Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-12-11
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 décembre 1925 11 décembre 1925
Description : 1925/12/11 (A26,N186). 1925/12/11 (A26,N186).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63970366
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. N* 186
US NUMERO : 80 CENTIMES
VENDREDI SOIR 11 DECEMBRE 1M
e 17 di
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
tu ARTICLES PUBLIÉS FAR "W ANNALES COLONIALES" SON1 LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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Lm Annonces *tRédêmet*mt reçue* am
Dirbcteurs t Marcel RÙEDEL et L.-G. THEBAUL T
RédtctiM et Ad.ila."aLieo : 34, Rue du Mont-Thabor, PARI8-1* TétéptoM : MWIB H-W
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DU G AP AU CAIRE
LI' ":, :"; j. "a
Seul de tous les grands continents, le
continent afrioain n'est pas traversé par
une voie ferrée. L'Amérique, lAsie ont
leurs chemins de 1er transcontinentaux.
En Afrique on n'en est plus à la période
des projets, mais on n'a pas encore réa-
lisé la jonction des rives opposées.
Les raisons de ce retard sont nom-
breuses et fort connues. C'esb la confi-
guration du continent vaste plateau
dont le rebord parfois se dresse en mon-
tagne qui a pendant longtemps re-
tenu sur la côte l'Européen ; c'est le cli-
mat, la végétation, créant à l'explora-
tion des obstacles presque insurmonta-
bles. De sorte que cette partie du monde
a été explorée fort tard et que ce n'est
qu'à une date récente que l'on a connu
les dispositions de son relief et les res-
sources de son sol.
Aussitôt qu'ils furent établis sur le
littoral, soit en Algérie ,en'Tunisie, soit
en Afrique oooidentile, soit dans la ré-
Sion du Cap, les Européens eurent l'jdée
de construire des voies ferrées qui re-
lieraient k la côte certains points de l'in-
térieur. C'est, ce que firent les Anglais
dans l'Afrique Australe et sur différents
autres points, les Français en Algérie et
dans l'Afrique occidentale ; les Alle-
mands, les Belges en d'autres endroits.
Mais pendant de longues années leur
horizon fut assez limité et ce n'est que
fort tard que l'on entrevit la possibilité
d'établir d'un littoral à l'autre, un che-
min fin rAr.
---.-. -- - --
Le premier, Cecil Rhodes eut l'idée
grandiose de joindre le Cap do Bonne
Espérance au Littoral méditerranéen ;
de faire une voie ferrée du Cap au Caire.
Ce projet reçu un accueil qui varia
aveo les milieux : Les impérialistes an-
glais le célébrèrent immédiatement com-
mé un trait de génie et trouvèrent là: une
nouvelle raison d'admirer leur grand
homme. En revanohe sur le continent et
même en Angleterre nombreux furent
ceux qui n'y virent qu'une manifesta-
tion charManesque d'un audacieux
brasseur d'allaires.
------ Gecil Rhodes cependant ne tenait pas
son projet pour irréalisable: U s'em-
ployait de la façon la plus active à ré-
soudra les difficultés d'ordre politique et
diplomatique. Il alla à Berlin solliciter
du Gouvernement impérial l'autorisa-
tion d'emprunter pour son chemin 'de
fer le territoire de l'Afrique orientale
allemande. Il mourut avant d'avoir pu
mener à bien les négociations.
En préconisant la voie ferrée du Cap
au daire Cecil Rhodes obéissait moins à
des préoccupations économiques qu'a
bea considérations politiques. Dans sa
pensée cette ligné était par dessus tout
une voie impériale. Son établissement
devait marquer comme la prise de pos-
session du Continent noir par l'Angle-
terre. L'activité de celui que l'on a ap-
pelé le Napoléon du Cap s'est évidem-
ment exercée dans l'Afrique Australe,
mais il ne la limitait pas à cette région
pour si étendue qu'elle fût. Nous avons
eu l'occasion, il y a quelques mois, à
propos de la morf de lord Curzon, d'ex-
poser la politique des grands impéria-
listes anglais de la deuxième partie du
dix-neuvième sièole. Nous n'y revien-
drons donc pas. Nous nous bornerons à
rappeler que Gegil Rhodes envisageait
l'exuension de la domination anglaise de
la Méditerranée au Cap. Il rappelle dans
ses mémoires la réponse qu'il fit à Gor-
don qui quittant l'Afrique Australe pour
alter prenQre. un commandement au
oudan, voulait l'amener avec lui :
« Non, dit-il, je reste ici, mais dans
quelques années nous nous rejoindrons
à Kartoum. » La voie ferrée devait servir
à réaliser ce rêve.
Cecil Rhodes est mort, il y a plus de
vingt ans en 1802 exactement avant
que fût terminée la guerre anglo-boër
dont il avait été le principal artisan et
avant même que son chemin de fer eût
atteint la limite septentrionale des im-
menses territoires qu'il avait annexés à
la colonie du Cap.
Aujourd'hui encore le rail ne court
pas du Caire au Cap. Le climat, la forêt,
le désert, le sol, l'hostilité des namiants
en ont gêné la construction. Le morcel-
- lement politique avant) 1914. la multi-
plicité des décisions administratives
maintenues même après 1918 ont été et
sont-encore des obstacles. Des territoi-
rés àppaëtnant aii même pas s'igno-
1 rcnl. Un Anglais, M. Félix Shay, ra-
conte qu'un voyageur qui quitte l'Egypte
à destination de la colonie du Cap doit
se munir de sept passeports pour fran-
chir les frontières successives du Sou-
dan, du Congo belge, de l'Ouganda, du
Kenya, du Tanganyka, de la Rhodesia
et de runion Sud-Africaine.
La voie du Cap au Caire n'est donc
pas encute terminée. Sur les 7.000 milles
qu'elle doit comprendre,. 2.000 ne sont!
pas construits. Mais comme les diffé-
rents tronçons il y en a six sont
reliés entre eux par des voies naviga-
bles ; lacs, cour3 d'eau ; on peut dire
qu'il existe une voie transafricaine cons-
tituée par le rail et par l'eau.
Un voyageur anglais, M. Félix Shay,
l'a suivie d'un bout à l'autre, en une
quarantaine de jours.
La voie se divise eh trois grands tron-
çons qui correspondent aux trois gran-
des divisions du continent : Afrique
Australe ; Afrique Centrale ; Afrique
du Nord-Est.
La section méridionale est seule ho-
mogène. Sur 2.600 milles, le rail court
du Cap à Bakama sur le Congo.
Après avoir gravi les pent'es par en-
droits fort rudes des Monts Néenwèveld,
elle descend l'immense escalier que sont
les terrasses de l'Afrique Australe, et se
dirige à travers les plateaux du Bechua-
naland vers les régions minières ce
Kimberley et du Transvaal, atteint le
Zambèze qu'elle franchit!, et après avoir
desservi le Katanga aboutit au Congo
supérieur. Les progrès de la voie ont
été déterminés essentiellement par ceux
de l'industrie minière. Les mines atti-
rent la voie qui atteint la frontière bel-
ge en 1909, JJisabethville en 1910 et en-
fin Bukama sur la Loualaba en 1918.
Aujourd'hui, on va en huit jours du
Cap à cette station.
A partir de ce point commence la
section centrale. Celle-ci n'est pas ho-
mogène comme la précédente. Elle est
constituée à la fois par la voie ferrée et
par la voie d'eau. Cette dernière l'em-
porte sur l'autre.
Il n'y a même pas un seul itinéraire.
Deux sont possibles pour aller de Bu-
kama sur le Congo à Redjaf sur le Nil
Blanc.
L'un prend la vallée du Congo ; l'au-
tre la dépression des .Grands Lacs.
Le premier descend le bief navigable
qui s'étend de Buknma. à Kongolo.
puis emprunte la voie ferrée do Kongolo
à Kindou, de nouveau le fleuve de Kin-
dou à Pontliierville et enfin le chemin
de fer des chutes Stanley. De Pon-
thierville point terminus de la; vote fer-
rée, à Redjaf, s'étendent) 800 milles
de brousse ou de forêt tropicale qu'il
-faut parcourir à pied. Cependant les
Belges viennent d'établir une route
pour automobiles, de Stanleyville au
lac Albert et ils espèrent la doubler
sous peu par une voie ferrée, do môme
qu'ils sont décidés à relier par une voie
ferrée Kongolo il Bukama. Lorsque ces
travaux seront exécutés, le Transafri-
cain sera près d'être réalisé.
