Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-03-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mars 1927 19 mars 1927
Description : 1927/03/19 (A28,N44). 1927/03/19 (A28,N44).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451039q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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Les Annales Coloniales
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LA QUESTION DU SEL EN INDOCHINE
1 m»» –-
Nous avons exposé, dans un précédent
article, le régime auquel est aétueltement
soumise la vente du sel en Indochine. Ce
régime, qui dure depuis près de vingt-huit
ans, est un véritable monopole géré par
la Direction des Douanes. Si l'on se place
exclusivement au point de vue fiscal et admi-
nistratif, la régie ainsi organisée réalise le
maximum de garanties. Elle est cordialement
détestée par les indigènes, qui ne peuvent
souffrir les matelots de douane, ces « chiens
de cale 9, en France, nos paysans disent
« rats de cave » armés de revolvers
et toujours prêts à s'en servir pour empê-
cher la contrebande et encaisser les droits
qui pèsent sur le sel. Elle nous rend, à coup
sûr, très impopulaires, très odieux, mais elle
rapporte.
Voici, à titre d'exemple, quelques chiffres
empruntés aux statistiques :
En 1913, les ventes de sel, au cours des
neuf premiers mois de l'année, atteignaient
la somme de 2.665.570 piastres.
En 1914, 2.700.288 piastres.
En 1920, les recettes des six premiers
mois de l'année s'élevaient à 1.857.091 pias-
tres.
En 1921, on constate un léger fléchisse-
ment : elles ne dépassent pas, durant la
même période de temps, 1.854.3c3 piastres.
En 1925, elles se relèvent à 2.238.452
piastres.
v En 1926, elles redescendent à 2.114.599
piastres.
La piastre valant, à cette époque, environ
18 francs, les recettes du premier semestre
de 1926 représentent une somme de plus de
38 millions sur un budget total de 1.260 mil-
lions.
Cependant, il est impossible de soutenir
que la production salicole a été favorisée et
encouragée par la Régie, lorsqu'on se trouve
en présence d'une statistique comme celle-
ci :
Production des satines d'Indochine (en
tonnes) :
1902 .,.,. 147.000
1903 136.000
1904 89.000
1905 .,. 140.000
1906 164.000
1920 (ter semestre). 69.266
1921 - - - - - 64.761
1925 124.124
- 1926 M4 579 -
En somme, cette statistique prouve que
si, depuis deux ans, la production salicole
tend à se relever dans une proportion sen-
sible, elle n'a pas dépassé le niveau annuel
moyen qu'elle atteignait il y a un quart
de siècle. Cette constatation, assez peu récon-
fortante par elle-même, devient nettement
attristante, si l'on songe qu'avant l'institu-
tion du Monopole, avant 1898, la moyenne
annuelle dépassait 300.000 tonnes. Ainsi, en
1883, l'Annam en produisait à lui seul
200.000, au lieu de 47.700 en 19261
Il y a donc une crise de sous-production.
Et cette crise a des conséquences graves, non
seulement au point de vue fiscal, puisqu'elle
aboutit à une réduction considérable (les
recettes, mais encore au point de vue écono-
mique et social, parce qu'elle a provoqué
une hausse formidable du prix du sel, hausse
qui a entrainé à son tour la disparition d'une
foule de petites industries familiales et lo-
cales fort intéressantes, celles de la pêche
et du poisson salé, dont vivait une popula-
tion - nombreuse, aujourd'hui privée de son
gagne-pain, aigrie et révoltée.
D'où provient cette crise de sous-produc-
tion? Du monopole du sel, ou plutôt de
l'application abusive qu'on en a faite, car
le monopole en soi se justifie pleinement.
Voici, en effet, comment les choses se sont
passées.
Aussitôt, la Régie instituée, l'Administra-
tion employa tout son zèle à rendre sa tâche
de surveillance plus facile et moins coûteuse
et il lui vint, tout naturellement à l'esprit
de grouper les petites salines dispersées sur
le territoire. Ce groupement, cette concen-
tration des salines n'a pu s'opérer que par
la suppression de bon nombre d'entre elles,
et sans indemnité, hélas 1 pour les pauvres
sauniers dépossédés. Cette onération a été
effctuée. en Annam et au Tonkin surtout,
avec une certaine brutalité. On n a pas at-
tendu que des voies de communication fus-
sent construites, qui eussent permis de ravi-
tailler en sel, à un prix raisonnable, le;
petites baies et les villages côtiers, où se
pratiquait la pêche et qui disposaient jus-
qu'alors de salines à proximité. On a décidé
le groupement d'abord, on a mis la charrue
devant les boeufs. Le monopole, ainsi appli-
qué sans transition, sans préparation, a eu
pour résultat de réduire à la misère toute
une population de pêcheurs, disséminés le
long de la côte extraordinairement poisson -
neuse, qui forme le golfe du Tonkin, et qui
se sont trouvés brusquement privés des quan-
tités de sel dont ils avaient besoin.
EA Cochinchine et au Cambodge, les sa-
lines étant peu ou point dispersées, l'opéra-
tion de groupement, qui a été si fatale à
l'Annam et au Tonkin, n'eut pas lieu d'être
effectuée et le régime du monopole a pu
s'installer sans inconvénients.
Ainsi, une faute lourde a été commise en
Ainsi, l'Administration a eu tort de ne faire
1898 :
aucune distinction entre deux régions géo-
graphiquement et économiquement très dif-
férentes, qui réclamaient des régimes sau-
niers distiDcts. Et pourtant, sur un point, la
Direction des Douanes a bien compris qu'elle
devait faire exception à la règle du groupe-
ment. Elle a maintenu, en Annam, quel-
ques centres sauniers, comme celui de Ninh-
Hoa, isolés datas les montagnes, et où sr.
ra une partie importante de la popu-
lation MoL Pourquoi ce régime d'exception
n'aurait-il pas pu fonctionner sur toutes les
côtes de l'Annam et du Tonkin, jusqu'à ce
que des voies d'accès y eussent été ouvertes?
La question du sel en Indochine, et plus
particulièrement en Annam, est, en effet,
dominée par la question du transport. La
production du sel n'augmentera que si la
consommation est accrue et la consomma,
tion n'augmentera que si le sel est mis, à
un prix modéré, à la disposition des pê-
cheurs et des industriels qui l'utilisent.
La première chose à faire est donc de
construire des routes et, au besoin, des voies
ferrées.
La seconde mesure à prendre, en Annaai et
au Tonkin principalement. c'est de créer,
sur la côte, à proximité des lieux de pêche,
des salines modèles, pertr>i'ttnt un rende-
ment supérieur au rendement actuel. Il n'est
pas impossible d'attirer dans ces centres de
fabrication faciles à surveiller les sau-
niers aujourd'hui dispersés, qui se livrent,
nuit et jour, à la contrebande. Il suffi-
rait de leur fournir des terrains, de leur at.
tribuer des primes à la production, de les
aider à installer des salines, de les indem-
niser de leurs frais de premier établissement,
en même temps qu'on favoriserait l'écou-
lement du produit.
Par cette politique d'industrialisation et
d'intensification de la production, par ces
mesures destinées à faciliter le transport et
l'exportation du sel, par cette collalxjration
intelligente et active de l'Administration
fiscale avec les sauniers, la Régie contribue-
rait certainement à accroître ses recettes,
tout en augmentant la prospérité du pays.
Jean Locqain,
Député (la la Xiècrc,
Membre de la Commission des Finances.
L'AVIATION COLONIALE
00
Le raid portugais
Le major Snrrniento de lleires et ses com-
pagnons avaient quitté Bissagos mercredi
soir, à 18 heures. El, le lendemain matin,
à 11 h. ao, ils se posuient sans incident au
mouillage de Fernundo-de-Noronha après
dix-sept heures trente minutes de vol.
C'était là, évidemment, la plus dure par-
tie du grand voyage entrepris par les avia-
teurs portugais.
Les aviateurs ont amerri à Port-Natal
{Drésil) hier après-midi.
(Brésil) l'itinéraire qui a été tracé aux avia-
Voici
teurs par l'Aéronautique de leur pays :
Natal, Hio-dc-Juneiro, Montevideo, Buenos-
Ayres, Bahia-Blanca, Talcnhuano, à tra-
vers les Andes, Jao Fernandès, Puschou,
Mangcrcvn, Tahiti, Pago-Pago, Suva, Nou-
méa, Townville, Port-Darwin (Australie),
Dilly, Batavia, Singapour, Kota-Radja, Co-
lombo, (ioa, Karachi, Bouchir, Alexan-
drette, Bizerte, Lisbonne. ,
L'aventure de 1' « Uruguay »
Le ministre de l'Uruguay à Paris vient
d'adresser la lettre suivante au générul
Girod, président de la Commission de l'Ar..
mée :
J'ai lu avec la plus profonde émotion votre
article d'hier, dans le « Matin », intitulé : « La
solidarité des ailes ».
