Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-07-06
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 juillet 1926 06 juillet 1926
Description : 1926/07/06 (A27,N103). 1926/07/06 (A27,N103).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397150t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
- Vlr.T.sEPTIll\n ANNEK. N" l(i:i LE NUMERO : 30 CENTIMES MAIthî SOlll, <; UILLIT lîWf
.?, s Aig %0 ù rculie le 4i;
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR *, LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIETE
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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Mi douaDière enropéenne et les eotonies
Après Locarno, au moment même où les
journaux étrangers exprimaient soit leurs dé-
fiances, soit leurs espoirs, le socialiste alle-
mand Braun écrivait sur l'union douanière
européenne une étude très remarquée. Elle
'était publiée dans la revue die Gcsellschaft,
dirigée par l'ancien ministre Rudolf Hilfer-
ding. La revue L'Atelier le reproduisait dans
un numéro consacré en grande partie aux
travaux du Comité préparatoire de la Con-
férence Economique Internationale. L'étude
tle Braun y était à sa place, et l'on en devine
les raisons. Je voudrais montrer comment
elle touchait à la question des colonies euro-
péennes.
- Elle faisait justice de cette idée qu'un
peuple doit et peut se suffire à lui-même,
jdée absurde dont on ne s'explique le succès
qu'à la faveur du trouble et du désarroi qui
ont marqué les dernières années de la guerre
et les premières années de la paix. Elle appa-
raît aujourd'hui dans sa splendide fausseté.
Nous n'avions pas attendu jusque-là pour
en dénoncer l'erreur et le péril. Mais il fau-
ra encore de longues semaines pour que « ce
rêve de guerre » étant évanoui, la politique
douanière des Etats de l'Europe rompe défi.
nitivement avec « des conceptions grossières
qui pourraient se développer sur le terrain de
l'économie domestique fermée ou de l'éco-
nomie des cloîtres du Moyen Age le plus
reculé. »
Ainsi s'exprimait Braun, un peu irrité
'd'avoir à redire que tous les membres de
l'économie capitaliste sont liés réciproque-
ment par le marché international; qu'il est
inimaginable qu'un pays puisse satisfaire 'ui-
même à sa propre économie, parce que toutes
les économies s'enchevêtrent de plus en plus
À mesure que la division du travail est accom-
plie plus complètement; que les peuples, les
continents sont désormais, par une fatalité
aéluctable, à la fois acheteurs et vendeurs.
rant que cette vérité ne guidera pas les rap-
ports des nations européennes, le vieux conti-
nent sera malade sans aucun espoir de gué-
rison, et le pessimisme s'étendra.
« Les pays à possessions extérieures per-
tient la foi en une liaison durable des colo-
riés et de la métropole. Anciennes colonies,
les Etats-Unis peuvent, dans un avenir pro-
che, mettre toute l'Europe en état de dépen-
dance financière; ils sont déjà la plus grande
puissance créancière que montre l'histoire :
h; centre de gravité économique s'est déplacé
J)u Stock Exchange de Londres à Wall Street
(le New-York. L Asie Orientale gagne en
conscience propre, et la moindre raison de ce
fait n'est pas qu'elle table sur l'antagonisme
des intérêts américains et européens. Les
socialistes ne sont pas les seuls à douter que
le monde puisse se maintenir dans sa forme
it sa constitution d'à-présent. »
En définitive, cette idée de l'Europe reine,
ije l'Europe souveraine, dont Albert Sarraut
montrait avec force l'affaiblissement pro-
gressif depuis que la grande cité humaine est
mieux connue, décline plus rapidement en-
core depuis la guerre. La foi en une liaison
durable des colonies et de la métropole a
reçu, il faut bien l'avouer, quelques rudes
atteintes. Incertitude, appréhension. Le doute
n'est pas nécessairement motif de désespé-
rance et d'abandon. Nous sommes les com-
patriotes de Descartes : « Peut-être ce doute
est-il justement le point d'appui grâce auquel
la vieille Europe mue comme par un levier,
sera déplacée vers une position tout à fait
'différente. » C'est en se déterminant à ne
plus accepter comme hors de discussion, tout
ce que les hommes admettaient jusque-là
comme certain et à ne recevoir jamais au-
cune chose POUI vraie qu'il ne la connût évi-
demment être telle, que Descarteb est conduit
à rechercher une vérité, qui soit le premier
anneau de toutes les vérités qui s'enchaînent.
Le doute est le père des résolutions fortes,
:j'entends pour les peuples et pour les indi-
vidus qui sont forts. Une fois conduits à cette
vérité première que les économies de chaque
peuple européen sont interdépendantes, les
pays du vieux continent peuvent être sauvés
à la condition de s'engager résolument dans
la voie des unions industrielles et commcr-
ciales.
Mais immédiatement, se pose la question
9e savoir ce qu'on entend par unité euro-
peenne. Est-ce à l'Europe géographique que
l'on songe, ou à l'Europe avec ses colonies?
Suivant la réponse, on voit combien les solu-
tions diffèrent quand on étudie successive-
ment les problèmes cte l'importation des ma-
tières premières, qu'il s'agisse de l'alimen-
tation ou de l'industrie, des produits semi-
fabriques, des produits industriels, etc. Je
ne parle pas de ceux qui songent à exclure
de l'unité l'Empire britannique et la Russie.
Il me suffira de dire qu'il est bizarre de com-
mencer à témoigner son amour d'une unité
européenne en mettant à part deux des plus
grandes nations du vieux continent. Je parle
de ceux qui songent à faire entrer dans
l'union douanière et économique la Grande-
Bretagne, la Hollande, la France sans leurs
provinces lointaines. Us allèguent, il est
vrai, comme Braun, l'insécurité des posses-
sions coloniales, et les ébranlements d'aujour-
d'hui. Mais il faut courir au plus pressé.
J'ai écrit, après Braun, « liaison durable ib,
sans me laisser berner par l'illusion d'une
a liaison éternelle ib. Toujours est-il qu'on
doit s'appuyer sur ce qui dure, pour mettre
présentement, sans tarder, de l'ordre et de la
discipline là où il n'y a que trouble et confu-
sion. J'ajoute que, malgré les difficultés
réelles, il ne faudrait pas ne pas tenter une
unité aussi élargie, ne serait-ce que pour pré-
parer l'autre, celle de demain, qui nous fera
passer des Etats-Unis d'Europe aux Etats-
Unis du monde : il se pourrait bien que la
part laissée à nos colonies abrégeât les tran-
sitions.
De longues années ont fui depuis l'armis-
tice. Le principe de l'autarchie économique
des peuples a été démenti par les faits après
l'avoir été par la raison. Celui de l'autar-
chie européenne sera démenti à son tour par
l'expérience après l'avoir été par le bon sens.
Dès le début, il est nécessaire de jeter à bas
la théorie en vertu de laquelle l'unité éco-
nomique de l'Europe servirait d'immense
machine de guerre contre l'Amérique; celle-
ci ne peut voir que d'un œil favorable la
constitution d'une Europe unie, et, par exem-
ple, l'établissement d'un tarif - douanier
unitaire européen lui serait bien moins gênant
que le système actuel où trente-cinq pays du
vieux continent élèvent chacun des barrières
différentes. Mais l'union économique euro-
péenne conduira à l'union économique inter-
nationale, et la grande loi de l'interdépen-
dance des peuples s'étend d'un bout à l'au-
tre de l'univers.
Mario Rouatlllt.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre.
Les bois coloniaux d'Afrique
dans l'industrie
- 0-0-
L'Agence Générale des Colonies va faire
paraître incessamment, sous ce titre, une bro-
chure de propagande sur les études et es-
sais techniques auxquels ont donné lieu,
par le Service des bois coloniaux, les prin-
cipaux bois de la Côte-d'Ivoire, du Came-
roun et du Gabon, l'emploi de ces bois dans
l'industrie, leur classement, les quantités
pouvant être obtenues, etc.
Cet intéressant travail, dont l'Agence
Générale des Colonies a déjà commencé la
publication dans son Bulletin mensuel, est
signé de MM. Jean Méniaud, administra-
teur des Colonies, et F. Bretonnet. inspec-
teur-adjoint des Eaux et Forêts. M. Bertin,
qui l'a préfacé, le présente à (c Colonies-
Sciences b), comme contribution à l'étude
des bois coloniaux entreprise par cette sa-
vante Association.
