Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-04-05
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 avril 1927 05 avril 1927
Description : 1927/04/05 (A28,N54). 1927/04/05 (A28,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451050r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-HUITIEME ANNEE. - No 64 U5 NUMERO : 30 CENTIMES MARDI SOIR, 5 AVRIL 1927 -
JOMML QUOTIDIEI
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Rédaction & Administration :
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ies Annales Coloniales
tàt annonce• et réclamas sont reçue* au
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Les AnALES Coloniales ne publient que des arti-
cles inédits, qui sont leur propriété exclusive.
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avec le supplément illustré :
Un an 6 Mois 8 Moi.
France et
Colonies 120 » 65 » 35 »
Étranger.. 180 • 100 » 60 »
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tous les bureau de poste.
Les importations coloniales en France
8.1
11 n'e* du de qui ne fauf en ce
moment l'objet de plu, d'études, d'articl. de
discours que celle qui consiste à rechercher
dans quelle mesure les colonies peuvent contri-
buer à la vie économique de la métropole.
M. de Warren a déposé à ce sujet un projet
qui a été analysé et commenté ici-même. D'au-
tres parlementaires ont fait des propositions
analogues. On a éveillé de grands espoirs dans
le public, qui s'est facilement imaginé que les
colonies étaient une manière de grenier d'abon-
dance où il n'y avait qu'à puiser, sans se
demander s'il s'agissait de perspectives d'ave-
nir ou des réalités présentes.
La vérité est un peu différente et j' ajouterai
même un peu moins brillante, non pas dans le
dessein de semer le découragement, mais dans
celui d'amener les personnes intéressées à faire
l'effort nécessaire et l'opinion à comprendre les
difficultés de la tâche.
Rien ne vaut, à ce point de vue, le com-
merce même bref avec les chiffres. Sans vou-
loir les solliciter, sans vouloir forcer les conclu-
sions qui se dégagent de leur examen et de la
comparaison que r on peut faire entre les uns
et les autres, on en tire quelques enseignements
et au besoin quelques règles de conduite qui
ne sont pas négligeables.
C'est ce qui arrive quand on étudie les sta-
tistiques de 1926 relatives au commerce général
de la France.
Les importations se sont élevées à 59 mil-
liards 514.725.000 francs et les exportations
à 59.534.649.000 fr. La balance commerciale,
à quelques millions près, était en équilibre,
surtout si l'on tient compte des exportations
qui ne figurent pas sur les registres de la douane
et qui doivent compenser la différence de 20
millions que nous donne la comparaison des
chiffres ci-dessus.
Une première remarque, c est que cet équi-
libre est uniquement dû au commerce entre
la France et ses colonies. Les exportation, de
la métropole dans ses possessions d' outre-mer
permettent de combler le déficit que donnaient
les exportations à l'étranger et qui était de
2.300.000.000 de francs. Les achats métropo-
litains aux colonies se sont élevés à 6.873 mil-
lions 550.000 francs et les ventes à 9.187 mil-
lions 608.000 francs, soit un solde en faveur
de la France de 2.314.058.000 francs.
Le pourcentage du commerce franco-colo-
nial dans le commerce général augmente d'an-
née en année. Mais il est cependant encore
assez faible et est loin d' atteindre celui que
r on constate dans l'empire britannique, où les
importations représentent 23 et les exporta-
tions 25 de la totalité des échanges.
Hl2H -1025 1934 HltJ
- - - -
Importations des
colonies en
Franco 11,5 10,4 10,1 0,3
Exportations de
h ranco aux
colonies. !:>,'»% 14,2% 12,7% 13,8%
Les progrès les plus grands ont été réalisés,
aux importations, en France par l'Algérie, la
Tunisie et le Maroc et à l' exportation de
France par le Maroc et l'Indo-aine.
Voici maintenant la part de chaque colonie
ou pays de protectorat dans ce mouvement
commercial.
(on milliers de francs)
Importations Exportations
on France do France
Algérie 2. <510.514» :L:U-;.21Ii
Tunisie..,., ," IiIiS. UH 886. fil; 5
Maroc 303.771» 1.200.000
Afrique Occidenta-
le Française 1.000.̃.'*>('> il!>0.410
Madagascar I(j,:)I, M2.54H>
Indochine 840.74KJ 1 .îiWi.HKi
Autres colonies 087.231 674.080
Total. 0.873.55U 0.187.608
Un calcul très simple nous montre qu' aux
importations (nous parlons par rapport à la
France, les trois possessions de l'Afrique du
Nord représentaient en 1926, 3.582.376.000
francs contre 3.295.074.000 francs pour les
autres colonies et à l'exportation 5.473.697.000
francs contre 3.713.911.000 francs pour le
reste de notre empire colonial.
Mais pour si intéressants que soient ces chif-
fres, il n'est pas mauvais de poursuivre un peu
plus loin l' analyse des statistiques.
Il n'est pas inutile en particulier de recher-
cher, en ce qui concerne les importations
c'est à ce seul aspect du problème que nous
voulons limiter nos investigations .,- la place
qu'c.cupent les différents produits que nous
envoient les colonies.
Il en est pour lesquels celles-ci sont presque
nos uniques fournisseurs, ou tout du moins, et
de beaucoup, nos principaux fournisseurs. C'est
le cas pour les phosphates, 99 des achats
totaux, de la vanille 98 %,.. du poivre 96 %,
.,, d u po i vre ', ,
des semoules et gruaux 92 %, du manioc et de
la farine de manioc 91,6 %, des vins 89 %,
du riz 86,9 %, des conserves et extraits de
viande 70 , des œufs 68,7 %, des bois
exotiques 65 %, des bestiaux 64 %, des pois-
sons frais ou salés 64 Pour cf autres le
pourcentage est beaucoup plus faible ; il n'est
que de 24 pour les céréales, de 20,5
pour le caoutchouc, de 20 pour le tabac,
de 35,6 pour les graines et les fruits oléa-
gineux. Il est encore bien inférieur lorsqu'il
s'agit du café 2,46 %, des tissus de soie
7,5 %, du coton 1,8 0;. Quelques-uns de ces
chiffres nous donnent, doivent nous donner à
réfléchir.
Il ne saurait être questicn d'ex3miner dans
le détail les principaux articles de cet impor-
tant commerce. Ce serait fastidieux et d'un
intérêt contestable. Mais il est quelques pro-
duits qui méritent une attention particulière.
Prenons quelques exemples parmi ceux que
nous devons retenir.
La progression, en ce qui concerne les con-
serves et extraits de viande est remarquable :
nos colonies nous en fournissaient 47 en 1925
et 70 en 1926. Madagascar nous en expédie
la presque totalité.
Des progrès, beaucoup plus lents, il est vrai.
sont constatés dans le commerce des laines.
Mais il faut bien reconnaitre que sur les
2.997.625 quintaux de ce produit que nous
avons, l'an dernier, demandés à l'étranger nos
colonies ne nous en ont envoyé que 225.847,
la plus grande partie 202.000 quintaux
venant de l'Algérie et du Maroc, alors que
r Afriqu Occidentale ne nous en expédiait pas
tout à fait 2.000. « On voit avec surprise, dit
le Bulletin de la Société d'Informations Econo-
miques, le chiffre de plus en plus élevé des
envois en France des laines des possessions
anglaises d'Afrique Occidentale, alors que ce
rang semblerait logiquement devoir revenir à
notre colonie ouest-africaine. »
- Même observation en ce qui concerne la soie
pour la fourniture de laquelle nos possessions ne
comptent pour ainsi dire pas. Il est juste de
remarquer qu'il existe en Indo-Chine une impor-
tante industrie de filature et de tissage.
Madagascar et l'Indo-Chine nous envoient
des quantités considérables de riz : mais la part
de Madagascar diminue légèrement. Le pour-
centage des céréales est passé de 1925 à 1926
de 13 à 24 Seulement ces progrès résul-
tent non d'une augmentation des envois, mais
de la diminution des importations générales, qui
sont tombées de 19.276.377 quintaux à 13 mil-
lions 9.736 quintaux.
Pour les légumes frais, les envois de l'Algé-
rie se sont accrus, mais moins rapidement que
ceux de l'étranger. On fait la même constata-
tion au sujet des fruits de table, des oranges,
des citrons-, des mandarines, pour lesquels la
concurrence de l'Espagne est redoutable.
L importation des graines et fruits oléagineux
a légèrement diminué en quantité. L'augmen-
tation en valeur est due essentiellement, sinon
uniquement, aux variations de notre monnaie.
Pour les arachides en cosses l'Afrique Occi-
dentale tient le premier rang, 2.886.000 quin-
taux sur une importation de 3.254.000. En
revanche sa part tombe à 68.679 quintaux pour
les arachides décortiquées sur un achat total de
2.414.647 quintaux. Dans ce chiffre l'Inde
britannique intervient pour près dt 2 millions
de quintaux.
