Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-04-24
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 24 avril 1926 24 avril 1926
Description : 1926/04/24 (A27,N63). 1926/04/24 (A27,N63).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63971109
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
- yiNGT-SEirrro>® ANNES0. 03 NUgfERQ : 10 CENTIMES SAMEDI SOIR, 24 AVRIL 1926'
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
: LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANIIALIS COLONIALES* &ONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
« &
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Un an 6 moi. 8 mots
«!!V •BfiMHCMCMTe W&IL I t France et Colonie,. 80 It 41. IS.
le .apPt-- E. 120 el 3-
iUltetr* -, 1 Etranger 120 » 65 » 35 »
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Après le Voyage en Libye
-
Le voyage de M. Mussolini on Tiripolitaine
a-certainement ému l'opinion internationale et
provoqué dans les pays qui ont des intérêts en
Afrique, dans la Méditerranée et en (Ment,
des inquiétudes qui trouvent leur expression dans
la presse.
Les journaux italiens ont bien compris l'effet
fâcheux qu' avaient produit des paroles qui
avaient quelque chose d'iosolitt: et pouvaient
passer pour des menaces à l'égard des puissan-
ces étrangères.
Aussi s'efforcent-ils d'expliquer la politique
nouvelle qui est affirmée dans ces harangues
enflammées. Ils s'étonnent que l'on ait pu voir
u dans l'invocation de M. Mussolini aux sou-
venirs romains en Libye et dans ses invitations
à la rude vi e coloniale les marques d'un appétit
territorial et presque une menace à la paix du
monde ».
Les hommes qui ont ainsi interprété les dis-
cours du « Duce * sont peut-être des esprits
inquiets, mais avouons qu'ils avaient quelque
Taison de faire ce qu'ils ont fait.
Certes, ils ne contestent pas certains faits et
ne ferment pas les yeux à la réalité. Ils savent
parfaitement que l'Italie a 40 millions d'habi-
tants, sur un territoire moins grand d'un tiers
que celui de la France, et dont de très grandes
étendues sont absolument inutilisables. Ils
n'ignorent pas davantage que cette population
s'accroit avec une régularité qui donne l'impres-
sion d'une de ces forces de la nature contre la-
quelle on est désarmé. Certains, même, ont
assisté au spectacle lamentable et qui, parfois.
fend le coeur, de ces émigrants pauvres, mal
vêtus, amaigris, qui s'entassent dans les salles
d'attente de certaines gares ou sur les quais des
ports, en attendant le train ou le bateau qui les
amèneront à l'étranger, en France, en Suisse ou
dans le Nouveau-Monde'. Ils ont vu ces misères.
ils y ont compati et ils sentent très bien la souf-
france qu'éprouve un pays qui a sous ses yeux
la détresse d'un aussi grand nombre de ses en-
fants.
C'est pourquoi on ne fait aucune difficulté
pour comprendra que la politique coloniale de
FttaMe est une nécessité démographique et so-
ciale. Ainsi que le fait remarquer Je Corriere
éetta Serra, 1a~popy]ation de la péninsule aug-
mente tellement qu elle rend indispensable un
développement continuel de l'émigration. Les
Elat.-Unis de l'Amérique du Nord fennent
leurs portes; d'autreè pays se proposent de r..
glementer l'entrée des Italiens sur leur terri-
toire. Dans ces conditions, un Gouvernement
prévoyant doit montrer au monde, affirmer la
nécessité de donner de l'espace et du travail à
ces milliers d'individus qui. tous les ans, quit-
tent, en quête de ttavail, le sol national. Et
alors comment les étrangers pourraient-ils s'of-
fenser d'un programme aussi sage et qui ne con-
tient auéune arri6!e.-.sée) « L'émieration,
déclare le tnbne journal,. ne doit plus être
r exode anonyme et fatal d'une seule classe,
mais l'expansion consciente et disciplinée de
toute la vie nationale et do toutes ses forces, de-
puiscelles de la plus humble main-d'oeuvre jus-
qu'aux forces économiques et intellectuelles les
plus hautes. »
Ainsi s exprime la presse qui, en dépit de la
contrainte fasciste, conserve encore quelque
indépendance et évite de se mêler au
choeur des publicités qui, non seulement font
écho aux paroles du dictateur, mais encore ren-
chérissent sur ses. violences calculées.
Il est vrai qu'un Gouvernement habile a be-
soin de ces deux presses qui lui permettent de
montrer à l'extérièur et selon les nécessités du
moment,, tantôt un visage crispé par la passion,
tantôt une figure plus calme, plus rassérénée.
M, Mussolini, qui sait altier la rudesse, l'au-
dace à l'habileté et à la prudenëe, n'ignore pas
les services qdeI peuvent lui rendre ces deux
sortes d'organes, dont l'action paraît différente
alors qu'el le est en réalité concertée et conver-
gente.
Les revendications que présente sous une
forme modérée le Corriere della Sera ne sont
pas évidemment excessives. Elles paraissent ac-
ceptables aux esprits que n'aveugle pas un na-
tionalisme étroit. Des conventions ont été pas-
sées. Une distribution du monde méditerranéen
et africatn a été faite, - il y a sept ans, à Ver-
sailles! Je ne pense pas qu'on puisse la consi-
dérer comme définitive, en ce sens qu'elle n'a
bat'entre autres choses, assez tenu compte des
besoins des Etats modernes. 11 y a donc dans
toute l'Europe, dans le monde, quantité d'es-
prits qui ne sont pas opposés à un nouvel amé-
nagement des pays méditerranéens.
Mais on peut se démander si le moyen qui
est ptécorii à Rome est le meilleur, A quoi
tend une politique qui menace tout le monde et
où tous les problèmes sont abordés à la fois ?
C'est Tanger, dont on veut reviser te statut.
En vérité; on peut se demander ce que l'Italie
peut attendre d'une pareille revision. Tanger est
à Ilentee de- le- Méditerranée. C'est exact, si
l'on veut. Mais il y a aussi Gibraltar, et est-ce
qu on peut, s'imagine que l'Angleterre va re-
noncer à Gibraltar. Tanger n'a pas grand inté-
rêt pour l'Italie ; la revision du statut peut être
demandée dans un souci de prestige. Mais
l'expérience nous apprend qu'un Etat qui s'en-
gage dans cette - risque y trouver plus
d'ennuis qw de profits.
Après Tanger, c'est le monde arabe dont
on pétend pendre la direction. La Turquie,
à 1. mite de la fetonne qni ra rapprochée
de 1 Etape ocddttffale, a perdu sur les Ara-
de qu'elle y
fw, lyje 1 Cfwê, «lit 'devenue me Répu-
blique, laique, d'être le centre spirituel du
monde musulman. Le Gouvernement fasciste
voudrait profiter de .cette désaffection dès Ara-
bes à l'égard des. Turcs pour s'appuyer sur eux
en vue d'un établissement en Asie-Mineure.
Le Gouvernement turc est à son tour inquiet.
Il déclare qu'une entente s'est faite entre
Rome et Athènes, afin de préparer une agres-
sion en Anatolie, dans le voisinage d'Adalia
et de Smyme, on signale des concentrations de
troupes dans les îles de la Mer Egée, à Rho-
des notamment. On affirme que la fabrication
des armes est poussée activement dans les
usinés italiennes.
C'est pour répondre à ces craintes que le
Gouvernement d'Angora a procédé à l'appel
de six classes de réservistes.
Il est possible que les Turcs soient moins
inquiets qu'ils ne veulent le paraître. La ques-
tion de Mossoul n'est pas encore réglée, et
peut-être la crainte de l'Italie est.-elle un
excellent prétexte pour justifier la réunion de
forces destinées à d'autres opérations qu'à une
lutte contre les Italiens.
C'est évidemment possible. Mais il n'en
reste pas moins que l'opinion mondiale, malgré
les efforts que fait une partie de la presse ita-
lienne pour la calmer, éprouve de véritables
inquiétudes. On ne peut pas se laisser induire
en erreur sur le véritable sens de la politique
navale et coloniale de M. Mussolini. Un jour-
nal allemand écrit ce qui suit : « Mussolini
s'est embarqué dans une aventure d'impéria-
lisme colonial, et même s'il le voulait, il ne
pourrait faire machine en arrière. »
Partout l'on sent que la politique de M.
