Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-12-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 01 décembre 1926 01 décembre 1926
Description : 1926/12/01. 1926/12/01.
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63972327
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
NUMERO MENSUEL ILLUSTRE, PRIX : 6 fr. MERCREDI !" DECEMBRE 1920.
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTIÇLË 3(J^OBLÏÊS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
V * t EXCLUSIVE DU JOURNAL
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DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THéBAULT
Rédaction et Administration : 34, Rue du Mont-Thabor, PARIS-1'r - Téléphone : LOUVRE 49-37
Un an G mois 8 mois
4A sn i! u Y rue u TC S France et Colonies. 120 ,, 65 » 35 »
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illustré ( h franger 180 Il 100 Il 50 Il
On s'abonne dans tous les Bureaux de poste et chez les principaux libraires
-V1 le du
VOYAGE DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL CARDE
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A TRAVERS L AFI^IGiTTH: OCCIDENTALE: FRANÇAISE
--,","
La prospérité de fA. 0. F.
-**0- - -
La France tourne avec satisfaction ses re-
gards vers ses possessions de I Ouest africain,
dont la mise en valeur se poursuit rapidement,
et qui doivent, dans un rapide avenir, per-
mettre à la métropole de trouver une partie
des matières premières nécessaires à son indus-
trie et à son commerce.
Une randonnée le long des Côtes Africaines,
de Port-Etienne à Cotonou, laisse l'impression
très nette de pays en pleine activité économi-
quc, appelés au plus brillant avenir.
L' examen des statistiques les plus récentes
portant sur les six premiers mois de 1926
permet de constater que les principaux produits
de l'A. O. F. sont en progression sensible
pour la plupart, sur la période correspondante
tir. l'année 1925.
Les arachides accusent eu plus 18.841.577
kilogrammcs; les amandes de palme, 1 mil-
lion 820.794 kilogrammes ; l'huile de palme,
1.023.100 kilogrammes; l'acajou, 18.963 ki-
logmmmc: la gomme arabique, 1.517.1 II
kilogrammes ; le caoutchouc, 460.845 kilo-
grammes ; le coton, 37.485 kilogrammes ; les
bananes. 262.150 kilogrammes; les colas.
9.169 kilogrammes ; l'or, 2.544 grammes.
Ces renseignements sont réunis avec préci-
s ion dans la rcla' ion du voyage de M. J.
Carde dans les diverses colonies du groupe,
qui fait l'objet de ce numéro spécial.
Au Sénégal, nous nous trouvons en face
d'un développement progressif et 1 administra-
tion a su édicter d'utiles mesures pour assurer
la qualité des produits. C' est aussi par les por-
tes de vérificatif" lu:'"Mie* ou volant'- que
seront enregistrés d'heureux résultats sur l'amé-
lioration de la qualité tics arachides sénéga-
laises.
Dans la première quinzaine du moi de sep-
tembre dernier, il a été exporté de la Guinée
Française sur Marseille, Anvers, Hambourg :
453-839 kilos de palmistes, 71.877 kilos
d'huile de palme, 4.707 kilos de coton égre-
né, 2.050 kitos de bananes (sur Dakar) ;
17.101 kilos de cire clarifiée. Pour une seule
quinzaine, ces chiffres sont concluants.
L'introduction de la charrue dans cette colo-
nie a produit chez l'indigène un engouement tel
pour les nouvelles méthodes de culture que la
distribution du matériel nouveau ou de rempla-
cement commandé en France est attendu cha'-
que fois, avec une vive impatience.
E.n Haute-Guinée, on a recensé au 31 dé-
cembre 1925 : 600 cultivateurs, 1.670 bœufs,
855 charrues et 554 herses.
En Moyenne-Guinée, on comptait à la
meme date ; 300 cultivateurs, 1.670 bœuls,
408 charrues et 234 herses.
Enfin, en basse-Guinée, où l'indigène ré-
colte surtout les fruits du palmier à huile, on
compte : 9 cultivateurs pour 38 boeufs, 12
charrues et 10 herses.
A la Côte d'Ivoire, même développement :
Grand-Bassam et Grand-Lahou ont, en avril
dernier, reçu 396.381 kilos d'amandes de
palme. Le cacao a accusé , en avril 1926, une
augmentation de 344.333 kilos par rapport à
avril 1925.
La culture du coton est activement poussée
dans le nord de la colonie : 335 tonnes ont été
fournies par le cercle de Bouaké en mai der-
nier, contre 162 en mai 1925. Le cercle de
Ouagadougou a déjà fourni 291 tonnes, celui
de Kong, 186 tonnes, celui des Gouros, 79
tonnes, celui d'Odienné, 60 tonnes.
Le Dahomey a accru de 23.287 sa produc-
tion de beurre de karité, celle du coton de
359.069 kilogrammes et, la culture méthodi-
que menée de front avec la création des usines
d'égrenage a assuré une production continue et
durable, qui cette année ne sera pas inférieure
à 1.200 tonnes. Le coton déjà acheté par les
exportateurs atteignait le 5 octobre 1.025 ton-
nes ayant rapporté 9 millions de francs aux in-
digènes.
La Haule- Volta doit son brillant essort
économique à la parfaite organisation de son
système routier qui a facilité l'exportation des
produits et l'activité économique de la colonie
s'est concentrée autour des marchés locaux du
coton.
Rappelons que le réseau routier de l' A. O.
F. comprend actuellement 2.340 kilomètres tic
routes empierrées, 16.700 kilomètres de routes
non empierrées, utilisables. presque toute l'an-
née et pouvant supporter des charges de 3 ton-
nes et 15.400 kilomètres de pistes praticables
seulement en saison sèche et accessibles aux
voitures légères ; soit au toi al 34.000 kilomè-
tres.
La s ituation économique actuelle de l'A.
O. F., fait le plus grand honneur à M..).
Carde, son distingue Gouverneur général.
L'œuvre accomplie est grandiose et pleine de
promesses pour t'nvenir.
