnésiennes par la seule action
de la chaleur solaire.
A l'épreuve, M. G. Gillestotis, chef du
service météorologique à la Direction des
Travaux publics, a remporté ces temps der-
niers la timbale grâce à un appareil de
construction facile. Je ne reviendrai pas
sur le détail.
Mais je reçois de M. Ginestous la lettre
suivante, qui n'enlève rien au mérite de ce
savant trop modeste, mais rend à des pré-
curseurs trop oubliés un juste Itommagc.
Monsieur le Sénateur,
Vous avez bien voulu appeler l'attention
des lecteurs des Annales Coloniales sur les
résultats auxquels m'ont conduit mes re-
cherches sur la purification de l'eau par la
chaleur solaire.
Je viens vous en exprimer ma profonde
gratitude. Toutefois, je désirerais beaucoup
et vous serais reconnaissant de vouloir bien
m'y aider, faire connaître aux lecteurs des
Annales, que M. Maurain, directeur de
l'Institut de Physique du Globe, et M. Bra-
zier, directeur du Laboratoire du Parc-Saint-
Maur ont, en 1926, étudié un dispositif
tout à fait semblable à celui que j'ai trouvé.
Mialheureusement, je n'ai connu les tra-
vaux des deux éminents directeurs qu'après
avoir livré au public mes résultats person-
nels, c'est-à-dire en fin octobre 1927.
Il est juste et loyal que leur mtériorité 1
soit avérée par la presse. Ce ne sera dimi-
nuer en rien au contraire ma parti-
cipation au problème posé par M. le mi-
nistre résident général de France en Tuni-
sie et ce sera rendre justice au dévouement
et à l'intérêt que les laboratoires scientifi-
ques de France prennent aux questions in-
téressant les colonies françaises.
Si vous n'y voyez aucun empêchement,
ma lettre pourrait être publiée dans un pro-
chain numéro des Annales.
En vous exprimant d'avance toute irn
reconnaissance, je vous prie d'agréer, Mon-
sieur le Sénateur, l'assurance de mes sen-
timents les plus respectueux.
G. GINESTOUS.
Voilà Vhommage rendu aux savants.
Mais une question se pose et elle est sur
toutes les lèvres de mes lecteurs comme au
bout de ma plume.
Conimentl Il y a trente ans, on a trouvé
le moyen d'avoir de l'eau potable grâce à
faction des rayons solaires utilisés selon
un appareil facile à exécuter et peu coû-
teux ?
Qu'a fait VAdministration militaire qui,
depuis six lustres, s'est livrée à maintes
expéditions ; qu'ont fait les administrations
coloniales, ministère des Colonies, gouver-
nements généraux, pour employer et, le cas
échéant, perfectionner un procédé qui inté-
resse au entier chef la santé, je dirai
même plus : la vie de ceux qui partent sous
des cieux incléments et vers des terres arides
fortet notre civilisation et ses bienfaits ?
Les services militaires sont-ils pourvus de
ces appareils ou d'appareil similaires ?
Les colonies out-elles adopté et déve-
loppé les dispositifs de Maurain, de Bra-
sier, nI attendant celui de AI. Ginestous ?
Je pose la question.
J'ai bien peur de ne pas recevoir de ré-
ponses affirmatives.
Ernest Haudos,
Sénateur de la Marne,
Vire-président de la Commission des Douanes.
<
BROUSSES
& BROUTILLES
––o.o–-
La langue des lions
L'on raconte que le sultan du Maroc, Sidi
Mohamed, alors qu'il était le prince Moulay
Hamada, aimait beaucoup contempler les
splendides lions de l'Atlas, encagés dans le
parc impérial de Fez. Même, il leur par-
tait et, dans ses soliloques - - car la plus
fertile imagination no peut aller jusqu'à re-
later des dialogues en pareille occurrence
il n'employait que le français.
Pourquoi, lui aurait demande son pré-
cepteur, ne leur parlez-vous pas arabe ?
Parce que je crois que le français est
la langue des lions, aurait répdndu le jeune
prince.
Dix-sept ans! une intelligence fort vive,
assure-t-on. De l'énergie, puisque, le jour de
son avènement, le nouveau possesseur de
l'étincelle sacrée fit chasser un favori indi-
gne.
C'est peut-être un grand règne qui com*
mcnrt'. ht il n'est peut-être pas mauvais,
dès lor*, de s'occuper un peu de la légende
nécessaire à tous les grands hommes.
l.a :< langue des lions » est un bon début,
et Hatteur pour tout le inonde : le sultan,
les Français et le« lions.
Audion
L'aposilion coonlale initroationale
Z-
Le Maréchal Lyautey se rendra à Vincennes
jeudi prochain, à 10 heures, pour étudier sur
te terrain les emplacements de la future Expo-
sition Coloniale Internationale dont il est le
Commissaire Général. Il sera accompagné des
Commissaires Généraux et des Directeurs des
Services de l'ExM.;tion.
Moulay Mohamed
Sultan du Maroc
---O -
L'arrivée à Rabat
Sous une pluie torrentielle, Moulay Mo-
ltallLlJtI, sultan du Maroc, a fait son entrée
solennelle dans la capitale.
Les autorités civiles et militaires, tous
les corps constitués et les officiers de ta
garnison étaient massés sur le port, où le
cortège impérial, arrivani par la route de
f'e:., s'est arrèté, après avoir franchi le
pont sur Voued lion tiegreg.
Le lontj des quais et des boulevards de la
ville indigène, la garde chérifienne, en
grand uniforme rouge et blanc, formait la
haie. Plus loin, des escadrons de cavalerie
chérifienne, avec leurs étendards, étaient
massés pour encadrer et accompagner le
cortège du nouveau souverain à travers la
ville.
Malgré te mauvais temps, la foule euro-
péenne s'était massée sous les arcades,
avenue de Dar-El-Maghzen, très nom-
breuse, tandis que toute la foule indigène,
sortie de la Médina, et les Israélites, venus
du Mellah, accouraient pour saluer Moulay
Moltamed, qui a été acclamé sur tout le
parcours jusqu'au palais impérial.
Dès 11 heures, les magasins et les ad-
ministrations avaient fermé leurs portes,
pour permettre à leur personnel de se por-
ter au devant de Moulau Muhamed.
Le canon tonne, Moulay Moltamed qui
était aiTivé en automobile de Fez, met pied
à terre et reçoit les hommages des autori-
tés de la région entourant leur chef. Les
hauts fonctionnaires du Protectorat saluent
le nouveau souverain. Puis iç sultan, un
peu pdlc, monte sur un cheval blanc. Un
1 porteur de parasol - se tient -- derrière lui. Le
Corinne se forme ; la musique de la garde,
it's compagnies viennent en tète, suivies de
l'étendard en velours vert rehaussé d'or du
Prophète. Les h youyou » des femmes ara-
bes, massées sur les terrasses, retentissent
de tous côtés.
Derrière le sultan, qui est acclamé sur
tout le parcours du cortège, vient, à ehcval,
le grand-vizir El-Mokri, puis tous les mi-
nistres et les grands serviteurs du palais.
La pluie continue à tomber, diluvienne.
