Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-07-07
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 juillet 1927 07 juillet 1927
Description : 1927/07/07 (A28,N104). 1927/07/07 (A28,N104).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64510990
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VtNGT HUiTtEME ANNEE. No 104 ur NUMERO : 80 CENTIMES
JEUDI SOIR, 7 JUILLET 1917
MIULOIVIIIEN
Rédaction & Administration :
14.
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Les Annalek Coloniales
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0 9
Une protestation significative
111
* L'Union départementale des Syndi-
cats ouvriers du département d'Oran
vient de voter, à l'unanimité, une motion
qui mérite, je crois, de retenir l'attention
de tous.
Cette motion débute ainsi :
Considérant l'attitude inqualifiable te-
nue vis-à-vis de M. Viollette, gouverneur
général, par la plupart des délégués fi-
nanciers; ,
Considérant que V hostilité organisée
contre le premier magistrat de la colonie
dépasse la personnalité même de M. Vtoi-
lette.
Et après avoir rappelé les incidents
auxquels donna lieu le projet d'installa-
tion d'une cartoucherie à Alger la motion
poursuit:
Les délégués des Syndicats de VU. D.
d'Oran : adressent à M. Viollette, gou-
verneur général, t expression de leur vive
reconnaissance pour les décisions hardies
et les mesures heureuses qu'il a prises de..
puis son arrivée en Algérie, tant en fa-
veur des intérêts de la population euro-
péenne que de la population indigène.
- Le félicitent sincèrement d'avoir com-
mencé la mise en pratique d'un pro-
gramme d'application des lois sociales en
Algérie, ainsi que de tenir vis-à-vis des
indigènes une politique plus juste et plus
humanitaire.
Le prient de continuer à persévérer
dans cette voie dans l'intérêt de l'Algé-
rie, de la France et de la civilisation.
Et après avoir proclamé la nécessité de
certaines réformes des Assemblées Algé-
riennes, les délégués des organisations
syndicales ouvrières déclarent :
« Que les décisions énoncées ci-des-
sus et adoptées à l'unanimité, sont prises
en dehors de toute idée de politique de
parti, mais au contraire dans le seul but
de défendre les légitimes intérêts écono-
miques et sociaux de tous les travailleurs
de la colonie. »
Est-ce qu'une telle manifestation n'ap-
paraît pas immédiatement, à des yeux
non prévenus, comme profondément si-
gnificative.
On sait avec quel soin, quelle méfiance,
pour ainsi dire instinctive, les syndicats
ouvriers adhérents à la C. G. T. se gar-
dent généralement de toute iplervention
sur le terrain politique, et dans cette
motion même, ils jugent nécessaire de
déclarer nettement que les décisions
« sont prises en dehors de toute idée de
politique de parti ». Pour qu'ils aient ju-
gé nécessaire de faire cette manifestation
publique et de lui donner tout le retentis-
sement possible, il faut qu'ils aient jugé
la situation sociale grave.
Et, sans aucun doute, ils ont raison : la
situation est socialement grave.
L'Algérie française est parvenue à un
tournant critique de son histoire. Or
elle a, nous avons la bonne fortune de
trouver un homme, M. Viollette, qui a su
le comprendre et qui, ayant l'autorité, a
voulu avoir la volonté et le courage de
prendre fermement en mains les rênes,
pour faire franchir à l'attelage le passage
dangereux, au lieu de s'abandonner aux
hasards des destins. Mais le résultat ne
peut être obtenu sans heurter, bousculer,
parfois même écraser quelques intérêts
matériels, puissants par l'argent ou par
les préjugés. Et c'est toute l'histoire de
l'Algérie et de M. Viollette. D'un côté un
homme, puissamment riche, qui dispose
i •. » , i -- "---.-------
ait-on, -- et ic on-on, en îuauncuic
n'est point, je crois, jeté à la légère de
toute la grande presse, je ne dis pas d'Al-
gérie, mais d'Alger. Derrière cet homme
poursuivant, sans aucun doute, quelque
intérêt personnel et mesquin, toute la
meute des préjugés traditionalistes et
réactionnaires, qui n'admettent pas que
l'Algérie Duisse évoluer et qui se sont je-
tés, avec passion, sur l'incident personnel
pour l'exploiter. De l'autre côté, une opi-
nion indigène inquiète, impatiente, conte-
nue encore par l'espoir de réalisations
prochaines raisonnables mais qui est toute
prête à se jeter dans les excès les plus
dangereux si nous n'y prenons pas garde
et une opinion européenne ouvrière et dé-
mocratique dont les intérêts sont très
étroitement liés à ceux de la population
indigène travailleuse et économiquement
subordonnée.
Il faut choisir. Je sais de vieux parle-
mentaires Algériens, dont je ne partage
certes pas, toutes les conceptions politi-
ques et sociales, qui pensent, comme
nous, que l'heure est venue de faire cer-
taines concessions sur le terrain politique
et social, si l'on veut éviter que l'inquié-
tude actuelle ne se transforme en troubles
plus profonds.
Mais il ne suffit pas de choisir il faut,
à l'heure actuelle, avoir le courage de dé-
fendreaon choix. Et c'est pourquoi, pour
ma part, je félicite l'union départemen-
tale des Syndicats ouvriers d'Oran
d'avoir eu ce courage et d'avoir dit nette-
ment ce qu'il fallait dire.
A la fin de leur motion les délégués ou-
vriers d'Oran avaient décidé :
« Qu'une copie du présent ordre du
jour sera adressée au président du Con-
seil, au ministre de l'Intérieur, à la pres-
se algérienne et métropolitaine, ainsi
qu'au bureau de la C. G. T. ».
Marquant ainsi leur volonté nette de
donner à leur protestation qui dépasse,
comme ils le disent encore, la personna-
lité même de M. Viollette, le plus large
retentissement. L'opinion publique est
donc, maintenant, saisie, elle serait bien
imprudente, à mon sens, de ne pas vou-
loir entendre et comprendre.
Etienne Antonelli,
Député de la Haute-Savoie, profes-
seur de législation coloniale et d'éco-
nomie politique à la faculté de Droit
de Lyon.
-
BROUSSES
* BROUTILLES
0-U
Ferons-nous notre salut en mangeant
du rte 7
.Notre salut temporel, bien entendu, car
pour l'autre, le spirituel, chacun sait qu'il
est inséparable d'une consommation régulière
de pain azyme.
M. A. Escoffier qui, à lui seul, remporta
au feu des fourneaux plus de triomphes paci-
fiques que ne firent jamais, réunis, tous les
maréchaux porte-glaive présents et passés,
M. A. Escoffier, le vénéie maréchal des cui-
siniers de France, affirme en un succulent
opuscule que l'emploi du riz, systématique,
intensif et subtilement varié, résoudrait le
problème de la vie chère.
- Et il le prouve. Et il m'a convaincu.
Nous devons préférer le riz aux pommes
de terre, parce que, dans un match aux ma-
tières nutritives, il les bat de 657 grammes
(860 grammes sur 1.000 contre 203); et même
au pain, attendu que d'autres peuples, qui
pèsent bien plus lourd que nous sur la pla-
nète, ne font pas de la miche, de la flûte et
de la couronne la base de leur alimentation,
et que rien ne nous oblige à persister dans
ce qui n'est, en somme, qu'une coûteuse ido-
HUne,
Car c'est le point intéressant : on n'a pas
besoin, pour acheter le riz nécessaire et suf-
besoin, à l'uppétit le plus magnifique, d'avoir
fisant
au préalable suspendu ses dernières chemises
(et encore faudrait-il avoir des « dernières
chemises ») aux autels sévères du Crédit
Municipal. Tandis que, pour se munir du
plus humble croûton, il faut d'abord que l'on
ait longuement soufflé avec un bon tuyau dans
une valeur de Bourse, et avoir philanthropi-
quement échangé celle-ci, toute dodue et do-
rée, contre quelques camions de francs- pa-
pier. --------
- Non, vous dis-je, foin des patates et du
pain! Le riz, c'est le salut par l'économie et
c'çst une prospérité encore accrue pour notre
Indochine.
- Mais on s'en lasse, m'objecterez-vous.
- C'est que vous n'avez pas lu le petit
ouvrage de M. Escoffier. Il contient 120 re-
cettes, pas une de moins. Et quelles recettes 1
Tenez, je vais vous en citer une, qui est,
rien qu'à l'imaginer réalisée, à se lécher les
badigoinces pendant, au moins et pour ne
rien exagérer, une moitié d'éternité. Si, après
ma citation, vous ne vous joignez pas à ma
ctoisade pour le riz, c'est que fa faculté d'en-
thousiasme a pour jamais déserté vos os, vos
tripes et vos méninges :
Vous prenez « un rizotto lié au parmesan et
beurre frais ». Là-dessus, vous dressez en tim-
bale « trois si vous êtes six jeunes beaux
perdreaux bardés de lard, fourrés de pelure
de truffes hachées, que vous aurez fait réduire
dans deux décilitres de vin blanc parfumé
d'échalotes et agrémenté d'un décilitre et
demi de fine demi-glace u. Vous voyez que
c'est très simple et de bon goût. Ah ! j'ou-
bliais : vous liez votre sauce (i avec quatre
à cinq cuillerées de parfait foie gras passé
au tatnis fin étendu de quelques cuillerées de
crème très fraîche, ce qui est très important x.