Mussolini doit amener une tension entre l'Ita-
lie et les Etats méditerranéens. La France est
particulièrement intéressée à ces événements.
Pour notre part, nous ne prenons pas au tra-
gique la situation, mais nous pensons qu'il con-
vient de l'examiner très sérieusement et d'en
suivre le développement avec la plus grande
attention.
Henry Fontaniêr,
Député du Cantal, u&étatre de ta
DÉMU dU Cgfttdit 41t s dtms.
Committion ét$Alfatre»
girêt^ fnêmbrâ de la Commiuion
Le commerce de la France
avec ses colonies
0-0
Pendant le premier trimcsUo de l'année
1926, de commerce do la France avec ses
Colonies et Protectorats s'est élevé & a mil-
liards 333 millions 500.000 li anes.
Sur co chiffre, fAfIque du Nord compte
pour 2 milliards 26 millions.
Les importations totales ont atteint 1 mil-
liard 460.&00.000 fr. (dont «T3.500.000 fr.
pour l'Afrique du Nord).
Les exportations de la Métropole eue son
domaine d'outre-mer se sont élevées à
1.883.000.000 e fr, (Afrique du Nord :
1.152.500.000, francs).
L'Algérie est toujours -en tête avec
1.282.500.000 francs. Ses achats en France
se sont élevés à 687 mijUoos, et ses ventee
à la Métropole à 595.500.000 francs.
Vient ensuite l'Indochine avec un total do
523 millions, don,t 217 millions d'importa-
tions en France et 306 millions de sorties
métropolitaines.
Le troisième rang est occupé par l'A.O.F.,
dont les expéditions sur ja France se sont
élevées & 186 millions et dont les achats de
marchandises françaises ont atteint 212 mil-
lions, au total 39& millions.
La Tunisie suit l'A. 0. F. avec 822 mil-
lions 500.000 francs. (Achats de la France,
129 millions ; ses ventes, 193.^00.000 fr.).
Ensuite, le Maroc a importé de la Métro-
pole 260 millions d'articles divers ; il ne lui
a envoyé que 49 millions de produits, en
tout 309 millions.
- Madagascar a exporté sur la France pour
111 mluiona de matières (premières. Elle en
à reçu 94 millions de marchandises T au to-
tal, 205 millions.
Enfin, les « Colonies diverses » (A.E.F.,
Réunion, Djibouti, Antilles* Guyane, Inde,
Océanie, etc.) ont acheté à la Métropole
130.500.000 fr. d'articles manufacturés, tan-
dis qu'elles lui ont vendu 163 millions de
produits du cru. Le total de leurs échanges
a été de 199.500.000 francs,
I Il Coflmissita de l'Algérie,
des totales et des PrfttecUrats
00
La Commission de l'Algérie des colonies
et des protectorats s'est réunie hier, sous la
présidence de M. Blaise Diagne. Elle a tenu
une très courte séance au cours de laquelle
notre excellent collaborateur et ami. Au-
guste Brunet, actuellement en congé pour
raison de santé, a été nommé malgré son
absence à l'unammité, sur la proposition
du président, rapporteur du projet 2734, por-
tant renouvellement du privilège de la ban-
que d'émission de l'Afrique occidentale.
.- La Commission a procédé à un échange
de vues sur diverses questions qui viendront
proelbatitemnt à l'ordre du jour, et remis à
la rentrée de fin mai la discussion des sug.
gestions de M. Est Outrey, concernant
let affaires de caoutchouc de l'Indochine.
DtMENTr ITALIEN
Le Gouvernement italien déclare que, si des
truuip ont été belgUéft en Somalie italienne,
ce in est pas dans le but d'une campagne contre
l'Ethiopien Nous avions, du reste, déjà indiqué
qw ce débarquement avait été motivé par des
tnwwe» rfoents el smotfpwr occniereffecti-
veinaft 1. sqpteiRrionvIe dé la Sennlie,
Dépêches de l'Indochine
---0-0- ..;' Il
Hommage à M. VÂrenne
Le Gouverneur Général a reçu de la sec-
tion cocliinchinoise de la Ligue des Droits
de l'Homme et du-OMyén un télégramme
annonçant que la section, réunie en (Usem-
blée générale, t'assure de son entier dé-
vouement et lui fait confiance pour ia con-
tinuation de sa politique républicaine et
démocratique de rapprochement franco-an.
namite en Indochine.
Au départ
Avant son départ à bord du PaulnLecat,
le gouverneur Cognacq a été salué par le
gouverneur par intérim Le Fol, qui a pris
lundi la direction du service de la Colonie
et par des représentants français et anna-
mites de toutes les administrations, du
commerce et dé l'industrie en Indochine.
La Kermesse de Hanoi 1
Les recettes produites par la kermesse
organisée le 18 avril par Afme Varenné\
s'elèvent à plus de 22.000 piastres, au lieu
de 18.000 primitivement annoncées.
-
Le marché du riz de SaigoD
Situation générale. Marché très calme.
Les affaires sur ShanghuI et la Chine se
ralentissent. Le Japon reste dans l'exuec-
tative ainsi que Java. Aucune perspective
d'affaires aur l'Europe. Les primes demeu-
rent fermes.
Riz. Peu d'affaires. Quelques lots ont
été traités sur Shanghaï et Canton en riz
n° le t 2. Leq prix sont trop élevés pour
intéresser' les aoheteiu's d'Europe.
Brisures. - On exécute la livraison des
contrats passés en février. Quelques affai-
res sont traitées sur la France. Les stocks
sont peu importants, les cours so:nlt fermes.
Farines basses blanches. Le marché
est calme. Quelques lots sont traités sur
Hambourg. Les pi-ix sons stalionnaires.
Farines cargo. Quelques uffaires sont
traitées sur Canton. Les prix sont, station-
nâmes.
Paddy. Les arrivagos de paddy à l'in-
térieur sont inférieurs à la moyenne de la
8nlson. Les agriculteurs rationnent le paddy
dans
saison. l'intérieur afin de maintenir les prix.
Les arrivages sont immédiatement absor-
bés. ;
$tè(..Olto. La récoHç .est (terminée.
L'exportation. - L'exportation du riz
sur SnTgon pendant la première quinzaine
d'avril atteint 86.941 tonnes à savoir :
Riz blanc : Sur la France, 4.220 donnes ;
sur l'étranger, M.3M tonnes.
Riz cargo ; Sur la France, 180 tonnes.
sur l'étranger, 2.343 tonnes.
Paddy : tout sur l'étranger, 1.752 tonnes.
Brisures : Sur la France, 6,2418 tonnes ;
sur l'étranger, 13.246 tonnes.
Farines : Sur la Franco, 73 tonnes ; sur
l'étranger, 5.515 tonnes.
Total général. pour la Cochinchine depuis
le 1er janvier, 409.420 tonnes.
Par dépêche Indopacilt.
laitb –-
Le cours du riz
.o--
21 avril
SAIGON
(les 1.000 - kilos en piastres)..
Riz n6 1, 25 Brisures. 111 70
Rdz no 2, 40 Brisures 106 20
Riz no 2, 50 Brisures 100 70
Brisures nO. 1 et 2. 84 50
Brisures n°. 3 et 4 71 50
Farbtes -. 29 80
Paddy Vinh-Lopg 59 50
Paddy Go-Cong 62 »
Paddy Baixau 61 »
Paddy Bac-Lieu. 62 »
Coprab (les 100 kilos) 17 50
(Par dépêche Indo-Pacifi.)
TAUX DE LA PIASTRp
A la date du 21 avril 1926 le taux officiel de
la piastre à Saïgon était de 16 Ir. 90.
A ln date du 22 avril 1026, He taux officiel de
la piastre à Saïgon était de 17 fr.
TAUX DE LA ROUPIE
0
A la date du 00 avril 1926, le taux officiel de
la roupie dans l'Inde était de 10 fr. 40.
