Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-03-23
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 23 mars 1927 23 mars 1927
Description : 1927/03/23. 1927/03/23.
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64510426
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
NUMERO MENSUEL ILLUSTRE PRIX ! 10 frs MERCREDI 23 MARS 1927.
Les Annales Coloniales
:.. ;.:. JOURNAL QUOTIDIEN
LEÏ ARTICLES PUBLiÉS PAR "LES ANAL COi ONIÁLES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU "JOURNAL
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DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Miction et Adniiiiistratior, : 34, Rue du Mont-Thabor, PARIS-1" Téléphone : ïiîcHEuku'st-si
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r 1
L'ALGÉRIE EN 1027
0) 1 C-- e Il 0
-\J. mot t. ; -
Une politique d'assistance
, par M. Maurice VIOLLBTTS
Pat mi tous les p-roblèmes qui ont sollicité
mon IlttCI/Uon depuis mon arrhée, il y a
deux ans en Algérie, il y en a un qui mé-
rite tout p-articulièrement d'être retenu, c'est
l'assistance indigène.
Les Délégations Financières ont eu l'heu-
reuse pensée de constituer une commission
itUerdélégataire pour envisager l'étude de
ces questions d'assistance si essentielles et
qtti s'imposent désormais à nos préoccupa
tions.
Le a délégations ont estimé que celle com-
mission itUerdélégataire pourrait à titre con-
sultatif prendre l'avis des « techniciens de
l'assistance », et c'est pourquoi j'ai tenu à
ce que les femmes dévouées qui représentent
la grandes associations françaises de charité
et qui ont acquis ainsi une telle expérience
pratique des tfttsètcs à secourir prennent
part aux travaux de celle commission. Quant
aux représentants éntinettls du corps médical
et des services d'hygiène, ils ne pouvaient
pas être oubliés dès lors qu'il s'agit d'or-
ganiser l'assistance et de dégager des be-
soins tout autant que de créer des recettes.
Quant dit programme à envisager, il est
d'une telle ampleur qu'il ne peut êtte l'œu-
vre ni d'un budget, ni d'une législature, ni
lietti-ilire même d'une génération. Il n'est
pas inutile ceptndant de poser le problème
dans toute son importance, car même des
réalisations partielles ne peuvent être judi-
cieusement entreprises qu'en fonction du
tout : Varchitecte a le droit de n'entrepren-
dre qu'une aile, si les possibilités financières
le limitent, mais il commettta une grave
erreur s'il combine la construction immé-
diate sans avoir sous les yeux le dessin d'en-
semble de l'édifice soltlUlIté.
Qu'est-ce au surpins que l'assistancef
S'il fallait risquer hue définition, je dirais
que c'est l'ensemble de? moyens Pa,- lesquels
ut gavUtè) soucieuse de son devoir de solU
dartté, nient en aide à ceux qui, sans qru tli- IV
ait faute de leur part, n'arrivent pas par
leur moyen propre et par leur travail, à assu-
rer à leur famille la sécurité du lendemain
et la dignité de l'existence. Nous avons tolu;
présents à l'esprit le tableau que La Bruyè-
re faisait du paysan français au 170 siècle,
c'est à lui que je pensais en construisant la
définition que je viens de proposer.
Il convient maintenant de descendre dans
l'analyse et c'est de façon très délibérée
qu'en tète de ce programme, je place l'ar-
tisanat.
ARTISANAT
A"est-il pas d'évidence en effet que le pre-
mier devoir de la Société, comme aIt surplus
son intéiêt le plus certain, c'est de donner
à l'individu, homme ou femme, la possibi-
lité de tirer le profit maximum de son acti-
vité, de sa valeur, intellectuelle, de sa force
ùkysiqtie, de son adresse et de son tngénio-
M ê.
OPO" l'ai bien dit programme d'assistance, et
non pas programme d'mO/lôlte? le ne médis
pas de l'aumône, elle est un grand devoir
que toutes les religions ont proclamé et
qu'aucune morale ne peut ignorer, mais l'an
htône est obligation personnelle plus qu'obli-
gatiôn sociale. La Société suppose l'échange
des services et sans doute elle a le devoir
de garantir à l'individu le produit de son
travail bien plus, elle doit considérer que
chaque homme a droit au travail, et aussi
elle ne peut ignorer que chaque individu a
l'obligation impérieuse de donner à la collec-
tivité sa collaboration active et il s'agit soit-
lement de lui en faciliter les moyens.
C'est un fait qu'aujourd'hui, dans notre
société algériemlC, peut-être un million il
demi de femmes n'emploient au profit de
leur famille et de la société, qu'tute part in-
fime. de l'activité dont elles sont capables.
Ce n'est point mauvaise volonté de leur
part, mais ignorance du travail profitable,
absence de marchés commerciaux, grandes
distances séparant chaque centre de telle
sorte qu'on a une main-d'wuvre émiettée qui
contredit tout effort industriel, qui serait pa-
ralysé du rçste par la conception musulmane
de la famille.
Mais tout cela, ce sont des obstacles d'or-
dre social. Jamais un individu n'aura à lui
seul la possibilité de les vaincre si la société
ne lui vient pas en aide et voilà pourquoi
dans la politique indigène et spécialement
dans la politique de l'assurtmee, je donne à
l'artisanat la première place.
Ce n'est pas seulement en Algérie qu'il en
est ainsi. Franchissons les mers et prenons
l'exemple d'un pays qui, au point de vttv
économique et au point de vue religieux, est
assez comparable à l'Algérie, je veux parler
de l'Inde.