Le cortège, qui est partout c/urutlcmcnt
acclamé, monte lentement vers le palais
impérial, oit Moltla" Mohamed est reçu par
le matlre du palais et conduit à la salle du
trône. ,
Moulay Mohamed a reçu dans l'après-
midi M. Steeg, qui est venu lui apporter les
félicitations du président de la llépublique
et du gouvernement français. Cette pre-
mière audience solennelle a eu lieu en prt!-
sence des hauts dignitaires; des fonction-
naires et du corps diplomatique et consu-
laire, en grande tenue.
Le jeune souverain répondit que son vif
désir était de collaborer d'une façon loyale
avec la France protectrice pour le plus
grand bien de son peuple.
Condoléances tunisiennes
I.e bey de Tunis a prié M. Lucien Saint,
Résident général, de faire parvenir au Ma-
roc, le télégramme suivant :
Son Altesse le bey me charge de vous prier
de faire parvenir il la faillite etiérilienne l'ex-
ftresion émue de ses condoléances vives et at-
tristées, à t'ocension de la perte cruelle quelle
vient de subir en la personne de Sa Ylujesto
Moulay Youssef, ami sincère et loyal de la
France, protectrice commune du Mu roc et. de la
Tunisie. Son Altesse, (lui prend une large pari
il ce deuil, a conserve du défunt un souvenir
sincèrement fraternel. La Tunisie tout entière
s'associe au deirft du Maroc.
M. Steeg a. faii parvenir à M. Lucien Saint
la réponse suivante :
Su Majesté Kîdi Mohamed nie prie de vous
demander de faire purt en sou nom personnel
et au nom de la famille impériale ù Son Al-
tesse te Ley (te sa plus vive gratttude pour les
sentiments qu'elle a bien voulu lui exprimer a
l'occasion de la perte qu'ils viennent de subir.
Sa Majesté associe a ses remerciements, au nom
du Maroc tout entier et du gouvernement cht.
riflen, Son Altesse K: bey, le peuple tunisien et
le gouvernement du protectorat.
rpo.
Dépêches de l'Indochine
-G-O--
Le marché du riz
Situation générale. Depuis le commen-
cement du mois de novcmbrc, le marché a
été très ferme par suite d'une forte de-
mande de l'Europe. La fermeté du marché
d'Ilong-K on!} contribue également à la
hausse des cours sur notre place.
Hiz. Prix en hausse. Clôture ferme.
Les demandes sont assez importantes sur
l'Europe. On traite également sur Cuha.
Hrisures. Marché très ferme. Bonnes
demandes d'Europe. Stocks faibles.
Fal'incs. - Marché assez ferme. Stocks
faibles.
Paddys. Lr.. prix se sont relevés sen-
siblement au cours de la quinzaine, par
suite drs demandes importantes de l'usi-
nage.
Hécolte. les riz hâtifs sont iléjà récal.
tSs ou sont en cours de récolte dans beau-
couft de provinces, f.r.s pronostics sont tou-
jours favorables. Iai nouvelle récolte sera
vraisemblablement présentée sur le marchl,
en avance de près d'un mois sur la nor-
male.
Kxporlnlions. - ï.es exportations de ri:
de Saigon pendant la première quinzaine de
novembre atteignent 18.427 tonnes, savoir :
Hiz blanc : Sur la France, 1.6?1 tonnes:
sur l'étranger, 27.99! tonnes.
niz (:Iugo : Sur Vétranger, 1.^00 tonnes.
Stir toienes.
nrisurcs : Sur In France, 0.2^ tonnes ;
sur l'étranger, 1.978 tonnes.
Farines : Sur la France, 20 tonnes ; sur
l'étranger, 1.8W tonnes.
I.es exportations; totales de riz pour la
Cnehinehine depuis le J,r janvier 1927 attei-
gnent 1.288.08*.) tînmes.
Au port de Saïgon
Deux chasseurs de sous-marins remor-
qués par l'aviso Hellulrix et le yacht
Diana sont arrivés à Saigon vendredi,
,,(', chasseurs seront utilisés comme ca-
nonnières par la Cochinchine.
Un ministère des Colonies au lapon
La création d'un ministère des Colonies
ntt .fnwm est fixée au 1*'T juillet prochain.
A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
e
LA FIÉVRE JAUNE
Le laboratoire de parasitologie ?
Là-haut.
Des salles rectangulaires meublées de lon-
gues tables sur lesquelles sont entassées mille
éprouvettes, cornues, vases, tubes.
Ici et là, la tache lumineuse de quelques
blouses blanches. On travaille dans le grand
silence et la clarté.
Le professeur Brumptf est à l'extrémité de
la salle. Trois enjambées ont supprimé toute
distance entre lui et moi.
Nous souhaiterions, monsieur le Profes-
seur, interviewer l'une des compétences de
votre laboratoire ?
Sur quoi ?
La fièvre jaune.
C'est facile. Venez.
En un tour de jambes, le professeui
Brumpft entre dans un bureau. Je :ours pour
le rattraper. J'arrive à temps, juste. Il me
confie au docteur Joyeux, professeur agrégé
de la Faculté de Médecine, son éminent col-
laborateur.
J'aperçois, sur une petite table, le dernier
numéro des Annales Coloniales. Cela me ras-
sure. (J'en ai besoin. Ce domaine scientifique
ne m'a pas du tout l'air d'un « salon où 1 on
cause ».)
Docteur, je ne vous importunerai que
deux minutes.
Un sourire, un peu incrédule, mais très
charmant, accompagne la réponse.
Vous ne m'importunez pas. Je vous
en prie. Que voulez-vous savoir?
L'origine de la fièvre jaune ?
La théorie classique admet qu'elle est
originaire de l'Amérique tropicale. Certains
auteurs soutiennent que cette origine n'est pas
américaine mais africaine.
Quelle base donnc-t-on à cette seconde
version ?
On prétend que les nègres africains
forment un réservoir de virus.
Comment expliquer la terrible vitalité
des épidémies de Cuba, d'éternelle mémoire?
La traite des nègres, pratiquée alors,
aurait servi d'agents cet porteurs.
- Joli résultat de la traite!
- Indéniablement.
- Les Blancs sojut-ils plus éprouvés que les
Noirs par le fléau?
Certes. Le pourcentage de mortalité est
très grand parmi les Européens. Chez l'indi-
gène, la fièvre ne présente souvent qu'un ca-
ractère bénin.
Les vieillards et les enfants offrent-ils
des terrains propices aux ravages de la fièvre
jaune ?
La même constatation a été faite que
pour l'indigène : chez eux, la virulence du
mal est moindre. Les cas mortels, plis rares.
Et quelle est la thérapeutique de cette
maladie ?
- Il n'y en a pas.
- Les frictions au vinaigre et au citron
des traitements indigènes doivent donc être
regardées comme empiriques?
Nous ne savons rien. L'origine micro-
bienne ou autre de la fièvre jaune est in-
connue.
Pourtant, un savant japonais n'avait-il
pas, à Guayaquil, fait d'impressionnantes dé-
couvertes à ce sujet ?
En effet, Noguchi a isolé un micro-
organisme du groupe des spirochètes ou tré-
ponèmes qu'il a appelé leptospira actéroïdès.
Le rôle pathogène de ce micro-orga-
nisme, serait-il maintenant mis en doute ?
Il est mis en doute. D'après certains
travaux modernes, Noguchi aurait pu con-
fondre avec un micro-organisme clinique-
ment semblable.
Et le sérum et le vaccin que nous lui
devions ?
