Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-03-30
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 mars 1926 30 mars 1926
Description : 1926/03/30 (A27,N50). 1926/03/30 (A27,N50).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397097w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SEPTIEME ANNEA Ne 50
,AJ£ MJMttRO : 20 CENTIMES -- MAIIDI SOIR, 30 MARS 1926
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Les Annales Coloniales
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JOURNAL QUOTIDIEN
un Amcm rUMJÉS PAR "La ANKALES OOUMOAUS" SONT LA rMMlM
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DIRECTEURS: MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
mil lin et kimMunUm : 34, Ru. du Mont-Tliabor, PARIS-t- Tachât : LOUftI 19-17
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AB^HMEMERTS j France et Celonxt. 80 t 48 • Ift s
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L'effort industriel
aux colonies
---0-0-
Après une première phase d'existence
où le commerce des productions natu-
relles de culture indigène et de cueillette
était à la base de notre activité colonisa-
trice, la plupart de nos possessions d'ou-
tre-Mer entrent dans un nouveau stade,
qui comprend la période de culture et
'exploitation européenne devant don-
ner naissance à l'industrie proprement
dite.
Au début, le commerce est seul possi-
ble. Les produits du sol fournis par l'in-
digène sont échangés contre les mar-
chandises venues de la métropole ou de
l'étranger. Les relations commerciales
sont ainsi amorcées avec les populations
autochtones qui s'habituent au contact
du blanc et acquièrent des besoins qui
vont croissant. Le commerçant ouvre
ainsi la voie au planteur.
Mats cette activité ne peut progresser
indéfiniment. L'indigène même guidé
par l'Administration et conseillé de tou-
tes manières n'a pas et ne peut avoir
encore surtout en Afrique l'esprit
d'initiative et d'organisation lui per-
mettant de tirer le meilleur parti des ri-
chesses naturelles. Son éducation est
sous ce rapport tout entière à faire, il
lui manque notre « technicité » expé-
rience acquise et développée au cours de
siècles.
Il est donc nécessaire que 1 exploita-
tion européenne vienne, à un moment
opportun de notre activité coloniale, se
juxtaposer à celle de l'indigène pour
assurer le développement agricole du
pays. C'est ainsi qu'il appartient à l'in-
dustrie métropolitaine de veiller en der-
nier lieu avec l'aide de l'Adminis-
tration sur l'essor économique des co-
lonies. Ainsi stimulé, l'indigène entrera
lentement dans la voie du progrès.
Arrivés à ce point du problème de la
mise en valeur de nos possessions il faut
encourager toutes les initiatives privées
en leur apportant une aide efficace au
sujet de la main-dœuvre qui constitue
dans la presque totalité de nos colonies
un problème angoissant.
La production doit être aussi organi-
sée sur des bases rationnelles, par la
ctéation de services d'études, fournis-
sant aux industriels des renseignements
précieux, favorisant les rapports entre
l'Administration et les Européens ex-
ploitants, afin que toutes les mesures
prises soient édictées après examen des
répercussions qu'elles peuvent avoir sur
la vie économique de la colonie.
Si l'on admettait que seul l'indigène
est appelé à exploiter les richesses colo-
niales, ce serait préparer la voi e à toute
une série de mesures, allant a l'encontre
du but à atteindre tant il est vrai que
l'erreur est génératrice de l'erreur. C'est,
en effet, mal voir les choses que de ne
pas estimer le rendement du travail de
l'indigène supérieur, s'il est rationnelle-
ment utilisé avec le concours de l'Euro-
- péen.
Et puis l'exploitation indigène avec
VAdministration comme directeur, n'est-
ce pas au fond la réédition de l'Etat pa-
tron ? Or, la mise en valeur d'une colo-
rie est un problème difficile et il ne
semble pas que le personnel administra-
tif, chargé de besognes nombreuses, soit
qualifié pour jouer ce rôle. -
- Toutes les - mesures édictées pour la
protection de l'indigène sont excellen-
tes; mais il ne faut pas perdre de vue
l'intérêt que nous avons à soigner notre
main-d'œuvre et" à en faciliter le large
tecrutement. A cette condition, nos co-
lonies pourront vivre et prospérer.
Maurice Bouilloux-L.lont
Député du Finittire.
Vice-Prétident de la Chambre,
ClMITÉ IATIIMAL.
KS CONSEILLERS DU CIIMEICE EXTÉRIEUR
Hier a eu lieu à la Sorbonnc, la remise
des médailles et des prix institués par le
Comité National des Conseillers du Com-
merce Extérieur de la France, iprésidé par
M. CIÓmcntel, ancien ministre.
Aux côtes; de M. noumergue, se trou-
vaient M. lkÓn Pcrrier, ministre des Colo-
ries ; M. Lamoureux, ministre de l'Ins-
truction Publique, et M. Bouilloux-Lafont,
Vice-iPrésident de la Chambre, représen-
tant M. Hcrriot.
Lc Ministre des Colonies dans un dis-
cours très aipplaudi, a mis en lumière le
concours apporté à la mise en valeur des
colonies par les conseillers du Commerce
extérieur.
Parmi - les lauroots, nous sommes heu-
reux de féliciter M. Dal Piaz, président de
la Compagnie Générale Transattantique,
qui a reçu la grande médaille du commerce
extérieur.
Les communications lagunaires
en Basse Côte ftvonre
---0-0--
Jusqu'ici, les communications en-
tre Grand-Bassam, actuellement le
seul port digne de l nom en Côte
- _, ,
d Ivoire, et Grand-Lahou, débouché de ta
région fertile du Bandama, étaient fort pré-
caires.
Aujourd'hui, une bonne route automobi-
lable, Grand-Bassam-Bingerville-Abidjian-
Dabou et Cosrou court au nord de la lagune
Ebrie, et s'arrête à environ 50 kilomètres à
l'est de Grantl-Lahou.
Par la lagune Ebrié, on Pouvait autrefois
arriver plus près de Grand-Lahou, à une
vingtaine de kilomètres environ de l'extré-
mité orientale de la lagune de Lahou, dans
laquelle se jette le Bandama.
La liaison des lagunes Ebrié et Lahou
devait avoir pour résultat de réunir par une
voie sûre les deux principales escales de la
Côte d'Ivoire, Grand-Bassam et Grand-La-
hou. Les études entreprises dans ce but abou-
tirent, en 1913, à l'établissement du projet
Thomasset qui consistait dans la construction
d'un canal partant de l'embouchure de la
rivière M'Bonay, à l'ouest, et se dirigeant
fendant 16 kilomètres vers Vest pour aboutir
à la lagune Ebrié à V embouchure de la ri-
vière Krafy. Ainsi yue les Annales Colo-
niales Illustrées de janvier 1911 l'exposaient
au sujet des voies de communication à la
Côte d Ivoire, le canal était arrivé à cette
époque au kilomètre 111 et l'on espérait son
achèvement pour la fin de 1921.
Dans un article récent de la Revue du Gé-
nie militaire, le lieutenant Mantelet, qui fut
un des principaux artisans du canal des La-
gunes, publie des détails fort intéressants sur
la marche des travaux exécutés malgré de très
nombreuses difficultés résultant d'un per-
sonnel composé pour la majeure partie d'in-
digènes. - - - -
Si le ï" septembre 1921, M. le Gouver-
neur Antonetti franchissait le canal en quatre
heures dans une chaloupe à pétrole, c'est
qu'un grand esprit de suite avait présidé à
l'exécution de ces travaux dont dépendait
l'avenir économique d'une des régions les
plus fertiles de la colonie.
le nivellement général exécuté par le lieu.
tenant Mantelet en 1918 avait démontré la
nécessité d'affrofondir le canal. Ce lut un
travail extrêmement pénible, dans des condi-
tions climatériques fort dures, et il fallut
toute la volonté et toute l'abnégation du fer-
sonnel européen et indigène pour le mener à
bonne fin.
l'cffectif des travailleurs atteignit le chif-
fre de 1.300 hommes, qui furent l'objet des
plus grands soins de la part de la direction :
campements. infirmerie, cultures vivrières,
rien ne fut négligé pour améliorer les condi-
tions matérielles de vie des indigènes dont
40 demandèrent à rester comme volontaires
à Vissue de la période de trofs mois qui leur
était imposée. le cube total des terrassements
avait dépassé 4 millions de mètres cubes, et
le total des défenses n'avait pas atteint
1.400.000 francs, payés entièrement slll les
recettes locales de la colonie.
