Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-04-16
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 avril 1926 16 avril 1926
Description : 1926/04/16 (A27,N59). 1926/04/16 (A27,N59).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397106d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SEJPTIBME ANNEE. N* 59
'*2 NUMERO : 20 CENTIMES
VfcMDHKDl SOIR, 16 AVP-IL IV26
Les Annales Coloniales
- -.d d 15
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES nmtfs PAR -LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
LmAmnmteu eiRirlmmrtftil reçue* aux Buteux éujmmnal d éam»U»Agenie»Jt PxMieHé
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
RéfaeliM a Ataiiîilration : 34, Rue du Mont-Thabor, PARIS-1. Téléphone : LOUVRE 19-37
- - --- --- ----
Un an 6 mois 3 mois
W^ïpuILt S France et Colonie. 80 la 45 » 25 n
."ec I.P,,' L' 80 ae 35 n
illuatr* ( Etranger 120 a 65 a 35 n
On s'abeimrie dans tous le* Bureaux de poste et chez IM principaux librairea
LES COLONIES AU SÉNAT
8"
La discussion du budget des Colonies
'-.est déroulée au Sénat à une vitesse remar-
quable. Les chapitres et les articles ont défilé
à une allure vertigineuse. Le président en a
damé lecture sans qu une observation vînt en
ooqm la monotonie.
La Chambre avait expédié ce vote comme
me formalité, le Sénat a renchéri sur cette
oélérité. Il est des esprits assez mal faits pour
estimer que le contrôle du Parlement n' a même
plus l'apparence d'un rite qu'on exécute sans
aoire à sa valeur,
En réalité, le contrôle n'est assuré que par
4e rapporteur, et l'on se fie à sa probité ; cette
confiance honore l'homme qui en est l'objet,
suis elle tend à démontrer un fléchissement
cfems le sentiment du devoir parmi les repré-
sentants de la nation.
Ces réserves faites, il convient de s'arrêter
- instant sur les deux seuls discours qui aient
éIé prononcés dans cette dis fission : celui du
ministre et celui du rapporteur. En homme de
aotnce qu'il est, M. Léon Perrier a fait
jpraove d'une brièveté en honneur parmi cer-
tains de ses anciens collègues de l'Université.
En quelques mots, il a rétabli la vérité sur ce
qp*on appelle l'incident Varenne. Je ne suis
pas du tout certain qu'il ait donné du discours
de Gouverneur Général de l'Indochine une
ânfeiprétation conforme à la réalité et à celle
de tous ceux qui l'ont lu attentivement. Mais
aela importe peu. Il s' agissait beaucoup moins
de faire l'exégèse d'un texte que de régler un
incident parlementaire. Et les paroles du mi-
nistre ont donné satisfaction à tout le monde v
oe qui me laisserait croire que bien peu parmi
aes auditeurs avaient lu attentivement le dis-
- oews qui faisait l'objet du débat.
Il est permis de regretter que M. Léon Per-
DÎer pour si amoureux qu'il soit de cette
concision qui piaft également aux hommes de
science et aux généraux n'ait pas saisi cette
occasion pour esquisser à jpands traits notre
politique coloniale. Il y a à ce sujet certaines
choses à dire, et qui ne peuvent l'être que par
m homme aussi autorisé que le chef du dépar-
taient des Colonies. Ce sera pour le prochain
fitefget. Soyons donc patients et nous finirons
90 avoir satisfaction.
M. Lebrun, rapporteur, a fait un travail
'dmt je n'ai pu que feuilleter quelques parties,
Mais qui est, au témoignage de ceux qui ont
- pour le lire des loisirs qui m'ont fait défaut,
une oeuvre du plus jpand intérêt. Il en a d'ail-
teurs fait passer l'euentiel dans le discours si
instructif, si plein qu'il a prononcé dans la dis-
cussion générale. On ne reproch era pas à M.
Lebrun de sacrifier à la rhétorique et même au
sentimentalisme. Son discours vous dédommage
de ces interventions verbeuses et molles qui
constituent trop souvent ce que l' on appelle
réloquence parlementaire. Il dit beaucoup et
-- en peu de mots.
Le rapporteur s' est d' abord attaché à recher-
cher ce que les colonies coûtent à la métropole
et ce qu'elles lui rapportent.
L$budget des Colonies s'élève à 203 mil-
Sons, chiffre modeste si l'on songe à l'éten-
alne de nos possessions extérieures et qui cor-
respond à la 140" partie du budget total. La
aanstatation est en soi exacte, mais elle ne
porte pas sur l'ensemble de notre domaine co-
lonial dont 'une partie et non la moins négli-
Sable ressortit à des ministères autres que ce-
i des colonies.
Les dépenses civiles s'élèvent seulement à
17 millions, dont 5.500.000 pour celles de
Tadministtation centrale, et 11.300.000 pour
ies subventions accordées aux diverses colo-
nies. Les frais de radministration centrale sont
relativement faibles. Cela tient à ce que l'on
a fait progressivement passer de nombreuses
dépenses du budget de la métropole aux bud-
gets locaux des colonies : celles notamment de
r. Agence Générale des Colonies, du contrôle
des chemins de fer coloniaux, du Laboratoire
général des Produits coloniaux, de l'Institut
National d'Agronomie coloniale, etc. Le rap-
porteur se demande si on n'est pas allé un peu
lbin dans cette voie, et il fait allusion à cer-
taines critiques qui se sont faites jour à la
Chambre à ce sujet.
Quant aux subventions aux diverses colo-
nies, lafriqoe Equatoriale en absorbe la plus
grande partie : 9 millions sur H. 500.000.
Cela se comprend : cette colonie est encore
dans la période des difficultés ifnancières. De
f9t9 à 1924, son budget n'a été équilibré
que grâce à des subventions de la métropole
nui ont atteint le chiffre de 38 millions se ré-
partissant ainsi qu'il suit : 18 pour le budget
binaire, 5 pour combattre la maladie du
tMIIIfteil et 15 d'avances en garanties d'un-
prunts.
Cette situation financière ne doit pas sus-
pendre ceux qui sont un peu au courant de son
notoire. L'abandon dans lequel elle a été
tenue pendant de longues années, les événe-
ments de 1911, la guerre, un régime écono-
mique défectueux, l'expliquent suffisamment.
Mais depuis deux ans. on remarque une
amlioration sérieuse et qui va se continuant.
On constate des plus-values budgétaires : elles
ont été de 5 millions pour l'an demier. Un ré-
veil économique se manifeste, dû en partie à
l'exécution de certains grands travaux d'utilité
publique et aussi à la disparition progressive
du régime cdeaI et injuste des grandes con-
cessions territoriales. Sm 87.500.000 hectares
qui avaient été concédés à l'origine, 64 mil-
fions 400.000 ont fait retour au domaine.
Les autres gandes ealOIÜes, r Afriqae Oeci-
Jentale, IR., rtadothme sont anec
prospères pour n'avoir pas à faire appel au
conccus pécuniaire de la métropole. Leurs
budgets connaissent pour la plupart des excé-
dents qui sont ref usés à celui de la mère-patrie.
Les ressources de l'Afrique Occidentale
sont en progression constante. En 1924, les
recettes budgétaires ont excédé de 61 millions
les dépenses. La caisse de réserves est bien
pourvue, et grâce à elle, on peut exécuter des
travaux importants sans qu'on ait bewin de
recourir 1 des emprunts. En 1926, les grandes
entreprises d'utilité publique (ports, chemins de
fer, etc.) se chiffreront par 120 mi llions. M.
le rapporteur donne rémunération de ces tra-
vaux : on ne saurait en contester l'utilité, mais
on peut éprouver quelque étonnement en voyant
que l'on ne consacre pas une somme plus im-
portante que celle qui est indiquée à l'amélio-
ration des institutions d'hygiène. L'Afrique
Occidentale, sans être aussi mal partagée à ce
point de vue que la région du Congo, a encore
beaucoup à faire dans ce domaine. Croit-on
qu'il serait inutile de hfife un effort Supérieur
à celui qui est donné ?
La situation de Madagascar n'est guère
moins bonne. Les comptes de 1924 se soldent
par un excédent de recettes de 17 millions.
