Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-12-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 décembre 1925 03 décembre 1925
Description : 1925/12/03 (A26,N181). 1925/12/03 (A26,N181).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63970314
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINÔT-SïjaEME AHNJDR. N* 181
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Lill NUMHRO ï » GBNTUIBB
JHUDI SOIR, 8 DECEMBRE IM -
Les Annales Coloniales
JOURNAL -
UES ARTICLES PUBLIES Jo AR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOUHNAï.
Ltt Annonce**! Récbmet tontretues aux Btutaux dujmnidddm imagmm de
OiRBCTftURS i MARCEL ftUIPBL et LMG. THË-BAULT
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o. BhtttrM
.,1 :.: '-'
La politique générale de l'Angleterre
0
Il y a, en Angleterre comme ailleurs,
des ècrivains qui ne se contentent pas
de suivre au jour le jour les événements
et de les expliquer par des causes acci-
dentelles ou variables.D'autres s'élèvent
au-dessus des considérations quotidien-
nes. Ils veulent voir de haut et de loin.
Ils cherchent les raisons de la politique
étrangère, coloniale, intérieure, dans les
causes primordiales dissimulées sous le
réseau des faits mouvants, dans les ins-
tincts de la race, dans ses traditions sé-
culaires, dans les intérêts essentiels du
pays.
- Pour certains d'entre eux, la politique
étrangère de la Grande-Bretagne est au
fond subordonnée à un vaste problème :
celui du surpeuplement. L'histoire nous
apprend qu'autrefois ceux qui se trou-
vaient à l'étroit dans 111e se lançaient
à travers le monde et, au delà des mers,
fondaient un immense Empire. Ils
créaient des nations nouvelles a côté de
leur nation d'origine. Une fois ces Etats
créés, eftt la longue période de l'orga-
nisation, puis de la prospérité, pendant
que la Grande-Bretagne elle-même dé-
veloppe fortement son industrie et ses
richesses. A la veille de la guerre, le
Royaume-Uni est en pleine activité. Au
lendemain de la guerre, il se trouve
face à, face avec le problème du surpeu-
Dlement.
- A la loi qui limite le nombre des hom-
mes* que peut faire vivre une surface
déterminée du sol, suivant sa qualité et
ses cultures, s'ajoute la loi en vertu de
laquelle cette limite est dépassée pro-
portionnellement au développement de
l'industrie, à la multiplication des
moyens de transport, à l'accroissement
du pouvoir d'achat, conséquence de l'ac-
cumulation des richesses. Mais que l'in-
dustrie vienne à se ralentir, que les fa*
cilités de transport diminuent, que le
Douvoir d'achat s'affaiblisse, tout ce qui
dépasse la limite souffre, s'agite, se sent
confusément condamné à disparaître.
L'exemple de la Russie est le plus ré-
cent (Fermeture des usines, arrêt dans
tes. transports, disparition des ri-
chesses acquises, tout cela a, eu pour
effet la disparition de milliers et de
milliers d'individus ; la guerre, les
exécutions, les maladies épidémiques,
la famine sont autant d'agents qui ser-
vent à la même fin. La civilisation a
ajoute une loi qui modifie, qui altère la
loi naturelle qui veut qu'un hectare de
terré nourrisse tant d'hommes et pas
plus. Par un retour fatal, c'est la loi na-
turelle qui triomphe dès que les forces
de la civilisation sont en recul.
Or, c'est une observation que j'ai sou-
vent répétée, la Grande-Bretagne est le
pays dit monde qui a le plus ouvertement
transgressé la loi naturelle. La Nou-
velle-Zélande a la môme superficie que
l'Angleterre : elle nourrit 3 millions
d'habitants, la Grande-Bretagne doit en
nourrir 42 millions et la question qui se
pose est Cille-ci : Mangeront-ils ? Pour
avoir tenu insuffisamment compte de ses
ressourcer agricoles, pour avoir porté
presque tout son effort sur l'indutrie,
la population en surnombre, celle qui
ne demande pas au sol les ressources
nécessaires à son existence, s'élève aux
trois quarts de la population totale.
C'est trop. C'est un danger redoutable
le jour où d'autres pays, jusque-là
moins industriels et moins commer-
çants, font une concurrence âpre à l'in-
dustrie et au commerce de l'Angleterre,
et où le pouvoir d'achat est considéra-
blement dimirlùé: or, ce sont là les deux
phénomènes évidents qui ont marqué
les lendemains - de la grande euerre.
Comprend-on présent l'inquiétude
des Anglais qui réfléchissent sur l'ave-
nir de leur pays quand ils lisent les
statistiques du chômage? Qu'il v ait des
ouvriers sans travail, à certaines épo-
'ques, cela est digne d'attention, à cause
de l'élat général que cela révèle ; mais
qu'il y ait des causes permanentes de
chômage, que des travailleurs s'instal-
lent dans le chômage comme dans une
profession, qu'ils attendent de rEtat,non
pas des secours provisoires destinés à
leur faire doubler le cap, mais des salai-
res réguliers qurdoivent servir au bud-
get familial, qu'ils considèrent que c'est
un devoir pour l'Etat. de les payer pour
ne rien faire et un droit pour eux de
passer à la caisse sans avoir rien pro-
duit, cela est incomparablement plus
1 terrible pour un pays dont l'énergie mo-
rale. dont l'énergie productrice est me-
nacée de ruine.
Et alors, on comprend comment les
Anglais quP aiment leur patrie, qui la
veulent grande; courageuse, respectée,
tirent de ces considérations un pro-
gramme politique.
19 Reconstituer le pouvoir d'achat, en
créant et en accumulant des richesses,
et, pour cela, tout sacrifier au dévelop-
pement du commerce cxterieur, est une
nécessité immédiate,, et de tous les ins-
tants. Ou la. Grande-Bretagne périra pfcr
SB population en sumoitifora, où bien
elle offrirait ses chômeurs un champ
t!vit '11m,nt pn irramtemmt sa
production aussi féconde qu'elle était
avant 1914, et en l'écoulant sur les mar-
chés étrangers.
Mangeront-îls ? Travailleront-ils ?
Pour que les ouvriers aient les denrées
alimentaires indispensables, pour qu'on
leur livre les matières premières qu'ils
auront à manufacturer, il faut que
l'Angleterre importe ; elle ne le peut
que si elle a exporté assez de marchan-
dises pour posséder des réserves qui lui
permettent d'acquérir matières premiè-
res et denrées alimentaires à fcon mar-
ché. Assurer dans le monde la liberté
des mers, sillonner les océans de sa
flotte commerciale, maintenir en -Euro-
pe l'équilibre des forces qui peuvent se
heurter, sauvegarder la paix par tous
les moyens, voilà les grandes lignes de
la politique étrangère du Royaume-
Uni. Ce n est pas à ses dominions que
l'Angleterre pense avant tout, et.-il se
pourrait bien que, lorsqu'elle parle de
les consulter, elle songe à gagner
du temps et à différer une répon-
se attendue. C'est à elle. à ses indus-
triels, à ses coonmerçants, à ses ou-
vriers, à ses chômeurs, à sa population
en surnombre qui a grandi hors de pro-
portion avec ce que ses plaines pou-
vaient nourrir. Qu'on se rappelle cela
chaque fois que l'on veut porter un ju-
gement sur la diplomatie anglaise ;
qu'on se dise qu'il y a pour la Grande-
Bretagne, à l'heure présente, des heu-
res difficiles et qu'à chaque moment se
pose pour elle une question de vie ou de
mort.
Mario Rouetan,
Sénateur de ¡'H"'AUU. vice-président
dt la Commission sénatoriale des Co-
t
.t.
A propos da contingentement
des rhaau
––(Wt––
Nous recevait de notre ami et collaborateur
M. Auguste Brunet, député de La Riabion.
la lettre suivante :
Paris, le 2 décembre 1925.