Voici une prédicatioll:
En 1898, nous avons envoyé hors de l'Inde
600 millions de roupies pour acheter des tis-
¡,'\ts, Qui sait regarder peut se rendre compte
par lui-même que la classe moyenntf est déjà
sous-nourrie et que nos petits n'ont pas assez
de lait. Pour obvier au mal, il est indispen-
sable que tout indien instruit et se rendant
compte de son devoir élémentaire, offre im-
médiatement un rouet aux femmes de son
entourage et leur procure le moyen d'ap-
prendre à filer. Sans industrie villageoise,
le paysan indien est perdu. Il ne peut vivre
du produit de la terre. Il a besoin d'une
industrie complémentaire, la plus facile, la
plus économique et la meilleure est celle du
rouet. Si j'en avais le pouvoir, je ferais
apprendre a toute femme de l'Inde à tisser
et il filer et je l'obligerais a y consacrer cha-
que jour un certain temps et je commence-
rais par les « écoles ».
Ailleurs :
L'Inde en tant que nation ne saurait vi-
vre et mourir que pour le rouet. Le rétablir
est l'unique moyen de nourrir des milliers de
boucluj's. L'Inde cet un vaste continent qu'il
est impossible de convertir comme l'Angle-
terre en pays industriel. Notre seule plan-
che .ttc salut consiste à employer les heures
perdues de la nation a convertir notre coton
en tissus pour nos chaumières. Les musul-
mans lui accordent une place aussi impor-
tante que les Hindous. Le rouet est par con-
séquent aussi nécessaire à l'existence indien-
ne que l'air et l'eau.
Dernière citatiolt :
Je prétends qu'én perdant notre rouet,
nous avons perdu un de nos poumons et que
nous souffrons de phtisie galopante, La tes-
tauration du rouet arrêtera le progrès de
cette cruelle maladie. C'est vers le rouet que
sous le climat indien, tous doivent tourner
les yeux, pendant la période de transition,
tout au moins.
Heureusement la situation économique de
nos populations indigènes est loin d'être
comparable à celle des populations de l'Inde,
et je ne parle pas bien entendu de celles qui,
au contact des européens, ont des possibili-
tés de travail de nature à assurer leur exis-
tcltee, Mais en mettant les choses à l'échelle,
il faut reconnaître que dans ces immenses
étendues que sont les communes mixtes, la
politique du rouet est aussi une condition
de salut. le prends d'ailleurs Vexpression
dans son sens symbolique, car le métier fa-
milial qu'on adoptera m'importe peu, pourvu
qu il soit.
Je n'intègre d'aillcurs cette question dans
cet exposé que pour être complet. Une Com-
mission de l'artisanal est constituée. J'ai fait
large appel aux commerçants qui m'ont en-
tendu; à travers des difficultés considérables
mon administration poursuit ses efforts. Si
j'évoqite ici le problème, c'est pour établir
d'une façon fondamentale ces deux principes
essentiels que le travail est à la base de l as-
sistance, et que le moyen le plus effectif de
développer la prospérité d'une famille c'est
de lui donner des possibilités de trflvailler,
ECOLES ET CANTINES SCOLAIRES
Je n'hésite pas davantage à classer les éco-
les parmi les institutions qui doivent nous
préoccuper de toute urgence, école pour les
filles comme pour les garçons.
Il y a encore quelques esprits, de plus en
plus rares heureusement, qui considèrent
l'école comme un luxe; c'est au contraire
l'apprentissage premier et nécessaire. Mais
je sais très bien qu'en disant cela, je donne
un tour particulier à cette école. Je n'en fais
pas un établissement où se distribue un ept-
seignement purement livresque. Cette école,
je lui demande tout à la fois de dégrossir
le cerveau et de façonner la main, Cela n'ex-
clut pas bien entendu les autres types d'en-
seignement, mais cela suppose Pour la très
grande masse cette éducation professionnelle
que l'on aura tant de peine à donner hors de
l'école et qu'il est si facile au contraire de
distribuer quand l'enfant, à raison de son
dge, n'est encore sollicité par aucune autre
ohligatiOll.
- - le reconnais avec joie que notre nlSciglle.
ment des indigènes s'inspire déjà largement
de ces idées de bons sens et je rends pleine
justice à mes prédécesseurs et aux assemblées
algériennes pour l'effort déjà réalisé. Mais
la tâche est immense et nos moyens sont bien
réduits.
C'est dit reste un problème que les com-
missions compétentes des Délégations suivent
avec autant d'attention que moi-même; c'est
une de ces ailes de l'édifice dont je parlais
et s'il ne peut entrer dans les préoccupations-
de la commission interdélégataire. il faut
cependant le considérer pour avoir une vue
d'ensemble.
La question des cantines scolaires est iii-
séparable dit problème scolaire surtout dans
les campagnes où de grands parcours sont
M. Maurice VlOLLETTE
Gouverneur Général de l'Algérie
imposés aux enfants, et ici la commission
redevient compétente.
L'expérience prouve du reste qu'avec une
somme relativement minime on peut faire
fonctionner d'une façon régulière un service
que déjà quelques communes ont tenu à faire
fonctionner.
Avec 30 centimes -par cn/ant, même
à Alger, on peut assurer à l'enfant un repas
nourrissant et substantiel. Si la Colonie ins-
crivait à son budget environ 800.000 francs,
ce serait déjà une subvention de -plus de dix
à douze centimes par jour de scolarité. Si
chaque département votait 250.000 francs
pour le même objet, il ne resterait donc plus
que cinq ou six centimes à la charge des
communes qui. pourraient pour une large part
être obtenus par des collectes particulières.
L'effort n'est donc pas très considérable et
fl est de nature a donner des résultats extrê-
mement importants.