L'examen des statistiques relatives au caout-
chouc est assez réconfortant : une progression
continue s 'affirme et elle ne saurait que se pour-
suivre si aucun accident imprévu ne vient gêner
le développement des plantations que l'on fait
en Indo-Chine.
La vente des bois exotiques donne une im-
pression semblable. Elle est passée de 47 à
58 -
La prépondérance des colonies est surtout
marquée dans les envois d'acajou et d'okoumé.
Mais il faut faire une autre constatation moins
agréable : l' exportation de nos bois coloniaux
à destination de Londres, de Liverpool, de
Hambourg, a subi de 1925 à 1926 un recul
appréciable. L'exportation à destination de ce
dernier port avait été en 1925 de 150.000 ton-
nes, elle est tombée à 85.000 en 1926. A quoi
est dû ce recul ? Nos bois coloniaux et en par-
ticulier l'okoumé continuent à être favorable-
ment appréciés en Allemagne, mais la dimi-
nution de la production en Afrique Equatoriale
Française a entraîné, naturellement, une réduc-
tion des envois en pays étrangers. Quant aux
causes de la réduction de la production, elles
ont été trop souvent exposées ici-même pour
ou on y insiste : ce sont la .pénurie de main-
d' œuvre, l'insuffisance des communications et
aussi des capitaux.
Pour ce qui est des bois communs les statis-
tiques nous apprennent que la propagande qui
a été faite en faveur de la substitution des
essences aux variétés infinies de la région con-
golaise aux bois importés de Scandinavie n'a
pas encore donné de résultats. La situation ne
s est donc pas améliorée. Elle aurait même
légèrement empiré.
On ne fait - pas de constatations très récon-
fortantes, quand on passe au coton. Il y a bien
un petit progrès, mais si petit que le pourcen-
tage du coton importé de nos colonies reste
encore infime. Certes, il convient de ne pas se
décourager. Car ce qui se passe en Algérie
et en Afrique Occidentale nous montre qu'il
ne faut pas abandonner tout espoir de ce côté.
Certes non. Mais il faut bien se persuader que
la situation ne se modifiera pas, je ne dis pas
brusquement ni même fort rapidement. Il ne
suffit pas d avoir un sol et de l' eau pour pro-
duire du coton en abondance. C'est indispen-
sable, mais ce n'est pas suffisant. Le reste,
notamment la main-d' œuvre, ne vient pas par
un coup de baguette magique.
Nous arrivons enfin aux produits minéraux.
Le tableau suivant nous donne la part de DOt
colonies et celle des pays étrangers dans l' im-
portation des phosphates.
Tunisie l.084.(j35 982.002 964.157
1926 1025 1024
Algérie 229.895 177.71)0 250.537
Maroc 178.418 121.540 106.7J7
Union Eeonom.
Helgo-Luxom-
bourgeoise 9.960 5. Wl 5.K33
Etals-lJnis » 5.807 0.525
Autres pays » 15 1
Total 1.502.017 1.21)3.710 1.3i5.850
La place qu' y occupe l'Afrique Ju Nord y
est prépondérante, sinon exclusive. Elle pour-
rait être plus grande encore au double point de
vue absolu et relatif, si certaines combinaisons
particulières ne s'opposaient ici encore et une
fois de plus à l'intérêt général : intérêt des co-
lonies et intérêt de l' agriculture métropolitaine.
Il faut espérer que les Pouvoirs publics, Gou-
vernement et Parlement, voudront bien se sou-
venir qu'ils sont les serviteurs du bien public.
Il serait possible de poursuivre cet examen.
Mais nous nous sommes laissé aller à donner
beaucoup de détails, et un écrivain anci en nous
a appris qu'il y a en tout une mesure. Obéis-
sons à ce précepte de la sagesse antique et
arrivons à conclure.
De l'examen des chiffres que nous venons de
soumettre à nos lecteurs, se dégage certaine-
ment une impression favorable. Il y a progrès
et progrès importants sur beaucoup d'articles.
Et là où l'on constate une diminution, elle est
passagère ou bien de faible degré. Cependant,
ainsi que le fait remarquer le bulletin de la
Société d tnfonnations Ecoaomique" si les pro-
duits quç la France achète aux cotonies sont
d'une importance indiscutable, « ils ne consti-
tuent pas, en valeur, la partie principale de son
commerce d'importation. Au contraire, nos pos-
sessions ne fournissent encore qu'une propor-
tion très faible ou presque nulle de certaines
matières premières les plus indispensables aux
industries métropolitaines ou denrées alimen-
taires de grande consommation, telles que co-
ton, laines, soies, bois communs, café, qui ont
représenté en 1926 dans le commerce d'impor-
tation de la France, 16 milliards et demi de
rrancsM.
Voilà un jugement sévère, mais qui pourrait
soutenir qu'il ne répond pas à la réalité ? Il y
.a. d'ailleurs, de nombreuses raisons d'esp&er
et d'avoir confiance. Mais l' amélioration de
l'économi e de la France par les colonies ne se
fera pas en quelques années. En le disant, on
ne se propose pas de décourager qui que ce
soit, on a seulement le désir de faire sentir à
nos compatriotes l'étendue de l'effort à faire.
Il est des vérités qu'il faut que l' on sache. Cela
vaut mieux que de se bercer d'illusions enfan-
tines qui vous conduisent à un optimisme béat,
décevant et infiniment dangereux.
Henry Fontanier.
- Député du Cantal
Vice-président ae ta Commission
des Colonies
Secrétaire de la C ommission
des Affaires Etrangères.
LE TOUR DE DÉPART COLONIAL
0-0-
Bien que les questions militaires n'aient
pas dans les Annules Coloniales, rang de
priorité, car les questions économiques sont
de beaucoup plus importantes aux yeux de
In majorité do' leurs lecteurs, il est tout de
même intéressant .pour les colons de sa-
voir comment ils sont protégés sur les
confins militaires.
Eh bien, ils ne le sont guère, et je pour-
rais ajouter qu'ils le sont insuffisamment.
La naix française existe sur nos confins
sahariens, mais elle peut être troublée par
les n'xxous des gens du Tatilalet, du Rio de
()l'O ou d('s puys S('HonssÍ.
Et pour remédier à cet inconvénient, le
Gouvernement. Général de l'A. O. F. a très
prudemment orgnnisé, avec ses pelotons
méharistes, un réseau de surveillance A
larges mailles que les postes de T. S. F.
complètent.
Le système d'interrenselgnements entre
l'Afrique du Nord et l'A. O. F. fonctionne
parfaitement et les quelques medjbours qui
se sont risqués iL travers les mailles du
réseau ont été rapidement éventés et faci-
lement. dispersés. Mais, actuellement, ce
système, fort bien conçu comme nous ve-
nons de le démontrer, ne peut fonctionner
faute de cadres.
Il manque 50 0/0 de l'effectif budgétaire
des lieutenants en A. O. F. Et c'est fort
difficile, dans ce cas, d'assurer l'encadre-
ment de nos pelotons de méharistes.
Lo vie des méharistes est très -dure, très
pénible, les Européens ne peuvent la me-
ner bien longtemps. Il faut donc assurer
la relève, et ce défaut d'effectif ne le per-
met pas.
C'est ce qui m'a fait consulter attenti-
vement le tour de service colonial fi la date
du 1er ovril.
Il comprend 34 lieutenants. Chiffre bien
insuffisant "pour remplacer ceux qui sont
en fin de séjour et pour combler les vides.
(Malgré de loumbles efforts, la Direction
des troupes coloniales n'y peut rien. Le
nombre de lieutenants en service dans la
métropole ne permet qu'une relève au
compte-gouttes. Il faut en avouer la cause,
« le métier ne nourrit, plus son homme ».
Les sous-officiers rengagés préfèrent rester
sous-officiers, ils y ont plus d'avantages,
et comme il faut tout de même vivre, les
candidats lieutenants se font de plus en
plus rares.
C'est donc à améliorer la situation ma-
térielle de nos cadres coloniaux qu'il faut
concentrer tous nos efforts et, au lieu de
consacrer 1 ou 2 milliards à la construc-
tion d'un transsaharien à rendement pro-
blématique, pour ceux qui connaissent, le
désert, on ferait mieux de mettre ces fonds
à la disposition des Colonies qui ont des
ressources et qui ont besoin de se proté-
ger pour faire valoir ces richesses.
Si l'ère des conquêtes coloniales est
close, il est temps de mettre tln à celle
des fumisteries coloniales.
Eugène Dévalue.
-1.0-
UN C€IITEnAIRE_ COLONIAL
Le 13 avril 1827, René Caillé, vêtu en
mendiant arabe, entrait à Tombouctou, où
il demeura une quinzaine de jours. Au lieu
de retourner au Sénégal d'où il était parti,
le premier Français qui pénétra dans la
ville mystérieuse se dirigea délibérément
vers le Nord, traversant le désert , franchis-
sant le pays des Maures hostiles, puis le
Maroc. L'exode dura trois mois. Le 7 sep-
tembre, il arrivait à Tanger. Un mois plus
tard, il débarquait à Toulon, ayant accom-
pli seul un voyage dont le récit devait sem-
bler longtemps, aux générations, plus fan-
tastique qu'un chapitre des « Mille-et-Une
Nuits ».
