Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-11-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 novembre 1926 26 novembre 1926
Description : 1926/11/26 (A27,N180). 1926/11/26 (A27,N180).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397229r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
INt iT-SKKriRME ANNKE. - No 180.
LE NUMKftO : 30 CENTIMES -
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Le budget des colonies
C'est encore M. Archimbaud qui est chargé,
cette année-ci, du rapport sur le budc* de*
Colonies. Il taut louer l'usage qui veut cpJe,
pendant toute la législature, le rapport d'un
Lu-g et soit confié au même parlementaire. Le?
inconvénients qui en découlent seraient assez
tacites à énumérer, mais. à la réflexion, les
avantages l' emportent indiscutablement.
Habituellement, les rapporteurs sont dans
r examen même des chapitres tenus de traduire
ta pensée de la Commission. Mais ils ont toute
liberté en ce qui concerne les considérations qui
servent de ptétace aux rapports. Ici, l' auteur ne
tarie qu'en son nom personnel et n'exprime
ta aucune manière les conceptions de ses col-
lègues de la Commission. Nous avons ainsit sur
chaque budget, des exposés généraux qui sont
rarement dépourvus d'intérêt, bien qu'il arrive
parfois qu'on y glisse des notes toutes préparé"
par les bureaux des ministères.
Ce n'est pas le cas avec le rapport de M.
Archimbaud qui est une œuvre personnelle. Le
député <.ie la Drôme n' a pas l'ambition de trai-
ter en une seule fois tou& les aspects du pro-
blème colonial. Son dessein est beaucoup plus
modeste. Il préfère chaque année aborder une
ou deutx questions et les examiner aussi à fond
qu' on peut le faire dans un document parlemen-
taire sans crainte de pédantisme.
C' est ainsi que, da- le budget de 1925, il
avait abordé le problème du Haut-Commissa-
nat du Pacifique, et je crois même que nous
avions ici même discuté quelques-unes de ses
conclusions.
L'an dernier, il étudia l'organisation du ré-
gime sanitaire de nos colonies. Cette année, il
embrasse un sujet d' ordre plus vaste et il jette
un coup d'oeil d ensembte et forcément rapide
sur la politique coloniale de la France. Ce sont
du considérations générales qu'il a le propos
de présenter au Parlement et aussi à tous les
Français, afin que ceux-ci aient une « menta-
lité coloniale 1). M. Archimbaud veut que tous
nos compatriotes s'intéretosent au développement
de nos colonies. « Il faut, dit-il, que ce oon
sens. cette notion en quelque sorte innée de la
jistice et de la justesse qui caractérise notre
peuple, gouverne désormais notre politique co-
loniale. Il faut qu' après avoir tant contri bué à
faire dans le passé la France, ces sentiments
fassent la plus gran d e France dans l'avenir. »
Ainsi s'exprime M. Archimbaud. C' est un
grand dessein qu'il nous confie. Ce langage, qui
respire la fermeté ia plus nette, me rappelle
certaines instructiont. de Colhert aux Intendants.
Je doute que M. Archimlnuci soit plus heu-
reux que le ministre du Grand Roi. Nous en
reparlerons d8na quelques années
Pour l'instaint, notre rapporteur veut nous
insuffler une ime coloniale, une Il mentalité im.
périale H. Je ne voudrais pas trop le chicaner
sur le choix d' une expression, mais je ne dois
pas lui dissimuler que j aime peu ce terme qui
prête à équivoque, malgré la définition qu'il en
donne. « La mentalité impériale, dit-il, c' est
l'état d'esprit d'un homme sentant obscurément
ou nettement qu'il fait partie d'un ensemble
nui le dépasse, oui dépasse ses conceptions de
la famille, du village, de la province, du pays
r-ême. C' est le contraire de l'esprit de clo-
cher. »
M. Archimbaud >'étonne que le Français
n'ait pas cette mentalité. Qu'il me permette de
le lui dire : c'est son étonnement qui m'étonne.
Car il a fallu de longs siècles pour que les
Français aient acquis le sentiment que tous, Pro-
vençaux, Flamands, Auvergnats, Bretons et
Gascons, faisaient partie d'un même pays. Le
sentiment nationa l est beaucoup plus récent que
no le racontent des manuels et des protesseurs
d'histoire ou des publicistes qui transposent vo-
tontier? dans le passé des sentiments qui sont
particuliers, sinon à nos contemporains, tout au
moins aux hommes du XIX" siècle. M. Archim-
baud nous signale le mineur du pays gallois qui
s 'intéresse au citoyen des antipodes, de la
Nouvelle-Zélande ou de l'Australie. J'émets
quelque doute à ce ,ujet. En tout cas, les ré-
sultats de la récente conférence impériale bri-
tannique témoignent que le sentiment fédéraliste,
c'est-à-dire particulariste, c'est-à-dire encore
Il l'esprit de clocher » non seulement n' est pas
mort, mais encore gagne du terrain. Nous au-
rons probablement l'occasion de revenir sur ce
point.
- M. Archimbaud rend responsable de cet état
d'esprit l'école, non pas l' école primaire, mais
le lycée, le collège, et il porte sur la façon
dont sont enseignées dans ces établissements les
questions coloniales. Je n'aurai garde de pré-
tendre que cet enseignement est parfait. Mais
pendant de nombreuses années, j' ai pu le voir
d'assez près et me rendre compte qu'il est moins
sacrifié qu'on ne le prétend. Sans doute, on
trouve des jeunes bacheliers qui ignorent les
colonies, mais on en rencontre aussi qui ignorent
les mathématiques qu'on leur a pourtant ap-
prises. Là où M. Archimbaud a parfaitement
raison, c'est quand il se plaint que les commer-
çants ou les industriels français ignorent les pro-
duits de nos colonies, et il s'élève notamment
contre le mépris dont souffrent nos bois colo-
niaux. C'est vrai, mais cela tient à ce que les
agences des colonies ne remplissent pas leœ
tâche et aussi à ce que nos compatriotes éprou-
vent de la peine à se libérer de la routine et des
préjugés.
M. Archimbaud fait un rapide historique de
la colonisation française. Il oppose l'incohé-
rence de nos conquêtes à l'unité de dessein qui
présida à celles de l' Angleterre. Je ne suis pas
complètement de son avis. La formation de
notre Empire colonial n'est pas le résultat d'un
plan dont les lignes auraient été arrêtées par
nue loue grand politique ou par un corps diri.
cant. comme c'était le cas. de l' aristocratie
anglaise jusqu'à une date plus récente qu'on ne
se l'imagine. Cela est évident. NQius nous som-
mes établis un peu au hasard, en Cochinchme,
en A. O. F., au Congp. Mais si ces fondations
répondaient à un besoin vague pour la masse qui
ne s'en doutait guère, mais elles correspondaient
à la volonté bien définie pour certain ceittâ
dirigeants. On était incertain sur le lieu, mais
non sur le fait lui-même. Jules Ferry, notam-
ment, savait fort bien ce qu'il faisait, et je suis
convaincu qu'il y a un lien très réel entre sa
politique coloniale et le projet de travaux pu-
blics de Freycinet. Ce sont les deux aspects
d'un même plan politique dont il me serait fa-
cile de marquer les grandes lignes. Je pense
qu'un jour on écrira l'histoire d'Eugène
Etienne. Je ne suppose pas qu'il puisse y avoir
de livre plus intéressant que celui-là pour la
question qui nous occupe et qui puisse, si son
auteur est un peu curieux et a le sentiment des
mobiles profonds qui animent la politique des
grands peuples, mieux nous édifier sur ces res-
sorts de notre DolitioUe coloniale.
Je ne pense pas, d" autre part, que la politi-
que anglaise ait présenté cette unité dans les
vues qu'on lui attribue génératement. La poli-
tique anglaise jouit d' un prestige usurpé. Elle
est lente, elle tâtonne et ne doit son succès qu'à
la maladresse de ses adversaires et à la naïveté
de ses alliés. La conquête de l'Inde, qui est
donnée comme un chef-d'œuvre d'habileté de
la part du Gouvernement britannique, est due
à l'initiative de quelques aventuriers de génie
quj étaient autant préoccupés de s' enrichir que
d agrandir l'Empire britannique. Il y a eu dans
la constitution de cet Empire beaucoup de ha-
sards heureux. A vrai dire, je ne crois guère
à ces grands plans conçus après de longues ré-
flexions et qu' on exécute avec une rigueur
inflexible. Ce sont choses qu'on met dans les
livres, qu'on enseigne même aux enfant. dont
on déforme le jugement, mais qui ne répondent
guère à la réalité. Ce sont des procédés péda-
gogiques. Mais l'expérience nous apprend que
la vie e3t tout autre. L'homme intelligent se
préoccupe moins de construire des plans majes-
tueux que de s' inspirer dans l'action de quel-
ques idées simples et - de profiter des événe-
ments.
M. Archimbaud consacre des pages intéres-
santes, et qu'il faut lire, aux échanges entre les
colonies et la métropole. Je ne suiSi pas cepen-
dant aussi partisan que lui d'une certaine forme
d'impérialiste économique dont mon ami Anto-
nelli a montré l'erreur et les dangers. Notre
conception à Antonelli et à moi est différente
de celle du distingué rapporteur de la Commis-
sion des Finances. Et quand on aura réfléchi un
peu plus longtemps au problème, on s 'apercevra
qu'elle répond mieux à la fois au\ intérêts de la
métropole et des colonies et aux conceptions
de notre régime. - -
je nr: suis pas davantage d accord avec M.