Utilement employés dans l'Amérique
Ccntrale, les résultats ne se sont pas maiQta-
nus lors
Centrale, de l'épidémie qui a fait ses ravages
hur la côte africaine.
Alors ?
Pour la fièvre jaune, il est deux fois
vrai qu'il vaut mieux prévenir que guérir.
Des mesures sévères de prophylaxie s'impo-
sent donc.
Le mode de propagation du virus est
connu. Les découvertes du médecin cubain
ont été confirmées par les travaux des mis-
sions américaine, brésilienne et française.
Nous savons que les épidémies de fièvre
jaune correspondent aux époques d'activité
des moustiques (variables avec lez régions).
Il reste à savoir les mesures { .I!,hylactiljucs,
seuls remèdes actuels pour combattre la ter-
rible maladie, enrayer ses ravages
Le docteur Joyeux nous les énumère.
1° Isoler le malade sous une moustiquaire
ou dans une pièce aménagée de telle sorte
qu'il ne puisse être piqué par les moustiques,
transporteurs du virus;
20 Destruction des moustiques adultes de
l'habitation du malade;
3° Destruction des larves qui vivent dans
les petites collections d'eau : mare, citerne,
vase, ustensiles domestiques.
Avec une ferme insistance, le docteur
Joyeux nous parle de l'importance primor-
diale de cette dernière mesure. Il faut qu'elle
soit prise, nous dit-il, dans tous les pays où
la fièvre jaune a sévi. Cela est indispensable.
Urgent au premier chef. Non pas seulement
au lendemain de l'épidémie, ni la veille de'
son époque traditionnelle : toujours, inlassa-
blement, sans relâche.
Et le docteur Joyeux conclut avec la même
sûreté que le faisait ici même, « à propos de
la fièvre jaune », notre éminent collaborateur
M. Louis Le Barbier.
Il n'y a qu'un remède actuel à la fièvre
jaune : la supprimer de notre Afrique Occi-
dentale. Cela est possible. Très possible.
Les Américains, grâce à des mesures éner-
Riques, ont fait disparaître la fièvre jaune de
Cuba combien jadis éprouvée et de
l'Amérique Centrale. Elle n'existe plus là-
bas, qu'en très petits foyers. Rien n'empêche
qu'on en fasse autant sur la côte occidentale
française. Que faut-il pour cela ? Rien ou
presque apparemment : donner l'autorité né-
cessaire aux agents d'hygiène coloniaux,
toute l'autorité nécessaire. Des raisons poli-
tiques seront-elles plus fortes que la raison
humaine et, il faut bien le dire aussi : que
la raison d'économie nationale?
En 1763, lors de la colonisation de la
Guyane, 10.000 colons furent décimés par lu
fièvre jaune. Ceux qui échappèrent au fléau
ne le durent qu'à l'hospitalité de cette île de
l'océan, appelée depuis lie du Salut.
La récente épidémie de l'Afrique Occiden-
tale n'a pas, heureusement, atteint une telle
proportion de colons. Les victimes de la fièvre
jaune sont, en 1927, trop nombreuses encore.
Le retour doit en être évité. Que les Pou-
voirs public y pensent : le salut est aux mains
du Corps de santé colonial, qui ne manque,
en vérité, ni de science, ni de dévouement,
ni de patriotisme éclairé.
Mirane-Marcelle Deffins.
Une mission en Afrique centrale
La mission de M. Guy Babault, associé
du Muséum national dMiistoire naturelle,
dont nous avons tUHluncé, il y a un an, le
départ pour l'Afrique centrale, vient de
rentrer en France.
Cette mission a parcouru la région mon-
tagneuse du nord-ouest du Taneanyika,
puis remonté la vallée de la Huzizl, après,
toutefois, un long arrêt à Luvenghi, célè-
bre autrefois par son marché d'esclaves et
d'ivoire et encore de nos jours par son dé-
plorable état sanitaire.
Après avoir contourné par le" sud le lae
Kivu, M. Babault et ses compagnons en-
trèrent dans la zone des splendides forêts
qui recouvrent les escarpements des mon-
tagnes de l'Afrique centrale, forêts" dans
lesquelles ils purent se procurer le gorille
de Béringcr. La i-eticoiitte de cet animal
manqua de peu d'être funes t e à M. Dépri-
inoz, préparateur et chasseur de la mis-
Hion, qui, abattant la bête à bout portant,'
11e dut son salut qu'à son sang-froid.
Ajprès un séjour à Katana et Ja récolte
de collections sur les rives du lac Kivu,
la mission gagna Sakai et franchit les hau-
tes montagnes couvertes d'épaisses forêts
qui dovniuenl les lacs Mokotos. Une bles-
sure de M. lUubault arrêta les voyageurs
près d'un mois à llutchuru ; puis, après
avoir fuit de riches récoltes zoologiques
dans la zone des volcans cîe la cfialne Mo-
liavura-Sabinio, ils organisèrent une expé-
dition dans le pays de savanes du Huandn,
avec l'aide des Pères Blancs.
S'cloiignanl ensuite de cette région en di-
rection dû nord, la mission gagna les rives
du lac Albert, puis, descendant le cours
,.mp"l'it'lll' du Nil, s'arrêta non loin du lac
H IIhi, où le chef de mission put abattre un
magnifique rhinocéros blanc, non encore
représenté dans nos cmMoclions.
Apres une inclusion au Congo belge, le
iviour de la mission se fit par le Nil ; elle
rapportait une abondante moisson de do
cuinenls scientiiiquos pt, en particulier,
pour noliv Jardin des Plantes, des spéci-
mens des animaux les plus rares du conti-
nent africain.
Cet intéressant voyage n'a pu être men»*
ft. bien que grA.ee ù la générosité do M. (i.
liabault, qui en a assumé toutes les char-
ges, cl qui s'est ainsi acquis un nouveau
titre à la reconnaissance des savants fran-
çais.
Lire en deuxième page :
LE RETOUR DE M. GOURDON.
LES ENLÈVEMENTS DE BENI MEI.LAt.
A LA CHAMBRE.
L'AVIATION CO OMALE.
Un cri d'alarme
-0-0-
M. Qunintrie, Président de la Chambre de
Commerce de Cayenne, vient d'adresser à M.
Léon Perrier, ministre des Colonies, la lettre
suivante, que nous insérons bien volontierst à la
demande de nos amis Guyanais. Cette lettre
a été approuvée à l'unanimité par les membres
de la Chambre de Commerce de Cayenne dans
sa séance du 5 octobre.
Cayenne. le 5 octobre 1927.
Monsieur le Ministre,
Ces lignes partiront par le même cou.ner que
prendra M. le Gouverneur Juvanon, qui ren-
tre en France pour conférer avec vous sur plu-
sieurs questions vitales relatives à la Guyane
qui succombe sous le taix des impôts d toutes
sortes dont la population, si peu dense, est
accablée.
Le journal local Le Progrès a publié récem-
ment, sous le titre « L'n tournant difficile P,
un article plein de justesse et de bon sens, dans
lequel M. Gober, maire de Cayenne et Pré-
sident du Conseil Général. signale la situation
économique des plus critiques dans laquelle se
débat la colonie et indique, selon lui, les
moyens les mieux appropriés pour enrayer cctte
situation qui ne fait qu'emparer chaque jour.