A la date du 2Y avril tlM, le taux officiel de
la roupie dans l'Inde était de 10 fr. 35.
oiel
II IIOU WWTOB W BAMWfflEV
-0-0
Au 31 décembre 1925, le réseau routier de
la colonie du Dahomey comprenait : 779
kilomètres de routes empierrées, routes in
tercoloniales se dirigeant l'une vers la co-
lonie du Niger (Sav&Màlanville)," l'autre,
vers la Haute-Volta par Djougou t.otS'
kilomètres de routes de grande communica*|
tion, de cercle à cercle 2,545 kilomètresJ
de chemins de moyenne communication des-
tinés à drainer les produits locaux - soit unJ
total de 4.342 kilomètres.
200 nouveaux kilomètres de routes étaient
en construction : la route Abomey-Savalou
et la route N'Dali-Djougou. Enfin le bud-
get 1926 prévoit la - construction, dans le
Bas-Dahomey, d'une nouvelle route de
Grand-Popo à Segbohoué, franchissant
l'Aho aux environs de Guézin.
Le nombre des automobiles circulant sur
ces routes étaient, à la même époque, de 210
se divisant en go voitures de tourisme et t2o
camions.
Il n'existe au Dahomey qu'un seul service
automobile régulier, exploité par la colonie,
c'est celui (le Save à Malanville sur 478
kilomètres.
Pourquoi colonisons-nous ?
ABANDON? - VENTE? ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
récemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne. Gouverneur - Général de
l'Indochine.
Au cours de sen exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoi, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
bassadeur de France a Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, mais n'en
serait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à ce but?
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
^Claude Farrère, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de guerre. Croyez-vous qu'au XX* siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés là-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
Indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu'un
iour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée. permettra de considérer toutes les par-
celles du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un même.
corps ayant les mêmes aspirations, le même
idéal ?
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalités.
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. François-Mar-
sal, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel Boulenger,
Victor Margueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymond Polncaré, Aimé Bertlhod, B. Dia-
gne, le docteur Marchoux, Fernand Laudet,
Francis de Croisset, le marquis de Barthé-
lémy, Emile Bourgeois, Gruvel. Mme Elissa
ItbaIs, MM. Charles Debierre. le vicomte de
Guiehen. Pierre Bonardi et Fescourt,..
En voici de nouvelles :
I,
I M. Et. Grosclaude
M. Et. Grosclaude n'est pas seulement le
tonfêrencifir disert et subtil, le journaliste
avisé et flein d'humour que tout le monde
connaît à Paris et à l'étranger depuis quel-
ques lustres, c'est aussi un homme qui suit
avec fJassion'les grands problèmes qui solli-
citent l'attention des dirigeants, questions
sociales, relations extérieures, difficultés
tittaticières., essor colmtial, Il fut avev le gé-
néral Gallieni et le général Roques un des
premiers à Madagascar et y suivit sur place
Vœuvre de pacification et d'organisation; il
a rapporté de ce voyage un volume de sou-
venirs dont j'ai gardé la mémoire. Il a colla-
boré à presque tous les grands journaux pa-
risiens et dirigé jusqu'à ces derniers temps
la vieille République française de Gambetta
et de Méliite. Voici l'intéressante réponse
qu'il nous adresse :
Monsieur le Directeur,
"Vous me demandez ce que je pense de
l'idée lancée par des Américains et encou-
ragée par certains de nos compatriotes,
d'une cession coloniale pour le règlement da
notre -dette aux Etats-Unis.
Je ne vous cacherai pas que cette propo-
sition me répugne. On nous donne à entendre
qu'il ne serait question que de vieilles colo-
nies dont nous ne tirons pas grand parti.
Suffit-il qu'elles soient vieilles pour que
nous ayons cessé de les aimer et qu'elles
soient de peu de rapport pour que nous ne
leur demeurions pas attachés par des liens
de sentiment, disons même par des raisons
de dignité?. -
Que dirait-on d'une famille qui consenti-
rait à bazarder la grand'mère, sous prétexte
qu'elle est âgée et qu'elle n'est plus bonne
à grand'chose. Ce marché-là paraîtrait odieu-
sement inhumain et.l'opinion la moins mal-
veillante y verrait la marque d'un désarroi
moral alarmant, motivé sinon justifié par
l'excès des embarras matériels une de ces
déchéances où sombrent à la fois le self
contrôle et le respect humain.
C'est dire que rien ne pourrait être plus
funeste à notre crédit. Sans doute l'opéra-
tion ferait-elle rentrer quelque argent dans
notre poche ou tout au moins nous dispense-
rait d'en sortir, mais au prix d'une déconsi-
dération dont le dommage serait incalcula-
ble,
T- Il y avait naguère dans le nouveau monde
des tribus sauvages où, chaque année, pour
fêter leur anniversaire de naissance, on his-
sait les vieux parents sur les plus hautes
branches d'un arbre, qu'on secouait ensuite
jusqu'à ce qu'en tombassent, comme des
fruits murs, ceux pu fclles qui n'avaient plus
la force de s'y tenir accroches.
L'idée de nous arracher nos colonies ne
peut sembler admissible qu'à des gens dont
lès ancêtres ont connu de telles pratiques.
Il y a des choses qui ne sont pas à vendre,
même aux conditions les plus rémunératri-
ces; notamment les êtres humains. Vendre
nos possessions c'est vendre en même temps
les populations qui y vivent et qui en vivent.
Blanches ou noires, elles ne constituent pas
une monnaie d'échange, dont il soit permis
de se servir comme d'une masse de manœu-
vre pour relever le franc. -.
Certes, il n'est pas impossible que la pres-
sion exercée contre notre devise sur les mar-
chés étrangers tende, dans l'esprit de cer-
taines gens à nous imposer un règlement léo-
nin de nos dettes, où ne serait pas nettement
écrite la clause dite de sauvegarde, par la-
quelle doit être reconnu le droit de suspen-
dre nos versements si nous venons à être frus-
trés de ceux du Plan Dawes, dont le garant
moral est le gouvernement américain, qui en
a pris l'initiative.
Fabuleuse iniquité. On nous refuserait, à
nous qui sommes à la fois les vainqueurs de
la guerre et ses victimes, des facilités qu'on
s'empresse d'accorder aux Allemands.
Juste ou injuste ce traitement serait im-
posé à notre désespoir. Nous n'avons qu'à
tendre le cou et, si nous tardons, on l'étran-
gle avec le lacet du change.
C'est monstreux. Possible. En matière de
finances, la force fait prime sur le droit.
Quant au raisonnement, il est bref : « Vous
combattiez, j'en suis fort aise; eh bien!
chantez maintenant ! »
Mais, direz-vous, la liquidation de nos
dettes par des annuités aura tout au moins
l'avantage d'écarter ces projets de cession co-
loniale dont on s'émeut.
J'ai lieu de craindre le contraire. En nous
refusant la clause de sauvegarde le gouver-
nement américain nous dit d'un ton frater-
nel : « Ne craignez rien ! Si, a un moment
donné, pour une raison ou pour une autre,
vous n'avez pas d'argent disponible, on s'ar-
rangera. »
Ainsi parlent à des poules de luxe cer-
tains fournisseurs atussi empressés à ouvrir
un crédit qu'à le fermer.
On s'arrangera. Mais comment? En nous
disant dans un langage n'admettant pas de
réplique : « Vous n'avez pas d argent
comptant; qu'à cela ne tienne! Vous avez
des colonies dont vous ne savez que faire,
des chemins de fer en déficit, des tabacs
dqnt la -vente est mal organisée, des impôts
que vous êtes incapables de faire rentrer.
laissez-nous prendre tout ça en mains et
vous verrez comme ça marchera. »
Ce n'est pas seulement nos vieilles posses-
sions que ces amis d'outre-mer sont prêts à
coloniser pour notre bien c'est la France en-
tière qu'ils sont en train d'acquérir, mai-
son par maison, avec toutes ses richesses.