M. Méniaud n'est pas un inconnu pour
les lecteurs de ce journal..11 compte parmi
Les fonctionnaires coloniaux les plus distin-
gués et aussi parmi ceux qui connaissent
le mieux la vie économique de l'Afrique
occidentale française où il a séjourné pen-
dant près de seize nns, voyagé beaucoup et
irempli les fonctions les plvis diverses et
les plus délicates. Dès 1922, il se faisait re-
marquer par la publication d'un ouvrage
u La Forêt de la Côte d'Ivoire et son ft-
plflitation », où il exposait, avec une grande
netteté de vue, les conditions du dévelop-
pement de l'industrie forestière dans cette
colonie. L'année suivante, il accomplissait
comme chef de mission, un voyage d'études
dans la Boucle du Niger et fournissait au
Gouvernement Général de l'A. O. F. une
étude économique très documentée et d'un
très haut intérêt, étude dont les conclu-
sions ont permis à M. Carde de fixer le
tracé du chemin de fer qui, partant de la
Côte d'Ivoire, va desservir bientôt la Haute-
Volta et la partie Est du Soudan.
Une fois de plus, M. Méniaud, par le
travail qui va paraître, se signale à l'atten-
tion de ses chefs. Les Annales Coloniales
lui adressent leurs bien vives félicitations.
L'affectation des fonctionnaires
en Indochine
L'affectation A l'Indochine de fonction-
naires venant d'üutres colonies, a fait l'ob-
jet. d'un récent débat «u Conseil du Gouver-
nement à Hanoï.
Le tong-doc IInangtt'oug.Pll'I1 a réclamé
j'applicatioll du principe de !a spécialisa-
tion en mailière eoloniulc, estimant qu'un
fonctionnaire ayant fait, toute sa carrière
en Afrique n'est pas précisément, qualifié
pour servir en Indochine. COlnmc l'a faiL
remarquer M. Hoanglrong-Phu, cette vé-
rifié ne s'impose pas seulement en ce qui
concerne les administrateurs, mais, par
exemple, les médecins ou le personnel en-
seignant, qui ne peuvent donner leur me-
sure dans un monde nouveau qu'ils igno-
rent, et sont condamnés, fi un nouvel ap-
prentissage.
- On peut en dire autant des magistrats.
1/Annam est un pays de vieille civilisa-
tion, qui possède de longue date une orga-
nisation judiciaire, qu'il est indispensable
au magistrat, de connattre.
M. le Gouverneur «général Varenne a
répondu em se déclarant partisan, lui aus-
si, de la spécialisation1 et on ajoutant, que
l'envoi de fonct.ionnaires des autres colo-
nies est du A une véritaMo pression du mi-
nistère. La vie, évidemment, n'est, pas très
large dans la plupart de nos possessions
avec des soldes en francs dépréciés, mmc
lorsqu'elles s'augmentent du supplément
colonial.
Aussi les bureaux de la rue Oudinot sont
assaillis de demandes auxquelles le minis-
tre des Colonies donne partiellement, satis-
faction. Et. il arrive ainsi en Indochine des
fonctionnaires que l'on est souvent fort
embarrassé pour employer, parce qu'ils ne
ont pas préparés à leur nouvelle tltche.
Le trafic de Suez
Les journaux ont publié récem-
ment une analyse du rapport du
président du Conseil d'administra-
fion de la Compagnie du Canal de Suez à
rassemblée des actionnaires. Ceux-ci peu-
vent être contents : les dividendes sont sa-
tisfaisants et l'affaire est en prospérité
croissante.
Mais il va sans dire que ce n'est pas ce
qui ici nous préoccupe et ce n'est pas sur ce
point que nous voulons retenir l'attention de
nos lecteurs.
L'examen de ce rapport nous permet de
faire quelques constatations qui sont assez
instructives.
Nous remarquons tout d'abord que le tra-
fic commercial est en progression constante
et cela malgré la concurrence que Panama
fait à Suez pour les objets à destination de
certains pays de l'Extrême-Orient.
Le nombre des passagers et le tonnage des
marchandises sont supérieurs à ce qu'ils
étaient en 1925. Voici d'ailleurs deux ta-
bleaux qui marquent ces progrès d'une façon
fort nette :
TnAFIC comlEnCIAI,
Nombre (lo de la
Aimii'ch triiv<'r8«M!8 m't lIa\"iation
- - --. -
1!}13. :,.08:, S0.033.8KI 122.1WW.3G7
1H20 4.00!) 17.074.(M7 IH.âîtt.'JM
1^1 3.1175 18.1I8.WÎ) UI.4W.80e
1022 4.:W5 20.743.245 Hiti.HXcî.Sfcl
1923 4.K21 22.7W.1C2 )7t.n11*24-' 5.128 2ci.10U.882 1Hi.571.ri8e
1925 5.337 20.701.935 1X0.428.151
iwssAc.r.ns
Nomliro d.-
Années • passagers n'cU''s
1913 682.235 2.053.340
1020 500. IV7 V.750.242
1921 8U5. IV» 2.^7.7/N
1922 275.001 2.548.5
1923 ., 246.331 8.277.853
1924 263.8C9 2.450.312
1925 209.522 2.491.7*5
Ces chiffres appellent quelques commen-
taires et quelques explications complémen-
taircs. Le pavillon britannique tient naturel-
lement la tête Pour le tonnage. Viennent en-
suite les pavillons néerlandais, allemand et
français. Les Allemands n'ont pas tout à
fait repris leur place d'avant-guerre, mai*
ils nous devancent de manière appréciable.
L'augmentation du trafic résulte unique-
ment de celle du trafic de retour. Les expor-
tations de l'Europe vers l'Orient ou l'Ex-
(rême-Orient se maintiennent, sauf cepen-
dant en ce qui concerne les objets fabriqués,
dont le commerce diminue d'une façon lente
mais sans arrêt.
En revanche, les envois de blé de l'Aus-
tralie et de l'Inde augmentent et deviennent
intenses. C'est sans aucun doute une des con-
séquences de la crise économique que traverse
la Russie, qui cesse de nous approvisionner
en céréales.
On signale enfin l'apparition, dans le fret
de retour, de produits qui l" 11 avaient jamais
figuré, comme la fonte de rI ude anglaise,
la mélasse de Java, le sucre du Queensland
et divers autres objets fournis par l'industrie
des pays du Pacifique.
Aitesi nos ventes en Extrême-Orient dimi-
nuent tandis que nos achats augmentent. Et
ceux-ci commencent à porter sur des produits
imlustrids. Ces deux constatations, qui re-
joignent les observations que nous faisions
récemment au sujet des relations commercia.
les entre le Japon et l'Egypte, nous per-
mettent de mieux caractériser les rapports
économiques de l'Europe avec les nations
qui, sur les bords du Pacifique ou de l'océan
Illdie". se sont ouvertes à notre civilisation et
que nous avons appelées à la vie industrielle.
Henry Fontanier,
Député du Cantal
Secrétaire de la Commission des Af-
faires Etranores, membre de ta
Commission des Colonies.
La question abyssine
00
Rir Au.steri Chamberlain, retendant, aux
Communes, à un député travailliste, a dé-
claré qu'en reconnu inai ut à l'Italie une « im-
lluence économique exclusive » dans l'Ahya-
sïnie occidentale, le Gouvernement 'britan-
nique s'était engagé à ne pas appuyer les
r(''<))n.)nn').ons de ses nationaux contre les
Ruijets italiens en instance de concessions
dans cette région.
ncpondant à une autre intei^>ellatour, le
ministre des Affaires Etrangères a oihservé
qu'aucun accord intervenu entre les cabi-
nets de Home d de Londres ne pouvait lier
le Gouvernement aibyssin. I
Nous n'engagerons, Il poursuivi routeur, la
discussion avec de gouvernement abyssin que
quand celui-ci aura eu le temps d'examiner la
question. L'accord nngto-itaflien ne peut ni ne
sera utilisé pour la coercition de l'AI)yssinie. Je
considère que l'accord en nuestion est conforme
aux intérêts de.s trois parties, mais je ne fais
aucune difficulté itour reconnaître que, dans
cette affaire, île gouvernement abyssin est le
seul juge de ses intérêts.
LA GRÈVE D'ANVERS
---+0---
Il y a en ce moment 250 navires dans le
port, et une forte afflucnce de charbon pour
l'Angleterre.
Les marins se sont refusés à faire le tra-
vail des grévistes, mais des marins français
et, anglais ont remplacé les défaillante en
plusieurs endroits.
Déjà l'encombrement commence A se
faire sentir, les ouvriers des corporations
déchargent, autant que possible les wagons
qui arrivent et ces morchandisce s'entas-
sent sur los quais.
A LA CHAMBRE
DEBATS
Le programme financier de M. Caillaux
Cet après-midi, la Chambre des Députés
a commencé la discussion du programme
financier du ininis'trc des Finances, débat
retardé d'R huit jour s A la demande du Pré-
sident du Cüllcil.
