Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-11-23
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 novembre 1926 23 novembre 1926
Description : 1926/11/23 (A27,N178). 1926/11/23 (A27,N178).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397227x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SEPTIEME ANNEE. N° 178
LE NUMERO : » CENTIMES
MARDI SOIR, 23 NOVEMBRE 19iW
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PARIS
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Les Annales Coloniales
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Les dangers et lè remède
Les dangers et le remè d e
La Nation Belge publiait, il y a quelques
jours, un article fort intéressant et intitulé :
« Problèmes coloniaux J. Article dont les
observations méritent d'être méditées, non
seulement en Belgique et en Hollande, mais
par tous ceux qui, dans le monde entier, re-
gardent au delà du moment présent, et se
demandent : de quoi après-demain sera-t-il
fait ?
L'intention de l'auteur est d'ailleurs as-
sez nette. Son article est écrit en mer, entre
Java et Sumatra, au mois de juillet dernier.
Après avoir célébré la fertilité du sol, la
situation géographique, l'abondance de la
main-d'oeuvre, les qualités de la population
douce et malléable, les paysages enchan-
teurs, la clémence du climat. de la Perle de
l'Extrême-Orient, notre confrère se bâte de
faire observer que tous ces avantages et tous
ces privilèges ne font pas que ce soit un
pays de cocagne. De redoutables problèmes
se posent pour l'empire colonial néerlan-
'dais, des difficultés graves l'assaillent tous
les jours. -
a A la vérité, il n'a pas été plus facile a
façonner, et n'est pas plus aisé à gouverner
que ne le furent et ne le sont les empires
coloniaux des Français et des Anglais, ou
que ne le fut et ne l'est le plus jeune de
tous, celui que le grand Léopold II a don-
né à la Belgique. » C'est dire que les diffi-
cultés, que les problèmes sont identiques,
ici et là, ou du moins analogues.
Le premier péril est celui du communis-
me. Les agitateurs hollandais, qui représen-
tent Moscou à Java, paraissent moins à
craindre que les agitateurs chinois : ces der-
niers sont à la fois plus « ficelles 1 et plus
audacieux. Ils sont payés par les rouges
'de Canton, et gagnent proprement leurs ho-
noraires. On venait précisément, dans un hô-
-- tel - de --- Batavia, d'arrêter deux douzaines de
fils de la Chine, chefs de la Section java-
naise des Extrémistes Kouomintang. Cela
n'a pas ralenti la propagande. Deux exem
pies, l'un d'astuce, l'autre de hardiesse : leu
communistes chinois ont réussi à obtenir des
fonds en instituant « une Société pour l'en
couragement de l'éducation chinoise aux In-
des hollandaises 8 ; aux Célestes, ils ont
appliqué la manière forte : versez-nous telle
somme, ou nous vous boycottons.
Deuxième péril : les Eurasiens. Définis-
sons avant tout : l'Eurasien est le fils d'un
Européen et d'une Asiatique, comme l'Eu-
rafricain serait l'enfant d'un Européen et
d'une négresse africaine. Beaucoup de Hol-
landais ont des enfants avec des femmes in-
digènes et souvent en mariage légal et au-
thentique. Résultat : il y a plus de 150.000
Eurasiens - aux Indes néerlandaises. D'après
notre confrère, certains se rendent Ion un-
ies dans les emplois subalternes ; mais,
(j'une part, il n'y a pas d'emplois pour tous,
et, par suite, le nombre des aigris et des ré-
voltés s'accroît ; de l'autre, ces a demi-cas-
te » héritent plutôt des vices des deux races
auxquelles ils appartiennent que de leurs
vertus. » En troisième lieu, ils sont antipa-
thiques et aux Européens et aux indigènes,
précisément parce qu'ils sont des métis : les
premiers les regardent du haut de leur gran-
deur, les seconds aussi et se refusent à se
laisser gouverner par des êtres dont le sang
est mêlé. C'est là toute la question du métis-
sage : problème qui a fait couler et qui fera
couler encore - des - torrents d'encre : nous ne
les grossirons pas nous-mëme aujourci nui.
Troisième péril : le mouvement nationa-
liste. Notre confrère ne se préoccupe pas de
savoir s'il est, avec les deux autres, dans le
rapport d'un effet à ses causes. Il affirme
que ce mouvement n'est pas encore très
marqué. Je me rappelle avoir apporté, à
cette place, des témoignages contraires. No-
tre voyageur fait un tableau rapide de l'in-
digène de l'Insulinde : charmant, mais pué-
ril, sans idéal, sans besoins, vivant -- de prêts
et d'avances, insouciant, voluptueux, super-
ficiel, illogique. Il ne semble pas désigné
pour prendre en main la conduite d'un gou-
vernement. Plus tard, peut-être, mais bien
plus tard, comme le reconnaissent les plus
indiqués. Et le voyageur cède la parole au
philosophe; sans doute, il se défend dlaller
aussi loin que Finot dans son livre : Le
Préjueé des Races; sans doute, il croit à la
perfectibilité indéfinie de la race humaine,
de toutes les races humaines ; sans doute, il
a rencontré en Nouvelle-Guinée deux ou
trois Papous qui, non seulement avaient re-
noncé aux plaisirs intenses et traditionnels
de la chasse aux têtes, mais qui, sous la di-
rection de missionnaires tenaces et dévoués,
étaient parvenus « à assimiler notre civili-
sation dans ses principes essentiels 1; sans
doute, Il connaît deux excellents prêtres
congolais; mais., ajoute-t-il. car il y a..un
mais, et voici de quoi il est suivi : « Nous
demeurons convaincus qu'il s'agit là de su-
jets exceptionnels et, sans nier que, par une
lente évolution à"' notre contact, avec nos le-
çons et notre exemple, les races même les
plus primitives pourront s'élever dans
l'échelle humaine et jouer un rôle utile,
nous n'en demeurons pas moins convaincus
que toutes les races ne se valent pas et
qu'elles n'auront jamais les mêmes capacités
et qu'elles ne parviendront jamais au mê-
me degré de civilisation. » Ainsi l'inégalité
serait la loi du monde. Parties plus tard sur
le chemin pénible et douloureux qui éloigne
l'homme de la brutalité animale et le con-
duit peu à peu vers le progrès, certaines ra-
ces seraient condamnées à rester toujours en
arrière : le temps perdu ne serait jamais re-
gagné. Encore une fois, ce n'est pas en
quelques lignes qu'on peut discuter cette
théorie ; contentons-nous de dire qu'elle â
pour elle- la vraisemblance, puisque nous
n'avons pas le loisir de chercher si élle a
pour elle la vérité.
Quatrième péril : la politique indigène.
A Java, des résidents hollandais comman-
daient en maîtres. On a inauguré une politi-
que plus libérale : toute la question est de
savoir si c'était bigp l'instant et le moment,
et notre confrère ne le croit pas. Java est
désormais divisée en trois provinces : Java-
Ouest, Centre, Est. Chacune de ces provin-
ces doit être dotée de conseils où les indi-
gènes auront voix prépondérante. On a com-
mencé par Java-Ouest. Notre confrère l'a
parcourue. Ce qu'il a entendu dire, ce qu'il
a observé le laisse tout à fait sceptique; il
est persuadé que l'échec est au bout. Mais
alors, lui objectera-t-on, l'affaire est très
simple : on n'étendra pas la mesure aux
autres provinces et on la laissera « tom-
ber » là où elle n'a pas réussi. Cela, ré-
pond-il, est impossible ; lorsqu'une expé-
rience de ce genre a été faite dans une co-
lonie et qu'elle a échoué, on ne peut plus
faire machine en arrière : « Il est démontré
qu'on court à une catastrophe quand on veut
retirer à un indigène ce qu'on lui a accordé.
Avec l'indigène, naïf, mais très entier et
doué d'un .sentiment aigu, quoique élémen-
taire, de la justice, il ne faut s'avancer
qu'à coup sûr : rien de plus dangereux
qu'une concession à l'indigène qui n'a pas
la maturité nécessaire pour profiter utile-
ment de cette concession. » Il a fort bien
parlé : pour que l'indigène ait cette matu-
rité, nous devons faire tous nos efforts,
mais, avant qu'il l'ait, nous devons regarder
à deux fois avant de lui octroyer imprudem-
ment la concession.
Cinquième péril, à propos duquel je ré-
pète que notre confrère ne cherche pas dans
quel rapport il est avec les précédents : à
Java, comme en Asie, c'en est fait du pres-
tige de la race blanche. La politesse extrême
des indigènes à l'égard des Européens,
surtout quand ceux-ci sont de gros person-
nages, n'est qu'une attitude extérieure :
les indigènes ne croient plus que c'est
arrivé.
