Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-10-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 octobre 1925 19 octobre 1925
Description : 1925/10/19 (A26,N156). 1925/10/19 (A26,N156).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397003t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXJEME ANNEE. N° 156.
AX Numaitu - gL, UbMliMibb
LUNDI SOIR. 19 OCTOBRE 1M5.
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES AltTlCLEI puBLds PAR LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PNOPlUtTt
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Lei Annonca dRldama sont nom aux Bureau* Jujeumatetéan» le» Agence» dePuMctti
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On aD i mois S mis
imiiMcm | ) Franc* et Colonie». 80. 45 » 25 »
--:. - ( Etranger 120 a 45 9 31 »
Oa s iho–e dan loua Us Bureau d« poste et chez lea priaripauz libnèw
Français et Annamites
loiel
Ceci est le titre d'un livre qui n'est pas une
étude géographique de rlndochioe. L'auteur,'
M. Monet, ne se propose pas de nous décrire
la puissance et la majesté des fleuves, la ri-
chesse de la végétation, les ressources du sol,
pas plus que les populations grouillantes des
deltas avec leurs mœurs si curieuses pour un
Occidental. Il laisse ce soin aux écrivains que
l'amour des paysages tropicaux attire dans ces
pays.
Le dessein de M. Monet est autre. Ayant
vécu de longues années en Indochine avant et
après la guerre, il s'est pris de sympathie pour
ce pays et ses habitants. Il les aime parce qu'il
les connaît bien. Comme oifccier attaché au ser-
vice géodésique de l'année, il a parcouru la
plupart des régions de la péninsule ; il est en-
tré en contact avec les Annamites et s'est pré-
senté à eux non pas comme l'étranger à la re-
cherihe du profit, mais comme l'ami qui vient
sans préjugés auprès d'eux pour les connaître,
les comprencke et dissiper les malentendus qui
ont pu se produire entre eux et les Français.
C'est le résultat de cette enquête avec les con-
clusions qui s'en dégagent logiquement qu'il
nous donne aujourd'hui.
M. Monet a une haute idée de la mission
colonisatrice de la France. « Les nations civi-
lisées, écrit-il, dès le premier chapitre - et la
France est toujours au premier rang de celles-ci
- savent que tout privilège confère un devoir,
et que la tâche leur incombe, belle entre tou-
tes, d'éducatrices des peuples arriérés qu'elles
ont pour mission de guider doucement sur la
voie du progrès. Nous devons apprendre à ces
peuples à exploiter des richesses naturelles qui
constituent aujourd'hui, en raison de la multi-
Wicité des échanges, un patrimoine mondial
que nul n'a le droit de laisser inexploité, à
organiser leur industrie et leur commerce, à
s'administrer, à vivre, en un mot, comme doit
savoir vivre une nation moderne ; enfin, leur
ayant appris leur « métier d'homme )), nous les
laisserons faire leurs expériences et suivre leurs
propres destinées, restant unis seulement à ces
dominions affranchis par les liens étroits de la
reconnaissance et d'une mutuelle dépendance
économique. »
Cette citation est un peu longue, mais elle
était nécessaire pour faire bien saisir les con.
ceptions de M. Monet et nous faire compren-
dre à la fois le plan et la conclusion de son
ouvrage.
Dans quelle mesure notre pays a-t-il rempli
en Indochine cette triple mission morale, éco-
nomique et politique, c'est ce que recherche
l'auteur avec une clarté et une vigueur d'expo-
sition qui sont un des attraits de son livre.
Il ne semble pas qu'au point de vue écono-
mique, notre oeuvre, là-bas, soit sans reproche.
Nous ne nous sommes pas assez préoccupés de
donner à ce peuple les instruments nécessaires
à son activité industrielle, commerciale et
même agricole. L'Union indochinoise possède
des ressources industrielles considérables. Mais
elle manque de capitaux, et non seulement nous
ne les lui fournissons pas, mais nous empêchons
ceux qui voudraient les lui appotfer, de le
faire. D'autre part, nous ne nous attachons pas
assez dans ce pays, où la jeunesse a un goût
exagéré pour les fonct ions administratives, à
combattre les résultats de I atavisme et à lui
montrer qu'il y a beaucoip d'autres carrières
plus intéressantes au double point de vue intel-
lectuel et pécuniaire. Nous devrions rengager
sur les « routes qui la mèneront à l'agricul-
ture, au commerce et à l'industrie ».
Les voies ferrées sont notoirement insuffisan-
tes. Elles sont beaucoup moins nombreuses que
dans les pays voisins comme le Siam et l'Inde,
ainsi que le montre un rapide examen de la
carte. » #
Des observations analogues s'appliquent à
l'activité conmerciale. Elle gagnerait beau-
coup à l'envoi de nombreuses délégations à
l'étranger, en France, en Chine. La métropole
doit s'attacher à augmenter ses échanges avec
sa colonie. Et ici M. Monet s'élève contre
certaines dispositions éventuelles du traité de
commerce que l'on négocie avec le Japon et
qui tendraient, dit-on, à favoriser l'entrée des
produits japonais dans l'Indochine. Notre au-
teur y voit un danger redoutable à la fois pour
la France et pour l'Indochine.
Remplissons-nous mieux notre rôle de tuteur
au point de vue politique? M. Monet en doute.
Nous ne protégeons pas encore avec assez de
soins l'indigène contre les exactions des man-
darins, et il cite un certain nombre de cas parmi
beaucoup d'autres, et qui ne sont pas à notre
honneur. Peut-être en compterait-on quelques-
uns de moins si la presse avait la liberté de les
dénoncer et si nous accordions aux habitants
me plus grande part dans l'administration de
leurs affaires. Appeler de plus en plus les
Annamites à se gouverner eux-mêmes semble à
M. Moret une politique beaucoup pTus heu-
reuse que celle qui consiste à donner à quel-
ques-uns d'entre eux le titre de citoyen fran-
çais.
Pourquoi vouloir octroyer à tous les Anna-
mites qui ont été formés dans les écoles fran-
çaises le droit d'être naturalisés) La solution
n'est pas là. Elle consiste plutôt « à élargir, à
élever "considérablement le statut de l'indigé-
nat, afin que l'Annamite puisse, tout en le
gardant -R avec une légitime fierté - faire
son éducqpn civique et politique, participer
efifcacement à la vie de la cité et du pays et
occuper tous les emplois sociaux auxquels il
peut légitimement désirer accéder ».
Les conséquences de cette thèse peuvent être
dangereuses pour la métropole, et c'est pour-
quoi elle rencontrera de nombreux adversaires.
Mais on ne saurait nier qu'elle s'intègre logi-
quement dans la conception coloniale que nous
avons exposée au début de cd article.
Car, pour M. Monet, notre rôle en Indo-
chine, comme dans toutes les colonies, du
reste, est un rôle de guides, de tuteurs, et non
de dominateurs. Il ne compte pas sur la force
pour y assurer notre puissance, mais sur la
compréhension mutuelle des deux peuples.
Nous ne devons pas nous faire craindre là-
bas, mais nous faire aimer.
Mais comment se comprendre, s' aimer, si
on s'ignore, ou si on ne se voit qu'à travers
des préjugés qui déforment notre vraie phy-
sionomie aux uns et autt autres.
L'oeuvre la plus urgente est donc de travail-
ler à les détruire. C'est pourquoi la France doit
donner tous ses soins à l'éducation. Il ne s'agit
pas de transporter là-bas nos méthodes et sur-
tout nos programmes métropolitains. Il faut les
adapter au milieu. Il faut réaliser le rapproche-
ment entre les deux civilisations. C'est ce que
M. Monet avait tenté en fondant en 1922 le
Foyer des Etudiants annamites qui, entre autres
buts, se proposait essentiellement « de déve-
« lopper chez les jeunes Annamites la notion
« du devoir et l'amour de la vérité, de leur
« donner l'idéal de l'honneur, la conscience
« professionnelle, de leur faire comprendre les
« intentions généreuses de la France à leur
« égard, de leur montrer les difficultés de réa-
« lisation, de dissiper les malentendus, décal-
« mer les impatiences, de combattre chez eux
(( les tendances étroitement nationalistes, tout
cc en leur faisant aimer leur propre pays ».