Atchitnbiud mr la question des colonies alle-
mandes nI sur les prétentions coloniales ita-
liennes. Mais où je suis tout à fait de son avis,
c'est lorsqu'il met en relief les sottes querelles
que le Gouvernement italien nous cherche,
comme si nous étions responsables de ses dé-
ceptions. Il existe en dehors de r Afrique mi-
neure des pays de peuplement. U y en a ail-
leurs, et qui sont aussi étendus que des conti-
nens. Il est facile de les dénicher.
J'ai adressé beaucoup de critiques au rap-
port de M. Archimbaud, et j' ai omis de signa-
ler les points sur lesquels nous sommes d ac-
cord. Il y en a quelques-uns. Mais mes obser-
vations témoignent de l'intérêt que j' ai - pris à
cette lecture. Le travail de M. Archimbaud
provoque les réflexions, vous invite à la discus-
sion. C'est. à mon sens, le meilleur éloge qu'on
puisse en faire, quand tant de rapports parle-
mentaires engendrent l' ennui et vous incitent à
la somnolence. Ce n'est pas le cas de celui de
M. Archimbaud qu'on lit avec un plaisir qui
n'a d'égal que celui que l' on prend à le dis-
cuter.
Henry J.'ontanier,
Député du Cantal
Secrétaire de la Commission
des AI/aires Etrangeres
membre de la Commission
des Colontes.
.1.
M. Carde à Dakar
00
M. Carde est arrivé Je 20 novembre à Da-
kar. Il a été l'objet de manifestations enthou-
siastes de la population.
La rmicipalité, dont M. Blaise Diagne est
maire, avait préparé à cette occasion une récep-
tion qui a réuni une adhésion unanime.
(Par dépêche retardée dans la transmission.)
L'AVIATION COLONIALE
08
Antibes-Ajaccio-Tunis
L'aviateur Oirougc, de la Compngnio
Il Air-Union » a entrepris Hier matin un
voy-ftge d'études sur le parcours Anlibc
Tunis.
Pilolanl un hydravion Uoré et Olivier,
moteur 400 CV. Jupiter, et ayant à bord
le radiotélégraphiste Haoul et le navigateur
Flamant, il est parti à 7 h. 35 de la base
d'Antibes ; il lit escale à Ajaccio à 9 h. 2;)
et en repartit 11 10 h. 15. pour amerrir à
Tunis à 14 h. 15, ayant réussi la traversée
dans d'excellentes conditions.
Dans les Dominions
lx, grand projet qui prédomina le pro-
gramme de l'aviation britannique, c'est la
liaison de l'Angleterre avec le Cap par
l'Egypte d'une part., avec les Indes, Sin-
gapour et l'Australie d'autre part.
Provisoirement., des réseaux limités se-
ront créés le long de ces vastes itinéraIres,
en attendant que, tous les maillons de la
chaîne étant soudés, ces itinérATres soient
desservis un jour de bout en bout par dca
avions.
Déjà l'Australie possède des services aé-
rfn8. notamment pour les transports rnpl-
des dos médecins et des malades. Dans
l'Afrique du Nord, la ligne aérienne du Cap
fil Durban est exploitée rêgUUêremenl II en
est d môme de la ligne d" Cap à Johan-
nesburg (nn millier de milles).
L'Asie aux Asiatiques
Au début de novembre se set
rencontrés à Angora, et j'imaginé
que ce n'était pas forttnttmttttle
Dr Alfred Sze, ambassadeur de Chine ;
Mirza Abdul Hussein Khan Timoustach,
ministre de la Cour persane ; M enduit
Chevket bey, ambassadeur de Turquie à
Téhéran ; M. Sourit clt, ambassadeur de VV.
R.S.S. et le général Ghulam Jeilani Khan,
ambassadeur de VAfghanistan en Turquie.
Ce soviet d1 ambassadeurs ne s'est proba-
blement pas réuni pour s'occuper des prhlt-
sions de la température. Le ministre de la
Perse a été reçu avec le tralala militaire et
culinaire ; mais, après la revue et le ban-
quet, il a eu un long entretien avec le ghazi
Mustapha Kemal pacha, entretien auquel
prenaient part Vambassadeur de Turquie à
Téhéran et le ministre des Affaires étrangè-
res de Turquie, Tevfik Roudchi bey.
Immédiatement, les commentaires ont pris
leur train; immédiatement aussi, les démen-
tis ont suivi les commentaires. Un traité en-
tre la Russie, la Turquie et la Perse î A
quoi h01l' a fait observer le Gouvernement
persan; les trois puissances ont des traités
réciproques et séparés qui rendent inutile
un traité triparti te.
A quoi d'autres ont réplique : la Cour de
l'erse a pleinement raison; il ne s'agit pas
d'un trio, mais d'un quintette; il il a deux
instrumentistes dont il ne faut pas oublier
la présence : l'ambassadeur de Chine et
l'ambassadeur de l'Afghanistan. Le roi
d'Afghanistan avait d'ailleurs fait une
manifestation qui n'est pas passée inaper-
çue, je veux parler de son télégramme de
félicitations au xllazi pacha, à l'Occasion du
troisième anniversaire de la proclamation
de la Ré publique en Turquie. Il est infini-
ment probable que, dans ce concert de mu-
sique de chambre, le IF Alfred$-e et le gé-
néral Ghulam Jeilani Khan auront joué leur
partie.
Mats le chef d'orchestre, c'est évidemment
M. Souritch, qui prend la mesure à Mos-
cou. L'influence du bolchevismc en Turquie
est profonde; sans doute, les Tures ne dis-
simulent pas aux soviets que le communisme
n'est pas matière d'importation, mais leur
politique extérieure concorde avec celle de la
diplomatie bolcheviste ; le dernier traité de
neutralité et de non agression entre la Rus-
sie rt /'A fghanistan est 'juda/h ( ho >c de
plus qu, une convention d'indi 1 férence, et (III
peut en ,(!¡, ;;'r-' /neuve dans ce fait que
l'aviation des Afghans est dirigée par des
pilotes ci d ce- mécaniciens 'c.. en Perse,
celtl ne ra peu IOtllNITS fout ,',,';, et 1,'5 so-
victs s ont forcés d employer des ,uues dl
tournées et indirectes, ma's ils les emploient
avec continuité et le ministre de la Cour de
Perse n'a pas caché qu'il venait à Angora,
porteur d'une lettre de Rizal, Pahlesi à
Mustapha Kemal Pacha..Vous n'avons
pas à rappeler les efforts des bolchevistes
dans les Imles, et en Chine : ils sont con-
nus de tous, et j'en montrera/ un jour les
résultats, Hui. la devise des soviets :
« L'Asie aux Asiatiques s est répandue par
eux avec habileté et ténacité : elle se pro-
page à travers des nations admirablement
disposées à la prendre comme maxime di-
rectrice de leur politique intérieure et exté-
*
Le Times voit dans cette tlctiOll méthodi-
que et apparente de la diplomatie des So-
viets, Vintention arrêtée de ruiner la Société
des Nations, qu'ils dénoncent comme une
arnte aux mains des puissances capitalistes
de l'Occident. Une seule nation asiatique
a obtenu un siège permanent à la S. 1). ; V.,
la Chine et la Perse en font bien partie,
mais la Chine n'a qu'un siège provisoire
pour une durée de deux ans, et la Perse n'a
rien : de là, quelque mécontentement.
La Turquie avait posé comme condition
préalable à une demande d'admission l'oc-
troi d'un siège permanent ; n'ayant pas ob-
tenu cette promesse, elle est restée en de-
hors de la Société. Ce sont ces méfiances
que Moscou exploiterait contre Genève.
C'est trop peu dire en vérité. Il y a deux
desseins généraux que poursuit le bolche-
vismt: eu Asie : substituer à l'infltullu po-
litique et commerciale de l'Angleterre en
Asie, celle de la Russie, héritière de la po-
litique traditionnelle des tzars.. convertir au
communisme des populations nombreuses
dont la psychologie semble favorable au dé-
veloppement de cette mystique. L'Angle-
terre est l'adversaire contre lequel, à la ma-
nière orientale les Soviets mènent une lutte
acharnée, implacable, sans merci.
¡-.:st-cc à dire que la France ne soit pas
menacée elle-même? Il serait vraiment, tropl
puéril de ne pas le voir. Imaginez ce que
deviendrait. l'Orient tout, entier, le jour où
triompherait la devise : « l'Asie aux Asia-
tiques » qui n'est autre que celle-ci :
« L'Asie aux bolchevistes. »
Or, après Angora, il y a eu Odessa : il
ne sera pas inutile de dire un mot aussi de
cette entrevue.
Mario Roustan,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre.
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonfeil.
-a$*.
