Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-10-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 octobre 1926 12 octobre 1926
Description : 1926/10/12 (A27,N156). 1926/10/12 (A27,N156).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397205b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SEI'TIKMK ANNEE. N° 15G
LE NUMERO : 30 ISNTIMES
MAIllU soin, 12 OCT0BHK ll>itt>
Les Annales Coloniales
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--. A JOURNAL QUOTIDIEN
-
JOURNAL QUOTIDIEN
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LU AKTIÇLEfl PUBLIÉS PAR "LU ANNALES COUNUALKS" SONT LA PftOMUtTt
KXCUU8IVE DU JOURNAL
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DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THEBAULT
If. AteWitralka : 34, Rut ëu Moitt-Thabor, PARIS.10, NI. : LIUIIIII-If
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LMochine el ses ïoncltoanalrcs
Ainsi, il serait question d'étendre aux
fonctionnaires civils d'Indochine la mesure
prise récemment pour les officiers et sous-
officiers appelés à servir dans notre coTonic
d'Extrême-Orient, et rapportant les disposi-
tions bienveillantes adoptées depuis e très
nombreuses années, dispositions qui autori-
saient les intéressés, s'ils étaient mariés, à
se faire accompagner de leur famille.
Si, pour les militaires, la mesure peut pa.
raître arbitraire, lorsqu'il s'agit d'un pays
bien pacifié comme l'Indochine, elle le pa-
tait bien davantage encore pour les fonction.
naires civils. Rien ne peut la justifier si ce
n'est la volonté arrêtée de faire des écono-
mies.' Mais économies de combien? Je serais
keureux de le savoir ! Et même si cela de-
vait se chiffrer par quelques centaines de
milliers de piastres, que serait-ce pour un
budget comme celui de l'Indochine, qui de-
vrait accuser chaque année des excédents
considérables et permettre de réaliser, sans
emprunt, tout un programme de grands tra-
vaux publics! La situation financière pré-
sente de la colonie n'est nullement compa-
rable à celle de la métropole. Jamais l'In-
dochine n'a été aussi prospère. La métro-
pole peut être fondée à prendre temporaire-
ment, à l'égard de son personnel civil ou
militaire, des mesures d'exception. L'Indo-
chine, elle, n'a aucune excuse pour prendre
des mesures semblables.
On objecte que les voyages des familles
de fonctionnaires coloniaux surtout pour
l'Indochine, coûtent fort cher; que ces mê-
mes fonctionnaires (ceux d'Indochine tou-
jours) sont favorisés par rapport à leurs ca-
-. 8- ----,--- ,-..-
marades des autres colonies, puisquon leur
a maintenu à peu près, grâce au payement
d'une partie de leur traitement en piastres,
les avantages pécuniaires qu'ils avaient
avant-guerre, tandis que partout ailleurs les
fonctionnaires sont devenus des « demi-
IOlde », comme les officiers de l'Empire
licenciés sous la Restauration. Tout ceci est
exact; il est incontestable que les fonction-
aaires indochinois sont relativement privilé-
giés pour l'instant. Est-ce une raison pour
les condamner, les uns au célibat, les autres
un à payer de leur poche le voyage de leurs
femme et enfants, ce qui paraît matérielle..
ment impossible à la plupart d'entre eux, ou
à ne vivre en famille que pendant la durée
'des courts et rares congés passés en France,
c'at-à-dire six ou huit mois tpus les trois ou
quatre ans! C'est tout simplement une bri-
made et une brimade du plus mauvais goût !
Que l'on fasse des économies, que l'on
cherche à réduire au minimum indispensable
le nombre des fonctionnaires, rien de mieux.
Mais qu'on ne prenne pas, sous prétexte
d'économies, une mesure aussi injustifiée et
irossi dangereuse dans ses conséquences que
celle qui est envisagée en haut lieu.
Qu'arrivera-t-il, en effet, si nos fonction-
naires coloniaux ne se marient plus ou doi-
vent laisser leur femme en France? Tous en
souffriront plus ou moins moralement ; ils
surveilleront aussi moins leur tenue, leurs
paroles, leurs actes, perdront de leur pres-
tifffi et - de leur autorité sur les populations
--u- - - - - - - --
qu'ils auront à administrer. La plupart pren-
dront des femmes indigènes (trop nombreux
sont ceux qui se laissent déjà tenter actuel-
Ielnent); ils auront des enfants métis, régu-
lariseront peut-être - dans un but pécu-
niaire - des unions regrettables et contri-
bueront, peu à peu, en se dégradant eux-
mêmes, à créer une race de déclassés, qui ne
seront ni français ni indigènes, qui auront
li haine du blanc et seront par la suite à
la base de toutes les intrigues dirigées con-
tre notre rôle d'éducateur. Est-ce bien cela
que l'on désire obtenir? Reconstituer en
Indochine une situation dont on a constaté
'depuis si longtemps les si déplorables effets
'dans certains pays, aux Antilles par
exemple î
Nous ne pouvons en croire nos oreilles.
La durée normale du séjour en Indochine
pour les fonctionnaires est de trois ans. En
fait, beaucoup de ces derniers, dans le but
très louable de mettre un peu d'argent de
ciJté, rentrent après quatre ou cinq ans d'ab-
sence, prolongeant parfois leur séjour colo-
nial au détriment de leur santé. Or, il est
là-bas plusieurs stations d'altitude qui ont
été construites précisément pour rétablir la
santé des Européens fatigués par la rigueur
du climat. Que n'oblige-t-on tous les fonc-
tionnaires à passer, à tour de rôle, dans ces
établissements, deux - ou trois semaines, cha-
que année. La durée du séjour pourrait im-
médiatement et sans inconvénient être portée
de trois à cinq ans et l'Administration locale
séaliserait de ce fait, tant sur les frais de
voyage des fonctionnaires que sur ceux de
leurs familles (celles-ci n'ont droit qu'à un
voyage gratuit aller et retour par séjour nor-
mal du chef de famille) une économie de
près de 40 sur les transports.
On rut également réduire dans une no-
table proportion les frais de passage à bord
&tes paquebots en déclassant certains fonc-
tionnaires ou officiers et en faisant voyager
à la 26 classe (au lieu de la iw) tous les offi-
ciers subalternes et agents civils assimilés à
te grade.
Des économies, on peut donc en réaliser
mns porter atteinte à la dignité des fonc-
tionnaires.
Et puis, on semble trop négliger, dans
cette affaire, le rôle de la femme française
aux colonies. Celle-ci n'a-t-elle pas une mis-
sion très noble à remplir auprès des popu-
lations indigènes en Indochine plus qu'ail-
leurs encore? L'éducation de la femme anna-
mite, l'hygiène de l'enfance, quel vaste pro-
gramme pour ses initiatives! Le prestige
dont elle jouit sur les masses autochtones,
son intelligence, sa bonté, ses qualités di-
verses, s'ajoutent à l'autorité bienveillante
des fonctionnaires de l'ordre administratif,
pour faire évoluer la civilisation annamite
dans un sens éminemment favorable à la
cause française et à la politique d'associa-
tion que nous poursuivons en Indochine, de-
puis la fin de la conquête.
Evincer la femme fr:,. "aise de la colonie
serait revenir à quarante ans en arrière et
faire fausse route au lieu de continuer dans
le droit chemin.
Pierre Valude,
Député du Cher.
Ancien sous-secrétaire d'Etat
.0080
Le coton de nos colonies
--0-0--
Les chiffres que nous avons donnés dans
les Annales Coloniales du 7 octobre 1926 se
rapportaient à la production du coton et non
à 1 exportation. Du reste, nous ne les don-
nions qu'en faisant quelques réserves sur leur
exactitude et c'était fort prudent, car depuis
très longtemps, l'indigène de l'A. 0. F., par
exemple, cultive le cotonnier en vue d'ob-
tenir la matière première indispensable à
son habillement.
Voici d'après Y Agence Economique de
l'A. O. F., qui a bien voulu nous les com-
muniquer, les chiffies exacts de l'exportation
du coton des colonies du groupe en 1925 :
Sénégal, 755.369 kgs; Guinée, 221.657 kgs;
Côte d'Ivoire, 592.055 kgs; Dahomey 680.546
kilos ; soit au total, 2.249.627 kgs (dont
2.106.660 kgs à destination de France) con-
tre 1.741.909 kgs en 1924*
Comme on peut le constater, ces chiffres
n'indiquent aucune exportation du Soudan
français ou de la Haute-Volta, où, à part
quelques tonnes provenant de la région de
Matam, la totalité du coton enregistré au
Sénégal est originaire du Soudan, de même
que la majeure partie de ce textile déclaré
en Guinée. Enfin, la quantité donnée par la
Côte d'Ivoire comprend non seulement la
production propre de cette colonie, mais
aussi celle de la Haute-Volta.
