Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-11-05
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 novembre 1927 05 novembre 1927
Description : 1927/11/05 (A28,N162). 1927/11/05 (A28,N162).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451156k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VIOT-JlUnlK."E ANNEE. N° 162
LE NUMERO: 30 CENTIMES
SAMEDI SOin, 5 NOVEMBRE 1927.
Les Annales Coloniales
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DIRECTEURS : Marcel RUEDFCL et L.-G. THÉBAULT
Les ANNALKS COLONIALES ne publient que des arti-
cles inédits, qui sont leur propriété exclusive.
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Un an û Mois 3 foi.
France et *
Colonies 120 » 65 » 35 »
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Le budget du Maroc
Le budget du Maroc se divise en deux par-
ties : l'une qui se rattache au budget de la
guerre français, l'autre qui est le budget chéri-
hen proprement dit.
La première est relative aux dépenses du
corps d'occupation et est examinée et votée
par le Parlement. La seconde comporte les
dépenses d'organisation et d'administration et
est établie dans des conditions un peu particu-
lières découlant du régime même du protec-
torat.
Ce budget chérifien est élaboré par le Di-
recteur général des Finances du protectorat. Il
est ensuite soumis à une Commission du budget
composée comme suit : 1° 12 membres nom-
més par les Chambres consultatives de l'indus-
trie du commerce et de l' agriculture ; 6 mem-
bres, pour l'industrie et le commerce, 6 mem-
bres peur l' agriculture ; 2" les directeurs éné-
taux de l' agriculture, du commerce et de la
colonisation, des travaux publics, de l'instruc-
tion pullique, des P.T.T. et des finances.
Cette Commission examine le projet, nomme
des rapporteurs et le présente ensuite au Con-
!eii du Gouvernement, lequel donne son avis.
Enfin, le budget est transmis au Ministère des
Affaires étrangères où une commission, compo-
sée de représentants du Ministère des Finan-
ces et du Protectorat l'étudié à son tour. Il est
ensuite proposé à l' approbation du ministre des
Affaires étrangères. Le sultan intervient pour
y mettre le point final en donnant sa ratification.
Comme on le voit, cette procédure n est pas
d' une extrême simplicité : elle est, en outre,
longue, si chacun des conseils ou commissions
appelé à se prononcer ne met pas quelque hâte
à remplir sa mission. Aussi a-t-on prévu le cas
où l'approbation ne serait pas intervenue en
temps opportun.
Pour l'année 1927, le chiffre des dépenses
inscrites au budget ordinaire s élève, d'après
k remarquable rapport de M. Bouilloux-La-
\c,pt - où nous puisons ces renseignements -
à 531.652.239 francs. Les recettes sont
évaluées à 531.829.110 francs. En 1913-
1914, les recettes étaient seulement de 17 mil-
lions 253.130, et les dépenses de 24.760.240.
Les unes et les autres ont augmenté, depuis
lors, d'une façon continue. En 1913, en 1914
et en 1915, l'on a connu des déficits assez
élevés, puisqu'ils équivalaient au cinquième des
dépenses. Mais, depuis lors, on a toujours en-
registré des excédents.
C' est seulement en 1919 que les dépenses
ont légèrement dépassé les 100 ^pillions 102
millions exactement. Les accroissements les
plus considérables se sont produits de 1920 à
1921 ; 1920 : 181.399.735 fr. ; 1921 : 266
millions 998.810 fr. ; et de 1926 à 1927 :
1926, 406 915.722 fr. ; 1927, 531.652.239
(rancs.
A ces dépenses ordinaires, il faut ajouter
rcllc3 qui sont payées par le « budget sur fonds
el' emprunt », et qui, en 1927, sont prévues
peur une somme de 55.803.288 francs, et
telles qui sont constituées par « le budget sur
icssources exceptionnelles et qui atteignent
85.399.600 francs. Au total, le budget des
dépenses s'élève, pour cette année-ci, à 672
millions 855.127 francs.
Les ressources ordinaires du budget du pro-
tectorat sont : 1° les impôts directs : tertib,
prestations, taxe urbaine, patentes ; 20 les im-
pôts indirects : douanes, taxes diverses de con-
sommation, droits de marché, droits d' enregis-
trement et de timbre ; 3° produits et revenus du
domaine ; 4° monopoles et exploitations.
Parmi les impôts directs évalués à 153 mil-
licns 389.000 francs, le tertib représente 137
millions 390.000 francs. Il est en augmentation
tle 44.165.000 francs sur l'année 1926. Il est
donc le principal des impôts de cette catégorie.
Les autres sont les prestations et les taxes ur-
baines.
Le tertib frappe les récoltes, les arbres frui-
tiers, le cheptel. Il est basé sur la déclaration
faite par le contribuable. Celles des indigènes
sont reçues par des commissions placées sous la
surveillance des autorités régionales ou d un
contrôleur du tertib et composées d'un caïd de
la t:ibu et du. cheik de la traction assistés de
notables et d'un adel ou notaire. Les Euro-
péens souscrivent sur des formules spéciales.
La déclaration des cultures annuelles indique
la nature des cultures, la superficie ensemencée
évaluée en hectares ou en quantités de semen-
ces enfouies.
Afin de favoriser l'extension des méthodes
de culture européennes, des primes égales à
une réduction de 50 de l'impôt sont consen-
ties aux cultivateurs qui ont recours aux pro-
cédés modernes. L'importance de cette me-
sure apparaîtra complètement quand on saura
que 97 du tertib est payé par les indigènes.
Il y a là moyen efficace pour améliorer rapi-
dement la mise en valeur du sol.
Les rendements du tertib ont été s'amélio-
rant depuis une quinzaine d'années : améliora-
tion due autant à l'extension de la zone pacifiée
qu'au progrès de l'agriculture. En 1915, il
donnait 20.751.322 francs; en 1925, 115 mil-
lions 438.514, et en 1927, 137.390.000. Il
convient évidemment de tenir compte des va-
riations de la monnaie. Il n'en reste pas moins
une augmentation notable des recettes.
Il serait assez intéressant de marquer l'im-
portance de cet impôt agricole dans les res-
sources budgétaires du protectorat. Aujourd'hui
il représente 23 des recettes. Mais cette
part était bien plus grande les années précé-
dantes. En 1915, elle était d'environ de 55 %;
m 1917, 49 ; en 1919, 27 ; en 1921,
25 ; en 1923, 25 ; en 1925, 32 Ces
chiffres, tout en nous renseignant sur l'évolu-
tion de certaines ressources budgétaires du pro.
rectorat, nous instruisent aussi sur celle de son
activité économique et nous permettent de voir
h place de plus en plus grande qu'occupent
les échanges.
C'est ce que nous constatons en examinant
les produits des douanes. De 20.432.094 fr.
qu'ils étaient en 1915, ils sont passés en 1926
on n' a pas les chiffres de 1927 à 162
millions 818.493 francs. Cette dernière som-
me se décompose de la façon suivante :
Francs
Droits d'importation 154.266.540
Droits d'exportation 7.628-939
Droits de cabotage 284.468
Recettes diverse, 638.536
162.818.483
Les douanes et le tertib constituent donc les
deux ressources essentielles du budget chéri-
fien. Mais alors que durant les premières an-
nées du protectorat, les recettes de l'impôt fon-
cier l'emportaient sur celle des douanes, celles-
ci, depuis dix ans, accusent une supériorité
constante et d'année en année l'écart entre les
deux ordres de ressources s'accentue en leur
faveur.
Les taxes de consommation se placent en
troisième lieu après les douanes et le tertib.
Elles ont donné, en 1926, une recette globale
de 110.557.386 francs. Elles n'atteignaient
pas le demi-million en 1915. Depuis lors, les
progrès ont été constants et rapides. 2.700.000
francs en 1916 ; 6.242.000 en 1918 ; 13 mil-
lions 600.00 en 1919, 29.662.000 en 1920.
40 millions en 1921 : 60 millions en 1922 ;
58.739.000 en 1923 ; 67 millions en 1924 ;
99 248.000 en 1925; 110.557.000 en 1926.
Dans ce total, la taxe sur le sucre donne
73.221.502 francs, celle sur l' alcool 14 mil-
lions 701.000 francs ; celle sur les denrées co-
loniales, 10.652.000 francs. Viennent ensute
les essences pour 3.254.000 francs ; les allu-
mettes pour 23.440.000 francs, les bougies
pour 1.928.000 francs, et les bandages d'auto-
mobiles pour 1.318.000 francs.
Les droits d'enregistrement et de timbres ont
donné, en 1926, 25.350.521 francs, sur les-
quels plus de la moitié 12.966 239 francs
exactement sont fournis par les droits de
mutation. La taxe sur la plus-value immobilière
d atteint 2.357.000 francs.
Les produits du domaine figurent dans le
budget pour 14.540.780 francs, dont plus de
la moitié représentés par les revenus des forêts.