On ne saurait en dire autant de r ladochine
qui. malgré sa prospérité certaine, ne connaît
pas les plus-values budgétaires des deux co-
lonies précédentes. Nous avons entendu 1 la
Commisson des Colonies M. Varenne faire,
sur le budget des possessions qu'il était appelé
à administrer, des observations eévè res et
affirmer la nécessité de pratiquer une politique
plus vigilante et plus attentive aux économies.
Il est revenu sur cette question dans son dis-
cours de décembre qui a fait quelque bruit.
Le rapport et le discours de M. Lebrun mon-
trent combien il avait raison.
La prospérité financière de quelques-unes de
nos grandes coloni es n'est que le miroir de leur
prospérité économique. Madagascar produit
toutes sortes de denrées tropicales, qui ne
viennent pas concurrencer la production de la
métropole, mai s au contrai re la complètent.
L'activité des indigènes fait de grands progrès.
L'industrie des mi nes fait naître les plus
grands espoirs : Madagascar tient la tête pour
la production du graphite, et ses ressources en
pétrole et en charbon sont estimées devoir être
considérables. Le tonnage des importations et
celui des exportations s'accroît régulièrement,
de 100.000 tonnes en 1900, il est passé à
400.000 en 1925. Des observations aussi fa-
vorab les peuvent être faites en ce qui concerne
les autres colonies. L'Afrique du Nord est en
tête de la moduction mondiale pour les phos-
phate. Pt l'Indochine occupe la seconde place
pour celle du riz. et l'Afrique Occidentale
donne chaque année 400.000 tonnes d'arachi-
des.
Le rapporteur voit dan" cette prospérité de
nos possessions il les passe toutes en re-
vue et nous ne saurions le suivre dans ce long
voyage un élément incontestable de la puis-
sance de la France. Aussi repousse-t-il com-
me sacrilège l'idée de la vente de nos colo-
nies : « Est-ce à l'heure, s'écrie-t-il, où tous
« les peupl es sont engagés dans une bataille
CI pacifique pour les matières premières, qu'il
CI s' agisse du pétrole. du cuivre, du caout-
« chouc, du coton, de la laine, des oléagi-
M neux, du bois, des phosphates que nous
« irions vendre une partie de ce domaine grâce
If auquel demain, si nous en croyons les chif-
« fres que je me suis permis de placer sous vos
« yeux tout à l'heure, nous trouverions dans
« cet ordre d'idées des armes puissantes ? n
Dans la lutte économique présente, notre
Empire colonial nous assure une place avanta-
geuse sinon prééminente. Il ioue dans notre
économie nationale un rôle fort important.
En 1924, le commerce extérieur de nos co-
lonies représentait 18 milliards, soit environ un
cinquième de celui de la France. Les importa-
tions ont représenté 10 de celles de la mé-
tropole et les exportations 15
Aux avantages d'ordre économique s' ajou-
tent les avantages militaires : en 1925, 80.700
indigènes servaient sous nos drapeaux. « Nos
colonies, s'écrie le rapporteur, constituent un
réservoir précieux où nous pourrions puiser si,
plus tard, les mauvais jours devaient revenir. »
Que peuvent peser en présence de ces avan-
tages de toute nature les 225 millions des dé-
penses militaires qu'un calcul ingénieux réduit
à 157. Rien ou en tout cas bien peu de choses.
Tel est ce tableau de notre situation colo.
niale. Nous l'avons analysé avec autant de
fidélité que possible. Ce n'est pas à dire que.
si la forme en est agréable, le fond ne sog..
lève pas de grandes critiques et n'appelle pas
des réserves sérieuses. M. Lebnm a des colo.
nies, de leur rôle dans l'économie mondiale et
nationale, une conception qui n'eat pas la
nôtre. Mais nous nous expliquerons sur ce su-
jet une autre fois, de mêfoe que nous aurons
à revenir sur certaines lacunes concernant la
politique à suivre à l'égard des indigènes.
Henry Fontanier.
Mputê du Contât, tec*étaire de la
Cemmttcton da Affairer étran-
gères. membre de la Cbmmtnfen
des CetentM.
–-
SN SYRIE
----0-0-
Dana le haut commandement
Le général Billotte, qui exerçait précé-
demment un important commandement at)
Maroc, est actuellement en Syrie et a été
Maroc, délégué du Haut-Gbmlffissaire *
nommé
Alep.
Quelques réflexions
sur la grande île
Nous ne sommes Pas suspect ici
dans ce journal comme on le fait
trop souvent de critiquer l'ad-
ministration coloniale et ses agents. Peut-être
mime serions-nous enclins à trop d'optimisme
à ce sujet. C'est que nous savons le labeur
accompli dans le silenât par nos fonction-
naires et agents coloniaux et les magnifiques
résultats qu'ils obtiennent. Cela nous met donc
à l'aise pour élever de temps à autre quel-
ques critiques avec le seul souâi de donner
quelques avis peut-Itre utiles. Or, une chose
nous paraît certaine parce que souvent dé-
noncée, c'est la centralisation à outrance et
la paperasserie dont' souffrent les services de
la Grande Ile. Qu'on nous comprenne bien :
il ne s'agit pas de la multiplicité de textes
dans lesquels les intéressés les plus experts
finissent par se perdre. Le progrès de notre
jeune colonie exige que les actes administra-
tifs qui règlent sa vie, soient continuellement
remis sur le métier, améliorés, adaptés à ce
progrès et même le précédent.
Il ne s'agit que de la paperasserie courante
inutile que personne ne lit jamais, des
étapes successives que les documents doivent
franchir avant plication que les bureaux s'efforcent de don-
ner à toute réglementation nouvelle. Le mo-
dèle du genre est donné par les états de toute
nature qui sont exigés par le recrutement mi-
litaire. Cest effarant et chaque commission
de recrutement laisse derrière elle des cen-
taines de documents en double, triple, dont
les neuf dixièmes sont des états nhznts. Cer-
tes, nous savons que tout cela a pour but de
sauvegarder le droit, et d'assurer un traite-
ment égal à tous les jeunes gens. Ceux d'entre
ces derniers qui n ont cure de tous ces beaux
sentiments restent d'ailleurs tranquillement
chez eux supprimant à leur égard et d'un seul
coup toutes ces précautions. On a eu le tort
de vouloir appliquer à nos malgaches les rè-
gles de recrutement appliquées en France,
mais nous voici loin de notre sujet : et r his-
toire de la centralisation imposée Par la rue
Oudinot est. une autre histoire.
Donnons quelques précisions : interdiction
aux chefs de district de communiquer direc-
tement avec les chefs de service mime de la
même province. Tout doit passer par cette
dernière. Il s'agit de préciser l'emplacement
d'une concession demandée par un colon, ou
de savoir si ce terrain est bien libre de toute
occupation. Impossible de demander direc-
tement ce renseignement au Receveur des
domaines qui seul peut le donner. Il faut
laire passer la demande par la province. Les
grandes directions et les services de Tana-
narive accumulent dans leurs archives tous
les renseignements que l'on peut souhaiter
avoir depuis trente ans sur une question. Il
en est de même des provinces qui chaque an-
née reçoivent de leurs chefs de district des
rapports d'ensemble documents très com-
plets sur la vie administrative, politique, éco-
nomique et financière de ces subdivisions.
Toutes ces informations dorment dans leurs
chemises et le moindre renseignement désiré
par un chef de service ou un chef de province
fait l'objet de demandes dans toute l'ile. En-
core un exemple : la Direction des Finances
de l'anallarive avait besoin de connaître la
quantité d'alcool distillé dans la colonie de-
puis dix ans. Elle demande ce renseignement
à la Direction des douanes. Notez que cette
direction a des chiffres très exacts à ce sujet
et pour cause puisqu'elle entretient des sur-
veillants dans chaque distillerie, que ces sur.
veillants lui adressent chaque mois les relevés
des quantités d'alcool fabriquées et que c'est
elle -Direction des douanes qui établit les
ordres de recettes pour droits de consomma-
tion dus par les distillateurs. Eh bien c'eût
été trop simPle de faire les recherches néces-
saires à Tananarive et la Direction a préféré
demander ce renseignement aux chefs de pro-
vince qui l'Ollt demandé aux chefs de dis.
tricts.