Contre ces périls l autorite néerlandaise
est-elle défendue? Assurément, et par les
moyens les plus efficacs, si j'en juge par la
conclusion de cette étude qui montre que les
Indes Néerlandaises sont admirablement
gouvernées et administrées. Et. dans te cas
où on ne le croirait pas lui-même, après tout
ce qui précède et qui semblerait devoir con-
duire à d'autres remarques, notre confrère
s'abrite derrière l'opinion de M. Octave
Collet dans son livre intitulé : a Terres et
Peuples de Sumatra ». Ce dernier loue cette
tension politique prodigieuse, dit-il, cet
effort intellectuel et continu admirable
« pour contenir à la fois et dirieer les élé-
mens humains encore amorphes en les cris-
tallisant autour de l'idéal de justice que
se sont forgé les Pays-Bas », et pour réa-
liser le gigantesque programme d'intérêts
matériels et sociaux nécessaires aux Indes
chemins de fer, routes, problèmes de pro-
phylaxie, d'assistance, secours contre l'in-
cendie, éclairage, voirie, -- construction, con-
trôle alimentaire, distribution d eau, hôpi-
taux, service (l'hygiène, égouts, etc. Con-
tre tous ces périls qui ne menacent pas uni-
quement les Indes Néerlandaises, voilà la
plus sûre protection; cristallisons-nous aussi
autour de l'idéal de justice que s'est forcé
la France : nous n'avons d'ailleurs jamais
fait autre chose.
Mario Rouatan,
Sénateur de lhémult, ancien mtnùtro.
l'ice-président de la Commission
ténalortalê des Colonie M.
«Obe-
Georges Dénouai
0*0
Peu de gens, même dans les milieux colo-
niaux, connaissent Georges Dénouai.
Sous des .dehors frustes, avec une figure
hirsute et un corps massif, Georges Dénouai
cachait un grand bon sens, une finesse rare,
une robuste activité et un grand cœur. Il
avait débuté dans la vie comme fonction-
naire à la préfecture de la Loire-Inférieure,
c'est là qu'avait été le chercher le regretté
Mercet, président du Comptoir d'Escompte,
lorsqu il fonda, il y a une trentaine d'an-
nées, la Société des Nouvelles Hébrides et
l'Union Coloniale qu'il présida jusqu'à sa
mort. M. Dénouai fut envoyé en mission par
M. Mercet aux Nouvelles Hébrides, en re-
vint avec une enquête très sérieusement me-
née, qui aboutit à une profonde modification
dans l'administration française aux Nou-
velles Hébrides.
Chef du service intérieur à l'Union Colo-
niale, il devint le collahorateur préféré de
M. J.-Charles Roux, qui succéda à Mercet
à la tête de l'Union Coloniale. Collaborateur
des Annales Coloniales, il apportait dans ses
papiers une connaissance approfondie des
hommes et des choses, une bonhomie nar-
quoise et une'finesse un peu âpre qui fai-
saient de lui un journaliste de race.
Lorsque M. Joseph Chailley devint direc-
teur de l'Union Coloniale, Georges Dénouai
lui succéda comme secrétaire général.
La mort le surprend trop tôt pour qu'il
puisse prendre la retraite qu'il envisageait
dans le doux Anjou à Parnav. où il se ren-
dait lorsqu'il avait quelque loisir, vivre d'une
existence campagnarde et surveiller ses vi-
gnes.
C'est un bon pionnier de la cause colo-
niale qui disparaît. Il sera unanimement
regretté.
M. R.
Kn sajet de la main-eoe"
à Madagascar
La question de la main-d'amwe
- À Madagascar préoccupe toujours*
les colons de la Grande lie. On
critique la faiblesse des moyens répressifs
prévus par le décret sur le travail surtout en
ce qui concerne les ruptures d'engagement.
Ce délit est ouvertement commis par des
centaines d'indigènes et constitue une sorte
d'exploitation de Veuropéen par ces dentiers.
Les indigènes sont-ils seuls fautifs f
La n'mll.d'auvre la plus recherchée est
celle fournie généralement par les Betsileo
et par les Antaimoro. Or, dès notre établis-
sement à Madagascar, nous avons constaté
l'existence d'un avant d'émigration entre
la province de Farafangana d'où sont origi-
naires les Antaimoro et les régions du Ptord.
ouest de Vile. Chaque année une partie de
la population mâle se rendait sur les exploi-
tations agricoles de Afarovoay, d'Ambato-
Boérn, de la Grande-Terre et revenait en fin
de satson portant quelque pacotille et pous-
sant quelques boeuts, fruits des économies"
réalisées sur les salaires.
Ce mouvement a continué et s'est accentué
de lui-même. Les intéressés, bien traités,
suffisamment rémunérés, ont appelé à eux
teurs parents et rentrés cirez eux ont fait une
propagande en faveur des exploitations agri-
coles dont ils constataient les besoins. C'était
la seule bonne méthode. Mais bientôt l'ex-
tension des exploitations, Tinstallation d'usi-
nes importantes ont augmenté les besoins en
",aill-d' Œuvre et pour y faire face on assiste
depuis 1920 à une véritable cirasse au tra-
vailleur.
Depuis lors, on a introduit dans les con-
trats la coutume néfaste de la prime d'enga-
gement que les indigènes ne connaissaient
pas avant. Les exploitants envoient sur place
des recruteurs dont certains sont de hauts
fonctionnaires de la colonie, en retraite, pour
engager coûte que coûte des travailleurs.
L'indigène s'est bien vite rendu compte de
ce qu'il pouvait faire rendre à la situation
ainsi créée par la concurrence. Il se laisse at-
tirer par les belles primes qui lui sont < f-
fertes. et va ailleurs toucher une seconde
prime. Le côté un peu plaisant de l'affaire
c'est que ces recruteurs ex-chefs de pro-
vince qui n'ignorent rien .des difficultés où
se débat l administration en cette matière -
poussent de hauts cris et accusent leurs an-
ciens collègues encore en fonctions de se dé-
sintéresser de la question.
Bref, si Vindigène tout fruste qu'il est,
s'entend à berner les employeurs, disons que
la concurrence que se font ces derniers 't/
bien aussi en partie la cause de la situation
dont ils souffrent. Une bonne entente ntre
eux et avec VAdministration locale pourrait
permettre le recrutement de travailleurs qui
seraient répartis au prorata des besoins de
chaque intéressé.
Enfin, les Européens qui embauchent des
travailleurs prennent-ils toutes les précau-
tions utiles pour s'assurer que les indigènes
ne sont pas déjà engagés? Ce scrupule
n'existe guère. Il est vrai que les pièces
d'identité dont tout indigène est porteur tic
mentionnent rien à cet égard et qu'il est si
facile de se procurer d'outres pièces ou même
de n'en pas avoir.
La tâche de VAdministration qui cherche
à apporter de l'ordre et plus d'honnêteté
dans cette question est donc des plus diffi-
cilefi, il faut le. recoijipaître.
Maurice Bouilloax-Lmfont
Député au Finittère.
Viee-Pré*iûent de la Chambre,
DEPART
M. Bonnecarrère, gouverneur des colonies,
commissaire de la République au Togo, est
arrivé en France pour un très court séjour,
il y a trois semaines. Il rejoindra son poste
le 14 décembre.
M. Pierre Valude au Maroc
Notre ami Pierre Valude, député du Cher,
quitte demain Paris pour Marseille où il
s'embarquera jeudi à destination du Maroc.
Son absence sera de courte durée. Il revien-
dra de Meknès, où il doit plaider un impor-
tant procès, par l'Algérie.
1 L'ancien sous-secrétaire d'Etat à !a Ma-
rine marchande compte être rentré le 15 dé-
cembre à Paris.
Dépêches de l'Indochine
–-~ 9
La propagande révolutionnaire
Divers organes tle la presse sdigonnaise
allant signalé la propagation en Indochine
de tracts révolutionnaires, en termes sus-
ceptibles de troubler les esprits, VAdminis-,
tration a porté à la connaissance dit public
qu'elle conna.ft, atec toutes les précisions
désirables, Vorigine métropolitaine de ers
libellés. Ils sont importés, secrètement, en
petit nombre depuis un mois environ par
la poste, sous une lorme habile, et par l'in-
termédiaire de navigateurs. Quelques agi-
tateurs connus et surveillés, qui les ont
reçus, ont profité de l'affluencc des indigè-
nes, les 10 et 11 novembre, pour en répan-
dre quelques exemplaires dans les quar-
tiers de Saigon particulièrement fréquentés.
L'auteur de ces tracts et ses complices ont
été Cohiet de poursuites iudiciaires m
France. Ces appels à la révolte ne corres-
pondent en aucune manière à l'état d'es-
prit général des Annamites de Cochinehine
où se manifeste indiscutablement de part
et d'autre un qrand désir de conciliation
et de concorde.
(Tndopncifi.)
Lettre du Niger
--0-0-
La vie chère
(De notre correspondant particulier.)