Je crois savoir que le but principal du voyage
de M. le Gouverneur Juvanon, est de vous
faire toucher du do:gt, Monsieur le Ministre,
l'impossibilité matérielle dans laquelle il se
trouve, non seulement pour beuder le budget
de 1927, mais surtout peur dre.scr celui de
1928.
Ln effet, le budget de 1926 a été arrêté
avec un excédent de dépenses d environ
285-000 francs. Celui de l' année en cours
donnera un déficit de plus de 1.000.000. si
l'on considère que certains rappels de solde
n'ont point été payés à tous les fonctionnaires
de la colonie.
Or, les soldes des fonctionnaires augmen-
tent en proportion du renchérissement de 1 v l'.
alors que toules les recettes locales (douanes
domaines, etc.), vont en diminuant.
Comment alors dans ces cond fions, boucler
un budget et établir celui de l' année suivante }
Question importante qui demande un examen
approfondi et des plus minutieux.
Créer de nouveaux impôts > Il ne faut même
pas y songer. Le plafond des impôts e t atteint
et même su passé.
Les causes de cette situation ont pour pont
initial l'affreuse gu rre 1914-1918, qui a eu
LE NUMlRO : 30 CENTIMES
MARDI SOIR, 22 NOVEMBRE 1927
Les Annales Coloniales
LU onnemm et rWiwtt MW régnés Mi
-- * >»nrMl.
DIMCTIUM i Ma"" RUEDEL et L.-Q. THÉBAUL T
Lde AMUH COUMULH ne puNUta, qu cie.
4m ImééÊ», qmt sont leur propriété mobuw.
JOURNAL QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
14, lu H Hut-miir
PARIS O")
niiirii 1 bouvis ig-W
MCHILIIUIWM
ABONNEMENTS
aMtc U supplément illustré :
Un es 6 Moi* 8 a&eia
Frum tg
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tt,.,.. 1M » t.. M »
On --
im -
LIndochine est-elle en état de faillite ?
..1
Dans les articles que j'analysais hier, le cri-
tique du journal des Débats déclarait : « L In-
dochine n' a pas l'outillage qu'elle devrait avoir.
les travaux publics sont poursuivis suivant un
rythme trop lent. » Il fait ressortir que, de
1918 à 1923, l'hydraulique agricole n'a pu
voir consacrer à ses travaux que 18 millions de
pi astres, mais il reconnaît que 105 millions de
(Nastres ont été dépensés durant cette époque.
ce qui fait une moyenne suffisamment élevée
pour permettre de conclure à ceux qui ne raison-
nent pas in abstracto que l' OTI a sensiblement
atteint les capacités de travail de l'Indochine.
Il n'est, en effet, rien de prévoir des travaux,
mais il est ptus difncite de les exécuter, et les
efforts ne peuvent être massifs sur une seule
catégorie de travaux quand 1" on songe à la
variété de ceux auxquels il faut faire face. Les
écoles qui font partie de ces bâtiments admi-
nistratifs qui sont particulièrement exécrés du
critique des Débats, correspondent néanmoins à
une nécessité politique qu'il serait dangereux de
négliger.
Pour la période s'étendant de 1921 à 1925,
la proportion des travaux neufs par rapport aux
dépenses totales des services des Travaux pu-
blics a été dans r ensemble des divers budgets
ide 67
Pour la même période, le budget générât
liommé dans cette étude donne la répartition
suivante entre les divers ordres de travaux, des
dédits affectés à des travaux neufs.
Budget général et fonds d'emprunt.
Pour-
Catégorie des travaux Totaux centage.
- -
Piastres Piastres
Chemins de fer 92.760. 000 42
toutes et ponts 45.252 - OM 20
llydraulique agricole
et navigation inté-
rieure 38.820.000 18
"orts maritimes 15.409 000 9
ilâtiments civils 19-135.000 7
Assainissement, Sa-
natoria 4.993.000 2
Outillage et divers. 6.209.000 2
Totaux 221 578.000 100
Le Caton des Débats voit, d'ailleurs, avec
atisfaction la consécration de ses théories dans
''exposé des motifs du budget général de 1927.
Dans cet exposé, il est dit que la période de
1922 à 1925 se caractérise dans l'exécution du
à»àdget général par une décroissance des re-
cettes nettes ordinaires et un recours systémati-
que au fonds de réserve par des prélèvements
sans cesse supérieurs aux bonis annuels. Le
critique des Débats n'a certes pas la naïveté
d'admettre sans explication ces caractéristiques
des budgets de 1922 à 1925. il les accepte
parce qu'elles sont conformes à ses idées et
parce que l'exposé des motifs fait du budget
général de 1927, emploie le même procédé que
lui, mais pour des buts différents, 1 ui psur
montrer que tout va mal en Indochine, 1 autre
pour mettre en valeur l'effort accompli pour
arriver à une augmentation des recettes ordi-
naires pour le budget 1927.
Dans les deux cas, la période antérieure à
1922 et la situation ifnancière de la caisse avant
cette époque sont complètement négligées.
L'histoire ifnancière du budget général de l'In-
dochine commence à 1922 parce que cette date
est commode pour les besoins de la cause.
Il semble que le chiffre de 35.500.000 pias-
tres mentant de la caisse de réserve en 1922
soit un chiffre normal et habituel et qui! ait
été grandement coupable de ne pas maintenir
cette caîlse à pareille somme. Et condamnant
les prélèvements faits, le critique des Débats
souligne les diminutions successives de cette
caisse. En la circonstance, volontairement sans
Houte, on omet de faire remarquer que l'avoir
Be la caisse de réserves s'est trouvé accidentel-
lement et exceptionnellement grossi en 1921 et
ien 1922 d'une somme de plus de 12 millions
8e piastres provenait du règlement du compte
Spécial constitué par le fonctionnement du cours
forcé. Eût-il été souhaitable, comme semble le
désirer le critique des Débats, que, pratiquant
une politique de « petit rentier », l'on ait placé
cet argent en fonds d'Etat pour percevoir les
intérêts francs que cette somme aurait rapportés.
et conservé jalousement le capital acquis ?
Les événements se seraient chargés de dë-
montrer le pitoyable résultat de semblable poli-
tique,. et l'on aurait pu voir quel bénéfice le
développement économique de l'Indochine eût
tiré de semblable méthode. Fort heureusement,
le législateur métropolitain avait eu, dès avant
la guerre, des vues plus larges sur la gestion
financière des caisses de réserves, car, bien
avant l'année 1922, la caisse des réserves du
budget général a contribué à fournir aux exer-
cices successifs les moyens financiers d'exécu-
tion du orotrramme des travaux neufs.
Cette procédure, si critiquée aujourd hui. j
loin d'être coupable, est parfaitement légitime
et régulière. En effet, le règlerrer.t finarcier du
30-12-1912 était accompagné d'une circulaire
oui disposait que, « sous le régime d'autonomie
financière des colonies institué par la loi du
il 3-4-1900, le fait de réserve* ne doit plus avoir
un caractère exclusif de prévoyance pour les
cas imprévus, il y a tout avantage à en faire,
en outre, dans les colonies rarliculièrement
prospères, une accumulation d'économies per-
mettant, au bout d'un certain nombre d'années,
d'entreprendre un programme de travaux dont
l'importance néanmoins n'oblige pas de recou-
rtra temptuntn.