Quarante ans plus tard, Duveyrier était
seul aussi quand il parcourut toute la par-
tie septentrionale du désert. Et combien
d'autres encore, explorateurs militaires ou
pères blancs, jusqu'à Laperrine, jusqu'au
père de Foucault, se lancèrent de même,
seuls, sans escorte et sans armes, a travers
"ncIan de sables ! Et ce sont eux qui ont
réellement et. efficacement implanté la
civilisation française au Sahara.
Au prix de quelles souffrances et de quelle
abnégation !
Célébrer le centenaire de Hené Caillé nous
semble donc justifié et ce serait une occa-
sion de rendre hommage a tous ces Fran-
çais à qui nous devons notre bloc colonial
africain.
L'ARACHIDE
en Afrique Occidentale Française
Les derniers renseignements par-
venus de l1 Afrique Occidentale
française nous apprennent qu'il
est sorti de cette colonie, au cours de l'all-
liée 1926, un total de près de 490.000 ton-
lies de graines d'arachides.
l'année 1925, avec ses 450.000 tOllllCS.
accusait, par rapport aux années antérieures,
une augmentatioll sans précédent (120.000
tonnes environ). On la considérait comme
exceptionnelle et Von estimait que les quan-
tités susceptibles d'être exportées par la
suite ri atteindraient probablement pas de
nouveau avant longtemps un chiffre aussi
élevé. 1926 a fait mentir toutes les pré-
t'isiom: non seulement les exportations
sont aussi fortes qu'en 1925 mais elles ac-
cusent un nouvel accroissement de 40.000
tonnes! C'est tout simplement magnifique,
surtout si l'on tient compte que le chemin
de fer de Thiès à Kayes et au Niger, prin-
cipal facteur du développement actuel de
la production, continue à marcher cahin-
caha sur une bonne partie de son parcours
et que les améliorations envisagées, tant
en ce qui concerne le matériel roulant que
la voie dLf-mêmf, notamment sur la
deuxième section, sont loin d'être complè-
tement. réalisées.
Le Soudan n'est donc pas encore en me-
sure de montrer quelles possibilités il offre
pour l'extension de la culture de l'aracllidc.
Les achats de graines effectués par le com-
mera, par suite des conditions aléatoires
d'évacuation, y sont restés jusqu'à présent
très timides : c'est à peine si Von peut chif-
frer à 25.000 tonnes les quantités dirigées
sur ht côte pendant cette dernière année.
Ta presque totalité du tonnage exporté
a été fourni comme précédemment par le
Sénégal ; mais cette seule colonie est loin
d'être arrivée au maximum de sa production.
D'immenses superficies restent à mettre en
valeur. la construction amorcée de divers
embranchements aux voies ferrées existantes
permettra bientôt de nouveaux développe-
ments qu'augmenteront, en outre, l'amélio-
ration des procédés de culture et la sélection
des semences.
Il est regrettable qu'au Soudan le chemin
de fer reliant le fleuve Sénégal au Niger
riait pas suivi un tracé plus au nord. Au
lieu d être construit de bout en bout, en zone
rocheuse ou ferrugineuse, il Nit desservi
des provinces où abondent les terres légères
propices à la culture de la précicu-e graine
oléagineuse. Sans doute pourra-t-on percer
des routes qui relieront ces provinces à la
voie ferrée et les ouvriront « l'exportation.
Tes arachides obtenues par ces moyens se-
ront, néanmoins, grevées de frais de trans-
port assez élevés qui se traduiront par une
diminution correspondante des prix payés
aux cultivateurs..
Sénégal et Soudan ne sont pas les seules
colonies de VA. O. F. qui conviennent à la
production de l'arachide. Ta lIaute-Volta
et le Haut-Dahomey possèdent aussi, sur
des superficies cOIlJitlérables, des terres us-
| eeptibles d'être utilisées à cette culture.
Bien entendu, avant d'y pousser à l'extell-
sion de celle-ci, il convient, tout d'abord,
de hâter la construction des chemins de fer
qui sont appelés à desservir les régions inté-
ressées, de rectifier en même temps les sec-
tions déjà construites et dont la capacité de
transport apparait notoirement illSuffisallte,
enfin, d'améliorer au terminus, à la Côte
d'Ivoire et au Dahomey, ls conditions d'em-
barquement des produits, conditions qui sont
encore beaucoup trop précaires
Ce n'est donc pas avant quelques années
encore que ces deux dernières colonies pour-
ront concourir efficacement à la production
d'arachides de l'Afrique Occidentale fran-
çaise. Mais il est bon de savoir qu'elles pré-
sentent de réelles et fortes possibilités à cet
égard et que l'A. O. F. deviendra peut-
être, avec elles, le premier pays producteur
d'arachides du monde entier.
Pierre Valade,
Député du Cher,
Ancien sous-secrétaire d'Etat
à la Marine marchande.
FANTAISIE FASCISTE
00
Ln. Société des Nations, qui vient de dis-
cuter longuement l'lltilisatinn des troupes
indigènes n'avait tout de même pas prévu
que nos tirailleurs sénégalais actuellement
en Corse sont instruits en vue d'un débar-
quement en Sardaigne.
Le Tevere, journal faciste très influent,
annonce en efret ce qui suit :
Des officiers spéciaux font quotidiennement
aux Sénégalais des conférences aynnt pour
but de les exciter contre la population de la
Snrdnigne en leur faisant. espérer la répartition
de la Snrdaignc comme butin. Enfin, les offi-
ciers français sont munis de cartes de la Snr-
daigne constellées de signes conventionnels.
Etnnt donné que tes journaux italiens ne
peuvent publier rien qui ue soit approuvé
en haut lieu, on ne peut considérer cette
nouvelle que comme un poisson d'avril de
Mussolini.
M. BARTHE A FORT-DE-FRANCE
---0-0--
M. norlhe, délégué du Parlement, est
arrivé A Fort-do-France, où il doit étudier,
comme nous l'avons annoncé, le problème
du contingentement des rhums.
Après nvoir été salué par le maire, il a
élé l'objet d'une manifestation de .sympa-
thie de la part de la population entière, qui
a ainsi témoigné sa confiance dans l'arbi-
trage qu'elle attend.
L'enquête n élé immédiatement commen-
cée.
Dépêches de l'Indochine
--00---
Le Conseil du Gouvernement
La séance extraordinaire du Conseil du
gouvernement a été close jeudi soir. Au
cours de cette session, te Conseil a examiné
l'institution de tares nOtlvelles, ainsi que
les modifications à apporter au budget gé-
néral pour l'exercice en cours. Il a émis un
avis favorable à la signature du projet de
contrôle qui lui lui soumis, concernant les
services fluviaux du Cambodge et du laos.
D'autre part, il eut à se prononcer Sur les
nouvelles modalités du paiement en mon-
naie locale de la solde du personnel mili-
taire de l Indochine.
1 Illdopnciti.
RETOUR D'INDOCHINE
il bord (le qtii vient d'arriver à
A bord de /'Angkor qui vient d'arriver à
Marseille, se Irnurait M. Lacroix, secré-
taire perpétuel de l' .\rwlémie des Sciences,
qui revient du Congrès panpacifique de
Tokio.
M. lAirroix, qui était seul délégué fran-
çais parmi l.r>2 délégués anglo-saxons on
autres, rapporte la conviction, que la
France doit. sans tarder, faire le néces-
saire pour donner d VIndochine la place (Illi
lui revient dans cette organisation scienti-
fique. ---
M. ÏAicroix, en quittant le Japon, a tra-
versé la Corée, la Àlandchourie et la Chine.
Il a giujné Shanghaï par voie de mer et
s'est rendu ensuite à Macao et à Canton ;
il a enfin visité le Tonkm et l'lfulocllinç.
Il a déclaré à un (le nos confrères :
« LVffort accompli en Indochine par ic
génie français mérite d'être mieux coiuvu
en France. Je m'y emploierai de toute mon
énergie. On n réalise là-bus une (l'uyre
d'uutant plus méritoire que les médecins
et les professeurs ont aussi magnifique-
ment travaillé que kR ingénieurs et les
collons. Après tant (ruutlS, je suis hcu-
reux à mon tour (e rendre bornmago i
14-ils ceux qui ont fait de l'Indochine le plus
riche et le plus hPHll joyau de notre empire
colonial. »
Les événements de Chine
Démâfahe française
Le ministre îles Affai res étrangères a
chargé le ministre de France à Pé/iin de
protester auprès dIt gouvernement chinois
et de lui demander des réparations, à la
suite du meurtre à Xankin de deux reli-
gieux appartenant à tics missions fran-
çaises.
