Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-04-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 avril 1926 15 avril 1926
Description : 1926/04/15 (A27,N58). 1926/04/15 (A27,N58).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63971050
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SEPTIEME ANNEE - No 58 .MjMKHO : 20 CENTIMI&8 n.rm soin r. wnu \Ct:'.:
Les Annales Coloniales
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Pourquoi colonisons-nous ?
ABANDON? - VENTE? ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
récemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne, Gouverneur Général de
l'Indochine.
Au cours de son exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoï, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
bassadeur de France à Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, mais n'en
serait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à ce but?
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
Claude F arrête, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à 1 étranger pour payer des dettes
le guerre. Croyet-vous qu'au XX* siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés là-bis depuis des gé-
aérations, tels nos frères des Antilles, ou des
Indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu un
four viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
Ne permettra de considérer toutes les par-
celles du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un mêmfl
corps ayant les mêmes aspirations, le même
MéaU
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalités.
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. Fraaçois-Mar-
tal, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel BoulenRer.
Victor Margueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymond Poincaré, Aimé Berttaod, B. Dia-
:e, le docteur Marchoux, Fernand Laudet,
Francis de Croisset et le marquis de Bar-
hélemy.
En voici de nouvelles :
M. Emile Bourgeois
membre de l'Institut,
professeur d'histoire à la Sorbonne
M. Emile Bourgeois est un professeur
l'histoire de grande lignl., le digne héritier
le Fustel de Coulanges, de Lavisse, de
Rambattd, de Bouehé-Leclercq, de Luchaire,
l'émule de Camille tillian, de Cagnat, de
Christian Pfister. Son auvre historique
est déjà longue et l'on ne comfte plus
les livres de lui qui font autorité dans
le domaine de l'érudition, mais l'ouvrage
qui reste, et que le grand public con-
naît, c'est son Manuel de politique étran-
gère, histoire diplomatique en trois volumes.
Etudiant, t'était notre livre de chevet, et
nous le relisons à l'âge mûr.
Cher Monsieur,
La question principale à laquelle vous sol-
licitez de moi une réponse n'en peut recevoir
d'autre que celle que vous avez faite sans
doute d'avance. Les temps sont révolus où une
puissance souveraine pouvait vendre ou ache-
ter des territoires, en considérant les habi-
tants comme obligés, quels que fussent leurs
sentiments et leur volonté ou leurs intérêts,
de suivre la condition des pays cédés. Le
droit public inscrit en tête des traités de 1919,
conformément aux principes que la Révolu-
tion française a fait prévaloir dans le monde
depuis 1789, oblige naturellement la France,
plus que toute autre nation à ne rien aliéner
de ses domaines, métropolitains ou autres
qu'avec le consentement des citoyens de la
Métropole et - des colonies.
Dans les domaines coloniaux, il y a d'ail-
leurs des distinctions à faire entre les vieil-
les colonies, les Antilles, l'Algérie qui sont
des véritables départements français, de la
République a une et indivisible » ; les colo-
nies telles que l'Afrique occidentale, le
Congo, Madagascar, l'Indo-Chine, plus ou
moins peuplées de blancs et enfin les pays
de protectorat ou de mandat. En ce qui con-
cerne le protectorat, toute cession est impos-
sible. sans un accord entre la puissance
protectrice et le souverain protégé dont l'en-
tente repose sur un traité formel. On ne voit
pas bien une grande nation aliénant son
droit au protectorat et invitant le sultan du
Maroc par exemple à chercher un autre pro-
tecteur, pour faire argent de l'opération à
laquelle ledit sultan a le droit de se refuser.
Pour les colonies proprement dites, en sup-
posant que l'on néglige la volonté des co-
lons, parce que peu nombreux, ce qui est plus
que discutable, comment agir, en cas de ces-
sion, avec les populations indigènes? Le droit
public de 1919 les classe parmi les popula-
tions non développées « not advanced 9, in-
capables de se gouverner. to stand » par
elles-mêmes, les place sous la tutelle de la
Société des Nations et de mandataires, mais
n'admet pas leur cession et leur troc. Cette
tutelle, c'est la justification que la France a
toujours donnée de sa tâche colonisatrice, re-
poussant avec Braza, Le Myre de Villers,
Galliéni, Lyautey toute idée de conquête de
ces populations, invoquant les services qu'elle
leur rend et qu'ils ont appréciés de police,
d'hygiène, de sauvegarde et de bien-être.
Combien dans la grande guerre ont combattu
sous le drapeau français, non pas en qualité
de mercenaires, mais associés à la défense
de la France qui leur avait donné ses soldats
pour les garantir eux-mêmes des invasions et
des violences. Il faut, à mon sens, d'autres
motifs que des nécessités financières pour dé-
nouer les liens d'ordre moral qui caractéri-
sent plus particulièrement, et depuis plusieurs
siècles l'action française d'outre-mer.
Quand j'entends tenir ces propos, je
songe toujours à ce qui s'est passé en Angle-
terre au milieu du siècle dernier. Aux en-
virons de 1860, on parlait dans les milieux
libéraux et radicaux, autour de Gladstone
et de Bright et même de Disraéli de l'éven-
tualité prochaine d'un abandon des colonies
anglaises. Huit ans après, sir Ch. Dilke
après un voyage de deux ans dans ces colo-
nies, publiait sa Great Britain (1868). Les
Anglais fondaient le Colonial Institut, et
peu de temps après, en 1872, Disraéli enle-
vait le pouvoir à Gladstone en déclarant
l'empire colonial « source d'une puissance et
d'un bonheur incalculable pour une nation io.
Méditons la leçon de cette expérience et
la portée de ce conseil.
Bien à vous.
Emile Bourgeois.
Mme Elitta Rhais
Née de parents arabes qui? eux-mêmes,
étaient renommés pour savoir comme on
conte, Mme Elissa Rhais a appris le fran-
fais à l'école de Blidah. Elle a couru le
oled, les villes et les douars africains, elle
a u vu » et « senti » avec des yeux et une
âme d'indigène, et, ce qu'elle avait observé,
elle l'a traduit en Française supérieurement
fine et cultivée.
SaAda la Marocaine, Le Café chantant.
Les Juifs ou la Fille d'Eléaiar, La Fille des
Pachas, La Fille du douar, Le Mariage de
Hanifa. par leur vérité, leur couleur, leur
sensibilité, forment l'un des œuvres les plus
neufs et les plus attachants de la littérature
moderne.
J'ai beaucoup de peine à croire que les
indigènes de nos colonies, dans un avenir
si lointain soit-il, demeureraient indéfecti-
blement attachés à la France, si celle-ci re-
nonçait un jour à sa tutelle. Ils n'ont, pour
le moment, à l'égard de leurs protecteurs.
avouons-le, qu'une affection toute relative.
Considérons surtout que ce sont des popu-
lations primitives d'âme fataliste; ne vivant
que pour l'instant qui passe. Une chose de-
meurerait, qui n'est pas de moindre impor-
tance : la langue française. Cela ne suffit
pas. Loin des yeux, loin du coeur, Plus d'un
fils oublia sa mère qui n'était pas une mère
adoptive. Et en admettant que d'autres na-
tions ne vinssent pas à leur tour occuper ces
contrées par les armes, il se produirait, dès
le départ de la France, une ruée de com-
merçants, d'hommes d'affaires, d'étrangers.
Affirmez-vous qu'ils n'obtiendraient pas le
dessus !
Savez-vous ce qui amuse follement les
Européens à Madagascar? Là-bas, les mis-
sionnaires de différentes religions sont nom-
breux et très actifs.
Tel jour, dans telle bourgade, le pasteur
protestant fait placarder des affiches annon-
çant que les indigènes qui assisteront à la
messe du dimanche et se convertiront, seront
admis à une séance de lanterne magique.
Tous les Malgaches de la région accourent
et tous se font protestants. La semaine sui-
vante, le curé fait savoir que tous les indi-
gènes qui seront présents à son office et
accepteront. la bénédiction chrétienne rece-
vront du chocolat. Tous viennent à l'office et
tous se font catholiques.