M. Viollette en France
---0+-
M. Viollette, Gowerneur Général de VAl-
gérie, s'est embarqué hier à Alger pour Mar-
seille, où il a débarqué cet après-midi. Il se
rend à Paris pour entretenir le Gouvernement
des décisions des délégations financières, no-
tamment de celles relatives au Crédit agricole,
aux Chemins de fer sur route d'Algérie et aux
Transports maritimes. Il reviendra le 5 décem-
bre à Alger.
a
Le coamerce de la France
avec ses colonies
--0-0-
* Le tableau ci-dessous donne les chiffres rela-
tifs à la va leur de nos importations en prove-
nance des colonies françaises et pays de pro-
tectorat pendant les dix premiera mois de 1926,
comparés à ceux de la période correspondante
de 1925:
Importations (en milliers de francs)
1926 1925
Algérie 2.169.863 1.320.075
Tunisie 526.260 315.581
Maroc 259529 152 358
Afrique Occidentale
française (A) 947-492 460 525
Madagascar et dé-
pendances 334.890 251.733
Indochine française. 710.435 474.774
Autres colonies et
pays de protecto-
rat (A) 753.269 698.211
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 5.701 .738 3.673.257
Voici, d'autre part, la valeur comparée des
exportations de la France sur les colonies fran-
çaises et pays de protectorat pour les dix pre-
miers mois de 1926 et 1925 :
Exportations (en milliers de francs)
1926 1925
Algérie. , 2.639 050 2.193.282
Tunisie 718 922 466.632
Tun'Z sie
Maroc, 1.021-052 673 8%
Alrique occidentale
française (A) 800.609 318.388
Madagascar et dé-
pendances .,. 398-141 320.422
Indochine française. 1.224.494 688.602
Autres colonies et
pays de protecto-
rat (A) 542.912 456 940
Totaux des colonies,
françaises et pays
de protectorat 7 345-180 5.098.162
Remarquons, comme le mois dernier, que
dans le commerce général de la France, les co-
lonies occupent, au point de vue de leurs ventes
à la métropole, 1 r. second rang, après les Etats-
l.-nis (6.397/;22.000 francs), et avant la Gran-
de-Bretagne (5-578.1 33.000 francs).
Au point de vue de leurs a«:h.»ts, elles vien-
nent après la Giande-Bretagne (8.763.445.000
francs), et l'Union Economique Bdgo-Luxem-
bourgeoise (7 956548.000 francs).
(A) Pour 1924 et 1925. les chiffres figurant
à ce compte se rapportent au Sénégal, à l'exclu-
sion des aures Etablissements français de la
Côte Occidentale d'Afrique qui sont alors grou-
pés avec les « autre!: colonies françaises et pays
de protectorat ».
–-
Abd-El-Krim à la Réunion
OC)-
Alxi-Eil-Krim, confortablement installé
nu château Morunge, apprend le français,
pour, dit-il, écrire ses mémoires qui l'nur-
niront la preuve qu'il a toujours eu pour
la France une » véritable admiration et in-
tiniment de ivspect ».
-- En quijttajit VAmiral-Pierre, Aibd-l'tf-
Krim a eu un moment de grosse émotion,
Il a éprouvé l'impression de faine ses
adieux i\ des ennemis devenus des amis
et, dans son cœur, il a adressé une prière
(1 Allah, clément et miséricordieux, pour
obtenir de trouver le mémo accueil géné-
reux sur la terre de Bourbon.
En auto, et tout en suivant la route de la
montagne, il a fait !u remarque que la
beauté si variée des paysages lui rappelait,
un peu la végétation du Hif que, naturelle-
ment, U continue à préférer, e-ar déjù il
éprouve ee sentiment de l'exilé, pour qui
rien ne vaut le pays natal.
En arrivant au ch tenu Morange, il
n'a pas manqué de rendre hommage à
l'aspect extérieur particulièrement sédui-
sant de la nouvelle demeure dont le gou-
vernement 10eal a fait choix pour lui.
Le cliief rifain déolare avoir été impres-
sionné par raccucii qui lui a été fait par
M. le Gouverneur Ropiquet.
Il ne pouvait, dit-il on propres termes,
se trouver <'n présence d'un meilleur re-
présentant de la grande et généreuse
France, puissante protectrice de l'Islam.
Son frère confirmo expressément cette
opinion.
Déjà, devant les preuves de bienveillance
de M. Sleeg il avait éprouvé un sentiment
de gralilude ; c'est. grAce l'autorité* <'t ;i la
grande renommée «le M. Steeg qu'il avail
pris la résolution de se soumet Ire h notre
pays, parce que M. Steeg a su lui inspirer
confiance et lui montrer quelle était la
meilleure solution à adopter pour la France
el pour lui.
Alxl-el-Krim a pleinement confiance dan*
la nature chevaleresque du caractère fran-
çais, qui est traditionnellement, connu de
ioum les Arabes et qui ne peut se démentir
à. son égard.
L'exilé veut vivre a la Réunion en philo-
sophe résigné, Ù l'écart du monde, pour se
recueillir au milieu des siens et donner
son , tvilipe à fètnde,
S'il lui vient d'autres enfants - il a déjfi
quatre garçons et une tille il prétend les
élever entièrement il la française. 11 se ré-
jouit que son dernier soit né précisément
le jour de son arrivée Bourbon et qu'il
soit ainsi, de par la loi, sujet français.
Outre les études qu'il médite, Abd-el-
Krim s'occupera de faire valoir la propriété
mise fi sa diRposition, comprenant sept
hectares.
A ses cAlés, se trouve son frère Si
MVhnmmd, qui lui est trè? dévoué.
Remarquablement intelligent, ayant fait
sets études en Espagne, S'ltnnt frotté il la
civilisation parisienne, il partagera ,;\ La
Réunion le sort d'Ad-el-Krim comme il l'a
partagé dans la guerre du Rif.
Politique coloniale
et politiqne navale
0-0 -
A l' occasion de l' appareillage des deux croi.
tetus La Motte-Picquet, navire amiral, et Du-
gua)rTrouin, à destination de Dakar et Cona-
kry, M. Georges Leygues, ministre de la Ma-
rine, a précisé le but de la croisière de l'Atlan-
tique placée sous le commandement du contre-
amiral Pirot.
Composée de nouvelles unités sur lesquelles
les experts les plus sévères ont porté le juge-
ment le plus favorable, cette croisière doit être
la preuve de l'appui que notre politique navale
apporte à notre politique coloniale qui, ajouta
M. Georges Leygues, ne serait qu'une brève
illusion sans une force navale importante aux
équipages bien entraînés.
8.. –-
Les relations entre Fez et l'Europe
Voici où en son» les moyens de communi-
cation rapide entre Fez et l'Europe :
Actuellement, en zone française, la ligne
de Tanger-Fez est exploitée sur 170 kilomè-
tres entre Fez et Souk-El-Arba du Gharb (à
15 km. au nord du Sebou). De ce point à
la zone espagnole et jusqu'à Tanger, si le
rail est posé, il reste des travaux de terras-
sement et de ballastage à réaliser avant l'ou-
verture de la totalité de la ligne au trafic.
On ne pense pas que v;elle-ci puisse se réa-
liser avant mai 1927.
En attendant, la Compagnie de navigation
espagnole Il Transmediterranea » se propose
de mettre en service entre ATgésiras et Tan-
ger un paquebot rapide permettant de tra-
verser le détroit de Gibraltar en deux heu-
res. Les horaires seraient combinés entre ce
bateau, le Tanger-Fez et le réseau espagnol
(en direction dn Madrid). Ces différentes
améliorations faciliteraient singulièrement
les communications terrestres (via Espagne)
entre la France et notre protectorat maro-
cain.
Au Conseil d État
--0.0-
Rejet des requêtes du Président intérimaire
et des conseillers de la Cour d'appel de
l'Afrique équatoriale française.
ijelte haute juridiction a rejeté les requê-
tes que MM. l'révost de Touchimbert, pré.
sident intérimaire (14" la Cour d'Appel do
l'Afrique Equatoriale française ; Thibault
et François, conseillers à la mémo Cour,
avaient introduites aux lins d'annulation
d'un arrêté du Lu e ut e na 111~(. Uni v e r ne ur du
Moyen Congo, en d iS de fc* th'e"pd:,.. 1^21,
qui le.1* avait cI.'s.J!ll'., • onniV' membres mu-
îii.strats titillai:-»*' t ^mMéiuit* nu Conseil
d'i C»'utunln-u\ Cot'.go.
l' les motifs e:>l:e .vi'e s • ei-Opi s ;
Le Contwr! : e..»us u» raî'! qu'aux t.: iltl';';
de l'art, ô du .rn.q ,ia ij janvici WlO,
portant organisation des conseils d'admi-
nistration des colonies constituant le Gou-
vernement (îonéral de l'Afrique Equatoriale
française « les conseils d'administration
11 des colonies, COllst it uont en conseil du
et par l'adjonction
Il de deux magistrats ou fonctionnaires, M-
« signés annnullement par les lieutenants-
11 gouverneurs ; dans ce cas, des conseils
Il fonctionnent conformément aux disposi-
Il tions des décrets des 5 aoAt et 7 sep tern-
ie bre 1881 ». l'article 1er du décret du 5
a mît 1881, prévoit que l'arrété "qui a
gné les deux magistrats en désigne égale-
ment deux autres pour remplacer au be-
soin les premiers.
Considérant qu'aucune disposition légis-
lative ou réglementaire ne limite le choix
(tn l jeutenant-Gouvcrneur dans la désigna-
lion des magistrats de l'Afrique 'F^quatm-
rlnile Française, appolés A siéger au Con-
seil d'administration de la Colonie, et ne
dispense en particulier les magistrats de
la Cour d'Appel de l'ohligalion de complé-
ter un des conseils du Contentieux fonc-
tionnant dans leur ressort. d^s lors les
requérants qui, d'ailleurs, ont été appelés
h faire partie du conseil du Contentieux,
siégeant dans les villes mêmes où ils exer.
rent. leurs fonctions, ne sont pas fondés à
soutienir que l'a.rrélé attaqué est entaohé
d'illégalité.
A L'ACADÉMIE DES SCIENCES
M. T.ecomte vient de présenter l'Al'a-
démie un beau volume qu'il publie avec
atlas, imprimé sur papier de bambou, aux*
frais de la colonie, sur 'es 7?r>chine. leurs caractères, leur analomie.
leurs utilisations.
