Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-06-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 juin 1926 25 juin 1926
Description : 1926/06/25 (A27,N97). 1926/06/25 (A27,N97).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63971443
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
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Directeurs 1 MARCEL RUBPEL et L.-G. THEBAULT
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1. -
Un manifeste annamite
»
r w
Les récents articles que nous avons consa-
crés à Alexandre Varenne nous ont amené à
parler de M. Bui-Quang-Cbieu; chef du
parti oonstitutionnaliste annnamite. Et l'un
des plus graves reproches qu'adressait M.
Outrey au Gouverneur Général de l'Indo-
ehine était d'avoir reçu ce personnage, d'en-
tretenir avec lui des relations qui pouvaient
être interprétées comme un encouragement à
la politique qu'il suivait.
Nous avons, à ce moment-là. fait au député
th la Cochinchine la réponse qui convenait
et nous n'y reviendrons pas. Mais nous avons
eu depuis connaissance d'un document qui
parait devoir nous apporter quelques préci-
tions sur les revendications du parti consti-
tutionnaliste. Nous nous proposons de l'ana-
lyser en y a joutant quelques commentaires
de nature à préciser notre pensée à ce sujet.
M. Bui-Quang-Chieu n'est pas un con-
tempteur de notre civilisation ni un franco-
phobe. Il aime passionnément son pays, mais
il ne méconnaît pas tout ce qu'il peut gagner
au contact et sous l'influence d une nation
comme la nôtre.
Seulement, après avoir rendu hommage
? aux bienfaits de la paix française en ces
70 dernières années ib, tl déclare que « l'Ad-
ministration coloniale locale n'a pas tenu
vis-à-vis de l'Annam tous les engagements
Me la France métropolitaine. On a fait quel-
que chose, ajoute-t-il, mais on aurait pu
faire davantage si l'on avait voulu ou su..
Et le patriote annamite fait un parallèle
entre la situation du Japon et du Siam
d'une part et celle de l'Indochine de l'autre.
Tandis que le Japon et le Siam, atteignaient
pAce à leur indépendance un état de prospé-
rité considérable, que le Japon notamment
devenait une des premières puissances du
inonde, les pays annamites végétaient et
s'élevaient à peine au-dessus de ce qu'ils
Itaiant il - a MHnMInta 8fta
..--. y - --.-- -.
L« parallèles ont toujours quelque chose
TMitaciet et si on les pousse au-delà d'une
certaine mesure, ils risquent de nous con-
duire à dei œaclUllooa excessives. Cette ré-
œw faite, SI n'est pas douteux que notre
action eà Indochine n'a pas toujours été
"omapte de reproches et oue nous aurions pu
apporter à ce pays une aide plus efficace.
- Mais à quoi bon retenir obstinément no-
tre regard sur ce passé : récriminer n'est pas
une manifestation de grande intelligence , o-
titique? Examinons ce qui a été fait, mais
Avant tout pour y puiser la résolution de
nieux faire, de réparer les fautes. Mais il
ne convient pas de s'y attarder.
« Au lieu de nous replier sur ces regrets
superflus du passé, dit M. Bul-Quang-Chieu,
nous voulons Regarder l'avenir. »
Suivant ce conseil, les Annamites qui pen-
sent aux destinées de leur pays, voudraient
eesser de « constituer du simple matériel hu-
main éternellement courbé sur la boue de la
rizière ou attelé entre les' brancards du
pousse-pousse indochinois.. Ils aspirent à
un sort meilleur, plus conforme à la dignité
humaine.
Mais ils ne pensent pas y parvenir
sans l'appui et la collaboration de la France.
e Parmi les Annamites qui connaissent le
t mieux le haut idéalisme français et l'esprit
• de justice de la Métropole, déclare le lea-
a der annamite, nombreux sont ceux qui
» pensent qu'il serait possible de réaliser une
a entente profitable entre protecteurs et pro-
.« tégés au moyen d'une politique de réfor-
'e mes sagement conçues et loyalement ap-
« pliqu6es..
« Sans prétendre brûler les étapes néces-
* saires d'une évolution inévitable, ils sont
* convaincus que l'esprit de routine d'une
c administration profondément jalouse de
» ses prérogatives autocratiques est contraire
« aux intentions mêmes de la France démo-
« cratique, incontestablement bienveillante
* * et généreuse. »
M. Bui-Quang-Chieu a raison quand il
affirme les sentiments de bienveillance de la-
France démocratique et rend hommage à ses
intentions. Mais la volonté de la métropole
n'a pas toujours été traduite exactement dans
l'action quotidienne de l'administration. Les
débats qui, à plusieurs reprises, se sont éle-
vés à ce sujet à la tribune du Parlement,
montrent d'une façon suffisante que les
Intentions n'ont pas, malheureusement, tou-
jours été respectées.
- Mais laissOOs-Iui encore la parole : « De-
• puis une dizaine d'années, ces Annamites
t formés à l'école française, ou lettrés
9 avertis des choses modernes, tous appuyés
a par la masse de leurs concitoyens qui les
a aiment et les respectent ainsi qu'il a tou-
t jours été ont porté au gouvernement
t français les doléances indigènes, avec le
It sincère désir de réaliser - le loyal rappro-
ache-ment des deux peuples pour dissiper
w un malentendu qui n'a que trop duré et
* dont la persistance pourrait compromettre
• l'œuvre de la France en Extrême-Asie. »
, Telles sont les intentions qui animent les
ponstitutionnalistes indochinois. Elles sont
sages et il me semble difficile à un Français
raisonnable de les rejeter en boc.
Pour réaliser le rapprochement entre la
métropole et la colonie et dissiper le malen-
tendu qui existe, les patriotes annamites
proposent un ensemble de réformes dont
voici les principales :
En premier lieu la liberté de penser et
Décrire; les journaux en langue indigène ou
en chinois sont, en effet, soumis à la censure
politique et à l'autorisation préalable. Va-
renne, dans le disoours qui a provoqué tant
de colères rétrospectives, a promis 1 établis-
sement d'un régime plus libéral, mais ne va
pas, si nous ne nous trompons pas, jusqu'à
octroyer la liberté absolue ou, si 1 on veut, un
régime analogue à celui dont nous jouissons
chez nous.
Après la liberté de la pensée celle de se
réunir et de s'associer les associations de
secours mutuels sont interdites celle de
voyager aussi bien en France qu'à l'étranger.
Les Annamites revendiquent encore l'élar-
gissement de l'enseignement primaire à tous
les degrés, primaire, secondaire et supérieur.
Ils font remarquer l'insuffisance de l'orga-
nisation scolaire : sur 3 millions d'enfanta
d'Age scolaire, 200.000 au plus fréquentent
les établissements d'enseignement. (Test une
proportion infime et il est impossible que pa-
reil état se prolonge. L& prestige de notre:
pays est attaché à ce qu une amélioration
prochaine et sérieuse se produise.
Ils demandent aussi - une réforme de la
justice, la suppression de l'indigénat, l'ap-
plication des lois sociales en les adaptant à
la colonie, la disparition des monopoles d'al-
cool et d'opium, l'amélioration de la situa-
tion matérielle des fonctionnaires indigènes
et l'organisation d'une armée indigène avec
un cadre franco-annamite.
Enfin, ils voudraient que l'on établit la
représentation effective des indigènes en
France et dans les Assemblées de la colonie
et la création à Paris d'une Commitston
dC études indochinoises où des juriscoDSultil,
des économistes, des spécialistes des ques-
tions coloniales et des Annamites élus par
leurs compatriotes viendraient siéger à côté
des représentants de l'Administration cen-
trale et coloniale.
Tels sont les desiderata des patriotes an-
namites tels que les présente un des hommes
qui ont l'habitude de traduire le mieux leur
pensée. Si des Français peuvent les consi-
dérer comme excessifs et dangereux, je ne
leur trouve, pour ma part, aucun de ces deux
caractères. Alexandre garenne d'ailleurs, a
promis de donner une satisfaction quasi im-
médiate à certains d'entre eux et d'examiner
les autres dans l'esprit le plus favorable.
J'aurais cependant en ce qui me concerne
quelques réserves à faire, qui tendent non
pas à réduire les droits des populations indi-
gènes mais à rechercher d'autres moyens de
les protéger.
Je n'ai jamais été, quant à moi, un parti-
san déterminé de la politique de naturalisa-
tion. Je ne considère pas que les rapports en-
tre la métropole et les colonies doivent être
ceux de maîtres à sujets, mais je ne crois pas
que faire de tous les indigènes des citoyens
français soit une solution conforme aux in-
térêts matériels et moraux des uns et des au-
tres.
