Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-04-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 avril 1926 13 avril 1926
Description : 1926/04/13 (A27,N57). 1926/04/13 (A27,N57).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397104k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SEPTIEME ANNEE. - No Õ7 aUMKRÔ ; Â) CUMIMbS uutuisom i:T WIIII v.M
,- -.
Les Annales Coloniales
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LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONtALES SONT LA PROPRIÉTÉ
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La nouvelle loi douanière et les colonies
1.8
La loi douanière du 3 avril portant relève-
ment de 30 du tarif douanier métropolitain
contient, dans son article unique, un alinéa
ainsi con ^i :
« Les majorations ci-dessus sont applica-
bles d'office aux colonies assimilées si, dans
un délai de six mois et suivant la procédure
habituelle, elles n' ont pas renoncé au bénéfice
de la réforme. »
Une fois de plus apparait. ici, dans un
exemple typique, le caractère dangereusement
imprécis de notre système législatif colonial.
Que signifie ce texte, rédigé en style sibyl-
lin ?
Veut-il dire que les colonies, dites assimi-
lées, seront libres de renoncer, par la voix de
leurs organes représentatifs locaux, au béné-
fice (?) de la réforme ?
Mais alors que signifient les mots « suivant
la procédure habituelle ? » Il n'existe, en
effet, aucune procédure habituelle en la ma-
tière, pour la raison majeure que les colonies
ne disposent pas, en règle ordinaire, de la
puissance législative.
Veut-il dire que la réforme ne pourra être
appliquée d'office à ces colonies que si, dans
le délai de six mois, elle n' a pas été déclarée
inapplicable, par les pouvoirs législatifs ordi-
naires en matière coloniale ?
Mais. ici encore, les termes « suivant la
procédure habituelle » sont incompréhensibles,
car il est de règle absolue que le régime légis-
latif' du sénatus-consulte de 1854 n'est appli-
cable qu'en l' absence ou dans le silence de la
loi. Si une loi décide d'une façon formelle, en
matière coloniale, l'exécutif ne peut intervenir
pour rejeter ou modifier la loi. Il n'existe donc
point de « procédure habituelle » pouvant
s'appliquer à cette hypothèse.
Notre texte veut-il dire que la réforme sera
applicable d'office après que, dans le délai de
dîx mois, le décret fixant les dérogations, sui-
vant la procédure prévue par la loi de 1892,
aura été pris ?
Bien que très éloignée de celle qui peut
être tirée de l'analyse grammaticale du texte,
c'eat cette cîsni me interprétation qui me pa-
rait, seule, conioime à la législation actuelle-
ment en vigueur, que le texte nouveau
n'abroge pas explicitement et qu'il paraît, au
contraire, confirmer par le rappel qu il fait de
« la procéd ure habituelle ».
Les deux premières ne pourraient, à mon
sens, se réclamer que d'une législation aujour-
d'hui abrogée.
On sait que le sénatus-consulte du 4 juil-
let 1866 avait donné aux colonies des Antilles
et de la Réunion une large autonomie doua-
nière. Son article 2 décidait que les tarifs de
douane y étaient votés par le Conseil Général
et rendus exécutoires par décret de l'Empe-
reur, le Conseil d'bltat entendu. Le décret du
30 janvier 1867 décidait que, dans les autres
colonies, le régime douanier serait établi par
décret. La loi du 7 avril 1881, dans son arti-
cle 3, alinéa 2, décida que les tarifs de douane
c%es colonies autres que les Antilles et la Réu-
nion seraient fixés par décret pris en Conseil
d'Etat.
Le texte nouveau, que nous analysons, s'ex-
pliquerait parfaitement sous l'empire de cette
législation : les majorations du .tarif actuel
s'appliqueraient aux colonies assimilées, sauf
si les autorités compétentes ordinaires con-
seil général ou puissance exécutive intervenant
par voie de décret en Conseil d°Etat - n'en
décidaient autrement dans le délai de six mois.
Mais cette législation a été abrogée, au
moins dans la mesure que nous allons indiquer,
par la loi douanière du 11 janvier 1892 qui,
dans son article 17, stipule :
« Sont abrogées toutes les lois antérieures
en ce qu'elles ont de contraire à la présente
loi. »
Or, les articles 3, 4, 5 et 6 de la loi de
,1892 ont fixé, pour l'établissement des tarifs
douaniers coloniaux, un régime entièrement
nouveau :
Les produits étrangers importés dans les co-
lonies assimilées sont soumis aux mêmes droits
que s'ils étaient importés en France (art. 3,
al. 3). La loi douanière qui fixe ces droits
s'applique donc, ipso facto, aux colonies assi-
milées, sous la seule réserve ordinaire de la
promulgation par les autorités locales compé-
tentes.
Toutefois, des décrets rendus en tonne de
règlement d' administration publique doivent
déterminer les produits qui, par exception,
font l'objet d'une tarification spéciale, dans
chaque colonie. Les conseils généraux ou
d'administration sont appelés à donner leur
avis sur ces dérogations projetées et ils peu-
vent, toujours, prendre des délibérations pour
en solliciter d'autres qui doivent être établies
suivant la même procédure (art. 3, al. 4 et
art. 4.)
Enfin, en vertu de l'alinéa 5 de l' article 3,
le tarif douanier métropolitain ne peut être
appliqué à chaque colonie qu'après la promul-
gation du décret fixant les dérogations.
Tel est le régime établi par la loi de
1892.
Sans doute, des difficultés sont nées de
l'interprétation de ces textes législatifs. On
s'est demandé si les règles fixées pour l'éta-
blissement des droits, s'appliquaient aussi aux
autres modalités du régime douanier, par
exemple, aux conditions de l'assiette et de la
perception des droits Le Conseil d'Etat
s'était prononcé pour l'affirmative. La Cour de
Cassation avait jugé en sens contraire et dé-
cidé, par exemple, que les dispositions sur les
pénalités en matière de douane en vigueur en
France, ne s'appliquaient pas aux colonies.
Dans la pratique, on était arrivé à l'inter-
prétation suivante des textes législatifs :
Tout changement apporté par le Parlement
au tarif métropolitain des droits à l'importation
était considéré comme applicable, ipso facto,
dans les colonies assimilées. Par contre, lors-
qu'il s agissait d' autres dispositions douanières,
le principe de l'abrogation de la législation
antérieure par 1a loi de 1892 ne s' appliquait
pas, et une distinction était faite : quand il
s' agissait d'appliquer sans modifications aux
colonies des textes de législation douanière en
vigueur dans la métropole, un décret simple
était jugé suffisant ; quand il s'agissait, au
contraire, de dispositions douanières spéciales
à une colonie, la procédure prévue par la loi
de 1881 devait être appliquée.
Quand il s agissait non plus de l' application
d'un tarif modifié, mais seulement de l'aug-
mentation de certains droits du tarif métropoli-
tain, la question était jugée plus délicate.
jusqu'en 1910, ces augmentations de droits
étaient considérées comme applicables, ipso
facto. aux colonies assimilées, dans les mêmes
conditions oue le droit primitif qu'elles modi-
fiaient, sauf dans le cas où elles visaient des
droits oui avaient fait l'objet de dérogations eu
tarif primitif.
Mais ce régime avait été modifié en 1910.
Sou la pression des représentants des colonies
au Parlement, la loi du 29 mars 1910 décida
(article 7) que les droits nouveaux établis par
elle ne seraient applicables aux colonies
qu'après promulgation des décrets établissant
les dérogations possibles. Ainsi, la procédure
aoplicable au cas de l'établissement d'un ta-
rif douanier métropolitain, devenait obligatoire
dans les mêmes conditions au cas de simple
modification de certains moils d'un tarif.
La loi du 6 mai 1916 décida que ces dé-
crets de dérogations devaient être contresignés
par les ministres du Commerce, des Finances
et des Colonies. Il devenait, dès lors, beau-
coup plus difficile d' obtenir des dérogations
nouvelles. suivant la procédure prévue à l' ar-
ticle 4 de la loi de 1892, mais en même temps
devenait DIUS difficile l'application aux colonies
d'un tarif métropolitain modifié qui suppose la
promulgation préalable de ces décrets de déro-
gation.