Les monopoles P. T. T., Tabacs s'y
inscrivent pour une somme de 45.630.445
(chiffres de 1926) qui se décomposent ainsi : P.
T.T., 24.083.350 fr. ; tabacs, 21.547.095.
On prévoit pour 1927 une augmentation assez
considérable de recettes. Les P. T. T. passe-
ront de 24.083.350 à 28.000.000 francs, et
les tabacs de 21.547.095 à 28.700.000 francs,
soit 11.068.955 francs en plus.
Les autres recettes, soit 32.346.111 francs,
sont fournies par des ressources d'ordre divers
qu'il sera't trop long ici d'énumérer.
L'examen des dépenses n'est pas moins inté-
ressant que celui des recettes. Nous constatons
d' abord que presque un cinquième d'entre elles
est représenté par les arrérages de la dette pu-
blique, soit 102.382.893 francs. Les emprunts
contractés avant le protectorat représentent 163
millions 624.000 francs. Ils avaient pour but
de payer les dettes du sultan. D'autres ont été
contractés depuis : en 1914-1916, 242 mil-
lions ; en 1920, 744.140.000 francs, dont 300
millions actuellement réalisés. Ces emprunts ont
pour objet I installation de services publics,
certains travaux publics, la mise en valeur de
richesses naturelles, la création d'établissements
d'enseignement. etc..
Les dépenses afférentes aux Pouvoirs publics
et à l'Administration générale sont de 91 mil-
lions 990.362 ; celles qui intéressent les ser-
vices financiers, de 51.991.990 fr. Les ser-
vices économiques absorbent 153.868.084 fr.,
dont 20.599.580 pour la colonisation, l' agri-
culture, l'élevage et le commerce ; 66.185.000
francs pour les Ponts et Chaussées, et 37 pour
les P. T. T. ; les services d'intérêt social, 59
millions 926.000 francs, parmi lesquels 34
millions 774.000 francs pour l'instruction pu-
blique. Enfin, les dépenses militaires, Indépen-
damment des frais de corps d'occupation qui
incombent à la métropole T élèvent à 47 mil-
lions 547.009 francs.
Telles sont les grandes lignes de ce budget
que nous présente le très intéressant rapport de
M. Bouilloux-Lafont.
Nous avons, au cours de cette analyse, for-
mulé certaines réflexions. Nous n'en ajouterons
qu'une : ce sera pour regretter l' insuffisance du
contrôle. Ce budget, de plus d'un demi-mil-
liard, et qui augmente tous les ans, est établi
par quelques hauts fonctionnaires et une poi-
gnée de représentants de l'agriculture, de l'in-
dustrie et du commerce. L'instance suprême
qui est la commission siégeant au Ministère des
Affaires étrangères, est constituée d'une façon
analogue.
Nous n'ignorons pas que le Maroc est un
pays de protectorat, et que, de ce fait, le con-
trôle du Parlement est extrêmement délicat à
établir. La difficulté est certaine, mais il serait
nécessaire d'essayer de la résoudre.
Henry Fontanier
Député du Cantal
Vice-président de la Commission
des Colonies.
Secrétaire de la Commission
des Aflaires étrangères.
Le statut de Tanger
Dans les milieux diplomatiques on atta-
che une importance politique considérable
au déplacement du roi d'Espagne à Naples
où il vient à bord du croiseur Infante.
Allonso dans le but d'assister au mariage
qui a lieu aujourd'hui entre le duc
'Apulie et la princesse Anne de France.
On croit généralement que le roi Alphon-
se XIII profitera de l'occasion pour discu-
ter du problème de Tanger avec le roi Vic-
tor-Emmanuel et ses ministres. On sait
d'ailleurs que le roi d'Espagne suit cette
question avec le iplus grand intérêt.
Une politique des ports en A. O.F.
Les deux wbarls de la Ci d'Ivoire
-
fi
Le nouveau- wharf de Grand -
Bassarn, achevé au début de 1923,
juste au moment où s'effondrait
l'aircieir, est relativement bien outillé. Par
temps calme, il peut transiter jusqu'à 500
et même 600 tonnes par jour. S'il faisait
toujours beau et si les navires se présen-
taient successivement en rade, de façon qu'il
n'y en ait jamais qu'un seul en cours de
chargement, les opérations se feraient en
somme dans des conditions très acceptables.
Malheureusement, ce n'est pas le cas. Nom-
breux sont les jours de forte Iloule pendant
lesquels ces opérations sont bien ralenties et
mime complètement suspendues. D'autre
part, il y a généralement plusieurs navires
mouillés en rade et entre lesquels doit être
réparti le tonnage transité par le wharf. Il
n'est pas rare, par suite, qu'un cargo venu
pour laisser ou prendre du fret doive rester
trois semaines à débarquer ou embarquer
un millier de tonnes, à la cadence moyenne
de 50 tonnes par jour. On s'étonnera après
cela que les tarifs de fret restent prohibi-
tifs pour certains produits quand les navi-
res doivent perdre plus de temps à déposer
ou recevoir leurs cargaisons qu'à franchir
la distance séparallt la Métropole de sa co-
lonie 1
Sur les autres points de la côte, comme
nous l'avons dit, aucun outillage pour faci-
liter le transit. Billes de bois flottées ou
pirogues chargées de passagers ou de mar-
chandises craignant gène raie nient V humi-
dité et plus encore leur immersion dans
Veau de mer doivent traverser Ici barre, sou-
vent au .prix de mille difficultés. A Sas-
sandra, apolelallt, la barre (sI moins forte
qu'ailleurs et les opérations s'y font avec
moins de dallgas.
Mais pour la seule région de Cralld-I
Bassam et pour le seul trafic existant ac-
tuellement, le wharf construit en dernier
lieu est très insuf fisant. Le Gouvernement
de la Colonie s'en est rendu compte. La
construction d'un second ouvrage a été dé-
cidée. A défaut de place pour de nouvelles
installations commerciales à (irand-Bassam,
te dernier ouvrage pouvait dif ficilclIIcltl
lire édifié à côté de l'autre. D'autre part,
ainsi que nous aurons l'occasion de l'expo-
ser plus en détail, il paraissait nécessaire
d'avoir une nouvelle pçrte maritime le plus
près possible d'Abidjan, ville lagtmairc,
centre commercial très important et tète de
ligne 'du chemin de fer montant vers le
Nord. On s'était primitivement décidé pour
Vridi (à 35 kilomètres sud-ollcst de Bas-
sam) où existe un assez vaste plateau sous-
marin et où l'on croyait pouvoir ctltreprett-
tire, éVClltttcllcmclIt, avec le minimum de
frais, les travaux de protection nécessaires
au libre débouché d'un callal mettant la la-
gune en communication avec la mer. De
plus récentes" études ont amené le Service
des Travaux publics à exécuter ce wharf
à Port-Bouet, à 2 kilomètres Est de Vridi,
point où échouèrent, en 1912, très certai-
nement par ignorance ou négligence de la
force des courants parallèles à la côte, les
projets tendant à la percée du cordon la-
gunaire et à la création d'un port intérieur.
Cet ouvrage sera relié directement au che-
min 'de fer. Des travaux assez importants
de prolongement de celui-ci notamment un
pont sur le bras lagunaire qui sépare Abid-
jan de Vile de Pctit-Bassam, sont entrepris
dans ce but.
Ce nouveau whar f, plus puissant Cllcorr.
que le dernier construit à Bassam, amélio-
rera certainement la situation. Mais, nous
l'avons dit déjà, ce ne sera toujours qu'un
wharf, soumis au caprice des cléments et
dont le fonctionnement restera d'autant plus
onéreux qu'il obligera les navires ayant à
prendre ou à laisser du fret, à la fois 'à Bas-
sam et à Abidjan-Port. Bouet, à effectuer un
nouveau mouillage. Les frets resteront donc
chers. Vexploitation des bois communs et
celle de nombre 'd'autres produits du sol ou
du sous-sol ne pourront, nullement prendre
de ce fait l'essor qu'il serait permis d'es-
compter si la colonie disposait d'un port. Ce
port, il faut le construire de toute urgence.
TO années, 15 peut-être, seront nécessaires
pour l'exécution des travaux. Raison de
plus pour commencer immédiatement. Plu-
sieurs projets ont été étudiés. Il faut choi-
sir entre eux et vite.
Pierre Valatle,
Député du Cher,
Ancien mtntstre.
Lt Aviation Coloniale
Paris-Saïgon et retour
Lors de leur passage à Bangkok, un ban-
quet a été offert on l'honneur des avia-
teurs Challe et Rapin, par la Colonie fran-
çaise ; les officiers de l'aviation siamoise
et d'autres invités au nombre de 60 y assis-
taient. Le commandant Sercey, chargé des
affaires de France, a porté un toast en
l'honneur des aviateurs. Ceux-ci ont remer-
cié les officiers Siamois, pour l'assistance
qu'ils leur ont prêtée. Lundi nos aviateurs
ont effectué un vol au-dessus de Bangkok,
faisant apprécier les qualités de leur appa-
reil, devant une nombreuse population
européenne cl siamoise, qui a manifesta
son admiration. Avant de partir pour Cal-
cutta, MM. Challe et Bapin ont déclaré
avoir été très touchés de l'accueil cordial
des aviateurs Siamois.