L'itinéraire des Grans-Lacs est en
apparence plus compliqué, mais le
voyage de M. Shay a montré ciulil était
le plus pratique des deux et celui qu'à
l'heure actuelle on devait choisir. Sans
doute il comporte huit transbordements.
mais il n'a qu'un hiatus de 300 milles
dans la itorousse ou la forêt, tandis que
celui du Congo en a un de 800 milles.
M. Shay, à partir de RuUnn-n n. utilisé
le bief du Congo jusqu'à Kongolo, puis
il a; pris le chemin de fer du Tanganyika
de Kongolo à Albertville ; il a ensuite
traversé le lac et est arrivé à Tabora
sur les hauts plateaux du Tanganyika:
grâce au chemin de fer de l'Est Afri-
cain. De Tabora, à travers la savane et
la steppe, il a gagné le lac Victoria qu'il
a traversé en trois jours' il s'est ensuite
dirigé sur le Nil qu'il a atteint à Minubé
et enfin après avoir parcouru 100 milles
de brousse est arrivé à Redjaf.
A cet endroit commence laj section
septentrionale qui suit la vallée du Nil
dans le Soudan et en Egypte. La voie
ferrée et la voie navigable alternent en-
tre elles. De Redjaf à Khartoum, le
------ -.-.-- Jt - 1 1 - fi - - -- -_!,.! .;.
voyageur uesceua le neuve au milieu
des marécages du Ludd et de la brous-
se soudanaise. A Khartoum, il atteint la
voie ferrée qui en amont de cette ville,
n, emprunté celle du Nil BIeu, qui cou-
pe celle du Nil Blanc pour aboutir à El
Oheid, capitale du Kordofan. De Khar-
toum, on laisse le rail suivre le fleuve,
sauf entre Abou-Hammed et la deuxiè-
me cataracte. Dans cette nartie de son
parcours, il constitue la corde de l'arc
que décrit le Nil.
Il est impossible d'indiquer le moment
où la grande voie ferrée transafricaine
serai terminée. Le sera-t-eUe? Les voya-
geurs. les touristes, si elle se fait, pour-
ront 1 utiliser car elle traverse quelques-
unes des régions les plus curieuses de
l'Afrique et même du monde. Mais il
est peu probable que les minerais l'em-
pruntent. Elle aurai à supporter de ce
point de vue la concurrence des lignes
transversales qui rattacheront l'Océan
Indien ou l'Atlantique aux riches ré-
gions de l'intérieur et dont la construc-
tion est poussée activement. Ouoi qu'il
advienne dans cet ordre d'idées, mê-
me si elle ne parait pas appelée à un
très grand traiflc, elle restera nuand mê-
me la grande voie impériale, répondant
à l'oUjfet de son initiateur, Cecil Rho-
des.
Henry Fontanfar,
Député du comtat, seppoube ip to
CbmmtMftm des Atfatrn IMft.
aères, mmbrg de la Commintan
de. UJIGft",
La question dupelrxde
et les colonies
-0-0--
Voici que s'agite, une fois en-
pli coret le fantôme 'de la guerre en
Orient, et le sujet en est une af-
faire de pétroles. Toutes les considérations
historiques, géographiques, ethniques qu'on
nous prodigue à propos du vilayet de Mos-
soul, ne servent, en effet, qu à voiler les
convoitises vers le naplite précieux. Autre-
fois, des aventuriers faméliques se ruaient
vers l'or des Eldorados. Maintenant, nous
assistons à la ruée, vers le pétrole, des gran-
des nations industrielles, terrifiées par des
perspectives de disette.
La question est, indubitablement, grave.
Le pétrole devient, de jour en jour, un fac-
teur plus indispensable de la vie moderne.
L'industrie automobile, les marines militai-
res et marchandes en réclament des gltanti-
tés sans cesse croissantes. Or, lkombre des
puits qui le produisent est limite, et ces
puits ne sont pas intarissables. Les Etats.
Unis et lellr annexe économique, le Moitique;
fournissent actuellement au monde la plus
grande quantité de son pétrole. Mais déjà,
on calcule que tannée 1933 verra la fin du
pétrole aux Etats-Unis. Ccux-ci, chez qui
l'industrie - automobile a Pris un développe-
ment colossal, devront - donc bientôt se ré-
server entièrement la production mexicaine
et sevrer les Etats européens. Le Problème
mondial du pétrole se pose fresque dans les
mêmes termes que le problème cotonnier.
De même que pour le coton, VAngleterre
s'est depuis longtemps préparée à Véventua-
lité du rationnement pétrolier. Elle a cher-
ché partout à se constituer des réserves. Sa
Politique orientale depuis la guerre, ses ten-
tatives de ptain-mise sur la Perse, le Cau-
case et Mossoul n'ont Pas d'autre explica-
tion. La France ne semble avoir entrevu le
danger que plus récemment. Des sondages
s'organisent un feu partout sur le sol métro.
politain, sans grand succès. Notre seule
exploitation actuelle, celle de Peckelhrolm,
en Alsace, produit à peine 80.000 tonnes
sur te million et plus dont notre consomma-
tion nationale a besoin. Il apparaît donc
nécessaire, et on eiv a pas nlallqué, de se li-
vrer à des recherches dans notre immense
territoire colonial.
En Afrique du Nord, la prospection, est
particulièrement avancée, mais on n'a elt-
core obtenu du sol que des promesses : en
Oraltit, notamment, dans le nord de la Tu
nisie et dans le Gharb marotaitl. Au Came-
roun, au Tellad, on en est encore aux sim-
ples espérances. Au Gabon, on a signalé la
présence d'hydrocarbures visoueux dans la
région du Fernan- V az. De même à la Côte
des Somalis, dans la région du lac d'Assal.
Au Totikiei, où les gisements de charbon
constituent une indication intéressante à ce
point de vue, ott-croit à l'existence de nap-
pes dans la région de Langson. Mais à Ma-
dagascar seulement, on semble entrer dam
!la période des essais à grande envergure,
préliminaires des réalisations.
Les recherches du combustible liquide
dans la Grande lie ont commencé dès 1902,
En 1908 se constituait la première société,
anglaise d'ailleurs, pour la prospection. Des
traces furent relevées en plusieurs endroits.
Mais c'est seulement depuis la guerre que
des études sérieuses ont été entreprises par
le Gouvernement Général. Plusieurs ingé-
nieurs et missions officielles envoyés sur les
lieux ont constaté la présence de suintements
à la surface dans la grande vallée permo-
triasique qui forme Vhinterland du port de
Maintirano (dont le nom, d'ailleurs, signi-
fie : eau notre), dans cette région ouest de
Vile, la Plus riche et, jusqu'ici. la plus né-
gligée. Dans les environs de Morafenobe
surtout, le sol est constitué par des grès
bitumineux en quantités immenses. La dis-
tillation de ces grès pourrait fournir un ren-
dement rémunérateur en huile brute (on l'a
évalué à 1 hectolitre à la totlne). D'autre
part, des sondages en Profondeur sont en-
trepris pour découvrir des puits, d'existence
probable.
- Le Gouverneur Général de Madagascar
poursuit activement ces travaux dont le ré-
sultat peut être si important pour la métro-
pole. Un camp de travailleurs a été installé.
Des routes, un aménagement agricole de la
région sont prévus pour le ravitaillement
des hommes et Vévaluation des produits.
Les sondages vont commencer et les meil-
leurs procédés de distillation des grès sont
à l'élude. Les délégations financières ont
voté les crédits nécessaires, et la métropole
a fourni une subvention. Espérons que, dans
quelques années, le pétrole malgache tlons
aidera à conjurer la crise dont nous mena-
cent les économistes.
William Bertrand,
Député de la Clulrp-ftfp.-'ral","e.
membre de la Commission de l*Algérie
des Colonie8 et des Protectorats.
COMnB CENDRAL 0*9 ARMATEURS
DB FRANCE
Dans sa séance du 8 décembre, le Conseil
d'administration du Comité Central des Ar-
mateurs de France a 61 u président, en rem-
placement de M. Denis Pérore, décédé, M.
J. na1 Pias, président de la Compagnie Gé-
nérale Transatlantique,
A LA CHAMBRE
DEBATS
Le budget des Affaires Etrangères
La Chambre a continué hier la discus-
sion du budget des affaires étrangères et
la discussion générale a été rapidement
close.
Sur le chapitre premier, notre excellent
collaborateur M. Morinaud demande au
président du Conseil d'activer l'oeuvre de
naturalisation que la France poursuit en
Afrique du Nord en Tunisie et au Maroc.