En fin de 1921, le tonnage tr ans forte at-
teignait, bois non compris, 13.000 tonnes.
En portant ultérieurement le canal des Là-
gunes à une largeur de 25 mètres au plan
deau, et à 15 mètres au plafond, on facili-
tera le fassage des vapeurs et des drômes de
bois exploités de plus en plus le long du
Bandama : on facilitera aussi les transactions
commerciales qui assureront aux indigènes
plus de bien-être et une vie matérielle amé-
liorée.
Ce travail est tout à l honneur de notre
génie militaire colonial qui en a assuré l'exé-
cution avec une remarquable activité et une
grande compétellcc.
Souhaitons que la situation financière de
la Côte d'hroire lui permette de prolonger
sur Assinie la navigation lagunaire, par la
liaison des Ebrié Aby. Sur plus de 300 kilo-
mètres, la colonie fosséderait ainsi une ligne
de navigation sûre, à l'abri de la barre qui
déferle sans cesse sur la côte. Vœuvre ac-
complie au Canal des Lagunes de Krafy à
Bonoy prouve que ce dernier fercement ne
sera qu'un jeu pour le service des Travaux
publics de la Colonie.
Edouard Néron,
Sénateur de la IIaule-f.olrn,
Vice-président de la Commission
des Douanes.
à la Conaissioa de IFlllérlf,
des Coloaies et des Protectorats
--00--
Cette Commission s' est réunie aujourd'hui
mardi 30 mars à 15 heures, dans les locaux du
9* bureau.
Ordre du jour :
Communication importante sur la politique
coloniale ;
Rapports divers ;
Désignation de rapporteurs.
..a
SIERRA LEONE
Tout récemment t on lion l'inauguration du
CÎlhlc qui réunit l'lie Merbro à la terre ferme
et qui favorisera certainement le ciévcloppc-
ment économique de l'important port de Mer-
"r(\
A LA CHAMBRE
1'1
DEBATS
Lè quatrième douzième
Hier, la Chambre a été appelée à discuter
les crédits provisoires applicables au mois
d'avril et aussitôt, un gros débat s'est en-
gagé sur la Syrie et le Maroc.
En effet, dans la discussion générale,
M. Desjardins, député de l'Aisne, demande
au Ministre de la guerre des explications
sur les augmentations de crédits de son
département pour la Syrie et le Maroc.
M. Painlevé, ministre de la Guerre si-
gnale qu'au contraire les chiffres sont en
iminution.
Les crédits demandés pour le mois a avril
sont les mômes que ceux qui ont été volés
pour le mois de mars. avec une différence
en moins de 130.000 francs pour le Maroc
et de 60.000 francs pour la Syrie.
Cette réponse ne satisfait pas M. Desjar-
dins qui se plaint que dans des discus-
sions aussi nàtives, le contrôle parlemen-
taire s'exerce si difficilement que la Cham-
bre a besoin d'explications très précises.
Il demande a M. le Ministre de la Guerre
de dire quelles ont été les dépenses occa-
sionnées, depuis le début de la guerre, pur
le Maroc et par la Syrie.
Il signale, en outre, que l'envoi des jeu-
nes gens à ces expéditions se fait dans des
conditions contraires à celles qui ont été
officiellement déterminées.
Les lettres qui parviennent du front ma-
rocain montrent que les précautions néces-
saires, du point de vue hygiénique, ne sont
pas prises.
Il demande enfin, à M. Pninlevé de faire
connaître les effectifs employés au Maroc et
en Syrie.
Le Ministre de la guerre s y refuse.
M. Painlevé, après un vif débat, ajoute
que ,1('s dépenses se sont élevées en jan-
vier, pour le Maroc, il 87 millions et pour
la Syrie à 37 millions ; en février, à 79 et il
37 millions ; en mars et en avril, à 49 et à
23 millions.
La Chambre décide de passer à la dis-
cussion des articles ; alors M. Charles Ba-
ron développe un amendement tendant à
réduire d'un million le crédit 'de l'article
premier afin de dimintrer les sommes affec-
tées à l'expédition de Syrie. Le général
Sarrail, dit-il, est sorti lavé des accusations
portées contre lui.
S'il demande une réduction de crédit,
c'est qu'il est convaincu que la France -
en presence a un pays qui ne peut que
coûter et ne rapportera jamais rien que des
soucis. La Syrie est, selon le mot de Kémal,
une béte à chagrin.
Au moment où la France est dans une si-
tuation catastrophique, il y a lieu de "uter
notre retour de Syrie.
Pendant la grande guerre, le paysan
.comprenait qu'il défendait sa liberté et
l'intégrité du territoire ; aujourd'hui, il ne
peut admettre qu'on dépense 40 à 50 mil-
lions par mois pour le plaisir des Syriens.
Après une intervention violente de M.
Bedon, M. Painlevé explique à la Cham-
bre pour quelles raisons les Riffains n'ont
pas voulu faire :la paix : s'ils ne la propo-
sent pas aujourd'hui, c'est qu'ils se sont
sentis plus faibles. En leur donnant, d'ici,
l'impression que la France se décourage,
on risque de tout empêcher : et c'est pour-
quoi le Gouvernement repousse les deux
amendements.
M. Briand, Président du Conseil, inter-
vient alorj et déclare qu'il a autant envie
que quiconque de mettre fin h la guerre : si
nous ne le faisons pas, c'est que nous ne
le pouvons pas.
En Syrie, comme au Maroc, nous ne fai-
sons pas la guerre ; si nous partions, nous
ne pourrions que provoquer des troubles
tvicore plus graves.
Tous les documents ont démontré que si
nous n'avions pas été présente, nous cour-
rions a une catastrophe. Faire une paix
précaire durerait un ou deux mois, et après
ce délai les opérations des Biffains repren-
draient de plus belle.
Le Gouvernement est prêt à faire la paix:
les Biffoins savent que la Faancc ne veut
pas porter atteinte à l'intégrité territoriale
du ltif. Mais ces discussions périodiques ne
peuvent que donner a nos ennemis des es-
poirs illusoires.
La situation s'est améliorée : nous tou-
chons ù la paix, à une paix qui ramènera,
avec nos trompes, la sécurité. Nous n'avons
pas le droit de mépriser le sang de ceux qui
l'ont versé pour quelque chose : ii ne faut
pas que leur effort soit vain.
r.fi France rappelle qu'elle ne veut pas de
conquête ; mais elle ne veut pas être victi-
me de ruses. Des négociations franches et
loyales, les n.iffains n'ont qu'a les engager.
Il ne dépend que d'eux d'avoir la paix. Au-
trement, non
Quant à la Syrie, la France y exerce un
manda!. : la Commission de la Société des
Nations a approuvé la façon dont elle le
fnit. Il reste une tribu, les D.ruses, qui per-
siste dans sa rébellion : le jour où elle vou-
dra entrer en eonversnlion, eUe ne trouvera
pas fermées les oreilles dw Haut-Commis-
saire.
Mais nous retirer, ce serait livrer les bra-
ves gens de ces pays à d'effroyables repré-
sailles et nous serions des criminels si
nous nous exposions A cHn. Appt. sur un
gr. de bcs.)
Les déclarations du Président, du Conseil
satisfont M. Desjardins qui demande à ses
amis de voter les crédits. Se plaçant au-
dessus des intérêts de personnes, il estime
que ce l'rn,it. une faute contre la Patrie que
d'abandonner ces deux pays, ft e'est pour
cela qu'il volera les crédits, sans abandon-
ner pour cela la demande de sanction contre
ceux qui sont responsables des événements
de Svrie.
La Chaimbre a été appelée à se prononcer
sur l'amendement de M. Baron mais au-
paravant, M. Painlevé fait observer que le
mois rlprnipf, les crédits du Maroc, et de la
S. "ir> crî* «Mé rVluiis. "r la ,'mnr-tia ile U
Cliambre, d'un million. C'est pour tenir
compte de cette décision que les crédits ont
été établis tels que le Gouvernement les
propose aujourd'hui.
Un passe au vote et après pointage,
l'amendement de M. Baron est adopté par
268 voix contre 265.
C'est maintenant le tour de l'amende-
ment de M. Vaillant-Couturier repoussé
par le ministre de la guerre.
A la majorité de 390 voix contre 150,
l'amendement n'est pas adopté. L'assem-
blée passe à la discussion des artioles.
Sur l'artiole 8, dont le renvoi à la Com-
mission est demandé, visant le chiffre d'af-
faires des coopératives, M. Thomson de-
mande que les coopératives agricoles d'Al-
gérie bénéficient des mêmes exonérations
que celles de la métropole.