Que, dans cet ordre d'idées, nous ayons
beaucoup à faire, c'est ce que démontre le
livre dont nous parlons. Nous avons là une oeu-
vre non seulement étendue, mais encore diffi-
cile, parce qu'elle doit se heurter à des oppo-
sitions qui en redoutent les effets. Au premier
rang de notre action, il cite la Mission laïque à
laquelle est consacré un chapitre qu'il faut
lire.
M. Monet propose un véritable plan d'édu-
cation dont certaines parties paraissent avoir re-
tenu l'attention des personnages officiels. Il
nous a semblé l'autre jour, en entendant à la
Commission des Colonies M. Varenne nous
dire ses projets, que la lecture de cet ouvrage
n'était peut-être pas étrangère à quelques-unes
des conceptions exposées.
Tel est ce livre qui sera, je crois, suivi d'au-
tres, et dont nous n avons pas voulu donner une
analyse, mais seulement noter au passage quel-
e que l -
ques-unes des idées. Il vaut la pe ine d être lu.
Certains penseront peut-être qu il contient des
critiques excessives. Je ne sais et ne veux pas
l'examiner ici. Mais ce que je sais, c'est que
quiconque l'aura lu ne pourra s'empêcher de
dire avec M. Aulard dans la lettre-préface
qu'il adresse à l'auteur : « Une odeur de vérité
se dégage de votre livre. »
Henry Fontanier,
Député du Canfal, secrétaire de la
Commission des Affaires étrmn-
Jires, membre de la Commtfrton
ces (loIoftIN,
8.a
Rue Oudlnot
M. André Hesse, ministre des Colonies
retour du Congrès radical et radical-socia-
liste de Nice est arrivé ce matin à Paris à
10 h. 05 pair le train dans lequel avaient
pris place M. Paul Pairulevé, président du
Conseil, et divers ministres.
̃ 8.a
M. Stftl va rejoiadre SM poste
M. Steeg, Résident Général au Maroc, qui
quittera Paris demain mardi à 21 h. 45 par la
gare d'Orsay, arrivera le 27 octobre à Casa-
blanca, sur le cuirassé Voltaire, battant pavil-
lon du contre-amiral Chauvin, commandant la
division de la Manche et de la Mer du Nord.
Le Voltaire quittera Brest mardi, à 14 h.,
pour le Verdon, où M. Steeg, venant de Bor-
deaux sur un contre-torpilleur, montera à bord.
L'arrivée de M. Steeg au Maroc revêtira un
caractère particul ièrement imposant.
Avant de gagner la résidence de Rabat, le
nouveau Résident Général s'arrêtera 24 heures
à Casablanca, où le sultan Moulay- Youssef,
venu spécialement de Rabat, le recevra en
grande cérémonie.
Ainsi que nous l'avions annoncé, M. Steeg
a eu avec le maréchal Lyautey un long entre-
tien.
A la Société des Nations
ib 0
L'administration des territoires
sous mandat
La Commission permanente des mandats de
la Société des Nations s'est réunie aujourd'hui
à Genève pour sa septième session, au cours de
laquelle elle examinera les rapports de diverses
puissances mandataires sur l'administration, en
1924, des territoires sous mandat. Elle étu-
diera, en outre, certaines questions générales
relatives au système des mandats, parmi les-
quelles il convient de mentionner la question
au développement économique des territoires,
la question de l'organisation militaire et celle
du travail forcé ou obligatoire.
Droits de douane
aux colonies
-–– 00
Les fabricants de futailles ne
sont pas contents, et ils ne l'ont pas
envoyé dire au représentant du mi-
nistre du Commerce, qui assistait au ban-
quet, lequel a suivi les travaux de leur Con-
grès annuel.
Non seulement la dépréciation de notre
devise est défavorable à l'importation des
bois merrains, mais encore ils se plaignent
de la suppression des droits de douane, qui
leur porte préjudice, notamment aux Antil-
les. Nous étions jusqu'ici protégés, décla-
rent-ils, nous pouvions exporter dans les An-
tilles les futailles nécessaires au transport
des rhums ; à présent, il n'y a plus rien à
faire ; nous sommes battus d'avance, et con-
tre cela nous protestons.
Donc, devant le chef du Cabinet du Mi-
nistre du Commerce, des récriminations se
sont élevées. Le Président du Comité de
Direction, se faisant le porte-parole de ses
collègues, a rappelé que les droits de douane
qui existaient dans nos vieilles colonies ont
été supprimes par un simple vote de con-
seillers généraux. Et il ajoutait :
« L'année dernière, déjà, je disais : Ne
trouvez-vous pas étrange que, alors que la
politique économique française tend de plus
en plus, et avec raison, à se lier à l'essor
économique de nos colonies, ne trouvez-vous
pas étrange que, précisément, certaines de
ces colonies suppriment les droits de douane
qui protègent notre commerce, et en faveur
de ceux qui refusent de recevoir notre mar-
chandise? »
On serait tenté de répondre que ces colo.
nies ont précisément estimé qu'il était in-
dispensable à leur essor économique de faire
disparaître les barrières qui arrêtaient ou
gênaient les importations nécessaires. A quoi
les autres répliqueraient que la solidarité est
telle entre la politique économique de la
métropole et celle des colonies que, si la pre-
mière est compromise, la seconde en reçoit
le contre-coup immédiat. Et ainsi de suite ':
pareille discussion peut devenir intermina-
ble.
Mais, dans le cas particulier qui nous oc-
cupe, il faut bien avouer qu'il y a un argu-
ment d'une force réelle dans ces mots : 1 En
face de ceux qui refusent de recevoir notre
marchandise. » Ces méchants, qui sont-ils t
Vous le demandez ? Laissons encore la parole
à M. le Président du Comité de Direction :
ci Car nous sommes des tonneliers, et le
tonnelier fabrique des tonneaux dans les-
quels il entre du vin, du bon vin de France,
du vin et des liqueurs qui, vous le savez,
aux Etats-Unis, sont complètement prohibés !
Il y a là quelque chose que nous n'expli-
quons pas. »
l'ai crié : Hravof en lisant ce passage. le
sais bien qu'il y a pas mal (ThyPocrisie dans
ce régime de la prohibition que le purita-
nisme a imposé à la libre Amérique. les
efforts récents du général Andrews rCont pas
mieux réussi que ceux de ses prédécesseurs.
Tout le mal vient des politiciens, s'écriaient
les plus fougueux des prohibitionnistes, en
présence des résultats lamentables de Vap-
plication de la loi. Le général Andrews est
parti en guerre contre les politiciens, il s'est
fait autoriser Par le Gouvernement à choisir
ses collaborateurs indépendamment des re-
commandations politiques, mais le Gouver-
nement lui a conseillé de prepdre l'avis des
sénateurs.
a Or,malheureusement,constate la a Kan-
sas City Star », il est impossible de se fier
aux sénateurs pour faire respecter une loi
qu'ils ont pourtant eux-mêmes votée! »
Je cite ce trait entre mille. Il y en a bien
d'autres ou grotesques ou révoltants. Mais
ce qui me semble, à mot aussi, illogique,
absurde, c'est que d'une part les Etats-Unis
condamnent radicalement, interdisent abso-
lument les vins et les spiritueux, et qu'ils
fabriquent en quantité des récipients pour
que les voisins y mettent leurs 'spirifuerix et
leurs vins. Les voisins ont parfaitement le
droit de répondre : Pardon! Vous avez voué
au diable le contenu; permettez que nous re-
fusions de recevoir de votre part le conte-
nant.