Les aviateurs qui avaient quitté cette
ville avant-hier matin, sont arrivés à Alla-
habad au centre de l'Inde septentrionale.
BN HB.
Un bateau de sauvetage Temorquo dans ln
direction de Gibraltar le bateau français
« Orainic » qui était en détresse.
Les Thèses scientifiques
coloniales
---0-0-
Nous n'étonnerons personne en déclarant
que les thèses scientifiques, d'ordre essentiel-
lement colonial, sont assez rarement soute-
nues en Sorbonne ou devant les Facultés de
province.
Depuis cinquante ans, le nombre des as-
pirants au doctorat voit grossir chaque an-
née, son effectif de docteur mâle et femelle
(les femmes courent aujourd'hui après les
diplômes avec la même ardeur dont elles
faisaient preuve, jadis, pour courir après les
maris). Le jeune monde savant agrandit son
cercle. C'est un fait. La part faite aux co-
!onies par la jeunesse scientifique s'en est-
qile accrue?
Certes, il y a toujours eu des coloniaux,
ceux-là de naissance, ceux-ci d'âme, qui, dès
le début de leur carrière scientifique, se
tournèrent vers les pays d'outre-mer, champs
d'expérience de leurs études. Hommage, sou-
vent, au pays natal ou d'élection, à l'ins-
tant précis où la vie les appelait ailleurs.
Il en est d'autres aussi, qui le firent par
pure vocatiou.
Sainte-Claire Deville, géologue et astro-
nome, né aux Antilles danoises, et qui fut,
comme on le sait, fondateur et directeur de
l'observatoire de Montsourig, se présentait
devant la Faculté, en 1852, avec une Etude
de météorologie et de physique terrestre aux
Antilles.
L'Algérien Welsch, vers 1890, soutenait à
son tour, un brillant travail relatif aux ter-
rains secondaires des environs de Tiaret et
Freuda (département d'Oran). Et, à son
exemple, la même année, Ficheur, alors pré-
parateur de géologie à l'Ecole Supérieure
d'Alger, gagnait son titre de docteur ès
sciences naturelles, par un ouvrage puis-
samment documenté sur les terrains Eocè-
nes de la Kabylie du Djurjura. Et bien d'au-
tres dont les incessants travaux sont célè-
bres parmi nous, et dont la place nous man.
que pour citer les noms.
jusqu'à la fin du XIX" siècle, les thèses de
science paraissent s'inspirer plus spéciale-
ment de la complexité des formations géolo-
giques. Stratigraphie et lithologie battent
leur plein. C'est l'ilge héroïque de la science
coloniale. On se soucie davantage d'établir
le caractère géographique des régions, peu
ou) 'pas connues, plutôt que de mettre la
science au service des productions agraires
ou de la conservation de la race. Il faut que
le xx" siècle paraisse pour que les thèses
de science ou de médecine prennent pour
objet l'agriculture et les hommes, du moins
d'une façon fréquente.
Les théories de Bentnam et de Hooker ou
celles de Torado sont à l'honneur, et les
méthodes de Dantzer et O. Roehrich atten-
tivement étudiées dans un bon nombre de
thèses.
Médecins et pharmaciens choisissent vo-
lontiers - et de plus en plus leur sujet
de thèse parmi les éléments coloniaux. J.
Saffar présente des remarques sur la fiè7fre
intermittente parfaite en Algérie (1900), Lc-
maire diagnostique la fréquence des kystes
hydatiques du poumon et de la plèvre en
Algérie (1902), Edmond Sergent étudie la
lutte contre les moustiques en Algérie (1903),
Dellys, le paludisme à masque typhoïde
(1904), et Roger Treille, la cachexie palu-
déenne (1908). De 1910 à 1927, il est certain
que le mouvement s'accroît. Et pendant cette
dernière décade la plus importante partie
des thèses de sujet colonial est due aux
médecins et pharmaciens. C'est un bien. La
santé des populations indigènes étant le pre-
mier point du problème colonial.
Mais les thèses de science pure n'ont pas
absolument abandonné aujourd'hui le ter-
rain d'outre-mer. Si Ramiz Makhzoumi, tout
récemment, soulignait les particularités de
la culture du cotonnier en Syrie et au Liban,
Georges Lecointre, l'année dernière, s'atta-
fchait aux recherches géologiques dans la
Meseta Marocaine, avec un égal succès.
Géographie, géologie, agriculture, méde-
cine et pharmacie coloniales entrent donc
d'une manière plus générale dans les thèses
reçues par les Facultés. Est-ce à dire que
dans un temps proche nos possessions d'ou-
tre-mer voyant augmenter l'effectif des hom-
mes de science à son service, seront dotées
d'une organisation scientifique il la taille de
l'avenir et des besoins coloniaux?
En vérité, les savants manquent-ils aux co-
lonies? Les colonies ne manquent-elles pas
plutôt aux savants?' C'est-à-dire les organes
scientifiques réels, bâtis, aménagés, organi-
sés et riches d'autre chose que du haut sa-
voir et de la bonne volonté de leurs savants.
Ah ! qui édifiera le Buytenzorg qui manque
à la grande France coloniale?
N'est-ce pas la thèse scientifique rêvée que
tous verraient avec joie soutenir et défendre
avec succès par M. Léon Perrier ?
Mirane-Marcclle Detfins.
.060.
H.P. contre chevaux de courses
-0..0--
Récemment, une excellente jument de
course, Chatte Blonde, qui venait de débar-
quer du TimJjtld, était tuée par une auto,
aux environs d'Alger.
Voici maintenant Aède, à M. Andréoli. qui
vient d'être grièvement blessé, au moment
de son embarquement, par une automobile
qui l'a tamponné.
Aède devait disputer le Grand Prix d'Al-
ger.
Un mauvais sort aurait-il été jeté sur les
courses d'Alger?
--
D'ALGER AU NIGER
EN AUTOMOBILE
La Caravane-Exposition Il Renault »,
qui avait quitté Alger pour ln Soudan, et
qui était composée de camionnettes auto-
mobiles Renault, a franchi le Saluira sans
incident et est arrivé le 27 octobre a Bon-
rem (Niger\ après avoir passé par EI-
• ioléa, Timimoun et Adrar.
Celte pprformanrc est d'autant plus
remarquable que les automobiles consti-
tuant cette Caravane étaient des voitures
a. 4 roues, strictement de série, de 400 Iq8
à 2.000 ktfa de charge utile.
La Caravane-Exposition, qui a pour but de
faciliter les relations commerciales par voie
de terre entre l'Algérie, le Niger et le Sou-
dan, continue sa randonnée en A. O. F.,
nvec l'intention de visiter plusieurs colo-
nies.
La prodadioa totonaière
du Niger ta 1926.1927
Il n'existe au Niger ni exploitation coton-
nière européenne, ni usine d'égrenage. Le
coton produit par le cultivateur est égrené
et filé dans sa famille. Le tissage est assuré
par des tisserands indigènes se servant de
métiers primitifs, de fabrication locale, pour
obtenir des bandes d'étoffe de longueur vou-
lue mais dont la largeur dépasse rarement
30 centimètres.
La production de la colonie se répartit
ainsi, dans les cercles producteurs
Maradi, production 160 t. ; consommation
locale 140 t. ; exportation 20 t.
Dosso, production 150 t.; consommation
147 t. ; exportation 3 t.
Konni, production 90 t. ; consommation 81
tonnes ; exportation 9 t.,
Zinder, production et consommation 75 t.
N 'Guigmi, production 60 t.; consommation
45 t. ; exportation 15 t.
Niamey, production et con sommation "36 t.
Say, production 12 t.; consommation 8 t.;
exportation 4 t.
Tahou, production et consommation 10 t.
TilIabéry, production et consommation 5 t.
Manga, production et consommation 2 t.
Soit au total, 600 tonnes de production ;
549 tonnes de consommation locale et 51 ton
nés d'exportation.
La campagne précédente avait dotlné 609
tonnes pour la production locale, 382 tonnes
pour la consommation locale et 227 tonnes
pour l'exportation.
La diminution de la production totale en
1926-27 par rapport à la campagne précé-
dente provient uniquement de l'irrégularité
des précipitations pluviales pendant l'hiver-
nage 1926; cette diminution aurait été plus
forte si l'étendue des superficies cultivées
n'avait été bien plus grande en 1926-27 qu'en
1925-26.
L'amoindrissement du chilTre de l'expor-
tation (pour la presque totalité en Nigéria)
s'explique non seulement par la diminution
de la production, mais encore et surtout par
l'accroissement de la consommation locale
(tissage) par suite des prix élevés atteints en
1926 par les cotonnades d'importation.