Par suite des hauts prix de la Uvhl les
indigènes de la colonie du Niger exjJoHefcf
tous leurs produits agricoles, notamment le
mil et les bœufs en Nigéria, colonie surpeu-
plée, qui a d'énormes besoins de produits ali-
mentaires et où les Anglais ont, avant tout,
encouragé les cultures industrielles : pal-
mistes, arachides, coton, cacao, propres à
alimenter leurs usines métropolitaines. Il en
résulte pour les postes du Niger de grosses
difficultés de ravitaillement. Quant à nos
bons voisins anglais, ajoute notre correspon-
dant, ils ont tout bénéfice à ce système ; ils
nous achètent le mil pas très cher à coups
de livres, et revendent au prix fort à nos
indigènes leurs ignobles toiles et cotonnades
de Birmingham, la plus merveilleuse came-
lote que j'aie jamais vu. Car, il faut croire
que nos industriels toujours résolus à igno-
rer nos colonies, n'ont pas encore trouvé le
moyen de fabriquer des pagnes bariolés, des
couvertures vermillon et bleu et de la toile
blanche bien apprêtée. Depuis que je con-
nais le Niger, ajoute notre correspondant,
je n'y ai jamais vu vendre une pièce de toile
fabriquée en France. Et pourtant, que de
beaux bénéfices à réaliser, si on importait de
France des cotonnades qui seraient facile-
ment vendues trois fois moins cher que celles
de nos rivaux. Il manque ici des voies de
communication : une voie étroite ou un ser-
vice automobile qui relierait les régions Nord
,de la colonie du Niger à Gaya à la voie fer-
rée Cotonou-Savé, prolongée jusqu'au Niger,
provoquerait un prodigieux développement
économique de cette contrée.
L'AVIATION COLONIALE
---0-0--
L'incident du Rio de Oro
Le pilote français Gourd, qui avait été
obligé d'atterrir le 13 novembre près du
cup Uajadur, par suite d'une punue. de son
avion postal, et qui avait été lait prisonnier
et blessé pur les Maures, a été libéré pnr
les autorités espagnoles du cap Juby, où
il est actuellement soigné.
Etang de Berre-Madagascar
Le lieutenant-de vaisseau Bernard, ac-
compagné du "maître principal mécanicien
Houguult, est urrivé hier à Mnjung, il
11 li. 40, venant de Mozambique.
Par ea remarquable i-aiidoiiiiée, le lieu-
tenant de Vaisseau Bernard a réalisé le
but que le ministre de la Marine lui avait
fixé, c'est-à-dire relier la métropole à Mada-
gascar par les possession françaises de
rAfrlque : Mu roc, Sénégal, Afrique Occi-
dentale, Afrique Equatoriulc et Uubungui.
Le parcours total était de 10.000 kilomè-
tres environ.
Le lieutenant de vaisseau Bernard, parti
do Berre le 12 octobre, lit successivement
escale à Tanger ^12 octobre), Casablanca
(13 octobre), Las Palmas il5 octobre), où il
fut reçu avec la plus vive symputhif', Port-
Etienne (17 octobre), Saint-Loui%j8 octo-
bre), Kayes (21 octobre), Bamako (:fa octo-
bre), Tombouctou (28 octobre), Gao (2*J oc-
tobre), Gaya (UW octobre), Djeblm (31 octo-
bre), Lokndju (3 novembre), Garoun ô nl--
vembre), Fort-Archambault (ti novenibiv),
Stanley ville (13 novembre), après une étape
des plus dures effectuée dans des orages
d'une violence inouïe, Fort-dohnston (17 no-
vembre), Quilinianc (19 novembre;, <1 Mo-
zambique (20 novembre).
Il franchit ensuite les i00 kilomètres 't<-
mer de Mozambique à Majunga.
Tel est le magnifique voyage entrepris
par les deux aviateurs français qui, les
premiers, ont réalisé la liaison entre la
France et Madagascar.
Après une quinzaine de jours d'un repos
bien gagné, le lieutenant de vaisseau Ber-
nard et le maître principal Bouguult repren-
dront le chemin de France par Mozambi-
que, Quilimane, Fort-Jolinston, Albertville,
llac TangOJlyika), le lac Victoria, la vallée
du Nil jusqu'au Caire, Beyrouth, Makri,
Athènes, Malte, Bizerte, Ajaccio et Saint-
Raphaël, où ils pensent être rendus nu
début du mois de janvier prochain.
Accident mortel
0
Un télégramme de Bordeaux vient de si-
gnaler au Ministère des Colonies, le décès,
à La Pallice, de M. Lctourny, administra-
teur adjoint des colonies, qui s'embarquait
pour Dakar.
Ce jeune administrateur (récemment
serti de l'Ecole Coloniale où il avait obtenu
les meilleures notes, a été écrasé par le
tramway de La Pallice. La mort a été ins-
tantanée.
- -et--
LA PAIX AU MAROC
-0-0-
Le haut commandement
Le général Viùalon, successeur du géné-
ral Boichut, doit arriver au Maroc le 5 dé-
cembre. Le général Boichut rentrera en
France le 15 décembre.
Chez les Espagnols
Remises de l'émoi causé par la mort de
leur chef, les bandes de Jériro se refor-
ment actuellement, en zone espagnole, sous
le commandement de Temsamnni. La si-
tuation demeure bonne, malgré quelques
djich.
EN MER
--0-0--
Le cargo français Némesco parti il y a
quelques jours de Marseille il destination de
Casablanca, s'est échoué hier sur la cÓtl
d'Espagne, près du cap de Gnta, h l'est
de la baie d'Alméïda. Les vingt-deux hom-
mes d'équipage sont sauvés.
TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouverneur Général de l'Indochine vient
de faire connaître au Ministre des Colonies
qu'à la dAtc du 22 novembre 1026 le tex ofticiel
e la piastre était de 12 rr. '75.
MmUt de limpératrice Joséphine
à la Martinique
o.
Joséphine, impératrice des Français, était
née à la Martinique, sur « l'habitation » La
Paierie, dans l'humble commune des Trois-
Ilets. Jusqu'ici, la colonie s'était contentée
de glorifier la mémoire de l'illustre Martini-
quaise par une statue élevée suLja princi-
pale place publique de Fort-de-rrance, la
Savane.
M. Gabriel Hayot, maire des Trois-Ilets,
a estimé que l'impératrice Joséphine méri-
tait mieux, et il a créé à la mairie de la
petite commune, un musée.
A la place d'honneur de la salle, se trouve
un buste en marbre blanc de l'impératrice.
Des panneaux héraldiques jettent une note
gaie sur le fond des murs gris pâlç. Aux
murs, gravures et tableaux reproduisent,
avec des portraits de l'impératrice et des
membres de sa famille, des vues de ses di-
verses résidences, des scènes de sa vie mer-
veilleuse. Une grande gravure de la calco-
graphie du Louvre nous donne une reproduc-
tion du Sacre d'après David.
Des vitrines renferment des objets anciens,
quelques monnaies, un .buste en biscuit de
Napoléon et des bronzes.
Une bibliothèque est en formation et des
livres précieux ont été rassemblés : procès-
verbaux du sacre, œuvres rares sur la Mar-
tinique, souvenirs ou biographies de José-
phine.
Des tableaux statistiques, généalogiques
et historiques complètent cette documenta-
tion.
-– Il.
De véritables sirènes?
Le baron de Ferming, gentleman hollan-
dais, qui vient d'arriver à Londres, après
avoir passé une grande partie de sa vie dans
l'Afrique du Sud, affirme avoir vu, de ses
propres yeux vu, dans un village de pê-
cheurs, sur les côtes orientales de l'Afrique,
au nord de Mombassa des animaux marins
ayant la tète chevelue et ressemblant aux
ctres humains d'une façon frappante. Ces
animaux ont les yeux proéminents, des che-
veux de femme, et leur corps, jusqu'à la
ceinture, est absolument pareil à un corps
humain. Les pêcheurs de la tribu de Swa-
hilli capturent ces femmes-poissons et les
mangent. Il paraît que leur chair est très
bonne. M. de Ferming » vu au marché de
ce village vendre, au poids, du poisson-si-
rène comme on y vendait d'autres poissons.
Ces animaux marins ont une longueur de
plus d'un mètre et demi. Les femelles ont
la poitrine exactement comme celle des fem-
mes ! à
Les indigènes aiment beaucoup la chair
de ce poissonJemmc et font des efforts pour
en capturer, ce qui n'est pas très facile. Ces
animaux résistent avec une force peu com-
mune; ils luttent désespérément et ils par-
viennent souvent à s'échapper.
Au conseil général
de la Nouvelle-Calédonie
En ouvrant la dernière session ordinaire du
Conseil Général, M. le Gouverneur Guyon a
prononcé un long et copieux discours qui lui
a été imposé par les circonstances financières et
économiques survenues depuis la session précé-
dente, où le Conseil Général avait réglé de
nombreuses et importantes questions. Mais avec
l' accentuation de la crise du franc, les prévi-
sions les plus solidement étayées se sont trou-
vées bouleversées. Des précautons nouvelles
étaient à prendre. Des solutions urgentes s'im-
posaient. Il fallait adapter les actes à l'impéra-
tif catégorique des faits. C'est ce qui a obligé
le Gouverneur à exposer à t Assemblée la si-
tuation et les besoins nouveaux de la colonie.
il a commencé par l'amélioration du sort des
jonctionnaires. « Les faits, a-t-il dit, ont mis
en relief la nécessité de plus en plus impérieuse
d'une adaptation plus serrée des traitements
établis sur la base du franc aux fluctuations de
la livre. La dépense supplémentaire que cette
mesure nécessitera se chiffrera, pour l' exercice
courant, -- par la somme de 830.000 francs. Le
Gouverneur a fait remarquer que cette dépense,
conséquence fatale dt la hausse de la livre,
aura sa contre-partie naturelle dans les plus-va-
lues que cette hausse a provoquées dans les re-
cettes douanières.