Le chef du Cabinet a, dans ce style offi-
etoi qui est le même sous toutes les latitu-
des, promis que son ministre apporterait un
appui assuré aux fabricants de futailles, au.
jourd'hui plus qu'hier et bien moins que (Je-
main. Mais il a déclaré que son ministre
avait pour cela « une grâce d'état spéciale - :
« M. Chaumet est d'un département qui aime
la vigne et qui en vit, qui aime le vin et qui
en vit. Or, les tonneaux sont les amis du
vin, et les amis de nos amis sont nos amis. »
Les Etats-UIIÏJ sont les ennemis du vin, et
les ennemis de nos amis sont nos ennemis;
ils sont les ennemis des tonneaux. Qu'ils
gardent les leurs pour y mettre de l'eau de
fleur d'oranger et du sirop de salsepareille ;
mais quand ils nous les proposent pour y
mettre du bon vin de France ou du rhum
excellent de la Martinique et de la Guade-
loupe, nous avons bien le droit, et mente le
devoir, de fermer la porte 4 double tour.
Mario Roaal.,
Sénateur de l'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
loniest. Secrétaire général du Groupe
vUicole.
H. Faintevé et le Maroc
6
Au cours de son discours à la séance de
clôture du Parti radical et radical-socialiste,
M. Painlevé, président du Conseil aborda
la question du Maroc :
« Il y a quelques semaines, dit-il, à Nî-
mes, je me suie expliqué sur la politique
marocaine du Gouvernement. J'ai fait con-
naître le texte intégral des conditions de
paix offertes à Abd-ol-Krim, sur lesquelles
nous sommes d'accord avec la nation voi-
sine, grâce à la négociation si heureuse-
ment conduite par mon ami Malvy.
I( Avant de dédennalier 'orrensive, j'ai
annoncé solcnneUement, en plein accord
avec l'Espagne, que la seule condition de
paix éventuelle, était l'autonomie complète
accordée aux tribus rifaines et djebolm,
dans le cadre des traités, c'est-à-dire
moyennant la reconnaissance nominale du
sultan, les autree conditions étant secon-
daires et susceptibles de revision. Abd-el-
Krim a persisté dans ses exigences.
tt La France n'avait pas le droit d'accor-
der au Rif l'indépendance. L'aurait-elle pu
que ç'eût été la pire imprudence, car le Rif
fût devenu une colonie d'aventuriers de la
plus dangereuse espèce, guettant le moment
de mettre le feu au Maroc et de nous atta-
quer dans le do,, -
« Il ne restait donc à la France d'autres
ressources que de déployer sa force.
u Aujourd'hui, nous occupons une solide
frontière qu'il suffit d'équiper de routes.
En jonction avec la vaillante armée espa-
gnole, nous tenons les seuils qui donnent
accès au 'cœur du Rif. Les communications
entre le Maroc et l'Algérie aont assurées
comme elles ne le furent jamais. Au mois
d'août dtrnier, à ÃùTun, j'exprftnais l'es-
poir que le mois d'octobre verrait la fin
de nos soucis marocains. Aujourd'hui, tout
péril est écarté, les tribus révoltées ont de-
mandé l'aman, les tribus hier encore non'
soumises de notre zone ont réclamé notre
protection.
tt Contrairement à des bruits tendancieux
répandus, pas un lwmme du contingent ne
lera un jour de trop. Les navires vont bien-
tôt partir, qui les ramèneront pour être li-
bérés en France à la date légale.
Il J'ai la conviction qu'aucun gouverne-
ment. n'aurait pu agir autrement que nous
ne l'avons fait nous-mêmes, à moins de li-
vrer le Maroc, puis l'Afrique du Nord, avec
nos nationaux et nos soldats, aux fureurs
d'un fanatisme barbare.
« Ai-je besoin d'ajouter que, ne poursui-
vant ni conquêtes ni oppression, nous ne
voulons que la paix, et la paix pour tous
et que les tribus réconciliées ou nouvelle-
ment soumises apprécient la générosité
avec laquelle la France applique l'adage :
Il Les adversaires d'aujourd'hui sont les col-
laborateurs de demain Il 7
Dans ces conditions, ayant conscience
d'avoir bien servi et la France et la civi-
lisation, je me tourne vers vous, fUsi des
jacobins, je me tourne vers tous les démo-
crates, je vous demande et je leur demande
une approbation sans réserves ».
L'eabouleillage de Maladi
---04--
La capacité d'écoulement du chemin de fer
et du port est actuellement de 10.000 tonnes
par mois. Or, les arrivages, pour le seul mois
d'août, auraient été de 22.000 tonnes, et pour
septembre, de 28.000.
Il y a déjà 30.000 tonnes d'excédent de
marchandises sur les quais, faute de moyens
pour les évacuer plus rapidement dans un port
resserré où les évolutions des navires sont dif-
ficiles en raison de sa situation fluviale; 10.000
autres tonnes demeuraient dans les lfancs des
navires immobilisés dans le fleuve, en atten-
dant le désembouteillage des quais pour leur
permettre de décharger leurs cargaisons. Plu-
sieurs navires allemands auraient reçu l'ordre,
suivant les déclarations de leurs capitaines, de
repartir sans mettre leurs marchandises à terre,
d'autres seraient déjà repartis après s'être dé-
barrassés de leur fret destine au Congo en le
déposant sur les quais de St-Paul-de-Loanda.
En présence d'une telle situation, les autori-
tés de Matadi ont tenté d'obtenir l'aide des
ports de Borna et Banane, mais les autorités
de ceux-ci durent refuser formellement, leurs
magasins étant déjà remplis, de telle sorte que
la plupart des chargeurs durent se résigner à
voir repartir les marchandises qu'ils attendaient.
Cette situation semble sans issue pour long-
temps, et les exportateurs agiraient sagement
en ramenant leurs marchandises en Europe
pour y attendre des jours meilleurs, sans quoi
les unités qui les portent se verront immobili-
sées pour deux ou trois mois dans l'estuaire du
Congo.
Cette grave situation est tout à fait critique
pour le trafic de l'Afrique Equatoriale fran-
çaise, entièrement tributaire actuellement du
rail et du port belges.
Par suite, une ordonnance-loi du Gouver-
neur Général du Congo Belge en date du 19
août 1925, a rétabli le régime des restrictions
pour les importations par Matadi et les réexpé-
ditions par la voie ferrée Matadi-Léo, mais il
est un peu tard, et de toutes façons, que l'em-
bouteillage ait lieu en amont ou en aval de la
voie ferrée, ou que les producteurs soient ré-
duits à la portion congrue par l'impossibilité
d'exporter leurs marchandises, il n'en demeure
pas moins qu'il y a là une situation grave pour
nos possessions, et sans autre issue pour elle
que l'achèvement rapide de la voie ferrée
Brazzaville-Océan et l' ouverture du port de
Pointe-Noire qui affranchira le trafic français
de la pénible sujétion de Matadi en lui
octroyant une zone d'opérations où le régime
des restrictions et des licences sera inconnu.
En l'honneur de M. Varenne
in
M. le Gouverneur Général de l'Indochine,
Alexandre Varenne, a quitté Paris cet
après-midi, à 16 heures, se rendant à Lyon.
De là il gagnera, après-demain, Marseilie
où il s'embarquera dans la matinée du 23
à bord du Paul-Lecat, de la Compagnie des
Messageries Maritimes.
M. Varenne a été salué à la gare par
de inombreux parlementaires, les hauts
fonctionnaires du Minfstère des Colonies,
des personnalités politiques et coloniales et
de nombreux amis personnels.
Ajoutons qu'à son passage à Lyon et à
Marseille, M. Varenne sera officiellement
reçu par les Chambres de Commerce de
ces deux villes.
Dans les quarante-huit heures qui ont
précédé son départ, M. Varenne a été l'ob-
jet d'une série de manifestations flatteuses
de la part de groupements indochinois qui
ont marqué au nouveau Gouverneur Géné-
ral leur estime et les espoirs qu'ils fon-
dent sur sa mission.
Agence Economique de l'Indochine
Cette réception vendredi soir a revêtu un
caractère de grande solennité par la pré-
sence de M. Gaston Doumergue, Président
de la République qui avait tenu à atporter
au nouveau Gouverneur Général ses sou-
haits d'heureuse et favorable mission.