La fièvre jaune en A O. F.
-0-0--
T-
L'épidémie semble enrayée a Dakar,
grAce aux, mesures énergiques et efficaces
a l'exécution desquelles M. le Gouverneur
Général Carde a veillé scrupuleusement.
Par contre sur lu voie ferrée Thiès-Niger.
on signale quelques cas parmi les sous-
ofliciers du génie.
Des navires pour les bananes
0
« Dans une année de plein rendement, les
trois quarts de la récolte de bananes pourri-
raient sur place, faute de pouvoir arc expé-
diées B, déclarait M. le Gouverneur des Co-
lonies S. Poiret au cours de la conférence
qu'il fit récemment à Nantes sur les bananes
de la Guinée l'fit tiçt i se. des hon engrais,
la production de bananes peut atteindre
50.000 kilos, s'approchant de près de celle
des - Canaries qui est de 70 tonnes.
C est donc à une question de transports
qu'est intimement rattachée celle de la
culture et de l'exportation des bananes.
Nous savons par ailleurs que tous les ef-
forts de l'honorable Gouverneur de la Gui-
née française convergent depuis longtemps
vers la constitution d'une Société ayant des
navires ou un navire (ce qui serait déjà fort
bien) exclusivement outillé pour le transport
de ce produit périssahle.
Espérons que le désir de M. Poiret et de
teus ceux qui s'intéressent à l'avenir cfono-
mique de cette helle et si fertile colonie sera
exaucé et qu'une solution, tant de fois
amorcée et abandonnée, finira par être
adoptée.
Eugène De vaux.
m'
La T.S.F. à Madagascar
Un fonctionnaire du service de la T.S.F.
locale de Tanauarivo a entendu les con-
certs émis par le poste Philipp's, de Ilcin-
doven, en Hollande, sur i0 m. 20 de lon-
gueur d'onde.
L'apparcil récepteur qui a permis cette
écoute, de conception très simple, compor-
tait deux lampes : une déteciiice et une
basse fréquence. L'audition a été bonne au
casquc.
Ce résultat, permet d'espérer qu'à Mada-
gascar, dans 'un avenir prochain, il sera
possible à. chacun d'écouter chez soi, a.
bon marché, de la belle musique de
France et de connaître, le soir même, les
événements qui se seront déroulés dans
les vingt-quatre heures, à dix mille kilo-
mètres de distance.
11 y a 1<\, pour toute noir»; industrie de
T. S. F., un gros débouché immédiat,
qu'elle ne doit pas laisser prendre par l'in-
dustrie étrangère.
.-
AU QUAI D'ORSAY
M. Briand, au cours de l'après-midi d' hier,
a reçu le maréchal Franchet d'Esperey, inspec-
teur général des forces coloniales dans 1 Afri-
que du Nord.
Gouverneurs en brance
---()-o--
Les Gouverneurs de trois de nos quatre co-
lonies américaines sont en France ou vont y
rentrer incessamment pour rendre compte à
M. Léon Perrier de 1 état de leur colonie;
ce sont : MM. de Guise, Gouverneur de la
Martinique, Bcntsch, Gouverneur de Saint-
Pierre et Miquelon et Juvanon, Gouverneur
de la Guyane.
Il est probable que M. Bentsch demanderai
sa mise à la retraite mais cette mesure ne
sera pas cependant immédiate.
M. Lucien saint estreniré a Tunis
-0-0
M. Lucien Saint, Résident Général, est ar-
rivé hier matin seulement, à 7 heures, pour
reprendre son poste. A son arrivée, il a été
accueilli par les ministres du bey, les hautl
fonctionnaires du protectorat, les représentants
des corps élus et les dignitaires indigènes. Les
honneurs étaient rendus par le 4" zouaves.
–-–
Le roi d'Espagne à Bizerte
Une note officieuse de Madrid annonce qœ
le roi d'Espagne arrivera à Palerme le 7 no-
vembre, d'où il se rendra à Malte et à Bizerte
avant de rentrer dans la Péninsule.
Un nouvel emprunt
4J-O-
Le Gouvernement tunisien compte procéder
dans le courant du mois de novembre à un
emprunt obligataire de 43.500.000 francs. Les
obligations seront au taux nominal de 1.000
francs et rapporteront du 6 net.
Cet emprunt est destiné à de grands travaux,
à des réformes administratives et à des opéra-
tions foncières intéressant la colonisation.
––-– "1. -
Dépêches de l'Indochine
--00--
On mande de Kyoto.
On mande dl? Kijolo à Saigon, que la pro-
fesseur Kazukiijo Yamamoto, de l'Univer-
sité de Kyoto, IIlJI'(S yvoir observé des ta-
clu's dont la dimension augmente sur le
soleil a prédit qu'elles auront pour consd-
t/urnee dans deux ou trois ans une série de
calamités nationales ; chaleur excessive,
vaynrs de froid, chutes ':flormes de neige et
de pluies rt l'impossibilité de communiquer
soit par cdhlr, soit par T. S. F.
Nomination d'un consul
Sadao Sa/lina a été nommé consul du
Japon, ci Saigon.
Au Yunnan
Selon, diverses informations non en-
core confirmées, les généraux dissidents
Hou-Jo-Yu, ancien chef du Dircctoirc, et
Tchang-Jou-Yi, coalisés contre le général
Lmig-Yun, chef actuel de la province, opé-
rant leur fonction, auraient atteint la ré-
gion de Lou-fjiang. Ils seraient sur le point
de tenter avec l'ahle de contingents des pro-
vinces voisines, une nouvelle offensive en
direction de Lcang, sur la ligne du chemin
de fer, à une centaine de kilomètres de la
capitale de lit province. La situation est
considérée comme sérieuse.
Indopacifl.
Envoi d'une canonnière
La canonnière Malicieuse a reçu l'ordre
d'appareiller de Uiupliong pour l'akhol, siô-
ge du posta consulaire français, qui est en
butte depuis ln 2"! au matin !lHl.J: attaques
d'une bande de pinda et faiblement dé'
fendu par la troupe, régulière chinoise.
Inauguration (l'un canal aux Indes
Mardi, a eu lien, en présence du Yicc-Uai
îles Indes, V inauguration solennelle du
(iran l'iri igiilion de cette région importante du
lien gale.
Croisière
Le croiseur Jules-Michelet vient d'arri-
ver à Shangaï.
Cinéma Colonial
--{)-o-
« Duel »
Le sujet de ce film français est la riva-
lité de deux hommes.
L'aviateur Jean l'eyïane doit traverser
le Sahara par la voij des airs. On lui donne
un passager et ce passager n'est autre -
il l'ignon - que Deb'.-sle, le grand cons-
tructeur d'avions, dont ia teinrae s'est tuée
pour Peyrane.
Debresle fait atterrir l'appareil au milieu
du désert. Il répand l'essence sur le sable.
Et - telle est sa vengeance il aban-
donnera Peyrane. Les deux hommes s'enfon-
ceront, chacun de son côté, dans l'immen-
sité saharienne, à la grâce de Dieu!
ils seront sauvés tous les deux, Et, de rc-
tour à Paris, s'affronteront de nouveau en
combat singulier, à coups de mitrailleuse,
en avion.
Bonne interprétation avec Gabriel Gabrio,
Jean Murât, Mady Christians, Andrée Stan-
dart et Henri Rudaux.
La photographie est remarquable, avec
des éclairages qui donnent leur relief aux
scènes qui se déroulent. Le combat entre ces
civils, employant des moyens militaires, est
impressionnant. Mais cette fiction ne fait-
elle pas songer, avec quelque gène, aux com-
bats véritables où, pour un haut devoir, se
sacrifièrent tant de jeunes et généreuses
existences ?
Une scène des plus impressionnantes est
celle au cours de laquelle Debresle oblige
Jean Peyrane à atterrir dans l'immensité des
sables.
Le metteur en scène comme los opérateurs
s'étaient rendus sur les lieux en auto-che-
nille, mais les deux principaux interprètes
étaient venus en avion.
Quand la scène fut terminée et que l'on
voulut faire reprendre l'air à l'appareil, la
tâche fut des plus compliquées. Le sable em-
pêchait l'élan nécessaire à l'envol.
Heureusement, le célèbre pilote Marcel Do-
ret était là; malgré les difficultés de la tâ-
che, il parvint il faire décoller l'appareil.
m La Comtesse Marie »
Benito Pcrojo tourne, à Joinville, les inté-
rieurs de La Comtesse Marie dont les exté-
rieurs ont été tournés au Maroc, avec une
figuration arabe.
« Amours exotiques »
Dans Amours exotiques, que M. Léon Poi-
rier a rapporté en même temps que sa Croi-
sière noire, de jeunes amoureuses, épouses
et courtisanes congolaises défilent en dan-
sant. Dans ce film, des traits de mœurs s'ac-
cusent sur un mode ironique avec, par ci
par là, des allusions aux sœurs européennes
de ces noires.