Et puis, d'allégresse, vous n'avez plus qu'à
vous taper le ventre contre la suspension.
D'ailleurs, pour les gens distraits qui n'ont
pas sur eux des truffes et du foie gras, cent
recettes, sur cent vingt, sont réellement à
la portée de tous les talents, et de toutes
les. bourses.
Maintenant, une question délicate. Le riz
constipe-t-il ? Eh bien ! non, c'est une af-
fieuse calomnie. La Faculté, vous dit M.
Escoffier, s'est prononcée : « Le riz assure la
désinfection intestinale d'une manière bien
plus rigoureuse que les antiseptiques chimi-
ques. Il n'est pas astringent; c'est tout le
contraire qui a lieu. »
Il y a lieu, pour ma part, de m'arrêter là.
Je sens qu'il ne faut pas aller plus loin, sous
peine de tomber dans les ékcès rabelaisiens.
Audion
Réponse 4 une lectrice. Non, la Karyo-
kinèse n'est pas une colonie grecque.
11..
L'Aviation Coloniale
--0-0-
Brukellei-Léopoldville
Le roi des Belges vient d'approuver le
raid que les lieutenants aviateurs belges
Medaets et Verhaegen se proposent de
faire de Bruxelles à Léopoldville sans
escale et retour ipar le Caire.
A l'aller, ils passeront par Marseille, la
Sardaigne, Bizerte, le golfe de Gabp-s, le
mont Thuiri», le lac Tchad et Léopoldville.
Ce parcours, d'environ 6.400 kilomètres,
serait franchi en 36 heures. L'avion quitte-
rait Bruxelles au lever du jour, survolerait
dans la journée la France et la Méditerra-
née, aborderait au crépuscule la partie
désertique du Sahara (2.000 kilomètres) et
se trouverait à l'aube suivante dans la
région du lac Tchad pour tenter d'atteindre
Léopoldville avant la nuit.
l/e retour se ferait en deux étapes : Léo-
poldville-le Caire et le Caire-Bruxelles.
Au Maroc
J'ai plus d'une fois loué, à cette
place, le langage ferme, élevé,
généreux de M. Steeg. J'ai retrouvé
le même - accent, la même inspiration, les
mêmes qualités dans son dernier discours
au Conseil de Gouvernement, à Rabat, dis-
cours tout imprégné de ce libéralisme démo-
cratique « que de faciles sarcasmes, même
spirituels, ne décourageront jamais1 ».
- L'idée maîtresse est Vidée de l'évolution
de la politique française vers ce libéralisme
intelligent, hardi et prudent à la fois, évolu-
tion toujours la même et sans laquelle il
n'y a pas de démocratie véritable. Au dé-
but, la force; « elle suffit à organiser, à
administrer, à juger P. Oui, autant qu'on
juge, qu'on administre, qu'on organise dans
une période anormale, exceptionnelle, quand
on se bat. Vienne la paix, la « stabilisa-
tion 9, comme dit M. le Résident Général,
immédiatement l'évolution commence, les
devoirs de chacun s'affirment, les droits de
chacun se précisent, les longues années de
collaboration se préparent, marquant chaque
fois de nouvelles étapes vers l'émancipation
intellectuelle, morale, politique. Au Maroc,
c'est, en quelques années à peine, le Comité
des Etudes Economiques, soutien de l'auto-
rité responsable ; puis les Chambres 'de Com-
merce et d'Agriculture, formées de membres
élus, envoient leurs présidents au Conseil con-
sultatif ; puis, dans ce Conseil même, c'est
une Commission des Finances qui s institut)
pour examiner le budget et déposer un rap-
port. Marche progressive et ininterrompue,
disons: élargissement progressif et ininter-
rompu d'attributions que les principes démo-
cratiques veulent de moins en moins restrein-
tes et 'de plus en plus conformes aux idées
que la France représente dans l'univers.
Car, c'est bien la population tout entière
qui peu à peu est associée à la vie adminis-
trative et politique. M. Steeg le fait remar-
quer dans un passage qui a frappé l'atten-
tion toutes les voix qui s'accordent, toutes
les forces qui s'unissent, c'est cela, la démo-
cratie. la démocratie n'est pas une forme de
gouvernement, c'est une forme de société. Il
y a, au Maroc, autre chose que des hauts
fonctionnaires; il y a des commerçants et des
colons; il y a aussi des médecins, des avo-
cats, des ingénieurs, des travailleurs intellect
tuels; à côii, il y a les collaborateurs des
services publics; les ouvriers, les employés
et chefs de l'usine, du rail, du comptoir, du
bureau, de l'atelier. « Peut-on dire que les
forces individuelles soient d'une valeur né-
gligeable, d'un rendement social insigni-
fiant f La chose publique est à eux comme
à tous. Elle les intéresse comme elle intéresse
tous les Français du Maroc. »
Et que cette évolution doive être prudente,
qui le nierait? En plus d'une circonstance,
M. Steeg a montré que le Maroc n'avait, pas
encore dépassé l'étape après laquelle on peut
et on doit remettre aux intéressés le soin de
gérer les affaires publiques en toute respon-
sabilité. Il a noté que les éléments ethni-
ques étaient multiples, divers, et dans leur
culture et dans leurs tendances, et il a bien
marqué que la tâche du représentant de la
France était si complexe qu'il ne saurait rien
laisser prescrire des pouvoirs qu'il tenait des
traités et de la confiance de la République.
Mais, toujours aussi, il a affirmé son désir
de solliciter, de provoquer les avis des gens
expérimentéstoujours il a dénoncé les périls
d'un détachement orgueilleux qui, en isolant
celui qui détient l'autorité de la vie exté-
rieure, permet à l'intrigue et à la flatterie de
servir des intérêts particuliers. a Tous les
intérêts, disait-il. ont un droit égal à se faire
écouter, mais pour être entendus, il faut qu'ils
consentent à s'encadrer dans les grandes
lignes de l'intérêt général. »
Cette fois, il revient sur cette idée fil
termes non moins clairs et énergiques: sous
le masque "de l'intérêt général s'abritent des
réclamations individuelles ou corporatives qui
parfois lui sont contraires; le seul moyen
de les mesurer à cette aune, c'est de les
entendre toutes et de les comparer: antago-
nismes, contradictions sont soulevés par les
questions finjncières et économiques: élar-
gir le Conseil, c'était à la fois renforcer son
autorité par celle de ses membres nouveaux
et l'aider t à dresser en face du cahier 'des
aspirations de chacun le bilan méthodique
des solutions obtenues 9.
Car, et ceci est d'une vérité saisissante, le
progrès suscite autant de problèmes qu'il en
résout. Ne pas attendre pour résoudre ceux
qui se posent avec une force irrésistible, que
des revendications irritées les imposent au
pouvoir, c'est la sagesse en politique. La poli-
tique du Résident Général est à la fois pré-
voyante et digne de ce libéralisme démocra-
tique qui aurait grand tort de se décourager
des sarcasmes, surtout des plus spirituels.
Mario Roustan,
Sénateur de V Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
M. Steeg en France
M. Steeg, résident général au Maroc, ac-
compagné de M. Dubroca, directeur de son
cabinet, arrivé mardi dernier à Marseille, à
bod du paquebot Marèckal-Lyautey, a été
salué à bord par M. Delpoux, chef du cabinet
du préfet des Bouches-du-Rhône et par le
commandant Lemaréchal, de l'Office du Ma-
roc à Paris.
M. Steeg est arrivé à Paris hier matin, à
to heures, accompagné de Mme Steeg et de
M. Dubroca.
M. Steeg était attendu sur le quai de la
gare de Lyon par M. Bouju, préfet de la
Seine; Si Kaddour ben Gabrit, chef du pro-
tocole du sultan du Maroc; le général Mou-
gin, chef de son cabinet militaire; MM.
Kampmann et Mony-Sabin, directeur et chef
adjoint de son cabinet civil, et de nombreux
amis personnell.
Une tIemi-heure avec le professeur
Emile Perrot
0
Préoccupé avant tout d' annoncer aux lec-
teurs des Annales Coloniales l'élection à r Aca-
démie de Médecine du professeur Emile Per-
rot, j'avais résumé très brièvement ses titres à
ce choix flatteur de ses nombreux travaux qui
sont, en effet, d'une importance considérable
au point de vue de la vulgarisation et du déve-
loppement des cultures tropicales qui peuvent
et doivent jouer un rôle prépondérant dans
l'apport de nos colonies au relèvement écono-
mique de la métropole.