Croyez, monsieur le général, que le gouver-
nement et le peuple uruguayens partagent en-
tièrement mes sentiments de la plus vive re-
connaissance pour l'héroïsme, l'abnégation et la
générosité avec lesquels les pilotes de l'aviation
française que vous mentionnez sont allés, avec
un courage admirable, prêter leur aide frater-
nelle à leurs camarades en danger.
C'est une preuve nouvelle, non seulement de
la solidarité humaine dont la France est un
exemple dans le monde , mais aussi une mar-
que de la traditionnelle amitié que votre glo-
rieux pays porte Au mien et dont nous sommes
si ûers.
Au cours d'une réunion intime, l'Aéro-
Club du Maroc a fêté hier soit à Casablanca
les pilotes Antoine et Reine, de la ligne
Latécoère, qui ont contribué au sauvetage
des aviateurs urugayens détenus chez les
Maures et les ont ramenés à Juby.
Dans quelques jours, l'Aéro-Cub de Ca-
sablanca fêtera de la môme façon la pré-
sence des pilotes Mermoz, Guillaumet et
Ville qui, par leurs recherches attentives,
ont découvert Larre Borges et ses compa-
gnons et ont pris une part active à leur
délivrance.
France-Maroc-Argentine
Un service aéro-postal entre la France
et l'Argentine sera inauguré le 1er septem-
bre. l.cs étapes principales seront : rou-
louse-Casablanca, Casablanca-Iles du cap
Vert, puis de Buenos-Ayres à Rio-de-Ja-
neiro, de Rio-de-Janeiro & Pernambouc,
neiro, à l'tle Fernando-de-Noronha.
puis
Des lies du cap Vert à me Fernando-de-
Noronha, soit 2.200 kilomètres, la liaison
sera assurée par un service d'avions ra-
pides qui couvriront la distance en trois
jours. -
On compte que le courrier postal pourra
être transporté de France en Argentine en
sept jours. pour commencer, et que l'on
arrivera par la suite à réduire la durée du
transport à 100 heures.
Le raid de Pinedo
L'aviateur de Pinedo a quitté jeudi après-
midi à 15 heures, Saint-Louis-de-Cacères.
Il en est reparti le soir même à 6 heures
et il est arrivé en pleine nuit à Guajana,
qu'il a quitté hier soir pour Manaos (1.370
kilomètres). -
Le commandant GuUbaud
M. Georges Leygues, ministre de la Ma-
rine, a reçu le capitaine de corvette Guil-
baud et le mécanicien Rapin, qui viennent
d'accomplir le périple aérien du centre afri-
cain.
LIRE RN TROISIEME PAGE :
1 LES TRAVAUX DES COMMISSIONS PARU.
MENTAIRES.
WiS, DBGRETS ET ARRSTBS.
Le débat sur fladocldae..
Les interpellations sur l1 Indo-
chine donnèrent lieu, hier, à -
débat fort long et parfois tumul-
tueux et confus. Il ne saurait être question
d'en faire une analyse même succincte.
Tout au plus, en peut-on marquer quelques
traits ou plutôt noter quelques-unes des con-
clusions qui s1 en dégagent.
Tout d'abord, M. Outre y et ses amis pu-
rent constater que lorsqu'on entreprend cer-
tames campagnes, il faut être soi-même ab-
solument à Vabri de tout reproche. Ils ne
manquèrent pas de remarquer que certaines
attaques dépassent leur but quand elles attei-
gnent dans l'injure et la violence un degré
qui finit par les rendre suspectes.
Al. Outrey et ses amis pourront méditer
avec fruit le vieil adage latin qui recom-
mande la modération en toute chose. Modus
est in rébus.
On m'objectera peut-être que l'ordre du
jour qui les flétrissait, l'ordre du jour so-
cialiste ne recueillit pas tout à lait deux
cents voix. C'est vrai. Mais qu'on veuille
bien ne pas oublier que le gouvernement
avait posé contre lui la question de con-
fiance, En tout cas, lorsque M. Outrey tilt
l'idée, peu heureuse, de demander à la
Chambre son sentiment sur sa personne et
l'objet même de son interpellation, il obtint
juste 51 voix. Et encore, avons-nous vu
certains de ses collègues, voter dans son sens
pour ne pas le désobliger et comme pour lui
rendre un service persomltl. -
La réponse de AI. Varenne lui vigoureuse,
précise et Péremptoire. Il ne fait pas bon at-
taquer cet Auvergnat. Nous aurions souhaité,
pourtant, qu'il donnât au débat un peu plus
d'ampleur. Pourquoi n'a-t-il pas repris cer-
tains points du discours qu'il prononça en
janvier dernier à la première séance du
Conseil du Gouvernement? Mais, me répon-
dra-t-tl% on ne peut pas tout dire, et puis il
existe certaines nécessités parlementaires
qu'on ne peut pas tout à fait dédaigner.
Quoi qu'il en soit, il bénéficia du discrédit
qui s'attachait à la personne de ceux qui l'at-
taquaient. Il sentit parfaitement qu'il jouis-
sait de la sympathie de ses collègues et ceux
qui, à droite, l'interrompaient, le faisaient
sans conviction.
Mais les interpellations débordèrent ce ca-
dre un peu personnel, si j'ose dire. Elles po-
sèrent tantôt directement, tantôt par allusion,
certains problèmes inhérent s à l'auvre de la
colonisation. Elles firent apparaître certains
obus ou attirèrent l'attention sur certaines
lacunes que les auteurs d'ordres du jour no-
tèrent avec plus ou moins de vigueur. Elles
provoquèrent, de ia part du gouvernement et
en particulier de celle de AI. le président
du Conseil des déclarations et des engage-
ments de la plus haute importance.
Nous ne pensons pas que le langage tenu
par M. Poincaré ait été inspiré par des con-
sidérations parlementaires. Nous sommes
persuadé et par combien de mes collè-
gues de groupe n'ai-je pas entendu formuler
ce sentimentl qu'il l'a été par le simple
souci de l'honnêteté et de la justice.
Il est impossible qu'on ne « modifie pas le
régime des concessions, qu'on ne mette pas
fin à certains abus, à certains scandales,
qu'on ne fasse pas profiter la collectivité de
certains bénéfices vraiment excessifs. De
même, on ne peut pas laisser les indigènes
sans défense devant leurs employeurs et se
retrancher plus longtemps derrière certaines
fictions juridiques. Enfin, et là-dessus M.
Valude fit une intervention fort heureuse, il
est des opérations de bourse, sur les valeurs
coloniales, qu'il faut étroitement surveiller
et réglementer. M. Poincaré et le Gouverne-
ment ont donné leur parole qu'ils allaient
j remédier à cette situation déplorable. Ils re-
poussèrent la demande d'enquête parlemen-
taire formulée successivement par les com-
munistes et les socialistes. Mais ils se dot-
vent d'y suppléer par leurs propres moyens
et de prendre les mesures que comporte la
situation.
Il est, enfin, une dernière constatation que
nous devons faire. Il nous a semblé qu'une
réorganisation du gouvernement de l'Indo-
chine était une chose désirable.
Nous ne sommes pas les partisans d'une
centralisation excessive, mais il nous a paru
que telles décisions importantes ne pou-
vaient pas être prises ni par un fonction-
naire, après tout d'ordre subalterne comme
le Résident d'une province, ni par un Rési-
dent supérieur, ni même par le Gouverneur
Général. Il en est qui comportent l'interven-
tion du ministre et celle du Parlement. Et
je pense à l'octroi des concessions. Il me pa-
raît excessif que le régime social de plu-
sieurs millions d'individus puisse être réglé
sans que la représentation nationale soit ap-
pelée à dire son sentiment autrement que par
une interpellation qut vient souvent trop tard
et quand le mal est fait.
Voilà quelques-unes des remarques que
suggère ce débat. Ces conclusions ne sont
certainement pas celles que recherchait M.
Outrey. Nous ne nous plaignons pas de sa
déconvenue,
Henry lonftllller,
Député du Cantal
Vice-président de la Commission
des Colonies
Secrétaire de la Commission
des Affaires Etrangères.
8..
Le privilège Je la binqae de rimbcHne
Aux termes d'un décret paru au Journal
OfficitA du 19 mars 1927, le privilège con-
cédé à la Banque de l'Indochine est pro-
rogé de trois mois à partir du 21 mars 1027,
en Indochine, dans les établissements fran-
caia de l'Océanie, la Nouvelle-Calédonie et
pendances, les établissements français
dans l'Inde et la Côte française des Sonia-
lia.
