Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-05-11
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 11 mai 1926 11 mai 1926
Description : 1926/05/11 (A27,N73). 1926/05/11 (A27,N73).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397120p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SEPTIEME ANNEE. No 73
•a wmmuo i » entra»
MARDI SOIR, Il MAt tUMO
-..,,-
Les Annales (tëolomales
JOURNAL QUOT
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LU AJatALU COLOIIIALU- SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOUHNAL
LmAmmteta HRklamm mwI M pm «m Bunmu
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
RéfceiiM et AteiabiratMB : 34, Rue du Mont-Thator, PARIS-1* TWphin t LOOftI 11-17
Ui ta 0 raoii 8 mIi
I8QMERMH ( Franc e et Colonin. - - - 60 e 45. 18.
lEt,.,. MM w « w 18.
Oa •'abonna dui t. lei Biimw Am pOlIe et ch– Im priadp«u Uhrthrti
Pourquoi colonisons-nous ?
, ABANDON? VENTE? - ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
fécemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne. Gouverneur Général de
l'Indochine.
Au cours de sen exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoï, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
hnssadeur de France à Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, mais n en
serait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver. ce but f
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
Claude Farrère, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de euerre. Ci oyez-vous qu'au XX. siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés là-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Kouit XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu'un
jour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée, permettra de considérer toutes les par-
celles du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un même
furps ayant les mêmes aspirations, le même
idéal P -
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalité".
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. François-Mar-
ml, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel Boutener.
Victor Maigueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymohd Poincaré, Aimé Bertfcod, B. Dia-
pe, le docteur Marchoux, Fernand Laudet,
Francis de Croisset, le marquis de Barthé-
lémy, Emile Bourgeois, Gruvel. Mme Elissa
bals, MM. Charles Debierre, le vicomte dt
Guichen. Pierre Bonardi, Fescourt, Gros-
claude Valude, René Pinon, le professeur
JeaDsctme. Paul Reboux, Morinaud, Augus-
tin Bernard et Ossip Lourié.
En voici de nouvelles ;
M. 1. Tournait
sénateur du Gers
Fonctionnaire, docteur en droit, M.
Touman quitta son bureau pour représenter
de 1910 à 1910 les électeurs de Varrondisse-
ment de Lombet.
Le scrutin du 16 novembre n ayant pas été
favorable aux républicains, il revint pren-
dre sa place au ministère.
Les électeurs sénatoriaux du Gers le ren-
voyèrent siéger dans la haute Assemblée le
6 janvier 1924 à une énorme majorité. Lors
de son passage à la Chambre, les questions
coloniales le passionnaient; il est venu plu-
sieurs fois aux Annales Coloniales s'en en-
tretenir avec nous. Au Luxembourg, il suit
avec la plus vigilante attention les grands
problèmes de la mise en valeur de notre
empire et il a tenu à se rendre compte, ait
cours de plusieurs voyages en Afrique Occi-
dentale française, de l'essor de l'une de nos
fins belles possessions.
Monsieur le Directeur,
C'est avec plaisir que je réponds aux
questions que vous m'avez fait l'honneur de
me poser.
Je considère comme vaines, comme stériles
les controverses qui se sont élevées ces temps
derniers sur l'évolution future de nos colo-
nies. Trop de facteurs encore inconnus peu-
vent intervenir pour déterminer le sens de
rrtte évolution. Les peuples si divers qui
vivent sous notre drapeau peuvent, d'ailleurs,
suivre des orientations différentes.
Mais quelles que soient les perspectives
qui apparaissent comme les plus probables,
je ne crois pas que nous devions en faire
dépendre notre système de colonisation.
l'our moi, notre domination sur les l'ays
d'outre-mer ne se justifie que par les bien-
faits que nous apportons aux indigènes.
Nous devons donc nous préoccuper d'abord
de leur assurer la sécurité, le bien-être et
tous les avantages de la civilisation.
Que nos industriels, nos commerçants, nos
agriculteurs mêmes, trouvent dans ces pays
pacifiés et outillés par l'administration lrtn-
aisc, un champ d'action propre, nous ne
pouvons que nous en féliciter ; j ar leur
effort équitablement réglé développera la
prospérité tant des colonies que de la métro-
pole. Des relations de plus en plus étroites
s'établiront entre colons et indigènes et une
civilisation parente de la nôtre se consti-
tuera sur ces terres lointaines. Ainsi* notre
effort désintéressé pourra devenir éminem-
ment fécond.
L'empreinte de Rome sur le monde médi-
terranéen fut assez profonde pour que,
quinze cents ans après la chute de son em-
pire, les peuples latins se reconnaissent en-
core des affinités naturelles qui les prédis-
posent à la coopération politique et économi-
que. Pourquoi notre œuvre d'organisation
et d'éducation ne pourrait-elle pas exercer
aux colonies une semblable influence? Pour-
quoi nos compatriotes qui se sont fixés sous
toutes les latitudes n'y répandraient-ils pas
ayee autant de succès la culture française?
Et n'est-ce pas là la plus haute ambition que
notre pays puisse concevoir l
Travamel u progrès de l'humanité, c'est
la tendance primordiale de son génie; mais
en la matière son intérêt s'accorde avec ses
aspirations généreuses. Qui pourrait dédai-
gner le concours que les colonies prêtent
déjà à notre activité économique et surtout
celui qu'elles sont susceptibles de lui appor-
ter dans l'avenir? Qui pourrait oublier la
part qu'elles ont prise et qu'elles continuent
de prendre à la défense nationale? Singu-
liers réalistes que ceux qui proposent de ven-
dre certaines de nos possessions pour payer
des dettes de guerre! C'est un nouveau mar-
ché d'Esaii qu'ils préconisent. Au reste, le
temps n'est plus où l'on pouvait échanger
des populations contre espèces sonnantes.
Ma conclusion sera donc très nette. Loin
de se perdre en conjectures,, notre pays n'a
qu'à continuer sans relâche, sans diversion
d'aucune sorte la mission civilisatrice qu'il
a si heureusement assumée. Même s'il ne
devait pas en retirer tous les profits maté-
riels qu'il peut légitimement en attendre, son
expansion en élevant les peuples placés sous
son égide, en les pénétrant de son idéal de
liberté et (le justice. contribuera à établir
dans le monde les fondements de la paix
générale. Quoi qu'il advienne donc, nous
n'aurons nullement à regretter nos sacrifices.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur,
mes salutations les plus distinuuées.
Touman.
Sénateur du Gt"'S.
M. Albert Aublet
.1/. Albert Aublet figure tlll tout premier
rang des orientalistes, à côté de Dinet, de Ro-
chegrosse, de Félix Régamey, de Romberg,
d'Edouard Doigneau. Au lendemain du Sa-
Ion, faut-il rappeler ses envois qui obtiennent
toujours autant de slluès, et fCMtMtC il fut un
des premiers à adopter Neu:ll\ au tembs où
cette, élégante annexe de la capitale n avait
pas encore bisn tourné f Comme cela
nous remonte loin, presque au temps où
Albert Aublet peignait ses nymphes sortant de
fonde devant l'étang de Saint-Citcitta.1 De
même il a adopté Tunis la Blanche, qu'il sait
nous faire vivre avec son pinceau comme
Myrriant Harry avec sa plume. Tous les hi-
vers, Albert Atiblet va dans la Régence et il
en revient chaque printem ps pourvu d'une
ample moisson où les coloris le disputent à la
vie, la sincérité à la vigueur d'expression.
C'est un observateur qui nous transmet ses
impressions prises sur le vif.
Cher Monsieur,
Comment ne serais-je pas de votre avis!
Comment peut-on songer à vendre, pour une
somme quelconque d'argent, une ou plusieurs
de nos colonies ! qui sont des. parties de la
France et où des Français ont implanté,
défendu et fait aimer nos trois couleurs.
C'est le patrimoine de notre pays et une
(les sources de sa fortune !
1/histoirc n'est-elle pas un éternel recom-
mencement ! Après bien d'autres, Athènes et
Rome n'ont-elles pas colonisé; et avec quel
succès et profit?
Leurs déchéances n'ont-elles pas com-
mencé du jour où leur empire colonial s'est
effonlIré. En sommes-nous là?