Sont ensuite adoptés : 1 article 17 spéci-
fiant qu'il est ouvert au Ministre des Pen-
sions un crédit de 7.000.000 de francs pour
l'inscription au Trésor public des pensions
militaires de la guerre et pensions mili-
taires des trompes coloniales, pensions
militaires de la marine et pensions mili-
taircs de la marine marchande, à liquider
dans le courant du mois d'avril 1926.
L'article 24, décidant que sont prorogées
jusqu'au 30 juin 1926 les dispositions de
l'article 42 de la loi du 31 décembre 1925
autorisant le Ministre de la Marine à entre-
tenir, pour l'arsenal de Saigon, en pïus dos
effectifs prévus à la toi de finances du 13
juillet 1925, les effectifs suivants :
Ingénieurs du génie maritime, 2 ; ingé-
nieurs des directions de travaux, 3 ; agents
techniques. 21: officier d'administration, 1;
commis des directions de travaux, 4 ; com-
mis de formation locale, M ; ouvriers, ïoo.
L'article 30 fixant la contribution des co-
lonies aux défpenses d'entretien de l'Ecole
coloniale, pour île mois d'avril 1926, à la
somme de 30.300 francs.
Cette somme, qui sera versée au bud-
get des recettes de l'Ecole coloniale, se con-
ollàru avec celle qui sera fixée pour l'an-
née entière par la loi de finances de l'exer-
cice 1926.
- - - - .o. Il..
L article 31 fixant la contribution des co-
lonies aux dépenses d'entretien de l'Agence
générale des colonies pour le mois d avril
1926, A la somme de 185.700 francs.
Cette somme, qui sera versée au budget
des recettes de l'Agence générale des colo-
nies, se confondra avec celle qui sera fixée
pour l'année entière par la loi de finances
de l'exercice MML
Et enfin l'artitf 0 32 fixant la contribution
des colonies aux dépenses d'entretien do
l'Institut national d agronomie coloniale,
pour le mois d'avril ly26, a la somme de
33.100 francs.
Cette somme, qui sera versée au cudget
des recettes de l'Institut national d'agrono-
mir. coloniale, se confondra avec colle qui
sera fixée pour l'année entière par la loi de
finances de l'exercice 1906.
î/ensemble du projet de loi est ensuite
adopté.
Dépêches de rïndochine
Manifestations à Saigon
Une réunion privée en t'honneur du lea-
der Bui-Quanfi-Chieu a eu lieu à Saigon le
2a courant. Parmi la nombreuse assistance
annamite se trouvaient quelques Français,
entre autres le colonel See, directeur de
l'Opinioll, MM. Ardin, directeur du Suïgon
républicain et Gallet, conseiller colonial.
liui-Quaiuj-Chieu, répondant aux soulutits
de bienvenue, lit connaître l'excellent ac-
cueil qu'il avait reçu en France, invita ses
compatriotes à la patience et à la conliance,
réclama runion dans l'espoir d'une loyale
collaboration française-annamite, s'inspi-
rant de l'esprit du Gouvernement français,
qui marqua son désir de libéralisme en (lé-
sijinant un Gouverneur général choisi dans
un parti avancé. - - -
Le colonel See, MAI. Arum et uauet jeit-
citèrent liui-Quang-Chieu pour les senti-
ments qu'il venait d'exprimer.
Un agitateur extrémiste connu, ayant es-
sayé de prendre la parole en fut empêché
par le comité d'organisation et fut hué par
l'assistance qui se dispersa dans un calme
com nlet.
I.es manifestations qui s'étaient produites
le 24, au moment de l'arrivée de Bui-Quang-
Chieu, et la réunion du 25, donnent lieu à
des commentaires variés ; mais l'impres-
sion générale est qu'aucune agitation sé-
rieuse n'est à redouter, les éléments extré-
mistes étant isolés et impuissants, tandis
que les éléments indigènes réformistes ex-
priment unanimement leur confiance dans
la politique lrançaise.
(Par dépêche.)
Lois, Décrets, Arrêtés
-.()--
Décret du 22 mars 1925 rendant applicable
à l'Indochine la loi du 29 avril 1925 qui
a modifié l'article 767 du code civil rela-
tif à l'usufruit du conjoint survivant.
Décret du 26 mars 1926 fixant les nouveaux
traitements du personnel de l'institut na-
tional d'agronomie coloniale.
Décret du 22 mars 1926 fixant les nouveaux
traitements des conseillers rapporteurs
près le conseil de gouvernement de l'Al-
gérie.
Décret du 22 mars 1926 fixant les nouveaux
traitements des fonctionnaires de l'admi-
nistration préfectorale en Algérie.
Décret du 22 mars 1926 portant répartition
entre les diverses classes des commis-
sariats de police municipale.
Décret du 22 mars 1926 fixant le nouveau
traitement du secrétaire général du gou-
vernement général de l'Algérie.
Décret du 23 mars 1926 relatif aux nouvel-
les conditions de rengagement des mili-
taires nord-africains.
(J. 0. d'j 28 mars 1916 )
A propos des vins tunisiens
.,.
M. Pelletier, le distingué président de la
Chambre d'agriculture de Tunis nous
adresse la lettre suivante que, fidèles à no-
tre impartialité, nous publions intégrale-
ment, regrettant seulement que la présence
de notre éminent ami Mario Roustan dans
les Conseils dit Gouvernement ne lui per.
mette pas de répondre.
Tunis, 20 mars 1926.
Messieurs les Directeurs des
Annales Coloniles Paris.
Le numéro du Il mars courant de votre
journal les Annales Coloniales, publie un
article de M. Mario Roustan, sénateur de
L'Hérault, sur la question des vins tunisiens,
auquel le président de la Chambre d'agri-
culture de Tunis, vous demande la permis-
sion de répondre quelques mots.
M. Roustan prononce, en effet, un réqui-
sitoire violent contre la viticulture tuni-
sienne et, rappelant les progrès de la pro-
duction algérienne aujourd'hui de 8 mil-
lions d'hectolitres, et qui peut arriver, dit-
il, à 18 millions procédant par idée de
similitude, il dénonce les progrès de nos
plantations comme un danger mortel pour
la viticulture française.
Il est certain que nos premiers colons,
ceux qui ont commencé à faire de la terre
tunisienne un sol français, se sont adressés
tout d'abord à la culture de la vigne; et,
sous la garantie que leur apportait la loi de
1890, dont M. Roustan semble négliger
l'existence, ont cru trouver dans les fran-
chises douanièics établies par cet instru-
ment législatif et, par suite, dans l'impor-
tation en France, un débouché naturel à
leurs produits : sous - cette impulsion, à la-
quelle s associait le Gouvernement du Pro-
tectorat, dépositaire de la pensée et des en-
couragements du Gouvernement français, le
vignoble tunisien s'est créé, développé et
couvre aujourd'hui une superficie de 24.000
hectares, d'xyi rendement d'ailleurs propor-
tionnellement faiblc] puisque dans l'année
1925, année d'une aoondance un peu excep-
tionnelle, la production a été seulement de
C)OO.OOO hectolitres.
Si l'on considère que la consommation
locale représente environ 300.000 hectos,
c'est donc en tout 600.000 hectolitres que la
Tunisie demande à la France de recevoir.
A qui fera-t-on croire que cette si faible
proportion, comparée à la production fran-
çaise et algérienne, qui atteint près de 80
millions d'hectolitres - soit o fr. 75 pour
cent f peut avoir sur les cours du mar-
ché français la moindre tépcrcussion ?
Vouloir voir un danger dans une relative-
ment si mince importation, c'est oublier tout
sens des grandeurs et des proportions.
Bien plus, nos vins tunisiens présentent,
d'une façon générale, une teneur en alcool
supérieure à celle des vins de consommation
courante produits en France; et la Métro-
pole importe, comme vins de coupage pour
la plupart, plus de 2 millions d'hectolitres
de vins étrangers, dont le paiement pèse
lourdement sur notre change.
J ai peine a m'expliquer pourquoi les vi-
fiiculteurs français préfèrent payer un droit
de douane élevé sur les vins de coupage
qu'ils reçoivent d'Espagne, de Portugal,
d'Italie, plutôt que s'adresser aux nôtres qui
leur parviendraient sous le bénéfice des fran-
chises douanières établies par la loi de 1890.