La conférence Nord-Africaine
-0-0--
Prendront part à la prochaine conférence
nord-africaine, qui doit tenir ses assises à
.Alger : M. Terrasson de Fougères, lieute-
nant "gouverneur du Soudan français, qui
sera accompagné de M. Spitz, directeur du
Cabinet de M. Carde, Gouverneur Général
de l'Afrique Occidentale Française, et du
lieutenant-colonel Martin, chef du Cabinet
militaire.
Ces représentants de M. Carde sont déjà
tout acquis a une liaison plus intime, poli-
tique, économique et sociale entre l'Afrique
Occidentale Française et l'Afrique du Nord.
Désormais, le Soudan et le Sénégal qui
avaient l'air, jusqu'ici, de tourner le dos
« géographiquement » à l'Algérie ne de-
mandent qu'à entretenir avec elle des rela-
tions plus suivies et profitables à l'intérêt
national de notre pays à travers le Teneré et
le Tanezrouft.
8'.
Le statut de Tanger 1
00 1
de s'entendprès le « Daily Telegraph » un moyen
de s'entendre:
Parmi les demandes de l'Espagne, deux pour-
raient être accordées sans le moindre tort pour
les intérêts européens à Tanger savoir : la
désignation d'un mendouh. autorité chargée de
veiller sur les intérêts des indigènes, en même
temps que représentant du sultan du Maroc à
Tanger, par le khulifut de Tétouan et la ges-
tion des douanes tangeroises.
« Le khulifut de Tétouan étant, dans la zone
espagnole, le représentant du Sultan, le pres-
tiyc* de celui-ci ne serait nullement amoindri
Si la désignation du mendoub de Tanger était
cofTliée au khulifut, C'C qui est absolument logi-
que, la zone de protectorat espagnol et l'exis-
tence de lionnes relations entre les deux zones
étant d'un intérêt vital. »
M. STEEC CHEZ LES MUTILÉS DE GUERRE
Au banquet annuel de l'Association des
mutilés et blessés de guerre qui vient d'avoir
lieu ii Rabat, M. Steeg, résident général de
Fiance au Maroc, qui présidait, a prononcé
un discours très acclamé au cours duquel il
a déclaré notamment :
Noug ne devons pas oublier que si l'ar-
dente sincérité de notre volonté pacifique est
une condition n cessa ire du maintien de la
paix, elle peut ne pas être une condition sufil-
sunte. N'attaquons personne, mais soyons tou-
jours prêts à résister à l'attaque de quiconque.
Ni mÓgalomunie, ni pusillunimité, ni arrogance,
ni abdication, c'est la pensée profonde qui vient
de se traduire il y a quelque jours, dans le
vote du projet de loi que la L, ,ambre a adopté
in lu presque unanimité de ses membres. Cette
pensée, je n'en doute pas, est la vôtre ; cette
pensée est Ma nôtre et nous travaillerons tous
a concilier avec la paix du monde l'indépen-
dance et la dignité de notre patrie..
.,. 1
LE 6EAERAI D'AIADE Ml MAROC
Avant de quitter le Maroc, le général
d'Amade a déclaré qu'il était très touché de
l'accueil et de la courtoise sympathie que
M. Steeg lui a témoignés depuis son arrivée
sur la terre marocaine.
« Vous avez raison de respecter et d'esti-
mer M. Stecg, a ajouté le général d'Amade.
C'est d'abord le représentant de la France
et puis ne connait-il pas profondément l'àme
musulmane? 11 a été gouverneur de l'Algé-
rie. C'est un homme qui s'assimile toutes
choses. Il a une volonté calme et réfléchie. »»
D'après l'illustre visiteur, ce serait prin-
cipalement vers l'Amérique Centrale, vers
l'Amérique du Sud, et même vers les Etats-
Unis que le Maroc devra chercher à étendre
ses relations économiques.
Ne sommes-nous pas également le garde-
manger de l'Europe?
« 11 ne faut pas oublier que nous possé-
dons des gisements de phosphates, qui sont
certainement rarmi les plus riches du monde
en quantité et en qualité t
« Voilà vot e richesse, dit le général
d'Amade aux Marocains, elle est inépuisa-
ble. »
Le mouvement conimerciai au Sénégal
pendauijannee 1926
Le commerce général de la colonie du Sé-
négal a marqué, au cours de l' année 1926,
un sensible progrès sur celui des années pré-
cédentes. >̃
D'après les chiffres provisoires connus, le
mouvement des importations et exportations
s'est élevé, au 31 décembre 1926, à 1 million
775.884.554 francs, soit une augmentation de
105 0/0 sur 1924 et de 37 0/0 sur l'année
1925.
Les articles d'importation ont atteint une
somme de 910.302.183 francs et la valeur des
produits exportés est estimée à 865.582.371
francs, soit 48 0/0 du commerce général de
la colonie. Il est intéressant de noter qu'en
1924 et 1925, le pourcentage des exportations
n'était que de 44 et 45 0/0.
0040-
Dépêches de l'Indochine
--0-0---
Le port de Saïgon
Le mouvczic ~.l du port de Saïgon en
février 1927, a été pour les entrées de 70
navires représentant une jauge brute totale
de 232.384 tonnes ; pour les sorties de 53
navires, représentant une jauge brute to-
tale de 191.1-38 tonnes.
Imporlntions :
1onnes
19 français , 15.2-i9
7 anglais 1 Ari0
1 américain 2.091
17 japonais 1.910
11 norvégiens 1.8ÎS0
7 chinois 3.835
4 hollandais 3.669
Exportations :.
20 français. 43.225
5 anglais 11.130
1 américain sur lest
8 japonais 27.416
8 norvégien. 14.732
7 chinoi. 14.859
4 hollandais ,.. '.! 5.796
UN GRAND DÉBAT COLONIAL A LA CHAMBRE
Le Parlement approuve la politique
de MM. Léon Perrier et Alexandre Varenne
«t»
Le contrôle nécessaire à l'émission
des valeurs métropolitaines et coloniales
Hier, drnant deux séances qui durèrent près
de dix heures, la Chambre s'est occupée des
pseudo-scandales si tapageusement révélés par
M. Ernest Outrey et ses amis.
Depuis des mois et des mois à mesure
que les révélations du député de la Cochin-
chine se poursuivaient sous une forme plus via.
lente, nos lecteurs étaient, par les documents
publiés dans nos colonnes et les articles dz nos
collaborateurs parlementaires, mis à même de
juger les facteurs de haine et de calomnie dé-
charnés contre M. Léon Perrier, ministre des
Colonies, et M. Alexandre Varenne. Gouver-
neur Général de l' Indochine.
Si la séance d'hier fut douloureuse pour
tous les coloniaux qui, dans des modes divers
d'activité sont les bons artisans de « mise en
valeur de notre domaine d'outre-mer », elle
permit tout au moins de vider l' « abcès » et de
faire apparaître en même temps le haut souci
d'impartialité de M. le ministre des Colonies
et l'absolue loyauté de M. le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine.
M. Outrey, qui fut au cours des débats agi-
tés, si sévèrement jugé par la Chambre peut,
maintenant, à loisir réfléchir à la riposte du
député communiste Marcel Cachin, lui criant :
« Vous avez voulu déchaîner le scandale,
maintenant il ira plus loin que vous ne le
voudrez 1 »
Heureusement à côté des critiques pas-
sionnées et exagérées. nos amis Pierre Valude,
Edouard Daladier, Pierre Taillinger et Henri
Fontanier sont venus avec toute l'autorité de
leur spécialisation dans les questions colo-
niales éVoquer la vraie figure de la France
d'outre-mer où nos compatriotes luttent, pet-
nent et courent des risques tout en demeurant
attachés au grand renom d' humanité, de jus-
tice et de bonté de la France.
Les sanctions de ces débats, comme l'a si
parfaitement mis en lumière notre distingué col-
laborateur Pierre Valude, c'est l'assainisse-
ment du marché en coulisse et du marché hors
cote en Bourse de Paris. Il faut supprimer ces
valeurs hors cote qui permettent à une bande
de financiers véreux d'écumer l'épargne pu-
bliqu en plaçant des valeurs coloniales, ac-
tions et parts de fondateur, à des prix scanda-
leusement majorés, sans que la productivité
des sociétés et leurs perspectives d'avenir puis-
sent justifier de telles pratiques.
Par 320 voix contre 139 la Chambre a ac-
cordé sa confiance au Gouvernement. Nous ne
doutons pas que M. le ministre des Finances,
président du Conseil et M. le ministre des Co-
lonies n'agissent au plus vite.
L.-G. Thibault
Le bruit mené depuis quelques mois par
une certaine presse autour des « seau- I
dales coloniaux » avait attiré hier au Pa-
lais-Bourbon une foule considérable qui,
de bonne heure, tlvnu. envahi les tribunes.
