Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-10-27
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 octobre 1925 27 octobre 1925
Description : 1925/10/27 (A26,N161). 1925/10/27 (A26,N161).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63970099
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
NIMT-SIXIM ANNEE. N° 161
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MARDI SOIR, «7 OCTOBRE tMB.
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Les Annales Coloniales
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JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBUÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA paOPlUtTt
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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Un au I moia a note
MONMEyEJjTS ( Franc• et Colonie». 80 1 4S » 25 )
-- Ie- f Étranger 120. 65. 35 t
Oi • abonne dut ton* l– Bumax de porte et chez les principaux libraire*
M. Steeg au Maroc
Le maréchal Lyautey a quitté le Maroc ;
M. Steeg s'est embarqué pour le Maroc. Bien
niais serait celui qui ne verrait en ces deux
courtes nouvelles qu'un chassé-croisé de deux
personnages importants prenant le bateau en sens
opposé. Il y a tout autre chose : il y a deux sys-
tèmes très différents dont l'un finit et l'autre
commence. Il y a le passé et l'avenir, un passé
qui quoique subsistant encore est révolu, un ave-
nir qui doit itmlédiatement apparaître dans le
présent.
Cette antithèse n' est pas une critique. Le
passé a peut-être été nécessaire ; en tout cas, il
ne fut pas sans grandeur. S'il eut un tort, ce fut
celui de se prolonger. Si le chef, le vrai chef
qui l'incarne, avait su se retirer, il y a quelque
quatre ans, alors que le bâton de maréchal est
venu récompenser ses indéniables services, il se-
rait parti dans une apothéose. Aujourd'hui,
ceux-là mêmes qui expriment des regrets de son
départ, sont conscients qu'il aurait dû avoir lieu
plus tôt, et chez ceux qui blâment son rappel,
il y a une tendance politique cherchant à se ser-
vir du prestige relatif de son nom ou même à
tendre un appât à son caractère impulsif.
Il faut souhaiter pour lui, saqs en être trop
certain, qu'il sache rester dur d'oreille, ce qui
lui est facile, aux appels de ces sirènes dange-
reuses et imiter cet autre attardé qui, du moins,
se hérisse, farouche, dans la solitude vendéenne
où il a emporté ses rancunes, ses déceptions, et
certains disent ses remords ou les motifs qu'il
aurait d en avoir.
Ceci est une autre affaire. Pour le moment,
le maréchal Lyautey rentre en France auréolé
de quelque gloire. sous laquelle on apercevra
peut-être avant peu certaines responsabilités.
M. Steeg va trouver, au Maroc, son héritage
qui est lourd. Le nouveau Résident supérieur
est trop avisé pour l'accepter autrement que sous
bénéfice d'inventaire. Il se gardera bien de s'ap.
proprier la formule fameuse : la séance conti-
nue. Ce ne sera que prudeat de sa part.
Il va se trouver en présence d'espérances
lonatemps comprimées auxquelles il faut con-
seiller de savoir ne pas être trop impatientes,
et de résistances, sinon de trahisons, masquées
sous un voile de dévouement. Ceux qui le con-
naissent ne craioment mère Qu'il en soit duoe.
- -- --.- - --. -
A Rabat, le Versailles du régime auquel
aouyait s'appliquer la devise: Le Maroc c'est
Moi, tout lui dira la mégalomanie ruineuse dont
il aura grand'peine à atténuer peu à peu les
conséquences. Cependant, il pourra s'y assurer
le calme nécessaire aux études profondes dont
chaque rouage de la machine marocaine de-
mande à être l'objet. Il aura affaire à des chefs
de service dont la plupart - méritent sa confiance
mais qui ont dû se plier si longtemps à un
autoritarisme capricieux qu il aura à réveiller
chez eux l'esprit d'initiative en même temps que
le sentiment des responsabilités. Certains peu-
vent devenir pour lui des collaborateurs infini..
ment précieux, d'autant plus dévoués qu'ils ont
souffert moralement de l'ancien état des choses.
D'autres qui ne furent que "es courtisans - et
ce seront probablement les plus empressés au-
près de lui - seront justement gratifiés du con-
seil de retenir une place sur un prochain paque-
bot.
Dans tout le Maroc, le Résident supérieur
rencontrera une colonie française beaucoup trop
c l a i rsemé dans ci
clairsemée dans de vastes récrions de l'intérieur.
- - - - - -- - -- - - - ,
et qui d'une façon générale mérite sa confiance.
Elle ne tardera pas, cela est certain, à lui pré-
senter un cahier de revendications.
Elle demandera à être quelque chose dans ce
pays qu'elle féconde de son travail, et dont le
Gouvernement ne l'a guère connue jusqu'ici que
pour la surcharger d'impôts dont elle ignore
l'emploi. Si M. Steeg s'étonne de quelque
chose, ce ne sera pat. d'être saisi de ses requê-
tes, c'est que certaines d'entre elles aient en-
core besoin d'être formulées.
Il trouvera des fonctionnaires soumis à la
seule règle du bon plaisir, dépourvus de garan-
ties, et par conséquent n'apportant à leur tâche
que l'appréhension et le servilisme.
Il entendra les ouvriers lui demander d'intro-
duire au Maroc les premiers rudiments de cette
protection sociale que la France républicaine se
fait un devoir et un honneur d'organiser et dont
il a été lui-même un des plus utiles artisans.
La question indigène lui apparaîtra dans toute
sa complexité diverse, tant dans les rapports
qu'elle implique entre le Gouvernement protec-
teur et le Gouvernement protégé que dans les
cadres imposés à la grande masse du peuple ma-
rocain et enfin dans l'intérêt réel de cette masse
elle-même jusqu'ici fort peu prise en considéra-
tion.
Un simple détail nous fait croire que déjà la
première donnée de ce vaste problème a été
bien comprise par le nouveau Résident supé-
rieur :
Lorsque le maréchal Lyautey a pris congé du
Sultan, il s'eat félicité des années qu'il a pas-
sées à son service. Lorsque M. Steeg interviewé
a parlé de ses intentions, il a déclaré qu'il
comptait poursuivre, à côté du Sultan respecté,
la grande oeuvre du Protectorat français.
Vraiment, il nous semble qu'un maréchal de
France n'est pas au service d'un sultan du Ma-
roc, qu'un représentant de la France n'est au
service que de la République et que sa place
dans un empire protégé par la France est bien,
comme r a dit M. Steeg, à câié du chef de cet
empire.
Il ne faudrait pas voir dans la différence ides
termes employés par les deux hommes une sim-
ple nuance de langage. Elle dénonce, au con-
traire, des conceptions profondément diverses,
et chacune de ses locutions est un indice de ca-
ractère qui pourrait servir de prélude à toute une
étude de plychole politique que nous ne ten-
terons pas aujourd hui malgré son intérêt.
Quant au cadre dans lequel on a jusqu'ici
fait entrer la masse indigène et dont le clin-
quant servait de miroir à illusions pour provo-
quer l'admiration des visiteurs, il y aurait lieu
de l'examiner de très près. La façon dont il a
craqué dans la région de l'Ouergha prouve son
peu de solidité.
Il n'est pas jusqu'à cette conception féodale
dite des grands caïds du Sud au sujet de la-
quelle les réserves les plus formelles ont jadis
été formulées : la formule adoptée a pu être
nécessaire et donner de bons résultats pendant
les années de guerre pour le bien du Maroc,
et dans l'intérêt de tous, même des grands caïds,
disons qu'elle a besoin d'être modifiée, trans-
formée. améliorée.
La maréchal Lyautey retrouvait ses propres
tendances chez ces puissants seigneurs féodaux
vivant dans des palais fortifiés, entourés d'une
cour fastueuse, servis par des esclaves et faisant
figure de grands feudataires. On les proclame
fidèles : comment ne le seraient-ils pas à un ré-
gime qui leur permet d'exercer un pouvoir à
peu près sans contrôle et sans limites allant jus-
qu'à disposer en fait, sinon en droit, de la vie
et des biens de IC'Áls serfs)
Il est tel de ces potentats que 1 an fête à
Paris, que l'on traite en haut personnage, dont
le snobisme célèbre les qualités, qui n'est dans
son vaste territoire qu'un tyran sanguinaire fai-
sant peser un joug de terreur sur une population
dont la haine pour lui remonte jusqu'à la France
dont il se réclame.
Voilà ce que le Gouvernement ne sait peut-
être pas, car on ne le lui a jamais dit. M. Steeg
lui-même tiendra pour exagéré ce que nous ve-
nons d'indiquer. Qu'il le retienne cependant, et
qu'il jette un regard de ce côté. Bientôt, il
pensera que si nous voulons nous attacher le
peuple marocain, il faudra modifier complète
ment ce système.