Ce n est pas aux viticulteurs français que
nos vins viendraient faire concurrence, mais
bien aux vins de coupage d'importation
étrangère ; et ce, au bénéfice de tous, y com-
pris le consommateur français.
Mais, objectent nos adversaires, la pro-
gression du vignoble tunisien a été telle de-
puis sa création -- et allez donc, dit M.
Roustan, cela continue ! - que son déve-
loppement illimité peut a la longue devenir
un véritable danger.
Je voudrais convaincre vos lecteurs que
le danger de concurrence, inexistant dans
le présent, ne saurait constituer davantage
un péril dans l'avenir.
La Tunisie, le voulût-elle, ne peut aug-
menter ses plantations, dans des proportions
se rapprochant, si peu que ce soit: de celles
qui sont ouvertes à l'extension du vignoble
français ou algérien.
Son développement viticole est limité par
la nature de son sol et de son climat ; une
très faible paTtie de la Tunisie : régions de
Béja et de Mateur, Cap Bon, environs im-
médiats de Tunis, se prête à la culture de
la vigne : pratiquement, les plantations sont
actuellement bornées à un rayon de ço a 60
kilomètres autour de Tunis, sur des terre-
qui, de par leur situation climatologique, ne
se prêtent en général que mal à toute autre
culture, et qui permettent ainsi, à proximité
des centres, un peuplement français d'une
importance politique indéniable.
Limitée ainsi dans la surface, l'extension
du vignoble tunisien ne l'est pas moins par
les conditions économiques, où se heurtent
nos viticulteurs : rendements précaires de
2 à 30 hectolitres en moyenne, frais de
culture, prix des traitements, charges fisca-
les, droits de statistique et de fabrication,
conditions de fret, etc., constituent de lour-
des charges qui mettent notre viticulture
dans un état d'infériorité certaine par rap-
port à l'Algérie, et sont loin de donner un
irrésistible attrait aux plantations.
Au surplus, au-dessus de la question de
fait, il est une question de principe, de
beaucoup plus importante, ce principe c'('q
celui de la politique que la France doit sui-
vre en Tunisie.
Depuis quarante-cinq ans, ta France ap-
plique ici iine
d'union économique dont les habitants de la
Régence font, en somme, tous le* frais.
T.a. lof de 1800 a admis en franchise la
production agricole de la Régence : et, par
suite, les efforls du Gouvernement de la
Métropole ont tendu à faire entrer la Tu-
nisie dans le système protectionniste du
marché françai?.
Er imposant la R'<{!encf' un '
douanier protecteur des intérêts de la pr(t.
duction, de l'industrie et du commerce fraft-
çais, elle s'est assuré le quasi-monopole dŒ
marché tunisien, où sa part dans les im-
portations s'élève à 73 (soit 675 mHlions
de francs) quand elle ne prend chez nous
que 50 de nos exportations (soit 290 mil-
lions, dans lesquels les vins n'entrent que
pour 30 millions). - -
Cette politique financière de la France,
qui, comme le montrent ces quelques chif-
fres, est singulièrement avantageuse pour
elle, a eu pour effet de fermer irrémédiable-
ment, par voie de réciprocité, tous les mar-
chés étrangers à la production agricole tu-
nisienne.
Et cette production ne peut être que ccllè
de nos pays méditerranéens.
Etant donnés son climat et son sol, la Tu-
nisie - dans sa partie nord et centre tout
nu moins, la seule colonisée vraiment
produit et produira toujours ce que produi-
sent les contrées analogues du bassin médi-
terranéen : des céréales, de l'huile et du
vin.
Elle se trouve ainsi forcément sur le
même pied que tous les pays de la Méditer-
ranée occidentale, Italie, Espagne et Midi
de la France, parce que son climat et son
sol ne lui permettent pas d'autres cultures.
La France, par le régime douanier qu'elle
a imposé à la Tunisie, lui a enlevé toute
possibilité de trouver à l'étranger des dé-
bouchés ; il faut donc que, suivant l'esprit
d'ailleurs de la loi de I8QO, elle considère
la production tunisienne comme partie inté-
grante de la production nationale.
Si, devant une surproduction viticole, la
métropole envisageait des mesures générales
de contingentement ou de restriction, les
rotons tunisiens seraient bien obligés de s'y
soumettre, a la condition que ce soient des
mesures collectives, s'appliquant à toute la
production nationale, Métropole, Algérie et
Tunisie, et qu'ils ne soient pas seuls sacri-
fiés - sans utilité pratique comme l'indi-
quent les chiffres que j'ai cités plus haut,
a la cause commune.
J'ai entendu, quand, a diverses reprise?,
Je discutais ces questions à Paris même,
j'ai entendu certains de mes interlocuteurs
me dire : « Vous êtes une colonie : faites
les produits coloniaux dont nous avons be-
soin. n Je n'ai pas eu de peine a démontrer
que ce n'était là qu'une logomachie. Com-
ment produire ou même tenter ici, pays
méditerranéen, je le répète, ce qu'on appelle
proprement les produits coloniaux : coton,
nuile de palme, arachides, épices, vanille,
caoutchouc, que sais-je?
Non ! nous ne produisons que des cé-
réales, là où le climat s'y prête, de l'huile
et du vin.
J'ai sous les yeux, au moment où je vous
écris, une lettre d'un colon tunisien, non des
moindres, qui me dit en substance : < Pro-
u priétairc d'un vignoble, et ému par les
menaces et les restrictions qui visent lat
u vigne, j'ai acheté une propriété où j'ait
Il commencé, a planter des oliviers, par
Il crainte des dangers de la monoculture de
cc-ta vigne; je lis un article de M. Roustan,
Il déclarant que l'huile tunisienne a détruit
(1 l'oléiculture française. F:C:t-cc encore une
(< menace pour nos oliviers ? Et, dans ce cas,,
« de quel côté me tourner ?
Cela montre quelle émotion a produit
dans notre colonie si travailleuse et si mé-
ritante, les intransigeances françaises, et X
quel découragement peuvent se laisser aller
les colons.
Le peuplement français de la Tunisie est
une couvre d'une haute portée qui, seule,
peut assurer à la France la sécurité de son
empire de l'Afrique du Vord, et seule elle
peut être assurée par la colonisation agri-
cole. -
Le Parlement français l'a si bien compris
que. en inio, lors des discussions qui ont
accompagné le vote de l'emprunt qu'il au-
torisait la Tunisie à contracttir, il a, de
sa propre initiative, relevé le chiffre des
sommes demandées pour développer la co-
lonisation : de 13 millions et demi qui
avaient été prévus dans le proiet soumis
aux Chamhrf's, il a porté ce chiffre à mil-
lions et demi, marquant ainsi le prix qu'il
attachait au peuplement agricole français.
Et depuis cette époque, la Direction de
l'Agriculture a installé miHe nouveaux co-
lons, qui ne peuvent cultiver que les cpréa-
les, l'olivier et la vigne.
Veut-on donc détruire cette n'une et, par
des mesures draconiennes et inconsidérées,
faire fuir ces colons, pour l'installation des-
quels nous nous imposons tant de sacrifices,
livrant ainsi à une autre Puissance, prête
a recueillir notre succession, cette terre que
nous avons ouverte à la civilisation?
Je ne puis le croire.
M. Mario Roustan, aux éminents talents
et à la haute valeur duquel tous rendent
hommage, fait aujourd'hui partie du Cou-
vernement français - il ne peut me tenir ri-
gueur de ce que j'aie osé le contredire; et
si je puis obtenir ce résultat qu'il veuille
bien envisager les effotts les mérites et les
droits des colons tunisiens drun oil plus
bienveillant, je n'aurai pas à regretter
d'avoir ainsi. dans cette longue et cepen-
dant trop courte rectification, abusé de votre
courtoise hospitalité.
Veuillez agréer, Messieurs les Diiecteuts,
!'l'xprcssinn de ma haute considération.
Louis-J. Pelletier,
Pri^itlmt de In < hainhr,' d'.liyriruh'urA
'fe T"ni, vircm l'^clfni du i i
t'tIIlS'iI lif 1'lIl/t'/I'.
- - ---' -,-- .---.---
TAUX DE LA PIASTRE
Lr. 20 mars lOCrt, le taux île la piastre ;\
gon était de 1<> fr. Ki.
67).
achats a ternie de la p'Vi^tre A Snïgon sur
Paris : 8 jours, lfi.sr» : 30 jours, 1 ; <'0 jours
'';'tf) '»»( iov •<, 1P.