Je sais que je heurte ainsi les conceptions
de nombreux démocrates et socialistes qui
voudraient faire de tous les habitants de nos
possessions des électeurs choisissant leurs
conseillers municipaux, généraux et leurs re-
présentants au Parlement. C'est la thèse qui
a triomphé en 1848 et à laquelle est attaché
le nom de Schœlcher. Elle est séduisante et
répond bien à nos conceptions de l'Etat
telles que nous les avons reçues de Rome.
Mais elle ne me parait pas convenir aux exi-
gences d'une situation fort différente de cel-
les que les Césars avaient connues.
Je préfère envisager sur un autre plan
l'évolution des rapports politiques entre les
colonies et la nation colonisatrice. Je vois
dans un avenir plus ou moins proche, sui-
vant l'état de civilisation de chacune des pos-
sessions, la métropole et les colonies consti-
tuant une grande association où la première,
ayant abandonné, en totalité ou en partie,
son rôle de dominatrice, remplirait l'office
d'un conseiller et où les liens de la confiance
réciproque et de l'amitié remplaceraient la
contrainte. Des années peuvent s'écouler,
s'écouleront sûrement avant que ce régime se
réalise, mais je suis convaincu que c'est dans
ce sens que l'évolution doit se faire. *
C'est pourquoi si je suis tout à fait favo-
rable à l'entrée des indigènes dans les assem-
blées locales, je le suis moins à leur acces-
sion au Parlement français.
Mais ces réserves ne touchent pas le fond
des revendications que je viens d'analyser.
M. Bui-Quang-Chieu termine son manifeste
par ces paroles que nous voulons citer :
« Nous croyons faire notre devoir envers no-
c tre pays natal et notre patrie spirituelle
« en soumettant au peuple de France, gé-
« néreux et libéral, idéaliste et loyal, ces
« suggestions fondées sur la parfaite con-
« naissance des sentiments intimes de nos
« concitoyens. Nous faisons appel aussi à
« tous les Français qui vivent là-bas en
« Indochine et qui s'intéressent aux choses
« indigènes, en les priant de réfléchir sé-
« rieusement sur les conséquences possibles.
« certaines même d'une politique égoïste et
« aveugle qui ne cadre plus avec les temps
« nouveaux où nous vivons..
Nous livrons ces paroles aux réflexions des
Français que préoccupent la question du Pa-
cifique et l'avenir de l'Indochine.
Hmtry Fontcmicr,
Député du CalaI
Secrétaire de la Commission des AI-
faires Rtmngèm lambre * le
Commfoafon des Cotons.
Réalisations coloniales
--+00-
M. Léon Perrter qui, depuis six
mois dirige les services de la rue
- Oudinot, a manifesté en toutes cir-
constances son disir très légitime et tris heu-
reux de vouloir parler peu et agir beaucoup.
Nous nous louons de cette méthode ainsi que
du soin qu'il a pris, recevant la direction
d'un ministère aussi important et aussi com-
plexe que le département des colonies, de
vouloir savoir avant de décider.
En six mois, avec Vénorme faculté de tra-
vail que tous lui reconnaissent, il a pu voir
clair et demeurant aujourd'hui rue Oudinot,
Vheure des réalisations a sonné pour lui.
De ces réalisations dépendent, en effet,
une foule d'autres transformations qui dé-
bordent du point particulier ou des questions
qu'il parait avoir à résoudre.
On va améliorer avant de le transformer
plus complètement le port de Dakar : de cela
dépendent les plus ou moins grandes facultés
& exportation du Sénégal et du Soudan -
- four les arachides.
Un régime nouveau va assurer la vie de la
banque de VAfrique occidentale. De cette
transformation dépend Fesser des caisses de
crédit agricole, la création d'oeuvres d'assis-
tance médicale et sociales et aussi une IUI-
table participation de la colonie dans les bé-
néfices de - cet établissement.
Le chemin de fer de Brazzaville à VOcéan
va se fairjt. Un de nos plus sympathiques
confrères revenu du Congo il y a huit
fours ne laisse pas d'être pessimiste et entre-
vott la possibilité d'abandonner tout Veffort
entrepris. Il est certain que le chemin de
fer de t Afrique équatoriale française, vu la
pénurie de main-d'«uvre, la disette, est W',
mtse en œuvre à peu près impraticable et
d'une mise en marche impossible si on ne le
fait pas électrique. Notre ami William Ber-
trand Va bien démontré et M. Léon Perrter
avec beaucoup de bon sens, a envoyé au
lendemain de son arrivée rue Oudinot une
mission de techniciens oui, à Vheure présente,
ne doit pas être loin au retour avec 'des ren-
seignements aussi précis que ceux dus à Vini-
tiative privée. Du chemin de fer électrique de
Brauaville à la mer dépend la prospérité
que dis-jet - Vexistence mime de notre
Congo.
A Madagascar c'est encore Vélectrification
du réseau ferré et Voutillage des ports que
réclame son éminent Gouverneur Général,
M. Marcel Olivier, en plein accord avec le
ministre des Colonies.
En Indochine : la liaison ferroviaire défi-
nitive entre le Tonkin et la Cochinchinë, et
Vaménagement du port 'de Saigon seront
deux entraves de moins à l'essor économique
de l'Union indochinoise, dont il est inutile
de souligner ici la prospérité.
Voilà une première série de réalisations
à entreprendre.
Il y en a (Vautres.
Marcel Ruedel
UN SUCCÈS
00
Notre excellent ami M. Edouard Daladier,
ancien ministre des Colonies, avait vu juste lors-
que, dans sa préface à l'A brégé de Législa-
Hon coloniale, de notre confrère Henri Mariol,
il écrivait que « ce livre est indispensable à
tous ceux qui s'intéressent aux questions colo-
niales M.
La première édition de VAbrégé, parue de-
puis six mois à peine, et qu'ont signalée dans
ces colonnes nos distingués collaborateurs.
MM. Bouilloux-Lafont, vice-président de la
Chambre ; Mario Roustan, sous-secrétaire
d'Etat à la Marine marchande, est à la veille
d'être épuisée.
Une nouvelle édition, mise à jour, paraîtra
en octobre prochain à la Librairie Larose.
-– .1.
Lois, Décrets, Arrêtés
--0-0---
Décret du 1S juin 1926 rendant applicable à
l'Algérie l'article 9 de la loi du 1S mai
1924.
Décret du 14 juin 1926 portant abrogation
du paragraphe 2 de l'article 5 du décret
du ter mai 1926 attribuant aux fonctionnai-
res de certains cadres coloniaux des sup-
pléments provisoires de traitement.
(J. 0. du 24 juin 1926.)
Décret du i5 juin 1926 rendant applicables
en Algérie les dispositions d'ordre régle-
mentaire relatives à la vente et au nantis-
sement des fonds de commerce.
(J. 0. du 25 juin 1926.) ;
8.1 ?
Al Syiècat des Qittifeas régiouix
Le Syndicat des Quotidiens régionaux, après
avoir tenu sa réunion mensuelle, a offert un
déjeuner en l'honneur de MM. Henry de Jou-
venel, haut-commissaire en Syrie et Olivier,
gouverneur général de Madagascar.
A l'heure des toasts, M. Guillaume a souhaité
la bienvenue à tes hôtes éminents. M. Olivier,
après avoir montré l'importance de Madagas-
car, a affirmé sa confiance dans le relèvement
économique de notre pays. M. de Jouvenel à son
tour, parlant de la Syrie, (prospère malgré les
événements récents, a déclaré « qu'elle serait
un jour, grftoe à l'Euphrate, ce que l'Egypte
est par le Nil, c'est-à-dire un pays d'une ri-
chesse infinie ib. Il a terminé son allocution en
affirmant que la France devait remplir son
mandat Jusqu'au bout et que le mot abandon
ne saurait être prononcé.
Les paroles de MM. de Jouvenel et Qlivter
ont été tris applaudies.
A LA CHAMBRE
QUESTIONS ECRRE8
Lee congés administratifs
M. Auguste Brunei, député, demande h M. le
ministre des Colonies ; 1* si le congé administra-
tif ouvert aux fonctionnaires coloniaux pour
permettre à ces agents de revenir « périodique-
ment.. dans leur pays d'origine y réparer leurs
fOrces, après un séjour réglementaire sous des
climats pénibles, a cessé de constituer une. fa-
veur » abandonnée à la discrétion de l'autorité
locale, pour être reconnu comme un droit for-
mel auquel peuvent seules faire obstacle des
exigences de service certaines ; SI si, dans le
cas où les fonctionnaires seraient retenus par
ordre à leur poste au-delà de la période normale
du séjour colonial, des dispositions sont interve-
nues ou vont intervenir pour leur assurer des
avantages spéciaux ou des garanties particuliè-
res, en raison des risques supplémentaires aux-
quels ils sont exposés. (Question du 1- juin
1926).
