Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-02-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 février 1926 15 février 1926
Description : 1926/02/15 (A27,N25). 1926/02/15 (A27,N25).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63970722
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SEPTIEME ANNEE. NO 25 LE NUMERO : 20 CENTIMES LUNDI SOIn, 1-5 FEVRIER 1926
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR fi LIS ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
lm Ammms dRéetom n >«iI mm m Buttait* éuJcmmëtêHtn» lesAtencs^MPMdlé
DIRECTEURS : MARCEL RUeDEL et L.-G. THEBAUL T
flétoetiM el Ataiiiitratm : 34, Rue du Mont-Tliabor, PARIS-1" Téléphone : Leumt <9-37
Un an t; mois 3 mois
tiMitMtm £ S France et Colonies. 80 » 45 a 25 »
•m «MUaiM» ( Elrangei' 120 » es Il 35 n
Ob • abonn* dam (mm les Borttn de poéte et cIau let principaux libraire*
CAOUTCHOUC
gio
Le conflit angle américain du caoutchouc a
fait couler des torrents d'encre, en Amérique,
en Angleterre et ailleurs. M. Hoover, minis-
tre des Etats-Unis, ayant évalué à us de
J jO millions de livres sterling le préjudice
causé à l'Amérique par l'application du plan
Stevenson, qui a limité la liberté des expor-
tations, s'est attiré, de la part des Anglais,
une foule de protestations, même de la part
,It.s adversaires du protectiunnisme.
Car le plan Stevenson est du protection-
nisme, ou je ne m'y connais pas. Mais, comme
l'écrivait le rédacteur du limes, c'est la
vieille histoire de la paille et de la poutre.
La poutre, c'est l'Amérique qui l'a dans
l'oeil. Il y a des millions d'Anglais qui con-
somment du blé américain, il y en a des mil-
liers qui vivent du coton produit en Amérique:
les Etats-Unis ne fixent-ils pas, en toute in-
dépendance, le prix de ces matières premières
indispensables, le blé et le coton ?
Le développement de l'industrie automo-
bile devait accrottre, dans des I)roportions
considérables, les demandes de caoutchouc.
Dans les plantations des Indes orientales
néerlandaises, de Ccylan, de Malaisie, les
capitaux britanniques se sont employés jus-
qu'à too millions de livres sterling et plus;
les Etats-Unis absorbent les trois quarts du
caoutchouc produit dans le monde ; pourquoi,
interrogent les Anglais, n'a-t-on pas vu les
capitaux américains investis dans les planta-
tions de c:aouthchouc? C'est ce qu'ont fait
les industriels du Lancashire lorsqu'ils ont
pris des parts dans les exploitations coton-
nières puisqu'ils avaient les plus grands be-
soins en coton brut. Mais, parce que le ci-
toyen des Etats-Unis préférait jusqu'à ces
derniers temps ne pas expatrier ses capitaux,
la production du caoutchouc est devenue une
industrie britannique et néerlandaise, pres-
que exclusivement. De là, la surproduction à
laquelle il fallait s'attendre. En igiol, le
caoutchouc valait 30 francs-or, le kilo; en
1919, il ne valait plus que 3 fr. 50 papier.
C'était une baisse de 95 Les uns accusent
les Américains d'avoir provoqué cette baisse
en constituant des stocks formidables; les au-
tres leur reprochent d'avoir refusé d'en ache-
ter à ce moment, sans doute avec l'espoir
qu'on leur offrirait du caoutchouc gratis. Tou-
jours est-il, que les exploitations des Indes
Orientales, alimentées par les capitaux bri-
tanniques, étaient à la - veille de la faillite;
les plantations de médiocre importance ont
succombé; les autres ont résisté en serrant les
dépenses et en arrêtant l'extension des
cultures.
Aujourd'hui, le caoutchouc vaut 55 francs
papier le kilo. Cela est dû précisément au
plan Stevenson. Est-ce excessif ? Non, répon-
dent certains, et, puisque les 50 kilos de co-
ton sont passés de 30 francs-or en 1913 à 600
francs-papier, le caoutchouc devrait passer
lui aussi de 30 francs-or, prix de 1910, à
600 francs-papier, prix de 1925.
Peut-on dire que l'Angletere exploite
l'Amérique? Le Daily Ilerald demandait que
l'on posât autrement la question et qu'on
voulût bien reconnaître que certains groupes
de capitalistes, de nationalité douteuse, c'est-
à-dire internationaux, exploitaient tout le
monde, et plus particulièrement « ces travail-
leurs mal payés et durement traités, qui, par
leur labeur, produisent la richesse que se
disputent les seigneurs capitalistes de la
terre s. Ceci est un autre son de cloche ; on
l'entendra de nouveau, soyons-en persuadés,
quand se poseront devant la grande confé-
rence économique internationale, sans cesse
annoncée et toujours différée, les problèmes
vitaux de la production et de la répartition
des matières premières indispensables. Ainsi
que cette polémique l'a montré aux Améri-
cains, les Etats-Unis eux-mêmes ne peuvent
pas suffire entièrement, par leurs propres
moyens, à leurs besoins économiques. » Je
répète, pour la centième fois, que c'est une
absurdité de s'imaginer le contraire, quel que
soit le pays auquel on songe. « Toutes les na-
tions sont interdépendantes, et les grands
problèmes économiques mondiaux ne pour-
ront être résolus que par les méthodes inter-
nationales. » Nous aurons fait un grand pro-
grès quand cette vérité sera devenue une vé-
rité de La Palisse.
Mais, en attendant, il faut penser aux né-
cessités immédiates, et, tant que les égoïsmes
nationaux se heurtent et s'opposent, nous
sommes bien forcés de parer au plus urgent.
Nous aussi, Français, nous avons besoin de
caoutchouc; sur les 550.000 tonnes de la pro-
duction du monde entier, si les Etats-Unis
absorbent les 3/4, nous consommons modes-
tement le 11 12*. soit 45.000 tonnes. Nos co-
lonies nous envoient 12.000 tonnes. Il reste
à trouver 33.000 tonnes, que nous achetons
à la Malaisie et aux Indes Néerlandaises.
Or, je lis dans une interview de M. Ernest
Outrey, publiée par la Revue Économique
t/'l£xtri"'t',O,it"t, que ni la Malaisie, ni les
Indes Néerlandaises ne sont aussi propices
à la cnlture du caoutchouc que notre Indo.
chine - qui parait être l'habitat idéal de
l'hévéa ». Si récentes que soient nos planta-
tions de Cochinchinc, elles font l'admiration
de ceux qui les visitent. Alors, aUons-y 1 Il y
a de beaux jours pour faire fortune. On a
prévu qu'en 1929 la consommation de caout-
chouc dépasserait de 62.000 tonnes la pro-
duction, que le déficit serait, en 1930, de
131.000 tonnes; de 199.000 en 1931 ; de
268.000 en 1932. A ce moment, des planta-
tions nouvelles permettront de combler le
déficit, ou, du moins, de le réduiTc, à moins
que l'industrie automobile atteigne un déve-
loppement inimaginable, mais non invraisem-
blable. Donc, pendant que les Américains et
les Anglais se battent autour du plan Ste-
venson, et tout en souhaitant qu'ils s'ac-
cordent plutôt que de se gourmer, tâchons de
soigner nos propres affaires, et travaillons à
produire non pas seulement 45.000 tonnes de
caoutchouc, sous prétexte de nous suffire à
nous-mêmes, mais assez de tonnes pour pou-
voir, au besoin, en céder aux voisins contre
des livres sterling ou des dollars sonnants
et trébuchants.
Mario Rouit an,
Sénateur de l'Hérault, vics-pritidanl
de te Commission sénatoriale qg Co.
Secrétaire général titi Groupe
wtMcott
l.lIdeI Le Résident Général a quitté Sfax le 9 cou-
rant pour entreprendre une tournée dans le
Sud tunisien. Après un court arrêt à Mahres
où il a reçu un accueil empressé de la popu-
lation, M. Lucien Saint a parcouru dans
l'après-midi la partie méridionale peu fré-
quentée jusqu'ici de l'important territoire des
Habous de Sidi Hehdeb, qui s'étend sar en-
viron 700.000 hectares.
Le Résident a atteint dans la soirée Bordj-
Bou Hedjma, au pied du massif montagneux
qui constitue la première étape de son voyage
d'étude.
Le chemin suivi par M. Lucien Saint a été
pour la première fois parcouru par des auto-
mobiles a travers tout le massif montagneux
situé aux confins des territoires civils et mi-
litaires.