,AJ£ MJMttRO : 20 CENTIMES -- MAIIDI SOIR, 30 MARS 1926
1 'q a
Les Annales Coloniales
- - -- I d
1 -1 -
JOURNAL QUOTIDIEN
un Amcm rUMJÉS PAR "La ANKALES OOUMOAUS" SONT LA rMMlM
«XCLUMV1 PU JOUMAL
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DIRECTEURS: MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
mil lin et kimMunUm : 34, Ru. du Mont-Tliabor, PARIS-t- Tachât : LOUftI 19-17
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AB^HMEMERTS j France et Celonxt. 80 t 48 • Ift s
ur;. - Et MO M u t
Un • «DOUM dâM t«w Im ---- Il. et - HMm
L'effort industriel
aux colonies
---0-0-
Après une première phase d'existence
où le commerce des productions natu-
relles de culture indigène et de cueillette
était à la base de notre activité colonisa-
trice, la plupart de nos possessions d'ou-
tre-Mer entrent dans un nouveau stade,
qui comprend la période de culture et
'exploitation européenne devant don-
ner naissance à l'industrie proprement
dite.
Au début, le commerce est seul possi-
ble. Les produits du sol fournis par l'in-
digène sont échangés contre les mar-
chandises venues de la métropole ou de
l'étranger. Les relations commerciales
sont ainsi amorcées avec les populations
autochtones qui s'habituent au contact
du blanc et acquièrent des besoins qui
vont croissant. Le commerçant ouvre
ainsi la voie au planteur.
Mats cette activité ne peut progresser
indéfiniment. L'indigène même guidé
par l'Administration et conseillé de tou-
tes manières n'a pas et ne peut avoir
encore surtout en Afrique l'esprit
d'initiative et d'organisation lui per-
mettant de tirer le meilleur parti des ri-
chesses naturelles. Son éducation est
sous ce rapport tout entière à faire, il
lui manque notre « technicité » expé-
rience acquise et développée au cours de
siècles.
Il est donc nécessaire que 1 exploita-
tion européenne vienne, à un moment
opportun de notre activité coloniale, se
juxtaposer à celle de l'indigène pour
assurer le développement agricole du
pays. C'est ainsi qu'il appartient à l'in-
dustrie métropolitaine de veiller en der-
nier lieu avec l'aide de l'Adminis-
tration sur l'essor économique des co-
lonies. Ainsi stimulé, l'indigène entrera
lentement dans la voie du progrès.
Arrivés à ce point du problème de la
mise en valeur de nos possessions il faut
encourager toutes les initiatives privées
en leur apportant une aide efficace au
sujet de la main-dœuvre qui constitue
dans la presque totalité de nos colonies
un problème angoissant.
La production doit être aussi organi-
sée sur des bases rationnelles, par la
ctéation de services d'études, fournis-
sant aux industriels des renseignements
précieux, favorisant les rapports entre
l'Administration et les Européens ex-
ploitants, afin que toutes les mesures
prises soient édictées après examen des
répercussions qu'elles peuvent avoir sur
la vie économique de la colonie.
Si l'on admettait que seul l'indigène
est appelé à exploiter les richesses colo-
niales, ce serait préparer la voi e à toute
une série de mesures, allant a l'encontre
du but à atteindre tant il est vrai que
l'erreur est génératrice de l'erreur. C'est,
en effet, mal voir les choses que de ne
pas estimer le rendement du travail de
l'indigène supérieur, s'il est rationnelle-
ment utilisé avec le concours de l'Euro-
- péen.
Et puis l'exploitation indigène avec
VAdministration comme directeur, n'est-
ce pas au fond la réédition de l'Etat pa-
tron ? Or, la mise en valeur d'une colo-
rie est un problème difficile et il ne
semble pas que le personnel administra-
tif, chargé de besognes nombreuses, soit
qualifié pour jouer ce rôle. -
- Toutes les - mesures édictées pour la
protection de l'indigène sont excellen-
tes; mais il ne faut pas perdre de vue
l'intérêt que nous avons à soigner notre
main-d'œuvre et" à en faciliter le large
tecrutement. A cette condition, nos co-
lonies pourront vivre et prospérer.
Maurice Bouilloux-L.lont
Député du Finittire.
Vice-Prétident de la Chambre,
ClMITÉ IATIIMAL.
KS CONSEILLERS DU CIIMEICE EXTÉRIEUR
Hier a eu lieu à la Sorbonnc, la remise
des médailles et des prix institués par le
Comité National des Conseillers du Com-
merce Extérieur de la France, iprésidé par
M. CIÓmcntel, ancien ministre.
Aux côtes; de M. noumergue, se trou-
vaient M. lkÓn Pcrrier, ministre des Colo-
ries ; M. Lamoureux, ministre de l'Ins-
truction Publique, et M. Bouilloux-Lafont,
Vice-iPrésident de la Chambre, représen-
tant M. Hcrriot.
Lc Ministre des Colonies dans un dis-
cours très aipplaudi, a mis en lumière le
concours apporté à la mise en valeur des
colonies par les conseillers du Commerce
extérieur.
Parmi - les lauroots, nous sommes heu-
reux de féliciter M. Dal Piaz, président de
la Compagnie Générale Transattantique,
qui a reçu la grande médaille du commerce
extérieur.
Les communications lagunaires
en Basse Côte ftvonre
---0-0--
Jusqu'ici, les communications en-
tre Grand-Bassam, actuellement le
seul port digne de l nom en Côte
- _, ,
d Ivoire, et Grand-Lahou, débouché de ta
région fertile du Bandama, étaient fort pré-
caires.
Aujourd'hui, une bonne route automobi-
lable, Grand-Bassam-Bingerville-Abidjian-
Dabou et Cosrou court au nord de la lagune
Ebrie, et s'arrête à environ 50 kilomètres à
l'est de Grantl-Lahou.
Par la lagune Ebrié, on Pouvait autrefois
arriver plus près de Grand-Lahou, à une
vingtaine de kilomètres environ de l'extré-
mité orientale de la lagune de Lahou, dans
laquelle se jette le Bandama.
La liaison des lagunes Ebrié et Lahou
devait avoir pour résultat de réunir par une
voie sûre les deux principales escales de la
Côte d'Ivoire, Grand-Bassam et Grand-La-
hou. Les études entreprises dans ce but abou-
tirent, en 1913, à l'établissement du projet
Thomasset qui consistait dans la construction
d'un canal partant de l'embouchure de la
rivière M'Bonay, à l'ouest, et se dirigeant
fendant 16 kilomètres vers Vest pour aboutir
à la lagune Ebrié à V embouchure de la ri-
vière Krafy. Ainsi yue les Annales Colo-
niales Illustrées de janvier 1911 l'exposaient
au sujet des voies de communication à la
Côte d Ivoire, le canal était arrivé à cette
époque au kilomètre 111 et l'on espérait son
achèvement pour la fin de 1921.
Dans un article récent de la Revue du Gé-
nie militaire, le lieutenant Mantelet, qui fut
un des principaux artisans du canal des La-
gunes, publie des détails fort intéressants sur
la marche des travaux exécutés malgré de très
nombreuses difficultés résultant d'un per-
sonnel composé pour la majeure partie d'in-
digènes. - - - -
Si le ï" septembre 1921, M. le Gouver-
neur Antonetti franchissait le canal en quatre
heures dans une chaloupe à pétrole, c'est
qu'un grand esprit de suite avait présidé à
l'exécution de ces travaux dont dépendait
l'avenir économique d'une des régions les
plus fertiles de la colonie.
le nivellement général exécuté par le lieu.
tenant Mantelet en 1918 avait démontré la
nécessité d'affrofondir le canal. Ce lut un
travail extrêmement pénible, dans des condi-
tions climatériques fort dures, et il fallut
toute la volonté et toute l'abnégation du fer-
sonnel européen et indigène pour le mener à
bonne fin.
l'cffectif des travailleurs atteignit le chif-
fre de 1.300 hommes, qui furent l'objet des
plus grands soins de la part de la direction :
campements. infirmerie, cultures vivrières,
rien ne fut négligé pour améliorer les condi-
tions matérielles de vie des indigènes dont
40 demandèrent à rester comme volontaires
à Vissue de la période de trofs mois qui leur
était imposée. le cube total des terrassements
avait dépassé 4 millions de mètres cubes, et
le total des défenses n'avait pas atteint
1.400.000 francs, payés entièrement slll les
recettes locales de la colonie.