Intervint alors le décret du 8 juillet 1919.
approuvé par la loi du 9 janvier 1920. qui.
créant les coefficients de maioration, ne visait
que l'Algérie. On en déduisit que lev coeffi-
cients de majoration n'étaient pas applicables,
itosc facto. aux colonies. En fait, ce sont des
décrets spéciaux qui les ont introduits en Indo-
chine et à La Réunion.
Allant plus loin, le décret du 28mars 1921.
relevant le tarif général des douanes, déclarait
ses dispositions apolicables à l'Algérie et pas-
sait volontairement sous silence les autres co-
lonies.
Il semble donc que, depuis 1910, s'affir-
tnait la tendance à ne pas considérer comme
applicables aube colonies, ipso facto, les modi-
fications tout au moins partielles du tarif doua-
nier métropolitain.
Le texte nouveau de la loi du 3 avril sem-
ble réagir nettement contre cette tendance,
puisqu'il déclare formellement : « Les ma-
jorations ci-dessus sont applicables d'office aux
colonies assimilées.^ »
Ce texte consacre évidemment le retour aux
principes de la législation de 1892.
Mais alors apparaît une difficulté nouvelle.
La « procédure habituelle » à laquelle fait
allusion le texte nouveau ne peut être que celle
nrévue à l'article 3. alinéas 4 et 5. et à l' ar-
ticle 4 de la loi du 11 janvier 1892. Or,
cette procédure prévoit la possibilité de modi-
fier le* droits applicables à certains produits
Ntrticuliers. par Voie de décret, après avis du
Conseil péncral ou du Conseil d'edministra-
tion ; mais. en aucun cas, elle ne nrévoit que
les colonies pourront se soustraire à r applica-
tien des nouveaux droits du tarif métrooolitain.
en bloc, ainsi que le laisse entendre le texte
réoislatif nouveau.
On voit à quelles graves difficultés d'appli-
cation petit donner lieu le texte amphigourique
voté par le Parlement.
Etienne Antonelli,
Député de la. Haute-Savoie
Visite diplomatique
00
M. Myron T Herrick, a quitté Rabat pour
se rendra A Tanger, ou il sera reçu par le
chargé (l'alfaire. des Etats-Unis.
(Par dépèclie.)
, «>»
Le cours du ris
'J "1'"
; '., SAIGON
1 (les 1.000 kUos en piastres)
Hiz no 1 25 010, brisures 70
Riz no 2 40 0/0, brisures 105 70
Hiz no 2 50 0/0, brisures 100 20
Brisures non 1 et 2 ".,.,.,..,. 84 »
Brisures nel 3 et 4 71 »
Farines 90 30
Paddy Vinh-Long 59 30
Padd Co-Cong J. 62 »
Paddy Raixau ,.: 61 »
Paddy Bac-Lien 62 »
Coprah (les - 100 - kilos) 17 75
(Par dépêche Indopacifi.)
- "l
Quelques réflexions
sur la grande île
Un décret du 25 décembre der-
nier a modifié la réglementation des
pouvoirs du Gouverneur Général de
Madagascar et M. Marcel Olivier s'est em-
pressé de porter un l'rclllia remède au mal
de centralisation à outrance dont souffre la
Grande Ile. Lorsqu'on étudie le système ad-
ministratif de notre Colonie, on ne peut
qu'être frappé de la disproportion entre les
devoirs imposés aux chefs de district, les
connaissances que l'on exige d'eux et le peu
de pouvoirs qui leur sont dévolus. Ceci pou-
vait s'expliquer lorsqu'il y a une trentaine
d'années, ces fonctions étaient remplies par
de jeunes fonctionnaires sans expérience (les'
pays qu'ils étaient appelés à administrer. Le
pouvoir central lui-même cherchait, sa voie.
Depuis longtemps faic situation a changé et
Madagascar est l'tme de nos colonies où la
réglementation administrative sous toutes ses
formes est la pltfs parfaite. Et les jeunes
fonctionnaires d'antan qui pour les trois
quarts sont restés fidèles à leur première co-
lonie sont aujollrd'Imi des administrateurs
expérimentés, connaissant à fond les régions
, dies races différentes qui peuplent Mada-
gascar. Nous avons entre les mains un ilecti-
nie-lit tri-s suggestif à cet égard : le pro-
gramme des questions qui doivent être trai-
tées par ces fonctionnaires dans leur rapport
annuel. C'est tout simplement effarant et on
chercherait en vain fil France une fonction
équivalente par l'étendue des connaissances
exigées à celle exercée par JIOS administra
teurs coloniaux.
Rien que ce programme tient seize pages
de texte scrré. Il exige des précisions, des
statistiques, des propositions ; en un mot des
études extrêmement serrées de tout ce qui à
rapport <} la vie administrative, politique, éco-
nomique et financière de chacune des subdi-
visions de la Grande Ile. Qu'il s'agisse des
mouvements de la population européenne ou
indigène, des questions cultuelles, de
l'hygiène et de la salubrité tirs personnes ou
des animaux, dit fonctionnement des servi-
ces divers : postes et télégraphes, mines, tra-
vaux publics, enseignement ; qu'il soit ques-
tion de sécurité, coutumes indigènes, démo-
graplrÙ., main-d' œuvre, justice, ou bien en-
core des cultures et récoltes, des cours des
produits, des industries européennes et indi-
gènn. du mouvement des exportations et des
importations, de la richesse publique et en-
fin des impôts, de leur répercussion sur la
situation économique et des facultés imposa-
bles des contribuables, le chef du district
doit avoir des données très précises sur tout.
Et on s'imaginerait à tort que ces rapports
ne sont que des vues d'ensemble. Chaque
point traité doit être accompagné de statisti
qurs et comparaisons avec les années atité-
rieur es et expliquer les différences constatées
et le temps n'est pas encore éloigné où il fal-
lait préciser jusqu'au nombre de plants de
manioc, patates ou bananiers à l' liu/arc. EIII
bien, à ces fonctionnaires ayant une connais-
sance aussi complète de leur circonscription,
on ne donnait et je dis même qu'on ne donne
aucune parcelle d'autorité. Au contraire, au
fur et à mesure qu'ils acquièrent de l'expé-
rience, des décrets leur retirent les quelques
prérogatives qu'ils avaient et leur autorité,
nouvelle Peau de chagrin, sera bientôt à ce
compte un souvenir. M. Olivier a bien com-
pris ce qu'il y a de périmé dans une telle si-
tuation. Et il vient, d'instituer diverses délé-
gations de pouvoirs aux chefs de circons-
eriptions et de subdivisions. Oh! bien, peu
de chose : ih peuvent délivrer un permis de
port d'arme, ouvrir un marché, nommer un
chef de village. Enfin, c'est un commcnce-
ment et tout au moins cela nous Prouve que
le. Gouverneur Général de Madagascar a vu
le mal et cherche à y remédier. Souhaitons
qu'il continue, sa réforme et qu'il s'attaque
aussi aux paperasses et formes administrati-
ves qui dérobent le meilleur de leur temps
à nos administrateurs et dont nous dirons
quelques mots une autre fois.
Maurice Bouilloux-Lafont
Député du Finistère.
Vice-Président de la Chambre,
.1.
M. Ylallelle daIS le SIG-Algerien
00
M. Mollette, d'El-Goléa, s'est rendu à Fort-
Mac-Mahon, en plein Sahara, avec les qua-
tre automobiles qui constituent son convoi.
De Ill, la Caravane du Gouverneur Général
a atteint l'oasis de Timmimoun, dans le
Toutlt, oit de (frande. réjouissances indigè-
nrs, avaient été organisées. Af. Violtette
s'est engiiis des besoins des pOlrulations. Il
poursuit sa. randonnée dans le Sahara algé-
rienr, par une température déjà élevée pen-
dans la fournée. (Pa.r dôpôche.)
.1.
Une grève de dockers
---0-0-
Un contremaître des dockers employés à
Marseille au débarquement des primeurs
d'Algérie, ayant surpris un des hommes de
son équipe au moment où il ouvrai 1 un colis,
lui fit des observations auxquelles le docker
répondit par des coups.