Quant à Vornvre du vêtement des enfants
d'âge scolaire, je viens d'augmenter assez
sensiblement le droit des fêtes « Eurs » pour
arriver à dégager les ressources qui permet-
tront d'aider efficacement les familles pau-
vres dans l'habillement de leurs enfants.
L4. DEFENSE CONTRE LÀ MALADIE
Ai lis rien ite sert de former des individus
ayant valeur économique, si on ne peut pas
les défendre contre la maladie, qui les dimi-
nue quand elle ne les détruit pas.
Sans doute il n'est pas au pouvoir de la
société de relever personne de la conséquence
des faiblesses naturelles de son propre orga-
nisme, de ses imprudences, de ce lettt travail
de désorganisation qui a son terme fatal dans
la mort, mais comme il ne dépend, pas de
l'individu d'avoir un médecin attaché à sa
personne, et que par ailleurs le praticien
lui-même, obligé de penser à se. famille, a
le devoir de réclamer des conditions d'instal-
lation et de. rémunération qui exigent une
intervention particulière, c'est de toute né-
cessité qu'il appartient à l'Etat d'aviser.
Rappelons ici que nous avons jusqu'à
présent résolu ce problème avec - des médecins
de colonisation mal payes et qui dès lors ne
sont suffisants ni en nombre ni en activité.
Grâce à la réglementation toute récente,
dans tous les centres ruraux deshérités, nous
pourrons avoir des médecins de colonisation
recrutés au concours. Les médecins sont
eux-mêmes secondés par mi corps d'auxiliai-
res médicaux indigènes et aussi par un corps
d'infirmières visiteuses qui date de six mois
à peine, mais qui commence à rendre des
services signalés,
Notre situation est telle à cet égard que
vovei le télégramme que j'ai reçu naguère du
Préfet de Constantinc:
cc "otts confirme lettre nO 127 du 26 jan-
cc vicr 1927 vous informant situation déplo-
« rable llcrbillon point de vue médical.
« Venons avoir décès enfant trois ans,
« suite épidémie oreillons en recrudescence
cc plusieurs autres maladc graves sans soins
« sérieux demande envoi immédiat intérimai-
'< re en attendant désignation titulaire poste
« médecin colonisation ».
Un autre télégramme me faisait savoir:
« Poste médecin colonisation Penthièvre,
« extrêmement délaissé depuis 15 novembre.
« Administrés malades obligés aller Hôpital
« Bône. Grosse dépense pour budget com-
-t munal ainsi que pour particuliers. Popu-
« lations européennes et indigènes réclament
« docteur d'urgcnce. »
Il en était ainsi à Uzès-le-Duc et à Bedeau.
Et le malheur est que je ne trouve aucun
docteur et que dans le passé on ait trop perdu
.de vue l'importance capitale des soins médi-
caux au point de- vue des indigènes et au
Point de vue de la colonisation elle-même.
S'il en est ainsi des centres européens, l'on
imagine ce que peut être la situation dans les
communes mixtes.
Il faut encore souligner que le praticien
est obligé de recourir a des remèdes et alors
se pose la question des médicamcnts. Elle
aussi n'a été jusqu'à présent envisagée que
d'une façon empirique et c'est certainement
une des plus importantes à résoudre.
En dehors d'un approvisionnement co-pteux
des formations hospitalières et des hôpitaux
auxiliaires, j'èlwisllge d'abord le dépôt de
boites de secours du modèle de celle des mai-
sons forestières, partout où elles pourront
être utilement placées, mairies, écoles, mat-
tons de commandement et cites tous les caïds
suffisamment instruits pour pouvoir avoir le
tens exact des dépôts (fui leur seront remis.
J'ai déjà dtmuJlldé, à cet effet, des rensei-
gnements très précis aux préfets. J'envisage
même le dépôt de telles caisses chez toutes
les personnes qualifiées qui le demanderaient,
De la sorte nous pourrions mettre le médicll-
ment essentiel et urgent à la disposition de
nos colons et de nos indigènes. j'ai demandé
l'examen d'un premier 'Cftldit pour la cons-
titution de ce matériel et son réapprovision-
nement. La composition de chaque caisse sera
déterminée par une commission compétente.
Les formations hospitalières ne sont pas
moins indispensables que les médicaments ;
européens et indigènes sont fondés à désirer
tioitver à une distance raisonnable le moyen
de soigner les maladies qui exigent la pré-
sence du malade sous la main 1(4 médecin.
C'est dans cette pensée que j'ai transformé
les infirmeries indigcties en hôpitaux auxi-
liaires oit les européens pourront être admis.
fe viens de reprendre Ú plan type de ces
formations cet vue de celle destination et je
n'y ai oublié ni la salle d'opérations, ni une
maternité. L'ef fort à cet égard est considértl-
ble ; il n'est, pas douteux cependant qu'il est
indispensable de précipiter le rythme qui
permettra la réalisation.
Les formations hospitalières supérieures
sont, elles aussi, à considérer, mais leur Olt.
tillage demande à être révisé dans bien des
cas et notamment, au point de vue chirurgi-
cal.
Il faut envisager également la liaison entre
ces hôpitaux.
Je ne parle pas des installations destinées
à abriter les fous dont certaines méritent la
qualification la plus sévère à ce point que
je suis décidé à appliquer les crédits dispo-
nibles à la construction de l'asile de Blida.
Malheureusement dans toits les grands hô-
pitaux le prix de journée atteint des taux
invraisemblables qui mettent en fâcheuse
Posture les budgets communaux. J'avais bien
envisagé de résoudre le problème en deman-
dant aux Délégations de prendre à la charge
de la Colonie la plus grande partie des dé-
penses d'hospitalisation, sauf à reprendre
une partie correspondante de l'octroi de mer.