Réponse. 1* Les dispositions de l'article 35,
paragraphe 1", du décret du ! mars 1910, déter-
minant la situation du personnel colonial au
point de vue du droit au congé administratif
n'ont pas été modifiées, l'exercice de ce droit
restant subordonné aux nécessités du service ;
28 le paragraphe 5 du même article ajoute que
ria durée desdits congés, fixée en principe à six
mois, peut être augmentée d'un mois pour cha-
que période intégrale de séjour de cent Jours,
quatre, six ou dix mois, suivant la colonie, ac-
complie en sus des délais réglementaires sans
qu'en aucun cas le congé accordé puisse dépas-
ser la limite maximum d'une année; 3* le con-
gé administratif est uniquement destiné à per-
mettre au fonctionnaire de revenir périodique-
ment a son pays d'origine pour s'y occuper de
ses affaires. Le fonctionnaire peut toujours, par
ailleurs, rentrer pour raison de santé dûment
constatée (congés de convalescence).
<– :
Au Conseil d'État
-0-0--
Arrêtés du Gouverneur général de l'Indo-
chine et du Réaident supérieur en Annam
attaquée.
Le 34 août 1923, le Résident Supérieur en
Annam prenait un arrêté rapportant un
congé de convalescence accordé à M. Le-
blanc, ingénieur adjoint de 3* classe, demeu-
rant à Cua-Tung (Annam). Le 3 septembre
suivant, le Gouverneur Général de l'Indo-
chine prenait un arrêté, aux termes duquel
M. Leblanc était licencié du cadre perma-
nent des travaux publics de la colonie.
Aux fins d'annulation de ces deux arrêtés,
M. Leblanc a introduit une requête au Con-
seil d'Etat
Cette haute juridiction, statuant sur cette
affaire, dont l'intérêt n'échappera pas aux
fonctionnaires coloniaux, a pris la décision
suivante :
Le Conseil,
Considérant qu'aux termes de l'article 7
du décret du 2 mars 1910, « les droits à la
« solde d'activité cessent pour les fonction-
« naires, employés et agents présents à leur
« poste, qui sont licenciés pour toute autre
u cause que par mesure disciplinaire, le jour
M où ils quittent leurs fonctions n. que
cette disposition réglementaire donne à l'ad-
ministration le droit de licencier un fonc-
tionnaire au cours d'un congé ; qu'ainsi, s'il
Tésulte de ce qui a été dit ci-dessus que le
sieur Leblanc, à la date où il se trouvait li-
cencié, se trouvait encore en congé de conva-
lescence, cette circonstance n'est pas de na-
ture à entacher d'irrégularité la mesure prise
à l'égard du requérant.
Considérant, qu'en vertu de l'article 18 du
statut commun des services locaux de l'In-
dochine en date du 20 juin 1921, « les candi-
« dats qui posséderont des diplômes ou des
« titres supérieurs à ceux qui sont requis
« pour l'admission dans un corps, pourront,
« dans les conditions fixées par les règle-
« ments particuliers à ce corps, être dispen-
« sés du grade de stagiaire et nommés à un
« emploi autre que celui du début »; qu'en
vertu de l'article 20 du même statut « les
« fonctionnaires nouvellement nommés dans
« les conditions prévues à l'article 18, qui
« n'auraient pas témoigné d'une aptitude suf-
cc fisante ou dont la manière de servir au-
« rait été jugée défectueuse, peuvent être,
« au cours de leurs deux premières années
« de seTvice, licenciés par arrêté du Gouver-
« neur Général pris sur la proposition des
a chefs d'administration ou de services inté-
« ressés, après avis d'une commission spé-
« ciale instituée au Gouvernement Général. »
par application de ces dispositions, le
sieur Leblanc nommé ingénieur adjoint de
38 classe du cadre permanent des travaux
publics, dans les conditions de l'article 18
précité, est assujetti à un délai d'épreuve de
deux années avant de faire définitivement
partie des cadres de l'administration pou-
vait être licencié par le Gouverneur Général
le 31 septembre 1923, sans que ce licencie-
ment exigeât l'accomplissement des formali-
tés prévues à l'article 65 de la loi du 22
avril 1905 ;
Considérant, que de ce qui précède, il ré-
sulte que le sieur Leblanc n'est pas fondé à
soutenir que l'arrêté du Gouverneur Général
d'Indochine, en date du 3 septembre 1923,
prononçant son licenciement, est entaché
d'excès de pouvoir,
Décide :
1° L'arrêté du Résident Supérieur en An-
nam, en date du 24 août 1923, rapportant
le congé de convalescence précédemment ac-
cordé au sieur Leblanc, est annulé ;
2° Le surplus des conclusions de la requête
est rejeté.
Le palaarès le l'Acaiéaie Fraaçaisc
-()oO--
Un prix de 1.000 francs a été décerné à
M. Georges Hardy, inspecteur général de
l'Enseignement au Maroc pour son ouvrage
sur le Cardinal Fleury et le mouvement jan-
séniste.
TAUX DE LA PIASTRE
O
A la date du dU juin 1926, le taux ofliciel de
la piastre à Saigon était de 20 francs.
AU VOLEUR!
1
Dans un article récent du Petit Matin de
T anis, sur « la vie chè. », notre ami, l'ex-
cellent journaliste Paul Lafitte, a pris le ton
vigoureux qui convenait à pareil sujet :
Toutes les denrées alimentaires. écrit-il"
absolument toutes. aussi bien celles qui sont
Produites en Tunisie que celles qui y sont
importées, subissent, en ce moment, une
hausse scandaleuse" chacune servant de pré-
texte aux autres.
Il y a là, et pas autre choset une œuvre de
la spéetdation.
La semoule et l'huile d'olive, ces deux
éléments primordiaux de la nourriture des
indigènes, augmentent tous les jours. La
viande qui devrait baisser en cette saison, est
hors de prix. Les piments, les pois chiche s,
les œufs grimpent tous les jours de plusieurs
degrés à l'échelle des tarifs, le poisson de-
vient festin de millionnaire. Les fruits sont
inabordables.
Le sucre et le café, denrées exotiques, mè-
nent la danse macabre.
Il importe d'aviser à cette situation. Or,
nous déclarons qu'à notre avis, la vie chère
t'organise précisément dans ce fondouk al
Galla qui devrait, en tant que marché muni-
cipal. servir de régulateur. Les mercantis
du dehors devraient être quelque peu mal-
trisés par les cours du marché municipal;
c'est de là que sortent les tarifs monstrueux
qui pèsent sur toute la population.
Notre ami Henri Feuille donnait ici même,
il y a peu de jours, des comptes concluants
à ce sujet.
Il citait un producteur de citrons qui offre
toute sa récolte à 2 centimes l'un, et renonce
à la porter au marché, où il n'en trouve pas
ce prix minime. Or, on ne trouve pas de ci-
tron au détail à moins de 0 fr. 30 sinon
o fr. 40. Calcules le beau pour cent que le
mercanti réaliseï
Il racontait fI.Jm maraîcher, furieux de se
voir offrir moins de un centime par pied de
salade, ramenait chez lui les deux aratllts
chargées de cette appétissante verdure dont
il faisait faire à ses lapins un festin de Bal-
thasar. Ce même jour, les salades de cette
espèce étaient vendues 1 fr. 20 par les détail-
lants.
Il en est ainsi pour tous les produits qui
arrivent au marché et qui ne peuvent être
mis en vente qu'en passant par la « grande
criée M.
C'est que cette grande criée qui, théorique'
ment, doit assurer la libre pratique de l'offre
et de la demande en les mettant en face l'uru
de Vautre, est devenue un moyen de domina-
tion et d'accaparement. Elle est absolument
entre les mains d'un consortium qui y règne
sans partage et exploite aussi bien le flro-
ducteur auquel il n'offre qu'une rémunéra-
tion dérisoire de son travail (moins de deux
centimes le citron; moins il ,m centime le
pied de salade), que le public auquel il ne
permet d'acheter ce citron qu'à 30 centimes
au minimum, ce pied de salade qu'à 1 fr. 20.
Mais cette besoene criminelle, ce double
vol, car il n'y a pas d'autre mot pour qua-
lifier de tels agissements, s'opère ouverte-
ment et sous l'égide de la Municipalité. C'est
ce qui irrite encore plus le public.
Que des malfaiteurs agissent dans l'ombre,
cela se conçoit; mais qu'ils commettent
leurs méfaits dans le cynisme du plein jour,
en Profitant d'une organisation officielle,
protégés Par une administration qui est cen-
sée les surveiller il y a de quoi exaspérer.