La Compagnie de navigation mit à pied
l'employé fautif. Mais ce matin, les cama-
rades du docker ont cessé le travail en de-
mandant le renvoi du contremaître et la
réintégration du docker. On espère que le
conflit ne prendra pas d'ampleur. Le débar-
quement des primeurs est assuré.
0
Pourquoi colonisons-nous ?
.1. ,
, ABANDON7 - VENTE? ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
récemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne. Gouverneur Général de
l'Indochine.
Au cours de son exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de se-,
prédécesseurs à Hanoï, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
bassadeur: de France à Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, niais n'en
serait' pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une oeuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à ce but?
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
Claude Farrère, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de guerre. Croyez-vous qu'au XX. siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés la-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu'un
jour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée, permettra de considérer toutes les par-
ccDcs du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un mémo
corps ayant les mêmes aspirations, le même
idéal ?
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalités.
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. François-Mar-
sal, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel Boulenger,
Victor Margueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymond Poincaré, Aimé Bcrtlhod, B. Dia-
gne, le docteur Marchoux et Fernand Lau-
det.
En voici de nouvelles :
M. Francis de Croisset
M. Francis de Croisset n'est pas unique-
ment le fin et délicat écrivain, l'autellr ap-
plaudi de succès triomphants, dont les moin-
dres ne sont ni Arsène Lupin, ni les Vignes
du Seigneur. C'est aussi un esprit fort avisé
des problèmes extérieurs. Non seulement, il
connaît bien notre Afrique dit Nord, mais
encore il a entrepris de grands voyages.
Il y a bientôt trente ans, nous débutions
ensemble à La Presse que dirigeait alors
Léon Bailby; je compte encore autour de
nous : Albert plantent, Robert Dieiedopitié,
Fernand IItlltsrr, Marcel Pe Hare et maints
autres qui ont lait aussi leur route.
Mon cher Confrère,
Mon opinion sur une nouvelle orientation
rventueile de la jxjlitique coloniale fran-
çaise ?
Malheureusement, le côté pratique (le la
question m'échappe complètement et ce point
de vue, dans, l'état actuel de notre pays, a
une importance, hdas! trop grave, pour que
j'ose vous fa ire part d'une opinion dont la
valeur'ne serait que sentimentale.
Veuillez croire, je vous prie, mon cher
Confrère, a mes sentiments les meilleurs.
Francis de Croisset.
Le Marquis de Barthélémy
Le marquis de Barthélémy a passé près de
vingt années les plus belles de sa vie en In-
dochine. Il a fondé de toutes pièces, au lien
le mieux Placé de notre France d'Asie, à
Cam-Ranh, un port qui dans l'avenir, ré-
pondra certainement et au delà aux espé-
rances de son fondateur. L'Indochine a été
pour lui une seconde patrie, et il conserve
une tendresse bien naturelle pour son vieil
Annam.
Le la avril 1926.
Mon cher ami,
Puisque vous voulez bien me poser quel-
ques questions intéressant l'avenir de nos co-
lonies, je vous répondrai, en toute franchise,
et, suivant les idées qui ont toujours dirigé
mon action coloniale.
10 question :
Discours de M. Varenne. - J'estime que
la France ne pourra, ni moralement, ni ma-
tériellement, a bandonner l'Indochine, si
elle sait réaliser le TOUT indochinois.
-- - ..-- --
- La France, en effet, a apporté à l'Indo-
chine, notamment à la race annamite, un
ensemble économique qui tend à faire de
son pays un ensemble politique dont les gens
éclairés parmi eux comprennent parfaitement
les bienfaits.
L'histoire (Te l'Indochine est pleine des
guerres entre les gros feudataires chinois
et feudataires annamites du Tonkin, entre
ieudataires même de la Cochinchine et du
Tonkin. elle ne relate qu'incursions siamoises
au Cambodge, et, au Laos, elle pleure sur
des ruines accumulées, ceci sans parler de la
cruelle destruction du Ciampa par les An-
namites.
L'action de la France a mis un terme à
toutes ces compétitions. *
Cette action cesserait-elle? Il ne fait au-
cun doute que ces dissensions reprendraient
vite leur cours. Les proclamations des jeunes
Annamites dénotant leurs ambitions et le dé-
air de la popularité personnelle sont preu-
ves que l'état d'esprit féodal n'est pas mort.
Et j'ajoute que ce serait pis qu'autrefois,
les conséquences de ces divisions frappe-
raient au cœur l'œuvre si bien comïnencée.
En effet ÉCONOMIQUKMENT. --- La Cochin-
chine a besoin de la métallurgie du Tonkin et
de ses industries. Le Tonkin a besuin des cé-
réales de la Cochinchine, de son caoutchouc,
de ses textiles. L'Annam, qui fait la liai-
non des deux grandes provinces, ne sera ja-
mais rien sans les transports entre les deux
richesses qui doivent se copénétrer par lui.
sans la liaison mondiale qu'il représente pour
toute la colonie.
POLITIQUEMENT. - I/Annam est égale-
ment l'agent de liaison du Tonkin et de la
Cochinchine grâce au protectorat français
exercé sur la Cour. Ce pays pauvre est l'es-
tomac du tout annamite, sans lui, c'est la
division, c'est la faiblesse. Il suffit, d'ail-
leurs. pour comprendre que l'esprit de que-
relles féodales vit, endémique, en Extrême-
Orient, de considérer les événements de
Chine.
M. Varenne, en parlant d'un abandon
du poste par les Français a dit, nettement,
« l'œuvre terminée ». Or, quelle est cette
oeuvre? je l'ai dit :
« l'Unité de la Péninsule.
Je la vois à peine ébauchée. Le Trans-
indochinois n'unit pas encore le nord au
sud, les communications entre le Cambortc.
le Laos, et, cette arête, ne sont que projets,
l' I ndochine est encore hors la route des
grands navires modernes de vitesse, la mon-
tagne d'Annam est encore peuplée de sau-
4
vages.
Rt. quand même tous ces travaux se-
raient parachevés, si la France quittait sa
colonie ayant tué, par la liaison, les divi-
sions historiques de l'Annam au Tonkin et
du Tonkin à la Cochinchine, formant ainsi,
un puissant groupement annamite, quelle
force rattacherait le groupement cambodjo-
laotien au groupement annamite?
Quelles calamités ne s'alxittraient-elles pas
sur ces peuples de races ennemies ?~Quel
meilleur agent de rapprochement trouveraient-
elles que cette France éloignée et généreuse,
incapable d'être envahissante, si apte à être
éducatricc tutrice, pacificatrice dans une col-
laboration d'ensemble de toute la Péninsule.
L'œuvre entreprise par notre cher pays en
Indochine, mon cher ami, je la vois merveil-
leusement amorcée pour l'avenir,
C'est t'honneur de la troisième Républi-
que de t'avoir menée si haut, en si peu de
temps.
La France serait humainement (Oll pable,
en abandonnant à eux-mêmes, à de tristes et
sanglants retours de féodalisme et de guerres,
ses enfants d'outre-mer, lui crieraient-ils
dans les délires des fausses ambitions « ton
travafl est fini ! ». Non ce travail est intini.
car il est perpétuel comme le progrès.
PÉRENNITÉ DE L'KFFORT FRANÇAIS. - Ma
conclusion répond, en partie, ;t votre seconde
question.
La pérennité de l'effort français est fait
de la pérennité des progrès scientifiques con-
courant au mieux-être matériel des peuples
qu'il, dirige.
On me repondra : la science nest pas
l'apanage de la seule France. Est-il bien cer-
tain que la France, seule, est capable d'en
bien importer les bienfaits?
Je répondrai : deux races ou nations, ha-
bituées à travailler et à collaliorer côte, à
côte ne se séparent pas facilement à moins
que l'une d'elles ne soit tombée en déliques-
cence. Or, il ne s'agit pas seulement, en ma-
tière coloniale, d'apporter les applications de
la science et la science elle-même; mais
d'apprendre le talent d'en distribuer les bien-
faits et les influx, suivant le caractère de la
nation à éduquer.