Cette esauisse sommaire indiaue. ma taré ses
lignes à peine tracées, la difficulté de l'oeuvre
qui attend le nouveau Résident supSieur. L'
permet aussi d'apprécier l'estime que nous poi-
tons à celui-ci, lorsque nous disons que le Gou-
vernement de la République ne pouvait mieux
choisir l'homme en qui nous avons confiance
pour instaurer au Maroc le régime nouveau au-
quel il n'est que temps d'appeler ce pays pro-
tégé par la France.
Erneêt Haado.,
Député de la Marne,
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commerciales
la@§%
Un grand conseil colonial
0
La place d'administrateur que M. Der-
villé, président du Conseil d'administration
du P.-L.-M. occupait au Conseil de la Com-
pagnie Universelle du Canal Maritime de
Suez était libre. Le Gouvernement, qui choi-
sit, a jeté son dévolu sur le maréchal Lyautey.
A ce sujet, peut-être est-il piquant de noter le
grand nombre de hauts fonctionnaires colo-
niaux qui siègent autour du tapis vert de la
rue d'Astorg.
Enumérons :
Voici d'abord le président, M. C. Jon-
nart, de l'Académie Française, sénateur, an-
cien ministre ! président du Conseil Général
du Pas-de-Calais, ancien Gouverneur Général
de l'Algérie à maintes reprises.
Voici ensuite M. Jules Cambon, de l'Aca-
démie Française, ancien ambassadeur, ancien
Gouverneur Général de l'Algérie, lui aussi.
-- M. Louis - Lépine. membre de l'Académie
des Sciences morales, ancien préfet de police,
encore un ancien Gouverneur Général de
l'Algérie. --
M. Ernest Roume, ancien Gouverneur Gé-
néral de l'Afrique Occidentale avant la guerre
et de l'Indochine pendant la guerre.
Notons également M. André Lebon, ancien
ministre des Colonies, président du Conseil
d'administration du Crédit Foncier et agricole
d'Algérie et de Tunisie.
Signalons enfin qu'un autre administrateur du
Suez, M. Denis Pérouse. président du Conseil
d'administration de la Compagnie de Naviga-
tion des Chargeurs Réunis, a recueilli, ven-
dredi dernier, la succession de M. Stéphane
Dervillé à la présidence du Conseil d'adminis-
tration du P.-L.-M.
@toi
Noavdle décwierte arckétltgrçie
Le service archéologique de Syrie vient de
découvrir, dans la région de Tripoli, une série
de peintures de l'époque des Croisades.
L'une d'elles représente sainte Marine en-
trant au couvent et tenant en main le Miroir
des Enfants (speculum puerorum) , manuel re-
ligieux écrit au XIe siècle par le moine lsem.
bart, de l'Abbaye de Fleury-la-Montagne,
près de Otarolles.
––-–
LE CABDŒT PAIRLEVE
DEMBfBONNE
0
A l'heure où nous mettons sous presse
nous apprenons que M. Paul-Prudent
Painlsvé a remis la démission du mtnls*
ttre à M. Gaston Doumergue.
latoralilatioll ciltiiilM
-0.0-
Te rapport du directeur des 'iif-
faires civiles et des sceaux sur les
naturalisations, en 1024, nous four.
nit des chiffres intéressants.
5.224 naturalisés, dont 3.090 résidaient
en France depuis plus de dix ans, tel est le
nombre des naturalisations métropolitaines.
Festina lente; nous ne réalisons que la
deuxième partie de la devise ; pour la hâte,
il n'y faut pas compter ; mais gour la len-
teur, nous sommes un peu là. Aussi, sur les
3.511 hommes naturalisés, 1.400 seulement
sont à l'âge d'adulte; 1.600 ont entre 40 et
60 ans; 300 ont plus de 60 années. La plu-
part méritent un prix de persévérance.
Louons-les hautement de ne pas avoir déses-
péré.
Mais, nous dit-on, il y a en revanche un
ef fort méritoire pour multiplier le nombre
des naturalisations coloniales. Voyons un
peu.
Constatons qu'il y a progrès. 840 indi-
vidus avaient été naturalisés, aux colonies en
1923; c était insignifiant ; 1.668 Vont été en
1924; c'est presque le double, Varithméti-
que m empêche de le nier, mais n'est-ce pas
insignifiant encore une fois, quand on ré-
fléchitt Eh quoi! dans cette plus grande
France, dont la superficie dépasse celle de
l'Europe, il ne s'est trouvé que 1.668 de-
mandes de naturalisations qui aient Paru sus-
ceptibles d'être accueillies ! Sur les cent
millions d'habitants qui peuplent nos provin-
ces lointaines, il ne s'en est rencontré que
1.668 qui aient semblé mériter le titre de
Français 1 On ne saurait m'accuser de vouloir
affaiblir ou diminuer le nombre et la tJlla.
lité des garanties que je juge indispensables
à l'admission sollicitée par les hommes qui
habitent nos colonies; je m'en suis expliqué,
ici même, en toute franchise. Mais jamais
on ne me fera croire que, parmi les milliers
de demandes qu'on a reçues ou qu'on aurait
reçues si on pratiquait une politique large.
ment intelligente, à peine 1.668 aient été
assez sérieuses pour qu'on les Prit en consi-
dération.
Regardons, d'autre part, les statistiques
de plus près. Il y a eu 381 mineurs natu-
ralisés aux colonies UI192,1, 850 en 1924;
c'est un gain important puisqu'on est parti
de 381, mais dont nous aurions tort de nous
déclarer satisfaits. Il y a eu 126 femmes en
1923, et 302 en 1924; quand il s'agit de co-
lonie, il est toujours bon, sur ma foi, d'avoir
les femmes avec soi, mais enfin on com-
prendra que c'est surtout le nombre des hom-
-.-- _-_J:_!- _: ..,1,,---- .-- J:_-
rnii naturalises qui pane en prtmurc ugne;
or, il passe d'une année à l'autre, de 333 à
516, soit une augmentation de 183 unités. Et
l'on ajoute que dans ces nombrls, il faut voir
surtout l'apport tunisien, c'est-à-dire la con-
tribution d'un pays où il y a 2 millions
d'habitants, sur lesquels plus de 100.000
Italiens, entourent 55.000 FrançaIS. Que
reste-t-il pour les autres provinces de la plus
grande France f
Se glorifie qui voudra de ces résultats pi-
toyables. Il y a, semble-t-il, plutôt lieu de
s'en attrister. Coloniser, c'est travailler il
l'àssiriilation des indigènes; les faire évoluer
lentement, prudemment, mais sûrement vers
nous; les conduire pas à pas jusquau point
à partir duquel ils auront le droit de récla-
mer leur place dans la grande famille fran-
çaise. Tout nous engage à les y attirer, et à
les rendre dignes du titre de citoyen fran-
çais, tout, notre natalité qui est déplorable,
notre situation même aux colonies qui est
dangereuse et menacée. Or, à quoi rccomlaÎ-
trons-nous que nous sommes dans le bon ene..
min sinon au chiffre des demandes de natu-
ralisation qui auront été estimées dignes
d'être satisfaites? 1.668, ce n'fst pas grand
chose, avouez-le, et il y aurait sans doute
quelque motif de découragement si on ne pett-
sait que les difficultés administratives sont
en grande partie responsables de ces piètres
résultats, et que le jour où on les aura fait
àisparaître, on s'apercevra, par le nombre
des Français nouveaux dans nos colonies,
que nous marchons dans la vraie voie et que
nous appliquons les saines méthodes.
Mario Rouëtant
Sénateur de l'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co.
lonies, Secrétaire général du Groupe
vilicole.
4
M. Maurice Viollette
et les syndicats unitaires
0»0–
M. Maurice VioUette,Gouvei'neur Général
de l'Algérie, vient de rendre publique la
lettre suivante, adressée par son ordre à
un représentant du « cartel des services
publies », qui lui avait offlciellomnent de-
mandé audience :
Le Gouverneur Général est prêt à rece-
voir comme il le fait en toute circonstance
les représentants des syndicats en vue
d'une collaboration qui doit être loyale et
confiante pour pouvoir produire tous les
effets utiles pour le bien général et le
plus grand profit des associations corpora.
tives.
Le Gouverneur Général ayant apprécié
que les syndicats unitaires ont manifesté
en toute circonstance, non point une pré-
occupation de collaboration, mais un souci
de révolution et d'insurrection, considéra
qu'aucune conversation utile ne peut s'en-
gager entre lui et eux.