Monof.
Les iléphaals deviemeat rares
Le Petit Journal se plaint de la disparition
progressive de l'éléphant constatée par plusieurs
explorateurs, entre autres par la mission Bru-
neau de Laborie, qui en trouva la cause dans
(( le braconnage, les* chasses à courre auxquels
se livrent les Arabes, les chasses au feu »,
c'est-à-dire toutes choses interdites par les lois
et ou on devrait s'efforcer d' empêcher.
En A. O. F. et en A. E. F., la chasse à
l'éléphant est, depuis 1909, réglementée, et
tous les efforts tendent à préserver les troupeaux
des massacres dont ils étaient victimes de la
part des indigènes, tuant pour avoir de la
viande, mâles et femelles sans distinction. - .-
Les Belges, au Camp d'Api, dans l'Uelé
(Congo), ont commencé sous la direction du
major Laplume le dressage des éléphants. On
en voit une photographie à Y Exposition de la
Croisière Noire au pavillon de Marsan.
Avec notre confrère, souhaitons que la So-
ciété des Amis de l'Eléphant, fondée par M.
Bourdarie, arrive à obtenir la création d'un
camp de dressage en A. E. F., et aussi souhai-
tons une observation rigoureuse des circulaires
relatives à la chasse de l'éléphant.
E. D
PHILATÉLIE
Chine •
Î.es timbres spéciaux de 1902 avaient le
gros défaut de porter l'indication de la va-
leur en monnaie française, ce qui donnait
lieu à confusions et discussious. Dès la
même année 1902, en septembre, une< nou-
velle série fut émise, timbres d'Indochine,
surchargés CHINE, plus la valeur en mon-
naie chinoise.
Ce sont les timbres du type groupe, en
service en Indochine à ce moment qui re-
çurent la surcharge. La série comprend :
1 cent, noir, valeur 13 francs ; 2 cent.
brun, valeur 12 francs ; 4 cent. violet, va-
leur 16 francs ; 5 cent, vert-jaune, valeur 16
- "U" 1-V leur
rrancs ; lu cent, carmin, valeur ib irarves ;
15 cent. gris, valeur 16 francs ; ; 20 cent.
brique, valeur 40 francs ; 25 cent. noir sur
rose, valeur 30 fr. ; 30 cent. brun, valeur
80 francs ; 40 cent, vermillon, valeur 80 fr.;
50 cent rose, valeur 160 francs ; 75 cent.
violet, valeur 150 francs ; 1 franc, olive, va-
teur 150 francs ; 5Trancs, lilas, valeur 175
francs.
En 1904, la même série est refaite avec
des caractères légèrement différents pour la
surcharge, mais il n'y a plus de 15 centi-
mes ; par contre, on y trouve deux timbres
de 25 centimes, le premier noir sur rose, le
deuxième bleu. Enfin, le 50 centimes n'est
plus rose, mais brun sur azuré.
La valeur des timbres de cette nouvelle
série est environ le quart de celle des pré-
cédents, sauf pour le 5 fr. qui vaut 50 fr.
de plus.
Tous les timbres existent avec la variété
C. du mot CHINE plus large et avec C mai-
gre.
Les bois coloniaux *
pour la tonnellerie
--0+-
A
I.c Bulletin mensuel du Syndi-
cat Général de la Tonnellerie re-
produit un article de L'Algérie
Agricole sur « les bois de tonnellerie de
VAfrique du Nord - P.
On est arrêté, dès le début, par une affir-
mation un peu catégorique, à savoir que
l'Algérie et la Tunisie paraissent les seules
colonies de VAfrique du Nord susceptibles
de fournir des bois de tOlmdlerÜ. L' /:tu de
continue, il est vrai, en constatant que la fo-
rêt du Maroc n est pas encore prospectée;
cela réserve Vavenir ; il est possible que le
J/oroe fournisse 1111 jour de bons tnerrains
pour la tonnellerie; T affirmation, réduite
au présent, reste donc vraie.
On est frappé, d'autre part, des ressour.
ces offertes par la Tunisie et l'Algérie aux
fabricants de tonneaux. C'est le chêne zéen,
analogue à notre chêne roune, qui est la
seule essence d'origine algérienne ou tuni-
sienne, capable de donner toute satisfaction
aux tonneliers. La Tunisie kroumirienne a
20.000 hectares coteverts de chênes zéen, par-
fois mélangés à des chênes-lièges; l'Algérie
en a 50.000 hectares oroiroll. Pourtant,
l'Algérie ne tire presque aucun parti de cette
richesse « très probablement faute de
moyens de transport »; nous avons souvent
signalé cette cause de difficultés pour l'ex-
ploitation de nos bois coloniaux. En Tunisie,
c'est mieux, infiniment mieux. Les disponi-
bilités en bois de chêne zéen sont évaluées
par le service des forêts à 1.000.000 de mi-
tres cubes, à 48 fr. 65 le mètre cube en 1923
(au lieu de 91 fr. 75 en 1914).
On a fait des expériences sur ces mer-
rains; « ce qui a empêché ces expériences de
se présenter comme complètes et définitives,
c'est la dureté intrinsèque du bois et
l'inadaptation provisoire de l'outillage et de
la main-d'œuvre à cette caractéristique. »
Inadaptation de l'outillage et de la main-
d'oeuvre, encore deux causes de difficultés
graxtes et que nous nous souvent signalées.
Contre la dureté intrinsèque', évidemment,
nous ne pouvons rien; contre les défauts de
l'outillage, contre les imperfections de la
main-d'oetivre, nous pouvons beaucoup. Et
déjà, nous dit-on, des métallurgistes s'effor-
cent de fournir des instruments d'outillage
plus spécialement destinés à travailler les
bois très durs de tonnellerie. Il n'est nulle-
ment douteux que le succès soit au bout de
leurs efforts.
Ce succès est-il souhaité par tout le
mom/e 1 Il semble bien que non pour qui sait
lire entre les lignes. Ôtt reproche au chêne
zéen d'avoir une tendance à se déjeter, à se
gercer, à se fendre; bref, il est l'objet de
critiques d'autallt plus sévères qu'il vient de
notre France nord-africaine, au lieu de venir
de l'étranger. « Il apparaît, remarque tran-
quillement notre confrère, que ces défauts
ont été fortement exagérés, très probable-
ment dans un but intéressé. »
Et il n en dit pas davantage, persuadé que
nous avons compris. Tout au plus proteste-
t-il en faisant observer que ces critiques sont
surtout injustes quand elles portent sur des
chênes zéen qui proviennent des versants
franchement, orientés au nord et des régions
élevées. Mais imaginons bien qu'elles ont été
quelque peu grossies même quand elles por
tent sur des chênes zéen orientés vers d'au-
tres points cardinaux; voilà nos tonneliers
prévenus : qu'ils se méfient des gens tou-
jours prêts à écraser nos bois coloniaux du
poids de leurs accusations a intéressées ».
Qu'ils sachent bien, d'ailleurs, que notre
Afrique tout entière peut. à un moment
donné, leur envoyer des bois de tonnellerie
qui vaudront bien les autres. Je renvoie une
fois encore au livre de MM. Jeall Meniaud
et Frédéric Bretonnet sur « Les Bois colo-
niaux d'Afrique dans l'Industrie. » J'aurais
été très étonné que parmi tous les bois dési-
gnés comme pouvant convenir à certains
usages des diverses variétés de chêne, il n'y
en eût pas qui fussent capables de servir à
la fabrication de bonnes et robustes fu-
tailles. le ne veux pas faire étalage d'une
érudition nouvellement acquise et à peu de
frais; qu'on parcoure le livre dont j'ai parlé,
on y verra, par exemple, au chapitre sur
l'azobé, qu'une maison de Bordeaux en a fait
usage pour la tonnellerie et qu'elle se dé-
clare satisfaite des résultats; même remarque
au chapitre sur le badi; quand le bois pré-
sente trop de contrefil ou se prête assez mal
au cintrage, on nous informe que la tonnel-
lerie ne saurait l'employer; mais certaines
essences, comme le tsoumbou, peuvent être
exploitées abondamment et économiquement
dans la fabrication des mer rains, comme le
fraké, le framiré, le rikio; d'autres ont déjà
fait leurs preuves, et on le voit par les réfé-
rences. Pour ses bois de tonnellerie, la
France est tributaire de l'étranger; malgré
ceux qui, « dans un but intéressé w. travail-
lent à nous détourner des bois des colonies,
nous faisons des vaux pour que le jour
vienne où la futaille française sera construite
avec des bois de France ou de la plus grande
F rance.