Le législateur métropolitain, dans une sage
Vision de la mise en valeur des colonies, avait
tompris qu'il serait contra re au dév loppeme-t
'des pays neufs de pratiquer une po itique de
« bas de laine » au lieu d'employer, dès ou2
les sommes acquises permettent de le faire, les
disponibilités existantes à des dépenses dont le
rendement utile ne tarderait pas à améliorer les
finances des colonies.
Tout observateur indépendant et au fat des
besoins de l'Indochine ne peut que se louer
de la politique financière qui fut suivie en em-
ployant l'excédent exceptionnel de la caisse de
réserves et en ramenant le fonds de ré erve à
un encaisse normal. En raisonnant commercia-
lement semblable question, que pen era:t-on
d'une industrie petitement outillée et ayant de
grandes possibilités de production et d écoule-
ment de ses produits qui, ayant fait une année,
par suite de circonstances exceptionnellement
favorables, des gains exhorbitants, placerait cet
argent en fonds d'Etat au lieu de s'agrand r, de
s'outiller et d'améliorer sa capacité de produc-
tion ? Le cas est identiquement celui de l'In-
dochine. Il est bien évident que si la capacité
fiscale de l'Indochine s'est trouvée plus grande
en 1927 et a permis de demander davantage
à l'impôt, c'e!t grâce au développement écono.
mique donné à la colonie dans ces dernières
années par les travaux exécutés sur les écono-
mies de la caisse de réserves employées selon
les vues même du législateur et au mieux des
intérêts indochinois.
Cet excédent de la caisse de ré serve ne pou-
vait pas être perpétuel et il fallait prévoir on
rythme accéléré des travaux qui corresponde
aux capacités d'exécution de l'Indochine. Le
critique des Débats qui, involontairement doit
admettre les progrès réalisés, se choque de voir
que des dépenses supplémentaires de travaux
publics aient entraîné des dépenses supplémen-
taires de personnel. Il semble pourtant assez
naturel que le rendement d'un personnel ait
une limite déterminée et que si cette limite e3t
dépassée, il faille augmenter les cadres de ce
personnel. Celte conséquence logique ne parait
pas être admise par l'auteur de l'étude des
Débats, car dans son premier chapitre, il re-
! proche déjà au service des douanes d'avoir
augmenté son personnel alors que le3 recettes
démontrent par leur accroissement un nombre
plus important de perceptions. De même le
te; vice des postes se voit incriminer pour une
augmentation de 40 unités alors que chaque
année, avec les nouvelles lignes télégraphiques,
les réseaux téléphoniques nouveaux, les bu-
reaux créés, le travail va en croissant 1
Chartee Debierre,
Sénateur du Nord
Membre de la Commission
des Affaires étrangères.
Du haut de mon cocotier
Frères ennemis ou camarades
0
Tels des héros d Homère. ou d'Aristo-
phane, MM. Octave Homberg et Ernest Ou-
trey s'injurièrent copieusement, il y a plus et
moins d'un an à propos de la politique indochi-
noise et de M. Alexandre Varenne, le pre-
mier la soutenant, peut-être comme la corde
soutient le pendu (ouisqu'il a partie liée avec
M. Pierre Laval qui veut déboulonner de son
siège M. Varenne dans la deuxième circons-
cription de Riom) ; mais enfin, le second, cher-
chant, avec la fougue d'un hanneton dans un
arrosoir, mal de mort à toutes les affaires indo-
chinoises en essayant de jeter sur elles le plus
fâcheux discrédit.
Des mois ont passé. La Liberté, qui estime
à la fois M. Ernest Outrey et M. Octave
Homberg pour des raisons différentes, à moins
que ce soient les mêmes, a ouvert largement
ses colonnes au financier fâcheusement cité par
M Pierre Hamp. tout en gardant parmi ses
collaborateurs zélés le dépulc J;; la Cochin-
chine.
Aujourd'hui, est-ce une piquante coïncidence
ou une simple inadvertance, notre excellent
confrère le Courrier du Parlement fait un ra?-
pioché plus sensible.
- En première page, il publie une conférence
de M. Octave Homberg qui fait suite à une
série de causeries de plusieurs de ses lieute-
nants parlementaires, parmi lesquels nous
voyons MM. Lucien Lamoureux, Jacques Du-
boin, Georges Bonnet, Adolphe Landry et
Bertrand Nogaro. Le propriétaire de Brigueil,
qui a gagné hier à Auteuil le prix Le Hon
(15 000 francs), y apparaît comme un soleil.
Espérons aussi qu'il apparaîtra bientôt
comme tel aux acheteurs à des cours astrono-
miques des Raffineries et Sucreries de l'Indo-
chine, des Remorquages et Chalandages, des
Cultures tropicales et des Graphites de Mada-
gascar, pour ne citer que les plus beaux titres
de la collection. Il serait malheureux que, pour
ceux-là seulement, M. Octave Homberg ne
fît figure que d'étoile filante ou de bolide.
Immédiatement au-dessous de l'article de
l'animateur des Cultures tropicales, dans le
même numéro du Courrier du Parlement, nous
voyons quoi ? un superbe portrait très ressem-
blant du député de la Cochinchine par Bib,
accompagnant un éloquent article de M. Ernest
Outrey, par Zag.
La paix est-elle signée entre les frères enne-
mis qui, jusqu'à l' an dernier, marchèrent la
main dans la main au Comité du C-mmerce et
do l'Industrie de l'Indochine et ailleurs.
Cela sentie svmotomattque. Amkut si l'on
pense oue M. Alexandre Varenne débarque à
Marseille à la fin de cette semaine.
Si l'accord est fait, souhaitons qu'il n'y eut
dans le coup personne de refait.
8 , taoo.
La préfecture de Constantîne
On annonce que M. C.arles, préfet des Py-
lt"'n{',-Orimh¡\(,A, va être incessamment
nommé préfet de Constant i ne, en rempJa-
ciMnent de M. 1 -amy Roiisrnsitfr. admis h
'fnire valoir seg droits h la retraite.
Cuique scium
-0-
Probité scientifique
-0-0--
On peut distiller des eaux ma-
gnésiennes par les rayons solaires.
J'ai dit dans un récent article !>u-
blié dans les Annales Coloniales combien
simple était la découverte ; III. Lucien Saint
avait institué, l'an dernier, un concours
ayant pour objet les procédés susceptibles
d'obtenir la distillation des eaux souterraines
fortement magnésiennes par la seule action
de la chaleur solaire.
A l'épreuve, M. G. Gillestotis, chef du
service météorologique à la Direction des
Travaux publics, a remporté ces temps der-
niers la timbale grâce à un appareil de
construction facile. Je ne reviendrai pas
sur le détail.
Mais je reçois de M. Ginestous la lettre
suivante, qui n'enlève rien au mérite de ce
savant trop modeste, mais rend à des pré-
curseurs trop oubliés un juste Itommagc.
Monsieur le Sénateur,
Vous avez bien voulu appeler l'attention
des lecteurs des Annales Coloniales sur les
résultats auxquels m'ont conduit mes re-
cherches sur la purification de l'eau par la
chaleur solaire.
Je viens vous en exprimer ma profonde
gratitude. Toutefois, je désirerais beaucoup
et vous serais reconnaissant de vouloir bien
m'y aider, faire connaître aux lecteurs des
Annales, que M. Maurain, directeur de
l'Institut de Physique du Globe, et M. Bra-
zier, directeur du Laboratoire du Parc-Saint-
Maur ont, en 1926, étudié un dispositif
tout à fait semblable à celui que j'ai trouvé.