Edouard Néron,
SfiKilmr (le la llaulc-I.nirr.
Le 3 décembre 1925, M. le Gouverneur
Général Carde réunissait, à Dakar, les mem-
bres du Conseil de Gouvernement et exposait,
dans un magistral discours, l'évolution politi-
que, économique et financière de l'immense ter-
ritoire dont le Gouvernement français lui avait,
trois ans auparavant, confié la haute administra-
tion.
Il serait superflu de retracer aujourd'hui le
programme d'action qui a été présenté, discuté
et arrêté au cours des longues séances de cette
Assemblée. Tout au plus, peut-on résumer
Assemb qu'il importait de mener à bien pour
répondre à 1 appel de la France, en disant que
l'heure était venue Je transformer l'Afrique
occidentale française en un vaste grenier où
s'accumuleraient Jes richesses qu elles ren-
ferme, avant d'être acheminées sur la Métro-
pole.
I* idole à ses larges conceptions e! désireux de
porter lui-même au fond de la brousse les pa
rol es prononcées devant les représentants des
diverses colonies du groups, le Gouverneur Gé-
néral Carde, aussitôt la clôture du Conseil de
Gouvernement, entreprenait une de ces grandes
tournées qui Jui sont si famineres et au cours
desquelles il aime s' entretenir avec l'adminis-
trateur, le colon et J'indigène.
AU PAYS DE L'ARACHIDE
Le. 16 décembre, M. Carde quittait Dakar
pour le Soudan par train spécial. L'Inspecteur
Général des Services santtaires et médicaux
Lasnet faisait partie de la mission e' nouvel-
lement arrivé en A. O. F. allait pouvoir mieux
que par des rapports administratils se rensei-
gner sur l'organisation sanitaire de la Fédéra-
tion.
A peine 24 heures plusGénéral et sa suite avaient franchi les 700
kilomètres qui séparent Kayes, l'ancien chel -
lieu du Soudan, de Dakar ; et tie la plus pe-
tite halte à la gare la plus importante, il se
rendait compte combien le rail a fait naître
dans une région encore désertique, il y a quel-
ques années, une prospérité sans cesse grandis-
sante.
C'est le moment de rappeler, en effet, que
la production de l'arachide en A. O. F. a
pris son essor lors tic Ja construction du chemin
de fer Dakar-Saint-Louis ; elle s' est ac-
crue considérablement dès la mise en exploita-
tion des premiers tronçons de Thiès-Kayes et
s'est aujourd'hui implantée de chaque côté du
long ruban ferré qui relie le Sénégal au Soudan
et qui a transformé complètement l'aspect des
pays en ouvrant à Ja pénétration européenne les
fertiles plaines du Baol, du Niani-Ouli et du
Bondou.
A Ja transformation du pays a correspondu
une transformation non moindre des conditions
de vie et de l'état social des populations qui
l'habitent. La vente des productions naturelles
et la vente des récoltes données par les cultures
qu' elles ont pu entreprendre ou développer les
ont pourvues de larges ressources et leurs be-
soins ont augmenté en même temps que les
moyens de les satisfaire.
Dans la région de Kayes, c' est la culture du
sisal qui, depuis quelques années a pris une
importance considérable. Les plantations ac-
tuelles couvrent glus de 2.000 hectares. Le
défibrage est exécuté dans deux usines instal-
lées par la Société des Plantations de r Afrique
française et la Société des cultures de Diakan-
dapé, au moyen de machines américaines du
type Prieto.
DE KAYES AU NIGER
A son arrivée à Kayes, le Gouverneur Gé-
néral fut salué par l' administrateur commandant
le cercle, autour duquel s'étaient groupés de
nombreux griots fêtant aux bruits étourdissants
des tam-tam le passage de leur grand chef.
Depuis la gare jusqu'à la résidence, construite
sur les bords du Sénégal, ce ne furent que des
feux de salves et vivats répétés, accompagnés
d'une fantasia en délire.
Le Gouverneur Général visita tout d abord
l'hôpital et le dispensaire ; il profita de son pas-
sage à Kayes pour se rendre en automobile aux
chutes si pittoresques du Félou sur le Sénégal
où une usine hydro-électrique prévue actuelle-
ment pour une force de 600 C. V. doit attein-
dre une puissance totale de 2.500 C.V. Les
disponibilités dont pourra disposer cette usine,
après avoir fourni le courant et la force mo-
trice à la ville de Kayes, pourront être utilisées
à l'irrigation par pompage en amont et en
aval de cette localité et contribuer ainsi au dé-
vetoppement des cu ltures et notamment du co-
tonnier dans cette région.
Un vin d'honneur fut offert par la Chambre
de commerce, au Gouverneur Général, qui re-
prit le train à 20 heures dans la direction de
Bamako au milieu d'une manifestation enthou-
siaste de la population européenne et indigène.
Après un parcours des plus confortables sur
la ligne de Thiès-Kayes, on aborde alors la
section Kayes-Koulikoro, longue de 553 km.
et dont la construction, qui remonte à 1881, rai.
un sérieux contraste avec les modernes travaux
du Thiès-Kayes.
Construit dans le but d'établir une liaison
entre les biefs navigables du Sénégal et du Ni-
ger, le chemin de fer de Kayes à Koulikoro,
avant d'être le prolongement du 1 hiès-Kayes,
M. ,1. I ..irdr
luiUVel lK-Ul' lil'IIl"lld de l'Afrique I Ici uli'lll.ll"' l'I .llir.llMc
a été 1 un des éléments de la grande artère
commerciale qui partait de Saint-Louis pour
aboutir vers Niamey dans la région du Bas-Ni
ger. Depuis la mise en exploitation du 111ics
Kayes, la ligne entière met Bamako à 48 heu-
res de Dakar. Voie ferrée construite dans un
but plus stratégique que commercial, la section
Kayes-Niger assure difficilement l'écoulcmcnt
du tonnage provenant de la sec'.ion voisine.