La première partie d'Amours exotiques est
une comédie malgache qui se passe au temps
LE NUMERO: 30 CENTIMES
SAMEDI SOin, 5 NOVEMBRE 1927.
Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçues au
bureau du journal.
DIRECTEURS : Marcel RUEDFCL et L.-G. THÉBAULT
Les ANNALKS COLONIALES ne publient que des arti-
cles inédits, qui sont leur propriété exclusive.
JOURNAL QUOTIDIEII
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34, (t. fi Rlllt-TIMir
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Un an û Mois 3 foi.
France et *
Colonies 120 » 65 » 35 »
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tous les bureaux de poete.
Le budget du Maroc
Le budget du Maroc se divise en deux par-
ties : l'une qui se rattache au budget de la
guerre français, l'autre qui est le budget chéri-
hen proprement dit.
La première est relative aux dépenses du
corps d'occupation et est examinée et votée
par le Parlement. La seconde comporte les
dépenses d'organisation et d'administration et
est établie dans des conditions un peu particu-
lières découlant du régime même du protec-
torat.
Ce budget chérifien est élaboré par le Di-
recteur général des Finances du protectorat. Il
est ensuite soumis à une Commission du budget
composée comme suit : 1° 12 membres nom-
més par les Chambres consultatives de l'indus-
trie du commerce et de l' agriculture ; 6 mem-
bres, pour l'industrie et le commerce, 6 mem-
bres peur l' agriculture ; 2" les directeurs éné-
taux de l' agriculture, du commerce et de la
colonisation, des travaux publics, de l'instruc-
tion pullique, des P.T.T. et des finances.
Cette Commission examine le projet, nomme
des rapporteurs et le présente ensuite au Con-
!eii du Gouvernement, lequel donne son avis.
Enfin, le budget est transmis au Ministère des
Affaires étrangères où une commission, compo-
sée de représentants du Ministère des Finan-
ces et du Protectorat l'étudié à son tour. Il est
ensuite proposé à l' approbation du ministre des
Affaires étrangères. Le sultan intervient pour
y mettre le point final en donnant sa ratification.
Comme on le voit, cette procédure n est pas
d' une extrême simplicité : elle est, en outre,
longue, si chacun des conseils ou commissions
appelé à se prononcer ne met pas quelque hâte
à remplir sa mission. Aussi a-t-on prévu le cas
où l'approbation ne serait pas intervenue en
temps opportun.
Pour l'année 1927, le chiffre des dépenses
inscrites au budget ordinaire s élève, d'après
k remarquable rapport de M. Bouilloux-La-
\c,pt - où nous puisons ces renseignements -
à 531.652.239 francs. Les recettes sont
évaluées à 531.829.110 francs. En 1913-
1914, les recettes étaient seulement de 17 mil-
lions 253.130, et les dépenses de 24.760.240.
Les unes et les autres ont augmenté, depuis
lors, d'une façon continue. En 1913, en 1914
et en 1915, l'on a connu des déficits assez
élevés, puisqu'ils équivalaient au cinquième des
dépenses. Mais, depuis lors, on a toujours en-
registré des excédents.
C' est seulement en 1919 que les dépenses
ont légèrement dépassé les 100 ^pillions 102
millions exactement. Les accroissements les
plus considérables se sont produits de 1920 à
1921 ; 1920 : 181.399.735 fr. ; 1921 : 266
millions 998.810 fr. ; et de 1926 à 1927 :
1926, 406 915.722 fr. ; 1927, 531.652.239
(rancs.
A ces dépenses ordinaires, il faut ajouter
rcllc3 qui sont payées par le « budget sur fonds
el' emprunt », et qui, en 1927, sont prévues
peur une somme de 55.803.288 francs, et
telles qui sont constituées par « le budget sur
icssources exceptionnelles et qui atteignent
85.399.600 francs. Au total, le budget des
dépenses s'élève, pour cette année-ci, à 672
millions 855.127 francs.
Les ressources ordinaires du budget du pro-
tectorat sont : 1° les impôts directs : tertib,
prestations, taxe urbaine, patentes ; 20 les im-
pôts indirects : douanes, taxes diverses de con-
sommation, droits de marché, droits d' enregis-
trement et de timbre ; 3° produits et revenus du
domaine ; 4° monopoles et exploitations.
Parmi les impôts directs évalués à 153 mil-
licns 389.000 francs, le tertib représente 137
millions 390.000 francs. Il est en augmentation
tle 44.165.000 francs sur l'année 1926. Il est
donc le principal des impôts de cette catégorie.
Les autres sont les prestations et les taxes ur-
baines.
Le tertib frappe les récoltes, les arbres frui-
tiers, le cheptel. Il est basé sur la déclaration
faite par le contribuable. Celles des indigènes
sont reçues par des commissions placées sous la
surveillance des autorités régionales ou d un
contrôleur du tertib et composées d'un caïd de
la t:ibu et du. cheik de la traction assistés de
notables et d'un adel ou notaire. Les Euro-
péens souscrivent sur des formules spéciales.
La déclaration des cultures annuelles indique
la nature des cultures, la superficie ensemencée
évaluée en hectares ou en quantités de semen-
ces enfouies.
Afin de favoriser l'extension des méthodes
de culture européennes, des primes égales à
une réduction de 50 de l'impôt sont consen-
ties aux cultivateurs qui ont recours aux pro-
cédés modernes. L'importance de cette me-
sure apparaîtra complètement quand on saura
que 97 du tertib est payé par les indigènes.
Il y a là moyen efficace pour améliorer rapi-
dement la mise en valeur du sol.
Les rendements du tertib ont été s'amélio-
rant depuis une quinzaine d'années : améliora-
tion due autant à l'extension de la zone pacifiée
qu'au progrès de l'agriculture. En 1915, il
donnait 20.751.322 francs; en 1925, 115 mil-
lions 438.514, et en 1927, 137.390.000. Il
convient évidemment de tenir compte des va-
riations de la monnaie. Il n'en reste pas moins
une augmentation notable des recettes.
Il serait assez intéressant de marquer l'im-
portance de cet impôt agricole dans les res-
sources budgétaires du protectorat. Aujourd'hui
il représente 23 des recettes. Mais cette
part était bien plus grande les années précé-
dantes. En 1915, elle était d'environ de 55 %;
m 1917, 49 ; en 1919, 27 ; en 1921,
25 ; en 1923, 25 ; en 1925, 32 Ces
chiffres, tout en nous renseignant sur l'évolu-
tion de certaines ressources budgétaires du pro.
rectorat, nous instruisent aussi sur celle de son
activité économique et nous permettent de voir
h place de plus en plus grande qu'occupent
les échanges.
C'est ce que nous constatons en examinant
les produits des douanes. De 20.432.094 fr.
qu'ils étaient en 1915, ils sont passés en 1926
on n' a pas les chiffres de 1927 à 162
millions 818.493 francs. Cette dernière som-
me se décompose de la façon suivante :
Francs
Droits d'importation 154.266.540
Droits d'exportation 7.628-939
Droits de cabotage 284.468
Recettes diverse, 638.536
162.818.483
Les douanes et le tertib constituent donc les
deux ressources essentielles du budget chéri-
fien. Mais alors que durant les premières an-
nées du protectorat, les recettes de l'impôt fon-
cier l'emportaient sur celle des douanes, celles-
ci, depuis dix ans, accusent une supériorité
constante et d'année en année l'écart entre les
deux ordres de ressources s'accentue en leur
faveur.
Les taxes de consommation se placent en
troisième lieu après les douanes et le tertib.
Elles ont donné, en 1926, une recette globale
de 110.557.386 francs. Elles n'atteignaient
pas le demi-million en 1915. Depuis lors, les
progrès ont été constants et rapides. 2.700.000
francs en 1916 ; 6.242.000 en 1918 ; 13 mil-
lions 600.00 en 1919, 29.662.000 en 1920.
40 millions en 1921 : 60 millions en 1922 ;
58.739.000 en 1923 ; 67 millions en 1924 ;
99 248.000 en 1925; 110.557.000 en 1926.
Dans ce total, la taxe sur le sucre donne
73.221.502 francs, celle sur l' alcool 14 mil-
lions 701.000 francs ; celle sur les denrées co-
loniales, 10.652.000 francs. Viennent ensute
les essences pour 3.254.000 francs ; les allu-
mettes pour 23.440.000 francs, les bougies
pour 1.928.000 francs, et les bandages d'auto-
mobiles pour 1.318.000 francs.
Les droits d'enregistrement et de timbres ont
donné, en 1926, 25.350.521 francs, sur les-
quels plus de la moitié 12.966 239 francs
exactement sont fournis par les droits de
mutation. La taxe sur la plus-value immobilière
d atteint 2.357.000 francs.
Les produits du domaine figurent dans le
budget pour 14.540.780 francs, dont plus de
la moitié représentés par les revenus des forêts.
Les monopoles P. T. T., Tabacs s'y
inscrivent pour une somme de 45.630.445
(chiffres de 1926) qui se décomposent ainsi : P.