Za réponse a suivi le même itinéraire. On
se rend compte de l'armée de dactylos et se-
crétaires, de la quantité de papier carbone.,
ruban de machine employés à ces copies et
transmissions successives ? Je Puis dire que
c'est effarant. Et j'ai appris avec un profond
étonnement et une admiration aussi grande
que le pourcentage des dépenses de Mada-
gascar pour son personnel admtmstrattf qui
était de 23 en 1913 était descendu à 20
en 1926. Combien de nos fonctionnaires et
agents de la Métropole auraient besoin d'ftre
mis à l'Ecole des coloniauxt Pour conclure,
je pense que le chef qui aura la volonté de
s'atteler à une réforme sérieuse de toutes ces
formalités et Paperasseries inutiles, malfai-
santes même parce que prenant le meilleur
du temps de nos fonctionnaires, ce chef
obtiendra à notre sens des résultats substan-
tiels incalculables parce qu'incalculables
aussi les mifaits de ces plaies administra-
tives : la centralisation et ta paperasserie. Et
nous croyons savoir que le distingué gouver-
neur général de Madagascarx M. Olivier,
est dhposè à une action de ce genre qui sera
accueilli avec reconnaissance par tous les
intéressés.
Maurice Bouilloux-Lefont
Mputê du Ffntttêre.
Vtov-Prlvidmt tk ia Chambre,
Pourquoi colonisons-nous ?
ABANDON? -- - VENTE? -- ASSOCIATION? --
Des commentaires véhéments ont accueilli
récemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne. Gouverneur Général de
l'Indochine.
Au cours de sed exposé, le Gouverneur Gé-
néral de I'Izfdechine obab parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoi, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
bassadeur de France à Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, mais n'en
serait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à ce but?
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
Claude Farrère, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de guerre. Croyez-vous qu'au xx* siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés la-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
Indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu'un
jour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée. permettra de considérer toutes les par-
celles du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un mêmA
corps ayant les mêmes aspirations, le même
idéal ?
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalités.
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. François-Mar-
.al, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel Boulenger,
Victor Margueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymond Poincaré, Aimé Bertfbod, B. Di".
gne, le docteur Marchoux, Fernand Laudet,
Francis de Croisset, le marquis de Barthé-
lémy, Emile Bourgeois, Gruvel cd Mme Elissa:
Rhaïs.
En voici de nouvelles :
M. Charles Debirre
Sénateur du Nord
Les lecteurs des Annales Coloniales con-
naissent depuis de longues années notre ex-
cellent collaborateurt Charles Debierre, séna-
teur du Nord.
Parole ardente, œil toujours en éveil, notre
ami est un combatif et il a mené dans son dé-
partement maintès campagnes dont les ans
n'ont pas effacé les souvenirs.
Au Sénat dans les grandes commissions,
budget, affaires étrangtres" ses conseils sont
aussi écoutés que ses interventions à la Tri-
bune. Maints rapports importants lui ont été
confiés, notamment, pendant plusieurs an-
liées, celui du Budget de VHygiène. M. De-
bierrej armant d'être élre sénateur, était pro-
fesseur à la Faculté de Médecine de Lille.
Mon cher directeur,
A moi, comme à d'autres, vous posez la
Huestion : Pourquoi colonisons-nous? Aban-
don? Vente? Association?
Je réponds : - .--
Les erreurs financières et politiques des
Gouvernements de guerre et d'après-guerre
ont amené la France à un tel état d'inquié-
tude et de misère malgré l'apparente ri-
chesse du pays que l'on pourrait songer à
vendre quelques-unes de nos colonies pour
payer nos dettes vis-à-vis de nos anciens
alliés ou associés. Nous n'avons, on l'a dit et
répété, plus d'argent, pas de colons, plus
ou presque plus de bateaux et nos dettes sont
écrasantes.
Assurément, aliéner certaines de nos colo-
nies comme fit jadis Louis XV pour le
Canada et Napoléon pour la Louisiane et la
Floride serait plus habile que de se les
laisser prendre. Mais encore, faudrait-il des
acheteurs.
Cependant, il faut convenir que le pays,
bien ou mal inspiré, répugne à la vente de
ses colonies qu'il a acquises au prix de son
sang et de ses deniers et qu'il considère ac-
tuellement comme une parcelle du patri-
moine national.
Avons-nous su jusqu'ici d'ailleurs, coloni-
ser, c'ost-i-dire tirer profit de nos colonies
tout en les aménageant et Tes élevant à un
degré plus grand de bien-être et de réelle
civilisation ?
Croyez, mon cher directeur, à l'assurance
de mes meilleurs sentiments.
Ch. Debierre,
Scnalcur du S or il, Membre de la Commis-
sion sénatoriale (lee Affaires Etrannères.
Le Vicomte de Guichen
Le vicomte de Guichen qui fut premier se-
crétaire d'ambassade et a laissé dans la di-
plomatie le souvenir d'un homme intelligent
et de ccrmmcrce alerte, nous adresse la ré-
ponse suivante. On sait que depuis qu'il a
quitté la carrière il consacre ses laborieux
loisirs à des études historiques et diplonta-
tiques très appréciées des lecteurs des gran-
des revues littéraires et du Gaulois.
Monsieur le Directeur,
Je réponds à votre demande du 29 mars :
Je crois que ce serait une erreur profonde
d'aliéner nos colonies ou d'y remplacer notre
domination par une domination indigène. Ce
serait un commencement de diminutio capitif.
L'Indochine est une colonie superbe, en
plein essort. Mais c'est un pays de produc-
tion du riz ; elle peut être convoitée p.:r des
voisins plus ou moins éloignés et auxquels
manque cette denrée. C'est là un grave dan-
er.
Ce qu'il faudrait surtout à nos colonies
c'est d'y diminuer le nombre de nos fonction-
naires. Il serait en outre urgent de les met-
tre toutes en valeur pour l'amortissement de
nos dettes, que la vente ou l'exploitation des
produits coloniaux permettrait d'amortir au
moins partiellement, dans une mesure plus
ou moins forte. Voilà la question capitale.
On pourrait ainsi alléger le fardeau écra-
sant des impôts qui pèsent en France sur nos
classes moyennes. Elles finiront par s'effon-
drer pour le plus grand malheur du pays!
Mais la démagogie ne s'occupe pas de ce
point de vue, pourtant vital pour notre pa-
trie si éprouvée.
Veuillez agréer, monsieur le Directeur,
mon meilleur souvenir.
Vicomte de Guicben.
M. Pierre Bonardi
Ancien fonctionnaire colonial, Pierre Bo-
naldi a bifurqué de Vadministration vers la
littérature, et il n'a pas déraillé. Il a au
contraire trouvé une voie largement ouverte.
Ses li¡,,,'s,, ses romans ont eu un succès con-
sidérable et une légion d'Honneur rêcepte a
récompensé ses nobles elforts. Il est au sur-
plus directeur littéraire de la Volonté et a
réussi dans ces fonctions à faire dans ce
journal une page quotidienne littéraire. bien
nourrie, vivante, originale.
Cher ami,
Si la France n'a entrepris son teuvre co-
loniale que pour élever les indigènes au droit
de disposer d'eux-mêmes, la France restera
ce qu'elle a toujours éfe, c'est-à-dire le mo-
dèle entre les nations, du désintéressement
et de l'élégance morale. D'ailleurs, une tu-
telle qui n'aurait pas d'autre dessein abouti-
rait, non point à la séparation, mais à une
fusion totale de la métropole et des pays
d'outre-mer.
La question de la vente d'une colonie
n est, pour moi, comme certaines manifesta-
tions séparatistes, qu'une menace platonique
destinée à appeler l'attention des pouvoirs
publics sur la nécessité de mieux compren-
dre leur rôle.
il est évident que la vente de la Guyane
serait une sottise, mais prétendre qu'il faut
la vendre serait une excellente prétention.
si elle amenait les Français à réfléchir sur
la prodigieuse richesse de cette colonie et à
entreprendre l'exploitation.
