Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-11-21
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 21 novembre 1927 21 novembre 1927
Description : 1927/11/21 (A28,N171). 1927/11/21 (A28,N171).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451165j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-HUITIEME ANNEE. N° 171
LE NUMERO : 30 CENTIMES
LUNDT SOIR. 21 Nlnvpxqnnr.. 1007
Les Annales Coloniales
tm we hwa. m Diiktwm I M. RUEDEL. et L-G. THÉBAULT Kr^ffuiT^rT*
-- ., ., îm poopp J"M=.
JCWMML CMTtBtM
Réfaction & Administration:
u,.
PARIS a-)
TÉLÊPH. • LOUVMIIMI
- mcmuiu imc
IIONNEIENTS
mm Ù supplément illustré :
u. 6 Moi. 8 Mail
frum il
MmIM 120» Ii.
Étraqu - - lue IM » Mi
on tnib om
bu - -- db Pl"
L'Indochine est-elle en état de faittite ?
Chaque fois que le retour en France 'd'un
Gouverneur Général de l'Indochine permet de
supposer que sa succession pourra être ouverte,
rIndochine devient à l'ordre du jour et l'opi-
nion publique de la métropole se préoccupe des
questions indochinoises. Cette vogue périodique
n'est malheureusement pas favorable à notre
si belle colonie d'Extrême-Orient. En tout
temps, il faut, hélas ! le reconnaître, l' opinion
publique française totalement dénuée de cet
cc esprit d'empire » qui caractérise tout sujet
britannique, ne peut admettre que notre œuvre
coloniale soit un merveilleux effort et répugne
à reconnaitre les résultats acquis, laissant aux
étrangers qui viennent en Indochine l'originalité
de constater sincèrement ce que le génie colo-
nisateur français a su faire en ces pays.
Cette tendance au dénigrement de notre
œuvre coloniale semble s'exacerber et atteindre
le paroxysme dès que les circonstances per-
mettent de penser qu'il va y avoir un nouveau
Gouverneur Général à choisir. Tous ceux qui
ont rempli cette haute mission sont alors char-
gés d'opprobre, ils n'ont rien compris, ils n'ont
rien fait en une Indochine qui se débat dans
!es pires difficultés, notre avenir y est compro-
mis, et donnant libre cours à leur passion immo-
dérée pour la critique, les censeurs se révèlent,
s'extériorisent, et la presse métropolitaine s'oc-
cupe de l'Indochine.
Il serait bien difficile de discerner les mo-
biles qui mettent en action ces offensives pério-
diques. D'aucuns attribuent au goût très fran-
çais de la politique la cause de ces attaques.
Chacun espère et veut un Gouverneur Général
de son parti et ne peut admettre qu'un Français
soit un excellent gouverneur s'il n'appartient
pas au même parti politique que lui. D' autres
prétendent que ce souci politique n' a rien à
voir en l'occurrence et qu'il y a là seulement
question de personnes, ceux qui critiquent
souhaitent seulement un Gouverneur ami dont
ils peuvent espérer obtenir beaucoup.
La réalité est très certainement plus simple,
et les agressions dont l'Indochine et son admi-
nistration sont l'objet sont une conséquence
normale et naturelle de l'axiome métropolitain:
« Rien n'est bien dans nos colonies dont l'ad.
ministration est mauvaise. » Ajoutez à cela
l'attrait du scandale colonial qui fait toujours
recette et le goût à prophétiser sur l' avenir de
nos possessions d'outre-mer et à tracer des pro.
grammes aux futurs gouverneurs, goût que mar-
quent, dans la métropole, tous ceux qui par-
ient des colonies, qu'ils n'y aient jamais été
ou qu'ils en soient ievenua depuis plusieurs lus-
très.
L'annonce du retour en France de M. le
Gouverneur Général Varenne a provoqué une
de ces crises de préoccupations coloniales à la-
quelle il faut attribuer la série d'articles parus
dans le Jpumal des Débats sur les finances in-
dochinoises et le budget de l'Indochine.
Dans ses prémices d'ailleurs, l'auteur de
l'article veut bien rappeler des dates qui justi-
fient cette hypothèse, et, non sans amertume,
remémore les époques auxquelles il a bien voulu
déjà donner des conseils qui n'ont pas été suivis
au plus grand dam de la prospérité de l'Indo-
chine.
L'attaque étant dirigée contre le budget, elle
est conduite avec une allure mathématique
d'autant plus aisée que chacun sait que les chif-
fres, dans -leur exactitude, permettent de cons-
truire le raisonnement le plus trompeur suivant
que l' on néglige telles données du problème,
pour ne retenir que celles qui sont favorables au
développement de la solution.
l' Cette attaque se précise, dès l'abord, par
J'admissioa, non discutée, que ce qui fut dit
dans des articles antérieurs étant exact, l'Indou
c h ine est en état âe faillite par dsé u cette faillite
chine est en état de faillite par .suite du régime
fiscal en vigueur. Les causes de cette faillite
qui ont été indiquées par l'auteur des articles,
il y a quatre ans, sont ensuite rappelées ayec
les conséquences qu'elles entraînent et qui
qui se résument « dans de mauvaises finances
qui compriment le développement de l'Union
Indochinoise et entravent sa prospérité ».
u Les causes de la faillite seraient, d'après
tt l'auteur des articles :
« 1° Absence de tout contrôle métropolitain
u et même d'une surveillance locale vraiment
« sérieuse, contrôle et surveillance n' étant
« exercés, en fait, que par les contrôlés et les
u surveillés ;
« 2° Aménagement du budget dans l'intérêt
« trop exclusif des fonctionnaires, au nombre
« de 5.450 (nous ne parlons'que des Français),
Ct dans un pays de 20 millions d'habitants,
« alors que 1 Inde anglaise, quinze ou seize
m fois plus peuplée, emploie seulement 4.898
« Européens ; « abondement » excessif des
R traitements et des soldes ;
« 3° Perception des recettes douanières en
« francs, tandis que presque tous les débours
« s'exécutent en piastres *,
« 4° Gestion dispendieuse, organisation mé-
« diocre des régies et services d'ttat : opium,
et alcool, postes et télégraphes, ces derniers
CI toujours déficitaires. »
Les prévisions budgétaires pour l'année 1927
soumises au Conseil de Gouvernement en dé-
cembre 1926 par M. le Gouverneur Général
Varenne sont, pour l'auteur de cette étude; la
preuve U plus nette de l'exactitude de sa
pLilippique.
En reprenant en toute bonne foi les « quatre
points » qui # déterminant la faillite indochi-
noise, si le raisonnement garde sa forme rigou-
reuse, les arguments supportent mal cet examen
et perdent singul ièrement leur valeur.
te o Absence de tout contrôle métropo.
« litatn et même d'une surveillance
« locale vraiment sérieuse, contrôle et
ft surveillance n'étant exercés, en tait,
« que par les contrôlés et les sur-
« veillés. «
e' auteur 'de l'article parle lInS âot*e uni-
imeswm pour le public métropolitain, mm-
blant négliger l'organisation financière indo-
chinoise. Sans vouloir entier dan? de trop longs
développements, qu'il soit permis de rappeler
l'existence en Indochine du contrôle financier et
la surveillance impartiale et sévère qu'il sait
exercer sur les dépenses des divers budgets.
Ce serait faire une injure imméritée aux hauts
fonctionnaires qui ont èswé la direction de ce
service en Indochine que de négliger leur ac-
tion qui a toujours su s'exercer dans une com-
plète et forte indépendance.
- Enfin, il faut - rappeler aussi puisqu'elles
semblent être ignorées par l'auteur de ces cri-
tiques, les missions d'inspection qui. envoyées
par le Gouvernement métropolitain, assurent,
pour le compte de ce Gouvernement, le con-
trôle de l'administration de l'Indochine et plus
spécialement de la gestion financière des divers
budgets.
2° « Aménagement du budget dans
« l'intérêt trop exclusif des fonction-
« naires, au nombre de 5.450 (nous ne
« parlons que des Français), dans un
« pays de 20 millions d'habitants,
« alors que l'Inde anglaise, quinze ou
« seize fois plus peuplée, emploie
« seulement 4.893 européens ; « abon-
« dement » excessif des traitements et
« des soldes » :
Cette critique a toujours la faveur du pu-
blic. La France, pays de fonctionnaires, peu-
plée de gens ayant le goût du fonctionna-
risme, aime à se reprocher ce penchant et à
louer les méthodes d'administration coloniale
des autres nations. - - --
L observateur impartial qui vit en Indochine
n'est point frappé de ce nombre excessif de
fonctionnaires qui choque les critiques métropo-
litains. Il est certes très sage d'avoir prévu
l'accession des annamites aux fonctions de ges-
tion dans les différents cadres indochinois, mais
l'auteur de ces critiques qui paraît faire abs-
traction du temps, devra reconnaître, s'il réflé-
chit impartialement à cette question, qu'il ne
suffit pas d'avoir pris une telle décision pour
pouvoir nommer des indigènes à ces fonctions,
il faut encore que l'on trouve des candidats
remplissant les conditions exigées pour accéder
à ces situations nouvelles pour eux.