A LA CHAMBRE
QUESTIONS ECRITES
Pour terminer son service en Indochine
M. I.éov l.'Srofit'rr, député, demande à M. I1
v-mislrt' des < olonics : l" si un Français de l:i
élu sse en^aiié dnns la marine en noNt'in-
lnv! P.*23 pour cinq ans, marié en U»2tV. quinUer-
niaitre litulaiiv des biv.wts (U: radio et de eliel
de poste radio, peut, eoinpte tenu de c e que suit
en^a^eiuent expirera en novembre I92S, elre rii-
voy»\ sur sa demande, en lndo» tiiue. pour y ter-
miner son service, ou s'il peut résilier son enga-
gement pour en signer un autre à cet effet; s2"
dans la négative, quelles conditions (h\Tl\it-ll
remplir pour alita* en lndoehine <0 comme
militaire; h) comme civil; à qul'l\t's fond ion:::
pourrait-il aspirer et quels avantages obtiendrait,
il dans les deux cas. {Question ,lu 12 noremlw
tnG. )
Réponse. l* 11 est, répondu à la première
partie de la question ci-dessus par le ministre
de la Marine ; 2* o) le service radiolélégraplit
tio
cadres pour les hommes de troupe; h) les can-
didats civils sunt admis dans ee service, soit :
comme mécaniciens, sur production de certili-
cats d'employeurs, soit, comme eheTs de poste,
après examen. I.es soldes de début sont de '(\(itl
francs pour les mécaniciens stagiaires et f».'i00
francs pour les chefs de poste. 11 est en outre
alloué un supplément, colonial de piastres
nu\ premiers et -VIIT» piastres aux seconds et.
éventuellenaait. pour les emplois des oeux cau-
series, des indemnités de zone et de charges de
fomilk, LI recrutement est eiïectué par Vatrenec
(If, 20, rue de la Poélie,
qui adresse un onuseule de renseignements dé-
taillés aux candidats, sur leur demande.
M. Louis BERTRAND
est reçu à r Académie Française
M. fuies Cambon, qui tilt Gouverneur gé-
néral de l'Algérie {son frère feu Paul Calll-
bon fut, on le sait, Résident général de Frall-
ce à TUllis), a reçu hier à L'Académie Irall-
açise M. Louis Hertrand.
A l'occasion de cette cérémonie, l'ancien
ambassadeur de France à Berlin, faisant al-
lusion à l'œuvre africaine de Louis Bertrand
qui est considérable, a prononce un impor-
tant discOUTS, plein de vues d'ensemble et
d'un intérêt primordial.
Voici la partie de son discours relative à
la colonisation française dans l'Afrique du
Nord.
Votre bonne fortune et ht nôtre unt voulu
que les hasards de votre vie de professeur
vous conduisissent en Afrique. Tout vous y
séduisit : la magnificence du paysage, la li-
berté de la vie, la grandeur des souvenirs
que l'antiquité y a laissée l'œuvre même
que la France y accomplit. Cette séduction.
tous ceux qui ont collaboré à cette grande
œuvre l'ont subie comme vous. le le sais
rrieux que personne.
Il y aura bientôt cent ans que nous avons
pris Alger. A une époque où l'on prodigue
les anniversaires, celui-là plus que tout au-
tre méritera d'être célébré. Assurément, le
14 juin 1830, quand nos soldats débarquaient
a Sidi-t errucli, les chefs qui les conduisaient
ne prévoyaient pas toutes les conséquences
de cette action militaire. Ces successeurs de
Scipion ne se doutaient pas qu'ils fondaient
un empire. La France d Ie-m'\,mc l'a-t-elle.
aujourd'hui bien compris, alors que la Ré-
publique a achevé glorieusement l'œuvre
commencée il y a près d'un siècle, et qu'elle
a étendu notre domination des Svrtcs h
I Atlantique ? Un historien philosophe - a dit
que les plus grandes actions que les hom-
mes accomplissent, le pl", souvent, ils les
font sans en avoir consci»-nce. La nécessité, la
force des choses et la loi souveraine qui pré-
side- aux destinées des nations b-s conduisent
où elles ne croyaient pas aller. Il suffit, pour
mesurer la grandeur de notre œuvre en Afri-
que, d'écouter l'étranger. Il est plus juste
pour nous que nous-mêmes. Il admire l'or-
dre que nous y avons établi et la merveille
d'un développement économique qui croit
tous les jours. Certains esprits vont plus
loin. en jour, à Washington, le président
Kooscvolt, parlant avec moi des idées dr
Rudyard Kipling sur la responsabilité des
peuples de race blanche, me citait notre
exemple. Il me disait : «( Jusqu'en >830, les
Etats-Unis payaient une indemnité annuelle
à la régence d'AVer 1." riii-i J, ; : .j -
',arhan'q\!('. n - pocta.v.cnt 1 mi P"I" 1!.,",u. t-'.
"oi!< délivrant de ,,'::,' i.. "., 1
liant»', vous H".!.- ,H i7 v':!• ;;r:u é'
'.ire, mai* Vous ave t fait d c. a.;'.ir>» .:: •
avez soustrait l'Iiumaml- ".-j>tc de )};\J.
b.i'ie- c'est > "tte 11!:h. '"i • !:¡ b r':, i;>< :,01\
l'i,' !.- premier ,:,,-':r- :\ ",. :'; 1. < ,
Te rois "d': i':. • • : : -icr.rnc
Koosevclt. J en vois la preuve dans l'impres-
sion que vous avez éprouvée au sud de la
1 unisie, quand vous ête> allé -à Gigthi, qiii
fut, du côté du désert, le poste le plus avan-
cé de Rome. On avait retrouvé là, dans les
ruines d'un temple, et emporté pour quel-
que musée une tète de Zl'U sculptée selon
le type immortalisé par Phidias. Vous avez
exprimé le vœu qu'elle fùt remi-e à sa place.
Sur le seuil du continent noir, vous auriez
souhaité voir le dieu au front rayonnant, au
bras armé de la lance, éternelle figure de
l'intelligence souveraine, symbole de Ta me-
sure et de la force ordonnée, debout, fai-
sant faœ à la barbarie de-; hommes et a
l'hostilité de la nature.
ous avez décrit, avec une rare vigueur de
coloris, la beauté de la terre d'Afrique, ses
grand s horizons où rien n'altère ni la ma-
jesté des lignes, ni la pureté du dessin, et
la lumière qui revêt de splendeur 1rs plus
misérables débris; mais l'tYlat du décor ne
vous a jamais distrait du drame qui se joue
sur cette terre ardente. Vous avez fait par
là une sorte de révolution flans la littéra-
ture de l'Orient.
C'est un chapitre ;i-sc/ amu>ai.t vie l'his-
toire du goût que celui de l'orientalisme (Tans
l'art. Iiajaset avait paru depuis longtemps
sur la scène, quand la publication des Mille
et une nuits donna le branle à la mode. T.e
di-z-liiiitibnie siècle ne connut, à dire vrai.
que des turqueries de paravent. Quand on
lisait les Quatre Facarains, les Lettres per-
sanes ou Tadig, on savait bien ce qui se ca-
rhait sous ces légers déguisements. Personne
ne s'y trompait : c'était délicieux*, comme
les Turcs amoureux ou les spirituelles sul-
tanes que Houcher nu Fragonard se plai-
saient à peindre. On finit rependant par se
lasser de cet aimable carnaval. On inventa
une vérité imaginaire qu'on appela la cou-
leur locale, mais M. de Chateaubriand lui-
même eut beau faire, quoiqu'il fitt un peu
magicien, - l'enchanteur, disait Joubert. --
son Abencérage. s'il était plus éloquent,
n'avait pas plus de réalité nue le Malek-
Adel de Mme Cottin. F.ntîn, le romantisme
triompha et renouvela tout, lîvmn, Victor
Huço et ses Orientales ensorcelèrent 1('< ima-
ginations : leur Orient.
Avec les mille tours de ses palais de fées,
était éblouissant comme le génie du poète,
mais, hélas! combien différent de la réalité
sojrdide. F.t, plus lard. Fromentin, bien qu'il
ût-pris la peine d'aller jusqu'à Laghouat,
décrivait surtout l'Alger des Mauresques fa-
ciles. On voit bien, à le lire, que l'Algérie
était encore pour lui le pays du mirage.
A vous, monsieur, elle est apparue I..omml'
elle est, une terre dure dans l'ensemble, sé-
\cre, austère même, qui exige de. l'homme
un effort continu pour lui prodiguer ses ri.
chesses. Vous en avez souvent décrit le pit-
toresque, mais vous n'en ave/, pas vu que
la surtaco. et vous ;\(' témoigné de. l'éner-
gie patiente qui tit l'Atrique irançaise. Vous
avez rendu justice aux artisans do la crta-
tion, aux soldats et aux colons.
I.ps soldats ! Quelle parole pourrait égaler
l'omvre que l'armée d'Afrique a poursuivie
depuis près de cent ans et qu'elle achève
aujourd'hui au 'broc? Nos troupiers ont été
d'infatigables pionnier*. Combien ai-je ren-
contre, dans les solitudes du .Sud, de jeune»
officiers en qui je voyais briller une ctin-
relle du feu qui enflammait ces explorateur»
et ces missionnaires dont beaucoup ont donne
leur vie pour conquérir rcs immensités. Et
quel* chefs, un Rugeaud. un T.amoriciè-e. un
LE NUMKftO : 30 CENTIMES -
VE'IHI.n' soin. je, NuVKMIiHK lirjr,
JUMIL QUOTIDIEN
Miêsctin & Administration i
M, IM M ̃Wl'IMMr
PARIS 0")
dIotn. 1 mitu ••
Les Annales Coloniales
-[, e s 0
.0-. rll- 1 r -
NlffN Al fMMflL
Diriotium t Maro^l RUIDEL et L.-Q. THÊBAULT
Ut Ahulm Cwwif M ,.,
du bàas. ow MW gow ptophM* ,..