On s'enrichirait plus à tirer l'or de Guyane
qu'à le céder pour du dollar. Pourriez-vous
me dire, vous, directeur d'un journal colo-
nial, pourquoi on n'exploite pas l'or de
Guyane ?
Votre troisième question a eu sa réponse
dans la première; c'est à nous de faire des
indigènes, des nationaux, des citoyens et
non des assujettis.
Cordialement vôtre.
P. Bonardi.
M. Henri Fescourt
AI. Henri Fescourt, avocat, auteur dramtl-
tique, journaliste, est devenu l'un de nos
meilleurs cinégrapllistcs : tout le monde COll-
naît entre autres films de qualité signés de
lui, Les Grands, Mandrin et ces émouvants
Misérables que VAmérique et L'Angleterre
viennent d'acheter, ce qui n'est pas utir
mince victoire.
Par sa réponse, M. Fescourt fait ressortir
l'argument le plus puissant de tous : l'argu-
ment sentimental.
Monsieur le directeur,
Vous avez bien voulu me demander mon
opinion sur la vente de nos colonies.
Je dois vous avouer que ma compétence e>t
fort limitée en ces matières. Mon avis sera
d'autant plus modeste. Je me bornerai à rai-
sonner avec mon bon sens si vous préférez,
avec mon cœur, pour mieux parler français.
Je me souviens qu'à la guerre je voyais
d'innombrables régiments d'Indo-Chinois,
de Malgaches, d'Africains servir à nos côtés
et avec quel dévouement, nous l'avons
tous reconnu. Je ne sais pas si, de ce fait,
nous avons maintenant, je ne dis pas le
droit, mais la permission de les vendre.
Veuillez agréer, Monsieur le directeur,
l'expression de mes sentiments les plus dis-
tingués.
Henri Fescourt.
«*et>
L'AVIATION COLONIALE
----(M)--
Mission d'exploration aux Philippines
L'exploration par avions de la partie en-
core inconnue du Mindoro a amené la dé-
couverte d'une tribu encore ignorée. Les
explorateurs espèrent trouver des traces
d'une civilisation antérieure.
Madrid-Philippines
On n'a pns encore retrouvé le ccmmnn-
dant Hatcvcz, malgré toutes les recherchas
auxquelles concourt avec zèle l'émit'
Abdallah.
-8,
TAUX DE LA ROUPIE
.0-
A la date du. 15 avril 19*26 le taux officiel
de la roupie dans l'Inde était de 10 fr.
L'Allemagne veut des colonies
Il ne se pabse pas de jours que daim lt
pressa allemande, nous ne constations les
âpres revendications de nos voisins pour la
reconstitution de leur empire colonial.
Une fois par semaine, généralement, les
cchos de ces réclamations traversent le Rhin.
Cette fois, le Mittag Berliner Zeitung in-
dique que l'entrée de l'Allemagne dans la
Société des Nations lui donne droit à des
madats coloniaux comme les autres nations
adhérentes au pacte. Ce journal semble indi-
quer que pour l'instant, l'Allemagne ne vise
pas les colonies portugaises.
L'Allemagne ne traitera qu'avec les puis-
sances alliées et associées au profit desqut-
les seules, elle a, par l'article 119 du Trafté
de Versailles, renoncé à ses colonies. L'Al.
lemagne conteste formellement la légitimité
du fait que l'Union sud-africaine se soit ap-
proprié les soi-disant mandats C (Sud-Ouest
africain allemand); en ce qui concerne le
mandat B Cq'est-.Vdire le Togo et le Came-
roun franco-britannique et. le Tanganyika
britannique) : ces territoires, d'après l'arti-
cle 22 du traité, ne devraient pas être consi-
dérés comme étant sous des administrations
différentes. Des négociations ultérieures pour-
ront seules décider comment la S. D. N. ré-
glera de nouveau ces questions et comment
elle donnera satisfaction aux demandes des
mandats allemands. »
Au reste, notre confrère berlinois indique
que le petit Togo ne fera pas l'objet de ré-
clamations, et que c'est la colonie que l'Al-
lemapne. ne revendiquera pas. I.e Cameroun
morcelé ne fèra l'objet que de convoitises ul-
térieures le Sud-Ouest africain viendra
sans doute avant, mais c'est l'Est-Africain al-
lemand. aujourd'hui Kenta, concédé à
l'Union Sud-Africaine, et la plus belle, la
plus prospère, la plus t iche des anciennes
colonies allemande"; que nos voisins désirent
le plu" ardemment. Comme, à plusieurs re
prises. l'Angleterre a marqué son adhésion
formelle h la reconstitution d'un empire co-
10nial germanique, nul doute que l'accord
se fera "ur cette base à la Société des Na-
tions, et la France ne pourra que souscrire
a la restitution à l'Allemagne de son ancien
Est-Africain par l'Empire britannique.
•
• •
Ce n'est pas tout. Le sentiment unanime
du peuple allemand en faveur de la recons-
titution d'un empire colonial se retrouve
partout, notamment à l'endroit où le Ger-
main se plaît le plus, à la taverne.
On sait que les bocks sont servis sur des
ronds de feutre ou de carton dans les bras-
series allemandes. Dans un grand nombte
d'entre elles, le feutre en question porto
l'insrription suivante :
t L'empire colonial de l'Angleterre est
cent lois plus graJld que la mère patrie. Le
nombre d'habitants des colonies anglaises
est neuf "oir plus grand 'lit/' celui de l'An-
gleterre propre. Et l'Allemagne t »
L'Allemagne espère.
- -_ -
Le catholicisme en Afriaue
-0-0-
Il st. ,', i l.iui que l'Islam est de toutes les
relu'mns .-elle, qui s'adapte le plus facile-
ment UI1 mœurs et coutumes de la race
noire, l'Afrique, est bien terre d'Islam.
Mais en doit tout de même constater que
les efforts des missionnaires catholiques
leur ont prieuré des résultats assez irdé-
ressnnts.
D'après YF.ssor Colonial et Maritime de
Bruxelles, aujourd'hui v\N4'>7 prèfros, tant
séculiers que réguliers et indigènes, tra-
vaillent '1 îY-vangélisntiun île l'Afrique, e-
cond-'s par l.f>90 frères laïques et 7.011 re-
ligieuses.
Le résultat île cet eliort apostolique était,
représenté, an 31 déeemke p;>^i, par :2 mil-
lions 70i. li!) catholiques - t L.TJO.&H caté-
ehumènes, pour la parti,. essentiellement
missionnaire du continent africain, et par
LIII;I.:3-: c atholiques et 1.782 catéchu-
ne'-nes pour le continent noir pris dans son
ensemble. Au début, et pendant le pre-
mier qu:ir! d'i dernier siè -'e. la population
̃•atl'.oli'pH !• l'Afrique n'atteignait
i'-n.ttf'it ,Vir
RETOUR DETRIPOLITAINE
.M. a quitte 1 rtpoli à bord du
Contc-di-Cal'OIIr, pour Gaete, ou il doit dé-
barquer demain soir ou dimanche matin, pour
gagner immédiatement Rome, où (in lui pré-
pare une réception grandiose.
Il est regrettable que le , tmee » n'ait pas
cru dc\(',r pénétrer plus a\ant dans la colonie.
italienne pu m:eu\ se rendre compte de l' avenir réserver
à la colonisation italienne dont lhadamè.
Ghat c'« \lourzouk sont les avancées saharien-
- -
nes. Il nous semble également que les oe-
nousMstcs. où tous les Musulmans africains
prennent le mot d'ordre, ont ignoré fa visite
du dictateur italien. Ç' eùt etc cependant fort
intéressant pour M. Mussolini de causer avec
eu)" c:^me M. Viollette vient de c causer J)
ave. >> prands chefs (Ki Sud algérien.
ilrutni DES PORTS DU MiROC
-0-4)--
Dans le Bulletin de !a Lh.ambre de Com-
merce de Casablanca, nous trouvons le j ren-
seignements suivants ^ir le conimein; de*
ports du Maroc pendant l'année n)-S«
('ommer,,-c ttJtiÙ
Casablanca : 1.028.268.477 pOllr-
1.115.685 tonnes.
Mazagan : 146,564,.'11; fI'. pour 4^-4'*) t.
Kénitra : 129.937.436 fr., pour 12.1 t.