Si ces curieux eurent un spectacle de
choix, ce ne fut pas peut-être celui qu'ils
attendaient. Les dossiers étalés au grand
jour ont fait justice des accusations tapa-
geuses et intéressées et le débat tourna à
la confusion de ceux qui l'avaient voulu
et provoqué.
On connaît le texte do l'interpellation do
M. Ernest Outrey, député de Cochinchine,
qui portuit : « a) sur l'attribution à M.
Sabaticr, administrateur des Services civils
de l'Indochine, de la croix de la Légion
d'honneur ; b) sur les motifs pour lesquels
le Ministre des Colonies avait refusé d'en-
tendre le procureur général Colonna sur
les graves accusations portées cont.ra cet
administrateur ; c) sur la corrélation qui
existe entre ces faits et l'affaire de l'Agri-
cole de l'Annam. »
L'interpellation de M. Marcel Cachin,
député OOlllllluliiste, d'ordre plus général
portait sur la politique du Gouvernement
en Indochine.
LES RACONTARS DE M. OUTREY
Le député de Cochinchine a précisé
d'abord l'objet de son intervention. Une
lettre particulière du procureur général
Colonna, publiée à son insu, ayant ému
M. le Ministre des Culunies, le procureur
général fut rappelé et revint en France,
mais il n'a pas pu obtenir, depuis cin-
quante jours, d'être reçu par le Ministre.
Pendant ce temps, M. Sabatier, objet des
multiples accusations dont M. Colonna
avait été saisi, recevait un avancement de
classe et une promotion dans la Légion
d'honneur.
M. Sabaticr a obtenu en sa faveur cer-
tains témoignages. C'est assurément un
fonctionnaire qui a fait preuve d'une gran-
de activité dans sa province. Mais il y a eu
des plaintes. Ces plaintes sont-elles justi-
fiées ? Voilfi la question.
Déjà l'orateur, alors qu'il était Résident
supérieur du Laos, aurait relevé des fnits
graves contre M. Sabatier.
On dit que M. Sabatier a construit 800
kilomètres de route. C'est exact, mais com-
ment ? En imposant à la population du
IJarlac des corvées excessives. Il a formé
un centre, Ban-Mé-Thnot, avec électricité,
cinéma, hôpital, école, etc. Mais les in-
firmières de l'hôpital sont les danseuses du
Résident, et, quand on visite l'école, on y
trouve de nombreux enfants la cangue au
cou.
Est-il naturel qu'un Résident pénètre 1
cho7, ses subordonnés, soit pour violenter
leurs femmes, soit pour s'emparer d'objets
de valeur, moyennant un prix d'fichat, il
est vrai, mais dérisoire ?
Ces allégations accueillies avec un scepti-
cisme ironique par l'assemblée ne semblent
pas encore suffisantes au fanatisme de M.
Outrey. Selon lui, le Résident Sabatier est
un incendiaire et un assassin. Sans plus.
L'orateur passe ensuite A la seconde par-
tie de son intervention, l'nffairc de 1' « Agri-
cole de l'Annam ».
Un homme que l'on assure être ami
de M. Varenne, cxpose-l-il, M. Mailhot,
est venu en Indochine et a obtenu un bail
emphythéotique sur 8.000 hectares de ter-
rain pour une durée de quatre-vingt-dix-
nouf ans. On ne sait pas bien a que! prix.
Le bail fut approuvé huit jours après sa
signature par le Gouverneur général. Et
k ce bail fut joint un contrat pour la main-
d'œuvre. L'affaire, mise en Société, est.
devenue la Société Agricole de l'Annam au
capital de 25 millions de francs, puis de
50 millions, avec 100.000 parts de fonda-
leurs, Le titre a été introduit. « hors cote »
en décembre, avant même la deuxième
assemblée constitutive. En coulisse, l'affaire
se trouva capitalisée à 175 millions.
Après avoir fatigué ses collègues de lec-
tures de documents très divers, peu pro-
bants, M. Outrey a terminé en réel a triant
une « enquête sérieuse », selon la formulq
traditionnelle.
M MARCEL CACHIN A LA TRIBUNE
Le député communiste est venu surtout
faire un exposé de doctrine et eonduiimer
urtu fois de plus le régime capitaliste dans
la Colonie. 11 a retracé, en noircissant lé-
roeement le tableau, l'udivité des Sociétés
Coloniales en Indochine.
Le peuple iudochinois, insiste-l-il, est lin,
urtiste, capable de comprendre les scien-
ces, capable du se diriger. Les l''ranyais
empêchent même les enfunts d'apprendre
ii lire et ii écrire.
Contre les ravages causés par les inon-
dations, l'Administration française ne fait
̃rien et pourtant l'luuudllllu a uu budget
de 700 ii 8UU millions de francs. L'urgcnt
provient pour lu plus grande part tle la
vente de 1 alcool et de l'opium, et M. Albert
Sarraut, prédécesseur de M. Varenne, en-
voyait des circulaires aux résidents po^r
qu ils s'efforcent d'augmenter la vente tle
ces produits.
Ces Indochinois, nettement évolués et raf-
finés, observent tous ces faits el la manière
dont ou se joue de leur liberté : .l'Anna-
mite ne possède ni droit civique ni droit po-
litique, ies ouvriers, les ioncliounaires in-
digènes sont payés de façon dérisuirc.
La Chambre écoute et proteste contre les
aflirn^itions violentes et exagérées de M.
Marcel Cachin qui soulève a ccrUiirua mo-
ments des mouvements que le président
parvient diflieilement à réprimer.
INTERVENTION DE M. LEON PERRIER
On attendait avec impatience l'arrivée du
ministre des Colonies a la tribune, qui l'ait
un. discours bref et extrêmement concis.
Je ne viens apporter ici, dit M. Léon
Perrier, ni un plaidoyer ni un réquisitoire.
Je lie dirai nienie pas ce que je pense de
raboiniuable campagne que eeilams ilUlll-
mes ont menée. Je les laisserai en face de
leur conscience. Je ferai un exposé stricte-
ment objectit : îles dates, des documents,
des témoignages, voila ce que. j'entends
présenter a la Chambre.
M. Outrey a évoque ueux ordres de faits:
L'affaire Sabatier, d'une part ; le contrat
Mailhot, d'autre part.
J'aborde te premier. J'indiquerai d'abord
que le ltarlac, où M. Sabatier a poursuivi
une très belle œuvre, est une des régions
les plus épres.
La, population qui appartient à la race
moï représente les restes de l'ancienne po-
pulation autochtone de l'Indochine, oppri-
mée par les races conquérantes des Anna-
mites et îles CamlHidgiens.
Avant M. Sabatier, ce pays était absolu-
ment sauvage. Point de routes. Seulement
quelques pistes.
L'insoumission y régnait partout, lieux
des prédécesseurs de M. Sabatier avaient
été assassinés.
M. Sabatier a montré l'administration
indocliinoise que l'interposition des Anna-
1 mites entre la population autochtone et
nous était Ui cause même de cet état d'in-
soumission.
Seul au milieu de e» s hommes, il a. réussi,
après un labeur inlassable de quatorze an-
nées, h les amener à la paix française.
Tel est le mérite qu'a récompensé la déco-
ration de la Légion d'honneur, hans quelles
conditions ai-je décoré M. Sabatier ! Cin-
quante ans d'âge, vingt-six ans de services,
des notes admirables, des propositions cha-
leureuses des chefs. V oilh les éléments du
dossier. Est-ce M. Alexandre Varenne qui,
h premier, a proposé M. Sabalier pour la
croix '? Nullement Plusiems gouverneurs
généraux l'avaient déjà successivement
proposé pour celle distinction, el, notam-
ment, en 10^3, M. Merlin.
Le rapport de M. Merlin, particulière-
ment. élogieux. expose en détail l'univiv fé-
conde accomplie, par M. Sabalier dans ta
région du Darlae, el cela à travers d'innoiiu-
brahles difficultés. M. Merlin indique avec
quel succès M, Sabatier a réalisé ,U> relè-
vement des populations mois et comment
il les a défendues contre l'exploitation
éboulée de trallquants annamites. (Jnirr-
rvptions à droite.)
Messieurs, ce que je défends ici, c'est
l'honneur d'un d, nies administrateurs.
(.\pplawlissenwnis à (jouchc,) Il a protégé
ces populations contre le pillage : il o rani-
mé en elles le Sentiment de leurs traditions,
VINGT-lWTPnMB ANNËBL N® 44. LE NUMERO : » CENTIMES - - - V - SAMEM !HMH 19 MARS 1027
JOVmiQljlTIDIil
Rédaction & AdminitirêHmt t
M, m il IM-Itotar
PARIS en) - ,
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Les Annales Coloniales
En mmomn et rMtiwmi ionI NfiiM -
tafMi» ém Iwirnil.