Il Besogne criminelle » qui se pratique
aussi en France et notamment à Paris, di-
rions-nous à M. Paul Lafitte. s'il ne le sa-
vait aussi bien que nous. Nous ajouterons
cependant un vœu à sa protestation : c'est
que les fauteurs de cette besogne soient dé-
sormais justiciables du couperet.
R. B. L
El Mekki et le sycophante
Truchement d'Allah, législateur, hygié-
niste et encore que prophète, le Prophète
n'avait pas prévu c'est l'infirmité des
saints et de quelques législateurs que de
bonnes petites fripouilleries pourraient se
perpétrer à l'abri du Coran, comme elles
font sous le couvert de tous les codes et de
toutes les religions.
El Mekki ben el Hadj ben Azzouz voulait
absolument unir ses cinquante hivers aux
vingt et un printemps de Chahbouba. Mais
Chahbouba restait insensible.
El Mekki n'en fit pas moins établir par
le cadi un acte certifiant que Chahbouba était
orpheline, et préparer un contrat de ma-
riage.
Vint le jour de l'hymen qui vit se rassem-
bler à la gare du Pont-du-Fahs (Tunisie) un
groupe tout bruissant d'exclamations propi-
tiatoires autour d'une forme féminine voilée.
Un notaire questionna celle-ci, à peu près
en ces termes :
Tu es bien Chahbouba, et tu consens à
prendre El Mekki pour époux?
Je la suis, répondit la forme, et le
bonheur d'épouser El Mekki est pour moi
comparable à celui que réserve Allah aux
vrais crovants.
Mais un témoin arracha soudain les voiles
couvrant l'enthousiaste fiancée, laquelle ap-
parut déplorablement édentée, vétuste et usa-
gée comme on n'a le droit de l'être qu'à
80 ans.
Il était temps! El Mekki allait pouvoir
s'emparer légalement de la douce Chah-
bouba qui, bien tranquille chez elle, ignorait
qu'on était en train de la marier.
La comédie, soumise au Tribunal indigène
de Tunis, valut à l'astucieux El Mekki cinq
ans de prison et au dénonciateur des félici-
tations.
Bravo pour le sycophante, dit un tou-
riste qui passait par là avec sa jeune
femme.
Sycophante est le mot, fit celle-ci, et elle
ajouta, compatissante et rêveuse : tout de
même, le pauvre El Mekki. il n'était pas
mal, ce voleur de figue. Mais le Coran per-
met donc de punir l'intention?.
Audion
L'accessioll à la propriété
dans h Haale-Volla
La rapidité de l'évolution économique de
la Haute-Volta a amené M. le Gouverneur
Hesiing à faciliter aux Européens et aux in-
digènes l'acquisition de terrains domaniaux.
Dans ce pays, particulièrement défavorisé
par sa grande distance à la mer et l'absence
de moyens de communications, il y avait lieu,
en effet, de simplifier les formalités adminis-
tratives exigées d'ordinaire pour les deman-
des de concession.
C'est ainsi que M. Uesling a été amené à
autoriser la délivrance de terrains urbaint
par permis d'occupation provisoires, et ce.
mode de délivrance, exceptionnel en prit*-
tipe, tend par la force des choses à se gé-
néraliser, la création de nouveaux centres
étant infiniment plus rapide que ne pourront
l'être de longtemps les opérations des trt-
vices techniques.
La circulaire de février dernier a eu pour
but de faire du permis provisoire une sorte
de contrat qui, sans engager l'Administration
d'une manière absolue, constitue cependemt
une promesse de vente dont les ,.rulititHu
sont fixées au moment de l'entrée en jouis-
sance du terrain et non subordonnée comme
autrefois à toutes les modifications qui pour-
roni surgir jusqu'à l'époque indéterminée
où l'on sera en mesure de vendre légale-
ment les lots urbains. Par contre, le béné-
ficiaire du Permis n'est, dans aucun délai,
astreint à une condition bine qua non de mise
en valeur qui garantit l'administration contre
les tentatives d'accaparement et de splcullJ-
tion et tous les abus qui peuvent en dériver.
Il n'en reste pas moins que la délivrance
de permis provisoires, qu'en principe on
ne refuse à aucune personne capable de con-
tribuer à la mise en valeur du lays cons-
titue une mesure d'exception que M. Hesiing
a décidée dans l'intérêt général du Pays et
par bienveillance envers Tes colons. Dans cee
conditions, le Lieutenant-Gouverneur de la
Haute-Volta a invité ses commandants de
cercle à s'assurer que ce régime de faveur
ne donne lieu à aucun abus, examiner quels
sont les projets des demandeurs, les moyens
dont ils disposent et veiller à ce que la su-
perficie demandée soit proportionnée à l'im-
portance des établissements qu'ils peuvent
raisonnablement entreprendre.
- En aucun cas, ajoute M. Hesiing, nous ne
devons nous prêter à une manœuvre qui ten-
drait à accaparer des terrains dans un but de.
spéculation stérile, et c'est la raison pour lm-
quelle je vous ai recommandé et vous recom-
mande instamment de veiller, en tenant
compte toutefois des saisons propices aux tra-
vaux, à ce que la mise en valeur soit stricte-
ment exécutée dans les délais mentionnés aux
permis que nous délivrerons, et, le cas
échlant" de ne pas négliger d'envoyer der
sommations précédant l'arrêté de déchéance
que je prendrai sur votre proposition chaque
fois que les bénéficiaires n'auront pas pu ou
pas voulu tenir leurs engagements.
En principe, j'eitime qu'un établissement
commercial dans les régions où on ne fait
pas le commerce de produits eHcomtrants"
disposera d'un emplacement suffisant de
4.000 à 5.000 mètres carrés.
Là où l'on viendrait à faire le commerce
des produits encombrants tels les arachides,
par exemplet on pourrait aller jusqu'à 6.000
à 7.000 mètres..
Pour les établissements industriels, il n'est
pas possible de fixer un chiffre de base, puis-
que la superficie nécessaire variera avec cha-
que cas, mais il serait désirable que ces der-
niers établissements soient installés tout à
fait en dehors des quartiers de commerce et
d'habitation proprement dits.
Vous continuer es à me soumettre, comme1
vous l'avea fait jusqu'ici, les demandes quer
vous aurez à instruire, et vous me signalereg
spécialement toutes les demandes qui vous
Paraîtraient comporter des réserves.
On ne saurait trop approuver M. le Gou-
verneur Hesiing de faire tous ses efforts pour
amener les indigènes à construire des habi-
tations à l'européenne et à se grouper autour
des centres économiques de la colonie dont
il a déjà dirigé avec une rare compétence
le développement. M. Hesling a très pru-
demment songé à uniformiser dans l'ensem-
ble, sinon dans le détail, son mode de pro-
céder en marière de politique domaniale, car,
comme il l'écrit lui-même dans sa circulaire,
il vaut mieux prévoir les conséquences de
l'évolution sociale et économique que nous
provoquons plutôt que nous laisser déborder
par ses manifestations.
-60-
Un pithécanthrope vivant?
00
Le pithécanthrope fossile trouvé à Trinit
(Java) en 1891 par le Hollandais Dubois se-
rait l'être intermédiaire entre le singe et
l'homme.
Son crâne, plus développé que celui des
anthropoïdes, se rapproche de celui de
l'homme.
Cette fois, c est dans le Clongo belge que
l'on prétend l' avoir trouvé vi vant, sous les
espèces et apparences d'un être moitié singe,
moitié homme, haut de s ix pieds, avec c)e<
bras démesurés. Voici la description qui en
est faite : une fourrure lccère lui couvre le
visage, sa mâchoire se projette en avant, son
nez ressemble au nez des nègres, sa chevelure
est laineuse, il a les yeux plus brillants que
ceux des indigènes de la région, porte une
barbe hirsute ; il a, enfin, le front fuyant et
vit entouré de sa famille.
Cet animal ne doit être uue le oTllle, le
plus grand de tous les singes. Quand on
l' aperçoit dans la foret, il ressemble étrange-
ment à un noir barbu, et si l'on passe près de
lui. dans la nuit, il vous interpelle en poussant
un grognement que l'on prendrait pour l appel
d'une voix humaine. Craintif, peu intelligent,
le gorille est frugivore. On le rencontre si rare-
ment que la mépri se est facile. et jusqu'à
preuve du contraire, admettons que le pithé-
canthrope et le gorille ne font qu'un.