Mais je me suis rendu compte que si la refor-
me serait avantageuse pour les villes, elie
serait très fâcheuse pour les autres commu-
nes et je considère qu'il faut. abandonner
complètement l'idée, La commission inter-
délégataire aura à se saisir du problème,
mais je crois que c'est par la généralisation
des hôpitaux auxiliaires que nous pourrons
efficacement lutter contre ces dépenses très
inquiétantes pour les communes et pour la
colonie. 1
L'Assistance est d'ailleurs à la veille de
recueillir les hôpitaux militaires. Je crois qu'il
ne faut pas hésiter à les utiliser, mais j'ai eu
l'occasion de faire savoir à l'autoritè mili-
taire qu'il ne pouvait être question pour la
colonie d'acheter ces hôpitaux, tout ait plus
de les louer un franc par aei, réparations
d'entretien et grosses réparations à la charge
de la colonie. Mais il sera illdisprllsablr.
que le 'Ministère de la Guerre accepte une
formule équitable pour le calcul du prix de
journée @ des nombreux militaires que nous
aurons à recevoir, car à continuér le régime
actuel, l'exploitation deviendrait ruineuse,
par suite du prix de journée ridicule con-
senti par la Direction uéuérale du Service
de Santé. Nous ne pouvons pas continuer ci
discuter chaque année pendant des mots pour
obtenir pour les journées militaires un rele-
vement de 25 ou de 30 cCllltmes, alors sur-
tout que le mime ministère de la guerre pré-
tend nous imposer sans discussion possible
des prix de journée de 16 à 17 francs pour
les civils admis dans les hôpitaux militaires,
et cela même dans les hôpitaux où le prix de
revient réel n'est que de 9 à 10 francs, bi le
ministère de la guerre, pour établir le prix
de journées des civils dans ses hôPitaux, per-
siste à réclamer le droit de faire masse des
dépenses de tous ses hôpitaux, nous récla-
mons ce même droit. Je n'ai pas besoin de
dire. ce qu'a de pénible une telle controverse
et je crois qu'il y a lieu purement et simple-
ment d'adopter le barème établi par la loi de
1921.
Il y el, cn/ill, une autre catégorie de mala-
dies qui, elles, relèvent plus spécialement CIl-
core de l'activité sociale, ce sont les maladtes
contagieuses : la peste, le typhus, la variole,
le paludisme, la tuberculose, la syphilis, le
trachome. Ces maladies, dans une large
mesure, il appartient à la société sinon de les
faire complètement dtSparattre, du moins de
lutter contre elles de telle sorte que les
chances de contagion deviennent de plus en
plus réduites.
Je t'iells de prescrire aux préfets d'utiliser
toutes les formations hospitalières et spécia-
lement les hôpitaux auxiliaires pour multi-
plier les centres de lutte contre ces maladies.
l'ar ailleurs, j attends de bons résultats
des instructions que j'ai données pour les
vaccinations intensives et aussi pour dépister,
lors des conseils de révision, tous les cons-
crits indigènes qui ont besoin d'être soignés.
Les consultations de nourrissons qui vien-
nent d'être instituées permettent déjà de
dépister ces maladies chez les mères et les
enfants et de leur donner des conseils pré-
cieux.
fe n'ai pas besoilt. de signaler que l'inspec-
tion médicale des écoles rendra encore pour
ce travail de dépistage les plus grands servi-
ces. Dans mon arrêté sur les médecins de colo-
nisation des centres ruraux, je les ai chargés
expressément de ces visites auxquelles j'atta-
che une importance essentielle.
Mais persuadons-nous bien qu'il nous fau-
t/rll envisager aussi des formations spéciales.
Nous ne pouvons plus, par exem ple, laisser
les grandes villes sans hôpitaux d'enfants.
Nous n'avons pas davantage le droit de
différer l'installation dans les hôpitaux, an
tltl't'illolls spéciaux pour les tuberculeux, et
en attendant je prescris de leur réserver par,
tout où c'est possible des salles spéciales.
La question du sanatorium reste ouverte.
Grâce ce pendant à l'attribution généreuse
d'un terrain qui par dit acce pté par les méde-
cins et grâce Illl concours déjà promis de
la Société des Combattants au .1 larve, clic
parait entrer dans une nouvelle voie el le
docteur Bachon qui me tient au courant, m'a
fait savoir que nous allions arriver à la réa.
liStllio nbra t inne.
- J. J. *
Pour la syphilis, deux laboratoires sont
envisagés : un à Alger ci un à Uran, j'ai
demandé au Ministère de vouloir bien les
prendre à sa charge, ils doivent devenir à
la fois centre de recherches pour les formes
(a h h es les fori)ies
spéciales à l'Afrique du Nord et centre de
renseignements pour rios médecins de colo.
nisation. Je suis par Paris d'une pre-
mière subvention de 40.000 francs pour celui
d.'Oran et de l'envoi de 40.000 doses de médi-
camonts.
Il me parait du reste nécessaire que, pour
se tenir au courant de la thérapeutique de
toutes ces maladies et des méthodes de pro-
phylaxie qui, grâce aux progrès de la scien-
ce, se modifient tous les jours, des stages obli-
gatoires soient imposés à Alger aux médecins
de colonisation. Je demanderai aux Déléga-
tions un petit crédit à cet effet.