Dans le grand hall de l'Agence Econo-
mique, autour de M. et Mme Varenne et
de M. Garnier, directeur de l'Agence, se
pressaient des notabilités coloniales et des
personnalités indochinoises appartenant à
la haute administration au commerce et à
l'industrie,
Devant ce public d'élite, M. Henri Gour-
don a commenté avec un art parfait les
visions d'Indochine filmées sur l'écran.
On applaudit aux vues de Saïgon, la
« perle de l'Extrême-Orient Il. avec son
merveilleux Jardiji Botanique, ses prome-
nades ombragées, sa pagode brahmanique,
de Cholon avec ses rues animées.
Pms ce fut le Cambodge avec sa capitale
Pnom-Penh se dressant aux quatre bras
du Mékong, avec pour décor ses multiples
pagodes et surtout Angkor avec sa cité
royale, ses palais, ses avenues et aussi
ses admirables bas-reliefs qui en font une
des villes d'art les plus fameuses du monde.
D'autres évocations suivirent, au milieu
des applaudissements de l'assistance : le
plateau de Lang-Biang et Dalat avec sa
cure de repos; Hué avec la beauté de ses
sites, ses monuments et ses tombeaux lé-
gendaires.
Et ce fut le Tonkin avec HanoI, sa cita-
delle. son temple et ses rues grouillantes ;
Halphong avec son fort, ses quartiers indi-
gènes ; et enfin l'admirable baie d'Along
avec ses rochers et ses lies, l'un des spec-
tacles qu'on ne 9C Jasee de Contempler
Chez les Amis de l'Orient
A trois heu.res samedi. MM. Sylvain Lévi,
professeur au CoJlège de France ; Pelliot,
membre de rinstitut ; Pila, ministre au
Siam ; Hackin et Grousset, conservateur et
conservateur adjoint, ont reçu au Musée
Guimrt. M. Alexandre Varenne.
M. Hnckin a fait visiter au Gouverneur
général la vaste saille du roz de chaussée
consacrée à l'art cambodgien et annamite.
Los principales pièces exposées d'un haut
intérêt artistique, ont figuré dans le pavil-
lon de l'Indochine à l'Exposition Coloniale
do Mmsipiililo pn 1099
-- ..-'-. --.-- -.. --.
M. Varenne en remerciant les a Amis de
l'Orient Il de leur très cordial accueil a ma-
nifesté son désir de compléter les collec-
tions indochinoises du Musée Guimet et
d'npporter à la Société un concours plus
effectif.
Au Foyer annamite
Les nombreux étudiants annamites à Pa-
ris ont récemment fondé un centre de réu-
nion rue du Sommerard.
C'est là que, samedi, ils ont accueilli avec
ontlu usiasnie M. et Mme Varenne. M.
Martial Merlin, gouverneur général hono-
raire, M. Diagne, président de la Commis-
sion des Colonies, M. A.-H. Fontaine, pré-
sident du Conseil d'administration de la
Société Française des Distilleries de l'In-
dochine, étaient là ainsi que de nombreu-
ses personnalités indochinoises.
La salle était trop étroite pour la grande
affluence des étudiants et fonctionnaires
présents.
Le président de l'Association, M. Cao Vaif
Son, que secondait M. Tran Van Kha, dane
un discours mesuré, a exposé les espoirv
que mettaient en leur nouveau Gouverneur
Général les populations d'Indochine, aprè*
avoir assuré le représentant de la France
de leur loyalisme.
Dans une improvisation vibrante où il «
mis tout son cœur, le nouveau Gouverneur
Général a déclaré que l'action démocra-
tique de toute sa vie lui faisait un devoir
de poursuivre à Hanof, en faveur dee
populations indigènes, une politique de ré-
formes.
Mais si c'est à un socialiste que le Gon.
vernement a confié ces hautes fonctions,
M. Varenne a pu affirmer qu'il saurait as-
surer à Hanoi la continuité de l'effort de
colonisation qui a amené l'Indochine à
un aussi haut point de propriété matérielle.-
Puis, aux applaudissements de toute l'as-
semhlée. le Gouverneur Général a indiqué
son ardent désir de réaliser immédiatement
up programme d'instruction qui assure
une collaboration plus intime et plus com-
plète des Français et des indigènes dans
le développement de nos possession asia-
tiques.
Association des travailleurs indochinois
Avant de quitter la France, M. Alexandre
Varenne à tenu à se rendre à l'invitation
des travailleurs indochinois que préside M.
Sai-Van-Hoa.
Accompagné de Mme Varenne et du ca-
pitaine Scherer, son officier d'ordonnance Je
Gouverneur Général de l'Indochine a été
accueilli avec beaucoup d'empressement
par les jeunes travailleurs annamites qui
lui souhaitèrent un heureux voyage avec
le désir que leurs compatriotes d'Extrêim^
Orient aient la même confiance qu'ils lui
accordaient.
Rompant avec les errements dl> passé,
M. Varenne a déclaré ne vouloir
promettre plus qu'il ne pourra tenir, n pré-
fère décevoir par ses réserves que par 9*
actes.
Il faut là-bas assurer aux travailleurs an
moins le minimum des garanties social
qui leur sont accordées en France et établir
une procédure pJus rapide, plus simple
pour le règlement des indemnités aux acci-
dentée.
Pour accomplir une œuvre nouvelle à la-
quelle il s'adonne de tout cœur, M. Va-
renne a réclamé la confiance du peuple an-
namite.
'< Si je ne réussis pas, n-t-il diit, c'est qu'il
existe entre la France et nos protégés un
malentendu formel, mais à supposer que ce
malentendu existe, on doit pouvoir Le dis-
siper ).
Il a ajouté : n ï/arnc indigène doit nous
être complètement, ouverte. Ecrivez à vos
compatriotes que c'esit un homme honnête,
plein de bonne volonté qui arrive pour
présider h leur deslinr. aidez-le.
(1 A mon l'dour, je veux apporter à la
Franco le cœur de l'Indochine et c'est
avoc. voire concours que jé- réussirai. n
En termes émus, le doyen des trnvail-
leurs annamites, M. Rui-Quang-Ohicu a re-
mercié M. A. Varenne do ses réconfortan-
les paroles ot l'on porta un toasi à l'Indo-
chine, à la France.
Institut colonial français
M. Alexandre Varenne a assisté ce midi
h un déjeuner offert en son honneur par
l'Institut Colonial.
Autour de M. André Hesse. ministre des
Colonies, qui prL'idail,g.: trouvaient réunies
de nombreuses personnalités politiques et
coloniales.
A l'heure des toasts le Gouverneur géné-
raI répondant aux souhaits du ministre des
Colonies, a fait dos déclarations fort applau-
dies. sur l'onivr.- 'll1'j¡ vi poursuivre en
Extrême-Orient.
Les missions en Afrique Occidentale
o-o–
Il semble exister entre les évangelistes
catholiques et protestants de l'Afrique Oc-
cidentale une rivalité de fort mauvais aloi.
C'est ainsi que les missionnaires catholi-
ques français établis en Gold Coast ont fait
courir le bruit que nous avons impartiale-
ment reproduit dans les Annales Coloniales
du 26 juin 1925, qu'ils avaient eu jusqu'à
présent la prépondérance en Gold Coast,
mats que, grâce a certains suntcriugos,
les missionnaires anglais avaient pris le
dessus. Or, d'après un de nos correspon-
dants, la prépondérance n'appartient pas
plus à l'Eglise romaine qu'à la Haute Eglise
d'Angleterre. La Gold Coast a été évangé-
lisée depuis bientôt un siècle par les Mis-
sions Wesleyonnes (1837). Le premier mis-
sionnaire était un mulAtre, Birchman Froc-
mann. fils d'un ancien esclave libéré de
Sierra Léonc et d'une Anglaise, qui eut un
grand succès en Gold Coast, et fut bientôt
rejoint par des missionnaires anglais. ne-
puis ce moment, c'est-à-dire depuis plus
de 80 ans. les missions wesleyennes n'ont
cessé de se développer dans ce pays et au-
jourd'hui elles comptent 105.000 àdhéren's
hnptisrs, réunis dans plus de T>00 églises
ou temples.