• VlNGTSBPflBIlg ANNML N» «T LIS NL'MEfH) « » UtNTUfl» vmNDREDI sOm, 25 JUIN 1W
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Les Annales Coloniales
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La AKTKUKS PMUb PAR "La ANNALES COLONIAUS" tOMT LA nbOPUÉTÉ
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Directeurs 1 MARCEL RUBPEL et L.-G. THEBAULT
IMiniw 49 AéaWnmiM » 34. Rue du Mont-Thabor, pj%Rleler - NMm 1 MOTU fur
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M ( INfr 1M 1 « a M»
0. "'--"1J.
1. -
Un manifeste annamite
»
r w
Les récents articles que nous avons consa-
crés à Alexandre Varenne nous ont amené à
parler de M. Bui-Quang-Cbieu; chef du
parti oonstitutionnaliste annnamite. Et l'un
des plus graves reproches qu'adressait M.
Outrey au Gouverneur Général de l'Indo-
ehine était d'avoir reçu ce personnage, d'en-
tretenir avec lui des relations qui pouvaient
être interprétées comme un encouragement à
la politique qu'il suivait.
Nous avons, à ce moment-là. fait au député
th la Cochinchine la réponse qui convenait
et nous n'y reviendrons pas. Mais nous avons
eu depuis connaissance d'un document qui
parait devoir nous apporter quelques préci-
tions sur les revendications du parti consti-
tutionnaliste. Nous nous proposons de l'ana-
lyser en y a joutant quelques commentaires
de nature à préciser notre pensée à ce sujet.
M. Bui-Quang-Chieu n'est pas un con-
tempteur de notre civilisation ni un franco-
phobe. Il aime passionnément son pays, mais
il ne méconnaît pas tout ce qu'il peut gagner
au contact et sous l'influence d une nation
comme la nôtre.
Seulement, après avoir rendu hommage
? aux bienfaits de la paix française en ces
70 dernières années ib, tl déclare que « l'Ad-
ministration coloniale locale n'a pas tenu
vis-à-vis de l'Annam tous les engagements
Me la France métropolitaine. On a fait quel-
que chose, ajoute-t-il, mais on aurait pu
faire davantage si l'on avait voulu ou su..
Et le patriote annamite fait un parallèle
entre la situation du Japon et du Siam
d'une part et celle de l'Indochine de l'autre.
Tandis que le Japon et le Siam, atteignaient
pAce à leur indépendance un état de prospé-
rité considérable, que le Japon notamment
devenait une des premières puissances du
inonde, les pays annamites végétaient et
s'élevaient à peine au-dessus de ce qu'ils
Itaiant il - a MHnMInta 8fta
..--. y - --.-- -.
L« parallèles ont toujours quelque chose
TMitaciet et si on les pousse au-delà d'une
certaine mesure, ils risquent de nous con-
duire à dei œaclUllooa excessives. Cette ré-
œw faite, SI n'est pas douteux que notre
action eà Indochine n'a pas toujours été
"omapte de reproches et oue nous aurions pu
apporter à ce pays une aide plus efficace.
- Mais à quoi bon retenir obstinément no-
tre regard sur ce passé : récriminer n'est pas
une manifestation de grande intelligence , o-
titique? Examinons ce qui a été fait, mais
Avant tout pour y puiser la résolution de
nieux faire, de réparer les fautes. Mais il
ne convient pas de s'y attarder.
« Au lieu de nous replier sur ces regrets
superflus du passé, dit M. Bul-Quang-Chieu,
nous voulons Regarder l'avenir. »
Suivant ce conseil, les Annamites qui pen-
sent aux destinées de leur pays, voudraient
eesser de « constituer du simple matériel hu-
main éternellement courbé sur la boue de la
rizière ou attelé entre les' brancards du
pousse-pousse indochinois.. Ils aspirent à
un sort meilleur, plus conforme à la dignité
humaine.
Mais ils ne pensent pas y parvenir
sans l'appui et la collaboration de la France.
e Parmi les Annamites qui connaissent le
t mieux le haut idéalisme français et l'esprit
• de justice de la Métropole, déclare le lea-
a der annamite, nombreux sont ceux qui
» pensent qu'il serait possible de réaliser une
a entente profitable entre protecteurs et pro-
.« tégés au moyen d'une politique de réfor-
'e mes sagement conçues et loyalement ap-
« pliqu6es..
« Sans prétendre brûler les étapes néces-
* saires d'une évolution inévitable, ils sont
* convaincus que l'esprit de routine d'une
c administration profondément jalouse de
» ses prérogatives autocratiques est contraire
« aux intentions mêmes de la France démo-
« cratique, incontestablement bienveillante
* * et généreuse. »
M. Bui-Quang-Chieu a raison quand il
affirme les sentiments de bienveillance de la-
France démocratique et rend hommage à ses
intentions. Mais la volonté de la métropole
n'a pas toujours été traduite exactement dans
l'action quotidienne de l'administration. Les
débats qui, à plusieurs reprises, se sont éle-
vés à ce sujet à la tribune du Parlement,
montrent d'une façon suffisante que les
Intentions n'ont pas, malheureusement, tou-
jours été respectées.
- Mais laissOOs-Iui encore la parole : « De-
• puis une dizaine d'années, ces Annamites
t formés à l'école française, ou lettrés
9 avertis des choses modernes, tous appuyés
a par la masse de leurs concitoyens qui les
a aiment et les respectent ainsi qu'il a tou-
t jours été ont porté au gouvernement
t français les doléances indigènes, avec le
It sincère désir de réaliser - le loyal rappro-
ache-ment des deux peuples pour dissiper
w un malentendu qui n'a que trop duré et
* dont la persistance pourrait compromettre
• l'œuvre de la France en Extrême-Asie. »
, Telles sont les intentions qui animent les
ponstitutionnalistes indochinois. Elles sont
sages et il me semble difficile à un Français
raisonnable de les rejeter en boc.
Pour réaliser le rapprochement entre la
métropole et la colonie et dissiper le malen-
tendu qui existe, les patriotes annamites
proposent un ensemble de réformes dont
voici les principales :
En premier lieu la liberté de penser et
Décrire; les journaux en langue indigène ou
en chinois sont, en effet, soumis à la censure
politique et à l'autorisation préalable. Va-
renne, dans le disoours qui a provoqué tant
de colères rétrospectives, a promis 1 établis-
sement d'un régime plus libéral, mais ne va
pas, si nous ne nous trompons pas, jusqu'à
octroyer la liberté absolue ou, si 1 on veut, un
régime analogue à celui dont nous jouissons
chez nous.
Après la liberté de la pensée celle de se
réunir et de s'associer les associations de
secours mutuels sont interdites celle de
voyager aussi bien en France qu'à l'étranger.
Les Annamites revendiquent encore l'élar-
gissement de l'enseignement primaire à tous
les degrés, primaire, secondaire et supérieur.
Ils font remarquer l'insuffisance de l'orga-
nisation scolaire : sur 3 millions d'enfanta
d'Age scolaire, 200.000 au plus fréquentent
les établissements d'enseignement. (Test une
proportion infime et il est impossible que pa-
reil état se prolonge. L& prestige de notre:
pays est attaché à ce qu une amélioration
prochaine et sérieuse se produise.
Ils demandent aussi - une réforme de la
justice, la suppression de l'indigénat, l'ap-
plication des lois sociales en les adaptant à
la colonie, la disparition des monopoles d'al-
cool et d'opium, l'amélioration de la situa-
tion matérielle des fonctionnaires indigènes
et l'organisation d'une armée indigène avec
un cadre franco-annamite.
Enfin, ils voudraient que l'on établit la
représentation effective des indigènes en
France et dans les Assemblées de la colonie
et la création à Paris d'une Commitston
dC études indochinoises où des juriscoDSultil,
des économistes, des spécialistes des ques-
tions coloniales et des Annamites élus par
leurs compatriotes viendraient siéger à côté
des représentants de l'Administration cen-
trale et coloniale.
Tels sont les desiderata des patriotes an-
namites tels que les présente un des hommes
qui ont l'habitude de traduire le mieux leur
pensée. Si des Français peuvent les consi-
dérer comme excessifs et dangereux, je ne
leur trouve, pour ma part, aucun de ces deux
caractères. Alexandre garenne d'ailleurs, a
promis de donner une satisfaction quasi im-
médiate à certains d'entre eux et d'examiner
les autres dans l'esprit le plus favorable.
J'aurais cependant en ce qui me concerne
quelques réserves à faire, qui tendent non
pas à réduire les droits des populations indi-
gènes mais à rechercher d'autres moyens de
les protéger.
Je n'ai jamais été, quant à moi, un parti-
san déterminé de la politique de naturalisa-
tion. Je ne considère pas que les rapports en-
tre la métropole et les colonies doivent être
ceux de maîtres à sujets, mais je ne crois pas
que faire de tous les indigènes des citoyens
français soit une solution conforme aux in-
térêts matériels et moraux des uns et des au-
tres.