Mialheureusement, je n'ai connu les tra-
vaux des deux éminents directeurs qu'après
avoir livré au public mes résultats person-
nels, c'est-à-dire en fin octobre 1927.
Il est juste et loyal que leur mtériorité 1
soit avérée par la presse. Ce ne sera dimi-
nuer en rien au contraire ma parti-
cipation au problème posé par M. le mi-
nistre résident général de France en Tuni-
sie et ce sera rendre justice au dévouement
et à l'intérêt que les laboratoires scientifi-
ques de France prennent aux questions in-
téressant les colonies françaises.
Si vous n'y voyez aucun empêchement,
ma lettre pourrait être publiée dans un pro-
chain numéro des Annales.
En vous exprimant d'avance toute irn
reconnaissance, je vous prie d'agréer, Mon-
sieur le Sénateur, l'assurance de mes sen-
timents les plus respectueux.
G. GINESTOUS.
Voilà Vhommage rendu aux savants.
Mais une question se pose et elle est sur
toutes les lèvres de mes lecteurs comme au
bout de ma plume.
Conimentl Il y a trente ans, on a trouvé
le moyen d'avoir de l'eau potable grâce à
faction des rayons solaires utilisés selon
un appareil facile à exécuter et peu coû-
teux ?
Qu'a fait VAdministration militaire qui,
depuis six lustres, s'est livrée à maintes
expéditions ; qu'ont fait les administrations
coloniales, ministère des Colonies, gouver-
nements généraux, pour employer et, le cas
échéant, perfectionner un procédé qui inté-
resse au entier chef la santé, je dirai
même plus : la vie de ceux qui partent sous
des cieux incléments et vers des terres arides
fortet notre civilisation et ses bienfaits ?
Les services militaires sont-ils pourvus de
ces appareils ou d'appareil similaires ?
Les colonies out-elles adopté et déve-
loppé les dispositifs de Maurain, de Bra-
sier, nI attendant celui de AI. Ginestous ?
Je pose la question.
J'ai bien peur de ne pas recevoir de ré-
ponses affirmatives.
Ernest Haudos,
Sénateur de la Marne,
Vire-président de la Commission des Douanes.
<
BROUSSES
& BROUTILLES
––o.o–-
La langue des lions
L'on raconte que le sultan du Maroc, Sidi
Mohamed, alors qu'il était le prince Moulay
Hamada, aimait beaucoup contempler les
splendides lions de l'Atlas, encagés dans le
parc impérial de Fez. Même, il leur par-
tait et, dans ses soliloques - - car la plus
fertile imagination no peut aller jusqu'à re-
later des dialogues en pareille occurrence
il n'employait que le français.
Pourquoi, lui aurait demande son pré-
cepteur, ne leur parlez-vous pas arabe ?
Parce que je crois que le français est
la langue des lions, aurait répdndu le jeune
prince.
Dix-sept ans! une intelligence fort vive,
assure-t-on. De l'énergie, puisque, le jour de
son avènement, le nouveau possesseur de
l'étincelle sacrée fit chasser un favori indi-
gne.
C'est peut-être un grand règne qui com*
mcnrt'. ht il n'est peut-être pas mauvais,
dès lor*, de s'occuper un peu de la légende
nécessaire à tous les grands hommes.
l.a :< langue des lions » est un bon début,
et Hatteur pour tout le inonde : le sultan,
les Français et le« lions.
Audion
L'aposilion coonlale initroationale
Z-
Le Maréchal Lyautey se rendra à Vincennes
jeudi prochain, à 10 heures, pour étudier sur
te terrain les emplacements de la future Expo-
sition Coloniale Internationale dont il est le
Commissaire Général. Il sera accompagné des
Commissaires Généraux et des Directeurs des
Services de l'ExM.;tion.
Moulay Mohamed
Sultan du Maroc
---O -
L'arrivée à Rabat
Sous une pluie torrentielle, Moulay Mo-
ltallLlJtI, sultan du Maroc, a fait son entrée
solennelle dans la capitale.
Les autorités civiles et militaires, tous
les corps constitués et les officiers de ta
garnison étaient massés sur le port, où le
cortège impérial, arrivani par la route de
f'e:., s'est arrèté, après avoir franchi le
pont sur Voued lion tiegreg.
Le lontj des quais et des boulevards de la
ville indigène, la garde chérifienne, en
grand uniforme rouge et blanc, formait la
haie. Plus loin, des escadrons de cavalerie
chérifienne, avec leurs étendards, étaient
massés pour encadrer et accompagner le
cortège du nouveau souverain à travers la
ville.
Malgré te mauvais temps, la foule euro-
péenne s'était massée sous les arcades,
avenue de Dar-El-Maghzen, très nom-
breuse, tandis que toute la foule indigène,
sortie de la Médina, et les Israélites, venus
du Mellah, accouraient pour saluer Moulay
Moltamed, qui a été acclamé sur tout le
parcours jusqu'au palais impérial.
Dès 11 heures, les magasins et les ad-
ministrations avaient fermé leurs portes,
pour permettre à leur personnel de se por-
ter au devant de Moulau Muhamed.
Le canon tonne, Moulay Moltamed qui
était aiTivé en automobile de Fez, met pied
à terre et reçoit les hommages des autori-
tés de la région entourant leur chef. Les
hauts fonctionnaires du Protectorat saluent
le nouveau souverain. Puis iç sultan, un
peu pdlc, monte sur un cheval blanc. Un
1 porteur de parasol - se tient -- derrière lui. Le
Corinne se forme ; la musique de la garde,
it's compagnies viennent en tète, suivies de
l'étendard en velours vert rehaussé d'or du
Prophète. Les h youyou » des femmes ara-
bes, massées sur les terrasses, retentissent
de tous côtés.
Derrière le sultan, qui est acclamé sur
tout le parcours du cortège, vient, à ehcval,
le grand-vizir El-Mokri, puis tous les mi-
nistres et les grands serviteurs du palais.
La pluie continue à tomber, diluvienne.
Le cortège, qui est partout c/urutlcmcnt
acclamé, monte lentement vers le palais
impérial, oit Moltla" Mohamed est reçu par
le matlre du palais et conduit à la salle du
trône. ,
Moulay Mohamed a reçu dans l'après-
midi M. Steeg, qui est venu lui apporter les
félicitations du président de la llépublique
et du gouvernement français. Cette pre-
mière audience solennelle a eu lieu en prt!-
sence des hauts dignitaires; des fonction-
naires et du corps diplomatique et consu-
laire, en grande tenue.
Le jeune souverain répondit que son vif
désir était de collaborer d'une façon loyale
avec la France protectrice pour le plus
grand bien de son peuple.
Condoléances tunisiennes
I.e bey de Tunis a prié M. Lucien Saint,
Résident général, de faire parvenir au Ma-
roc, le télégramme suivant :
Son Altesse le bey me charge de vous prier
de faire parvenir il la faillite etiérilienne l'ex-
ftresion émue de ses condoléances vives et at-
tristées, à t'ocension de la perte cruelle quelle
vient de subir en la personne de Sa Ylujesto
Moulay Youssef, ami sincère et loyal de la
France, protectrice commune du Mu roc et. de la
Tunisie. Son Altesse, (lui prend une large pari
il ce deuil, a conserve du défunt un souvenir
sincèrement fraternel. La Tunisie tout entière
s'associe au deirft du Maroc.