AlONREiERTS
mnm k supplément illustré :
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Colon Im 1M • Si » I» •
b.,.. 1M» W* Mt
On hjm (nk -
lm - batuffl db me"
Le budget des colonies
C'est encore M. Archimbaud qui est chargé,
cette année-ci, du rapport sur le budc* de*
Colonies. Il taut louer l'usage qui veut cpJe,
pendant toute la législature, le rapport d'un
Lu-g et soit confié au même parlementaire. Le?
inconvénients qui en découlent seraient assez
tacites à énumérer, mais. à la réflexion, les
avantages l' emportent indiscutablement.
Habituellement, les rapporteurs sont dans
r examen même des chapitres tenus de traduire
ta pensée de la Commission. Mais ils ont toute
liberté en ce qui concerne les considérations qui
servent de ptétace aux rapports. Ici, l' auteur ne
tarie qu'en son nom personnel et n'exprime
ta aucune manière les conceptions de ses col-
lègues de la Commission. Nous avons ainsit sur
chaque budget, des exposés généraux qui sont
rarement dépourvus d'intérêt, bien qu'il arrive
parfois qu'on y glisse des notes toutes préparé"
par les bureaux des ministères.
Ce n'est pas le cas avec le rapport de M.
Archimbaud qui est une œuvre personnelle. Le
député <.ie la Drôme n' a pas l'ambition de trai-
ter en une seule fois tou& les aspects du pro-
blème colonial. Son dessein est beaucoup plus
modeste. Il préfère chaque année aborder une
ou deutx questions et les examiner aussi à fond
qu' on peut le faire dans un document parlemen-
taire sans crainte de pédantisme.
C' est ainsi que, da- le budget de 1925, il
avait abordé le problème du Haut-Commissa-
nat du Pacifique, et je crois même que nous
avions ici même discuté quelques-unes de ses
conclusions.
L'an dernier, il étudia l'organisation du ré-
gime sanitaire de nos colonies. Cette année, il
embrasse un sujet d' ordre plus vaste et il jette
un coup d'oeil d ensembte et forcément rapide
sur la politique coloniale de la France. Ce sont
du considérations générales qu'il a le propos
de présenter au Parlement et aussi à tous les
Français, afin que ceux-ci aient une « menta-
lité coloniale 1). M. Archimbaud veut que tous
nos compatriotes s'intéretosent au développement
de nos colonies. « Il faut, dit-il, que ce oon
sens. cette notion en quelque sorte innée de la
jistice et de la justesse qui caractérise notre
peuple, gouverne désormais notre politique co-
loniale. Il faut qu' après avoir tant contri bué à
faire dans le passé la France, ces sentiments
fassent la plus gran d e France dans l'avenir. »
Ainsi s'exprime M. Archimbaud. C' est un
grand dessein qu'il nous confie. Ce langage, qui
respire la fermeté ia plus nette, me rappelle
certaines instructiont. de Colhert aux Intendants.
Je doute que M. Archimlnuci soit plus heu-
reux que le ministre du Grand Roi. Nous en
reparlerons d8na quelques années
Pour l'instaint, notre rapporteur veut nous
insuffler une ime coloniale, une Il mentalité im.
périale H. Je ne voudrais pas trop le chicaner
sur le choix d' une expression, mais je ne dois
pas lui dissimuler que j aime peu ce terme qui
prête à équivoque, malgré la définition qu'il en
donne. « La mentalité impériale, dit-il, c' est
l'état d'esprit d'un homme sentant obscurément
ou nettement qu'il fait partie d'un ensemble
nui le dépasse, oui dépasse ses conceptions de
la famille, du village, de la province, du pays
r-ême. C' est le contraire de l'esprit de clo-
cher. »
M. Archimbaud >'étonne que le Français
n'ait pas cette mentalité. Qu'il me permette de
le lui dire : c'est son étonnement qui m'étonne.
Car il a fallu de longs siècles pour que les
Français aient acquis le sentiment que tous, Pro-
vençaux, Flamands, Auvergnats, Bretons et
Gascons, faisaient partie d'un même pays. Le
sentiment nationa l est beaucoup plus récent que
no le racontent des manuels et des protesseurs
d'histoire ou des publicistes qui transposent vo-
tontier? dans le passé des sentiments qui sont
particuliers, sinon à nos contemporains, tout au
moins aux hommes du XIX" siècle. M. Archim-
baud nous signale le mineur du pays gallois qui
s 'intéresse au citoyen des antipodes, de la
Nouvelle-Zélande ou de l'Australie. J'émets
quelque doute à ce ,ujet. En tout cas, les ré-
sultats de la récente conférence impériale bri-
tannique témoignent que le sentiment fédéraliste,
c'est-à-dire particulariste, c'est-à-dire encore
Il l'esprit de clocher » non seulement n' est pas
mort, mais encore gagne du terrain. Nous au-
rons probablement l'occasion de revenir sur ce
point.
- M. Archimbaud rend responsable de cet état
d'esprit l'école, non pas l' école primaire, mais
le lycée, le collège, et il porte sur la façon
dont sont enseignées dans ces établissements les
questions coloniales. Je n'aurai garde de pré-
tendre que cet enseignement est parfait. Mais
pendant de nombreuses années, j' ai pu le voir
d'assez près et me rendre compte qu'il est moins
sacrifié qu'on ne le prétend. Sans doute, on
trouve des jeunes bacheliers qui ignorent les
colonies, mais on en rencontre aussi qui ignorent
les mathématiques qu'on leur a pourtant ap-
prises. Là où M. Archimbaud a parfaitement
raison, c'est quand il se plaint que les commer-
çants ou les industriels français ignorent les pro-
duits de nos colonies, et il s'élève notamment
contre le mépris dont souffrent nos bois colo-
niaux. C'est vrai, mais cela tient à ce que les
agences des colonies ne remplissent pas leœ
tâche et aussi à ce que nos compatriotes éprou-
vent de la peine à se libérer de la routine et des
préjugés.
M. Archimbaud fait un rapide historique de
la colonisation française. Il oppose l'incohé-
rence de nos conquêtes à l'unité de dessein qui
présida à celles de l' Angleterre. Je ne suis pas
complètement de son avis. La formation de
notre Empire colonial n'est pas le résultat d'un
plan dont les lignes auraient été arrêtées par
nue loue grand politique ou par un corps diri.
cant. comme c'était le cas. de l' aristocratie
anglaise jusqu'à une date plus récente qu'on ne
se l'imagine. Cela est évident. NQius nous som-
mes établis un peu au hasard, en Cochinchme,
en A. O. F., au Congp. Mais si ces fondations
répondaient à un besoin vague pour la masse qui
ne s'en doutait guère, mais elles correspondaient
à la volonté bien définie pour certain ceittâ
dirigeants. On était incertain sur le lieu, mais
non sur le fait lui-même. Jules Ferry, notam-
ment, savait fort bien ce qu'il faisait, et je suis
convaincu qu'il y a un lien très réel entre sa
politique coloniale et le projet de travaux pu-
blics de Freycinet. Ce sont les deux aspects
d'un même plan politique dont il me serait fa-
cile de marquer les grandes lignes. Je pense
qu'un jour on écrira l'histoire d'Eugène
Etienne. Je ne suppose pas qu'il puisse y avoir
de livre plus intéressant que celui-là pour la
question qui nous occupe et qui puisse, si son
auteur est un peu curieux et a le sentiment des
mobiles profonds qui animent la politique des
grands peuples, mieux nous édifier sur ces res-
sorts de notre DolitioUe coloniale.
Je ne pense pas, d" autre part, que la politi-
que anglaise ait présenté cette unité dans les
vues qu'on lui attribue génératement. La poli-
tique anglaise jouit d' un prestige usurpé. Elle
est lente, elle tâtonne et ne doit son succès qu'à
la maladresse de ses adversaires et à la naïveté
de ses alliés. La conquête de l'Inde, qui est
donnée comme un chef-d'œuvre d'habileté de
la part du Gouvernement britannique, est due
à l'initiative de quelques aventuriers de génie
quj étaient autant préoccupés de s' enrichir que
d agrandir l'Empire britannique. Il y a eu dans
la constitution de cet Empire beaucoup de ha-
sards heureux. A vrai dire, je ne crois guère
à ces grands plans conçus après de longues ré-
flexions et qu' on exécute avec une rigueur
inflexible. Ce sont choses qu'on met dans les
livres, qu'on enseigne même aux enfant. dont
on déforme le jugement, mais qui ne répondent
guère à la réalité. Ce sont des procédés péda-
gogiques. Mais l'expérience nous apprend que
la vie e3t tout autre. L'homme intelligent se
préoccupe moins de construire des plans majes-
tueux que de s' inspirer dans l'action de quel-
ques idées simples et - de profiter des événe-
ments.
M. Archimbaud consacre des pages intéres-
santes, et qu'il faut lire, aux échanges entre les
colonies et la métropole. Je ne suiSi pas cepen-
dant aussi partisan que lui d'une certaine forme
d'impérialiste économique dont mon ami Anto-
nelli a montré l'erreur et les dangers. Notre
conception à Antonelli et à moi est différente
de celle du distingué rapporteur de la Commis-
sion des Finances. Et quand on aura réfléchi un
peu plus longtemps au problème, on s 'apercevra
qu'elle répond mieux à la fois au\ intérêts de la
métropole et des colonies et aux conceptions
de notre régime. - -
je nr: suis pas davantage d accord avec M.