Mogador : 112.406.273 fr., pour 35-6'S t.
Rabat : 91.093.568 fr., pour ),OlS tonnes.,
'*2 NUMERO : 20 CENTIMES
VfcMDHKDl SOIR, 16 AVP-IL IV26
Les Annales Coloniales
- -.d d 15
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES nmtfs PAR -LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
LmAmnmteu eiRirlmmrtftil reçue* aux Buteux éujmmnal d éam»U»Agenie»Jt PxMieHé
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
RéfaeliM a Ataiiîilration : 34, Rue du Mont-Thabor, PARIS-1. Téléphone : LOUVRE 19-37
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Un an 6 mois 3 mois
W^ïpuILt S France et Colonie. 80 la 45 » 25 n
."ec I.P,,' L' 80 ae 35 n
illuatr* ( Etranger 120 a 65 a 35 n
On s'abeimrie dans tous le* Bureaux de poste et chez IM principaux librairea
LES COLONIES AU SÉNAT
8"
La discussion du budget des Colonies
'-.est déroulée au Sénat à une vitesse remar-
quable. Les chapitres et les articles ont défilé
à une allure vertigineuse. Le président en a
damé lecture sans qu une observation vînt en
ooqm la monotonie.
La Chambre avait expédié ce vote comme
me formalité, le Sénat a renchéri sur cette
oélérité. Il est des esprits assez mal faits pour
estimer que le contrôle du Parlement n' a même
plus l'apparence d'un rite qu'on exécute sans
aoire à sa valeur,
En réalité, le contrôle n'est assuré que par
4e rapporteur, et l'on se fie à sa probité ; cette
confiance honore l'homme qui en est l'objet,
suis elle tend à démontrer un fléchissement
cfems le sentiment du devoir parmi les repré-
sentants de la nation.
Ces réserves faites, il convient de s'arrêter
- instant sur les deux seuls discours qui aient
éIé prononcés dans cette dis fission : celui du
ministre et celui du rapporteur. En homme de
aotnce qu'il est, M. Léon Perrier a fait
jpraove d'une brièveté en honneur parmi cer-
tains de ses anciens collègues de l'Université.
En quelques mots, il a rétabli la vérité sur ce
qp*on appelle l'incident Varenne. Je ne suis
pas du tout certain qu'il ait donné du discours
de Gouverneur Général de l'Indochine une
ânfeiprétation conforme à la réalité et à celle
de tous ceux qui l'ont lu attentivement. Mais
aela importe peu. Il s' agissait beaucoup moins
de faire l'exégèse d'un texte que de régler un
incident parlementaire. Et les paroles du mi-
nistre ont donné satisfaction à tout le monde v
oe qui me laisserait croire que bien peu parmi
aes auditeurs avaient lu attentivement le dis-
- oews qui faisait l'objet du débat.
Il est permis de regretter que M. Léon Per-
DÎer pour si amoureux qu'il soit de cette
concision qui piaft également aux hommes de
science et aux généraux n'ait pas saisi cette
occasion pour esquisser à jpands traits notre
politique coloniale. Il y a à ce sujet certaines
choses à dire, et qui ne peuvent l'être que par
m homme aussi autorisé que le chef du dépar-
taient des Colonies. Ce sera pour le prochain
fitefget. Soyons donc patients et nous finirons
90 avoir satisfaction.
M. Lebrun, rapporteur, a fait un travail
'dmt je n'ai pu que feuilleter quelques parties,
Mais qui est, au témoignage de ceux qui ont
- pour le lire des loisirs qui m'ont fait défaut,
une oeuvre du plus jpand intérêt. Il en a d'ail-
teurs fait passer l'euentiel dans le discours si
instructif, si plein qu'il a prononcé dans la dis-
cussion générale. On ne reproch era pas à M.
Lebrun de sacrifier à la rhétorique et même au
sentimentalisme. Son discours vous dédommage
de ces interventions verbeuses et molles qui
constituent trop souvent ce que l' on appelle
réloquence parlementaire. Il dit beaucoup et
-- en peu de mots.
Le rapporteur s' est d' abord attaché à recher-
cher ce que les colonies coûtent à la métropole
et ce qu'elles lui rapportent.
L$budget des Colonies s'élève à 203 mil-
Sons, chiffre modeste si l'on songe à l'éten-
alne de nos possessions extérieures et qui cor-
respond à la 140" partie du budget total. La
aanstatation est en soi exacte, mais elle ne
porte pas sur l'ensemble de notre domaine co-
lonial dont 'une partie et non la moins négli-
Sable ressortit à des ministères autres que ce-
i des colonies.
Les dépenses civiles s'élèvent seulement à
17 millions, dont 5.500.000 pour celles de
Tadministtation centrale, et 11.300.000 pour
ies subventions accordées aux diverses colo-
nies. Les frais de radministration centrale sont
relativement faibles. Cela tient à ce que l'on
a fait progressivement passer de nombreuses
dépenses du budget de la métropole aux bud-
gets locaux des colonies : celles notamment de
r. Agence Générale des Colonies, du contrôle
des chemins de fer coloniaux, du Laboratoire
général des Produits coloniaux, de l'Institut
National d'Agronomie coloniale, etc. Le rap-
porteur se demande si on n'est pas allé un peu
lbin dans cette voie, et il fait allusion à cer-
taines critiques qui se sont faites jour à la
Chambre à ce sujet.
Quant aux subventions aux diverses colo-
nies, lafriqoe Equatoriale en absorbe la plus
grande partie : 9 millions sur H. 500.000.
Cela se comprend : cette colonie est encore
dans la période des difficultés ifnancières. De
f9t9 à 1924, son budget n'a été équilibré
que grâce à des subventions de la métropole
nui ont atteint le chiffre de 38 millions se ré-
partissant ainsi qu'il suit : 18 pour le budget
binaire, 5 pour combattre la maladie du
tMIIIfteil et 15 d'avances en garanties d'un-
prunts.
Cette situation financière ne doit pas sus-
pendre ceux qui sont un peu au courant de son
notoire. L'abandon dans lequel elle a été
tenue pendant de longues années, les événe-
ments de 1911, la guerre, un régime écono-
mique défectueux, l'expliquent suffisamment.
Mais depuis deux ans. on remarque une
amlioration sérieuse et qui va se continuant.
On constate des plus-values budgétaires : elles
ont été de 5 millions pour l'an demier. Un ré-
veil économique se manifeste, dû en partie à
l'exécution de certains grands travaux d'utilité
publique et aussi à la disparition progressive
du régime cdeaI et injuste des grandes con-
cessions territoriales. Sm 87.500.000 hectares
qui avaient été concédés à l'origine, 64 mil-
fions 400.000 ont fait retour au domaine.
Les autres gandes ealOIÜes, r Afriqae Oeci-
Jentale, IR., rtadothme sont anec
prospères pour n'avoir pas à faire appel au
conccus pécuniaire de la métropole. Leurs
budgets connaissent pour la plupart des excé-
dents qui sont ref usés à celui de la mère-patrie.
Les ressources de l'Afrique Occidentale
sont en progression constante. En 1924, les
recettes budgétaires ont excédé de 61 millions
les dépenses. La caisse de réserves est bien
pourvue, et grâce à elle, on peut exécuter des
travaux importants sans qu'on ait bewin de
recourir 1 des emprunts. En 1926, les grandes
entreprises d'utilité publique (ports, chemins de
fer, etc.) se chiffreront par 120 mi llions. M.
le rapporteur donne rémunération de ces tra-
vaux : on ne saurait en contester l'utilité, mais
on peut éprouver quelque étonnement en voyant
que l'on ne consacre pas une somme plus im-
portante que celle qui est indiquée à l'amélio-
ration des institutions d'hygiène. L'Afrique
Occidentale, sans être aussi mal partagée à ce
point de vue que la région du Congo, a encore
beaucoup à faire dans ce domaine. Croit-on
qu'il serait inutile de hfife un effort Supérieur
à celui qui est donné ?
La situation de Madagascar n'est guère
moins bonne. Les comptes de 1924 se soldent
par un excédent de recettes de 17 millions.