La Chambre cet d'autre part saisie de
huit demandes d'interpellation ayant pour
ailleurs : M. limite Borcl, radical-socialiste,
sur la politique générale du Gouvernement
et les mesures qu'il compte prendre pour
réaliser le plus rapidement possible la sta-
bilité monétaire ; M»M. Marcel Cachin et
Garehery, communistes, sur la déclaration
du Gouvernement ; M. Accambrav aadical-
soeiailisle, sur la politique linanciérw du Kjou-
vernenient ; MM. Léon Illuin et Vincent
Auriol, socialistes, sur le même objet ; M.
\hu'gHim', radical-socialiste, sur les récents
changements apportés dans le pensonneil
supérieur d«° la Banque de France et !,t poli-
tique financière du Gouvernement ; M. Ro-
hagliu, républicain de gauche, sur la poli-
tique économique du Gouvernement ; M.
Hector Moflinié, gauche radicale, sur les con-
ditions de l'assainissement Jinnneier et la
stabilisation monétaire ; M. Girod, radical-
socialiste, sur la politique générale, plus par-
ticulièrement sur lu nécessité de faire venir
rapidement devant la (Chambre les projets
ivi'iilifs il 'a réorganisation de l'armée et à
la durée du service militaire.
Sont inscrits jour intervenir dans le dé-1
bnt : \1M. Camille Chautemps, Louis Du-
bois..1.-1,. Dumesnil, Chassaigne-Goyon,
Albeit Milhaml, Landry, f/on Mever, Boka-
nowski, Bonnet, Candàce, Barety, François-
ï'oneel, Paganon, Mcrlant, Nicôlle, Maître
el (.habrun.
On escompte en plus l'intervention de M.
Franklin-Boviillori et de M. Tardieu.
A l'ouverture de la séance M. CniJIIlfiux
est monté ù la tribune pour présenior un
long exposé de la situation financière du
pays. 11 doit ensuite s'étendre sur le pro-
gramme de redressement dont 1,c Gouverne-
ir ent propose la mise en uMivro et dons le-
quel «'amalgament les proposition» du Co-
mitÔ des Experts et les vues personnelles du
ministre des Finance®.
Cette importante discussion va se prolon-
ger durant plusieurs séances.
1 la CI.lssl.. de IJUgérito
tes totales et des Protectorats
---cH)---
Cette importante Commission s'est réunie
cet après-midi à 14 h. 30.
A l'ordre du jour figure :
La question du renouvellement du privi-
lège de la Banque de l'A. O. F.
M. le Ministre des Colonies, accompagné
de M. J. Carde, Gouverneur Général de
l'A. O. F., ont été entendus par la Com-
mission.
-000
L'A. 0. F. et la défense do franc
--0.0--
La première liste de souscriptions volon-
taires reçue de l'Afrique Occidentale mon-
tre l'effort considérable fait par cette colo-
nie ; elle atteint une somme de 4.;{71>.432
francs 51). Parmi les principaux dUllateurs.
se sont inscrits :
MM. le Gouverneur général Carde, 5.vW
francs ; gouverneur Gaden, 5.000 francs ;
Dirai, gouverneur, 2.500 francs ; Maillet,
gouverneur par intérim du Sénégal, 2.500
francs ; Vadier, gouverneur de la circons-
cription de Dakar, 2.000 francs ; gouverneur
Fournior, directeur des finances, 2,000 l'r. ;
trésorier général Cloquemin, H.000 francs.
Au nombre des chefs indigènes qui sont
venus spontanément apporter leur contribu-
tion à la caisse d'amortissement, il faut
citer :
Le marabout Mouridc : cheikh Amadou
Bamba, 500.000 francs ; les chefs de villages
Massambo Seck, 5.050 francs ; Issa Laye,
5.000 francs.
Les établissements de crédit et les mai-
sons do commerce de la colonie ont (hjil
versé au Trésor les sommes ci-après :
Banque do l'Afrique Occidentale, 250.000
francs ; la Société Commerciale de l'Ouest
africain, 200.000 francs ; la Compagnie Fran-
çaise de l'Afrique Occidentale, 2o0.000 fr. ;
Ftablissements Maurel et Prom, 100.000 fr. ;
Anciens Etablissements Peyrissac, M10.000
francs ; L. Yczia et Cie, Î00.(X)0 francs ,
J.-A. Débitas et Cie, 100.000 francs ; Eta-
blissement Barthes el Lesicur, 100.000 fr. ;
Maurel frères, 50.000 l'rancs; Deves et
Chaume), 50.000 flancs ; E. Chavanel et
fils, 50.01)0 francs ; Soucail, Vergé et Cie,
50.000 francs ; Martre et Vezia, 10.000 fr. ;
Goux, 2.>.000francs ; Leeonnc et (.10, 2o.O0o
francs ; Kscarpit. et Alassane, 10.000 francs :
Turbo, 10.000 francs ; Compagnie Française
des Chemins de fer du Dahomey, 10.000
francs ; Nmivellc Société Commerciale Arrl-
caine, 50,000 francs.
Enfin, le budget général de l'Afriqaie Occi-
dentale Française et le budgel local du Sé-
négal ont versé, chacun 1 million de francs ;
la municipalité de Dakar, 50.000 francs ;
la Chambre de Commerce de Dakar, 30.000
fiancs ; celle de Ilutisflue, ilO.OOO francs.
A travers l'Afrique
La mission sideearisle Da.kar-Teliad, dont
nous annoncions hier l'arrivée à Bordeaux,
a été re<;ue par la population bordelaise
sportive.
Nous apprenons avec plaisir que M. »cien, l'opérateur cinématographique de la
mission, rapporte (¡,Hein mètres de lilm. De
plus, il a tourné en pleine brousse à Bouka,
puis à Brazzaville, toutes les phases de la
maladie du sommeil, puis les travaux en
cours de la ligne de chemin de fer qui
réunira Brazzaville à l'océan.
Le voyage de Hoalay Yoisset
en France
Le départ du Sultan, accompagné de M.
Steeg a été définitivement lixé à demain
mercredi.
Curieux de tout ce qui se passe hors du
Mul'oc, enthousiaste du progrès, S. M. Alou-
lay Youssof est charmé de voir par lui-
même un grand pays européen, dont ses
lils, d'ailleurs, qui viennent de rentrer de
Puris, ne cessent pas de lui décrire les nuu-
veautés et l'intérêt.
De nombreux notables se sont embarqués,
hier à la gare de Fez pour Casablanca, a
l'effet de suivre le sultan, à Puris.
Le commandant Bertrand, du service des
renseignements, les accompagne, lin outre,
tm peut citer principalement : MollU-
med Tazi, klmlifat du Paella de Fez ; Si el
Alniori, pacha do Sefrou ; Si Hachem, pa-
cha de Taza ; Lahoussine ould Mohamed
Cherguy, caïd des Cheragas ; Si Kaceni
bon Driss, caïd de Bahil ; Si Mohamed
Marnissi, chef de la chambre de commerce
indigène de Fez ; Mohamed Tazi el GIWZ-
zar ; le chérif Si MahmOlHt Tijani ; le cé-
lèbre caïd Medboh et le caïd des Boni
Hazra.
Le voyage à Nancy
C'est le 17 juillet à 11 h. 25 que S. M.
Moulay Youssef arrivera à Nancy par le
rapidede Paris auquel son wagon-salon
aura été attaché.
Après avoir déjeuné dans l'intimité, le
souverain partira en automobile pour Thu-
rev, où le maréchal Lyautey le recevra à
son château.
Le sultan du Maroc sera de retour à
Nancy vers 1C h. iW). et il y aura en son
honneur une manifestation militaire et une
gnrden-purty dans les jardins du palais du
gouvernement. Le soir un grand dîner lui
sera offert.
y. M. chérifienne qui sera accompagnée
d'ilne suite de 25 personnes quittera Nancy
le lendemain matin, en automobile, pour se
rendre à Verdun et à Metz.
Protestation des conseillers municipaux
communistes.
Au cours de la séance du Conseil muni-
cipal1 d'hier, M. Louis Sellier, conseiller
municipal communiste a déclaré que ses
nmis entendaient violemment, protester au
cours de la réception du sultan du Mnroc
et du général Primo de Rivera.
Le préfet de la Seine répondit aussitôt tlue
les fêtes organisées en l'honneur du sultan
du Maroc, bien loin de magnifier la guerre,
consacraient au contraire la paix réalisée
et que, par conséquent, elles pouvaient don-
ner satisfaction à tous les membres de l'as-
semblée et à ceux surtout qui se déclarent
les ennemis de la guerre.
Le président, M. Pierre Godin, mit fin à
finement en déolarojil que l'assemblée, mé-
prisait celle, menace. Le bruit courait dans
les couloirs que ce serait M. Dgriot, dé-
puté de la Seine, qui, lors de la réception,
demanderait In parole au nom d\t'd el
Kriirt.