En examinant ensuite la situation financière,
M. Guyon a fait connaître que le personnel
hgurait au budget de 1914 pour 37 7o de la
totalité des dépenses, et qu'en 1926, il n'y
figure que pour 31 C' est une économie de
6 Après avoir énuméré devant le Conseil
Général les besoins nouveaux de la colonie, il
a conclu comme il suit : « Nous avons à noter
une grande amélioration de notre situation finan-
cière depuis dix-huit mois, puisque l'excédent
de recettes qui a été de 586.762 fr. 49 pour
1925 est absolument net », alors que l'exercice
1924 s'était soldé par une insuffisance de
470.000 francs. *
La situation économique a fait l'objet d'un
exposé très précis que le Gouverneur a justifié
en donnant des chiffres. Il a fait ressortir le
développement des industries existantes et entre-
prises -nouvelles qui ont été créées, ainsi que
des modifications apportées aux contrats de lo-
cation de terrain. Il a donné tous les détails
que nécessitaient l'arrivée de l'installation ré-
cente des groupes de colons venus en Nou-
velle-Calédonie. 11 a ensuite fait mention de
l'activité française aux Nouvelles-Hébrides et
de la liaison maritime avec les archipels des
îles Wallis et de Futuna. Il a enfin indiqué les
travaux importants et urgents à exécuter, et qui
ne peuvent être ajournés.
L'exposé des besoins comportait la nécessité
de trouver des ressources pour y satisfaire. C'est
ce que M. Guyon a fait en indiquant au Conseil
Général les ressources nouvelles qu'il lui pro-
pose de créer. Il a tenniné son discours en par-
lant de la réforme du régime douanier colonial
sur laquelle l'assemblée est appelée à délibérer.
Au conseil supérieur
du gouvernement chérifien
La session dit Gouvernement chérifien
s'est ouverte à Rabat avefnt-hier, M. Steeg,
Résident général, a tenu à y assister avant
son départ pour le Maroc espagnol et a pro-
noncé un important discours dont voici les
principaux passages :
Il y a un an, en pareille circonstance, alors
que je venais de recevoir du Gouvernement
le redoutable honneur d'être le représentant
de la France au Maroc, fescomptais devant
vous, avec un optimisme qui pouvait parai-
tre excessif, le jour prochain d'une paix heu-
reuse. J'affirmais tout au moins ainsi ma vo-
lonté d'apporter à sa préparation la contri-
bution d'une foi ardente. J'entendais la réa-
liser en ne séparant pas les séductions du
pardon des intimidations de la force.
Pendant six mois d'hiver, l'action politi-
que fondée sur le prestige des armes a con-
traint les tribus dissidentes à délibérer sur
les souffrances de la guerre et les profits de
la soumission. L'une après l'autre elles ont
fait leur choix. En avril, 20.000 guerriers
avaient changé de camp et une province de
maître. Le désir et l'espoir de la paix ont
alors franchi les monts et la frontière at-
teinte. Une brève et décisive campagne, ad-
mirablement menée par un grand soldat.
d'autant plus ménager du sang de ses hom-
mes qu'il les sentait prêts à tous les devoirs,
a brisé l'armature de la rébellion et ce fut
aux portes de Targuist l'inoubliable accueil
fait à notre troupes victorieuses par les po-
pulations délivrées.
Sur cet immense front, où, à l'automne
dernier, la pioche creusait la tranchée, la
charrue ouvre le sillon. Le Maroc en armes
n'est plus qu'un Maroc aux labours. l'ar
60n voyage à Paris, par son salut à Verdun,
S. M. Moulaï Youssef a exprimé à la France
la reconnaissance de son peuple. Je dois au
sultan de raDDeler Dar uuekiucs chiffres
émouvants dans leur sécheresse quand on
songe à ce qu'ils représentent de silencieux
sacrifices la part que ses sujets ont prise
au grand effort de l'année. Quarante mille
partisans, dont les levées s'échelonnent sur
14 mois, ont répondu à notre appel : vingt-
cinq mille travailleurs ont été recrutés;
trente mille animaux de bit : mulets, ânes,
chameaux, ont sillonné de leur* convois nos
lignes de ravitaillement. Le budget du pro-
tectorat a contribué pour plus de six mil-
lions à ces levées d'auxiliaires, et si je fai-
sais le compte des. travaux d'aménagement
dont il a supporté la charge, son aide finan-
cièrq serait triplée.
Rendons hommage à tous ces bons ou-
vriers d'une paix tutélaire. Et puisqu'il
nous quitte, que le général Boichut me par-
donne d'ajouter son nom à notre hommage
nécessairement anqpyme. Il emporte avec lui
l'affectueuse gratitude du Maroc et il nous
laisse le souvenir d'une élévation de pensée
égale à la plus parfaite droiture du ccrur.
La paix restaurée, nous pouvons aborder
nos travaux avec cette sérénité confiante qui
caractérise votre assemblée. Nos responsabi-
lités mieux affermies n'en apparaissent que
plus liatites. Sans doute, les devoirs de la
guerre sont rudes. Ils exigent de mâles ré-
solutions, mais ils sont clairement définis.
Ceux de la paix sont assurément plus aisés;
ils sont cependant si multiples et si com-
plexes qu'ils ne sauraient être tous à la fois
satisfaits. tiouvemer c'est prévoir, mais pré-
voir est-ce autre chose que dégager l'essen-
tiel de l'accessoire, hiérarchiser les néces-
sités qui nous pressent, en un mot établir
l'action gouvernementale sur de solides as-
sises et en régler les réalisations avec une
prudence qui, seule, autorise dans l'ordre
financier, la hardiesse des desseins?
Le Résident général a ensuite exposé les
principaux problèmes du protectorat à la
solution desquels il s'est consacré : équili-
bre financier, budget extraordinaire, produc-
tion agricole et production miniere, hydrau-
lique agricole, travaux public?, agriculture
et colonisation, politique indigène, in firme-
ries indigènes, sociétés de prévoyance, école
indigène, torets.
Enfin, tin sujet dit troisihiie collège qui
élargira en 1927 le Conseil supérieur du
Gouvernement, .11. Steeg s'est exprimé
ainsi :
La croissance rapide du Maroc multiplie
les intérêts en présence, elle ne les oppose
pas, mais elle les diversifie. L'intérêt com-
mun réside dans leur équilibre. A mesure que
des forces nouvelles se développent, cette
assemblée doit rester l'image fidèle du Ma-
roc français. Au regard de l'opinion, c'est
une satisfaction d'équité et c'est pour le Gou-
vernement une garantie supplémentaire de
sagesse. Faut-il craindre que les débats d'une
assemblée plus nombreuse soient plus pas-
sionnés? Pour ma part, je ne redoute pas
que les opinions s'affrontent quand je sais
que des divers côtés la bonne foi est égale et
égal le souci du bien public. Objectera-t-on
que dans un pays de protectorat l'autorité
du représentant (U la France risque d'en
être diminuée? Mais qu'est-ce donc que cette
autorité ? Est-ce un pouvoir discrétionnaire
rendant des arrêts infaillibles, obéis sans
murmure et toujours sans appel ? Est-ce, au
contraire, une autorité qui, soucieuse des de-
voirs que lui impose le statut du Maroc et
consciente de la mission que lui a confiée la
République française, doit savoir dans le
cadre de ce statut et dans les limites de cette
mission, - prendre ses responsabilités et, ses
responsabilités prises, affronter d'un cour
haut toutes les difncuhes? Si c'est bien cela,
j'aime la critique franche au grand jour
d'une assemblée. De même qu'un contact di-
rect avec les hommes et les choses m'éclaire
mieux qu'un volumineux dossier, je suis sur
de mieux décider ayant mieux compris quand
toutes les thèses ont épuisé devant moi louis
arguments. Ta libre discussion peut avoir
ses ombres, je n'y contredis pas. Je les pré-
fère au silence de la contrainte, sous lequel
frémit la rancune.
Qui donc, d'ailleurs, pourrait s'alarmer sé-
rieusement d'une mesure répondant si bien
au vam public? Ne sommrs-nous pas tous
ici les servi teurs de la mère patrie? Xos
débats, en s'élargissant, feront ressortir les
qualités dont s'enorgueillit notre race et les
sentiments que la France a développés dans
le cœur de ses enfants. 11 n'est d'union sin-
cère. de labeur joyeux d'émulation confiante
que dans la liberté.