Quant à la mission de la Haute-Eglise
anglicane (Society for the propagation of
the Gospel), elle représente, comme la mis-
sion catholiquc, une minorité. Il est vrai
de dire qu'elle tend à adopter les rites ca-
tholiques comme en Angleterre, c'est pour-
quoi en ne les considère plus comme des
protestants.
AU JARDIN COLONIAL
-0
Le monument élevé à la mémoire des ti-
railleurs originaires de Madagascar morts
en France pendant la guerre, sera inauguré
mercredi 21 octobre, à 11 heures du matin,
dans le parc de l'Institut National d'Agro-
nomie coloniale, avenue de la Bçlle-Ga-
brielle, à Nogcnt-sur-Marne.
Cette inauguration sera présidée par M.
André Hesse, ministre des Colonies. Les
honneurs seront rendus par une compagnie
de tirailleurs malgaches.
v g
RBroCR
M. Richard, Gouverneur de la Martinique,
qui a été victime, il y a deux mois, de l'at-
tentat que nous avons relaté, est arrivé hier
matin à Saint-X>azairo, à hurd du paquel>ot
Pitertô-Riio,
,0.,e
Décrets et Arrêtés
Décret approuvant un arrêté du Gouver.
neur Général de l'Indochine concernant
les bases d'imposition de la taxe annuelle
et obligatoire sur les hénétices annuels
des part d'intérêt et commandites dans
les Sociétés, Compagnies et Entreprises
dont le capital n'est pas divisé en actions.
Décret portant règlement sur le rernbourse-
ment - des frais de transport et de dépla-
cement du personnel relevant du minis-
tère des Colonies voyageant par ordre en
France, en Corse et dans les pays de
l'Afrique du Nord.
(. O. du -1S och.bre 102T>).
AX Numaitu - gL, UbMliMibb
LUNDI SOIR. 19 OCTOBRE 1M5.
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES AltTlCLEI puBLds PAR LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PNOPlUtTt
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Lei Annonca dRldama sont nom aux Bureau* Jujeumatetéan» le» Agence» dePuMctti
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On aD i mois S mis
imiiMcm | ) Franc* et Colonie». 80. 45 » 25 »
--:. - ( Etranger 120 a 45 9 31 »
Oa s iho–e dan loua Us Bureau d« poste et chez lea priaripauz libnèw
Français et Annamites
loiel
Ceci est le titre d'un livre qui n'est pas une
étude géographique de rlndochioe. L'auteur,'
M. Monet, ne se propose pas de nous décrire
la puissance et la majesté des fleuves, la ri-
chesse de la végétation, les ressources du sol,
pas plus que les populations grouillantes des
deltas avec leurs mœurs si curieuses pour un
Occidental. Il laisse ce soin aux écrivains que
l'amour des paysages tropicaux attire dans ces
pays.
Le dessein de M. Monet est autre. Ayant
vécu de longues années en Indochine avant et
après la guerre, il s'est pris de sympathie pour
ce pays et ses habitants. Il les aime parce qu'il
les connaît bien. Comme oifccier attaché au ser-
vice géodésique de l'année, il a parcouru la
plupart des régions de la péninsule ; il est en-
tré en contact avec les Annamites et s'est pré-
senté à eux non pas comme l'étranger à la re-
cherihe du profit, mais comme l'ami qui vient
sans préjugés auprès d'eux pour les connaître,
les comprencke et dissiper les malentendus qui
ont pu se produire entre eux et les Français.
C'est le résultat de cette enquête avec les con-
clusions qui s'en dégagent logiquement qu'il
nous donne aujourd'hui.
M. Monet a une haute idée de la mission
colonisatrice de la France. « Les nations civi-
lisées, écrit-il, dès le premier chapitre - et la
France est toujours au premier rang de celles-ci
- savent que tout privilège confère un devoir,
et que la tâche leur incombe, belle entre tou-
tes, d'éducatrices des peuples arriérés qu'elles
ont pour mission de guider doucement sur la
voie du progrès. Nous devons apprendre à ces
peuples à exploiter des richesses naturelles qui
constituent aujourd'hui, en raison de la multi-
Wicité des échanges, un patrimoine mondial
que nul n'a le droit de laisser inexploité, à
organiser leur industrie et leur commerce, à
s'administrer, à vivre, en un mot, comme doit
savoir vivre une nation moderne ; enfin, leur
ayant appris leur « métier d'homme )), nous les
laisserons faire leurs expériences et suivre leurs
propres destinées, restant unis seulement à ces
dominions affranchis par les liens étroits de la
reconnaissance et d'une mutuelle dépendance
économique. »
Cette citation est un peu longue, mais elle
était nécessaire pour faire bien saisir les con.
ceptions de M. Monet et nous faire compren-
dre à la fois le plan et la conclusion de son
ouvrage.
Dans quelle mesure notre pays a-t-il rempli
en Indochine cette triple mission morale, éco-
nomique et politique, c'est ce que recherche
l'auteur avec une clarté et une vigueur d'expo-
sition qui sont un des attraits de son livre.
Il ne semble pas qu'au point de vue écono-
mique, notre oeuvre, là-bas, soit sans reproche.
Nous ne nous sommes pas assez préoccupés de
donner à ce peuple les instruments nécessaires
à son activité industrielle, commerciale et
même agricole. L'Union indochinoise possède
des ressources industrielles considérables. Mais
elle manque de capitaux, et non seulement nous
ne les lui fournissons pas, mais nous empêchons
ceux qui voudraient les lui appotfer, de le
faire. D'autre part, nous ne nous attachons pas
assez dans ce pays, où la jeunesse a un goût
exagéré pour les fonct ions administratives, à
combattre les résultats de I atavisme et à lui
montrer qu'il y a beaucoip d'autres carrières
plus intéressantes au double point de vue intel-
lectuel et pécuniaire. Nous devrions rengager
sur les « routes qui la mèneront à l'agricul-
ture, au commerce et à l'industrie ».
Les voies ferrées sont notoirement insuffisan-
tes. Elles sont beaucoup moins nombreuses que
dans les pays voisins comme le Siam et l'Inde,
ainsi que le montre un rapide examen de la
carte. » #
Des observations analogues s'appliquent à
l'activité conmerciale. Elle gagnerait beau-
coup à l'envoi de nombreuses délégations à
l'étranger, en France, en Chine. La métropole
doit s'attacher à augmenter ses échanges avec
sa colonie. Et ici M. Monet s'élève contre
certaines dispositions éventuelles du traité de
commerce que l'on négocie avec le Japon et
qui tendraient, dit-on, à favoriser l'entrée des
produits japonais dans l'Indochine. Notre au-
teur y voit un danger redoutable à la fois pour
la France et pour l'Indochine.
Remplissons-nous mieux notre rôle de tuteur
au point de vue politique? M. Monet en doute.
Nous ne protégeons pas encore avec assez de
soins l'indigène contre les exactions des man-
darins, et il cite un certain nombre de cas parmi
beaucoup d'autres, et qui ne sont pas à notre
honneur. Peut-être en compterait-on quelques-
uns de moins si la presse avait la liberté de les
dénoncer et si nous accordions aux habitants
me plus grande part dans l'administration de
leurs affaires. Appeler de plus en plus les
Annamites à se gouverner eux-mêmes semble à
M. Moret une politique beaucoup pTus heu-
reuse que celle qui consiste à donner à quel-
ques-uns d'entre eux le titre de citoyen fran-
çais.
Pourquoi vouloir octroyer à tous les Anna-
mites qui ont été formés dans les écoles fran-
çaises le droit d'être naturalisés) La solution
n'est pas là. Elle consiste plutôt « à élargir, à
élever "considérablement le statut de l'indigé-
nat, afin que l'Annamite puisse, tout en le
gardant -R avec une légitime fierté - faire
son éducqpn civique et politique, participer
efifcacement à la vie de la cité et du pays et
occuper tous les emplois sociaux auxquels il
peut légitimement désirer accéder ».