Comme on voit, je suis souvent obligé
de parler au futur: 'C'est que malheureu-
sement du point de vue défense contre la ma-
ladie, nous sommes bien en retard. Aussi les
doléances sont vives à cet égard, tant parmi
les colons que parmi les indigènes et il ne
faut pas hésiter à dire qu'elles sont justi-
ffic.
FAMILLES NOMBREUSES
C'est une vérité qui n'est fins contestée
que les familles" nombreuses foui la fora
d'une nation. En Algérie spécialement, les
familles nombreuses méritent tous iios en-
* ,"
Alger. - L'Amirauté et la Dlllt Alger. - L'Amirauté et la Darse
Les Annales Coloniales
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deux ans en Algérie, il y en a un qui mé-
rite tout p-articulièrement d'être retenu, c'est
l'assistance indigène.
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itUerdélégataire pour envisager l'étude de
ces questions d'assistance si essentielles et
qtti s'imposent désormais à nos préoccupa
tions.
Le a délégations ont estimé que celle com-
mission itUerdélégataire pourrait à titre con-
sultatif prendre l'avis des « techniciens de
l'assistance », et c'est pourquoi j'ai tenu à
ce que les femmes dévouées qui représentent
la grandes associations françaises de charité
et qui ont acquis ainsi une telle expérience
pratique des tfttsètcs à secourir prennent
part aux travaux de celle commission. Quant
aux représentants éntinettls du corps médical
et des services d'hygiène, ils ne pouvaient
pas être oubliés dès lors qu'il s'agit d'or-
ganiser l'assistance et de dégager des be-
soins tout autant que de créer des recettes.
Quant dit programme à envisager, il est
d'une telle ampleur qu'il ne peut êtte l'œu-
vre ni d'un budget, ni d'une législature, ni
lietti-ilire même d'une génération. Il n'est
pas inutile ceptndant de poser le problème
dans toute son importance, car même des
réalisations partielles ne peuvent être judi-
cieusement entreprises qu'en fonction du
tout : Varchitecte a le droit de n'entrepren-
dre qu'une aile, si les possibilités financières
le limitent, mais il commettta une grave
erreur s'il combine la construction immé-
diate sans avoir sous les yeux le dessin d'en-
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Qu'est-ce au surpins que l'assistancef
S'il fallait risquer hue définition, je dirais
que c'est l'ensemble de? moyens Pa,- lesquels
ut gavUtè) soucieuse de son devoir de solU
dartté, nient en aide à ceux qui, sans qru tli- IV
ait faute de leur part, n'arrivent pas par
leur moyen propre et par leur travail, à assu-
rer à leur famille la sécurité du lendemain
et la dignité de l'existence. Nous avons tolu;
présents à l'esprit le tableau que La Bruyè-
re faisait du paysan français au 170 siècle,
c'est à lui que je pensais en construisant la
définition que je viens de proposer.
Il convient maintenant de descendre dans
l'analyse et c'est de façon très délibérée
qu'en tète de ce programme, je place l'ar-
tisanat.
ARTISANAT
A"est-il pas d'évidence en effet que le pre-
mier devoir de la Société, comme aIt surplus
son intéiêt le plus certain, c'est de donner
à l'individu, homme ou femme, la possibi-
lité de tirer le profit maximum de son acti-
vité, de sa valeur, intellectuelle, de sa force
ùkysiqtie, de son adresse et de son tngénio-
M ê.
OPO" l'ai bien dit programme d'assistance, et
non pas programme d'mO/lôlte? le ne médis
pas de l'aumône, elle est un grand devoir
que toutes les religions ont proclamé et
qu'aucune morale ne peut ignorer, mais l'an
htône est obligation personnelle plus qu'obli-
gatiôn sociale. La Société suppose l'échange
des services et sans doute elle a le devoir
de garantir à l'individu le produit de son
travail bien plus, elle doit considérer que
chaque homme a droit au travail, et aussi
elle ne peut ignorer que chaque individu a
l'obligation impérieuse de donner à la collec-
tivité sa collaboration active et il s'agit soit-
lement de lui en faciliter les moyens.
C'est un fait qu'aujourd'hui, dans notre
société algériemlC, peut-être un million il
demi de femmes n'emploient au profit de
leur famille et de la société, qu'tute part in-
fime. de l'activité dont elles sont capables.
Ce n'est point mauvaise volonté de leur
part, mais ignorance du travail profitable,
absence de marchés commerciaux, grandes
distances séparant chaque centre de telle
sorte qu'on a une main-d'wuvre émiettée qui
contredit tout effort industriel, qui serait pa-
ralysé du rçste par la conception musulmane
de la famille.
Mais tout cela, ce sont des obstacles d'or-
dre social. Jamais un individu n'aura à lui
seul la possibilité de les vaincre si la société
ne lui vient pas en aide et voilà pourquoi
dans la politique indigène et spécialement
dans la politique de l'assurtmee, je donne à
l'artisanat la première place.
Ce n'est pas seulement en Algérie qu'il en
est ainsi. Franchissons les mers et prenons
l'exemple d'un pays qui, au point de vttv
économique et au point de vue religieux, est
assez comparable à l'Algérie, je veux parler
de l'Inde.
Voici une prédicatioll:
En 1898, nous avons envoyé hors de l'Inde
600 millions de roupies pour acheter des tis-
¡,'\ts, Qui sait regarder peut se rendre compte
par lui-même que la classe moyenntf est déjà
sous-nourrie et que nos petits n'ont pas assez
de lait. Pour obvier au mal, il est indispen-
sable que tout indien instruit et se rendant
compte de son devoir élémentaire, offre im-
médiatement un rouet aux femmes de son
entourage et leur procure le moyen d'ap-
prendre à filer. Sans industrie villageoise,
le paysan indien est perdu. Il ne peut vivre
du produit de la terre. Il a besoin d'une
industrie complémentaire, la plus facile, la
plus économique et la meilleure est celle du
rouet. Si j'en avais le pouvoir, je ferais
apprendre a toute femme de l'Inde à tisser
et il filer et je l'obligerais a y consacrer cha-
que jour un certain temps et je commence-
rais par les « écoles ».