Il ne leur restera plus qu'à installer à Mont-
martre, par exemple au Moulin Rouge, la
résidence du haut commissaire désigné par
la banque germano-américaine pou? nous
administrer.
C'est là que beaucoup de nos visiteurs
sont portés à voir la capitale de notre pau-
vre pays. Il n'y a pas'de quoi rire.
Grosclaude.
M. Pierre Valude
député du Cher
Les lecteurs des Annales Coloniales con-
naissent tous Pierre Valude, ils apprécient la
forte documentation de ses articles sur
des pays oit il s'est rendu au cours de multi-
Ples et lointains voyages. La guerre l'a pris
au sortir de l'Ecole Coloniale et le Berry l'a
envoyé au Parlement au lendemain du traité
de paix. Il a visité successivement l'Afrique
du Nord, l'A.O.F., l'Indochine, VEthiopie,
l'Asie Mineure, l'Egypte. Il s'est acquis au
tours de ses voyages une robuste expérience
que tous ses collègues du Parlement appré-
cient comme nous. Mais ce que nos lecteurs
ne connaissent pas, c'est\ sa chaude élo-
quence, la cordialité de ses rapports, la sû-
reté de son amitié.
Je réponds bien volontiers à l'enquête très
intéressante des Annales Coloniales.
Sur le point spécial de la cession des colo-
nies , personne de bon sens n'a jamais pu y
songer. C'est un sujet maintes fois débattu
et qui est jugé depuis longtemps (même en
abstrayant les éléments sentimentaux qui ont
déjà une valeur) pareille aberration n'a pu
germer de nos jours que dans des esprits qui
ne' pardonnent pas aux côloniaux leurs suc-
cès.' Seule une - rancune imbécile ou l'igno-
rance purent expliquer semblable attitude.
Il est beaucoup plus,' intéressant de s'atta-
cher à répondre à l'autre question sur l'éman-
cipatio" éventuelle des colonies.
Il s'agit là de la grande question de l'ave-
nir des colonies et aucun peuple civilisé ne
peut se faire à ce sujet d'illusion. Lorsque
nous aurons complété la mise au point éco-
nomique des pays actuellement sous notre tu-
telle et émancipés moralement par l'instruc-
tion des indigènes, le détachement des colo-
nies de la métropole, suivant une vieille
expression, se fera comme la chute du fruit
mftr. C'est encore un fait auquel les théori-
ciens ne pourront rien opposer.
J'ajoute que pour ma part, je considére-
rais comme immoral de vouloir sous des pré-
textes historiques, maintenir des liens qui
n'auraient plus d'autre justification que celle
de la force. Mais à ce moment une - interpé-
nétration commerciale et intellectuelle fruc-
tueuse seta née qui ne disparaîtra pas d'un
seul coup, pour le plus grand bien des deux
peuples.
Quant à croire qu'un jour, selon la phrase
de votre questionnaire « il faut envisager
tme union des Français avec les indigènes
comme les membres d'un même corps ayant
les mêmes aspirations et le. même idéal.
pour ma part, je ne peux m'imaginer que
lorsque nous aurons fait ressusciter des ci-
vilisations anciennes différentes de la nôtre
ou bien fondé un amalgame entre notre civi-
lisation et celle des indigènes, nous réali-
sions une union complète entre les sociétés
indigènes et la mère patrie. Je crois au con-
traire que notre devoir consiste à créer des
peuples frères mais conservant leur carac-
tère propre.
Ce sera déjà une belle page pour les na-
tions européennes si elles peuvent toutes à la
fin de leur histoire coloniale s'enorgueillir de
tels résultats.
Pierre Valude.
Député du Cher.
M. René Pinon
Professeur du cours d'histoire de L'Europe
Centrale à l'Ecole libre des Sciences politi-
ques, Rî. Retii Pinon est un ardent défenseur
du Prestige de la France tant en Europe que
dans les pays d'outre-mer et en particulier
dl E- xtréme- Orient. Avec M. de Marcillac, tl
a écrit la Chine qui s'ouvre et une puis-
sante étude sur l'Empire de la Méditerra-
née qui, par son chapitre sur l'entente fran-
co-italienne est, sans doute, utile à consul-
ter en ce moment de la tentative d'hégémonie
italienne de M. Mussolini. L'Europe et l'Em-
pire ottoman que précéda VEurope et la
Jeune Turquie, a placé M. René Pinon au
premier rang des historiens des choses d'Is-
lam. L'opinion du distingué successeur de
Francis Charme et de M. Poincaré à la
chronique de la quinzaine de la Revue des
deux Mondes, devait débuter tar un aperpt
significatif de notre grande possession asia-
tique voisine de la Chine qut s'ouvre. M.
René Pinon trouve que M. Alexandre Va-
renne a prononcé un peu trop tôt des paroles
justes.
Profondément Français, il ne veut pas en-
tendre parler de vendre des Français, et il
veut que chaque pays) conserve sa physiono-
mie propre.
io En Indochine pays de vieille et ori-
ginale civilisation, lo but de l'action colo-
niale ne peut pas être de substituer notre ci-
vilisation à celle des populations indigènes;
il faut donc arriver à imprégner la civilisa-
tion indigène de tout ce que la nôtre peut lui
apporter d'assimilable et de convenable à ses
traditions et à ses besoins; si bien que tout
naturellement la forte empreinte de la France
survivrait même à la fin de son Gouverne-
ment. L'idéal serait la collaboration amicale.
Il ne pourra être atteint qu'après de longa
efforts et à la condition que 1 on n'en parle
jamais aux indigènes dont l'esprit n'est pas
encore apte à comprendre toutes les nuances
de la pensée française en pareille matière.
S'exprimer aussi nettement que l'a fait M.
Varenne, c'est encourager le parti favorablo
à une indépendance qui se ferait contre nous.
Il faut s'appliquer à faire l'éducation d'une
jeunesse qui puisse comprendre que la com-
plète indépendance ne sera possible que par
la formation d'une élite capable d'organiser
.,une id nL i ii i stration en
un gouvernement et, une administration en
s'adressant à la France comme conseillère.
Dans tous les cas, la France devrait garder
des avantages économiques et sauvegarder
pleinement les intérêts de ses nationaux.
2° Il ne saurait être question de vente de
certaines colonies. On ne conçoit même pas
que l'idée puisse en venir à des esprits éclai-
rés. Une colonie, cc n'est pas seulement un
marché d'exportation et un réservoir de ma-
tières premières à l'usage de la métropole.
c'est avant tout un morceau d'humanité dont
la mère-patrie a pris en charge l'exhausse-
ment moral et matériel. On ne vend pas, on
n'échange pas des hommes. A plus.forte rai-
son ne peut-il être question de vendre des
Français établis dans les colonies.
30 Oui, mais à la condition de ne pas es-
pérer une impossible et d'ailleurs indésira-
ble centralisation; c'est l'unité dans la vérité
qu'il faut souhaiter, chaque pays gardant sa
physionomie propre et originale.
René Pinon.
.t.
A L'OFFICIEL
Le « .lùurnal officiel » du 2-V itviil public le
relevé des produits d'origine et de provenante
tunisiennes importés en France un eu Algérie
pendant ln première décatie du mois d'n\) ii W:?ti,
<>►
Départ de M. Steeg
--0-0-
M. Painlevé. ministre de la Guerre, de nom-
breux parlementaires et des amis personnels sont
venus ce matin à la gare d'Orsay saluer M.
Th. Slceg et assurer le distingué Résident Gé-
néral au Maroc de leur vive sympathie et de
leurs vœux pour l'heureux aboutissement des
négociations de paix dent il a pris l * initiative.
Avant le départ du Sud-Express, M. Slceg
a eu un entretien avec M. Quinonrs de Léon,
ambassadeur d' Espagne à Paris. Il s arrêtera
demain à Madrid et sera reçu par le roi. Lundi,
il s' entretiendra avec le premier ministre Primo
de Rivera.
Le Résident Général au Maroc qui est ac-
compagné de Mme Stecg et de M. Dubroca,
directeur de son Cabinet, compte être de re-
tour à Rabat jeudi.