« 11 y a en Tunisie 60.000 Français en face
de , 100.000 Italiens, et au Maroc, 50.000
Français en face de 50.000 étrangers.
« Un décret beylical d'octobre 1921 a per-
mis de nationaliser 0.000 anglo-maltais en
Tunisie ; en 1924, 2.400 étrangers sont de-
venus Français dans ce protectorat. Mal-
heureusement le mouvement de naturali-
sation s'est beaucoup ralenti en 1925. Je
iprie instamment M. le président du Con-
seil de donner des instructions pour qu'une
véritable croisade soit menée en faveur de
la naturalisation.
La politique de naturalisation suivie en
Algérie a été excellente. Plus de 300.000
étrangers résidant en Algérie sont devenus
Français ; nous avons pu les voir se battre
merveilleusement pendant la guerre. Cette
politique de naturalisation, il faut la prati-
quer aux deux ailes de l'Algérie, en Tuni-
sie et au Maroc ; car il ne faut pas oublier
que là-bas, nous, Français, nous montons
la garde pour la France. »
M. Aristide Briand 'répond que le Gouver-
nement est favorable à toutes les mesures
qui hâteront la naturalisation et, ajoute le
rapporteur, il faudrait également dévelop-
per la politique de nationalisation en Indo-
chine.
D'accord, répond le président du Conseil
et pour en terminer, le crédit du chapitre
'premier est relevé de 39.000 francs.
Puis les chapitres se succèdent jusqu'au
cinquante-et-unième relatif au haut-commis-
sariut en Syrie.
Sur ce chapitre, M. FOflltonicr, député so-
do.ulo déclare que la politique suivie par
le Gouvernement on Syrie ne le satisfait pas
et que lui et ses amis voteront contre les
crédits.
Mais M. Lavai, sous-secrétaire d'Elat à
la présidence du Conseil demande A la
Chambre de ne pas suivre notre excellent'
collaborateur, M. Fontanier.
Le crédit demandé par le Gouvernement,
dit-il, tst de 12 millions 200.000 fr., car nous
devons mettre à la disposition du haut-com-
missairo, des crédits suffisants pour assurer
la pacification dtipayb.
A son tour le rapporteur fait remarquer
que refuser le vote des crédits serait re-
noncer à un mandat.
C'est également l'opinion de M. Désiré
Ferry, auteur d'une demande d'interpelln-
tion sur les événements syriens qui déclare:
« Pus plus que M. Foutunlc!', mais pour
des raisons différentes, nous n'approuvons
la politique suivie en Syrie. -
iMaLs nous exposerons nos observations le
18 décembre prochain, et, pour permettre
d'assurer l'exercice du mandat, nous vote-
rons les crédits.
A la majorité de 365 voix contre 134, sur
499 votants, le chapitre 51, arrêté au chiffre
de 12 miltions 200.000 Ir. est adopté.
Les autres chapitres du budget sont vo-
tés, puis l'ensemble.
Avant do lever la séancc, la Chambre
décide de fixer au 18 décembre la discussion
des iinterpollations sur la Syrie.
Le budget de l'Intérieur
M. Marty, qui pour des raisons toutes per-
sonnelles n'aime pas lu. police, a mené cou-
tre elle une charge a fond de train. Il per-
mit ainsi à M. André lïerthon de déclarer
que M. Painlevé a fait condamner des affi.
liés il la Confédération Générale Tunisienne
à 15 ans de bannissement. Or, ces con-
damnés ont été embarqués et envovés chez
MussoJinj, à Naplcs, où ils sont emprison-
nés.
Passant Ci la politique de sûreté, M. Mar-
ly indique que le sous-préfet de Sétif a fait
emprisonner un ouvrier communiste qui
refusait de se démettre du parti.
M. Henriet, autre député communiste, et
qui fit on s'en souvient, un voyage mou-,
vementé en Algérie, alors qu'il se rendait
au Maroc, indique comment il a été traité
par la police en Algérie, où il n'a fait que
des réunions privées.
S'il n'a pas subi de sévices, il a été cons-
tamment escorté par des policiers qui, pour
l'empêcher de s'éloigner la nuit, allaient
jusqu'à prendre ses bottines à sa porte.
(Exclamations et rires.)
Faisait-il une excursion ? ces Messieurs
le suivaient en auto ; si bien qu'il se de-
mandait si l'on ne songeait pas à le faire
disparaître lui aussi.
L'orateur explique ensuite comment il
fut arrété pour attentat à la sécurité de
l'Etat, puis -.relâché, parce que le complot
monté par la police ne réussissait pas.
Bien entendu, M. cnauiemps, ministre
de l'Intérieur, ne laissa pas ces affirma-
tions sans y répondre et déclare toutefois
h M. Berthon, que 'l'a.rfnire tunisienne est
inconnue au ministère de l'Intérieur dont
elle n'est pas ressortissante.
..,.
Conseil Supérieur du Tourisme
a
M. Georges Philippar, président du
Conseil d'administration de la Compagnie
des Messageries Maritimes, a été nommé,
par arrêté du ministre des Travaux pu-
blics, membre du Conseil supérieur du
tourisme, jusqu'au 31 décembre 1927, en
remplacement de M. Félix nOUsRet, dbrédé.
A L'OF'Clel
Notre ami, M. Motard, administrateur
en chef des Colonies, est nommé attaché
au Cabinet de M. Georges Chauvin, sous-
secrétaire d'Etat des Régions libérées.
AU SENAT
DEBATS
Banque d'Emission de Madagascar
La discussion du projet de loi portant
création à Madagascar de lu Banque
d'émission a commencé hier après-midi au
Sénat vers 5 heures.
Au banc des ministres M. Léon Perrieir,
ministre des Colonies ayant a ses côtés MM.
SaurLn, inspecteur des Colonies et Dabor.
sanger, inspecteur des Finances.
Dès le vote de l'urgence, M. Albert Le-
brun, rapporteur au nom do la Commis-
sion des Finances, est monté a la tribune
rappelant que depuis près de vingt ans
il est question de ce projet.
A la veille de la guerre, la monnaie qui
avait cours était constituée par les pièces
de métal argent de la métropole. Il y en
avait 50 millions ; cela suffisait aux be-
soins de la Colonie.
Lorsque la guerre éclata, le métal dis-
parut de la circulation et fut remplacé pur
des tbillets de la Banque de France. Il y a
présentement a Madagascar environ 20U
millions de francs de ces billets.
La création d'une Banque d'émission à
Madagascar aura ipour résultat de faire
rentrer en France ces 200 millions et de
mettre par contre à la disposition de notre
colonie dea moyems d'échange dont elle a
grand besoin.
Madagascar a pris en effet un grand es-
sor depuis 1900. Le mouvement des expor-
tations était alors en quantités de 102.603
tonnes d'une valeur de 392 millions. En
1924, ce même mouvement était do 392.430
tonnes d'une valeur de 650 millions.
D'autre part, le budget local a vu sœ
recottes passer de 30 millions en 1914 a
101 millions en 1924. Ces chiffres indiquent
l'essor magnifique de notre colonie et né-
cessitent la mise a sa disposition des
mjoyens de crédit indispensables à son
développement. -. -
Il ne s'agit pas de créer une banque u ai-
faire, mais une banque d'émission jouant
au regard des autres organismes bancaires
qui pourront se fonder la-bas un rôle ana-
logue à celui de la Banque do France pour
la Métropole.
Pour bien. marquer le caractère d'univer-
salité de la banque vis-a-vis des divers in-
térêts de la colonie, on a décidé que la
constitution du capital serait ainsi réglée :
15 0/0 à la 'Banque de Paris, 10 0/0 au
Comptoir d'Escompte de Paris, 20 0/0 à la
Colonie, 20 0/0 aux habitants de Madagas-
car, 35 0/0 aux personnalités et sociétés
ayant des intérêts dans l'He.
Mais l'Etat, déléguant son pouvoir d'émis-
sion, nomme par décret le Président du
Conseil d'Administration de la Banque et
trois administrateurs (deux par le Minis-
tère des Colonies, un par le Ministère des
Finances). ---
Les taux d escompte seront fixés libre-
ment par la Banque sous réserve qu'ils no
dépasseront pns de 1 les taux de la Ban-
quû de France
Enfin, 3.000 parts bénéficiaires seront don-
que Enfin, l'Etat, ce droit de partage porte sur
nées à
la partie des bénéfices .nets Testant disponi-
bles après certains prélèvements fixés par
les statuts et par la convention.