EN SYRIE
Les soumissions
Dans lt; Djebel Dnise, les pertes des rebelles,
nu cours de l'action développée par la colonne
que couurmudait le général Andréa, ont été de
30 tués à Mayamas, r> ù Ynle. n e, -
Dans la région de Soueida, les frères et les ne-
veux de Motel» Aftruche ont présenté leurs of-
fres «le soumission. Les villages de Elloz, Mou-
chnnaf, Saidc, llocheideli. Cberichi, se sont sou-
inis.
A llaiTV/.e, Iti derviche qui s'était mis fi la tfite
de la rébellion s'est rendu au général Andren.
Cette reddition sensationnelle a eu, dans tout
le Djebel Dnise, une grande répercussion et on
en attend, pour la soumission de ce qui reste
de rebelles. des conséquences beureuseb.
Alliés ?
D'après une dépêche de Jérusalem, une tribu
de Bédouins composée de (plusieurs milliers de
guerriers ù cheval, serait sur le point de se
Joindre aux troupes françaises pour essayer
d'écraser déifnitivement la rébellion druse en
.Syrie, plus pnrlieulièreiuent uux environs de
nnmlls. Des négociations à cet effet ont lieu ac-
tuellement entre le commandant français et Nurv
paclin Shaalan, le grand chef de la tribu des
Hnunllah.
Sine die 1 1
T .'affaire du déserteur américain (iilbert ("lare,
lixve au 7 juillet, a. été renvoyée par le Conseil
do 'guerre sinn (tic.
Clnt't, n'aurait, eu qm; le tort vie se laisser
faire prisonnier pur les Druses, au cours d'une
absence sans permission.
L'aviation coloniale
--()-
Le raid Hirschauer
L'ingénieur Hirschauer a couvert, hier,
!es fifiN kilomètres qui séparent I/: Cuire de
Beyrouth en i heures .'!0 1ni1mt.es.
.1.
A la frontière tunisienne
Cent cinquante soldais indigènes d'une
compagnie leiianl garnison dans le sud
tripolitain sont passés eu Tunisie avec ar-
mes et lvagages. A leur entrée sur noire
territoire, ils s'étaient divisés en petits
groupes qui ont été conduits dans nos pos-
tes du Sud. Les armes et le malériel ont été
restitués à f Italie, l'n agent consulaire
italien ayant tenté d'influencer certains de
ces soldats pour les faire retourner dans
ieur garnison, la population indigène a pris
à si a 1 égard une attitude menaçante. T,e tact
des autorités françaises a permis d'éviter
tout incident.
–-– .1.
Arrivée
Mme Viollette, femme du gouverneur généra!
de l'Algérie, se rendant ù Taris, vient d'armer
à Marseille a bord du « Timgad ».
Odyssée d'un saharien
--0-0--
Aller au Sahara pour y vivre, y étudier, est
autre chose que de le parcourir en deuxième
ou quatrième vitesse comme on le fait depuis
quelques années, soit en automobile, soit en
avion. Ce n'est que par les récits des vrais
Sahariens que nous arrivons à connaître le dé-
sert intégral qu'étudiait consciencieusement le
docteur Vermale quand il trouva une mort glo-
rieuse aux affaires de Djanet le 13 février
1917.
En associant ses travaux à ceux du Père de
Fcucauld, le médecin-major Vermale, de la
Compagnie Saharienne du I idikelt voulait nous
faire connaître le Hoggar qui passait avec rai-
son pour un des massifs les plus intéressants du
Sahara. Ses travaux, comme ceux de Duvey-
rier, de Motylinski, de de Foucault, sont de-
meurés inachevés, et, pour honorer sa mémoire,
le distingué professeur de la Sorbonne, M. Au-
gustin Bernard les a pubiiés en une brocliure :
Au Sahara pendant la Guerre européenne
(Emile Larose, éditeur).
Après un court séjour à Alger, le docteur
Vermale résolut de consacrer ses années
d'Afrique à une oeuvre personnelle : aller étu-
dier en médecin cet Islam séducteur, mais aller
là où il aurait le plus de chances de le trouver
intact.
Au Sahara, plus que partout ailleurs,
l'action du médecin est considérable. et il con-
naît 1 orgueil d'être élevé au rang de thauma-
turge et la joie discrète d'avoir gagné quelques
amis à son pays. Je puis citer tel officier saha-
rien, de la mission Coppolani, qui consacrait
chaque matin une heure ou deux à soigner les
indigènes venant de cinquante kilomètres à la
ronde avec leurs femmes et leurs enfants. Mais
aussi, seul Européen avec ses vingt-cinq gou-
miers, il était rassuré sur les sentiments de ses
administrés.
A Tamanrasset, le docteur Vermale avait un
excellent infirmier interprète, le père de Fou-
cauld, un des grands ouvriers de la conquête
française du Sahara.
D"n-Salah, notre voyageur se rend à Ta-
manrasset. Tarahouahout (Fort Motylinsky) et
Tin Zaouaten, puis avec le groupe mobile du
Hoggar, il va à l aoudéni, sur la bordure de
1" Ers ech Chach. Il revient ensuite au Hoggar
qu'il devait quitter prématurément pour aller au
pays des Azdjer. sur la frontière tripolitaine.
A son premier séjour à Tamanrasset. où il
prend contact avec le grand savant, apôtre et
soldat, il est frappé par r a dmirable tête d' in-
telligence du père de Foucauld qui, cc par sa
bonté, par sa sainteté et sa science, a acquis
ane grande renommée parmi les populations. »
Aux fêtes données en son honneur, Ver-
male rencontre, ou plutôt aperçoit Antinea, en
la célèbre Dacine, femme d'Anan, « renom-
mée autrefois pour sa beauté, et ayant conservé
de sa splendeur de jeunesse de très beaux yeux.
beaucoup d'esprit et de distinction ». Mais elle
ne retenait plus les passagers, car quelques
iours plus tard, Vermale part pour Fort Moty-
iinsëi, puis. de là, se rend à Bouressa, où il
commence à éprouver la violence des grandes
bourrasques sahariennes qui font de la traversée
du Tanezrouft une entreprise si péri lleuse.
C' est alors que va commencer « la grande
aventure n. Le jeune néophyte du désert qu' est
le docteur Vermale nous donne une description
exacte de ce pays de mort. Mais son courage
résiste à cette rude vie du bled saharien.
Dans ce récit des souffrances endurées par
nos camarades sahariens qui, pendant de lon-
gues heures, vivent dans la cruelle incertitude
de trouver un puits, nous pouvons nous rendre
compte de l'héroïsme déployé sans cesse par
ces hommes qui, comme le docteur Vermale.
nomadisent d'Erg en Erg. d'Adrar en Adrar.
« Il faut de l' eau ce soir. Les chameaux
« surmenés sont à bout de force. de l'erg,
« de l'erg encore. Plus d'eau, et pas de pa-
« trouille. Que faire ? On allume des feux
« sur les crêtes, on tire des coups de fusil.
« Tout à coup, une décharge. C'est la pa-
« trouille. A-t-elle vu le puits ? Et apporte-
u t-elle de l'eau ? Les hommes sont étendus
« silencieux et mornes. Les chameaux brament
« lamentablement. Ils ont soif, eux aussi. Une
n heure anrès. arrive la patrouille avec de
« l'eau. Brave patrouille ! On l'emfrasqerait
Par Silet, la petite troupe gagne le Hoggar.
A un puits, celui de Guergech, de nombreux
Touareg : meskines misérables, o 'autres plus
huooés, mieux nourris, l' air noble. Mais quelle
misère et ouelle dégénérescence chez les en-
fants aux ventres énormes mangeant le thorax
qui est inexistant, passifs et affamés, ne se
nourrissant que de graines et de feuilles d'ar-
bres.
Enfin, c'est l'arrivée au Fort Motylinski,
après cinq mois de vie errante Peu après, lo
P. de Foucault appelle son jeune ami et,
pendant que l' ermite travaille à son diction-
naire tamachek, Vermale fouille ses archives et
commence ses études à jamais arrêtées par le
départ brusqué pour Djanet. puis la mort, quel-
ques jours après la nouvelle de T assassinat du
P. de Foucauld par les rezzou des gens de
Khaouccn.
Les documents que nous a laissés le docteur
Vermale comprennent des notes sur l' ethnogra-
phie et les mTlIfs des l ouareg et des notes
sur les questions médicales et l'hvgiène chez
les Kel-Ahaggar. Leur analyse montrera avec
quel soin elles ont été rédigées et surtout com-
bien l'élève était digne du maître.