Sous la conduite de M, Bertholle, contre
leur civil chef de la 5* région, le Résident a
parcouru l'antique forêt de Gemmiers qui
couvre ce pays et qui est actuellement en voie
de disparition.
Au cours du trajet, M. Lucien Saint a noté
les possibilités d'utilisation des eaux de
source du massif de Bou Hedjma et d'exploi-
tation des steppes d'alfa.
A la pointe du jour, le Résident Général a
quitté Bordj Bou Hedjma pour se rendre à
Kcbili par Bordj Bir Saad et Comati. Cette
randonnée a été difficile, par suite de nom-
breux accidents de terrain. Elle a permis au
Résident Général de se rendre compte des
conditions d'existence des tribus nomades et
des groupements sédentaires de la région de
Gafsa.
Après une courte visite au village d'El
Guettar et à ses palmeraies, M. Lucien Saint
et sa suite ont traversé, sous une violente
tempête de sable, la plaine du Dusig et les
montagnes de Haye. Le Résident et sa suite
ont atteint Kebih à 18 heures. Ils ont été
reçus par le lieutenant Devaux, chef du cer-
cle.
Jeudi, la caravane résidentielle a quitté
KcbiH pour se rendre à El Hamma de Gabès
en traversant les Chott el Djerid.
-001
A l'Association des Adniaislralears
L'Assemblée générale de l'Association Pro-
fessionnelle des Administrateurs des Colonies
s'est réunie le 31 janvier dernier. Après avoir
procédé à l'examen de diverses questions à
l'ordre du jour, elle a procédé à l'élection des
membres du Comité directew de l' Associa-
tion, qui se trouve ainsi composé :
MM. Drouin 91 voix
Juvanon 91 »
Voilant 91 »
Pètre 84 »
Larsonneur 83 »
Decharte 81 »
Gluck, 71 »
p, Aubert.,.. 70 »
Lefevre 63 »
Paris. 28 »
M. Juvanon, administrateur en chef, chef
adjoint du Cabinet du Ministre, ayant décliné
la présidence de l' Association, le bureau du
Comité a été ainsi formé:
MM. Dechartre, président ; Pètre, vice-
président ; Larsonneur, Secrétaire; Paris, Tré-
sorier.
–-–
L'aviation coloniale
Bruxelles-Congo
En souvenir du raid Bruxelles-Congo
belge, une plaque commémorative a été ap-
posée, hier, à l'aérodrome d'Evere, d'où
s'envola le 12 février 1925, l'aviateur Thicr.
fry.
L'inspection de M. Carde
Rentrant de son voyage d'inspection en
A. O. F., M. le Gouverneur Général Carde
est arrivé à Dakar, à bord du Félix-Fraissi-
net, venant de Conakry.
A L'OFFICIEL
Trésorerie
M. Robert (Jocelyn), gouverneur des Co-
lonies, est nommé trésorier payeur de la
Nouvollc-Calédonie, en remplacement de M.
I.abrouche de Laborderie, admis À faire
valoir ses droits à la retraite.
LE BLOC AFRICAIN
--0.0--
A 'JC groupe Colonial de la Cham.
NML bre vient de mettre à V ordre du
jour de ses travaux Vétude des
projets dit Transsaliarien devant assurer la
liaison de notre Afrique du Nord et de notre
Afrique Ouitlelltale. Le problème vaut, en
effet, d'être abordé sans retard. La guerre
a révélé le magnifique réservoir d'hommes
et de matières premières que l'A. O. F.
constitue four la Métropole ; niaist elle a
aussi démontré combien les communications
maritimes peuvent être vulnérables : il faut
diminuer dans toute la mesure possible les
risques auxquels sont exposés les transports,
et le Transsaharien, considéré sous cet as-
pect, apparaît comme un outil de sécurité,
intéressant directement la défense nationale.
AI ais sou exécution reste conditionnée par
des questions iVordre économique qui ne
semblent Pas résolues. De quel trafic utile
pourra disposer un chemin ae fer partant du
Sud Algérien pour atteindre, à travers tim-
mense étendue désertique du Sahara, le Ni-
ger à Tosûye et, de là, se raccorder au ré-
seau ferroviaire de 1 A. O. F. ? Le groupe
Colonial désire avoir à cet égard des préci-
sions complètes appuyées sur des documents
- probants.
En même temps que se pose le problème
de la liaison Algérie-Soudan, Vattention ail
monde colonial est attirée, grâce à l'initia-
tive récemment prise par le Résident géné-
ral de France en Tunisie, M. Lucien
Saint, et brillamment réalisée par le Lieute-
nant-Colonel Courtot, sur IcI jonction Tlmi-
sie-Tchad,
La route du golfe des Svrtes au Ctntre.
Afrique, et que jalonnent Vieneicit. Bir Pis-
for, Fort-Saint (pour la Tunisie), Fort-Poli-
gnac, Djanet (en territoire algérien), Djado,
Bilma, Agadem, N'gllim; (pour VA. O. F.)
est la route traditionnelle des caravanes, la
plus comte aussi du Centre Afrique vers la
Méditerranée ci la seule qui offre un dt-
bouché maritime aux produits d'échange de
notre colonie du Tchad. Faire reirbre l'acti-
vité de cette ancienne artère commerciale est
tme entreprise méritoire.
TOllt ce qui sera tenté en tous cas, pour
donner sa cohésion et son unité à notre
Empire africain, doit être suivi avec sympa-
thie et encouragé par Vopinion coloniale.
Auguête Brunet
Député de la HIUfttoR.
1)1 waveio rilâ TrilSSllllda
a-
Le lieutenant Estienne qui, avec son frère
René Estienne, fit partie de la mission Gra-
dis. qui traversa lo Sahara du siord au
sud, à la fin de 1924, a entrepria une nou-
velle exploration.
Parti d'Alger en compagnie de son frère,
il vient' d'arriver à Bourem (Haut-Niger),
d'où iJ a adressé la dépêche suivante, aux
usines Renault :
Bourem, via Dalwr, 8 léurier,
Bien arrivés Bourem, 7 février, marche
excessivement remarquable matériel, tra-
versée Sahara effectuée avec voiture d,a,.-
fiée à 7 lotlm's et entièrement déjumelée.
Entre Heqqan et Adrar ils Iforas, passons
80 lem, ouest Ouailen, traversant région. dé-
sertique dans sa plus grande largeur. Nouvel
itinéraire direct comporte 800 lan, sans eau
mais emprunte des terrains de rea ininter-
rompus et permettra de réduire notamment
durée traversée Sahara. Tessalit complète.
ment abandonné et notre stock essence,
sauf deux bidons, disparu. Difficultés d'iti-
néraires entre Tessalit et fleuve. Piste an-
noncée inexistante, anciennes traces et ja-
lonnement disparus suite dernier hivernage.
Signé : EsTIENNE.
Les conditions de confort dans lesquelles
les frères Estienne ont accompli le raid,
sont tout ù fait remarquables. Leur « six
roues » comportent liuii confortables Pull-
man, disposés côte à côte, avec un passage
central, Ces fauteuils (peuvent se rentier
et être remplacés, pour la nuit, (par des
couchettes individuelles disposées sur deux
étages. A l'arrière sont deux comparti-
ments contigus, aménagés l'un en cabinet
de toilette et l'outre en w.-c. avec chasse
d'eau. Des réservoirs importants contien-
nent l'eau pour la consommation et la toi-
lette.
L'armement de la voiture n'a pas été
négligé ; une mitrailleuse est, en effet, dé-
guisée sous la toiture et peut être servie
par île conducteur ou son mécanicien sans
qu'ils aient à changer dû place, grâce il un
trou d'homme percé dans le dais.
«i»
L'Afrique d'Ouest en Est
Un ex-député libéral britannique (FOx.
ford, M. Frank Gray, qui, il y a quelques
tlIulées, défia un de ses collègues du Parle-
ment pour un match pédestre sensationnel,
s'embarqucra pour Imagos (Nigéria), dans
le courant du mois. Dès son arrivée dans
cette ville, il entreprendra la traversée de
l'Afrique de l'ouest à l'est en automobile,
Ce voyage a été décidé à la suite d'un
défi, lancé, cette fois, par i'ex-député, aux
grandes maisons de construot.ions britan-
niques, qui, déclare-t il, ignorent totalement
niques, qualités que doit posséder une voiture
les
pour traverser les régions tropicales.