Mario Rouai.
Sénateur de VHérault, ancien ministre.
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
- .1.
Lire en seconde page :
LA QUESTION ETlIIOPIENNE
Les bois coloniaux et la tonnellerie
el.
A mesure que les bois merrains se raréfient
dans la métropole, les tonneliers français se
trouvent réduits à en faire venir de l'étranger,
surtout de Hongrie et de Tchécoslovaquie,
transportés par la voie de terre, qui est la plus
onéreuse, et payables au coum de la livre.
Pourquoi n'utiliseraient-ils pas les bois des
colonies françaises, alors surtout que nos forêts
africaines abondent en essences variées et que,
par une heureuse coincidence, le grand débou-
ché de l'Afrique française, Bordeaux, est en
même temps l' un des grands centres de tonnel-
lerie de la métropole ?
Pour éviter aux industriels des tâtonnements
coûteux et peut-être décourageants, des essais
méthodiques ont été entrepris, notamment par le
Service technique des Bois coloniaux, que di-
rige avec autorité M. A. Bertin ; une récente
étude, due à MM. Meniaud et Bretonnet, et
analysée ici même, de façon lumineuse, par M.
Mario Roustan, a vulgarisé les résultats - essen-
tiels de ces essais.
Mais serrons de plus près le problème, en
Appliquant à une branche industrielle, la ton-
nellerie, les questions déjà résolues et celles
qui restent à résoudre. Nous aiderons ainsi les
professionnels à s' orienter vers les applications
pratiques. Il est grand temps, en effet, qu'à la
phase du laboratoire succède celle de l' atelier.
Il paraît acquis que la forêt africaine recèle
une douzaine d' essences susceptibles de servir
à la fabrication des fûts.
Latfodiré, bois tendre et blanc, qui abonde
à la Côte d'Ivoire, résiste à la compression, à
la flexion et à la traction comme le peuplier de
choix. Le Service des Bois coloniaux a fait
effectuer avec cette essence (douelles sciées) des
tonneaux qui semblent donner satisfaction. Mais
l' expérience serait à reprendre avec des mer-
rains fendus et sciés. La Société Générale de
Tonnellerie mécanique, Ja Société des t onnel-
leries Lorraines et la Maison Chevrier, de Bor-
deaux, ont déjà fabriqué des tonneaux avec
l'avodiré. 11 y aurait intérêt, semble-t-il, à ce
que le bois fût expédié aussitôt abattu, ou que
les billes pussent séjourner dans l'eau de ri-
vière, à l'ombre, jusqu'à leur embarquement
pour l'Europe.
L' azobé, qui abonde au Gabon, au Congo
et à la Côte d'Ivoire, dont le bois de cœur est
brun violacé, très dur, à faible retrait, et dont
la résistance mécanique est supérieure à celle
à ce l le
du chêne, dure deux à trois fois ptua* que le
chêne. Sa résistance au choc et à l'usure est à
toute épreuve. M. Chevrier, de Bordeaux, s'est
servi de ce bois pour la fabrication de tonneaux,
et il a donné de bons résultats.
, Le badi et le bi/inga résistent à la compres-
sion et àla flexion comme le chêne de choix,
au choc et à la traction comme le chêne ordi-
naire. M. Chevrier a également étudié ces bois
pour la fabrication des tonneaux.
Le Service technique des Bois coloniaux étu-
diera sous peu l'utilisation du tsorjmbou à la
tonnellerie.
--- Le - jrolt. cet arbre -- magnifique qui atteint
30 mètres de haut et 1 m. 50 de diamètre, res-
semble au chêne de Hongrie. La Société des
Tonnelleries Lorraines l'a essayé. Il a donné
toute satisfaction en ce qui concerne les petits
fûts de 50 à 100 litres ; le vin s'y conserve par-
faitement et y prend même assez vite un goût
agréable. Ces essais sont à reprendre avec des
merrains sciés ou fendus, pour la confection de
barriques et de demi-muids.
Le Service des Bois coloniaux et les Ton-
pelleries Lorrainesl, à Jarville, ont obtenu de
bons résultats avec le jramiré, Mais ces essais
sont à compléter, en ce qui concerne les gros
fûts, et doivent être confiés, pour étude, au
point de vue du goût, de l'étanchéité et de la
conservation du vin, à des tonneliers et'vini-
culteurs qualifiés.
Le palétuvier, au bois. rouge violacé, très
dur, à très fort retrait, résiste à la compression,
à la flexion et à la traction mieux que les bois
durs français. Il est imputrescible. Depuis 1919
fonctionne au Cameroun une importante exploi-
tation en vue d'obtenir des menains.
Signalons encore le rieo, au bois de coeur
rose rouge, très maillé, dont 1 emploi en tonnèl-
lerie a été essayé, ainsi que l'abalé et le bom-
baba.
Il ne suffit pas que les professionnels de la
tonnellerie se familiarisent avec les noms exoti-
ques i de ces essences et avec les avantages
qu'elles paraissent comporter. Ils ont hâte de
contrôler des essais sporadiques, ci' essayer et,
s'ils y trouvent leur intérêt, d'adopter.
Mais à qui doivent-ils s'adresser pour obtenir
des billes d'essai ? Grâce à qui tous ces bois
que leur main n'atteint pas cesseront-ils d être
un rêve ? Feront-ils - leurs offres bénévoles au
- - - a'" - -
Service des bois coloniaux ? Mais il est à crain-
dre que ce service leur réponde : « Voyez à
côté : je suis technique et non pratique. » Frap-
peront-ils à la porte des. agences économiques
de l'A. O. F. (27, boulevard des Italiens) et
de l'A. E. F. 217, rue Saint-Honoré) ? A
l'Agence Générale des Colonies, au Palais-
Royal ? A des négociants-importateurs ? A des
étrangers ?
Les billes destinées aux essais que ces ton-
ne liers entendent pratiquer eux-mêmes leur se-
ront-elles délivrées quai Bordeaux à titre gra-
tuit ? Oui, j'imagine. Avec quel exploitant
-- - - - -- , 1 - -
local devront-ils correspondre pour lui donner
des indications qui ne seront peut-être pas su-
perflues (rayon médullaire visible, absence
d'odeur, bois non coupé sur sève, billes d'en-
viron 1 m. 25 de long sur 0 m. 45 de diamètre,
bois fendant bien d un bout à l'autre, fibres
rectilignes, etc.) ?
Les tonneliers qui recevraient ces échantil-
Ions procéderaient à ces essais à leurs risques
et périls. Puis, une fois certaines essences adop-
tées, ils pourraient aborder l'étape industrielle,
étudier les prix d'achat et de revient, s'abou-
cher avec des exploitants et expéditeurs. Mais
là encore leurs pas auraient besoin d'être gui-
dés.
Les services, qui gravitent autour du Minis-
tère des Colonies auraient certainement à coeur
de seconder ces bonnes volontés, ne fût-ce que
par la vulgarisation des renseignements qu'ils
détiennent, de faciliter J'éducation colonio-com-
merciale de ces industriels, en particulier l'or-
ganisation de leurs achats. Une fois les courants
établis, la main tutélaire de l'Etat pourra se re-
tirer. Nos tonneliers se trouveront en selle et
avanceront tout seuls, pour le plus grand profit
de notre balance commerciale, de nos colonies
et d'une importante industrie métropolitaine,
sans excepter l'intérêt des producteurs et con-
sommateurs de vin.
Henri Labroue
Ancien dêputii île la Gironde.
.1.
Dépêches de l'Indochine
- 0-0-
Avant son départ pour la France, le Gort-
verneur ycnêral, Alexandre V (I.,.enrw, a
pris les mesures suivantes :
Secours aux inondés du Tonkin
Il autorisa le llésutcnl Supérieur du Ton-
hin à ouvrir une loterie d'un million de
billets à une piastre avec un gros lot de
100.000 piastres, le produit net de la lote-
rie, 500.000 piastres, pourra Olre mis A la
disposition au ComUtJ de Secours vers la
(in de t'mméc. c'est-à-dire à l'epoque. où
les besoins des sinistrés deviendront plus
pressants, en raison de l'épuisement des
réserves.
Réorganisation des municipalités de Hanoï.,
Haïphong et Baigbn
Il promulgua- un décret en date du 14
septembre 1026 rétablissant le nombre des
conseillers municipaux de Ilanoï au dtif-
Ire fixé par le décret du 20 juillet 1008. en
portant à six le nombre des conseillers
indigènes des trois municipalités, et en
créant les postes de conseillers suppléants
élus dans les mêmes conditions que les
conseillers titulaires et destinés à rempla-
cer de plein droit ces derniers lorsqu'ils
sont absents ou manquants, et en procla-
mant en outre l"éligibilité des fonctionnai-
res à part quelques exerptions.