Les événements prennent une autre tour-
nure lorsque nous avons affaire à des orgueil-
leux, à des guerriers. Telle tribu riffaine fai-
sait récemment sa soumission. Les autorités
françaises étaient là, sous la tente diploma-
tique. Les notables de la tribu s'avancèrent.
Leur chef dit : « Messieurs, nous nous ren-
dons. Parce que vous avez des munitions,
de la poudre, des hommes. Parce que vous
avez de l'argent. Mais à la condition que
vous respecterez nos terres, nos vêtements et
nos femmes. A la condition que vous nous
apprendrez tout ce que vous savez et quand
nos enfants seront grands, ils vous chasse-
ront. » -
Alors.
Quant à vendre une quelconque de ses co-
lonies, je crois que ce serait pour la France
l'acte le plus navrant et le plus humiliant.
Quoi, après avoir déployé une intense poli-
tique, dépensé des trésors d'énergie, de pa-
tience, d'argent, au moment d'atteindre au
but, elle abandonnerait Fœuvrc entière?
A-t-on vu le magnifique travail accompli en
Afrique du Nord? Là, vraiment, on pour-
rait croire que, par son seul rayonnement,
la France demeurerait dans les cœurs. Lais-
sons parler tel premier ministre anglais après
une récente randonnée au Maroc : « Je suis
émerveillé. Ce pays est une véritable révéla-
tion. Je n'oublierai jamais ces villes blanches,
leur grâce, leur activité, ces routes incom-
parables, ces cultures rapidement fécondes.
Et dire que vous avez fait tout cela en si
peu de temps et que vous tenez un pays
pareil avec si peu d'hommes. 8 Certes, le pres-
tige de la France est grand. Elle est consi-
dérée parce qu'elle établit la prospérité, l'or-
lire, la justice, parce qu'on la sait forte et
riche. N'oublions pas que la colonie c'est le
pays du flous. La situation monétaire ac-
tuelle, connue de certains indigènes, provo-
que déjà quelque malaise. Heureusement
d'excellentes mesures qu'on envisage en haut
lieu dissiperont ce malaise au moment voulu.
Mais que diraient ces indigènes s'ils se
voyaient vendus, eux et leur pays ? Leur pre-
mière parole serait que la France a
été inférieure à sa tâche. Après leur avoir
parlé de civilisation et de liberté, elle les
aurait traités comme moutons en foire ou
« nègres sur la place de lacation 8. Ils ac-
cueilleraient sans doute avec empressement
la nation plus riche, capable de les avoir
achetés, ou bien ce serait l'occasion de for-
midables révoltes, et de quel œil nous regar-
deraient-ils eux et leurs chefs que nous avons
eu tant de mal à amener à nous? Ah 1 ce ne
serait pas la bonne façon de demeurer dans
leurs coeurs.
Au surplus, il est inconcevable que l'on
exige de la France la cession d'une de ses
colonies. Dettes de guerre? Je voudrais bien
savoir si ces dettes sont réelles. Nous de-
mandons des comptes, messieurs les afliés. La
grande partie de ce que vous réclamez, ne
l'oubliez pas, a été dépensée pour la défense
commune, peut-être pour la défense de votre
hégémonie commerciale.
Non. Outre la richesse très grande, la
source d'activité que la France peut trouver
dans ses colonies, outre la possibilité d'envi-
sager que par la collaboration de l'indigène
et de l'Européen, il se formera une véritable
race renouvelée sous le signe du pavillon fran-
çais, je crois que la France perdrait dans
une telle opération une partie considérable
de son prestige.
Elissa Rhais.
M. A. Gruvel
Professeur au Muséum National
d'histoire naturelle
Tous les coloniaux connaissent le profes-
seur A. Gruvel. Grâce à lui, la pêche
aux colonies a pris un essor qui ne fera que
te développer avec le temps. Les nombreuses
ptissiens qu'il a remplies aux colonies, sa
science universellement estimée, donnent à sa
réponse une autorité incontestée.
Mon cher Directeur,
Il m'est impossible de comprendre com-
ment des hommes sensés, ayant vécu plus ou
moins longtemps au milieu des indigènes de
nos colonies, ayant pu constater l'effort énor-
me accompli par l'Administration française
et par nos colons, beaucoup trop méconnus,
après le concours admirable qui nous a été
fourni en hommes, en matières premières et
même en argent, ont pu, seulement, concevoir
l'idée de la vente d'une parcelle quelconque
de notre domaine colonial.
Je crois, pour ma part, que les peuples in-
digènes actuellement sous notre tutelle, mê-
me les plus évolués, sont encore loin de pou
voir se gouverner eux-mêmes. Que l'on asso-
cie petit à petit et de plus en plus, l'élite
intellectuelle de nos possessions à notre Ad-
ministration, à notre Industrie, notre Com-
merce, tout ce qui nous touche, en un mot,
rien de plus juste. Mais il faut que cette
collaboration ne s'établisse que lentement et
à bon escient.
Dans certaines d'entre elles, une Adminis-
tration mixte, franco-coloniale, pourra peut-
être, un jour, s'établir sur un pied de pres-
que égalité, mais la France ne pourra ja-
mais se désintéresser complètement de l'Ad-
ministration d'un pays où tant d'intérêt de ses
nationaux se trouveront engagés et qu'il sera
indispensable de défendre.
Donc, en résumé : 1° Il ne doit être ques-
tion, à aucun moment, de la vente d'aucune
parcelle de notre domaine colonial ; 20 poli-
tique d'association de plus en plus large,
oui ; politique d'abandon, jamais !
Voilà, mon cher Directeur, ce que je pense
sur les questions que vous avez bien voulu me
poser, et croyez-moi votre bien cordialement
dévoué.
A. GRUVEL.
eta
A LA CHAMBRE
00
L'ordre du jour de rentrée
On sait que la Chambre doit reprendre
ses travaux mardi. Immédiatement elle re-
prendra d'examen du budget retour du Sé.
nat.
Elle sera également appelée à fixer la date
de la discussion d'une interpellation adres-
sée par M. André Dcrthon. député com-
muniste de la Seine, à M. Aristide Briand,
Président du Conseil « sur l'agitation fas-
ciste en Tunisie et les conséquences politi-
ques du voyage de M. Mussolini en Tripo-
litaine. »
LE PREMIER GOUVERNEUR
DU CONGO BELGE
0
Le premier gouverneur du Congo belge, M. Ca-
mille Janssen, vient do mourir ù. Uruxelies, à
l'âge de 88 ans. Ce fut l'un des collaborateurs
du "roi Léopold Il.
L'empereur d'Annam à Paria
L'empereur d'Annam et son cousin, le
prince Vinh Canh, après une huitaine de
jours passés à Prades f Pyrénées Orien-
tales), sont repartis en auto pour Pans.
Un poraiin ? MM
pour le Shtml
Les Annales Coloniales signa-
laient récemment le développement
Pris au Sénégal par la culture de
l'arachide. Les graines fournies par la pré-
cieuse ligumincuse et dont il a été exporté
plus de 440.000 tonnes en 1925, font la for-
tune du pays et de ses habitants.
L'arachide trouve dans les plaines sableu-
ses du Sénégal une terre d'élection. $a cul-
ture y est facile ; elle ne demande aucun en-
grais, peut être répétée indéfiniment sur le
même emplacement et ti exige qu'un minimum
de travail pour le cultivateur indigène.
Pourtant, si cette culture progresse, c'est
uniquement dans le centre et dans le sud de
la colonie. Dans la partie nord, vallée du
Sénégal, les chutes d'eau sont devenues insuf-
fisante'S,' le rendement est trop faible pour
être rémunérateur; souvent mime la récolte
est compromise par une sécheresse prolongée
en hivernage ou un arrêt Prématuré des
IluÎes.