Tous deux sont tombés comme Flatters. La
perri ne, ayant, chacun à sa laçon. serv i la
France, et ce avec science, courage et dévoue-
ment.
Eugène Devaux
.?, s Aig %0 ù rculie le 4i;
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR *, LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIETE
EXCLUSIVE DU JOURNAL
"'An.dR"" NCIMI_Bu,.j..-.A,neu.PwMIdII
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Un m 0 nom a mom
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On 8'--'" -. "Ã-
Mi douaDière enropéenne et les eotonies
Après Locarno, au moment même où les
journaux étrangers exprimaient soit leurs dé-
fiances, soit leurs espoirs, le socialiste alle-
mand Braun écrivait sur l'union douanière
européenne une étude très remarquée. Elle
'était publiée dans la revue die Gcsellschaft,
dirigée par l'ancien ministre Rudolf Hilfer-
ding. La revue L'Atelier le reproduisait dans
un numéro consacré en grande partie aux
travaux du Comité préparatoire de la Con-
férence Economique Internationale. L'étude
tle Braun y était à sa place, et l'on en devine
les raisons. Je voudrais montrer comment
elle touchait à la question des colonies euro-
péennes.
- Elle faisait justice de cette idée qu'un
peuple doit et peut se suffire à lui-même,
jdée absurde dont on ne s'explique le succès
qu'à la faveur du trouble et du désarroi qui
ont marqué les dernières années de la guerre
et les premières années de la paix. Elle appa-
raît aujourd'hui dans sa splendide fausseté.
Nous n'avions pas attendu jusque-là pour
en dénoncer l'erreur et le péril. Mais il fau-
ra encore de longues semaines pour que « ce
rêve de guerre » étant évanoui, la politique
douanière des Etats de l'Europe rompe défi.
nitivement avec « des conceptions grossières
qui pourraient se développer sur le terrain de
l'économie domestique fermée ou de l'éco-
nomie des cloîtres du Moyen Age le plus
reculé. »
Ainsi s'exprimait Braun, un peu irrité
'd'avoir à redire que tous les membres de
l'économie capitaliste sont liés réciproque-
ment par le marché international; qu'il est
inimaginable qu'un pays puisse satisfaire 'ui-
même à sa propre économie, parce que toutes
les économies s'enchevêtrent de plus en plus
À mesure que la division du travail est accom-
plie plus complètement; que les peuples, les
continents sont désormais, par une fatalité
aéluctable, à la fois acheteurs et vendeurs.
rant que cette vérité ne guidera pas les rap-
ports des nations européennes, le vieux conti-
nent sera malade sans aucun espoir de gué-
rison, et le pessimisme s'étendra.
« Les pays à possessions extérieures per-
tient la foi en une liaison durable des colo-
riés et de la métropole. Anciennes colonies,
les Etats-Unis peuvent, dans un avenir pro-
che, mettre toute l'Europe en état de dépen-
dance financière; ils sont déjà la plus grande
puissance créancière que montre l'histoire :
h; centre de gravité économique s'est déplacé
J)u Stock Exchange de Londres à Wall Street
(le New-York. L Asie Orientale gagne en
conscience propre, et la moindre raison de ce
fait n'est pas qu'elle table sur l'antagonisme
des intérêts américains et européens. Les
socialistes ne sont pas les seuls à douter que
le monde puisse se maintenir dans sa forme
it sa constitution d'à-présent. »
En définitive, cette idée de l'Europe reine,
ije l'Europe souveraine, dont Albert Sarraut
montrait avec force l'affaiblissement pro-
gressif depuis que la grande cité humaine est
mieux connue, décline plus rapidement en-
core depuis la guerre. La foi en une liaison
durable des colonies et de la métropole a
reçu, il faut bien l'avouer, quelques rudes
atteintes. Incertitude, appréhension. Le doute
n'est pas nécessairement motif de désespé-
rance et d'abandon. Nous sommes les com-
patriotes de Descartes : « Peut-être ce doute
est-il justement le point d'appui grâce auquel
la vieille Europe mue comme par un levier,
sera déplacée vers une position tout à fait
'différente. » C'est en se déterminant à ne
plus accepter comme hors de discussion, tout
ce que les hommes admettaient jusque-là
comme certain et à ne recevoir jamais au-
cune chose POUI vraie qu'il ne la connût évi-
demment être telle, que Descarteb est conduit
à rechercher une vérité, qui soit le premier
anneau de toutes les vérités qui s'enchaînent.
Le doute est le père des résolutions fortes,
:j'entends pour les peuples et pour les indi-
vidus qui sont forts. Une fois conduits à cette
vérité première que les économies de chaque
peuple européen sont interdépendantes, les
pays du vieux continent peuvent être sauvés
à la condition de s'engager résolument dans
la voie des unions industrielles et commcr-
ciales.
Mais immédiatement, se pose la question
9e savoir ce qu'on entend par unité euro-
peenne. Est-ce à l'Europe géographique que
l'on songe, ou à l'Europe avec ses colonies?
Suivant la réponse, on voit combien les solu-
tions diffèrent quand on étudie successive-
ment les problèmes cte l'importation des ma-
tières premières, qu'il s'agisse de l'alimen-
tation ou de l'industrie, des produits semi-
fabriques, des produits industriels, etc. Je
ne parle pas de ceux qui songent à exclure
de l'unité l'Empire britannique et la Russie.
Il me suffira de dire qu'il est bizarre de com-
mencer à témoigner son amour d'une unité
européenne en mettant à part deux des plus
grandes nations du vieux continent. Je parle
de ceux qui songent à faire entrer dans
l'union douanière et économique la Grande-
Bretagne, la Hollande, la France sans leurs
provinces lointaines. Us allèguent, il est
vrai, comme Braun, l'insécurité des posses-
sions coloniales, et les ébranlements d'aujour-
d'hui. Mais il faut courir au plus pressé.
J'ai écrit, après Braun, « liaison durable ib,
sans me laisser berner par l'illusion d'une
a liaison éternelle ib. Toujours est-il qu'on
doit s'appuyer sur ce qui dure, pour mettre
présentement, sans tarder, de l'ordre et de la
discipline là où il n'y a que trouble et confu-
sion. J'ajoute que, malgré les difficultés
réelles, il ne faudrait pas ne pas tenter une
unité aussi élargie, ne serait-ce que pour pré-
parer l'autre, celle de demain, qui nous fera
passer des Etats-Unis d'Europe aux Etats-
Unis du monde : il se pourrait bien que la
part laissée à nos colonies abrégeât les tran-
sitions.
De longues années ont fui depuis l'armis-
tice. Le principe de l'autarchie économique
des peuples a été démenti par les faits après
l'avoir été par la raison. Celui de l'autar-
chie européenne sera démenti à son tour par
l'expérience après l'avoir été par le bon sens.
Dès le début, il est nécessaire de jeter à bas
la théorie en vertu de laquelle l'unité éco-
nomique de l'Europe servirait d'immense
machine de guerre contre l'Amérique; celle-
ci ne peut voir que d'un œil favorable la
constitution d'une Europe unie, et, par exem-
ple, l'établissement d'un tarif - douanier
unitaire européen lui serait bien moins gênant
que le système actuel où trente-cinq pays du
vieux continent élèvent chacun des barrières
différentes. Mais l'union économique euro-
péenne conduira à l'union économique inter-
nationale, et la grande loi de l'interdépen-
dance des peuples s'étend d'un bout à l'au-
tre de l'univers.
Mario Rouatlllt.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre.
Les bois coloniaux d'Afrique
dans l'industrie
- 0-0-
L'Agence Générale des Colonies va faire
paraître incessamment, sous ce titre, une bro-
chure de propagande sur les études et es-
sais techniques auxquels ont donné lieu,
par le Service des bois coloniaux, les prin-
cipaux bois de la Côte-d'Ivoire, du Came-
roun et du Gabon, l'emploi de ces bois dans
l'industrie, leur classement, les quantités
pouvant être obtenues, etc.
Cet intéressant travail, dont l'Agence
Générale des Colonies a déjà commencé la
publication dans son Bulletin mensuel, est
signé de MM. Jean Méniaud, administra-
teur des Colonies, et F. Bretonnet. inspec-
teur-adjoint des Eaux et Forêts. M. Bertin,
qui l'a préfacé, le présente à (c Colonies-
Sciences b), comme contribution à l'étude
des bois coloniaux entreprise par cette sa-
vante Association.