Comme je rappelais au professeur Perrot,
dans son cabinet directorial de l'Office Natio-
nal des Matières premières pour la cfroguerie
et la parfumerie, l'intéressante conférence sur
sa mission au Kordofan qu'il fit à ses compa-
triotes marnais, f ai fait, me dit-il, une mission
bien plus importante à la Côte d'Ivoire, où,
après avoir étudié la culture du cacao au Congo
belge, j'ai organisé, sous les auspices de Wil-
liam Ponty et du Gouverneur Angoulvant, la
culture du cacaoyer. Je suis heureux de me trou-
ver, en plein accord avec vous, pour recon-
naître en M. Angoulvant le véritable organisa-
teur de la Côte d'Ivoire. J'allais vous prier de
l'écrire.
M. Perrot ignorait qu'en 1925, j'avais
pu me rendre compte de visu de r oeuvre consi-
dérable de M. Angoulvant, oeuvre que l'on
semble avoir quelque peu oubliée, et à laquelle
je me plais de nouveau à rendre un hommage
iustifié. De mon côté, je pouvais confirmer à
M. Perrot r engouement des indigènes pour
leurs plantations de cacaoyers à proximité de
leurs villages en pleine forêt tropicale. Entre
autres à Bago, chez Dokpa. au confluent de la
Poupo et de l'Agnéby.
L'Office National des Matières premières
végétales que je dirige, tout en présidant le
Comité interministériel des plantes médicinales,
,poursuivit M. Perrot, a pour but essentiel de
soustraire le pays au marché étranger, et sur
cet effort, la Fiance est devenue exportatrice,
d'importatrice qu'elle était en 1920. Et ce n'est
qu'avec les ressources volontaires fournies à
l'Office des Matières premières végétales que
nous avons réalisé l'introduction des plantes
utiles tropicales dans les colonies françaises. Et
ce, à la suite de travaux de laboratoire et de
nombreuses publications sur le quinquina. les
huiles contre la lèpre, le karité, la kola, le
netté, recherches et travaux toujours orientés
dans l'application économique. Je préconise, du
reste, la création de stations agricoles purement
expérimentales ayant à leur tête des techniciens
très expérimentés, ce qui n'est, hélas 1 pas tou-
jours le cas.
Il me faut compléter nos études sur la pro-
duction des plantes à tanin, des textiles, de la
gomme arabique, des plantes à essence et des
drogues médicinales, me dit le nouvel acadé-
micien, aussi vais-je partir sous peu pour Tom-
bouctou, la Haute- Volta, et reviendrai par le
Fouta-Djallon.
Arrivé au pinacle des honneurs, ce grand sa-
vant n'en sait pas encore suffisamment ; il
estime que sa tâche n'est pas terminée, et, en
prenant congé. je l'assure que les Annales Co-
oniales suivront avec le plus grand intérêt sa
mission dont les résultats ajouteront à nos con-
naissances de nouveaux moyens de tirer parti
des ressources de notre domaine colonial.
Eugène Devaux.
,–
Tombés au champ d'honneur
Au cours d'un incendie de forèt, annon-
çait le 2 juillet une dépèche des Annales Co-
loniales, l'inspecteur adjoint Potier et le bri.
gadier Orsutti ont trouvé la mort.
On lit au sujet de ce drame, dans le rap.
port qu'en a fait M. Boutilly, directeur gé-
néral des Eaux et Forêts d'Algérie, les dé-
tails suivants :
Avertis que le leu, alimenté par un peuple-
ment épais de résineux et poussé par un vent
violent, prenait de l'extension, M. l'inspecteur-
adjoint Potier et le brigadier Orsatti, obéissant
à la consigne, se rendaient immédiatement sur
les lieux et prenaient la direction des secours.
C'est pendant l'avant-dernière nuit, vers 8 h.
du soIf, alors qu'entouré de son personnel il
s'était aventuré au cœur du massif, sur le ver
sant escarpé de l'oued Bord, pour mieux
prendre ses dispositions en vue de la lutte
contre le feu, qu'une saute de vent imprévue
rabattit les flammes sur le groupe des malheu-
reux forestiers, aveuglés par la fumée au mi-
lieu d'un peuplement de pins d'alep très dense
et entouré de tous côtés nar l'incendie.
Cinq purent échapper. Quant aux deux chefs,
l'officier, M. Potier, et son subordonné, le bri-
gadier Orsatti, sans doute voulurent-ils reculer
les derniers devant l'ennemi qu'ils étaient
venus combattre et laissèrent-ils ainsi passer
la dernière minute où le salut était encore
possible. Toujours est-il qu'ils restèrent dans le
feu et qu'on retrouvait un peu plus tard leurs
corps affreusement calcinés.
Lors des obsèques de ces braves gens,
qui ont eu lieu à Bouira et à Maillot, au
milieu de la plus profonde émotion, M.
Bordes, préfet d'Alier, a justement dit
qu'ils étaient Il tombés au champ d'hon-
neur ».
C'est tout à fait notre opinion, et nous
formons le vœu que l'inspecteur adjoint
Potier et le brigadier Orsatiti reçoivent, à ti-
tre posthume, une haute marque de la re-
connaissance nationale.
R. B de Laromiguière
Cinéma Colonial
-0
Entente cordiale do
Le Jardin d'Allah, que Rex Ingram to; .ie
en Algérie, avec Alice Terry, comprendra
quatre acteurs français : Marcel Vibert, Mme
Pâquerette, Edouard Cinq-Leon et Rabah. Il
comprendra également quatre acteurs an-
glais, et M. Petrovitch, qui a tant tourné en
France qu'on peut presque le considérer
comme Français. En outre, l'état-major de
Rex Ingram comprend quantité de Français,
notamment son adjoint, Henri Menessier, et
R. Atthalin, le directeur artistique.
L'atrielillft iodisèae
es Gtûaie Française ta 1926
L'année 1926, en Guinée Française, a été
satisfaisante au point de vue des rendements
culturaux. Un sétieux effort a été fait par les
indigènes pour étendre leurs cultures et se
mettre ainsi à l'abri de la hausse qui s'est pro-
duite sur les denrées nécessaires à leur alimen-
tation. Par ailleurs, la pluralité des cultures de
cette colonie et l'abondance de leurs produits
naturels sont, pour l' autochtone, un double
avantage qui le protège de la disette. Enfin, la
merveilleuse progression dans cette colonie des
cultures à la charrue constitue pour l' avenir un
gage certain de récoltes toujours plus abon-
dantes.
En ce qui concerne les cultures vivrières, la
récolte de riz, malgré les pluies tardives et peu
abondantes, a été très bonne dans la région fores-
tière. Au Fouta-Djallon et en Haute Guinée,
le riz de plaine, contrairement au riz de non-
tagne, a particulièrement bien réussi, et le ren-
dement de 1.500 kilos à l'hectare, obtenu dans
plusieurs rizières, faites sur labour à la charrue,
aurait certainement été plus élevé sans le brus-
que retrait des eaux de crue et la sécheresse
d'octobre.
La récolte de mil a été supérieure à la nor-
male, ainsi que celle de fonio, dont certains
rendements ont atteint 1.500 kilos à l' hectare.
Dans les oléagineux, l' arachide prend, en
Guinée, une place de plus en plus importante
dans les assolements indigènes, et le palmier à
huile, en raison des cours élevés atteints en
1926, a fourni une a bondante récolte. -
On ne peut en dire autant de l'exploitation
du caoutchouc dont la production a diminué des
deux tiers dans certaines régions de la colonie,
par suite de la baisse qui s'est mani festée sur
ce produit.
La cire, malgré les procédés défectueux em-
ployés par les indigènes dans l'apiculture, a
donné lieu à une augmentation sensible de pro-
duction qui a permis d'exporter 233 tonnes
contre 138 en 1925.
Les denrées coloniales : café cacao et ta-
bac ont également bien réussi. La culture du
caféier est pleine d' avenir dans la région fores-
tière, où elle pourra, dans quelques années,
apporter à ses habitants une ressource fort im-
portante.
- Les plantations de colatiers, grâce aux soins
dont les entourent les indigènes, ont fourni une
intéressante et productive récolte.
L'indigo a fait l'objet d'un commerce de
plus en plus prospère dans les régions produc-
trices du Fouta et de la Haute-Guinée.
Enfin, les indigènes de la région côtière ont
planté, en 1926, environ 150.000 pieds de
bananiers et 2. om plants d'ananas dans les
cerc l es de Conakry, Kindia, Forécariah. Boffa
et Boké. Des planteurs et commerçants euro-
péens s' approvisionnent depuis plusieurs années
chez les producteurs indigènes.