Aujourd'hui, que deviendrait l'Angleterre
sans ses colonies?
L'Italie,ne sent-elle pas la nécessité d'aug-
inenter sa puissance coloniale et l'Allemagne
de la recouvrer? Non seulement au point de
vue richesse, mais au point de vue colonisa-
tion et propagande.
Et nous, après les efforts séculaires déjà
accomplis aux Antilles, au Sénégal, en
Extrme-Orient, en Algérie, Tunisie, Maroc,
nous abandonnerions lâchement ces coura-
geux colons qui, sans l'aide de la Métropole,
bien souvent, ont accompli au loin des mer-
veilles ou aussi s'y sont ruinés eux et leur
famille, à cause des difficultés insurmonta-
bles, souvent inhérentes au climat, à l'éloi-
gnement et au manque d'organisation des
services publics surtout!
Il y a, hélas! un parti énorme de gens qui
manifestent une grande indifférence pour
notre empire colonial, par ignorance sut-
tout.
Un député ne m'a-t-il pas demandé un
jour : « Tahiti est bien dans Madagascar t »
Un autre m'a écrit comme tant d'autres :
Tunis (Algérie).
De hauts fonctionnaires ne m'ont-ils pis
dit, au sujet dé l'avenir de telle ou telle co-
lonie : « Que voulez-vous c'est une question
de temps. »
Alors c'est l'abandon, le défaitisme, la dé-
chéance ! ! !
Qu'un commerçant qui se sent acculé à la
faillite, liquide sa situation, vende tout au
plus vite, c'est parfait, mais la France va-t-
elle vendre aussi les chefs-d'œuvre du Lou-
vre, lesi œuvres admirables qui ornent Paris,
de Carpeau, de Rude et autres; pourquoi
pas Notre-Dame et l'Arc de Triomphe, qui
feraient bonne figure à Chicago ou à New-
York.
Il y a aussi une raison plus forte que tou-
tes les autres qui doit nous attacher à nos
colonies, c'est l'appui si précieux qu'elles
nous ont apporté pendant la grande guerre,
appui que nous devrons leur rendre un jour
ou l'autre si elles nous appelaient à leur
aide.
Notre mission civilisatrice est, en plus, à
peine commencée, avons-nous le droit de la
transmettre à D'AUTRES puisqu'aucun de ces
peuples jeunes, est encore capable de se
diriger lui-même?
Non, la France n'est pas morte ! ! Elle
souffre du manque de direction. Après une
paix glorieuse, mais amolissante (comme
toujours), toutes les classes de la société
sentent aujourd'hui le besoin de réagir, de
se relever, de se remettre au travail et de
renoncer aux dancings.
Pour cela il faut un chef et conserver ses
colonies ! !
Excusez ce trop long bavardage, cher
Monsieur, je ne suis pas qualifié pour faire
de la politique et agréez l'assurance de mes
sentiments distingués.
Albert Aublet. :
M. René Pinon
professeur
à l'Ecole libre des Sciences politiques
Professeur dit cours de politique conton.
poraine à l'Ecole libre des Sciences politi-
ques, AI. René Pinon est un ardent défenseur
du prestige de la France tant en Europe que
dans les pays d'outre-mer et en particulier
d'Extrême-Orient. Il a écrit la Chine qui
s'ouvre ( sante étude sur l'Empire de la Méditerra-
née qui, par son chapitre sur l'entente fran-
co-italienne est, sans doute, utile à consul-
ter en ce moment de la tentative d'hégémonie
italienne de M. Mussolini. Vint ensuite la
Lutte pour le Pacifique, puis l'Europe et
l'Empire ottoman que suivit l'Europe et la
Jeune Turquie, qui ont placé M. René Pinon
au Premier rang des historiens des choses
d'Orient. L'opinion dit distingué successeur
de Francis Charmes et de M. Poincaré à la
chronique de la quinzaine de la Revue des
Deux Mondes, devait débuter par un aperçu
significatif de notre grande possession asiati-
que voisine de la Chine qui s'ouvre. M. René
Pinon estime que M. Alexandre Varenne a
prononcé trop tôt des paroles qui, pour pa-
raître partiellement justes, demandent à être
ex pliquées.
Profondément Français, il ne veut pas en-
tendre parler de vendre des Français, et il
souhaite que chaque pays conserve sa phy-
sionomie propre.
1 u En Indochine, pays de vieille et ori-
ginale civilisation, le but de l'action colo-
niale ne peut pas être de substituer notre ci-
vilisation à celle des populations indigènes;
il faut donc arriver à imprégner la civilisa-
tion indigène de tout ce que la nôtre peut lui
apporter d'assimilable et de convenable à ses
traditions et à ses hesoins; si bien que tout
naturellement la forte empreinte de la France
survivrait même à la fin de son (louverne-
ment. L'idéal serait la collalx>ration amicale.
Il no pourra être atteint qu'après de longs
efforts et à la condition que l'on n'en parle
jamais aux indigènes dont l'esprit n'est pas
encore apte à comprendre toutes les nuances
de la pensée française en pareille matière.
S'exprimer aussi nettement que l'a fait M.
Varenne, c'est encourager le parti favorable
à une indépendance qui se ferait contre nous.
11 faut s'appliquer à faire l'éducation d'une
jeunesse qui puisse comprendre que la com-
plète indépendance ne sera possible que par
la formation d'une élite capable d'organiser
un gouvernement et une administration en
s'adressant à la France comme conseillère.
Dans tous les cas, la France devrait garder
des avantages économiques et sauvegarder
pleinement les intérêts de ses nationaux.
2° Il ne saurait être question de vente de
certaines colonies. On ne conçoit même pas
que l'idée puisse en venir à des esprits édai-
rés. Une colonie, ce n'est pas seulement un
marché d'exportation et un réservoir de ma-
tières premières à l'usage de la métropole,
c'est avant tout un morceau d'humanité dont
la mère-patrie a pris en charge l'exhausse-
ment moral et matériel. On ne vend pas, on
n'échange pas des hommes. A plus forte rai-
son ne peut-il être question de vendre des
Français établis dans les colonies.
30 Oui, mais a. la condition de ne pas es-
pérer une impossible et d'ailleurs indésira-
ble centralisation : c'est l'unité dans la diver-
sité qu'il faut souhaiter, chaque pays gardant
sa physionomie propre et originale.
René Pinon.
Nous publions de nouveau la réponse de M
Nené Pinon et le « chapeau Il de cette réponse,
4Wjà parus dams les « Annales Coloniales ,, du
24 avril, et qui, par suite d'une erreur mntéricllc.
reproduisaient une épreuve non corrigée.
S. E. le Cardinal Dubois
S. E. le cardinal Dubois, archevêque de
Paris, a bien voulu dicter à l'lm de ses ca-
mériers à l'intention des Annales Colonia-
les, la réponse qu'on va lire. Une opinion
fort claire y succède à un non ""f'umus qui
nous avait d'abord un peu détet.
Puisse un prince de l'Eglise, que nous
avons vu paternellement bienveillant, en
d'mitres circonstances, aux journalistes, nous
pardonner ceci, qui n'est pas de l'exégèse,
mais seulement du journalisme ; cette opi-
nion est que les colonies doivent demeurer
inséparables de la métropole et que la 'mé-
tropole, pour s'assurer la fidélité de ses pos-
sessions lointaines, doit surtout compter sur
leur reconnaissance. Se faire aimer! Voilà
bien la vraie tradition du christianisme. La
parole cardinalice ne pouvait, en somme,
s'exprimer autrement. Mais il est curieux de
constater point n'est besoin pour cela
d'avoir sondé le cœur et les reins de M.
Alexandre Varenne que le vœu de Son
Eminence est le même que celui du député
socialiste.
Le voici *
ARCHEVÊCHÉ DE PARIS
Paris, le 20 avril 1926.
Les questions que les Annales Coloniales
ont posées à Son Eminence le Cardinal à
l'occasion d'un discours de M. Alex. Va-
renne ne sont pas de celles qui intéressent
directement l'Episcopat Catholique.
Son Eminence vous prie donc de l'excu-
ser de ne pas y répondre, sinon par le vœu
que les Colonies soient tellement redevables
à la Métropole qu'elles ne songent jamais
à s'en séparer.
Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de
mes sentiments distingués.
Ch. Delabar.
–-– 8..
A la Chambre de Commerce
de CASABLANCA
-o-e--
Parmi les questions examinées lors d'une
récente séance de la Chambre de Commerce
de Casablanca, nous avons noté celle des opé-
rations dans le port de Casablanca qui
leur lenteur causent de graves préjudices aux
armateurs de navires, surtout de la catégorie
des courriers tegutiers.
Pour plus de diligence dans l'examen d'une
question de cette importance pour le port de
Casablanca, le dossier de la question avait
été immédiatement versé à la Commission des
Travaux. Celle-ci donna lecture et analysa
les lettres du dossier, puis un échange de
vues a lieu, duquel il se dégage que l'insuf-
fisance de matériel constitue sans doute la
principale déterminante de la longue immo-
bilisation des navires. Quoi qu'il en soit. il
n'en reste pas moins que cette situation, déjà
des plus inquiétantes pour le présent, est de
nature à compromettre gravement l'avcnir du
Port de CasHolanca s'il n'y est pas remédié
en toute diligence et par tous les moyens ca-
pables d'effacer rapidement la mauvaise im-
pression première. La Commission fut donc
d'avis d'appuyer tiès fortement, auprès de
M. l'Ingénieur en Chef des Ponts et Chaus-
sées, la requête des Compagnies de Naviga-
tion.
Partageant pleinement cette opinion, la
Chambre décida de demander à l'Ingénieur
en Chef des Ponts et Chaussées de vouloir
bien venir examiner la question en prochaine
séance. L'action de la Compagnie sera orien-
tée d'après les résultats de cette entrevue.
La circonstance sera. mise à profit pour
entretenir à nouveau l'Ingénieur en Chef, de
la question des surfaces ai attribuer au Com-
merce, sur le Port, pour dépôt de céréales à
l'exportation.
Au sujet des taxes sanitaires appliquées au
cabotage, la Chambre de Commerce, après
avoir reçu des renseignements d'Algérie et de
Tunisie, a adopté la proposition suivante :
Il' n'acccpter, peur les navires irréguliers
la réduction de taxe de o fr. 10 a o fr. 05
pioposée par l'Administration :
2" De demander que tout navire caboteur
voyageant habituellement entre les ports du
Maroc soit totalement exonéré de taxes sa-
nitaires.
La Chambre adopte à l'unanimité cette
propo:-ition et décide de saisir de la question
M. le Directeur Général de l'Agriculture, du
Commerce et de la Colonisation.
La Chambre de Commerce a ouvert une en-
quête en vue de la création d'un Conseil de
prud'hommes auprès de tous les groupements
corporatifs et principalement des firmes com-
merciales et industrielles dont la spécialité
n'est pas représentée dans les groupements
existants.
Randonnée aérienne dans le bassin méditerranéen
–0-0–
Hier matin est parti de Villacoublay un
avion de tourisme piloté par l'aviateur Cou-
ron et ayant comme passager l'ingénieur en
chef Hirschaucr.
Cet avion effectuera autour du bassin mé-
diterranéen un voyage de propagande de
12.000 kilomètres.
La propagande coloniale
L'Agence Economique du Gouvernement
Général de l'A.O.F., nous informe de la cons-
titution de nouveaux Comités de propagande
coloniale ; ce sont ceux de Dunkerque, M.
Gambelin, secrétaire général : Caen, docteur
Le Boucher, secrétaire général , Nantes, M.
Collet, secrétaire général ; Colmar, M. Jac-
ques Schlumborger, secrétaire général, et
Rennes, M. Grillet, secrétaire général.
Rappelons qu'il en existait déjà à Troyes,
Avignon, Cherbourg, Metz, Rouen, La Ro-
chelle et Nice.
L'AMOUR DE SOI
0-0
Un procès bien curieux vient de se dérouler
à Borna, au Congo belge. Un chef indigène,
à qui il était arrivé un grave accident. avait été
contraint de se (aire amputer d'une jambe.
L'opération terminée, le chef réclama sa jambe
pour la manger, disait-il. Le médecin européen,
se basant sur le fait que le cannibalisme est
interdit au Congo, refusa de donner satisfaction
à son client. Mais ce dernier ne l'entendit pas
de cette oreille ! Il se pourvut d'un avocat et
traîna le médecin et la direction de la clinique
devant le tribunal, en demandant qu'on lui res-
tituât son bien. Le tribunal a jugé l'affaire et a
condamné l'hôpital à rendre au chef indigène sa
jambe qu'il digérera, certes, fort bien, car cette
pattie du corps a toujours été fort appréciée par
les anthropophages. 11 paraît que le médecin
avait mis la jambe dans un bain d'alcool. Alors
ce sera bien meilleur !
Le Nifistre des Colories de Belfiqte
M. PéTîhor (libérnh a reçu l portefeuille
des Colonies dans le ministre formé par
M. Brunet (socio-liste).
TAUX DE LA PIASTRE
0
A la date du 8 mni, te taux des achats à terme
sur Pa-
do la .piastre était le suivant à Saïcon. 60 jours,
ris : 8 jours 18 70; 30 jours, 18 80; 60 jOUM,
18 00 ; 90 jours, 19.
En manière de conclusion
-0-0-
A
Les Annales Coloniales publient
d'attire part la dernière série de
réponses à V enquête que nous
avovs entreprise :
/'t'iirquoi colonisons-nous ?
Qu'il nous soil permis ici de remercier
nos éminents correspondants qui ont tellll à
apporter leur opinion dans cet important
débat.
Peut-être nos lecteurs se sont étonnes de
ne pas voir des réponses d'hommes quali-
fies, membres de VInstitut, anciens minis-
tres, professeurs d'Université, écrivains il-
lustres, syndicalistes notoires, députés et sé-
nateurs, présidents ou membres de grandes
commissions parlollo/ttlires? l'unanimité de
ce qui compte a été sollicité, ceux qui n'ont
point répondu ont indiqué par là même,
qu'ils n'avaient pas d'opinion sur la ques-
tion ou qu'ils s'en désintéressaient.
Tel quel il semble cependant que le pro-
hl etne a été abordé par nos correspondants
sur toutes ses Jous.
Les coloniaux, ceux qui ont vu, soit qu'ils
aient fait au-delà des mers une carrière
longue et souvent brillante, soit qu'ils
aient parcouru tout ou partie de notre em-
pire colonial, on ceux qui ont acquis
leur com pétence dans une culture déve-
loppée et une méditation approfondie
de l'histoire et de Vévolution des peu ples,
sont unanimes à dire : il ne peut être ques-
tion d'abandonner pour de l'argent ou non
quoi que ce soit de notre empire.
Les sociologues, les philosophes seraient
davantage tentés par un départ prématuré.
/.es économistes verraient a la vente de
certaines de nos colonies un bénéfice immé-
dial, mais presf/ttt* tons les fils de la Révo-
lution repoussent l'idée de vendre, en
mémï temps que la terre qu'ils cultivent, des
hommes, que ce soient des compatriotes
pionniers de la plu's grande France ou des
indigènes qui. librement ou non, ont
accepté la tutelle de la France et y trouvent,
même les plus passionnément hostiles, des
bienfaits qu'ils ne nient pas dans l'illii.
mité.
De grands écrivains catholiques ou roya-
listes comme Louis Bertrand et Marcel ROll.
lenger, fidèles à une tradition séculaire, tll-
visagent d'un cœur léger la vente rémunéra-
trice de nos colonies.
Quand le feu est à la maison, disait Vol-
taire, on ne s'occupe pas des écuries.
1. 'archevêque de Paris dans la réponse la-
conique qu'il nous a fait parvenir par la
plume d'un de ses chanoines ne semble pas
partager l'avis de M. Louis Bertrand.
Les deux femmes M mes Lucie Delà rue
Mardrus et FJissa Rhais ai'ec leur sensibi-
lité et leur coin préhension si vive de l'âme
indigène sont les moins enthousiastes. Peut-
être ont-elles trop T U le côté jardin du décor
et ont-elles négligé le côté cour, c'est-à-dire
le travail, la prospérité économique, les pro-
grès de l'assistance médicale et de l'hveiene,
œuvre d éducation et d'instruction, fil trop
d'endroits ébauchée seulement, mais où par-
tout nous devons donner nos soins de plus
en plus.