LE NUMERO : » CENTIMES
MARDI SOIR, 23 NOVEMBRE 19iW
JMULIMIMI
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PARIS
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Les Annales Coloniales
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Les dangers et lè remède
Les dangers et le remè d e
La Nation Belge publiait, il y a quelques
jours, un article fort intéressant et intitulé :
« Problèmes coloniaux J. Article dont les
observations méritent d'être méditées, non
seulement en Belgique et en Hollande, mais
par tous ceux qui, dans le monde entier, re-
gardent au delà du moment présent, et se
demandent : de quoi après-demain sera-t-il
fait ?
L'intention de l'auteur est d'ailleurs as-
sez nette. Son article est écrit en mer, entre
Java et Sumatra, au mois de juillet dernier.
Après avoir célébré la fertilité du sol, la
situation géographique, l'abondance de la
main-d'oeuvre, les qualités de la population
douce et malléable, les paysages enchan-
teurs, la clémence du climat. de la Perle de
l'Extrême-Orient, notre confrère se bâte de
faire observer que tous ces avantages et tous
ces privilèges ne font pas que ce soit un
pays de cocagne. De redoutables problèmes
se posent pour l'empire colonial néerlan-
'dais, des difficultés graves l'assaillent tous
les jours. -
a A la vérité, il n'a pas été plus facile a
façonner, et n'est pas plus aisé à gouverner
que ne le furent et ne le sont les empires
coloniaux des Français et des Anglais, ou
que ne le fut et ne l'est le plus jeune de
tous, celui que le grand Léopold II a don-
né à la Belgique. » C'est dire que les diffi-
cultés, que les problèmes sont identiques,
ici et là, ou du moins analogues.
Le premier péril est celui du communis-
me. Les agitateurs hollandais, qui représen-
tent Moscou à Java, paraissent moins à
craindre que les agitateurs chinois : ces der-
niers sont à la fois plus « ficelles 1 et plus
audacieux. Ils sont payés par les rouges
'de Canton, et gagnent proprement leurs ho-
noraires. On venait précisément, dans un hô-
-- tel - de --- Batavia, d'arrêter deux douzaines de
fils de la Chine, chefs de la Section java-
naise des Extrémistes Kouomintang. Cela
n'a pas ralenti la propagande. Deux exem
pies, l'un d'astuce, l'autre de hardiesse : leu
communistes chinois ont réussi à obtenir des
fonds en instituant « une Société pour l'en
couragement de l'éducation chinoise aux In-
des hollandaises 8 ; aux Célestes, ils ont
appliqué la manière forte : versez-nous telle
somme, ou nous vous boycottons.
Deuxième péril : les Eurasiens. Définis-
sons avant tout : l'Eurasien est le fils d'un
Européen et d'une Asiatique, comme l'Eu-
rafricain serait l'enfant d'un Européen et
d'une négresse africaine. Beaucoup de Hol-
landais ont des enfants avec des femmes in-
digènes et souvent en mariage légal et au-
thentique. Résultat : il y a plus de 150.000
Eurasiens - aux Indes néerlandaises. D'après
notre confrère, certains se rendent Ion un-
ies dans les emplois subalternes ; mais,
(j'une part, il n'y a pas d'emplois pour tous,
et, par suite, le nombre des aigris et des ré-
voltés s'accroît ; de l'autre, ces a demi-cas-
te » héritent plutôt des vices des deux races
auxquelles ils appartiennent que de leurs
vertus. » En troisième lieu, ils sont antipa-
thiques et aux Européens et aux indigènes,
précisément parce qu'ils sont des métis : les
premiers les regardent du haut de leur gran-
deur, les seconds aussi et se refusent à se
laisser gouverner par des êtres dont le sang
est mêlé. C'est là toute la question du métis-
sage : problème qui a fait couler et qui fera
couler encore - des - torrents d'encre : nous ne
les grossirons pas nous-mëme aujourci nui.
Troisième péril : le mouvement nationa-
liste. Notre confrère ne se préoccupe pas de
savoir s'il est, avec les deux autres, dans le
rapport d'un effet à ses causes. Il affirme
que ce mouvement n'est pas encore très
marqué. Je me rappelle avoir apporté, à
cette place, des témoignages contraires. No-
tre voyageur fait un tableau rapide de l'in-
digène de l'Insulinde : charmant, mais pué-
ril, sans idéal, sans besoins, vivant -- de prêts
et d'avances, insouciant, voluptueux, super-
ficiel, illogique. Il ne semble pas désigné
pour prendre en main la conduite d'un gou-
vernement. Plus tard, peut-être, mais bien
plus tard, comme le reconnaissent les plus
indiqués. Et le voyageur cède la parole au
philosophe; sans doute, il se défend dlaller
aussi loin que Finot dans son livre : Le
Préjueé des Races; sans doute, il croit à la
perfectibilité indéfinie de la race humaine,
de toutes les races humaines ; sans doute, il
a rencontré en Nouvelle-Guinée deux ou
trois Papous qui, non seulement avaient re-
noncé aux plaisirs intenses et traditionnels
de la chasse aux têtes, mais qui, sous la di-
rection de missionnaires tenaces et dévoués,
étaient parvenus « à assimiler notre civili-
sation dans ses principes essentiels 1; sans
doute, Il connaît deux excellents prêtres
congolais; mais., ajoute-t-il. car il y a..un
mais, et voici de quoi il est suivi : « Nous
demeurons convaincus qu'il s'agit là de su-
jets exceptionnels et, sans nier que, par une
lente évolution à"' notre contact, avec nos le-
çons et notre exemple, les races même les
plus primitives pourront s'élever dans
l'échelle humaine et jouer un rôle utile,
nous n'en demeurons pas moins convaincus
que toutes les races ne se valent pas et
qu'elles n'auront jamais les mêmes capacités
et qu'elles ne parviendront jamais au mê-
me degré de civilisation. » Ainsi l'inégalité
serait la loi du monde. Parties plus tard sur
le chemin pénible et douloureux qui éloigne
l'homme de la brutalité animale et le con-
duit peu à peu vers le progrès, certaines ra-
ces seraient condamnées à rester toujours en
arrière : le temps perdu ne serait jamais re-
gagné. Encore une fois, ce n'est pas en
quelques lignes qu'on peut discuter cette
théorie ; contentons-nous de dire qu'elle â
pour elle- la vraisemblance, puisque nous
n'avons pas le loisir de chercher si élle a
pour elle la vérité.
Quatrième péril : la politique indigène.
A Java, des résidents hollandais comman-
daient en maîtres. On a inauguré une politi-
que plus libérale : toute la question est de
savoir si c'était bigp l'instant et le moment,
et notre confrère ne le croit pas. Java est
désormais divisée en trois provinces : Java-
Ouest, Centre, Est. Chacune de ces provin-
ces doit être dotée de conseils où les indi-
gènes auront voix prépondérante. On a com-
mencé par Java-Ouest. Notre confrère l'a
parcourue. Ce qu'il a entendu dire, ce qu'il
a observé le laisse tout à fait sceptique; il
est persuadé que l'échec est au bout. Mais
alors, lui objectera-t-on, l'affaire est très
simple : on n'étendra pas la mesure aux
autres provinces et on la laissera « tom-
ber » là où elle n'a pas réussi. Cela, ré-
pond-il, est impossible ; lorsqu'une expé-
rience de ce genre a été faite dans une co-
lonie et qu'elle a échoué, on ne peut plus
faire machine en arrière : « Il est démontré
qu'on court à une catastrophe quand on veut
retirer à un indigène ce qu'on lui a accordé.
Avec l'indigène, naïf, mais très entier et
doué d'un .sentiment aigu, quoique élémen-
taire, de la justice, il ne faut s'avancer
qu'à coup sûr : rien de plus dangereux
qu'une concession à l'indigène qui n'a pas
la maturité nécessaire pour profiter utile-
ment de cette concession. » Il a fort bien
parlé : pour que l'indigène ait cette matu-
rité, nous devons faire tous nos efforts,
mais, avant qu'il l'ait, nous devons regarder
à deux fois avant de lui octroyer imprudem-
ment la concession.
Cinquième péril, à propos duquel je ré-
pète que notre confrère ne cherche pas dans
quel rapport il est avec les précédents : à
Java, comme en Asie, c'en est fait du pres-
tige de la race blanche. La politesse extrême
des indigènes à l'égard des Européens,
surtout quand ceux-ci sont de gros person-
nages, n'est qu'une attitude extérieure :
les indigènes ne croient plus que c'est
arrivé.