3° « Perception des recettes douanières
« en francs, tandis que presque tous
« les débours s'exécutent en pias-
« très » :
Au cours de son étude l'auteur reconnaîtra
que le décret du 24 mar$ 1926 a porté remède
à cette situation. Il est bon de rappeler ici,
car dans ses critiques l'auteur des articles que
j'étudie paraît l'oublier, que semblable déci-
sion n'appartient pas à l'Indochine seule, mais
que c'est le Gouvernement français qui décide
en cette matière, exerçant le contrôle et l'au-
torité que par une contradiction frappante en
l'espèce, cette même étude déclare précé-
demment inexistants.
A ce sujet, l' auteur de ces articles qui, très
certainement, est et demeure un partisan fa-
rouche de la stabilisation de la piastre par
rapport au franc, reproche aux finances de
l'Indochine d'être toujours en spéculation du
fait de sa monnaie. Il est aisé de taxer de spé-
culation et d'en faire grief à l'Indochine, le
fait d'avoir une monnaie saine alors que fort
malheureusement le -- franc depuis la guerre n'a
point fait montre d'une santé vigoureuse. 11
est, toutefois, curieux de songer que l'auteur
de ces critiques qui révèlent très certainement
une étude suivie des finances indochinoises de-
meure encore attaché à semblable idée. Qu'il
veuille bien jeter un coup d'œil en arrière et
songer à ce que serait devenue l'Indochine au
cours de l'année 1926, si, n'étant pas en
« spéculation », elle avait été en parité cons-
tante avec le franc grâce à une stabilisation au-
trefois prônée. Les indigèn. n'auraient pu vi-
vre avec une monnaie appauvrie et cette fois
la faillite aurait été certainement consommée
et notre avenir en Indochine aurait été défini-
tivement limité à cette date.
4° - La dernière cause oui a orovocnié la
- faillite admise par le « Journal des
Débats » est « une gestion dispen-
« dieuse et une organisation médiocre
« des régies. »
Certeso. théoriquement, les régies de l'opium,
de l'alcool et surtout du sel pourraient être
mieux organisées, mais pratiquement, devant
les contingences et les difficultés dont il doit
être tenu compte, peut-on vraiment taxer de
mauvaise l'organisation existante. Il est courant
de reprocher en particulier à l'organisation de
la régie de l'alcool, le système adopté des dé-
bitants provinciaux. Mais il faut se souvenir
des reproches faits à l'organisation antérieure
et des résistances rencontrées pa toute idée de
suppression de ces intermédiaires surajoutés.
Les chiffres, en piastres, que donne d'ailleurs
le hénéfice des récries :
-- _mn_-- --- -., -Alcool Opium
Alcool Opium
En 1024 16.567.269 22 14.903.351 19
En 1925 16.534.758 99 12.190.341 22
1er semestre 1926 4.909.019 » 7.063.470 »
rendent difficile d'admettre que leur organisa-
tion soit si mauvaise.
Le sévère critique du 10urnal des Débats
déduit de ces diverses causes de faillite.. les
conséquences les plus pessimistes. Mon avis est
nettement opposé et je le justifierai dans un
prochain article.
Charles DMcrre,
Sénateur du Nord
Membre de la Commission
des - Affaires étrangères. ----
L'Art à Hué
L'auteur de Marouf , savetier du Caire,
l'éminent compositeur M. Ràbaud, qui prési-
dait samedi la séance de l'Académie des
Beaux-Arts, a présenté à l'assemblée l'ou-
vrage lA rtà Hué. publié par la Société des
« Amis du vieux Hué ».
De ridyll la réalité 1
Tel fourrait être le titre de la
lettre qui m'arrive de V Indochine.
Elle me vient d'un homme tilacé à
uw poste d'observation d'où rien ne peut lui
échapper. Il lira certainement ces quelques
lignes; il dira si j'ai travesti sa pensée.
Pas d'agitation politique, déclare-t-il : un
seul incident violent à Haipltollg entre Chi-
nois et Annamites ; un seul incident à Plue
Kieng en Cochinchine (assassinat d'un assis-
tant Européen par les coolies). Mais il ne
faudrait pas croire que les coolies aient tou-
jours tort.
Mon correspondant m'affirme que, là-bas,
le coolie engagé ne connait pas les hauts sa-
laires : 50 sous par jour et une ration de
riz. Avec cela, il doit acheter ses aliments
complémentaires t lesquels lui sont vendus à
des prix élevés par des marchands installés
sur les plantations;; il doit aussi se vêtir; dey
plus, le coolie (et ce n'est vraiment pas no-
tre faute) est joueur comme les cartes; les
trois quarts du temps, il se trouve, à la fin
de son contrat, Gros Jean comme devant et
il rentre chez lui complètement à sec.
Il faudrait donc organiser une règlemen-
tation du travail qui manque. Pourquoi, in-
terroge mon correspondant, ne chercherions-
nous pas des exemples dans les Etats
Malais? - Pourquoi ? répliquerais-je voloti-
, , - ,
ttees; parce qu en ces maiteres nous il avons
pas à chercher des exemples ailleurs que
chez nou». et que la France est parfaitement
capable, en restant fidèle à ses propres tra-
ditions et à ses propres méthodesde fonder
en Ittdochitte tout un système de lois pour la
protection des travailleurs indigènes. le se-
rais même étonné, entre nous, qu'elle n'eut
pas déjà commencé.
D'après la lettre fort intéressante que j'ai
sous les yeux, l'essentiel serait d'introduire
dans les contrats des clauses en vertu des-
quelles le coolie engagé serait habillé par
l'employeur, recevrait une ration alimen-
taire suffisante pour se nourrir convenable-
ment; et se verrait constituer un pécide qu'il
n'aurait le droit de toucher qu'à Vexpiration
de sa période de travail, au moment de re-
gagner son village; encore ne devrait-il pas
le toucher en une seule fois 'de peur que la
somme entière ne fût gaspillée d'un seul
coup, en ripailles et en alcool.
L'alcool, ajoute mon correspondant, est ici
le plus funeste excitateur de violences et le
plus abondant fournisseur de l'asile des fous.
Dans certains milieux annamites, un mouve-
ment naît et se développe pour réclamer la
suppression de la vente de l'alcool. Si l'alcoo-
lisnu gagne encore du terrain, on a bien
l'impression d'une part, que la race est vouée
à une dégénérescence irrémédiable et, d'au-
tre part, que les troubles recommenceront.
L'alcool ira brûler dans les moteurs au lieu
de brûler les estomacs annamites. A l'objec-
tion tirée du budget des douanes et régies,
mon correspondant oppose, non sans raison,
que le budget de ces recettes-là a pour contre-
partie un budget des dépenses plus inquié-
tant de jour en jour et que combattre l'in-
toxication de toute une race, c'est lutter pour
l'équilibre du budget.
Et là dessus, invitation à prévenir nos lec-
teurs de ne pas trop se fier aux tableaux
enchanteurs où l'existence des coolies des
plantatations est dépeinte sous des couleurs
trop flattées. Qu'ils se rassurent. Nos lec-
teurs sont de ceux qui se passionnent pour
les questions coloniales. Ils savent que dans
la plus grande France tous les progrès ne
sont pas aussi rapides que tous nous le dé-
sirerions. Mais ils savent aussi que, partout
où nous sommes, c'est la justice qui finit
toujours par l'emporter, toute la justice y
compris la jutice sociale à laquelle, plus que
tout autre, nous sommes profondément atta-
tirés. Notre idéal, lointain sans doute, c'est
qu'il n'y ait plus de distance entre la réalité
et l'idylle. Un jour viendra.
Mario Roustan,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
8.. 1
Cinéma Colonial
----(H)-
Un Humoriste
Décidément, écrit l'un de nos confrères,
l'Afrique du Nord ne réussit pas à nos artis-
tes de l'art muet.
L;- sympathique Mathot vient à son tour
d'en faire la triste expérience.
Alors qu'il tournait A l'ombre du harem,
à Meknès, il fut pris d'une violente crise de
dysenterie, compliquée d'un empoisonnement
par l'arsenic.
Comme on attendait le médecin, le patron
de l'hôtel où était descendu l'artiste vint ras-
surer ce dernier »:
- C'est bien étonnant que vous soyez ma-
lade, fit-il. Justement, en ce moment, l'état
sanitaire est excellent par ici.Nous n'avons
que le typhus, la petite vérole et la dysente-
rie!
Oui, pas plus!
Et dire que si cette blague marseillaise
était publiée par des journaux sérieux comme
une information authentique, elle détourne-
rait du Maroc quelques centaines de touristes
cet hiver.
Partir
On annonce que Partir, de Roland Dorgc-
lès, va être mis à l'écran. Ce livre émouvant,
où une intrigue très dramatique a pour théâ-
tre un grand paquebot et les diverses escales
de la ligne Marseille-Indochine, se prête tout
particulièrement à une transposition cinéma-
tographique.