En fin de 1921, le tonnage tr ans forte at-
teignait, bois non compris, 13.000 tonnes.
En portant ultérieurement le canal des Là-
gunes à une largeur de 25 mètres au plan
deau, et à 15 mètres au plafond, on facili-
tera le fassage des vapeurs et des drômes de
bois exploités de plus en plus le long du
Bandama : on facilitera aussi les transactions
commerciales qui assureront aux indigènes
plus de bien-être et une vie matérielle amé-
liorée.
Ce travail est tout à l honneur de notre
génie militaire colonial qui en a assuré l'exé-
cution avec une remarquable activité et une
grande compétellcc.
Souhaitons que la situation financière de
la Côte d'hroire lui permette de prolonger
sur Assinie la navigation lagunaire, par la
liaison des Ebrié Aby. Sur plus de 300 kilo-
mètres, la colonie fosséderait ainsi une ligne
de navigation sûre, à l'abri de la barre qui
déferle sans cesse sur la côte. Vœuvre ac-
complie au Canal des Lagunes de Krafy à
Bonoy prouve que ce dernier fercement ne
sera qu'un jeu pour le service des Travaux
publics de la Colonie.
Edouard Néron,
Sénateur de la IIaule-f.olrn,
Vice-président de la Commission
des Douanes.
à la Conaissioa de IFlllérlf,
des Coloaies et des Protectorats
--00--
Cette Commission s' est réunie aujourd'hui
mardi 30 mars à 15 heures, dans les locaux du
9* bureau.
Ordre du jour :
Communication importante sur la politique
coloniale ;
Rapports divers ;
Désignation de rapporteurs.
..a
SIERRA LEONE
Tout récemment t on lion l'inauguration du
CÎlhlc qui réunit l'lie Merbro à la terre ferme
et qui favorisera certainement le ciévcloppc-
ment économique de l'important port de Mer-
"r(\
A LA CHAMBRE
1'1
DEBATS
Lè quatrième douzième
Hier, la Chambre a été appelée à discuter
les crédits provisoires applicables au mois
d'avril et aussitôt, un gros débat s'est en-
gagé sur la Syrie et le Maroc.
En effet, dans la discussion générale,
M. Desjardins, député de l'Aisne, demande
au Ministre de la guerre des explications
sur les augmentations de crédits de son
département pour la Syrie et le Maroc.
M. Painlevé, ministre de la Guerre si-
gnale qu'au contraire les chiffres sont en
iminution.
Les crédits demandés pour le mois a avril
sont les mômes que ceux qui ont été volés
pour le mois de mars. avec une différence
en moins de 130.000 francs pour le Maroc
et de 60.000 francs pour la Syrie.
Cette réponse ne satisfait pas M. Desjar-
dins qui se plaint que dans des discus-
sions aussi nàtives, le contrôle parlemen-
taire s'exerce si difficilement que la Cham-
bre a besoin d'explications très précises.
Il demande a M. le Ministre de la Guerre
de dire quelles ont été les dépenses occa-
sionnées, depuis le début de la guerre, pur
le Maroc et par la Syrie.
Il signale, en outre, que l'envoi des jeu-
nes gens à ces expéditions se fait dans des
conditions contraires à celles qui ont été
officiellement déterminées.
Les lettres qui parviennent du front ma-
rocain montrent que les précautions néces-
saires, du point de vue hygiénique, ne sont
pas prises.
Il demande enfin, à M. Pninlevé de faire
connaître les effectifs employés au Maroc et
en Syrie.
Le Ministre de la guerre s y refuse.
M. Painlevé, après un vif débat, ajoute
que ,1('s dépenses se sont élevées en jan-
vier, pour le Maroc, il 87 millions et pour
la Syrie à 37 millions ; en février, à 79 et il
37 millions ; en mars et en avril, à 49 et à
23 millions.
La Chambre décide de passer à la dis-
cussion des articles ; alors M. Charles Ba-
ron développe un amendement tendant à
réduire d'un million le crédit 'de l'article
premier afin de dimintrer les sommes affec-
tées à l'expédition de Syrie. Le général
Sarrail, dit-il, est sorti lavé des accusations
portées contre lui.
S'il demande une réduction de crédit,
c'est qu'il est convaincu que la France -
en presence a un pays qui ne peut que
coûter et ne rapportera jamais rien que des
soucis. La Syrie est, selon le mot de Kémal,
une béte à chagrin.
Au moment où la France est dans une si-
tuation catastrophique, il y a lieu de "uter
notre retour de Syrie.
Pendant la grande guerre, le paysan
.comprenait qu'il défendait sa liberté et
l'intégrité du territoire ; aujourd'hui, il ne
peut admettre qu'on dépense 40 à 50 mil-
lions par mois pour le plaisir des Syriens.
Après une intervention violente de M.
Bedon, M. Painlevé explique à la Cham-
bre pour quelles raisons les Riffains n'ont
pas voulu faire :la paix : s'ils ne la propo-
sent pas aujourd'hui, c'est qu'ils se sont
sentis plus faibles. En leur donnant, d'ici,
l'impression que la France se décourage,
on risque de tout empêcher : et c'est pour-
quoi le Gouvernement repousse les deux
amendements.
M. Briand, Président du Conseil, inter-
vient alorj et déclare qu'il a autant envie
que quiconque de mettre fin h la guerre : si
nous ne le faisons pas, c'est que nous ne
le pouvons pas.
En Syrie, comme au Maroc, nous ne fai-
sons pas la guerre ; si nous partions, nous
ne pourrions que provoquer des troubles
tvicore plus graves.
Tous les documents ont démontré que si
nous n'avions pas été présente, nous cour-
rions a une catastrophe. Faire une paix
précaire durerait un ou deux mois, et après
ce délai les opérations des Biffains repren-
draient de plus belle.
Le Gouvernement est prêt à faire la paix:
les Biffoins savent que la Faancc ne veut
pas porter atteinte à l'intégrité territoriale
du ltif. Mais ces discussions périodiques ne
peuvent que donner a nos ennemis des es-
poirs illusoires.
La situation s'est améliorée : nous tou-
chons ù la paix, à une paix qui ramènera,
avec nos trompes, la sécurité. Nous n'avons
pas le droit de mépriser le sang de ceux qui
l'ont versé pour quelque chose : ii ne faut
pas que leur effort soit vain.
r.fi France rappelle qu'elle ne veut pas de
conquête ; mais elle ne veut pas être victi-
me de ruses. Des négociations franches et
loyales, les n.iffains n'ont qu'a les engager.
Il ne dépend que d'eux d'avoir la paix. Au-
trement, non
Quant à la Syrie, la France y exerce un
manda!. : la Commission de la Société des
Nations a approuvé la façon dont elle le
fnit. Il reste une tribu, les D.ruses, qui per-
siste dans sa rébellion : le jour où elle vou-
dra entrer en eonversnlion, eUe ne trouvera
pas fermées les oreilles dw Haut-Commis-
saire.
Mais nous retirer, ce serait livrer les bra-
ves gens de ces pays à d'effroyables repré-
sailles et nous serions des criminels si
nous nous exposions A cHn. Appt. sur un
gr. de bcs.)
Les déclarations du Président, du Conseil
satisfont M. Desjardins qui demande à ses
amis de voter les crédits. Se plaçant au-
dessus des intérêts de personnes, il estime
que ce l'rn,it. une faute contre la Patrie que
d'abandonner ces deux pays, ft e'est pour
cela qu'il volera les crédits, sans abandon-
ner pour cela la demande de sanction contre
ceux qui sont responsables des événements
de Svrie.
La Chaimbre a été appelée à se prononcer
sur l'amendement de M. Baron mais au-
paravant, M. Painlevé fait observer que le
mois rlprnipf, les crédits du Maroc, et de la
S. "ir> crî* «Mé rVluiis. "r la ,'mnr-tia ile U
Cliambre, d'un million. C'est pour tenir
compte de cette décision que les crédits ont
été établis tels que le Gouvernement les
propose aujourd'hui.
Un passe au vote et après pointage,
l'amendement de M. Baron est adopté par
268 voix contre 265.
C'est maintenant le tour de l'amende-
ment de M. Vaillant-Couturier repoussé
par le ministre de la guerre.
A la majorité de 390 voix contre 150,
l'amendement n'est pas adopté. L'assem-
blée passe à la discussion des artioles.
Sur l'artiole 8, dont le renvoi à la Com-
mission est demandé, visant le chiffre d'af-
faires des coopératives, M. Thomson de-
mande que les coopératives agricoles d'Al-
gérie bénéficient des mêmes exonérations
que celles de la métropole.