Le consul de France à Shanghaï (t été
chargé de faire une démarche analoguc au-
près du commandant des troupes sudistes.
Au Yunnan
On télégraphie de Birmanie à Londres
qu'un coup d'Etat « cantonais Il vient
d'avoir lieu à Yunnunfou, ccpitllic du," Yun-
nan, dans le sud-ouest de la Chine et sur
les confins du Tonliin.
Le Gouverneur de la province du l'un.
nan, bien qu'il reste nominalement à la
tète des affaires, serait tenu prisonnier en-
tre les mains de ses trois généraux, passés
au parti bolchcuiste.
Le général Chen Weiken, qui avait coo-
péré activement à une sorte d indépendance
dit Yunnan, et à de bonnes relations de
voisinage avec l'Indochine, se serait, pour
le Gouvernement du Yunnam, enfui au
Tonliin.
Les étudiants « cantonais » de Yunnan-
fou feraient de la propagande bolchevistc et
antifrançaise.
On saisira l'importance de cette nouvelle,
si on se souvient, que les relations politi-
ques et économiques du Tonkin et du Yun-
nan étaient très actives, et que la France
avait su acquérir au Yunnan un prestige
inslvniable.
A Shanghai
On dément officiellement les nouvelles
anglaises et américaines indiquant que des 1
reiicontres avec des Chinois avaient eu lieu
dana la nuit de mercredi, sur la concession
française. Actuellement, les Anglo-Améri-
cains semblent créer un mouvement qui
leur permettrait de prendre le commande-
ment de toutes les concessions.
La propagande bolchevique
L'intensification de la propagande bolelle.
vique menaçant tic provoquer de graves
événements à Tien-Tsin et à Pékin,
Tchang-So-Lin amène de nouvelles troupes
dans III région nord, où. les résidents étran-
gers, notamment les Français, craignent
des troubles sana/ants.
Les précautions des Japonais
Le Japon, a réparti des navires de guerre
entre les purts tlu Yang-Tsê, de façon It
pouvoir assurer éventuellement l'évacua-
tion de ses résidents. La majeure partie
des femmes et des enfants japonais ont
quitté Hankéou le 31 mars à destination de
Shanglllll,
Des ordres ont été, donnés pour l'envoi à
Shanghaï d'un contingent supplémentaire
de n00 soldats de marine, qui. quitteront
Yolmsuka à bord du croiseur Yaknmo
dans quelques jours.
-–
La Commission d'enquête
en Indochine ,
-o--
Le Conseil des Ministres, réuni à r Elysée
ce matin, a arrêté définitivement la composition
de la Commission chargée d'enquêter sur l'at-
tribution des concessions au Darlac.
Comme nous le laissions prévoir, M. Gas-
quet. maître dcs Requêtes au Conseil d'Etat.
ne pouvant s'embarquer présentement, a été
remplacé par M. Rlondcau, lui aussi maître
des Requêtes au Conseil d'Etat.
La Commission ainsi composée quittera
Marseille le 8 avril à bord du D'A rtagnan, des
Messageries Maritimes.
Des son arrivée à Saïgon, la Commission
prendra contact avec la Mission d'inspection
des Colonies séjournant en Indochine depuis
six mois et composée de M. Tixier, inspecteur
général des Colonies, et MM. Decieux et
Haranger, inspecteurs.
L'AVIATION COLONIALE
0
IlarseWe-Alger
Les possibilités d'avenir de cette ligne pa-
raissent du plus haut intérêt.
Cinquante millions de lettres circulent an-
nuellement entre Marseille et Alger. Si l'on
songe que l'avion effectue la traversée en
moins de six heures, un comprend qu'une
importante partie de ce courrier est destinée
à emprunter la voie aérienne pour peu que
la fréquence et la régularité du service
soient suffisantes. Ainsi une lettre, écrite à
Alger, le matin, pourra facilement être dis-
tribuée à Marseille le soir même, à Paris
dans la matinée du lendemain, à Londres
dans l'après-midi, à Berlin ou à. Copenhague
dans la soirée.
Le raid Pinedo
L'aviateur Pinedo est arrivé hier à 16 heu-
les et s'est posé sur la Canadian River à Hot
Springs (Nouveau-Mexique).
Prétoria-Le Cap
Le colonel sir Van Ryneveld, commandant
les forces aériennes de l'Afrique du Sud, a
volé hier sans escale de Pretoria au Cap
(1.600 kilomètres) en 9 heures.
oblo -
EN TRIPOLITAINE
0-0-
Des aéroplanes avaient signalé le matin
du 27 mars une concentration de rebelles,
avec tentes et bestiaux, à dix kilomètres au
sud de G«rdesabld, au delà dTnlIndgiuabi.
Un bataillon IÍlbycn, avec des partisans
montés, et une section d'artilll'ie libyenne,
de deux pièces, commandée par le com-
mandant llassi, s'est rendue de Morg à
Gprdesubiù,
Dans la matinée du 28 mars, en avan-
çant au delà d'Ummèlgluabi, le groupa
malgré une résistance croissante a pour-
suivi sa marche sur rn b ject if établi, re-
poussant les rl'ht'IIt' sur quelques kilomè-
tres, jusqu'en margti de la combe do na-
heiiba.
C'est alors que, soudaincment, se sont dé-
ployées les forces d'un nombreux adver-
saire dans uaio action violente, i laquelle
les détachements ont oppo«é une longue et
tenace résistance. Vers Il heures, devant
le danger d'un encerclement, le comman-
dant a ordonné ji ses troupes de se replier
et, dans l'après-midi, la colonne est ren-
trée iL lu redoule d'Elbid.
-00,
A Tan^ci4
M. J.-J. Fisher a été élu président dU
Tribunal do commerce.
Pour les sinistrés de Tamatave
Un grand gala aura lieu le 28 avril à
l'Opéra. Le produit de cette haute manifesta-
tion artistique, à laquelle Mme Ida Rubins*
tein donnera son concours, sera affecté aux si-
nistrés de la Grande lie.
Le Comité d'Organisation, dont M. Léon
Perrier, ministre des Colonies, a bien voulu
accepter la présidence d'honneur, élabore um
programme sans précédent.
-00.
L'expropriation à Madagascar
0 -
Un important décret, dont la publication
au Il Journal Officiel Il du 1er avril a été air
gnalée par les « Annales Coloniales » du 2,
apporte une nouvelle réglementation à
l'expropriation pour cause d'utilité publi-
que à Madagascar et dans ses dépendan-
ces. Jusqu'à présent, l'expropriation était
réglementée, dans, la Grande lie, par une
loi de la reine Ranavalo du 17 avril 1896..
complétée; par quelques dispositions de la
loi française du 3 mai 1S1L
Celte réglementation était devenue insuf-
ilsante pour les travaux de plus en plue
importants que nécessitent, d'une part,
l'équipement économique de Madagascar
et d'autre part l'aménagement des villes
de la colonie.
Il est intéressant de noter que le nou-
veau texte est une adaptation à la Grande
lie de la réglementation éprouvée et mo-
derne que constiluent., pour le Maroc, le
Dahir chérifien du 31 août 1911 t! les tex-
tes qui l'nnl modifié par la suite. Il a suffi
d'apporter à cette législation quelques mo-
difications de détails nécessitées par l'or-
ganisation judiciaire de Madagascar qui
est différente de celle du Maroc.
C'est là l'un des cas où l'expérience ac-
quise dans une colonie peut être appliquée
utilement à une autre partie de notre do-
maine d'oui ne-mer, faisant ainsi gagner
du temps et permettant de progresser -
udministrativement parlant. presque à
coup sÙr,
Le nouveau Décret substitue. :\ l'cxpro-
printion par voie administrative l'expro-
priation par décision judiciaire.
AU SIAM
Les traités commerciaux
Le traité entre le Siam, lu Belgique et
le Luxembourg a été ratifé la semaine der-
nière. Ainsi est close la série contrartés pur le Siam
Le nouveau tarif douanier est entré en
vigueur immédiatement dimanche 27 mars.
L'exemption d'usage en faveur du person-
nel est. supprimée. Les vins et bières, pas-
sent de 8 <) 12 ad valorem, les spiritueux
passent à I)ti.r
et pour automobiles ») 10 ad valorem, les
marchandises générales tir ;i 5 nd va-
lorem.
TAUX DE LA PIAsrnl
Le (louvorneur (V-iicral de l'Indechine iont
de faire connaître :ui Ministre des Colonies
qu'a la date du 3 avril t'-JT le inox officiel de la
piastre était ,ie 13 fr. 10.
PHirvATÉTvlR
Surcharges
Le 2 mars ont paru les timbres provisoires
en surcharge de ln et 20 francs, pour les co.
lonies ci-aprî>s : Haute-Volta, Mauritanie,
i Ouhanjfiii, Soudan, Tchad, Wallis.