Nous espérons que le réalisateur de ce film
sera le digne traducteur du grand écrivain
des « Croix de Bois ».
Lire en seconde page :
LE NOUVEAU SULTAN DU MAROC
L'EPILOGUE DES ENLEVEMENTS
DE BENI MELLAU
NOIR SUR BLANC
L'Italie à Tanger
--0-0--
Mussolini veut Jouer aux Guillaume Il. L'es-
cadre italienne à Tanger remplace à la fois, à
quelque vingt ans de distance, la visite du kai-
ser dans cette ville et la manifestation du Pan-
ther à Agadir. Dans l'un comme dans l'autre
cas. nous constatons Qu'après le COUD de crosse
caisse, les juristes (!!) entrent en scène. Après
M. Tittoni qui marche aux ordres du dictateur
quantum mutatus ab illo - voici une per-
sonnalité éminente, Verax qui revient sur les
droits de l'Italie à Tanger dans la Nuooa anto-
logia. Il prétend que a a situation de Tanger,
spécialement en ce qui concerne les populations
indigènes, a empiré, et la seule garantie d'un
vrai caractère international qui reste est celle
de la neutralisation et de fa démilitarisation.
Or, l'Italie, si on lui concédait la même posi-
tion que possède l'Espape d'après la conven-
tion de 1923, pourrait-elle le moins du monde
diminuer la position privilégiée que la France
s'est assurée à Tanger ?
Non, répond « Verax ».
La France, ajoute-t-il, devrait réfléchir qu'il
lui convient davantage de voir l'Italie à Tanger
que hors de cette ville. En fait, l'Italie n'ayant
pas reconnu la convention de 1923, pourrait à
tout instant, dans l'avenir, soulever de nouveau
la question de Tanger, alors qu'elle ne pour-
rait le faire lorsque, satisfaite dans ses légitimes
demandes, elle aurait donné son adhésion à la
convention elle-même.
Vraiment, le bien-être et la protection des
indigènes à Tanger mieux assurés si l'Italie
avait dans cette ville une place semblable à
celle de l'Espagne. c'est vraiment dtôle. Verax
est un humoriste. Nous voudrions bien savoir
ce que Mussolini a fait pour les Arabes deTri-
polfeine et s'ils sont beaucoup plus en sécurité
qu'il y a trente ans, lorsque ) y étais. Qu a fait
le fascisme pour les indigènes de la Somalie ?
Beaucoup de choses, et les Annal es Coloniales
ne manquent pas de souligner avec joie toutes
le* créations économiques et sociales dues à nos
frères latins dans leurs belles possessions d'Afri-
que. Nous applaudirons encore à tout accord
international qui permettra à Victor-Emma-
nuel III d'étendre l'action de ses compatriotes
sur des terres encore vierges de toute civilisa-
tion européenne ou de substituer son action à
celle de telle autre nation par un accord loyal
là où fi serait jugé bon.
Mais que ! on vienne retorquer aujourd'hui
que les accords diplomatiques de 1912 et de
1916 concernant le Maroc ne valaient que pour
le Maroc français, c'est feindre d'ignorer qu'au
point de vue chérifien, il n'y a qu'un Maroc,
le Maroc de Moulay Hafid, de Moulay Yous-
sef et de Moulay Mohamed, que ce Maroc est
un et indivisible, n'a qu'une représentation di-
plomatique dont la France a la charge.
Scipion l'Africain appelait ce mode de dis-
cussion, autrefois, la bonne foi punique.
Nous ne ferons l'injure d'attribuer à l'Italie
tout entière les sentiments et les tendances
d'une minorité trop agissante.
VAngély
L'Aviation Coloniale
Hanoï-Bangkok et retour
Les aviateurs Discours et Leiblanc sont
rentrés à Hanoi, après avoir effectué, dans
d'excellentes conditions, la liaison Hanoï-
Iiangkok-Ilanoï, avec un seul arrêt à
Bangkok. Les deux villes sont séparées
par une distance de 1.100 kilomètres.
Hecovnnt en audience spéciale le licute-
nant-colonel Leblanc qui était porteur d'un
message de félicitations du Gouverneur gé-
néral de l'Indochine à l'occasion de l'anni-
versaire de sa naissance, S. M. le roi de
Siam lui témoigna son intérêt pourje raid
effectué, qui relie en ligne droite deux capi-
tales et crée un nouveau lien entre deux
pays amis.
Londres-Afrique du Sud
L'hydravion de sir Alan Cobliam, parti
de Soutliampton hier matin, à 8 h. 25, a
amerri, à 16 h. 5, au centre d'Hourtin,
couvrant la première étape de son voyage
vers le Cap.
Cobham et ses compagnons, le capitaine
Woralt, qui fait fonctions de second pilote,
les mécaniciens Couvan et Green et un
opérateur de cinéma, ont été reçus, ainsi
que Mme Cobham, qui accompagne son
mari, par le comman i àult accoimpagne son
mari, par le commandant Lemaire, auquel
Cobham déclara avoir fait un excellent
voyage.
Le soir une réception intime en l'hon-
neur de sir et de lady Cobham et de leurs
passagers a eu lieu au centre d'aviation
militaire d'Hourtin.
France-Buenos-Avres
- v -
Un télégramme de Rio-de-Janciro nous
apprend que cette semaine commencent sur
le continent sud-américain les premiers
voyages officiellement reconnus de la ligne
aérienne France-Buenos-Ayres.
Deux dréparts ont eu lieu. : l'un sur le
cecteur nord, l'autre sur le secteur sud.
Les 2.300 kilomètres de Rio à Natal du
secteur nord ont été effectués régulièrement
avec les escales de Rio-de-Janciro, Victo-
ria, Caravellas, Bahia et Maceio, de mémo
que les 2.250 kilomètres de parcours du
eecteur sud avec les escales de Santos, Flo-
rianopolis, Porto-Alègre, Pelotas et Monte-
video. Parti de Rio mardi, l'avion est arrivé
mercredi à Buenos-Ayres, mettant d'ores
et déjà les deux capitales de Rio à Buenos-
Ayres à un jour de distance l'une de l'au-
tre, alors qu'elles sont ù 5 jours de dis-
tance par le bateau.
Ein ce qui concerne la liaison maritime,
les avisos de la marine viennent d'être mis
lundi dernier à la disposition de la Com-
pagnie Générale Aéropostale, et vont partir
Incessamment pour Saint-Louis.
Le programme suit donc son exécution
normale, la date de mise en service régu-
lier ayant été prévu pour le milieu de
janvier.
III. Domergie iaaagire
le Salol de la Société Coloniale
des Artistes Français
o--
Le Président de la République a inauguré
ce matin, à 10 h. 30, à la Galerie Bernheim,
83, rue du Faubourg Saint-Honoré, le Salon
de cette Société.
MM. Léon Perrier et Albert Sarraut ont
reçu M. Doumergue. Il a été salué par M.
Henry Bérenger, président de la Société, et
les membres du Comité autour desquel s s'étaient
groupés de nombreuses personnalités coloniales,
parmi lesquelles nous avons reconnu MM. Au-
ber, sénateur de La Réunion ; Chastenet, séna-
teur de la Gironde ; Martial Merlin, Gouver-
neur Général Honoraire ; Gourdon, inspecteur
Général Honoraire de l'Enseignement en Indo-
-,nse i gnement en In d o-
chine ; Régismarset. Directeur au Ministère
des Colonies; Fourneau, ancien Gouverneur
des Colonies ; Nacivet, Directeur de l'Office
chérifien.
M. Doumergue, guidé par M. Henry Béren-
ger, s'est vivement intéressé aux œuvres expo-
sées par des artistes coloniaux, dont il y a lieu
de louer presque sans réserves les efforts.
Sur un ensemble de 180 oeuvres exposées,
on peut compter environ 150 tableaux et le
reste de sculptures.
La vision d'ensemble de l'exposition est très
attirante avec le chatoiement des couleurs si
vives des paysages coloniaux et des types de
nos possessions d'outre-mer.
Nous consacrerons un prochain article au dé-
tail des œuvres exposées, mai- dès aujourd'hui
félicitons M. Henry Bérenger et ses collabora.
teurs du succès de l'organisation du Salon.
Les électiois à la Narliaiqie
0
Dès maintenant, la lutte se i, prépare ar-
dente comme toujours aux Antilles.
A la Martinique, M. Victor Sévère, député
sortant de la circonscription de Fort-de-
France, ne se représentera pas. Il est pro-
bable que M. Alcide Delmont, député sor-
tant, portera dans cette circonscription les
couleurs de la Société financière française et
coloniale, tandis que c'est M. Henry Lernery,
actuellement sénateur et ancien député, qui
les portera dans l'autre. Contre les lieute-
nants de M. Octave Homberg, se présente-
ront, dit-on, les candidats ..soutenus par M.
Clerc, ancien sénateur et ancien député, M.