Propagande
L'initiative prise par M. André Hesse,
concernant ce que M. Auguste Brunet appe-
lait hier : « l'Education Coloniale de la
Nation », est trop importante pour que notre
collaborateur et ami ne nous permette pas
d'ajouter à son article quelques détails tirés
des déclarations mêmes faites à un de nos
confrères, par le ministre des Colonies.
Le besoin, vraiment, se faisait sentir d'un
vigoureux effort de propagande.
Récemment, a dit M. André flesse, l'un
des principaux commerçants de notre Afrique
occidentale envoyait à la Foire de Lyon le
ellef acheteur de sesétablisseipients avec or-
dre de réaliser diverses commandes se mon-
tant à neuf millions de francs. Les exposants
auxquels il s'adressa, lui répondirent, la
Plupart, que le marché intérieur français
seul les intéressait. Ce cas n'est malltellrclt-
sement pas isolé.
Beaucoup de nos commerçants ignorent
que les millions d'indigènes de nos colonies
seraient pour eux d'excellents clients ; d'au-
tres s'en doutent, mais ils manquent de ren-
seignements sur les besoins des colonies, sur
le fret, sur les transports, sur les taxfS et
usages commerciaux locaux. De là une dé-
plorable inertie aux dépens de l'économie
nationale.
Il faut éclairer l'opinion. Or, à cet effet,
nous possédons à Paris même, lUI instrument
officiel, parfaitement au point : les agences
économiques de nos colonies. Elles peuvent
fournir au Public les renseignements (mlCff-
nant les diverses branches de l'activité co-
loniale : la production, le domaine, les mi-
nes. l'industrie, le commerce, les forêts, les
statistiques de toutes sortes. le fret, les trllllS-
ports, etc.
C es agences sont la base sur laquelle re-
pose mon projet. Files doivent jouir d'une
grande liberté de mouvement et travailler
d'une manier* pratique. J'entends « commer-
cialiser » leur açtion. --
votet un exemple tire a un fait récent, litS
bonnetiers de l'Aube me demandèrent la liste
des articles qu'ils pourraient fournir aux
marchés de l'Ouest africain avey- des chan-
ces de slfrrs. L'agence de l'A. 0. F. leur
transmit alors des échantillons exportés au
Sénégal et au Soudan Par les industriels
japonais, catalans et hollandais ; elle leur
indiqua les prix d'achat et de vente, les im-
portations en quantité et en valeur, ainsi
que les maisons de commerce de la colonie
avec lesquelles ils pourraient utilement en-
trer en relations. Ayant examiné l'affaire,
deux maisons de bonneterie françaises déci-
dèrent de travailler pour l'A. O. F.
On peut obtenir les mêmes résultats dans
bien d'autres branches commerciales. Voici
un autre exemple, en sens inverse. L'agence
économique de l'A. O. F. saisit directement
une chambre syndicale de tous les rensei-
gnements concernant une matière première
locale intéressant ses adhérents. File lui
transmet les échantillons et les vours avec
toutes précisions sur sa production. Le ré-
sultat, c'est que ses adhérents peuvent alors
acheter cette matière première dans la co-
lonie et s'affranchir ainsi du marché étran-
ger auquel ils s'adressaient auparavant.
Enfin, M. André Hesse annonça l'envoi
aux maires de province, de lettres-circulaires
les invitant à favoriser la création de comités
de propagande, organes de liaison entre les
industriels régionaux et les agences écono-
miques.
« Une excellente circulaire. Il, écrivait
hier M Augustf' Brunet. Excellente, en
effet! Qui a, une seule fois, jeté un coup
d'œil un peu attentif sur nos domaines d'ou-
tre-mer, reste stupéfait de la quasi indiffé-
rence du public à leur égard. Les Français
somnolent, colonialement parlant, sur une
mine d'or.
Cependant, le franc baisse.
R. B. L.
EN SYRIE
-0-0--
De nouveaux troubles à Damas (?)
D'après des nouvelles de Jérusalem arri-
vés à Londres, de nouveaux troubles pro-
voqués par les Druses auraient éclaté à
Damas.
La ville serait abandonnée par la popu-
lation. D'autre part, ceux des Druses ,qui
s'étaient soumis auraient repris leur pa
rôle. La situation serait assez sérieuse.
L'artillerie française aurait bombardé
dans ta nuit de samedi A dimnche et dans
la matinée de dimanche, un quartier de
Damas où les Druses avaient provoqué un
soulèvement.
Les dommages seraient peu importants
et il y aurait une cinquantaine de tués.
Par cuntre, VHomme Libre publie une dé-
néebe de ncvronth. on date du 26 octo-
bre, affirmant que le calme est complet à
Damas et en Syrie.
Les indemnités
Le Daily Mail dit qoo les indemnités exi-
gées des insurgés de Damas ne sont pas
de 100.000 livres, mais de 40.000 livres
égyptiennes.
Un navire en feu
IJn incendie s'est dtlclarrl hier dans le
port de Beyrouth, à bord dit vapeur fran-
çais AjpoHoii, portant un chargement de dy-
namite et de Iwnzine. Pour prévenir le dan-
ger d'une explosion. les autorités françaises
ont fait couler le navire à coups de canon.
On croit que tout t'dquipagc a pu être
sauvé.
(Par dépêche).
get4w-
Un cimetière musulman à Londres
IJn Confié présidé par le ,princc .Agha
Khan ot le ehérif Emir Ali réunit en ee
moment les fonds nécessaires à rétablisse-
ment d'une nécropole musulmane dans la
banlieue londonienne.
Le conditionnement
des produits au Sénégal
0
Nous avons signalé, en son temp, les me-
sures prises par l'administration au Sénégal,
pour le conditionnement des arachides et les
amandes de palme. Il s'agissait de fixer les
conditions de circulation, de mise en vente
et d'exportation de ces produits, en vue
d'empêcher les adi'térations constatées et
par suite, la dépréciation sur les marchés
d'Europe.
Quatre nouveaux arrêtés viennent de pa-
raître sur ces matières : ils apportent à la
réglementation en vigueur certaines modifi-
cations tirées des enseignements de la traite
dernière ou des avis exprimés par les con-
seils des notables et les chambres de com-
merce préalablement consultés.
Les réformes, adoptées après un examen
approfondi, sont les suivantes :
a) Les contrôleurs ne seront plus exclusi-
vement choisis parmi les Européens : des
chefs de canton ou de village lettrés choi-
sis parmi ceux dont l'autorité morale est
indiscutée et l'intégrité éprouvée, pourront
être désignés pour concourir aux opérations
de vérification.
b) Les pourcentages d'impuretés tolérés
dans les lots d'arachides ou d'amandes de
palme pour l'admission de ces derniers à
l'portation ou n'entrainant pas pour les
propriétaires ou les transporteurs de pénali-
tés administratives ou judiciaires, sont res-
pectivement abaissés de 4 b M t et de
10 îi7
c) La traite des arachides ne comporte
plus de dates d'ouvertures et de fermeture.
Les transactions suivies de livraison entre
producteurs et commerçants sont donc ab-
solument libres et ne peuvent être désor-
mais, et à une période quelconque de l'an-
née, retenues et poursuivies comme consti-
tuant une infraction à la réglementation des
produits.
d) Par exception aux règles antérieure-
ment posées en matière de répression, les in-
fractions commises sur le territoire des com-
munes de plein exercice par les indigènes
non citoyens français ne sont pas punissa-
bles par-voie administrative, mais sont dé-
férées au tribunal de premier degré compé-
tent.
Ces retouches n'altèrent pas le principe
et n'affectent pas sensiblement le fond de la
réglementation antérieure ; elles ont surtout
pour but d'en faciliter le jeu, de réduire la
gène ou de supprimer les difficultés que son
application a provoquées.
Déjà, la réglementation de 1924 a donné
des résultats satisfaisants : les arachides ont
été débarrassées du sable qui s'y trouvait
autrefois mélangé en grande quantité. Néan-
moins, elles contiennent encore un pourcen-
tage de coques vides tiop élevé.
L'éducation des cultivateurs est à par-
faire, de même que le service du contrôle
devra être perfectionné : c'est à ces résul-
tats que tendront les efforts de l'Adminis-
tration en accord avec les Chambres de
commerce.
A l'Exposition des Arls Décoratifs
0
La distribution des récompenses de T Expo-
sition des Arts Décoratifs a eu lieu hier au
Grand-Palais, sous la présidence de M. Gas-
ton Doumergue, entouré des ministres du Corn.
merce et de l'Instruction publique et de M.
Fernand David, Commissaire Général.