Les bénéfices (revenant à l'Etat seront em-
ployés ii des œuvres d'uliliité générale, éco-
nomiques ou agricoles dans l' Lle. Ces parts
do l'tëtôt ne pourront être cédées qu'à l'A
colonie qui ne pourra elle-même les céder il
d'autres personnes.
Telle est rôconomic générale du projet
que nous avons déjà examiné lors de son
vote par la Chambre des Délmtés. Il ap-
portera à la colonie des moyens de prospé-
rité, conclut M. Albert Lebrun au milieu des
uT>nlaudisscmcnts.
M. Huhan, sénateur de la Gironde est
monté à 'la tribune pour formuler l'avis de
la Commission des colonies.
Ce projet, d.it-il, donne satisfaction à la
fois h un intérêt métropolitain par le ra-
patriement de billets de Iianque et un inté-
rêt colonial en mettant a 'la disposition de
Madagascar un nouveau moyen de crédit et
d'échange.
La Commission des colonies demande
l'adoption du projet sans modification,
pour que )a création de la Banque puisse
être 'réalisée d'urgence. Les retards appor-
tés à f.et'te fondation ont amené une éléva-
tion fùcheuse du taux de loyer de l'argent
et nombre d'entreprises sous le poids d'in-
térêL-s énormes ont végété ou périclité. C'est
une situation qu'il faut faire cesser au plus
tôt.
L'insuffisance de monnaie s'est, d'autre
part, manifestée d'une manière grave l'an
dernier. Le ministère des Colonies ayant in-
terdit momentanément l'exportation à Ma-
dagascar des ibillcls de 'banque français,
centaines exploitations ont manqué, pendant
un temps assez court, il est vrai, de mon-
naie pour payer leurs ouvriers. Cela ne
doit pas se renouveler, d'autant plus que la
situation s'est encore aggravée du fait de
la 'hausse des prix. Ce n'est pas le marnent
de restreindre notre production coloniale,
l'une des premières préoccupations des Pou-
voirs publics étant de l'accroître.
M. Léon Verrier, ministre des Colonies
en termes énergiques a rappelé que l'accord
le plus complet existe entre les Commissions
des Finances et dors Colonies et le Gouver-
nement. Je n'ai donic rien à ajouter, dit-il,
à ce qu'ont dit les rapporteurs. Le projet
va permettre ¡\ la colonie d'étendre ses ex-
ploitations el d'instituer le crédit agricole
ce qui sera le point de départ d'une nouvelle
ère de prospérité.
M. Rraqer (la ta Villn-Moysan veut, dit-il,
signaler un point resté dans l'ombre. Si la
colonie va bénéficier d'avantages, la Ban-
que d'émission en trouve do son côté nn
considérable. Ln. Banque pourra ('mettre
sans limile des billets sous réserve qu'elle
aura une encaisse égale au tiers du mon-
tant do son émission. Les Ivillels de la Ban-
que do Madagascar auront la même valeur
que ceux de la Banque de Franco, cela peut
constituer une sorte d'inflation, aussi le sé-
nateur d'ile-et. Vilaine ne votera pas le prfl."
Jet.
La discussion générale étant close, le
passage aux articles est décidé.
Successivement les articles 1 à 8 sont
adoptée.
L'article 9, portant que les dispositions dé
l'article 10 de la loi du 6 octobre 1919 ne
sont pas applicables aux fonctionnaires ou
anciens fonctionnaires appelés à occuper les.
postes auxquels le droit de nomin-ation eet
réservé au Gouvernement par les conven-
tions et statuts annexé8,amène à la tribune
M. Milliès-Lacroix. L'ancien ministre des
Colonies qui ose se prévaloir de son pas-
sage au Pavillon de Flore où pourtant il S
laissé un triste souvenir, présente des ob-
servations sur la dérogation que l'article 9
tend à apporter à la règle tutélairo posée
par l'article 10 de la loi du 0 octobre 1919.
Au milieu de l'indifférence de l'assemblée
M. Milliès-Lacroix cite des exemples de
soi-diisant fonctionnaires coloniaux qui au-
raient eu des complaisances coupables pour
des sociétés de commerce et d'industrie.Le
ministre des Colonies ne s'émeut pas de
tous ces « ragots », débités par le sénateur
des Landes et textes en main, après une
brève intervention, obtient le vote de l'ar-
tiole 9.
Mais M. Milliès-Lacroix qui comme le
« nègre Il, continue, revient à la tribune
avec l'amendement suivant :
« Aucun membre du Sénat ou de la Cham-
bre des. Députés en fonctions ne pourra,
pendant la durée légale du mandat dont
il a été investi, faire partie du Conseil d'ad-
ministration de la Banque ni être nommé
a un emploi rétribué sur les fonds de la
Banque. Il
Le sénateur des Landes, contempteur
des mœurs uarleinentuires, s'agite, pro-
teste et postillonne sur les sténographes,
surpris de cette averse.
Enfin il rejoint son banc et l'ensemble du
projet de loi est voté à mains levées a six
heures trente.
Réunion des Etudes Algériennes
La dernière réunion des Etudes Algérien-
nes a eu lieu au Sénat, suus la présidence
do M. Maurice Ordinaire.
Dans l'assistance MM. Bompard1 de
Warren, les généraux Messimy, Aubier,
Levée, Terrier, les représentants des Offi-
ces de la Tunisie et du Maroc.
Une communication a été faite par M.
Barety sur la situation politique et mili-
taire du Maroc, d'après les renseignements
recueillis au cours do son voyage.
M. Ordinaire a donné ensuite une com-
munication sur la TunLsic, comme suite à
celle qu'il avait faite il y a quelques mois.
Le sénateur du Douhs IL montré quels
étaient les résultats acquis par les natu-
ralisations fuites duns le but d'augmenter
le nombre des Frallçnis. Il a cité les chif-
fres les plus récents de la balance com-
merciale qui se traduit par un déficit des
exportations. Il a donné des indications
sur la situation budgétaire qui aura pour
conséquence une notable augmentation
dos dépenses et l'obligation d'y pourvoir
par des recettes nouvelles pour 1926.
M. Ordinaire a insisté sur la nécessité
de réduire les dépenses budgétaires et
constaté avec satisfaction que m. Lucien
Saint, résident général, était entré dans
cette voie en faisant étudier la réforme ad-
ministrative. En terminant M. Ordinaire
a donné quelques renseignements sur
l'agitation nationaliste et, communiste et
montré que la Résidence générale avait su
prendre des mesures efficaces pour assu-
rer l'ordre dans lo Protectorat.
La réunion s'est terminée par un échange
de vues auquel ont. pris part MM. Ordi-
naire, les généraux Aubier et Levée et no-
tre excellent collabora leur M. do Warren.
-000. –-
MM. Viollette, Steeg
et Lucien Saint à Paris
M. Maurice Viollclte, Gouverneur de l'Al-
gérie, venant de Marseille, est arrivé à Paris
hier matin par le même train que celui dans le-
quel se trouvait M. Steeg.
Son séjour à Paris ne sera probablement que
de courte durée.
Arrivé hier matin à Paris, comme nous
l'avons annoncé, M. Steeg a été reçu, dans
l'après-midi, par M. Painlevé, ministre de la
Guerre, à qui il a exposé la situation générale
au Maroc et les bases de la coopération des
pouvoirs civils et militaires dans notre prote"-
total.
M. Lucien Saint, Résident Général de Tu-
nisie, est, d'autre part, arrivé hier soir à Paris.
à 22 heures, appelé en France pour se rendre
auprès de sa mère malade.
..e--
Décrets et Arrêtés
Décret prorogeant le privilège de la Banque
de l'Indochine.
Aux termes de ce décret, le privilège concédé
il la Banque de l'lnllochinc est prorogé do six
mois à partir du 21 janvier lî)26, en Indochine,
dans les établissements français de l'Océanie, la
ojouveiic-uueiiomc et dépendances, les étanlis-
sements français dans l'Inde et la Côte fran-
çaise des Somalis.
Décret prorogeant le privilège de la Banque
de l'Afrique Occidentale.
Aux termes du ce dticrct, le privilège con-
oédé Õ. la Banque de l'Afrique Occidentale est
prorogé de six mois à partir du 20 décembre
1925.
Décret portant création d'agences de la
Banque de l'Afrique Occidentale.
Aux termes de ce décret, il est créé trow
agences de la Banque de l'Afrique Occidentale
a Port-Gentil, Pointe-Noire et Libreville (Afri-
que Rquatoriale Française).
(J, 0. du 11 décembre 1025.)