Séjourné, le groupe des intérêts économiques
et les gros usiniers de l'ile : ce serait deux
candidats S. F.I.O. : M. Joseph Lagrosillière,
ancien député, dont les chances sont sérieu-
ses, et M. Ludovic Oscar Frossard, ancien
secrétaire général du parti communiste ren-
tré dans le giron de la II0 Internationale,
après avoir fait, il y a dix-huit mois, un
voyage aux Antilles, de concert avec M. Sé-
journé, délégué général de l'Union dea^jnté-
rêts économiques (groupe Ernest Billiet) aux
Antilles.
Mais les évolutions sont si rapides la-bas,
que nous ne garantissons ni la sûreté de nos
informations, ni la position des candidats
pour le jour du scrutin.
–-–
Mission
La mission Darnault de prospection des For-
ces hydrauliques de l'A.E.F., qui se compose
actuellement de sept Européens, est passée
par la Bonenza et la Louessé, allant vers
Franceville. Elle visita ensuite la Mbali, la
Kotto dans l'Oubangui.
Les Annales Coloniales ont déjà parlé notam-
ment, le mois dernier, des importants rapports
de cette mission.
et*-
Dépêches de l'Indochine
0-0--
Congrès de médecine à Calcutta
Le docteur Jourdan, médecin principal
hors cadre des troupes coloniales, et le
docteur llerman, médecin principal de l'as-
sistance médicale au 2'on/cm, sont désignes
pour représenter l'Indochine au VIIe Con-
grès de l'Association de médecine tropicale
qui s'ouvrira à Calcutta le 5 décembre pro-
chain. Ils participeront ensuite au voyage
d'échange de lortclionnaircs sanitaires qui
doit avoir lieu aux Indes en janvier sous
les auspices de la Société des Nations.
Tourisme
Le paquebot hollandais « Op-Ten-Noort »
de la « Royal Packet Navigation Ce )l,
transportant 108 passagers est arrivé ven-
dredi matin, à Saïgon, effectuant une croi-
sière de tourisme en Extrême-Orient. Mal-
gré le court séjour du navire, quarante-
cinq touristes sont partis pour Angkor en
autocaf's, mis à leur disposition par le bu-
reau de tourisme de Saïgon t'excellent ré-
seau des routes de la Coc hinchine et du
Cambodge permettant d'atteindre rapide-
ment les merveilles d'Angkor.
Le Vin de France
aux colonies
Nos vins, surtout les courants, mais aussi
nos champagnes, mousseux et vins de li-
queur ont un succès grandissant dans nos
colonies. Partout où nous avons introduit
l'usage du vin, il se développe rapidement.
Nos indigènes coloniaux en consomment
dès qu'ils y ont goûté. Nos envois, qui
étaient de 220.000 hectos en 1900 sont pas-
sés successivement à 235.000 en 1913, 250.000
en 1924, à 275.000 en 1925, pour arriver au
chiffre de 371.000 en 1926.
Les Importations de farine
à Madagascar
Le Congrès de la meunerie qui se tient
actuellement, adoptant les conclusions d'un
rapport de M. Storione, a demandé le ré-
tablissement du droit de douane sur les fa-
rines étrangères importées à Madagascar,
et le remboursement aux meuniers fran-
çais, exportateurs de farine iL Madagascar,
de la taxe de 2 0/0 acquittée à l'entrée en
France des blés exotiques destinée à la fa»
brlcation de ces farinea.
Les bois de nos colonies
0
Au Faubourg Saint-Antoine
Dans les temps troublés, il pousse des bar-
ricades au Faubourg Saint-Antoine, mais la
flore et la faune de ce quartier ne comprennent
normalement que des meubles et des bipèdes
qui vendent ces meubles.
Lorsque, cependant, quittant la Bastille,
nombril glorieux (mais devenu, espérons-le,
infécond) de notre vieille mère la Révolution,
je me dirigeai veg, la place de la Nation,
j'aperçus tout d'abord une quantité de petites
voitures remplies de régimes de bananes. Etait-
ce un présage ? Allais-je trouver dans les bou-
tiques riveraines un peu d'atmosphère colo-
niale > (Crainquebille m'attendrit, depuis que
le plus humain de nos écrivains l'a baptisé
Crainquebille. Et l' attendrissement m'incline à
l'optimisme.)
Hélas ! Combien fois étaient mes espoirs !
En vain, je persécutai de mes questions des
multitudes de marchands de meubles. Jeunes
filles accortes ou vieillardes sévères, employés
arrogants (pourquoi, au fait?) et d'une dis-
tinction en contre-plaqué, ou narquois (re-pour-
quoi ?) ou, la plupart du temps, polis avec
naturel. tous et toutes ne m'exprimèrent que
leur étonnement et ne me dévoilèrent, au s'ujet
de l'origine de leurs marchandises, quune
ignorance intégrale, touchant par-là, je l' avoue,
au grandiose.
Un seul de mes interlocuteurs, un patron,
s'il n'en savait pas plus que ses confrères, ma-
nifesta, du moins, quelque embarras, une
nuance de remords et le désir de mieux con-
naître désormais la singulière aptitude de nos
colonies à pondre, si j'ose ainsi parler, des
œufs de salle à manger, de chambre à coucher
et de cabinet de travail.
Je quittai cet homme de bonne volonté avec
l'orgueil - il faut savoir se contenter de peu
- d'avoir été l'animateur de sa curiosité et,
quelques centaines de mètres plus loin, je par-
vins - à - la Terre promise, promise par les hauts
employés des deux Grands Magasins précé-
demment explorés (1). L'on y accédait par un
porche encombré de billes d' acajou, de ron-
dins d' okoumé et de grumes non moins exoti-
ques. Des scies, montant et descendant des
gammes chromatiques, faisaient non loin une
musique divine. Je me prosternai (mentalement)
aux pieds d'Allah invisible et présent et le
remerciai de sa faveur, ne pouvant ni lui brûler
un cierge, car c'eût été une gaffe, ni lui pro-
curer une houri supplémentaire, car j'ai des
préjugés.
R. B. de Laromiguière
M Voir les Annales Coloniales du 12 novembre.,
Du haut de mon cocotier
Le nouveau gouverneur général
de l'Algérie
Les Annales Coloniales ont annoncé hier que
M. Pierre Bordes, préfet d'Alger, devenait
Gouverneur Général de l'Algérie.
M. Pierre Bord6 connaît bien l'Algérie, il
a été à l' école diM. Charles Lutaud, avec
lequel ce journal entretenait d'excellentes rela-
tions. Successivement préfet de Constantine et
secrétaire général du Gouvernement Général de
l'Algérie, il a été victime de manœuvres qui
ont réussi à 1 envoyer en disgrâce dans les.
Finances avant de revenir victorieusement à
Alger comme préfet au mois d'août 1926.
Notons que c' est la première fois qu' un pré-
fet de l'Algérie, étant nommé Gouverneur
Général, devient tout d'un coup le supérieur et
le chef de ses deux collègues d'Oran et de
Constantine.
M. Pierre Bordes connaît trop bien l'Algérie
pour qu'on puisse douter un seul instant de
le voir poursuivre une politique d'union franco-
musulmane entre nos compatriotes et les indi-
gènes. U est certain également que, comme son
prédécesseur M. Maurice Viollette qui va ren-
trer à la Chambre et y jouer sans doute un rôle
important, il veillera attentivement aux besoins
des classes laborieuses de notre grande France
d' outre-Méditerranée sans distinction de races.
Le problème indigène, les questions sociales
sont plus que jamais à l'ordre du jour là-bas.
M. Bordes saura, sans nul doute, y apporter
un soin aussi attentif qu'au développement de
la prospérité économique indispensable de t At-
gérie. Tout s'enchaîne. Nul bien-être social si
l'ensemble. du pays est à court de souffle:
Nulle amélioration pour ceux qui peinent et qui
souffrent si la tête ne prend pas les initiatives
généreuses quelquefois hardies qui, en amélio-
rant le sort des travailleurs, en accroissent l'ef-
fort, leur donnant le mieux-être et la santé
intellectuelle et physique.
Enfin, un dernier mot. Nous devons nous
réjouir de la nomination de M. Pierre Bordes,
car il ne peut faire figure d'intérimaire. Trop
de bruits malveillants ont été répandus - com-
me la nomination de M. Albert Sarraut à Al-
ger après les élections - pour qu'on ne se ré-
jouisse pas de voir un homme compétent, actif
et jeune encore, entouré de la sympathie géné-
rale, prendre en main les rênes de l'Algérie. Et
en félicitant celui qui vient, n'oublions pas
l'œuvre de celui qui nous revient : M. Maurice
Viollette, œuvre à laquelle tous les esprits im-
partiaux rendent hommage, de droite comme de
gauche, sans oublier M. Raymond Poincaré.
Ba/Goo-
-<>-0--
La carrière de M. Bordes
M, Pierre-Louis Bordes est né le 28 décem-
bre 1870 à Oloron-Sainte-Marii'. (Basses-Pyré-
nées). Licencié en droit, il occupa tout
d'abord les fonctions d'attache de cabinet et
de chef de cabinet du préfet des Basses-Py-
rénées (1803-1896); puis chef de cabinet du
préfet de l'Oise (1897), de sous-préfet de Mu-
ret (1897) et de sous-préfet de Céret (1898). 11
LE NUMERO : 30 CENTIMES
LUNDT SOIR. 21 Nlnvpxqnnr.. 1007
Les Annales Coloniales
tm we hwa. m Diiktwm I M. RUEDEL. et L-G. THÉBAULT Kr^ffuiT^rT*
-- ., ., îm poopp J"M=.