On ne saurait en dire autant de r ladochine
qui. malgré sa prospérité certaine, ne connaît
pas les plus-values budgétaires des deux co-
lonies précédentes. Nous avons entendu 1 la
Commisson des Colonies M. Varenne faire,
sur le budget des possessions qu'il était appelé
à administrer, des observations eévè res et
affirmer la nécessité de pratiquer une politique
plus vigilante et plus attentive aux économies.
Il est revenu sur cette question dans son dis-
cours de décembre qui a fait quelque bruit.
Le rapport et le discours de M. Lebrun mon-
trent combien il avait raison.
La prospérité financière de quelques-unes de
nos grandes coloni es n'est que le miroir de leur
prospérité économique. Madagascar produit
toutes sortes de denrées tropicales, qui ne
viennent pas concurrencer la production de la
métropole, mai s au contrai re la complètent.
L'activité des indigènes fait de grands progrès.
L'industrie des mi nes fait naître les plus
grands espoirs : Madagascar tient la tête pour
la production du graphite, et ses ressources en
pétrole et en charbon sont estimées devoir être
considérables. Le tonnage des importations et
celui des exportations s'accroît régulièrement,
de 100.000 tonnes en 1900, il est passé à
400.000 en 1925. Des observations aussi fa-
vorab les peuvent être faites en ce qui concerne
les autres colonies. L'Afrique du Nord est en
tête de la moduction mondiale pour les phos-
phate. Pt l'Indochine occupe la seconde place
pour celle du riz. et l'Afrique Occidentale
donne chaque année 400.000 tonnes d'arachi-
des.
Le rapporteur voit dan" cette prospérité de
nos possessions il les passe toutes en re-
vue et nous ne saurions le suivre dans ce long
voyage un élément incontestable de la puis-
sance de la France. Aussi repousse-t-il com-
me sacrilège l'idée de la vente de nos colo-
nies : « Est-ce à l'heure, s'écrie-t-il, où tous
« les peupl es sont engagés dans une bataille
CI pacifique pour les matières premières, qu'il
CI s' agisse du pétrole. du cuivre, du caout-
« chouc, du coton, de la laine, des oléagi-
M neux, du bois, des phosphates que nous
« irions vendre une partie de ce domaine grâce
If auquel demain, si nous en croyons les chif-
« fres que je me suis permis de placer sous vos
« yeux tout à l'heure, nous trouverions dans
« cet ordre d'idées des armes puissantes ? n
Dans la lutte économique présente, notre
Empire colonial nous assure une place avanta-
geuse sinon prééminente. Il ioue dans notre
économie nationale un rôle fort important.
En 1924, le commerce extérieur de nos co-
lonies représentait 18 milliards, soit environ un
cinquième de celui de la France. Les importa-
tions ont représenté 10 de celles de la mé-
tropole et les exportations 15
Aux avantages d'ordre économique s' ajou-
tent les avantages militaires : en 1925, 80.700
indigènes servaient sous nos drapeaux. « Nos
colonies, s'écrie le rapporteur, constituent un
réservoir précieux où nous pourrions puiser si,
plus tard, les mauvais jours devaient revenir. »
Que peuvent peser en présence de ces avan-
tages de toute nature les 225 millions des dé-
penses militaires qu'un calcul ingénieux réduit
à 157. Rien ou en tout cas bien peu de choses.
Tel est ce tableau de notre situation colo.
niale. Nous l'avons analysé avec autant de
fidélité que possible. Ce n'est pas à dire que.
si la forme en est agréable, le fond ne sog..
lève pas de grandes critiques et n'appelle pas
des réserves sérieuses. M. Lebnm a des colo.
nies, de leur rôle dans l'économie mondiale et
nationale, une conception qui n'eat pas la
nôtre. Mais nous nous expliquerons sur ce su-
jet une autre fois, de mêfoe que nous aurons
à revenir sur certaines lacunes concernant la
politique à suivre à l'égard des indigènes.
Henry Fontanier.
Mputê du Contât, tec*étaire de la
Cemmttcton da Affairer étran-
gères. membre de la Cbmmtnfen
des CetentM.
–-
SN SYRIE
----0-0-
Dana le haut commandement
Le général Billotte, qui exerçait précé-
demment un important commandement at)
Maroc, est actuellement en Syrie et a été
Maroc, délégué du Haut-Gbmlffissaire *
nommé
Alep.
Quelques réflexions
sur la grande île
Nous ne sommes Pas suspect ici
dans ce journal comme on le fait
trop souvent de critiquer l'ad-
ministration coloniale et ses agents. Peut-être
mime serions-nous enclins à trop d'optimisme
à ce sujet. C'est que nous savons le labeur
accompli dans le silenât par nos fonction-
naires et agents coloniaux et les magnifiques
résultats qu'ils obtiennent. Cela nous met donc
à l'aise pour élever de temps à autre quel-
ques critiques avec le seul souâi de donner
quelques avis peut-Itre utiles. Or, une chose
nous paraît certaine parce que souvent dé-
noncée, c'est la centralisation à outrance et
la paperasserie dont' souffrent les services de
la Grande Ile. Qu'on nous comprenne bien :
il ne s'agit pas de la multiplicité de textes
dans lesquels les intéressés les plus experts
finissent par se perdre. Le progrès de notre
jeune colonie exige que les actes administra-
tifs qui règlent sa vie, soient continuellement
remis sur le métier, améliorés, adaptés à ce
progrès et même le précédent.
Il ne s'agit que de la paperasserie courante
inutile que personne ne lit jamais, des
étapes successives que les documents doivent
franchir avant
ner à toute réglementation nouvelle. Le mo-
dèle du genre est donné par les états de toute
nature qui sont exigés par le recrutement mi-
litaire. Cest effarant et chaque commission
de recrutement laisse derrière elle des cen-
taines de documents en double, triple, dont
les neuf dixièmes sont des états nhznts. Cer-
tes, nous savons que tout cela a pour but de
sauvegarder le droit, et d'assurer un traite-
ment égal à tous les jeunes gens. Ceux d'entre
ces derniers qui n ont cure de tous ces beaux
sentiments restent d'ailleurs tranquillement
chez eux supprimant à leur égard et d'un seul
coup toutes ces précautions. On a eu le tort
de vouloir appliquer à nos malgaches les rè-
gles de recrutement appliquées en France,
mais nous voici loin de notre sujet : et r his-
toire de la centralisation imposée Par la rue
Oudinot est. une autre histoire.
Donnons quelques précisions : interdiction
aux chefs de district de communiquer direc-
tement avec les chefs de service mime de la
même province. Tout doit passer par cette
dernière. Il s'agit de préciser l'emplacement
d'une concession demandée par un colon, ou
de savoir si ce terrain est bien libre de toute
occupation. Impossible de demander direc-
tement ce renseignement au Receveur des
domaines qui seul peut le donner. Il faut
laire passer la demande par la province. Les
grandes directions et les services de Tana-
narive accumulent dans leurs archives tous
les renseignements que l'on peut souhaiter
avoir depuis trente ans sur une question. Il
en est de même des provinces qui chaque an-
née reçoivent de leurs chefs de district des
rapports d'ensemble documents très com-
plets sur la vie administrative, politique, éco-
nomique et financière de ces subdivisions.
Toutes ces informations dorment dans leurs
chemises et le moindre renseignement désiré
par un chef de service ou un chef de province
fait l'objet de demandes dans toute l'ile. En-
core un exemple : la Direction des Finances
de l'anallarive avait besoin de connaître la
quantité d'alcool distillé dans la colonie de-
puis dix ans. Elle demande ce renseignement
à la Direction des douanes. Notez que cette
direction a des chiffres très exacts à ce sujet
et pour cause puisqu'elle entretient des sur-
veillants dans chaque distillerie, que ces sur.
veillants lui adressent chaque mois les relevés
des quantités d'alcool fabriquées et que c'est
elle -Direction des douanes qui établit les
ordres de recettes pour droits de consomma-
tion dus par les distillateurs. Eh bien c'eût
été trop simPle de faire les recherches néces-
saires à Tananarive et la Direction a préféré
demander ce renseignement aux chefs de pro-
vince qui l'Ollt demandé aux chefs de dis.
tricts.