Déjà le Gouverneur Général procède à l' amé-
lioration de l'exploitation de la voie ferrée.
L'expérience de 1924 et 1925 a suffi pour in-
diquer dans le détail les transformations néces-
L'arrivé do M. Oinle au Suud.in
saircs. Elles se traduiront par l'exécution de
travaux et d'aménagements complémentaires
nombreux, par l'achat d'un important matériel
roulant et plus tard par d'importants travaux de
révision sur la sect ion Kayes- N iRcr compor-
tant notamment le remplacement du matériel île
voie actuel par un matériel plus lourd.
Avant d'arriver à ToÙkoto, le Gouverneur
Général Carde a tenu à s 'arrêter quelques ins
tants à Fangola, pour s'entretenir avec quel-
ques l'.uropéens installés provisoirement dans
cette stat ion, puis a continue fa route sur Te
dépôt du chemin île. fer.
Le panorama que l'on a devant soi ou mo-
ment de s'engager sur le pont de Toukoto est
incontestablement J'un des plus beaux de la li-
gne et même du Soudan. Au premier plan se
développe le large fleuve Bakoy, au milieu du-
quel émerge une île verdoyante. Dans une
partie de cette île, le chemin tle 1er a substitué
à une végétation très belle, mais inutile, un,
magnifique jardin où se récoltent, à côté des
bananes, des ananas et des manglle. tous les
légumes qui font l' ornement des passagers en
France. Immédiatement en arrière, sur la rive
droite du fleuve, se dresse, parallèlement
celui-ci et le dominant d'une vingtaine de mè-
tres une longue falaise, friable et rougeâtre,
dans laquelle l'érosion a manifesté sa puis-
sance destructive. Les eaux ont découpé des
formes bizarres dont l' aspect rappelle les tou-
relles et créneaux et qui, de loin, font croire
a) existence de ruines de châteaux forts anti-
ques.
Au débouché du pont, la voie lerreo s' en
gage en courbe dans une tranchée prof onde pour
gagner bientôt la partie supérieure de la lalaisc
et, de là, la gare cl les établissements de lou-
kolo, visité au passage par M. Carde.
A Bamako, une foule énorme rsl massée sur
les quai s de la gare pour saluer le Gouverneur
Général. pendant qu'une nuée de cavaliers aux
boubous éclatants montés sur les beaux che-
vaux du pays que le tintamare des griots ac-
compagne de lam-lams endiablés fait piaffer de
peur et d'impatience, attend Je moment de
s'élancer en une véritable fantasia sur la route
tortueuse qui monte à Koulouba, résidence du
Gouverneur du Soudan.
Le lendemain, M. Carde et M. Lasnet se
rendaient à l'hôpital colonial du point G, puis
passaient en revue la petite garnison de Kati.
L'après-midi a été consacrée tout d abord à
l'Institut Zootechnique où a été récemment
transférée l'école de médecine vétérinaire et,
ensuite, au groupe scolaire de Bamako où les
directives lancées 18 mois auparavant ont pro-
duit des résultats merveillêux. L'Ecole pro-
fessionnelle de Bamako a particulièrement re-
tenu l'attention du Gouverneur Générar. Par-
faitement organisée et administrée, c' est aux
sections intellectuelles de cet établissement que
l'on doit la phalange de dactylographes, secré-
taires. télégraphistes et comptables qui consti-
tuera plus tard la cheville ouvriere des services
administratifs ; tous ces jeunes gens entrés à
l'Ecole après une sélection sévère, sont animés
du plus grand désir de perfectionner leur ins-
truction et de se spécialiser dans la partie vers
laquelle leurs aptitudes les ont de préférence
versés.
Le travail manuel trouve également sa place
à l'Ecole professionnelle de Bamako. Chaque
année sortent de la section d'apprentissage de
jeunes ouvriers en bois et en fer, qui ont acquis
de leur chef d atejier européen de sérieuses
connaissances. L'ouvrier sur bois connaît la
qualité des essences, dont il se sert ; l'ouvrier
sur métaux n'ignore pas l'origine, la fabrica-
tion, les propriétés des matières qu'il travaille;
le mécanicien a reçu Jes notions indispensables
sur la vapeur, le gaz, le fluide dont il aura à
maîtriser et à utiliser la force.
, Mai? le maître ne s'est pas limité à déve-
lopper les facultés intellectuelles et manuelles
de ses élèves, il a entrepri s aussi leur formation
morale et le Gouverneur Général s' est plu à
reconnaître qu'il était aussi bon éducateur et di-
recteur de conscience que bon professeur.
L'école des filles et des métisses ne Te cède
en rien à l'Ecole des garçons et si celle-ci est
une source de bonnes recrues. celle-là est une
véritable pépinière d'excellents sujets qui se-
ront dirigés sur l'Ecole des sages-femmes de
Dakar. Avant de visiter le Jardin Zoologique
où ont été réunies les espèces les plus intéres-
santes de la faune soudanaise. M. Carde s'est
arrêté au Dispensaire et à la Maternité. Cet
établissement était alors en construction ei pou-
vait déjà recevoir une quinzaine de malades ;
le service est assuré sous la surveillance d'un
médecin français secondé par un hygiéniste
russe dont les connaissances sont très appré-
ciées.
La journée se termina par la visite du nou-
veau marché de Bamako. L'administration
a hâti cn plein centre de la ville une splen-
dide construction d' une architecture pure-
ment locale où l'utile a été mêlé à l'agréable.
Les marchands ont à leur disposition des ins-
tallations de tout premier ordre et l' acheteur :
l'Européen comme l'indigène, y trouve tous les
produits du pays, depuis le plus rudimentaire
jusqu'au plus perf ectionné. en passant par
toutes les gammes de la production et de l'in-
dustrie soudanaises.
Sous cette vasc coupole se déroule un véri-
table film vivant du plus brillant effet : les ra-
ces et les couleurs vives des pagnes et des bou-
bous y sont étroitement mêlées et l'activité
qu'on y rencontre est le plus sûr garant de la
prospérité du marché de Bamako.