Concessions domaniales
Il a approuvé pendant la séance de la
commission permanente du 1er octobre, di-
vers cahiers des charges pour les aliéna-
tions domaniales en mettant à la disposi-
tion de la colonisation plus de 25 mille hec-
tares, ce qui porte (i 225. 000 hectares la
superficie des terres domaniales, concédées
depuis la prise de fonctions de M Varenne.
Levés des terres de colonisation
construction des routes d'accès
Il a décidé de faire entreprendre l'étude
de la construction, d'une route de Dienhoa
à Dfiring, desservant la région des Terres-
Rouges, comprise entre Danhin et Lagna.
Les études seront immédiatement suivies
de l'exécution d'une piste qui permettra
d'assurer avant un an la première circula-
fion, sans attendre la construction de la
voie de communication définitive. Il a dé-
cidé également L'exécution immédiate des
levés des cartes de la région de Plciku et
de Ranmcthuot. ces deux régions étant
comprises dans la zone des Terres-Houges
de la région du SlId-Annam. vers laquelle
se porte actuellement les efforts de Ill. co-
lonisation. Ces levés permettront de don-
ner satisfaction aux demandes les plus
urgentes d'aliénation de terres domanuiles.
Ils [arilitrronf. d'autre part, les éludes dIt
réseau des routes projetées.
M Conseil colonial
Les élections au Conseil colonial ont eu
lieu le 10 octobre ; tous les rondidats et
M. de Lachevrotière, président du Conseil
colonial sortant, ont été élus.
(Par dépêche Indopacifi.)
81. –-
Le cours du riz
SAIGON
7 octobre
(les 100 kilos en piastres)
Riz nO 1, 25 brisures 11 00
Rixn" 2, 44) brisures 11 20
Riz n° 2, 50 brisures 10 40
Brisures n08 1 et 2 B $j
Brisures nO. 3 et -i H 50
Farines "i Or)
Pnddy Vinh-Long 7 25
Paddy Co-Conn 7 40
Pnddy Raixan .,. 7 m
Paddy Bac-Lieu 7 4n
Coprah: 18 Il
> ̃
L'AVIATION COLONIALE
Etang de Berre-Madagascar
Ce matin 5 heures, les doux hydra-
vions ont drt quitter l'étang de Herre pour
gagner Madagascar.
"l'A aviateurs doivent gagner Tanger,
puis le Sénégal et Tombouctou. Us traver-
seront l'Afrique dons sa largeur pour ga-
gner le Mouunhique, et, de li1», piquer droit
sur Madagascar.
TATANANARIVE (1)
----,0-0-
On peut les voir « se dandinant, les yeux
cernés de bleu, les sourcils allongés démesuré-
ment au noir, le fard au visage, le rouge aux
ièvres, portant des souliers vernis, bas de soie a
baguette brodée, la pochette à la poitrine et un
parfum tenace embaumant tout l'être. caquet-
tant comme des perruches. »
Qui ça ? me demandez-vous, les arpenteuse
(avec ou S. G. D. G.) de la Chaussée-d' An-
tin ?
Non, il s'agit d', « une autre espèce que l'on
trouve à 1 ananarive. Ce sont des jeunes gens
indigènes qui, tout en s 'habillant masculine-
ment, imitent dans leur démarche le déhanche-
ment caractéristique de la femme, le son de la
voix, la prononciation des mots et la manière
de se draper du « lamba » traditionnel.
« Cette dernière espèce, spéciale à la capi-
tale (nous apprend encore notre confrère Cu-
rious, dans l'Indépendant de Madagascar), se
recrute parmi les boys, plantons, copistes, et -
ne vous en étonnez pas sportifs, car l'un
d eux est - coureur de - demi- fond et - un autre rull
byman enragé. »
Et c est charmant, ce dandinement et ces bas
de soie, et ce « coureur de demi-fond ». Ah 1
le demi- fond de ce coureur! Pure calomnie,
sans doute. Sinon, quel handicap dans une pro-
fession si spéciale !
Mais après tout, ces jeunes gens font mar-
cher le commerce de luxe, ou plus exactement
celui des « attirails de luxure o. comme dit Cu-
rious avec une courageuse précision.
Ce qui est plus grave, c est l'existence des
« oanm-bavy », « qui, dès leur tendre enfance,
ont adopté les manières et la vie féminines sans
pour cela se faire eunuques, laissent pousser
leurs cheveux, portent des robes, s' attribuent
des noms de femme et peuvent, la plupart du
temps, se soustraire aux impots de capitation. »
Là, nous protestons. Il appartient au Gouver-
nement général de pourchasser ces mauvais con-
tribuables en tous lieux : dans les villes comme
dans la brousse et jusque sous la tente.
AnJ/nn
- -'1..
Une école régimentaire
d'enfants de troipe indigènes à Tanaiarive
Depuis fin 1922 fonctionne à Tananafive
une école régimentaire d'enfants de troupe
indigènes, ayant pour but d'élever et de di-
riger vers la profession militaire les jeunes
Malgaches qui y sont admis. L'école reçoit
ayant tout les fils d'indigènes morts pour la
France et ainsi contribue au devoir d'assis-
tance contracté par la nation envers les or-
phelins de guerre. Ensuite les fils de mili-
taires ou de fonctionnaires indigènes. Enfin,
les fils de notables. La Colonie assn ri» l'n-
-- ----.----., -
tretien complet des élfcves qui sont admis à
1 âge de 10 ans. Ces derniers suivent jus-
qu'à 14 ans, ies cours des écoles primaires,
puis jusqu'il 18 ans des cours supérieurs et
d'instruction militaire. A cet âge ils contrac-
tent un engagement de. 10 ans dans un corps
de troupe de leur choix, sont nommés pres-
qu'aussitôt caporaux et peuvent passer rapi-
dement sous-officiers et même devenir, après
un stage à l'école militaire de Fréjus, offi-
ciers indigènes.
Les résultats obtenus jusqu'à ce jour "ont
satisfaisants et l'autorit é militaire songe 'était
satisfaisants et l'autorit( militaire songr n
augmenter le nombre des élèves qui itlit
fixe a 25 par an. Do même des efforts ()n t
actuellement faits pour étendre le recrute-
ment à toutes les races ijfc l'île. Seuls, en
effet, les Hova et Betsileo (ou originaires des
hauts plateaux), ont répondu, jusque pré-
sent, à l'appel des autorités administratives.
La peste à Madagascar
--0-0--
Des cas de peste ont été constatés à Ma-
junga puis à Tananarive en juin et août.
Cela n'a rien pour surprendre; car c'est un
fait connu qu'il est) très' difficile sinon même
impossible de débarrasser un pays de cette
maladie. Trop de considérations empêchent
que les mesures nécessaires qui, pour être
efficaces, - devaient être des plus sérieuses.
soient prises. Et si tout! le monde est d'ac-
cord pour affirmer la nécessité d'une telle
action, chacun espère et essaye d'échapper
aux inconvénients qui sont inhérents à toute
restriction de la liberté individuelle. C'est
dire que la tâche de l'administration e t dif-
fidlP: Il est nécessaire Hu'une imnuhion
soit donnée par l'autorité supérieure à
la défense contre l'épidémie. Par cela
même elle prend la responsabilité des me-
sures appliquées et tous les intéressés s'in-
clinent. C'est ce qu'avait fort bien commis
le général Galliéni lors de l'épidémie de
peste qui a désolé la ville de Majunga en
1902. Ce fut le Gouvernement Général qui, à
cette époque, donna en détail les instruc-
tions concernant les voyageurs bagages et
marchandises provenant de la zone conta-
minée. C'est ce qui ne s'est pas produit cette
année. - Peut-être le Gouvernement général se
reposa-t-il trop sur les Commissions d'hy-
giène locales pour les mesures à prendre.
A Majunga, indiens et malgaches s'en-
fuirent de la ville en pleine epidémie,
risquant ainsi de contaminer toute la lé-
gion. Justement alarmés, les chefs de postes
situés sur la grande route de Tananarive pri-
rent des mesures pour soumettre voyageurs
et marchandises à quarantaine et désinfec-
tion. Mais les locaux à usage des pieiuiers
n'étaient pas prêts. Et même ceux prove-
nant des régions non déclarées contaminées
furent soumis aux mêmes mesures. D'où plO.
testations. A Tananarive, on n'agit pal
assez vite bien qu'une famille euvo-
(1) Nullft « g^nérnliMtlon Tiflllve », dans ee
litre, mois des nouvelles si étonnantes vous tottt
bégayer.