Or, il y a une quarantaine d'années seule-
ment, la vallée du Sénégal était plus favo-
risée ce point de vite. i
risée à ce point de vue. Elle était, il est vrai,
beaucoup plus boisée quelle ne l'est actuel-
lement et qu'il y ait on non corrélation entre
ce fait et l'importance des pluies tombées, il
est incontestable qu'il pleuvait davantage all-
trefois qu'il ne pleut aujourd'hui. Les obser-
vations relevées le prouvent. Les surfaces
boisées retenaient plus facilement aussi les
eaux de ruissellement, les nappes souter-
raines étaient mieux alimoltÙs, les rivières
plus régulières. Le déboisement n'est peut-
être pas la seule cause de l'assèchement du
pays,- il est difficile en tout cas d'admettre
quil n'y ait Pas contribué.
Les causes de ce déboisement sont multi-
ples : recherche chaque année par les cultiva-
teurs de nouveaux terrains "pour les ensemen-
cements de mil, mats et autres cultures vi-
vrières (les indigènes choisissent de préfé-
rence les parties boisées, où ils sont certains
de trouver un peu' d'humus et où plusieurs
bonnes récoltes les dédommageront de la
peine Prise pour le défrichement) ; ébranchage
des arbres et arbustes par les pasteurs, pour
permettre aux troupeaux, en saison sèchet
d'en manger les feuilles; récolte de bois
d'eeuvre et de bois de chauffage, fahrica-
tion de charbon de bois pour les centres de
la Côte (les coupeurs abattent inconsidéré-
ment toutes les essences sans se soucier de la
régénération des Peuplements) ; efifin incen-
dies périodiques qui détruisent totalement ou
endommagent chaque année des superficies
considérables.
le développement de la culture de l'ara-
chide contribue lui aussi, dans certaines ré-
gions, à faire disparaître les boisements et
l'on peut se demander si, dans un certain
nombre d'années, les pluies devenant plus
rares, cette culture ne régressera pas au lien
de progresser.
Il est donc indispensable de prendre sans
tarder des mesures énergiques pour conjurer
le péril.
E" premier lieu, il faudrait préciser les
droits des indigènes et les limiter, si néces-
saire, dans l'intérêt même de ces derniers,
réglementer les défrichements et les coupes
de bois, interdire sévèrement V élagage des
arbres, réprimer l'allumage des incendies de
brousses.
Ensuite, constituer de vastes et nombreuses |
réserves où la densité des boisements serait
opérée par régénération naturelle; enfin, en
tuprclldre, dans tous les cercles, des planta-
tions d'essellces utiles par leurs fruits ou
leur bois, telles que roniers, kapokiers, caïl-
cédrats, filaos, accacias divers, etc. Réserves
et plantations devraient être entourées d'un
cordon de terres cultivées et divisées en sec-
leurs bien séparés, Pour éviter les incendies
et leur propagation.
Dans un rapport récent, .1/. Claveau, di-
recteur de VAgriculture au Sénégal, exposait
que des plantations, dont il estime le coût, et
Ventretien pendant dix années à 3.500 francs
par hectare, doivent dOI/Jler, pendant ces dix
aiis, pour plus de 5.000 francs de bois, indé-
pendamment des sujets qui restent sur le ter-
rain à l'expiration de cette première période
et permettent la régénération naturelle des
parties de terrain ainsi reboisées.
En plantant seulement dix hectares par an
et par cercle, on arriverait rapidement à dis-
poser de massifs boisés susceptibles de répon-
dre à fous les besoins en bois d'œuvre et en
bois de chauffage de la colonie. -
faudrait aussi stimuler les populations
indigènes à délimiter les cham ps qu'elles
cultivent régulièrement par des plantations
d'essences utiles. Ce serait du reste là un ache-
minement vers rétablissement dit cadastre et
l'accession des indigènes à IcI propriété indi-
viduelle des terres.
Protection et amélioration des massifs
boisés, plantations par 1 Administration lo-
cale et par les indigènes doivent marcher de
pair. La mise de fonds que ces diverses me-
sures nécessitent est relativement peu consi-
dérable; elle sera bien vite récupérée. Si
Veffet se traduit heureusement d'alltre Part
sur le climat et les chutes de phtics, l'avan
tage retiré sera inappréciable pour la colo-
nie et son avenir économique.
Pierre Valu de.
Député du Cher.
Efficace intervention
de M. Mario Roustan
A la suite des incidents qui ont amené la
Compagnie Sud-Atlantique à désarmer le
paquebot Massilia, l'équipage du paquebot
Asie, qui devait partir hier mardi, avait
résolu, par solidarité, de mettre sac à terre.
Le mouvement menaçant de s'étendre à
tout le port,^ M. Mario Roustan, sous-secré-
taire d'État à la Marine marchande, a con-
voqué d'urgence les représentants des syn-
dicats maritimes de Bordeaux.
Après de très longs pourparlers, du mi-
nistre, des délégués des inscrits et des di-
recteurs des Chargeurs Réunis et de la Com-
pagnie Sud-Atlantique, le conflit a été apaisé.
L'Asie est parti dans la journée et le Mas-
silia prendra la mer à son tour dans un dé-
lai très rapide.
Ainsi est terminé un conflit dont les con-
séquences graves n'avaient échappé à per-
sonne. Un grand nombre de passagers, mal-
gré les bruits contradictoires, attendaient
avec confiance que le Tftassilia partit. D'au-
tres sont revenus passer trois jours dans la
capitale. Toutes les mesures sont prises pour
que le retard soit réparé.
Dites-le bien, a déclaré M. Mario Rous-
tan à l'un de nos confrères, dites-le à
l'heure où des compagnies concurrentes
étrangères font contre nos compatriotes une
propagande acharnée; dites-le afin que tout
le monde garde confiance dans notre arme-
ment et dans le personnel de tout ordre,
pont, machine, service général. Nous pou-
vons lutter victorieusement à tous les points
de vue contre nos rivaux : le triomphe est
certain si l'harmonie règne entre armateurs
et équipages. Je m'y emploierai de toutes
mes forces.
M. Viollette à Alger
M. Yioll«'tU\ (iuuvcnuMir (iêiR'i-al »ïe l'Al-
gi'rir, esf arrive à .\1ger hier matin, fi 7
heures. Il était parti le >; bile '|m>uiv un voyage d'études dans le Sud.
Il est allé jusqu'à Adror, limite extrême de“s
territoire nigérien» avant le Sahara cen-
tral, où il a été salué par des Touaregs
venus des points extrêmes du Sahara.
l>e lîouvorneiir, en dehors des visites
qu'il n fuites il tous les établissements mili-
taires, sanitaires et agrkolos, a étudié sur
plau certal*IICE3 qUuet i les, tL étudié sur
place certaines questions soulevées par la
dernière conférence nord-africaine.
Pour la première fois, un Gouverneur
Général est allé aussi loin dans l'extréme-
Siut Aussi ce voyage a-t-il produit une très
vivo impression parmi les itfvpulntiiros des
régions loinlnint's. qui ont partout manifes-
té un ardent loyalisme.
L'opinion du Gouverneur Général sur le Rii
M. Viollette, rentrant Ci Alger, a été inter-
viewé à 80n passage (nwrdi) fi Saïda (dépar-
tement d'Oran) sur Jes pourparlers qui vont
s'engager à Oiuljda. I.p (îouvernour Géné-
ral a dé.elaré qu'il persistait à soutenir au-
près du Gouvernement cette idée qu'il se-
rait iiedoutablr de luire une paix suscepti-
ble de grandir Alxl el Krim.
M. Viollette. a toujours évoqué le souve-
nir de ees l.milé.s «les premières années de
la conquête de l'Algérie qui illustre d'une
façon si funeste nos contlits avec Abd tl
Kader. Si la paix se fait,effectivement, avec
les tribus, et non a.vee Abd el Krim, et. si
le chef rifain disparaît, les difficultés pré-
sentes » aplaniront. Il serait sage, alors, de
se montrer généreux envers les tribus.
l,e H if, depuis tn\s longtemps, fournit des
ouvriers agricoles à l'Algérie (de 25 à :),OO)
par an). 1-u paix revenue, ces travailleurs
viendraient atténuer la crise de main-d'om-
vre «t'ont soulïiv la Colonie, Après la ques-
tilln il faudra légler celle de Tall-
tion du 1 » il, l'équilibre politique actuel est
instable et qui peut constituer une menace
pour le Sud marocain et pour le Sud algé-
rien.