« Mon cher directeur,
Je viens de prendre connaissance des « ob-
servations » parues dans le numéro des An-
nales Coloniales du f décembre au sujet du
mode de répartition des 8.000 hectolitres liti-
gieux proposé par M. Henry Bérenger, séna-
teur de la Guadeloupe, et adopté à la quasi-
unanimité par la Commission instituée au Mi-
nistère des Colonies, dans sa séance du 28
novembre.
Votre correspondant. rejetant le principe de
la répartition proportionnelle aux i --à A, as
de rltrmu dans la métropole (proposition Bé-
renger). estime que cette répartition devrait
être faite proportionnellement aux quantités Je
sucre importées. ou à importer.
La Réunion n'aurait rien a perdre à l'appli-
cation d'un tel principe, le tonnage de ses
expéditions de sucre sur la France dépassant
très largement celui de toutes les autres colo-
nies prOductrices. Elle verrait même son con-
tingent réajusté dans des conditions infiniment
favorables, car la méthode de calcul adoptée
par la Commission aboutissait dans les faits
au pourcentage suivant :
Guadeloupe 191 lit. 45
,Martinique. 182 lit. 35
Madagascar ..104 lit. 24
Réunion 57 lit. 44
par tonne de sucre importé. -
Mais je suis bien obligé de reconnaître -
et de rappeler - que le supplément de contin-
gent accordé à l'ensemble des colonies avait
pour objet de pallier, par une augmentation dei
quantités de rhums entrant en franchise, les ef-
fets désastreux. pour nos colonies rhumières de
la surtaxe portée à 1.000 francs. Là est la vé-
rité au sujet, du contingent porté à 200.000
hectos.
Au Ministère des colonies
00
M. Léon Perrier, ministre des Colonies,
IL constitue son Cabinet de la façon sui-
vante :
Chef de Cabinet : M. Gaston Joseph,
gouverneur des Colonies, directeur de
l'Agence iEconomjique de l'Afrique occt.
dentale Française. , - -
Chcfê adjoints : MM. Juvanon Adrien,
administrateur en chef des ColonieB : SIt-
vestre Achille, administrateur des Servi-
CCI Civils de l'Indochine.
Sous-chef : M. Péchoutre Pierre, admi-
nistrateur des Colonies.
Chef du Secrétariat particulier : Mlle Ma-
ria Durand, rédacteur à la préfecture de
m***
Attachés au Cabinet : MM. Tajuqoe"
chef du bureau des Services civils de l'In-
dochine ; Pierre Aubert, administrateur
des Colonies t De Bally aous-préfet.
Chargé de mission ; M. Charles SOheftler,
préfet. 1
RaTOUR
0 A
M. Marcel Olivier, Gouvernera Général
de Madagssen/rentrera en France par le pre-
mier paquebot quittant la Gnmde ne au dae
de janvier.
M. Paul Valéry - - 1
et les colonies
----O.D-
Ce titre surprendra sans doute.
On attendrait plutôt : « M. Louis
Bertrand et les colonies. » Car, si
M. Paul Valéry a été révélé récemment au
grand public comme académicien et depuis
quelques années à Vélite comme poète et pro-
sateur, nul ne s'est encore avisé de le décou-
vrir colonial. A vrai dire c'est seulement
comme prosateur, et d'une façon assez loin-
taine, qu'il participe aux choses coloniales
dans le premier chapitre de « Variété 9 inti-
tulé « la Crise ae VEsprit J. « La Crise de
VEsprit l, c'est-à-dire celle de l'esprit euro-
péen dans le monde actuel et surtout à venir.
« Nous autres, civilisations, nous savons
maintenant que nous sommes mortelles. D
l'elle est la phrase liminaire de cet essai.
Notre civilisation européenne moderne sera
un jour effacée du monde comme le furent
celles de Suse et de Babylone, et ce jour est.
procite. Du sommet de l'esprit européen,
III. Valéry scrute les causes de notre ascen-
sion passée et de notre décadence inéluctable.
Il y a eu prééminence spirituelle etfrÓpéenne
dans le monde tant que la science (la géo-
métrie, par exemple, et ses conséquences) a
été une activité dirigée vers une fin idéale.
L'Europe était le cerveau unique du monde.
Il y a eu ensuite prédominance européenne
dès que cette science a atteint ses premiers
grands résultats pratiques. L'Europe, armée
d'une puissance nouvelle, a pu ainsi devenir
la maîtresse matérielle du monde. Mais, du
même coup, la science a cessé d'être unique-
ment un jeu désintéressé, un pur dynamisme
mental, pour devenir l'instrument indispen-
sable de la vie moderne, « une denrée. pré-
cieuse et que tous cherchent à acqulrir.
Grâce à ce capital, notre patrimoine, que
la colonisation leur apporte, les autres conti-
nents montent aujourd'hui au niveau de ltu.
rope et de sa puissance matértelle. L Eu-
rope ne tiendra bientôt plus dans le monde I
que sa place réelle : celle tt « un petit cap
du continent asiatique. » Nous avons étour-
dtment rendu les forces proportionnelles aux
masses. »
Ainsi, en formules d'une fureté géomé-
trique,, M. Valéry démontre la fatalité de
notre agonie. Mais, il n'en est point le seul
prophète. Il y a douze ans, notre confiance
dans le progrès était encore absolue. Nous
y marchions les yeux fermés. Brusquement la
guerre et le bolchevisme nous ont dévoilé
Vincertitude de l'avenir.
A la devanture des libraires, des titres
flamboient copme des réclames : « Le flot
montant des Peuples de couleur contre la
suprématie des blancs a., « le crépuscule des
Nations blanches w. Désolant concert où tous
s'accordent pour sonner notre glas sans nom
réjouir jamais d'aucune note d'espoir 1 Nous
Savons peut-être qu'à nous résigner. Nous
assistons à la fin de notre monde et, comme
chantait un autre poète :
Je suis l'Empire à la fin de la décadence
Qui regarde passer les grands barbares
[blancs.
Seulement nos barbares, à uousi seront noirs,
bruns ou jaunes. Agréable variété.
L'intelligence européenne n'est pas seule
capable d'élaborer des civilisations passan-
tes. L'Inde, la Chine en sont des exemples
faciles. Le Peu que nous savons de l'ilitelli-
gence noire elle-même permet de lui assigner
une sérieuse force créatrice. Tous ces peuples
de couleur ont été arrêtés ou retardés dans
leur évolution par leur isolement. Mais
l'Europe qui, aujourd'hui^ a sur eux une
avance considérable, leur a apporté le cou-
rant civilisateur. Dès lors, leur évolution va
reprendre sur de nouvelles bases, européen-
nes. Ce ne seront plus les barbares purs, les
Huns ou les Vandales, mais les barbares
colonisés, civilisés, comme le furent par Rome
les Espagnols et les Gaulois nos pères. Nietz-
selle, qui jugeait déjà notre monde trop vieuxt
appelait de tous ses voeux « les barbares du
xx8 siècle ». Cela ne l'empêchait pas de se
déclarer < bon européen », un demi-Siècle I
avant Locarno et Genève, Il n'y a là nulle
contradiction. Les a barbares » sont néces-
saires à la continuation de l'esprit européen,
qui ne se limite plus à VEurope. Nous assu-
rons l'avenir à noire civilisation en la gref-
fant sur des esprits jeunes par qui elle re-
prendra une vie nouvelle. La Culture euro-
péenne universalisée, tel sera le grand rôle
de la colonisation dans l'histoire du mcndU
de demain. Perspective grandiose.
William Bertrand,
Député de la Charente-Inférieure,
membre de la CommtMfdn de PA[odite
(jet Golonlei et des Proiedforait.
au CtNSGIL n fitUVpMEHEKT a UIIT 1
04-
Poursuivant le discours dont nous avons
donné un résumé avant-hier, M. Steeg a
fait l'éiloge des trompes du front. Faisant
allusion à la situation actuelle il a déclaré :
L'heure approche ofi. délivre de la suprême
préoccupation de la dissidence, le Maroc. défini-
tivement et intégralement rentré dans l'ordre,
Bourra, en toute libertê, rSaliser les destinées
baureuses auxquelles n est promis.