LE NUMERO : 30 ISNTIMES
MAIllU soin, 12 OCT0BHK ll>itt>
Les Annales Coloniales
es nna es ili es
--. A JOURNAL QUOTIDIEN
-
JOURNAL QUOTIDIEN
- - -- - -- -
LU AKTIÇLEfl PUBLIÉS PAR "LU ANNALES COUNUALKS" SONT LA PftOMUtTt
KXCUU8IVE DU JOURNAL
.AnflIRIJ.8IPi r 'il "--"]--'A,.
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THEBAULT
If. AteWitralka : 34, Rut ëu Moitt-Thabor, PARIS.10, NI. : LIUIIIII-If
JSWSSBSLt
- -
Uaia ImIi S méb
Frm*u tt Ceèmàm, M ̃ « ̃ m •
el" "L ,- -'Â-
LMochine el ses ïoncltoanalrcs
Ainsi, il serait question d'étendre aux
fonctionnaires civils d'Indochine la mesure
prise récemment pour les officiers et sous-
officiers appelés à servir dans notre coTonic
d'Extrême-Orient, et rapportant les disposi-
tions bienveillantes adoptées depuis e très
nombreuses années, dispositions qui autori-
saient les intéressés, s'ils étaient mariés, à
se faire accompagner de leur famille.
Si, pour les militaires, la mesure peut pa.
raître arbitraire, lorsqu'il s'agit d'un pays
bien pacifié comme l'Indochine, elle le pa-
tait bien davantage encore pour les fonction.
naires civils. Rien ne peut la justifier si ce
n'est la volonté arrêtée de faire des écono-
mies.' Mais économies de combien? Je serais
keureux de le savoir ! Et même si cela de-
vait se chiffrer par quelques centaines de
milliers de piastres, que serait-ce pour un
budget comme celui de l'Indochine, qui de-
vrait accuser chaque année des excédents
considérables et permettre de réaliser, sans
emprunt, tout un programme de grands tra-
vaux publics! La situation financière pré-
sente de la colonie n'est nullement compa-
rable à celle de la métropole. Jamais l'In-
dochine n'a été aussi prospère. La métro-
pole peut être fondée à prendre temporaire-
ment, à l'égard de son personnel civil ou
militaire, des mesures d'exception. L'Indo-
chine, elle, n'a aucune excuse pour prendre
des mesures semblables.
On objecte que les voyages des familles
de fonctionnaires coloniaux surtout pour
l'Indochine, coûtent fort cher; que ces mê-
mes fonctionnaires (ceux d'Indochine tou-
jours) sont favorisés par rapport à leurs ca-
-. 8- ----,--- ,-..-
marades des autres colonies, puisquon leur
a maintenu à peu près, grâce au payement
d'une partie de leur traitement en piastres,
les avantages pécuniaires qu'ils avaient
avant-guerre, tandis que partout ailleurs les
fonctionnaires sont devenus des « demi-
IOlde », comme les officiers de l'Empire
licenciés sous la Restauration. Tout ceci est
exact; il est incontestable que les fonction-
aaires indochinois sont relativement privilé-
giés pour l'instant. Est-ce une raison pour
les condamner, les uns au célibat, les autres
un à payer de leur poche le voyage de leurs
femme et enfants, ce qui paraît matérielle..
ment impossible à la plupart d'entre eux, ou
à ne vivre en famille que pendant la durée
'des courts et rares congés passés en France,
c'at-à-dire six ou huit mois tpus les trois ou
quatre ans! C'est tout simplement une bri-
made et une brimade du plus mauvais goût !
Que l'on fasse des économies, que l'on
cherche à réduire au minimum indispensable
le nombre des fonctionnaires, rien de mieux.
Mais qu'on ne prenne pas, sous prétexte
d'économies, une mesure aussi injustifiée et
irossi dangereuse dans ses conséquences que
celle qui est envisagée en haut lieu.
Qu'arrivera-t-il, en effet, si nos fonction-
naires coloniaux ne se marient plus ou doi-
vent laisser leur femme en France? Tous en
souffriront plus ou moins moralement ; ils
surveilleront aussi moins leur tenue, leurs
paroles, leurs actes, perdront de leur pres-
tifffi et - de leur autorité sur les populations
--u- - - - - - - --
qu'ils auront à administrer. La plupart pren-
dront des femmes indigènes (trop nombreux
sont ceux qui se laissent déjà tenter actuel-
Ielnent); ils auront des enfants métis, régu-
lariseront peut-être - dans un but pécu-
niaire - des unions regrettables et contri-
bueront, peu à peu, en se dégradant eux-
mêmes, à créer une race de déclassés, qui ne
seront ni français ni indigènes, qui auront
li haine du blanc et seront par la suite à
la base de toutes les intrigues dirigées con-
tre notre rôle d'éducateur. Est-ce bien cela
que l'on désire obtenir? Reconstituer en
Indochine une situation dont on a constaté
'depuis si longtemps les si déplorables effets
'dans certains pays, aux Antilles par
exemple î
Nous ne pouvons en croire nos oreilles.
La durée normale du séjour en Indochine
pour les fonctionnaires est de trois ans. En
fait, beaucoup de ces derniers, dans le but
très louable de mettre un peu d'argent de
ciJté, rentrent après quatre ou cinq ans d'ab-
sence, prolongeant parfois leur séjour colo-
nial au détriment de leur santé. Or, il est
là-bas plusieurs stations d'altitude qui ont
été construites précisément pour rétablir la
santé des Européens fatigués par la rigueur
du climat. Que n'oblige-t-on tous les fonc-
tionnaires à passer, à tour de rôle, dans ces
établissements, deux - ou trois semaines, cha-
que année. La durée du séjour pourrait im-
médiatement et sans inconvénient être portée
de trois à cinq ans et l'Administration locale
séaliserait de ce fait, tant sur les frais de
voyage des fonctionnaires que sur ceux de
leurs familles (celles-ci n'ont droit qu'à un
voyage gratuit aller et retour par séjour nor-
mal du chef de famille) une économie de
près de 40 sur les transports.
On rut également réduire dans une no-
table proportion les frais de passage à bord
&tes paquebots en déclassant certains fonc-
tionnaires ou officiers et en faisant voyager
à la 26 classe (au lieu de la iw) tous les offi-
ciers subalternes et agents civils assimilés à
te grade.
Des économies, on peut donc en réaliser
mns porter atteinte à la dignité des fonc-
tionnaires.
Et puis, on semble trop négliger, dans
cette affaire, le rôle de la femme française
aux colonies. Celle-ci n'a-t-elle pas une mis-
sion très noble à remplir auprès des popu-
lations indigènes en Indochine plus qu'ail-
leurs encore? L'éducation de la femme anna-
mite, l'hygiène de l'enfance, quel vaste pro-
gramme pour ses initiatives! Le prestige
dont elle jouit sur les masses autochtones,
son intelligence, sa bonté, ses qualités di-
verses, s'ajoutent à l'autorité bienveillante
des fonctionnaires de l'ordre administratif,
pour faire évoluer la civilisation annamite
dans un sens éminemment favorable à la
cause française et à la politique d'associa-
tion que nous poursuivons en Indochine, de-
puis la fin de la conquête.
Evincer la femme fr:,. "aise de la colonie
serait revenir à quarante ans en arrière et
faire fausse route au lieu de continuer dans
le droit chemin.
Pierre Valude,
Député du Cher.
Ancien sous-secrétaire d'Etat
.0080
Le coton de nos colonies
--0-0--
Les chiffres que nous avons donnés dans
les Annales Coloniales du 7 octobre 1926 se
rapportaient à la production du coton et non
à 1 exportation. Du reste, nous ne les don-
nions qu'en faisant quelques réserves sur leur
exactitude et c'était fort prudent, car depuis
très longtemps, l'indigène de l'A. 0. F., par
exemple, cultive le cotonnier en vue d'ob-
tenir la matière première indispensable à
son habillement.
Voici d'après Y Agence Economique de
l'A. O. F., qui a bien voulu nous les com-
muniquer, les chiffies exacts de l'exportation
du coton des colonies du groupe en 1925 :
Sénégal, 755.369 kgs; Guinée, 221.657 kgs;
Côte d'Ivoire, 592.055 kgs; Dahomey 680.546
kilos ; soit au total, 2.249.627 kgs (dont
2.106.660 kgs à destination de France) con-
tre 1.741.909 kgs en 1924*
Comme on peut le constater, ces chiffres
n'indiquent aucune exportation du Soudan
français ou de la Haute-Volta, où, à part
quelques tonnes provenant de la région de
Matam, la totalité du coton enregistré au
Sénégal est originaire du Soudan, de même
que la majeure partie de ce textile déclaré
en Guinée. Enfin, la quantité donnée par la
Côte d'Ivoire comprend non seulement la
production propre de cette colonie, mais
aussi celle de la Haute-Volta.