-–
Pour la mosquée de Paris
S. A. l'émir Khalcd Abd el Aziz, adminis-
trateur délégué de la Commission des che-
mins de fer du Hedjaz à Damas, a remis un
tapis d'Orient à la mosquée de Paris, au nom
de la Commission, en présence des représen-
tants des ministères des Affaires étrangères,
de la Guerre et des Colonies, de Si Khad-
dour ben Ghabrit, président de la Société
des Habous ; de MM. Kampmann, directeur
du Cabinet civil de M. Steetr ; Navicet, Gé-
rard et Geoffroy-Saint-TIilaire, directeurs des
Offices du Maroc, de l'Algérie et de la Tu.
nisie, et de nombreuses personnalités.
Des allocutions ont été prononcées par S.
A. l'émir Khaled Ahd el Aliz et Si nad.
dour Tien Ghabrit, célébrant les liens d'ami.
tié qui unissent à la France les musulmans
de Syrie.
-
L"AVUTION COLONIALE
Madrid-Manille
I.es recherches actives «pu uni continué
dans le but, de découvrir le commandant
!';o;pilgl\nl Es\,v(':1, lt'\llIl dllllll'" aU1'1IlI 1""8\11-
tai. On a désormais peu d'espoir de le re-
tromer, à moins qu'une caravane ne l'ait
recueilli ; mais celte éventualité est, mal-
heureusement. peu probable.
l.es deux autres aviateurs espagnols sont
arrivés à 11 h i5, à Bouchir et sont repar-
tis. à h..T>, Ù destination - de - Bender
Abbas.
l'n télégramme de Bagdad à l' « Rxchango
Tolograph « i l,ondres avait annoncé, que le ca-
pitaine Es\l'('z avait été retrouvé à fi'30 kilomè-
tres a l'pst. d'Xmmon. Cotte infonnnttion n'a
pas été confirmée.
––-–-
TAUX DE LA ROUPIE
0
la dnte du 13 avril tn'(i. le taux ofliciel
d'? la roupie (Inn" rtntl (tniL de 10 fr. 10.
Dépêches d'Indochine
–0-0–
Promulgation de lois et décrets
l.i's luis tlu ri itu avril l^'l, dinst
illoi, 11, décret du ';!Ii mai l'l concernant les
l',/ill''-' français
pmwnhjurs <:n liuloi lùm; i>
'S2 mars 1 :?i.
Lr tlrt-rri du L'i mais 1 1b) /ixarit le nou-
vruu tarif des droits de douane perçus en
Indochine sur les produits exportés a 6Vt
promuli/né par un arrêté en date du 31 mars
et applique à compter de la même date.
Arrivée d'aviateurs
L'aviateur danois Botved et le mécanicien
Olsrn sur aviun Fobher, moteur Lorraine,
•; Hanoi en provenance directe de Bangkok.
Ils ont été reçus par M.Varenne,gouverneur
général de L'Indochine, qui le-s a félicités et
a lait le lieutenant Botved, officier et le mé-
canicien Olsen, chevalier du Dragon d'An-
nam.
Us sont repartis dimanche matin d 8 h. 30
pour Canton, mais en raison du mauvais
temps ifs ont été obligés, arrivés vers
Çuanglcheouwan, de revenir à l'aérodrome
vets midi trente.
Intérim
Par arrêté du gouverneur LltJnéral de t'ln-
dochine, l'administrateur l., Fol est désigné
pour remplir, par intérim, les fonctions de
gouverneur de Cochiiu-hine à compter de la
date de. départ pour la France du Gouver.
neur C.oqnacq rentrant en eo-ngé par le
« l'aul Levai =<, le I!) avril.
Une motion des fonctionnaires indigènes
L'intemmieule. des fonctionnaires indigè-
nes du Tonkin, réunie en assemblcfe. géné-
rale le 26 mars, a voté à l'unanimité la mo-
tion suivante :
11 Considérant •jur te goiirerncnr générai
» Varenne a su. depuis son arrivée «ri huio-
m ciiine gagner lu l'u/llinn,I' des Annamites
Il par son rxput libéral, juste •( désintéres-
« se;
Il Considérant >iue notamment le 27 té-
11 vrier dernier il a signé un arrêté portant
41 l'admission des annamites dans les cadres
Il jusqu'ici exclusivement réservés aux Eu-
u roptfens;
a Considérant que cette mesure émincm-
CI ment juste aura pour effet, dans l'avenir,
u de permettre aux Annamites de prendre
« part à l'administration effective de leur
u pags. alors que jusqu'ici, quelques capar
» bles qu'ils soient, ils sont rélégués dans
H des fonctions sulbaternrs.
CI En conséquence, 1.800 fonctionnaires in-
« digènes de tous grades et de tous âges,
« faisant btoc avec leurs représentants, font
« confiance pleine et entière au Gouverneur
« Général Varenne auquel ils adressent
m avec tout le. respect qu'ils doivent au chef
« de la Colonie, leurs sentiments de sincère
m dévouement rt de profonde reconnais-
« sanee.
h Ils font coniiance. pleine et entière., au
« gouvernement. Je la Hé publique Fran-
cuise, qui a ir choisir si heureusement, ton rrprésen-
•( tant dans leur 'pags .»
AU SENAT
DEBATS
Le budget des Colonies
l.e Sénat a dis •vu té mercredi le budget des
Colonies dont M. Lebrun est le rapt orteur
spécial.
Le sénateur >i Mvui Uie--..-Muselte lit de
la situation de 'îus '•̃►lunies un exposé pré-
cis et complet qui l'ut écouté avec ta plus
grandi! attention par la liante Assemblée.
Il mit en l'imiéru les résultats satisfai-
sants obtenus aux progrès d'ordic
économique, linau.'i'.r ti social réalisés par
les diverses colonies qui constituent de plus
en plus l-'lIll' notre pa:-; d'importants
moyens d'expansion et d'action.
C'est d'abord l'Afrique occidciit-ale fran-
çaise qui présente aujourd'hui pour 1920 un
total de recettes budgétaires de .72 l'mlliolls,
1 alors (iu*ei 1 1^1.ï. ̃•• total ne s'élevait iru'it
78 millions.
K11 1 i, 1rs !• 'S budg< ta Très ont excé-
dé de (>1 millions les dépenses, l.a caisse de
réserve est bien pourvue permet d'exé-
cuter de grands travaux sens avoir recours
ii des emprunts si onéreux '1 l'heure ac-
tuelle ; rien qu" pour l{J2i» ces grands tra-
vaux ^chemins de fer, ports, etc.), se ehit't're-
ront par 1^'d millions.
M. LehruH, - A oe prop.'c, nous deman-
dons que l'administration cntrale exerce
un contrôle vigilant, sur les programmes
des Travaux qu-* lui soumettent nos diser-
ses colonies.
A Madagascar, m 11*2»•. les recettes bud-
gétaires S(l sont '-levées à l'M millions, h »
dépenses ne d< passa.nt pas Si millions.
).s productions de cette e.>lonie ne. con-
currencent pas colles de 1,1 Métropole au
contraire elles les empiètent. Km le
commerce extérieur de Madagascar a at-
teint toiin.-s et sfrancs, o'i' ¡'H\.tll. 'lHI'S d ;) lIli:-
lions).
l-a situation financière ,|> Madagascar est,
brillante, elle lui 'IIrllI.! ,\. f;iire face,
eoinm»' l'Afrique occident. !.•̃ française,
nvec ses réserves, .-tdépenses de |"remc:r établissement.
I/Afrique l'.quatoriale apparaît en beau-,
coup, moins bonne condition. C.efembint,
depuis 192i, des progrès certains ont été
accomplis, grâce. t une remise en main do
ilit l'activité écono-
iniuue feu 1ffc?L u-s exportations de boia not
dépassé )Oh)l)() tonnes. Ces progrès seront
beaucoup plus rapides lorsque sera Achevée
la construction actuellement en cours dn
chemin de fer de Hrazzaviile Pointe-Noire.
l/a superficie des territoires do la Colo-
nie placée sous le régime de la concession
a beaucoup diminué et le développement
Les Annales Coloniales
es nna es. ""nIa es
-.d d
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
LmAnnttcu et RicUtme» «on! re,ua aux Bureoua Ju Journal et dan»k»Ag*nte»dePuhlldt £
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iUu*tr« ( Ilranoer 120 n 65 » 36 n
On .'abonne dans tous les Bureaux de poste et chez les principaux libraires
Pourquoi colonisons-nous ?