Ailleurs :
L'Inde en tant que nation ne saurait vi-
vre et mourir que pour le rouet. Le rétablir
est l'unique moyen de nourrir des milliers de
boucluj's. L'Inde cet un vaste continent qu'il
est impossible de convertir comme l'Angle-
terre en pays industriel. Notre seule plan-
che .ttc salut consiste à employer les heures
perdues de la nation a convertir notre coton
en tissus pour nos chaumières. Les musul-
mans lui accordent une place aussi impor-
tante que les Hindous. Le rouet est par con-
séquent aussi nécessaire à l'existence indien-
ne que l'air et l'eau.
Dernière citatiolt :
Je prétends qu'én perdant notre rouet,
nous avons perdu un de nos poumons et que
nous souffrons de phtisie galopante, La tes-
tauration du rouet arrêtera le progrès de
cette cruelle maladie. C'est vers le rouet que
sous le climat indien, tous doivent tourner
les yeux, pendant la période de transition,
tout au moins.
Heureusement la situation économique de
nos populations indigènes est loin d'être
comparable à celle des populations de l'Inde,
et je ne parle pas bien entendu de celles qui,
au contact des européens, ont des possibili-
tés de travail de nature à assurer leur exis-
tcltee, Mais en mettant les choses à l'échelle,
il faut reconnaître que dans ces immenses
étendues que sont les communes mixtes, la
politique du rouet est aussi une condition
de salut. le prends d'ailleurs Vexpression
dans son sens symbolique, car le métier fa-
milial qu'on adoptera m'importe peu, pourvu
qu il soit.
Je n'intègre d'aillcurs cette question dans
cet exposé que pour être complet. Une Com-
mission de l'artisanal est constituée. J'ai fait
large appel aux commerçants qui m'ont en-
tendu; à travers des difficultés considérables
mon administration poursuit ses efforts. Si
j'évoqite ici le problème, c'est pour établir
d'une façon fondamentale ces deux principes
essentiels que le travail est à la base de l as-
sistance, et que le moyen le plus effectif de
développer la prospérité d'une famille c'est
de lui donner des possibilités de trflvailler,
ECOLES ET CANTINES SCOLAIRES
Je n'hésite pas davantage à classer les éco-
les parmi les institutions qui doivent nous
préoccuper de toute urgence, école pour les
filles comme pour les garçons.
Il y a encore quelques esprits, de plus en
plus rares heureusement, qui considèrent
l'école comme un luxe; c'est au contraire
l'apprentissage premier et nécessaire. Mais
je sais très bien qu'en disant cela, je donne
un tour particulier à cette école. Je n'en fais
pas un établissement où se distribue un ept-
seignement purement livresque. Cette école,
je lui demande tout à la fois de dégrossir
le cerveau et de façonner la main, Cela n'ex-
clut pas bien entendu les autres types d'en-
seignement, mais cela suppose Pour la très
grande masse cette éducation professionnelle
que l'on aura tant de peine à donner hors de
l'école et qu'il est si facile au contraire de
distribuer quand l'enfant, à raison de son
dge, n'est encore sollicité par aucune autre
ohligatiOll.
- - le reconnais avec joie que notre nlSciglle.
ment des indigènes s'inspire déjà largement
de ces idées de bons sens et je rends pleine
justice à mes prédécesseurs et aux assemblées
algériennes pour l'effort déjà réalisé. Mais
la tâche est immense et nos moyens sont bien
réduits.
C'est dit reste un problème que les com-
missions compétentes des Délégations suivent
avec autant d'attention que moi-même; c'est
une de ces ailes de l'édifice dont je parlais
et s'il ne peut entrer dans les préoccupations-
de la commission interdélégataire. il faut
cependant le considérer pour avoir une vue
d'ensemble.
La question des cantines scolaires est iii-
séparable dit problème scolaire surtout dans
les campagnes où de grands parcours sont
M. Maurice VlOLLETTE
Gouverneur Général de l'Algérie
imposés aux enfants, et ici la commission
redevient compétente.
L'expérience prouve du reste qu'avec une
somme relativement minime on peut faire
fonctionner d'une façon régulière un service
que déjà quelques communes ont tenu à faire
fonctionner.
Avec 30 centimes -par cn/ant, même
à Alger, on peut assurer à l'enfant un repas
nourrissant et substantiel. Si la Colonie ins-
crivait à son budget environ 800.000 francs,
ce serait déjà une subvention de -plus de dix
à douze centimes par jour de scolarité. Si
chaque département votait 250.000 francs
pour le même objet, il ne resterait donc plus
que cinq ou six centimes à la charge des
communes qui. pourraient pour une large part
être obtenus par des collectes particulières.
L'effort n'est donc pas très considérable et
fl est de nature a donner des résultats extrê-
mement importants.
Quant à Vornvre du vêtement des enfants
d'âge scolaire, je viens d'augmenter assez
sensiblement le droit des fêtes « Eurs » pour
arriver à dégager les ressources qui permet-
tront d'aider efficacement les familles pau-
vres dans l'habillement de leurs enfants.
L4. DEFENSE CONTRE LÀ MALADIE
Ai lis rien ite sert de former des individus
ayant valeur économique, si on ne peut pas
les défendre contre la maladie, qui les dimi-
nue quand elle ne les détruit pas.