US NUMERO : 80 CENTIMES
VENDREDI SOIR 11 DECEMBRE 1M
e 17 di
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
tu ARTICLES PUBLIÉS FAR "W ANNALES COLONIALES" SON1 LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
, - t
Lm Annonces *tRédêmet*mt reçue* am
Dirbcteurs t Marcel RÙEDEL et L.-G. THEBAUL T
RédtctiM et Ad.ila."aLieo : 34, Rue du Mont-Thabor, PARI8-1* TétéptoM : MWIB H-W
JSWSSSELê
Ob U c. 8818
Fiiutcs et a., M w M * as )
Ktrangf 130 • SS» «*
Ob l'abau* du* tMu Im Ivmb 4m poste ot cb«t 1m prtadpMK Hminw
DU G AP AU CAIRE
LI' ":, :"; j. "a
Seul de tous les grands continents, le
continent afrioain n'est pas traversé par
une voie ferrée. L'Amérique, lAsie ont
leurs chemins de 1er transcontinentaux.
En Afrique on n'en est plus à la période
des projets, mais on n'a pas encore réa-
lisé la jonction des rives opposées.
Les raisons de ce retard sont nom-
breuses et fort connues. C'esb la confi-
guration du continent vaste plateau
dont le rebord parfois se dresse en mon-
tagne qui a pendant longtemps re-
tenu sur la côte l'Européen ; c'est le cli-
mat, la végétation, créant à l'explora-
tion des obstacles presque insurmonta-
bles. De sorte que cette partie du monde
a été explorée fort tard et que ce n'est
qu'à une date récente que l'on a connu
les dispositions de son relief et les res-
sources de son sol.
Aussitôt qu'ils furent établis sur le
littoral, soit en Algérie ,en'Tunisie, soit
en Afrique oooidentile, soit dans la ré-
Sion du Cap, les Européens eurent l'jdée
de construire des voies ferrées qui re-
lieraient k la côte certains points de l'in-
térieur. C'est, ce que firent les Anglais
dans l'Afrique Australe et sur différents
autres points, les Français en Algérie et
dans l'Afrique occidentale ; les Alle-
mands, les Belges en d'autres endroits.
Mais pendant de longues années leur
horizon fut assez limité et ce n'est que
fort tard que l'on entrevit la possibilité
d'établir d'un littoral à l'autre, un che-
min fin rAr.
---.-. -- - --
Le premier, Cecil Rhodes eut l'idée
grandiose de joindre le Cap do Bonne
Espérance au Littoral méditerranéen ;
de faire une voie ferrée du Cap au Caire.
Ce projet reçu un accueil qui varia
aveo les milieux : Les impérialistes an-
glais le célébrèrent immédiatement com-
mé un trait de génie et trouvèrent là: une
nouvelle raison d'admirer leur grand
homme. En revanohe sur le continent et
même en Angleterre nombreux furent
ceux qui n'y virent qu'une manifesta-
tion charManesque d'un audacieux
brasseur d'allaires.
------ Gecil Rhodes cependant ne tenait pas
son projet pour irréalisable: U s'em-
ployait de la façon la plus active à ré-
soudra les difficultés d'ordre politique et
diplomatique. Il alla à Berlin solliciter
du Gouvernement impérial l'autorisa-
tion d'emprunter pour son chemin 'de
fer le territoire de l'Afrique orientale
allemande. Il mourut avant d'avoir pu
mener à bien les négociations.
En préconisant la voie ferrée du Cap
au daire Cecil Rhodes obéissait moins à
des préoccupations économiques qu'a
bea considérations politiques. Dans sa
pensée cette ligné était par dessus tout
une voie impériale. Son établissement
devait marquer comme la prise de pos-
session du Continent noir par l'Angle-
terre. L'activité de celui que l'on a ap-
pelé le Napoléon du Cap s'est évidem-
ment exercée dans l'Afrique Australe,
mais il ne la limitait pas à cette région
pour si étendue qu'elle fût. Nous avons
eu l'occasion, il y a quelques mois, à
propos de la morf de lord Curzon, d'ex-
poser la politique des grands impéria-
listes anglais de la deuxième partie du
dix-neuvième sièole. Nous n'y revien-
drons donc pas. Nous nous bornerons à
rappeler que Gegil Rhodes envisageait
l'exuension de la domination anglaise de
la Méditerranée au Cap. Il rappelle dans
ses mémoires la réponse qu'il fit à Gor-
don qui quittant l'Afrique Australe pour
alter prenQre. un commandement au
oudan, voulait l'amener avec lui :
« Non, dit-il, je reste ici, mais dans
quelques années nous nous rejoindrons
à Kartoum. » La voie ferrée devait servir
à réaliser ce rêve.
Cecil Rhodes est mort, il y a plus de
vingt ans en 1802 exactement avant
que fût terminée la guerre anglo-boër
dont il avait été le principal artisan et
avant même que son chemin de fer eût
atteint la limite septentrionale des im-
menses territoires qu'il avait annexés à
la colonie du Cap.
Aujourd'hui encore le rail ne court
pas du Caire au Cap. Le climat, la forêt,
le désert, le sol, l'hostilité des namiants
en ont gêné la construction. Le morcel-
- lement politique avant) 1914. la multi-
plicité des décisions administratives
maintenues même après 1918 ont été et
sont-encore des obstacles. Des territoi-
rés àppaëtnant aii même pas s'igno-
1 rcnl. Un Anglais, M. Félix Shay, ra-
conte qu'un voyageur qui quitte l'Egypte
à destination de la colonie du Cap doit
se munir de sept passeports pour fran-
chir les frontières successives du Sou-
dan, du Congo belge, de l'Ouganda, du
Kenya, du Tanganyka, de la Rhodesia
et de runion Sud-Africaine.
La voie du Cap au Caire n'est donc
pas encute terminée. Sur les 7.000 milles
qu'elle doit comprendre,. 2.000 ne sont!
pas construits. Mais comme les diffé-
rents tronçons il y en a six sont
reliés entre eux par des voies naviga-
bles ; lacs, cour3 d'eau ; on peut dire
qu'il existe une voie transafricaine cons-
tituée par le rail et par l'eau.
Un voyageur anglais, M. Félix Shay,
l'a suivie d'un bout à l'autre, en une
quarantaine de jours.
La voie se divise eh trois grands tron-
çons qui correspondent aux trois gran-
des divisions du continent : Afrique
Australe ; Afrique Centrale ; Afrique
du Nord-Est.
La section méridionale est seule ho-
mogène. Sur 2.600 milles, le rail court
du Cap à Bakama sur le Congo.
Après avoir gravi les pent'es par en-
droits fort rudes des Monts Néenwèveld,
elle descend l'immense escalier que sont
les terrasses de l'Afrique Australe, et se
dirige à travers les plateaux du Bechua-
naland vers les régions minières ce
Kimberley et du Transvaal, atteint le
Zambèze qu'elle franchit!, et après avoir
desservi le Katanga aboutit au Congo
supérieur. Les progrès de la voie ont
été déterminés essentiellement par ceux
de l'industrie minière. Les mines atti-
rent la voie qui atteint la frontière bel-
ge en 1909, JJisabethville en 1910 et en-
fin Bukama sur la Loualaba en 1918.
Aujourd'hui, on va en huit jours du
Cap à cette station.
A partir de ce point commence la
section centrale. Celle-ci n'est pas ho-
mogène comme la précédente. Elle est
constituée à la fois par la voie ferrée et
par la voie d'eau. Cette dernière l'em-
porte sur l'autre.
Il n'y a même pas un seul itinéraire.
Deux sont possibles pour aller de Bu-
kama sur le Congo à Redjaf sur le Nil
Blanc.
L'un prend la vallée du Congo ; l'au-
tre la dépression des .Grands Lacs.
Le premier descend le bief navigable
qui s'étend de Buknma. à Kongolo.
puis emprunte la voie ferrée do Kongolo
à Kindou, de nouveau le fleuve de Kin-
dou à Pontliierville et enfin le chemin
de fer des chutes Stanley. De Pon-
thierville point terminus de la; vote fer-
rée, à Redjaf, s'étendent) 800 milles
de brousse ou de forêt tropicale qu'il
-faut parcourir à pied. Cependant les
Belges viennent d'établir une route
pour automobiles, de Stanleyville au
lac Albert et ils espèrent la doubler
sous peu par une voie ferrée, do môme
qu'ils sont décidés à relier par une voie
ferrée Kongolo il Bukama. Lorsque ces
travaux seront exécutés, le Transafri-
cain sera près d'être réalisé.