Le navire propulsé prend en remorque le
navire arrêté, et lui communique sa marche
par des amarres suivant ses formes, sa ré-
sistance à l'eau, le temps qu'il fait, la dis-
tance à parcourir.
Nos peuples coloniaux diffèrent entre eux.
et notre remorque doit agir sur eux suivant
des données faites d'art et de méthode. Leur
contact nous a enseigné qu'il existait une
science de la colonisation, nous sommes chez
eux pour leur enseigner les connaissances
inspirées de la vie moderne et cette vie mo-
derne évolue avec nous, nous pousse, nous-
mêmes. en avant nar ses nroerès.
Qui croit à la pérennité du progrès, doit
croire au devoir de pérennité de l'effort fran-
çais à l'égard de ses colonies.
LA VENTE DF.S COLOXtKS. Je ne connais
pas (le meilleure réponse à cette question que
l'admirable leçon du professeur Brunhes au
collège de France sur ce sujet.
Elle se résume en une phrase lapidaire :
« On ne vend , ni un homme, ni son dra-
peau. n
Les larmes viennent aux yeux, dans un
acte de contrition patriotique lorsqu'on lit
dans « Nos amis Canadiens a l'introduction
du poète, canadien français Louis Frécfiette
s'adressant à la France, mère dont il ne con-
naît que par de lointains ,échos. la générosité
et la gloire et dont il demande avant de la
chanter, à baiser humblement le bas de la
robe en un baiser d'amour de fils abandonné
qui aime quand tnêmel Et lorsqu'on songe
que la Touisi.,tne, si riche par ses cotons, au-
jourd'hui, pourrait être la sauveg.r !" ,1":.iè
des plus importantes importations étrangères
chez n«>us, et qu'elle fut cL.Je pour .:in.
quante millions ! ! !
La vente des colonies ce serait 1111 crime
doublé d'une sottise. Les faits historiques
suffisent à le prouver si l'on en doute.
L'AVF.NIU. Je crois fermement à l'ac-
tion -mora le et colonisatrice de la l,'rance.
mais, toutes ses méthodes n'ont pas été ad-
mirables si son œuvre, dans l'ensemble, l'a
été. Rien d'humain ne saurait être parfait,
il laut, sans cesse, observer des défauts pour
diriger quoi que ce soit. L'œuvre de la presse
est là pour cela et j'aime ses consultations
se penchant vers tous, écoutant les paroles de
tous, alin quelles soient jugées et pesées par
ies penseurs et les che f s.
A mon avis, longtemps, très longtemps.
tant fitiellt, sera (ligtie de vivre, la France
restera le flambeau éclairant de la lumière
moderne ces peuples qu'elle maintiendra
près d'une lumière bien entretenue chez '-He.
Mais son action doit agir suivant des rè-
gles et ses délégués près des peuples loin-
tains a éduquer ne doivent point les perdre
de vue :
1" Distribuer largement et avec équité
dans chaque pays protégé, le progrès et la
scient*». Le faire sans restriction et sans
peur.
̃2° Eviter so igneusement d'introduire chez
nos sujets les déplorables dissensions qui ne
nous divisent que trop. Cultiver sur leur sol
l'Union Sacrée coloniale montrant que nous
savons être « Un D sans l'aiguillon du dan-
ger et par devoir.
50 Poursuivre, dans toutes nos colonies
une politique de loyale collaboration, par là,
j'entends, 'une politique de propreté, d'hon-
nêteté, de justice, puissamment attachée à
faire respecter par une très grande sévérité
et sélection à l'égard DES NOTRES le pa-
villon de la France.
40 La isser les peuples sous notre protec-
tion évoluer ! i brement en amenant leurs éli-
tes à nos niveaux, ainsi, tout en suivant leurs
traditions, en les respectant comme font tou-
tes les élites ils adapteront l'âme de leur pays
à l'âme des progrès et par contre-coup, à
l'àtne du nôtre, si nous savons nous faire
aimer pOlir notre just ice.
Le grand sage Confucius enseignait aux
princes de la Chine :
a Les peuples sont comme les blés mûrs.
« Leurs têtes se courhent au vent de
« r Equité, D
Voici, mon cher ami, une bien longue let-
tre. Mais aussi, vous iVattaquez sur mon
dada. en plein midi ! !
Croyez-moi bien cordia lement et sincère-
ment vôtre.
Marquis de Barthélémy. f
AU SENAT
- 0-0-
Le rapport de M. Lebrun sur le budget
des Colonies
On va distribuer au Scu^l le rapport, ré-
digé par M. Lebrun, uu nom de la Commis-
sion des Finances, sur le Ministère des Co-
lonie et le^j budgets locaux des Colonies.
Au seuil de cet important, travail, M.
Lebrun jette 7un règnrd d'oiiseinble sur lu.
sit.milion gcinéraile des Colonies, sur leur
dévelopfHMTieiit. économique, sur leurs rela-
tions malérieil'ltes el morales avec la mère-
patrie.
K Un teil examen, <1 il le rapporteur, ne va
pus sans quelque mélancolie, si l'on s'ar-
rête à certaines nvaniféSlali'-Mis d«' l'oipinion
au regard de l'idée coloniale. Il
M. Lebrun nippelle* qu'au lendemain de
la guerre, eu constaki.nl les services ren-
dus par nos Colonies. « 11111 eoncort una-
nime de loua>nge.s montait vers cldcs. Ceux-
liL munies qui les avaient méconnues ou
critiquées dans le passé participaient a
l'engouement général. C'était l'heure des
pnijets magnétiques, des grandioses espé-
rances. »
Peu à peu s'est attiédie lia chaleur des
sentiments que le pays métropolitain axait,
éprouvés à l'égard des « Fiances d'outre-
mer D.
« N'a-Non pas vu, dit M. Lebrun, dans
ces derniers mois, des coups constitués,
des assemblées d'hommes considérables,
habitués à méditer les questions, envisa-
ger de galtÓ de co^ur, conseiller mémo la
cession d'une partie de noUv. domaine colo-
ntail ».
En un langue énergique, M. le Ministre
des Colonies, à la Tribune de la Chambre,
a mis un terme à une pareille campagne.
Cette déclaration nécessaire a nrodtiit des
effets apaisants dans la métropole Nt allant
se répercuter sur tous les points du monde
où flotte notre, drapeau. C'Ile y ramènera le
oniî.me et les assurances sans lesquelles il
ne saurait y avoir de labour prolitabie.
Cette alerte montre néanmoins que l'idée
coloniale n'est pas encore suffisamment
ancrée dans l'opinion et que 1,'effort de pro-
paguindé ne doit pa»s se ralentir. M. 1/diru.n
estime qu'il est nécessaire que nous sa-
chions d abord ce que nous rapportent, nos
colonies et ce qu'elles nous coAtent.
Le rapporteur examinant d abord la ques-
tion du recrutement indigène, montre que
!e nombre des jeunes gens présentés etia-
que année, d'e 70.000 en 10e?Ô. est. passé A
10UMIO en l9*2i et 11 l.OOo en lO^r» £ ur er*
jeunes gens 30 sont reconnus ap4es a-u
servino.
« If est. inutile, dit M. Lebrun, d'insister
(îavantn$e pour montrer le concours que
peut apporter à Uille métropole ¡\ faible na-
talité, pour l'accompliisseme.n t. de ses obli-
gations militaires du temps de paix et pour
rorganisafTon de sa puissance dNnnsive, ln.
concept ion$'argie (rnn pYance groupant
près die eent millions d'hommes dana le
rnftme idéal, autour du même drnpNlu, pour
les roArnoç htvts. »
T,' .p.-. ''leur expos g ensuite quelle est
,- -.
Les Annales Coloniales
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La nouvelle loi douanière et les colonies
1.8
La loi douanière du 3 avril portant relève-
ment de 30 du tarif douanier métropolitain
contient, dans son article unique, un alinéa
ainsi con ^i :
« Les majorations ci-dessus sont applica-
bles d'office aux colonies assimilées si, dans
un délai de six mois et suivant la procédure
habituelle, elles n' ont pas renoncé au bénéfice
de la réforme. »
Une fois de plus apparait. ici, dans un
exemple typique, le caractère dangereusement
imprécis de notre système législatif colonial.