Rappelons que toutes les études d'itiné-
raires traversant l'Afrique d'ouest en est
ou d'est, en ouest, sont particulièrement
intéressantes en ce sens qu cUes se rappro-
chent plus ou moins du grand mouvement
de migrations africaines que signalait ja-
dis le colonel Tilho, explorateur du Tchad,
et du Haut-Nil
PROPOS D UR JUIIMIUTE
LI dialulrI JiilAViriiH
-0
Il y a eu un beau tapage dans le Landemeau
colonial quand un Annamite déclara qu'en cas
d'invasion étrangère, les indigènes en Indo-
chine croiseraient les bras si VAdministration
locale ne renonçait pas à sa politique néfaste
d'oppresson et d'obscurantisme. On cria au
séparatisme, à la trahison.
M. A. Varenne, inopinément, vient confir-
mer les révélations de l'A nnamite imprudent
qui osa dire la Oérité : le haut représentant de
la France en Indochine profita de l'ouverture
du Conseil Supérieur pour proclamer haute-
ment, courageusement, les résultats de ses in-
vestigations sur place. D'abord, le Gouverneur
Général reconnaît la légitimité des revendica-
tions annamites sur la plupart des points du
programme minimum constitutiormaliste qui se
trouve être aussi celui de tous les Annamites.
Le chef de la colonie, les examinant un à un :
participation à l'administration de leur pays-,
développement « dans les sens horizontal et
vertical f » de Venseignement à tous les degrés,
extension de la représentation indigène. liberté
de penser et d'écrire, réforme de la justice.
etc., etc. non seulement ne trouve pas ces desi-
derata exagérés, mais encore promet J'y donner
satisfaction. L'engagement est formel, et con-
trairement aux habitudes. il n'est pas enseveli
sous des monceaux de fleurs de réthorique ;
c'est l'expression nette d'une volonté ferme.
En soulignant cette attitude conciliante de
M. A. Varenne.' si je ne peux affirmer que les
Annamites sont transportés d'une joie émou-
vante, je pense qu'il est indéniable qu'un sen-
sible apaisement des esprits s'en est suivi en
Indochine. On y est saturé de belles promesses
prodiguées à hautes doses, mais on 1eut bien
encoie faire un large crédit au nouvmau Gou-
verneur. en attendant que le geste suive de près
la parole. Now le faisons J'autant plus Vo-
lontiers que, synthétisant sa pensée intime, M.
A. Varenne semble résumer les directives nou-
velles de la politique généreuse de la France
en des termes exempts J'ambiguïté qui de-
vraient rassurer notre conscience inquiète, Re-
gardant l'avenir à travers les stades nécessaires
d'une évolution dont la durée restera fonction
des efforts communs français et anntJmites, M.
Varenne n'a pas hésité, en effet, à envisager
le terme logique de la mission éducatrice de
la France - en Indochine : - « Sa - mission - - achevée,
on peut penser qu'elle (la France) ne laissera
en Indochine que le souvenir de son œUl're,
qu'elle ne réclamera plus aucun rôle dans la
vie de la téninsulc, ni pour diriger ni même
pour conseiller, et que les peuples qui auront
profité de sa tutelle n'auront plus avec elle
cf autres liens que de gratitude et d'affection. >»
Nous Annamites, nous ne pouvons que sous-
crire de tout cœur à ces paroles si hautement
françaises en souhaitant que les collaborateurs
du Gouverneur Général A. - Varenne soient
- - - --
aussi convaincus que leur chef que l ère est ré-
volue de la vieille politique de compression et
d'exploitation. Dans la poursuite de cet idéal
d'émancipation annamite, le représentant de la
France trouvera auprès de tous mes compa-
triotes le plus fervent concours. Puissions-nous
n'être pas déçus, une fois de plus, car la dé-
ception serait terrible 1
D'aucuns prétendent que M. Varenne pré-
conise l'évacuation de l' Indochine et essaient
de considérer sa déclaration comme un encou-
ragement aux ennemis de la tutelle française.
Nous ne le croyons pas. Le terme logique de la
protection française étant l'émancipation anna-
mite, n'est-il pas sage de préparer cette échéan-
ce, si lointaine qu'elle puisse être ? La sépara-
tion, longuement préparée, serait douce, ami-
cale, laissant de part et d'autre le souvenir
d'une vie commune qui tat profitable aux Fran-
çaip et aux Annamites, des services récipm-
ques et désintéressés propres à entretenir une
amitié sincère entre nos deux peuples.
Tan Xacm.
Une tournée de propagande
M. Bui-quang Chieu, chef du parti cons-
titutionnaliste annamite, rejoindra l'Indo-
chine par le dernier courrier de ce mois.
Avant son départ, sur la demande des grou-
pements annamites des villes ci-dessous ci-
tées et avec le concours des municipalités, il
fera quatre conférences exposant le pro-
gramme des revendications annamites, la
première jeudi prochain à Bordeaux, la se-
conde samedi 20 à Toulouse, la troisième le
lundi 22 à Montpellier, et la quatrième le
mercredi 24 à Marseille.
Le jour de Tan annamite
A Voccasion des fêtes et du jour de Van
annamite, les journallx, les maisons de coni-
meree et les banques seront fermés samedi)
dimanche et lundi prochains.
(Par dpêchc.)
TAUX DE LA PIASTRE
A la date du 12 février, le taux de la piastre
Atait à Saigon sur Paris T.T., de 15 45 ; sur Pa-
ris Vue de 15 40.
Voici également Jes cours pratiqués pour les
achats à terme de la piastre à Saïgon sur Pa-
ris :
A jours, 15 90 : 30 jours, 15 99 ; 60 jour?
à,,08 ; 90 jours, 16,18.
Dépêches d'Indochine
-O-
Une mission yunnanaise à Hanoi
Conformément à une tradition de courtoi-
sie déjà ancienne, nue mission envoyée spé-
cialement de Yu-Nan-Fou, et ayant à sa tête
le général Tang-Ki-Yu. est arrivée vendredi
soir à Hanoi pour apporter au nouveau GOtt-
verneur Général de VIndochine le salut du
Gouvernement Yunnanais. Avec le général
Tang-Ki-Yu, commandant de corps d'armée,
se trouvent : MM. Sio-Chetchen. commissaire
aux Affaires étrangères et aux Finances, le
général Lieu-Tatang, directeur de l'aviation,
ancien élève de notre Ecole Polytechnique,
le général Lie ou Honguyen, directeur de la
police railway, le général Lou-King-Sie, tOlt-
pcllt dit KodéoUj commissaire général de la
police frontière, IVane Tocanki, conseiller
dit Gouvernement, le colonel Pao-Youping.
Un dîner fut donné le 8 février au GOIt-
vernement Général en l'honneur de la mis-
sion, qui après avoir rendu visite aux auto-
rités françaises d'I/anoi, est repartie le 9 au
matin par le train régulier dit Yttnnan.
Ouverture d'une ligne aérienne
La ligne aérienne Kratie-Savannakhet,
dont le serz'ice est assuré par les hydravions
de Vaérotuiutique iyIndochine, est ouverte au
public. Le 9 a été effectué le premier voyage
régulier. L'avion, parti à 6 h. 45 de Kratie,
arriva à Savannakhet à 12 h. 40 après escale
à Stungtreng et Pake, effectuant le trajet
conformément à l'horaire prévu, avec un pas-
sager.
Cette première ligne aérienne constitue un
tronçon de la future ligne Hanoi-Saigon, ac-
tuellement à Vétude.
Salut au Gouverneur Général
Sa Majesté Sisavang-Vong, roi du Luan-
Prabaug. est arrivé le 9 février el lIanoi par
train régulier, avec le Résident Supérieur
Hosc et plusieurs hauts mandarins, pour sa-
luer le Gouverneur Général.
Il fui salué à la gare par les re présentants
dit Gouvernement Général. Le 10 au matin,
il lit une vifite officielle à M. Varenne. Le
Résident Supérieur Bosc exposa combien lui
est précieuse la loyale collaboration du Sou-
verain en qui la France possède, aux ex-
trêmes confins de l'Indochine, un ami fidèle
et silr. Le Roi évoqua Auguste Pavie qui, le
premier, fit. ait consentement unanime de la
population. flotter le drapeau français sur sa
capitale. Il remercia chaleureusement la
France des progrès économiques et sociaux
tiltS ait Protectorat.
Le Gouverneur Général exprima la sympa-
thie qu'il avait éprouvée pour les populations
laotiennes, ait cours de son récent voyage sur
les bords du Mékong. Il affirma que la
France continuerait à exercer son protecto-
rat avec la même affectueuse sollicitude que
le père dit Roi actuel et son peuple avaient
s pontanément trouvée.