L'itinéraire des Grans-Lacs est en
apparence plus compliqué, mais le
voyage de M. Shay a montré ciulil était
le plus pratique des deux et celui qu'à
l'heure actuelle on devait choisir. Sans
doute il comporte huit transbordements.
mais il n'a qu'un hiatus de 300 milles
dans la itorousse ou la forêt, tandis que
celui du Congo en a un de 800 milles.
M. Shay, à partir de RuUnn-n n. utilisé
le bief du Congo jusqu'à Kongolo, puis
il a; pris le chemin de fer du Tanganyika
de Kongolo à Albertville ; il a ensuite
traversé le lac et est arrivé à Tabora
sur les hauts plateaux du Tanganyika:
grâce au chemin de fer de l'Est Afri-
cain. De Tabora, à travers la savane et
la steppe, il a gagné le lac Victoria qu'il
a traversé en trois jours' il s'est ensuite
dirigé sur le Nil qu'il a atteint à Minubé
et enfin après avoir parcouru 100 milles
de brousse est arrivé à Redjaf.
A cet endroit commence laj section
septentrionale qui suit la vallée du Nil
dans le Soudan et en Egypte. La voie
ferrée et la voie navigable alternent en-
tre elles. De Redjaf à Khartoum, le
------ -.-.-- Jt - 1 1 - fi - - -- -_!,.! .;.
voyageur uesceua le neuve au milieu
des marécages du Ludd et de la brous-
se soudanaise. A Khartoum, il atteint la
voie ferrée qui en amont de cette ville,
n, emprunté celle du Nil BIeu, qui cou-
pe celle du Nil Blanc pour aboutir à El
Oheid, capitale du Kordofan. De Khar-
toum, on laisse le rail suivre le fleuve,
sauf entre Abou-Hammed et la deuxiè-
me cataracte. Dans cette nartie de son
parcours, il constitue la corde de l'arc
que décrit le Nil.
Il est impossible d'indiquer le moment
où la grande voie ferrée transafricaine
serai terminée. Le sera-t-eUe? Les voya-
geurs. les touristes, si elle se fait, pour-
ront 1 utiliser car elle traverse quelques-
unes des régions les plus curieuses de
l'Afrique et même du monde. Mais il
est peu probable que les minerais l'em-
pruntent. Elle aurai à supporter de ce
point de vue la concurrence des lignes
transversales qui rattacheront l'Océan
Indien ou l'Atlantique aux riches ré-
gions de l'intérieur et dont la construc-
tion est poussée activement. Ouoi qu'il
advienne dans cet ordre d'idées, mê-
me si elle ne parait pas appelée à un
très grand traiflc, elle restera nuand mê-
me la grande voie impériale, répondant
à l'oUjfet de son initiateur, Cecil Rho-
des.
Henry Fontanfar,
Député du comtat, seppoube ip to
CbmmtMftm des Atfatrn IMft.
aères, mmbrg de la Commintan
de. UJIGft",
La question dupelrxde
et les colonies
-0-0--
Voici que s'agite, une fois en-
pli coret le fantôme 'de la guerre en
Orient, et le sujet en est une af-
faire de pétroles. Toutes les considérations
historiques, géographiques, ethniques qu'on
nous prodigue à propos du vilayet de Mos-
soul, ne servent, en effet, qu à voiler les
convoitises vers le naplite précieux. Autre-
fois, des aventuriers faméliques se ruaient
vers l'or des Eldorados. Maintenant, nous
assistons à la ruée, vers le pétrole, des gran-
des nations industrielles, terrifiées par des
perspectives de disette.
La question est, indubitablement, grave.
Le pétrole devient, de jour en jour, un fac-
teur plus indispensable de la vie moderne.
L'industrie automobile, les marines militai-
res et marchandes en réclament des gltanti-
tés sans cesse croissantes. Or, lkombre des
puits qui le produisent est limite, et ces
puits ne sont pas intarissables. Les Etats.
Unis et lellr annexe économique, le Moitique;
fournissent actuellement au monde la plus
grande quantité de son pétrole. Mais déjà,
on calcule que tannée 1933 verra la fin du
pétrole aux Etats-Unis. Ccux-ci, chez qui
l'industrie - automobile a Pris un développe-
ment colossal, devront - donc bientôt se ré-
server entièrement la production mexicaine
et sevrer les Etats européens. Le Problème
mondial du pétrole se pose fresque dans les
mêmes termes que le problème cotonnier.
De même que pour le coton, VAngleterre
s'est depuis longtemps préparée à Véventua-
lité du rationnement pétrolier. Elle a cher-
ché partout à se constituer des réserves. Sa
Politique orientale depuis la guerre, ses ten-
tatives de ptain-mise sur la Perse, le Cau-
case et Mossoul n'ont Pas d'autre explica-
tion. La France ne semble avoir entrevu le
danger que plus récemment. Des sondages
s'organisent un feu partout sur le sol métro.
politain, sans grand succès. Notre seule
exploitation actuelle, celle de Peckelhrolm,
en Alsace, produit à peine 80.000 tonnes
sur te million et plus dont notre consomma-
tion nationale a besoin. Il apparaît donc
nécessaire, et on eiv a pas nlallqué, de se li-
vrer à des recherches dans notre immense
territoire colonial.
En Afrique du Nord, la prospection, est
particulièrement avancée, mais on n'a elt-
core obtenu du sol que des promesses : en
Oraltit, notamment, dans le nord de la Tu
nisie et dans le Gharb marotaitl. Au Came-
roun, au Tellad, on en est encore aux sim-
ples espérances. Au Gabon, on a signalé la
présence d'hydrocarbures visoueux dans la
région du Fernan- V az. De même à la Côte
des Somalis, dans la région du lac d'Assal.
Au Totikiei, où les gisements de charbon
constituent une indication intéressante à ce
point de vue, ott-croit à l'existence de nap-
pes dans la région de Langson. Mais à Ma-
dagascar seulement, on semble entrer dam
!la période des essais à grande envergure,
préliminaires des réalisations.
Les recherches du combustible liquide
dans la Grande lie ont commencé dès 1902,
En 1908 se constituait la première société,
anglaise d'ailleurs, pour la prospection. Des
traces furent relevées en plusieurs endroits.
Mais c'est seulement depuis la guerre que
des études sérieuses ont été entreprises par
le Gouvernement Général. Plusieurs ingé-
nieurs et missions officielles envoyés sur les
lieux ont constaté la présence de suintements
à la surface dans la grande vallée permo-
triasique qui forme Vhinterland du port de
Maintirano (dont le nom, d'ailleurs, signi-
fie : eau notre), dans cette région ouest de
Vile, la Plus riche et, jusqu'ici. la plus né-
gligée. Dans les environs de Morafenobe
surtout, le sol est constitué par des grès
bitumineux en quantités immenses. La dis-
tillation de ces grès pourrait fournir un ren-
dement rémunérateur en huile brute (on l'a
évalué à 1 hectolitre à la totlne). D'autre
part, des sondages en Profondeur sont en-
trepris pour découvrir des puits, d'existence
probable.
- Le Gouverneur Général de Madagascar
poursuit activement ces travaux dont le ré-
sultat peut être si important pour la métro-
pole. Un camp de travailleurs a été installé.
Des routes, un aménagement agricole de la
région sont prévus pour le ravitaillement
des hommes et Vévaluation des produits.
Les sondages vont commencer et les meil-
leurs procédés de distillation des grès sont
à l'élude. Les délégations financières ont
voté les crédits nécessaires, et la métropole
a fourni une subvention. Espérons que, dans
quelques années, le pétrole malgache tlons
aidera à conjurer la crise dont nous mena-
cent les économistes.
William Bertrand,
Député de la Clulrp-ftfp.-'ral","e.
membre de la Commission de l*Algérie
des Colonie8 et des Protectorats.
COMnB CENDRAL 0*9 ARMATEURS
DB FRANCE
Dans sa séance du 8 décembre, le Conseil
d'administration du Comité Central des Ar-
mateurs de France a 61 u président, en rem-
placement de M. Denis Pérore, décédé, M.
J. na1 Pias, président de la Compagnie Gé-
nérale Transatlantique,
A LA CHAMBRE
DEBATS
Le budget des Affaires Etrangères
La Chambre a continué hier la discus-
sion du budget des affaires étrangères et
la discussion générale a été rapidement
close.
Sur le chapitre premier, notre excellent
collaborateur M. Morinaud demande au
président du Conseil d'activer l'oeuvre de
naturalisation que la France poursuit en
Afrique du Nord en Tunisie et au Maroc.