JCWMML CMTtBtM
Réfaction & Administration:
u,.
PARIS a-)
TÉLÊPH. • LOUVMIIMI
- mcmuiu imc
IIONNEIENTS
mm Ù supplément illustré :
u. 6 Moi. 8 Mail
frum il
MmIM 120» Ii.
Étraqu - - lue IM » Mi
on tnib om
bu - -- db Pl"
L'Indochine est-elle en état de faittite ?
Chaque fois que le retour en France 'd'un
Gouverneur Général de l'Indochine permet de
supposer que sa succession pourra être ouverte,
rIndochine devient à l'ordre du jour et l'opi-
nion publique de la métropole se préoccupe des
questions indochinoises. Cette vogue périodique
n'est malheureusement pas favorable à notre
si belle colonie d'Extrême-Orient. En tout
temps, il faut, hélas ! le reconnaître, l' opinion
publique française totalement dénuée de cet
cc esprit d'empire » qui caractérise tout sujet
britannique, ne peut admettre que notre œuvre
coloniale soit un merveilleux effort et répugne
à reconnaitre les résultats acquis, laissant aux
étrangers qui viennent en Indochine l'originalité
de constater sincèrement ce que le génie colo-
nisateur français a su faire en ces pays.
Cette tendance au dénigrement de notre
œuvre coloniale semble s'exacerber et atteindre
le paroxysme dès que les circonstances per-
mettent de penser qu'il va y avoir un nouveau
Gouverneur Général à choisir. Tous ceux qui
ont rempli cette haute mission sont alors char-
gés d'opprobre, ils n'ont rien compris, ils n'ont
rien fait en une Indochine qui se débat dans
!es pires difficultés, notre avenir y est compro-
mis, et donnant libre cours à leur passion immo-
dérée pour la critique, les censeurs se révèlent,
s'extériorisent, et la presse métropolitaine s'oc-
cupe de l'Indochine.
Il serait bien difficile de discerner les mo-
biles qui mettent en action ces offensives pério-
diques. D'aucuns attribuent au goût très fran-
çais de la politique la cause de ces attaques.
Chacun espère et veut un Gouverneur Général
de son parti et ne peut admettre qu'un Français
soit un excellent gouverneur s'il n'appartient
pas au même parti politique que lui. D' autres
prétendent que ce souci politique n' a rien à
voir en l'occurrence et qu'il y a là seulement
question de personnes, ceux qui critiquent
souhaitent seulement un Gouverneur ami dont
ils peuvent espérer obtenir beaucoup.
La réalité est très certainement plus simple,
et les agressions dont l'Indochine et son admi-
nistration sont l'objet sont une conséquence
normale et naturelle de l'axiome métropolitain:
« Rien n'est bien dans nos colonies dont l'ad.
ministration est mauvaise. » Ajoutez à cela
l'attrait du scandale colonial qui fait toujours
recette et le goût à prophétiser sur l' avenir de
nos possessions d'outre-mer et à tracer des pro.
grammes aux futurs gouverneurs, goût que mar-
quent, dans la métropole, tous ceux qui par-
ient des colonies, qu'ils n'y aient jamais été
ou qu'ils en soient ievenua depuis plusieurs lus-
très.
L'annonce du retour en France de M. le
Gouverneur Général Varenne a provoqué une
de ces crises de préoccupations coloniales à la-
quelle il faut attribuer la série d'articles parus
dans le Jpumal des Débats sur les finances in-
dochinoises et le budget de l'Indochine.
Dans ses prémices d'ailleurs, l'auteur de
l'article veut bien rappeler des dates qui justi-
fient cette hypothèse, et, non sans amertume,
remémore les époques auxquelles il a bien voulu
déjà donner des conseils qui n'ont pas été suivis
au plus grand dam de la prospérité de l'Indo-
chine.
L'attaque étant dirigée contre le budget, elle
est conduite avec une allure mathématique
d'autant plus aisée que chacun sait que les chif-
fres, dans -leur exactitude, permettent de cons-
truire le raisonnement le plus trompeur suivant
que l' on néglige telles données du problème,
pour ne retenir que celles qui sont favorables au
développement de la solution.
l' Cette attaque se précise, dès l'abord, par
J'admissioa, non discutée, que ce qui fut dit
dans des articles antérieurs étant exact, l'Indou
c h ine est en état âe faillite par dsé u cette faillite
chine est en état de faillite par .suite du régime
fiscal en vigueur. Les causes de cette faillite
qui ont été indiquées par l'auteur des articles,
il y a quatre ans, sont ensuite rappelées ayec
les conséquences qu'elles entraînent et qui
qui se résument « dans de mauvaises finances
qui compriment le développement de l'Union
Indochinoise et entravent sa prospérité ».
u Les causes de la faillite seraient, d'après
tt l'auteur des articles :
« 1° Absence de tout contrôle métropolitain
u et même d'une surveillance locale vraiment
« sérieuse, contrôle et surveillance n' étant
« exercés, en fait, que par les contrôlés et les
u surveillés ;
« 2° Aménagement du budget dans l'intérêt
« trop exclusif des fonctionnaires, au nombre
« de 5.450 (nous ne parlons'que des Français),
Ct dans un pays de 20 millions d'habitants,
« alors que 1 Inde anglaise, quinze ou seize
m fois plus peuplée, emploie seulement 4.898
« Européens ; « abondement » excessif des
R traitements et des soldes ;
« 3° Perception des recettes douanières en
« francs, tandis que presque tous les débours
« s'exécutent en piastres *,
« 4° Gestion dispendieuse, organisation mé-
« diocre des régies et services d'ttat : opium,
et alcool, postes et télégraphes, ces derniers
CI toujours déficitaires. »
Les prévisions budgétaires pour l'année 1927
soumises au Conseil de Gouvernement en dé-
cembre 1926 par M. le Gouverneur Général
Varenne sont, pour l'auteur de cette étude; la
preuve U plus nette de l'exactitude de sa
pLilippique.
En reprenant en toute bonne foi les « quatre
points » qui # déterminant la faillite indochi-
noise, si le raisonnement garde sa forme rigou-
reuse, les arguments supportent mal cet examen
et perdent singul ièrement leur valeur.
te o Absence de tout contrôle métropo.
« litatn et même d'une surveillance
« locale vraiment sérieuse, contrôle et
ft surveillance n'étant exercés, en tait,
« que par les contrôlés et les sur-
« veillés. «
e' auteur 'de l'article parle lInS âot*e uni-
imeswm pour le public métropolitain, mm-
blant négliger l'organisation financière indo-
chinoise. Sans vouloir entier dan? de trop longs
développements, qu'il soit permis de rappeler
l'existence en Indochine du contrôle financier et
la surveillance impartiale et sévère qu'il sait
exercer sur les dépenses des divers budgets.
Ce serait faire une injure imméritée aux hauts
fonctionnaires qui ont èswé la direction de ce
service en Indochine que de négliger leur ac-
tion qui a toujours su s'exercer dans une com-
plète et forte indépendance.
- Enfin, il faut - rappeler aussi puisqu'elles
semblent être ignorées par l'auteur de ces cri-
tiques, les missions d'inspection qui. envoyées
par le Gouvernement métropolitain, assurent,
pour le compte de ce Gouvernement, le con-
trôle de l'administration de l'Indochine et plus
spécialement de la gestion financière des divers
budgets.
2° « Aménagement du budget dans
« l'intérêt trop exclusif des fonction-
« naires, au nombre de 5.450 (nous ne
« parlons que des Français), dans un
« pays de 20 millions d'habitants,
« alors que l'Inde anglaise, quinze ou
« seize fois plus peuplée, emploie
« seulement 4.893 européens ; « abon-
« dement » excessif des traitements et
« des soldes » :
Cette critique a toujours la faveur du pu-
blic. La France, pays de fonctionnaires, peu-
plée de gens ayant le goût du fonctionna-
risme, aime à se reprocher ce penchant et à
louer les méthodes d'administration coloniale
des autres nations. - - --
L observateur impartial qui vit en Indochine
n'est point frappé de ce nombre excessif de
fonctionnaires qui choque les critiques métropo-
litains. Il est certes très sage d'avoir prévu
l'accession des annamites aux fonctions de ges-
tion dans les différents cadres indochinois, mais
l'auteur de ces critiques qui paraît faire abs-
traction du temps, devra reconnaître, s'il réflé-
chit impartialement à cette question, qu'il ne
suffit pas d'avoir pris une telle décision pour
pouvoir nommer des indigènes à ces fonctions,
il faut encore que l'on trouve des candidats
remplissant les conditions exigées pour accéder
à ces situations nouvelles pour eux.