Dvrmtsumi I M. RUEDEL et L-G. THÉBAULT
lM Ajoulu Goummm tw publient mtt de» «Ht
«tes tmé&U, f«| tont leur propriété excluHvt.
iiomiEiMn
am le supplément illustré :
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Colonies 1M t M » a 0
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On s'abonna «m ftmli Sua
Imm les bttfBNi - yaito.
LA QUESTION DU SEL EN INDOCHINE
1 m»» –-
Nous avons exposé, dans un précédent
article, le régime auquel est aétueltement
soumise la vente du sel en Indochine. Ce
régime, qui dure depuis près de vingt-huit
ans, est un véritable monopole géré par
la Direction des Douanes. Si l'on se place
exclusivement au point de vue fiscal et admi-
nistratif, la régie ainsi organisée réalise le
maximum de garanties. Elle est cordialement
détestée par les indigènes, qui ne peuvent
souffrir les matelots de douane, ces « chiens
de cale 9, en France, nos paysans disent
« rats de cave » armés de revolvers
et toujours prêts à s'en servir pour empê-
cher la contrebande et encaisser les droits
qui pèsent sur le sel. Elle nous rend, à coup
sûr, très impopulaires, très odieux, mais elle
rapporte.
Voici, à titre d'exemple, quelques chiffres
empruntés aux statistiques :
En 1913, les ventes de sel, au cours des
neuf premiers mois de l'année, atteignaient
la somme de 2.665.570 piastres.
En 1914, 2.700.288 piastres.
En 1920, les recettes des six premiers
mois de l'année s'élevaient à 1.857.091 pias-
tres.
En 1921, on constate un léger fléchisse-
ment : elles ne dépassent pas, durant la
même période de temps, 1.854.3c3 piastres.
En 1925, elles se relèvent à 2.238.452
piastres.
v En 1926, elles redescendent à 2.114.599
piastres.
La piastre valant, à cette époque, environ
18 francs, les recettes du premier semestre
de 1926 représentent une somme de plus de
38 millions sur un budget total de 1.260 mil-
lions.
Cependant, il est impossible de soutenir
que la production salicole a été favorisée et
encouragée par la Régie, lorsqu'on se trouve
en présence d'une statistique comme celle-
ci :
Production des satines d'Indochine (en
tonnes) :
1902 .,.,. 147.000
1903 136.000
1904 89.000
1905 .,. 140.000
1906 164.000
1920 (ter semestre). 69.266
1921 - - - - - 64.761
1925 124.124
- 1926 M4 579 -
En somme, cette statistique prouve que
si, depuis deux ans, la production salicole
tend à se relever dans une proportion sen-
sible, elle n'a pas dépassé le niveau annuel
moyen qu'elle atteignait il y a un quart
de siècle. Cette constatation, assez peu récon-
fortante par elle-même, devient nettement
attristante, si l'on songe qu'avant l'institu-
tion du Monopole, avant 1898, la moyenne
annuelle dépassait 300.000 tonnes. Ainsi, en
1883, l'Annam en produisait à lui seul
200.000, au lieu de 47.700 en 19261
Il y a donc une crise de sous-production.
Et cette crise a des conséquences graves, non
seulement au point de vue fiscal, puisqu'elle
aboutit à une réduction considérable (les
recettes, mais encore au point de vue écono-
mique et social, parce qu'elle a provoqué
une hausse formidable du prix du sel, hausse
qui a entrainé à son tour la disparition d'une
foule de petites industries familiales et lo-
cales fort intéressantes, celles de la pêche
et du poisson salé, dont vivait une popula-
tion - nombreuse, aujourd'hui privée de son
gagne-pain, aigrie et révoltée.
D'où provient cette crise de sous-produc-
tion? Du monopole du sel, ou plutôt de
l'application abusive qu'on en a faite, car
le monopole en soi se justifie pleinement.
Voici, en effet, comment les choses se sont
passées.
Aussitôt, la Régie instituée, l'Administra-
tion employa tout son zèle à rendre sa tâche
de surveillance plus facile et moins coûteuse
et il lui vint, tout naturellement à l'esprit
de grouper les petites salines dispersées sur
le territoire. Ce groupement, cette concen-
tration des salines n'a pu s'opérer que par
la suppression de bon nombre d'entre elles,
et sans indemnité, hélas 1 pour les pauvres
sauniers dépossédés. Cette onération a été
effctuée. en Annam et au Tonkin surtout,
avec une certaine brutalité. On n a pas at-
tendu que des voies de communication fus-
sent construites, qui eussent permis de ravi-
tailler en sel, à un prix raisonnable, le;
petites baies et les villages côtiers, où se
pratiquait la pêche et qui disposaient jus-
qu'alors de salines à proximité. On a décidé
le groupement d'abord, on a mis la charrue
devant les boeufs. Le monopole, ainsi appli-
qué sans transition, sans préparation, a eu
pour résultat de réduire à la misère toute
une population de pêcheurs, disséminés le
long de la côte extraordinairement poisson -
neuse, qui forme le golfe du Tonkin, et qui
se sont trouvés brusquement privés des quan-
tités de sel dont ils avaient besoin.
EA Cochinchine et au Cambodge, les sa-
lines étant peu ou point dispersées, l'opéra-
tion de groupement, qui a été si fatale à
l'Annam et au Tonkin, n'eut pas lieu d'être
effectuée et le régime du monopole a pu
s'installer sans inconvénients.
Ainsi, une faute lourde a été commise en
Ainsi, l'Administration a eu tort de ne faire
1898 :
aucune distinction entre deux régions géo-
graphiquement et économiquement très dif-
férentes, qui réclamaient des régimes sau-
niers distiDcts. Et pourtant, sur un point, la
Direction des Douanes a bien compris qu'elle
devait faire exception à la règle du groupe-
ment. Elle a maintenu, en Annam, quel-
ques centres sauniers, comme celui de Ninh-
Hoa, isolés datas les montagnes, et où sr.
ra une partie importante de la popu-
lation MoL Pourquoi ce régime d'exception
n'aurait-il pas pu fonctionner sur toutes les
côtes de l'Annam et du Tonkin, jusqu'à ce
que des voies d'accès y eussent été ouvertes?
La question du sel en Indochine, et plus
particulièrement en Annam, est, en effet,
dominée par la question du transport. La
production du sel n'augmentera que si la
consommation est accrue et la consomma,
tion n'augmentera que si le sel est mis, à
un prix modéré, à la disposition des pê-
cheurs et des industriels qui l'utilisent.
La première chose à faire est donc de
construire des routes et, au besoin, des voies
ferrées.
La seconde mesure à prendre, en Annaai et
au Tonkin principalement. c'est de créer,
sur la côte, à proximité des lieux de pêche,
des salines modèles, pertr>i'ttnt un rende-
ment supérieur au rendement actuel. Il n'est
pas impossible d'attirer dans ces centres de
fabrication faciles à surveiller les sau-
niers aujourd'hui dispersés, qui se livrent,
nuit et jour, à la contrebande. Il suffi-
rait de leur fournir des terrains, de leur at.
tribuer des primes à la production, de les
aider à installer des salines, de les indem-
niser de leurs frais de premier établissement,
en même temps qu'on favoriserait l'écou-
lement du produit.
Par cette politique d'industrialisation et
d'intensification de la production, par ces
mesures destinées à faciliter le transport et
l'exportation du sel, par cette collalxjration
intelligente et active de l'Administration
fiscale avec les sauniers, la Régie contribue-
rait certainement à accroître ses recettes,
tout en augmentant la prospérité du pays.
Jean Locqain,
Député (la la Xiècrc,
Membre de la Commission des Finances.
L'AVIATION COLONIALE
00
Le raid portugais
Le major Snrrniento de lleires et ses com-
pagnons avaient quitté Bissagos mercredi
soir, à 18 heures. El, le lendemain matin,
à 11 h. ao, ils se posuient sans incident au
mouillage de Fernundo-de-Noronha après
dix-sept heures trente minutes de vol.
C'était là, évidemment, la plus dure par-
tie du grand voyage entrepris par les avia-
teurs portugais.
Les aviateurs ont amerri à Port-Natal
{Drésil) hier après-midi.
(Brésil) l'itinéraire qui a été tracé aux avia-
Voici
teurs par l'Aéronautique de leur pays :
Natal, Hio-dc-Juneiro, Montevideo, Buenos-
Ayres, Bahia-Blanca, Talcnhuano, à tra-
vers les Andes, Jao Fernandès, Puschou,
Mangcrcvn, Tahiti, Pago-Pago, Suva, Nou-
méa, Townville, Port-Darwin (Australie),
Dilly, Batavia, Singapour, Kota-Radja, Co-
lombo, (ioa, Karachi, Bouchir, Alexan-
drette, Bizerte, Lisbonne. ,
L'aventure de 1' « Uruguay »
Le ministre de l'Uruguay à Paris vient
d'adresser la lettre suivante au générul
Girod, président de la Commission de l'Ar..
mée :
J'ai lu avec la plus profonde émotion votre
article d'hier, dans le « Matin », intitulé : « La
solidarité des ailes ».