Monof.
Les iléphaals deviemeat rares
Le Petit Journal se plaint de la disparition
progressive de l'éléphant constatée par plusieurs
explorateurs, entre autres par la mission Bru-
neau de Laborie, qui en trouva la cause dans
(( le braconnage, les* chasses à courre auxquels
se livrent les Arabes, les chasses au feu »,
c'est-à-dire toutes choses interdites par les lois
et ou on devrait s'efforcer d' empêcher.
En A. O. F. et en A. E. F., la chasse à
l'éléphant est, depuis 1909, réglementée, et
tous les efforts tendent à préserver les troupeaux
des massacres dont ils étaient victimes de la
part des indigènes, tuant pour avoir de la
viande, mâles et femelles sans distinction. - .-
Les Belges, au Camp d'Api, dans l'Uelé
(Congo), ont commencé sous la direction du
major Laplume le dressage des éléphants. On
en voit une photographie à Y Exposition de la
Croisière Noire au pavillon de Marsan.
Avec notre confrère, souhaitons que la So-
ciété des Amis de l'Eléphant, fondée par M.
Bourdarie, arrive à obtenir la création d'un
camp de dressage en A. E. F., et aussi souhai-
tons une observation rigoureuse des circulaires
relatives à la chasse de l'éléphant.
E. D
PHILATÉLIE
Chine •
Î.es timbres spéciaux de 1902 avaient le
gros défaut de porter l'indication de la va-
leur en monnaie française, ce qui donnait
lieu à confusions et discussious. Dès la
même année 1902, en septembre, une< nou-
velle série fut émise, timbres d'Indochine,
surchargés CHINE, plus la valeur en mon-
naie chinoise.
Ce sont les timbres du type groupe, en
service en Indochine à ce moment qui re-
çurent la surcharge. La série comprend :
1 cent, noir, valeur 13 francs ; 2 cent.
brun, valeur 12 francs ; 4 cent. violet, va-
leur 16 francs ; 5 cent, vert-jaune, valeur 16
- "U" 1-V leur
rrancs ; lu cent, carmin, valeur ib irarves ;
15 cent. gris, valeur 16 francs ; ; 20 cent.
brique, valeur 40 francs ; 25 cent. noir sur
rose, valeur 30 fr. ; 30 cent. brun, valeur
80 francs ; 40 cent, vermillon, valeur 80 fr.;
50 cent rose, valeur 160 francs ; 75 cent.
violet, valeur 150 francs ; 1 franc, olive, va-
teur 150 francs ; 5Trancs, lilas, valeur 175
francs.
En 1904, la même série est refaite avec
des caractères légèrement différents pour la
surcharge, mais il n'y a plus de 15 centi-
mes ; par contre, on y trouve deux timbres
de 25 centimes, le premier noir sur rose, le
deuxième bleu. Enfin, le 50 centimes n'est
plus rose, mais brun sur azuré.
La valeur des timbres de cette nouvelle
série est environ le quart de celle des pré-
cédents, sauf pour le 5 fr. qui vaut 50 fr.
de plus.
Tous les timbres existent avec la variété
C. du mot CHINE plus large et avec C mai-
gre.
Les bois coloniaux *
pour la tonnellerie
--0+-
A
I.c Bulletin mensuel du Syndi-
cat Général de la Tonnellerie re-
produit un article de L'Algérie
Agricole sur « les bois de tonnellerie de
VAfrique du Nord - P.
On est arrêté, dès le début, par une affir-
mation un peu catégorique, à savoir que
l'Algérie et la Tunisie paraissent les seules
colonies de VAfrique du Nord susceptibles
de fournir des bois de tOlmdlerÜ. L' /:tu de
continue, il est vrai, en constatant que la fo-
rêt du Maroc n est pas encore prospectée;
cela réserve Vavenir ; il est possible que le
J/oroe fournisse 1111 jour de bons tnerrains
pour la tonnellerie; T affirmation, réduite
au présent, reste donc vraie.
On est frappé, d'autre part, des ressour.
ces offertes par la Tunisie et l'Algérie aux
fabricants de tonneaux. C'est le chêne zéen,
analogue à notre chêne roune, qui est la
seule essence d'origine algérienne ou tuni-
sienne, capable de donner toute satisfaction
aux tonneliers. La Tunisie kroumirienne a
20.000 hectares coteverts de chênes zéen, par-
fois mélangés à des chênes-lièges; l'Algérie
en a 50.000 hectares oroiroll. Pourtant,
l'Algérie ne tire presque aucun parti de cette
richesse « très probablement faute de
moyens de transport »; nous avons souvent
signalé cette cause de difficultés pour l'ex-
ploitation de nos bois coloniaux. En Tunisie,
c'est mieux, infiniment mieux. Les disponi-
bilités en bois de chêne zéen sont évaluées
par le service des forêts à 1.000.000 de mi-
tres cubes, à 48 fr. 65 le mètre cube en 1923
(au lieu de 91 fr. 75 en 1914).
On a fait des expériences sur ces mer-
rains; « ce qui a empêché ces expériences de
se présenter comme complètes et définitives,
c'est la dureté intrinsèque du bois et
l'inadaptation provisoire de l'outillage et de
la main-d'œuvre à cette caractéristique. »
Inadaptation de l'outillage et de la main-
d'oeuvre, encore deux causes de difficultés
graxtes et que nous nous souvent signalées.
Contre la dureté intrinsèque', évidemment,
nous ne pouvons rien; contre les défauts de
l'outillage, contre les imperfections de la
main-d'oetivre, nous pouvons beaucoup. Et
déjà, nous dit-on, des métallurgistes s'effor-
cent de fournir des instruments d'outillage
plus spécialement destinés à travailler les
bois très durs de tonnellerie. Il n'est nulle-
ment douteux que le succès soit au bout de
leurs efforts.
Ce succès est-il souhaité par tout le
mom/e 1 Il semble bien que non pour qui sait
lire entre les lignes. Ôtt reproche au chêne
zéen d'avoir une tendance à se déjeter, à se
gercer, à se fendre; bref, il est l'objet de
critiques d'autallt plus sévères qu'il vient de
notre France nord-africaine, au lieu de venir
de l'étranger. « Il apparaît, remarque tran-
quillement notre confrère, que ces défauts
ont été fortement exagérés, très probable-
ment dans un but intéressé. »
Et il n en dit pas davantage, persuadé que
nous avons compris. Tout au plus proteste-
t-il en faisant observer que ces critiques sont
surtout injustes quand elles portent sur des
chênes zéen qui proviennent des versants
franchement, orientés au nord et des régions
élevées. Mais imaginons bien qu'elles ont été
quelque peu grossies même quand elles por
tent sur des chênes zéen orientés vers d'au-
tres points cardinaux; voilà nos tonneliers
prévenus : qu'ils se méfient des gens tou-
jours prêts à écraser nos bois coloniaux du
poids de leurs accusations a intéressées ».
Qu'ils sachent bien, d'ailleurs, que notre
Afrique tout entière peut. à un moment
donné, leur envoyer des bois de tonnellerie
qui vaudront bien les autres. Je renvoie une
fois encore au livre de MM. Jeall Meniaud
et Frédéric Bretonnet sur « Les Bois colo-
niaux d'Afrique dans l'Industrie. » J'aurais
été très étonné que parmi tous les bois dési-
gnés comme pouvant convenir à certains
usages des diverses variétés de chêne, il n'y
en eût pas qui fussent capables de servir à
la fabrication de bonnes et robustes fu-
tailles. le ne veux pas faire étalage d'une
érudition nouvellement acquise et à peu de
frais; qu'on parcoure le livre dont j'ai parlé,
on y verra, par exemple, au chapitre sur
l'azobé, qu'une maison de Bordeaux en a fait
usage pour la tonnellerie et qu'elle se dé-
clare satisfaite des résultats; même remarque
au chapitre sur le badi; quand le bois pré-
sente trop de contrefil ou se prête assez mal
au cintrage, on nous informe que la tonnel-
lerie ne saurait l'employer; mais certaines
essences, comme le tsoumbou, peuvent être
exploitées abondamment et économiquement
dans la fabrication des mer rains, comme le
fraké, le framiré, le rikio; d'autres ont déjà
fait leurs preuves, et on le voit par les réfé-
rences. Pour ses bois de tonnellerie, la
France est tributaire de l'étranger; malgré
ceux qui, « dans un but intéressé w. travail-
lent à nous détourner des bois des colonies,
nous faisons des vaux pour que le jour
vienne où la futaille française sera construite
avec des bois de France ou de la plus grande
F rance.