Sont ensuite adoptés : 1 article 17 spéci-
fiant qu'il est ouvert au Ministre des Pen-
sions un crédit de 7.000.000 de francs pour
l'inscription au Trésor public des pensions
militaires de la guerre et pensions mili-
taires des trompes coloniales, pensions
militaires de la marine et pensions mili-
taircs de la marine marchande, à liquider
dans le courant du mois d'avril 1926.
L'article 24, décidant que sont prorogées
jusqu'au 30 juin 1926 les dispositions de
l'article 42 de la loi du 31 décembre 1925
autorisant le Ministre de la Marine à entre-
tenir, pour l'arsenal de Saigon, en pïus dos
effectifs prévus à la toi de finances du 13
juillet 1925, les effectifs suivants :
Ingénieurs du génie maritime, 2 ; ingé-
nieurs des directions de travaux, 3 ; agents
techniques. 21: officier d'administration, 1;
commis des directions de travaux, 4 ; com-
mis de formation locale, M ; ouvriers, ïoo.
L'article 30 fixant la contribution des co-
lonies aux défpenses d'entretien de l'Ecole
coloniale, pour île mois d'avril 1926, à la
somme de 30.300 francs.
Cette somme, qui sera versée au bud-
get des recettes de l'Ecole coloniale, se con-
ollàru avec celle qui sera fixée pour l'an-
née entière par la loi de finances de l'exer-
cice 1926.
- - - - .o. Il..
L article 31 fixant la contribution des co-
lonies aux dépenses d'entretien de l'Agence
générale des colonies pour le mois d avril
1926, A la somme de 185.700 francs.
Cette somme, qui sera versée au budget
des recettes de l'Agence générale des colo-
nies, se confondra avec celle qui sera fixée
pour l'année entière par la loi de finances
de l'exercice MML
Et enfin l'artitf 0 32 fixant la contribution
des colonies aux dépenses d'entretien do
l'Institut national d agronomie coloniale,
pour le mois d'avril ly26, a la somme de
33.100 francs.
Cette somme, qui sera versée au cudget
des recettes de l'Institut national d'agrono-
mir. coloniale, se confondra avec colle qui
sera fixée pour l'année entière par la loi de
finances de l'exercice 1906.
î/ensemble du projet de loi est ensuite
adopté.
Dépêches de rïndochine
Manifestations à Saigon
Une réunion privée en t'honneur du lea-
der Bui-Quanfi-Chieu a eu lieu à Saigon le
2a courant. Parmi la nombreuse assistance
annamite se trouvaient quelques Français,
entre autres le colonel See, directeur de
l'Opinioll, MM. Ardin, directeur du Suïgon
républicain et Gallet, conseiller colonial.
liui-Quaiuj-Chieu, répondant aux soulutits
de bienvenue, lit connaître l'excellent ac-
cueil qu'il avait reçu en France, invita ses
compatriotes à la patience et à la conliance,
réclama runion dans l'espoir d'une loyale
collaboration française-annamite, s'inspi-
rant de l'esprit du Gouvernement français,
qui marqua son désir de libéralisme en (lé-
sijinant un Gouverneur général choisi dans
un parti avancé. - - -
Le colonel See, MAI. Arum et uauet jeit-
citèrent liui-Quang-Chieu pour les senti-
ments qu'il venait d'exprimer.
Un agitateur extrémiste connu, ayant es-
sayé de prendre la parole en fut empêché
par le comité d'organisation et fut hué par
l'assistance qui se dispersa dans un calme
com nlet.
I.es manifestations qui s'étaient produites
le 24, au moment de l'arrivée de Bui-Quang-
Chieu, et la réunion du 25, donnent lieu à
des commentaires variés ; mais l'impres-
sion générale est qu'aucune agitation sé-
rieuse n'est à redouter, les éléments extré-
mistes étant isolés et impuissants, tandis
que les éléments indigènes réformistes ex-
priment unanimement leur confiance dans
la politique lrançaise.
(Par dépêche.)
Lois, Décrets, Arrêtés
-.()--
Décret du 22 mars 1925 rendant applicable
à l'Indochine la loi du 29 avril 1925 qui
a modifié l'article 767 du code civil rela-
tif à l'usufruit du conjoint survivant.
Décret du 26 mars 1926 fixant les nouveaux
traitements du personnel de l'institut na-
tional d'agronomie coloniale.
Décret du 22 mars 1926 fixant les nouveaux
traitements des conseillers rapporteurs
près le conseil de gouvernement de l'Al-
gérie.
Décret du 22 mars 1926 fixant les nouveaux
traitements des fonctionnaires de l'admi-
nistration préfectorale en Algérie.
Décret du 22 mars 1926 portant répartition
entre les diverses classes des commis-
sariats de police municipale.
Décret du 22 mars 1926 fixant le nouveau
traitement du secrétaire général du gou-
vernement général de l'Algérie.
Décret du 23 mars 1926 relatif aux nouvel-
les conditions de rengagement des mili-
taires nord-africains.
(J. 0. d'j 28 mars 1916 )
A propos des vins tunisiens
.,.
M. Pelletier, le distingué président de la
Chambre d'agriculture de Tunis nous
adresse la lettre suivante que, fidèles à no-
tre impartialité, nous publions intégrale-
ment, regrettant seulement que la présence
de notre éminent ami Mario Roustan dans
les Conseils dit Gouvernement ne lui per.
mette pas de répondre.
Tunis, 20 mars 1926.
Messieurs les Directeurs des
Annales Coloniles Paris.
Le numéro du Il mars courant de votre
journal les Annales Coloniales, publie un
article de M. Mario Roustan, sénateur de
L'Hérault, sur la question des vins tunisiens,
auquel le président de la Chambre d'agri-
culture de Tunis, vous demande la permis-
sion de répondre quelques mots.
M. Roustan prononce, en effet, un réqui-
sitoire violent contre la viticulture tuni-
sienne et, rappelant les progrès de la pro-
duction algérienne aujourd'hui de 8 mil-
lions d'hectolitres, et qui peut arriver, dit-
il, à 18 millions procédant par idée de
similitude, il dénonce les progrès de nos
plantations comme un danger mortel pour
la viticulture française.
Il est certain que nos premiers colons,
ceux qui ont commencé à faire de la terre
tunisienne un sol français, se sont adressés
tout d'abord à la culture de la vigne; et,
sous la garantie que leur apportait la loi de
1890, dont M. Roustan semble négliger
l'existence, ont cru trouver dans les fran-
chises douanièics établies par cet instru-
ment législatif et, par suite, dans l'impor-
tation en France, un débouché naturel à
leurs produits : sous - cette impulsion, à la-
quelle s associait le Gouvernement du Pro-
tectorat, dépositaire de la pensée et des en-
couragements du Gouvernement français, le
vignoble tunisien s'est créé, développé et
couvre aujourd'hui une superficie de 24.000
hectares, d'xyi rendement d'ailleurs propor-
tionnellement faiblc] puisque dans l'année
1925, année d'une aoondance un peu excep-
tionnelle, la production a été seulement de
C)OO.OOO hectolitres.
Si l'on considère que la consommation
locale représente environ 300.000 hectos,
c'est donc en tout 600.000 hectolitres que la
Tunisie demande à la France de recevoir.
A qui fera-t-on croire que cette si faible
proportion, comparée à la production fran-
çaise et algérienne, qui atteint près de 80
millions d'hectolitres - soit o fr. 75 pour
cent f peut avoir sur les cours du mar-
ché français la moindre tépcrcussion ?
Vouloir voir un danger dans une relative-
ment si mince importation, c'est oublier tout
sens des grandeurs et des proportions.
Bien plus, nos vins tunisiens présentent,
d'une façon générale, une teneur en alcool
supérieure à celle des vins de consommation
courante produits en France; et la Métro-
pole importe, comme vins de coupage pour
la plupart, plus de 2 millions d'hectolitres
de vins étrangers, dont le paiement pèse
lourdement sur notre change.
J ai peine a m'expliquer pourquoi les vi-
fiiculteurs français préfèrent payer un droit
de douane élevé sur les vins de coupage
qu'ils reçoivent d'Espagne, de Portugal,
d'Italie, plutôt que s'adresser aux nôtres qui
leur parviendraient sous le bénéfice des fran-
chises douanières établies par la loi de 1890.