M. Méniaud n'est pas un inconnu pour
les lecteurs de ce journal..11 compte parmi
Les fonctionnaires coloniaux les plus distin-
gués et aussi parmi ceux qui connaissent
le mieux la vie économique de l'Afrique
occidentale française où il a séjourné pen-
dant près de seize nns, voyagé beaucoup et
irempli les fonctions les plvis diverses et
les plus délicates. Dès 1922, il se faisait re-
marquer par la publication d'un ouvrage
u La Forêt de la Côte d'Ivoire et son ft-
plflitation », où il exposait, avec une grande
netteté de vue, les conditions du dévelop-
pement de l'industrie forestière dans cette
colonie. L'année suivante, il accomplissait
comme chef de mission, un voyage d'études
dans la Boucle du Niger et fournissait au
Gouvernement Général de l'A. O. F. une
étude économique très documentée et d'un
très haut intérêt, étude dont les conclu-
sions ont permis à M. Carde de fixer le
tracé du chemin de fer qui, partant de la
Côte d'Ivoire, va desservir bientôt la Haute-
Volta et la partie Est du Soudan.
Une fois de plus, M. Méniaud, par le
travail qui va paraître, se signale à l'atten-
tion de ses chefs. Les Annales Coloniales
lui adressent leurs bien vives félicitations.
L'affectation des fonctionnaires
en Indochine
L'affectation A l'Indochine de fonction-
naires venant d'üutres colonies, a fait l'ob-
jet. d'un récent débat «u Conseil du Gouver-
nement à Hanoï.
Le tong-doc IInangtt'oug.Pll'I1 a réclamé
j'applicatioll du principe de !a spécialisa-
tion en mailière eoloniulc, estimant qu'un
fonctionnaire ayant fait, toute sa carrière
en Afrique n'est pas précisément, qualifié
pour servir en Indochine. COlnmc l'a faiL
remarquer M. Hoanglrong-Phu, cette vé-
rifié ne s'impose pas seulement en ce qui
concerne les administrateurs, mais, par
exemple, les médecins ou le personnel en-
seignant, qui ne peuvent donner leur me-
sure dans un monde nouveau qu'ils igno-
rent, et sont condamnés, fi un nouvel ap-
prentissage.
- On peut en dire autant des magistrats.
1/Annam est un pays de vieille civilisa-
tion, qui possède de longue date une orga-
nisation judiciaire, qu'il est indispensable
au magistrat, de connattre.
M. le Gouverneur «général Varenne a
répondu em se déclarant partisan, lui aus-
si, de la spécialisation1 et on ajoutant, que
l'envoi de fonct.ionnaires des autres colo-
nies est du A une véritaMo pression du mi-
nistère. La vie, évidemment, n'est, pas très
large dans la plupart de nos possessions
avec des soldes en francs dépréciés, mmc
lorsqu'elles s'augmentent du supplément
colonial.
Aussi les bureaux de la rue Oudinot sont
assaillis de demandes auxquelles le minis-
tre des Colonies donne partiellement, satis-
faction. Et. il arrive ainsi en Indochine des
fonctionnaires que l'on est souvent fort
embarrassé pour employer, parce qu'ils ne
ont pas préparés à leur nouvelle tltche.
Le trafic de Suez
Les journaux ont publié récem-
ment une analyse du rapport du
président du Conseil d'administra-
fion de la Compagnie du Canal de Suez à
rassemblée des actionnaires. Ceux-ci peu-
vent être contents : les dividendes sont sa-
tisfaisants et l'affaire est en prospérité
croissante.
Mais il va sans dire que ce n'est pas ce
qui ici nous préoccupe et ce n'est pas sur ce
point que nous voulons retenir l'attention de
nos lecteurs.
L'examen de ce rapport nous permet de
faire quelques constatations qui sont assez
instructives.
Nous remarquons tout d'abord que le tra-
fic commercial est en progression constante
et cela malgré la concurrence que Panama
fait à Suez pour les objets à destination de
certains pays de l'Extrême-Orient.
Le nombre des passagers et le tonnage des
marchandises sont supérieurs à ce qu'ils
étaient en 1925. Voici d'ailleurs deux ta-
bleaux qui marquent ces progrès d'une façon
fort nette :
TnAFIC comlEnCIAI,
Nombre (lo de la
Aimii'ch triiv<'r8«M!8 m't lIa\"iation
- - --. -
1!}13. :,.08:, S0.033.8KI 122.1WW.3G7
1H20 4.00!) 17.074.(M7 IH.âîtt.'JM
1^1 3.1175 18.1I8.WÎ) UI.4W.80e
1022 4.:W5 20.743.245 Hiti.HXcî.Sfcl
1923 4.K21 22.7W.1C2 )7t.n
1925 5.337 20.701.935 1X0.428.151
iwssAc.r.ns
Nomliro d.-
Années • passagers n'cU''s
1913 682.235 2.053.340
1020 500. IV7 V.750.242
1921 8U5. IV» 2.^7.7/N
1922 275.001 2.548.5
1923 ., 246.331 8.277.853
1924 263.8C9 2.450.312
1925 209.522 2.491.7*5
Ces chiffres appellent quelques commen-
taires et quelques explications complémen-
taircs. Le pavillon britannique tient naturel-
lement la tête Pour le tonnage. Viennent en-
suite les pavillons néerlandais, allemand et
français. Les Allemands n'ont pas tout à
fait repris leur place d'avant-guerre, mai*
ils nous devancent de manière appréciable.
L'augmentation du trafic résulte unique-
ment de celle du trafic de retour. Les expor-
tations de l'Europe vers l'Orient ou l'Ex-
(rême-Orient se maintiennent, sauf cepen-
dant en ce qui concerne les objets fabriqués,
dont le commerce diminue d'une façon lente
mais sans arrêt.
En revanche, les envois de blé de l'Aus-
tralie et de l'Inde augmentent et deviennent
intenses. C'est sans aucun doute une des con-
séquences de la crise économique que traverse
la Russie, qui cesse de nous approvisionner
en céréales.
On signale enfin l'apparition, dans le fret
de retour, de produits qui l" 11 avaient jamais
figuré, comme la fonte de rI ude anglaise,
la mélasse de Java, le sucre du Queensland
et divers autres objets fournis par l'industrie
des pays du Pacifique.
Aitesi nos ventes en Extrême-Orient dimi-
nuent tandis que nos achats augmentent. Et
ceux-ci commencent à porter sur des produits
imlustrids. Ces deux constatations, qui re-
joignent les observations que nous faisions
récemment au sujet des relations commercia.
les entre le Japon et l'Egypte, nous per-
mettent de mieux caractériser les rapports
économiques de l'Europe avec les nations
qui, sur les bords du Pacifique ou de l'océan
Illdie". se sont ouvertes à notre civilisation et
que nous avons appelées à la vie industrielle.
Henry Fontanier,
Député du Cantal
Secrétaire de la Commission des Af-
faires Etranores, membre de ta
Commission des Colonies.
La question abyssine
00
Rir Au.steri Chamberlain, retendant, aux
Communes, à un député travailliste, a dé-
claré qu'en reconnu inai ut à l'Italie une « im-
lluence économique exclusive » dans l'Ahya-
sïnie occidentale, le Gouvernement 'britan-
nique s'était engagé à ne pas appuyer les
r(''<))n.)nn').ons de ses nationaux contre les
Ruijets italiens en instance de concessions
dans cette région.
ncpondant à une autre intei^>ellatour, le
ministre des Affaires Etrangères a oihservé
qu'aucun accord intervenu entre les cabi-
nets de Home d de Londres ne pouvait lier
le Gouvernement aibyssin. I
Nous n'engagerons, Il poursuivi routeur, la
discussion avec de gouvernement abyssin que
quand celui-ci aura eu le temps d'examiner la
question. L'accord nngto-itaflien ne peut ni ne
sera utilisé pour la coercition de l'AI)yssinie. Je
considère que l'accord en nuestion est conforme
aux intérêts de.s trois parties, mais je ne fais
aucune difficulté itour reconnaître que, dans
cette affaire, île gouvernement abyssin est le
seul juge de ses intérêts.
LA GRÈVE D'ANVERS
---+0---
Il y a en ce moment 250 navires dans le
port, et une forte afflucnce de charbon pour
l'Angleterre.
Les marins se sont refusés à faire le tra-
vail des grévistes, mais des marins français
et, anglais ont remplacé les défaillante en
plusieurs endroits.
Déjà l'encombrement commence A se
faire sentir, les ouvriers des corporations
déchargent, autant que possible les wagons
qui arrivent et ces morchandisce s'entas-
sent sur los quais.
A LA CHAMBRE
DEBATS
Le programme financier de M. Caillaux
Cet après-midi, la Chambre des Députés
a commencé la discussion du programme
financier du ininis'trc des Finances, débat
retardé d'R huit jour s A la demande du Pré-
sident du Cüllcil.