Dans l'après-midi, le Gouverneur Général
rendit visite au roi dans la villa mise à sa
disposition durant son séjour à Hanoi.
.,.
L'EXOTISME AU THEATRE
0
M. Lu^nt'-Poo créent ù l'Œuvre, nu cours de
la saison, une pit>ce de MM. Stôve Passeur et
Charles T, 'Ul'lH\t: : la jeune Fille, (le la popote,
ilijnt l'action se passe à llnïphong.
Danseuse à bon marché
--(H).-
En Extrême-Orient, une grande première
danseuse du roi du Cambodge reçoit 12 pias-
tres par mois d'appointements, c' est-à-dire en-
viron 120 francs ! Et elle demeure cloîtrée !
Quel admirable pays où les jolies danseuses ne
coûtent que 1.240 francs l' an à entretenir, et
où, pour ce prix-là on peut être assuré de leur
fidélité ! à condition toutefois que les serviteurs
du cloître soient ou des eunuques ou des con-
gaïes.
Le cours du riz
A SAIGON
(Les 1.000 kilos en piastres) :
lliz n° 1, 2;') -,:(. hri8Ul'es .:..,.", 102 20
Riz 11° 2, 40 H brisures 98 70
Riz no 2, 50 brisures 94 20
Brisures n° 1 et 2. SG r>0
Brisures n° et t. 72 Il
Farines 3220
Paddy Vinh-Long 55 ôO
Paddv Go-Cong ,,",.," 57 r>0
Paddy Haixan 56 50
Paddy Bac-Lieu"",.,.,. 57 1)
Onràh (les 10<) kilos) 17 »
(Agence mdiotélégraphique de l'Indochine
et du Pacifique),
moeoi
ftMiowrniit BlttUn m Me
(in vient d'arrêter un pseudo capitaine d'infan-
terie coloniale nommé André Lncroix, qui re-
"èlu d'un uniforme très décoré, voire de la
Légion d'honneur avait embrigadé un tas de
vieux pompons, avides eneore et quand même
d'honneurs et de salamuleks, pour organiser
une mission devant traverser 1 Asie en auto-
mobile. Rien que d'après la photographie de
cet aigrelln, on se rend compte que ce capi-
taine de marsouin avait l'air un pou jeune
pour tant de savoir, Il était tout de même plu"
malin que l'eux qui coupaient dans son histoire.
Aux dprnu'tenant de réserve, inculpé de port illégal d'uni-
forme et de décorations, a été* mis en liberté pro.
visoire.
AU SIAM
Ia« ministre et Mme Wilden sont arrivés
mardi matin ¡'t Bangkok et ont été reçus
par de nombreux membres do la colonie
française.
Les Kabyles chez eux
--o.
Par ce fait que les Kabyles ont un droit
spécial, M. René Alaunier, professeur de
législation coloniale à la Faculté de droit de
Paris, était, comme il le dit lui-même, qua-
lifié pour nous parler des Kabyles du Djind-
jiéra,
Par son antiquité même, lo peuple kabyle
a gagné la curiosité publique; il est vrai-
semblablement d'origine préhistorique, car
les Lybiens du vieil Hérodote avaient des
institutions semblables à ells de Kabyles
d'aujourd'hui. Malgré leur contact avec des
civilisations successive"-, ils ont gardé leur
personnalité et leur autonomie motale. Des
Egyptiens, ils ont certaines industrie- telles
que la poterie faite par les femmes. Ce sont
là des vestiges d'une civilisation d'origine
nilotique. Les Phénicien.-, puii les Arabes ne
leur apportèrent que de* parcelle" de leurs
civilisations qui furent les bases de leur ci-
vilisation matérielle tomme de leur civilisa-
tion juridique.
Jusqu'à l'arrivée des Français, les Kabyles
ne furent ni conquis, nirt Chaouias de l' Aurez n'ont rien abandonné
de leurs traditions. Ils ont leur civilisation
et leur droit kabyle.
On se demande cependant si les Kabyles
qui, jusqu'à présent, étaient nos -ujets, ne
sont pas en train de nous coloniser, Car ils
sont près de 100.000 en France exerçant les
métiers les plus divers ouvriers agricoles
selon leurs habitudes invétérées de -edentai-
res culti\'atcur". travailleurs d'u"inf', ou-
vriers d'industries les plus diverses, voilà ce
que sont devenus les succcsspurs des colpor-
teurs de pacotille d'avant-guerre qui furent
les initiateurs de l'émigration kabyle.
Ils forment à Paris de véritables colonies,
des cités kabyles : place Maubert, quartier
de la Chapelle. Au boulevard de la (lare,
dans la Cité Doré, nous voyons le bar Ha-
mida avec son phonographe jouant les ait s
arabes : expression nostalgique de leur pe-
tite patrie montagnarde: et. en face, la
grande raffinerie aux mur-, jaunes, n'emploie
pour ainsi dire que des Kabyles. Nous
voyons une sorte de colonisation kabyle al-
lant de pair avec l'assimilation des indi-
gnes aux Européens. A leur ictour .1 Fort-
National (l'ancien fort Napoléon], ils de-
manderont avec le plus pur accent parisien :
un petit blanc, ou un byrrh sec 1
En France, leurs colonies ne sont que'
temporaires, car après avoir envoyé chez eux
de nombreux mandats-poste (fruits de leur
travail), ils regagnent leur village natal, aux
maisons de pierres couvertes en tuiles rouges
où les attendent leurs femmes et leurs en-
fants.
Après avoir atteint Fort-National en douze
heures d'autobus depuis Alger, ils se diri-
gent à dos de mulet vers leur village fortitil,
L'aspect du pays explique en grande partie
le caractère et les mœurs du peuple kabyle.
Peuple tenant profondément à la terre, rus-
tique depuis toujours, cultivateur et séden-
taire. Ce pays rit lie se prête à la culture in-
tensive à laquelle se livre le Kabyle dans les
plaines et sur les pentes des mamelons ar-
rondis qui Vêtaient en perspective fuyante
vers l'horizon. Au sommet de ces mamelons,
se trouvent accrochés, isolés, les petits vil-
lages kabyles.
Le climat est rude, brutal, excessif très
chaud l'été, pluvieux, froid, neigeux l'hiver.
En plein mois d'anil, le marché de Michc-
let était couvert dL' neige. Il n'existe au point
climatérique pas d'opposition plus accentuée
qu'en Kabylie. Ces deux saisons nette-men'
tranchées imposent aux Kabyles deux genres
de vie et on peut constater la cadence et le
rythme de leur vie collective.
Sur chaque mamelon, dans le village, il
n'y a qu'une tribu qui a comme frontière le
cours d'eau voisin, la tribu est donc une iden-
tité territoriale et sociale. Ces villages forti-
fiés, nous l'avons dit, sont comme des pe-
tites acropoles analogues aux petites cités
grecques entrées dans l'histoire. - Leur popu-
lation vit toujours dans le village construit
par elle, d'où une notion trfcs accentuée de
la propriété.
I.es maisons, avec leurs tuiles romaines,
ressemblent étrangement à des temples grrc.
sans colonnes ; leurs dimensions : hauteur cr
largeur, sont comme celles du temple grec
dans le rapport de 1 à 4. Ce qui prouve que
leur soxiche est indo-européenne, méditerra-
néenne ou égéenne. La maison est le centre
de la famille kabyle, revêtue d'un caractère
sacré. Ils sont plus de$00.000, soit une den-
sité de 200 au kilomètre carré.
Les industries kabyles leur permettent de
se suffire à eux-mêmes. Pour la construction
de leur maison, femmes, enfant-, vieillards
tous y concourent, (.,Clt la maison do la fa-
mille, symbole de l'énergie, du travail, de
la volonté d'autonomie.
l es poteries que font les seules f,'mm("
sont d'une forme archaïque, rappelant la
préhistoire ou la période prépharaonique.
Avec des vieux métiers verticaux situes au
fond des maisons, les femmes ti,,('nt les vê-
tements.
La bijouterie est en argent avec émaux
cloisonnés.
Leur vie agricole et leur vie industrielle
énergique intense, s'encadrent dans des ins-
titutions juridiques )c- plus curieuses et les
plus frappantes.
l.e peuple kabyle possfcde des coutume* ré-
digées en lois écrites désignées sous le nom
grec Kanoun; elles traduisent l'intensité de
la vie domestique Pt dl' la vie locale.
La famille, au sens large du mot est l'unité
sociale, caractéristique du peuple kabyle, où
l'autorité paternelle est très forte.
l.a femme est, comme dans la famille ro-
maine en tutelle, exclue de l'héritage en
vertu d'une délibération des tribus de 1 i",,
immortalisée par une pierre sacrée dite i, -a-
lique ».