Za réponse a suivi le même itinéraire. On
se rend compte de l'armée de dactylos et se-
crétaires, de la quantité de papier carbone.,
ruban de machine employés à ces copies et
transmissions successives ? Je Puis dire que
c'est effarant. Et j'ai appris avec un profond
étonnement et une admiration aussi grande
que le pourcentage des dépenses de Mada-
gascar pour son personnel admtmstrattf qui
était de 23 en 1913 était descendu à 20
en 1926. Combien de nos fonctionnaires et
agents de la Métropole auraient besoin d'ftre
mis à l'Ecole des coloniauxt Pour conclure,
je pense que le chef qui aura la volonté de
s'atteler à une réforme sérieuse de toutes ces
formalités et Paperasseries inutiles, malfai-
santes même parce que prenant le meilleur
du temps de nos fonctionnaires, ce chef
obtiendra à notre sens des résultats substan-
tiels incalculables parce qu'incalculables
aussi les mifaits de ces plaies administra-
tives : la centralisation et ta paperasserie. Et
nous croyons savoir que le distingué gouver-
neur général de Madagascarx M. Olivier,
est dhposè à une action de ce genre qui sera
accueilli avec reconnaissance par tous les
intéressés.
Maurice Bouilloux-Lefont
Mputê du Ffntttêre.
Vtov-Prlvidmt tk ia Chambre,
Pourquoi colonisons-nous ?
ABANDON? -- - VENTE? -- ASSOCIATION? --
Des commentaires véhéments ont accueilli
récemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne. Gouverneur Général de
l'Indochine.
Au cours de sed exposé, le Gouverneur Gé-
néral de I'Izfdechine obab parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoi, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
bassadeur de France à Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, mais n'en
serait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à ce but?
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
Claude Farrère, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de guerre. Croyez-vous qu'au xx* siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés la-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
Indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu'un
jour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée. permettra de considérer toutes les par-
celles du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un mêmA
corps ayant les mêmes aspirations, le même
idéal ?
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalités.
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. François-Mar-
.al, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel Boulenger,
Victor Margueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymond Poincaré, Aimé Bertfbod, B. Di".
gne, le docteur Marchoux, Fernand Laudet,
Francis de Croisset, le marquis de Barthé-
lémy, Emile Bourgeois, Gruvel cd Mme Elissa:
Rhaïs.
En voici de nouvelles :
M. Charles Debirre
Sénateur du Nord
Les lecteurs des Annales Coloniales con-
naissent depuis de longues années notre ex-
cellent collaborateurt Charles Debierre, séna-
teur du Nord.
Parole ardente, œil toujours en éveil, notre
ami est un combatif et il a mené dans son dé-
partement maintès campagnes dont les ans
n'ont pas effacé les souvenirs.
Au Sénat dans les grandes commissions,
budget, affaires étrangtres" ses conseils sont
aussi écoutés que ses interventions à la Tri-
bune. Maints rapports importants lui ont été
confiés, notamment, pendant plusieurs an-
liées, celui du Budget de VHygiène. M. De-
bierrej armant d'être élre sénateur, était pro-
fesseur à la Faculté de Médecine de Lille.
Mon cher directeur,
A moi, comme à d'autres, vous posez la
Huestion : Pourquoi colonisons-nous? Aban-
don? Vente? Association?
Je réponds : - .--
Les erreurs financières et politiques des
Gouvernements de guerre et d'après-guerre
ont amené la France à un tel état d'inquié-
tude et de misère malgré l'apparente ri-
chesse du pays que l'on pourrait songer à
vendre quelques-unes de nos colonies pour
payer nos dettes vis-à-vis de nos anciens
alliés ou associés. Nous n'avons, on l'a dit et
répété, plus d'argent, pas de colons, plus
ou presque plus de bateaux et nos dettes sont
écrasantes.
Assurément, aliéner certaines de nos colo-
nies comme fit jadis Louis XV pour le
Canada et Napoléon pour la Louisiane et la
Floride serait plus habile que de se les
laisser prendre. Mais encore, faudrait-il des
acheteurs.
Cependant, il faut convenir que le pays,
bien ou mal inspiré, répugne à la vente de
ses colonies qu'il a acquises au prix de son
sang et de ses deniers et qu'il considère ac-
tuellement comme une parcelle du patri-
moine national.
Avons-nous su jusqu'ici d'ailleurs, coloni-
ser, c'ost-i-dire tirer profit de nos colonies
tout en les aménageant et Tes élevant à un
degré plus grand de bien-être et de réelle
civilisation ?
Croyez, mon cher directeur, à l'assurance
de mes meilleurs sentiments.
Ch. Debierre,
Scnalcur du S or il, Membre de la Commis-
sion sénatoriale (lee Affaires Etrannères.
Le Vicomte de Guichen
Le vicomte de Guichen qui fut premier se-
crétaire d'ambassade et a laissé dans la di-
plomatie le souvenir d'un homme intelligent
et de ccrmmcrce alerte, nous adresse la ré-
ponse suivante. On sait que depuis qu'il a
quitté la carrière il consacre ses laborieux
loisirs à des études historiques et diplonta-
tiques très appréciées des lecteurs des gran-
des revues littéraires et du Gaulois.
Monsieur le Directeur,
Je réponds à votre demande du 29 mars :
Je crois que ce serait une erreur profonde
d'aliéner nos colonies ou d'y remplacer notre
domination par une domination indigène. Ce
serait un commencement de diminutio capitif.
L'Indochine est une colonie superbe, en
plein essort. Mais c'est un pays de produc-
tion du riz ; elle peut être convoitée p.:r des
voisins plus ou moins éloignés et auxquels
manque cette denrée. C'est là un grave dan-
er.
Ce qu'il faudrait surtout à nos colonies
c'est d'y diminuer le nombre de nos fonction-
naires. Il serait en outre urgent de les met-
tre toutes en valeur pour l'amortissement de
nos dettes, que la vente ou l'exploitation des
produits coloniaux permettrait d'amortir au
moins partiellement, dans une mesure plus
ou moins forte. Voilà la question capitale.
On pourrait ainsi alléger le fardeau écra-
sant des impôts qui pèsent en France sur nos
classes moyennes. Elles finiront par s'effon-
drer pour le plus grand malheur du pays!
Mais la démagogie ne s'occupe pas de ce
point de vue, pourtant vital pour notre pa-
trie si éprouvée.
Veuillez agréer, monsieur le Directeur,
mon meilleur souvenir.
Vicomte de Guicben.
M. Pierre Bonardi
Ancien fonctionnaire colonial, Pierre Bo-
naldi a bifurqué de Vadministration vers la
littérature, et il n'a pas déraillé. Il a au
contraire trouvé une voie largement ouverte.
Ses li¡,,,'s,, ses romans ont eu un succès con-
sidérable et une légion d'Honneur rêcepte a
récompensé ses nobles elforts. Il est au sur-
plus directeur littéraire de la Volonté et a
réussi dans ces fonctions à faire dans ce
journal une page quotidienne littéraire. bien
nourrie, vivante, originale.
Cher ami,
Si la France n'a entrepris son teuvre co-
loniale que pour élever les indigènes au droit
de disposer d'eux-mêmes, la France restera
ce qu'elle a toujours éfe, c'est-à-dire le mo-
dèle entre les nations, du désintéressement
et de l'élégance morale. D'ailleurs, une tu-
telle qui n'aurait pas d'autre dessein abouti-
rait, non point à la séparation, mais à une
fusion totale de la métropole et des pays
d'outre-mer.
La question de la vente d'une colonie
n est, pour moi, comme certaines manifesta-
tions séparatistes, qu'une menace platonique
destinée à appeler l'attention des pouvoirs
publics sur la nécessité de mieux compren-
dre leur rôle.
il est évident que la vente de la Guyane
serait une sottise, mais prétendre qu'il faut
la vendre serait une excellente prétention.
si elle amenait les Français à réfléchir sur
la prodigieuse richesse de cette colonie et à
entreprendre l'exploitation.
On s'enrichirait plus à tirer l'or de Guyane
qu'à le céder pour du dollar. Pourriez-vous
me dire, vous, directeur d'un journal colo-
nial, pourquoi on n'exploite pas l'or de
Guyane ?