La Chambre cet d'autre part saisie de
huit demandes d'interpellation ayant pour
ailleurs : M. limite Borcl, radical-socialiste,
sur la politique générale du Gouvernement
et les mesures qu'il compte prendre pour
réaliser le plus rapidement possible la sta-
bilité monétaire ; M»M. Marcel Cachin et
Garehery, communistes, sur la déclaration
du Gouvernement ; M. Accambrav aadical-
soeiailisle, sur la politique linanciérw du Kjou-
vernenient ; MM. Léon Illuin et Vincent
Auriol, socialistes, sur le même objet ; M.
\hu'gHim', radical-socialiste, sur les récents
changements apportés dans le pensonneil
supérieur d«° la Banque de France et !,t poli-
tique financière du Gouvernement ; M. Ro-
hagliu, républicain de gauche, sur la poli-
tique économique du Gouvernement ; M.
Hector Moflinié, gauche radicale, sur les con-
ditions de l'assainissement Jinnneier et la
stabilisation monétaire ; M. Girod, radical-
socialiste, sur la politique générale, plus par-
ticulièrement sur lu nécessité de faire venir
rapidement devant la (Chambre les projets
ivi'iilifs il 'a réorganisation de l'armée et à
la durée du service militaire.
Sont inscrits jour intervenir dans le dé-1
bnt : \1M. Camille Chautemps, Louis Du-
bois..1.-1,. Dumesnil, Chassaigne-Goyon,
Albeit Milhaml, Landry, f/on Mever, Boka-
nowski, Bonnet, Candàce, Barety, François-
ï'oneel, Paganon, Mcrlant, Nicôlle, Maître
el (.habrun.
On escompte en plus l'intervention de M.
Franklin-Boviillori et de M. Tardieu.
A l'ouverture de la séance M. CniJIIlfiux
est monté ù la tribune pour présenior un
long exposé de la situation financière du
pays. 11 doit ensuite s'étendre sur le pro-
gramme de redressement dont 1,c Gouverne-
ir ent propose la mise en uMivro et dons le-
quel «'amalgament les proposition» du Co-
mitÔ des Experts et les vues personnelles du
ministre des Finance®.
Cette importante discussion va se prolon-
ger durant plusieurs séances.
1 la CI.lssl.. de IJUgérito
tes totales et des Protectorats
---cH)---
Cette importante Commission s'est réunie
cet après-midi à 14 h. 30.
A l'ordre du jour figure :
La question du renouvellement du privi-
lège de la Banque de l'A. O. F.
M. le Ministre des Colonies, accompagné
de M. J. Carde, Gouverneur Général de
l'A. O. F., ont été entendus par la Com-
mission.
-000
L'A. 0. F. et la défense do franc
--0.0--
La première liste de souscriptions volon-
taires reçue de l'Afrique Occidentale mon-
tre l'effort considérable fait par cette colo-
nie ; elle atteint une somme de 4.;{71>.432
francs 51). Parmi les principaux dUllateurs.
se sont inscrits :
MM. le Gouverneur général Carde, 5.vW
francs ; gouverneur Gaden, 5.000 francs ;
Dirai, gouverneur, 2.500 francs ; Maillet,
gouverneur par intérim du Sénégal, 2.500
francs ; Vadier, gouverneur de la circons-
cription de Dakar, 2.000 francs ; gouverneur
Fournior, directeur des finances, 2,000 l'r. ;
trésorier général Cloquemin, H.000 francs.
Au nombre des chefs indigènes qui sont
venus spontanément apporter leur contribu-
tion à la caisse d'amortissement, il faut
citer :
Le marabout Mouridc : cheikh Amadou
Bamba, 500.000 francs ; les chefs de villages
Massambo Seck, 5.050 francs ; Issa Laye,
5.000 francs.
Les établissements de crédit et les mai-
sons do commerce de la colonie ont (hjil
versé au Trésor les sommes ci-après :
Banque do l'Afrique Occidentale, 250.000
francs ; la Société Commerciale de l'Ouest
africain, 200.000 francs ; la Compagnie Fran-
çaise de l'Afrique Occidentale, 2o0.000 fr. ;
Ftablissements Maurel et Prom, 100.000 fr. ;
Anciens Etablissements Peyrissac, M10.000
francs ; L. Yczia et Cie, Î00.(X)0 francs ,
J.-A. Débitas et Cie, 100.000 francs ; Eta-
blissement Barthes el Lesicur, 100.000 fr. ;
Maurel frères, 50.000 l'rancs; Deves et
Chaume), 50.000 flancs ; E. Chavanel et
fils, 50.01)0 francs ; Soucail, Vergé et Cie,
50.000 francs ; Martre et Vezia, 10.000 fr. ;
Goux, 2.>.000francs ; Leeonnc et (.10, 2o.O0o
francs ; Kscarpit. et Alassane, 10.000 francs :
Turbo, 10.000 francs ; Compagnie Française
des Chemins de fer du Dahomey, 10.000
francs ; Nmivellc Société Commerciale Arrl-
caine, 50,000 francs.
Enfin, le budget général de l'Afriqaie Occi-
dentale Française et le budgel local du Sé-
négal ont versé, chacun 1 million de francs ;
la municipalité de Dakar, 50.000 francs ;
la Chambre de Commerce de Dakar, 30.000
fiancs ; celle de Ilutisflue, ilO.OOO francs.
A travers l'Afrique
La mission sideearisle Da.kar-Teliad, dont
nous annoncions hier l'arrivée à Bordeaux,
a été re<;ue par la population bordelaise
sportive.
Nous apprenons avec plaisir que M. »
mission, rapporte (¡,Hein mètres de lilm. De
plus, il a tourné en pleine brousse à Bouka,
puis à Brazzaville, toutes les phases de la
maladie du sommeil, puis les travaux en
cours de la ligne de chemin de fer qui
réunira Brazzaville à l'océan.
Le voyage de Hoalay Yoisset
en France
Le départ du Sultan, accompagné de M.
Steeg a été définitivement lixé à demain
mercredi.
Curieux de tout ce qui se passe hors du
Mul'oc, enthousiaste du progrès, S. M. Alou-
lay Youssof est charmé de voir par lui-
même un grand pays européen, dont ses
lils, d'ailleurs, qui viennent de rentrer de
Puris, ne cessent pas de lui décrire les nuu-
veautés et l'intérêt.
De nombreux notables se sont embarqués,
hier à la gare de Fez pour Casablanca, a
l'effet de suivre le sultan, à Puris.
Le commandant Bertrand, du service des
renseignements, les accompagne, lin outre,
tm peut citer principalement : MollU-
med Tazi, klmlifat du Paella de Fez ; Si el
Alniori, pacha do Sefrou ; Si Hachem, pa-
cha de Taza ; Lahoussine ould Mohamed
Cherguy, caïd des Cheragas ; Si Kaceni
bon Driss, caïd de Bahil ; Si Mohamed
Marnissi, chef de la chambre de commerce
indigène de Fez ; Mohamed Tazi el GIWZ-
zar ; le chérif Si MahmOlHt Tijani ; le cé-
lèbre caïd Medboh et le caïd des Boni
Hazra.
Le voyage à Nancy
C'est le 17 juillet à 11 h. 25 que S. M.
Moulay Youssef arrivera à Nancy par le
rapidede Paris auquel son wagon-salon
aura été attaché.
Après avoir déjeuné dans l'intimité, le
souverain partira en automobile pour Thu-
rev, où le maréchal Lyautey le recevra à
son château.
Le sultan du Maroc sera de retour à
Nancy vers 1C h. iW). et il y aura en son
honneur une manifestation militaire et une
gnrden-purty dans les jardins du palais du
gouvernement. Le soir un grand dîner lui
sera offert.
y. M. chérifienne qui sera accompagnée
d'ilne suite de 25 personnes quittera Nancy
le lendemain matin, en automobile, pour se
rendre à Verdun et à Metz.
Protestation des conseillers municipaux
communistes.
Au cours de la séance du Conseil muni-
cipal1 d'hier, M. Louis Sellier, conseiller
municipal communiste a déclaré que ses
nmis entendaient violemment, protester au
cours de la réception du sultan du Mnroc
et du général Primo de Rivera.
Le préfet de la Seine répondit aussitôt tlue
les fêtes organisées en l'honneur du sultan
du Maroc, bien loin de magnifier la guerre,
consacraient au contraire la paix réalisée
et que, par conséquent, elles pouvaient don-
ner satisfaction à tous les membres de l'as-
semblée et à ceux surtout qui se déclarent
les ennemis de la guerre.
Le président, M. Pierre Godin, mit fin à
finement en déolarojil que l'assemblée, mé-
prisait celle, menace. Le bruit courait dans
les couloirs que ce serait M. Dgriot, dé-
puté de la Seine, qui, lors de la réception,
demanderait In parole au nom d\t'd el
Kriirt.