- Chaque délégation étrangère a salué le Pré-
sident de la République de son drapeau. Des
discours ont été prononcés par MM. Fernand
David, Chaumet et Yvon Delbos.
Les cinq délégués des sections coloniales,
en même temps que les présidents de groupes,
ont reçu officiellement les palmarès de récom-
penses de leurs sections.
Pour les pécheurs de Terre-Neuve
0-0
La campagne de pèche aux bancs de
TVrrti-Neuvu qui vient de S'ï terminer a d.
comme tous les ans, meurtrière. Nombreu-
ses sont, sur toute la côte bretonne, les
familles de marins qu'un deuil a réduites a
ta misère.
Certes, une pension est accordée aux pa-
rents des victimes de la mer, mais com-
bien modeste et insuffisante !
:\us:-;i les Terres-Neuvas ont-ils voulu que
la détresse des leurs filt, si possible, un
un peu moins grande. Ils ont créé la Caisse
de secours mutuels mentée par leurs cotisations.
Mais les .veuves et les orphelins secou-
rir sont nombreux.
Et la caisse, qui li'a pas encore six mois
d'existence, est pauvre, très pauvre.
On adresse donc un pressant nppd fi loti:,
ceux qui connaissent l'existence pénible des
pécheurs de morue, presque tous pères tl,.
familles nombreuses
La (laisse de secours mutuels recevra
loua les dons, même les plus modestes,
qu'on voudra bien lui. adresser pour les
Tenv-N'euva.s des quartiers de Dinan, Sailll-
Mal o et Cancale.
Prière d'adresse.r les mandata à M. rumlnislrateur de l'Inscription maritime, de
<;¡(.nt-MÛo ¡('!ne-et.-Vilaine) avec la men-
tion : Pour la Caisse de secours mutuels
des Terre-,\euvas.
I
Corps de santé militaire
-n.o--
Nous sommes heureux d'apprendre que
M. le médecin principal de première classe
Savornin (A.-R.), est, par décret paru à
l'Officiel ce jour, nommé médecin inspec-
teur et maintenu dans ses fonctions de direc-
teur du service de satité au ministère de
la Guerre.
NI. le médecin in%-
Originaire ac Bône, M. le médecin ins-
pecteur Savornin, doué de hautes qualités
de technicien et d'organisatsur, a longtemps
été en service en Algérie.
LES TEXTILES COLONIAUX
La Raznie
-0-0-
Après avoir, il y a quelques années,
« lancé » le à'isalj M. l'ingénieur Félicien
Michotte, conseiller-expert, spécialiste en
cultures coloniales < lance » la Kamie dont
il expose la culture et les succédanés dana
la deuxième édition 1925 d'un Tome Ier con-
tenant le Bulletin de ( à 6. (Janvier-juillet
1925.) Ces indications paraîtront sans doute
quelque peu bizarres à nos lecteurs, mais
s'ils daignent parcourir l'introduction abra-
cadabrante de ce Bulletin (1), ils en com-
prendront la nécessité. On est tout éberlué
quand on lit une élucubration de ce genre,
car M. Félicien Michotto y traite les gens
d'imbéciles et de malhonnêtes, tout aussi
bien que d intelligents et honnêtes (au choix
du lecteur) selon qu'ils sont ou non de son
avis. On lit entre autres dans la note finale
de cette introduction - il n'y a que ce que
fait Michotte qui est bien. La réalité
c'est que dans tout, élucubration de l'ingé-
nieur Michotte il y a toujours quelque chose
d'utile à glaner. C'est pourquoi il doit avoii
raison de < lancer » la Kamie, comme i!
avait vu juste en recommandant la culture
du Sisal dans nos colonies tropicales où
elle donne de hon.; résultats (à la Côte
d'Ivoire entre autres).
La Ramie, de la famille les LTrticées, ap-
partient au genre BU limeria, c'est l'ortie d,.
Chine, elle ne porte pas de poils urticant
qui caractérisent le genre t'rtica. Elle viem
de Java ou du Laos. Elle fut tout d'abord
considérée par les Hollandais comme planta
d'ornement.
En 1S08, des libres provenant de Summ.'
furent employés à la fabrication de tisou"
qui attirèrent l'attention -ur cette plante, au
point de vue industriel.
Un mémoire de Ducaisne, en 1845, fu
conaitre la ramie en France où un filateui
M. Farel, l'avait utilisée dès 1815.
A. Favier, Dalloz, R.-A. Favier, directeur
de la Ramie Française, Frémy, Eugène
Etienne, Bertin, Ch. Rivière « t depuis 1S89, -
l'ingénieur Michotte furent les propagateurs
de la culture de la Ramie.
Sous les tropiques, la Ramie atteint
1 m. 80 h 2 m. 50 de. hauteur. Cette plante
est vivace et produit de nouveaux jets
quand on la coupe. Un pied peut durer plu-
sieurs années et donner lieu à des nombres
de 1 à 8 suivant les contrées, la variété
cultivée et la quantité d'eau. Au point de
vue botanique, voici la composition d'un
pied de 3 k. 536 : racines 1-853, tiges '->,81/).
feuilles 0,781 = 1 k. 680. Le pied donne
donc approximativement 4; 0o de feuilles.
Les expériences de M. Michotte en Algé-
rie lui ont donné les résultats suivants :
Tiges vertes mûres, de 1 m. 6u de lon-
gueur : feuilles 33 %, rendement en laniè-
res humides tiges effeuillées 30 %, tiges non
effeuillées 20 %, rendement en lanières sè-
ches, tiges effeuillées 6 tiges non effeuil-
lées 3,8
La vitalité des graines est telle que
M. Michotte a pu en faire germer au bout
de vingt-deux ans ! 't qui plus est : la
ramie est insecticide et sa plantation pro-
tège les cotonniers et les vignes des Lépi-
doptères, vu le tanin de son ecorcc.
Par contre, elle a des insectes parasite?
dont les termites ne ..;ont pas les moindres
et elle craint le grand soleil.
Les procéds de culture en Chine et en
Extrême-Orient sont tout au long exposé-
t- I. Nlicliotte.
dans la brochure, de M. Michotte.
Dans nos colonies d'Afrique, les premiers
essais furent tentés au Sénégal en 1877, par
MM. Guillabut et Durand Valantin à Saint-
Louis (Dakai-Bangol et les tiges atteigni-
rent une hauteur de 2 mètres. Elle néces-
site une irrigation artificielle pendant la
saison sèche. C'e?t pourquoi ces essais d.ia>
une région peu irriguée ne donnèrent pat
des résultats complets.
C'est donc, pour la Côte Occidentale
d'Afrique, dans les Colonies de la Guinée
et du Golfe du Bénin que la culture de la
ramie, qui a besoin de beaucoup d'eau, peut
et doit réussir.
L'A. E. F., à coup .-vu, est favorable
la culture de la Ramie. T .( manque de ma-
chines, tcrit M. Michotte. empêcha toute
exploitation. ,". H
A Madagascar, aux nés munie-Marie ei
Nossybé où la ramie lut essayée, les
Pères du Saint-Esprit ont obtenu de hom
résultats.
Le professeur de Cordemov signala à la
Réunion. la Hoehméria stépularis Wedd. Le
pharmacien Raynaud vn préconisa la cul-
ture des 14 mais, haute de machine Mi-
chotte, on dut abandonner toute tentative de
culture par son procédé. La Boehmeria .V/-
iea pousse à l'état spontané.
En Nouvelle Calédoni,. les plantation^
de ramie de Bourail, de Fonvohari et du
Diahot en 1S81 n'ont pu donner de résul-
tats pratiques faute de machines. Tahiti,
nos possessions du Pacitique, dont le cli-
mat est analogue ?t celui du Mexique (pays
par excellence de Ja ramie), sont très pro-
à la culture de cette plante.
T-1 (YÙ pousse le coton, poussera la ramie,
mais, je n'irai pas comme M. Michotte plt-
tendre qu'il faut substituer la ramie au co-
ton. Concluons simplement de l'étude très
approfondie de l'honorable ingénieur expert
en textiles que la rami e doit être plus cul.
tivée qu'elle ne l'est actuellement et qu'elle
peut nous fournir un appoint sérieux l'n
textile.
Quant aux procèdes de décorticage de la
libre, et c'est là l'essentiel au point de vue
industriel, l'auteur de l'étude que j'ai bri-
vement analysée déclare, tout naturellement,
que la machine Michotte, < 1a Française »
non primée par le jury. e chine qui donne de lxms résultats a condi-
tions toutefois qu'elle ne soit pas confiée
un ignoiant doublé d'un imbécile.