Mais dans f ensemble, l'opinion de nos
correspondants est presque unanime, elle
doit correspondre à celle de l'immense ma-
jorité de nos compatriotes qui aiment pres-
que tlulallt nos colonies qu'ils déplorent les
hostilités ensanglantant, depuis de longs
mois, le Maroc et la Syrie.
Toutes nos colonies sont filles de France :
naturelles, légitimes ou bâtardes, elles ont
droit à une place, de choix dans la grande
famille.
Tes abandonner ou les vendre avant d'y
avoir accompli Vœu:re de civilisation, de
collaboration économique et d'émancipation
sociale que nous devons y accom plir, relè-
verait du tribunal de Vlrumànité.
Marcel Ruedel
Dans mon éditorial d'hier, une faute d'im- !
pression m'a fait dire exactement le contraire
de ce que j'avais écrit. v
Il fallait lire : « Dans le Puy-de-Dôme, les
progrès industriels autour de "Clermont-Ker-
rand ont dépeuplé la campagne à 50 kilomè-
tres à la ronde », et non pas repeuple.
Selon 1 usage, les lecteurs ont corrigé d'eux-
mêmes.
1
Lois, Décrets, Arrêtés
Décret du 4 mai 126 promulgant aux Iles
Saint-Pierre et Miquelon. la loi du 18 avril
1918 modifiant le taux de 1 intérêt légal.
Aux tonnes de ce décret, l'intérêt légal est
porté à 5 0/0 en matière civile ft 4) 0/0 en ma-
tière commerciale.
(J. 0. du 10 mai 1920.)
-
Le cours du riz
8 mai
SAIGON
h's 1 .(KtO kilt>s on piastres
Riz no 1, 25 %brisures tn 70
Hi", no 2, 10 brisures HM» 20
Riz n° 2, 50 brisures 100 70
Hrisnrl's no t et 2 H5 50
Rrisures n° et i 73 50
Farines 2lJ wi
Paddy Vinh-Long W) 50
Paddy Oo-Cong 6a 50
Paddy Raixau b2 50
Paddy Rac-Lieu tW 50
Coprah (les 100 kilos) 17 70
(Par dépêche Indnpacili.
Dépêches de l'Indochine
---<)-0-
Secrétaires de banque en grève
.1 la suite du renvoi, lundi matin, de
deux secrétaires annamites de la Banque
d'Indochine lui n'avaient pan suivi les ins-
tructions données de revenir travailler S(I.
medi après-midi, une dJWijation de secré-
taires fil ,I,'.s démarches auprès de La di-
icrtion pou l' la réintégration tI" te-urs cama-
rades. Xur l,' refus du directrtir, tous tes
secrétaires annamites, au mmibre de îrv),
ont quitté le travail hier à 15 heures.
Loyalisme
Les manifestations se multiplient sur le
liassage dit. (jouoerneur Général, en route
pour Ualaf. Celle qui eut lieu à la gare do
lIul/Ot surprit par sa tenue et sa sponta-
néité fous rcu.r qui connaissent le mieux le,
pa!/s. Ce sont maintenant k populations
de l'.Aunam qui, à leur tour, viennent, filà
devant ilu chrf île la Colonie.
Le (Ionverneur (iénéral arriva le 2 mai
à lIu. après avoir visité les résutences
de Vinli. Ilutinh et de [)o".gllo;..:tu chef-
lieu do rhueune de ces provinces, et dans
la eu pilule de 1' nnnm une foule considé-
rable. accourue 4tr [UlIS l''s ctit,:s et com-
prenant ifes représentants de toutes les
classes de /(/ population fit au Cou verneur
un accueil elialeuren.r. Des orateurs dirent
que la population avait étconduise par
ses déclarations d'homme de en ur et que
S<*s premiers aeh's lui valaient (/ne grati-
tude gène raie et profonde. Us le remerciè-
rent d'ai nir apporté à une politique iU'ftuis
'1/1//,\' affirmée, la noir nouvelle ,le
la rétdisatinn. Ils lui demandèrent de. net
Se laissef- rebuta' par aiwun t>hsta< le, au-
cune attaque, et lui don aèrent l'assurance
que sesles détracteurs et les ennemis du peuple,
annamite, dont le cicur est tout entier avec
lui. pour assure,- sur les tmses d'une mu-
tuelle estime, lu collaboration chaque jour
plus étroit<• entre Annamites et Français.
Parmi les inscriptions portées sur les
handerolles fendues en de nombreux en-
droits. ne a remarqué, en. particulier celle
qui ornait le fronton du temple de la litté-
rature à Yiuh et qui était ainsi conçue, :
nnnnmite ».
Les radios d'Indochine
–0-0–
Il est signalé qu' en raison des variation*
atmosphériques, les radios venant de Saigon
parviendront parfois, sans doute, durant l'été,
avec un peu de retard.
Les « parasites » aiment la chaleur. comme
le savent bien tous les amateurs de T. S. F., et
troublent particulièrement par temps orageux la
course des ondes.
Radiotéléphonites. vivent la pluie. et ia
nuit !
-0680
Le marché du riz de Saigon
Situation !Jl;/IC/dlt', - \LÜC!IL' tlt..::-; ".¡!lll'':.
Les ailaii 'i en ru sjiiI limitées au muJviie
d'Kxtrénic-Oiiciit. L'Europe n'est pas inté-
ressée. Ij'é!é\atluii tirs ,pi':x se jusulic seu-
lement pur la rarete des annaye.s pad-
dy ù l'in'erieur de Cliolon, qui s ,"lIfti.:::iallt pour pennetli e lYx'utti>:i dea
contrats « i: cours.
li(Z. Marché très calme salis a!taHYn.
Les prix unt tendance a ia Kusse.
Itrisures. - Les demandes de Franco
ont été tiinp! 'l l;uilc;> et elles lit uilluenco
les cours. t.:.lùllll'L' 1res ferme. L'-s stocks
ont été iliMllédmteUlellt absorbe?.
l'ariues fuisses blanches. ( Q uelques af-
faires traitées su - l'Kuptpe. Peu de deman-
des de tUune.
Cargo. Mardié sans affaires. L"S prix
sont slatiunnaires.
i'aildg. L' paddy toujours mre. arrive
aux usines en quantité a peine suttisaute,
Ce qui 'lie S > U e*ll t leS USlllU'lS. i .eS pflX
se niaintieiineiit f.urt élevés.
Aucun s tock.
liécolte. La récolte est terminée.
Exportations. LYxpi.rUiticn du riz par
Saïifon pendant lad'avril a atleinl : lOri/.r.O t >nnes ù s-avoir :
liiz blanc : sur France, ;1.7) \¡I!IIl,-'S ;
sur étranger. SU.2S-4- tonnes.
liiz cargo sur France, néant : sm étran-
^•er. ;5. i j n<
l'addg : sur Framv. néa.nt : sur étran-
ger. :'!.u')nt'nn.
lirisures : sur Fraivv, 2.KH t ̃•unes ; sur
étranger. i.:tH ¡"lllll't-:.
Farines : sur h'rance néanl : sur étran-
ger.
,. Le total général pour 1 C.orhinehine de-
puis le pr janvier est d,-- :>i:».:V70 tonnes.
Les exportations par Haïphong
Le 'lolal des exportaii<'lis de Ii", par lla<-
plruiLî dînant avril <
V'i-2 loniies. savoir
liiz bbme : sur la France, néant ; sur
l'étranger. 29.2*7 tonnes.
lirisures : sur la France, néant : sur
j'lrdll!.!I>,J', 2 tonnes.
lii: cargo : sur la France, néant ; sut*
l'étranger. ir>3 tonnes.
Paddij : Noant.
Le total général des sorties de riz du
Tonkiii depuis le Fr janvier ont Atteint.