Les conséquences de cette thèse peuvent être
dangereuses pour la métropole, et c'est pour-
quoi elle rencontrera de nombreux adversaires.
Mais on ne saurait nier qu'elle s'intègre logi-
quement dans la conception coloniale que nous
avons exposée au début de cd article.
Car, pour M. Monet, notre rôle en Indo-
chine, comme dans toutes les colonies, du
reste, est un rôle de guides, de tuteurs, et non
de dominateurs. Il ne compte pas sur la force
pour y assurer notre puissance, mais sur la
compréhension mutuelle des deux peuples.
Nous ne devons pas nous faire craindre là-
bas, mais nous faire aimer.
Mais comment se comprendre, s' aimer, si
on s'ignore, ou si on ne se voit qu'à travers
des préjugés qui déforment notre vraie phy-
sionomie aux uns et autt autres.
L'oeuvre la plus urgente est donc de travail-
ler à les détruire. C'est pourquoi la France doit
donner tous ses soins à l'éducation. Il ne s'agit
pas de transporter là-bas nos méthodes et sur-
tout nos programmes métropolitains. Il faut les
adapter au milieu. Il faut réaliser le rapproche-
ment entre les deux civilisations. C'est ce que
M. Monet avait tenté en fondant en 1922 le
Foyer des Etudiants annamites qui, entre autres
buts, se proposait essentiellement « de déve-
« lopper chez les jeunes Annamites la notion
« du devoir et l'amour de la vérité, de leur
« donner l'idéal de l'honneur, la conscience
« professionnelle, de leur faire comprendre les
« intentions généreuses de la France à leur
« égard, de leur montrer les difficultés de réa-
« lisation, de dissiper les malentendus, décal-
« mer les impatiences, de combattre chez eux
(( les tendances étroitement nationalistes, tout
cc en leur faisant aimer leur propre pays ».
Que, dans cet ordre d'idées, nous ayons
beaucoup à faire, c'est ce que démontre le
livre dont nous parlons. Nous avons là une oeu-
vre non seulement étendue, mais encore diffi-
cile, parce qu'elle doit se heurter à des oppo-
sitions qui en redoutent les effets. Au premier
rang de notre action, il cite la Mission laïque à
laquelle est consacré un chapitre qu'il faut
lire.
M. Monet propose un véritable plan d'édu-
cation dont certaines parties paraissent avoir re-
tenu l'attention des personnages officiels. Il
nous a semblé l'autre jour, en entendant à la
Commission des Colonies M. Varenne nous
dire ses projets, que la lecture de cet ouvrage
n'était peut-être pas étrangère à quelques-unes
des conceptions exposées.
Tel est ce livre qui sera, je crois, suivi d'au-
tres, et dont nous n avons pas voulu donner une
analyse, mais seulement noter au passage quel-
e que l -
ques-unes des idées. Il vaut la pe ine d être lu.
Certains penseront peut-être qu il contient des
critiques excessives. Je ne sais et ne veux pas
l'examiner ici. Mais ce que je sais, c'est que
quiconque l'aura lu ne pourra s'empêcher de
dire avec M. Aulard dans la lettre-préface
qu'il adresse à l'auteur : « Une odeur de vérité
se dégage de votre livre. »
Henry Fontanier,
Député du Canfal, secrétaire de la
Commission des Affaires étrmn-
Jires, membre de la Commtfrton
ces (loIoftIN,
8.a
Rue Oudlnot
M. André Hesse, ministre des Colonies
retour du Congrès radical et radical-socia-
liste de Nice est arrivé ce matin à Paris à
10 h. 05 pair le train dans lequel avaient
pris place M. Paul Pairulevé, président du
Conseil, et divers ministres.
̃ 8.a
M. Stftl va rejoiadre SM poste
M. Steeg, Résident Général au Maroc, qui
quittera Paris demain mardi à 21 h. 45 par la
gare d'Orsay, arrivera le 27 octobre à Casa-
blanca, sur le cuirassé Voltaire, battant pavil-
lon du contre-amiral Chauvin, commandant la
division de la Manche et de la Mer du Nord.
Le Voltaire quittera Brest mardi, à 14 h.,
pour le Verdon, où M. Steeg, venant de Bor-
deaux sur un contre-torpilleur, montera à bord.
L'arrivée de M. Steeg au Maroc revêtira un
caractère particul ièrement imposant.
Avant de gagner la résidence de Rabat, le
nouveau Résident Général s'arrêtera 24 heures
à Casablanca, où le sultan Moulay- Youssef,
venu spécialement de Rabat, le recevra en
grande cérémonie.
Ainsi que nous l'avions annoncé, M. Steeg
a eu avec le maréchal Lyautey un long entre-
tien.
A la Société des Nations
ib 0
L'administration des territoires
sous mandat
La Commission permanente des mandats de
la Société des Nations s'est réunie aujourd'hui
à Genève pour sa septième session, au cours de
laquelle elle examinera les rapports de diverses
puissances mandataires sur l'administration, en
1924, des territoires sous mandat. Elle étu-
diera, en outre, certaines questions générales
relatives au système des mandats, parmi les-
quelles il convient de mentionner la question
au développement économique des territoires,
la question de l'organisation militaire et celle
du travail forcé ou obligatoire.
Droits de douane
aux colonies
-–– 00
Les fabricants de futailles ne
sont pas contents, et ils ne l'ont pas
envoyé dire au représentant du mi-
nistre du Commerce, qui assistait au ban-
quet, lequel a suivi les travaux de leur Con-
grès annuel.
Non seulement la dépréciation de notre
devise est défavorable à l'importation des
bois merrains, mais encore ils se plaignent
de la suppression des droits de douane, qui
leur porte préjudice, notamment aux Antil-
les. Nous étions jusqu'ici protégés, décla-
rent-ils, nous pouvions exporter dans les An-
tilles les futailles nécessaires au transport
des rhums ; à présent, il n'y a plus rien à
faire ; nous sommes battus d'avance, et con-
tre cela nous protestons.
Donc, devant le chef du Cabinet du Mi-
nistre du Commerce, des récriminations se
sont élevées. Le Président du Comité de
Direction, se faisant le porte-parole de ses
collègues, a rappelé que les droits de douane
qui existaient dans nos vieilles colonies ont
été supprimes par un simple vote de con-
seillers généraux. Et il ajoutait :
« L'année dernière, déjà, je disais : Ne
trouvez-vous pas étrange que, alors que la
politique économique française tend de plus
en plus, et avec raison, à se lier à l'essor
économique de nos colonies, ne trouvez-vous
pas étrange que, précisément, certaines de
ces colonies suppriment les droits de douane
qui protègent notre commerce, et en faveur
de ceux qui refusent de recevoir notre mar-
chandise? »
On serait tenté de répondre que ces colo.
nies ont précisément estimé qu'il était in-
dispensable à leur essor économique de faire
disparaître les barrières qui arrêtaient ou
gênaient les importations nécessaires. A quoi
les autres répliqueraient que la solidarité est
telle entre la politique économique de la
métropole et celle des colonies que, si la pre-
mière est compromise, la seconde en reçoit
le contre-coup immédiat. Et ainsi de suite ':
pareille discussion peut devenir intermina-
ble.
Mais, dans le cas particulier qui nous oc-
cupe, il faut bien avouer qu'il y a un argu-
ment d'une force réelle dans ces mots : 1 En
face de ceux qui refusent de recevoir notre
marchandise. » Ces méchants, qui sont-ils t
Vous le demandez ? Laissons encore la parole
à M. le Président du Comité de Direction :
ci Car nous sommes des tonneliers, et le
tonnelier fabrique des tonneaux dans les-
quels il entre du vin, du bon vin de France,
du vin et des liqueurs qui, vous le savez,
aux Etats-Unis, sont complètement prohibés !