Le conseil a examiné ensuite l'ordre du
ionr la sêtmce.
La déchratkM niaislèrielle
à la Chambre et aig Séaal1
-0.0-
La déclaration ministérielle du nouveau
gouvernement a -été lue hier à la Ohambre
par M. Aristide Brianid, président du Con-
seil, ministre des Affaires étrangères, re-
tour de Londres, et au Sénat par M. René
Renoult, garde des Sceaux, ministre de la
Justice.
Le texte porte essentiellement sur la ques-
tion financière.
Rattachant les affaires du Maroc et de
Syrie à la conclusion du pacte de Locarno,
le gouvernement a dit :
« La France vient d'accomplir un acte
de solidarité internationale qui constitue
une phase capitale de sa politique de paix
mondiale. Le pacte de Locarno a été signé
hier à Londres. Nous ne doutons pas que
le 'Parlement français tout entier ne s'asso-
cie pleinement à cet acte international de
son Igouvememnt. -,
« C'est dans le même esprit de paix que
nous entendons terminer dans un bref délai
les affaires du Maroc et de la Syrie, aussi-
tôt qu'auront été réduites les agressions fo-
mentées contre l'œuvre de civilisation et de
traditionnel libéralisme de la France. »
4»
A LA CHAMBRE
DEBATS
A 22 h. 40, après deux nouvelles suspen-
sions de séance, lia Chambre a abordé hier
soir l'examen des projete financiers.
M. Lamoureux, rapporteur général, ex-
pose les besoins du Trésor dont fait état
le Gouvernement pour réiclamer la nouvelle
inflation.
Il examine ensuite -les mesures compen-
satrices prévues au budget pour résorber
d'inflation. Puis il conclut :
« La Commission a adopté le projet du
Gouvernement, avec des modifications qui
assujetissent au projet la cédule des béné-
fices agricoles, la cédule des bénéfices non
commerciaux, la cédule des traitements et
sallairee. Sous réserve de ces modifications,
la Commission demande à na. Chambre de
voter le projet. » -
Après les interventions de nombreux par-
lementaires et notamment de MM. Mau-
rice Dutreil, Bokanowski et Léon Blum,
M. Loucheur a présenté la défense de son
projet, et obtenu par 298 voix contre 113
le vota de confiance pour le passage aux
articles.
A trois heures, la Chambre a pour-
suivi l'examen des divers articlles du projet
et ce matin à 10 heures 30, après un dé-
bat passionné au cours duquel M.Briand a
été amené àposel, la question de confiance,
J'artiale 4 comportant l'autorisation de né-
gocier a nouvelle convention avec la Ban-
que de France a été voté par 246 voix con-
tro 289 voix.
- L'ensemble du projet a été ensuite
adopté avec 28 voix de majorité.
Le Sénat en a commencé lia disous-
sion au cours de sa séance de cet après-
.:midi.
1 8.8
AU SENAT
00
RAPPORTS
Ou a distribué mardi au Sénat le rapport
de M. Albert Lebrun sur le projet de loi
portant création d'une banque d'émission
fi Madagascar.
Ce rapport viendra incessamment en dis-
cussion devant la Haute Assemblée.
Décrets et Arrêtés
Décret instituant une concession minière
en Algérie.
Aux termes de ce décret, il est lait conces-
sion à MM. Albert i',:munit, Henri Zammit,
Edmond Zammit et Pierre Zllmmit, de mines
de zinc, plomb et autres métaux connexes sur
le territoire de la commune mixte des Rhiri,
arrondissement de Sétif, département de
Constantine.
Cette concession prendra le nom de conces-
sion du Djehol-Haoumnr.
8.. –-
U «tram jirtni ii l'igmiKi winn
o -0.0--'
Maints bruits ont couru sur F Exposition co-
loniale internationale renvoyée en 1928 par
M. Léon Perrier.
Aujourd'hui, l'on annonce que M. Gabriel
Angoulvant, député des Etablissements fran-
çais dé l'Inde, Gouverneur Général honoraire
des Colonies, quitterait le Commissariat Gé-
néral de rExpoiition. La nouvelle, pour être
probable, n'est pas encore certaine, mais on
envisage déjà son remplacement.
Le nom du maréchal Lyaùtey, de r Acadé-
mie Française, ancien Résident Général de
Fiance au MarocJ a été prononcé. Nous
croyons savoir qu'il ne sera pas donné suite à
eette suggestion.
Par contre, on parle de plus en plus d'un
des plus' sympathiques députés que la confian-
ce de ses collègues a honoré d'une place de
choix au Parlement, et dont la nomination
serait accueillie par d'unanimes sympathies.
Le ministre des Colonies nous communique,
d'autre part, la note suivante :
« Des informations inexactes ont pam ces
jours-ci, dans certains journaux, concernant
l'Exposition Coloniale de Paris.
« En réalité, un projet de loi daté du 30
novembre, a été déposé, le 2 dêcembre, sur
te bweau de la Chambre, reportant de 1925
à 1928 l'année pradont laquelle ? aura lieu
cette mmifatation, et disposant, d'autre part,
-qat! lexpuddon sera internationale et non plus
seulement intmilliée. »
A LA MÉMOIRE
DE ROLAND GARROS
00
Ce malin, au rond-point des Chwmps-
Wlysées. a eu lieu l'inauguration du monu-
ment du statuaire Etiennc Forestier, élevé
à la mémoire de l'aviatepr Roland Garros
par les soins du Comité de l'lie de la
lléunion.
Sous la présidence de M. Laurent Eynac,
cette oôirémonie fut touchante de simpli-
cité et d'émotion.
L'arrivée du Sous-Secrétaire d'Etat à
l'Aviation fut saluée par la Marseillaise.
Puis en l'absence de M. Pierre-Etienne
Flandriti, retenu à la Chambre des dé-
putés. M. Saurand, vice-président de l'Aéro-
Club de France présente le monument à
l'assistance en une belle improvisation.
M. le sénateur Auber, d3 la Réunion,
rappela la belle vie, toute de gHoire de
l'aviateur Rolland Garros qui avec Guyne-
mer fut des gloires les plus pures de l'avia-
tion. Il rappela ea traversée historique de
la Méditerranée, sans flotteur, sans convoi
et d'un seul coup d'aile de Fréjus à
Bizerte.
L'hommage que méritait Roland Garros
sera immortalisé par ce monument qui
sera dans son lie natale l'appel constant
de la jeunesse au dévouement à la Patrie.
M. Laurent Eynac prit ensuite la pa-
role pour magnifier la vie de ce jeune hé-
ros d'avant guerre qui restera pour la jeu-
nesse française l'as d'es records de vi-
tesse, de durée, de longueur, car, parti un
matin au lever du soleil de la terre de
France, il le voyait briller Je même jour
sur la terre africaine.
Parmi les nombreux assistants noue
avons noté plusieurs Réunionnais de Paris,
le député Auguste Brunet, des représen-
tants du Président de la République, des
ministres de la Marine et de la Guerre, de
nombreux officiers aviateurs, les généraux
Gouraud et Niessel qui, tous, étaient ve-
nus saluer la mémoire de cette belle âme
d'aviateur, mort pour Œa France après
avoir lutté toujours pour le développement
de l'aviafioif et pour la conquête de l'air.
Un souvenir inédit
sur Garros
---0-0--
Qu'il nous soit permis d'évoquer un sou-
venir inédit sur Garros et ses rapports avec
les Annales Coloniales.
En ce temps-là, nous avions comme corres-
pondant, à Saïgon, Mo Garros, avocat défen-
seur, père du futur as de l'air. En congé en
France, M" Garros nous demanda une demi-
place sur le P.-L.-M.
Trois mois après, un mot de la Compagnie
nous conviait au Secrétariat. L'excellent M.
Poulet nous reçut et nous demanda : « Con-
naissez-vous M. Garros) »
Réponse que vous devinez.