M. Steeg a. faii parvenir à M. Lucien Saint
la réponse suivante :
Su Majesté Kîdi Mohamed nie prie de vous
demander de faire purt en sou nom personnel
et au nom de la famille impériale ù Son Al-
tesse te Ley (te sa plus vive gratttude pour les
sentiments qu'elle a bien voulu lui exprimer a
l'occasion de la perte qu'ils viennent de subir.
Sa Majesté associe a ses remerciements, au nom
du Maroc tout entier et du gouvernement cht.
riflen, Son Altesse K: bey, le peuple tunisien et
le gouvernement du protectorat.
rpo.
Dépêches de l'Indochine
-G-O--
Le marché du riz
Situation générale. Depuis le commen-
cement du mois de novcmbrc, le marché a
été très ferme par suite d'une forte de-
mande de l'Europe. La fermeté du marché
d'Ilong-K on!} contribue également à la
hausse des cours sur notre place.
Hiz. Prix en hausse. Clôture ferme.
Les demandes sont assez importantes sur
l'Europe. On traite également sur Cuha.
Hrisures. Marché très ferme. Bonnes
demandes d'Europe. Stocks faibles.
Fal'incs. - Marché assez ferme. Stocks
faibles.
Paddys. Lr.. prix se sont relevés sen-
siblement au cours de la quinzaine, par
suite drs demandes importantes de l'usi-
nage.
Hécolte. les riz hâtifs sont iléjà récal.
tSs ou sont en cours de récolte dans beau-
couft de provinces, f.r.s pronostics sont tou-
jours favorables. Iai nouvelle récolte sera
vraisemblablement présentée sur le marchl,
en avance de près d'un mois sur la nor-
male.
Kxporlnlions. - ï.es exportations de ri:
de Saigon pendant la première quinzaine de
novembre atteignent 18.427 tonnes, savoir :
Hiz blanc : Sur la France, 1.6?1 tonnes:
sur l'étranger, 27.99! tonnes.
niz (:Iugo : Sur Vétranger, 1.^00 tonnes.
Stir toienes.
nrisurcs : Sur In France, 0.2^ tonnes ;
sur l'étranger, 1.978 tonnes.
Farines : Sur la France, 20 tonnes ; sur
l'étranger, 1.8W tonnes.
I.es exportations; totales de riz pour la
Cnehinehine depuis le J,r janvier 1927 attei-
gnent 1.288.08*.) tînmes.
Au port de Saïgon
Deux chasseurs de sous-marins remor-
qués par l'aviso Hellulrix et le yacht
Diana sont arrivés à Saigon vendredi,
,,(', chasseurs seront utilisés comme ca-
nonnières par la Cochinchine.
Un ministère des Colonies au lapon
La création d'un ministère des Colonies
ntt .fnwm est fixée au 1*'T juillet prochain.
A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
e
LA FIÉVRE JAUNE
Le laboratoire de parasitologie ?
Là-haut.
Des salles rectangulaires meublées de lon-
gues tables sur lesquelles sont entassées mille
éprouvettes, cornues, vases, tubes.
Ici et là, la tache lumineuse de quelques
blouses blanches. On travaille dans le grand
silence et la clarté.
Le professeur Brumptf est à l'extrémité de
la salle. Trois enjambées ont supprimé toute
distance entre lui et moi.
Nous souhaiterions, monsieur le Profes-
seur, interviewer l'une des compétences de
votre laboratoire ?
Sur quoi ?
La fièvre jaune.
C'est facile. Venez.
En un tour de jambes, le professeui
Brumpft entre dans un bureau. Je :ours pour
le rattraper. J'arrive à temps, juste. Il me
confie au docteur Joyeux, professeur agrégé
de la Faculté de Médecine, son éminent col-
laborateur.
J'aperçois, sur une petite table, le dernier
numéro des Annales Coloniales. Cela me ras-
sure. (J'en ai besoin. Ce domaine scientifique
ne m'a pas du tout l'air d'un « salon où 1 on
cause ».)
Docteur, je ne vous importunerai que
deux minutes.
Un sourire, un peu incrédule, mais très
charmant, accompagne la réponse.
Vous ne m'importunez pas. Je vous
en prie. Que voulez-vous savoir?
L'origine de la fièvre jaune ?
La théorie classique admet qu'elle est
originaire de l'Amérique tropicale. Certains
auteurs soutiennent que cette origine n'est pas
américaine mais africaine.
Quelle base donnc-t-on à cette seconde
version ?
On prétend que les nègres africains
forment un réservoir de virus.
Comment expliquer la terrible vitalité
des épidémies de Cuba, d'éternelle mémoire?
La traite des nègres, pratiquée alors,
aurait servi d'agents cet porteurs.
- Joli résultat de la traite!
- Indéniablement.
- Les Blancs sojut-ils plus éprouvés que les
Noirs par le fléau?
Certes. Le pourcentage de mortalité est
très grand parmi les Européens. Chez l'indi-
gène, la fièvre ne présente souvent qu'un ca-
ractère bénin.
Les vieillards et les enfants offrent-ils
des terrains propices aux ravages de la fièvre
jaune ?
La même constatation a été faite que
pour l'indigène : chez eux, la virulence du
mal est moindre. Les cas mortels, plis rares.
Et quelle est la thérapeutique de cette
maladie ?
- Il n'y en a pas.
- Les frictions au vinaigre et au citron
des traitements indigènes doivent donc être
regardées comme empiriques?
Nous ne savons rien. L'origine micro-
bienne ou autre de la fièvre jaune est in-
connue.
Pourtant, un savant japonais n'avait-il
pas, à Guayaquil, fait d'impressionnantes dé-
couvertes à ce sujet ?
En effet, Noguchi a isolé un micro-
organisme du groupe des spirochètes ou tré-
ponèmes qu'il a appelé leptospira actéroïdès.
Le rôle pathogène de ce micro-orga-
nisme, serait-il maintenant mis en doute ?
Il est mis en doute. D'après certains
travaux modernes, Noguchi aurait pu con-
fondre avec un micro-organisme clinique-
ment semblable.
Et le sérum et le vaccin que nous lui
devions ?
Utilement employés dans l'Amérique
Ccntrale, les résultats ne se sont pas maiQta-
nus lors
Centrale, de l'épidémie qui a fait ses ravages
hur la côte africaine.
Alors ?
Pour la fièvre jaune, il est deux fois
vrai qu'il vaut mieux prévenir que guérir.
Des mesures sévères de prophylaxie s'impo-
sent donc.
Le mode de propagation du virus est
connu. Les découvertes du médecin cubain
ont été confirmées par les travaux des mis-
sions américaine, brésilienne et française.
Nous savons que les épidémies de fièvre
jaune correspondent aux époques d'activité
des moustiques (variables avec lez régions).
Il reste à savoir les mesures { .I!,hylactiljucs,
seuls remèdes actuels pour combattre la ter-
rible maladie, enrayer ses ravages
Le docteur Joyeux nous les énumère.
1° Isoler le malade sous une moustiquaire
ou dans une pièce aménagée de telle sorte
qu'il ne puisse être piqué par les moustiques,
transporteurs du virus;
20 Destruction des moustiques adultes de
l'habitation du malade;
3° Destruction des larves qui vivent dans
les petites collections d'eau : mare, citerne,
vase, ustensiles domestiques.