Je sais que je heurte ainsi les conceptions
de nombreux démocrates et socialistes qui
voudraient faire de tous les habitants de nos
possessions des électeurs choisissant leurs
conseillers municipaux, généraux et leurs re-
présentants au Parlement. C'est la thèse qui
a triomphé en 1848 et à laquelle est attaché
le nom de Schœlcher. Elle est séduisante et
répond bien à nos conceptions de l'Etat
telles que nous les avons reçues de Rome.
Mais elle ne me parait pas convenir aux exi-
gences d'une situation fort différente de cel-
les que les Césars avaient connues.
Je préfère envisager sur un autre plan
l'évolution des rapports politiques entre les
colonies et la nation colonisatrice. Je vois
dans un avenir plus ou moins proche, sui-
vant l'état de civilisation de chacune des pos-
sessions, la métropole et les colonies consti-
tuant une grande association où la première,
ayant abandonné, en totalité ou en partie,
son rôle de dominatrice, remplirait l'office
d'un conseiller et où les liens de la confiance
réciproque et de l'amitié remplaceraient la
contrainte. Des années peuvent s'écouler,
s'écouleront sûrement avant que ce régime se
réalise, mais je suis convaincu que c'est dans
ce sens que l'évolution doit se faire. *
C'est pourquoi si je suis tout à fait favo-
rable à l'entrée des indigènes dans les assem-
blées locales, je le suis moins à leur acces-
sion au Parlement français.
Mais ces réserves ne touchent pas le fond
des revendications que je viens d'analyser.
M. Bui-Quang-Chieu termine son manifeste
par ces paroles que nous voulons citer :
« Nous croyons faire notre devoir envers no-
c tre pays natal et notre patrie spirituelle
« en soumettant au peuple de France, gé-
« néreux et libéral, idéaliste et loyal, ces
« suggestions fondées sur la parfaite con-
« naissance des sentiments intimes de nos
« concitoyens. Nous faisons appel aussi à
« tous les Français qui vivent là-bas en
« Indochine et qui s'intéressent aux choses
« indigènes, en les priant de réfléchir sé-
« rieusement sur les conséquences possibles.
« certaines même d'une politique égoïste et
« aveugle qui ne cadre plus avec les temps
« nouveaux où nous vivons..
Nous livrons ces paroles aux réflexions des
Français que préoccupent la question du Pa-
cifique et l'avenir de l'Indochine.
Hmtry Fontcmicr,
Député du CalaI
Secrétaire de la Commission des AI-
faires Rtmngèm lambre * le
Commfoafon des Cotons.
Réalisations coloniales
--+00-
M. Léon Perrter qui, depuis six
mois dirige les services de la rue
- Oudinot, a manifesté en toutes cir-
constances son disir très légitime et tris heu-
reux de vouloir parler peu et agir beaucoup.
Nous nous louons de cette méthode ainsi que
du soin qu'il a pris, recevant la direction
d'un ministère aussi important et aussi com-
plexe que le département des colonies, de
vouloir savoir avant de décider.
En six mois, avec Vénorme faculté de tra-
vail que tous lui reconnaissent, il a pu voir
clair et demeurant aujourd'hui rue Oudinot,
Vheure des réalisations a sonné pour lui.
De ces réalisations dépendent, en effet,
une foule d'autres transformations qui dé-
bordent du point particulier ou des questions
qu'il parait avoir à résoudre.
On va améliorer avant de le transformer
plus complètement le port de Dakar : de cela
dépendent les plus ou moins grandes facultés
& exportation du Sénégal et du Soudan -
- four les arachides.
Un régime nouveau va assurer la vie de la
banque de VAfrique occidentale. De cette
transformation dépend Fesser des caisses de
crédit agricole, la création d'oeuvres d'assis-
tance médicale et sociales et aussi une IUI-
table participation de la colonie dans les bé-
néfices de - cet établissement.
Le chemin de fer de Brazzaville à VOcéan
va se fairjt. Un de nos plus sympathiques
confrères revenu du Congo il y a huit
fours ne laisse pas d'être pessimiste et entre-
vott la possibilité d'abandonner tout Veffort
entrepris. Il est certain que le chemin de
fer de t Afrique équatoriale française, vu la
pénurie de main-d'«uvre, la disette, est W',
mtse en œuvre à peu près impraticable et
d'une mise en marche impossible si on ne le
fait pas électrique. Notre ami William Ber-
trand Va bien démontré et M. Léon Perrter
avec beaucoup de bon sens, a envoyé au
lendemain de son arrivée rue Oudinot une
mission de techniciens oui, à Vheure présente,
ne doit pas être loin au retour avec 'des ren-
seignements aussi précis que ceux dus à Vini-
tiative privée. Du chemin de fer électrique de
Brauaville à la mer dépend la prospérité
que dis-jet - Vexistence mime de notre
Congo.
A Madagascar c'est encore Vélectrification
du réseau ferré et Voutillage des ports que
réclame son éminent Gouverneur Général,
M. Marcel Olivier, en plein accord avec le
ministre des Colonies.
En Indochine : la liaison ferroviaire défi-
nitive entre le Tonkin et la Cochinchinë, et
Vaménagement du port 'de Saigon seront
deux entraves de moins à l'essor économique
de l'Union indochinoise, dont il est inutile
de souligner ici la prospérité.
Voilà une première série de réalisations
à entreprendre.
Il y en a (Vautres.
Marcel Ruedel
UN SUCCÈS
00
Notre excellent ami M. Edouard Daladier,
ancien ministre des Colonies, avait vu juste lors-
que, dans sa préface à l'A brégé de Législa-
Hon coloniale, de notre confrère Henri Mariol,
il écrivait que « ce livre est indispensable à
tous ceux qui s'intéressent aux questions colo-
niales M.
La première édition de VAbrégé, parue de-
puis six mois à peine, et qu'ont signalée dans
ces colonnes nos distingués collaborateurs.
MM. Bouilloux-Lafont, vice-président de la
Chambre ; Mario Roustan, sous-secrétaire
d'Etat à la Marine marchande, est à la veille
d'être épuisée.
Une nouvelle édition, mise à jour, paraîtra
en octobre prochain à la Librairie Larose.
-– .1.
Lois, Décrets, Arrêtés
--0-0---
Décret du 1S juin 1926 rendant applicable à
l'Algérie l'article 9 de la loi du 1S mai
1924.
Décret du 14 juin 1926 portant abrogation
du paragraphe 2 de l'article 5 du décret
du ter mai 1926 attribuant aux fonctionnai-
res de certains cadres coloniaux des sup-
pléments provisoires de traitement.
(J. 0. du 24 juin 1926.)
Décret du i5 juin 1926 rendant applicables
en Algérie les dispositions d'ordre régle-
mentaire relatives à la vente et au nantis-
sement des fonds de commerce.
(J. 0. du 25 juin 1926.) ;
8.1 ?
Al Syiècat des Qittifeas régiouix
Le Syndicat des Quotidiens régionaux, après
avoir tenu sa réunion mensuelle, a offert un
déjeuner en l'honneur de MM. Henry de Jou-
venel, haut-commissaire en Syrie et Olivier,
gouverneur général de Madagascar.
A l'heure des toasts, M. Guillaume a souhaité
la bienvenue à tes hôtes éminents. M. Olivier,
après avoir montré l'importance de Madagas-
car, a affirmé sa confiance dans le relèvement
économique de notre pays. M. de Jouvenel à son
tour, parlant de la Syrie, (prospère malgré les
événements récents, a déclaré « qu'elle serait
un jour, grftoe à l'Euphrate, ce que l'Egypte
est par le Nil, c'est-à-dire un pays d'une ri-
chesse infinie ib. Il a terminé son allocution en
affirmant que la France devait remplir son
mandat Jusqu'au bout et que le mot abandon
ne saurait être prononcé.
Les paroles de MM. de Jouvenel et Qlivter
ont été tris applaudies.
A LA CHAMBRE
QUESTIONS ECRRE8
Lee congés administratifs
M. Auguste Brunei, député, demande h M. le
ministre des Colonies ; 1* si le congé administra-
tif ouvert aux fonctionnaires coloniaux pour
permettre à ces agents de revenir « périodique-
ment.. dans leur pays d'origine y réparer leurs
fOrces, après un séjour réglementaire sous des
climats pénibles, a cessé de constituer une. fa-
veur » abandonnée à la discrétion de l'autorité
locale, pour être reconnu comme un droit for-
mel auquel peuvent seules faire obstacle des
exigences de service certaines ; SI si, dans le
cas où les fonctionnaires seraient retenus par
ordre à leur poste au-delà de la période normale
du séjour colonial, des dispositions sont interve-
nues ou vont intervenir pour leur assurer des
avantages spéciaux ou des garanties particuliè-
res, en raison des risques supplémentaires aux-
quels ils sont exposés. (Question du 1- juin
1926).