EN SYRIE
Les soumissions
Dans lt; Djebel Dnise, les pertes des rebelles,
nu cours de l'action développée par la colonne
que couurmudait le général Andréa, ont été de
30 tués à Mayamas, r> ù Ynle. n e, -
Dans la région de Soueida, les frères et les ne-
veux de Motel» Aftruche ont présenté leurs of-
fres «le soumission. Les villages de Elloz, Mou-
chnnaf, Saidc, llocheideli. Cberichi, se sont sou-
inis.
A llaiTV/.e, Iti derviche qui s'était mis fi la tfite
de la rébellion s'est rendu au général Andren.
Cette reddition sensationnelle a eu, dans tout
le Djebel Dnise, une grande répercussion et on
en attend, pour la soumission de ce qui reste
de rebelles. des conséquences beureuseb.
Alliés ?
D'après une dépêche de Jérusalem, une tribu
de Bédouins composée de (plusieurs milliers de
guerriers ù cheval, serait sur le point de se
Joindre aux troupes françaises pour essayer
d'écraser déifnitivement la rébellion druse en
.Syrie, plus pnrlieulièreiuent uux environs de
nnmlls. Des négociations à cet effet ont lieu ac-
tuellement entre le commandant français et Nurv
paclin Shaalan, le grand chef de la tribu des
Hnunllah.
Sine die 1 1
T .'affaire du déserteur américain (iilbert ("lare,
lixve au 7 juillet, a. été renvoyée par le Conseil
do 'guerre sinn (tic.
Clnt't, n'aurait, eu qm; le tort vie se laisser
faire prisonnier pur les Druses, au cours d'une
absence sans permission.
L'aviation coloniale
--()-
Le raid Hirschauer
L'ingénieur Hirschauer a couvert, hier,
!es fifiN kilomètres qui séparent I/: Cuire de
Beyrouth en i heures .'!0 1ni1mt.es.
.1.
A la frontière tunisienne
Cent cinquante soldais indigènes d'une
compagnie leiianl garnison dans le sud
tripolitain sont passés eu Tunisie avec ar-
mes et lvagages. A leur entrée sur noire
territoire, ils s'étaient divisés en petits
groupes qui ont été conduits dans nos pos-
tes du Sud. Les armes et le malériel ont été
restitués à f Italie, l'n agent consulaire
italien ayant tenté d'influencer certains de
ces soldats pour les faire retourner dans
ieur garnison, la population indigène a pris
à si a 1 égard une attitude menaçante. T,e tact
des autorités françaises a permis d'éviter
tout incident.
–-– .1.
Arrivée
Mme Viollette, femme du gouverneur généra!
de l'Algérie, se rendant ù Taris, vient d'armer
à Marseille a bord du « Timgad ».
Odyssée d'un saharien
--0-0--
Aller au Sahara pour y vivre, y étudier, est
autre chose que de le parcourir en deuxième
ou quatrième vitesse comme on le fait depuis
quelques années, soit en automobile, soit en
avion. Ce n'est que par les récits des vrais
Sahariens que nous arrivons à connaître le dé-
sert intégral qu'étudiait consciencieusement le
docteur Vermale quand il trouva une mort glo-
rieuse aux affaires de Djanet le 13 février
1917.
En associant ses travaux à ceux du Père de
Fcucauld, le médecin-major Vermale, de la
Compagnie Saharienne du I idikelt voulait nous
faire connaître le Hoggar qui passait avec rai-
son pour un des massifs les plus intéressants du
Sahara. Ses travaux, comme ceux de Duvey-
rier, de Motylinski, de de Foucault, sont de-
meurés inachevés, et, pour honorer sa mémoire,
le distingué professeur de la Sorbonne, M. Au-
gustin Bernard les a pubiiés en une brocliure :
Au Sahara pendant la Guerre européenne
(Emile Larose, éditeur).
Après un court séjour à Alger, le docteur
Vermale résolut de consacrer ses années
d'Afrique à une oeuvre personnelle : aller étu-
dier en médecin cet Islam séducteur, mais aller
là où il aurait le plus de chances de le trouver
intact.
Au Sahara, plus que partout ailleurs,
l'action du médecin est considérable. et il con-
naît 1 orgueil d'être élevé au rang de thauma-
turge et la joie discrète d'avoir gagné quelques
amis à son pays. Je puis citer tel officier saha-
rien, de la mission Coppolani, qui consacrait
chaque matin une heure ou deux à soigner les
indigènes venant de cinquante kilomètres à la
ronde avec leurs femmes et leurs enfants. Mais
aussi, seul Européen avec ses vingt-cinq gou-
miers, il était rassuré sur les sentiments de ses
administrés.
A Tamanrasset, le docteur Vermale avait un
excellent infirmier interprète, le père de Fou-
cauld, un des grands ouvriers de la conquête
française du Sahara.
D"n-Salah, notre voyageur se rend à Ta-
manrasset. Tarahouahout (Fort Motylinsky) et
Tin Zaouaten, puis avec le groupe mobile du
Hoggar, il va à l aoudéni, sur la bordure de
1" Ers ech Chach. Il revient ensuite au Hoggar
qu'il devait quitter prématurément pour aller au
pays des Azdjer. sur la frontière tripolitaine.
A son premier séjour à Tamanrasset. où il
prend contact avec le grand savant, apôtre et
soldat, il est frappé par r a dmirable tête d' in-
telligence du père de Foucauld qui, cc par sa
bonté, par sa sainteté et sa science, a acquis
ane grande renommée parmi les populations. »
Aux fêtes données en son honneur, Ver-
male rencontre, ou plutôt aperçoit Antinea, en
la célèbre Dacine, femme d'Anan, « renom-
mée autrefois pour sa beauté, et ayant conservé
de sa splendeur de jeunesse de très beaux yeux.
beaucoup d'esprit et de distinction ». Mais elle
ne retenait plus les passagers, car quelques
iours plus tard, Vermale part pour Fort Moty-
iinsëi, puis. de là, se rend à Bouressa, où il
commence à éprouver la violence des grandes
bourrasques sahariennes qui font de la traversée
du Tanezrouft une entreprise si péri lleuse.
C' est alors que va commencer « la grande
aventure n. Le jeune néophyte du désert qu' est
le docteur Vermale nous donne une description
exacte de ce pays de mort. Mais son courage
résiste à cette rude vie du bled saharien.
Dans ce récit des souffrances endurées par
nos camarades sahariens qui, pendant de lon-
gues heures, vivent dans la cruelle incertitude
de trouver un puits, nous pouvons nous rendre
compte de l'héroïsme déployé sans cesse par
ces hommes qui, comme le docteur Vermale.
nomadisent d'Erg en Erg. d'Adrar en Adrar.
« Il faut de l' eau ce soir. Les chameaux
« surmenés sont à bout de force. de l'erg,
« de l'erg encore. Plus d'eau, et pas de pa-
« trouille. Que faire ? On allume des feux
« sur les crêtes, on tire des coups de fusil.
« Tout à coup, une décharge. C'est la pa-
« trouille. A-t-elle vu le puits ? Et apporte-
u t-elle de l'eau ? Les hommes sont étendus
« silencieux et mornes. Les chameaux brament
« lamentablement. Ils ont soif, eux aussi. Une
n heure anrès. arrive la patrouille avec de
« l'eau. Brave patrouille ! On l'emfrasqerait
Par Silet, la petite troupe gagne le Hoggar.
A un puits, celui de Guergech, de nombreux
Touareg : meskines misérables, o 'autres plus
huooés, mieux nourris, l' air noble. Mais quelle
misère et ouelle dégénérescence chez les en-
fants aux ventres énormes mangeant le thorax
qui est inexistant, passifs et affamés, ne se
nourrissant que de graines et de feuilles d'ar-
bres.
Enfin, c'est l'arrivée au Fort Motylinski,
après cinq mois de vie errante Peu après, lo
P. de Foucault appelle son jeune ami et,
pendant que l' ermite travaille à son diction-
naire tamachek, Vermale fouille ses archives et
commence ses études à jamais arrêtées par le
départ brusqué pour Djanet. puis la mort, quel-
ques jours après la nouvelle de T assassinat du
P. de Foucauld par les rezzou des gens de
Khaouccn.
Les documents que nous a laissés le docteur
Vermale comprennent des notes sur l' ethnogra-
phie et les mTlIfs des l ouareg et des notes
sur les questions médicales et l'hvgiène chez
les Kel-Ahaggar. Leur analyse montrera avec
quel soin elles ont été rédigées et surtout com-
bien l'élève était digne du maître.
Tous deux sont tombés comme Flatters. La
perri ne, ayant, chacun à sa laçon. serv i la
France, et ce avec science, courage et dévoue-
ment.
Eugène Devaux
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