Croyez, monsieur le général, que le gouver-
nement et le peuple uruguayens partagent en-
tièrement mes sentiments de la plus vive re-
connaissance pour l'héroïsme, l'abnégation et la
générosité avec lesquels les pilotes de l'aviation
française que vous mentionnez sont allés, avec
un courage admirable, prêter leur aide frater-
nelle à leurs camarades en danger.
C'est une preuve nouvelle, non seulement de
la solidarité humaine dont la France est un
exemple dans le monde , mais aussi une mar-
que de la traditionnelle amitié que votre glo-
rieux pays porte Au mien et dont nous sommes
si ûers.
Au cours d'une réunion intime, l'Aéro-
Club du Maroc a fêté hier soit à Casablanca
les pilotes Antoine et Reine, de la ligne
Latécoère, qui ont contribué au sauvetage
des aviateurs urugayens détenus chez les
Maures et les ont ramenés à Juby.
Dans quelques jours, l'Aéro-Cub de Ca-
sablanca fêtera de la môme façon la pré-
sence des pilotes Mermoz, Guillaumet et
Ville qui, par leurs recherches attentives,
ont découvert Larre Borges et ses compa-
gnons et ont pris une part active à leur
délivrance.
France-Maroc-Argentine
Un service aéro-postal entre la France
et l'Argentine sera inauguré le 1er septem-
bre. l.cs étapes principales seront : rou-
louse-Casablanca, Casablanca-Iles du cap
Vert, puis de Buenos-Ayres à Rio-de-Ja-
neiro, de Rio-de-Janeiro & Pernambouc,
neiro, à l'tle Fernando-de-Noronha.
puis
Des lies du cap Vert à me Fernando-de-
Noronha, soit 2.200 kilomètres, la liaison
sera assurée par un service d'avions ra-
pides qui couvriront la distance en trois
jours. -
On compte que le courrier postal pourra
être transporté de France en Argentine en
sept jours. pour commencer, et que l'on
arrivera par la suite à réduire la durée du
transport à 100 heures.
Le raid de Pinedo
L'aviateur de Pinedo a quitté jeudi après-
midi à 15 heures, Saint-Louis-de-Cacères.
Il en est reparti le soir même à 6 heures
et il est arrivé en pleine nuit à Guajana,
qu'il a quitté hier soir pour Manaos (1.370
kilomètres). -
Le commandant GuUbaud
M. Georges Leygues, ministre de la Ma-
rine, a reçu le capitaine de corvette Guil-
baud et le mécanicien Rapin, qui viennent
d'accomplir le périple aérien du centre afri-
cain.
LIRE RN TROISIEME PAGE :
1 LES TRAVAUX DES COMMISSIONS PARU.
MENTAIRES.
WiS, DBGRETS ET ARRSTBS.
Le débat sur fladocldae..
Les interpellations sur l1 Indo-
chine donnèrent lieu, hier, à -
débat fort long et parfois tumul-
tueux et confus. Il ne saurait être question
d'en faire une analyse même succincte.
Tout au plus, en peut-on marquer quelques
traits ou plutôt noter quelques-unes des con-
clusions qui s1 en dégagent.
Tout d'abord, M. Outre y et ses amis pu-
rent constater que lorsqu'on entreprend cer-
tames campagnes, il faut être soi-même ab-
solument à Vabri de tout reproche. Ils ne
manquèrent pas de remarquer que certaines
attaques dépassent leur but quand elles attei-
gnent dans l'injure et la violence un degré
qui finit par les rendre suspectes.
Al. Outrey et ses amis pourront méditer
avec fruit le vieil adage latin qui recom-
mande la modération en toute chose. Modus
est in rébus.
On m'objectera peut-être que l'ordre du
jour qui les flétrissait, l'ordre du jour so-
cialiste ne recueillit pas tout à lait deux
cents voix. C'est vrai. Mais qu'on veuille
bien ne pas oublier que le gouvernement
avait posé contre lui la question de con-
fiance, En tout cas, lorsque M. Outrey tilt
l'idée, peu heureuse, de demander à la
Chambre son sentiment sur sa personne et
l'objet même de son interpellation, il obtint
juste 51 voix. Et encore, avons-nous vu
certains de ses collègues, voter dans son sens
pour ne pas le désobliger et comme pour lui
rendre un service persomltl. -
La réponse de AI. Varenne lui vigoureuse,
précise et Péremptoire. Il ne fait pas bon at-
taquer cet Auvergnat. Nous aurions souhaité,
pourtant, qu'il donnât au débat un peu plus
d'ampleur. Pourquoi n'a-t-il pas repris cer-
tains points du discours qu'il prononça en
janvier dernier à la première séance du
Conseil du Gouvernement? Mais, me répon-
dra-t-tl% on ne peut pas tout dire, et puis il
existe certaines nécessités parlementaires
qu'on ne peut pas tout à fait dédaigner.
Quoi qu'il en soit, il bénéficia du discrédit
qui s'attachait à la personne de ceux qui l'at-
taquaient. Il sentit parfaitement qu'il jouis-
sait de la sympathie de ses collègues et ceux
qui, à droite, l'interrompaient, le faisaient
sans conviction.
Mais les interpellations débordèrent ce ca-
dre un peu personnel, si j'ose dire. Elles po-
sèrent tantôt directement, tantôt par allusion,
certains problèmes inhérent s à l'auvre de la
colonisation. Elles firent apparaître certains
obus ou attirèrent l'attention sur certaines
lacunes que les auteurs d'ordres du jour no-
tèrent avec plus ou moins de vigueur. Elles
provoquèrent, de ia part du gouvernement et
en particulier de celle de AI. le président
du Conseil des déclarations et des engage-
ments de la plus haute importance.
Nous ne pensons pas que le langage tenu
par M. Poincaré ait été inspiré par des con-
sidérations parlementaires. Nous sommes
persuadé et par combien de mes collè-
gues de groupe n'ai-je pas entendu formuler
ce sentimentl qu'il l'a été par le simple
souci de l'honnêteté et de la justice.
Il est impossible qu'on ne « modifie pas le
régime des concessions, qu'on ne mette pas
fin à certains abus, à certains scandales,
qu'on ne fasse pas profiter la collectivité de
certains bénéfices vraiment excessifs. De
même, on ne peut pas laisser les indigènes
sans défense devant leurs employeurs et se
retrancher plus longtemps derrière certaines
fictions juridiques. Enfin, et là-dessus M.
Valude fit une intervention fort heureuse, il
est des opérations de bourse, sur les valeurs
coloniales, qu'il faut étroitement surveiller
et réglementer. M. Poincaré et le Gouverne-
ment ont donné leur parole qu'ils allaient
j remédier à cette situation déplorable. Ils re-
poussèrent la demande d'enquête parlemen-
taire formulée successivement par les com-
munistes et les socialistes. Mais ils se dot-
vent d'y suppléer par leurs propres moyens
et de prendre les mesures que comporte la
situation.
Il est, enfin, une dernière constatation que
nous devons faire. Il nous a semblé qu'une
réorganisation du gouvernement de l'Indo-
chine était une chose désirable.
Nous ne sommes pas les partisans d'une
centralisation excessive, mais il nous a paru
que telles décisions importantes ne pou-
vaient pas être prises ni par un fonction-
naire, après tout d'ordre subalterne comme
le Résident d'une province, ni par un Rési-
dent supérieur, ni même par le Gouverneur
Général. Il en est qui comportent l'interven-
tion du ministre et celle du Parlement. Et
je pense à l'octroi des concessions. Il me pa-
raît excessif que le régime social de plu-
sieurs millions d'individus puisse être réglé
sans que la représentation nationale soit ap-
pelée à dire son sentiment autrement que par
une interpellation qut vient souvent trop tard
et quand le mal est fait.
Voilà quelques-unes des remarques que
suggère ce débat. Ces conclusions ne sont
certainement pas celles que recherchait M.
Outrey. Nous ne nous plaignons pas de sa
déconvenue,
Henry lonftllller,
Député du Cantal
Vice-président de la Commission
des Colonies
Secrétaire de la Commission
des Affaires Etrangères.
8..