Réponse. 1* Les dispositions de l'article 35,
paragraphe 1", du décret du ! mars 1910, déter-
minant la situation du personnel colonial au
point de vue du droit au congé administratif
n'ont pas été modifiées, l'exercice de ce droit
restant subordonné aux nécessités du service ;
28 le paragraphe 5 du même article ajoute que
ria durée desdits congés, fixée en principe à six
mois, peut être augmentée d'un mois pour cha-
que période intégrale de séjour de cent Jours,
quatre, six ou dix mois, suivant la colonie, ac-
complie en sus des délais réglementaires sans
qu'en aucun cas le congé accordé puisse dépas-
ser la limite maximum d'une année; 3* le con-
gé administratif est uniquement destiné à per-
mettre au fonctionnaire de revenir périodique-
ment a son pays d'origine pour s'y occuper de
ses affaires. Le fonctionnaire peut toujours, par
ailleurs, rentrer pour raison de santé dûment
constatée (congés de convalescence).
<– :
Au Conseil d'État
-0-0--
Arrêtés du Gouverneur général de l'Indo-
chine et du Réaident supérieur en Annam
attaquée.
Le 34 août 1923, le Résident Supérieur en
Annam prenait un arrêté rapportant un
congé de convalescence accordé à M. Le-
blanc, ingénieur adjoint de 3* classe, demeu-
rant à Cua-Tung (Annam). Le 3 septembre
suivant, le Gouverneur Général de l'Indo-
chine prenait un arrêté, aux termes duquel
M. Leblanc était licencié du cadre perma-
nent des travaux publics de la colonie.
Aux fins d'annulation de ces deux arrêtés,
M. Leblanc a introduit une requête au Con-
seil d'Etat
Cette haute juridiction, statuant sur cette
affaire, dont l'intérêt n'échappera pas aux
fonctionnaires coloniaux, a pris la décision
suivante :
Le Conseil,
Considérant qu'aux termes de l'article 7
du décret du 2 mars 1910, « les droits à la
« solde d'activité cessent pour les fonction-
« naires, employés et agents présents à leur
« poste, qui sont licenciés pour toute autre
u cause que par mesure disciplinaire, le jour
M où ils quittent leurs fonctions n. que
cette disposition réglementaire donne à l'ad-
ministration le droit de licencier un fonc-
tionnaire au cours d'un congé ; qu'ainsi, s'il
Tésulte de ce qui a été dit ci-dessus que le
sieur Leblanc, à la date où il se trouvait li-
cencié, se trouvait encore en congé de conva-
lescence, cette circonstance n'est pas de na-
ture à entacher d'irrégularité la mesure prise
à l'égard du requérant.
Considérant, qu'en vertu de l'article 18 du
statut commun des services locaux de l'In-
dochine en date du 20 juin 1921, « les candi-
« dats qui posséderont des diplômes ou des
« titres supérieurs à ceux qui sont requis
« pour l'admission dans un corps, pourront,
« dans les conditions fixées par les règle-
« ments particuliers à ce corps, être dispen-
« sés du grade de stagiaire et nommés à un
« emploi autre que celui du début »; qu'en
vertu de l'article 20 du même statut « les
« fonctionnaires nouvellement nommés dans
« les conditions prévues à l'article 18, qui
« n'auraient pas témoigné d'une aptitude suf-
cc fisante ou dont la manière de servir au-
« rait été jugée défectueuse, peuvent être,
« au cours de leurs deux premières années
« de seTvice, licenciés par arrêté du Gouver-
« neur Général pris sur la proposition des
a chefs d'administration ou de services inté-
« ressés, après avis d'une commission spé-
« ciale instituée au Gouvernement Général. »
par application de ces dispositions, le
sieur Leblanc nommé ingénieur adjoint de
38 classe du cadre permanent des travaux
publics, dans les conditions de l'article 18
précité, est assujetti à un délai d'épreuve de
deux années avant de faire définitivement
partie des cadres de l'administration pou-
vait être licencié par le Gouverneur Général
le 31 septembre 1923, sans que ce licencie-
ment exigeât l'accomplissement des formali-
tés prévues à l'article 65 de la loi du 22
avril 1905 ;
Considérant, que de ce qui précède, il ré-
sulte que le sieur Leblanc n'est pas fondé à
soutenir que l'arrêté du Gouverneur Général
d'Indochine, en date du 3 septembre 1923,
prononçant son licenciement, est entaché
d'excès de pouvoir,
Décide :
1° L'arrêté du Résident Supérieur en An-
nam, en date du 24 août 1923, rapportant
le congé de convalescence précédemment ac-
cordé au sieur Leblanc, est annulé ;
2° Le surplus des conclusions de la requête
est rejeté.
Le palaarès le l'Acaiéaie Fraaçaisc
-()oO--
Un prix de 1.000 francs a été décerné à
M. Georges Hardy, inspecteur général de
l'Enseignement au Maroc pour son ouvrage
sur le Cardinal Fleury et le mouvement jan-
séniste.
TAUX DE LA PIASTRE
O
A la date du dU juin 1926, le taux ofliciel de
la piastre à Saigon était de 20 francs.
AU VOLEUR!
1
Dans un article récent du Petit Matin de
T anis, sur « la vie chè. », notre ami, l'ex-
cellent journaliste Paul Lafitte, a pris le ton
vigoureux qui convenait à pareil sujet :
Toutes les denrées alimentaires. écrit-il"
absolument toutes. aussi bien celles qui sont
Produites en Tunisie que celles qui y sont
importées, subissent, en ce moment, une
hausse scandaleuse" chacune servant de pré-
texte aux autres.
Il y a là, et pas autre choset une œuvre de
la spéetdation.
La semoule et l'huile d'olive, ces deux
éléments primordiaux de la nourriture des
indigènes, augmentent tous les jours. La
viande qui devrait baisser en cette saison, est
hors de prix. Les piments, les pois chiche s,
les œufs grimpent tous les jours de plusieurs
degrés à l'échelle des tarifs, le poisson de-
vient festin de millionnaire. Les fruits sont
inabordables.
Le sucre et le café, denrées exotiques, mè-
nent la danse macabre.
Il importe d'aviser à cette situation. Or,
nous déclarons qu'à notre avis, la vie chère
t'organise précisément dans ce fondouk al
Galla qui devrait, en tant que marché muni-
cipal. servir de régulateur. Les mercantis
du dehors devraient être quelque peu mal-
trisés par les cours du marché municipal;
c'est de là que sortent les tarifs monstrueux
qui pèsent sur toute la population.
Notre ami Henri Feuille donnait ici même,
il y a peu de jours, des comptes concluants
à ce sujet.
Il citait un producteur de citrons qui offre
toute sa récolte à 2 centimes l'un, et renonce
à la porter au marché, où il n'en trouve pas
ce prix minime. Or, on ne trouve pas de ci-
tron au détail à moins de 0 fr. 30 sinon
o fr. 40. Calcules le beau pour cent que le
mercanti réaliseï
Il racontait fI.Jm maraîcher, furieux de se
voir offrir moins de un centime par pied de
salade, ramenait chez lui les deux aratllts
chargées de cette appétissante verdure dont
il faisait faire à ses lapins un festin de Bal-
thasar. Ce même jour, les salades de cette
espèce étaient vendues 1 fr. 20 par les détail-
lants.
Il en est ainsi pour tous les produits qui
arrivent au marché et qui ne peuvent être
mis en vente qu'en passant par la « grande
criée M.
C'est que cette grande criée qui, théorique'
ment, doit assurer la libre pratique de l'offre
et de la demande en les mettant en face l'uru
de Vautre, est devenue un moyen de domina-
tion et d'accaparement. Elle est absolument
entre les mains d'un consortium qui y règne
sans partage et exploite aussi bien le flro-
ducteur auquel il n'offre qu'une rémunéra-
tion dérisoire de son travail (moins de deux
centimes le citron; moins il ,m centime le
pied de salade), que le public auquel il ne
permet d'acheter ce citron qu'à 30 centimes
au minimum, ce pied de salade qu'à 1 fr. 20.
Mais cette besoene criminelle, ce double
vol, car il n'y a pas d'autre mot pour qua-
lifier de tels agissements, s'opère ouverte-
ment et sous l'égide de la Municipalité. C'est
ce qui irrite encore plus le public.