Mario Rouai.
Sénateur de VHérault, ancien ministre.
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
- .1.
Lire en seconde page :
LA QUESTION ETlIIOPIENNE
Les bois coloniaux et la tonnellerie
el.
A mesure que les bois merrains se raréfient
dans la métropole, les tonneliers français se
trouvent réduits à en faire venir de l'étranger,
surtout de Hongrie et de Tchécoslovaquie,
transportés par la voie de terre, qui est la plus
onéreuse, et payables au coum de la livre.
Pourquoi n'utiliseraient-ils pas les bois des
colonies françaises, alors surtout que nos forêts
africaines abondent en essences variées et que,
par une heureuse coincidence, le grand débou-
ché de l'Afrique française, Bordeaux, est en
même temps l' un des grands centres de tonnel-
lerie de la métropole ?
Pour éviter aux industriels des tâtonnements
coûteux et peut-être décourageants, des essais
méthodiques ont été entrepris, notamment par le
Service technique des Bois coloniaux, que di-
rige avec autorité M. A. Bertin ; une récente
étude, due à MM. Meniaud et Bretonnet, et
analysée ici même, de façon lumineuse, par M.
Mario Roustan, a vulgarisé les résultats - essen-
tiels de ces essais.
Mais serrons de plus près le problème, en
Appliquant à une branche industrielle, la ton-
nellerie, les questions déjà résolues et celles
qui restent à résoudre. Nous aiderons ainsi les
professionnels à s' orienter vers les applications
pratiques. Il est grand temps, en effet, qu'à la
phase du laboratoire succède celle de l' atelier.
Il paraît acquis que la forêt africaine recèle
une douzaine d' essences susceptibles de servir
à la fabrication des fûts.
Latfodiré, bois tendre et blanc, qui abonde
à la Côte d'Ivoire, résiste à la compression, à
la flexion et à la traction comme le peuplier de
choix. Le Service des Bois coloniaux a fait
effectuer avec cette essence (douelles sciées) des
tonneaux qui semblent donner satisfaction. Mais
l' expérience serait à reprendre avec des mer-
rains fendus et sciés. La Société Générale de
Tonnellerie mécanique, Ja Société des t onnel-
leries Lorraines et la Maison Chevrier, de Bor-
deaux, ont déjà fabriqué des tonneaux avec
l'avodiré. 11 y aurait intérêt, semble-t-il, à ce
que le bois fût expédié aussitôt abattu, ou que
les billes pussent séjourner dans l'eau de ri-
vière, à l'ombre, jusqu'à leur embarquement
pour l'Europe.
L' azobé, qui abonde au Gabon, au Congo
et à la Côte d'Ivoire, dont le bois de cœur est
brun violacé, très dur, à faible retrait, et dont
la résistance mécanique est supérieure à celle
à ce l le
du chêne, dure deux à trois fois ptua* que le
chêne. Sa résistance au choc et à l'usure est à
toute épreuve. M. Chevrier, de Bordeaux, s'est
servi de ce bois pour la fabrication de tonneaux,
et il a donné de bons résultats.
, Le badi et le bi/inga résistent à la compres-
sion et àla flexion comme le chêne de choix,
au choc et à la traction comme le chêne ordi-
naire. M. Chevrier a également étudié ces bois
pour la fabrication des tonneaux.
Le Service technique des Bois coloniaux étu-
diera sous peu l'utilisation du tsorjmbou à la
tonnellerie.
--- Le - jrolt. cet arbre -- magnifique qui atteint
30 mètres de haut et 1 m. 50 de diamètre, res-
semble au chêne de Hongrie. La Société des
Tonnelleries Lorraines l'a essayé. Il a donné
toute satisfaction en ce qui concerne les petits
fûts de 50 à 100 litres ; le vin s'y conserve par-
faitement et y prend même assez vite un goût
agréable. Ces essais sont à reprendre avec des
merrains sciés ou fendus, pour la confection de
barriques et de demi-muids.
Le Service des Bois coloniaux et les Ton-
pelleries Lorrainesl, à Jarville, ont obtenu de
bons résultats avec le jramiré, Mais ces essais
sont à compléter, en ce qui concerne les gros
fûts, et doivent être confiés, pour étude, au
point de vue du goût, de l'étanchéité et de la
conservation du vin, à des tonneliers et'vini-
culteurs qualifiés.
Le palétuvier, au bois. rouge violacé, très
dur, à très fort retrait, résiste à la compression,
à la flexion et à la traction mieux que les bois
durs français. Il est imputrescible. Depuis 1919
fonctionne au Cameroun une importante exploi-
tation en vue d'obtenir des menains.
Signalons encore le rieo, au bois de coeur
rose rouge, très maillé, dont 1 emploi en tonnèl-
lerie a été essayé, ainsi que l'abalé et le bom-
baba.
Il ne suffit pas que les professionnels de la
tonnellerie se familiarisent avec les noms exoti-
ques i de ces essences et avec les avantages
qu'elles paraissent comporter. Ils ont hâte de
contrôler des essais sporadiques, ci' essayer et,
s'ils y trouvent leur intérêt, d'adopter.
Mais à qui doivent-ils s'adresser pour obtenir
des billes d'essai ? Grâce à qui tous ces bois
que leur main n'atteint pas cesseront-ils d être
un rêve ? Feront-ils - leurs offres bénévoles au
- - - a'" - -
Service des bois coloniaux ? Mais il est à crain-
dre que ce service leur réponde : « Voyez à
côté : je suis technique et non pratique. » Frap-
peront-ils à la porte des. agences économiques
de l'A. O. F. (27, boulevard des Italiens) et
de l'A. E. F. 217, rue Saint-Honoré) ? A
l'Agence Générale des Colonies, au Palais-
Royal ? A des négociants-importateurs ? A des
étrangers ?
Les billes destinées aux essais que ces ton-
ne liers entendent pratiquer eux-mêmes leur se-
ront-elles délivrées quai Bordeaux à titre gra-
tuit ? Oui, j'imagine. Avec quel exploitant
-- - - - -- , 1 - -
local devront-ils correspondre pour lui donner
des indications qui ne seront peut-être pas su-
perflues (rayon médullaire visible, absence
d'odeur, bois non coupé sur sève, billes d'en-
viron 1 m. 25 de long sur 0 m. 45 de diamètre,
bois fendant bien d un bout à l'autre, fibres
rectilignes, etc.) ?
Les tonneliers qui recevraient ces échantil-
Ions procéderaient à ces essais à leurs risques
et périls. Puis, une fois certaines essences adop-
tées, ils pourraient aborder l'étape industrielle,
étudier les prix d'achat et de revient, s'abou-
cher avec des exploitants et expéditeurs. Mais
là encore leurs pas auraient besoin d'être gui-
dés.
Les services, qui gravitent autour du Minis-
tère des Colonies auraient certainement à coeur
de seconder ces bonnes volontés, ne fût-ce que
par la vulgarisation des renseignements qu'ils
détiennent, de faciliter J'éducation colonio-com-
merciale de ces industriels, en particulier l'or-
ganisation de leurs achats. Une fois les courants
établis, la main tutélaire de l'Etat pourra se re-
tirer. Nos tonneliers se trouveront en selle et
avanceront tout seuls, pour le plus grand profit
de notre balance commerciale, de nos colonies
et d'une importante industrie métropolitaine,
sans excepter l'intérêt des producteurs et con-
sommateurs de vin.
Henri Labroue
Ancien dêputii île la Gironde.
.1.
Dépêches de l'Indochine
- 0-0-
Avant son départ pour la France, le Gort-
verneur ycnêral, Alexandre V (I.,.enrw, a
pris les mesures suivantes :
Secours aux inondés du Tonkin
Il autorisa le llésutcnl Supérieur du Ton-
hin à ouvrir une loterie d'un million de
billets à une piastre avec un gros lot de
100.000 piastres, le produit net de la lote-
rie, 500.000 piastres, pourra Olre mis A la
disposition au ComUtJ de Secours vers la
(in de t'mméc. c'est-à-dire à l'epoque. où
les besoins des sinistrés deviendront plus
pressants, en raison de l'épuisement des
réserves.
Réorganisation des municipalités de Hanoï.,
Haïphong et Baigbn
Il promulgua- un décret en date du 14
septembre 1026 rétablissant le nombre des
conseillers municipaux de Ilanoï au dtif-
Ire fixé par le décret du 20 juillet 1008. en
portant à six le nombre des conseillers
indigènes des trois municipalités, et en
créant les postes de conseillers suppléants
élus dans les mêmes conditions que les
conseillers titulaires et destinés à rempla-
cer de plein droit ces derniers lorsqu'ils
sont absents ou manquants, et en procla-
mant en outre l"éligibilité des fonctionnai-
res à part quelques exerptions.