JOMML QUOTIDIEI
-
Rédaction & Administration :
14, RM IV MHt-TMMr
PARIS 0*0
Ttlim. t IJOUVME 1M7
\, - RICHELIEU 17-S4
ies Annales Coloniales
tàt annonce• et réclamas sont reçue* au
bureau du tournai.
DIRECTEURS ; Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Les AnALES Coloniales ne publient que des arti-
cles inédits, qui sont leur propriété exclusive.
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré :
Un an 6 Mois 8 Moi.
France et
Colonies 120 » 65 » 35 »
Étranger.. 180 • 100 » 60 »
On s'abonne sans frais (tons
tous les bureau de poste.
Les importations coloniales en France
8.1
11 n'e* du de qui ne fauf en ce
moment l'objet de plu, d'études, d'articl. de
discours que celle qui consiste à rechercher
dans quelle mesure les colonies peuvent contri-
buer à la vie économique de la métropole.
M. de Warren a déposé à ce sujet un projet
qui a été analysé et commenté ici-même. D'au-
tres parlementaires ont fait des propositions
analogues. On a éveillé de grands espoirs dans
le public, qui s'est facilement imaginé que les
colonies étaient une manière de grenier d'abon-
dance où il n'y avait qu'à puiser, sans se
demander s'il s'agissait de perspectives d'ave-
nir ou des réalités présentes.
La vérité est un peu différente et j' ajouterai
même un peu moins brillante, non pas dans le
dessein de semer le découragement, mais dans
celui d'amener les personnes intéressées à faire
l'effort nécessaire et l'opinion à comprendre les
difficultés de la tâche.
Rien ne vaut, à ce point de vue, le com-
merce même bref avec les chiffres. Sans vou-
loir les solliciter, sans vouloir forcer les conclu-
sions qui se dégagent de leur examen et de la
comparaison que r on peut faire entre les uns
et les autres, on en tire quelques enseignements
et au besoin quelques règles de conduite qui
ne sont pas négligeables.
C'est ce qui arrive quand on étudie les sta-
tistiques de 1926 relatives au commerce général
de la France.
Les importations se sont élevées à 59 mil-
liards 514.725.000 francs et les exportations
à 59.534.649.000 fr. La balance commerciale,
à quelques millions près, était en équilibre,
surtout si l'on tient compte des exportations
qui ne figurent pas sur les registres de la douane
et qui doivent compenser la différence de 20
millions que nous donne la comparaison des
chiffres ci-dessus.
Une première remarque, c est que cet équi-
libre est uniquement dû au commerce entre
la France et ses colonies. Les exportation, de
la métropole dans ses possessions d' outre-mer
permettent de combler le déficit que donnaient
les exportations à l'étranger et qui était de
2.300.000.000 de francs. Les achats métropo-
litains aux colonies se sont élevés à 6.873 mil-
lions 550.000 francs et les ventes à 9.187 mil-
lions 608.000 francs, soit un solde en faveur
de la France de 2.314.058.000 francs.
Le pourcentage du commerce franco-colo-
nial dans le commerce général augmente d'an-
née en année. Mais il est cependant encore
assez faible et est loin d' atteindre celui que
r on constate dans l'empire britannique, où les
importations représentent 23 et les exporta-
tions 25 de la totalité des échanges.
Hl2H -1025 1934 HltJ
- - - -
Importations des
colonies en
Franco 11,5 10,4 10,1 0,3
Exportations de
h ranco aux
colonies. !:>,'»% 14,2% 12,7% 13,8%
Les progrès les plus grands ont été réalisés,
aux importations, en France par l'Algérie, la
Tunisie et le Maroc et à l' exportation de
France par le Maroc et l'Indo-aine.
Voici maintenant la part de chaque colonie
ou pays de protectorat dans ce mouvement
commercial.
(on milliers de francs)
Importations Exportations
on France do France
Algérie 2. <510.514» :L:U-;.21Ii
Tunisie..,., ," IiIiS. UH 886. fil; 5
Maroc 303.771» 1.200.000
Afrique Occidenta-
le Française 1.000.̃.'*>('> il!>0.410
Madagascar I(j,:)I, M2.54H>
Indochine 840.74KJ 1 .îiWi.HKi
Autres colonies 087.231 674.080
Total. 0.873.55U 0.187.608
Un calcul très simple nous montre qu' aux
importations (nous parlons par rapport à la
France, les trois possessions de l'Afrique du
Nord représentaient en 1926, 3.582.376.000
francs contre 3.295.074.000 francs pour les
autres colonies et à l'exportation 5.473.697.000
francs contre 3.713.911.000 francs pour le
reste de notre empire colonial.
Mais pour si intéressants que soient ces chif-
fres, il n'est pas mauvais de poursuivre un peu
plus loin l' analyse des statistiques.
Il n'est pas inutile en particulier de recher-
cher, en ce qui concerne les importations
c'est à ce seul aspect du problème que nous
voulons limiter nos investigations .,- la place
qu'c.cupent les différents produits que nous
envoient les colonies.
Il en est pour lesquels celles-ci sont presque
nos uniques fournisseurs, ou tout du moins, et
de beaucoup, nos principaux fournisseurs. C'est
le cas pour les phosphates, 99 des achats
totaux, de la vanille 98 %,.. du poivre 96 %,
.,, d u po i vre ', ,
des semoules et gruaux 92 %, du manioc et de
la farine de manioc 91,6 %, des vins 89 %,
du riz 86,9 %, des conserves et extraits de
viande 70 , des œufs 68,7 %, des bois
exotiques 65 %, des bestiaux 64 %, des pois-
sons frais ou salés 64 Pour cf autres le
pourcentage est beaucoup plus faible ; il n'est
que de 24 pour les céréales, de 20,5
pour le caoutchouc, de 20 pour le tabac,
de 35,6 pour les graines et les fruits oléa-
gineux. Il est encore bien inférieur lorsqu'il
s'agit du café 2,46 %, des tissus de soie
7,5 %, du coton 1,8 0;. Quelques-uns de ces
chiffres nous donnent, doivent nous donner à
réfléchir.
Il ne saurait être questicn d'ex3miner dans
le détail les principaux articles de cet impor-
tant commerce. Ce serait fastidieux et d'un
intérêt contestable. Mais il est quelques pro-
duits qui méritent une attention particulière.
Prenons quelques exemples parmi ceux que
nous devons retenir.
La progression, en ce qui concerne les con-
serves et extraits de viande est remarquable :
nos colonies nous en fournissaient 47 en 1925
et 70 en 1926. Madagascar nous en expédie
la presque totalité.
Des progrès, beaucoup plus lents, il est vrai.
sont constatés dans le commerce des laines.
Mais il faut bien reconnaitre que sur les
2.997.625 quintaux de ce produit que nous
avons, l'an dernier, demandés à l'étranger nos
colonies ne nous en ont envoyé que 225.847,
la plus grande partie 202.000 quintaux
venant de l'Algérie et du Maroc, alors que
r Afriqu Occidentale ne nous en expédiait pas
tout à fait 2.000. « On voit avec surprise, dit
le Bulletin de la Société d'Informations Econo-
miques, le chiffre de plus en plus élevé des
envois en France des laines des possessions
anglaises d'Afrique Occidentale, alors que ce
rang semblerait logiquement devoir revenir à
notre colonie ouest-africaine. »
- Même observation en ce qui concerne la soie
pour la fourniture de laquelle nos possessions ne
comptent pour ainsi dire pas. Il est juste de
remarquer qu'il existe en Indo-Chine une impor-
tante industrie de filature et de tissage.
Madagascar et l'Indo-Chine nous envoient
des quantités considérables de riz : mais la part
de Madagascar diminue légèrement. Le pour-
centage des céréales est passé de 1925 à 1926
de 13 à 24 Seulement ces progrès résul-
tent non d'une augmentation des envois, mais
de la diminution des importations générales, qui
sont tombées de 19.276.377 quintaux à 13 mil-
lions 9.736 quintaux.
Pour les légumes frais, les envois de l'Algé-
rie se sont accrus, mais moins rapidement que
ceux de l'étranger. On fait la même constata-
tion au sujet des fruits de table, des oranges,
des citrons-, des mandarines, pour lesquels la
concurrence de l'Espagne est redoutable.
L importation des graines et fruits oléagineux
a légèrement diminué en quantité. L'augmen-
tation en valeur est due essentiellement, sinon
uniquement, aux variations de notre monnaie.
Pour les arachides en cosses l'Afrique Occi-
dentale tient le premier rang, 2.886.000 quin-
taux sur une importation de 3.254.000. En
revanche sa part tombe à 68.679 quintaux pour
les arachides décortiquées sur un achat total de
2.414.647 quintaux. Dans ce chiffre l'Inde
britannique intervient pour près dt 2 millions
de quintaux.