Ce n est pas aux viticulteurs français que
nos vins viendraient faire concurrence, mais
bien aux vins de coupage d'importation
étrangère ; et ce, au bénéfice de tous, y com-
pris le consommateur français.
Mais, objectent nos adversaires, la pro-
gression du vignoble tunisien a été telle de-
puis sa création -- et allez donc, dit M.
Roustan, cela continue ! - que son déve-
loppement illimité peut a la longue devenir
un véritable danger.
Je voudrais convaincre vos lecteurs que
le danger de concurrence, inexistant dans
le présent, ne saurait constituer davantage
un péril dans l'avenir.
La Tunisie, le voulût-elle, ne peut aug-
menter ses plantations, dans des proportions
se rapprochant, si peu que ce soit: de celles
qui sont ouvertes à l'extension du vignoble
français ou algérien.
Son développement viticole est limité par
la nature de son sol et de son climat ; une
très faible paTtie de la Tunisie : régions de
Béja et de Mateur, Cap Bon, environs im-
médiats de Tunis, se prête à la culture de
la vigne : pratiquement, les plantations sont
actuellement bornées à un rayon de ço a 60
kilomètres autour de Tunis, sur des terre-
qui, de par leur situation climatologique, ne
se prêtent en général que mal à toute autre
culture, et qui permettent ainsi, à proximité
des centres, un peuplement français d'une
importance politique indéniable.
Limitée ainsi dans la surface, l'extension
du vignoble tunisien ne l'est pas moins par
les conditions économiques, où se heurtent
nos viticulteurs : rendements précaires de
2 à 30 hectolitres en moyenne, frais de
culture, prix des traitements, charges fisca-
les, droits de statistique et de fabrication,
conditions de fret, etc., constituent de lour-
des charges qui mettent notre viticulture
dans un état d'infériorité certaine par rap-
port à l'Algérie, et sont loin de donner un
irrésistible attrait aux plantations.
Au surplus, au-dessus de la question de
fait, il est une question de principe, de
beaucoup plus importante, ce principe c'('q
celui de la politique que la France doit sui-
vre en Tunisie.
Depuis quarante-cinq ans, ta France ap-
plique ici iine
d'union économique dont les habitants de la
Régence font, en somme, tous le* frais.
T.a. lof de 1800 a admis en franchise la
production agricole de la Régence : et, par
suite, les efforls du Gouvernement de la
Métropole ont tendu à faire entrer la Tu-
nisie dans le système protectionniste du
marché françai?.
Er imposant la R'<{!encf' un '
douanier protecteur des intérêts de la pr(t.
duction, de l'industrie et du commerce fraft-
çais, elle s'est assuré le quasi-monopole dŒ
marché tunisien, où sa part dans les im-
portations s'élève à 73 (soit 675 mHlions
de francs) quand elle ne prend chez nous
que 50 de nos exportations (soit 290 mil-
lions, dans lesquels les vins n'entrent que
pour 30 millions). - -
Cette politique financière de la France,
qui, comme le montrent ces quelques chif-
fres, est singulièrement avantageuse pour
elle, a eu pour effet de fermer irrémédiable-
ment, par voie de réciprocité, tous les mar-
chés étrangers à la production agricole tu-
nisienne.
Et cette production ne peut être que ccllè
de nos pays méditerranéens.
Etant donnés son climat et son sol, la Tu-
nisie - dans sa partie nord et centre tout
nu moins, la seule colonisée vraiment
produit et produira toujours ce que produi-
sent les contrées analogues du bassin médi-
terranéen : des céréales, de l'huile et du
vin.
Elle se trouve ainsi forcément sur le
même pied que tous les pays de la Méditer-
ranée occidentale, Italie, Espagne et Midi
de la France, parce que son climat et son
sol ne lui permettent pas d'autres cultures.
La France, par le régime douanier qu'elle
a imposé à la Tunisie, lui a enlevé toute
possibilité de trouver à l'étranger des dé-
bouchés ; il faut donc que, suivant l'esprit
d'ailleurs de la loi de I8QO, elle considère
la production tunisienne comme partie inté-
grante de la production nationale.
Si, devant une surproduction viticole, la
métropole envisageait des mesures générales
de contingentement ou de restriction, les
rotons tunisiens seraient bien obligés de s'y
soumettre, a la condition que ce soient des
mesures collectives, s'appliquant à toute la
production nationale, Métropole, Algérie et
Tunisie, et qu'ils ne soient pas seuls sacri-
fiés - sans utilité pratique comme l'indi-
quent les chiffres que j'ai cités plus haut,
a la cause commune.
J'ai entendu, quand, a diverses reprise?,
Je discutais ces questions à Paris même,
j'ai entendu certains de mes interlocuteurs
me dire : « Vous êtes une colonie : faites
les produits coloniaux dont nous avons be-
soin. n Je n'ai pas eu de peine a démontrer
que ce n'était là qu'une logomachie. Com-
ment produire ou même tenter ici, pays
méditerranéen, je le répète, ce qu'on appelle
proprement les produits coloniaux : coton,
nuile de palme, arachides, épices, vanille,
caoutchouc, que sais-je?
Non ! nous ne produisons que des cé-
réales, là où le climat s'y prête, de l'huile
et du vin.
J'ai sous les yeux, au moment où je vous
écris, une lettre d'un colon tunisien, non des
moindres, qui me dit en substance : < Pro-
u priétairc d'un vignoble, et ému par les
menaces et les restrictions qui visent lat
u vigne, j'ai acheté une propriété où j'ait
Il commencé, a planter des oliviers, par
Il crainte des dangers de la monoculture de
cc-ta vigne; je lis un article de M. Roustan,
Il déclarant que l'huile tunisienne a détruit
(1 l'oléiculture française. F:C:t-cc encore une
(< menace pour nos oliviers ? Et, dans ce cas,,
« de quel côté me tourner ?
Cela montre quelle émotion a produit
dans notre colonie si travailleuse et si mé-
ritante, les intransigeances françaises, et X
quel découragement peuvent se laisser aller
les colons.
Le peuplement français de la Tunisie est
une couvre d'une haute portée qui, seule,
peut assurer à la France la sécurité de son
empire de l'Afrique du Vord, et seule elle
peut être assurée par la colonisation agri-
cole. -
Le Parlement français l'a si bien compris
que. en inio, lors des discussions qui ont
accompagné le vote de l'emprunt qu'il au-
torisait la Tunisie à contracttir, il a, de
sa propre initiative, relevé le chiffre des
sommes demandées pour développer la co-
lonisation : de 13 millions et demi qui
avaient été prévus dans le proiet soumis
aux Chamhrf's, il a porté ce chiffre à mil-
lions et demi, marquant ainsi le prix qu'il
attachait au peuplement agricole français.
Et depuis cette époque, la Direction de
l'Agriculture a installé miHe nouveaux co-
lons, qui ne peuvent cultiver que les cpréa-
les, l'olivier et la vigne.
Veut-on donc détruire cette n'une et, par
des mesures draconiennes et inconsidérées,
faire fuir ces colons, pour l'installation des-
quels nous nous imposons tant de sacrifices,
livrant ainsi à une autre Puissance, prête
a recueillir notre succession, cette terre que
nous avons ouverte à la civilisation?
Je ne puis le croire.
M. Mario Roustan, aux éminents talents
et à la haute valeur duquel tous rendent
hommage, fait aujourd'hui partie du Cou-
vernement français - il ne peut me tenir ri-
gueur de ce que j'aie osé le contredire; et
si je puis obtenir ce résultat qu'il veuille
bien envisager les effotts les mérites et les
droits des colons tunisiens drun oil plus
bienveillant, je n'aurai pas à regretter
d'avoir ainsi. dans cette longue et cepen-
dant trop courte rectification, abusé de votre
courtoise hospitalité.
Veuillez agréer, Messieurs les Diiecteuts,
!'l'xprcssinn de ma haute considération.
Louis-J. Pelletier,
Pri^itlmt de In < hainhr,' d'.liyriruh'urA
'fe T"ni, vircm l'^clfni du i i
t'tIIlS'iI lif 1'lIl/t'/I'.
- - ---' -,-- .---.---
TAUX DE LA PIASTRE
Lr. 20 mars lOCrt, le taux île la piastre ;\
gon était de 1<> fr. Ki.
67).
achats a ternie de la p'Vi^tre A Snïgon sur
Paris : 8 jours, lfi.sr» : 30 jours, 1 ; <'0 jours
'';'tf) '»»( iov •<, 1P.
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