« 11 y a en Tunisie 60.000 Français en face
de , 100.000 Italiens, et au Maroc, 50.000
Français en face de 50.000 étrangers.
« Un décret beylical d'octobre 1921 a per-
mis de nationaliser 0.000 anglo-maltais en
Tunisie ; en 1924, 2.400 étrangers sont de-
venus Français dans ce protectorat. Mal-
heureusement le mouvement de naturali-
sation s'est beaucoup ralenti en 1925. Je
iprie instamment M. le président du Con-
seil de donner des instructions pour qu'une
véritable croisade soit menée en faveur de
la naturalisation.
La politique de naturalisation suivie en
Algérie a été excellente. Plus de 300.000
étrangers résidant en Algérie sont devenus
Français ; nous avons pu les voir se battre
merveilleusement pendant la guerre. Cette
politique de naturalisation, il faut la prati-
quer aux deux ailes de l'Algérie, en Tuni-
sie et au Maroc ; car il ne faut pas oublier
que là-bas, nous, Français, nous montons
la garde pour la France. »
M. Aristide Briand 'répond que le Gouver-
nement est favorable à toutes les mesures
qui hâteront la naturalisation et, ajoute le
rapporteur, il faudrait également dévelop-
per la politique de nationalisation en Indo-
chine.
D'accord, répond le président du Conseil
et pour en terminer, le crédit du chapitre
'premier est relevé de 39.000 francs.
Puis les chapitres se succèdent jusqu'au
cinquante-et-unième relatif au haut-commis-
sariut en Syrie.
Sur ce chapitre, M. FOflltonicr, député so-
do.ulo déclare que la politique suivie par
le Gouvernement on Syrie ne le satisfait pas
et que lui et ses amis voteront contre les
crédits.
Mais M. Lavai, sous-secrétaire d'Elat à
la présidence du Conseil demande A la
Chambre de ne pas suivre notre excellent'
collaborateur, M. Fontanier.
Le crédit demandé par le Gouvernement,
dit-il, tst de 12 millions 200.000 fr., car nous
devons mettre à la disposition du haut-com-
missairo, des crédits suffisants pour assurer
la pacification dtipayb.
A son tour le rapporteur fait remarquer
que refuser le vote des crédits serait re-
noncer à un mandat.
C'est également l'opinion de M. Désiré
Ferry, auteur d'une demande d'interpelln-
tion sur les événements syriens qui déclare:
« Pus plus que M. Foutunlc!', mais pour
des raisons différentes, nous n'approuvons
la politique suivie en Syrie. -
iMaLs nous exposerons nos observations le
18 décembre prochain, et, pour permettre
d'assurer l'exercice du mandat, nous vote-
rons les crédits.
A la majorité de 365 voix contre 134, sur
499 votants, le chapitre 51, arrêté au chiffre
de 12 miltions 200.000 Ir. est adopté.
Les autres chapitres du budget sont vo-
tés, puis l'ensemble.
Avant do lever la séancc, la Chambre
décide de fixer au 18 décembre la discussion
des iinterpollations sur la Syrie.
Le budget de l'Intérieur
M. Marty, qui pour des raisons toutes per-
sonnelles n'aime pas lu. police, a mené cou-
tre elle une charge a fond de train. Il per-
mit ainsi à M. André lïerthon de déclarer
que M. Painlevé a fait condamner des affi.
liés il la Confédération Générale Tunisienne
à 15 ans de bannissement. Or, ces con-
damnés ont été embarqués et envovés chez
MussoJinj, à Naplcs, où ils sont emprison-
nés.
Passant Ci la politique de sûreté, M. Mar-
ly indique que le sous-préfet de Sétif a fait
emprisonner un ouvrier communiste qui
refusait de se démettre du parti.
M. Henriet, autre député communiste, et
qui fit on s'en souvient, un voyage mou-,
vementé en Algérie, alors qu'il se rendait
au Maroc, indique comment il a été traité
par la police en Algérie, où il n'a fait que
des réunions privées.
S'il n'a pas subi de sévices, il a été cons-
tamment escorté par des policiers qui, pour
l'empêcher de s'éloigner la nuit, allaient
jusqu'à prendre ses bottines à sa porte.
(Exclamations et rires.)
Faisait-il une excursion ? ces Messieurs
le suivaient en auto ; si bien qu'il se de-
mandait si l'on ne songeait pas à le faire
disparaître lui aussi.
L'orateur explique ensuite comment il
fut arrété pour attentat à la sécurité de
l'Etat, puis -.relâché, parce que le complot
monté par la police ne réussissait pas.
Bien entendu, M. cnauiemps, ministre
de l'Intérieur, ne laissa pas ces affirma-
tions sans y répondre et déclare toutefois
h M. Berthon, que 'l'a.rfnire tunisienne est
inconnue au ministère de l'Intérieur dont
elle n'est pas ressortissante.
..,.
Conseil Supérieur du Tourisme
a
M. Georges Philippar, président du
Conseil d'administration de la Compagnie
des Messageries Maritimes, a été nommé,
par arrêté du ministre des Travaux pu-
blics, membre du Conseil supérieur du
tourisme, jusqu'au 31 décembre 1927, en
remplacement de M. Félix nOUsRet, dbrédé.
A L'OF'Clel
Notre ami, M. Motard, administrateur
en chef des Colonies, est nommé attaché
au Cabinet de M. Georges Chauvin, sous-
secrétaire d'Etat des Régions libérées.
AU SENAT
DEBATS
Banque d'Emission de Madagascar
La discussion du projet de loi portant
création à Madagascar de lu Banque
d'émission a commencé hier après-midi au
Sénat vers 5 heures.
Au banc des ministres M. Léon Perrieir,
ministre des Colonies ayant a ses côtés MM.
SaurLn, inspecteur des Colonies et Dabor.
sanger, inspecteur des Finances.
Dès le vote de l'urgence, M. Albert Le-
brun, rapporteur au nom do la Commis-
sion des Finances, est monté a la tribune
rappelant que depuis près de vingt ans
il est question de ce projet.
A la veille de la guerre, la monnaie qui
avait cours était constituée par les pièces
de métal argent de la métropole. Il y en
avait 50 millions ; cela suffisait aux be-
soins de la Colonie.
Lorsque la guerre éclata, le métal dis-
parut de la circulation et fut remplacé pur
des tbillets de la Banque de France. Il y a
présentement a Madagascar environ 20U
millions de francs de ces billets.
La création d'une Banque d'émission à
Madagascar aura ipour résultat de faire
rentrer en France ces 200 millions et de
mettre par contre à la disposition de notre
colonie dea moyems d'échange dont elle a
grand besoin.
Madagascar a pris en effet un grand es-
sor depuis 1900. Le mouvement des expor-
tations était alors en quantités de 102.603
tonnes d'une valeur de 392 millions. En
1924, ce même mouvement était do 392.430
tonnes d'une valeur de 650 millions.
D'autre part, le budget local a vu sœ
recottes passer de 30 millions en 1914 a
101 millions en 1924. Ces chiffres indiquent
l'essor magnifique de notre colonie et né-
cessitent la mise a sa disposition des
mjoyens de crédit indispensables à son
développement. -. -
Il ne s'agit pas de créer une banque u ai-
faire, mais une banque d'émission jouant
au regard des autres organismes bancaires
qui pourront se fonder la-bas un rôle ana-
logue à celui de la Banque do France pour
la Métropole.
Pour bien. marquer le caractère d'univer-
salité de la banque vis-a-vis des divers in-
térêts de la colonie, on a décidé que la
constitution du capital serait ainsi réglée :
15 0/0 à la 'Banque de Paris, 10 0/0 au
Comptoir d'Escompte de Paris, 20 0/0 à la
Colonie, 20 0/0 aux habitants de Madagas-
car, 35 0/0 aux personnalités et sociétés
ayant des intérêts dans l'He.
Mais l'Etat, déléguant son pouvoir d'émis-
sion, nomme par décret le Président du
Conseil d'Administration de la Banque et
trois administrateurs (deux par le Minis-
tère des Colonies, un par le Ministère des
Finances). ---
Les taux d escompte seront fixés libre-
ment par la Banque sous réserve qu'ils no
dépasseront pns de 1 les taux de la Ban-
quû de France
Enfin, 3.000 parts bénéficiaires seront don-
que Enfin, l'Etat, ce droit de partage porte sur
nées à
la partie des bénéfices .nets Testant disponi-
bles après certains prélèvements fixés par
les statuts et par la convention.