–; Mais non, ce n'est pas un homme d'un
certain âge, grisonnant et respectable. C'est
un jeune homme. il a été surpris par nos ins-
pecteurs voyageant avec une demi-place péri-
mée donnée à votre journal.
L'explication fut vite trouvée. Le père avait
donné son billet à son fils à peine majeur.
s'il l'était ; le permis non prorogé avait été
saisi sur le voyageur détenteur frauduleux,
d'où l'incident. Il n'eut, d'ailleurs, pas de
suite, car comment sévir contre un jeune hom-
me qui allait accomplir, quelques mois plus
tard, la première traversée par les airs de la
Méditerranée, et devenir une de nos plus pures
glottes pendant la guerre.
de i --
s. M. Vian Twnrnf SA Annal
00
Le Président de la République a reçu hier
le prince héritier d'Annam Vinh Tuy, que
lui a présenté M. Léon Perrier, ministre des
Colonies.
Le jeune prince a quitté Paris le soir
même, accompagné de son fameux mentor
M. Charles, gouverneur honoraire. Il s'em-
barquera demain à Marseille, sur le paque-
bot Porthos, se rendant en Indochine,
pour accomplir les cérémonies rituelles et
être investi de la dignité impériale.
Conformément au vœu de son père et, d'ac-
cord avec le conseil de régence, qui exer-
cera le pouvoir pendant sa minorité, le jeune
empereur d'Annam reviendra ensuite à Paris
pour poursuivre son éducation.
Un grand transafricain
O
Avant la fin de l'année 1928, le chemin de
fer portugais du Benguela atteindra la frontière
belge où il se reliera au chemin de fer du Ka-
tanga.
Actuellement, le Benguela-Railway est en
pleine exploitation sur 700 kilomètres à partir
de Lobito-Bay, le grand port en eau profonde
sur l'Atlantique.
Du côté betee, les terrassements sont à 50
kilomètres de Ouanza, en direction de l'Ouest.
Quant au chemin de fer du Katanga, il bat tous
les records : en juillet dernier, il a transporté
5.746 passagers et 281.331 tonnes de fret.
Pendant les sept premiers mois de 1925, il
transporta 40.378 passagers et 1.754.025 ton-
nes de fret. Ces résultats ne font que confirmer
le succès espéré des emufuroes ferroviaires afri-
cames.
UAIgérie
dans la littérature française
--0.0--
Grâce à M. Charles Taillard, vice-recteur
de l'Académie d'Alger, nous possédons une
bibliographie méthodique et raisonnée des
travaux littéraires concernant l'Algérie, bi-
bliographie qui, ainsi que l'exposait hier à la
Sorbonne M. Charles Taillard. dans sa thèse
complémentaire, complète l'ouvrage remar-
quable de Fieffer, composé dans l'ordre chro-
nologique, c'est-à-dire offrant certaines dif-
ficultés pour se renseigner sur un point par-
ticulier parmi tous ces travaux.
Par les événements mêmes intimement liés
à l'histoire littéraire de l'Algérie, M. Charles
Taillard fut amené à s'occuper non seule-
ment des ouvrages de littérature, mais aussi
des publications d'un ordre social, historique
et politique qui sont très copieuses.
Le rapporteur de la thèse complémentaire,
M. Augustin Bernard, fit le plus grand éloge
du travail de l'impétrant, et après quelques
minutes de repos, - M. Charles Taillard ex-
posa sa thèse principale : « L'Algérie dans
la littérature française » devant le jury pré-
sidé par M. Reynier et composé de MM. Au-
gustin Bernard, Carcopino, Gandefrov. De-
mombynes, Hauser et Hazard, rapporteur ;
M. Paul Lapie, le nouveau recteur de l'Aca-
démie de Paris, qui veut bien se souvenir que
les colonnes des Annales Coloniales lui sont
ouvertes aujourd'hui comme hier, assistait à
la séance.
Quel fut, dans le domaine littéraire, le
bilan apporté à la littérature française comme
documentation nouvelle par les ouvrages pu-
bliés par les Français d'Algérie. soit 3.000
volumes ou articles de revue, lecture d'où
M. Charles Taillard produit une sorte de
synthèse.
Tout d'abord ce furent des livres de polé-
miques qui, de 1830 à nos jours, furent
écrits par des publicistes, des sociologues,
des fonctionnaires présentant des systèmes
d'organisation d'après lesquels tout se passe-
rait mieux en Algérie ; d'autre part, il y eut
écrits par des cens arrivant de France, igno-
rant tout de l'Algérie, des ouvrages aux idées
tranchantes, autoritaires et dogmatiques.
Il est rare qu'un livre ne contienne quelques
pages d'originalité : l'Eté au Sahara, de
Fromentin, est d'une description si exacte,
si vraie encore qu'il semble que l'Algérie ne
vieillit pas et parait ne pas devoir vieillirj
Parmi les plus belles pages de l'histoire de
l'Algérie, nous comptons la lettre de Bosquet
Saint-Arnaud au duc d'Orléans.
Quant au roman, il a paru h M. Charles
Taillard d'un intérêt secondaire vis-à-vis des
livres consacrés à la description du pays et
à son histoire qui prend une si grande im-
portance sous toutes ses formes comme in-
térêt, comme séduction. Qu'est-ce que le rl);
man auprès de ces petits volumes, ces petites
brochures offrant de la vie, expliquant com-
ment s'organise ce pays, comment l'œuvre ac-
tuelle s'est faite, en moins de cent ans, avec
une organisation donnant des résultats satis-
faisants. La description des gens, des paysa-
ges que nous trouvons dans ces romans,
éclaire les parties de l'histoire de la littéra-
turc algérienne qui apporte à la littérature
métropolitaine une contribution notable.
M. - Charles Taillard ne considère pas son
livre comme définitif. C'est un liïre de com-
mencement, posant les assises des travaux re-
latifs à la situation de la France vis-à-vis
de l'Algérie.
Le rapporteur, M. Hazard, fit remarquer à
l'impétrant qu'il a noté trop brièvement la
naissance d'une littérature essentiellement
algérienne il y a quelque vingt ans, littéra-
ture toute jeune mais déjà passionnante.
Cette observation nous a valu un exposé oral
fort complet de M. Charles Taillard qui si-
gnala que dès 1859, des notaires, des avo-
cats, des médecins se groupèrent (parmi eux
le charmant poète Charles Lefèvre) pour for-
mer un cénacle littéraire. En 1881, Jules Le-
maitre, professeur à l'Ecole supérieure d'Al-
ger, présidait une société de jeunes écrivains
d'une revue de l'époque que reprirent, de
1896 à 1900', des élèves du Lycée d'Alger.
A partir de 19T9. nous voyons des Algé-
riens prétendre que l'Algérie est l'Algério et
la France c'est la France. Il y a une volonté
algérienne de se distinguer de la France,
une volonté d'apparaître comme fondateurs
de quelque chose de nouveau. Nous voyons
dans Abd-el-Kader, Hadj Hamou et dans
une jeune israëlite des qualités spécifiquement
algériennes.
A une judicieuse remarque de M. Hazard,
sur l'importance donnée par M. Charles
Taillard aux ouvrages dont l'étude aurait
exigé des compétences spéciales techniques,
tels que ceux sur l'ethnographie, ce dernier
montre de nouveau l'importance pour com-
prendre ces romans, de connaître les mœurs
des indigènes, le rôle des administrateurs
des communes mixtes, la législation en ma-
tière d'incendies de forêt, etc.
C'est donc, ainsi que le déclara M. le prn-.
fesseur Reynier, président du jury, une mti-.
vre de haute valeur que l'étude de M. Charles-
Taillard sur la Littérature française en Al-
gérie, oeuvre qui le classe parmi nos grands
historiens de l'Afrique du Nord dont il évo-
qua au cours de sa thèse les importants tra-
vaux.