Sans doute il n'est pas au pouvoir de la
société de relever personne de la conséquence
des faiblesses naturelles de son propre orga-
nisme, de ses imprudences, de ce lettt travail
de désorganisation qui a son terme fatal dans
la mort, mais comme il ne dépend, pas de
l'individu d'avoir un médecin attaché à sa
personne, et que par ailleurs le praticien
lui-même, obligé de penser à se. famille, a
le devoir de réclamer des conditions d'instal-
lation et de. rémunération qui exigent une
intervention particulière, c'est de toute né-
cessité qu'il appartient à l'Etat d'aviser.
Rappelons ici que nous avons jusqu'à
présent résolu ce problème avec - des médecins
de colonisation mal payes et qui dès lors ne
sont suffisants ni en nombre ni en activité.
Grâce à la réglementation toute récente,
dans tous les centres ruraux deshérités, nous
pourrons avoir des médecins de colonisation
recrutés au concours. Les médecins sont
eux-mêmes secondés par mi corps d'auxiliai-
res médicaux indigènes et aussi par un corps
d'infirmières visiteuses qui date de six mois
à peine, mais qui commence à rendre des
services signalés,
Notre situation est telle à cet égard que
vovei le télégramme que j'ai reçu naguère du
Préfet de Constantinc:
cc "otts confirme lettre nO 127 du 26 jan-
cc vicr 1927 vous informant situation déplo-
« rable llcrbillon point de vue médical.
« Venons avoir décès enfant trois ans,
« suite épidémie oreillons en recrudescence
cc plusieurs autres maladc graves sans soins
« sérieux demande envoi immédiat intérimai-
'< re en attendant désignation titulaire poste
« médecin colonisation ».
Un autre télégramme me faisait savoir:
« Poste médecin colonisation Penthièvre,
« extrêmement délaissé depuis 15 novembre.
« Administrés malades obligés aller Hôpital
« Bône. Grosse dépense pour budget com-
-t munal ainsi que pour particuliers. Popu-
« lations européennes et indigènes réclament
« docteur d'urgcnce. »
Il en était ainsi à Uzès-le-Duc et à Bedeau.
Et le malheur est que je ne trouve aucun
docteur et que dans le passé on ait trop perdu
.de vue l'importance capitale des soins médi-
caux au point de- vue des indigènes et au
Point de vue de la colonisation elle-même.
S'il en est ainsi des centres européens, l'on
imagine ce que peut être la situation dans les
communes mixtes.
Il faut encore souligner que le praticien
est obligé de recourir a des remèdes et alors
se pose la question des médicamcnts. Elle
aussi n'a été jusqu'à présent envisagée que
d'une façon empirique et c'est certainement
une des plus importantes à résoudre.
En dehors d'un approvisionnement co-pteux
des formations hospitalières et des hôpitaux
auxiliaires, j'èlwisllge d'abord le dépôt de
boites de secours du modèle de celle des mai-
sons forestières, partout où elles pourront
être utilement placées, mairies, écoles, mat-
tons de commandement et cites tous les caïds
suffisamment instruits pour pouvoir avoir le
tens exact des dépôts (fui leur seront remis.
J'ai déjà dtmuJlldé, à cet effet, des rensei-
gnements très précis aux préfets. J'envisage
même le dépôt de telles caisses chez toutes
les personnes qualifiées qui le demanderaient,
De la sorte nous pourrions mettre le médicll-
ment essentiel et urgent à la disposition de
nos colons et de nos indigènes. j'ai demandé
l'examen d'un premier 'Cftldit pour la cons-
titution de ce matériel et son réapprovision-
nement. La composition de chaque caisse sera
déterminée par une commission compétente.
Les formations hospitalières ne sont pas
moins indispensables que les médicaments ;
européens et indigènes sont fondés à désirer
tioitver à une distance raisonnable le moyen
de soigner les maladies qui exigent la pré-
sence du malade sous la main 1(4 médecin.
C'est dans cette pensée que j'ai transformé
les infirmeries indigcties en hôpitaux auxi-
liaires oit les européens pourront être admis.
fe viens de reprendre Ú plan type de ces
formations cet vue de celle destination et je
n'y ai oublié ni la salle d'opérations, ni une
maternité. L'ef fort à cet égard est considértl-
ble ; il n'est, pas douteux cependant qu'il est
indispensable de précipiter le rythme qui
permettra la réalisation.
Les formations hospitalières supérieures
sont, elles aussi, à considérer, mais leur Olt.
tillage demande à être révisé dans bien des
cas et notamment, au point de vue chirurgi-
cal.
Il faut envisager également la liaison entre
ces hôpitaux.
Je ne parle pas des installations destinées
à abriter les fous dont certaines méritent la
qualification la plus sévère à ce point que
je suis décidé à appliquer les crédits dispo-
nibles à la construction de l'asile de Blida.
Malheureusement dans toits les grands hô-
pitaux le prix de journée atteint des taux
invraisemblables qui mettent en fâcheuse
Posture les budgets communaux. J'avais bien
envisagé de résoudre le problème en deman-
dant aux Délégations de prendre à la charge
de la Colonie la plus grande partie des dé-
penses d'hospitalisation, sauf à reprendre
une partie correspondante de l'octroi de mer.