3° « Perception des recettes douanières
« en francs, tandis que presque tous
« les débours s'exécutent en pias-
« très » :
Au cours de son étude l'auteur reconnaîtra
que le décret du 24 mar$ 1926 a porté remède
à cette situation. Il est bon de rappeler ici,
car dans ses critiques l'auteur des articles que
j'étudie paraît l'oublier, que semblable déci-
sion n'appartient pas à l'Indochine seule, mais
que c'est le Gouvernement français qui décide
en cette matière, exerçant le contrôle et l'au-
torité que par une contradiction frappante en
l'espèce, cette même étude déclare précé-
demment inexistants.
A ce sujet, l' auteur de ces articles qui, très
certainement, est et demeure un partisan fa-
rouche de la stabilisation de la piastre par
rapport au franc, reproche aux finances de
l'Indochine d'être toujours en spéculation du
fait de sa monnaie. Il est aisé de taxer de spé-
culation et d'en faire grief à l'Indochine, le
fait d'avoir une monnaie saine alors que fort
malheureusement le -- franc depuis la guerre n'a
point fait montre d'une santé vigoureuse. 11
est, toutefois, curieux de songer que l'auteur
de ces critiques qui révèlent très certainement
une étude suivie des finances indochinoises de-
meure encore attaché à semblable idée. Qu'il
veuille bien jeter un coup d'œil en arrière et
songer à ce que serait devenue l'Indochine au
cours de l'année 1926, si, n'étant pas en
« spéculation », elle avait été en parité cons-
tante avec le franc grâce à une stabilisation au-
trefois prônée. Les indigèn. n'auraient pu vi-
vre avec une monnaie appauvrie et cette fois
la faillite aurait été certainement consommée
et notre avenir en Indochine aurait été défini-
tivement limité à cette date.
4° - La dernière cause oui a orovocnié la
- faillite admise par le « Journal des
Débats » est « une gestion dispen-
« dieuse et une organisation médiocre
« des régies. »
Certeso. théoriquement, les régies de l'opium,
de l'alcool et surtout du sel pourraient être
mieux organisées, mais pratiquement, devant
les contingences et les difficultés dont il doit
être tenu compte, peut-on vraiment taxer de
mauvaise l'organisation existante. Il est courant
de reprocher en particulier à l'organisation de
la régie de l'alcool, le système adopté des dé-
bitants provinciaux. Mais il faut se souvenir
des reproches faits à l'organisation antérieure
et des résistances rencontrées pa toute idée de
suppression de ces intermédiaires surajoutés.
Les chiffres, en piastres, que donne d'ailleurs
le hénéfice des récries :
-- _mn_-- --- -., -Alcool Opium
Alcool Opium
En 1024 16.567.269 22 14.903.351 19
En 1925 16.534.758 99 12.190.341 22
1er semestre 1926 4.909.019 » 7.063.470 »
rendent difficile d'admettre que leur organisa-
tion soit si mauvaise.
Le sévère critique du 10urnal des Débats
déduit de ces diverses causes de faillite.. les
conséquences les plus pessimistes. Mon avis est
nettement opposé et je le justifierai dans un
prochain article.
Charles DMcrre,
Sénateur du Nord
Membre de la Commission
des - Affaires étrangères. ----
L'Art à Hué
L'auteur de Marouf , savetier du Caire,
l'éminent compositeur M. Ràbaud, qui prési-
dait samedi la séance de l'Académie des
Beaux-Arts, a présenté à l'assemblée l'ou-
vrage lA rtà Hué. publié par la Société des
« Amis du vieux Hué ».
De ridyll la réalité 1
Tel fourrait être le titre de la
lettre qui m'arrive de V Indochine.
Elle me vient d'un homme tilacé à
uw poste d'observation d'où rien ne peut lui
échapper. Il lira certainement ces quelques
lignes; il dira si j'ai travesti sa pensée.
Pas d'agitation politique, déclare-t-il : un
seul incident violent à Haipltollg entre Chi-
nois et Annamites ; un seul incident à Plue
Kieng en Cochinchine (assassinat d'un assis-
tant Européen par les coolies). Mais il ne
faudrait pas croire que les coolies aient tou-
jours tort.
Mon correspondant m'affirme que, là-bas,
le coolie engagé ne connait pas les hauts sa-
laires : 50 sous par jour et une ration de
riz. Avec cela, il doit acheter ses aliments
complémentaires t lesquels lui sont vendus à
des prix élevés par des marchands installés
sur les plantations;; il doit aussi se vêtir; dey
plus, le coolie (et ce n'est vraiment pas no-
tre faute) est joueur comme les cartes; les
trois quarts du temps, il se trouve, à la fin
de son contrat, Gros Jean comme devant et
il rentre chez lui complètement à sec.
Il faudrait donc organiser une règlemen-
tation du travail qui manque. Pourquoi, in-
terroge mon correspondant, ne chercherions-
nous pas des exemples dans les Etats
Malais? - Pourquoi ? répliquerais-je voloti-
, , - ,
ttees; parce qu en ces maiteres nous il avons
pas à chercher des exemples ailleurs que
chez nou». et que la France est parfaitement
capable, en restant fidèle à ses propres tra-
ditions et à ses propres méthodesde fonder
en Ittdochitte tout un système de lois pour la
protection des travailleurs indigènes. le se-
rais même étonné, entre nous, qu'elle n'eut
pas déjà commencé.
D'après la lettre fort intéressante que j'ai
sous les yeux, l'essentiel serait d'introduire
dans les contrats des clauses en vertu des-
quelles le coolie engagé serait habillé par
l'employeur, recevrait une ration alimen-
taire suffisante pour se nourrir convenable-
ment; et se verrait constituer un pécide qu'il
n'aurait le droit de toucher qu'à Vexpiration
de sa période de travail, au moment de re-
gagner son village; encore ne devrait-il pas
le toucher en une seule fois 'de peur que la
somme entière ne fût gaspillée d'un seul
coup, en ripailles et en alcool.
L'alcool, ajoute mon correspondant, est ici
le plus funeste excitateur de violences et le
plus abondant fournisseur de l'asile des fous.
Dans certains milieux annamites, un mouve-
ment naît et se développe pour réclamer la
suppression de la vente de l'alcool. Si l'alcoo-
lisnu gagne encore du terrain, on a bien
l'impression d'une part, que la race est vouée
à une dégénérescence irrémédiable et, d'au-
tre part, que les troubles recommenceront.
L'alcool ira brûler dans les moteurs au lieu
de brûler les estomacs annamites. A l'objec-
tion tirée du budget des douanes et régies,
mon correspondant oppose, non sans raison,
que le budget de ces recettes-là a pour contre-
partie un budget des dépenses plus inquié-
tant de jour en jour et que combattre l'in-
toxication de toute une race, c'est lutter pour
l'équilibre du budget.
Et là dessus, invitation à prévenir nos lec-
teurs de ne pas trop se fier aux tableaux
enchanteurs où l'existence des coolies des
plantatations est dépeinte sous des couleurs
trop flattées. Qu'ils se rassurent. Nos lec-
teurs sont de ceux qui se passionnent pour
les questions coloniales. Ils savent que dans
la plus grande France tous les progrès ne
sont pas aussi rapides que tous nous le dé-
sirerions. Mais ils savent aussi que, partout
où nous sommes, c'est la justice qui finit
toujours par l'emporter, toute la justice y
compris la jutice sociale à laquelle, plus que
tout autre, nous sommes profondément atta-
tirés. Notre idéal, lointain sans doute, c'est
qu'il n'y ait plus de distance entre la réalité
et l'idylle. Un jour viendra.
Mario Roustan,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
8.. 1
Cinéma Colonial
----(H)-
Un Humoriste
Décidément, écrit l'un de nos confrères,
l'Afrique du Nord ne réussit pas à nos artis-
tes de l'art muet.
L;- sympathique Mathot vient à son tour
d'en faire la triste expérience.
Alors qu'il tournait A l'ombre du harem,
à Meknès, il fut pris d'une violente crise de
dysenterie, compliquée d'un empoisonnement
par l'arsenic.
Comme on attendait le médecin, le patron
de l'hôtel où était descendu l'artiste vint ras-
surer ce dernier »:
- C'est bien étonnant que vous soyez ma-
lade, fit-il. Justement, en ce moment, l'état
sanitaire est excellent par ici.Nous n'avons
que le typhus, la petite vérole et la dysente-
rie!
Oui, pas plus!
Et dire que si cette blague marseillaise
était publiée par des journaux sérieux comme
une information authentique, elle détourne-
rait du Maroc quelques centaines de touristes
cet hiver.
Partir
On annonce que Partir, de Roland Dorgc-
lès, va être mis à l'écran. Ce livre émouvant,
où une intrigue très dramatique a pour théâ-
tre un grand paquebot et les diverses escales
de la ligne Marseille-Indochine, se prête tout
particulièrement à une transposition cinéma-
tographique.
Nous espérons que le réalisateur de ce film
sera le digne traducteur du grand écrivain
des « Croix de Bois ».