Atchitnbiud mr la question des colonies alle-
mandes nI sur les prétentions coloniales ita-
liennes. Mais où je suis tout à fait de son avis,
c'est lorsqu'il met en relief les sottes querelles
que le Gouvernement italien nous cherche,
comme si nous étions responsables de ses dé-
ceptions. Il existe en dehors de r Afrique mi-
neure des pays de peuplement. U y en a ail-
leurs, et qui sont aussi étendus que des conti-
nens. Il est facile de les dénicher.
J'ai adressé beaucoup de critiques au rap-
port de M. Archimbaud, et j' ai omis de signa-
ler les points sur lesquels nous sommes d ac-
cord. Il y en a quelques-uns. Mais mes obser-
vations témoignent de l'intérêt que j' ai - pris à
cette lecture. Le travail de M. Archimbaud
provoque les réflexions, vous invite à la discus-
sion. C'est. à mon sens, le meilleur éloge qu'on
puisse en faire, quand tant de rapports parle-
mentaires engendrent l' ennui et vous incitent à
la somnolence. Ce n'est pas le cas de celui de
M. Archimbaud qu'on lit avec un plaisir qui
n'a d'égal que celui que l' on prend à le dis-
cuter.
Henry J.'ontanier,
Député du Cantal
Secrétaire de la Commission
des AI/aires Etrangeres
membre de la Commission
des Colontes.
.1.
M. Carde à Dakar
00
M. Carde est arrivé Je 20 novembre à Da-
kar. Il a été l'objet de manifestations enthou-
siastes de la population.
La rmicipalité, dont M. Blaise Diagne est
maire, avait préparé à cette occasion une récep-
tion qui a réuni une adhésion unanime.
(Par dépêche retardée dans la transmission.)
L'AVIATION COLONIALE
08
Antibes-Ajaccio-Tunis
L'aviateur Oirougc, de la Compngnio
Il Air-Union » a entrepris Hier matin un
voy-ftge d'études sur le parcours Anlibc
Tunis.
Pilolanl un hydravion Uoré et Olivier,
moteur 400 CV. Jupiter, et ayant à bord
le radiotélégraphiste Haoul et le navigateur
Flamant, il est parti à 7 h. 35 de la base
d'Antibes ; il lit escale à Ajaccio à 9 h. 2;)
et en repartit 11 10 h. 15. pour amerrir à
Tunis à 14 h. 15, ayant réussi la traversée
dans d'excellentes conditions.
Dans les Dominions
lx, grand projet qui prédomina le pro-
gramme de l'aviation britannique, c'est la
liaison de l'Angleterre avec le Cap par
l'Egypte d'une part., avec les Indes, Sin-
gapour et l'Australie d'autre part.
Provisoirement., des réseaux limités se-
ront créés le long de ces vastes itinéraIres,
en attendant que, tous les maillons de la
chaîne étant soudés, ces itinérATres soient
desservis un jour de bout en bout par dca
avions.
Déjà l'Australie possède des services aé-
rfn8. notamment pour les transports rnpl-
des dos médecins et des malades. Dans
l'Afrique du Nord, la ligne aérienne du Cap
fil Durban est exploitée rêgUUêremenl II en
est d môme de la ligne d" Cap à Johan-
nesburg (nn millier de milles).
L'Asie aux Asiatiques
Au début de novembre se set
rencontrés à Angora, et j'imaginé
que ce n'était pas forttnttmttttle
Dr Alfred Sze, ambassadeur de Chine ;
Mirza Abdul Hussein Khan Timoustach,
ministre de la Cour persane ; M enduit
Chevket bey, ambassadeur de Turquie à
Téhéran ; M. Sourit clt, ambassadeur de VV.
R.S.S. et le général Ghulam Jeilani Khan,
ambassadeur de VAfghanistan en Turquie.
Ce soviet d1 ambassadeurs ne s'est proba-
blement pas réuni pour s'occuper des prhlt-
sions de la température. Le ministre de la
Perse a été reçu avec le tralala militaire et
culinaire ; mais, après la revue et le ban-
quet, il a eu un long entretien avec le ghazi
Mustapha Kemal pacha, entretien auquel
prenaient part Vambassadeur de Turquie à
Téhéran et le ministre des Affaires étrangè-
res de Turquie, Tevfik Roudchi bey.
Immédiatement, les commentaires ont pris
leur train; immédiatement aussi, les démen-
tis ont suivi les commentaires. Un traité en-
tre la Russie, la Turquie et la Perse î A
quoi h01l' a fait observer le Gouvernement
persan; les trois puissances ont des traités
réciproques et séparés qui rendent inutile
un traité triparti te.
A quoi d'autres ont réplique : la Cour de
l'erse a pleinement raison; il ne s'agit pas
d'un trio, mais d'un quintette; il il a deux
instrumentistes dont il ne faut pas oublier
la présence : l'ambassadeur de Chine et
l'ambassadeur de l'Afghanistan. Le roi
d'Afghanistan avait d'ailleurs fait une
manifestation qui n'est pas passée inaper-
çue, je veux parler de son télégramme de
félicitations au xllazi pacha, à l'Occasion du
troisième anniversaire de la proclamation
de la Ré publique en Turquie. Il est infini-
ment probable que, dans ce concert de mu-
sique de chambre, le IF Alfred$-e et le gé-
néral Ghulam Jeilani Khan auront joué leur
partie.
Mats le chef d'orchestre, c'est évidemment
M. Souritch, qui prend la mesure à Mos-
cou. L'influence du bolchevismc en Turquie
est profonde; sans doute, les Tures ne dis-
simulent pas aux soviets que le communisme
n'est pas matière d'importation, mais leur
politique extérieure concorde avec celle de la
diplomatie bolcheviste ; le dernier traité de
neutralité et de non agression entre la Rus-
sie rt /'A fghanistan est 'juda/h ( ho >c de
plus qu, une convention d'indi 1 férence, et (III
peut en ,(!¡, ;;'r-' /neuve dans ce fait que
l'aviation des Afghans est dirigée par des
pilotes ci d ce- mécaniciens 'c.. en Perse,
celtl ne ra peu IOtllNITS fout ,',,';, et 1,'5 so-
victs s ont forcés d employer des ,uues dl
tournées et indirectes, ma's ils les emploient
avec continuité et le ministre de la Cour de
Perse n'a pas caché qu'il venait à Angora,
porteur d'une lettre de Rizal, Pahlesi à
Mustapha Kemal Pacha..Vous n'avons
pas à rappeler les efforts des bolchevistes
dans les Imles, et en Chine : ils sont con-
nus de tous, et j'en montrera/ un jour les
résultats, Hui. la devise des soviets :
« L'Asie aux Asiatiques s est répandue par
eux avec habileté et ténacité : elle se pro-
page à travers des nations admirablement
disposées à la prendre comme maxime di-
rectrice de leur politique intérieure et exté-
*
Le Times voit dans cette tlctiOll méthodi-
que et apparente de la diplomatie des So-
viets, Vintention arrêtée de ruiner la Société
des Nations, qu'ils dénoncent comme une
arnte aux mains des puissances capitalistes
de l'Occident. Une seule nation asiatique
a obtenu un siège permanent à la S. 1). ; V.,
la Chine et la Perse en font bien partie,
mais la Chine n'a qu'un siège provisoire
pour une durée de deux ans, et la Perse n'a
rien : de là, quelque mécontentement.
La Turquie avait posé comme condition
préalable à une demande d'admission l'oc-
troi d'un siège permanent ; n'ayant pas ob-
tenu cette promesse, elle est restée en de-
hors de la Société. Ce sont ces méfiances
que Moscou exploiterait contre Genève.
C'est trop peu dire en vérité. Il y a deux
desseins généraux que poursuit le bolche-
vismt: eu Asie : substituer à l'infltullu po-
litique et commerciale de l'Angleterre en
Asie, celle de la Russie, héritière de la po-
litique traditionnelle des tzars.. convertir au
communisme des populations nombreuses
dont la psychologie semble favorable au dé-
veloppement de cette mystique. L'Angle-
terre est l'adversaire contre lequel, à la ma-
nière orientale les Soviets mènent une lutte
acharnée, implacable, sans merci.
¡-.:st-cc à dire que la France ne soit pas
menacée elle-même? Il serait vraiment, tropl
puéril de ne pas le voir. Imaginez ce que
deviendrait. l'Orient tout, entier, le jour où
triompherait la devise : « l'Asie aux Asia-
tiques » qui n'est autre que celle-ci :
« L'Asie aux bolchevistes. »
Or, après Angora, il y a eu Odessa : il
ne sera pas inutile de dire un mot aussi de
cette entrevue.
Mario Roustan,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre.
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonfeil.
-a$*.