Contre ces périls l autorite néerlandaise
est-elle défendue? Assurément, et par les
moyens les plus efficacs, si j'en juge par la
conclusion de cette étude qui montre que les
Indes Néerlandaises sont admirablement
gouvernées et administrées. Et. dans te cas
où on ne le croirait pas lui-même, après tout
ce qui précède et qui semblerait devoir con-
duire à d'autres remarques, notre confrère
s'abrite derrière l'opinion de M. Octave
Collet dans son livre intitulé : a Terres et
Peuples de Sumatra ». Ce dernier loue cette
tension politique prodigieuse, dit-il, cet
effort intellectuel et continu admirable
« pour contenir à la fois et dirieer les élé-
mens humains encore amorphes en les cris-
tallisant autour de l'idéal de justice que
se sont forgé les Pays-Bas », et pour réa-
liser le gigantesque programme d'intérêts
matériels et sociaux nécessaires aux Indes
chemins de fer, routes, problèmes de pro-
phylaxie, d'assistance, secours contre l'in-
cendie, éclairage, voirie, -- construction, con-
trôle alimentaire, distribution d eau, hôpi-
taux, service (l'hygiène, égouts, etc. Con-
tre tous ces périls qui ne menacent pas uni-
quement les Indes Néerlandaises, voilà la
plus sûre protection; cristallisons-nous aussi
autour de l'idéal de justice que s'est forcé
la France : nous n'avons d'ailleurs jamais
fait autre chose.
Mario Rouatan,
Sénateur de lhémult, ancien mtnùtro.
l'ice-président de la Commission
ténalortalê des Colonie M.
«Obe-
Georges Dénouai
0*0
Peu de gens, même dans les milieux colo-
niaux, connaissent Georges Dénouai.
Sous des .dehors frustes, avec une figure
hirsute et un corps massif, Georges Dénouai
cachait un grand bon sens, une finesse rare,
une robuste activité et un grand cœur. Il
avait débuté dans la vie comme fonction-
naire à la préfecture de la Loire-Inférieure,
c'est là qu'avait été le chercher le regretté
Mercet, président du Comptoir d'Escompte,
lorsqu il fonda, il y a une trentaine d'an-
nées, la Société des Nouvelles Hébrides et
l'Union Coloniale qu'il présida jusqu'à sa
mort. M. Dénouai fut envoyé en mission par
M. Mercet aux Nouvelles Hébrides, en re-
vint avec une enquête très sérieusement me-
née, qui aboutit à une profonde modification
dans l'administration française aux Nou-
velles Hébrides.
Chef du service intérieur à l'Union Colo-
niale, il devint le collahorateur préféré de
M. J.-Charles Roux, qui succéda à Mercet
à la tête de l'Union Coloniale. Collaborateur
des Annales Coloniales, il apportait dans ses
papiers une connaissance approfondie des
hommes et des choses, une bonhomie nar-
quoise et une'finesse un peu âpre qui fai-
saient de lui un journaliste de race.
Lorsque M. Joseph Chailley devint direc-
teur de l'Union Coloniale, Georges Dénouai
lui succéda comme secrétaire général.
La mort le surprend trop tôt pour qu'il
puisse prendre la retraite qu'il envisageait
dans le doux Anjou à Parnav. où il se ren-
dait lorsqu'il avait quelque loisir, vivre d'une
existence campagnarde et surveiller ses vi-
gnes.
C'est un bon pionnier de la cause colo-
niale qui disparaît. Il sera unanimement
regretté.
M. R.
Kn sajet de la main-eoe"
à Madagascar
La question de la main-d'amwe
- À Madagascar préoccupe toujours*
les colons de la Grande lie. On
critique la faiblesse des moyens répressifs
prévus par le décret sur le travail surtout en
ce qui concerne les ruptures d'engagement.
Ce délit est ouvertement commis par des
centaines d'indigènes et constitue une sorte
d'exploitation de Veuropéen par ces dentiers.
Les indigènes sont-ils seuls fautifs f
La n'mll.d'auvre la plus recherchée est
celle fournie généralement par les Betsileo
et par les Antaimoro. Or, dès notre établis-
sement à Madagascar, nous avons constaté
l'existence d'un avant d'émigration entre
la province de Farafangana d'où sont origi-
naires les Antaimoro et les régions du Ptord.
ouest de Vile. Chaque année une partie de
la population mâle se rendait sur les exploi-
tations agricoles de Afarovoay, d'Ambato-
Boérn, de la Grande-Terre et revenait en fin
de satson portant quelque pacotille et pous-
sant quelques boeuts, fruits des économies"
réalisées sur les salaires.
Ce mouvement a continué et s'est accentué
de lui-même. Les intéressés, bien traités,
suffisamment rémunérés, ont appelé à eux
teurs parents et rentrés cirez eux ont fait une
propagande en faveur des exploitations agri-
coles dont ils constataient les besoins. C'était
la seule bonne méthode. Mais bientôt l'ex-
tension des exploitations, Tinstallation d'usi-
nes importantes ont augmenté les besoins en
",aill-d' Œuvre et pour y faire face on assiste
depuis 1920 à une véritable cirasse au tra-
vailleur.
Depuis lors, on a introduit dans les con-
trats la coutume néfaste de la prime d'enga-
gement que les indigènes ne connaissaient
pas avant. Les exploitants envoient sur place
des recruteurs dont certains sont de hauts
fonctionnaires de la colonie, en retraite, pour
engager coûte que coûte des travailleurs.
L'indigène s'est bien vite rendu compte de
ce qu'il pouvait faire rendre à la situation
ainsi créée par la concurrence. Il se laisse at-
tirer par les belles primes qui lui sont < f-
fertes. et va ailleurs toucher une seconde
prime. Le côté un peu plaisant de l'affaire
c'est que ces recruteurs ex-chefs de pro-
vince qui n'ignorent rien .des difficultés où
se débat l administration en cette matière -
poussent de hauts cris et accusent leurs an-
ciens collègues encore en fonctions de se dé-
sintéresser de la question.
Bref, si Vindigène tout fruste qu'il est,
s'entend à berner les employeurs, disons que
la concurrence que se font ces derniers 't/
bien aussi en partie la cause de la situation
dont ils souffrent. Une bonne entente ntre
eux et avec VAdministration locale pourrait
permettre le recrutement de travailleurs qui
seraient répartis au prorata des besoins de
chaque intéressé.
Enfin, les Européens qui embauchent des
travailleurs prennent-ils toutes les précau-
tions utiles pour s'assurer que les indigènes
ne sont pas déjà engagés? Ce scrupule
n'existe guère. Il est vrai que les pièces
d'identité dont tout indigène est porteur tic
mentionnent rien à cet égard et qu'il est si
facile de se procurer d'outres pièces ou même
de n'en pas avoir.
La tâche de VAdministration qui cherche
à apporter de l'ordre et plus d'honnêteté
dans cette question est donc des plus diffi-
cilefi, il faut le. recoijipaître.
Maurice Bouilloax-Lmfont
Député au Finittère.
Viee-Pré*iûent de la Chambre,
DEPART
M. Bonnecarrère, gouverneur des colonies,
commissaire de la République au Togo, est
arrivé en France pour un très court séjour,
il y a trois semaines. Il rejoindra son poste
le 14 décembre.
M. Pierre Valude au Maroc
Notre ami Pierre Valude, député du Cher,
quitte demain Paris pour Marseille où il
s'embarquera jeudi à destination du Maroc.
Son absence sera de courte durée. Il revien-
dra de Meknès, où il doit plaider un impor-
tant procès, par l'Algérie.
1 L'ancien sous-secrétaire d'Etat à !a Ma-
rine marchande compte être rentré le 15 dé-
cembre à Paris.
Dépêches de l'Indochine
–
La propagande révolutionnaire
Divers organes tle la presse sdigonnaise
allant signalé la propagation en Indochine
de tracts révolutionnaires, en termes sus-
ceptibles de troubler les esprits, VAdminis-,
tration a porté à la connaissance dit public
qu'elle conna.ft, atec toutes les précisions
désirables, Vorigine métropolitaine de ers
libellés. Ils sont importés, secrètement, en
petit nombre depuis un mois environ par
la poste, sous une lorme habile, et par l'in-
termédiaire de navigateurs. Quelques agi-
tateurs connus et surveillés, qui les ont
reçus, ont profité de l'affluencc des indigè-
nes, les 10 et 11 novembre, pour en répan-
dre quelques exemplaires dans les quar-
tiers de Saigon particulièrement fréquentés.
L'auteur de ces tracts et ses complices ont
été Cohiet de poursuites iudiciaires m
France. Ces appels à la révolte ne corres-
pondent en aucune manière à l'état d'es-
prit général des Annamites de Cochinehine
où se manifeste indiscutablement de part
et d'autre un qrand désir de conciliation
et de concorde.
(Tndopncifi.)
Lettre du Niger
--0-0-
La vie chère
(De notre correspondant particulier.)