ABANDON? - VENTE? ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
récemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne, Gouverneur Général de
l'Indochine.
Au cours de son exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de ses
prédécesseurs à Hanoï, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
bassadeur de France à Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, mais n'en
serait pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une œuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à ce but?
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
Claude F arrête, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à 1 étranger pour payer des dettes
le guerre. Croyet-vous qu'au XX* siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés là-bis depuis des gé-
aérations, tels nos frères des Antilles, ou des
Indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu un
four viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
Ne permettra de considérer toutes les par-
celles du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un mêmfl
corps ayant les mêmes aspirations, le même
MéaU
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalités.
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. Fraaçois-Mar-
tal, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel BoulenRer.
Victor Margueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymond Poincaré, Aimé Berttaod, B. Dia-
:e, le docteur Marchoux, Fernand Laudet,
Francis de Croisset et le marquis de Bar-
hélemy.
En voici de nouvelles :
M. Emile Bourgeois
membre de l'Institut,
professeur d'histoire à la Sorbonne
M. Emile Bourgeois est un professeur
l'histoire de grande lignl., le digne héritier
le Fustel de Coulanges, de Lavisse, de
Rambattd, de Bouehé-Leclercq, de Luchaire,
l'émule de Camille tillian, de Cagnat, de
Christian Pfister. Son auvre historique
est déjà longue et l'on ne comfte plus
les livres de lui qui font autorité dans
le domaine de l'érudition, mais l'ouvrage
qui reste, et que le grand public con-
naît, c'est son Manuel de politique étran-
gère, histoire diplomatique en trois volumes.
Etudiant, t'était notre livre de chevet, et
nous le relisons à l'âge mûr.
Cher Monsieur,
La question principale à laquelle vous sol-
licitez de moi une réponse n'en peut recevoir
d'autre que celle que vous avez faite sans
doute d'avance. Les temps sont révolus où une
puissance souveraine pouvait vendre ou ache-
ter des territoires, en considérant les habi-
tants comme obligés, quels que fussent leurs
sentiments et leur volonté ou leurs intérêts,
de suivre la condition des pays cédés. Le
droit public inscrit en tête des traités de 1919,
conformément aux principes que la Révolu-
tion française a fait prévaloir dans le monde
depuis 1789, oblige naturellement la France,
plus que toute autre nation à ne rien aliéner
de ses domaines, métropolitains ou autres
qu'avec le consentement des citoyens de la
Métropole et - des colonies.
Dans les domaines coloniaux, il y a d'ail-
leurs des distinctions à faire entre les vieil-
les colonies, les Antilles, l'Algérie qui sont
des véritables départements français, de la
République a une et indivisible » ; les colo-
nies telles que l'Afrique occidentale, le
Congo, Madagascar, l'Indo-Chine, plus ou
moins peuplées de blancs et enfin les pays
de protectorat ou de mandat. En ce qui con-
cerne le protectorat, toute cession est impos-
sible. sans un accord entre la puissance
protectrice et le souverain protégé dont l'en-
tente repose sur un traité formel. On ne voit
pas bien une grande nation aliénant son
droit au protectorat et invitant le sultan du
Maroc par exemple à chercher un autre pro-
tecteur, pour faire argent de l'opération à
laquelle ledit sultan a le droit de se refuser.
Pour les colonies proprement dites, en sup-
posant que l'on néglige la volonté des co-
lons, parce que peu nombreux, ce qui est plus
que discutable, comment agir, en cas de ces-
sion, avec les populations indigènes? Le droit
public de 1919 les classe parmi les popula-
tions non développées « not advanced 9, in-
capables de se gouverner. to stand » par
elles-mêmes, les place sous la tutelle de la
Société des Nations et de mandataires, mais
n'admet pas leur cession et leur troc. Cette
tutelle, c'est la justification que la France a
toujours donnée de sa tâche colonisatrice, re-
poussant avec Braza, Le Myre de Villers,
Galliéni, Lyautey toute idée de conquête de
ces populations, invoquant les services qu'elle
leur rend et qu'ils ont appréciés de police,
d'hygiène, de sauvegarde et de bien-être.
Combien dans la grande guerre ont combattu
sous le drapeau français, non pas en qualité
de mercenaires, mais associés à la défense
de la France qui leur avait donné ses soldats
pour les garantir eux-mêmes des invasions et
des violences. Il faut, à mon sens, d'autres
motifs que des nécessités financières pour dé-
nouer les liens d'ordre moral qui caractéri-
sent plus particulièrement, et depuis plusieurs
siècles l'action française d'outre-mer.
Quand j'entends tenir ces propos, je
songe toujours à ce qui s'est passé en Angle-
terre au milieu du siècle dernier. Aux en-
virons de 1860, on parlait dans les milieux
libéraux et radicaux, autour de Gladstone
et de Bright et même de Disraéli de l'éven-
tualité prochaine d'un abandon des colonies
anglaises. Huit ans après, sir Ch. Dilke
après un voyage de deux ans dans ces colo-
nies, publiait sa Great Britain (1868). Les
Anglais fondaient le Colonial Institut, et
peu de temps après, en 1872, Disraéli enle-
vait le pouvoir à Gladstone en déclarant
l'empire colonial « source d'une puissance et
d'un bonheur incalculable pour une nation io.
Méditons la leçon de cette expérience et
la portée de ce conseil.
Bien à vous.
Emile Bourgeois.
Mme Elitta Rhais
Née de parents arabes qui? eux-mêmes,
étaient renommés pour savoir comme on
conte, Mme Elissa Rhais a appris le fran-
fais à l'école de Blidah. Elle a couru le
oled, les villes et les douars africains, elle
a u vu » et « senti » avec des yeux et une
âme d'indigène, et, ce qu'elle avait observé,
elle l'a traduit en Française supérieurement
fine et cultivée.
SaAda la Marocaine, Le Café chantant.
Les Juifs ou la Fille d'Eléaiar, La Fille des
Pachas, La Fille du douar, Le Mariage de
Hanifa. par leur vérité, leur couleur, leur
sensibilité, forment l'un des œuvres les plus
neufs et les plus attachants de la littérature
moderne.
J'ai beaucoup de peine à croire que les
indigènes de nos colonies, dans un avenir
si lointain soit-il, demeureraient indéfecti-
blement attachés à la France, si celle-ci re-
nonçait un jour à sa tutelle. Ils n'ont, pour
le moment, à l'égard de leurs protecteurs.
avouons-le, qu'une affection toute relative.
Considérons surtout que ce sont des popu-
lations primitives d'âme fataliste; ne vivant
que pour l'instant qui passe. Une chose de-
meurerait, qui n'est pas de moindre impor-
tance : la langue française. Cela ne suffit
pas. Loin des yeux, loin du coeur, Plus d'un
fils oublia sa mère qui n'était pas une mère
adoptive. Et en admettant que d'autres na-
tions ne vinssent pas à leur tour occuper ces
contrées par les armes, il se produirait, dès
le départ de la France, une ruée de com-
merçants, d'hommes d'affaires, d'étrangers.
Affirmez-vous qu'ils n'obtiendraient pas le
dessus !
Savez-vous ce qui amuse follement les
Européens à Madagascar? Là-bas, les mis-
sionnaires de différentes religions sont nom-
breux et très actifs.
Tel jour, dans telle bourgade, le pasteur
protestant fait placarder des affiches annon-
çant que les indigènes qui assisteront à la
messe du dimanche et se convertiront, seront
admis à une séance de lanterne magique.
Tous les Malgaches de la région accourent
et tous se font protestants. La semaine sui-
vante, le curé fait savoir que tous les indi-
gènes qui seront présents à son office et
accepteront. la bénédiction chrétienne rece-
vront du chocolat. Tous viennent à l'office et
tous se font catholiques.