AU MOYEN-NIGER
Le 20 décembre, le Gouverneur Général
Garde traverse le Niger pour se rendre compte
des travaux qui ont été entrepris sur la rive
droite à Sotuba. Ils font partie d'un programme,
en quelque sorte préparatoire, dont l'exécution
s'achèvera en 1928. Ils comprennent d'une
part, un barrage de dérivation en tête des ra-
pides des Aigrettes et de Damouda, près de
Bamako et d'autre part, un canal adducteur de
20 kilomètres de longueur et d'un débit de 10
mètres cubes par seconde.
Ces ouvrages fourniront les eaux d' arrosage
à une superficie de 5.000 hectares environ.
Leur but principal est de permettre un large
essai de Colonisation agricole et de cultures irri-
guées sur les terres prédcltaïques de la vallée
du Niger. Conçus de manière à amorcer r éta
blissement ultérieur du canal de Ségou dont ils
forment les premiers éléments, ils vont en outre,
rendre disponible, sur le parcours de la dériva-
tion, une puissance hydraulique de 2.000 che-
vaux-vapeur environ, et assureront plus tard.
par l'ad jonction d'écluscs, la liaison entre les
biefs navigables du Haut-Niger et du Moyen-
Niger. En plus de ces travaux, le programme
triennal d'hydraulique agricole en cours de réa-
lisation comporte la construction à l'aval de
Sansandi: Ó sur la rive gauche du fleuve,
d' une digue insubmersible destince à mettre le
Haut Delta à l' abri des inondations. 1: ensem
ble de ces ouvrages est évalué a vingt millions
tle francs.
Dès leur achèvement la Colonie sera en me-
sure d entreprendre la construction du barrage
et des canaux appelés à desservir les terres du
Haut Delta et de la plaine de Sansanding.
Cette seconde étape dans la réalisation du
plan général d aménagement du Niger aura1
une importance considérable. Bien que les su-
perficies appelées, dans ces régions, à bénéh-
cier de l'irrigation ne soient pas encore entiè-
rement mesurées, il est d'ores et déjà établi
que par le développement progressif du réseau
de distribution des eaux, provenant de ces ou-
vrages de captage et t. adduction, r étendue
des terres susceptibles d'être mises en valeur
dépassera 300.000 hectares. Les études qui
sont effectuées dans le Delta inférieur et ses
extensions septentrionales fourniront du reste
avant peu les éléments des projets complémen-
taires intéressant ces vastes territoires.
La plupart des cultures actuellement prati-
quées dans la vallée du Niger tireront avan-
tage de l'irrigation. Cependant certaines d'en-
tre elles seront particulièrement favorisées. La
riziculture notamment trouvera dans le Macina
aménagé de vastes espaces favorables à la pro-
duction de belles variétés de riz blanc qui se-
ront substituées aux qualités inférieures et à
faible rendement, actuellement produites en
culture inondée.
AU PAYS DU COTON
Parmi les plantes industrielles, le coton-
nier, planté aujourd hui sur des étendues res-
treintes de terres hautes et bien drainées, se
répandra dans les régions prédeltaïques, sur
tous les sols convenant à sa culture non moins
que dans les pays protégés par des travaux en-
visagés, contre les crues périodiques du Heuve.
Les variciés locales produisant des libres
-, l it ;sktnt des il b
trop courtes pour intéresser les demandes de
l'industrie métropolitaine, des expériences ont
été entreprises sur différents points de la vallée
en vue de l'acclimatement des cotonniers amé-
ricains. Elles ont donné des résultats satisfai-
sants. On peut donc espérer que la culture ir-
riguée du cotonnier fournira un jour un tonnage
de fibres en rapport avec les surfaces très im-
portantes, qui au sud de Ségou au nord de San-
sanding et dans le Macina, seront avantageu-
sement consacrées à cette plante. Quant aux
disponibilités hydrauliques du Niger, elles
suffisent à l'irrigation d'une étendue de culture
cotonnicrc dépassant 500.000 hectares, et, par
suite, à la production de 150.000 tonnes de
ce textile.
D'autre part, l'aménagement du Macina
fournira, par la production des récoltes four-
ragères, 1 élevage déjà florissant du bœuf et du
mouton. Le troupeau ovin compte plus d un
million de têtes. Il fournit une laine de qualité
inférieure, mais il est possible de l'améliorer
par sélection et croisement, tout au moins par la
transformation des conditions actuelles de salu-
brité et d'alimentation. Il y a donc lieu de pen-
ser que l'extcnsion des projets d'irrigation in-
téressant le Delta aura, tant en qualité qu'en
quantité, une influence décisive sur la produc-
tion - lainière du Soudan.
En définitive, les bénéfices à espérer de
1 aménagement en culture irriguée, de la vallée
moyenne du Niger, iront les uns aux indigè-
nes, que la constitution de puissantes réserves de
céréales mettra définitivement à l'abri des di-
settes et des famines, les au'.res, à I industrie
textile métropolitaine qui disposera de produits
coloniaux susceptibles de remplacer dans tous
les usages, les fibres que nous achetons aujour-
d'hui à grands frais, dans les pays anglo-saxons.
Cet exposé peut se compléter par la descrip-
tion des fermes cotonnières de Niénébalé et de
Barorieli qui ont retenu l' attention de M.
Carde.
La ferme cotonnière de Niéncbalc a pour
but principal la détermination d'inné méthode
pratique de culture irriguée applicable aux
terres supérieures de la zone prédeltaïque du
Niger qui doit arroser le canal de Ségou qui
est l'agrandissement et le prolongement du ca-
nal de Sotuba.