Par suite des hauts prix de la Uvhl les
indigènes de la colonie du Niger exjJoHefcf
tous leurs produits agricoles, notamment le
mil et les bœufs en Nigéria, colonie surpeu-
plée, qui a d'énormes besoins de produits ali-
mentaires et où les Anglais ont, avant tout,
encouragé les cultures industrielles : pal-
mistes, arachides, coton, cacao, propres à
alimenter leurs usines métropolitaines. Il en
résulte pour les postes du Niger de grosses
difficultés de ravitaillement. Quant à nos
bons voisins anglais, ajoute notre correspon-
dant, ils ont tout bénéfice à ce système ; ils
nous achètent le mil pas très cher à coups
de livres, et revendent au prix fort à nos
indigènes leurs ignobles toiles et cotonnades
de Birmingham, la plus merveilleuse came-
lote que j'aie jamais vu. Car, il faut croire
que nos industriels toujours résolus à igno-
rer nos colonies, n'ont pas encore trouvé le
moyen de fabriquer des pagnes bariolés, des
couvertures vermillon et bleu et de la toile
blanche bien apprêtée. Depuis que je con-
nais le Niger, ajoute notre correspondant,
je n'y ai jamais vu vendre une pièce de toile
fabriquée en France. Et pourtant, que de
beaux bénéfices à réaliser, si on importait de
France des cotonnades qui seraient facile-
ment vendues trois fois moins cher que celles
de nos rivaux. Il manque ici des voies de
communication : une voie étroite ou un ser-
vice automobile qui relierait les régions Nord
,de la colonie du Niger à Gaya à la voie fer-
rée Cotonou-Savé, prolongée jusqu'au Niger,
provoquerait un prodigieux développement
économique de cette contrée.
L'AVIATION COLONIALE
---0-0--
L'incident du Rio de Oro
Le pilote français Gourd, qui avait été
obligé d'atterrir le 13 novembre près du
cup Uajadur, par suite d'une punue. de son
avion postal, et qui avait été lait prisonnier
et blessé pur les Maures, a été libéré pnr
les autorités espagnoles du cap Juby, où
il est actuellement soigné.
Etang de Berre-Madagascar
Le lieutenant-de vaisseau Bernard, ac-
compagné du "maître principal mécanicien
Houguult, est urrivé hier à Mnjung, il
11 li. 40, venant de Mozambique.
Par ea remarquable i-aiidoiiiiée, le lieu-
tenant de Vaisseau Bernard a réalisé le
but que le ministre de la Marine lui avait
fixé, c'est-à-dire relier la métropole à Mada-
gascar par les possession françaises de
rAfrlque : Mu roc, Sénégal, Afrique Occi-
dentale, Afrique Equatoriulc et Uubungui.
Le parcours total était de 10.000 kilomè-
tres environ.
Le lieutenant de vaisseau Bernard, parti
do Berre le 12 octobre, lit successivement
escale à Tanger ^12 octobre), Casablanca
(13 octobre), Las Palmas il5 octobre), où il
fut reçu avec la plus vive symputhif', Port-
Etienne (17 octobre), Saint-Loui%j8 octo-
bre), Kayes (21 octobre), Bamako (:fa octo-
bre), Tombouctou (28 octobre), Gao (2*J oc-
tobre), Gaya (UW octobre), Djeblm (31 octo-
bre), Lokndju (3 novembre), Garoun ô nl--
vembre), Fort-Archambault (ti novenibiv),
Stanley ville (13 novembre), après une étape
des plus dures effectuée dans des orages
d'une violence inouïe, Fort-dohnston (17 no-
vembre), Quilinianc (19 novembre;, <1 Mo-
zambique (20 novembre).
Il franchit ensuite les i00 kilomètres 't<-
mer de Mozambique à Majunga.
Tel est le magnifique voyage entrepris
par les deux aviateurs français qui, les
premiers, ont réalisé la liaison entre la
France et Madagascar.
Après une quinzaine de jours d'un repos
bien gagné, le lieutenant de vaisseau Ber-
nard et le maître principal Bouguult repren-
dront le chemin de France par Mozambi-
que, Quilimane, Fort-Jolinston, Albertville,
llac TangOJlyika), le lac Victoria, la vallée
du Nil jusqu'au Caire, Beyrouth, Makri,
Athènes, Malte, Bizerte, Ajaccio et Saint-
Raphaël, où ils pensent être rendus nu
début du mois de janvier prochain.
Accident mortel
0
Un télégramme de Bordeaux vient de si-
gnaler au Ministère des Colonies, le décès,
à La Pallice, de M. Lctourny, administra-
teur adjoint des colonies, qui s'embarquait
pour Dakar.
Ce jeune administrateur (récemment
serti de l'Ecole Coloniale où il avait obtenu
les meilleures notes, a été écrasé par le
tramway de La Pallice. La mort a été ins-
tantanée.
- -et--
LA PAIX AU MAROC
-0-0-
Le haut commandement
Le général Viùalon, successeur du géné-
ral Boichut, doit arriver au Maroc le 5 dé-
cembre. Le général Boichut rentrera en
France le 15 décembre.
Chez les Espagnols
Remises de l'émoi causé par la mort de
leur chef, les bandes de Jériro se refor-
ment actuellement, en zone espagnole, sous
le commandement de Temsamnni. La si-
tuation demeure bonne, malgré quelques
djich.
EN MER
--0-0--
Le cargo français Némesco parti il y a
quelques jours de Marseille il destination de
Casablanca, s'est échoué hier sur la cÓtl
d'Espagne, près du cap de Gnta, h l'est
de la baie d'Alméïda. Les vingt-deux hom-
mes d'équipage sont sauvés.
TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouverneur Général de l'Indochine vient
de faire connaître au Ministre des Colonies
qu'à la dAtc du 22 novembre 1026 le tex ofticiel
e la piastre était de 12 rr. '75.
MmUt de limpératrice Joséphine
à la Martinique
o.
Joséphine, impératrice des Français, était
née à la Martinique, sur « l'habitation » La
Paierie, dans l'humble commune des Trois-
Ilets. Jusqu'ici, la colonie s'était contentée
de glorifier la mémoire de l'illustre Martini-
quaise par une statue élevée suLja princi-
pale place publique de Fort-de-rrance, la
Savane.
M. Gabriel Hayot, maire des Trois-Ilets,
a estimé que l'impératrice Joséphine méri-
tait mieux, et il a créé à la mairie de la
petite commune, un musée.
A la place d'honneur de la salle, se trouve
un buste en marbre blanc de l'impératrice.
Des panneaux héraldiques jettent une note
gaie sur le fond des murs gris pâlç. Aux
murs, gravures et tableaux reproduisent,
avec des portraits de l'impératrice et des
membres de sa famille, des vues de ses di-
verses résidences, des scènes de sa vie mer-
veilleuse. Une grande gravure de la calco-
graphie du Louvre nous donne une reproduc-
tion du Sacre d'après David.
Des vitrines renferment des objets anciens,
quelques monnaies, un .buste en biscuit de
Napoléon et des bronzes.
Une bibliothèque est en formation et des
livres précieux ont été rassemblés : procès-
verbaux du sacre, œuvres rares sur la Mar-
tinique, souvenirs ou biographies de José-
phine.
Des tableaux statistiques, généalogiques
et historiques complètent cette documenta-
tion.
-– Il.
De véritables sirènes?
Le baron de Ferming, gentleman hollan-
dais, qui vient d'arriver à Londres, après
avoir passé une grande partie de sa vie dans
l'Afrique du Sud, affirme avoir vu, de ses
propres yeux vu, dans un village de pê-
cheurs, sur les côtes orientales de l'Afrique,
au nord de Mombassa des animaux marins
ayant la tète chevelue et ressemblant aux
ctres humains d'une façon frappante. Ces
animaux ont les yeux proéminents, des che-
veux de femme, et leur corps, jusqu'à la
ceinture, est absolument pareil à un corps
humain. Les pêcheurs de la tribu de Swa-
hilli capturent ces femmes-poissons et les
mangent. Il paraît que leur chair est très
bonne. M. de Ferming » vu au marché de
ce village vendre, au poids, du poisson-si-
rène comme on y vendait d'autres poissons.
Ces animaux marins ont une longueur de
plus d'un mètre et demi. Les femelles ont
la poitrine exactement comme celle des fem-
mes ! à
Les indigènes aiment beaucoup la chair
de ce poissonJemmc et font des efforts pour
en capturer, ce qui n'est pas très facile. Ces
animaux résistent avec une force peu com-
mune; ils luttent désespérément et ils par-
viennent souvent à s'échapper.
Au conseil général
de la Nouvelle-Calédonie
En ouvrant la dernière session ordinaire du
Conseil Général, M. le Gouverneur Guyon a
prononcé un long et copieux discours qui lui
a été imposé par les circonstances financières et
économiques survenues depuis la session précé-
dente, où le Conseil Général avait réglé de
nombreuses et importantes questions. Mais avec
l' accentuation de la crise du franc, les prévi-
sions les plus solidement étayées se sont trou-
vées bouleversées. Des précautons nouvelles
étaient à prendre. Des solutions urgentes s'im-
posaient. Il fallait adapter les actes à l'impéra-
tif catégorique des faits. C'est ce qui a obligé
le Gouverneur à exposer à t Assemblée la si-
tuation et les besoins nouveaux de la colonie.
il a commencé par l'amélioration du sort des
jonctionnaires. « Les faits, a-t-il dit, ont mis
en relief la nécessité de plus en plus impérieuse
d'une adaptation plus serrée des traitements
établis sur la base du franc aux fluctuations de
la livre. La dépense supplémentaire que cette
mesure nécessitera se chiffrera, pour l' exercice
courant, -- par la somme de 830.000 francs. Le
Gouverneur a fait remarquer que cette dépense,
conséquence fatale dt la hausse de la livre,
aura sa contre-partie naturelle dans les plus-va-
lues que cette hausse a provoquées dans les re-
cettes douanières.