Les événements prennent une autre tour-
nure lorsque nous avons affaire à des orgueil-
leux, à des guerriers. Telle tribu riffaine fai-
sait récemment sa soumission. Les autorités
françaises étaient là, sous la tente diploma-
tique. Les notables de la tribu s'avancèrent.
Leur chef dit : « Messieurs, nous nous ren-
dons. Parce que vous avez des munitions,
de la poudre, des hommes. Parce que vous
avez de l'argent. Mais à la condition que
vous respecterez nos terres, nos vêtements et
nos femmes. A la condition que vous nous
apprendrez tout ce que vous savez et quand
nos enfants seront grands, ils vous chasse-
ront. » -
Alors.
Quant à vendre une quelconque de ses co-
lonies, je crois que ce serait pour la France
l'acte le plus navrant et le plus humiliant.
Quoi, après avoir déployé une intense poli-
tique, dépensé des trésors d'énergie, de pa-
tience, d'argent, au moment d'atteindre au
but, elle abandonnerait Fœuvrc entière?
A-t-on vu le magnifique travail accompli en
Afrique du Nord? Là, vraiment, on pour-
rait croire que, par son seul rayonnement,
la France demeurerait dans les cœurs. Lais-
sons parler tel premier ministre anglais après
une récente randonnée au Maroc : « Je suis
émerveillé. Ce pays est une véritable révéla-
tion. Je n'oublierai jamais ces villes blanches,
leur grâce, leur activité, ces routes incom-
parables, ces cultures rapidement fécondes.
Et dire que vous avez fait tout cela en si
peu de temps et que vous tenez un pays
pareil avec si peu d'hommes. 8 Certes, le pres-
tige de la France est grand. Elle est consi-
dérée parce qu'elle établit la prospérité, l'or-
lire, la justice, parce qu'on la sait forte et
riche. N'oublions pas que la colonie c'est le
pays du flous. La situation monétaire ac-
tuelle, connue de certains indigènes, provo-
que déjà quelque malaise. Heureusement
d'excellentes mesures qu'on envisage en haut
lieu dissiperont ce malaise au moment voulu.
Mais que diraient ces indigènes s'ils se
voyaient vendus, eux et leur pays ? Leur pre-
mière parole serait que la France a
été inférieure à sa tâche. Après leur avoir
parlé de civilisation et de liberté, elle les
aurait traités comme moutons en foire ou
« nègres sur la place de lacation 8. Ils ac-
cueilleraient sans doute avec empressement
la nation plus riche, capable de les avoir
achetés, ou bien ce serait l'occasion de for-
midables révoltes, et de quel œil nous regar-
deraient-ils eux et leurs chefs que nous avons
eu tant de mal à amener à nous? Ah 1 ce ne
serait pas la bonne façon de demeurer dans
leurs coeurs.
Au surplus, il est inconcevable que l'on
exige de la France la cession d'une de ses
colonies. Dettes de guerre? Je voudrais bien
savoir si ces dettes sont réelles. Nous de-
mandons des comptes, messieurs les afliés. La
grande partie de ce que vous réclamez, ne
l'oubliez pas, a été dépensée pour la défense
commune, peut-être pour la défense de votre
hégémonie commerciale.
Non. Outre la richesse très grande, la
source d'activité que la France peut trouver
dans ses colonies, outre la possibilité d'envi-
sager que par la collaboration de l'indigène
et de l'Européen, il se formera une véritable
race renouvelée sous le signe du pavillon fran-
çais, je crois que la France perdrait dans
une telle opération une partie considérable
de son prestige.
Elissa Rhais.
M. A. Gruvel
Professeur au Muséum National
d'histoire naturelle
Tous les coloniaux connaissent le profes-
seur A. Gruvel. Grâce à lui, la pêche
aux colonies a pris un essor qui ne fera que
te développer avec le temps. Les nombreuses
ptissiens qu'il a remplies aux colonies, sa
science universellement estimée, donnent à sa
réponse une autorité incontestée.
Mon cher Directeur,
Il m'est impossible de comprendre com-
ment des hommes sensés, ayant vécu plus ou
moins longtemps au milieu des indigènes de
nos colonies, ayant pu constater l'effort énor-
me accompli par l'Administration française
et par nos colons, beaucoup trop méconnus,
après le concours admirable qui nous a été
fourni en hommes, en matières premières et
même en argent, ont pu, seulement, concevoir
l'idée de la vente d'une parcelle quelconque
de notre domaine colonial.
Je crois, pour ma part, que les peuples in-
digènes actuellement sous notre tutelle, mê-
me les plus évolués, sont encore loin de pou
voir se gouverner eux-mêmes. Que l'on asso-
cie petit à petit et de plus en plus, l'élite
intellectuelle de nos possessions à notre Ad-
ministration, à notre Industrie, notre Com-
merce, tout ce qui nous touche, en un mot,
rien de plus juste. Mais il faut que cette
collaboration ne s'établisse que lentement et
à bon escient.
Dans certaines d'entre elles, une Adminis-
tration mixte, franco-coloniale, pourra peut-
être, un jour, s'établir sur un pied de pres-
que égalité, mais la France ne pourra ja-
mais se désintéresser complètement de l'Ad-
ministration d'un pays où tant d'intérêt de ses
nationaux se trouveront engagés et qu'il sera
indispensable de défendre.
Donc, en résumé : 1° Il ne doit être ques-
tion, à aucun moment, de la vente d'aucune
parcelle de notre domaine colonial ; 20 poli-
tique d'association de plus en plus large,
oui ; politique d'abandon, jamais !
Voilà, mon cher Directeur, ce que je pense
sur les questions que vous avez bien voulu me
poser, et croyez-moi votre bien cordialement
dévoué.
A. GRUVEL.
eta
A LA CHAMBRE
00
L'ordre du jour de rentrée
On sait que la Chambre doit reprendre
ses travaux mardi. Immédiatement elle re-
prendra d'examen du budget retour du Sé.
nat.
Elle sera également appelée à fixer la date
de la discussion d'une interpellation adres-
sée par M. André Dcrthon. député com-
muniste de la Seine, à M. Aristide Briand,
Président du Conseil « sur l'agitation fas-
ciste en Tunisie et les conséquences politi-
ques du voyage de M. Mussolini en Tripo-
litaine. »
LE PREMIER GOUVERNEUR
DU CONGO BELGE
0
Le premier gouverneur du Congo belge, M. Ca-
mille Janssen, vient do mourir ù. Uruxelies, à
l'âge de 88 ans. Ce fut l'un des collaborateurs
du "roi Léopold Il.
L'empereur d'Annam à Paria
L'empereur d'Annam et son cousin, le
prince Vinh Canh, après une huitaine de
jours passés à Prades f Pyrénées Orien-
tales), sont repartis en auto pour Pans.
Un poraiin ? MM
pour le Shtml
Les Annales Coloniales signa-
laient récemment le développement
Pris au Sénégal par la culture de
l'arachide. Les graines fournies par la pré-
cieuse ligumincuse et dont il a été exporté
plus de 440.000 tonnes en 1925, font la for-
tune du pays et de ses habitants.
L'arachide trouve dans les plaines sableu-
ses du Sénégal une terre d'élection. $a cul-
ture y est facile ; elle ne demande aucun en-
grais, peut être répétée indéfiniment sur le
même emplacement et ti exige qu'un minimum
de travail pour le cultivateur indigène.
Pourtant, si cette culture progresse, c'est
uniquement dans le centre et dans le sud de
la colonie. Dans la partie nord, vallée du
Sénégal, les chutes d'eau sont devenues insuf-
fisante'S,' le rendement est trop faible pour
être rémunérateur; souvent mime la récolte
est compromise par une sécheresse prolongée
en hivernage ou un arrêt Prématuré des
IluÎes.