Faut-il ajouter que la thèse de M. Charles
Taillard se classant parmi les meilleures,
l'auteur a été reçu docteur ès lettres avec
mention trfcs honorable.
fsfèfll Oevnox,
f- - - - - - - , -
Lill NUMHRO ï » GBNTUIBB
JHUDI SOIR, 8 DECEMBRE IM -
Les Annales Coloniales
JOURNAL -
UES ARTICLES PUBLIES Jo AR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOUHNAï.
Ltt Annonce**! Récbmet tontretues aux Btutaux dujmnidddm imagmm de
OiRBCTftURS i MARCEL ftUIPBL et LMG. THË-BAULT
RéiMliM et iteiaMnliiB : 34, Rut du Mont- TB" PARMM" Néflm : LMfll H-U :
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•Nf S &tran*v IN • M • M »
o. BhtttrM
.,1 :.: '-'
La politique générale de l'Angleterre
0
Il y a, en Angleterre comme ailleurs,
des ècrivains qui ne se contentent pas
de suivre au jour le jour les événements
et de les expliquer par des causes acci-
dentelles ou variables.D'autres s'élèvent
au-dessus des considérations quotidien-
nes. Ils veulent voir de haut et de loin.
Ils cherchent les raisons de la politique
étrangère, coloniale, intérieure, dans les
causes primordiales dissimulées sous le
réseau des faits mouvants, dans les ins-
tincts de la race, dans ses traditions sé-
culaires, dans les intérêts essentiels du
pays.
- Pour certains d'entre eux, la politique
étrangère de la Grande-Bretagne est au
fond subordonnée à un vaste problème :
celui du surpeuplement. L'histoire nous
apprend qu'autrefois ceux qui se trou-
vaient à l'étroit dans 111e se lançaient
à travers le monde et, au delà des mers,
fondaient un immense Empire. Ils
créaient des nations nouvelles a côté de
leur nation d'origine. Une fois ces Etats
créés, eftt la longue période de l'orga-
nisation, puis de la prospérité, pendant
que la Grande-Bretagne elle-même dé-
veloppe fortement son industrie et ses
richesses. A la veille de la guerre, le
Royaume-Uni est en pleine activité. Au
lendemain de la guerre, il se trouve
face à, face avec le problème du surpeu-
Dlement.
- A la loi qui limite le nombre des hom-
mes* que peut faire vivre une surface
déterminée du sol, suivant sa qualité et
ses cultures, s'ajoute la loi en vertu de
laquelle cette limite est dépassée pro-
portionnellement au développement de
l'industrie, à la multiplication des
moyens de transport, à l'accroissement
du pouvoir d'achat, conséquence de l'ac-
cumulation des richesses. Mais que l'in-
dustrie vienne à se ralentir, que les fa*
cilités de transport diminuent, que le
Douvoir d'achat s'affaiblisse, tout ce qui
dépasse la limite souffre, s'agite, se sent
confusément condamné à disparaître.
L'exemple de la Russie est le plus ré-
cent (Fermeture des usines, arrêt dans
tes. transports, disparition des ri-
chesses acquises, tout cela a, eu pour
effet la disparition de milliers et de
milliers d'individus ; la guerre, les
exécutions, les maladies épidémiques,
la famine sont autant d'agents qui ser-
vent à la même fin. La civilisation a
ajoute une loi qui modifie, qui altère la
loi naturelle qui veut qu'un hectare de
terré nourrisse tant d'hommes et pas
plus. Par un retour fatal, c'est la loi na-
turelle qui triomphe dès que les forces
de la civilisation sont en recul.
Or, c'est une observation que j'ai sou-
vent répétée, la Grande-Bretagne est le
pays dit monde qui a le plus ouvertement
transgressé la loi naturelle. La Nou-
velle-Zélande a la môme superficie que
l'Angleterre : elle nourrit 3 millions
d'habitants, la Grande-Bretagne doit en
nourrir 42 millions et la question qui se
pose est Cille-ci : Mangeront-ils ? Pour
avoir tenu insuffisamment compte de ses
ressourcer agricoles, pour avoir porté
presque tout son effort sur l'indutrie,
la population en surnombre, celle qui
ne demande pas au sol les ressources
nécessaires à son existence, s'élève aux
trois quarts de la population totale.
C'est trop. C'est un danger redoutable
le jour où d'autres pays, jusque-là
moins industriels et moins commer-
çants, font une concurrence âpre à l'in-
dustrie et au commerce de l'Angleterre,
et où le pouvoir d'achat est considéra-
blement dimirlùé: or, ce sont là les deux
phénomènes évidents qui ont marqué
les lendemains - de la grande euerre.
Comprend-on présent l'inquiétude
des Anglais qui réfléchissent sur l'ave-
nir de leur pays quand ils lisent les
statistiques du chômage? Qu'il v ait des
ouvriers sans travail, à certaines épo-
'ques, cela est digne d'attention, à cause
de l'élat général que cela révèle ; mais
qu'il y ait des causes permanentes de
chômage, que des travailleurs s'instal-
lent dans le chômage comme dans une
profession, qu'ils attendent de rEtat,non
pas des secours provisoires destinés à
leur faire doubler le cap, mais des salai-
res réguliers qurdoivent servir au bud-
get familial, qu'ils considèrent que c'est
un devoir pour l'Etat. de les payer pour
ne rien faire et un droit pour eux de
passer à la caisse sans avoir rien pro-
duit, cela est incomparablement plus
1 terrible pour un pays dont l'énergie mo-
rale. dont l'énergie productrice est me-
nacée de ruine.
Et alors, on comprend comment les
Anglais quP aiment leur patrie, qui la
veulent grande; courageuse, respectée,
tirent de ces considérations un pro-
gramme politique.
19 Reconstituer le pouvoir d'achat, en
créant et en accumulant des richesses,
et, pour cela, tout sacrifier au dévelop-
pement du commerce cxterieur, est une
nécessité immédiate,, et de tous les ins-
tants. Ou la. Grande-Bretagne périra pfcr
SB population en sumoitifora, où bien
elle offrirait ses chômeurs un champ
t!vit '11m,nt pn irramtemmt sa
production aussi féconde qu'elle était
avant 1914, et en l'écoulant sur les mar-
chés étrangers.
Mangeront-îls ? Travailleront-ils ?
Pour que les ouvriers aient les denrées
alimentaires indispensables, pour qu'on
leur livre les matières premières qu'ils
auront à manufacturer, il faut que
l'Angleterre importe ; elle ne le peut
que si elle a exporté assez de marchan-
dises pour posséder des réserves qui lui
permettent d'acquérir matières premiè-
res et denrées alimentaires à fcon mar-
ché. Assurer dans le monde la liberté
des mers, sillonner les océans de sa
flotte commerciale, maintenir en -Euro-
pe l'équilibre des forces qui peuvent se
heurter, sauvegarder la paix par tous
les moyens, voilà les grandes lignes de
la politique étrangère du Royaume-
Uni. Ce n est pas à ses dominions que
l'Angleterre pense avant tout, et.-il se
pourrait bien que, lorsqu'elle parle de
les consulter, elle songe à gagner
du temps et à différer une répon-
se attendue. C'est à elle. à ses indus-
triels, à ses coonmerçants, à ses ou-
vriers, à ses chômeurs, à sa population
en surnombre qui a grandi hors de pro-
portion avec ce que ses plaines pou-
vaient nourrir. Qu'on se rappelle cela
chaque fois que l'on veut porter un ju-
gement sur la diplomatie anglaise ;
qu'on se dise qu'il y a pour la Grande-
Bretagne, à l'heure présente, des heu-
res difficiles et qu'à chaque moment se
pose pour elle une question de vie ou de
mort.
Mario Rouetan,
Sénateur de ¡'H"'AUU. vice-président
dt la Commission sénatoriale des Co-
t
.t.
A propos da contingentement
des rhaau
––(Wt––
Nous recevait de notre ami et collaborateur
M. Auguste Brunet, député de La Riabion.
la lettre suivante :
Paris, le 2 décembre 1925.