Par-dessus la vie domestique, il y a la vie
sociale. Le village est surtout l'unité poli-
tique. et il est administré par la Djemaa, as-
semblée des notables suivant la législation
des Kanoun. C'est un « Sénat en haillons x
qui a pleins pouvoirs, une autonomie entière
Dans la salle de la Djemaa, les notables
a
5 Ili >
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR fi LIS ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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Ob • abonn* dam (mm les Borttn de poéte et cIau let principaux libraire*
CAOUTCHOUC
gio
Le conflit angle américain du caoutchouc a
fait couler des torrents d'encre, en Amérique,
en Angleterre et ailleurs. M. Hoover, minis-
tre des Etats-Unis, ayant évalué à us de
J jO millions de livres sterling le préjudice
causé à l'Amérique par l'application du plan
Stevenson, qui a limité la liberté des expor-
tations, s'est attiré, de la part des Anglais,
une foule de protestations, même de la part
,It.s adversaires du protectiunnisme.
Car le plan Stevenson est du protection-
nisme, ou je ne m'y connais pas. Mais, comme
l'écrivait le rédacteur du limes, c'est la
vieille histoire de la paille et de la poutre.
La poutre, c'est l'Amérique qui l'a dans
l'oeil. Il y a des millions d'Anglais qui con-
somment du blé américain, il y en a des mil-
liers qui vivent du coton produit en Amérique:
les Etats-Unis ne fixent-ils pas, en toute in-
dépendance, le prix de ces matières premières
indispensables, le blé et le coton ?
Le développement de l'industrie automo-
bile devait accrottre, dans des I)roportions
considérables, les demandes de caoutchouc.
Dans les plantations des Indes orientales
néerlandaises, de Ccylan, de Malaisie, les
capitaux britanniques se sont employés jus-
qu'à too millions de livres sterling et plus;
les Etats-Unis absorbent les trois quarts du
caoutchouc produit dans le monde ; pourquoi,
interrogent les Anglais, n'a-t-on pas vu les
capitaux américains investis dans les planta-
tions de c:aouthchouc? C'est ce qu'ont fait
les industriels du Lancashire lorsqu'ils ont
pris des parts dans les exploitations coton-
nières puisqu'ils avaient les plus grands be-
soins en coton brut. Mais, parce que le ci-
toyen des Etats-Unis préférait jusqu'à ces
derniers temps ne pas expatrier ses capitaux,
la production du caoutchouc est devenue une
industrie britannique et néerlandaise, pres-
que exclusivement. De là, la surproduction à
laquelle il fallait s'attendre. En igiol, le
caoutchouc valait 30 francs-or, le kilo; en
1919, il ne valait plus que 3 fr. 50 papier.
C'était une baisse de 95 Les uns accusent
les Américains d'avoir provoqué cette baisse
en constituant des stocks formidables; les au-
tres leur reprochent d'avoir refusé d'en ache-
ter à ce moment, sans doute avec l'espoir
qu'on leur offrirait du caoutchouc gratis. Tou-
jours est-il, que les exploitations des Indes
Orientales, alimentées par les capitaux bri-
tanniques, étaient à la - veille de la faillite;
les plantations de médiocre importance ont
succombé; les autres ont résisté en serrant les
dépenses et en arrêtant l'extension des
cultures.
Aujourd'hui, le caoutchouc vaut 55 francs
papier le kilo. Cela est dû précisément au
plan Stevenson. Est-ce excessif ? Non, répon-
dent certains, et, puisque les 50 kilos de co-
ton sont passés de 30 francs-or en 1913 à 600
francs-papier, le caoutchouc devrait passer
lui aussi de 30 francs-or, prix de 1910, à
600 francs-papier, prix de 1925.
Peut-on dire que l'Angletere exploite
l'Amérique? Le Daily Ilerald demandait que
l'on posât autrement la question et qu'on
voulût bien reconnaître que certains groupes
de capitalistes, de nationalité douteuse, c'est-
à-dire internationaux, exploitaient tout le
monde, et plus particulièrement « ces travail-
leurs mal payés et durement traités, qui, par
leur labeur, produisent la richesse que se
disputent les seigneurs capitalistes de la
terre s. Ceci est un autre son de cloche ; on
l'entendra de nouveau, soyons-en persuadés,
quand se poseront devant la grande confé-
rence économique internationale, sans cesse
annoncée et toujours différée, les problèmes
vitaux de la production et de la répartition
des matières premières indispensables. Ainsi
que cette polémique l'a montré aux Améri-
cains, les Etats-Unis eux-mêmes ne peuvent
pas suffire entièrement, par leurs propres
moyens, à leurs besoins économiques. » Je
répète, pour la centième fois, que c'est une
absurdité de s'imaginer le contraire, quel que
soit le pays auquel on songe. « Toutes les na-
tions sont interdépendantes, et les grands
problèmes économiques mondiaux ne pour-
ront être résolus que par les méthodes inter-
nationales. » Nous aurons fait un grand pro-
grès quand cette vérité sera devenue une vé-
rité de La Palisse.
Mais, en attendant, il faut penser aux né-
cessités immédiates, et, tant que les égoïsmes
nationaux se heurtent et s'opposent, nous
sommes bien forcés de parer au plus urgent.
Nous aussi, Français, nous avons besoin de
caoutchouc; sur les 550.000 tonnes de la pro-
duction du monde entier, si les Etats-Unis
absorbent les 3/4, nous consommons modes-
tement le 11 12*. soit 45.000 tonnes. Nos co-
lonies nous envoient 12.000 tonnes. Il reste
à trouver 33.000 tonnes, que nous achetons
à la Malaisie et aux Indes Néerlandaises.
Or, je lis dans une interview de M. Ernest
Outrey, publiée par la Revue Économique
t/'l£xtri"'t',O,it"t, que ni la Malaisie, ni les
Indes Néerlandaises ne sont aussi propices
à la cnlture du caoutchouc que notre Indo.
chine - qui parait être l'habitat idéal de
l'hévéa ». Si récentes que soient nos planta-
tions de Cochinchinc, elles font l'admiration
de ceux qui les visitent. Alors, aUons-y 1 Il y
a de beaux jours pour faire fortune. On a
prévu qu'en 1929 la consommation de caout-
chouc dépasserait de 62.000 tonnes la pro-
duction, que le déficit serait, en 1930, de
131.000 tonnes; de 199.000 en 1931 ; de
268.000 en 1932. A ce moment, des planta-
tions nouvelles permettront de combler le
déficit, ou, du moins, de le réduiTc, à moins
que l'industrie automobile atteigne un déve-
loppement inimaginable, mais non invraisem-
blable. Donc, pendant que les Américains et
les Anglais se battent autour du plan Ste-
venson, et tout en souhaitant qu'ils s'ac-
cordent plutôt que de se gourmer, tâchons de
soigner nos propres affaires, et travaillons à
produire non pas seulement 45.000 tonnes de
caoutchouc, sous prétexte de nous suffire à
nous-mêmes, mais assez de tonnes pour pou-
voir, au besoin, en céder aux voisins contre
des livres sterling ou des dollars sonnants
et trébuchants.
Mario Rouit an,
Sénateur de l'Hérault, vics-pritidanl
de te Commission sénatoriale qg Co.
Secrétaire général titi Groupe
wtMcott
l.lIdeI
rant pour entreprendre une tournée dans le
Sud tunisien. Après un court arrêt à Mahres
où il a reçu un accueil empressé de la popu-
lation, M. Lucien Saint a parcouru dans
l'après-midi la partie méridionale peu fré-
quentée jusqu'ici de l'important territoire des
Habous de Sidi Hehdeb, qui s'étend sar en-
viron 700.000 hectares.
Le Résident a atteint dans la soirée Bordj-
Bou Hedjma, au pied du massif montagneux
qui constitue la première étape de son voyage
d'étude.
Le chemin suivi par M. Lucien Saint a été
pour la première fois parcouru par des auto-
mobiles a travers tout le massif montagneux
situé aux confins des territoires civils et mi-
litaires.
Sous la conduite de M, Bertholle, contre
leur civil chef de la 5* région, le Résident a
parcouru l'antique forêt de Gemmiers qui
couvre ce pays et qui est actuellement en voie
de disparition.
Au cours du trajet, M. Lucien Saint a noté
les possibilités d'utilisation des eaux de
source du massif de Bou Hedjma et d'exploi-
tation des steppes d'alfa.