L'emplacement de cette terme fut choisi en
1922, après une prospection générale de la ré-
gion ; elle est située à 16 kilomètres en aval de
Koulikoro sur la rive droite du Niger, à
1.500 mètres environ de la route de Bamako
à Ségou. Elle a été dotée d'une installation
élévatoirc assurant un débit de 140 litres par
seconde aux 200 hectares de culture irriguée
que comportera l'exploitation lorsqu'elle aura
reçu tous ses développements. Sur cette super-
ficie, 150 hectares environ sont actuellement
complètement aménagés.
La ferme dispose d'un hangar-bou verie,
d'une étable, d'un hangar à fourrage et d'un
hangar magasin. Une bergerie pouvant contenir
400 moutons a, en outre, été installée.
I.c matériel agricole est compos de char
rues : Brabant et autres. L' exploitation est, en
outre, pourvue d'outillages pour le travail du
hois, du fer, du cuir et la congru» lion de ces
bâtiments.
L' exploitation (le la ferme de Niénéhalié a
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très nette de pays en pleine activité économi-
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portant sur les six premiers mois de 1926
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de l'A. O. F. sont en progression sensible
pour la plupart, sur la période correspondante
tir. l'année 1925.
Les arachides accusent eu plus 18.841.577
kilogrammcs; les amandes de palme, 1 mil-
lion 820.794 kilogrammes ; l'huile de palme,
1.023.100 kilogrammes; l'acajou, 18.963 ki-
logmmmc: la gomme arabique, 1.517.1 II
kilogrammes ; le caoutchouc, 460.845 kilo-
grammes ; le coton, 37.485 kilogrammes ; les
bananes. 262.150 kilogrammes; les colas.
9.169 kilogrammes ; l'or, 2.544 grammes.
Ces renseignements sont réunis avec préci-
s ion dans la rcla' ion du voyage de M. J.
Carde dans les diverses colonies du groupe,
qui fait l'objet de ce numéro spécial.
Au Sénégal, nous nous trouvons en face
d'un développement progressif et 1 administra-
tion a su édicter d'utiles mesures pour assurer
la qualité des produits. C' est aussi par les por-
tes de vérificatif" lu:'"Mie* ou volant'- que
seront enregistrés d'heureux résultats sur l'amé-
lioration de la qualité tics arachides sénéga-
laises.
Dans la première quinzaine du moi de sep-
tembre dernier, il a été exporté de la Guinée
Française sur Marseille, Anvers, Hambourg :
453-839 kilos de palmistes, 71.877 kilos
d'huile de palme, 4.707 kilos de coton égre-
né, 2.050 kitos de bananes (sur Dakar) ;
17.101 kilos de cire clarifiée. Pour une seule
quinzaine, ces chiffres sont concluants.
L'introduction de la charrue dans cette colo-
nie a produit chez l'indigène un engouement tel
pour les nouvelles méthodes de culture que la
distribution du matériel nouveau ou de rempla-
cement commandé en France est attendu cha'-
que fois, avec une vive impatience.
E.n Haute-Guinée, on a recensé au 31 dé-
cembre 1925 : 600 cultivateurs, 1.670 bœufs,
855 charrues et 554 herses.
En Moyenne-Guinée, on comptait à la
meme date ; 300 cultivateurs, 1.670 bœuls,
408 charrues et 234 herses.
Enfin, en basse-Guinée, où l'indigène ré-
colte surtout les fruits du palmier à huile, on
compte : 9 cultivateurs pour 38 boeufs, 12
charrues et 10 herses.
A la Côte d'Ivoire, même développement :
Grand-Bassam et Grand-Lahou ont, en avril
dernier, reçu 396.381 kilos d'amandes de
palme. Le cacao a accusé , en avril 1926, une
augmentation de 344.333 kilos par rapport à
avril 1925.
La culture du coton est activement poussée
dans le nord de la colonie : 335 tonnes ont été
fournies par le cercle de Bouaké en mai der-
nier, contre 162 en mai 1925. Le cercle de
Ouagadougou a déjà fourni 291 tonnes, celui
de Kong, 186 tonnes, celui des Gouros, 79
tonnes, celui d'Odienné, 60 tonnes.
Le Dahomey a accru de 23.287 sa produc-
tion de beurre de karité, celle du coton de
359.069 kilogrammes et, la culture méthodi-
que menée de front avec la création des usines
d'égrenage a assuré une production continue et
durable, qui cette année ne sera pas inférieure
à 1.200 tonnes. Le coton déjà acheté par les
exportateurs atteignait le 5 octobre 1.025 ton-
nes ayant rapporté 9 millions de francs aux in-
digènes.
La Haule- Volta doit son brillant essort
économique à la parfaite organisation de son
système routier qui a facilité l'exportation des
produits et l'activité économique de la colonie
s'est concentrée autour des marchés locaux du
coton.
Rappelons que le réseau routier de l' A. O.
F. comprend actuellement 2.340 kilomètres tic
routes empierrées, 16.700 kilomètres de routes
non empierrées, utilisables. presque toute l'an-
née et pouvant supporter des charges de 3 ton-
nes et 15.400 kilomètres de pistes praticables
seulement en saison sèche et accessibles aux
voitures légères ; soit au toi al 34.000 kilomè-
tres.
La s ituation économique actuelle de l'A.
O. F., fait le plus grand honneur à M..).
Carde, son distingue Gouverneur général.
L'œuvre accomplie est grandiose et pleine de
promesses pour t'nvenir.
Edouard Néron,
SfiKilmr (le la llaulc-I.nirr.
Le 3 décembre 1925, M. le Gouverneur
Général Carde réunissait, à Dakar, les mem-
bres du Conseil de Gouvernement et exposait,
dans un magistral discours, l'évolution politi-
que, économique et financière de l'immense ter-
ritoire dont le Gouvernement français lui avait,
trois ans auparavant, confié la haute administra-
tion.
Il serait superflu de retracer aujourd'hui le
programme d'action qui a été présenté, discuté
et arrêté au cours des longues séances de cette
Assemblée. Tout au plus, peut-on résumer
Assemb qu'il importait de mener à bien pour
répondre à 1 appel de la France, en disant que
l'heure était venue Je transformer l'Afrique
occidentale française en un vaste grenier où
s'accumuleraient Jes richesses qu elles ren-
ferme, avant d'être acheminées sur la Métro-
pole.