L'examen des statistiques relatives au caout-
chouc est assez réconfortant : une progression
continue s 'affirme et elle ne saurait que se pour-
suivre si aucun accident imprévu ne vient gêner
le développement des plantations que l'on fait
en Indo-Chine.
La vente des bois exotiques donne une im-
pression semblable. Elle est passée de 47 à
58 -
La prépondérance des colonies est surtout
marquée dans les envois d'acajou et d'okoumé.
Mais il faut faire une autre constatation moins
agréable : l' exportation de nos bois coloniaux
à destination de Londres, de Liverpool, de
Hambourg, a subi de 1925 à 1926 un recul
appréciable. L'exportation à destination de ce
dernier port avait été en 1925 de 150.000 ton-
nes, elle est tombée à 85.000 en 1926. A quoi
est dû ce recul ? Nos bois coloniaux et en par-
ticulier l'okoumé continuent à être favorable-
ment appréciés en Allemagne, mais la dimi-
nution de la production en Afrique Equatoriale
Française a entraîné, naturellement, une réduc-
tion des envois en pays étrangers. Quant aux
causes de la réduction de la production, elles
ont été trop souvent exposées ici-même pour
ou on y insiste : ce sont la .pénurie de main-
d' œuvre, l'insuffisance des communications et
aussi des capitaux.
Pour ce qui est des bois communs les statis-
tiques nous apprennent que la propagande qui
a été faite en faveur de la substitution des
essences aux variétés infinies de la région con-
golaise aux bois importés de Scandinavie n'a
pas encore donné de résultats. La situation ne
s est donc pas améliorée. Elle aurait même
légèrement empiré.
On ne fait - pas de constatations très récon-
fortantes, quand on passe au coton. Il y a bien
un petit progrès, mais si petit que le pourcen-
tage du coton importé de nos colonies reste
encore infime. Certes, il convient de ne pas se
décourager. Car ce qui se passe en Algérie
et en Afrique Occidentale nous montre qu'il
ne faut pas abandonner tout espoir de ce côté.
Certes non. Mais il faut bien se persuader que
la situation ne se modifiera pas, je ne dis pas
brusquement ni même fort rapidement. Il ne
suffit pas d avoir un sol et de l' eau pour pro-
duire du coton en abondance. C'est indispen-
sable, mais ce n'est pas suffisant. Le reste,
notamment la main-d' œuvre, ne vient pas par
un coup de baguette magique.
Nous arrivons enfin aux produits minéraux.
Le tableau suivant nous donne la part de DOt
colonies et celle des pays étrangers dans l' im-
portation des phosphates.
Tunisie l.084.(j35 982.002 964.157
1926 1025 1024
Algérie 229.895 177.71)0 250.537
Maroc 178.418 121.540 106.7J7
Union Eeonom.
Helgo-Luxom-
bourgeoise 9.960 5. Wl 5.K33
Etals-lJnis » 5.807 0.525
Autres pays » 15 1
Total 1.502.017 1.21)3.710 1.3i5.850
La place qu' y occupe l'Afrique Ju Nord y
est prépondérante, sinon exclusive. Elle pour-
rait être plus grande encore au double point de
vue absolu et relatif, si certaines combinaisons
particulières ne s'opposaient ici encore et une
fois de plus à l'intérêt général : intérêt des co-
lonies et intérêt de l' agriculture métropolitaine.
Il faut espérer que les Pouvoirs publics, Gou-
vernement et Parlement, voudront bien se sou-
venir qu'ils sont les serviteurs du bien public.
Il serait possible de poursuivre cet examen.
Mais nous nous sommes laissé aller à donner
beaucoup de détails, et un écrivain anci en nous
a appris qu'il y a en tout une mesure. Obéis-
sons à ce précepte de la sagesse antique et
arrivons à conclure.
De l'examen des chiffres que nous venons de
soumettre à nos lecteurs, se dégage certaine-
ment une impression favorable. Il y a progrès
et progrès importants sur beaucoup d'articles.
Et là où l'on constate une diminution, elle est
passagère ou bien de faible degré. Cependant,
ainsi que le fait remarquer le bulletin de la
Société d tnfonnations Ecoaomique" si les pro-
duits quç la France achète aux cotonies sont
d'une importance indiscutable, « ils ne consti-
tuent pas, en valeur, la partie principale de son
commerce d'importation. Au contraire, nos pos-
sessions ne fournissent encore qu'une propor-
tion très faible ou presque nulle de certaines
matières premières les plus indispensables aux
industries métropolitaines ou denrées alimen-
taires de grande consommation, telles que co-
ton, laines, soies, bois communs, café, qui ont
représenté en 1926 dans le commerce d'impor-
tation de la France, 16 milliards et demi de
rrancsM.
Voilà un jugement sévère, mais qui pourrait
soutenir qu'il ne répond pas à la réalité ? Il y
.a. d'ailleurs, de nombreuses raisons d'esp&er
et d'avoir confiance. Mais l' amélioration de
l'économi e de la France par les colonies ne se
fera pas en quelques années. En le disant, on
ne se propose pas de décourager qui que ce
soit, on a seulement le désir de faire sentir à
nos compatriotes l'étendue de l'effort à faire.
Il est des vérités qu'il faut que l' on sache. Cela
vaut mieux que de se bercer d'illusions enfan-
tines qui vous conduisent à un optimisme béat,
décevant et infiniment dangereux.
Henry Fontanier.
- Député du Cantal
Vice-président ae ta Commission
des Colonies
Secrétaire de la C ommission
des Affaires Etrangères.
LE TOUR DE DÉPART COLONIAL
0-0-
Bien que les questions militaires n'aient
pas dans les Annules Coloniales, rang de
priorité, car les questions économiques sont
de beaucoup plus importantes aux yeux de
In majorité do' leurs lecteurs, il est tout de
même intéressant .pour les colons de sa-
voir comment ils sont protégés sur les
confins militaires.
Eh bien, ils ne le sont guère, et je pour-
rais ajouter qu'ils le sont insuffisamment.
La naix française existe sur nos confins
sahariens, mais elle peut être troublée par
les n'xxous des gens du Tatilalet, du Rio de
()l'O ou d('s puys S('HonssÍ.
Et pour remédier à cet inconvénient, le
Gouvernement. Général de l'A. O. F. a très
prudemment orgnnisé, avec ses pelotons
méharistes, un réseau de surveillance A
larges mailles que les postes de T. S. F.
complètent.
Le système d'interrenselgnements entre
l'Afrique du Nord et l'A. O. F. fonctionne
parfaitement et les quelques medjbours qui
se sont risqués iL travers les mailles du
réseau ont été rapidement éventés et faci-
lement. dispersés. Mais, actuellement, ce
système, fort bien conçu comme nous ve-
nons de le démontrer, ne peut fonctionner
faute de cadres.
Il manque 50 0/0 de l'effectif budgétaire
des lieutenants en A. O. F. Et c'est fort
difficile, dans ce cas, d'assurer l'encadre-
ment de nos pelotons de méharistes.
Lo vie des méharistes est très -dure, très
pénible, les Européens ne peuvent la me-
ner bien longtemps. Il faut donc assurer
la relève, et ce défaut d'effectif ne le per-
met pas.
C'est ce qui m'a fait consulter attenti-
vement le tour de service colonial fi la date
du 1er ovril.
Il comprend 34 lieutenants. Chiffre bien
insuffisant "pour remplacer ceux qui sont
en fin de séjour et pour combler les vides.
(Malgré de loumbles efforts, la Direction
des troupes coloniales n'y peut rien. Le
nombre de lieutenants en service dans la
métropole ne permet qu'une relève au
compte-gouttes. Il faut en avouer la cause,
« le métier ne nourrit, plus son homme ».
Les sous-officiers rengagés préfèrent rester
sous-officiers, ils y ont plus d'avantages,
et comme il faut tout de même vivre, les
candidats lieutenants se font de plus en
plus rares.
C'est donc à améliorer la situation ma-
térielle de nos cadres coloniaux qu'il faut
concentrer tous nos efforts et, au lieu de
consacrer 1 ou 2 milliards à la construc-
tion d'un transsaharien à rendement pro-
blématique, pour ceux qui connaissent, le
désert, on ferait mieux de mettre ces fonds
à la disposition des Colonies qui ont des
ressources et qui ont besoin de se proté-
ger pour faire valoir ces richesses.
Si l'ère des conquêtes coloniales est
close, il est temps de mettre tln à celle
des fumisteries coloniales.
Eugène Dévalue.
-1.0-
UN C€IITEnAIRE_ COLONIAL
Le 13 avril 1827, René Caillé, vêtu en
mendiant arabe, entrait à Tombouctou, où
il demeura une quinzaine de jours. Au lieu
de retourner au Sénégal d'où il était parti,
le premier Français qui pénétra dans la
ville mystérieuse se dirigea délibérément
vers le Nord, traversant le désert , franchis-
sant le pays des Maures hostiles, puis le
Maroc. L'exode dura trois mois. Le 7 sep-
tembre, il arrivait à Tanger. Un mois plus
tard, il débarquait à Toulon, ayant accom-
pli seul un voyage dont le récit devait sem-
bler longtemps, aux générations, plus fan-
tastique qu'un chapitre des « Mille-et-Une
Nuits ».