A la pointe du jour, le Résident Général a
quitté Bordj Bou Hedjma pour se rendre à
Kcbili par Bordj Bir Saad et Comati. Cette
randonnée a été difficile, par suite de nom-
breux accidents de terrain. Elle a permis au
Résident Général de se rendre compte des
conditions d'existence des tribus nomades et
des groupements sédentaires de la région de
Gafsa.
Après une courte visite au village d'El
Guettar et à ses palmeraies, M. Lucien Saint
et sa suite ont traversé, sous une violente
tempête de sable, la plaine du Dusig et les
montagnes de Haye. Le Résident et sa suite
ont atteint Kebih à 18 heures. Ils ont été
reçus par le lieutenant Devaux, chef du cer-
cle.
Jeudi, la caravane résidentielle a quitté
KcbiH pour se rendre à El Hamma de Gabès
en traversant les Chott el Djerid.
-001
A l'Association des Adniaislralears
L'Assemblée générale de l'Association Pro-
fessionnelle des Administrateurs des Colonies
s'est réunie le 31 janvier dernier. Après avoir
procédé à l'examen de diverses questions à
l'ordre du jour, elle a procédé à l'élection des
membres du Comité directew de l' Associa-
tion, qui se trouve ainsi composé :
MM. Drouin 91 voix
Juvanon 91 »
Voilant 91 »
Pètre 84 »
Larsonneur 83 »
Decharte 81 »
Gluck, 71 »
p, Aubert.,.. 70 »
Lefevre 63 »
Paris. 28 »
M. Juvanon, administrateur en chef, chef
adjoint du Cabinet du Ministre, ayant décliné
la présidence de l' Association, le bureau du
Comité a été ainsi formé:
MM. Dechartre, président ; Pètre, vice-
président ; Larsonneur, Secrétaire; Paris, Tré-
sorier.
–-–
L'aviation coloniale
Bruxelles-Congo
En souvenir du raid Bruxelles-Congo
belge, une plaque commémorative a été ap-
posée, hier, à l'aérodrome d'Evere, d'où
s'envola le 12 février 1925, l'aviateur Thicr.
fry.
L'inspection de M. Carde
Rentrant de son voyage d'inspection en
A. O. F., M. le Gouverneur Général Carde
est arrivé à Dakar, à bord du Félix-Fraissi-
net, venant de Conakry.
A L'OFFICIEL
Trésorerie
M. Robert (Jocelyn), gouverneur des Co-
lonies, est nommé trésorier payeur de la
Nouvollc-Calédonie, en remplacement de M.
I.abrouche de Laborderie, admis À faire
valoir ses droits à la retraite.
LE BLOC AFRICAIN
--0.0--
A 'JC groupe Colonial de la Cham.
NML bre vient de mettre à V ordre du
jour de ses travaux Vétude des
projets dit Transsaliarien devant assurer la
liaison de notre Afrique du Nord et de notre
Afrique Ouitlelltale. Le problème vaut, en
effet, d'être abordé sans retard. La guerre
a révélé le magnifique réservoir d'hommes
et de matières premières que l'A. O. F.
constitue four la Métropole ; niaist elle a
aussi démontré combien les communications
maritimes peuvent être vulnérables : il faut
diminuer dans toute la mesure possible les
risques auxquels sont exposés les transports,
et le Transsaharien, considéré sous cet as-
pect, apparaît comme un outil de sécurité,
intéressant directement la défense nationale.
AI ais sou exécution reste conditionnée par
des questions iVordre économique qui ne
semblent Pas résolues. De quel trafic utile
pourra disposer un chemin ae fer partant du
Sud Algérien pour atteindre, à travers tim-
mense étendue désertique du Sahara, le Ni-
ger à Tosûye et, de là, se raccorder au ré-
seau ferroviaire de 1 A. O. F. ? Le groupe
Colonial désire avoir à cet égard des préci-
sions complètes appuyées sur des documents
- probants.
En même temps que se pose le problème
de la liaison Algérie-Soudan, Vattention ail
monde colonial est attirée, grâce à l'initia-
tive récemment prise par le Résident géné-
ral de France en Tunisie, M. Lucien
Saint, et brillamment réalisée par le Lieute-
nant-Colonel Courtot, sur IcI jonction Tlmi-
sie-Tchad,
La route du golfe des Svrtes au Ctntre.
Afrique, et que jalonnent Vieneicit. Bir Pis-
for, Fort-Saint (pour la Tunisie), Fort-Poli-
gnac, Djanet (en territoire algérien), Djado,
Bilma, Agadem, N'gllim; (pour VA. O. F.)
est la route traditionnelle des caravanes, la
plus comte aussi du Centre Afrique vers la
Méditerranée ci la seule qui offre un dt-
bouché maritime aux produits d'échange de
notre colonie du Tchad. Faire reirbre l'acti-
vité de cette ancienne artère commerciale est
tme entreprise méritoire.
TOllt ce qui sera tenté en tous cas, pour
donner sa cohésion et son unité à notre
Empire africain, doit être suivi avec sympa-
thie et encouragé par Vopinion coloniale.
Auguête Brunet
Député de la HIUfttoR.
1)1 waveio rilâ TrilSSllllda
a-
Le lieutenant Estienne qui, avec son frère
René Estienne, fit partie de la mission Gra-
dis. qui traversa lo Sahara du siord au
sud, à la fin de 1924, a entrepria une nou-
velle exploration.
Parti d'Alger en compagnie de son frère,
il vient' d'arriver à Bourem (Haut-Niger),
d'où iJ a adressé la dépêche suivante, aux
usines Renault :
Bourem, via Dalwr, 8 léurier,
Bien arrivés Bourem, 7 février, marche
excessivement remarquable matériel, tra-
versée Sahara effectuée avec voiture d,a,.-
fiée à 7 lotlm's et entièrement déjumelée.
Entre Heqqan et Adrar ils Iforas, passons
80 lem, ouest Ouailen, traversant région. dé-
sertique dans sa plus grande largeur. Nouvel
itinéraire direct comporte 800 lan, sans eau
mais emprunte des terrains de rea ininter-
rompus et permettra de réduire notamment
durée traversée Sahara. Tessalit complète.
ment abandonné et notre stock essence,
sauf deux bidons, disparu. Difficultés d'iti-
néraires entre Tessalit et fleuve. Piste an-
noncée inexistante, anciennes traces et ja-
lonnement disparus suite dernier hivernage.
Signé : EsTIENNE.
Les conditions de confort dans lesquelles
les frères Estienne ont accompli le raid,
sont tout ù fait remarquables. Leur « six
roues » comportent liuii confortables Pull-
man, disposés côte à côte, avec un passage
central, Ces fauteuils (peuvent se rentier
et être remplacés, pour la nuit, (par des
couchettes individuelles disposées sur deux
étages. A l'arrière sont deux comparti-
ments contigus, aménagés l'un en cabinet
de toilette et l'outre en w.-c. avec chasse
d'eau. Des réservoirs importants contien-
nent l'eau pour la consommation et la toi-
lette.
L'armement de la voiture n'a pas été
négligé ; une mitrailleuse est, en effet, dé-
guisée sous la toiture et peut être servie
par île conducteur ou son mécanicien sans
qu'ils aient à changer dû place, grâce il un
trou d'homme percé dans le dais.
«i»
L'Afrique d'Ouest en Est
Un ex-député libéral britannique (FOx.
ford, M. Frank Gray, qui, il y a quelques
tlIulées, défia un de ses collègues du Parle-
ment pour un match pédestre sensationnel,
s'embarqucra pour Imagos (Nigéria), dans
le courant du mois. Dès son arrivée dans
cette ville, il entreprendra la traversée de
l'Afrique de l'ouest à l'est en automobile,
Ce voyage a été décidé à la suite d'un
défi, lancé, cette fois, par i'ex-député, aux
grandes maisons de construot.ions britan-
niques, qui, déclare-t il, ignorent totalement
niques, qualités que doit posséder une voiture
les
pour traverser les régions tropicales.
Rappelons que toutes les études d'itiné-
raires traversant l'Afrique d'ouest en est
ou d'est, en ouest, sont particulièrement
intéressantes en ce sens qu cUes se rappro-
chent plus ou moins du grand mouvement
de migrations africaines que signalait ja-
dis le colonel Tilho, explorateur du Tchad,
et du Haut-Nil
PROPOS D UR JUIIMIUTE
LI dialulrI JiilAViriiH
-0
Il y a eu un beau tapage dans le Landemeau
colonial quand un Annamite déclara qu'en cas
d'invasion étrangère, les indigènes en Indo-
chine croiseraient les bras si VAdministration
locale ne renonçait pas à sa politique néfaste
d'oppresson et d'obscurantisme. On cria au
séparatisme, à la trahison.