Lire en '2° page ;
A l'i Chambre.
Le oontingcntcnK-nl (Ils rhums.
Lo. Port de Tunis.
Le commuivi; général Je l'Afrique Occl.
dentale,
Le budget de la Côte d'Tyoire\ ,
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
: LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANIIALIS COLONIALES* &ONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
« &
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Un an 6 moi. 8 mots
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Après le Voyage en Libye
-
Le voyage de M. Mussolini on Tiripolitaine
a-certainement ému l'opinion internationale et
provoqué dans les pays qui ont des intérêts en
Afrique, dans la Méditerranée et en (Ment,
des inquiétudes qui trouvent leur expression dans
la presse.
Les journaux italiens ont bien compris l'effet
fâcheux qu' avaient produit des paroles qui
avaient quelque chose d'iosolitt: et pouvaient
passer pour des menaces à l'égard des puissan-
ces étrangères.
Aussi s'efforcent-ils d'expliquer la politique
nouvelle qui est affirmée dans ces harangues
enflammées. Ils s'étonnent que l'on ait pu voir
u dans l'invocation de M. Mussolini aux sou-
venirs romains en Libye et dans ses invitations
à la rude vi e coloniale les marques d'un appétit
territorial et presque une menace à la paix du
monde ».
Les hommes qui ont ainsi interprété les dis-
cours du « Duce * sont peut-être des esprits
inquiets, mais avouons qu'ils avaient quelque
Taison de faire ce qu'ils ont fait.
Certes, ils ne contestent pas certains faits et
ne ferment pas les yeux à la réalité. Ils savent
parfaitement que l'Italie a 40 millions d'habi-
tants, sur un territoire moins grand d'un tiers
que celui de la France, et dont de très grandes
étendues sont absolument inutilisables. Ils
n'ignorent pas davantage que cette population
s'accroit avec une régularité qui donne l'impres-
sion d'une de ces forces de la nature contre la-
quelle on est désarmé. Certains, même, ont
assisté au spectacle lamentable et qui, parfois.
fend le coeur, de ces émigrants pauvres, mal
vêtus, amaigris, qui s'entassent dans les salles
d'attente de certaines gares ou sur les quais des
ports, en attendant le train ou le bateau qui les
amèneront à l'étranger, en France, en Suisse ou
dans le Nouveau-Monde'. Ils ont vu ces misères.
ils y ont compati et ils sentent très bien la souf-
france qu'éprouve un pays qui a sous ses yeux
la détresse d'un aussi grand nombre de ses en-
fants.
C'est pourquoi on ne fait aucune difficulté
pour comprendra que la politique coloniale de
FttaMe est une nécessité démographique et so-
ciale. Ainsi que le fait remarquer Je Corriere
éetta Serra, 1a~popy]ation de la péninsule aug-
mente tellement qu elle rend indispensable un
développement continuel de l'émigration. Les
Elat.-Unis de l'Amérique du Nord fennent
leurs portes; d'autreè pays se proposent de r..
glementer l'entrée des Italiens sur leur terri-
toire. Dans ces conditions, un Gouvernement
prévoyant doit montrer au monde, affirmer la
nécessité de donner de l'espace et du travail à
ces milliers d'individus qui. tous les ans, quit-
tent, en quête de ttavail, le sol national. Et
alors comment les étrangers pourraient-ils s'of-
fenser d'un programme aussi sage et qui ne con-
tient auéune arri6!e.-.sée) « L'émieration,
déclare le tnbne journal,. ne doit plus être
r exode anonyme et fatal d'une seule classe,
mais l'expansion consciente et disciplinée de
toute la vie nationale et do toutes ses forces, de-
puiscelles de la plus humble main-d'oeuvre jus-
qu'aux forces économiques et intellectuelles les
plus hautes. »
Ainsi s exprime la presse qui, en dépit de la
contrainte fasciste, conserve encore quelque
indépendance et évite de se mêler au
choeur des publicités qui, non seulement font
écho aux paroles du dictateur, mais encore ren-
chérissent sur ses. violences calculées.
Il est vrai qu'un Gouvernement habile a be-
soin de ces deux presses qui lui permettent de
montrer à l'extérièur et selon les nécessités du
moment,, tantôt un visage crispé par la passion,
tantôt une figure plus calme, plus rassérénée.
M, Mussolini, qui sait altier la rudesse, l'au-
dace à l'habileté et à la prudenëe, n'ignore pas
les services qdeI peuvent lui rendre ces deux
sortes d'organes, dont l'action paraît différente
alors qu'el le est en réalité concertée et conver-
gente.
Les revendications que présente sous une
forme modérée le Corriere della Sera ne sont
pas évidemment excessives. Elles paraissent ac-
ceptables aux esprits que n'aveugle pas un na-
tionalisme étroit. Des conventions ont été pas-
sées. Une distribution du monde méditerranéen
et africatn a été faite, - il y a sept ans, à Ver-
sailles! Je ne pense pas qu'on puisse la consi-
dérer comme définitive, en ce sens qu'elle n'a
bat'entre autres choses, assez tenu compte des
besoins des Etats modernes. 11 y a donc dans
toute l'Europe, dans le monde, quantité d'es-
prits qui ne sont pas opposés à un nouvel amé-
nagement des pays méditerranéens.
Mais on peut se démander si le moyen qui
est ptécorii à Rome est le meilleur, A quoi
tend une politique qui menace tout le monde et
où tous les problèmes sont abordés à la fois ?
C'est Tanger, dont on veut reviser te statut.
En vérité; on peut se demander ce que l'Italie
peut attendre d'une pareille revision. Tanger est
à Ilentee de- le- Méditerranée. C'est exact, si
l'on veut. Mais il y a aussi Gibraltar, et est-ce
qu on peut, s'imagine que l'Angleterre va re-
noncer à Gibraltar. Tanger n'a pas grand inté-
rêt pour l'Italie ; la revision du statut peut être
demandée dans un souci de prestige. Mais
l'expérience nous apprend qu'un Etat qui s'en-
gage dans cette - risque y trouver plus
d'ennuis qw de profits.
Après Tanger, c'est le monde arabe dont
on pétend pendre la direction. La Turquie,
à 1. mite de la fetonne qni ra rapprochée
de 1 Etape ocddttffale, a perdu sur les Ara-
de qu'elle y
fw, lyje 1 Cfwê, «lit 'devenue me Répu-
blique, laique, d'être le centre spirituel du
monde musulman. Le Gouvernement fasciste
voudrait profiter de .cette désaffection dès Ara-
bes à l'égard des. Turcs pour s'appuyer sur eux
en vue d'un établissement en Asie-Mineure.
Le Gouvernement turc est à son tour inquiet.
Il déclare qu'une entente s'est faite entre
Rome et Athènes, afin de préparer une agres-
sion en Anatolie, dans le voisinage d'Adalia
et de Smyme, on signale des concentrations de
troupes dans les îles de la Mer Egée, à Rho-
des notamment. On affirme que la fabrication
des armes est poussée activement dans les
usinés italiennes.
C'est pour répondre à ces craintes que le
Gouvernement d'Angora a procédé à l'appel
de six classes de réservistes.
Il est possible que les Turcs soient moins
inquiets qu'ils ne veulent le paraître. La ques-
tion de Mossoul n'est pas encore réglée, et
peut-être la crainte de l'Italie est.-elle un
excellent prétexte pour justifier la réunion de
forces destinées à d'autres opérations qu'à une
lutte contre les Italiens.
C'est évidemment possible. Mais il n'en
reste pas moins que l'opinion mondiale, malgré
les efforts que fait une partie de la presse ita-
lienne pour la calmer, éprouve de véritables
inquiétudes. On ne peut pas se laisser induire
en erreur sur le véritable sens de la politique
navale et coloniale de M. Mussolini. Un jour-
nal allemand écrit ce qui suit : « Mussolini
s'est embarqué dans une aventure d'impéria-
lisme colonial, et même s'il le voulait, il ne
pourrait faire machine en arrière. »
Partout l'on sent que la politique de M.