CJl.-;
(Par dépêche lit
Le pôle Nord survolé
–» 00
Le"' commandant E. Ryrd, de a marino am»"-
ricaine. qui a atteint le nmai le pôle Nord
en avion est revenu au Spitzherg en 15 h..()
de vol. F.n une poignée d'heiurs, 1 aviateur
américain est monté au sommet du monde et
est revenu aux terres civilisées. F.n un temps
minime, il a accompli ce qu e.n seul homme
avant lui a été capable de faire aprfs des
•a wmmuo i » entra»
MARDI SOIR, Il MAt tUMO
-..,,-
Les Annales (tëolomales
JOURNAL QUOT
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LU AJatALU COLOIIIALU- SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOUHNAL
LmAmmteta HRklamm mwI M pm «m Bunmu
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
RéfceiiM et AteiabiratMB : 34, Rue du Mont-Thator, PARIS-1* TWphin t LOOftI 11-17
Ui ta 0 raoii 8 mIi
I8QMERMH ( Franc e et Colonin. - - - 60 e 45. 18.
lEt,.,. MM w « w 18.
Oa •'abonna dui t. lei Biimw Am pOlIe et ch– Im priadp«u Uhrthrti
Pourquoi colonisons-nous ?
, ABANDON? VENTE? - ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
fécemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne. Gouverneur Général de
l'Indochine.
Au cours de sen exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoï, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
hnssadeur de France à Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, mais n en
serait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver. ce but f
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
Claude Farrère, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de euerre. Ci oyez-vous qu'au XX. siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés là-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Kouit XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu'un
jour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée, permettra de considérer toutes les par-
celles du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un même
furps ayant les mêmes aspirations, le même
idéal P -
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalité".
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. François-Mar-
ml, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel Boutener.
Victor Maigueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymohd Poincaré, Aimé Bertfcod, B. Dia-
pe, le docteur Marchoux, Fernand Laudet,
Francis de Croisset, le marquis de Barthé-
lémy, Emile Bourgeois, Gruvel. Mme Elissa
bals, MM. Charles Debierre, le vicomte dt
Guichen. Pierre Bonardi, Fescourt, Gros-
claude Valude, René Pinon, le professeur
JeaDsctme. Paul Reboux, Morinaud, Augus-
tin Bernard et Ossip Lourié.
En voici de nouvelles ;
M. 1. Tournait
sénateur du Gers
Fonctionnaire, docteur en droit, M.
Touman quitta son bureau pour représenter
de 1910 à 1910 les électeurs de Varrondisse-
ment de Lombet.
Le scrutin du 16 novembre n ayant pas été
favorable aux républicains, il revint pren-
dre sa place au ministère.
Les électeurs sénatoriaux du Gers le ren-
voyèrent siéger dans la haute Assemblée le
6 janvier 1924 à une énorme majorité. Lors
de son passage à la Chambre, les questions
coloniales le passionnaient; il est venu plu-
sieurs fois aux Annales Coloniales s'en en-
tretenir avec nous. Au Luxembourg, il suit
avec la plus vigilante attention les grands
problèmes de la mise en valeur de notre
empire et il a tenu à se rendre compte, ait
cours de plusieurs voyages en Afrique Occi-
dentale française, de l'essor de l'une de nos
fins belles possessions.
Monsieur le Directeur,
C'est avec plaisir que je réponds aux
questions que vous m'avez fait l'honneur de
me poser.
Je considère comme vaines, comme stériles
les controverses qui se sont élevées ces temps
derniers sur l'évolution future de nos colo-
nies. Trop de facteurs encore inconnus peu-
vent intervenir pour déterminer le sens de
rrtte évolution. Les peuples si divers qui
vivent sous notre drapeau peuvent, d'ailleurs,
suivre des orientations différentes.
Mais quelles que soient les perspectives
qui apparaissent comme les plus probables,
je ne crois pas que nous devions en faire
dépendre notre système de colonisation.
l'our moi, notre domination sur les l'ays
d'outre-mer ne se justifie que par les bien-
faits que nous apportons aux indigènes.
Nous devons donc nous préoccuper d'abord
de leur assurer la sécurité, le bien-être et
tous les avantages de la civilisation.
Que nos industriels, nos commerçants, nos
agriculteurs mêmes, trouvent dans ces pays
pacifiés et outillés par l'administration lrtn-
aisc, un champ d'action propre, nous ne
pouvons que nous en féliciter ; j ar leur
effort équitablement réglé développera la
prospérité tant des colonies que de la métro-
pole. Des relations de plus en plus étroites
s'établiront entre colons et indigènes et une
civilisation parente de la nôtre se consti-
tuera sur ces terres lointaines. Ainsi* notre
effort désintéressé pourra devenir éminem-
ment fécond.
L'empreinte de Rome sur le monde médi-
terranéen fut assez profonde pour que,
quinze cents ans après la chute de son em-
pire, les peuples latins se reconnaissent en-
core des affinités naturelles qui les prédis-
posent à la coopération politique et économi-
que. Pourquoi notre œuvre d'organisation
et d'éducation ne pourrait-elle pas exercer
aux colonies une semblable influence? Pour-
quoi nos compatriotes qui se sont fixés sous
toutes les latitudes n'y répandraient-ils pas
ayee autant de succès la culture française?
Et n'est-ce pas là la plus haute ambition que
notre pays puisse concevoir l
Travamel u progrès de l'humanité, c'est
la tendance primordiale de son génie; mais
en la matière son intérêt s'accorde avec ses
aspirations généreuses. Qui pourrait dédai-
gner le concours que les colonies prêtent
déjà à notre activité économique et surtout
celui qu'elles sont susceptibles de lui appor-
ter dans l'avenir? Qui pourrait oublier la
part qu'elles ont prise et qu'elles continuent
de prendre à la défense nationale? Singu-
liers réalistes que ceux qui proposent de ven-
dre certaines de nos possessions pour payer
des dettes de guerre! C'est un nouveau mar-
ché d'Esaii qu'ils préconisent. Au reste, le
temps n'est plus où l'on pouvait échanger
des populations contre espèces sonnantes.
Ma conclusion sera donc très nette. Loin
de se perdre en conjectures,, notre pays n'a
qu'à continuer sans relâche, sans diversion
d'aucune sorte la mission civilisatrice qu'il
a si heureusement assumée. Même s'il ne
devait pas en retirer tous les profits maté-
riels qu'il peut légitimement en attendre, son
expansion en élevant les peuples placés sous
son égide, en les pénétrant de son idéal de
liberté et (le justice. contribuera à établir
dans le monde les fondements de la paix
générale. Quoi qu'il advienne donc, nous
n'aurons nullement à regretter nos sacrifices.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur,
mes salutations les plus distinuuées.
Touman.
Sénateur du Gt"'S.
M. Albert Aublet
.1/. Albert Aublet figure tlll tout premier
rang des orientalistes, à côté de Dinet, de Ro-
chegrosse, de Félix Régamey, de Romberg,
d'Edouard Doigneau. Au lendemain du Sa-
Ion, faut-il rappeler ses envois qui obtiennent
toujours autant de slluès, et fCMtMtC il fut un
des premiers à adopter Neu:ll\ au tembs où
cette, élégante annexe de la capitale n avait
pas encore bisn tourné f Comme cela
nous remonte loin, presque au temps où
Albert Aublet peignait ses nymphes sortant de
fonde devant l'étang de Saint-Citcitta.1 De
même il a adopté Tunis la Blanche, qu'il sait
nous faire vivre avec son pinceau comme
Myrriant Harry avec sa plume. Tous les hi-
vers, Albert Atiblet va dans la Régence et il
en revient chaque printem ps pourvu d'une
ample moisson où les coloris le disputent à la
vie, la sincérité à la vigueur d'expression.
C'est un observateur qui nous transmet ses
impressions prises sur le vif.
Cher Monsieur,
Comment ne serais-je pas de votre avis!
Comment peut-on songer à vendre, pour une
somme quelconque d'argent, une ou plusieurs
de nos colonies ! qui sont des. parties de la
France et où des Français ont implanté,
défendu et fait aimer nos trois couleurs.
C'est le patrimoine de notre pays et une
(les sources de sa fortune !
1/histoirc n'est-elle pas un éternel recom-
mencement ! Après bien d'autres, Athènes et
Rome n'ont-elles pas colonisé; et avec quel
succès et profit?
Leurs déchéances n'ont-elles pas com-
mencé du jour où leur empire colonial s'est
effonlIré. En sommes-nous là?