Votre troisième question a eu sa réponse
dans la première; c'est à nous de faire des
indigènes, des nationaux, des citoyens et
non des assujettis.
Cordialement vôtre.
P. Bonardi.
M. Henri Fescourt
AI. Henri Fescourt, avocat, auteur dramtl-
tique, journaliste, est devenu l'un de nos
meilleurs cinégrapllistcs : tout le monde COll-
naît entre autres films de qualité signés de
lui, Les Grands, Mandrin et ces émouvants
Misérables que VAmérique et L'Angleterre
viennent d'acheter, ce qui n'est pas utir
mince victoire.
Par sa réponse, M. Fescourt fait ressortir
l'argument le plus puissant de tous : l'argu-
ment sentimental.
Monsieur le directeur,
Vous avez bien voulu me demander mon
opinion sur la vente de nos colonies.
Je dois vous avouer que ma compétence e>t
fort limitée en ces matières. Mon avis sera
d'autant plus modeste. Je me bornerai à rai-
sonner avec mon bon sens si vous préférez,
avec mon cœur, pour mieux parler français.
Je me souviens qu'à la guerre je voyais
d'innombrables régiments d'Indo-Chinois,
de Malgaches, d'Africains servir à nos côtés
et avec quel dévouement, nous l'avons
tous reconnu. Je ne sais pas si, de ce fait,
nous avons maintenant, je ne dis pas le
droit, mais la permission de les vendre.
Veuillez agréer, Monsieur le directeur,
l'expression de mes sentiments les plus dis-
tingués.
Henri Fescourt.
«*et>
L'AVIATION COLONIALE
----(M)--
Mission d'exploration aux Philippines
L'exploration par avions de la partie en-
core inconnue du Mindoro a amené la dé-
couverte d'une tribu encore ignorée. Les
explorateurs espèrent trouver des traces
d'une civilisation antérieure.
Madrid-Philippines
On n'a pns encore retrouvé le ccmmnn-
dant Hatcvcz, malgré toutes les recherchas
auxquelles concourt avec zèle l'émit'
Abdallah.
-8,
TAUX DE LA ROUPIE
.0-
A la date du. 15 avril 19*26 le taux officiel
de la roupie dans l'Inde était de 10 fr.
L'Allemagne veut des colonies
Il ne se pabse pas de jours que daim lt
pressa allemande, nous ne constations les
âpres revendications de nos voisins pour la
reconstitution de leur empire colonial.
Une fois par semaine, généralement, les
cchos de ces réclamations traversent le Rhin.
Cette fois, le Mittag Berliner Zeitung in-
dique que l'entrée de l'Allemagne dans la
Société des Nations lui donne droit à des
madats coloniaux comme les autres nations
adhérentes au pacte. Ce journal semble indi-
quer que pour l'instant, l'Allemagne ne vise
pas les colonies portugaises.
L'Allemagne ne traitera qu'avec les puis-
sances alliées et associées au profit desqut-
les seules, elle a, par l'article 119 du Trafté
de Versailles, renoncé à ses colonies. L'Al.
lemagne conteste formellement la légitimité
du fait que l'Union sud-africaine se soit ap-
proprié les soi-disant mandats C (Sud-Ouest
africain allemand); en ce qui concerne le
mandat B Cq'est-.Vdire le Togo et le Came-
roun franco-britannique et. le Tanganyika
britannique) : ces territoires, d'après l'arti-
cle 22 du traité, ne devraient pas être consi-
dérés comme étant sous des administrations
différentes. Des négociations ultérieures pour-
ront seules décider comment la S. D. N. ré-
glera de nouveau ces questions et comment
elle donnera satisfaction aux demandes des
mandats allemands. »
Au reste, notre confrère berlinois indique
que le petit Togo ne fera pas l'objet de ré-
clamations, et que c'est la colonie que l'Al-
lemapne. ne revendiquera pas. I.e Cameroun
morcelé ne fèra l'objet que de convoitises ul-
térieures le Sud-Ouest africain viendra
sans doute avant, mais c'est l'Est-Africain al-
lemand. aujourd'hui Kenta, concédé à
l'Union Sud-Africaine, et la plus belle, la
plus prospère, la plus t iche des anciennes
colonies allemande"; que nos voisins désirent
le plu" ardemment. Comme, à plusieurs re
prises. l'Angleterre a marqué son adhésion
formelle h la reconstitution d'un empire co-
10nial germanique, nul doute que l'accord
se fera "ur cette base à la Société des Na-
tions, et la France ne pourra que souscrire
a la restitution à l'Allemagne de son ancien
Est-Africain par l'Empire britannique.
•
• •
Ce n'est pas tout. Le sentiment unanime
du peuple allemand en faveur de la recons-
titution d'un empire colonial se retrouve
partout, notamment à l'endroit où le Ger-
main se plaît le plus, à la taverne.
On sait que les bocks sont servis sur des
ronds de feutre ou de carton dans les bras-
series allemandes. Dans un grand nombte
d'entre elles, le feutre en question porto
l'insrription suivante :
t L'empire colonial de l'Angleterre est
cent lois plus graJld que la mère patrie. Le
nombre d'habitants des colonies anglaises
est neuf "oir plus grand 'lit/' celui de l'An-
gleterre propre. Et l'Allemagne t »
L'Allemagne espère.
- -_ -
Le catholicisme en Afriaue
-0-0-
Il st. ,', i l.iui que l'Islam est de toutes les
relu'mns .-elle, qui s'adapte le plus facile-
ment UI1 mœurs et coutumes de la race
noire, l'Afrique, est bien terre d'Islam.
Mais en doit tout de même constater que
les efforts des missionnaires catholiques
leur ont prieuré des résultats assez irdé-
ressnnts.
D'après YF.ssor Colonial et Maritime de
Bruxelles, aujourd'hui v\N4'>7 prèfros, tant
séculiers que réguliers et indigènes, tra-
vaillent '1 îY-vangélisntiun île l'Afrique, e-
cond-'s par l.f>90 frères laïques et 7.011 re-
ligieuses.
Le résultat île cet eliort apostolique était,
représenté, an 31 déeemke p;>^i, par :2 mil-
lions 70i. li!) catholiques - t L.TJO.&H caté-
ehumènes, pour la parti,. essentiellement
missionnaire du continent africain, et par
LIII;I.:3-: c atholiques et 1.782 catéchu-
ne'-nes pour le continent noir pris dans son
ensemble. Au début, et pendant le pre-
mier qu:ir! d'i dernier siè -'e. la population
̃•atl'.oli'pH !• l'Afrique n'atteignait
i'-n.ttf'it ,Vir
RETOUR DETRIPOLITAINE
.M. a quitte 1 rtpoli à bord du
Contc-di-Cal'OIIr, pour Gaete, ou il doit dé-
barquer demain soir ou dimanche matin, pour
gagner immédiatement Rome, où (in lui pré-
pare une réception grandiose.
Il est regrettable que le , tmee » n'ait pas
cru dc\(',r pénétrer plus a\ant dans la colonie.
italienne
à la colonisation italienne dont lhadamè.
Ghat c'« \lourzouk sont les avancées saharien-
- -
nes. Il nous semble également que les oe-
nousMstcs. où tous les Musulmans africains
prennent le mot d'ordre, ont ignoré fa visite
du dictateur italien. Ç' eùt etc cependant fort
intéressant pour M. Mussolini de causer avec
eu)" c:^me M. Viollette vient de c causer J)
ave. >> prands chefs (Ki Sud algérien.
ilrutni DES PORTS DU MiROC
-0-4)--
Dans le Bulletin de !a Lh.ambre de Com-
merce de Casablanca, nous trouvons le j ren-
seignements suivants ^ir le conimein; de*
ports du Maroc pendant l'année n)-S«
('ommer,,-c ttJtiÙ
Casablanca : 1.028.268.477 pOllr-
1.115.685 tonnes.
Mazagan : 146,564,.'11; fI'. pour 4^-4'*) t.
Kénitra : 129.937.436 fr., pour 12.1 t.
Mogador : 112.406.273 fr., pour 35-6'S t.
Rabat : 91.093.568 fr., pour ),OlS tonnes.,
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