Mussolini doit amener une tension entre l'Ita-
lie et les Etats méditerranéens. La France est
particulièrement intéressée à ces événements.
Pour notre part, nous ne prenons pas au tra-
gique la situation, mais nous pensons qu'il con-
vient de l'examiner très sérieusement et d'en
suivre le développement avec la plus grande
attention.
Henry Fontaniêr,
Député du Cantal, u&étatre de ta
DÉMU dU Cgfttdit 41t s dtms.
Committion ét$Alfatre»
girêt^ fnêmbrâ de la Commiuion
Le commerce de la France
avec ses colonies
0-0
Pendant le premier trimcsUo de l'année
1926, de commerce do la France avec ses
Colonies et Protectorats s'est élevé & a mil-
liards 333 millions 500.000 li anes.
Sur co chiffre, fAfIque du Nord compte
pour 2 milliards 26 millions.
Les importations totales ont atteint 1 mil-
liard 460.&00.000 fr. (dont «T3.500.000 fr.
pour l'Afrique du Nord).
Les exportations de la Métropole eue son
domaine d'outre-mer se sont élevées à
1.883.000.000 e fr, (Afrique du Nord :
1.152.500.000, francs).
L'Algérie est toujours -en tête avec
1.282.500.000 francs. Ses achats en France
se sont élevés à 687 mijUoos, et ses ventee
à la Métropole à 595.500.000 francs.
Vient ensuite l'Indochine avec un total do
523 millions, don,t 217 millions d'importa-
tions en France et 306 millions de sorties
métropolitaines.
Le troisième rang est occupé par l'A.O.F.,
dont les expéditions sur ja France se sont
élevées & 186 millions et dont les achats de
marchandises françaises ont atteint 212 mil-
lions, au total 39& millions.
La Tunisie suit l'A. 0. F. avec 822 mil-
lions 500.000 francs. (Achats de la France,
129 millions ; ses ventes, 193.^00.000 fr.).
Ensuite, le Maroc a importé de la Métro-
pole 260 millions d'articles divers ; il ne lui
a envoyé que 49 millions de produits, en
tout 309 millions.
- Madagascar a exporté sur la France pour
111 mluiona de matières (premières. Elle en
à reçu 94 millions de marchandises T au to-
tal, 205 millions.
Enfin, les « Colonies diverses » (A.E.F.,
Réunion, Djibouti, Antilles* Guyane, Inde,
Océanie, etc.) ont acheté à la Métropole
130.500.000 fr. d'articles manufacturés, tan-
dis qu'elles lui ont vendu 163 millions de
produits du cru. Le total de leurs échanges
a été de 199.500.000 francs,
I Il Coflmissita de l'Algérie,
des totales et des PrfttecUrats
00
La Commission de l'Algérie des colonies
et des protectorats s'est réunie hier, sous la
présidence de M. Blaise Diagne. Elle a tenu
une très courte séance au cours de laquelle
notre excellent collaborateur et ami. Au-
guste Brunet, actuellement en congé pour
raison de santé, a été nommé malgré son
absence à l'unammité, sur la proposition
du président, rapporteur du projet 2734, por-
tant renouvellement du privilège de la ban-
que d'émission de l'Afrique occidentale.
.- La Commission a procédé à un échange
de vues sur diverses questions qui viendront
proelbatitemnt à l'ordre du jour, et remis à
la rentrée de fin mai la discussion des sug.
gestions de M. Est Outrey, concernant
let affaires de caoutchouc de l'Indochine.
DtMENTr ITALIEN
Le Gouvernement italien déclare que, si des
truuip ont été belgUéft en Somalie italienne,
ce in est pas dans le but d'une campagne contre
l'Ethiopien Nous avions, du reste, déjà indiqué
qw ce débarquement avait été motivé par des
tnwwe» rfoents el smotfpwr occniereffecti-
veinaft 1. sqpteiRrionvIe dé la Sennlie,
Dépêches de l'Indochine
---0-0- ..;' Il
Hommage à M. VÂrenne
Le Gouverneur Général a reçu de la sec-
tion cocliinchinoise de la Ligue des Droits
de l'Homme et du-OMyén un télégramme
annonçant que la section, réunie en (Usem-
blée générale, t'assure de son entier dé-
vouement et lui fait confiance pour ia con-
tinuation de sa politique républicaine et
démocratique de rapprochement franco-an.
namite en Indochine.
Au départ
Avant son départ à bord du PaulnLecat,
le gouverneur Cognacq a été salué par le
gouverneur par intérim Le Fol, qui a pris
lundi la direction du service de la Colonie
et par des représentants français et anna-
mites de toutes les administrations, du
commerce et dé l'industrie en Indochine.
La Kermesse de Hanoi 1
Les recettes produites par la kermesse
organisée le 18 avril par Afme Varenné\
s'elèvent à plus de 22.000 piastres, au lieu
de 18.000 primitivement annoncées.
-
Le marché du riz de SaigoD
Situation générale. Marché très calme.
Les affaires sur ShanghuI et la Chine se
ralentissent. Le Japon reste dans l'exuec-
tative ainsi que Java. Aucune perspective
d'affaires aur l'Europe. Les primes demeu-
rent fermes.
Riz. Peu d'affaires. Quelques lots ont
été traités sur Shanghaï et Canton en riz
n° le t 2. Leq prix sont trop élevés pour
intéresser' les aoheteiu's d'Europe.
Brisures. - On exécute la livraison des
contrats passés en février. Quelques affai-
res sont traitées sur la France. Les stocks
sont peu importants, les cours so:nlt fermes.
Farines basses blanches. Le marché
est calme. Quelques lots sont traités sur
Hambourg. Les pi-ix sons stalionnaires.
Farines cargo. Quelques uffaires sont
traitées sur Canton. Les prix sont, station-
nâmes.
Paddy. Les arrivagos de paddy à l'in-
térieur sont inférieurs à la moyenne de la
8nlson. Les agriculteurs rationnent le paddy
dans
saison. l'intérieur afin de maintenir les prix.
Les arrivages sont immédiatement absor-
bés. ;
$tè(..Olto. La récoHç .est (terminée.
L'exportation. - L'exportation du riz
sur SnTgon pendant la première quinzaine
d'avril atteint 86.941 tonnes à savoir :
Riz blanc : Sur la France, 4.220 donnes ;
sur l'étranger, M.3M tonnes.
Riz cargo ; Sur la France, 180 tonnes.
sur l'étranger, 2.343 tonnes.
Paddy : tout sur l'étranger, 1.752 tonnes.
Brisures : Sur la France, 6,2418 tonnes ;
sur l'étranger, 13.246 tonnes.
Farines : Sur la Franco, 73 tonnes ; sur
l'étranger, 5.515 tonnes.
Total général. pour la Cochinchine depuis
le 1er janvier, 409.420 tonnes.
Par dépêche Indopacilt.
laitb –-
Le cours du riz
.o--
21 avril
SAIGON
(les 1.000 - kilos en piastres)..
Riz n6 1, 25 Brisures. 111 70
Rdz no 2, 40 Brisures 106 20
Riz no 2, 50 Brisures 100 70
Brisures nO. 1 et 2. 84 50
Brisures n°. 3 et 4 71 50
Farbtes -. 29 80
Paddy Vinh-Lopg 59 50
Paddy Go-Cong 62 »
Paddy Baixau 61 »
Paddy Bac-Lieu. 62 »
Coprab (les 100 kilos) 17 50
(Par dépêche Indo-Pacifi.)
TAUX DE LA PIASTRp
A la date du 21 avril 1926 le taux officiel de
la piastre à Saïgon était de 16 Ir. 90.
A ln date du 22 avril 1026, He taux officiel de
la piastre à Saïgon était de 17 fr.
TAUX DE LA ROUPIE
0
A la date du 00 avril 1926, le taux officiel de
la roupie dans l'Inde était de 10 fr. 40.