Que signifie ce texte, rédigé en style sibyl-
lin ?
Veut-il dire que les colonies, dites assimi-
lées, seront libres de renoncer, par la voix de
leurs organes représentatifs locaux, au béné-
fice (?) de la réforme ?
Mais alors que signifient les mots « suivant
la procédure habituelle ? » Il n'existe, en
effet, aucune procédure habituelle en la ma-
tière, pour la raison majeure que les colonies
ne disposent pas, en règle ordinaire, de la
puissance législative.
Veut-il dire que la réforme ne pourra être
appliquée d'office à ces colonies que si, dans
le délai de six mois, elle n' a pas été déclarée
inapplicable, par les pouvoirs législatifs ordi-
naires en matière coloniale ?
Mais. ici encore, les termes « suivant la
procédure habituelle » sont incompréhensibles,
car il est de règle absolue que le régime légis-
latif' du sénatus-consulte de 1854 n'est appli-
cable qu'en l' absence ou dans le silence de la
loi. Si une loi décide d'une façon formelle, en
matière coloniale, l'exécutif ne peut intervenir
pour rejeter ou modifier la loi. Il n'existe donc
point de « procédure habituelle » pouvant
s'appliquer à cette hypothèse.
Notre texte veut-il dire que la réforme sera
applicable d'office après que, dans le délai de
dîx mois, le décret fixant les dérogations, sui-
vant la procédure prévue par la loi de 1892,
aura été pris ?
Bien que très éloignée de celle qui peut
être tirée de l'analyse grammaticale du texte,
c'eat cette cîsni me interprétation qui me pa-
rait, seule, conioime à la législation actuelle-
ment en vigueur, que le texte nouveau
n'abroge pas explicitement et qu'il paraît, au
contraire, confirmer par le rappel qu il fait de
« la procéd ure habituelle ».
Les deux premières ne pourraient, à mon
sens, se réclamer que d'une législation aujour-
d'hui abrogée.
On sait que le sénatus-consulte du 4 juil-
let 1866 avait donné aux colonies des Antilles
et de la Réunion une large autonomie doua-
nière. Son article 2 décidait que les tarifs de
douane y étaient votés par le Conseil Général
et rendus exécutoires par décret de l'Empe-
reur, le Conseil d'bltat entendu. Le décret du
30 janvier 1867 décidait que, dans les autres
colonies, le régime douanier serait établi par
décret. La loi du 7 avril 1881, dans son arti-
cle 3, alinéa 2, décida que les tarifs de douane
c%es colonies autres que les Antilles et la Réu-
nion seraient fixés par décret pris en Conseil
d'Etat.
Le texte nouveau, que nous analysons, s'ex-
pliquerait parfaitement sous l'empire de cette
législation : les majorations du .tarif actuel
s'appliqueraient aux colonies assimilées, sauf
si les autorités compétentes ordinaires con-
seil général ou puissance exécutive intervenant
par voie de décret en Conseil d°Etat - n'en
décidaient autrement dans le délai de six mois.
Mais cette législation a été abrogée, au
moins dans la mesure que nous allons indiquer,
par la loi douanière du 11 janvier 1892 qui,
dans son article 17, stipule :
« Sont abrogées toutes les lois antérieures
en ce qu'elles ont de contraire à la présente
loi. »
Or, les articles 3, 4, 5 et 6 de la loi de
,1892 ont fixé, pour l'établissement des tarifs
douaniers coloniaux, un régime entièrement
nouveau :
Les produits étrangers importés dans les co-
lonies assimilées sont soumis aux mêmes droits
que s'ils étaient importés en France (art. 3,
al. 3). La loi douanière qui fixe ces droits
s'applique donc, ipso facto, aux colonies assi-
milées, sous la seule réserve ordinaire de la
promulgation par les autorités locales compé-
tentes.
Toutefois, des décrets rendus en tonne de
règlement d' administration publique doivent
déterminer les produits qui, par exception,
font l'objet d'une tarification spéciale, dans
chaque colonie. Les conseils généraux ou
d'administration sont appelés à donner leur
avis sur ces dérogations projetées et ils peu-
vent, toujours, prendre des délibérations pour
en solliciter d'autres qui doivent être établies
suivant la même procédure (art. 3, al. 4 et
art. 4.)
Enfin, en vertu de l'alinéa 5 de l' article 3,
le tarif douanier métropolitain ne peut être
appliqué à chaque colonie qu'après la promul-
gation du décret fixant les dérogations.
Tel est le régime établi par la loi de
1892.
Sans doute, des difficultés sont nées de
l'interprétation de ces textes législatifs. On
s'est demandé si les règles fixées pour l'éta-
blissement des droits, s'appliquaient aussi aux
autres modalités du régime douanier, par
exemple, aux conditions de l'assiette et de la
perception des droits Le Conseil d'Etat
s'était prononcé pour l'affirmative. La Cour de
Cassation avait jugé en sens contraire et dé-
cidé, par exemple, que les dispositions sur les
pénalités en matière de douane en vigueur en
France, ne s'appliquaient pas aux colonies.
Dans la pratique, on était arrivé à l'inter-
prétation suivante des textes législatifs :
Tout changement apporté par le Parlement
au tarif métropolitain des droits à l'importation
était considéré comme applicable, ipso facto,
dans les colonies assimilées. Par contre, lors-
qu'il s agissait d' autres dispositions douanières,
le principe de l'abrogation de la législation
antérieure par 1a loi de 1892 ne s' appliquait
pas, et une distinction était faite : quand il
s' agissait d'appliquer sans modifications aux
colonies des textes de législation douanière en
vigueur dans la métropole, un décret simple
était jugé suffisant ; quand il s'agissait, au
contraire, de dispositions douanières spéciales
à une colonie, la procédure prévue par la loi
de 1881 devait être appliquée.
Quand il s agissait non plus de l' application
d'un tarif modifié, mais seulement de l'aug-
mentation de certains droits du tarif métropoli-
tain, la question était jugée plus délicate.
jusqu'en 1910, ces augmentations de droits
étaient considérées comme applicables, ipso
facto. aux colonies assimilées, dans les mêmes
conditions oue le droit primitif qu'elles modi-
fiaient, sauf dans le cas où elles visaient des
droits oui avaient fait l'objet de dérogations eu
tarif primitif.
Mais ce régime avait été modifié en 1910.
Sou la pression des représentants des colonies
au Parlement, la loi du 29 mars 1910 décida
(article 7) que les droits nouveaux établis par
elle ne seraient applicables aux colonies
qu'après promulgation des décrets établissant
les dérogations possibles. Ainsi, la procédure
aoplicable au cas de l'établissement d'un ta-
rif douanier métropolitain, devenait obligatoire
dans les mêmes conditions au cas de simple
modification de certains moils d'un tarif.
La loi du 6 mai 1916 décida que ces dé-
crets de dérogations devaient être contresignés
par les ministres du Commerce, des Finances
et des Colonies. Il devenait, dès lors, beau-
coup plus difficile d' obtenir des dérogations
nouvelles. suivant la procédure prévue à l' ar-
ticle 4 de la loi de 1892, mais en même temps
devenait DIUS difficile l'application aux colonies
d'un tarif métropolitain modifié qui suppose la
promulgation préalable de ces décrets de déro-
gation.
Intervint alors le décret du 8 juillet 1919.
approuvé par la loi du 9 janvier 1920. qui.
créant les coefficients de maioration, ne visait
que l'Algérie. On en déduisit que lev coeffi-
cients de majoration n'étaient pas applicables,
itosc facto. aux colonies. En fait, ce sont des
décrets spéciaux qui les ont introduits en Indo-
chine et à La Réunion.
Allant plus loin, le décret du 28mars 1921.
relevant le tarif général des douanes, déclarait
ses dispositions apolicables à l'Algérie et pas-
sait volontairement sous silence les autres co-
lonies.
Il semble donc que, depuis 1910, s'affir-
tnait la tendance à ne pas considérer comme
applicables aube colonies, ipso facto, les modi-
fications tout au moins partielles du tarif doua-
nier métropolitain.