Aujourd'hui, que deviendrait l'Angleterre
sans ses colonies?
L'Italie,ne sent-elle pas la nécessité d'aug-
inenter sa puissance coloniale et l'Allemagne
de la recouvrer? Non seulement au point de
vue richesse, mais au point de vue colonisa-
tion et propagande.
Et nous, après les efforts séculaires déjà
accomplis aux Antilles, au Sénégal, en
Extrme-Orient, en Algérie, Tunisie, Maroc,
nous abandonnerions lâchement ces coura-
geux colons qui, sans l'aide de la Métropole,
bien souvent, ont accompli au loin des mer-
veilles ou aussi s'y sont ruinés eux et leur
famille, à cause des difficultés insurmonta-
bles, souvent inhérentes au climat, à l'éloi-
gnement et au manque d'organisation des
services publics surtout!
Il y a, hélas! un parti énorme de gens qui
manifestent une grande indifférence pour
notre empire colonial, par ignorance sut-
tout.
Un député ne m'a-t-il pas demandé un
jour : « Tahiti est bien dans Madagascar t »
Un autre m'a écrit comme tant d'autres :
Tunis (Algérie).
De hauts fonctionnaires ne m'ont-ils pis
dit, au sujet dé l'avenir de telle ou telle co-
lonie : « Que voulez-vous c'est une question
de temps. »
Alors c'est l'abandon, le défaitisme, la dé-
chéance ! ! !
Qu'un commerçant qui se sent acculé à la
faillite, liquide sa situation, vende tout au
plus vite, c'est parfait, mais la France va-t-
elle vendre aussi les chefs-d'œuvre du Lou-
vre, lesi œuvres admirables qui ornent Paris,
de Carpeau, de Rude et autres; pourquoi
pas Notre-Dame et l'Arc de Triomphe, qui
feraient bonne figure à Chicago ou à New-
York.
Il y a aussi une raison plus forte que tou-
tes les autres qui doit nous attacher à nos
colonies, c'est l'appui si précieux qu'elles
nous ont apporté pendant la grande guerre,
appui que nous devrons leur rendre un jour
ou l'autre si elles nous appelaient à leur
aide.
Notre mission civilisatrice est, en plus, à
peine commencée, avons-nous le droit de la
transmettre à D'AUTRES puisqu'aucun de ces
peuples jeunes, est encore capable de se
diriger lui-même?
Non, la France n'est pas morte ! ! Elle
souffre du manque de direction. Après une
paix glorieuse, mais amolissante (comme
toujours), toutes les classes de la société
sentent aujourd'hui le besoin de réagir, de
se relever, de se remettre au travail et de
renoncer aux dancings.
Pour cela il faut un chef et conserver ses
colonies ! !
Excusez ce trop long bavardage, cher
Monsieur, je ne suis pas qualifié pour faire
de la politique et agréez l'assurance de mes
sentiments distingués.
Albert Aublet. :
M. René Pinon
professeur
à l'Ecole libre des Sciences politiques
Professeur dit cours de politique conton.
poraine à l'Ecole libre des Sciences politi-
ques, AI. René Pinon est un ardent défenseur
du prestige de la France tant en Europe que
dans les pays d'outre-mer et en particulier
d'Extrême-Orient. Il a écrit la Chine qui
s'ouvre (
née qui, par son chapitre sur l'entente fran-
co-italienne est, sans doute, utile à consul-
ter en ce moment de la tentative d'hégémonie
italienne de M. Mussolini. Vint ensuite la
Lutte pour le Pacifique, puis l'Europe et
l'Empire ottoman que suivit l'Europe et la
Jeune Turquie, qui ont placé M. René Pinon
au Premier rang des historiens des choses
d'Orient. L'opinion dit distingué successeur
de Francis Charmes et de M. Poincaré à la
chronique de la quinzaine de la Revue des
Deux Mondes, devait débuter par un aperçu
significatif de notre grande possession asiati-
que voisine de la Chine qui s'ouvre. M. René
Pinon estime que M. Alexandre Varenne a
prononcé trop tôt des paroles qui, pour pa-
raître partiellement justes, demandent à être
ex pliquées.
Profondément Français, il ne veut pas en-
tendre parler de vendre des Français, et il
souhaite que chaque pays conserve sa phy-
sionomie propre.
1 u En Indochine, pays de vieille et ori-
ginale civilisation, le but de l'action colo-
niale ne peut pas être de substituer notre ci-
vilisation à celle des populations indigènes;
il faut donc arriver à imprégner la civilisa-
tion indigène de tout ce que la nôtre peut lui
apporter d'assimilable et de convenable à ses
traditions et à ses hesoins; si bien que tout
naturellement la forte empreinte de la France
survivrait même à la fin de son (louverne-
ment. L'idéal serait la collalx>ration amicale.
Il no pourra être atteint qu'après de longs
efforts et à la condition que l'on n'en parle
jamais aux indigènes dont l'esprit n'est pas
encore apte à comprendre toutes les nuances
de la pensée française en pareille matière.
S'exprimer aussi nettement que l'a fait M.
Varenne, c'est encourager le parti favorable
à une indépendance qui se ferait contre nous.
11 faut s'appliquer à faire l'éducation d'une
jeunesse qui puisse comprendre que la com-
plète indépendance ne sera possible que par
la formation d'une élite capable d'organiser
un gouvernement et une administration en
s'adressant à la France comme conseillère.
Dans tous les cas, la France devrait garder
des avantages économiques et sauvegarder
pleinement les intérêts de ses nationaux.
2° Il ne saurait être question de vente de
certaines colonies. On ne conçoit même pas
que l'idée puisse en venir à des esprits édai-
rés. Une colonie, ce n'est pas seulement un
marché d'exportation et un réservoir de ma-
tières premières à l'usage de la métropole,
c'est avant tout un morceau d'humanité dont
la mère-patrie a pris en charge l'exhausse-
ment moral et matériel. On ne vend pas, on
n'échange pas des hommes. A plus forte rai-
son ne peut-il être question de vendre des
Français établis dans les colonies.
30 Oui, mais a. la condition de ne pas es-
pérer une impossible et d'ailleurs indésira-
ble centralisation : c'est l'unité dans la diver-
sité qu'il faut souhaiter, chaque pays gardant
sa physionomie propre et originale.
René Pinon.
Nous publions de nouveau la réponse de M
Nené Pinon et le « chapeau Il de cette réponse,
4Wjà parus dams les « Annales Coloniales ,, du
24 avril, et qui, par suite d'une erreur mntéricllc.
reproduisaient une épreuve non corrigée.
S. E. le Cardinal Dubois
S. E. le cardinal Dubois, archevêque de
Paris, a bien voulu dicter à l'lm de ses ca-
mériers à l'intention des Annales Colonia-
les, la réponse qu'on va lire. Une opinion
fort claire y succède à un non ""f'umus qui
nous avait d'abord un peu détet.
Puisse un prince de l'Eglise, que nous
avons vu paternellement bienveillant, en
d'mitres circonstances, aux journalistes, nous
pardonner ceci, qui n'est pas de l'exégèse,
mais seulement du journalisme ; cette opi-
nion est que les colonies doivent demeurer
inséparables de la métropole et que la 'mé-
tropole, pour s'assurer la fidélité de ses pos-
sessions lointaines, doit surtout compter sur
leur reconnaissance. Se faire aimer! Voilà
bien la vraie tradition du christianisme. La
parole cardinalice ne pouvait, en somme,
s'exprimer autrement. Mais il est curieux de
constater point n'est besoin pour cela
d'avoir sondé le cœur et les reins de M.
Alexandre Varenne que le vœu de Son
Eminence est le même que celui du député
socialiste.
Le voici *
ARCHEVÊCHÉ DE PARIS
Paris, le 20 avril 1926.
Les questions que les Annales Coloniales
ont posées à Son Eminence le Cardinal à
l'occasion d'un discours de M. Alex. Va-
renne ne sont pas de celles qui intéressent
directement l'Episcopat Catholique.
Son Eminence vous prie donc de l'excu-
ser de ne pas y répondre, sinon par le vœu
que les Colonies soient tellement redevables
à la Métropole qu'elles ne songent jamais
à s'en séparer.
Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de
mes sentiments distingués.
Ch. Delabar.