Lire en seconde page :
LE NOUVEAU SULTAN DU MAROC
L'EPILOGUE DES ENLEVEMENTS
DE BENI MELLAU
NOIR SUR BLANC
L'Italie à Tanger
--0-0--
Mussolini veut Jouer aux Guillaume Il. L'es-
cadre italienne à Tanger remplace à la fois, à
quelque vingt ans de distance, la visite du kai-
ser dans cette ville et la manifestation du Pan-
ther à Agadir. Dans l'un comme dans l'autre
cas. nous constatons Qu'après le COUD de crosse
caisse, les juristes (!!) entrent en scène. Après
M. Tittoni qui marche aux ordres du dictateur
quantum mutatus ab illo - voici une per-
sonnalité éminente, Verax qui revient sur les
droits de l'Italie à Tanger dans la Nuooa anto-
logia. Il prétend que a a situation de Tanger,
spécialement en ce qui concerne les populations
indigènes, a empiré, et la seule garantie d'un
vrai caractère international qui reste est celle
de la neutralisation et de fa démilitarisation.
Or, l'Italie, si on lui concédait la même posi-
tion que possède l'Espape d'après la conven-
tion de 1923, pourrait-elle le moins du monde
diminuer la position privilégiée que la France
s'est assurée à Tanger ?
Non, répond « Verax ».
La France, ajoute-t-il, devrait réfléchir qu'il
lui convient davantage de voir l'Italie à Tanger
que hors de cette ville. En fait, l'Italie n'ayant
pas reconnu la convention de 1923, pourrait à
tout instant, dans l'avenir, soulever de nouveau
la question de Tanger, alors qu'elle ne pour-
rait le faire lorsque, satisfaite dans ses légitimes
demandes, elle aurait donné son adhésion à la
convention elle-même.
Vraiment, le bien-être et la protection des
indigènes à Tanger mieux assurés si l'Italie
avait dans cette ville une place semblable à
celle de l'Espagne. c'est vraiment dtôle. Verax
est un humoriste. Nous voudrions bien savoir
ce que Mussolini a fait pour les Arabes deTri-
polfeine et s'ils sont beaucoup plus en sécurité
qu'il y a trente ans, lorsque ) y étais. Qu a fait
le fascisme pour les indigènes de la Somalie ?
Beaucoup de choses, et les Annal es Coloniales
ne manquent pas de souligner avec joie toutes
le* créations économiques et sociales dues à nos
frères latins dans leurs belles possessions d'Afri-
que. Nous applaudirons encore à tout accord
international qui permettra à Victor-Emma-
nuel III d'étendre l'action de ses compatriotes
sur des terres encore vierges de toute civilisa-
tion européenne ou de substituer son action à
celle de telle autre nation par un accord loyal
là où fi serait jugé bon.
Mais que ! on vienne retorquer aujourd'hui
que les accords diplomatiques de 1912 et de
1916 concernant le Maroc ne valaient que pour
le Maroc français, c'est feindre d'ignorer qu'au
point de vue chérifien, il n'y a qu'un Maroc,
le Maroc de Moulay Hafid, de Moulay Yous-
sef et de Moulay Mohamed, que ce Maroc est
un et indivisible, n'a qu'une représentation di-
plomatique dont la France a la charge.
Scipion l'Africain appelait ce mode de dis-
cussion, autrefois, la bonne foi punique.
Nous ne ferons l'injure d'attribuer à l'Italie
tout entière les sentiments et les tendances
d'une minorité trop agissante.
VAngély
L'Aviation Coloniale
Hanoï-Bangkok et retour
Les aviateurs Discours et Leiblanc sont
rentrés à Hanoi, après avoir effectué, dans
d'excellentes conditions, la liaison Hanoï-
Iiangkok-Ilanoï, avec un seul arrêt à
Bangkok. Les deux villes sont séparées
par une distance de 1.100 kilomètres.
Hecovnnt en audience spéciale le licute-
nant-colonel Leblanc qui était porteur d'un
message de félicitations du Gouverneur gé-
néral de l'Indochine à l'occasion de l'anni-
versaire de sa naissance, S. M. le roi de
Siam lui témoigna son intérêt pourje raid
effectué, qui relie en ligne droite deux capi-
tales et crée un nouveau lien entre deux
pays amis.
Londres-Afrique du Sud
L'hydravion de sir Alan Cobliam, parti
de Soutliampton hier matin, à 8 h. 25, a
amerri, à 16 h. 5, au centre d'Hourtin,
couvrant la première étape de son voyage
vers le Cap.
Cobham et ses compagnons, le capitaine
Woralt, qui fait fonctions de second pilote,
les mécaniciens Couvan et Green et un
opérateur de cinéma, ont été reçus, ainsi
que Mme Cobham, qui accompagne son
mari, par le comman i àult accoimpagne son
mari, par le commandant Lemaire, auquel
Cobham déclara avoir fait un excellent
voyage.
Le soir une réception intime en l'hon-
neur de sir et de lady Cobham et de leurs
passagers a eu lieu au centre d'aviation
militaire d'Hourtin.
France-Buenos-Avres
- v -
Un télégramme de Rio-de-Janciro nous
apprend que cette semaine commencent sur
le continent sud-américain les premiers
voyages officiellement reconnus de la ligne
aérienne France-Buenos-Ayres.
Deux dréparts ont eu lieu. : l'un sur le
cecteur nord, l'autre sur le secteur sud.
Les 2.300 kilomètres de Rio à Natal du
secteur nord ont été effectués régulièrement
avec les escales de Rio-de-Janciro, Victo-
ria, Caravellas, Bahia et Maceio, de mémo
que les 2.250 kilomètres de parcours du
eecteur sud avec les escales de Santos, Flo-
rianopolis, Porto-Alègre, Pelotas et Monte-
video. Parti de Rio mardi, l'avion est arrivé
mercredi à Buenos-Ayres, mettant d'ores
et déjà les deux capitales de Rio à Buenos-
Ayres à un jour de distance l'une de l'au-
tre, alors qu'elles sont ù 5 jours de dis-
tance par le bateau.
Ein ce qui concerne la liaison maritime,
les avisos de la marine viennent d'être mis
lundi dernier à la disposition de la Com-
pagnie Générale Aéropostale, et vont partir
Incessamment pour Saint-Louis.
Le programme suit donc son exécution
normale, la date de mise en service régu-
lier ayant été prévu pour le milieu de
janvier.
III. Domergie iaaagire
le Salol de la Société Coloniale
des Artistes Français
o--
Le Président de la République a inauguré
ce matin, à 10 h. 30, à la Galerie Bernheim,
83, rue du Faubourg Saint-Honoré, le Salon
de cette Société.
MM. Léon Perrier et Albert Sarraut ont
reçu M. Doumergue. Il a été salué par M.
Henry Bérenger, président de la Société, et
les membres du Comité autour desquel s s'étaient
groupés de nombreuses personnalités coloniales,
parmi lesquelles nous avons reconnu MM. Au-
ber, sénateur de La Réunion ; Chastenet, séna-
teur de la Gironde ; Martial Merlin, Gouver-
neur Général Honoraire ; Gourdon, inspecteur
Général Honoraire de l'Enseignement en Indo-
-,nse i gnement en In d o-
chine ; Régismarset. Directeur au Ministère
des Colonies; Fourneau, ancien Gouverneur
des Colonies ; Nacivet, Directeur de l'Office
chérifien.
M. Doumergue, guidé par M. Henry Béren-
ger, s'est vivement intéressé aux œuvres expo-
sées par des artistes coloniaux, dont il y a lieu
de louer presque sans réserves les efforts.
Sur un ensemble de 180 oeuvres exposées,
on peut compter environ 150 tableaux et le
reste de sculptures.
La vision d'ensemble de l'exposition est très
attirante avec le chatoiement des couleurs si
vives des paysages coloniaux et des types de
nos possessions d'outre-mer.
Nous consacrerons un prochain article au dé-
tail des œuvres exposées, mai- dès aujourd'hui
félicitons M. Henry Bérenger et ses collabora.
teurs du succès de l'organisation du Salon.
Les électiois à la Narliaiqie
0
Dès maintenant, la lutte se i, prépare ar-
dente comme toujours aux Antilles.
A la Martinique, M. Victor Sévère, député
sortant de la circonscription de Fort-de-
France, ne se représentera pas. Il est pro-
bable que M. Alcide Delmont, député sor-
tant, portera dans cette circonscription les
couleurs de la Société financière française et
coloniale, tandis que c'est M. Henry Lernery,
actuellement sénateur et ancien député, qui
les portera dans l'autre. Contre les lieute-
nants de M. Octave Homberg, se présente-
ront, dit-on, les candidats ..soutenus par M.
Clerc, ancien sénateur et ancien député, M.
Séjourné, le groupe des intérêts économiques
et les gros usiniers de l'ile : ce serait deux
candidats S. F.I.O. : M. Joseph Lagrosillière,
ancien député, dont les chances sont sérieu-
ses, et M. Ludovic Oscar Frossard, ancien
secrétaire général du parti communiste ren-
tré dans le giron de la II0 Internationale,
après avoir fait, il y a dix-huit mois, un
voyage aux Antilles, de concert avec M. Sé-
journé, délégué général de l'Union dea^jnté-
rêts économiques (groupe Ernest Billiet) aux
Antilles.