Il y a là quelque chose que nous n'expli-
quons pas. »
l'ai crié : Hravof en lisant ce passage. le
sais bien qu'il y a pas mal (ThyPocrisie dans
ce régime de la prohibition que le purita-
nisme a imposé à la libre Amérique. les
efforts récents du général Andrews rCont pas
mieux réussi que ceux de ses prédécesseurs.
Tout le mal vient des politiciens, s'écriaient
les plus fougueux des prohibitionnistes, en
présence des résultats lamentables de Vap-
plication de la loi. Le général Andrews est
parti en guerre contre les politiciens, il s'est
fait autoriser Par le Gouvernement à choisir
ses collaborateurs indépendamment des re-
commandations politiques, mais le Gouver-
nement lui a conseillé de prepdre l'avis des
sénateurs.
a Or,malheureusement,constate la a Kan-
sas City Star », il est impossible de se fier
aux sénateurs pour faire respecter une loi
qu'ils ont pourtant eux-mêmes votée! »
Je cite ce trait entre mille. Il y en a bien
d'autres ou grotesques ou révoltants. Mais
ce qui me semble, à mot aussi, illogique,
absurde, c'est que d'une part les Etats-Unis
condamnent radicalement, interdisent abso-
lument les vins et les spiritueux, et qu'ils
fabriquent en quantité des récipients pour
que les voisins y mettent leurs 'spirifuerix et
leurs vins. Les voisins ont parfaitement le
droit de répondre : Pardon! Vous avez voué
au diable le contenu; permettez que nous re-
fusions de recevoir de votre part le conte-
nant.
Le chef du Cabinet a, dans ce style offi-
etoi qui est le même sous toutes les latitu-
des, promis que son ministre apporterait un
appui assuré aux fabricants de futailles, au.
jourd'hui plus qu'hier et bien moins que (Je-
main. Mais il a déclaré que son ministre
avait pour cela « une grâce d'état spéciale - :
« M. Chaumet est d'un département qui aime
la vigne et qui en vit, qui aime le vin et qui
en vit. Or, les tonneaux sont les amis du
vin, et les amis de nos amis sont nos amis. »
Les Etats-UIIÏJ sont les ennemis du vin, et
les ennemis de nos amis sont nos ennemis;
ils sont les ennemis des tonneaux. Qu'ils
gardent les leurs pour y mettre de l'eau de
fleur d'oranger et du sirop de salsepareille ;
mais quand ils nous les proposent pour y
mettre du bon vin de France ou du rhum
excellent de la Martinique et de la Guade-
loupe, nous avons bien le droit, et mente le
devoir, de fermer la porte 4 double tour.
Mario Roaal.,
Sénateur de l'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
loniest. Secrétaire général du Groupe
vUicole.
H. Faintevé et le Maroc
6
Au cours de son discours à la séance de
clôture du Parti radical et radical-socialiste,
M. Painlevé, président du Conseil aborda
la question du Maroc :
« Il y a quelques semaines, dit-il, à Nî-
mes, je me suie expliqué sur la politique
marocaine du Gouvernement. J'ai fait con-
naître le texte intégral des conditions de
paix offertes à Abd-ol-Krim, sur lesquelles
nous sommes d'accord avec la nation voi-
sine, grâce à la négociation si heureuse-
ment conduite par mon ami Malvy.
I( Avant de dédennalier 'orrensive, j'ai
annoncé solcnneUement, en plein accord
avec l'Espagne, que la seule condition de
paix éventuelle, était l'autonomie complète
accordée aux tribus rifaines et djebolm,
dans le cadre des traités, c'est-à-dire
moyennant la reconnaissance nominale du
sultan, les autree conditions étant secon-
daires et susceptibles de revision. Abd-el-
Krim a persisté dans ses exigences.
tt La France n'avait pas le droit d'accor-
der au Rif l'indépendance. L'aurait-elle pu
que ç'eût été la pire imprudence, car le Rif
fût devenu une colonie d'aventuriers de la
plus dangereuse espèce, guettant le moment
de mettre le feu au Maroc et de nous atta-
quer dans le do,, -
« Il ne restait donc à la France d'autres
ressources que de déployer sa force.
u Aujourd'hui, nous occupons une solide
frontière qu'il suffit d'équiper de routes.
En jonction avec la vaillante armée espa-
gnole, nous tenons les seuils qui donnent
accès au 'cœur du Rif. Les communications
entre le Maroc et l'Algérie aont assurées
comme elles ne le furent jamais. Au mois
d'août dtrnier, à ÃùTun, j'exprftnais l'es-
poir que le mois d'octobre verrait la fin
de nos soucis marocains. Aujourd'hui, tout
péril est écarté, les tribus révoltées ont de-
mandé l'aman, les tribus hier encore non'
soumises de notre zone ont réclamé notre
protection.
tt Contrairement à des bruits tendancieux
répandus, pas un lwmme du contingent ne
lera un jour de trop. Les navires vont bien-
tôt partir, qui les ramèneront pour être li-
bérés en France à la date légale.
Il J'ai la conviction qu'aucun gouverne-
ment. n'aurait pu agir autrement que nous
ne l'avons fait nous-mêmes, à moins de li-
vrer le Maroc, puis l'Afrique du Nord, avec
nos nationaux et nos soldats, aux fureurs
d'un fanatisme barbare.
« Ai-je besoin d'ajouter que, ne poursui-
vant ni conquêtes ni oppression, nous ne
voulons que la paix, et la paix pour tous
et que les tribus réconciliées ou nouvelle-
ment soumises apprécient la générosité
avec laquelle la France applique l'adage :
Il Les adversaires d'aujourd'hui sont les col-
laborateurs de demain Il 7
Dans ces conditions, ayant conscience
d'avoir bien servi et la France et la civi-
lisation, je me tourne vers vous, fUsi des
jacobins, je me tourne vers tous les démo-
crates, je vous demande et je leur demande
une approbation sans réserves ».
L'eabouleillage de Maladi
---04--
La capacité d'écoulement du chemin de fer
et du port est actuellement de 10.000 tonnes
par mois. Or, les arrivages, pour le seul mois
d'août, auraient été de 22.000 tonnes, et pour
septembre, de 28.000.
Il y a déjà 30.000 tonnes d'excédent de
marchandises sur les quais, faute de moyens
pour les évacuer plus rapidement dans un port
resserré où les évolutions des navires sont dif-
ficiles en raison de sa situation fluviale; 10.000
autres tonnes demeuraient dans les lfancs des
navires immobilisés dans le fleuve, en atten-
dant le désembouteillage des quais pour leur
permettre de décharger leurs cargaisons. Plu-
sieurs navires allemands auraient reçu l'ordre,
suivant les déclarations de leurs capitaines, de
repartir sans mettre leurs marchandises à terre,
d'autres seraient déjà repartis après s'être dé-
barrassés de leur fret destine au Congo en le
déposant sur les quais de St-Paul-de-Loanda.
En présence d'une telle situation, les autori-
tés de Matadi ont tenté d'obtenir l'aide des
ports de Borna et Banane, mais les autorités
de ceux-ci durent refuser formellement, leurs
magasins étant déjà remplis, de telle sorte que
la plupart des chargeurs durent se résigner à
voir repartir les marchandises qu'ils attendaient.
Cette situation semble sans issue pour long-
temps, et les exportateurs agiraient sagement
en ramenant leurs marchandises en Europe
pour y attendre des jours meilleurs, sans quoi
les unités qui les portent se verront immobili-
sées pour deux ou trois mois dans l'estuaire du
Congo.
Cette grave situation est tout à fait critique
pour le trafic de l'Afrique Equatoriale fran-
çaise, entièrement tributaire actuellement du
rail et du port belges.
Par suite, une ordonnance-loi du Gouver-
neur Général du Congo Belge en date du 19
août 1925, a rétabli le régime des restrictions
pour les importations par Matadi et les réexpé-
ditions par la voie ferrée Matadi-Léo, mais il
est un peu tard, et de toutes façons, que l'em-
bouteillage ait lieu en amont ou en aval de la
voie ferrée, ou que les producteurs soient ré-
duits à la portion congrue par l'impossibilité
d'exporter leurs marchandises, il n'en demeure
pas moins qu'il y a là une situation grave pour
nos possessions, et sans autre issue pour elle
que l'achèvement rapide de la voie ferrée
Brazzaville-Océan et l' ouverture du port de
Pointe-Noire qui affranchira le trafic français
de la pénible sujétion de Matadi en lui
octroyant une zone d'opérations où le régime
des restrictions et des licences sera inconnu.