T.T., 24.083.350 fr. ; tabacs, 21.547.095.
On prévoit pour 1927 une augmentation assez
considérable de recettes. Les P. T. T. passe-
ront de 24.083.350 à 28.000.000 francs, et
les tabacs de 21.547.095 à 28.700.000 francs,
soit 11.068.955 francs en plus.
Les autres recettes, soit 32.346.111 francs,
sont fournies par des ressources d'ordre divers
qu'il sera't trop long ici d'énumérer.
L'examen des dépenses n'est pas moins inté-
ressant que celui des recettes. Nous constatons
d' abord que presque un cinquième d'entre elles
est représenté par les arrérages de la dette pu-
blique, soit 102.382.893 francs. Les emprunts
contractés avant le protectorat représentent 163
millions 624.000 francs. Ils avaient pour but
de payer les dettes du sultan. D'autres ont été
contractés depuis : en 1914-1916, 242 mil-
lions ; en 1920, 744.140.000 francs, dont 300
millions actuellement réalisés. Ces emprunts ont
pour objet I installation de services publics,
certains travaux publics, la mise en valeur de
richesses naturelles, la création d'établissements
d'enseignement. etc..
Les dépenses afférentes aux Pouvoirs publics
et à l'Administration générale sont de 91 mil-
lions 990.362 ; celles qui intéressent les ser-
vices financiers, de 51.991.990 fr. Les ser-
vices économiques absorbent 153.868.084 fr.,
dont 20.599.580 pour la colonisation, l' agri-
culture, l'élevage et le commerce ; 66.185.000
francs pour les Ponts et Chaussées, et 37 pour
les P. T. T. ; les services d'intérêt social, 59
millions 926.000 francs, parmi lesquels 34
millions 774.000 francs pour l'instruction pu-
blique. Enfin, les dépenses militaires, Indépen-
damment des frais de corps d'occupation qui
incombent à la métropole T élèvent à 47 mil-
lions 547.009 francs.
Telles sont les grandes lignes de ce budget
que nous présente le très intéressant rapport de
M. Bouilloux-Lafont.
Nous avons, au cours de cette analyse, for-
mulé certaines réflexions. Nous n'en ajouterons
qu'une : ce sera pour regretter l' insuffisance du
contrôle. Ce budget, de plus d'un demi-mil-
liard, et qui augmente tous les ans, est établi
par quelques hauts fonctionnaires et une poi-
gnée de représentants de l'agriculture, de l'in-
dustrie et du commerce. L'instance suprême
qui est la commission siégeant au Ministère des
Affaires étrangères, est constituée d'une façon
analogue.
Nous n'ignorons pas que le Maroc est un
pays de protectorat, et que, de ce fait, le con-
trôle du Parlement est extrêmement délicat à
établir. La difficulté est certaine, mais il serait
nécessaire d'essayer de la résoudre.
Henry Fontanier
Député du Cantal
Vice-président de la Commission
des Colonies.
Secrétaire de la Commission
des Aflaires étrangères.
Le statut de Tanger
Dans les milieux diplomatiques on atta-
che une importance politique considérable
au déplacement du roi d'Espagne à Naples
où il vient à bord du croiseur Infante.
Allonso dans le but d'assister au mariage
qui a lieu aujourd'hui entre le duc
'Apulie et la princesse Anne de France.
On croit généralement que le roi Alphon-
se XIII profitera de l'occasion pour discu-
ter du problème de Tanger avec le roi Vic-
tor-Emmanuel et ses ministres. On sait
d'ailleurs que le roi d'Espagne suit cette
question avec le iplus grand intérêt.
Une politique des ports en A. O.F.
Les deux wbarls de la Ci d'Ivoire
-
fi
Le nouveau- wharf de Grand -
Bassarn, achevé au début de 1923,
juste au moment où s'effondrait
l'aircieir, est relativement bien outillé. Par
temps calme, il peut transiter jusqu'à 500
et même 600 tonnes par jour. S'il faisait
toujours beau et si les navires se présen-
taient successivement en rade, de façon qu'il
n'y en ait jamais qu'un seul en cours de
chargement, les opérations se feraient en
somme dans des conditions très acceptables.
Malheureusement, ce n'est pas le cas. Nom-
breux sont les jours de forte Iloule pendant
lesquels ces opérations sont bien ralenties et
mime complètement suspendues. D'autre
part, il y a généralement plusieurs navires
mouillés en rade et entre lesquels doit être
réparti le tonnage transité par le wharf. Il
n'est pas rare, par suite, qu'un cargo venu
pour laisser ou prendre du fret doive rester
trois semaines à débarquer ou embarquer
un millier de tonnes, à la cadence moyenne
de 50 tonnes par jour. On s'étonnera après
cela que les tarifs de fret restent prohibi-
tifs pour certains produits quand les navi-
res doivent perdre plus de temps à déposer
ou recevoir leurs cargaisons qu'à franchir
la distance séparallt la Métropole de sa co-
lonie 1
Sur les autres points de la côte, comme
nous l'avons dit, aucun outillage pour faci-
liter le transit. Billes de bois flottées ou
pirogues chargées de passagers ou de mar-
chandises craignant gène raie nient V humi-
dité et plus encore leur immersion dans
Veau de mer doivent traverser Ici barre, sou-
vent au .prix de mille difficultés. A Sas-
sandra, apolelallt, la barre (sI moins forte
qu'ailleurs et les opérations s'y font avec
moins de dallgas.
Mais pour la seule région de Cralld-I
Bassam et pour le seul trafic existant ac-
tuellement, le wharf construit en dernier
lieu est très insuf fisant. Le Gouvernement
de la Colonie s'en est rendu compte. La
construction d'un second ouvrage a été dé-
cidée. A défaut de place pour de nouvelles
installations commerciales à (irand-Bassam,
te dernier ouvrage pouvait dif ficilclIIcltl
lire édifié à côté de l'autre. D'autre part,
ainsi que nous aurons l'occasion de l'expo-
ser plus en détail, il paraissait nécessaire
d'avoir une nouvelle pçrte maritime le plus
près possible d'Abidjan, ville lagtmairc,
centre commercial très important et tète de
ligne 'du chemin de fer montant vers le
Nord. On s'était primitivement décidé pour
Vridi (à 35 kilomètres sud-ollcst de Bas-
sam) où existe un assez vaste plateau sous-
marin et où l'on croyait pouvoir ctltreprett-
tire, éVClltttcllcmclIt, avec le minimum de
frais, les travaux de protection nécessaires
au libre débouché d'un callal mettant la la-
gune en communication avec la mer. De
plus récentes" études ont amené le Service
des Travaux publics à exécuter ce wharf
à Port-Bouet, à 2 kilomètres Est de Vridi,
point où échouèrent, en 1912, très certai-
nement par ignorance ou négligence de la
force des courants parallèles à la côte, les
projets tendant à la percée du cordon la-
gunaire et à la création d'un port intérieur.
Cet ouvrage sera relié directement au che-
min 'de fer. Des travaux assez importants
de prolongement de celui-ci notamment un
pont sur le bras lagunaire qui sépare Abid-
jan de Vile de Pctit-Bassam, sont entrepris
dans ce but.
Ce nouveau whar f, plus puissant Cllcorr.
que le dernier construit à Bassam, amélio-
rera certainement la situation. Mais, nous
l'avons dit déjà, ce ne sera toujours qu'un
wharf, soumis au caprice des cléments et
dont le fonctionnement restera d'autant plus
onéreux qu'il obligera les navires ayant à
prendre ou à laisser du fret, à la fois 'à Bas-
sam et à Abidjan-Port. Bouet, à effectuer un
nouveau mouillage. Les frets resteront donc
chers. Vexploitation des bois communs et
celle de nombre 'd'autres produits du sol ou
du sous-sol ne pourront, nullement prendre
de ce fait l'essor qu'il serait permis d'es-
compter si la colonie disposait d'un port. Ce
port, il faut le construire de toute urgence.
TO années, 15 peut-être, seront nécessaires
pour l'exécution des travaux. Raison de
plus pour commencer immédiatement. Plu-
sieurs projets ont été étudiés. Il faut choi-
sir entre eux et vite.
Pierre Valatle,
Député du Cher,
Ancien mtntstre.
Lt Aviation Coloniale
Paris-Saïgon et retour
Lors de leur passage à Bangkok, un ban-
quet a été offert on l'honneur des avia-
teurs Challe et Rapin, par la Colonie fran-
çaise ; les officiers de l'aviation siamoise
et d'autres invités au nombre de 60 y assis-
taient. Le commandant Sercey, chargé des
affaires de France, a porté un toast en
l'honneur des aviateurs. Ceux-ci ont remer-
cié les officiers Siamois, pour l'assistance
qu'ils leur ont prêtée. Lundi nos aviateurs
ont effectué un vol au-dessus de Bangkok,
faisant apprécier les qualités de leur appa-
reil, devant une nombreuse population
européenne cl siamoise, qui a manifesta
son admiration. Avant de partir pour Cal-
cutta, MM. Challe et Bapin ont déclaré
avoir été très touchés de l'accueil cordial
des aviateurs Siamois.