En examinant ensuite la situation financière,
M. Guyon a fait connaître que le personnel
hgurait au budget de 1914 pour 37 7o de la
totalité des dépenses, et qu'en 1926, il n'y
figure que pour 31 C' est une économie de
6 Après avoir énuméré devant le Conseil
Général les besoins nouveaux de la colonie, il
a conclu comme il suit : « Nous avons à noter
une grande amélioration de notre situation finan-
cière depuis dix-huit mois, puisque l'excédent
de recettes qui a été de 586.762 fr. 49 pour
1925 est absolument net », alors que l'exercice
1924 s'était soldé par une insuffisance de
470.000 francs. *
La situation économique a fait l'objet d'un
exposé très précis que le Gouverneur a justifié
en donnant des chiffres. Il a fait ressortir le
développement des industries existantes et entre-
prises -nouvelles qui ont été créées, ainsi que
des modifications apportées aux contrats de lo-
cation de terrain. Il a donné tous les détails
que nécessitaient l'arrivée de l'installation ré-
cente des groupes de colons venus en Nou-
velle-Calédonie. 11 a ensuite fait mention de
l'activité française aux Nouvelles-Hébrides et
de la liaison maritime avec les archipels des
îles Wallis et de Futuna. Il a enfin indiqué les
travaux importants et urgents à exécuter, et qui
ne peuvent être ajournés.
L'exposé des besoins comportait la nécessité
de trouver des ressources pour y satisfaire. C'est
ce que M. Guyon a fait en indiquant au Conseil
Général les ressources nouvelles qu'il lui pro-
pose de créer. Il a tenniné son discours en par-
lant de la réforme du régime douanier colonial
sur laquelle l'assemblée est appelée à délibérer.
Au conseil supérieur
du gouvernement chérifien
La session dit Gouvernement chérifien
s'est ouverte à Rabat avefnt-hier, M. Steeg,
Résident général, a tenu à y assister avant
son départ pour le Maroc espagnol et a pro-
noncé un important discours dont voici les
principaux passages :
Il y a un an, en pareille circonstance, alors
que je venais de recevoir du Gouvernement
le redoutable honneur d'être le représentant
de la France au Maroc, fescomptais devant
vous, avec un optimisme qui pouvait parai-
tre excessif, le jour prochain d'une paix heu-
reuse. J'affirmais tout au moins ainsi ma vo-
lonté d'apporter à sa préparation la contri-
bution d'une foi ardente. J'entendais la réa-
liser en ne séparant pas les séductions du
pardon des intimidations de la force.
Pendant six mois d'hiver, l'action politi-
que fondée sur le prestige des armes a con-
traint les tribus dissidentes à délibérer sur
les souffrances de la guerre et les profits de
la soumission. L'une après l'autre elles ont
fait leur choix. En avril, 20.000 guerriers
avaient changé de camp et une province de
maître. Le désir et l'espoir de la paix ont
alors franchi les monts et la frontière at-
teinte. Une brève et décisive campagne, ad-
mirablement menée par un grand soldat.
d'autant plus ménager du sang de ses hom-
mes qu'il les sentait prêts à tous les devoirs,
a brisé l'armature de la rébellion et ce fut
aux portes de Targuist l'inoubliable accueil
fait à notre troupes victorieuses par les po-
pulations délivrées.
Sur cet immense front, où, à l'automne
dernier, la pioche creusait la tranchée, la
charrue ouvre le sillon. Le Maroc en armes
n'est plus qu'un Maroc aux labours. l'ar
60n voyage à Paris, par son salut à Verdun,
S. M. Moulaï Youssef a exprimé à la France
la reconnaissance de son peuple. Je dois au
sultan de raDDeler Dar uuekiucs chiffres
émouvants dans leur sécheresse quand on
songe à ce qu'ils représentent de silencieux
sacrifices la part que ses sujets ont prise
au grand effort de l'année. Quarante mille
partisans, dont les levées s'échelonnent sur
14 mois, ont répondu à notre appel : vingt-
cinq mille travailleurs ont été recrutés;
trente mille animaux de bit : mulets, ânes,
chameaux, ont sillonné de leur* convois nos
lignes de ravitaillement. Le budget du pro-
tectorat a contribué pour plus de six mil-
lions à ces levées d'auxiliaires, et si je fai-
sais le compte des. travaux d'aménagement
dont il a supporté la charge, son aide finan-
cièrq serait triplée.
Rendons hommage à tous ces bons ou-
vriers d'une paix tutélaire. Et puisqu'il
nous quitte, que le général Boichut me par-
donne d'ajouter son nom à notre hommage
nécessairement anqpyme. Il emporte avec lui
l'affectueuse gratitude du Maroc et il nous
laisse le souvenir d'une élévation de pensée
égale à la plus parfaite droiture du ccrur.
La paix restaurée, nous pouvons aborder
nos travaux avec cette sérénité confiante qui
caractérise votre assemblée. Nos responsabi-
lités mieux affermies n'en apparaissent que
plus liatites. Sans doute, les devoirs de la
guerre sont rudes. Ils exigent de mâles ré-
solutions, mais ils sont clairement définis.
Ceux de la paix sont assurément plus aisés;
ils sont cependant si multiples et si com-
plexes qu'ils ne sauraient être tous à la fois
satisfaits. tiouvemer c'est prévoir, mais pré-
voir est-ce autre chose que dégager l'essen-
tiel de l'accessoire, hiérarchiser les néces-
sités qui nous pressent, en un mot établir
l'action gouvernementale sur de solides as-
sises et en régler les réalisations avec une
prudence qui, seule, autorise dans l'ordre
financier, la hardiesse des desseins?
Le Résident général a ensuite exposé les
principaux problèmes du protectorat à la
solution desquels il s'est consacré : équili-
bre financier, budget extraordinaire, produc-
tion agricole et production miniere, hydrau-
lique agricole, travaux public?, agriculture
et colonisation, politique indigène, in firme-
ries indigènes, sociétés de prévoyance, école
indigène, torets.
Enfin, tin sujet dit troisihiie collège qui
élargira en 1927 le Conseil supérieur du
Gouvernement, .11. Steeg s'est exprimé
ainsi :
La croissance rapide du Maroc multiplie
les intérêts en présence, elle ne les oppose
pas, mais elle les diversifie. L'intérêt com-
mun réside dans leur équilibre. A mesure que
des forces nouvelles se développent, cette
assemblée doit rester l'image fidèle du Ma-
roc français. Au regard de l'opinion, c'est
une satisfaction d'équité et c'est pour le Gou-
vernement une garantie supplémentaire de
sagesse. Faut-il craindre que les débats d'une
assemblée plus nombreuse soient plus pas-
sionnés? Pour ma part, je ne redoute pas
que les opinions s'affrontent quand je sais
que des divers côtés la bonne foi est égale et
égal le souci du bien public. Objectera-t-on
que dans un pays de protectorat l'autorité
du représentant (U la France risque d'en
être diminuée? Mais qu'est-ce donc que cette
autorité ? Est-ce un pouvoir discrétionnaire
rendant des arrêts infaillibles, obéis sans
murmure et toujours sans appel ? Est-ce, au
contraire, une autorité qui, soucieuse des de-
voirs que lui impose le statut du Maroc et
consciente de la mission que lui a confiée la
République française, doit savoir dans le
cadre de ce statut et dans les limites de cette
mission, - prendre ses responsabilités et, ses
responsabilités prises, affronter d'un cour
haut toutes les difncuhes? Si c'est bien cela,
j'aime la critique franche au grand jour
d'une assemblée. De même qu'un contact di-
rect avec les hommes et les choses m'éclaire
mieux qu'un volumineux dossier, je suis sur
de mieux décider ayant mieux compris quand
toutes les thèses ont épuisé devant moi louis
arguments. Ta libre discussion peut avoir
ses ombres, je n'y contredis pas. Je les pré-
fère au silence de la contrainte, sous lequel
frémit la rancune.
Qui donc, d'ailleurs, pourrait s'alarmer sé-
rieusement d'une mesure répondant si bien
au vam public? Ne sommrs-nous pas tous
ici les servi teurs de la mère patrie? Xos
débats, en s'élargissant, feront ressortir les
qualités dont s'enorgueillit notre race et les
sentiments que la France a développés dans
le cœur de ses enfants. 11 n'est d'union sin-
cère. de labeur joyeux d'émulation confiante
que dans la liberté.
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