L'inventeur de ce merveilleux outil a
remplacé l'enlevnge à la main par un enle-
(1) Ln Ramie, culture et succédanés. Société
de propagande coloniale, 45, avenuo Trudaine,
l\»ris.
- - - - - - - - - -..
LB NUMERO : 00 CENTIMES
-:.-'
MARDI SOIR, «7 OCTOBRE tMB.
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Les Annales Coloniales
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JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBUÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA paOPlUtTt
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Un au I moia a note
MONMEyEJjTS ( Franc• et Colonie». 80 1 4S » 25 )
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M. Steeg au Maroc
Le maréchal Lyautey a quitté le Maroc ;
M. Steeg s'est embarqué pour le Maroc. Bien
niais serait celui qui ne verrait en ces deux
courtes nouvelles qu'un chassé-croisé de deux
personnages importants prenant le bateau en sens
opposé. Il y a tout autre chose : il y a deux sys-
tèmes très différents dont l'un finit et l'autre
commence. Il y a le passé et l'avenir, un passé
qui quoique subsistant encore est révolu, un ave-
nir qui doit itmlédiatement apparaître dans le
présent.
Cette antithèse n' est pas une critique. Le
passé a peut-être été nécessaire ; en tout cas, il
ne fut pas sans grandeur. S'il eut un tort, ce fut
celui de se prolonger. Si le chef, le vrai chef
qui l'incarne, avait su se retirer, il y a quelque
quatre ans, alors que le bâton de maréchal est
venu récompenser ses indéniables services, il se-
rait parti dans une apothéose. Aujourd'hui,
ceux-là mêmes qui expriment des regrets de son
départ, sont conscients qu'il aurait dû avoir lieu
plus tôt, et chez ceux qui blâment son rappel,
il y a une tendance politique cherchant à se ser-
vir du prestige relatif de son nom ou même à
tendre un appât à son caractère impulsif.
Il faut souhaiter pour lui, saqs en être trop
certain, qu'il sache rester dur d'oreille, ce qui
lui est facile, aux appels de ces sirènes dange-
reuses et imiter cet autre attardé qui, du moins,
se hérisse, farouche, dans la solitude vendéenne
où il a emporté ses rancunes, ses déceptions, et
certains disent ses remords ou les motifs qu'il
aurait d en avoir.
Ceci est une autre affaire. Pour le moment,
le maréchal Lyautey rentre en France auréolé
de quelque gloire. sous laquelle on apercevra
peut-être avant peu certaines responsabilités.
M. Steeg va trouver, au Maroc, son héritage
qui est lourd. Le nouveau Résident supérieur
est trop avisé pour l'accepter autrement que sous
bénéfice d'inventaire. Il se gardera bien de s'ap.
proprier la formule fameuse : la séance conti-
nue. Ce ne sera que prudeat de sa part.
Il va se trouver en présence d'espérances
lonatemps comprimées auxquelles il faut con-
seiller de savoir ne pas être trop impatientes,
et de résistances, sinon de trahisons, masquées
sous un voile de dévouement. Ceux qui le con-
naissent ne craioment mère Qu'il en soit duoe.
- -- --.- - --. -
A Rabat, le Versailles du régime auquel
aouyait s'appliquer la devise: Le Maroc c'est
Moi, tout lui dira la mégalomanie ruineuse dont
il aura grand'peine à atténuer peu à peu les
conséquences. Cependant, il pourra s'y assurer
le calme nécessaire aux études profondes dont
chaque rouage de la machine marocaine de-
mande à être l'objet. Il aura affaire à des chefs
de service dont la plupart - méritent sa confiance
mais qui ont dû se plier si longtemps à un
autoritarisme capricieux qu il aura à réveiller
chez eux l'esprit d'initiative en même temps que
le sentiment des responsabilités. Certains peu-
vent devenir pour lui des collaborateurs infini..
ment précieux, d'autant plus dévoués qu'ils ont
souffert moralement de l'ancien état des choses.
D'autres qui ne furent que "es courtisans - et
ce seront probablement les plus empressés au-
près de lui - seront justement gratifiés du con-
seil de retenir une place sur un prochain paque-
bot.
Dans tout le Maroc, le Résident supérieur
rencontrera une colonie française beaucoup trop
c l a i rsemé dans ci
clairsemée dans de vastes récrions de l'intérieur.
- - - - - -- - -- - - - ,
et qui d'une façon générale mérite sa confiance.
Elle ne tardera pas, cela est certain, à lui pré-
senter un cahier de revendications.
Elle demandera à être quelque chose dans ce
pays qu'elle féconde de son travail, et dont le
Gouvernement ne l'a guère connue jusqu'ici que
pour la surcharger d'impôts dont elle ignore
l'emploi. Si M. Steeg s'étonne de quelque
chose, ce ne sera pat. d'être saisi de ses requê-
tes, c'est que certaines d'entre elles aient en-
core besoin d'être formulées.
Il trouvera des fonctionnaires soumis à la
seule règle du bon plaisir, dépourvus de garan-
ties, et par conséquent n'apportant à leur tâche
que l'appréhension et le servilisme.
Il entendra les ouvriers lui demander d'intro-
duire au Maroc les premiers rudiments de cette
protection sociale que la France républicaine se
fait un devoir et un honneur d'organiser et dont
il a été lui-même un des plus utiles artisans.
La question indigène lui apparaîtra dans toute
sa complexité diverse, tant dans les rapports
qu'elle implique entre le Gouvernement protec-
teur et le Gouvernement protégé que dans les
cadres imposés à la grande masse du peuple ma-
rocain et enfin dans l'intérêt réel de cette masse
elle-même jusqu'ici fort peu prise en considéra-
tion.
Un simple détail nous fait croire que déjà la
première donnée de ce vaste problème a été
bien comprise par le nouveau Résident supé-
rieur :
Lorsque le maréchal Lyautey a pris congé du
Sultan, il s'eat félicité des années qu'il a pas-
sées à son service. Lorsque M. Steeg interviewé
a parlé de ses intentions, il a déclaré qu'il
comptait poursuivre, à côté du Sultan respecté,
la grande oeuvre du Protectorat français.
Vraiment, il nous semble qu'un maréchal de
France n'est pas au service d'un sultan du Ma-
roc, qu'un représentant de la France n'est au
service que de la République et que sa place
dans un empire protégé par la France est bien,
comme r a dit M. Steeg, à câié du chef de cet
empire.
Il ne faudrait pas voir dans la différence ides
termes employés par les deux hommes une sim-
ple nuance de langage. Elle dénonce, au con-
traire, des conceptions profondément diverses,
et chacune de ses locutions est un indice de ca-
ractère qui pourrait servir de prélude à toute une
étude de plychole politique que nous ne ten-
terons pas aujourd hui malgré son intérêt.
Quant au cadre dans lequel on a jusqu'ici
fait entrer la masse indigène et dont le clin-
quant servait de miroir à illusions pour provo-
quer l'admiration des visiteurs, il y aurait lieu
de l'examiner de très près. La façon dont il a
craqué dans la région de l'Ouergha prouve son
peu de solidité.
Il n'est pas jusqu'à cette conception féodale
dite des grands caïds du Sud au sujet de la-
quelle les réserves les plus formelles ont jadis
été formulées : la formule adoptée a pu être
nécessaire et donner de bons résultats pendant
les années de guerre pour le bien du Maroc,
et dans l'intérêt de tous, même des grands caïds,
disons qu'elle a besoin d'être modifiée, trans-
formée. améliorée.
La maréchal Lyautey retrouvait ses propres
tendances chez ces puissants seigneurs féodaux
vivant dans des palais fortifiés, entourés d'une
cour fastueuse, servis par des esclaves et faisant
figure de grands feudataires. On les proclame
fidèles : comment ne le seraient-ils pas à un ré-
gime qui leur permet d'exercer un pouvoir à
peu près sans contrôle et sans limites allant jus-
qu'à disposer en fait, sinon en droit, de la vie
et des biens de IC'Áls serfs)
Il est tel de ces potentats que 1 an fête à
Paris, que l'on traite en haut personnage, dont
le snobisme célèbre les qualités, qui n'est dans
son vaste territoire qu'un tyran sanguinaire fai-
sant peser un joug de terreur sur une population
dont la haine pour lui remonte jusqu'à la France
dont il se réclame.
Voilà ce que le Gouvernement ne sait peut-
être pas, car on ne le lui a jamais dit. M. Steeg
lui-même tiendra pour exagéré ce que nous ve-
nons d'indiquer. Qu'il le retienne cependant, et
qu'il jette un regard de ce côté. Bientôt, il
pensera que si nous voulons nous attacher le
peuple marocain, il faudra modifier complète
ment ce système.