Mais je me suis rendu compte que si la refor-
me serait avantageuse pour les villes, elie
serait très fâcheuse pour les autres commu-
nes et je considère qu'il faut. abandonner
complètement l'idée, La commission inter-
délégataire aura à se saisir du problème,
mais je crois que c'est par la généralisation
des hôpitaux auxiliaires que nous pourrons
efficacement lutter contre ces dépenses très
inquiétantes pour les communes et pour la
colonie. 1
L'Assistance est d'ailleurs à la veille de
recueillir les hôpitaux militaires. Je crois qu'il
ne faut pas hésiter à les utiliser, mais j'ai eu
l'occasion de faire savoir à l'autoritè mili-
taire qu'il ne pouvait être question pour la
colonie d'acheter ces hôpitaux, tout ait plus
de les louer un franc par aei, réparations
d'entretien et grosses réparations à la charge
de la colonie. Mais il sera illdisprllsablr.
que le 'Ministère de la Guerre accepte une
formule équitable pour le calcul du prix de
journée @ des nombreux militaires que nous
aurons à recevoir, car à continuér le régime
actuel, l'exploitation deviendrait ruineuse,
par suite du prix de journée ridicule con-
senti par la Direction uéuérale du Service
de Santé. Nous ne pouvons pas continuer ci
discuter chaque année pendant des mots pour
obtenir pour les journées militaires un rele-
vement de 25 ou de 30 cCllltmes, alors sur-
tout que le mime ministère de la guerre pré-
tend nous imposer sans discussion possible
des prix de journée de 16 à 17 francs pour
les civils admis dans les hôpitaux militaires,
et cela même dans les hôpitaux où le prix de
revient réel n'est que de 9 à 10 francs, bi le
ministère de la guerre, pour établir le prix
de journées des civils dans ses hôPitaux, per-
siste à réclamer le droit de faire masse des
dépenses de tous ses hôpitaux, nous récla-
mons ce même droit. Je n'ai pas besoin de
dire. ce qu'a de pénible une telle controverse
et je crois qu'il y a lieu purement et simple-
ment d'adopter le barème établi par la loi de
1921.
Il y el, cn/ill, une autre catégorie de mala-
dies qui, elles, relèvent plus spécialement CIl-
core de l'activité sociale, ce sont les maladtes
contagieuses : la peste, le typhus, la variole,
le paludisme, la tuberculose, la syphilis, le
trachome. Ces maladies, dans une large
mesure, il appartient à la société sinon de les
faire complètement dtSparattre, du moins de
lutter contre elles de telle sorte que les
chances de contagion deviennent de plus en
plus réduites.
Je t'iells de prescrire aux préfets d'utiliser
toutes les formations hospitalières et spécia-
lement les hôpitaux auxiliaires pour multi-
plier les centres de lutte contre ces maladies.
l'ar ailleurs, j attends de bons résultats
des instructions que j'ai données pour les
vaccinations intensives et aussi pour dépister,
lors des conseils de révision, tous les cons-
crits indigènes qui ont besoin d'être soignés.
Les consultations de nourrissons qui vien-
nent d'être instituées permettent déjà de
dépister ces maladies chez les mères et les
enfants et de leur donner des conseils pré-
cieux.
fe n'ai pas besoilt. de signaler que l'inspec-
tion médicale des écoles rendra encore pour
ce travail de dépistage les plus grands servi-
ces. Dans mon arrêté sur les médecins de colo-
nisation des centres ruraux, je les ai chargés
expressément de ces visites auxquelles j'atta-
che une importance essentielle.
Mais persuadons-nous bien qu'il nous fau-
t/rll envisager aussi des formations spéciales.
Nous ne pouvons plus, par exem ple, laisser
les grandes villes sans hôpitaux d'enfants.
Nous n'avons pas davantage le droit de
différer l'installation dans les hôpitaux, an
tltl't'illolls spéciaux pour les tuberculeux, et
en attendant je prescris de leur réserver par,
tout où c'est possible des salles spéciales.
La question du sanatorium reste ouverte.
Grâce ce pendant à l'attribution généreuse
d'un terrain qui par dit acce pté par les méde-
cins et grâce Illl concours déjà promis de
la Société des Combattants au .1 larve, clic
parait entrer dans une nouvelle voie el le
docteur Bachon qui me tient au courant, m'a
fait savoir que nous allions arriver à la réa.
liStllio nbra t inne.
- J. J. *
Pour la syphilis, deux laboratoires sont
envisagés : un à Alger ci un à Uran, j'ai
demandé au Ministère de vouloir bien les
prendre à sa charge, ils doivent devenir à
la fois centre de recherches pour les formes
(a h h es les fori)ies
spéciales à l'Afrique du Nord et centre de
renseignements pour rios médecins de colo.
nisation. Je suis par Paris d'une pre-
mière subvention de 40.000 francs pour celui
d.'Oran et de l'envoi de 40.000 doses de médi-
camonts.
Il me parait du reste nécessaire que, pour
se tenir au courant de la thérapeutique de
toutes ces maladies et des méthodes de pro-
phylaxie qui, grâce aux progrès de la scien-
ce, se modifient tous les jours, des stages obli-
gatoires soient imposés à Alger aux médecins
de colonisation. Je demanderai aux Déléga-
tions un petit crédit à cet effet.
Comme on voit, je suis souvent obligé
de parler au futur: 'C'est que malheureu-
sement du point de vue défense contre la ma-
ladie, nous sommes bien en retard. Aussi les
doléances sont vives à cet égard, tant parmi
les colons que parmi les indigènes et il ne
faut pas hésiter à dire qu'elles sont justi-
ffic.
FAMILLES NOMBREUSES
C'est une vérité qui n'est fins contestée
que les familles" nombreuses foui la fora
d'une nation. En Algérie spécialement, les
familles nombreuses méritent tous iios en-
* ,"
Alger. - L'Amirauté et la Dlllt Alger. - L'Amirauté et la Darse
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