M. A. Varenne, inopinément, vient confir-
mer les révélations de l'A nnamite imprudent
qui osa dire la Oérité : le haut représentant de
la France en Indochine profita de l'ouverture
du Conseil Supérieur pour proclamer haute-
ment, courageusement, les résultats de ses in-
vestigations sur place. D'abord, le Gouverneur
Général reconnaît la légitimité des revendica-
tions annamites sur la plupart des points du
programme minimum constitutiormaliste qui se
trouve être aussi celui de tous les Annamites.
Le chef de la colonie, les examinant un à un :
participation à l'administration de leur pays-,
développement « dans les sens horizontal et
vertical f » de Venseignement à tous les degrés,
extension de la représentation indigène. liberté
de penser et d'écrire, réforme de la justice.
etc., etc. non seulement ne trouve pas ces desi-
derata exagérés, mais encore promet J'y donner
satisfaction. L'engagement est formel, et con-
trairement aux habitudes. il n'est pas enseveli
sous des monceaux de fleurs de réthorique ;
c'est l'expression nette d'une volonté ferme.
En soulignant cette attitude conciliante de
M. A. Varenne.' si je ne peux affirmer que les
Annamites sont transportés d'une joie émou-
vante, je pense qu'il est indéniable qu'un sen-
sible apaisement des esprits s'en est suivi en
Indochine. On y est saturé de belles promesses
prodiguées à hautes doses, mais on 1eut bien
encoie faire un large crédit au nouvmau Gou-
verneur. en attendant que le geste suive de près
la parole. Now le faisons J'autant plus Vo-
lontiers que, synthétisant sa pensée intime, M.
A. Varenne semble résumer les directives nou-
velles de la politique généreuse de la France
en des termes exempts J'ambiguïté qui de-
vraient rassurer notre conscience inquiète, Re-
gardant l'avenir à travers les stades nécessaires
d'une évolution dont la durée restera fonction
des efforts communs français et anntJmites, M.
Varenne n'a pas hésité, en effet, à envisager
le terme logique de la mission éducatrice de
la France - en Indochine : - « Sa - mission - - achevée,
on peut penser qu'elle (la France) ne laissera
en Indochine que le souvenir de son œUl're,
qu'elle ne réclamera plus aucun rôle dans la
vie de la téninsulc, ni pour diriger ni même
pour conseiller, et que les peuples qui auront
profité de sa tutelle n'auront plus avec elle
cf autres liens que de gratitude et d'affection. >»
Nous Annamites, nous ne pouvons que sous-
crire de tout cœur à ces paroles si hautement
françaises en souhaitant que les collaborateurs
du Gouverneur Général A. - Varenne soient
- - - --
aussi convaincus que leur chef que l ère est ré-
volue de la vieille politique de compression et
d'exploitation. Dans la poursuite de cet idéal
d'émancipation annamite, le représentant de la
France trouvera auprès de tous mes compa-
triotes le plus fervent concours. Puissions-nous
n'être pas déçus, une fois de plus, car la dé-
ception serait terrible 1
D'aucuns prétendent que M. Varenne pré-
conise l'évacuation de l' Indochine et essaient
de considérer sa déclaration comme un encou-
ragement aux ennemis de la tutelle française.
Nous ne le croyons pas. Le terme logique de la
protection française étant l'émancipation anna-
mite, n'est-il pas sage de préparer cette échéan-
ce, si lointaine qu'elle puisse être ? La sépara-
tion, longuement préparée, serait douce, ami-
cale, laissant de part et d'autre le souvenir
d'une vie commune qui tat profitable aux Fran-
çaip et aux Annamites, des services récipm-
ques et désintéressés propres à entretenir une
amitié sincère entre nos deux peuples.
Tan Xacm.
Une tournée de propagande
M. Bui-quang Chieu, chef du parti cons-
titutionnaliste annamite, rejoindra l'Indo-
chine par le dernier courrier de ce mois.
Avant son départ, sur la demande des grou-
pements annamites des villes ci-dessous ci-
tées et avec le concours des municipalités, il
fera quatre conférences exposant le pro-
gramme des revendications annamites, la
première jeudi prochain à Bordeaux, la se-
conde samedi 20 à Toulouse, la troisième le
lundi 22 à Montpellier, et la quatrième le
mercredi 24 à Marseille.
Le jour de Tan annamite
A Voccasion des fêtes et du jour de Van
annamite, les journallx, les maisons de coni-
meree et les banques seront fermés samedi)
dimanche et lundi prochains.
(Par dpêchc.)
TAUX DE LA PIASTRE
A la date du 12 février, le taux de la piastre
Atait à Saigon sur Paris T.T., de 15 45 ; sur Pa-
ris Vue de 15 40.
Voici également Jes cours pratiqués pour les
achats à terme de la piastre à Saïgon sur Pa-
ris :
A jours, 15 90 : 30 jours, 15 99 ; 60 jour?
à,,08 ; 90 jours, 16,18.
Dépêches d'Indochine
-O-
Une mission yunnanaise à Hanoi
Conformément à une tradition de courtoi-
sie déjà ancienne, nue mission envoyée spé-
cialement de Yu-Nan-Fou, et ayant à sa tête
le général Tang-Ki-Yu. est arrivée vendredi
soir à Hanoi pour apporter au nouveau GOtt-
verneur Général de VIndochine le salut du
Gouvernement Yunnanais. Avec le général
Tang-Ki-Yu, commandant de corps d'armée,
se trouvent : MM. Sio-Chetchen. commissaire
aux Affaires étrangères et aux Finances, le
général Lieu-Tatang, directeur de l'aviation,
ancien élève de notre Ecole Polytechnique,
le général Lie ou Honguyen, directeur de la
police railway, le général Lou-King-Sie, tOlt-
pcllt dit KodéoUj commissaire général de la
police frontière, IVane Tocanki, conseiller
dit Gouvernement, le colonel Pao-Youping.
Un dîner fut donné le 8 février au GOIt-
vernement Général en l'honneur de la mis-
sion, qui après avoir rendu visite aux auto-
rités françaises d'I/anoi, est repartie le 9 au
matin par le train régulier dit Yttnnan.
Ouverture d'une ligne aérienne
La ligne aérienne Kratie-Savannakhet,
dont le serz'ice est assuré par les hydravions
de Vaérotuiutique iyIndochine, est ouverte au
public. Le 9 a été effectué le premier voyage
régulier. L'avion, parti à 6 h. 45 de Kratie,
arriva à Savannakhet à 12 h. 40 après escale
à Stungtreng et Pake, effectuant le trajet
conformément à l'horaire prévu, avec un pas-
sager.
Cette première ligne aérienne constitue un
tronçon de la future ligne Hanoi-Saigon, ac-
tuellement à Vétude.
Salut au Gouverneur Général
Sa Majesté Sisavang-Vong, roi du Luan-
Prabaug. est arrivé le 9 février el lIanoi par
train régulier, avec le Résident Supérieur
Hosc et plusieurs hauts mandarins, pour sa-
luer le Gouverneur Général.
Il fui salué à la gare par les re présentants
dit Gouvernement Général. Le 10 au matin,
il lit une vifite officielle à M. Varenne. Le
Résident Supérieur Bosc exposa combien lui
est précieuse la loyale collaboration du Sou-
verain en qui la France possède, aux ex-
trêmes confins de l'Indochine, un ami fidèle
et silr. Le Roi évoqua Auguste Pavie qui, le
premier, fit. ait consentement unanime de la
population. flotter le drapeau français sur sa
capitale. Il remercia chaleureusement la
France des progrès économiques et sociaux
tiltS ait Protectorat.
Le Gouverneur Général exprima la sympa-
thie qu'il avait éprouvée pour les populations
laotiennes, ait cours de son récent voyage sur
les bords du Mékong. Il affirma que la
France continuerait à exercer son protecto-
rat avec la même affectueuse sollicitude que
le père dit Roi actuel et son peuple avaient
s pontanément trouvée.
Dans l'après-midi, le Gouverneur Général
rendit visite au roi dans la villa mise à sa
disposition durant son séjour à Hanoi.
.,.
L'EXOTISME AU THEATRE
0
M. Lu^nt'-Poo créent ù l'Œuvre, nu cours de
la saison, une pit>ce de MM. Stôve Passeur et
Charles T, 'Ul'lH\t: : la jeune Fille, (le la popote,
ilijnt l'action se passe à llnïphong.