Or, il y a une quarantaine d'années seule-
ment, la vallée du Sénégal était plus favo-
risée ce point de vite. i
risée à ce point de vue. Elle était, il est vrai,
beaucoup plus boisée quelle ne l'est actuel-
lement et qu'il y ait on non corrélation entre
ce fait et l'importance des pluies tombées, il
est incontestable qu'il pleuvait davantage all-
trefois qu'il ne pleut aujourd'hui. Les obser-
vations relevées le prouvent. Les surfaces
boisées retenaient plus facilement aussi les
eaux de ruissellement, les nappes souter-
raines étaient mieux alimoltÙs, les rivières
plus régulières. Le déboisement n'est peut-
être pas la seule cause de l'assèchement du
pays,- il est difficile en tout cas d'admettre
quil n'y ait Pas contribué.
Les causes de ce déboisement sont multi-
ples : recherche chaque année par les cultiva-
teurs de nouveaux terrains "pour les ensemen-
cements de mil, mats et autres cultures vi-
vrières (les indigènes choisissent de préfé-
rence les parties boisées, où ils sont certains
de trouver un peu' d'humus et où plusieurs
bonnes récoltes les dédommageront de la
peine Prise pour le défrichement) ; ébranchage
des arbres et arbustes par les pasteurs, pour
permettre aux troupeaux, en saison sèchet
d'en manger les feuilles; récolte de bois
d'eeuvre et de bois de chauffage, fahrica-
tion de charbon de bois pour les centres de
la Côte (les coupeurs abattent inconsidéré-
ment toutes les essences sans se soucier de la
régénération des Peuplements) ; efifin incen-
dies périodiques qui détruisent totalement ou
endommagent chaque année des superficies
considérables.
le développement de la culture de l'ara-
chide contribue lui aussi, dans certaines ré-
gions, à faire disparaître les boisements et
l'on peut se demander si, dans un certain
nombre d'années, les pluies devenant plus
rares, cette culture ne régressera pas au lien
de progresser.
Il est donc indispensable de prendre sans
tarder des mesures énergiques pour conjurer
le péril.
E" premier lieu, il faudrait préciser les
droits des indigènes et les limiter, si néces-
saire, dans l'intérêt même de ces derniers,
réglementer les défrichements et les coupes
de bois, interdire sévèrement V élagage des
arbres, réprimer l'allumage des incendies de
brousses.
Ensuite, constituer de vastes et nombreuses |
réserves où la densité des boisements serait
opérée par régénération naturelle; enfin, en
tuprclldre, dans tous les cercles, des planta-
tions d'essellces utiles par leurs fruits ou
leur bois, telles que roniers, kapokiers, caïl-
cédrats, filaos, accacias divers, etc. Réserves
et plantations devraient être entourées d'un
cordon de terres cultivées et divisées en sec-
leurs bien séparés, Pour éviter les incendies
et leur propagation.
Dans un rapport récent, .1/. Claveau, di-
recteur de VAgriculture au Sénégal, exposait
que des plantations, dont il estime le coût, et
Ventretien pendant dix années à 3.500 francs
par hectare, doivent dOI/Jler, pendant ces dix
aiis, pour plus de 5.000 francs de bois, indé-
pendamment des sujets qui restent sur le ter-
rain à l'expiration de cette première période
et permettent la régénération naturelle des
parties de terrain ainsi reboisées.
En plantant seulement dix hectares par an
et par cercle, on arriverait rapidement à dis-
poser de massifs boisés susceptibles de répon-
dre à fous les besoins en bois d'œuvre et en
bois de chauffage de la colonie. -
faudrait aussi stimuler les populations
indigènes à délimiter les cham ps qu'elles
cultivent régulièrement par des plantations
d'essences utiles. Ce serait du reste là un ache-
minement vers rétablissement dit cadastre et
l'accession des indigènes à IcI propriété indi-
viduelle des terres.
Protection et amélioration des massifs
boisés, plantations par 1 Administration lo-
cale et par les indigènes doivent marcher de
pair. La mise de fonds que ces diverses me-
sures nécessitent est relativement peu consi-
dérable; elle sera bien vite récupérée. Si
Veffet se traduit heureusement d'alltre Part
sur le climat et les chutes de phtics, l'avan
tage retiré sera inappréciable pour la colo-
nie et son avenir économique.
Pierre Valu de.
Député du Cher.
Efficace intervention
de M. Mario Roustan
A la suite des incidents qui ont amené la
Compagnie Sud-Atlantique à désarmer le
paquebot Massilia, l'équipage du paquebot
Asie, qui devait partir hier mardi, avait
résolu, par solidarité, de mettre sac à terre.
Le mouvement menaçant de s'étendre à
tout le port,^ M. Mario Roustan, sous-secré-
taire d'État à la Marine marchande, a con-
voqué d'urgence les représentants des syn-
dicats maritimes de Bordeaux.
Après de très longs pourparlers, du mi-
nistre, des délégués des inscrits et des di-
recteurs des Chargeurs Réunis et de la Com-
pagnie Sud-Atlantique, le conflit a été apaisé.
L'Asie est parti dans la journée et le Mas-
silia prendra la mer à son tour dans un dé-
lai très rapide.
Ainsi est terminé un conflit dont les con-
séquences graves n'avaient échappé à per-
sonne. Un grand nombre de passagers, mal-
gré les bruits contradictoires, attendaient
avec confiance que le Tftassilia partit. D'au-
tres sont revenus passer trois jours dans la
capitale. Toutes les mesures sont prises pour
que le retard soit réparé.
Dites-le bien, a déclaré M. Mario Rous-
tan à l'un de nos confrères, dites-le à
l'heure où des compagnies concurrentes
étrangères font contre nos compatriotes une
propagande acharnée; dites-le afin que tout
le monde garde confiance dans notre arme-
ment et dans le personnel de tout ordre,
pont, machine, service général. Nous pou-
vons lutter victorieusement à tous les points
de vue contre nos rivaux : le triomphe est
certain si l'harmonie règne entre armateurs
et équipages. Je m'y emploierai de toutes
mes forces.
M. Viollette à Alger
M. Yioll«'tU\ (iuuvcnuMir (iêiR'i-al »ïe l'Al-
gi'rir, esf arrive à .\1ger hier matin, fi 7
heures. Il était parti le >;
Il est allé jusqu'à Adror, limite extrême de“s
territoire nigérien» avant le Sahara cen-
tral, où il a été salué par des Touaregs
venus des points extrêmes du Sahara.
l>e lîouvorneiir, en dehors des visites
qu'il n fuites il tous les établissements mili-
taires, sanitaires et agrkolos, a étudié sur
plau certal*IICE3 qUuet i les, tL étudié sur
place certaines questions soulevées par la
dernière conférence nord-africaine.
Pour la première fois, un Gouverneur
Général est allé aussi loin dans l'extréme-
Siut Aussi ce voyage a-t-il produit une très
vivo impression parmi les itfvpulntiiros des
régions loinlnint's. qui ont partout manifes-
té un ardent loyalisme.
L'opinion du Gouverneur Général sur le Rii
M. Viollette, rentrant Ci Alger, a été inter-
viewé à 80n passage (nwrdi) fi Saïda (dépar-
tement d'Oran) sur Jes pourparlers qui vont
s'engager à Oiuljda. I.p (îouvernour Géné-
ral a dé.elaré qu'il persistait à soutenir au-
près du Gouvernement cette idée qu'il se-
rait iiedoutablr de luire une paix suscepti-
ble de grandir Alxl el Krim.
M. Viollette. a toujours évoqué le souve-
nir de ees l.milé.s «les premières années de
la conquête de l'Algérie qui illustre d'une
façon si funeste nos contlits avec Abd tl
Kader. Si la paix se fait,effectivement, avec
les tribus, et non a.vee Abd el Krim, et. si
le chef rifain disparaît, les difficultés pré-
sentes » aplaniront. Il serait sage, alors, de
se montrer généreux envers les tribus.
l,e H if, depuis tn\s longtemps, fournit des
ouvriers agricoles à l'Algérie (de 25 à :),OO)
par an). 1-u paix revenue, ces travailleurs
viendraient atténuer la crise de main-d'om-
vre «t'ont soulïiv la Colonie, Après la ques-
tilln il faudra légler celle de Tall-
tion du 1 » il, l'équilibre politique actuel est
instable et qui peut constituer une menace
pour le Sud marocain et pour le Sud algé-
rien.