Le privilège Je la binqae de rimbcHne
Aux termes d'un décret paru au Journal
OfficitA du 19 mars 1927, le privilège con-
cédé à la Banque de l'Indochine est pro-
rogé de trois mois à partir du 21 mars 1027,
en Indochine, dans les établissements fran-
caia de l'Océanie, la Nouvelle-Calédonie et
pendances, les établissements français
dans l'Inde et la Côte française des Sonia-
lia.
La conférence Nord-Africaine
-0-0--
Prendront part à la prochaine conférence
nord-africaine, qui doit tenir ses assises à
.Alger : M. Terrasson de Fougères, lieute-
nant "gouverneur du Soudan français, qui
sera accompagné de M. Spitz, directeur du
Cabinet de M. Carde, Gouverneur Général
de l'Afrique Occidentale Française, et du
lieutenant-colonel Martin, chef du Cabinet
militaire.
Ces représentants de M. Carde sont déjà
tout acquis a une liaison plus intime, poli-
tique, économique et sociale entre l'Afrique
Occidentale Française et l'Afrique du Nord.
Désormais, le Soudan et le Sénégal qui
avaient l'air, jusqu'ici, de tourner le dos
« géographiquement » à l'Algérie ne de-
mandent qu'à entretenir avec elle des rela-
tions plus suivies et profitables à l'intérêt
national de notre pays à travers le Teneré et
le Tanezrouft.
8'.
Le statut de Tanger 1
00 1
de s'entendprès le « Daily Telegraph » un moyen
de s'entendre:
Parmi les demandes de l'Espagne, deux pour-
raient être accordées sans le moindre tort pour
les intérêts européens à Tanger savoir : la
désignation d'un mendouh. autorité chargée de
veiller sur les intérêts des indigènes, en même
temps que représentant du sultan du Maroc à
Tanger, par le khulifut de Tétouan et la ges-
tion des douanes tangeroises.
« Le khulifut de Tétouan étant, dans la zone
espagnole, le représentant du Sultan, le pres-
tiyc* de celui-ci ne serait nullement amoindri
Si la désignation du mendoub de Tanger était
cofTliée au khulifut, C'C qui est absolument logi-
que, la zone de protectorat espagnol et l'exis-
tence de lionnes relations entre les deux zones
étant d'un intérêt vital. »
M. STEEC CHEZ LES MUTILÉS DE GUERRE
Au banquet annuel de l'Association des
mutilés et blessés de guerre qui vient d'avoir
lieu ii Rabat, M. Steeg, résident général de
Fiance au Maroc, qui présidait, a prononcé
un discours très acclamé au cours duquel il
a déclaré notamment :
Noug ne devons pas oublier que si l'ar-
dente sincérité de notre volonté pacifique est
une condition n cessa ire du maintien de la
paix, elle peut ne pas être une condition sufil-
sunte. N'attaquons personne, mais soyons tou-
jours prêts à résister à l'attaque de quiconque.
Ni mÓgalomunie, ni pusillunimité, ni arrogance,
ni abdication, c'est la pensée profonde qui vient
de se traduire il y a quelque jours, dans le
vote du projet de loi que la L, ,ambre a adopté
in lu presque unanimité de ses membres. Cette
pensée, je n'en doute pas, est la vôtre ; cette
pensée est Ma nôtre et nous travaillerons tous
a concilier avec la paix du monde l'indépen-
dance et la dignité de notre patrie..
.,. 1
LE 6EAERAI D'AIADE Ml MAROC
Avant de quitter le Maroc, le général
d'Amade a déclaré qu'il était très touché de
l'accueil et de la courtoise sympathie que
M. Steeg lui a témoignés depuis son arrivée
sur la terre marocaine.
« Vous avez raison de respecter et d'esti-
mer M. Stecg, a ajouté le général d'Amade.
C'est d'abord le représentant de la France
et puis ne connait-il pas profondément l'àme
musulmane? 11 a été gouverneur de l'Algé-
rie. C'est un homme qui s'assimile toutes
choses. Il a une volonté calme et réfléchie. »»
D'après l'illustre visiteur, ce serait prin-
cipalement vers l'Amérique Centrale, vers
l'Amérique du Sud, et même vers les Etats-
Unis que le Maroc devra chercher à étendre
ses relations économiques.
Ne sommes-nous pas également le garde-
manger de l'Europe?
« 11 ne faut pas oublier que nous possé-
dons des gisements de phosphates, qui sont
certainement rarmi les plus riches du monde
en quantité et en qualité t
« Voilà vot e richesse, dit le général
d'Amade aux Marocains, elle est inépuisa-
ble. »
Le mouvement conimerciai au Sénégal
pendauijannee 1926
Le commerce général de la colonie du Sé-
négal a marqué, au cours de l' année 1926,
un sensible progrès sur celui des années pré-
cédentes. >̃
D'après les chiffres provisoires connus, le
mouvement des importations et exportations
s'est élevé, au 31 décembre 1926, à 1 million
775.884.554 francs, soit une augmentation de
105 0/0 sur 1924 et de 37 0/0 sur l'année
1925.
Les articles d'importation ont atteint une
somme de 910.302.183 francs et la valeur des
produits exportés est estimée à 865.582.371
francs, soit 48 0/0 du commerce général de
la colonie. Il est intéressant de noter qu'en
1924 et 1925, le pourcentage des exportations
n'était que de 44 et 45 0/0.
0040-
Dépêches de l'Indochine
--0-0---
Le port de Saïgon
Le mouvczic ~.l du port de Saïgon en
février 1927, a été pour les entrées de 70
navires représentant une jauge brute totale
de 232.384 tonnes ; pour les sorties de 53
navires, représentant une jauge brute to-
tale de 191.1-38 tonnes.
Imporlntions :
1onnes
19 français , 15.2-i9
7 anglais 1 Ari0
1 américain 2.091
17 japonais 1.910
11 norvégiens 1.8ÎS0
7 chinois 3.835
4 hollandais 3.669
Exportations :.
20 français. 43.225
5 anglais 11.130
1 américain sur lest
8 japonais 27.416
8 norvégien. 14.732
7 chinoi. 14.859
4 hollandais ,.. '.! 5.796
UN GRAND DÉBAT COLONIAL A LA CHAMBRE
Le Parlement approuve la politique
de MM. Léon Perrier et Alexandre Varenne
«t»
Le contrôle nécessaire à l'émission
des valeurs métropolitaines et coloniales
Hier, drnant deux séances qui durèrent près
de dix heures, la Chambre s'est occupée des
pseudo-scandales si tapageusement révélés par
M. Ernest Outrey et ses amis.
Depuis des mois et des mois à mesure
que les révélations du député de la Cochin-
chine se poursuivaient sous une forme plus via.
lente, nos lecteurs étaient, par les documents
publiés dans nos colonnes et les articles dz nos
collaborateurs parlementaires, mis à même de
juger les facteurs de haine et de calomnie dé-
charnés contre M. Léon Perrier, ministre des
Colonies, et M. Alexandre Varenne. Gouver-
neur Général de l' Indochine.
Si la séance d'hier fut douloureuse pour
tous les coloniaux qui, dans des modes divers
d'activité sont les bons artisans de « mise en
valeur de notre domaine d'outre-mer », elle
permit tout au moins de vider l' « abcès » et de
faire apparaître en même temps le haut souci
d'impartialité de M. le ministre des Colonies
et l'absolue loyauté de M. le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine.
M. Outrey, qui fut au cours des débats agi-
tés, si sévèrement jugé par la Chambre peut,
maintenant, à loisir réfléchir à la riposte du
député communiste Marcel Cachin, lui criant :
« Vous avez voulu déchaîner le scandale,
maintenant il ira plus loin que vous ne le
voudrez 1 »
Heureusement à côté des critiques pas-
sionnées et exagérées. nos amis Pierre Valude,
Edouard Daladier, Pierre Taillinger et Henri
Fontanier sont venus avec toute l'autorité de
leur spécialisation dans les questions colo-
niales éVoquer la vraie figure de la France
d'outre-mer où nos compatriotes luttent, pet-
nent et courent des risques tout en demeurant
attachés au grand renom d' humanité, de jus-
tice et de bonté de la France.
Les sanctions de ces débats, comme l'a si
parfaitement mis en lumière notre distingué col-
laborateur Pierre Valude, c'est l'assainisse-
ment du marché en coulisse et du marché hors
cote en Bourse de Paris. Il faut supprimer ces
valeurs hors cote qui permettent à une bande
de financiers véreux d'écumer l'épargne pu-
bliqu en plaçant des valeurs coloniales, ac-
tions et parts de fondateur, à des prix scanda-
leusement majorés, sans que la productivité
des sociétés et leurs perspectives d'avenir puis-
sent justifier de telles pratiques.
Par 320 voix contre 139 la Chambre a ac-
cordé sa confiance au Gouvernement. Nous ne
doutons pas que M. le ministre des Finances,
président du Conseil et M. le ministre des Co-
lonies n'agissent au plus vite.