A la date du 2Y avril tlM, le taux officiel de
la roupie dans l'Inde était de 10 fr. 35.
oiel
II IIOU WWTOB W BAMWfflEV
-0-0
Au 31 décembre 1925, le réseau routier de
la colonie du Dahomey comprenait : 779
kilomètres de routes empierrées, routes in
tercoloniales se dirigeant l'une vers la co-
lonie du Niger (Sav&Màlanville)," l'autre,
vers la Haute-Volta par Djougou t.otS'
kilomètres de routes de grande communica*|
tion, de cercle à cercle 2,545 kilomètresJ
de chemins de moyenne communication des-
tinés à drainer les produits locaux - soit unJ
total de 4.342 kilomètres.
200 nouveaux kilomètres de routes étaient
en construction : la route Abomey-Savalou
et la route N'Dali-Djougou. Enfin le bud-
get 1926 prévoit la - construction, dans le
Bas-Dahomey, d'une nouvelle route de
Grand-Popo à Segbohoué, franchissant
l'Aho aux environs de Guézin.
Le nombre des automobiles circulant sur
ces routes étaient, à la même époque, de 210
se divisant en go voitures de tourisme et t2o
camions.
Il n'existe au Dahomey qu'un seul service
automobile régulier, exploité par la colonie,
c'est celui (le Save à Malanville sur 478
kilomètres.
Pourquoi colonisons-nous ?
ABANDON? - VENTE? ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
récemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne. Gouverneur - Général de
l'Indochine.
Au cours de sen exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoi, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
bassadeur de France a Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, mais n'en
serait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à ce but?
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
^Claude Farrère, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de guerre. Croyez-vous qu'au XX* siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés là-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
Indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu'un
iour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée. permettra de considérer toutes les par-
celles du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un même.
corps ayant les mêmes aspirations, le même
idéal ?
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalités.
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. François-Mar-
sal, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel Boulenger,
Victor Margueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymond Polncaré, Aimé Bertlhod, B. Dia-
gne, le docteur Marchoux, Fernand Laudet,
Francis de Croisset, le marquis de Barthé-
lémy, Emile Bourgeois, Gruvel. Mme Elissa
ItbaIs, MM. Charles Debierre. le vicomte de
Guiehen. Pierre Bonardi et Fescourt,..
En voici de nouvelles :
I,
I M. Et. Grosclaude
M. Et. Grosclaude n'est pas seulement le
tonfêrencifir disert et subtil, le journaliste
avisé et flein d'humour que tout le monde
connaît à Paris et à l'étranger depuis quel-
ques lustres, c'est aussi un homme qui suit
avec fJassion'les grands problèmes qui solli-
citent l'attention des dirigeants, questions
sociales, relations extérieures, difficultés
tittaticières., essor colmtial, Il fut avev le gé-
néral Gallieni et le général Roques un des
premiers à Madagascar et y suivit sur place
Vœuvre de pacification et d'organisation; il
a rapporté de ce voyage un volume de sou-
venirs dont j'ai gardé la mémoire. Il a colla-
boré à presque tous les grands journaux pa-
risiens et dirigé jusqu'à ces derniers temps
la vieille République française de Gambetta
et de Méliite. Voici l'intéressante réponse
qu'il nous adresse :
Monsieur le Directeur,
"Vous me demandez ce que je pense de
l'idée lancée par des Américains et encou-
ragée par certains de nos compatriotes,
d'une cession coloniale pour le règlement da
notre -dette aux Etats-Unis.
Je ne vous cacherai pas que cette propo-
sition me répugne. On nous donne à entendre
qu'il ne serait question que de vieilles colo-
nies dont nous ne tirons pas grand parti.
Suffit-il qu'elles soient vieilles pour que
nous ayons cessé de les aimer et qu'elles
soient de peu de rapport pour que nous ne
leur demeurions pas attachés par des liens
de sentiment, disons même par des raisons
de dignité?. -
Que dirait-on d'une famille qui consenti-
rait à bazarder la grand'mère, sous prétexte
qu'elle est âgée et qu'elle n'est plus bonne
à grand'chose. Ce marché-là paraîtrait odieu-
sement inhumain et.l'opinion la moins mal-
veillante y verrait la marque d'un désarroi
moral alarmant, motivé sinon justifié par
l'excès des embarras matériels une de ces
déchéances où sombrent à la fois le self
contrôle et le respect humain.
C'est dire que rien ne pourrait être plus
funeste à notre crédit. Sans doute l'opéra-
tion ferait-elle rentrer quelque argent dans
notre poche ou tout au moins nous dispense-
rait d'en sortir, mais au prix d'une déconsi-
dération dont le dommage serait incalcula-
ble,
T- Il y avait naguère dans le nouveau monde
des tribus sauvages où, chaque année, pour
fêter leur anniversaire de naissance, on his-
sait les vieux parents sur les plus hautes
branches d'un arbre, qu'on secouait ensuite
jusqu'à ce qu'en tombassent, comme des
fruits murs, ceux pu fclles qui n'avaient plus
la force de s'y tenir accroches.
L'idée de nous arracher nos colonies ne
peut sembler admissible qu'à des gens dont
lès ancêtres ont connu de telles pratiques.
Il y a des choses qui ne sont pas à vendre,
même aux conditions les plus rémunératri-
ces; notamment les êtres humains. Vendre
nos possessions c'est vendre en même temps
les populations qui y vivent et qui en vivent.
Blanches ou noires, elles ne constituent pas
une monnaie d'échange, dont il soit permis
de se servir comme d'une masse de manœu-
vre pour relever le franc. -.
Certes, il n'est pas impossible que la pres-
sion exercée contre notre devise sur les mar-
chés étrangers tende, dans l'esprit de cer-
taines gens à nous imposer un règlement léo-
nin de nos dettes, où ne serait pas nettement
écrite la clause dite de sauvegarde, par la-
quelle doit être reconnu le droit de suspen-
dre nos versements si nous venons à être frus-
trés de ceux du Plan Dawes, dont le garant
moral est le gouvernement américain, qui en
a pris l'initiative.
Fabuleuse iniquité. On nous refuserait, à
nous qui sommes à la fois les vainqueurs de
la guerre et ses victimes, des facilités qu'on
s'empresse d'accorder aux Allemands.
Juste ou injuste ce traitement serait im-
posé à notre désespoir. Nous n'avons qu'à
tendre le cou et, si nous tardons, on l'étran-
gle avec le lacet du change.
C'est monstreux. Possible. En matière de
finances, la force fait prime sur le droit.
Quant au raisonnement, il est bref : « Vous
combattiez, j'en suis fort aise; eh bien!
chantez maintenant ! »
Mais, direz-vous, la liquidation de nos
dettes par des annuités aura tout au moins
l'avantage d'écarter ces projets de cession co-
loniale dont on s'émeut.
J'ai lieu de craindre le contraire. En nous
refusant la clause de sauvegarde le gouver-
nement américain nous dit d'un ton frater-
nel : « Ne craignez rien ! Si, a un moment
donné, pour une raison ou pour une autre,
vous n'avez pas d'argent disponible, on s'ar-
rangera. »
Ainsi parlent à des poules de luxe cer-
tains fournisseurs atussi empressés à ouvrir
un crédit qu'à le fermer.
On s'arrangera. Mais comment? En nous
disant dans un langage n'admettant pas de
réplique : « Vous n'avez pas d argent
comptant; qu'à cela ne tienne! Vous avez
des colonies dont vous ne savez que faire,
des chemins de fer en déficit, des tabacs
dqnt la -vente est mal organisée, des impôts
que vous êtes incapables de faire rentrer.
laissez-nous prendre tout ça en mains et
vous verrez comme ça marchera. »
Ce n'est pas seulement nos vieilles posses-
sions que ces amis d'outre-mer sont prêts à
coloniser pour notre bien c'est la France en-
tière qu'ils sont en train d'acquérir, mai-
son par maison, avec toutes ses richesses.
Il ne leur restera plus qu'à installer à Mont-
martre, par exemple au Moulin Rouge, la
résidence du haut commissaire désigné par
la banque germano-américaine pou? nous
administrer.
C'est là que beaucoup de nos visiteurs
sont portés à voir la capitale de notre pau-
vre pays. Il n'y a pas'de quoi rire.