En résumé, les résultats obtenus en 1926.
en Guinée Française, montrent ce que le cul-
tivateur peut obtenir de son sous-sol et de la
cueillette de ses produits naturels. Et quand
Crédit agricole mutuel, qui est à la veille de
fonctionner dans la colonie, lui permettra de se
procurer facilement du matériel aratoire, du
bétail de trait, des moyens de transport, sa
capacité de production se trouvera fortement
accrue, offrant ainsi à la colonie les moyens
d'augmenter encore le tonnage et la valeur de
ses exportations locales.
.1.
Le retour des emballages
en Algérie
Une lettre
du ministre des Travaux Publics
M. Paul Saurin, sénateur du département
d'Oran, a reçu de M. Tardieu, ministre des
Travaux Publics, la lettre suivante
Monsieur le Sénateur,
Vous avez bien voulu nie transmettre, en la
signalant tout particulièrement à mon atteJt-
tion, une réclamation qui a été formulée par
la Confédération des Agriculteurs du départe-
ment d'Alger, boulevard de la République,
à Alger, au sujet du tarif G. V. 26/126 appli-
cable sur les grands réseaux de chemins de
fer au transport des emballages vides au
retour.
J'ai l'honneur de vous informer qu'à la
suite de mon intervention, les grands réseaux
viennent de me soumettre une proposition de
modifications du tarif dont il s'agit, qui com-
porte des réductions de prix notables sur la
tarification actuelle et qui prévoit, en outre,
l'abaissement de 50 à 25 kilogrammes du mi-
nimum de poids Par expédition prévu pour
Vapplication dudit tarif.
En attendant Vachèvement de l'instruction
de cette proposition et afin de permettre aux
intéressés de bénéficier dès maintenant des
nouvelles dispositions, j'ai autorisé les ré-
seaux à les mettre provisoirement en vigueur.
Veuilles agréer, etc.
Signé : André TARDïRr.
A la Société des Nations
80
Commission des mandats
Après avoir, comme nous en avons rendu
compte, examiné la question de l'admission
d'un membre allemand, et avoir donné un
nvis favorable, la commission s'est trouvée
d'accord pour remarquer que le Conseil, en
s'ndressant a elle, a bien souligné que l'ap-
probation par rassemblé»; de la somme des-
tinée éventuellement à pourvoir aux dépen-
des à encourir par la présence d'un mem-
bre allemand en cette commission avait un
asneet uolitiuue.
La majorité des membres de lia commis-
sion a été d'accord pour estimer qu'il n'y a
gt (in a e
aucune objection d'ordre technique à la no-
mination d'un nouveau membre. La majo-
rité s'est déclarée prête a accueillir telle
décision qu'estimera devoir prendre le Con-
eeil, mais elle a cru devoir s'abstenir, en
raison du caractère politique de la ques-
tion.
AU SÉNAT
A LA COMMISSION DES FINANCES
L'Exposition Coloniale
La Commission sénatoriale des Finances
s'est réunie mercredi après-midi.
Elle a repris, sur le rapport de M. Mario
Houston la discussion du projet de loi voté
par la Chambre concernant l'Exposition co-
loniale internationale à Paris.
Elle a voté l'article ter approuvant la
Convention annexée au projet sous la ré-
serve expresse que deux sortes de modifi-
cations seraient apportées à cette conven-
tion, les unes pour ne viser que la « Ville
de Paris », (au lieu de la troisième Com-
mission du Conseil municipal comme- il
était prévu dans certains cas), là où elle
intervient, les autres pour décider que la
somme à paver par la Ville de Paris pour
la reprise des matériaux après la démoli-
tion de l'Exposition, devra être fixée par
exnerts.
Sur l'article g du projet de loi, une vivo
diseussio.J)¡ s'est engagée.
Cet artiiele est ainsi conçu :
k Les services de l'Exposition sont com-
patibles avec les fonctions publiques.
« Les services de l'Etat. détachés à l'Ex-
posilion .peuvent être placés en service dé-
taché dans les conditions prévues par l'ar-
ticle 33 de la loi du ao décembre 1913. Il
M. Charles Du mont demanda la sup-
pression du premier paragraphe de cet ar-
ticle.
Celle proposiîimi fut acceptée par dix-
neuf voix.
M. Henry Chéron, rapporteur général,
proposa ensuite un nouveau texte pm-isant
que les services de l'Exposition sont incom-
patibles avec les mandats de sénateur et
de député.
Plusieurs membres de la Commission
pro|M>sèrent -alors d'étendre cette exclusive
aux conseillers municipaux de Paris.
Sur l'intervention de M. Henri Hoy qui fit
remarquer que cette question n'était pas
du ressort de la Commission des finances,
cette suggestion ne fut pus retenue.
En ce qui concerne cet article 8, la note
officielle communiquée à la suite dVî la
réunion pour justifier ,\:a disposition portant
l'incompatibilité des fonctions de commis-
saire général ou adjoint avec le mandat
pnrlcimcntawc, est ainsi conçu :
« Ut Commission, sans entrer dans au-
cune considération de personnes et en sti-
pulant expressément qu'elle se préoccupe
seulement de maintenir un principe décidé
a d6jh posé à plusieurs reprises, a (écidé
qu'aucun membre du Sénat ou de la
Chambre des députés en fonctions ne
pourra, pendant la durée légale du man-
dat dont il a été investi, fuire partie de
l'administration de «l'Exposition Coloniale
internationale de Paris.
« Ce texte est identique à celui que la
Commission a déjà proposé au Sénat pour
l'administration des mines de potasse
d'Alsace et pour diverses autres institu-
tions ».
Sur l'article 20 qui décidait qu'une sub-
vention de 8 millions de francs s'njoiilorait
aux ressoum's de l'Exposition et serait
consacrée aux 1 eu vies de retraites et de
pensions des Associations de presse, la
Commission a observé que ce texte était
inopérant du fait qu'il ne comportait au-
cune ouverture de crédit.
1-a Commission en a donc prononcé la
disjonction sans que ce vote implique une
opposition au principe d'un encouragement
a des MHivres de prévoyance sociale, mais
pour qu'une telle disposition soit examinée
utilement dans la discussion du budget ou
dans celle d'une loi de finances.
La Commission a enfin ajouté à l'article
11 concernant lo décret qui lixem la date
à laquelle prendra fin le fonctionnement de
rétablissement oublie créé par la loi, une
disposition décidant qu'après In clôture du
compte spécial, un étal faisant - rninaître le
montant du solde bénéiiciaire du compte
spécial et. la répartition de ce solde entre
les reuvros d'intérêt général colonial serait
publié en annexe au projet de budget.
DANS LES COMMISSIONS
La Commission des Finances
pour le budget de 1928
Les pouvoirs de la Commission sénau)-
riale des 'Finances expirent chaque année
lors du dépôt du budget sur le bureau de
la Chambre.
Cette formalité ayant été. remplie, les
groupes politiques du Sénat ont été, en
conséqucnce, appelés hier à désigner leurs
candidats à la nouvelle Commission des
Finances.
L, Gauche démocratique a désigné : MM.
Bienvenu - Martin, Caillaux, Clémentel,
Cuminn 1, Charles Duniont, Gallet, Gardey,
Jean Philip, .Jf'annpn('', Louis Pasquel,
Louis Série, \¡II'io Hnllstan. Milan Pey-
tral, Marraud, Boy et Schrameck.
Le Groupr de l'Union rénublicaine a
nommé : MM. Haiberti, Chastenet, Farjon,
François-Marsal, Herthoulat, Hirschauer1
Joseph Courtier, Lebrun et ReynaM.
L'Union démocratique a désigné : MM.
Waignan, Mahieu et Fernand Fauro.
A la Gauche républicaine, sont candidats :
M't. llervev et Jenouvrier ; ail Croupe so-
cialiste : MM. Bruguier et. Heboul : à la
Droite : M. François Saint-Maur.
Enfin le Groupe des non-inscrits a dé-
signé M. Pierre Laval.
M. Milliès-Lacroix, ancien rapporteur gé-
néral, ancien président de la Commission,
n'a pas été réélu.
Le Groupe de l'Union démocratique et
radicale a décide qu'à partir du lpr janvier
1928 et en dehors du Président, et du Hap-
porteur général sortant, la délégation de
ses membres à la Commission des Finan-
ces ne pourra dépasser la durée do trois
exercices budgétaires.
Cette motion sera présentée h tous les
autres Groupes.
I.IKK l'A1 SECONDE PAGE :
A LA rflAMliHl-:
f.(HS, DECHETS ET A II UETE*
LE 1) ES A H M EM EJ\ T XAVAÎ.
TAUX DE LA PIASTRE
-0-
A la date du 5 juillet, le taux de la ninMre1
à Sn'ipon, était de fr. «0.