I* idole à ses larges conceptions e! désireux de
porter lui-même au fond de la brousse les pa
rol es prononcées devant les représentants des
diverses colonies du groups, le Gouverneur Gé-
néral Carde, aussitôt la clôture du Conseil de
Gouvernement, entreprenait une de ces grandes
tournées qui Jui sont si famineres et au cours
desquelles il aime s' entretenir avec l'adminis-
trateur, le colon et J'indigène.
AU PAYS DE L'ARACHIDE
Le. 16 décembre, M. Carde quittait Dakar
pour le Soudan par train spécial. L'Inspecteur
Général des Services santtaires et médicaux
Lasnet faisait partie de la mission e' nouvel-
lement arrivé en A. O. F. allait pouvoir mieux
que par des rapports administratils se rensei-
gner sur l'organisation sanitaire de la Fédéra-
tion.
A peine 24 heures plus
kilomètres qui séparent Kayes, l'ancien chel -
lieu du Soudan, de Dakar ; et tie la plus pe-
tite halte à la gare la plus importante, il se
rendait compte combien le rail a fait naître
dans une région encore désertique, il y a quel-
ques années, une prospérité sans cesse grandis-
sante.
C'est le moment de rappeler, en effet, que
la production de l'arachide en A. O. F. a
pris son essor lors tic Ja construction du chemin
de fer Dakar-Saint-Louis ; elle s' est ac-
crue considérablement dès la mise en exploita-
tion des premiers tronçons de Thiès-Kayes et
s'est aujourd'hui implantée de chaque côté du
long ruban ferré qui relie le Sénégal au Soudan
et qui a transformé complètement l'aspect des
pays en ouvrant à Ja pénétration européenne les
fertiles plaines du Baol, du Niani-Ouli et du
Bondou.
A Ja transformation du pays a correspondu
une transformation non moindre des conditions
de vie et de l'état social des populations qui
l'habitent. La vente des productions naturelles
et la vente des récoltes données par les cultures
qu' elles ont pu entreprendre ou développer les
ont pourvues de larges ressources et leurs be-
soins ont augmenté en même temps que les
moyens de les satisfaire.
Dans la région de Kayes, c' est la culture du
sisal qui, depuis quelques années a pris une
importance considérable. Les plantations ac-
tuelles couvrent glus de 2.000 hectares. Le
défibrage est exécuté dans deux usines instal-
lées par la Société des Plantations de r Afrique
française et la Société des cultures de Diakan-
dapé, au moyen de machines américaines du
type Prieto.
DE KAYES AU NIGER
A son arrivée à Kayes, le Gouverneur Gé-
néral fut salué par l' administrateur commandant
le cercle, autour duquel s'étaient groupés de
nombreux griots fêtant aux bruits étourdissants
des tam-tam le passage de leur grand chef.
Depuis la gare jusqu'à la résidence, construite
sur les bords du Sénégal, ce ne furent que des
feux de salves et vivats répétés, accompagnés
d'une fantasia en délire.
Le Gouverneur Général visita tout d abord
l'hôpital et le dispensaire ; il profita de son pas-
sage à Kayes pour se rendre en automobile aux
chutes si pittoresques du Félou sur le Sénégal
où une usine hydro-électrique prévue actuelle-
ment pour une force de 600 C. V. doit attein-
dre une puissance totale de 2.500 C.V. Les
disponibilités dont pourra disposer cette usine,
après avoir fourni le courant et la force mo-
trice à la ville de Kayes, pourront être utilisées
à l'irrigation par pompage en amont et en
aval de cette localité et contribuer ainsi au dé-
vetoppement des cu ltures et notamment du co-
tonnier dans cette région.
Un vin d'honneur fut offert par la Chambre
de commerce, au Gouverneur Général, qui re-
prit le train à 20 heures dans la direction de
Bamako au milieu d'une manifestation enthou-
siaste de la population européenne et indigène.
Après un parcours des plus confortables sur
la ligne de Thiès-Kayes, on aborde alors la
section Kayes-Koulikoro, longue de 553 km.
et dont la construction, qui remonte à 1881, rai.
un sérieux contraste avec les modernes travaux
du Thiès-Kayes.
Construit dans le but d'établir une liaison
entre les biefs navigables du Sénégal et du Ni-
ger, le chemin de fer de Kayes à Koulikoro,
avant d'être le prolongement du 1 hiès-Kayes,
M. ,1. I ..irdr
luiUVel lK-Ul' lil'IIl"lld de l'Afrique I Ici uli'lll.ll"' l'I .llir.llMc
a été 1 un des éléments de la grande artère
commerciale qui partait de Saint-Louis pour
aboutir vers Niamey dans la région du Bas-Ni
ger. Depuis la mise en exploitation du 111ics
Kayes, la ligne entière met Bamako à 48 heu-
res de Dakar. Voie ferrée construite dans un
but plus stratégique que commercial, la section
Kayes-Niger assure difficilement l'écoulcmcnt
du tonnage provenant de la sec'.ion voisine.
Déjà le Gouverneur Général procède à l' amé-
lioration de l'exploitation de la voie ferrée.
L'expérience de 1924 et 1925 a suffi pour in-
diquer dans le détail les transformations néces-
L'arrivé do M. Oinle au Suud.in
saircs. Elles se traduiront par l'exécution de
travaux et d'aménagements complémentaires
nombreux, par l'achat d'un important matériel
roulant et plus tard par d'importants travaux de
révision sur la sect ion Kayes- N iRcr compor-
tant notamment le remplacement du matériel île
voie actuel par un matériel plus lourd.
Avant d'arriver à ToÙkoto, le Gouverneur
Général Carde a tenu à s 'arrêter quelques ins
tants à Fangola, pour s'entretenir avec quel-
ques l'.uropéens installés provisoirement dans
cette stat ion, puis a continue fa route sur Te
dépôt du chemin île. fer.