Le texte nouveau de la loi du 3 avril sem-
ble réagir nettement contre cette tendance,
puisqu'il déclare formellement : « Les ma-
jorations ci-dessus sont applicables d'office aux
colonies assimilées.^ »
Ce texte consacre évidemment le retour aux
principes de la législation de 1892.
Mais alors apparaît une difficulté nouvelle.
La « procédure habituelle » à laquelle fait
allusion le texte nouveau ne peut être que celle
nrévue à l'article 3. alinéas 4 et 5. et à l' ar-
ticle 4 de la loi du 11 janvier 1892. Or,
cette procédure prévoit la possibilité de modi-
fier le* droits applicables à certains produits
Ntrticuliers. par Voie de décret, après avis du
Conseil péncral ou du Conseil d'edministra-
tion ; mais. en aucun cas, elle ne nrévoit que
les colonies pourront se soustraire à r applica-
tien des nouveaux droits du tarif métrooolitain.
en bloc, ainsi que le laisse entendre le texte
réoislatif nouveau.
On voit à quelles graves difficultés d'appli-
cation petit donner lieu le texte amphigourique
voté par le Parlement.
Etienne Antonelli,
Député de la. Haute-Savoie
Visite diplomatique
00
M. Myron T Herrick, a quitté Rabat pour
se rendra A Tanger, ou il sera reçu par le
chargé (l'alfaire. des Etats-Unis.
(Par dépèclie.)
, «>»
Le cours du ris
'J "1'"
; '., SAIGON
1 (les 1.000 kUos en piastres)
Hiz no 1 25 010, brisures 70
Riz no 2 40 0/0, brisures 105 70
Hiz no 2 50 0/0, brisures 100 20
Brisures non 1 et 2 ".,.,.,..,. 84 »
Brisures nel 3 et 4 71 »
Farines 90 30
Paddy Vinh-Long 59 30
Padd Co-Cong J. 62 »
Paddy Raixau ,.: 61 »
Paddy Bac-Lien 62 »
Coprah (les - 100 - kilos) 17 75
(Par dépêche Indopacifi.)
- "l
Quelques réflexions
sur la grande île
Un décret du 25 décembre der-
nier a modifié la réglementation des
pouvoirs du Gouverneur Général de
Madagascar et M. Marcel Olivier s'est em-
pressé de porter un l'rclllia remède au mal
de centralisation à outrance dont souffre la
Grande Ile. Lorsqu'on étudie le système ad-
ministratif de notre Colonie, on ne peut
qu'être frappé de la disproportion entre les
devoirs imposés aux chefs de district, les
connaissances que l'on exige d'eux et le peu
de pouvoirs qui leur sont dévolus. Ceci pou-
vait s'expliquer lorsqu'il y a une trentaine
d'années, ces fonctions étaient remplies par
de jeunes fonctionnaires sans expérience (les'
pays qu'ils étaient appelés à administrer. Le
pouvoir central lui-même cherchait, sa voie.
Depuis longtemps faic situation a changé et
Madagascar est l'tme de nos colonies où la
réglementation administrative sous toutes ses
formes est la pltfs parfaite. Et les jeunes
fonctionnaires d'antan qui pour les trois
quarts sont restés fidèles à leur première co-
lonie sont aujollrd'Imi des administrateurs
expérimentés, connaissant à fond les régions
, dies races différentes qui peuplent Mada-
gascar. Nous avons entre les mains un ilecti-
nie-lit tri-s suggestif à cet égard : le pro-
gramme des questions qui doivent être trai-
tées par ces fonctionnaires dans leur rapport
annuel. C'est tout simplement effarant et on
chercherait en vain fil France une fonction
équivalente par l'étendue des connaissances
exigées à celle exercée par JIOS administra
teurs coloniaux.
Rien que ce programme tient seize pages
de texte scrré. Il exige des précisions, des
statistiques, des propositions ; en un mot des
études extrêmement serrées de tout ce qui à
rapport <} la vie administrative, politique, éco-
nomique et financière de chacune des subdi-
visions de la Grande Ile. Qu'il s'agisse des
mouvements de la population européenne ou
indigène, des questions cultuelles, de
l'hygiène et de la salubrité tirs personnes ou
des animaux, dit fonctionnement des servi-
ces divers : postes et télégraphes, mines, tra-
vaux publics, enseignement ; qu'il soit ques-
tion de sécurité, coutumes indigènes, démo-
graplrÙ., main-d' œuvre, justice, ou bien en-
core des cultures et récoltes, des cours des
produits, des industries européennes et indi-
gènn. du mouvement des exportations et des
importations, de la richesse publique et en-
fin des impôts, de leur répercussion sur la
situation économique et des facultés imposa-
bles des contribuables, le chef du district
doit avoir des données très précises sur tout.
Et on s'imaginerait à tort que ces rapports
ne sont que des vues d'ensemble. Chaque
point traité doit être accompagné de statisti
qurs et comparaisons avec les années atité-
rieur es et expliquer les différences constatées
et le temps n'est pas encore éloigné où il fal-
lait préciser jusqu'au nombre de plants de
manioc, patates ou bananiers à l' liu/arc. EIII
bien, à ces fonctionnaires ayant une connais-
sance aussi complète de leur circonscription,
on ne donnait et je dis même qu'on ne donne
aucune parcelle d'autorité. Au contraire, au
fur et à mesure qu'ils acquièrent de l'expé-
rience, des décrets leur retirent les quelques
prérogatives qu'ils avaient et leur autorité,
nouvelle Peau de chagrin, sera bientôt à ce
compte un souvenir. M. Olivier a bien com-
pris ce qu'il y a de périmé dans une telle si-
tuation. Et il vient, d'instituer diverses délé-
gations de pouvoirs aux chefs de circons-
eriptions et de subdivisions. Oh! bien, peu
de chose : ih peuvent délivrer un permis de
port d'arme, ouvrir un marché, nommer un
chef de village. Enfin, c'est un commcnce-
ment et tout au moins cela nous Prouve que
le. Gouverneur Général de Madagascar a vu
le mal et cherche à y remédier. Souhaitons
qu'il continue, sa réforme et qu'il s'attaque
aussi aux paperasses et formes administrati-
ves qui dérobent le meilleur de leur temps
à nos administrateurs et dont nous dirons
quelques mots une autre fois.
Maurice Bouilloux-Lafont
Député du Finistère.
Vice-Président de la Chambre,
.1.
M. Ylallelle daIS le SIG-Algerien
00
M. Mollette, d'El-Goléa, s'est rendu à Fort-
Mac-Mahon, en plein Sahara, avec les qua-
tre automobiles qui constituent son convoi.
De Ill, la Caravane du Gouverneur Général
a atteint l'oasis de Timmimoun, dans le
Toutlt, oit de (frande. réjouissances indigè-
nrs, avaient été organisées. Af. Violtette
s'est engiiis des besoins des pOlrulations. Il
poursuit sa. randonnée dans le Sahara algé-
rienr, par une température déjà élevée pen-
dans la fournée. (Pa.r dôpôche.)
.1.
Une grève de dockers
---0-0-
Un contremaître des dockers employés à
Marseille au débarquement des primeurs
d'Algérie, ayant surpris un des hommes de
son équipe au moment où il ouvrai 1 un colis,
lui fit des observations auxquelles le docker
répondit par des coups.
La Compagnie de navigation mit à pied
l'employé fautif. Mais ce matin, les cama-
rades du docker ont cessé le travail en de-
mandant le renvoi du contremaître et la
réintégration du docker. On espère que le
conflit ne prendra pas d'ampleur. Le débar-
quement des primeurs est assuré.
0
Pourquoi colonisons-nous ?
.1. ,
, ABANDON7 - VENTE? ASSOCIATION?
Des commentaires véhéments ont accueilli
récemment le premier grand discours de M.
Alexandre Varenne. Gouverneur Général de
l'Indochine.
Au cours de son exposé, le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine citait parmi les solu-
tions d'un plus ou moins lointain avenir,
celle préconisée notamment par deux de se-,
prédécesseurs à Hanoï, MM. Paul Beau et
Albert Sarraut, soutenue par l'ancien am-
bassadeur: de France à Tokio, Jules Har-
mand, à savoir que l'Indochine se passerait
un jour de la tutelle française, niais n'en
serait' pas moins unie à la France par le
double lien de l'intérêt et de l'affection.