« Mon cher directeur,
Je viens de prendre connaissance des « ob-
servations » parues dans le numéro des An-
nales Coloniales du f décembre au sujet du
mode de répartition des 8.000 hectolitres liti-
gieux proposé par M. Henry Bérenger, séna-
teur de la Guadeloupe, et adopté à la quasi-
unanimité par la Commission instituée au Mi-
nistère des Colonies, dans sa séance du 28
novembre.
Votre correspondant. rejetant le principe de
la répartition proportionnelle aux i --à A, as
de rltrmu dans la métropole (proposition Bé-
renger). estime que cette répartition devrait
être faite proportionnellement aux quantités Je
sucre importées. ou à importer.
La Réunion n'aurait rien a perdre à l'appli-
cation d'un tel principe, le tonnage de ses
expéditions de sucre sur la France dépassant
très largement celui de toutes les autres colo-
nies prOductrices. Elle verrait même son con-
tingent réajusté dans des conditions infiniment
favorables, car la méthode de calcul adoptée
par la Commission aboutissait dans les faits
au pourcentage suivant :
Guadeloupe 191 lit. 45
,Martinique. 182 lit. 35
Madagascar ..104 lit. 24
Réunion 57 lit. 44
par tonne de sucre importé. -
Mais je suis bien obligé de reconnaître -
et de rappeler - que le supplément de contin-
gent accordé à l'ensemble des colonies avait
pour objet de pallier, par une augmentation dei
quantités de rhums entrant en franchise, les ef-
fets désastreux. pour nos colonies rhumières de
la surtaxe portée à 1.000 francs. Là est la vé-
rité au sujet, du contingent porté à 200.000
hectos.
Au Ministère des colonies
00
M. Léon Perrier, ministre des Colonies,
IL constitue son Cabinet de la façon sui-
vante :
Chef de Cabinet : M. Gaston Joseph,
gouverneur des Colonies, directeur de
l'Agence iEconomjique de l'Afrique occt.
dentale Française. , - -
Chcfê adjoints : MM. Juvanon Adrien,
administrateur en chef des ColonieB : SIt-
vestre Achille, administrateur des Servi-
CCI Civils de l'Indochine.
Sous-chef : M. Péchoutre Pierre, admi-
nistrateur des Colonies.
Chef du Secrétariat particulier : Mlle Ma-
ria Durand, rédacteur à la préfecture de
m***
Attachés au Cabinet : MM. Tajuqoe"
chef du bureau des Services civils de l'In-
dochine ; Pierre Aubert, administrateur
des Colonies t De Bally aous-préfet.
Chargé de mission ; M. Charles SOheftler,
préfet. 1
RaTOUR
0 A
M. Marcel Olivier, Gouvernera Général
de Madagssen/rentrera en France par le pre-
mier paquebot quittant la Gnmde ne au dae
de janvier.
M. Paul Valéry - - 1
et les colonies
----O.D-
Ce titre surprendra sans doute.
On attendrait plutôt : « M. Louis
Bertrand et les colonies. » Car, si
M. Paul Valéry a été révélé récemment au
grand public comme académicien et depuis
quelques années à Vélite comme poète et pro-
sateur, nul ne s'est encore avisé de le décou-
vrir colonial. A vrai dire c'est seulement
comme prosateur, et d'une façon assez loin-
taine, qu'il participe aux choses coloniales
dans le premier chapitre de « Variété 9 inti-
tulé « la Crise ae VEsprit J. « La Crise de
VEsprit l, c'est-à-dire celle de l'esprit euro-
péen dans le monde actuel et surtout à venir.
« Nous autres, civilisations, nous savons
maintenant que nous sommes mortelles. D
l'elle est la phrase liminaire de cet essai.
Notre civilisation européenne moderne sera
un jour effacée du monde comme le furent
celles de Suse et de Babylone, et ce jour est.
procite. Du sommet de l'esprit européen,
III. Valéry scrute les causes de notre ascen-
sion passée et de notre décadence inéluctable.
Il y a eu prééminence spirituelle etfrÓpéenne
dans le monde tant que la science (la géo-
métrie, par exemple, et ses conséquences) a
été une activité dirigée vers une fin idéale.
L'Europe était le cerveau unique du monde.
Il y a eu ensuite prédominance européenne
dès que cette science a atteint ses premiers
grands résultats pratiques. L'Europe, armée
d'une puissance nouvelle, a pu ainsi devenir
la maîtresse matérielle du monde. Mais, du
même coup, la science a cessé d'être unique-
ment un jeu désintéressé, un pur dynamisme
mental, pour devenir l'instrument indispen-
sable de la vie moderne, « une denrée. pré-
cieuse et que tous cherchent à acqulrir.
Grâce à ce capital, notre patrimoine, que
la colonisation leur apporte, les autres conti-
nents montent aujourd'hui au niveau de ltu.
rope et de sa puissance matértelle. L Eu-
rope ne tiendra bientôt plus dans le monde I
que sa place réelle : celle tt « un petit cap
du continent asiatique. » Nous avons étour-
dtment rendu les forces proportionnelles aux
masses. »
Ainsi, en formules d'une fureté géomé-
trique,, M. Valéry démontre la fatalité de
notre agonie. Mais, il n'en est point le seul
prophète. Il y a douze ans, notre confiance
dans le progrès était encore absolue. Nous
y marchions les yeux fermés. Brusquement la
guerre et le bolchevisme nous ont dévoilé
Vincertitude de l'avenir.
A la devanture des libraires, des titres
flamboient copme des réclames : « Le flot
montant des Peuples de couleur contre la
suprématie des blancs a., « le crépuscule des
Nations blanches w. Désolant concert où tous
s'accordent pour sonner notre glas sans nom
réjouir jamais d'aucune note d'espoir 1 Nous
Savons peut-être qu'à nous résigner. Nous
assistons à la fin de notre monde et, comme
chantait un autre poète :
Je suis l'Empire à la fin de la décadence
Qui regarde passer les grands barbares
[blancs.
Seulement nos barbares, à uousi seront noirs,
bruns ou jaunes. Agréable variété.
L'intelligence européenne n'est pas seule
capable d'élaborer des civilisations passan-
tes. L'Inde, la Chine en sont des exemples
faciles. Le Peu que nous savons de l'ilitelli-
gence noire elle-même permet de lui assigner
une sérieuse force créatrice. Tous ces peuples
de couleur ont été arrêtés ou retardés dans
leur évolution par leur isolement. Mais
l'Europe qui, aujourd'hui^ a sur eux une
avance considérable, leur a apporté le cou-
rant civilisateur. Dès lors, leur évolution va
reprendre sur de nouvelles bases, européen-
nes. Ce ne seront plus les barbares purs, les
Huns ou les Vandales, mais les barbares
colonisés, civilisés, comme le furent par Rome
les Espagnols et les Gaulois nos pères. Nietz-
selle, qui jugeait déjà notre monde trop vieuxt
appelait de tous ses voeux « les barbares du
xx8 siècle ». Cela ne l'empêchait pas de se
déclarer < bon européen », un demi-Siècle I
avant Locarno et Genève, Il n'y a là nulle
contradiction. Les a barbares » sont néces-
saires à la continuation de l'esprit européen,
qui ne se limite plus à VEurope. Nous assu-
rons l'avenir à noire civilisation en la gref-
fant sur des esprits jeunes par qui elle re-
prendra une vie nouvelle. La Culture euro-
péenne universalisée, tel sera le grand rôle
de la colonisation dans l'histoire du mcndU
de demain. Perspective grandiose.
William Bertrand,
Député de la Charente-Inférieure,
membre de la CommtMfdn de PA[odite
(jet Golonlei et des Proiedforait.
au CtNSGIL n fitUVpMEHEKT a UIIT 1
04-
Poursuivant le discours dont nous avons
donné un résumé avant-hier, M. Steeg a
fait l'éiloge des trompes du front. Faisant
allusion à la situation actuelle il a déclaré :
L'heure approche ofi. délivre de la suprême
préoccupation de la dissidence, le Maroc. défini-
tivement et intégralement rentré dans l'ordre,
Bourra, en toute libertê, rSaliser les destinées
baureuses auxquelles n est promis.