JEUDI SOIR, 7 JUILLET 1917
MIULOIVIIIEN
Rédaction & Administration :
14.
PARIS W
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MMMNUMUMNM
Les Annalek Coloniales
La mmomcêt àt rW-yi «ml nçmi m
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Dimctiuiis t Marotl RU&DEL et L.-G. THÉBAULT
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On elabmu nu traII teM
tsw 1m bureau te poste.
0 9
Une protestation significative
111
* L'Union départementale des Syndi-
cats ouvriers du département d'Oran
vient de voter, à l'unanimité, une motion
qui mérite, je crois, de retenir l'attention
de tous.
Cette motion débute ainsi :
Considérant l'attitude inqualifiable te-
nue vis-à-vis de M. Viollette, gouverneur
général, par la plupart des délégués fi-
nanciers; ,
Considérant que V hostilité organisée
contre le premier magistrat de la colonie
dépasse la personnalité même de M. Vtoi-
lette.
Et après avoir rappelé les incidents
auxquels donna lieu le projet d'installa-
tion d'une cartoucherie à Alger la motion
poursuit:
Les délégués des Syndicats de VU. D.
d'Oran : adressent à M. Viollette, gou-
verneur général, t expression de leur vive
reconnaissance pour les décisions hardies
et les mesures heureuses qu'il a prises de..
puis son arrivée en Algérie, tant en fa-
veur des intérêts de la population euro-
péenne que de la population indigène.
- Le félicitent sincèrement d'avoir com-
mencé la mise en pratique d'un pro-
gramme d'application des lois sociales en
Algérie, ainsi que de tenir vis-à-vis des
indigènes une politique plus juste et plus
humanitaire.
Le prient de continuer à persévérer
dans cette voie dans l'intérêt de l'Algé-
rie, de la France et de la civilisation.
Et après avoir proclamé la nécessité de
certaines réformes des Assemblées Algé-
riennes, les délégués des organisations
syndicales ouvrières déclarent :
« Que les décisions énoncées ci-des-
sus et adoptées à l'unanimité, sont prises
en dehors de toute idée de politique de
parti, mais au contraire dans le seul but
de défendre les légitimes intérêts écono-
miques et sociaux de tous les travailleurs
de la colonie. »
Est-ce qu'une telle manifestation n'ap-
paraît pas immédiatement, à des yeux
non prévenus, comme profondément si-
gnificative.
On sait avec quel soin, quelle méfiance,
pour ainsi dire instinctive, les syndicats
ouvriers adhérents à la C. G. T. se gar-
dent généralement de toute iplervention
sur le terrain politique, et dans cette
motion même, ils jugent nécessaire de
déclarer nettement que les décisions
« sont prises en dehors de toute idée de
politique de parti ». Pour qu'ils aient ju-
gé nécessaire de faire cette manifestation
publique et de lui donner tout le retentis-
sement possible, il faut qu'ils aient jugé
la situation sociale grave.
Et, sans aucun doute, ils ont raison : la
situation est socialement grave.
L'Algérie française est parvenue à un
tournant critique de son histoire. Or
elle a, nous avons la bonne fortune de
trouver un homme, M. Viollette, qui a su
le comprendre et qui, ayant l'autorité, a
voulu avoir la volonté et le courage de
prendre fermement en mains les rênes,
pour faire franchir à l'attelage le passage
dangereux, au lieu de s'abandonner aux
hasards des destins. Mais le résultat ne
peut être obtenu sans heurter, bousculer,
parfois même écraser quelques intérêts
matériels, puissants par l'argent ou par
les préjugés. Et c'est toute l'histoire de
l'Algérie et de M. Viollette. D'un côté un
homme, puissamment riche, qui dispose
i •. » , i -- "---.-------
ait-on, -- et ic on-on, en îuauncuic
n'est point, je crois, jeté à la légère de
toute la grande presse, je ne dis pas d'Al-
gérie, mais d'Alger. Derrière cet homme
poursuivant, sans aucun doute, quelque
intérêt personnel et mesquin, toute la
meute des préjugés traditionalistes et
réactionnaires, qui n'admettent pas que
l'Algérie Duisse évoluer et qui se sont je-
tés, avec passion, sur l'incident personnel
pour l'exploiter. De l'autre côté, une opi-
nion indigène inquiète, impatiente, conte-
nue encore par l'espoir de réalisations
prochaines raisonnables mais qui est toute
prête à se jeter dans les excès les plus
dangereux si nous n'y prenons pas garde
et une opinion européenne ouvrière et dé-
mocratique dont les intérêts sont très
étroitement liés à ceux de la population
indigène travailleuse et économiquement
subordonnée.
Il faut choisir. Je sais de vieux parle-
mentaires Algériens, dont je ne partage
certes pas, toutes les conceptions politi-
ques et sociales, qui pensent, comme
nous, que l'heure est venue de faire cer-
taines concessions sur le terrain politique
et social, si l'on veut éviter que l'inquié-
tude actuelle ne se transforme en troubles
plus profonds.
Mais il ne suffit pas de choisir il faut,
à l'heure actuelle, avoir le courage de dé-
fendreaon choix. Et c'est pourquoi, pour
ma part, je félicite l'union départemen-
tale des Syndicats ouvriers d'Oran
d'avoir eu ce courage et d'avoir dit nette-
ment ce qu'il fallait dire.
A la fin de leur motion les délégués ou-
vriers d'Oran avaient décidé :
« Qu'une copie du présent ordre du
jour sera adressée au président du Con-
seil, au ministre de l'Intérieur, à la pres-
se algérienne et métropolitaine, ainsi
qu'au bureau de la C. G. T. ».
Marquant ainsi leur volonté nette de
donner à leur protestation qui dépasse,
comme ils le disent encore, la personna-
lité même de M. Viollette, le plus large
retentissement. L'opinion publique est
donc, maintenant, saisie, elle serait bien
imprudente, à mon sens, de ne pas vou-
loir entendre et comprendre.
Etienne Antonelli,
Député de la Haute-Savoie, profes-
seur de législation coloniale et d'éco-
nomie politique à la faculté de Droit
de Lyon.
-
BROUSSES
* BROUTILLES
0-U
Ferons-nous notre salut en mangeant
du rte 7
.Notre salut temporel, bien entendu, car
pour l'autre, le spirituel, chacun sait qu'il
est inséparable d'une consommation régulière
de pain azyme.
M. A. Escoffier qui, à lui seul, remporta
au feu des fourneaux plus de triomphes paci-
fiques que ne firent jamais, réunis, tous les
maréchaux porte-glaive présents et passés,
M. A. Escoffier, le vénéie maréchal des cui-
siniers de France, affirme en un succulent
opuscule que l'emploi du riz, systématique,
intensif et subtilement varié, résoudrait le
problème de la vie chère.
- Et il le prouve. Et il m'a convaincu.
Nous devons préférer le riz aux pommes
de terre, parce que, dans un match aux ma-
tières nutritives, il les bat de 657 grammes
(860 grammes sur 1.000 contre 203); et même
au pain, attendu que d'autres peuples, qui
pèsent bien plus lourd que nous sur la pla-
nète, ne font pas de la miche, de la flûte et
de la couronne la base de leur alimentation,
et que rien ne nous oblige à persister dans
ce qui n'est, en somme, qu'une coûteuse ido-
HUne,
Car c'est le point intéressant : on n'a pas
besoin, pour acheter le riz nécessaire et suf-
besoin, à l'uppétit le plus magnifique, d'avoir
fisant
au préalable suspendu ses dernières chemises
(et encore faudrait-il avoir des « dernières
chemises ») aux autels sévères du Crédit
Municipal. Tandis que, pour se munir du
plus humble croûton, il faut d'abord que l'on
ait longuement soufflé avec un bon tuyau dans
une valeur de Bourse, et avoir philanthropi-
quement échangé celle-ci, toute dodue et do-
rée, contre quelques camions de francs- pa-
pier. --------
- Non, vous dis-je, foin des patates et du
pain! Le riz, c'est le salut par l'économie et
c'çst une prospérité encore accrue pour notre
Indochine.
- Mais on s'en lasse, m'objecterez-vous.
- C'est que vous n'avez pas lu le petit
ouvrage de M. Escoffier. Il contient 120 re-
cettes, pas une de moins. Et quelles recettes 1
Tenez, je vais vous en citer une, qui est,
rien qu'à l'imaginer réalisée, à se lécher les
badigoinces pendant, au moins et pour ne
rien exagérer, une moitié d'éternité. Si, après
ma citation, vous ne vous joignez pas à ma
ctoisade pour le riz, c'est que fa faculté d'en-
thousiasme a pour jamais déserté vos os, vos
tripes et vos méninges :
Vous prenez « un rizotto lié au parmesan et
beurre frais ». Là-dessus, vous dressez en tim-
bale « trois si vous êtes six jeunes beaux
perdreaux bardés de lard, fourrés de pelure
de truffes hachées, que vous aurez fait réduire
dans deux décilitres de vin blanc parfumé
d'échalotes et agrémenté d'un décilitre et
demi de fine demi-glace u. Vous voyez que
c'est très simple et de bon goût. Ah ! j'ou-
bliais : vous liez votre sauce (i avec quatre
à cinq cuillerées de parfait foie gras passé
au tatnis fin étendu de quelques cuillerées de
crème très fraîche, ce qui est très important x.