Quarante ans plus tard, Duveyrier était
seul aussi quand il parcourut toute la par-
tie septentrionale du désert. Et combien
d'autres encore, explorateurs militaires ou
pères blancs, jusqu'à Laperrine, jusqu'au
père de Foucault, se lancèrent de même,
seuls, sans escorte et sans armes, a travers
"ncIan de sables ! Et ce sont eux qui ont
réellement et. efficacement implanté la
civilisation française au Sahara.
Au prix de quelles souffrances et de quelle
abnégation !
Célébrer le centenaire de Hené Caillé nous
semble donc justifié et ce serait une occa-
sion de rendre hommage a tous ces Fran-
çais à qui nous devons notre bloc colonial
africain.
L'ARACHIDE
en Afrique Occidentale Française
Les derniers renseignements par-
venus de l1 Afrique Occidentale
française nous apprennent qu'il
est sorti de cette colonie, au cours de l'all-
liée 1926, un total de près de 490.000 ton-
lies de graines d'arachides.
l'année 1925, avec ses 450.000 tOllllCS.
accusait, par rapport aux années antérieures,
une augmentatioll sans précédent (120.000
tonnes environ). On la considérait comme
exceptionnelle et Von estimait que les quan-
tités susceptibles d'être exportées par la
suite ri atteindraient probablement pas de
nouveau avant longtemps un chiffre aussi
élevé. 1926 a fait mentir toutes les pré-
t'isiom: non seulement les exportations
sont aussi fortes qu'en 1925 mais elles ac-
cusent un nouvel accroissement de 40.000
tonnes! C'est tout simplement magnifique,
surtout si l'on tient compte que le chemin
de fer de Thiès à Kayes et au Niger, prin-
cipal facteur du développement actuel de
la production, continue à marcher cahin-
caha sur une bonne partie de son parcours
et que les améliorations envisagées, tant
en ce qui concerne le matériel roulant que
la voie dLf-mêmf, notamment sur la
deuxième section, sont loin d'être complè-
tement. réalisées.
Le Soudan n'est donc pas encore en me-
sure de montrer quelles possibilités il offre
pour l'extension de la culture de l'aracllidc.
Les achats de graines effectués par le com-
mera, par suite des conditions aléatoires
d'évacuation, y sont restés jusqu'à présent
très timides : c'est à peine si Von peut chif-
frer à 25.000 tonnes les quantités dirigées
sur ht côte pendant cette dernière année.
Ta presque totalité du tonnage exporté
a été fourni comme précédemment par le
Sénégal ; mais cette seule colonie est loin
d'être arrivée au maximum de sa production.
D'immenses superficies restent à mettre en
valeur. la construction amorcée de divers
embranchements aux voies ferrées existantes
permettra bientôt de nouveaux développe-
ments qu'augmenteront, en outre, l'amélio-
ration des procédés de culture et la sélection
des semences.
Il est regrettable qu'au Soudan le chemin
de fer reliant le fleuve Sénégal au Niger
riait pas suivi un tracé plus au nord. Au
lieu d être construit de bout en bout, en zone
rocheuse ou ferrugineuse, il Nit desservi
des provinces où abondent les terres légères
propices à la culture de la précicu-e graine
oléagineuse. Sans doute pourra-t-on percer
des routes qui relieront ces provinces à la
voie ferrée et les ouvriront « l'exportation.
Tes arachides obtenues par ces moyens se-
ront, néanmoins, grevées de frais de trans-
port assez élevés qui se traduiront par une
diminution correspondante des prix payés
aux cultivateurs..
Sénégal et Soudan ne sont pas les seules
colonies de VA. O. F. qui conviennent à la
production de l'arachide. Ta lIaute-Volta
et le Haut-Dahomey possèdent aussi, sur
des superficies cOIlJitlérables, des terres us-
| eeptibles d'être utilisées à cette culture.
Bien entendu, avant d'y pousser à l'extell-
sion de celle-ci, il convient, tout d'abord,
de hâter la construction des chemins de fer
qui sont appelés à desservir les régions inté-
ressées, de rectifier en même temps les sec-
tions déjà construites et dont la capacité de
transport apparait notoirement illSuffisallte,
enfin, d'améliorer au terminus, à la Côte
d'Ivoire et au Dahomey, ls conditions d'em-
barquement des produits, conditions qui sont
encore beaucoup trop précaires
Ce n'est donc pas avant quelques années
encore que ces deux dernières colonies pour-
ront concourir efficacement à la production
d'arachides de l'Afrique Occidentale fran-
çaise. Mais il est bon de savoir qu'elles pré-
sentent de réelles et fortes possibilités à cet
égard et que l'A. O. F. deviendra peut-
être, avec elles, le premier pays producteur
d'arachides du monde entier.
Pierre Valade,
Député du Cher,
Ancien sous-secrétaire d'Etat
à la Marine marchande.
FANTAISIE FASCISTE
00
Ln. Société des Nations, qui vient de dis-
cuter longuement l'lltilisatinn des troupes
indigènes n'avait tout de même pas prévu
que nos tirailleurs sénégalais actuellement
en Corse sont instruits en vue d'un débar-
quement en Sardaigne.
Le Tevere, journal faciste très influent,
annonce en efret ce qui suit :
Des officiers spéciaux font quotidiennement
aux Sénégalais des conférences aynnt pour
but de les exciter contre la population de la
Snrdnigne en leur faisant. espérer la répartition
de la Snrdaignc comme butin. Enfin, les offi-
ciers français sont munis de cartes de la Snr-
daigne constellées de signes conventionnels.
Etnnt donné que tes journaux italiens ne
peuvent publier rien qui ue soit approuvé
en haut lieu, on ne peut considérer cette
nouvelle que comme un poisson d'avril de
Mussolini.
M. BARTHE A FORT-DE-FRANCE
---0-0--
M. norlhe, délégué du Parlement, est
arrivé A Fort-do-France, où il doit étudier,
comme nous l'avons annoncé, le problème
du contingentement des rhums.
Après nvoir été salué par le maire, il a
élé l'objet d'une manifestation de .sympa-
thie de la part de la population entière, qui
a ainsi témoigné sa confiance dans l'arbi-
trage qu'elle attend.
L'enquête n élé immédiatement commen-
cée.
Dépêches de l'Indochine
--00---
Le Conseil du Gouvernement
La séance extraordinaire du Conseil du
gouvernement a été close jeudi soir. Au
cours de cette session, te Conseil a examiné
l'institution de tares nOtlvelles, ainsi que
les modifications à apporter au budget gé-
néral pour l'exercice en cours. Il a émis un
avis favorable à la signature du projet de
contrôle qui lui lui soumis, concernant les
services fluviaux du Cambodge et du laos.
D'autre part, il eut à se prononcer Sur les
nouvelles modalités du paiement en mon-
naie locale de la solde du personnel mili-
taire de l Indochine.
1 Illdopnciti.
RETOUR D'INDOCHINE
il bord (le qtii vient d'arriver à
A bord de /'Angkor qui vient d'arriver à
Marseille, se Irnurait M. Lacroix, secré-
taire perpétuel de l' .\rwlémie des Sciences,
qui revient du Congrès panpacifique de
Tokio.
M. lAirroix, qui était seul délégué fran-
çais parmi l.r>2 délégués anglo-saxons on
autres, rapporte la conviction, que la
France doit. sans tarder, faire le néces-
saire pour donner d VIndochine la place (Illi
lui revient dans cette organisation scienti-
fique. ---
M. ÏAicroix, en quittant le Japon, a tra-
versé la Corée, la Àlandchourie et la Chine.
Il a giujné Shanghaï par voie de mer et
s'est rendu ensuite à Macao et à Canton ;
il a enfin visité le Tonkm et l'lfulocllinç.
Il a déclaré à un (le nos confrères :
« LVffort accompli en Indochine par ic
génie français mérite d'être mieux coiuvu
en France. Je m'y emploierai de toute mon
énergie. On n réalise là-bus une (l'uyre
d'uutant plus méritoire que les médecins
et les professeurs ont aussi magnifique-
ment travaillé que kR ingénieurs et les
collons. Après tant (ruutlS, je suis hcu-
reux à mon tour (e rendre bornmago i
14-ils ceux qui ont fait de l'Indochine le plus
riche et le plus hPHll joyau de notre empire
colonial. »
Les événements de Chine
Démâfahe française
Le ministre îles Affai res étrangères a
chargé le ministre de France à Pé/iin de
protester auprès dIt gouvernement chinois
et de lui demander des réparations, à la
suite du meurtre à Xankin de deux reli-
gieux appartenant à tics missions fran-
çaises.