Mais les évolutions sont si rapides la-bas,
que nous ne garantissons ni la sûreté de nos
informations, ni la position des candidats
pour le jour du scrutin.
–-–
Mission
La mission Darnault de prospection des For-
ces hydrauliques de l'A.E.F., qui se compose
actuellement de sept Européens, est passée
par la Bonenza et la Louessé, allant vers
Franceville. Elle visita ensuite la Mbali, la
Kotto dans l'Oubangui.
Les Annales Coloniales ont déjà parlé notam-
ment, le mois dernier, des importants rapports
de cette mission.
et*-
Dépêches de l'Indochine
0-0--
Congrès de médecine à Calcutta
Le docteur Jourdan, médecin principal
hors cadre des troupes coloniales, et le
docteur llerman, médecin principal de l'as-
sistance médicale au 2'on/cm, sont désignes
pour représenter l'Indochine au VIIe Con-
grès de l'Association de médecine tropicale
qui s'ouvrira à Calcutta le 5 décembre pro-
chain. Ils participeront ensuite au voyage
d'échange de lortclionnaircs sanitaires qui
doit avoir lieu aux Indes en janvier sous
les auspices de la Société des Nations.
Tourisme
Le paquebot hollandais « Op-Ten-Noort »
de la « Royal Packet Navigation Ce )l,
transportant 108 passagers est arrivé ven-
dredi matin, à Saïgon, effectuant une croi-
sière de tourisme en Extrême-Orient. Mal-
gré le court séjour du navire, quarante-
cinq touristes sont partis pour Angkor en
autocaf's, mis à leur disposition par le bu-
reau de tourisme de Saïgon t'excellent ré-
seau des routes de la Coc hinchine et du
Cambodge permettant d'atteindre rapide-
ment les merveilles d'Angkor.
Le Vin de France
aux colonies
Nos vins, surtout les courants, mais aussi
nos champagnes, mousseux et vins de li-
queur ont un succès grandissant dans nos
colonies. Partout où nous avons introduit
l'usage du vin, il se développe rapidement.
Nos indigènes coloniaux en consomment
dès qu'ils y ont goûté. Nos envois, qui
étaient de 220.000 hectos en 1900 sont pas-
sés successivement à 235.000 en 1913, 250.000
en 1924, à 275.000 en 1925, pour arriver au
chiffre de 371.000 en 1926.
Les Importations de farine
à Madagascar
Le Congrès de la meunerie qui se tient
actuellement, adoptant les conclusions d'un
rapport de M. Storione, a demandé le ré-
tablissement du droit de douane sur les fa-
rines étrangères importées à Madagascar,
et le remboursement aux meuniers fran-
çais, exportateurs de farine iL Madagascar,
de la taxe de 2 0/0 acquittée à l'entrée en
France des blés exotiques destinée à la fa»
brlcation de ces farinea.
Les bois de nos colonies
0
Au Faubourg Saint-Antoine
Dans les temps troublés, il pousse des bar-
ricades au Faubourg Saint-Antoine, mais la
flore et la faune de ce quartier ne comprennent
normalement que des meubles et des bipèdes
qui vendent ces meubles.
Lorsque, cependant, quittant la Bastille,
nombril glorieux (mais devenu, espérons-le,
infécond) de notre vieille mère la Révolution,
je me dirigeai veg, la place de la Nation,
j'aperçus tout d'abord une quantité de petites
voitures remplies de régimes de bananes. Etait-
ce un présage ? Allais-je trouver dans les bou-
tiques riveraines un peu d'atmosphère colo-
niale > (Crainquebille m'attendrit, depuis que
le plus humain de nos écrivains l'a baptisé
Crainquebille. Et l' attendrissement m'incline à
l'optimisme.)
Hélas ! Combien fois étaient mes espoirs !
En vain, je persécutai de mes questions des
multitudes de marchands de meubles. Jeunes
filles accortes ou vieillardes sévères, employés
arrogants (pourquoi, au fait?) et d'une dis-
tinction en contre-plaqué, ou narquois (re-pour-
quoi ?) ou, la plupart du temps, polis avec
naturel. tous et toutes ne m'exprimèrent que
leur étonnement et ne me dévoilèrent, au s'ujet
de l'origine de leurs marchandises, quune
ignorance intégrale, touchant par-là, je l' avoue,
au grandiose.
Un seul de mes interlocuteurs, un patron,
s'il n'en savait pas plus que ses confrères, ma-
nifesta, du moins, quelque embarras, une
nuance de remords et le désir de mieux con-
naître désormais la singulière aptitude de nos
colonies à pondre, si j'ose ainsi parler, des
œufs de salle à manger, de chambre à coucher
et de cabinet de travail.
Je quittai cet homme de bonne volonté avec
l'orgueil - il faut savoir se contenter de peu
- d'avoir été l'animateur de sa curiosité et,
quelques centaines de mètres plus loin, je par-
vins - à - la Terre promise, promise par les hauts
employés des deux Grands Magasins précé-
demment explorés (1). L'on y accédait par un
porche encombré de billes d' acajou, de ron-
dins d' okoumé et de grumes non moins exoti-
ques. Des scies, montant et descendant des
gammes chromatiques, faisaient non loin une
musique divine. Je me prosternai (mentalement)
aux pieds d'Allah invisible et présent et le
remerciai de sa faveur, ne pouvant ni lui brûler
un cierge, car c'eût été une gaffe, ni lui pro-
curer une houri supplémentaire, car j'ai des
préjugés.
R. B. de Laromiguière
M Voir les Annales Coloniales du 12 novembre.,
Du haut de mon cocotier
Le nouveau gouverneur général
de l'Algérie
Les Annales Coloniales ont annoncé hier que
M. Pierre Bordes, préfet d'Alger, devenait
Gouverneur Général de l'Algérie.
M. Pierre Bord6 connaît bien l'Algérie, il
a été à l' école diM. Charles Lutaud, avec
lequel ce journal entretenait d'excellentes rela-
tions. Successivement préfet de Constantine et
secrétaire général du Gouvernement Général de
l'Algérie, il a été victime de manœuvres qui
ont réussi à 1 envoyer en disgrâce dans les.
Finances avant de revenir victorieusement à
Alger comme préfet au mois d'août 1926.
Notons que c' est la première fois qu' un pré-
fet de l'Algérie, étant nommé Gouverneur
Général, devient tout d'un coup le supérieur et
le chef de ses deux collègues d'Oran et de
Constantine.
M. Pierre Bordes connaît trop bien l'Algérie
pour qu'on puisse douter un seul instant de
le voir poursuivre une politique d'union franco-
musulmane entre nos compatriotes et les indi-
gènes. U est certain également que, comme son
prédécesseur M. Maurice Viollette qui va ren-
trer à la Chambre et y jouer sans doute un rôle
important, il veillera attentivement aux besoins
des classes laborieuses de notre grande France
d' outre-Méditerranée sans distinction de races.
Le problème indigène, les questions sociales
sont plus que jamais à l'ordre du jour là-bas.
M. Bordes saura, sans nul doute, y apporter
un soin aussi attentif qu'au développement de
la prospérité économique indispensable de t At-
gérie. Tout s'enchaîne. Nul bien-être social si
l'ensemble. du pays est à court de souffle:
Nulle amélioration pour ceux qui peinent et qui
souffrent si la tête ne prend pas les initiatives
généreuses quelquefois hardies qui, en amélio-
rant le sort des travailleurs, en accroissent l'ef-
fort, leur donnant le mieux-être et la santé
intellectuelle et physique.
Enfin, un dernier mot. Nous devons nous
réjouir de la nomination de M. Pierre Bordes,
car il ne peut faire figure d'intérimaire. Trop
de bruits malveillants ont été répandus - com-
me la nomination de M. Albert Sarraut à Al-
ger après les élections - pour qu'on ne se ré-
jouisse pas de voir un homme compétent, actif
et jeune encore, entouré de la sympathie géné-
rale, prendre en main les rênes de l'Algérie. Et
en félicitant celui qui vient, n'oublions pas
l'œuvre de celui qui nous revient : M. Maurice
Viollette, œuvre à laquelle tous les esprits im-
partiaux rendent hommage, de droite comme de
gauche, sans oublier M. Raymond Poincaré.
Ba/Goo-
-<>-0--
La carrière de M. Bordes
M, Pierre-Louis Bordes est né le 28 décem-
bre 1870 à Oloron-Sainte-Marii'. (Basses-Pyré-
nées). Licencié en droit, il occupa tout
d'abord les fonctions d'attache de cabinet et
de chef de cabinet du préfet des Basses-Py-
rénées (1803-1896); puis chef de cabinet du
préfet de l'Oise (1897), de sous-préfet de Mu-
ret (1897) et de sous-préfet de Céret (1898). 11
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.65%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.65%.
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6451165j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6451165j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6451165j/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6451165j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6451165j
Facebook
Twitter