M. Viollette en France
---0+-
M. Viollette, Gowerneur Général de VAl-
gérie, s'est embarqué hier à Alger pour Mar-
seille, où il a débarqué cet après-midi. Il se
rend à Paris pour entretenir le Gouvernement
des décisions des délégations financières, no-
tamment de celles relatives au Crédit agricole,
aux Chemins de fer sur route d'Algérie et aux
Transports maritimes. Il reviendra le 5 décem-
bre à Alger.
a
Le coamerce de la France
avec ses colonies
--0-0-
* Le tableau ci-dessous donne les chiffres rela-
tifs à la va leur de nos importations en prove-
nance des colonies françaises et pays de pro-
tectorat pendant les dix premiera mois de 1926,
comparés à ceux de la période correspondante
de 1925:
Importations (en milliers de francs)
1926 1925
Algérie 2.169.863 1.320.075
Tunisie 526.260 315.581
Maroc 259529 152 358
Afrique Occidentale
française (A) 947-492 460 525
Madagascar et dé-
pendances 334.890 251.733
Indochine française. 710.435 474.774
Autres colonies et
pays de protecto-
rat (A) 753.269 698.211
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 5.701 .738 3.673.257
Voici, d'autre part, la valeur comparée des
exportations de la France sur les colonies fran-
çaises et pays de protectorat pour les dix pre-
miers mois de 1926 et 1925 :
Exportations (en milliers de francs)
1926 1925
Algérie. , 2.639 050 2.193.282
Tunisie 718 922 466.632
Tun'Z sie
Maroc, 1.021-052 673 8%
Alrique occidentale
française (A) 800.609 318.388
Madagascar et dé-
pendances .,. 398-141 320.422
Indochine française. 1.224.494 688.602
Autres colonies et
pays de protecto-
rat (A) 542.912 456 940
Totaux des colonies,
françaises et pays
de protectorat 7 345-180 5.098.162
Remarquons, comme le mois dernier, que
dans le commerce général de la France, les co-
lonies occupent, au point de vue de leurs ventes
à la métropole, 1 r. second rang, après les Etats-
l.-nis (6.397/;22.000 francs), et avant la Gran-
de-Bretagne (5-578.1 33.000 francs).
Au point de vue de leurs a«:h.»ts, elles vien-
nent après la Giande-Bretagne (8.763.445.000
francs), et l'Union Economique Bdgo-Luxem-
bourgeoise (7 956548.000 francs).
(A) Pour 1924 et 1925. les chiffres figurant
à ce compte se rapportent au Sénégal, à l'exclu-
sion des aures Etablissements français de la
Côte Occidentale d'Afrique qui sont alors grou-
pés avec les « autre!: colonies françaises et pays
de protectorat ».
–-
Abd-El-Krim à la Réunion
OC)-
Alxi-Eil-Krim, confortablement installé
nu château Morunge, apprend le français,
pour, dit-il, écrire ses mémoires qui l'nur-
niront la preuve qu'il a toujours eu pour
la France une » véritable admiration et in-
tiniment de ivspect ».
-- En quijttajit VAmiral-Pierre, Aibd-l'tf-
Krim a eu un moment de grosse émotion,
Il a éprouvé l'impression de faine ses
adieux i\ des ennemis devenus des amis
et, dans son cœur, il a adressé une prière
(1 Allah, clément et miséricordieux, pour
obtenir de trouver le mémo accueil géné-
reux sur la terre de Bourbon.
En auto, et tout en suivant la route de la
montagne, il a fait !u remarque que la
beauté si variée des paysages lui rappelait,
un peu la végétation du Hif que, naturelle-
ment, U continue à préférer, e-ar déjù il
éprouve ee sentiment de l'exilé, pour qui
rien ne vaut le pays natal.
En arrivant au ch tenu Morange, il
n'a pas manqué de rendre hommage à
l'aspect extérieur particulièrement sédui-
sant de la nouvelle demeure dont le gou-
vernement 10eal a fait choix pour lui.
Le cliief rifain déolare avoir été impres-
sionné par raccucii qui lui a été fait par
M. le Gouverneur Ropiquet.
Il ne pouvait, dit-il on propres termes,
se trouver <'n présence d'un meilleur re-
présentant de la grande et généreuse
France, puissante protectrice de l'Islam.
Son frère confirmo expressément cette
opinion.
Déjà, devant les preuves de bienveillance
de M. Sleeg il avait éprouvé un sentiment
de gralilude ; c'est. grAce l'autorité* <'t ;i la
grande renommée «le M. Steeg qu'il avail
pris la résolution de se soumet Ire h notre
pays, parce que M. Steeg a su lui inspirer
confiance et lui montrer quelle était la
meilleure solution à adopter pour la France
el pour lui.
Alxl-el-Krim a pleinement confiance dan*
la nature chevaleresque du caractère fran-
çais, qui est traditionnellement, connu de
ioum les Arabes et qui ne peut se démentir
à. son égard.
L'exilé veut vivre a la Réunion en philo-
sophe résigné, Ù l'écart du monde, pour se
recueillir au milieu des siens et donner
son , tvilipe à fètnde,
S'il lui vient d'autres enfants - il a déjfi
quatre garçons et une tille il prétend les
élever entièrement il la française. 11 se ré-
jouit que son dernier soit né précisément
le jour de son arrivée Bourbon et qu'il
soit ainsi, de par la loi, sujet français.
Outre les études qu'il médite, Abd-el-
Krim s'occupera de faire valoir la propriété
mise fi sa diRposition, comprenant sept
hectares.
A ses cAlés, se trouve son frère Si
MVhnmmd, qui lui est trè? dévoué.
Remarquablement intelligent, ayant fait
sets études en Espagne, S'ltnnt frotté il la
civilisation parisienne, il partagera ,;\ La
Réunion le sort d'Ad-el-Krim comme il l'a
partagé dans la guerre du Rif.
Politique coloniale
et politiqne navale
0-0 -
A l' occasion de l' appareillage des deux croi.
tetus La Motte-Picquet, navire amiral, et Du-
gua)rTrouin, à destination de Dakar et Cona-
kry, M. Georges Leygues, ministre de la Ma-
rine, a précisé le but de la croisière de l'Atlan-
tique placée sous le commandement du contre-
amiral Pirot.
Composée de nouvelles unités sur lesquelles
les experts les plus sévères ont porté le juge-
ment le plus favorable, cette croisière doit être
la preuve de l'appui que notre politique navale
apporte à notre politique coloniale qui, ajouta
M. Georges Leygues, ne serait qu'une brève
illusion sans une force navale importante aux
équipages bien entraînés.
8.. –-
Les relations entre Fez et l'Europe
Voici où en son» les moyens de communi-
cation rapide entre Fez et l'Europe :
Actuellement, en zone française, la ligne
de Tanger-Fez est exploitée sur 170 kilomè-
tres entre Fez et Souk-El-Arba du Gharb (à
15 km. au nord du Sebou). De ce point à
la zone espagnole et jusqu'à Tanger, si le
rail est posé, il reste des travaux de terras-
sement et de ballastage à réaliser avant l'ou-
verture de la totalité de la ligne au trafic.
On ne pense pas que v;elle-ci puisse se réa-
liser avant mai 1927.
En attendant, la Compagnie de navigation
espagnole Il Transmediterranea » se propose
de mettre en service entre ATgésiras et Tan-
ger un paquebot rapide permettant de tra-
verser le détroit de Gibraltar en deux heu-
res. Les horaires seraient combinés entre ce
bateau, le Tanger-Fez et le réseau espagnol
(en direction dn Madrid). Ces différentes
améliorations faciliteraient singulièrement
les communications terrestres (via Espagne)
entre la France et notre protectorat maro-
cain.
Au Conseil d État
--0.0-
Rejet des requêtes du Président intérimaire
et des conseillers de la Cour d'appel de
l'Afrique équatoriale française.
ijelte haute juridiction a rejeté les requê-
tes que MM. l'révost de Touchimbert, pré.
sident intérimaire (14" la Cour d'Appel do
l'Afrique Equatoriale française ; Thibault
et François, conseillers à la mémo Cour,
avaient introduites aux lins d'annulation
d'un arrêté du Lu e ut e na 111~(. Uni v e r ne ur du
Moyen Congo, en d iS de fc* th'e"pd:,.. 1^21,
qui le.1* avait cI.'s.J!ll'., • onniV' membres mu-
îii.strats titillai:-»*' t ^mMéiuit* nu Conseil
d'i C»'utunln-u\
l'
Le Contwr! : e..»us u» raî'! qu'aux t.: iltl';';
de l'art, ô du .rn.q ,ia ij janvici WlO,
portant organisation des conseils d'admi-
nistration des colonies constituant le Gou-
vernement (îonéral de l'Afrique Equatoriale
française « les conseils d'administration
11 des colonies, COllst it uont en conseil du
et par l'adjonction
Il de deux magistrats ou fonctionnaires, M-
« signés annnullement par les lieutenants-
11 gouverneurs ; dans ce cas, des conseils
Il fonctionnent conformément aux disposi-
Il tions des décrets des 5 aoAt et 7 sep tern-
ie bre 1881 ». l'article 1er du décret du 5
a mît 1881, prévoit que l'arrété "qui a
gné les deux magistrats en désigne égale-
ment deux autres pour remplacer au be-
soin les premiers.
Considérant qu'aucune disposition légis-
lative ou réglementaire ne limite le choix
(tn l jeutenant-Gouvcrneur dans la désigna-
lion des magistrats de l'Afrique 'F^quatm-
rlnile Française, appolés A siéger au Con-
seil d'administration de la Colonie, et ne
dispense en particulier les magistrats de
la Cour d'Appel de l'ohligalion de complé-
ter un des conseils du Contentieux fonc-
tionnant dans leur ressort. d^s lors les
requérants qui, d'ailleurs, ont été appelés
h faire partie du conseil du Contentieux,
siégeant dans les villes mêmes où ils exer.
rent. leurs fonctions, ne sont pas fondés à
soutienir que l'a.rrélé attaqué est entaohé
d'illégalité.