Danseuse à bon marché
--(H).-
En Extrême-Orient, une grande première
danseuse du roi du Cambodge reçoit 12 pias-
tres par mois d'appointements, c' est-à-dire en-
viron 120 francs ! Et elle demeure cloîtrée !
Quel admirable pays où les jolies danseuses ne
coûtent que 1.240 francs l' an à entretenir, et
où, pour ce prix-là on peut être assuré de leur
fidélité ! à condition toutefois que les serviteurs
du cloître soient ou des eunuques ou des con-
gaïes.
Le cours du riz
A SAIGON
(Les 1.000 kilos en piastres) :
lliz n° 1, 2;') -,:(. hri8Ul'es .:..,.", 102 20
Riz 11° 2, 40 H brisures 98 70
Riz no 2, 50 brisures 94 20
Brisures n° 1 et 2. SG r>0
Brisures n° et t. 72 Il
Farines 3220
Paddy Vinh-Long 55 ôO
Paddv Go-Cong ,,",.," 57 r>0
Paddy Haixan 56 50
Paddy Bac-Lieu"",.,.,. 57 1)
Onràh (les 10<) kilos) 17 »
(Agence mdiotélégraphique de l'Indochine
et du Pacifique),
moeoi
ftMiowrniit BlttUn m Me
(in vient d'arrêter un pseudo capitaine d'infan-
terie coloniale nommé André Lncroix, qui re-
"èlu d'un uniforme très décoré, voire de la
Légion d'honneur avait embrigadé un tas de
vieux pompons, avides eneore et quand même
d'honneurs et de salamuleks, pour organiser
une mission devant traverser 1 Asie en auto-
mobile. Rien que d'après la photographie de
cet aigrelln, on se rend compte que ce capi-
taine de marsouin avait l'air un pou jeune
pour tant de savoir, Il était tout de même plu"
malin que l'eux qui coupaient dans son histoire.
Aux dprnu'
forme et de décorations, a été* mis en liberté pro.
visoire.
AU SIAM
Ia« ministre et Mme Wilden sont arrivés
mardi matin ¡'t Bangkok et ont été reçus
par de nombreux membres do la colonie
française.
Les Kabyles chez eux
--o.
Par ce fait que les Kabyles ont un droit
spécial, M. René Alaunier, professeur de
législation coloniale à la Faculté de droit de
Paris, était, comme il le dit lui-même, qua-
lifié pour nous parler des Kabyles du Djind-
jiéra,
Par son antiquité même, lo peuple kabyle
a gagné la curiosité publique; il est vrai-
semblablement d'origine préhistorique, car
les Lybiens du vieil Hérodote avaient des
institutions semblables à ells de Kabyles
d'aujourd'hui. Malgré leur contact avec des
civilisations successive"-, ils ont gardé leur
personnalité et leur autonomie motale. Des
Egyptiens, ils ont certaines industrie- telles
que la poterie faite par les femmes. Ce sont
là des vestiges d'une civilisation d'origine
nilotique. Les Phénicien.-, puii les Arabes ne
leur apportèrent que de* parcelle" de leurs
civilisations qui furent les bases de leur ci-
vilisation matérielle tomme de leur civilisa-
tion juridique.
Jusqu'à l'arrivée des Français, les Kabyles
ne furent ni conquis, ni
de leurs traditions. Ils ont leur civilisation
et leur droit kabyle.
On se demande cependant si les Kabyles
qui, jusqu'à présent, étaient nos -ujets, ne
sont pas en train de nous coloniser, Car ils
sont près de 100.000 en France exerçant les
métiers les plus divers ouvriers agricoles
selon leurs habitudes invétérées de -edentai-
res culti\'atcur". travailleurs d'u"inf', ou-
vriers d'industries les plus diverses, voilà ce
que sont devenus les succcsspurs des colpor-
teurs de pacotille d'avant-guerre qui furent
les initiateurs de l'émigration kabyle.
Ils forment à Paris de véritables colonies,
des cités kabyles : place Maubert, quartier
de la Chapelle. Au boulevard de la (lare,
dans la Cité Doré, nous voyons le bar Ha-
mida avec son phonographe jouant les ait s
arabes : expression nostalgique de leur pe-
tite patrie montagnarde: et. en face, la
grande raffinerie aux mur-, jaunes, n'emploie
pour ainsi dire que des Kabyles. Nous
voyons une sorte de colonisation kabyle al-
lant de pair avec l'assimilation des indi-
gnes aux Européens. A leur ictour .1 Fort-
National (l'ancien fort Napoléon], ils de-
manderont avec le plus pur accent parisien :
un petit blanc, ou un byrrh sec 1
En France, leurs colonies ne sont que'
temporaires, car après avoir envoyé chez eux
de nombreux mandats-poste (fruits de leur
travail), ils regagnent leur village natal, aux
maisons de pierres couvertes en tuiles rouges
où les attendent leurs femmes et leurs en-
fants.
Après avoir atteint Fort-National en douze
heures d'autobus depuis Alger, ils se diri-
gent à dos de mulet vers leur village fortitil,
L'aspect du pays explique en grande partie
le caractère et les mœurs du peuple kabyle.
Peuple tenant profondément à la terre, rus-
tique depuis toujours, cultivateur et séden-
taire. Ce pays rit lie se prête à la culture in-
tensive à laquelle se livre le Kabyle dans les
plaines et sur les pentes des mamelons ar-
rondis qui Vêtaient en perspective fuyante
vers l'horizon. Au sommet de ces mamelons,
se trouvent accrochés, isolés, les petits vil-
lages kabyles.
Le climat est rude, brutal, excessif très
chaud l'été, pluvieux, froid, neigeux l'hiver.
En plein mois d'anil, le marché de Michc-
let était couvert dL' neige. Il n'existe au point
climatérique pas d'opposition plus accentuée
qu'en Kabylie. Ces deux saisons nette-men'
tranchées imposent aux Kabyles deux genres
de vie et on peut constater la cadence et le
rythme de leur vie collective.
Sur chaque mamelon, dans le village, il
n'y a qu'une tribu qui a comme frontière le
cours d'eau voisin, la tribu est donc une iden-
tité territoriale et sociale. Ces villages forti-
fiés, nous l'avons dit, sont comme des pe-
tites acropoles analogues aux petites cités
grecques entrées dans l'histoire. - Leur popu-
lation vit toujours dans le village construit
par elle, d'où une notion trfcs accentuée de
la propriété.
I.es maisons, avec leurs tuiles romaines,
ressemblent étrangement à des temples grrc.
sans colonnes ; leurs dimensions : hauteur cr
largeur, sont comme celles du temple grec
dans le rapport de 1 à 4. Ce qui prouve que
leur soxiche est indo-européenne, méditerra-
néenne ou égéenne. La maison est le centre
de la famille kabyle, revêtue d'un caractère
sacré. Ils sont plus de$00.000, soit une den-
sité de 200 au kilomètre carré.
Les industries kabyles leur permettent de
se suffire à eux-mêmes. Pour la construction
de leur maison, femmes, enfant-, vieillards
tous y concourent, (.,Clt la maison do la fa-
mille, symbole de l'énergie, du travail, de
la volonté d'autonomie.
l es poteries que font les seules f,'mm("
sont d'une forme archaïque, rappelant la
préhistoire ou la période prépharaonique.
Avec des vieux métiers verticaux situes au
fond des maisons, les femmes ti,,('nt les vê-
tements.
La bijouterie est en argent avec émaux
cloisonnés.
Leur vie agricole et leur vie industrielle
énergique intense, s'encadrent dans des ins-
titutions juridiques )c- plus curieuses et les
plus frappantes.
l.e peuple kabyle possfcde des coutume* ré-
digées en lois écrites désignées sous le nom
grec Kanoun; elles traduisent l'intensité de
la vie domestique Pt dl' la vie locale.
La famille, au sens large du mot est l'unité
sociale, caractéristique du peuple kabyle, où
l'autorité paternelle est très forte.
l.a femme est, comme dans la famille ro-
maine en tutelle, exclue de l'héritage en
vertu d'une délibération des tribus de 1 i",,
immortalisée par une pierre sacrée dite i, -a-
lique ».
Par-dessus la vie domestique, il y a la vie
sociale. Le village est surtout l'unité poli-
tique. et il est administré par la Djemaa, as-
semblée des notables suivant la législation
des Kanoun. C'est un « Sénat en haillons x
qui a pleins pouvoirs, une autonomie entière
Dans la salle de la Djemaa, les notables
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