–-– 8..
A la Chambre de Commerce
de CASABLANCA
-o-e--
Parmi les questions examinées lors d'une
récente séance de la Chambre de Commerce
de Casablanca, nous avons noté celle des opé-
rations dans le port de Casablanca qui
leur lenteur causent de graves préjudices aux
armateurs de navires, surtout de la catégorie
des courriers tegutiers.
Pour plus de diligence dans l'examen d'une
question de cette importance pour le port de
Casablanca, le dossier de la question avait
été immédiatement versé à la Commission des
Travaux. Celle-ci donna lecture et analysa
les lettres du dossier, puis un échange de
vues a lieu, duquel il se dégage que l'insuf-
fisance de matériel constitue sans doute la
principale déterminante de la longue immo-
bilisation des navires. Quoi qu'il en soit. il
n'en reste pas moins que cette situation, déjà
des plus inquiétantes pour le présent, est de
nature à compromettre gravement l'avcnir du
Port de CasHolanca s'il n'y est pas remédié
en toute diligence et par tous les moyens ca-
pables d'effacer rapidement la mauvaise im-
pression première. La Commission fut donc
d'avis d'appuyer tiès fortement, auprès de
M. l'Ingénieur en Chef des Ponts et Chaus-
sées, la requête des Compagnies de Naviga-
tion.
Partageant pleinement cette opinion, la
Chambre décida de demander à l'Ingénieur
en Chef des Ponts et Chaussées de vouloir
bien venir examiner la question en prochaine
séance. L'action de la Compagnie sera orien-
tée d'après les résultats de cette entrevue.
La circonstance sera. mise à profit pour
entretenir à nouveau l'Ingénieur en Chef, de
la question des surfaces ai attribuer au Com-
merce, sur le Port, pour dépôt de céréales à
l'exportation.
Au sujet des taxes sanitaires appliquées au
cabotage, la Chambre de Commerce, après
avoir reçu des renseignements d'Algérie et de
Tunisie, a adopté la proposition suivante :
Il' n'acccpter, peur les navires irréguliers
la réduction de taxe de o fr. 10 a o fr. 05
pioposée par l'Administration :
2" De demander que tout navire caboteur
voyageant habituellement entre les ports du
Maroc soit totalement exonéré de taxes sa-
nitaires.
La Chambre adopte à l'unanimité cette
propo:-ition et décide de saisir de la question
M. le Directeur Général de l'Agriculture, du
Commerce et de la Colonisation.
La Chambre de Commerce a ouvert une en-
quête en vue de la création d'un Conseil de
prud'hommes auprès de tous les groupements
corporatifs et principalement des firmes com-
merciales et industrielles dont la spécialité
n'est pas représentée dans les groupements
existants.
Randonnée aérienne dans le bassin méditerranéen
–0-0–
Hier matin est parti de Villacoublay un
avion de tourisme piloté par l'aviateur Cou-
ron et ayant comme passager l'ingénieur en
chef Hirschaucr.
Cet avion effectuera autour du bassin mé-
diterranéen un voyage de propagande de
12.000 kilomètres.
La propagande coloniale
L'Agence Economique du Gouvernement
Général de l'A.O.F., nous informe de la cons-
titution de nouveaux Comités de propagande
coloniale ; ce sont ceux de Dunkerque, M.
Gambelin, secrétaire général : Caen, docteur
Le Boucher, secrétaire général , Nantes, M.
Collet, secrétaire général ; Colmar, M. Jac-
ques Schlumborger, secrétaire général, et
Rennes, M. Grillet, secrétaire général.
Rappelons qu'il en existait déjà à Troyes,
Avignon, Cherbourg, Metz, Rouen, La Ro-
chelle et Nice.
L'AMOUR DE SOI
0-0
Un procès bien curieux vient de se dérouler
à Borna, au Congo belge. Un chef indigène,
à qui il était arrivé un grave accident. avait été
contraint de se (aire amputer d'une jambe.
L'opération terminée, le chef réclama sa jambe
pour la manger, disait-il. Le médecin européen,
se basant sur le fait que le cannibalisme est
interdit au Congo, refusa de donner satisfaction
à son client. Mais ce dernier ne l'entendit pas
de cette oreille ! Il se pourvut d'un avocat et
traîna le médecin et la direction de la clinique
devant le tribunal, en demandant qu'on lui res-
tituât son bien. Le tribunal a jugé l'affaire et a
condamné l'hôpital à rendre au chef indigène sa
jambe qu'il digérera, certes, fort bien, car cette
pattie du corps a toujours été fort appréciée par
les anthropophages. 11 paraît que le médecin
avait mis la jambe dans un bain d'alcool. Alors
ce sera bien meilleur !
Le Nifistre des Colories de Belfiqte
M. PéTîhor (libérnh a reçu l portefeuille
des Colonies dans le ministre formé par
M. Brunet (socio-liste).
TAUX DE LA PIASTRE
0
A la date du 8 mni, te taux des achats à terme
sur Pa-
do la .piastre était le suivant à Saïcon. 60 jours,
ris : 8 jours 18 70; 30 jours, 18 80; 60 jOUM,
18 00 ; 90 jours, 19.
En manière de conclusion
-0-0-
A
Les Annales Coloniales publient
d'attire part la dernière série de
réponses à V enquête que nous
avovs entreprise :
/'t'iirquoi colonisons-nous ?
Qu'il nous soil permis ici de remercier
nos éminents correspondants qui ont tellll à
apporter leur opinion dans cet important
débat.
Peut-être nos lecteurs se sont étonnes de
ne pas voir des réponses d'hommes quali-
fies, membres de VInstitut, anciens minis-
tres, professeurs d'Université, écrivains il-
lustres, syndicalistes notoires, députés et sé-
nateurs, présidents ou membres de grandes
commissions parlollo/ttlires? l'unanimité de
ce qui compte a été sollicité, ceux qui n'ont
point répondu ont indiqué par là même,
qu'ils n'avaient pas d'opinion sur la ques-
tion ou qu'ils s'en désintéressaient.
Tel quel il semble cependant que le pro-
hl etne a été abordé par nos correspondants
sur toutes ses Jous.
Les coloniaux, ceux qui ont vu, soit qu'ils
aient fait au-delà des mers une carrière
longue et souvent brillante, soit qu'ils
aient parcouru tout ou partie de notre em-
pire colonial, on ceux qui ont acquis
leur com pétence dans une culture déve-
loppée et une méditation approfondie
de l'histoire et de Vévolution des peu ples,
sont unanimes à dire : il ne peut être ques-
tion d'abandonner pour de l'argent ou non
quoi que ce soit de notre empire.
Les sociologues, les philosophes seraient
davantage tentés par un départ prématuré.
/.es économistes verraient a la vente de
certaines de nos colonies un bénéfice immé-
dial, mais presf/ttt* tons les fils de la Révo-
lution repoussent l'idée de vendre, en
mémï temps que la terre qu'ils cultivent, des
hommes, que ce soient des compatriotes
pionniers de la plu's grande France ou des
indigènes qui. librement ou non, ont
accepté la tutelle de la France et y trouvent,
même les plus passionnément hostiles, des
bienfaits qu'ils ne nient pas dans l'illii.
mité.
De grands écrivains catholiques ou roya-
listes comme Louis Bertrand et Marcel ROll.
lenger, fidèles à une tradition séculaire, tll-
visagent d'un cœur léger la vente rémunéra-
trice de nos colonies.
Quand le feu est à la maison, disait Vol-
taire, on ne s'occupe pas des écuries.
1. 'archevêque de Paris dans la réponse la-
conique qu'il nous a fait parvenir par la
plume d'un de ses chanoines ne semble pas
partager l'avis de M. Louis Bertrand.
Les deux femmes M mes Lucie Delà rue
Mardrus et FJissa Rhais ai'ec leur sensibi-
lité et leur coin préhension si vive de l'âme
indigène sont les moins enthousiastes. Peut-
être ont-elles trop T U le côté jardin du décor
et ont-elles négligé le côté cour, c'est-à-dire
le travail, la prospérité économique, les pro-
grès de l'assistance médicale et de l'hveiene,
œuvre d éducation et d'instruction, fil trop
d'endroits ébauchée seulement, mais où par-
tout nous devons donner nos soins de plus
en plus.