Estimez-vous que la France a entrepris
une oeuvre si considérable tant au point de
vue social qu'au point de vue économique
au delà des mers pour arriver à ce but?
Quelques polémistes, parmi lesquels M.
Claude Farrère, se sont faits les ardents par-
tisans de la vente de certaines de nos co-
lonies à l'étranger pour payer des dettes
de guerre. Croyez-vous qu'au XX. siècle on
puisse abandonner contre espèces sonnantes
des Français installés la-bas depuis des gé-
nérations, tels nos frères des Antilles, ou des
indigènes que nous sommes allés civiliser,
tels les Annamites ou les Hova, comme
Louis XV lâcha le Canada et Napoléon la
Louisiane et la Floride?
Devons-nous envisager, au contraire, qu'un
jour viendra où l'union des Français et des
indigènes de plus en plus intimement scel-
lée, permettra de considérer toutes les par-
ccDcs du monde où flottent les frégates de
France comme des membres d'un mémo
corps ayant les mêmes aspirations, le même
idéal ?
Telles sont les questions que nous avons
posées à un certain nombre de personnalités.
Nous avons publié dans nos précédents
numéros les réponses de M. François-Mar-
sal, de Mme Lucie Delarue-Mardrus, de
MM. Louis Bertrand, Marcel Boulenger,
Victor Margueritte, Gabriel Angoulvant,
Raymond Poincaré, Aimé Bcrtlhod, B. Dia-
gne, le docteur Marchoux et Fernand Lau-
det.
En voici de nouvelles :
M. Francis de Croisset
M. Francis de Croisset n'est pas unique-
ment le fin et délicat écrivain, l'autellr ap-
plaudi de succès triomphants, dont les moin-
dres ne sont ni Arsène Lupin, ni les Vignes
du Seigneur. C'est aussi un esprit fort avisé
des problèmes extérieurs. Non seulement, il
connaît bien notre Afrique dit Nord, mais
encore il a entrepris de grands voyages.
Il y a bientôt trente ans, nous débutions
ensemble à La Presse que dirigeait alors
Léon Bailby; je compte encore autour de
nous : Albert plantent, Robert Dieiedopitié,
Fernand IItlltsrr, Marcel Pe Hare et maints
autres qui ont lait aussi leur route.
Mon cher Confrère,
Mon opinion sur une nouvelle orientation
rventueile de la jxjlitique coloniale fran-
çaise ?
Malheureusement, le côté pratique (le la
question m'échappe complètement et ce point
de vue, dans, l'état actuel de notre pays, a
une importance, hdas! trop grave, pour que
j'ose vous fa ire part d'une opinion dont la
valeur'ne serait que sentimentale.
Veuillez croire, je vous prie, mon cher
Confrère, a mes sentiments les meilleurs.
Francis de Croisset.
Le Marquis de Barthélémy
Le marquis de Barthélémy a passé près de
vingt années les plus belles de sa vie en In-
dochine. Il a fondé de toutes pièces, au lien
le mieux Placé de notre France d'Asie, à
Cam-Ranh, un port qui dans l'avenir, ré-
pondra certainement et au delà aux espé-
rances de son fondateur. L'Indochine a été
pour lui une seconde patrie, et il conserve
une tendresse bien naturelle pour son vieil
Annam.
Le la avril 1926.
Mon cher ami,
Puisque vous voulez bien me poser quel-
ques questions intéressant l'avenir de nos co-
lonies, je vous répondrai, en toute franchise,
et, suivant les idées qui ont toujours dirigé
mon action coloniale.
10 question :
Discours de M. Varenne. - J'estime que
la France ne pourra, ni moralement, ni ma-
tériellement, a bandonner l'Indochine, si
elle sait réaliser le TOUT indochinois.
-- - ..-- --
- La France, en effet, a apporté à l'Indo-
chine, notamment à la race annamite, un
ensemble économique qui tend à faire de
son pays un ensemble politique dont les gens
éclairés parmi eux comprennent parfaitement
les bienfaits.
L'histoire (Te l'Indochine est pleine des
guerres entre les gros feudataires chinois
et feudataires annamites du Tonkin, entre
ieudataires même de la Cochinchine et du
Tonkin. elle ne relate qu'incursions siamoises
au Cambodge, et, au Laos, elle pleure sur
des ruines accumulées, ceci sans parler de la
cruelle destruction du Ciampa par les An-
namites.
L'action de la France a mis un terme à
toutes ces compétitions. *
Cette action cesserait-elle? Il ne fait au-
cun doute que ces dissensions reprendraient
vite leur cours. Les proclamations des jeunes
Annamites dénotant leurs ambitions et le dé-
air de la popularité personnelle sont preu-
ves que l'état d'esprit féodal n'est pas mort.
Et j'ajoute que ce serait pis qu'autrefois,
les conséquences de ces divisions frappe-
raient au cœur l'œuvre si bien comïnencée.
En effet ÉCONOMIQUKMENT. --- La Cochin-
chine a besoin de la métallurgie du Tonkin et
de ses industries. Le Tonkin a besuin des cé-
réales de la Cochinchine, de son caoutchouc,
de ses textiles. L'Annam, qui fait la liai-
non des deux grandes provinces, ne sera ja-
mais rien sans les transports entre les deux
richesses qui doivent se copénétrer par lui.
sans la liaison mondiale qu'il représente pour
toute la colonie.
POLITIQUEMENT. - I/Annam est égale-
ment l'agent de liaison du Tonkin et de la
Cochinchine grâce au protectorat français
exercé sur la Cour. Ce pays pauvre est l'es-
tomac du tout annamite, sans lui, c'est la
division, c'est la faiblesse. Il suffit, d'ail-
leurs. pour comprendre que l'esprit de que-
relles féodales vit, endémique, en Extrême-
Orient, de considérer les événements de
Chine.
M. Varenne, en parlant d'un abandon
du poste par les Français a dit, nettement,
« l'œuvre terminée ». Or, quelle est cette
oeuvre? je l'ai dit :
« l'Unité de la Péninsule.
Je la vois à peine ébauchée. Le Trans-
indochinois n'unit pas encore le nord au
sud, les communications entre le Cambortc.
le Laos, et, cette arête, ne sont que projets,
l' I ndochine est encore hors la route des
grands navires modernes de vitesse, la mon-
tagne d'Annam est encore peuplée de sau-
4
vages.
Rt. quand même tous ces travaux se-
raient parachevés, si la France quittait sa
colonie ayant tué, par la liaison, les divi-
sions historiques de l'Annam au Tonkin et
du Tonkin à la Cochinchine, formant ainsi,
un puissant groupement annamite, quelle
force rattacherait le groupement cambodjo-
laotien au groupement annamite?
Quelles calamités ne s'alxittraient-elles pas
sur ces peuples de races ennemies ?~Quel
meilleur agent de rapprochement trouveraient-
elles que cette France éloignée et généreuse,
incapable d'être envahissante, si apte à être
éducatricc tutrice, pacificatrice dans une col-
laboration d'ensemble de toute la Péninsule.
L'œuvre entreprise par notre cher pays en
Indochine, mon cher ami, je la vois merveil-
leusement amorcée pour l'avenir,
C'est t'honneur de la troisième Républi-
que de t'avoir menée si haut, en si peu de
temps.
La France serait humainement (Oll pable,
en abandonnant à eux-mêmes, à de tristes et
sanglants retours de féodalisme et de guerres,
ses enfants d'outre-mer, lui crieraient-ils
dans les délires des fausses ambitions « ton
travafl est fini ! ». Non ce travail est intini.
car il est perpétuel comme le progrès.
PÉRENNITÉ DE L'KFFORT FRANÇAIS. - Ma
conclusion répond, en partie, ;t votre seconde
question.
La pérennité de l'effort français est fait
de la pérennité des progrès scientifiques con-
courant au mieux-être matériel des peuples
qu'il, dirige.
On me repondra : la science nest pas
l'apanage de la seule France. Est-il bien cer-
tain que la France, seule, est capable d'en
bien importer les bienfaits?