Grosclaude.
M. Pierre Valude
député du Cher
Les lecteurs des Annales Coloniales con-
naissent tous Pierre Valude, ils apprécient la
forte documentation de ses articles sur
des pays oit il s'est rendu au cours de multi-
Ples et lointains voyages. La guerre l'a pris
au sortir de l'Ecole Coloniale et le Berry l'a
envoyé au Parlement au lendemain du traité
de paix. Il a visité successivement l'Afrique
du Nord, l'A.O.F., l'Indochine, VEthiopie,
l'Asie Mineure, l'Egypte. Il s'est acquis au
tours de ses voyages une robuste expérience
que tous ses collègues du Parlement appré-
cient comme nous. Mais ce que nos lecteurs
ne connaissent pas, c'est\ sa chaude élo-
quence, la cordialité de ses rapports, la sû-
reté de son amitié.
Je réponds bien volontiers à l'enquête très
intéressante des Annales Coloniales.
Sur le point spécial de la cession des colo-
nies , personne de bon sens n'a jamais pu y
songer. C'est un sujet maintes fois débattu
et qui est jugé depuis longtemps (même en
abstrayant les éléments sentimentaux qui ont
déjà une valeur) pareille aberration n'a pu
germer de nos jours que dans des esprits qui
ne' pardonnent pas aux côloniaux leurs suc-
cès.' Seule une - rancune imbécile ou l'igno-
rance purent expliquer semblable attitude.
Il est beaucoup plus,' intéressant de s'atta-
cher à répondre à l'autre question sur l'éman-
cipatio" éventuelle des colonies.
Il s'agit là de la grande question de l'ave-
nir des colonies et aucun peuple civilisé ne
peut se faire à ce sujet d'illusion. Lorsque
nous aurons complété la mise au point éco-
nomique des pays actuellement sous notre tu-
telle et émancipés moralement par l'instruc-
tion des indigènes, le détachement des colo-
nies de la métropole, suivant une vieille
expression, se fera comme la chute du fruit
mftr. C'est encore un fait auquel les théori-
ciens ne pourront rien opposer.
J'ajoute que pour ma part, je considére-
rais comme immoral de vouloir sous des pré-
textes historiques, maintenir des liens qui
n'auraient plus d'autre justification que celle
de la force. Mais à ce moment une - interpé-
nétration commerciale et intellectuelle fruc-
tueuse seta née qui ne disparaîtra pas d'un
seul coup, pour le plus grand bien des deux
peuples.
Quant à croire qu'un jour, selon la phrase
de votre questionnaire « il faut envisager
tme union des Français avec les indigènes
comme les membres d'un même corps ayant
les mêmes aspirations et le. même idéal.
pour ma part, je ne peux m'imaginer que
lorsque nous aurons fait ressusciter des ci-
vilisations anciennes différentes de la nôtre
ou bien fondé un amalgame entre notre civi-
lisation et celle des indigènes, nous réali-
sions une union complète entre les sociétés
indigènes et la mère patrie. Je crois au con-
traire que notre devoir consiste à créer des
peuples frères mais conservant leur carac-
tère propre.
Ce sera déjà une belle page pour les na-
tions européennes si elles peuvent toutes à la
fin de leur histoire coloniale s'enorgueillir de
tels résultats.
Pierre Valude.
Député du Cher.
M. René Pinon
Professeur du cours d'histoire de L'Europe
Centrale à l'Ecole libre des Sciences politi-
ques, Rî. Retii Pinon est un ardent défenseur
du Prestige de la France tant en Europe que
dans les pays d'outre-mer et en particulier
dl E- xtréme- Orient. Avec M. de Marcillac, tl
a écrit la Chine qui s'ouvre et une puis-
sante étude sur l'Empire de la Méditerra-
née qui, par son chapitre sur l'entente fran-
co-italienne est, sans doute, utile à consul-
ter en ce moment de la tentative d'hégémonie
italienne de M. Mussolini. L'Europe et l'Em-
pire ottoman que précéda VEurope et la
Jeune Turquie, a placé M. René Pinon au
premier rang des historiens des choses d'Is-
lam. L'opinion du distingué successeur de
Francis Charme et de M. Poincaré à la
chronique de la quinzaine de la Revue des
deux Mondes, devait débuter tar un aperpt
significatif de notre grande possession asia-
tique voisine de la Chine qut s'ouvre. M.
René Pinon trouve que M. Alexandre Va-
renne a prononcé un peu trop tôt des paroles
justes.
Profondément Français, il ne veut pas en-
tendre parler de vendre des Français, et il
veut que chaque pays) conserve sa physiono-
mie propre.
io En Indochine pays de vieille et ori-
ginale civilisation, lo but de l'action colo-
niale ne peut pas être de substituer notre ci-
vilisation à celle des populations indigènes;
il faut donc arriver à imprégner la civilisa-
tion indigène de tout ce que la nôtre peut lui
apporter d'assimilable et de convenable à ses
traditions et à ses besoins; si bien que tout
naturellement la forte empreinte de la France
survivrait même à la fin de son Gouverne-
ment. L'idéal serait la collaboration amicale.
Il ne pourra être atteint qu'après de longa
efforts et à la condition que 1 on n'en parle
jamais aux indigènes dont l'esprit n'est pas
encore apte à comprendre toutes les nuances
de la pensée française en pareille matière.
S'exprimer aussi nettement que l'a fait M.
Varenne, c'est encourager le parti favorablo
à une indépendance qui se ferait contre nous.
Il faut s'appliquer à faire l'éducation d'une
jeunesse qui puisse comprendre que la com-
plète indépendance ne sera possible que par
la formation d'une élite capable d'organiser
.,une id nL i ii i stration en
un gouvernement et, une administration en
s'adressant à la France comme conseillère.
Dans tous les cas, la France devrait garder
des avantages économiques et sauvegarder
pleinement les intérêts de ses nationaux.
2° Il ne saurait être question de vente de
certaines colonies. On ne conçoit même pas
que l'idée puisse en venir à des esprits éclai-
rés. Une colonie, cc n'est pas seulement un
marché d'exportation et un réservoir de ma-
tières premières à l'usage de la métropole.
c'est avant tout un morceau d'humanité dont
la mère-patrie a pris en charge l'exhausse-
ment moral et matériel. On ne vend pas, on
n'échange pas des hommes. A plus.forte rai-
son ne peut-il être question de vendre des
Français établis dans les colonies.
30 Oui, mais à la condition de ne pas es-
pérer une impossible et d'ailleurs indésira-
ble centralisation; c'est l'unité dans la vérité
qu'il faut souhaiter, chaque pays gardant sa
physionomie propre et originale.
René Pinon.
.t.
A L'OFFICIEL
Le « .lùurnal officiel » du 2-V itviil public le
relevé des produits d'origine et de provenante
tunisiennes importés en France un eu Algérie
pendant ln première décatie du mois d'n\) ii W:?ti,
<>►
Départ de M. Steeg
--0-0-
M. Painlevé. ministre de la Guerre, de nom-
breux parlementaires et des amis personnels sont
venus ce matin à la gare d'Orsay saluer M.
Th. Slceg et assurer le distingué Résident Gé-
néral au Maroc de leur vive sympathie et de
leurs vœux pour l'heureux aboutissement des
négociations de paix dent il a pris l * initiative.
Avant le départ du Sud-Express, M. Slceg
a eu un entretien avec M. Quinonrs de Léon,
ambassadeur d' Espagne à Paris. Il s arrêtera
demain à Madrid et sera reçu par le roi. Lundi,
il s' entretiendra avec le premier ministre Primo
de Rivera.
Le Résident Général au Maroc qui est ac-
compagné de Mme Stecg et de M. Dubroca,
directeur de son Cabinet, compte être de re-
tour à Rabat jeudi.
Lire en '2° page ;
A l'i Chambre.
Le oontingcntcnK-nl (Ils rhums.
Lo. Port de Tunis.
Le commuivi; général Je l'Afrique Occl.
dentale,
Le budget de la Côte d'Tyoire\ ,
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