Et puis, d'allégresse, vous n'avez plus qu'à
vous taper le ventre contre la suspension.
D'ailleurs, pour les gens distraits qui n'ont
pas sur eux des truffes et du foie gras, cent
recettes, sur cent vingt, sont réellement à
la portée de tous les talents, et de toutes
les. bourses.
Maintenant, une question délicate. Le riz
constipe-t-il ? Eh bien ! non, c'est une af-
fieuse calomnie. La Faculté, vous dit M.
Escoffier, s'est prononcée : « Le riz assure la
désinfection intestinale d'une manière bien
plus rigoureuse que les antiseptiques chimi-
ques. Il n'est pas astringent; c'est tout le
contraire qui a lieu. »
Il y a lieu, pour ma part, de m'arrêter là.
Je sens qu'il ne faut pas aller plus loin, sous
peine de tomber dans les ékcès rabelaisiens.
Audion
Réponse 4 une lectrice. Non, la Karyo-
kinèse n'est pas une colonie grecque.
11..
L'Aviation Coloniale
--0-0-
Brukellei-Léopoldville
Le roi des Belges vient d'approuver le
raid que les lieutenants aviateurs belges
Medaets et Verhaegen se proposent de
faire de Bruxelles à Léopoldville sans
escale et retour ipar le Caire.
A l'aller, ils passeront par Marseille, la
Sardaigne, Bizerte, le golfe de Gabp-s, le
mont Thuiri», le lac Tchad et Léopoldville.
Ce parcours, d'environ 6.400 kilomètres,
serait franchi en 36 heures. L'avion quitte-
rait Bruxelles au lever du jour, survolerait
dans la journée la France et la Méditerra-
née, aborderait au crépuscule la partie
désertique du Sahara (2.000 kilomètres) et
se trouverait à l'aube suivante dans la
région du lac Tchad pour tenter d'atteindre
Léopoldville avant la nuit.
l/e retour se ferait en deux étapes : Léo-
poldville-le Caire et le Caire-Bruxelles.
Au Maroc
J'ai plus d'une fois loué, à cette
place, le langage ferme, élevé,
généreux de M. Steeg. J'ai retrouvé
le même - accent, la même inspiration, les
mêmes qualités dans son dernier discours
au Conseil de Gouvernement, à Rabat, dis-
cours tout imprégné de ce libéralisme démo-
cratique « que de faciles sarcasmes, même
spirituels, ne décourageront jamais1 ».
- L'idée maîtresse est Vidée de l'évolution
de la politique française vers ce libéralisme
intelligent, hardi et prudent à la fois, évolu-
tion toujours la même et sans laquelle il
n'y a pas de démocratie véritable. Au dé-
but, la force; « elle suffit à organiser, à
administrer, à juger P. Oui, autant qu'on
juge, qu'on administre, qu'on organise dans
une période anormale, exceptionnelle, quand
on se bat. Vienne la paix, la « stabilisa-
tion 9, comme dit M. le Résident Général,
immédiatement l'évolution commence, les
devoirs de chacun s'affirment, les droits de
chacun se précisent, les longues années de
collaboration se préparent, marquant chaque
fois de nouvelles étapes vers l'émancipation
intellectuelle, morale, politique. Au Maroc,
c'est, en quelques années à peine, le Comité
des Etudes Economiques, soutien de l'auto-
rité responsable ; puis les Chambres 'de Com-
merce et d'Agriculture, formées de membres
élus, envoient leurs présidents au Conseil con-
sultatif ; puis, dans ce Conseil même, c'est
une Commission des Finances qui s institut)
pour examiner le budget et déposer un rap-
port. Marche progressive et ininterrompue,
disons: élargissement progressif et ininter-
rompu d'attributions que les principes démo-
cratiques veulent de moins en moins restrein-
tes et 'de plus en plus conformes aux idées
que la France représente dans l'univers.
Car, c'est bien la population tout entière
qui peu à peu est associée à la vie adminis-
trative et politique. M. Steeg le fait remar-
quer dans un passage qui a frappé l'atten-
tion toutes les voix qui s'accordent, toutes
les forces qui s'unissent, c'est cela, la démo-
cratie. la démocratie n'est pas une forme de
gouvernement, c'est une forme de société. Il
y a, au Maroc, autre chose que des hauts
fonctionnaires; il y a des commerçants et des
colons; il y a aussi des médecins, des avo-
cats, des ingénieurs, des travailleurs intellect
tuels; à côii, il y a les collaborateurs des
services publics; les ouvriers, les employés
et chefs de l'usine, du rail, du comptoir, du
bureau, de l'atelier. « Peut-on dire que les
forces individuelles soient d'une valeur né-
gligeable, d'un rendement social insigni-
fiant f La chose publique est à eux comme
à tous. Elle les intéresse comme elle intéresse
tous les Français du Maroc. »
Et que cette évolution doive être prudente,
qui le nierait? En plus d'une circonstance,
M. Steeg a montré que le Maroc n'avait, pas
encore dépassé l'étape après laquelle on peut
et on doit remettre aux intéressés le soin de
gérer les affaires publiques en toute respon-
sabilité. Il a noté que les éléments ethni-
ques étaient multiples, divers, et dans leur
culture et dans leurs tendances, et il a bien
marqué que la tâche du représentant de la
France était si complexe qu'il ne saurait rien
laisser prescrire des pouvoirs qu'il tenait des
traités et de la confiance de la République.
Mais, toujours aussi, il a affirmé son désir
de solliciter, de provoquer les avis des gens
expérimentéstoujours il a dénoncé les périls
d'un détachement orgueilleux qui, en isolant
celui qui détient l'autorité de la vie exté-
rieure, permet à l'intrigue et à la flatterie de
servir des intérêts particuliers. a Tous les
intérêts, disait-il. ont un droit égal à se faire
écouter, mais pour être entendus, il faut qu'ils
consentent à s'encadrer dans les grandes
lignes de l'intérêt général. »
Cette fois, il revient sur cette idée fil
termes non moins clairs et énergiques: sous
le masque "de l'intérêt général s'abritent des
réclamations individuelles ou corporatives qui
parfois lui sont contraires; le seul moyen
de les mesurer à cette aune, c'est de les
entendre toutes et de les comparer: antago-
nismes, contradictions sont soulevés par les
questions finjncières et économiques: élar-
gir le Conseil, c'était à la fois renforcer son
autorité par celle de ses membres nouveaux
et l'aider t à dresser en face du cahier 'des
aspirations de chacun le bilan méthodique
des solutions obtenues 9.
Car, et ceci est d'une vérité saisissante, le
progrès suscite autant de problèmes qu'il en
résout. Ne pas attendre pour résoudre ceux
qui se posent avec une force irrésistible, que
des revendications irritées les imposent au
pouvoir, c'est la sagesse en politique. La poli-
tique du Résident Général est à la fois pré-
voyante et digne de ce libéralisme démocra-
tique qui aurait grand tort de se décourager
des sarcasmes, surtout des plus spirituels.
Mario Roustan,
Sénateur de V Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
M. Steeg en France
M. Steeg, résident général au Maroc, ac-
compagné de M. Dubroca, directeur de son
cabinet, arrivé mardi dernier à Marseille, à
bod du paquebot Marèckal-Lyautey, a été
salué à bord par M. Delpoux, chef du cabinet
du préfet des Bouches-du-Rhône et par le
commandant Lemaréchal, de l'Office du Ma-
roc à Paris.
M. Steeg est arrivé à Paris hier matin, à
to heures, accompagné de Mme Steeg et de
M. Dubroca.
M. Steeg était attendu sur le quai de la
gare de Lyon par M. Bouju, préfet de la
Seine; Si Kaddour ben Gabrit, chef du pro-
tocole du sultan du Maroc; le général Mou-
gin, chef de son cabinet militaire; MM.
Kampmann et Mony-Sabin, directeur et chef
adjoint de son cabinet civil, et de nombreux
amis personnell.
Une tIemi-heure avec le professeur
Emile Perrot
0
Préoccupé avant tout d' annoncer aux lec-
teurs des Annales Coloniales l'élection à r Aca-
démie de Médecine du professeur Emile Per-
rot, j'avais résumé très brièvement ses titres à
ce choix flatteur de ses nombreux travaux qui
sont, en effet, d'une importance considérable
au point de vue de la vulgarisation et du déve-
loppement des cultures tropicales qui peuvent
et doivent jouer un rôle prépondérant dans
l'apport de nos colonies au relèvement écono-
mique de la métropole.