Cette esauisse sommaire indiaue. ma taré ses
lignes à peine tracées, la difficulté de l'oeuvre
qui attend le nouveau Résident supSieur. L'
permet aussi d'apprécier l'estime que nous poi-
tons à celui-ci, lorsque nous disons que le Gou-
vernement de la République ne pouvait mieux
choisir l'homme en qui nous avons confiance
pour instaurer au Maroc le régime nouveau au-
quel il n'est que temps d'appeler ce pays pro-
tégé par la France.
Erneêt Haado.,
Député de la Marne,
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commerciales
la@§%
Un grand conseil colonial
0
La place d'administrateur que M. Der-
villé, président du Conseil d'administration
du P.-L.-M. occupait au Conseil de la Com-
pagnie Universelle du Canal Maritime de
Suez était libre. Le Gouvernement, qui choi-
sit, a jeté son dévolu sur le maréchal Lyautey.
A ce sujet, peut-être est-il piquant de noter le
grand nombre de hauts fonctionnaires colo-
niaux qui siègent autour du tapis vert de la
rue d'Astorg.
Enumérons :
Voici d'abord le président, M. C. Jon-
nart, de l'Académie Française, sénateur, an-
cien ministre ! président du Conseil Général
du Pas-de-Calais, ancien Gouverneur Général
de l'Algérie à maintes reprises.
Voici ensuite M. Jules Cambon, de l'Aca-
démie Française, ancien ambassadeur, ancien
Gouverneur Général de l'Algérie, lui aussi.
-- M. Louis - Lépine. membre de l'Académie
des Sciences morales, ancien préfet de police,
encore un ancien Gouverneur Général de
l'Algérie. --
M. Ernest Roume, ancien Gouverneur Gé-
néral de l'Afrique Occidentale avant la guerre
et de l'Indochine pendant la guerre.
Notons également M. André Lebon, ancien
ministre des Colonies, président du Conseil
d'administration du Crédit Foncier et agricole
d'Algérie et de Tunisie.
Signalons enfin qu'un autre administrateur du
Suez, M. Denis Pérouse. président du Conseil
d'administration de la Compagnie de Naviga-
tion des Chargeurs Réunis, a recueilli, ven-
dredi dernier, la succession de M. Stéphane
Dervillé à la présidence du Conseil d'adminis-
tration du P.-L.-M.
@toi
Noavdle décwierte arckétltgrçie
Le service archéologique de Syrie vient de
découvrir, dans la région de Tripoli, une série
de peintures de l'époque des Croisades.
L'une d'elles représente sainte Marine en-
trant au couvent et tenant en main le Miroir
des Enfants (speculum puerorum) , manuel re-
ligieux écrit au XIe siècle par le moine lsem.
bart, de l'Abbaye de Fleury-la-Montagne,
près de Otarolles.
––-–
LE CABDŒT PAIRLEVE
DEMBfBONNE
0
A l'heure où nous mettons sous presse
nous apprenons que M. Paul-Prudent
Painlsvé a remis la démission du mtnls*
ttre à M. Gaston Doumergue.
latoralilatioll ciltiiilM
-0.0-
Te rapport du directeur des 'iif-
faires civiles et des sceaux sur les
naturalisations, en 1024, nous four.
nit des chiffres intéressants.
5.224 naturalisés, dont 3.090 résidaient
en France depuis plus de dix ans, tel est le
nombre des naturalisations métropolitaines.
Festina lente; nous ne réalisons que la
deuxième partie de la devise ; pour la hâte,
il n'y faut pas compter ; mais gour la len-
teur, nous sommes un peu là. Aussi, sur les
3.511 hommes naturalisés, 1.400 seulement
sont à l'âge d'adulte; 1.600 ont entre 40 et
60 ans; 300 ont plus de 60 années. La plu-
part méritent un prix de persévérance.
Louons-les hautement de ne pas avoir déses-
péré.
Mais, nous dit-on, il y a en revanche un
ef fort méritoire pour multiplier le nombre
des naturalisations coloniales. Voyons un
peu.
Constatons qu'il y a progrès. 840 indi-
vidus avaient été naturalisés, aux colonies en
1923; c était insignifiant ; 1.668 Vont été en
1924; c'est presque le double, Varithméti-
que m empêche de le nier, mais n'est-ce pas
insignifiant encore une fois, quand on ré-
fléchitt Eh quoi! dans cette plus grande
France, dont la superficie dépasse celle de
l'Europe, il ne s'est trouvé que 1.668 de-
mandes de naturalisations qui aient Paru sus-
ceptibles d'être accueillies ! Sur les cent
millions d'habitants qui peuplent nos provin-
ces lointaines, il ne s'en est rencontré que
1.668 qui aient semblé mériter le titre de
Français 1 On ne saurait m'accuser de vouloir
affaiblir ou diminuer le nombre et la tJlla.
lité des garanties que je juge indispensables
à l'admission sollicitée par les hommes qui
habitent nos colonies; je m'en suis expliqué,
ici même, en toute franchise. Mais jamais
on ne me fera croire que, parmi les milliers
de demandes qu'on a reçues ou qu'on aurait
reçues si on pratiquait une politique large.
ment intelligente, à peine 1.668 aient été
assez sérieuses pour qu'on les Prit en consi-
dération.
Regardons, d'autre part, les statistiques
de plus près. Il y a eu 381 mineurs natu-
ralisés aux colonies UI192,1, 850 en 1924;
c'est un gain important puisqu'on est parti
de 381, mais dont nous aurions tort de nous
déclarer satisfaits. Il y a eu 126 femmes en
1923, et 302 en 1924; quand il s'agit de co-
lonie, il est toujours bon, sur ma foi, d'avoir
les femmes avec soi, mais enfin on com-
prendra que c'est surtout le nombre des hom-
-.-- _-_J:_!- _: ..,1,,---- .-- J:_-
rnii naturalises qui pane en prtmurc ugne;
or, il passe d'une année à l'autre, de 333 à
516, soit une augmentation de 183 unités. Et
l'on ajoute que dans ces nombrls, il faut voir
surtout l'apport tunisien, c'est-à-dire la con-
tribution d'un pays où il y a 2 millions
d'habitants, sur lesquels plus de 100.000
Italiens, entourent 55.000 FrançaIS. Que
reste-t-il pour les autres provinces de la plus
grande France f
Se glorifie qui voudra de ces résultats pi-
toyables. Il y a, semble-t-il, plutôt lieu de
s'en attrister. Coloniser, c'est travailler il
l'àssiriilation des indigènes; les faire évoluer
lentement, prudemment, mais sûrement vers
nous; les conduire pas à pas jusquau point
à partir duquel ils auront le droit de récla-
mer leur place dans la grande famille fran-
çaise. Tout nous engage à les y attirer, et à
les rendre dignes du titre de citoyen fran-
çais, tout, notre natalité qui est déplorable,
notre situation même aux colonies qui est
dangereuse et menacée. Or, à quoi rccomlaÎ-
trons-nous que nous sommes dans le bon ene..
min sinon au chiffre des demandes de natu-
ralisation qui auront été estimées dignes
d'être satisfaites? 1.668, ce n'fst pas grand
chose, avouez-le, et il y aurait sans doute
quelque motif de découragement si on ne pett-
sait que les difficultés administratives sont
en grande partie responsables de ces piètres
résultats, et que le jour où on les aura fait
àisparaître, on s'apercevra, par le nombre
des Français nouveaux dans nos colonies,
que nous marchons dans la vraie voie et que
nous appliquons les saines méthodes.
Mario Rouëtant
Sénateur de l'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co.
lonies, Secrétaire général du Groupe
vilicole.
4
M. Maurice Viollette
et les syndicats unitaires
0»0–
M. Maurice VioUette,Gouvei'neur Général
de l'Algérie, vient de rendre publique la
lettre suivante, adressée par son ordre à
un représentant du « cartel des services
publies », qui lui avait offlciellomnent de-
mandé audience :
Le Gouverneur Général est prêt à rece-
voir comme il le fait en toute circonstance
les représentants des syndicats en vue
d'une collaboration qui doit être loyale et
confiante pour pouvoir produire tous les
effets utiles pour le bien général et le
plus grand profit des associations corpora.
tives.
Le Gouverneur Général ayant apprécié
que les syndicats unitaires ont manifesté
en toute circonstance, non point une pré-
occupation de collaboration, mais un souci
de révolution et d'insurrection, considéra
qu'aucune conversation utile ne peut s'en-
gager entre lui et eux.