Les aviateurs qui avaient quitté cette
ville avant-hier matin, sont arrivés à Alla-
habad au centre de l'Inde septentrionale.
BN HB.
Un bateau de sauvetage Temorquo dans ln
direction de Gibraltar le bateau français
« Orainic » qui était en détresse.
Les Thèses scientifiques
coloniales
---0-0-
Nous n'étonnerons personne en déclarant
que les thèses scientifiques, d'ordre essentiel-
lement colonial, sont assez rarement soute-
nues en Sorbonne ou devant les Facultés de
province.
Depuis cinquante ans, le nombre des as-
pirants au doctorat voit grossir chaque an-
née, son effectif de docteur mâle et femelle
(les femmes courent aujourd'hui après les
diplômes avec la même ardeur dont elles
faisaient preuve, jadis, pour courir après les
maris). Le jeune monde savant agrandit son
cercle. C'est un fait. La part faite aux co-
!onies par la jeunesse scientifique s'en est-
qile accrue?
Certes, il y a toujours eu des coloniaux,
ceux-là de naissance, ceux-ci d'âme, qui, dès
le début de leur carrière scientifique, se
tournèrent vers les pays d'outre-mer, champs
d'expérience de leurs études. Hommage, sou-
vent, au pays natal ou d'élection, à l'ins-
tant précis où la vie les appelait ailleurs.
Il en est d'autres aussi, qui le firent par
pure vocatiou.
Sainte-Claire Deville, géologue et astro-
nome, né aux Antilles danoises, et qui fut,
comme on le sait, fondateur et directeur de
l'observatoire de Montsourig, se présentait
devant la Faculté, en 1852, avec une Etude
de météorologie et de physique terrestre aux
Antilles.
L'Algérien Welsch, vers 1890, soutenait à
son tour, un brillant travail relatif aux ter-
rains secondaires des environs de Tiaret et
Freuda (département d'Oran). Et, à son
exemple, la même année, Ficheur, alors pré-
parateur de géologie à l'Ecole Supérieure
d'Alger, gagnait son titre de docteur ès
sciences naturelles, par un ouvrage puis-
samment documenté sur les terrains Eocè-
nes de la Kabylie du Djurjura. Et bien d'au-
tres dont les incessants travaux sont célè-
bres parmi nous, et dont la place nous man.
que pour citer les noms.
jusqu'à la fin du XIX" siècle, les thèses de
science paraissent s'inspirer plus spéciale-
ment de la complexité des formations géolo-
giques. Stratigraphie et lithologie battent
leur plein. C'est l'ilge héroïque de la science
coloniale. On se soucie davantage d'établir
le caractère géographique des régions, peu
ou) 'pas connues, plutôt que de mettre la
science au service des productions agraires
ou de la conservation de la race. Il faut que
le xx" siècle paraisse pour que les thèses
de science ou de médecine prennent pour
objet l'agriculture et les hommes, du moins
d'une façon fréquente.
Les théories de Bentnam et de Hooker ou
celles de Torado sont à l'honneur, et les
méthodes de Dantzer et O. Roehrich atten-
tivement étudiées dans un bon nombre de
thèses.
Médecins et pharmaciens choisissent vo-
lontiers - et de plus en plus leur sujet
de thèse parmi les éléments coloniaux. J.
Saffar présente des remarques sur la fiè7fre
intermittente parfaite en Algérie (1900), Lc-
maire diagnostique la fréquence des kystes
hydatiques du poumon et de la plèvre en
Algérie (1902), Edmond Sergent étudie la
lutte contre les moustiques en Algérie (1903),
Dellys, le paludisme à masque typhoïde
(1904), et Roger Treille, la cachexie palu-
déenne (1908). De 1910 à 1927, il est certain
que le mouvement s'accroît. Et pendant cette
dernière décade la plus importante partie
des thèses de sujet colonial est due aux
médecins et pharmaciens. C'est un bien. La
santé des populations indigènes étant le pre-
mier point du problème colonial.
Mais les thèses de science pure n'ont pas
absolument abandonné aujourd'hui le ter-
rain d'outre-mer. Si Ramiz Makhzoumi, tout
récemment, soulignait les particularités de
la culture du cotonnier en Syrie et au Liban,
Georges Lecointre, l'année dernière, s'atta-
fchait aux recherches géologiques dans la
Meseta Marocaine, avec un égal succès.
Géographie, géologie, agriculture, méde-
cine et pharmacie coloniales entrent donc
d'une manière plus générale dans les thèses
reçues par les Facultés. Est-ce à dire que
dans un temps proche nos possessions d'ou-
tre-mer voyant augmenter l'effectif des hom-
mes de science à son service, seront dotées
d'une organisation scientifique il la taille de
l'avenir et des besoins coloniaux?
En vérité, les savants manquent-ils aux co-
lonies? Les colonies ne manquent-elles pas
plutôt aux savants?' C'est-à-dire les organes
scientifiques réels, bâtis, aménagés, organi-
sés et riches d'autre chose que du haut sa-
voir et de la bonne volonté de leurs savants.
Ah ! qui édifiera le Buytenzorg qui manque
à la grande France coloniale?
N'est-ce pas la thèse scientifique rêvée que
tous verraient avec joie soutenir et défendre
avec succès par M. Léon Perrier ?
Mirane-Marcclle Detfins.
.060.
H.P. contre chevaux de courses
-0..0--
Récemment, une excellente jument de
course, Chatte Blonde, qui venait de débar-
quer du TimJjtld, était tuée par une auto,
aux environs d'Alger.
Voici maintenant Aède, à M. Andréoli. qui
vient d'être grièvement blessé, au moment
de son embarquement, par une automobile
qui l'a tamponné.
Aède devait disputer le Grand Prix d'Al-
ger.
Un mauvais sort aurait-il été jeté sur les
courses d'Alger?
--
D'ALGER AU NIGER
EN AUTOMOBILE
La Caravane-Exposition Il Renault »,
qui avait quitté Alger pour ln Soudan, et
qui était composée de camionnettes auto-
mobiles Renault, a franchi le Saluira sans
incident et est arrivé le 27 octobre a Bon-
rem (Niger\ après avoir passé par EI-
• ioléa, Timimoun et Adrar.
Celte pprformanrc est d'autant plus
remarquable que les automobiles consti-
tuant cette Caravane étaient des voitures
a. 4 roues, strictement de série, de 400 Iq8
à 2.000 ktfa de charge utile.
La Caravane-Exposition, qui a pour but de
faciliter les relations commerciales par voie
de terre entre l'Algérie, le Niger et le Sou-
dan, continue sa randonnée en A. O. F.,
nvec l'intention de visiter plusieurs colo-
nies.
La prodadioa totonaière
du Niger ta 1926.1927
Il n'existe au Niger ni exploitation coton-
nière européenne, ni usine d'égrenage. Le
coton produit par le cultivateur est égrené
et filé dans sa famille. Le tissage est assuré
par des tisserands indigènes se servant de
métiers primitifs, de fabrication locale, pour
obtenir des bandes d'étoffe de longueur vou-
lue mais dont la largeur dépasse rarement
30 centimètres.
La production de la colonie se répartit
ainsi, dans les cercles producteurs
Maradi, production 160 t. ; consommation
locale 140 t. ; exportation 20 t.
Dosso, production 150 t.; consommation
147 t. ; exportation 3 t.
Konni, production 90 t. ; consommation 81
tonnes ; exportation 9 t.,
Zinder, production et consommation 75 t.
N 'Guigmi, production 60 t.; consommation
45 t. ; exportation 15 t.
Niamey, production et con sommation "36 t.
Say, production 12 t.; consommation 8 t.;
exportation 4 t.
Tahou, production et consommation 10 t.
TilIabéry, production et consommation 5 t.
Manga, production et consommation 2 t.
Soit au total, 600 tonnes de production ;
549 tonnes de consommation locale et 51 ton
nés d'exportation.
La campagne précédente avait dotlné 609
tonnes pour la production locale, 382 tonnes
pour la consommation locale et 227 tonnes
pour l'exportation.
La diminution de la production totale en
1926-27 par rapport à la campagne précé-
dente provient uniquement de l'irrégularité
des précipitations pluviales pendant l'hiver-
nage 1926; cette diminution aurait été plus
forte si l'étendue des superficies cultivées
n'avait été bien plus grande en 1926-27 qu'en
1925-26.
L'amoindrissement du chilTre de l'expor-
tation (pour la presque totalité en Nigéria)
s'explique non seulement par la diminution
de la production, mais encore et surtout par
l'accroissement de la consommation locale
(tissage) par suite des prix élevés atteints en
1926 par les cotonnades d'importation.
La fièvre jaune en A O. F.