Le conseil a examiné ensuite l'ordre du
ionr la sêtmce.
La déchratkM niaislèrielle
à la Chambre et aig Séaal1
-0.0-
La déclaration ministérielle du nouveau
gouvernement a -été lue hier à la Ohambre
par M. Aristide Brianid, président du Con-
seil, ministre des Affaires étrangères, re-
tour de Londres, et au Sénat par M. René
Renoult, garde des Sceaux, ministre de la
Justice.
Le texte porte essentiellement sur la ques-
tion financière.
Rattachant les affaires du Maroc et de
Syrie à la conclusion du pacte de Locarno,
le gouvernement a dit :
« La France vient d'accomplir un acte
de solidarité internationale qui constitue
une phase capitale de sa politique de paix
mondiale. Le pacte de Locarno a été signé
hier à Londres. Nous ne doutons pas que
le 'Parlement français tout entier ne s'asso-
cie pleinement à cet acte international de
son Igouvememnt. -,
« C'est dans le même esprit de paix que
nous entendons terminer dans un bref délai
les affaires du Maroc et de la Syrie, aussi-
tôt qu'auront été réduites les agressions fo-
mentées contre l'œuvre de civilisation et de
traditionnel libéralisme de la France. »
4»
A LA CHAMBRE
DEBATS
A 22 h. 40, après deux nouvelles suspen-
sions de séance, lia Chambre a abordé hier
soir l'examen des projete financiers.
M. Lamoureux, rapporteur général, ex-
pose les besoins du Trésor dont fait état
le Gouvernement pour réiclamer la nouvelle
inflation.
Il examine ensuite -les mesures compen-
satrices prévues au budget pour résorber
d'inflation. Puis il conclut :
« La Commission a adopté le projet du
Gouvernement, avec des modifications qui
assujetissent au projet la cédule des béné-
fices agricoles, la cédule des bénéfices non
commerciaux, la cédule des traitements et
sallairee. Sous réserve de ces modifications,
la Commission demande à na. Chambre de
voter le projet. » -
Après les interventions de nombreux par-
lementaires et notamment de MM. Mau-
rice Dutreil, Bokanowski et Léon Blum,
M. Loucheur a présenté la défense de son
projet, et obtenu par 298 voix contre 113
le vota de confiance pour le passage aux
articles.
A trois heures, la Chambre a pour-
suivi l'examen des divers articlles du projet
et ce matin à 10 heures 30, après un dé-
bat passionné au cours duquel M.Briand a
été amené àposel, la question de confiance,
J'artiale 4 comportant l'autorisation de né-
gocier a nouvelle convention avec la Ban-
que de France a été voté par 246 voix con-
tro 289 voix.
- L'ensemble du projet a été ensuite
adopté avec 28 voix de majorité.
Le Sénat en a commencé lia disous-
sion au cours de sa séance de cet après-
.:midi.
1 8.8
AU SENAT
00
RAPPORTS
Ou a distribué mardi au Sénat le rapport
de M. Albert Lebrun sur le projet de loi
portant création d'une banque d'émission
fi Madagascar.
Ce rapport viendra incessamment en dis-
cussion devant la Haute Assemblée.
Décrets et Arrêtés
Décret instituant une concession minière
en Algérie.
Aux termes de ce décret, il est lait conces-
sion à MM. Albert i',:munit, Henri Zammit,
Edmond Zammit et Pierre Zllmmit, de mines
de zinc, plomb et autres métaux connexes sur
le territoire de la commune mixte des Rhiri,
arrondissement de Sétif, département de
Constantine.
Cette concession prendra le nom de conces-
sion du Djehol-Haoumnr.
8.. –-
U «tram jirtni ii l'igmiKi winn
o -0.0--'
Maints bruits ont couru sur F Exposition co-
loniale internationale renvoyée en 1928 par
M. Léon Perrier.
Aujourd'hui, l'on annonce que M. Gabriel
Angoulvant, député des Etablissements fran-
çais dé l'Inde, Gouverneur Général honoraire
des Colonies, quitterait le Commissariat Gé-
néral de rExpoiition. La nouvelle, pour être
probable, n'est pas encore certaine, mais on
envisage déjà son remplacement.
Le nom du maréchal Lyaùtey, de r Acadé-
mie Française, ancien Résident Général de
Fiance au MarocJ a été prononcé. Nous
croyons savoir qu'il ne sera pas donné suite à
eette suggestion.
Par contre, on parle de plus en plus d'un
des plus' sympathiques députés que la confian-
ce de ses collègues a honoré d'une place de
choix au Parlement, et dont la nomination
serait accueillie par d'unanimes sympathies.
Le ministre des Colonies nous communique,
d'autre part, la note suivante :
« Des informations inexactes ont pam ces
jours-ci, dans certains journaux, concernant
l'Exposition Coloniale de Paris.
« En réalité, un projet de loi daté du 30
novembre, a été déposé, le 2 dêcembre, sur
te bweau de la Chambre, reportant de 1925
à 1928 l'année pradont laquelle ? aura lieu
cette mmifatation, et disposant, d'autre part,
-qat! lexpuddon sera internationale et non plus
seulement intmilliée. »
A LA MÉMOIRE
DE ROLAND GARROS
00
Ce malin, au rond-point des Chwmps-
Wlysées. a eu lieu l'inauguration du monu-
ment du statuaire Etiennc Forestier, élevé
à la mémoire de l'aviatepr Roland Garros
par les soins du Comité de l'lie de la
lléunion.
Sous la présidence de M. Laurent Eynac,
cette oôirémonie fut touchante de simpli-
cité et d'émotion.
L'arrivée du Sous-Secrétaire d'Etat à
l'Aviation fut saluée par la Marseillaise.
Puis en l'absence de M. Pierre-Etienne
Flandriti, retenu à la Chambre des dé-
putés. M. Saurand, vice-président de l'Aéro-
Club de France présente le monument à
l'assistance en une belle improvisation.
M. le sénateur Auber, d3 la Réunion,
rappela la belle vie, toute de gHoire de
l'aviateur Rolland Garros qui avec Guyne-
mer fut des gloires les plus pures de l'avia-
tion. Il rappela ea traversée historique de
la Méditerranée, sans flotteur, sans convoi
et d'un seul coup d'aile de Fréjus à
Bizerte.
L'hommage que méritait Roland Garros
sera immortalisé par ce monument qui
sera dans son lie natale l'appel constant
de la jeunesse au dévouement à la Patrie.
M. Laurent Eynac prit ensuite la pa-
role pour magnifier la vie de ce jeune hé-
ros d'avant guerre qui restera pour la jeu-
nesse française l'as d'es records de vi-
tesse, de durée, de longueur, car, parti un
matin au lever du soleil de la terre de
France, il le voyait briller Je même jour
sur la terre africaine.
Parmi les nombreux assistants noue
avons noté plusieurs Réunionnais de Paris,
le député Auguste Brunet, des représen-
tants du Président de la République, des
ministres de la Marine et de la Guerre, de
nombreux officiers aviateurs, les généraux
Gouraud et Niessel qui, tous, étaient ve-
nus saluer la mémoire de cette belle âme
d'aviateur, mort pour Œa France après
avoir lutté toujours pour le développement
de l'aviafioif et pour la conquête de l'air.
Un souvenir inédit
sur Garros
---0-0--
Qu'il nous soit permis d'évoquer un sou-
venir inédit sur Garros et ses rapports avec
les Annales Coloniales.
En ce temps-là, nous avions comme corres-
pondant, à Saïgon, Mo Garros, avocat défen-
seur, père du futur as de l'air. En congé en
France, M" Garros nous demanda une demi-
place sur le P.-L.-M.
Trois mois après, un mot de la Compagnie
nous conviait au Secrétariat. L'excellent M.
Poulet nous reçut et nous demanda : « Con-
naissez-vous M. Garros) »
Réponse que vous devinez.