Le consul de France à Shanghaï (t été
chargé de faire une démarche analoguc au-
près du commandant des troupes sudistes.
Au Yunnan
On télégraphie de Birmanie à Londres
qu'un coup d'Etat « cantonais Il vient
d'avoir lieu à Yunnunfou, ccpitllic du," Yun-
nan, dans le sud-ouest de la Chine et sur
les confins du Tonliin.
Le Gouverneur de la province du l'un.
nan, bien qu'il reste nominalement à la
tète des affaires, serait tenu prisonnier en-
tre les mains de ses trois généraux, passés
au parti bolchcuiste.
Le général Chen Weiken, qui avait coo-
péré activement à une sorte d indépendance
dit Yunnan, et à de bonnes relations de
voisinage avec l'Indochine, se serait, pour
le Gouvernement du Yunnam, enfui au
Tonliin.
Les étudiants « cantonais » de Yunnan-
fou feraient de la propagande bolchevistc et
antifrançaise.
On saisira l'importance de cette nouvelle,
si on se souvient, que les relations politi-
ques et économiques du Tonkin et du Yun-
nan étaient très actives, et que la France
avait su acquérir au Yunnan un prestige
inslvniable.
A Shanghai
On dément officiellement les nouvelles
anglaises et américaines indiquant que des 1
reiicontres avec des Chinois avaient eu lieu
dana la nuit de mercredi, sur la concession
française. Actuellement, les Anglo-Améri-
cains semblent créer un mouvement qui
leur permettrait de prendre le commande-
ment de toutes les concessions.
La propagande bolchevique
L'intensification de la propagande bolelle.
vique menaçant tic provoquer de graves
événements à Tien-Tsin et à Pékin,
Tchang-So-Lin amène de nouvelles troupes
dans III région nord, où. les résidents étran-
gers, notamment les Français, craignent
des troubles sana/ants.
Les précautions des Japonais
Le Japon, a réparti des navires de guerre
entre les purts tlu Yang-Tsê, de façon It
pouvoir assurer éventuellement l'évacua-
tion de ses résidents. La majeure partie
des femmes et des enfants japonais ont
quitté Hankéou le 31 mars à destination de
Shanglllll,
Des ordres ont été, donnés pour l'envoi à
Shanghaï d'un contingent supplémentaire
de n00 soldats de marine, qui. quitteront
Yolmsuka à bord du croiseur Yaknmo
dans quelques jours.
-–
La Commission d'enquête
en Indochine ,
-o--
Le Conseil des Ministres, réuni à r Elysée
ce matin, a arrêté définitivement la composition
de la Commission chargée d'enquêter sur l'at-
tribution des concessions au Darlac.
Comme nous le laissions prévoir, M. Gas-
quet. maître dcs Requêtes au Conseil d'Etat.
ne pouvant s'embarquer présentement, a été
remplacé par M. Rlondcau, lui aussi maître
des Requêtes au Conseil d'Etat.
La Commission ainsi composée quittera
Marseille le 8 avril à bord du D'A rtagnan, des
Messageries Maritimes.
Des son arrivée à Saïgon, la Commission
prendra contact avec la Mission d'inspection
des Colonies séjournant en Indochine depuis
six mois et composée de M. Tixier, inspecteur
général des Colonies, et MM. Decieux et
Haranger, inspecteurs.
L'AVIATION COLONIALE
0
IlarseWe-Alger
Les possibilités d'avenir de cette ligne pa-
raissent du plus haut intérêt.
Cinquante millions de lettres circulent an-
nuellement entre Marseille et Alger. Si l'on
songe que l'avion effectue la traversée en
moins de six heures, un comprend qu'une
importante partie de ce courrier est destinée
à emprunter la voie aérienne pour peu que
la fréquence et la régularité du service
soient suffisantes. Ainsi une lettre, écrite à
Alger, le matin, pourra facilement être dis-
tribuée à Marseille le soir même, à Paris
dans la matinée du lendemain, à Londres
dans l'après-midi, à Berlin ou à. Copenhague
dans la soirée.
Le raid Pinedo
L'aviateur Pinedo est arrivé hier à 16 heu-
les et s'est posé sur la Canadian River à Hot
Springs (Nouveau-Mexique).
Prétoria-Le Cap
Le colonel sir Van Ryneveld, commandant
les forces aériennes de l'Afrique du Sud, a
volé hier sans escale de Pretoria au Cap
(1.600 kilomètres) en 9 heures.
oblo -
EN TRIPOLITAINE
0-0-
Des aéroplanes avaient signalé le matin
du 27 mars une concentration de rebelles,
avec tentes et bestiaux, à dix kilomètres au
sud de G«rdesabld, au delà dTnlIndgiuabi.
Un bataillon IÍlbycn, avec des partisans
montés, et une section d'artilll'ie libyenne,
de deux pièces, commandée par le com-
mandant llassi, s'est rendue de Morg à
Gprdesubiù,
Dans la matinée du 28 mars, en avan-
çant au delà d'Ummèlgluabi, le groupa
malgré une résistance croissante a pour-
suivi sa marche sur rn b ject if établi, re-
poussant les rl'ht'IIt' sur quelques kilomè-
tres, jusqu'en margti de la combe do na-
heiiba.
C'est alors que, soudaincment, se sont dé-
ployées les forces d'un nombreux adver-
saire dans uaio action violente, i laquelle
les détachements ont oppo«é une longue et
tenace résistance. Vers Il heures, devant
le danger d'un encerclement, le comman-
dant a ordonné ji ses troupes de se replier
et, dans l'après-midi, la colonne est ren-
trée iL lu redoule d'Elbid.
-00,
A Tan^ci4
M. J.-J. Fisher a été élu président dU
Tribunal do commerce.
Pour les sinistrés de Tamatave
Un grand gala aura lieu le 28 avril à
l'Opéra. Le produit de cette haute manifesta-
tion artistique, à laquelle Mme Ida Rubins*
tein donnera son concours, sera affecté aux si-
nistrés de la Grande lie.
Le Comité d'Organisation, dont M. Léon
Perrier, ministre des Colonies, a bien voulu
accepter la présidence d'honneur, élabore um
programme sans précédent.
-00.
L'expropriation à Madagascar
0 -
Un important décret, dont la publication
au Il Journal Officiel Il du 1er avril a été air
gnalée par les « Annales Coloniales » du 2,
apporte une nouvelle réglementation à
l'expropriation pour cause d'utilité publi-
que à Madagascar et dans ses dépendan-
ces. Jusqu'à présent, l'expropriation était
réglementée, dans, la Grande lie, par une
loi de la reine Ranavalo du 17 avril 1896..
complétée; par quelques dispositions de la
loi française du 3 mai 1S1L
Celte réglementation était devenue insuf-
ilsante pour les travaux de plus en plue
importants que nécessitent, d'une part,
l'équipement économique de Madagascar
et d'autre part l'aménagement des villes
de la colonie.
Il est intéressant de noter que le nou-
veau texte est une adaptation à la Grande
lie de la réglementation éprouvée et mo-
derne que constiluent., pour le Maroc, le
Dahir chérifien du 31 août 1911 t! les tex-
tes qui l'nnl modifié par la suite. Il a suffi
d'apporter à cette législation quelques mo-
difications de détails nécessitées par l'or-
ganisation judiciaire de Madagascar qui
est différente de celle du Maroc.
C'est là l'un des cas où l'expérience ac-
quise dans une colonie peut être appliquée
utilement à une autre partie de notre do-
maine d'oui ne-mer, faisant ainsi gagner
du temps et permettant de progresser -
udministrativement parlant. presque à
coup sÙr,
Le nouveau Décret substitue. :\ l'cxpro-
printion par voie administrative l'expro-
priation par décision judiciaire.
AU SIAM
Les traités commerciaux
Le traité entre le Siam, lu Belgique et
le Luxembourg a été ratifé la semaine der-
nière. Ainsi est close la série contrartés pur le Siam
Le nouveau tarif douanier est entré en
vigueur immédiatement dimanche 27 mars.
L'exemption d'usage en faveur du person-
nel est. supprimée. Les vins et bières, pas-
sent de 8 <) 12 ad valorem, les spiritueux
passent à I)ti.r
et pour automobiles ») 10 ad valorem, les
marchandises générales tir ;i 5 nd va-
lorem.
TAUX DE LA PIAsrnl
Le (louvorneur (V-iicral de l'Indechine iont
de faire connaître :ui Ministre des Colonies
qu'a la date du 3 avril t'-JT le inox officiel de la
piastre était ,ie 13 fr. 10.
PHirvATÉTvlR
Surcharges
Le 2 mars ont paru les timbres provisoires
en surcharge de ln et 20 francs, pour les co.
lonies ci-aprî>s : Haute-Volta, Mauritanie,
i Ouhanjfiii, Soudan, Tchad, Wallis.
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