Que des malfaiteurs agissent dans l'ombre,
cela se conçoit; mais qu'ils commettent
leurs méfaits dans le cynisme du plein jour,
en Profitant d'une organisation officielle,
protégés Par une administration qui est cen-
sée les surveiller il y a de quoi exaspérer.
Il Besogne criminelle » qui se pratique
aussi en France et notamment à Paris, di-
rions-nous à M. Paul Lafitte. s'il ne le sa-
vait aussi bien que nous. Nous ajouterons
cependant un vœu à sa protestation : c'est
que les fauteurs de cette besogne soient dé-
sormais justiciables du couperet.
R. B. L
El Mekki et le sycophante
Truchement d'Allah, législateur, hygié-
niste et encore que prophète, le Prophète
n'avait pas prévu c'est l'infirmité des
saints et de quelques législateurs que de
bonnes petites fripouilleries pourraient se
perpétrer à l'abri du Coran, comme elles
font sous le couvert de tous les codes et de
toutes les religions.
El Mekki ben el Hadj ben Azzouz voulait
absolument unir ses cinquante hivers aux
vingt et un printemps de Chahbouba. Mais
Chahbouba restait insensible.
El Mekki n'en fit pas moins établir par
le cadi un acte certifiant que Chahbouba était
orpheline, et préparer un contrat de ma-
riage.
Vint le jour de l'hymen qui vit se rassem-
bler à la gare du Pont-du-Fahs (Tunisie) un
groupe tout bruissant d'exclamations propi-
tiatoires autour d'une forme féminine voilée.
Un notaire questionna celle-ci, à peu près
en ces termes :
Tu es bien Chahbouba, et tu consens à
prendre El Mekki pour époux?
Je la suis, répondit la forme, et le
bonheur d'épouser El Mekki est pour moi
comparable à celui que réserve Allah aux
vrais crovants.
Mais un témoin arracha soudain les voiles
couvrant l'enthousiaste fiancée, laquelle ap-
parut déplorablement édentée, vétuste et usa-
gée comme on n'a le droit de l'être qu'à
80 ans.
Il était temps! El Mekki allait pouvoir
s'emparer légalement de la douce Chah-
bouba qui, bien tranquille chez elle, ignorait
qu'on était en train de la marier.
La comédie, soumise au Tribunal indigène
de Tunis, valut à l'astucieux El Mekki cinq
ans de prison et au dénonciateur des félici-
tations.
Bravo pour le sycophante, dit un tou-
riste qui passait par là avec sa jeune
femme.
Sycophante est le mot, fit celle-ci, et elle
ajouta, compatissante et rêveuse : tout de
même, le pauvre El Mekki. il n'était pas
mal, ce voleur de figue. Mais le Coran per-
met donc de punir l'intention?.
Audion
L'accessioll à la propriété
dans h Haale-Volla
La rapidité de l'évolution économique de
la Haute-Volta a amené M. le Gouverneur
Hesiing à faciliter aux Européens et aux in-
digènes l'acquisition de terrains domaniaux.
Dans ce pays, particulièrement défavorisé
par sa grande distance à la mer et l'absence
de moyens de communications, il y avait lieu,
en effet, de simplifier les formalités adminis-
tratives exigées d'ordinaire pour les deman-
des de concession.
C'est ainsi que M. Uesling a été amené à
autoriser la délivrance de terrains urbaint
par permis d'occupation provisoires, et ce.
mode de délivrance, exceptionnel en prit*-
tipe, tend par la force des choses à se gé-
néraliser, la création de nouveaux centres
étant infiniment plus rapide que ne pourront
l'être de longtemps les opérations des trt-
vices techniques.
La circulaire de février dernier a eu pour
but de faire du permis provisoire une sorte
de contrat qui, sans engager l'Administration
d'une manière absolue, constitue cependemt
une promesse de vente dont les ,.rulititHu
sont fixées au moment de l'entrée en jouis-
sance du terrain et non subordonnée comme
autrefois à toutes les modifications qui pour-
roni surgir jusqu'à l'époque indéterminée
où l'on sera en mesure de vendre légale-
ment les lots urbains. Par contre, le béné-
ficiaire du Permis n'est, dans aucun délai,
astreint à une condition bine qua non de mise
en valeur qui garantit l'administration contre
les tentatives d'accaparement et de splcullJ-
tion et tous les abus qui peuvent en dériver.
Il n'en reste pas moins que la délivrance
de permis provisoires, qu'en principe on
ne refuse à aucune personne capable de con-
tribuer à la mise en valeur du lays cons-
titue une mesure d'exception que M. Hesiing
a décidée dans l'intérêt général du Pays et
par bienveillance envers Tes colons. Dans cee
conditions, le Lieutenant-Gouverneur de la
Haute-Volta a invité ses commandants de
cercle à s'assurer que ce régime de faveur
ne donne lieu à aucun abus, examiner quels
sont les projets des demandeurs, les moyens
dont ils disposent et veiller à ce que la su-
perficie demandée soit proportionnée à l'im-
portance des établissements qu'ils peuvent
raisonnablement entreprendre.
- En aucun cas, ajoute M. Hesiing, nous ne
devons nous prêter à une manœuvre qui ten-
drait à accaparer des terrains dans un but de.
spéculation stérile, et c'est la raison pour lm-
quelle je vous ai recommandé et vous recom-
mande instamment de veiller, en tenant
compte toutefois des saisons propices aux tra-
vaux, à ce que la mise en valeur soit stricte-
ment exécutée dans les délais mentionnés aux
permis que nous délivrerons, et, le cas
échlant" de ne pas négliger d'envoyer der
sommations précédant l'arrêté de déchéance
que je prendrai sur votre proposition chaque
fois que les bénéficiaires n'auront pas pu ou
pas voulu tenir leurs engagements.
En principe, j'eitime qu'un établissement
commercial dans les régions où on ne fait
pas le commerce de produits eHcomtrants"
disposera d'un emplacement suffisant de
4.000 à 5.000 mètres carrés.
Là où l'on viendrait à faire le commerce
des produits encombrants tels les arachides,
par exemplet on pourrait aller jusqu'à 6.000
à 7.000 mètres..
Pour les établissements industriels, il n'est
pas possible de fixer un chiffre de base, puis-
que la superficie nécessaire variera avec cha-
que cas, mais il serait désirable que ces der-
niers établissements soient installés tout à
fait en dehors des quartiers de commerce et
d'habitation proprement dits.
Vous continuer es à me soumettre, comme1
vous l'avea fait jusqu'ici, les demandes quer
vous aurez à instruire, et vous me signalereg
spécialement toutes les demandes qui vous
Paraîtraient comporter des réserves.
On ne saurait trop approuver M. le Gou-
verneur Hesiing de faire tous ses efforts pour
amener les indigènes à construire des habi-
tations à l'européenne et à se grouper autour
des centres économiques de la colonie dont
il a déjà dirigé avec une rare compétence
le développement. M. Hesling a très pru-
demment songé à uniformiser dans l'ensem-
ble, sinon dans le détail, son mode de pro-
céder en marière de politique domaniale, car,
comme il l'écrit lui-même dans sa circulaire,
il vaut mieux prévoir les conséquences de
l'évolution sociale et économique que nous
provoquons plutôt que nous laisser déborder
par ses manifestations.
-60-
Un pithécanthrope vivant?
00
Le pithécanthrope fossile trouvé à Trinit
(Java) en 1891 par le Hollandais Dubois se-
rait l'être intermédiaire entre le singe et
l'homme.
Son crâne, plus développé que celui des
anthropoïdes, se rapproche de celui de
l'homme.
Cette fois, c est dans le Clongo belge que
l'on prétend l' avoir trouvé vi vant, sous les
espèces et apparences d'un être moitié singe,
moitié homme, haut de s ix pieds, avec c)e<
bras démesurés. Voici la description qui en
est faite : une fourrure lccère lui couvre le
visage, sa mâchoire se projette en avant, son
nez ressemble au nez des nègres, sa chevelure
est laineuse, il a les yeux plus brillants que
ceux des indigènes de la région, porte une
barbe hirsute ; il a, enfin, le front fuyant et
vit entouré de sa famille.
Cet animal ne doit être uue le oTllle, le
plus grand de tous les singes. Quand on
l' aperçoit dans la foret, il ressemble étrange-
ment à un noir barbu, et si l'on passe près de
lui. dans la nuit, il vous interpelle en poussant
un grognement que l'on prendrait pour l appel
d'une voix humaine. Craintif, peu intelligent,
le gorille est frugivore. On le rencontre si rare-
ment que la mépri se est facile. et jusqu'à
preuve du contraire, admettons que le pithé-
canthrope et le gorille ne font qu'un.
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