Comme je rappelais au professeur Perrot,
dans son cabinet directorial de l'Office Natio-
nal des Matières premières pour la cfroguerie
et la parfumerie, l'intéressante conférence sur
sa mission au Kordofan qu'il fit à ses compa-
triotes marnais, f ai fait, me dit-il, une mission
bien plus importante à la Côte d'Ivoire, où,
après avoir étudié la culture du cacao au Congo
belge, j'ai organisé, sous les auspices de Wil-
liam Ponty et du Gouverneur Angoulvant, la
culture du cacaoyer. Je suis heureux de me trou-
ver, en plein accord avec vous, pour recon-
naître en M. Angoulvant le véritable organisa-
teur de la Côte d'Ivoire. J'allais vous prier de
l'écrire.
M. Perrot ignorait qu'en 1925, j'avais
pu me rendre compte de visu de r oeuvre consi-
dérable de M. Angoulvant, oeuvre que l'on
semble avoir quelque peu oubliée, et à laquelle
je me plais de nouveau à rendre un hommage
iustifié. De mon côté, je pouvais confirmer à
M. Perrot r engouement des indigènes pour
leurs plantations de cacaoyers à proximité de
leurs villages en pleine forêt tropicale. Entre
autres à Bago, chez Dokpa. au confluent de la
Poupo et de l'Agnéby.
L'Office National des Matières premières
végétales que je dirige, tout en présidant le
Comité interministériel des plantes médicinales,
,poursuivit M. Perrot, a pour but essentiel de
soustraire le pays au marché étranger, et sur
cet effort, la Fiance est devenue exportatrice,
d'importatrice qu'elle était en 1920. Et ce n'est
qu'avec les ressources volontaires fournies à
l'Office des Matières premières végétales que
nous avons réalisé l'introduction des plantes
utiles tropicales dans les colonies françaises. Et
ce, à la suite de travaux de laboratoire et de
nombreuses publications sur le quinquina. les
huiles contre la lèpre, le karité, la kola, le
netté, recherches et travaux toujours orientés
dans l'application économique. Je préconise, du
reste, la création de stations agricoles purement
expérimentales ayant à leur tête des techniciens
très expérimentés, ce qui n'est, hélas 1 pas tou-
jours le cas.
Il me faut compléter nos études sur la pro-
duction des plantes à tanin, des textiles, de la
gomme arabique, des plantes à essence et des
drogues médicinales, me dit le nouvel acadé-
micien, aussi vais-je partir sous peu pour Tom-
bouctou, la Haute- Volta, et reviendrai par le
Fouta-Djallon.
Arrivé au pinacle des honneurs, ce grand sa-
vant n'en sait pas encore suffisamment ; il
estime que sa tâche n'est pas terminée, et, en
prenant congé. je l'assure que les Annales Co-
oniales suivront avec le plus grand intérêt sa
mission dont les résultats ajouteront à nos con-
naissances de nouveaux moyens de tirer parti
des ressources de notre domaine colonial.
Eugène Devaux.
,–
Tombés au champ d'honneur
Au cours d'un incendie de forèt, annon-
çait le 2 juillet une dépèche des Annales Co-
loniales, l'inspecteur adjoint Potier et le bri.
gadier Orsutti ont trouvé la mort.
On lit au sujet de ce drame, dans le rap.
port qu'en a fait M. Boutilly, directeur gé-
néral des Eaux et Forêts d'Algérie, les dé-
tails suivants :
Avertis que le leu, alimenté par un peuple-
ment épais de résineux et poussé par un vent
violent, prenait de l'extension, M. l'inspecteur-
adjoint Potier et le brigadier Orsatti, obéissant
à la consigne, se rendaient immédiatement sur
les lieux et prenaient la direction des secours.
C'est pendant l'avant-dernière nuit, vers 8 h.
du soIf, alors qu'entouré de son personnel il
s'était aventuré au cœur du massif, sur le ver
sant escarpé de l'oued Bord, pour mieux
prendre ses dispositions en vue de la lutte
contre le feu, qu'une saute de vent imprévue
rabattit les flammes sur le groupe des malheu-
reux forestiers, aveuglés par la fumée au mi-
lieu d'un peuplement de pins d'alep très dense
et entouré de tous côtés nar l'incendie.
Cinq purent échapper. Quant aux deux chefs,
l'officier, M. Potier, et son subordonné, le bri-
gadier Orsatti, sans doute voulurent-ils reculer
les derniers devant l'ennemi qu'ils étaient
venus combattre et laissèrent-ils ainsi passer
la dernière minute où le salut était encore
possible. Toujours est-il qu'ils restèrent dans le
feu et qu'on retrouvait un peu plus tard leurs
corps affreusement calcinés.
Lors des obsèques de ces braves gens,
qui ont eu lieu à Bouira et à Maillot, au
milieu de la plus profonde émotion, M.
Bordes, préfet d'Alier, a justement dit
qu'ils étaient Il tombés au champ d'hon-
neur ».
C'est tout à fait notre opinion, et nous
formons le vœu que l'inspecteur adjoint
Potier et le brigadier Orsatiti reçoivent, à ti-
tre posthume, une haute marque de la re-
connaissance nationale.
R. B de Laromiguière
Cinéma Colonial
-0
Entente cordiale do
Le Jardin d'Allah, que Rex Ingram to; .ie
en Algérie, avec Alice Terry, comprendra
quatre acteurs français : Marcel Vibert, Mme
Pâquerette, Edouard Cinq-Leon et Rabah. Il
comprendra également quatre acteurs an-
glais, et M. Petrovitch, qui a tant tourné en
France qu'on peut presque le considérer
comme Français. En outre, l'état-major de
Rex Ingram comprend quantité de Français,
notamment son adjoint, Henri Menessier, et
R. Atthalin, le directeur artistique.
L'atrielillft iodisèae
es Gtûaie Française ta 1926
L'année 1926, en Guinée Française, a été
satisfaisante au point de vue des rendements
culturaux. Un sétieux effort a été fait par les
indigènes pour étendre leurs cultures et se
mettre ainsi à l'abri de la hausse qui s'est pro-
duite sur les denrées nécessaires à leur alimen-
tation. Par ailleurs, la pluralité des cultures de
cette colonie et l'abondance de leurs produits
naturels sont, pour l' autochtone, un double
avantage qui le protège de la disette. Enfin, la
merveilleuse progression dans cette colonie des
cultures à la charrue constitue pour l' avenir un
gage certain de récoltes toujours plus abon-
dantes.
En ce qui concerne les cultures vivrières, la
récolte de riz, malgré les pluies tardives et peu
abondantes, a été très bonne dans la région fores-
tière. Au Fouta-Djallon et en Haute Guinée,
le riz de plaine, contrairement au riz de non-
tagne, a particulièrement bien réussi, et le ren-
dement de 1.500 kilos à l'hectare, obtenu dans
plusieurs rizières, faites sur labour à la charrue,
aurait certainement été plus élevé sans le brus-
que retrait des eaux de crue et la sécheresse
d'octobre.
La récolte de mil a été supérieure à la nor-
male, ainsi que celle de fonio, dont certains
rendements ont atteint 1.500 kilos à l' hectare.
Dans les oléagineux, l' arachide prend, en
Guinée, une place de plus en plus importante
dans les assolements indigènes, et le palmier à
huile, en raison des cours élevés atteints en
1926, a fourni une a bondante récolte. -
On ne peut en dire autant de l'exploitation
du caoutchouc dont la production a diminué des
deux tiers dans certaines régions de la colonie,
par suite de la baisse qui s'est mani festée sur
ce produit.
La cire, malgré les procédés défectueux em-
ployés par les indigènes dans l'apiculture, a
donné lieu à une augmentation sensible de pro-
duction qui a permis d'exporter 233 tonnes
contre 138 en 1925.
Les denrées coloniales : café cacao et ta-
bac ont également bien réussi. La culture du
caféier est pleine d' avenir dans la région fores-
tière, où elle pourra, dans quelques années,
apporter à ses habitants une ressource fort im-
portante.
- Les plantations de colatiers, grâce aux soins
dont les entourent les indigènes, ont fourni une
intéressante et productive récolte.
L'indigo a fait l'objet d'un commerce de
plus en plus prospère dans les régions produc-
trices du Fouta et de la Haute-Guinée.
Enfin, les indigènes de la région côtière ont
planté, en 1926, environ 150.000 pieds de
bananiers et 2. om plants d'ananas dans les
cerc l es de Conakry, Kindia, Forécariah. Boffa
et Boké. Des planteurs et commerçants euro-
péens s' approvisionnent depuis plusieurs années
chez les producteurs indigènes.