Propagande
L'initiative prise par M. André Hesse,
concernant ce que M. Auguste Brunet appe-
lait hier : « l'Education Coloniale de la
Nation », est trop importante pour que notre
collaborateur et ami ne nous permette pas
d'ajouter à son article quelques détails tirés
des déclarations mêmes faites à un de nos
confrères, par le ministre des Colonies.
Le besoin, vraiment, se faisait sentir d'un
vigoureux effort de propagande.
Récemment, a dit M. André flesse, l'un
des principaux commerçants de notre Afrique
occidentale envoyait à la Foire de Lyon le
ellef acheteur de sesétablisseipients avec or-
dre de réaliser diverses commandes se mon-
tant à neuf millions de francs. Les exposants
auxquels il s'adressa, lui répondirent, la
Plupart, que le marché intérieur français
seul les intéressait. Ce cas n'est malltellrclt-
sement pas isolé.
Beaucoup de nos commerçants ignorent
que les millions d'indigènes de nos colonies
seraient pour eux d'excellents clients ; d'au-
tres s'en doutent, mais ils manquent de ren-
seignements sur les besoins des colonies, sur
le fret, sur les transports, sur les taxfS et
usages commerciaux locaux. De là une dé-
plorable inertie aux dépens de l'économie
nationale.
Il faut éclairer l'opinion. Or, à cet effet,
nous possédons à Paris même, lUI instrument
officiel, parfaitement au point : les agences
économiques de nos colonies. Elles peuvent
fournir au Public les renseignements (mlCff-
nant les diverses branches de l'activité co-
loniale : la production, le domaine, les mi-
nes. l'industrie, le commerce, les forêts, les
statistiques de toutes sortes. le fret, les trllllS-
ports, etc.
C es agences sont la base sur laquelle re-
pose mon projet. Files doivent jouir d'une
grande liberté de mouvement et travailler
d'une manier* pratique. J'entends « commer-
cialiser » leur açtion. --
votet un exemple tire a un fait récent, litS
bonnetiers de l'Aube me demandèrent la liste
des articles qu'ils pourraient fournir aux
marchés de l'Ouest africain avey- des chan-
ces de slfrrs. L'agence de l'A. 0. F. leur
transmit alors des échantillons exportés au
Sénégal et au Soudan Par les industriels
japonais, catalans et hollandais ; elle leur
indiqua les prix d'achat et de vente, les im-
portations en quantité et en valeur, ainsi
que les maisons de commerce de la colonie
avec lesquelles ils pourraient utilement en-
trer en relations. Ayant examiné l'affaire,
deux maisons de bonneterie françaises déci-
dèrent de travailler pour l'A. O. F.
On peut obtenir les mêmes résultats dans
bien d'autres branches commerciales. Voici
un autre exemple, en sens inverse. L'agence
économique de l'A. O. F. saisit directement
une chambre syndicale de tous les rensei-
gnements concernant une matière première
locale intéressant ses adhérents. File lui
transmet les échantillons et les vours avec
toutes précisions sur sa production. Le ré-
sultat, c'est que ses adhérents peuvent alors
acheter cette matière première dans la co-
lonie et s'affranchir ainsi du marché étran-
ger auquel ils s'adressaient auparavant.
Enfin, M. André Hesse annonça l'envoi
aux maires de province, de lettres-circulaires
les invitant à favoriser la création de comités
de propagande, organes de liaison entre les
industriels régionaux et les agences écono-
miques.
« Une excellente circulaire. Il, écrivait
hier M Augustf' Brunet. Excellente, en
effet! Qui a, une seule fois, jeté un coup
d'œil un peu attentif sur nos domaines d'ou-
tre-mer, reste stupéfait de la quasi indiffé-
rence du public à leur égard. Les Français
somnolent, colonialement parlant, sur une
mine d'or.
Cependant, le franc baisse.
R. B. L.
EN SYRIE
-0-0--
De nouveaux troubles à Damas (?)
D'après des nouvelles de Jérusalem arri-
vés à Londres, de nouveaux troubles pro-
voqués par les Druses auraient éclaté à
Damas.
La ville serait abandonnée par la popu-
lation. D'autre part, ceux des Druses ,qui
s'étaient soumis auraient repris leur pa
rôle. La situation serait assez sérieuse.
L'artillerie française aurait bombardé
dans ta nuit de samedi A dimnche et dans
la matinée de dimanche, un quartier de
Damas où les Druses avaient provoqué un
soulèvement.
Les dommages seraient peu importants
et il y aurait une cinquantaine de tués.
Par cuntre, VHomme Libre publie une dé-
néebe de ncvronth. on date du 26 octo-
bre, affirmant que le calme est complet à
Damas et en Syrie.
Les indemnités
Le Daily Mail dit qoo les indemnités exi-
gées des insurgés de Damas ne sont pas
de 100.000 livres, mais de 40.000 livres
égyptiennes.
Un navire en feu
IJn incendie s'est dtlclarrl hier dans le
port de Beyrouth, à bord dit vapeur fran-
çais AjpoHoii, portant un chargement de dy-
namite et de Iwnzine. Pour prévenir le dan-
ger d'une explosion. les autorités françaises
ont fait couler le navire à coups de canon.
On croit que tout t'dquipagc a pu être
sauvé.
(Par dépêche).
get4w-
Un cimetière musulman à Londres
IJn Confié présidé par le ,princc .Agha
Khan ot le ehérif Emir Ali réunit en ee
moment les fonds nécessaires à rétablisse-
ment d'une nécropole musulmane dans la
banlieue londonienne.
Le conditionnement
des produits au Sénégal
0
Nous avons signalé, en son temp, les me-
sures prises par l'administration au Sénégal,
pour le conditionnement des arachides et les
amandes de palme. Il s'agissait de fixer les
conditions de circulation, de mise en vente
et d'exportation de ces produits, en vue
d'empêcher les adi'térations constatées et
par suite, la dépréciation sur les marchés
d'Europe.
Quatre nouveaux arrêtés viennent de pa-
raître sur ces matières : ils apportent à la
réglementation en vigueur certaines modifi-
cations tirées des enseignements de la traite
dernière ou des avis exprimés par les con-
seils des notables et les chambres de com-
merce préalablement consultés.
Les réformes, adoptées après un examen
approfondi, sont les suivantes :
a) Les contrôleurs ne seront plus exclusi-
vement choisis parmi les Européens : des
chefs de canton ou de village lettrés choi-
sis parmi ceux dont l'autorité morale est
indiscutée et l'intégrité éprouvée, pourront
être désignés pour concourir aux opérations
de vérification.
b) Les pourcentages d'impuretés tolérés
dans les lots d'arachides ou d'amandes de
palme pour l'admission de ces derniers à
l'portation ou n'entrainant pas pour les
propriétaires ou les transporteurs de pénali-
tés administratives ou judiciaires, sont res-
pectivement abaissés de 4 b M t et de
10 îi7
c) La traite des arachides ne comporte
plus de dates d'ouvertures et de fermeture.
Les transactions suivies de livraison entre
producteurs et commerçants sont donc ab-
solument libres et ne peuvent être désor-
mais, et à une période quelconque de l'an-
née, retenues et poursuivies comme consti-
tuant une infraction à la réglementation des
produits.
d) Par exception aux règles antérieure-
ment posées en matière de répression, les in-
fractions commises sur le territoire des com-
munes de plein exercice par les indigènes
non citoyens français ne sont pas punissa-
bles par-voie administrative, mais sont dé-
férées au tribunal de premier degré compé-
tent.
Ces retouches n'altèrent pas le principe
et n'affectent pas sensiblement le fond de la
réglementation antérieure ; elles ont surtout
pour but d'en faciliter le jeu, de réduire la
gène ou de supprimer les difficultés que son
application a provoquées.
Déjà, la réglementation de 1924 a donné
des résultats satisfaisants : les arachides ont
été débarrassées du sable qui s'y trouvait
autrefois mélangé en grande quantité. Néan-
moins, elles contiennent encore un pourcen-
tage de coques vides tiop élevé.
L'éducation des cultivateurs est à par-
faire, de même que le service du contrôle
devra être perfectionné : c'est à ces résul-
tats que tendront les efforts de l'Adminis-
tration en accord avec les Chambres de
commerce.
A l'Exposition des Arls Décoratifs
0
La distribution des récompenses de T Expo-
sition des Arts Décoratifs a eu lieu hier au
Grand-Palais, sous la présidence de M. Gas-
ton Doumergue, entouré des ministres du Corn.
merce et de l'Instruction publique et de M.
Fernand David, Commissaire Général.
- Chaque délégation étrangère a salué le Pré-
sident de la République de son drapeau. Des
discours ont été prononcés par MM. Fernand
David, Chaumet et Yvon Delbos.