–; Mais non, ce n'est pas un homme d'un
certain âge, grisonnant et respectable. C'est
un jeune homme. il a été surpris par nos ins-
pecteurs voyageant avec une demi-place péri-
mée donnée à votre journal.
L'explication fut vite trouvée. Le père avait
donné son billet à son fils à peine majeur.
s'il l'était ; le permis non prorogé avait été
saisi sur le voyageur détenteur frauduleux,
d'où l'incident. Il n'eut, d'ailleurs, pas de
suite, car comment sévir contre un jeune hom-
me qui allait accomplir, quelques mois plus
tard, la première traversée par les airs de la
Méditerranée, et devenir une de nos plus pures
glottes pendant la guerre.
de i --
s. M. Vian Twnrnf SA Annal
00
Le Président de la République a reçu hier
le prince héritier d'Annam Vinh Tuy, que
lui a présenté M. Léon Perrier, ministre des
Colonies.
Le jeune prince a quitté Paris le soir
même, accompagné de son fameux mentor
M. Charles, gouverneur honoraire. Il s'em-
barquera demain à Marseille, sur le paque-
bot Porthos, se rendant en Indochine,
pour accomplir les cérémonies rituelles et
être investi de la dignité impériale.
Conformément au vœu de son père et, d'ac-
cord avec le conseil de régence, qui exer-
cera le pouvoir pendant sa minorité, le jeune
empereur d'Annam reviendra ensuite à Paris
pour poursuivre son éducation.
Un grand transafricain
O
Avant la fin de l'année 1928, le chemin de
fer portugais du Benguela atteindra la frontière
belge où il se reliera au chemin de fer du Ka-
tanga.
Actuellement, le Benguela-Railway est en
pleine exploitation sur 700 kilomètres à partir
de Lobito-Bay, le grand port en eau profonde
sur l'Atlantique.
Du côté betee, les terrassements sont à 50
kilomètres de Ouanza, en direction de l'Ouest.
Quant au chemin de fer du Katanga, il bat tous
les records : en juillet dernier, il a transporté
5.746 passagers et 281.331 tonnes de fret.
Pendant les sept premiers mois de 1925, il
transporta 40.378 passagers et 1.754.025 ton-
nes de fret. Ces résultats ne font que confirmer
le succès espéré des emufuroes ferroviaires afri-
cames.
UAIgérie
dans la littérature française
--0.0--
Grâce à M. Charles Taillard, vice-recteur
de l'Académie d'Alger, nous possédons une
bibliographie méthodique et raisonnée des
travaux littéraires concernant l'Algérie, bi-
bliographie qui, ainsi que l'exposait hier à la
Sorbonne M. Charles Taillard. dans sa thèse
complémentaire, complète l'ouvrage remar-
quable de Fieffer, composé dans l'ordre chro-
nologique, c'est-à-dire offrant certaines dif-
ficultés pour se renseigner sur un point par-
ticulier parmi tous ces travaux.
Par les événements mêmes intimement liés
à l'histoire littéraire de l'Algérie, M. Charles
Taillard fut amené à s'occuper non seule-
ment des ouvrages de littérature, mais aussi
des publications d'un ordre social, historique
et politique qui sont très copieuses.
Le rapporteur de la thèse complémentaire,
M. Augustin Bernard, fit le plus grand éloge
du travail de l'impétrant, et après quelques
minutes de repos, - M. Charles Taillard ex-
posa sa thèse principale : « L'Algérie dans
la littérature française » devant le jury pré-
sidé par M. Reynier et composé de MM. Au-
gustin Bernard, Carcopino, Gandefrov. De-
mombynes, Hauser et Hazard, rapporteur ;
M. Paul Lapie, le nouveau recteur de l'Aca-
démie de Paris, qui veut bien se souvenir que
les colonnes des Annales Coloniales lui sont
ouvertes aujourd'hui comme hier, assistait à
la séance.
Quel fut, dans le domaine littéraire, le
bilan apporté à la littérature française comme
documentation nouvelle par les ouvrages pu-
bliés par les Français d'Algérie. soit 3.000
volumes ou articles de revue, lecture d'où
M. Charles Taillard produit une sorte de
synthèse.
Tout d'abord ce furent des livres de polé-
miques qui, de 1830 à nos jours, furent
écrits par des publicistes, des sociologues,
des fonctionnaires présentant des systèmes
d'organisation d'après lesquels tout se passe-
rait mieux en Algérie ; d'autre part, il y eut
écrits par des cens arrivant de France, igno-
rant tout de l'Algérie, des ouvrages aux idées
tranchantes, autoritaires et dogmatiques.
Il est rare qu'un livre ne contienne quelques
pages d'originalité : l'Eté au Sahara, de
Fromentin, est d'une description si exacte,
si vraie encore qu'il semble que l'Algérie ne
vieillit pas et parait ne pas devoir vieillirj
Parmi les plus belles pages de l'histoire de
l'Algérie, nous comptons la lettre de Bosquet
Saint-Arnaud au duc d'Orléans.
Quant au roman, il a paru h M. Charles
Taillard d'un intérêt secondaire vis-à-vis des
livres consacrés à la description du pays et
à son histoire qui prend une si grande im-
portance sous toutes ses formes comme in-
térêt, comme séduction. Qu'est-ce que le rl);
man auprès de ces petits volumes, ces petites
brochures offrant de la vie, expliquant com-
ment s'organise ce pays, comment l'œuvre ac-
tuelle s'est faite, en moins de cent ans, avec
une organisation donnant des résultats satis-
faisants. La description des gens, des paysa-
ges que nous trouvons dans ces romans,
éclaire les parties de l'histoire de la littéra-
turc algérienne qui apporte à la littérature
métropolitaine une contribution notable.
M. - Charles Taillard ne considère pas son
livre comme définitif. C'est un liïre de com-
mencement, posant les assises des travaux re-
latifs à la situation de la France vis-à-vis
de l'Algérie.
Le rapporteur, M. Hazard, fit remarquer à
l'impétrant qu'il a noté trop brièvement la
naissance d'une littérature essentiellement
algérienne il y a quelque vingt ans, littéra-
ture toute jeune mais déjà passionnante.
Cette observation nous a valu un exposé oral
fort complet de M. Charles Taillard qui si-
gnala que dès 1859, des notaires, des avo-
cats, des médecins se groupèrent (parmi eux
le charmant poète Charles Lefèvre) pour for-
mer un cénacle littéraire. En 1881, Jules Le-
maitre, professeur à l'Ecole supérieure d'Al-
ger, présidait une société de jeunes écrivains
d'une revue de l'époque que reprirent, de
1896 à 1900', des élèves du Lycée d'Alger.
A partir de 19T9. nous voyons des Algé-
riens prétendre que l'Algérie est l'Algério et
la France c'est la France. Il y a une volonté
algérienne de se distinguer de la France,
une volonté d'apparaître comme fondateurs
de quelque chose de nouveau. Nous voyons
dans Abd-el-Kader, Hadj Hamou et dans
une jeune israëlite des qualités spécifiquement
algériennes.
A une judicieuse remarque de M. Hazard,
sur l'importance donnée par M. Charles
Taillard aux ouvrages dont l'étude aurait
exigé des compétences spéciales techniques,
tels que ceux sur l'ethnographie, ce dernier
montre de nouveau l'importance pour com-
prendre ces romans, de connaître les mœurs
des indigènes, le rôle des administrateurs
des communes mixtes, la législation en ma-
tière d'incendies de forêt, etc.
C'est donc, ainsi que le déclara M. le prn-.
fesseur Reynier, président du jury, une mti-.
vre de haute valeur que l'étude de M. Charles-
Taillard sur la Littérature française en Al-
gérie, oeuvre qui le classe parmi nos grands
historiens de l'Afrique du Nord dont il évo-
qua au cours de sa thèse les importants tra-
vaux.
Faut-il ajouter que la thèse de M. Charles
Taillard se classant parmi les meilleures,
l'auteur a été reçu docteur ès lettres avec
mention trfcs honorable.
fsfèfll Oevnox,
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