Je répondrai : deux races ou nations, ha-
bituées à travailler et à collaliorer côte, à
côte ne se séparent pas facilement à moins
que l'une d'elles ne soit tombée en déliques-
cence. Or, il ne s'agit pas seulement, en ma-
tière coloniale, d'apporter les applications de
la science et la science elle-même; mais
d'apprendre le talent d'en distribuer les bien-
faits et les influx, suivant le caractère de la
nation à éduquer.
Le navire propulsé prend en remorque le
navire arrêté, et lui communique sa marche
par des amarres suivant ses formes, sa ré-
sistance à l'eau, le temps qu'il fait, la dis-
tance à parcourir.
Nos peuples coloniaux diffèrent entre eux.
et notre remorque doit agir sur eux suivant
des données faites d'art et de méthode. Leur
contact nous a enseigné qu'il existait une
science de la colonisation, nous sommes chez
eux pour leur enseigner les connaissances
inspirées de la vie moderne et cette vie mo-
derne évolue avec nous, nous pousse, nous-
mêmes. en avant nar ses nroerès.
Qui croit à la pérennité du progrès, doit
croire au devoir de pérennité de l'effort fran-
çais à l'égard de ses colonies.
LA VENTE DF.S COLOXtKS. Je ne connais
pas (le meilleure réponse à cette question que
l'admirable leçon du professeur Brunhes au
collège de France sur ce sujet.
Elle se résume en une phrase lapidaire :
« On ne vend , ni un homme, ni son dra-
peau. n
Les larmes viennent aux yeux, dans un
acte de contrition patriotique lorsqu'on lit
dans « Nos amis Canadiens a l'introduction
du poète, canadien français Louis Frécfiette
s'adressant à la France, mère dont il ne con-
naît que par de lointains ,échos. la générosité
et la gloire et dont il demande avant de la
chanter, à baiser humblement le bas de la
robe en un baiser d'amour de fils abandonné
qui aime quand tnêmel Et lorsqu'on songe
que la Touisi.,tne, si riche par ses cotons, au-
jourd'hui, pourrait être la sauveg.r !" ,1":.iè
des plus importantes importations étrangères
chez n«>us, et qu'elle fut cL.Je pour .:in.
quante millions ! ! !
La vente des colonies ce serait 1111 crime
doublé d'une sottise. Les faits historiques
suffisent à le prouver si l'on en doute.
L'AVF.NIU. Je crois fermement à l'ac-
tion -mora le et colonisatrice de la l,'rance.
mais, toutes ses méthodes n'ont pas été ad-
mirables si son œuvre, dans l'ensemble, l'a
été. Rien d'humain ne saurait être parfait,
il laut, sans cesse, observer des défauts pour
diriger quoi que ce soit. L'œuvre de la presse
est là pour cela et j'aime ses consultations
se penchant vers tous, écoutant les paroles de
tous, alin quelles soient jugées et pesées par
ies penseurs et les che f s.
A mon avis, longtemps, très longtemps.
tant fitiellt, sera (ligtie de vivre, la France
restera le flambeau éclairant de la lumière
moderne ces peuples qu'elle maintiendra
près d'une lumière bien entretenue chez '-He.
Mais son action doit agir suivant des rè-
gles et ses délégués près des peuples loin-
tains a éduquer ne doivent point les perdre
de vue :
1" Distribuer largement et avec équité
dans chaque pays protégé, le progrès et la
scient*». Le faire sans restriction et sans
peur.
̃2° Eviter so igneusement d'introduire chez
nos sujets les déplorables dissensions qui ne
nous divisent que trop. Cultiver sur leur sol
l'Union Sacrée coloniale montrant que nous
savons être « Un D sans l'aiguillon du dan-
ger et par devoir.
50 Poursuivre, dans toutes nos colonies
une politique de loyale collaboration, par là,
j'entends, 'une politique de propreté, d'hon-
nêteté, de justice, puissamment attachée à
faire respecter par une très grande sévérité
et sélection à l'égard DES NOTRES le pa-
villon de la France.
40 La isser les peuples sous notre protec-
tion évoluer ! i brement en amenant leurs éli-
tes à nos niveaux, ainsi, tout en suivant leurs
traditions, en les respectant comme font tou-
tes les élites ils adapteront l'âme de leur pays
à l'âme des progrès et par contre-coup, à
l'àtne du nôtre, si nous savons nous faire
aimer pOlir notre just ice.
Le grand sage Confucius enseignait aux
princes de la Chine :
a Les peuples sont comme les blés mûrs.
« Leurs têtes se courhent au vent de
« r Equité, D
Voici, mon cher ami, une bien longue let-
tre. Mais aussi, vous iVattaquez sur mon
dada. en plein midi ! !
Croyez-moi bien cordia lement et sincère-
ment vôtre.
Marquis de Barthélémy. f
AU SENAT
- 0-0-
Le rapport de M. Lebrun sur le budget
des Colonies
On va distribuer au Scu^l le rapport, ré-
digé par M. Lebrun, uu nom de la Commis-
sion des Finances, sur le Ministère des Co-
lonie et le^j budgets locaux des Colonies.
Au seuil de cet important, travail, M.
Lebrun jette 7un règnrd d'oiiseinble sur lu.
sit.milion gcinéraile des Colonies, sur leur
dévelopfHMTieiit. économique, sur leurs rela-
tions malérieil'ltes el morales avec la mère-
patrie.
K Un teil examen, <1 il le rapporteur, ne va
pus sans quelque mélancolie, si l'on s'ar-
rête à certaines nvaniféSlali'-Mis d«' l'oipinion
au regard de l'idée coloniale. Il
M. Lebrun nippelle* qu'au lendemain de
la guerre, eu constaki.nl les services ren-
dus par nos Colonies. « 11111 eoncort una-
nime de loua>nge.s montait vers cldcs. Ceux-
liL munies qui les avaient méconnues ou
critiquées dans le passé participaient a
l'engouement général. C'était l'heure des
pnijets magnétiques, des grandioses espé-
rances. »
Peu à peu s'est attiédie lia chaleur des
sentiments que le pays métropolitain axait,
éprouvés à l'égard des « Fiances d'outre-
mer D.
« N'a-Non pas vu, dit M. Lebrun, dans
ces derniers mois, des coups constitués,
des assemblées d'hommes considérables,
habitués à méditer les questions, envisa-
ger de galtÓ de co^ur, conseiller mémo la
cession d'une partie de noUv. domaine colo-
ntail ».
En un langue énergique, M. le Ministre
des Colonies, à la Tribune de la Chambre,
a mis un terme à une pareille campagne.
Cette déclaration nécessaire a nrodtiit des
effets apaisants dans la métropole Nt allant
se répercuter sur tous les points du monde
où flotte notre, drapeau. C'Ile y ramènera le
oniî.me et les assurances sans lesquelles il
ne saurait y avoir de labour prolitabie.
Cette alerte montre néanmoins que l'idée
coloniale n'est pas encore suffisamment
ancrée dans l'opinion et que 1,'effort de pro-
paguindé ne doit pa»s se ralentir. M. 1/diru.n
estime qu'il est nécessaire que nous sa-
chions d abord ce que nous rapportent, nos
colonies et ce qu'elles nous coAtent.
Le rapporteur examinant d abord la ques-
tion du recrutement indigène, montre que
!e nombre des jeunes gens présentés etia-
que année, d'e 70.000 en 10e?Ô. est. passé A
10UMIO en l9*2i et 11 l.OOo en lO^r» £ ur er*
jeunes gens 30 sont reconnus ap4es a-u
servino.
« If est. inutile, dit M. Lebrun, d'insister
(îavantn$e pour montrer le concours que
peut apporter à Uille métropole ¡\ faible na-
talité, pour l'accompliisseme.n t. de ses obli-
gations militaires du temps de paix et pour
rorganisafTon de sa puissance dNnnsive, ln.
concept ion$'argie (rnn pYance groupant
près die eent millions d'hommes dana le
rnftme idéal, autour du même drnpNlu, pour
les roArnoç htvts. »
T,' .p.-. ''leur expos g ensuite quelle est
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