Mais dans f ensemble, l'opinion de nos
correspondants est presque unanime, elle
doit correspondre à celle de l'immense ma-
jorité de nos compatriotes qui aiment pres-
que tlulallt nos colonies qu'ils déplorent les
hostilités ensanglantant, depuis de longs
mois, le Maroc et la Syrie.
Toutes nos colonies sont filles de France :
naturelles, légitimes ou bâtardes, elles ont
droit à une place, de choix dans la grande
famille.
Tes abandonner ou les vendre avant d'y
avoir accompli Vœu:re de civilisation, de
collaboration économique et d'émancipation
sociale que nous devons y accom plir, relè-
verait du tribunal de Vlrumànité.
Marcel Ruedel
Dans mon éditorial d'hier, une faute d'im- !
pression m'a fait dire exactement le contraire
de ce que j'avais écrit. v
Il fallait lire : « Dans le Puy-de-Dôme, les
progrès industriels autour de "Clermont-Ker-
rand ont dépeuplé la campagne à 50 kilomè-
tres à la ronde », et non pas repeuple.
Selon 1 usage, les lecteurs ont corrigé d'eux-
mêmes.
1
Lois, Décrets, Arrêtés
Décret du 4 mai 126 promulgant aux Iles
Saint-Pierre et Miquelon. la loi du 18 avril
1918 modifiant le taux de 1 intérêt légal.
Aux tonnes de ce décret, l'intérêt légal est
porté à 5 0/0 en matière civile ft 4) 0/0 en ma-
tière commerciale.
(J. 0. du 10 mai 1920.)
-
Le cours du riz
8 mai
SAIGON
h's 1 .(KtO kilt>s on piastres
Riz no 1, 25 %brisures tn 70
Hi", no 2, 10 brisures HM» 20
Riz n° 2, 50 brisures 100 70
Hrisnrl's no t et 2 H5 50
Rrisures n° et i 73 50
Farines 2lJ wi
Paddy Vinh-Long W) 50
Paddy Oo-Cong 6a 50
Paddy Raixau b2 50
Paddy Rac-Lieu tW 50
Coprah (les 100 kilos) 17 70
(Par dépêche Indnpacili.
Dépêches de l'Indochine
---<)-0-
Secrétaires de banque en grève
.1 la suite du renvoi, lundi matin, de
deux secrétaires annamites de la Banque
d'Indochine lui n'avaient pan suivi les ins-
tructions données de revenir travailler S(I.
medi après-midi, une dJWijation de secré-
taires fil ,I,'.s démarches auprès de La di-
icrtion pou l' la réintégration tI" te-urs cama-
rades. Xur l,' refus du directrtir, tous tes
secrétaires annamites, au mmibre de îrv),
ont quitté le travail hier à 15 heures.
Loyalisme
Les manifestations se multiplient sur le
liassage dit. (jouoerneur Général, en route
pour Ualaf. Celle qui eut lieu à la gare do
lIul/Ot surprit par sa tenue et sa sponta-
néité fous rcu.r qui connaissent le mieux le,
pa!/s. Ce sont maintenant k populations
de l'.Aunam qui, à leur tour, viennent, filà
devant ilu chrf île la Colonie.
Le (Ionverneur (iénéral arriva le 2 mai
à lIu. après avoir visité les résutences
de Vinli. Ilutinh et de [)o".gllo;..:tu chef-
lieu do rhueune de ces provinces, et dans
la eu pilule de 1' nnnm une foule considé-
rable. accourue 4tr [UlIS l''s ctit,:s et com-
prenant ifes représentants de toutes les
classes de /(/ population fit au Cou verneur
un accueil elialeuren.r. Des orateurs dirent
que la population avait étconduise par
ses déclarations d'homme de en ur et que
S<*s premiers aeh's lui valaient (/ne grati-
tude gène raie et profonde. Us le remerciè-
rent d'ai nir apporté à une politique iU'ftuis
'1/1//,\' affirmée, la noir nouvelle ,le
la rétdisatinn. Ils lui demandèrent de. net
Se laissef- rebuta' par aiwun t>hsta< le, au-
cune attaque, et lui don aèrent l'assurance
que ses
annamite, dont le cicur est tout entier avec
lui. pour assure,- sur les tmses d'une mu-
tuelle estime, lu collaboration chaque jour
plus étroit<• entre Annamites et Français.
Parmi les inscriptions portées sur les
handerolles fendues en de nombreux en-
droits. ne a remarqué, en. particulier celle
qui ornait le fronton du temple de la litté-
rature à Yiuh et qui était ainsi conçue, :
nnnnmite ».
Les radios d'Indochine
–0-0–
Il est signalé qu' en raison des variation*
atmosphériques, les radios venant de Saigon
parviendront parfois, sans doute, durant l'été,
avec un peu de retard.
Les « parasites » aiment la chaleur. comme
le savent bien tous les amateurs de T. S. F., et
troublent particulièrement par temps orageux la
course des ondes.
Radiotéléphonites. vivent la pluie. et ia
nuit !
-0680
Le marché du riz de Saigon
Situation !Jl;/IC/dlt', - \LÜC!IL' tlt..::-; ".¡!lll'':.
Les ailaii 'i en ru sjiiI limitées au muJviie
d'Kxtrénic-Oiiciit. L'Europe n'est pas inté-
ressée. Ij'é!é\atluii tirs ,pi':x se jusulic seu-
lement pur la rarete des annaye.s pad-
dy ù l'in'erieur de Cliolon, qui s
contrats « i: cours.
li(Z. Marché très calme salis a!taHYn.
Les prix unt tendance a ia Kusse.
Itrisures. - Les demandes de Franco
ont été tiinp! 'l l;uilc;> et elles lit uilluenco
les cours. t.:.lùllll'L' 1res ferme. L'-s stocks
ont été iliMllédmteUlellt absorbe?.
l'ariues fuisses blanches. ( Q uelques af-
faires traitées su - l'Kuptpe. Peu de deman-
des de tUune.
Cargo. Mardié sans affaires. L"S prix
sont slatiunnaires.
i'aildg. L' paddy toujours mre. arrive
aux usines en quantité a peine suttisaute,
Ce qui 'lie S > U e*ll t leS USlllU'lS. i .eS pflX
se niaintieiineiit f.urt élevés.
Aucun s tock.
liécolte. La récolte est terminée.
Exportations. LYxpi.rUiticn du riz par
Saïifon pendant la
liiz blanc : sur France, ;1.7) \¡I!IIl,-'S ;
sur étranger. SU.2S-4- tonnes.
liiz cargo sur France, néant : sm étran-
^•er. ;5.
l'addg : sur Framv. néa.nt : sur étran-
ger. :'!.u')nt'nn.
lirisures : sur Fraivv, 2.KH t ̃•unes ; sur
étranger. i.:tH ¡"lllll't-:.
Farines : sur h'rance néanl : sur étran-
ger.
,. Le total général pour 1 C.orhinehine de-
puis le pr janvier est d,-- :>i:».:V70 tonnes.
Les exportations par Haïphong
Le 'lolal des exportaii<'lis de Ii", par lla<-
plruiLî dînant avril <
V'i-2 loniies. savoir
liiz bbme : sur la France, néant ; sur
l'étranger. 29.2*7 tonnes.
lirisures : sur la France, néant : sur
j'lrdll!.!I>,J', 2 tonnes.
lii: cargo : sur la France, néant ; sut*
l'étranger. ir>3 tonnes.
Paddij : Noant.
Le total général des sorties de riz du
Tonkiii depuis le Fr janvier ont Atteint.
CJl.-;
(Par dépêche lit
Le pôle Nord survolé
–» 00
Le"' commandant E. Ryrd, de a marino am»"-
ricaine. qui a atteint le nmai le pôle Nord
en avion est revenu au Spitzherg en 15 h..()
de vol. F.n une poignée d'heiurs, 1 aviateur
américain est monté au sommet du monde et
est revenu aux terres civilisées. F.n un temps
minime, il a accompli ce qu e.n seul homme
avant lui a été capable de faire aprfs des
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 69.35%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 69.35%.
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6397120p/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6397120p/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6397120p/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6397120p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6397120p
Facebook
Twitter