Les bénéfices (revenant à l'Etat seront em-
ployés ii des œuvres d'uliliité générale, éco-
nomiques ou agricoles dans l' Lle. Ces parts
do l'tëtôt ne pourront être cédées qu'à l'A
colonie qui ne pourra elle-même les céder il
d'autres personnes.
Telle est rôconomic générale du projet
que nous avons déjà examiné lors de son
vote par la Chambre des Délmtés. Il ap-
portera à la colonie des moyens de prospé-
rité, conclut M. Albert Lebrun au milieu des
uT>nlaudisscmcnts.
M. Huhan, sénateur de la Gironde est
monté à 'la tribune pour formuler l'avis de
la Commission des colonies.
Ce projet, d.it-il, donne satisfaction à la
fois h un intérêt métropolitain par le ra-
patriement de billets de Iianque et un inté-
rêt colonial en mettant a 'la disposition de
Madagascar un nouveau moyen de crédit et
d'échange.
La Commission des colonies demande
l'adoption du projet sans modification,
pour que )a création de la Banque puisse
être 'réalisée d'urgence. Les retards appor-
tés à f.et'te fondation ont amené une éléva-
tion fùcheuse du taux de loyer de l'argent
et nombre d'entreprises sous le poids d'in-
térêL-s énormes ont végété ou périclité. C'est
une situation qu'il faut faire cesser au plus
tôt.
L'insuffisance de monnaie s'est, d'autre
part, manifestée d'une manière grave l'an
dernier. Le ministère des Colonies ayant in-
terdit momentanément l'exportation à Ma-
dagascar des ibillcls de 'banque français,
centaines exploitations ont manqué, pendant
un temps assez court, il est vrai, de mon-
naie pour payer leurs ouvriers. Cela ne
doit pas se renouveler, d'autant plus que la
situation s'est encore aggravée du fait de
la 'hausse des prix. Ce n'est pas le marnent
de restreindre notre production coloniale,
l'une des premières préoccupations des Pou-
voirs publics étant de l'accroître.
M. Léon Verrier, ministre des Colonies
en termes énergiques a rappelé que l'accord
le plus complet existe entre les Commissions
des Finances et dors Colonies et le Gouver-
nement. Je n'ai donic rien à ajouter, dit-il,
à ce qu'ont dit les rapporteurs. Le projet
va permettre ¡\ la colonie d'étendre ses ex-
ploitations el d'instituer le crédit agricole
ce qui sera le point de départ d'une nouvelle
ère de prospérité.
M. Rraqer (la ta Villn-Moysan veut, dit-il,
signaler un point resté dans l'ombre. Si la
colonie va bénéficier d'avantages, la Ban-
que d'émission en trouve do son côté nn
considérable. Ln. Banque pourra ('mettre
sans limile des billets sous réserve qu'elle
aura une encaisse égale au tiers du mon-
tant do son émission. Les Ivillels de la Ban-
que do Madagascar auront la même valeur
que ceux de la Banque de Franco, cela peut
constituer une sorte d'inflation, aussi le sé-
nateur d'ile-et. Vilaine ne votera pas le prfl."
Jet.
La discussion générale étant close, le
passage aux articles est décidé.
Successivement les articles 1 à 8 sont
adoptée.
L'article 9, portant que les dispositions dé
l'article 10 de la loi du 6 octobre 1919 ne
sont pas applicables aux fonctionnaires ou
anciens fonctionnaires appelés à occuper les.
postes auxquels le droit de nomin-ation eet
réservé au Gouvernement par les conven-
tions et statuts annexé8,amène à la tribune
M. Milliès-Lacroix. L'ancien ministre des
Colonies qui ose se prévaloir de son pas-
sage au Pavillon de Flore où pourtant il S
laissé un triste souvenir, présente des ob-
servations sur la dérogation que l'article 9
tend à apporter à la règle tutélairo posée
par l'article 10 de la loi du 0 octobre 1919.
Au milieu de l'indifférence de l'assemblée
M. Milliès-Lacroix cite des exemples de
soi-diisant fonctionnaires coloniaux qui au-
raient eu des complaisances coupables pour
des sociétés de commerce et d'industrie.Le
ministre des Colonies ne s'émeut pas de
tous ces « ragots », débités par le sénateur
des Landes et textes en main, après une
brève intervention, obtient le vote de l'ar-
tiole 9.
Mais M. Milliès-Lacroix qui comme le
« nègre Il, continue, revient à la tribune
avec l'amendement suivant :
« Aucun membre du Sénat ou de la Cham-
bre des. Députés en fonctions ne pourra,
pendant la durée légale du mandat dont
il a été investi, faire partie du Conseil d'ad-
ministration de la Banque ni être nommé
a un emploi rétribué sur les fonds de la
Banque. Il
Le sénateur des Landes, contempteur
des mœurs uarleinentuires, s'agite, pro-
teste et postillonne sur les sténographes,
surpris de cette averse.
Enfin il rejoint son banc et l'ensemble du
projet de loi est voté à mains levées a six
heures trente.
Réunion des Etudes Algériennes
La dernière réunion des Etudes Algérien-
nes a eu lieu au Sénat, suus la présidence
do M. Maurice Ordinaire.
Dans l'assistance MM. Bompard1 de
Warren, les généraux Messimy, Aubier,
Levée, Terrier, les représentants des Offi-
ces de la Tunisie et du Maroc.
Une communication a été faite par M.
Barety sur la situation politique et mili-
taire du Maroc, d'après les renseignements
recueillis au cours do son voyage.
M. Ordinaire a donné ensuite une com-
munication sur la TunLsic, comme suite à
celle qu'il avait faite il y a quelques mois.
Le sénateur du Douhs IL montré quels
étaient les résultats acquis par les natu-
ralisations fuites duns le but d'augmenter
le nombre des Frallçnis. Il a cité les chif-
fres les plus récents de la balance com-
merciale qui se traduit par un déficit des
exportations. Il a donné des indications
sur la situation budgétaire qui aura pour
conséquence une notable augmentation
dos dépenses et l'obligation d'y pourvoir
par des recettes nouvelles pour 1926.
M. Ordinaire a insisté sur la nécessité
de réduire les dépenses budgétaires et
constaté avec satisfaction que m. Lucien
Saint, résident général, était entré dans
cette voie en faisant étudier la réforme ad-
ministrative. En terminant M. Ordinaire
a donné quelques renseignements sur
l'agitation nationaliste et, communiste et
montré que la Résidence générale avait su
prendre des mesures efficaces pour assu-
rer l'ordre dans lo Protectorat.
La réunion s'est terminée par un échange
de vues auquel ont. pris part MM. Ordi-
naire, les généraux Aubier et Levée et no-
tre excellent collabora leur M. do Warren.
-000. –-
MM. Viollette, Steeg
et Lucien Saint à Paris
M. Maurice Viollclte, Gouverneur de l'Al-
gérie, venant de Marseille, est arrivé à Paris
hier matin par le même train que celui dans le-
quel se trouvait M. Steeg.
Son séjour à Paris ne sera probablement que
de courte durée.
Arrivé hier matin à Paris, comme nous
l'avons annoncé, M. Steeg a été reçu, dans
l'après-midi, par M. Painlevé, ministre de la
Guerre, à qui il a exposé la situation générale
au Maroc et les bases de la coopération des
pouvoirs civils et militaires dans notre prote"-
total.
M. Lucien Saint, Résident Général de Tu-
nisie, est, d'autre part, arrivé hier soir à Paris.
à 22 heures, appelé en France pour se rendre
auprès de sa mère malade.
..e--
Décrets et Arrêtés
Décret prorogeant le privilège de la Banque
de l'Indochine.
Aux termes de ce décret, le privilège concédé
il la Banque de l'lnllochinc est prorogé do six
mois à partir du 21 janvier lî)26, en Indochine,
dans les établissements français de l'Océanie, la
ojouveiic-uueiiomc et dépendances, les étanlis-
sements français dans l'Inde et la Côte fran-
çaise des Somalis.
Décret prorogeant le privilège de la Banque
de l'Afrique Occidentale.
Aux termes du ce dticrct, le privilège con-
oédé Õ. la Banque de l'Afrique Occidentale est
prorogé de six mois à partir du 20 décembre
1925.
Décret portant création d'agences de la
Banque de l'Afrique Occidentale.
Aux termes de ce décret, il est créé trow
agences de la Banque de l'Afrique Occidentale
a Port-Gentil, Pointe-Noire et Libreville (Afri-
que Rquatoriale Française).
(J, 0. du 11 décembre 1025.)
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