L.-G. Thibault
Le bruit mené depuis quelques mois par
une certaine presse autour des « seau- I
dales coloniaux » avait attiré hier au Pa-
lais-Bourbon une foule considérable qui,
de bonne heure, tlvnu. envahi les tribunes.
Si ces curieux eurent un spectacle de
choix, ce ne fut pas peut-être celui qu'ils
attendaient. Les dossiers étalés au grand
jour ont fait justice des accusations tapa-
geuses et intéressées et le débat tourna à
la confusion de ceux qui l'avaient voulu
et provoqué.
On connaît le texte do l'interpellation do
M. Ernest Outrey, député de Cochinchine,
qui portuit : « a) sur l'attribution à M.
Sabaticr, administrateur des Services civils
de l'Indochine, de la croix de la Légion
d'honneur ; b) sur les motifs pour lesquels
le Ministre des Colonies avait refusé d'en-
tendre le procureur général Colonna sur
les graves accusations portées cont.ra cet
administrateur ; c) sur la corrélation qui
existe entre ces faits et l'affaire de l'Agri-
cole de l'Annam. »
L'interpellation de M. Marcel Cachin,
député OOlllllluliiste, d'ordre plus général
portait sur la politique du Gouvernement
en Indochine.
LES RACONTARS DE M. OUTREY
Le député de Cochinchine a précisé
d'abord l'objet de son intervention. Une
lettre particulière du procureur général
Colonna, publiée à son insu, ayant ému
M. le Ministre des Culunies, le procureur
général fut rappelé et revint en France,
mais il n'a pas pu obtenir, depuis cin-
quante jours, d'être reçu par le Ministre.
Pendant ce temps, M. Sabatier, objet des
multiples accusations dont M. Colonna
avait été saisi, recevait un avancement de
classe et une promotion dans la Légion
d'honneur.
M. Sabaticr a obtenu en sa faveur cer-
tains témoignages. C'est assurément un
fonctionnaire qui a fait preuve d'une gran-
de activité dans sa province. Mais il y a eu
des plaintes. Ces plaintes sont-elles justi-
fiées ? Voilfi la question.
Déjà l'orateur, alors qu'il était Résident
supérieur du Laos, aurait relevé des fnits
graves contre M. Sabatier.
On dit que M. Sabatier a construit 800
kilomètres de route. C'est exact, mais com-
ment ? En imposant à la population du
IJarlac des corvées excessives. Il a formé
un centre, Ban-Mé-Thnot, avec électricité,
cinéma, hôpital, école, etc. Mais les in-
firmières de l'hôpital sont les danseuses du
Résident, et, quand on visite l'école, on y
trouve de nombreux enfants la cangue au
cou.
Est-il naturel qu'un Résident pénètre 1
cho7, ses subordonnés, soit pour violenter
leurs femmes, soit pour s'emparer d'objets
de valeur, moyennant un prix d'fichat, il
est vrai, mais dérisoire ?
Ces allégations accueillies avec un scepti-
cisme ironique par l'assemblée ne semblent
pas encore suffisantes au fanatisme de M.
Outrey. Selon lui, le Résident Sabatier est
un incendiaire et un assassin. Sans plus.
L'orateur passe ensuite A la seconde par-
tie de son intervention, l'nffairc de 1' « Agri-
cole de l'Annam ».
Un homme que l'on assure être ami
de M. Varenne, cxpose-l-il, M. Mailhot,
est venu en Indochine et a obtenu un bail
emphythéotique sur 8.000 hectares de ter-
rain pour une durée de quatre-vingt-dix-
nouf ans. On ne sait pas bien a que! prix.
Le bail fut approuvé huit jours après sa
signature par le Gouverneur général. Et
k ce bail fut joint un contrat pour la main-
d'œuvre. L'affaire, mise en Société, est.
devenue la Société Agricole de l'Annam au
capital de 25 millions de francs, puis de
50 millions, avec 100.000 parts de fonda-
leurs, Le titre a été introduit. « hors cote »
en décembre, avant même la deuxième
assemblée constitutive. En coulisse, l'affaire
se trouva capitalisée à 175 millions.
Après avoir fatigué ses collègues de lec-
tures de documents très divers, peu pro-
bants, M. Outrey a terminé en réel a triant
une « enquête sérieuse », selon la formulq
traditionnelle.
M MARCEL CACHIN A LA TRIBUNE
Le député communiste est venu surtout
faire un exposé de doctrine et eonduiimer
urtu fois de plus le régime capitaliste dans
la Colonie. 11 a retracé, en noircissant lé-
roeement le tableau, l'udivité des Sociétés
Coloniales en Indochine.
Le peuple iudochinois, insiste-l-il, est lin,
urtiste, capable de comprendre les scien-
ces, capable du se diriger. Les l''ranyais
empêchent même les enfunts d'apprendre
ii lire et ii écrire.
Contre les ravages causés par les inon-
dations, l'Administration française ne fait
̃rien et pourtant l'luuudllllu a uu budget
de 700 ii 8UU millions de francs. L'urgcnt
provient pour lu plus grande part tle la
vente de 1 alcool et de l'opium, et M. Albert
Sarraut, prédécesseur de M. Varenne, en-
voyait des circulaires aux résidents po^r
qu ils s'efforcent d'augmenter la vente tle
ces produits.
Ces Indochinois, nettement évolués et raf-
finés, observent tous ces faits el la manière
dont ou se joue de leur liberté : .l'Anna-
mite ne possède ni droit civique ni droit po-
litique, ies ouvriers, les ioncliounaires in-
digènes sont payés de façon dérisuirc.
La Chambre écoute et proteste contre les
aflirn^itions violentes et exagérées de M.
Marcel Cachin qui soulève a ccrUiirua mo-
ments des mouvements que le président
parvient diflieilement à réprimer.
INTERVENTION DE M. LEON PERRIER
On attendait avec impatience l'arrivée du
ministre des Colonies a la tribune, qui l'ait
un. discours bref et extrêmement concis.
Je ne viens apporter ici, dit M. Léon
Perrier, ni un plaidoyer ni un réquisitoire.
Je lie dirai nienie pas ce que je pense de
raboiniuable campagne que eeilams ilUlll-
mes ont menée. Je les laisserai en face de
leur conscience. Je ferai un exposé stricte-
ment objectit : îles dates, des documents,
des témoignages, voila ce que. j'entends
présenter a la Chambre.
M. Outrey a évoque ueux ordres de faits:
L'affaire Sabatier, d'une part ; le contrat
Mailhot, d'autre part.
J'aborde te premier. J'indiquerai d'abord
que le ltarlac, où M. Sabatier a poursuivi
une très belle œuvre, est une des régions
les plus épres.
La, population qui appartient à la race
moï représente les restes de l'ancienne po-
pulation autochtone de l'Indochine, oppri-
mée par les races conquérantes des Anna-
mites et îles CamlHidgiens.
Avant M. Sabatier, ce pays était absolu-
ment sauvage. Point de routes. Seulement
quelques pistes.
L'insoumission y régnait partout, lieux
des prédécesseurs de M. Sabatier avaient
été assassinés.
M. Sabatier a montré l'administration
indocliinoise que l'interposition des Anna-
1 mites entre la population autochtone et
nous était Ui cause même de cet état d'in-
soumission.
Seul au milieu de e» s hommes, il a. réussi,
après un labeur inlassable de quatorze an-
nées, h les amener à la paix française.
Tel est le mérite qu'a récompensé la déco-
ration de la Légion d'honneur, hans quelles
conditions ai-je décoré M. Sabatier ! Cin-
quante ans d'âge, vingt-six ans de services,
des notes admirables, des propositions cha-
leureuses des chefs. V oilh les éléments du
dossier. Est-ce M. Alexandre Varenne qui,
h premier, a proposé M. Sabalier pour la
croix '? Nullement Plusiems gouverneurs
généraux l'avaient déjà successivement
proposé pour celle distinction, el, notam-
ment, en 10^3, M. Merlin.
Le rapport de M. Merlin, particulière-
ment. élogieux. expose en détail l'univiv fé-
conde accomplie, par M. Sabalier dans ta
région du Darlae, el cela à travers d'innoiiu-
brahles difficultés. M. Merlin indique avec
quel succès M, Sabatier a réalisé ,U> relè-
vement des populations mois et comment
il les a défendues contre l'exploitation
éboulée de trallquants annamites. (Jnirr-
rvptions à droite.)
Messieurs, ce que je défends ici, c'est
l'honneur d'un d, nies administrateurs.
(.\pplawlissenwnis à (jouchc,) Il a protégé
ces populations contre le pillage : il o rani-
mé en elles le Sentiment de leurs traditions,
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