Les cinq délégués des sections coloniales,
en même temps que les présidents de groupes,
ont reçu officiellement les palmarès de récom-
penses de leurs sections.
Pour les pécheurs de Terre-Neuve
0-0
La campagne de pèche aux bancs de
TVrrti-Neuvu qui vient de S'ï terminer a d.
comme tous les ans, meurtrière. Nombreu-
ses sont, sur toute la côte bretonne, les
familles de marins qu'un deuil a réduites a
ta misère.
Certes, une pension est accordée aux pa-
rents des victimes de la mer, mais com-
bien modeste et insuffisante !
:\us:-;i les Terres-Neuvas ont-ils voulu que
la détresse des leurs filt, si possible, un
un peu moins grande. Ils ont créé la Caisse
de secours mutuels
Mais les .veuves et les orphelins secou-
rir sont nombreux.
Et la caisse, qui li'a pas encore six mois
d'existence, est pauvre, très pauvre.
On adresse donc un pressant nppd fi loti:,
ceux qui connaissent l'existence pénible des
pécheurs de morue, presque tous pères tl,.
familles nombreuses
La (laisse de secours mutuels recevra
loua les dons, même les plus modestes,
qu'on voudra bien lui. adresser pour les
Tenv-N'euva.s des quartiers de Dinan, Sailll-
Mal o et Cancale.
Prière d'adresse.r les mandata à M. rumlnislrateur de l'Inscription maritime, de
<;¡(.nt-MÛo ¡('!ne-et.-Vilaine) avec la men-
tion : Pour la Caisse de secours mutuels
des Terre-,\euvas.
I
Corps de santé militaire
-n.o--
Nous sommes heureux d'apprendre que
M. le médecin principal de première classe
Savornin (A.-R.), est, par décret paru à
l'Officiel ce jour, nommé médecin inspec-
teur et maintenu dans ses fonctions de direc-
teur du service de satité au ministère de
la Guerre.
NI. le médecin in%-
Originaire ac Bône, M. le médecin ins-
pecteur Savornin, doué de hautes qualités
de technicien et d'organisatsur, a longtemps
été en service en Algérie.
LES TEXTILES COLONIAUX
La Raznie
-0-0-
Après avoir, il y a quelques années,
« lancé » le à'isalj M. l'ingénieur Félicien
Michotte, conseiller-expert, spécialiste en
cultures coloniales < lance » la Kamie dont
il expose la culture et les succédanés dana
la deuxième édition 1925 d'un Tome Ier con-
tenant le Bulletin de ( à 6. (Janvier-juillet
1925.) Ces indications paraîtront sans doute
quelque peu bizarres à nos lecteurs, mais
s'ils daignent parcourir l'introduction abra-
cadabrante de ce Bulletin (1), ils en com-
prendront la nécessité. On est tout éberlué
quand on lit une élucubration de ce genre,
car M. Félicien Michotto y traite les gens
d'imbéciles et de malhonnêtes, tout aussi
bien que d intelligents et honnêtes (au choix
du lecteur) selon qu'ils sont ou non de son
avis. On lit entre autres dans la note finale
de cette introduction - il n'y a que ce que
fait Michotte qui est bien. La réalité
c'est que dans tout, élucubration de l'ingé-
nieur Michotte il y a toujours quelque chose
d'utile à glaner. C'est pourquoi il doit avoii
raison de < lancer » la Kamie, comme i!
avait vu juste en recommandant la culture
du Sisal dans nos colonies tropicales où
elle donne de hon.; résultats (à la Côte
d'Ivoire entre autres).
La Ramie, de la famille les LTrticées, ap-
partient au genre BU limeria, c'est l'ortie d,.
Chine, elle ne porte pas de poils urticant
qui caractérisent le genre t'rtica. Elle viem
de Java ou du Laos. Elle fut tout d'abord
considérée par les Hollandais comme planta
d'ornement.
En 1S08, des libres provenant de Summ.'
furent employés à la fabrication de tisou"
qui attirèrent l'attention -ur cette plante, au
point de vue industriel.
Un mémoire de Ducaisne, en 1845, fu
conaitre la ramie en France où un filateui
M. Farel, l'avait utilisée dès 1815.
A. Favier, Dalloz, R.-A. Favier, directeur
de la Ramie Française, Frémy, Eugène
Etienne, Bertin, Ch. Rivière « t depuis 1S89, -
l'ingénieur Michotte furent les propagateurs
de la culture de la Ramie.
Sous les tropiques, la Ramie atteint
1 m. 80 h 2 m. 50 de. hauteur. Cette plante
est vivace et produit de nouveaux jets
quand on la coupe. Un pied peut durer plu-
sieurs années et donner lieu à des nombres
de 1 à 8 suivant les contrées, la variété
cultivée et la quantité d'eau. Au point de
vue botanique, voici la composition d'un
pied de 3 k. 536 : racines 1-853, tiges '->,81/).
feuilles 0,781 = 1 k. 680. Le pied donne
donc approximativement 4; 0o de feuilles.
Les expériences de M. Michotte en Algé-
rie lui ont donné les résultats suivants :
Tiges vertes mûres, de 1 m. 6u de lon-
gueur : feuilles 33 %, rendement en laniè-
res humides tiges effeuillées 30 %, tiges non
effeuillées 20 %, rendement en lanières sè-
ches, tiges effeuillées 6 tiges non effeuil-
lées 3,8
La vitalité des graines est telle que
M. Michotte a pu en faire germer au bout
de vingt-deux ans ! 't qui plus est : la
ramie est insecticide et sa plantation pro-
tège les cotonniers et les vignes des Lépi-
doptères, vu le tanin de son ecorcc.
Par contre, elle a des insectes parasite?
dont les termites ne ..;ont pas les moindres
et elle craint le grand soleil.
Les procéds de culture en Chine et en
Extrême-Orient sont tout au long exposé-
t- I. Nlicliotte.
dans la brochure, de M. Michotte.
Dans nos colonies d'Afrique, les premiers
essais furent tentés au Sénégal en 1877, par
MM. Guillabut et Durand Valantin à Saint-
Louis (Dakai-Bangol et les tiges atteigni-
rent une hauteur de 2 mètres. Elle néces-
site une irrigation artificielle pendant la
saison sèche. C'e?t pourquoi ces essais d.ia>
une région peu irriguée ne donnèrent pat
des résultats complets.
C'est donc, pour la Côte Occidentale
d'Afrique, dans les Colonies de la Guinée
et du Golfe du Bénin que la culture de la
ramie, qui a besoin de beaucoup d'eau, peut
et doit réussir.
L'A. E. F., à coup .-vu, est favorable
la culture de la Ramie. T .( manque de ma-
chines, tcrit M. Michotte. empêcha toute
exploitation. ,". H
A Madagascar, aux nés munie-Marie ei
Nossybé où la ramie lut essayée, les
Pères du Saint-Esprit ont obtenu de hom
résultats.
Le professeur de Cordemov signala à la
Réunion. la Hoehméria stépularis Wedd. Le
pharmacien Raynaud vn préconisa la cul-
ture des 14 mais, haute de machine Mi-
chotte, on dut abandonner toute tentative de
culture par son procédé. La Boehmeria .V/-
iea pousse à l'état spontané.
En Nouvelle Calédoni,. les plantation^
de ramie de Bourail, de Fonvohari et du
Diahot en 1S81 n'ont pu donner de résul-
tats pratiques faute de machines. Tahiti,
nos possessions du Pacitique, dont le cli-
mat est analogue ?t celui du Mexique (pays
par excellence de Ja ramie), sont très pro-
à la culture de cette plante.
T-1 (YÙ pousse le coton, poussera la ramie,
mais, je n'irai pas comme M. Michotte plt-
tendre qu'il faut substituer la ramie au co-
ton. Concluons simplement de l'étude très
approfondie de l'honorable ingénieur expert
en textiles que la rami e doit être plus cul.
tivée qu'elle ne l'est actuellement et qu'elle
peut nous fournir un appoint sérieux l'n
textile.
Quant aux procèdes de décorticage de la
libre, et c'est là l'essentiel au point de vue
industriel, l'auteur de l'étude que j'ai bri-
vement analysée déclare, tout naturellement,
que la machine Michotte, < 1a Française »
non primée par le jury. e
tions toutefois qu'elle ne soit pas confiée
un ignoiant doublé d'un imbécile.
L'inventeur de ce merveilleux outil a
remplacé l'enlevnge à la main par un enle-
(1) Ln Ramie, culture et succédanés. Société
de propagande coloniale, 45, avenuo Trudaine,
l\»ris.
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