Concessions domaniales
Il a approuvé pendant la séance de la
commission permanente du 1er octobre, di-
vers cahiers des charges pour les aliéna-
tions domaniales en mettant à la disposi-
tion de la colonisation plus de 25 mille hec-
tares, ce qui porte (i 225. 000 hectares la
superficie des terres domaniales, concédées
depuis la prise de fonctions de M Varenne.
Levés des terres de colonisation
construction des routes d'accès
Il a décidé de faire entreprendre l'étude
de la construction, d'une route de Dienhoa
à Dfiring, desservant la région des Terres-
Rouges, comprise entre Danhin et Lagna.
Les études seront immédiatement suivies
de l'exécution d'une piste qui permettra
d'assurer avant un an la première circula-
fion, sans attendre la construction de la
voie de communication définitive. Il a dé-
cidé également L'exécution immédiate des
levés des cartes de la région de Plciku et
de Ranmcthuot. ces deux régions étant
comprises dans la zone des Terres-Houges
de la région du SlId-Annam. vers laquelle
se porte actuellement les efforts de Ill. co-
lonisation. Ces levés permettront de don-
ner satisfaction aux demandes les plus
urgentes d'aliénation de terres domanuiles.
Ils [arilitrronf. d'autre part, les éludes dIt
réseau des routes projetées.
M Conseil colonial
Les élections au Conseil colonial ont eu
lieu le 10 octobre ; tous les rondidats et
M. de Lachevrotière, président du Conseil
colonial sortant, ont été élus.
(Par dépêche Indopacifi.)
81. –-
Le cours du riz
SAIGON
7 octobre
(les 100 kilos en piastres)
Riz nO 1, 25 brisures 11 00
Rixn" 2, 44) brisures 11 20
Riz n° 2, 50 brisures 10 40
Brisures n08 1 et 2 B $j
Brisures nO. 3 et -i H 50
Farines "i Or)
Pnddy Vinh-Long 7 25
Paddy Co-Conn 7 40
Pnddy Raixan .,. 7 m
Paddy Bac-Lieu 7 4n
Coprah: 18 Il
> ̃
L'AVIATION COLONIALE
Etang de Berre-Madagascar
Ce matin 5 heures, les doux hydra-
vions ont drt quitter l'étang de Herre pour
gagner Madagascar.
"l'A aviateurs doivent gagner Tanger,
puis le Sénégal et Tombouctou. Us traver-
seront l'Afrique dons sa largeur pour ga-
gner le Mouunhique, et, de li1», piquer droit
sur Madagascar.
TATANANARIVE (1)
----,0-0-
On peut les voir « se dandinant, les yeux
cernés de bleu, les sourcils allongés démesuré-
ment au noir, le fard au visage, le rouge aux
ièvres, portant des souliers vernis, bas de soie a
baguette brodée, la pochette à la poitrine et un
parfum tenace embaumant tout l'être. caquet-
tant comme des perruches. »
Qui ça ? me demandez-vous, les arpenteuse
(avec ou S. G. D. G.) de la Chaussée-d' An-
tin ?
Non, il s'agit d', « une autre espèce que l'on
trouve à 1 ananarive. Ce sont des jeunes gens
indigènes qui, tout en s 'habillant masculine-
ment, imitent dans leur démarche le déhanche-
ment caractéristique de la femme, le son de la
voix, la prononciation des mots et la manière
de se draper du « lamba » traditionnel.
« Cette dernière espèce, spéciale à la capi-
tale (nous apprend encore notre confrère Cu-
rious, dans l'Indépendant de Madagascar), se
recrute parmi les boys, plantons, copistes, et -
ne vous en étonnez pas sportifs, car l'un
d eux est - coureur de - demi- fond et - un autre rull
byman enragé. »
Et c est charmant, ce dandinement et ces bas
de soie, et ce « coureur de demi-fond ». Ah 1
le demi- fond de ce coureur! Pure calomnie,
sans doute. Sinon, quel handicap dans une pro-
fession si spéciale !
Mais après tout, ces jeunes gens font mar-
cher le commerce de luxe, ou plus exactement
celui des « attirails de luxure o. comme dit Cu-
rious avec une courageuse précision.
Ce qui est plus grave, c est l'existence des
« oanm-bavy », « qui, dès leur tendre enfance,
ont adopté les manières et la vie féminines sans
pour cela se faire eunuques, laissent pousser
leurs cheveux, portent des robes, s' attribuent
des noms de femme et peuvent, la plupart du
temps, se soustraire aux impots de capitation. »
Là, nous protestons. Il appartient au Gouver-
nement général de pourchasser ces mauvais con-
tribuables en tous lieux : dans les villes comme
dans la brousse et jusque sous la tente.
AnJ/nn
- -'1..
Une école régimentaire
d'enfants de troipe indigènes à Tanaiarive
Depuis fin 1922 fonctionne à Tananafive
une école régimentaire d'enfants de troupe
indigènes, ayant pour but d'élever et de di-
riger vers la profession militaire les jeunes
Malgaches qui y sont admis. L'école reçoit
ayant tout les fils d'indigènes morts pour la
France et ainsi contribue au devoir d'assis-
tance contracté par la nation envers les or-
phelins de guerre. Ensuite les fils de mili-
taires ou de fonctionnaires indigènes. Enfin,
les fils de notables. La Colonie assn ri» l'n-
-- ----.----., -
tretien complet des élfcves qui sont admis à
1 âge de 10 ans. Ces derniers suivent jus-
qu'à 14 ans, ies cours des écoles primaires,
puis jusqu'il 18 ans des cours supérieurs et
d'instruction militaire. A cet âge ils contrac-
tent un engagement de. 10 ans dans un corps
de troupe de leur choix, sont nommés pres-
qu'aussitôt caporaux et peuvent passer rapi-
dement sous-officiers et même devenir, après
un stage à l'école militaire de Fréjus, offi-
ciers indigènes.
Les résultats obtenus jusqu'à ce jour "ont
satisfaisants et l'autorit é militaire songe 'était
satisfaisants et l'autorit( militaire songr n
augmenter le nombre des élèves qui itlit
fixe a 25 par an. Do même des efforts ()n t
actuellement faits pour étendre le recrute-
ment à toutes les races ijfc l'île. Seuls, en
effet, les Hova et Betsileo (ou originaires des
hauts plateaux), ont répondu, jusque pré-
sent, à l'appel des autorités administratives.
La peste à Madagascar
--0-0--
Des cas de peste ont été constatés à Ma-
junga puis à Tananarive en juin et août.
Cela n'a rien pour surprendre; car c'est un
fait connu qu'il est) très' difficile sinon même
impossible de débarrasser un pays de cette
maladie. Trop de considérations empêchent
que les mesures nécessaires qui, pour être
efficaces, - devaient être des plus sérieuses.
soient prises. Et si tout! le monde est d'ac-
cord pour affirmer la nécessité d'une telle
action, chacun espère et essaye d'échapper
aux inconvénients qui sont inhérents à toute
restriction de la liberté individuelle. C'est
dire que la tâche de l'administration e t dif-
fidlP: Il est nécessaire Hu'une imnuhion
soit donnée par l'autorité supérieure à
la défense contre l'épidémie. Par cela
même elle prend la responsabilité des me-
sures appliquées et tous les intéressés s'in-
clinent. C'est ce qu'avait fort bien commis
le général Galliéni lors de l'épidémie de
peste qui a désolé la ville de Majunga en
1902. Ce fut le Gouvernement Général qui, à
cette époque, donna en détail les instruc-
tions concernant les voyageurs bagages et
marchandises provenant de la zone conta-
minée. C'est ce qui ne s'est pas produit cette
année. - Peut-être le Gouvernement général se
reposa-t-il trop sur les Commissions d'hy-
giène locales pour les mesures à prendre.
A Majunga, indiens et malgaches s'en-
fuirent de la ville en pleine epidémie,
risquant ainsi de contaminer toute la lé-
gion. Justement alarmés, les chefs de postes
situés sur la grande route de Tananarive pri-
rent des mesures pour soumettre voyageurs
et marchandises à quarantaine et désinfec-
tion. Mais les locaux à usage des pieiuiers
n'étaient pas prêts. Et même ceux prove-
nant des régions non déclarées contaminées
furent soumis aux mêmes mesures. D'où plO.
testations. A Tananarive, on n'agit pal
assez vite bien qu'une famille euvo-
(1) Nullft « g^nérnliMtlon Tiflllve », dans ee
litre, mois des nouvelles si étonnantes vous tottt
bégayer.
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