-–
Pour la mosquée de Paris
S. A. l'émir Khalcd Abd el Aziz, adminis-
trateur délégué de la Commission des che-
mins de fer du Hedjaz à Damas, a remis un
tapis d'Orient à la mosquée de Paris, au nom
de la Commission, en présence des représen-
tants des ministères des Affaires étrangères,
de la Guerre et des Colonies, de Si Khad-
dour ben Ghabrit, président de la Société
des Habous ; de MM. Kampmann, directeur
du Cabinet civil de M. Steetr ; Navicet, Gé-
rard et Geoffroy-Saint-TIilaire, directeurs des
Offices du Maroc, de l'Algérie et de la Tu.
nisie, et de nombreuses personnalités.
Des allocutions ont été prononcées par S.
A. l'émir Khaled Ahd el Aliz et Si nad.
dour Tien Ghabrit, célébrant les liens d'ami.
tié qui unissent à la France les musulmans
de Syrie.
-
L"AVUTION COLONIALE
Madrid-Manille
I.es recherches actives «pu uni continué
dans le but, de découvrir le commandant
!';o;pilgl\nl Es\,v(':1, lt'\llIl dllllll'" aU1'1IlI 1""8\11-
tai. On a désormais peu d'espoir de le re-
tromer, à moins qu'une caravane ne l'ait
recueilli ; mais celte éventualité est, mal-
heureusement. peu probable.
l.es deux autres aviateurs espagnols sont
arrivés à 11 h i5, à Bouchir et sont repar-
tis. à h..T>, Ù destination - de - Bender
Abbas.
l'n télégramme de Bagdad à l' « Rxchango
Tolograph « i l,ondres avait annoncé, que le ca-
pitaine Es\l'('z avait été retrouvé à fi'30 kilomè-
tres a l'pst. d'Xmmon. Cotte infonnnttion n'a
pas été confirmée.
––-–-
TAUX DE LA ROUPIE
0
la dnte du 13 avril tn'(i. le taux ofliciel
d'? la roupie (Inn" rtntl (tniL de 10 fr. 10.
Dépêches d'Indochine
–0-0–
Promulgation de lois et décrets
l.i's luis tlu ri itu avril l^'l, dinst
illoi, 11, décret du ';!Ii mai l'l concernant les
l',/ill''-' français
pmwnhjurs <:n liuloi lùm; i>
'S2 mars 1 :?i.
Lr tlrt-rri du L'i mais 1 1b) /ixarit le nou-
vruu tarif des droits de douane perçus en
Indochine sur les produits exportés a 6Vt
promuli/né par un arrêté en date du 31 mars
et applique à compter de la même date.
Arrivée d'aviateurs
L'aviateur danois Botved et le mécanicien
Olsrn sur aviun Fobher, moteur Lorraine,
•;
Ils ont été reçus par M.Varenne,gouverneur
général de L'Indochine, qui le-s a félicités et
a lait le lieutenant Botved, officier et le mé-
canicien Olsen, chevalier du Dragon d'An-
nam.
Us sont repartis dimanche matin d 8 h. 30
pour Canton, mais en raison du mauvais
temps ifs ont été obligés, arrivés vers
Çuanglcheouwan, de revenir à l'aérodrome
vets midi trente.
Intérim
Par arrêté du gouverneur LltJnéral de t'ln-
dochine, l'administrateur l., Fol est désigné
pour remplir, par intérim, les fonctions de
gouverneur de Cochiiu-hine à compter de la
date de. départ pour la France du Gouver.
neur C.oqnacq rentrant en eo-ngé par le
« l'aul Levai =<, le I!) avril.
Une motion des fonctionnaires indigènes
L'intemmieule. des fonctionnaires indigè-
nes du Tonkin, réunie en assemblcfe. géné-
rale le 26 mars, a voté à l'unanimité la mo-
tion suivante :
11 Considérant •jur te goiirerncnr générai
» Varenne a su. depuis son arrivée «ri huio-
m ciiine gagner lu l'u/llinn,I' des Annamites
Il par son rxput libéral, juste •( désintéres-
« se;
Il Considérant >iue notamment le 27 té-
11 vrier dernier il a signé un arrêté portant
41 l'admission des annamites dans les cadres
Il jusqu'ici exclusivement réservés aux Eu-
u roptfens;
a Considérant que cette mesure émincm-
CI ment juste aura pour effet, dans l'avenir,
u de permettre aux Annamites de prendre
« part à l'administration effective de leur
u pags. alors que jusqu'ici, quelques capar
» bles qu'ils soient, ils sont rélégués dans
H des fonctions sulbaternrs.
CI En conséquence, 1.800 fonctionnaires in-
« digènes de tous grades et de tous âges,
« faisant btoc avec leurs représentants, font
« confiance pleine et entière au Gouverneur
« Général Varenne auquel ils adressent
m avec tout le. respect qu'ils doivent au chef
« de la Colonie, leurs sentiments de sincère
m dévouement rt de profonde reconnais-
« sanee.
h Ils font coniiance. pleine et entière., au
« gouvernement. Je la Hé publique Fran-
cuise, qui a ir choisir si heureusement, ton rrprésen-
•( tant dans leur 'pags .»
AU SENAT
DEBATS
Le budget des Colonies
l.e Sénat a dis •vu té mercredi le budget des
Colonies dont M. Lebrun est le rapt orteur
spécial.
Le sénateur >i Mvui Uie--..-Muselte lit de
la situation de 'îus '•̃►lunies un exposé pré-
cis et complet qui l'ut écouté avec ta plus
grandi! attention par la liante Assemblée.
Il mit en l'imiéru les résultats satisfai-
sants obtenus aux progrès d'ordic
économique, linau.'i'.r ti social réalisés par
les diverses colonies qui constituent de plus
en plus l-'lIll' notre pa:-; d'importants
moyens d'expansion et d'action.
C'est d'abord l'Afrique occidciit-ale fran-
çaise qui présente aujourd'hui pour 1920 un
total de recettes budgétaires de .72 l'mlliolls,
1 alors (iu*ei 1 1^1.ï. ̃•• total ne s'élevait iru'it
78 millions.
K11 1 i, 1rs !• 'S budg< ta Très ont excé-
dé de (>1 millions les dépenses, l.a caisse de
réserve est bien pourvue permet d'exé-
cuter de grands travaux sens avoir recours
ii des emprunts si onéreux '1 l'heure ac-
tuelle ; rien qu" pour l{J2i» ces grands tra-
vaux ^chemins de fer, ports, etc.), se ehit't're-
ront par 1^'d millions.
M. LehruH, - A oe prop.'c, nous deman-
dons que l'administration cntrale exerce
un contrôle vigilant, sur les programmes
des Travaux qu-* lui soumettent nos diser-
ses colonies.
A Madagascar, m 11*2»•. les recettes bud-
gétaires S(l sont '-levées à l'M millions, h »
dépenses ne d< passa.nt pas Si millions.
).s productions de cette e.>lonie ne. con-
currencent pas colles de 1,1 Métropole au
contraire elles les empiètent. Km le
commerce extérieur de Madagascar a at-
teint toiin.-s et sfrancs, o'i' ¡'H\.tll. 'lHI'S d ;) lIli:-
lions).
l-a situation financière ,|> Madagascar est,
brillante, elle lui 'IIrllI.! ,\. f;iire face,
eoinm»' l'Afrique occident. !.•̃ française,
nvec ses réserves, .-t
I/Afrique l'.quatoriale apparaît en beau-,
coup, moins bonne condition. C.efembint,
depuis 192i, des progrès certains ont été
accomplis, grâce. t une remise en main do
ilit l'activité écono-
iniuue feu 1ffc?L u-s exportations de boia not
dépassé )Oh)l)() tonnes. Ces progrès seront
beaucoup plus rapides lorsque sera Achevée
la construction actuellement en cours dn
chemin de fer de Hrazzaviile Pointe-Noire.
l/a superficie des territoires do la Colo-
nie placée sous le régime de la concession
a beaucoup diminué et le développement
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