Le panorama que l'on a devant soi ou mo-
ment de s'engager sur le pont de Toukoto est
incontestablement J'un des plus beaux de la li-
gne et même du Soudan. Au premier plan se
développe le large fleuve Bakoy, au milieu du-
quel émerge une île verdoyante. Dans une
partie de cette île, le chemin tle 1er a substitué
à une végétation très belle, mais inutile, un,
magnifique jardin où se récoltent, à côté des
bananes, des ananas et des manglle. tous les
légumes qui font l' ornement des passagers en
France. Immédiatement en arrière, sur la rive
droite du fleuve, se dresse, parallèlement
celui-ci et le dominant d'une vingtaine de mè-
tres une longue falaise, friable et rougeâtre,
dans laquelle l'érosion a manifesté sa puis-
sance destructive. Les eaux ont découpé des
formes bizarres dont l' aspect rappelle les tou-
relles et créneaux et qui, de loin, font croire
a) existence de ruines de châteaux forts anti-
ques.
Au débouché du pont, la voie lerreo s' en
gage en courbe dans une tranchée prof onde pour
gagner bientôt la partie supérieure de la lalaisc
et, de là, la gare cl les établissements de lou-
kolo, visité au passage par M. Carde.
A Bamako, une foule énorme rsl massée sur
les quai s de la gare pour saluer le Gouverneur
Général. pendant qu'une nuée de cavaliers aux
boubous éclatants montés sur les beaux che-
vaux du pays que le tintamare des griots ac-
compagne de lam-lams endiablés fait piaffer de
peur et d'impatience, attend Je moment de
s'élancer en une véritable fantasia sur la route
tortueuse qui monte à Koulouba, résidence du
Gouverneur du Soudan.
Le lendemain, M. Carde et M. Lasnet se
rendaient à l'hôpital colonial du point G, puis
passaient en revue la petite garnison de Kati.
L'après-midi a été consacrée tout d abord à
l'Institut Zootechnique où a été récemment
transférée l'école de médecine vétérinaire et,
ensuite, au groupe scolaire de Bamako où les
directives lancées 18 mois auparavant ont pro-
duit des résultats merveillêux. L'Ecole pro-
fessionnelle de Bamako a particulièrement re-
tenu l'attention du Gouverneur Générar. Par-
faitement organisée et administrée, c' est aux
sections intellectuelles de cet établissement que
l'on doit la phalange de dactylographes, secré-
taires. télégraphistes et comptables qui consti-
tuera plus tard la cheville ouvriere des services
administratifs ; tous ces jeunes gens entrés à
l'Ecole après une sélection sévère, sont animés
du plus grand désir de perfectionner leur ins-
truction et de se spécialiser dans la partie vers
laquelle leurs aptitudes les ont de préférence
versés.
Le travail manuel trouve également sa place
à l'Ecole professionnelle de Bamako. Chaque
année sortent de la section d'apprentissage de
jeunes ouvriers en bois et en fer, qui ont acquis
de leur chef d atejier européen de sérieuses
connaissances. L'ouvrier sur bois connaît la
qualité des essences, dont il se sert ; l'ouvrier
sur métaux n'ignore pas l'origine, la fabrica-
tion, les propriétés des matières qu'il travaille;
le mécanicien a reçu Jes notions indispensables
sur la vapeur, le gaz, le fluide dont il aura à
maîtriser et à utiliser la force.
, Mai? le maître ne s'est pas limité à déve-
lopper les facultés intellectuelles et manuelles
de ses élèves, il a entrepri s aussi leur formation
morale et le Gouverneur Général s' est plu à
reconnaître qu'il était aussi bon éducateur et di-
recteur de conscience que bon professeur.
L'école des filles et des métisses ne Te cède
en rien à l'Ecole des garçons et si celle-ci est
une source de bonnes recrues. celle-là est une
véritable pépinière d'excellents sujets qui se-
ront dirigés sur l'Ecole des sages-femmes de
Dakar. Avant de visiter le Jardin Zoologique
où ont été réunies les espèces les plus intéres-
santes de la faune soudanaise. M. Carde s'est
arrêté au Dispensaire et à la Maternité. Cet
établissement était alors en construction ei pou-
vait déjà recevoir une quinzaine de malades ;
le service est assuré sous la surveillance d'un
médecin français secondé par un hygiéniste
russe dont les connaissances sont très appré-
ciées.
La journée se termina par la visite du nou-
veau marché de Bamako. L'administration
a hâti cn plein centre de la ville une splen-
dide construction d' une architecture pure-
ment locale où l'utile a été mêlé à l'agréable.
Les marchands ont à leur disposition des ins-
tallations de tout premier ordre et l' acheteur :
l'Européen comme l'indigène, y trouve tous les
produits du pays, depuis le plus rudimentaire
jusqu'au plus perf ectionné. en passant par
toutes les gammes de la production et de l'in-
dustrie soudanaises.
Sous cette vasc coupole se déroule un véri-
table film vivant du plus brillant effet : les ra-
ces et les couleurs vives des pagnes et des bou-
bous y sont étroitement mêlées et l'activité
qu'on y rencontre est le plus sûr garant de la
prospérité du marché de Bamako.
AU MOYEN-NIGER
Le 20 décembre, le Gouverneur Général
Garde traverse le Niger pour se rendre compte
des travaux qui ont été entrepris sur la rive
droite à Sotuba. Ils font partie d'un programme,
en quelque sorte préparatoire, dont l'exécution
s'achèvera en 1928. Ils comprennent d'une
part, un barrage de dérivation en tête des ra-
pides des Aigrettes et de Damouda, près de
Bamako et d'autre part, un canal adducteur de
20 kilomètres de longueur et d'un débit de 10
mètres cubes par seconde.
Ces ouvrages fourniront les eaux d' arrosage
à une superficie de 5.000 hectares environ.