En résumé, les résultats obtenus en 1926.
en Guinée Française, montrent ce que le cul-
tivateur peut obtenir de son sous-sol et de la
cueillette de ses produits naturels. Et quand
Crédit agricole mutuel, qui est à la veille de
fonctionner dans la colonie, lui permettra de se
procurer facilement du matériel aratoire, du
bétail de trait, des moyens de transport, sa
capacité de production se trouvera fortement
accrue, offrant ainsi à la colonie les moyens
d'augmenter encore le tonnage et la valeur de
ses exportations locales.
.1.
Le retour des emballages
en Algérie
Une lettre
du ministre des Travaux Publics
M. Paul Saurin, sénateur du département
d'Oran, a reçu de M. Tardieu, ministre des
Travaux Publics, la lettre suivante
Monsieur le Sénateur,
Vous avez bien voulu nie transmettre, en la
signalant tout particulièrement à mon atteJt-
tion, une réclamation qui a été formulée par
la Confédération des Agriculteurs du départe-
ment d'Alger, boulevard de la République,
à Alger, au sujet du tarif G. V. 26/126 appli-
cable sur les grands réseaux de chemins de
fer au transport des emballages vides au
retour.
J'ai l'honneur de vous informer qu'à la
suite de mon intervention, les grands réseaux
viennent de me soumettre une proposition de
modifications du tarif dont il s'agit, qui com-
porte des réductions de prix notables sur la
tarification actuelle et qui prévoit, en outre,
l'abaissement de 50 à 25 kilogrammes du mi-
nimum de poids Par expédition prévu pour
Vapplication dudit tarif.
En attendant Vachèvement de l'instruction
de cette proposition et afin de permettre aux
intéressés de bénéficier dès maintenant des
nouvelles dispositions, j'ai autorisé les ré-
seaux à les mettre provisoirement en vigueur.
Veuilles agréer, etc.
Signé : André TARDïRr.
A la Société des Nations
80
Commission des mandats
Après avoir, comme nous en avons rendu
compte, examiné la question de l'admission
d'un membre allemand, et avoir donné un
nvis favorable, la commission s'est trouvée
d'accord pour remarquer que le Conseil, en
s'ndressant a elle, a bien souligné que l'ap-
probation par rassemblé»; de la somme des-
tinée éventuellement à pourvoir aux dépen-
des à encourir par la présence d'un mem-
bre allemand en cette commission avait un
asneet uolitiuue.
La majorité des membres de lia commis-
sion a été d'accord pour estimer qu'il n'y a
gt (in a e
aucune objection d'ordre technique à la no-
mination d'un nouveau membre. La majo-
rité s'est déclarée prête a accueillir telle
décision qu'estimera devoir prendre le Con-
eeil, mais elle a cru devoir s'abstenir, en
raison du caractère politique de la ques-
tion.
AU SÉNAT
A LA COMMISSION DES FINANCES
L'Exposition Coloniale
La Commission sénatoriale des Finances
s'est réunie mercredi après-midi.
Elle a repris, sur le rapport de M. Mario
Houston la discussion du projet de loi voté
par la Chambre concernant l'Exposition co-
loniale internationale à Paris.
Elle a voté l'article ter approuvant la
Convention annexée au projet sous la ré-
serve expresse que deux sortes de modifi-
cations seraient apportées à cette conven-
tion, les unes pour ne viser que la « Ville
de Paris », (au lieu de la troisième Com-
mission du Conseil municipal comme- il
était prévu dans certains cas), là où elle
intervient, les autres pour décider que la
somme à paver par la Ville de Paris pour
la reprise des matériaux après la démoli-
tion de l'Exposition, devra être fixée par
exnerts.
Sur l'article g du projet de loi, une vivo
diseussio.J)¡ s'est engagée.
Cet artiiele est ainsi conçu :
k Les services de l'Exposition sont com-
patibles avec les fonctions publiques.
« Les services de l'Etat. détachés à l'Ex-
posilion .peuvent être placés en service dé-
taché dans les conditions prévues par l'ar-
ticle 33 de la loi du ao décembre 1913. Il
M. Charles Du mont demanda la sup-
pression du premier paragraphe de cet ar-
ticle.
Celle proposiîimi fut acceptée par dix-
neuf voix.
M. Henry Chéron, rapporteur général,
proposa ensuite un nouveau texte pm-isant
que les services de l'Exposition sont incom-
patibles avec les mandats de sénateur et
de député.
Plusieurs membres de la Commission
pro|M>sèrent -alors d'étendre cette exclusive
aux conseillers municipaux de Paris.
Sur l'intervention de M. Henri Hoy qui fit
remarquer que cette question n'était pas
du ressort de la Commission des finances,
cette suggestion ne fut pus retenue.
En ce qui concerne cet article 8, la note
officielle communiquée à la suite dVî la
réunion pour justifier ,\:a disposition portant
l'incompatibilité des fonctions de commis-
saire général ou adjoint avec le mandat
pnrlcimcntawc, est ainsi conçu :
« Ut Commission, sans entrer dans au-
cune considération de personnes et en sti-
pulant expressément qu'elle se préoccupe
seulement de maintenir un principe décidé
a d6jh posé à plusieurs reprises, a (écidé
qu'aucun membre du Sénat ou de la
Chambre des députés en fonctions ne
pourra, pendant la durée légale du man-
dat dont il a été investi, fuire partie de
l'administration de «l'Exposition Coloniale
internationale de Paris.
« Ce texte est identique à celui que la
Commission a déjà proposé au Sénat pour
l'administration des mines de potasse
d'Alsace et pour diverses autres institu-
tions ».
Sur l'article 20 qui décidait qu'une sub-
vention de 8 millions de francs s'njoiilorait
aux ressoum's de l'Exposition et serait
consacrée aux 1 eu vies de retraites et de
pensions des Associations de presse, la
Commission a observé que ce texte était
inopérant du fait qu'il ne comportait au-
cune ouverture de crédit.
1-a Commission en a donc prononcé la
disjonction sans que ce vote implique une
opposition au principe d'un encouragement
a des MHivres de prévoyance sociale, mais
pour qu'une telle disposition soit examinée
utilement dans la discussion du budget ou
dans celle d'une loi de finances.
La Commission a enfin ajouté à l'article
11 concernant lo décret qui lixem la date
à laquelle prendra fin le fonctionnement de
rétablissement oublie créé par la loi, une
disposition décidant qu'après In clôture du
compte spécial, un étal faisant - rninaître le
montant du solde bénéiiciaire du compte
spécial et. la répartition de ce solde entre
les reuvros d'intérêt général colonial serait
publié en annexe au projet de budget.
DANS LES COMMISSIONS
La Commission des Finances
pour le budget de 1928
Les pouvoirs de la Commission sénau)-
riale des 'Finances expirent chaque année
lors du dépôt du budget sur le bureau de
la Chambre.
Cette formalité ayant été. remplie, les
groupes politiques du Sénat ont été, en
conséqucnce, appelés hier à désigner leurs
candidats à la nouvelle Commission des
Finances.
L, Gauche démocratique a désigné : MM.
Bienvenu - Martin, Caillaux, Clémentel,
Cuminn 1, Charles Duniont, Gallet, Gardey,
Jean Philip, .Jf'annpn('', Louis Pasquel,
Louis Série, \¡II'io Hnllstan. Milan Pey-
tral, Marraud, Boy et Schrameck.
Le Groupr de l'Union rénublicaine a
nommé : MM. Haiberti, Chastenet, Farjon,
François-Marsal, Herthoulat, Hirschauer1
Joseph Courtier, Lebrun et ReynaM.
L'Union démocratique a désigné : MM.
Waignan, Mahieu et Fernand Fauro.
A la Gauche républicaine, sont candidats :
M't. llervev et Jenouvrier ; ail Croupe so-
cialiste : MM. Bruguier et. Heboul : à la
Droite : M. François Saint-Maur.
Enfin le Groupe des non-inscrits a dé-
signé M. Pierre Laval.
M. Milliès-Lacroix, ancien rapporteur gé-
néral, ancien président de la Commission,
n'a pas été réélu.
Le Groupe de l'Union démocratique et
radicale a décide qu'à partir du lpr janvier
1928 et en dehors du Président, et du Hap-
porteur général sortant, la délégation de
ses membres à la Commission des Finan-
ces ne pourra dépasser la durée do trois
exercices budgétaires.
Cette motion sera présentée h tous les
autres Groupes.
I.IKK l'A1 SECONDE PAGE :
A LA rflAMliHl-:
f.(HS, DECHETS ET A II UETE*
LE 1) ES A H M EM EJ\ T XAVAÎ.
TAUX DE LA PIASTRE
-0-
A la date du 5 juillet, le taux de la ninMre1
à Sn'ipon, était de fr. «0.
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