A L'ACADÉMIE DES SCIENCES
M. T.ecomte vient de présenter l'Al'a-
démie un beau volume qu'il publie avec
atlas, imprimé sur papier de bambou, aux*
frais de la colonie, sur 'es 7?r>chine. leurs caractères, leur analomie.
leurs utilisations.
A LA CHAMBRE
QUESTIONS ECRITES
Pour terminer son service en Indochine
M. I.éov l.'Srofit'rr, député, demande à M. I1
v-mislrt' des < olonics : l" si un Français de l:i
élu sse en^aiié dnns la marine en noNt'in-
lnv! P.*23 pour cinq ans, marié en U»2tV. quinUer-
niaitre litulaiiv des biv.wts (U: radio et de eliel
de poste radio, peut, eoinpte tenu de c e que suit
en^a^eiuent expirera en novembre I92S, elre rii-
voy»\ sur sa demande, en lndo» tiiue. pour y ter-
miner son service, ou s'il peut résilier son enga-
gement pour en signer un autre à cet effet; s2"
dans la négative, quelles conditions (h\Tl\it-ll
remplir pour alita* en lndoehine <0 comme
militaire; h) comme civil; à qul'l\t's fond ion:::
pourrait-il aspirer et quels avantages obtiendrait,
il dans les deux cas. {Question ,lu 12 noremlw
tnG. )
Réponse. l* 11 est, répondu à la première
partie de la question ci-dessus par le ministre
de la Marine ; 2* o) le service radiolélégraplit
tio
cadres pour les hommes de troupe; h) les can-
didats civils sunt admis dans ee service, soit :
comme mécaniciens, sur production de certili-
cats d'employeurs, soit, comme eheTs de poste,
après examen. I.es soldes de début sont de '(\(itl
francs pour les mécaniciens stagiaires et f».'i00
francs pour les chefs de poste. 11 est en outre
alloué un supplément, colonial de piastres
nu\ premiers et -VIIT» piastres aux seconds et.
éventuellenaait. pour les emplois des oeux cau-
series, des indemnités de zone et de charges de
fomilk, LI recrutement est eiïectué par Vatrenec
(If, 20, rue de la Poélie,
qui adresse un onuseule de renseignements dé-
taillés aux candidats, sur leur demande.
M. Louis BERTRAND
est reçu à r Académie Française
M. fuies Cambon, qui tilt Gouverneur gé-
néral de l'Algérie {son frère feu Paul Calll-
bon fut, on le sait, Résident général de Frall-
ce à TUllis), a reçu hier à L'Académie Irall-
açise M. Louis Hertrand.
A l'occasion de cette cérémonie, l'ancien
ambassadeur de France à Berlin, faisant al-
lusion à l'œuvre africaine de Louis Bertrand
qui est considérable, a prononce un impor-
tant discOUTS, plein de vues d'ensemble et
d'un intérêt primordial.
Voici la partie de son discours relative à
la colonisation française dans l'Afrique du
Nord.
Votre bonne fortune et ht nôtre unt voulu
que les hasards de votre vie de professeur
vous conduisissent en Afrique. Tout vous y
séduisit : la magnificence du paysage, la li-
berté de la vie, la grandeur des souvenirs
que l'antiquité y a laissée l'œuvre même
que la France y accomplit. Cette séduction.
tous ceux qui ont collaboré à cette grande
œuvre l'ont subie comme vous. le le sais
rrieux que personne.
Il y aura bientôt cent ans que nous avons
pris Alger. A une époque où l'on prodigue
les anniversaires, celui-là plus que tout au-
tre méritera d'être célébré. Assurément, le
14 juin 1830, quand nos soldats débarquaient
a Sidi-t errucli, les chefs qui les conduisaient
ne prévoyaient pas toutes les conséquences
de cette action militaire. Ces successeurs de
Scipion ne se doutaient pas qu'ils fondaient
un empire. La France d Ie-m'\,mc l'a-t-elle.
aujourd'hui bien compris, alors que la Ré-
publique a achevé glorieusement l'œuvre
commencée il y a près d'un siècle, et qu'elle
a étendu notre domination des Svrtcs h
I Atlantique ? Un historien philosophe - a dit
que les plus grandes actions que les hom-
mes accomplissent, le pl", souvent, ils les
font sans en avoir consci»-nce. La nécessité, la
force des choses et la loi souveraine qui pré-
side- aux destinées des nations b-s conduisent
où elles ne croyaient pas aller. Il suffit, pour
mesurer la grandeur de notre œuvre en Afri-
que, d'écouter l'étranger. Il est plus juste
pour nous que nous-mêmes. Il admire l'or-
dre que nous y avons établi et la merveille
d'un développement économique qui croit
tous les jours. Certains esprits vont plus
loin. en jour, à Washington, le président
Kooscvolt, parlant avec moi des idées dr
Rudyard Kipling sur la responsabilité des
peuples de race blanche, me citait notre
exemple. Il me disait : «( Jusqu'en >830, les
Etats-Unis payaient une indemnité annuelle
à la régence d'AVer 1." riii-i J, ; : .j -
',arhan'q\!('. n - pocta.v.cnt 1 mi P"I" 1!.,",u. t-'.
"oi!< délivrant de ,,'::,' i.. "., 1
liant»', vous H".!.- ,H i7 v':!• ;;r:u é'
'.ire, mai* Vous ave t fait d c. a.;'.ir>» .:: •
avez soustrait l'Iiumaml- ".-j>tc de )};\J.
b.i'ie- c'est > "tte 11!:h. '"i • !:¡ b r':, i;>< :,01\
l'i,' !.- premier ,:,,-':r- :\ ",. :'; 1. < ,
Te rois "d': i':. • • : : -icr.rnc
Koosevclt. J en vois la preuve dans l'impres-
sion que vous avez éprouvée au sud de la
1 unisie, quand vous ête> allé -à Gigthi, qiii
fut, du côté du désert, le poste le plus avan-
cé de Rome. On avait retrouvé là, dans les
ruines d'un temple, et emporté pour quel-
que musée une tète de Zl'U sculptée selon
le type immortalisé par Phidias. Vous avez
exprimé le vœu qu'elle fùt remi-e à sa place.
Sur le seuil du continent noir, vous auriez
souhaité voir le dieu au front rayonnant, au
bras armé de la lance, éternelle figure de
l'intelligence souveraine, symbole de Ta me-
sure et de la force ordonnée, debout, fai-
sant faœ à la barbarie de-; hommes et a
l'hostilité de la nature.
ous avez décrit, avec une rare vigueur de
coloris, la beauté de la terre d'Afrique, ses
grand s horizons où rien n'altère ni la ma-
jesté des lignes, ni la pureté du dessin, et
la lumière qui revêt de splendeur 1rs plus
misérables débris; mais l'tYlat du décor ne
vous a jamais distrait du drame qui se joue
sur cette terre ardente. Vous avez fait par
là une sorte de révolution flans la littéra-
ture de l'Orient.
C'est un chapitre ;i-sc/ amu>ai.t vie l'his-
toire du goût que celui de l'orientalisme (Tans
l'art. Iiajaset avait paru depuis longtemps
sur la scène, quand la publication des Mille
et une nuits donna le branle à la mode. T.e
di-z-liiiitibnie siècle ne connut, à dire vrai.
que des turqueries de paravent. Quand on
lisait les Quatre Facarains, les Lettres per-
sanes ou Tadig, on savait bien ce qui se ca-
rhait sous ces légers déguisements. Personne
ne s'y trompait : c'était délicieux*, comme
les Turcs amoureux ou les spirituelles sul-
tanes que Houcher nu Fragonard se plai-
saient à peindre. On finit rependant par se
lasser de cet aimable carnaval. On inventa
une vérité imaginaire qu'on appela la cou-
leur locale, mais M. de Chateaubriand lui-
même eut beau faire, quoiqu'il fitt un peu
magicien, - l'enchanteur, disait Joubert. --
son Abencérage. s'il était plus éloquent,
n'avait pas plus de réalité nue le Malek-
Adel de Mme Cottin. F.ntîn, le romantisme
triompha et renouvela tout, lîvmn, Victor
Huço et ses Orientales ensorcelèrent 1('< ima-
ginations : leur Orient.
Avec les mille tours de ses palais de fées,
était éblouissant comme le génie du poète,
mais, hélas! combien différent de la réalité
sojrdide. F.t, plus lard. Fromentin, bien qu'il
ût-pris la peine d'aller jusqu'à Laghouat,
décrivait surtout l'Alger des Mauresques fa-
ciles. On voit bien, à le lire, que l'Algérie
était encore pour lui le pays du mirage.
A vous, monsieur, elle est apparue I..omml'
elle est, une terre dure dans l'ensemble, sé-
\cre, austère même, qui exige de. l'homme
un effort continu pour lui prodiguer ses ri.
chesses. Vous en avez souvent décrit le pit-
toresque, mais vous n'en ave/, pas vu que
la surtaco. et vous ;\(' témoigné de. l'éner-
gie patiente qui tit l'Atrique irançaise. Vous
avez rendu justice aux artisans do la crta-
tion, aux soldats et aux colons.
I.ps soldats ! Quelle parole pourrait égaler
l'omvre que l'armée d'Afrique a poursuivie
depuis près de cent ans et qu'elle achève
aujourd'hui au 'broc? Nos troupiers ont été
d'infatigables pionnier*. Combien ai-je ren-
contre, dans les solitudes du .Sud, de jeune»
officiers en qui je voyais briller une ctin-
relle du feu qui enflammait ces explorateur»
et ces missionnaires dont beaucoup ont donne
leur vie pour conquérir rcs immensités. Et
quel* chefs, un Rugeaud. un T.amoriciè-e. un
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