Avec une ferme insistance, le docteur
Joyeux nous parle de l'importance primor-
diale de cette dernière mesure. Il faut qu'elle
soit prise, nous dit-il, dans tous les pays où
la fièvre jaune a sévi. Cela est indispensable.
Urgent au premier chef. Non pas seulement
au lendemain de l'épidémie, ni la veille de'
son époque traditionnelle : toujours, inlassa-
blement, sans relâche.
Et le docteur Joyeux conclut avec la même
sûreté que le faisait ici même, « à propos de
la fièvre jaune », notre éminent collaborateur
M. Louis Le Barbier.
Il n'y a qu'un remède actuel à la fièvre
jaune : la supprimer de notre Afrique Occi-
dentale. Cela est possible. Très possible.
Les Américains, grâce à des mesures éner-
Riques, ont fait disparaître la fièvre jaune de
Cuba combien jadis éprouvée et de
l'Amérique Centrale. Elle n'existe plus là-
bas, qu'en très petits foyers. Rien n'empêche
qu'on en fasse autant sur la côte occidentale
française. Que faut-il pour cela ? Rien ou
presque apparemment : donner l'autorité né-
cessaire aux agents d'hygiène coloniaux,
toute l'autorité nécessaire. Des raisons poli-
tiques seront-elles plus fortes que la raison
humaine et, il faut bien le dire aussi : que
la raison d'économie nationale?
En 1763, lors de la colonisation de la
Guyane, 10.000 colons furent décimés par lu
fièvre jaune. Ceux qui échappèrent au fléau
ne le durent qu'à l'hospitalité de cette île de
l'océan, appelée depuis lie du Salut.
La récente épidémie de l'Afrique Occiden-
tale n'a pas, heureusement, atteint une telle
proportion de colons. Les victimes de la fièvre
jaune sont, en 1927, trop nombreuses encore.
Le retour doit en être évité. Que les Pou-
voirs public y pensent : le salut est aux mains
du Corps de santé colonial, qui ne manque,
en vérité, ni de science, ni de dévouement,
ni de patriotisme éclairé.
Mirane-Marcelle Deffins.
Une mission en Afrique centrale
La mission de M. Guy Babault, associé
du Muséum national dMiistoire naturelle,
dont nous avons tUHluncé, il y a un an, le
départ pour l'Afrique centrale, vient de
rentrer en France.
Cette mission a parcouru la région mon-
tagneuse du nord-ouest du Taneanyika,
puis remonté la vallée de la Huzizl, après,
toutefois, un long arrêt à Luvenghi, célè-
bre autrefois par son marché d'esclaves et
d'ivoire et encore de nos jours par son dé-
plorable état sanitaire.
Après avoir contourné par le" sud le lae
Kivu, M. Babault et ses compagnons en-
trèrent dans la zone des splendides forêts
qui recouvrent les escarpements des mon-
tagnes de l'Afrique centrale, forêts" dans
lesquelles ils purent se procurer le gorille
de Béringcr. La i-eticoiitte de cet animal
manqua de peu d'être funes t e à M. Dépri-
inoz, préparateur et chasseur de la mis-
Hion, qui, abattant la bête à bout portant,'
11e dut son salut qu'à son sang-froid.
Ajprès un séjour à Katana et Ja récolte
de collections sur les rives du lac Kivu,
la mission gagna Sakai et franchit les hau-
tes montagnes couvertes d'épaisses forêts
qui dovniuenl les lacs Mokotos. Une bles-
sure de M. lUubault arrêta les voyageurs
près d'un mois à llutchuru ; puis, après
avoir fuit de riches récoltes zoologiques
dans la zone des volcans cîe la cfialne Mo-
liavura-Sabinio, ils organisèrent une expé-
dition dans le pays de savanes du Huandn,
avec l'aide des Pères Blancs.
S'cloiignanl ensuite de cette région en di-
rection dû nord, la mission gagna les rives
du lac Albert, puis, descendant le cours
,.mp"l'it'lll' du Nil, s'arrêta non loin du lac
H IIhi, où le chef de mission put abattre un
magnifique rhinocéros blanc, non encore
représenté dans nos cmMoclions.
Apres une inclusion au Congo belge, le
iviour de la mission se fit par le Nil ; elle
rapportait une abondante moisson de do
cuinenls scientiiiquos pt, en particulier,
pour noliv Jardin des Plantes, des spéci-
mens des animaux les plus rares du conti-
nent africain.
Cet intéressant voyage n'a pu être men»*
ft. bien que grA.ee ù la générosité do M. (i.
liabault, qui en a assumé toutes les char-
ges, cl qui s'est ainsi acquis un nouveau
titre à la reconnaissance des savants fran-
çais.
Lire en deuxième page :
LE RETOUR DE M. GOURDON.
LES ENLÈVEMENTS DE BENI MEI.LAt.
A LA CHAMBRE.
L'AVIATION CO OMALE.
Un cri d'alarme
-0-0-
M. Qunintrie, Président de la Chambre de
Commerce de Cayenne, vient d'adresser à M.
Léon Perrier, ministre des Colonies, la lettre
suivante, que nous insérons bien volontierst à la
demande de nos amis Guyanais. Cette lettre
a été approuvée à l'unanimité par les membres
de la Chambre de Commerce de Cayenne dans
sa séance du 5 octobre.
Cayenne. le 5 octobre 1927.
Monsieur le Ministre,
Ces lignes partiront par le même cou.ner que
prendra M. le Gouverneur Juvanon, qui ren-
tre en France pour conférer avec vous sur plu-
sieurs questions vitales relatives à la Guyane
qui succombe sous le taix des impôts d toutes
sortes dont la population, si peu dense, est
accablée.
Le journal local Le Progrès a publié récem-
ment, sous le titre « L'n tournant difficile P,
un article plein de justesse et de bon sens, dans
lequel M. Gober, maire de Cayenne et Pré-
sident du Conseil Général. signale la situation
économique des plus critiques dans laquelle se
débat la colonie et indique, selon lui, les
moyens les mieux appropriés pour enrayer cctte
situation qui ne fait qu'emparer chaque jour.
Je crois savoir que le but principal du voyage
de M. le Gouverneur Juvanon, est de vous
faire toucher du do:gt, Monsieur le Ministre,
l'impossibilité matérielle dans laquelle il se
trouve, non seulement pour beuder le budget
de 1927, mais surtout peur dre.scr celui de
1928.
Ln effet, le budget de 1926 a été arrêté
avec un excédent de dépenses d environ
285-000 francs. Celui de l' année en cours
donnera un déficit de plus de 1.000.000. si
l'on considère que certains rappels de solde
n'ont point été payés à tous les fonctionnaires
de la colonie.
Or, les soldes des fonctionnaires augmen-
tent en proportion du renchérissement de 1 v l'.
alors que toules les recettes locales (douanes
domaines, etc.), vont en diminuant.
Comment alors dans ces cond fions, boucler
un budget et établir celui de l' année suivante }
Question importante qui demande un examen
approfondi et des plus minutieux.
Créer de nouveaux impôts > Il ne faut même
pas y songer. Le plafond des impôts e t atteint
et même su passé.
Les causes de cette situation ont pour pont
initial l'affreuse gu rre 1914-1918, qui a eu
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