Leur but principal est de permettre un large
essai de Colonisation agricole et de cultures irri-
guées sur les terres prédcltaïques de la vallée
du Niger. Conçus de manière à amorcer r éta
blissement ultérieur du canal de Ségou dont ils
forment les premiers éléments, ils vont en outre,
rendre disponible, sur le parcours de la dériva-
tion, une puissance hydraulique de 2.000 che-
vaux-vapeur environ, et assureront plus tard.
par l'ad jonction d'écluscs, la liaison entre les
biefs navigables du Haut-Niger et du Moyen-
Niger. En plus de ces travaux, le programme
triennal d'hydraulique agricole en cours de réa-
lisation comporte la construction à l'aval de
Sansandi: Ó sur la rive gauche du fleuve,
d' une digue insubmersible destince à mettre le
Haut Delta à l' abri des inondations. 1: ensem
ble de ces ouvrages est évalué a vingt millions
tle francs.
Dès leur achèvement la Colonie sera en me-
sure d entreprendre la construction du barrage
et des canaux appelés à desservir les terres du
Haut Delta et de la plaine de Sansanding.
Cette seconde étape dans la réalisation du
plan général d aménagement du Niger aura1
une importance considérable. Bien que les su-
perficies appelées, dans ces régions, à bénéh-
cier de l'irrigation ne soient pas encore entiè-
rement mesurées, il est d'ores et déjà établi
que par le développement progressif du réseau
de distribution des eaux, provenant de ces ou-
vrages de captage et t. adduction, r étendue
des terres susceptibles d'être mises en valeur
dépassera 300.000 hectares. Les études qui
sont effectuées dans le Delta inférieur et ses
extensions septentrionales fourniront du reste
avant peu les éléments des projets complémen-
taires intéressant ces vastes territoires.
La plupart des cultures actuellement prati-
quées dans la vallée du Niger tireront avan-
tage de l'irrigation. Cependant certaines d'en-
tre elles seront particulièrement favorisées. La
riziculture notamment trouvera dans le Macina
aménagé de vastes espaces favorables à la pro-
duction de belles variétés de riz blanc qui se-
ront substituées aux qualités inférieures et à
faible rendement, actuellement produites en
culture inondée.
AU PAYS DU COTON
Parmi les plantes industrielles, le coton-
nier, planté aujourd hui sur des étendues res-
treintes de terres hautes et bien drainées, se
répandra dans les régions prédeltaïques, sur
tous les sols convenant à sa culture non moins
que dans les pays protégés par des travaux en-
visagés, contre les crues périodiques du Heuve.
Les variciés locales produisant des libres
-, l it ;sktnt des il b
trop courtes pour intéresser les demandes de
l'industrie métropolitaine, des expériences ont
été entreprises sur différents points de la vallée
en vue de l'acclimatement des cotonniers amé-
ricains. Elles ont donné des résultats satisfai-
sants. On peut donc espérer que la culture ir-
riguée du cotonnier fournira un jour un tonnage
de fibres en rapport avec les surfaces très im-
portantes, qui au sud de Ségou au nord de San-
sanding et dans le Macina, seront avantageu-
sement consacrées à cette plante. Quant aux
disponibilités hydrauliques du Niger, elles
suffisent à l'irrigation d'une étendue de culture
cotonnicrc dépassant 500.000 hectares, et, par
suite, à la production de 150.000 tonnes de
ce textile.
D'autre part, l'aménagement du Macina
fournira, par la production des récoltes four-
ragères, 1 élevage déjà florissant du bœuf et du
mouton. Le troupeau ovin compte plus d un
million de têtes. Il fournit une laine de qualité
inférieure, mais il est possible de l'améliorer
par sélection et croisement, tout au moins par la
transformation des conditions actuelles de salu-
brité et d'alimentation. Il y a donc lieu de pen-
ser que l'extcnsion des projets d'irrigation in-
téressant le Delta aura, tant en qualité qu'en
quantité, une influence décisive sur la produc-
tion - lainière du Soudan.
En définitive, les bénéfices à espérer de
1 aménagement en culture irriguée, de la vallée
moyenne du Niger, iront les uns aux indigè-
nes, que la constitution de puissantes réserves de
céréales mettra définitivement à l'abri des di-
settes et des famines, les au'.res, à I industrie
textile métropolitaine qui disposera de produits
coloniaux susceptibles de remplacer dans tous
les usages, les fibres que nous achetons aujour-
d'hui à grands frais, dans les pays anglo-saxons.
Cet exposé peut se compléter par la descrip-
tion des fermes cotonnières de Niénébalé et de
Barorieli qui ont retenu l' attention de M.
Carde.
La ferme cotonnière de Niéncbalc a pour
but principal la détermination d'inné méthode
pratique de culture irriguée applicable aux
terres supérieures de la zone prédeltaïque du
Niger qui doit arroser le canal de Ségou qui
est l'agrandissement et le prolongement du ca-
nal de Sotuba.
L'emplacement de cette terme fut choisi en
1922, après une prospection générale de la ré-
gion ; elle est située à 16 kilomètres en aval de
Koulikoro sur la rive droite du Niger, à
1.500 mètres environ de la route de Bamako
à Ségou. Elle a été dotée d'une installation
élévatoirc assurant un débit de 140 litres par
seconde aux 200 hectares de culture irriguée
que comportera l'exploitation lorsqu'elle aura
reçu tous ses développements. Sur cette super-
ficie, 150 hectares environ sont actuellement
complètement aménagés.
La ferme dispose d'un hangar-bou verie,
d'une étable, d'un hangar à fourrage et d'un
hangar magasin. Une bergerie pouvant contenir
400 moutons a, en outre, été installée.
I.c matériel agricole est compos de char
rues : Brabant et autres. L' exploitation est, en
outre, pourvue d'outillages pour le travail du
hois, du fer, du cuir et la congru» lion de ces
bâtiments.
L' exploitation (le la ferme de Niénéhalié a
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