-0-0--
T-
L'épidémie semble enrayée a Dakar,
grAce aux, mesures énergiques et efficaces
a l'exécution desquelles M. le Gouverneur
Général Carde a veillé scrupuleusement.
Par contre sur lu voie ferrée Thiès-Niger.
on signale quelques cas parmi les sous-
ofliciers du génie.
Des navires pour les bananes
0
« Dans une année de plein rendement, les
trois quarts de la récolte de bananes pourri-
raient sur place, faute de pouvoir arc expé-
diées B, déclarait M. le Gouverneur des Co-
lonies S. Poiret au cours de la conférence
qu'il fit récemment à Nantes sur les bananes
de la Guinée l'fit tiçt i se. des hon engrais,
la production de bananes peut atteindre
50.000 kilos, s'approchant de près de celle
des - Canaries qui est de 70 tonnes.
C est donc à une question de transports
qu'est intimement rattachée celle de la
culture et de l'exportation des bananes.
Nous savons par ailleurs que tous les ef-
forts de l'honorable Gouverneur de la Gui-
née française convergent depuis longtemps
vers la constitution d'une Société ayant des
navires ou un navire (ce qui serait déjà fort
bien) exclusivement outillé pour le transport
de ce produit périssahle.
Espérons que le désir de M. Poiret et de
teus ceux qui s'intéressent à l'avenir cfono-
mique de cette helle et si fertile colonie sera
exaucé et qu'une solution, tant de fois
amorcée et abandonnée, finira par être
adoptée.
Eugène De vaux.
m'
La T.S.F. à Madagascar
Un fonctionnaire du service de la T.S.F.
locale de Tanauarivo a entendu les con-
certs émis par le poste Philipp's, de Ilcin-
doven, en Hollande, sur i0 m. 20 de lon-
gueur d'onde.
L'apparcil récepteur qui a permis cette
écoute, de conception très simple, compor-
tait deux lampes : une déteciiice et une
basse fréquence. L'audition a été bonne au
casquc.
Ce résultat, permet d'espérer qu'à Mada-
gascar, dans 'un avenir prochain, il sera
possible à. chacun d'écouter chez soi, a.
bon marché, de la belle musique de
France et de connaître, le soir même, les
événements qui se seront déroulés dans
les vingt-quatre heures, à dix mille kilo-
mètres de distance.
11 y a 1<\, pour toute noir»; industrie de
T. S. F., un gros débouché immédiat,
qu'elle ne doit pas laisser prendre par l'in-
dustrie étrangère.
.-
AU QUAI D'ORSAY
M. Briand, au cours de l'après-midi d' hier,
a reçu le maréchal Franchet d'Esperey, inspec-
teur général des forces coloniales dans 1 Afri-
que du Nord.
Gouverneurs en brance
---()-o--
Les Gouverneurs de trois de nos quatre co-
lonies américaines sont en France ou vont y
rentrer incessamment pour rendre compte à
M. Léon Perrier de 1 état de leur colonie;
ce sont : MM. de Guise, Gouverneur de la
Martinique, Bcntsch, Gouverneur de Saint-
Pierre et Miquelon et Juvanon, Gouverneur
de la Guyane.
Il est probable que M. Bentsch demanderai
sa mise à la retraite mais cette mesure ne
sera pas cependant immédiate.
M. Lucien saint estreniré a Tunis
-0-0
M. Lucien Saint, Résident Général, est ar-
rivé hier matin seulement, à 7 heures, pour
reprendre son poste. A son arrivée, il a été
accueilli par les ministres du bey, les hautl
fonctionnaires du protectorat, les représentants
des corps élus et les dignitaires indigènes. Les
honneurs étaient rendus par le 4" zouaves.
–-–
Le roi d'Espagne à Bizerte
Une note officieuse de Madrid annonce qœ
le roi d'Espagne arrivera à Palerme le 7 no-
vembre, d'où il se rendra à Malte et à Bizerte
avant de rentrer dans la Péninsule.
Un nouvel emprunt
4J-O-
Le Gouvernement tunisien compte procéder
dans le courant du mois de novembre à un
emprunt obligataire de 43.500.000 francs. Les
obligations seront au taux nominal de 1.000
francs et rapporteront du 6 net.
Cet emprunt est destiné à de grands travaux,
à des réformes administratives et à des opéra-
tions foncières intéressant la colonisation.
––-– "1. -
Dépêches de l'Indochine
--00--
On mande de Kyoto.
On mande dl? Kijolo à Saigon, que la pro-
fesseur Kazukiijo Yamamoto, de l'Univer-
sité de Kyoto, IIlJI'(S yvoir observé des ta-
clu's dont la dimension augmente sur le
soleil a prédit qu'elles auront pour consd-
t/urnee dans deux ou trois ans une série de
calamités nationales ; chaleur excessive,
vaynrs de froid, chutes ':flormes de neige et
de pluies rt l'impossibilité de communiquer
soit par cdhlr, soit par T. S. F.
Nomination d'un consul
Sadao Sa/lina a été nommé consul du
Japon, ci Saigon.
Au Yunnan
Selon, diverses informations non en-
core confirmées, les généraux dissidents
Hou-Jo-Yu, ancien chef du Dircctoirc, et
Tchang-Jou-Yi, coalisés contre le général
Lmig-Yun, chef actuel de la province, opé-
rant leur fonction, auraient atteint la ré-
gion de Lou-fjiang. Ils seraient sur le point
de tenter avec l'ahle de contingents des pro-
vinces voisines, une nouvelle offensive en
direction de Lcang, sur la ligne du chemin
de fer, à une centaine de kilomètres de la
capitale de lit province. La situation est
considérée comme sérieuse.
Indopacifl.
Envoi d'une canonnière
La canonnière Malicieuse a reçu l'ordre
d'appareiller de Uiupliong pour l'akhol, siô-
ge du posta consulaire français, qui est en
butte depuis ln 2"! au matin !lHl.J: attaques
d'une bande de pinda et faiblement dé'
fendu par la troupe, régulière chinoise.
Inauguration (l'un canal aux Indes
Mardi, a eu lien, en présence du Yicc-Uai
îles Indes, V inauguration solennelle du
(iran
lien gale.
Croisière
Le croiseur Jules-Michelet vient d'arri-
ver à Shangaï.
Cinéma Colonial
--{)-o-
« Duel »
Le sujet de ce film français est la riva-
lité de deux hommes.
L'aviateur Jean l'eyïane doit traverser
le Sahara par la voij des airs. On lui donne
un passager et ce passager n'est autre -
il l'ignon - que Deb'.-sle, le grand cons-
tructeur d'avions, dont ia teinrae s'est tuée
pour Peyrane.
Debresle fait atterrir l'appareil au milieu
du désert. Il répand l'essence sur le sable.
Et - telle est sa vengeance il aban-
donnera Peyrane. Les deux hommes s'enfon-
ceront, chacun de son côté, dans l'immen-
sité saharienne, à la grâce de Dieu!
ils seront sauvés tous les deux, Et, de rc-
tour à Paris, s'affronteront de nouveau en
combat singulier, à coups de mitrailleuse,
en avion.
Bonne interprétation avec Gabriel Gabrio,
Jean Murât, Mady Christians, Andrée Stan-
dart et Henri Rudaux.
La photographie est remarquable, avec
des éclairages qui donnent leur relief aux
scènes qui se déroulent. Le combat entre ces
civils, employant des moyens militaires, est
impressionnant. Mais cette fiction ne fait-
elle pas songer, avec quelque gène, aux com-
bats véritables où, pour un haut devoir, se
sacrifièrent tant de jeunes et généreuses
existences ?
Une scène des plus impressionnantes est
celle au cours de laquelle Debresle oblige
Jean Peyrane à atterrir dans l'immensité des
sables.
Le metteur en scène comme los opérateurs
s'étaient rendus sur les lieux en auto-che-
nille, mais les deux principaux interprètes
étaient venus en avion.
Quand la scène fut terminée et que l'on
voulut faire reprendre l'air à l'appareil, la
tâche fut des plus compliquées. Le sable em-
pêchait l'élan nécessaire à l'envol.
Heureusement, le célèbre pilote Marcel Do-
ret était là; malgré les difficultés de la tâ-
che, il parvint il faire décoller l'appareil.
m La Comtesse Marie »
Benito Pcrojo tourne, à Joinville, les inté-
rieurs de La Comtesse Marie dont les exté-
rieurs ont été tournés au Maroc, avec une
figuration arabe.
« Amours exotiques »
Dans Amours exotiques, que M. Léon Poi-
rier a rapporté en même temps que sa Croi-
sière noire, de jeunes amoureuses, épouses
et courtisanes congolaises défilent en dan-
sant. Dans ce film, des traits de mœurs s'ac-
cusent sur un mode ironique avec, par ci
par là, des allusions aux sœurs européennes
de ces noires.
La première partie d'Amours exotiques est
une comédie malgache qui se passe au temps
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