En l'honneur de M. Varenne
in
M. le Gouverneur Général de l'Indochine,
Alexandre Varenne, a quitté Paris cet
après-midi, à 16 heures, se rendant à Lyon.
De là il gagnera, après-demain, Marseilie
où il s'embarquera dans la matinée du 23
à bord du Paul-Lecat, de la Compagnie des
Messageries Maritimes.
M. Varenne a été salué à la gare par
de inombreux parlementaires, les hauts
fonctionnaires du Minfstère des Colonies,
des personnalités politiques et coloniales et
de nombreux amis personnels.
Ajoutons qu'à son passage à Lyon et à
Marseille, M. Varenne sera officiellement
reçu par les Chambres de Commerce de
ces deux villes.
Dans les quarante-huit heures qui ont
précédé son départ, M. Varenne a été l'ob-
jet d'une série de manifestations flatteuses
de la part de groupements indochinois qui
ont marqué au nouveau Gouverneur Géné-
ral leur estime et les espoirs qu'ils fon-
dent sur sa mission.
Agence Economique de l'Indochine
Cette réception vendredi soir a revêtu un
caractère de grande solennité par la pré-
sence de M. Gaston Doumergue, Président
de la République qui avait tenu à atporter
au nouveau Gouverneur Général ses sou-
haits d'heureuse et favorable mission.
Dans le grand hall de l'Agence Econo-
mique, autour de M. et Mme Varenne et
de M. Garnier, directeur de l'Agence, se
pressaient des notabilités coloniales et des
personnalités indochinoises appartenant à
la haute administration au commerce et à
l'industrie,
Devant ce public d'élite, M. Henri Gour-
don a commenté avec un art parfait les
visions d'Indochine filmées sur l'écran.
On applaudit aux vues de Saïgon, la
« perle de l'Extrême-Orient Il. avec son
merveilleux Jardiji Botanique, ses prome-
nades ombragées, sa pagode brahmanique,
de Cholon avec ses rues animées.
Pms ce fut le Cambodge avec sa capitale
Pnom-Penh se dressant aux quatre bras
du Mékong, avec pour décor ses multiples
pagodes et surtout Angkor avec sa cité
royale, ses palais, ses avenues et aussi
ses admirables bas-reliefs qui en font une
des villes d'art les plus fameuses du monde.
D'autres évocations suivirent, au milieu
des applaudissements de l'assistance : le
plateau de Lang-Biang et Dalat avec sa
cure de repos; Hué avec la beauté de ses
sites, ses monuments et ses tombeaux lé-
gendaires.
Et ce fut le Tonkin avec HanoI, sa cita-
delle. son temple et ses rues grouillantes ;
Halphong avec son fort, ses quartiers indi-
gènes ; et enfin l'admirable baie d'Along
avec ses rochers et ses lies, l'un des spec-
tacles qu'on ne 9C Jasee de Contempler
Chez les Amis de l'Orient
A trois heu.res samedi. MM. Sylvain Lévi,
professeur au CoJlège de France ; Pelliot,
membre de rinstitut ; Pila, ministre au
Siam ; Hackin et Grousset, conservateur et
conservateur adjoint, ont reçu au Musée
Guimrt. M. Alexandre Varenne.
M. Hnckin a fait visiter au Gouverneur
général la vaste saille du roz de chaussée
consacrée à l'art cambodgien et annamite.
Los principales pièces exposées d'un haut
intérêt artistique, ont figuré dans le pavil-
lon de l'Indochine à l'Exposition Coloniale
do Mmsipiililo pn 1099
-- ..-'-. --.-- -.. --.
M. Varenne en remerciant les a Amis de
l'Orient Il de leur très cordial accueil a ma-
nifesté son désir de compléter les collec-
tions indochinoises du Musée Guimet et
d'npporter à la Société un concours plus
effectif.
Au Foyer annamite
Les nombreux étudiants annamites à Pa-
ris ont récemment fondé un centre de réu-
nion rue du Sommerard.
C'est là que, samedi, ils ont accueilli avec
ontlu usiasnie M. et Mme Varenne. M.
Martial Merlin, gouverneur général hono-
raire, M. Diagne, président de la Commis-
sion des Colonies, M. A.-H. Fontaine, pré-
sident du Conseil d'administration de la
Société Française des Distilleries de l'In-
dochine, étaient là ainsi que de nombreu-
ses personnalités indochinoises.
La salle était trop étroite pour la grande
affluence des étudiants et fonctionnaires
présents.
Le président de l'Association, M. Cao Vaif
Son, que secondait M. Tran Van Kha, dane
un discours mesuré, a exposé les espoirv
que mettaient en leur nouveau Gouverneur
Général les populations d'Indochine, aprè*
avoir assuré le représentant de la France
de leur loyalisme.
Dans une improvisation vibrante où il «
mis tout son cœur, le nouveau Gouverneur
Général a déclaré que l'action démocra-
tique de toute sa vie lui faisait un devoir
de poursuivre à Hanof, en faveur dee
populations indigènes, une politique de ré-
formes.
Mais si c'est à un socialiste que le Gon.
vernement a confié ces hautes fonctions,
M. Varenne a pu affirmer qu'il saurait as-
surer à Hanoi la continuité de l'effort de
colonisation qui a amené l'Indochine à
un aussi haut point de propriété matérielle.-
Puis, aux applaudissements de toute l'as-
semhlée. le Gouverneur Général a indiqué
son ardent désir de réaliser immédiatement
up programme d'instruction qui assure
une collaboration plus intime et plus com-
plète des Français et des indigènes dans
le développement de nos possession asia-
tiques.
Association des travailleurs indochinois
Avant de quitter la France, M. Alexandre
Varenne à tenu à se rendre à l'invitation
des travailleurs indochinois que préside M.
Sai-Van-Hoa.
Accompagné de Mme Varenne et du ca-
pitaine Scherer, son officier d'ordonnance Je
Gouverneur Général de l'Indochine a été
accueilli avec beaucoup d'empressement
par les jeunes travailleurs annamites qui
lui souhaitèrent un heureux voyage avec
le désir que leurs compatriotes d'Extrêim^
Orient aient la même confiance qu'ils lui
accordaient.
Rompant avec les errements dl> passé,
M. Varenne a déclaré ne vouloir
promettre plus qu'il ne pourra tenir, n pré-
fère décevoir par ses réserves que par 9*
actes.
Il faut là-bas assurer aux travailleurs an
moins le minimum des garanties social
qui leur sont accordées en France et établir
une procédure pJus rapide, plus simple
pour le règlement des indemnités aux acci-
dentée.
Pour accomplir une œuvre nouvelle à la-
quelle il s'adonne de tout cœur, M. Va-
renne a réclamé la confiance du peuple an-
namite.
'< Si je ne réussis pas, n-t-il diit, c'est qu'il
existe entre la France et nos protégés un
malentendu formel, mais à supposer que ce
malentendu existe, on doit pouvoir Le dis-
siper ).
Il a ajouté : n ï/arnc indigène doit nous
être complètement, ouverte. Ecrivez à vos
compatriotes que c'esit un homme honnête,
plein de bonne volonté qui arrive pour
présider h leur deslinr. aidez-le.
(1 A mon l'dour, je veux apporter à la
Franco le cœur de l'Indochine et c'est
avoc. voire concours que jé- réussirai. n
En termes émus, le doyen des trnvail-
leurs annamites, M. Rui-Quang-Ohicu a re-
mercié M. A. Varenne do ses réconfortan-
les paroles ot l'on porta un toasi à l'Indo-
chine, à la France.
Institut colonial français
M. Alexandre Varenne a assisté ce midi
h un déjeuner offert en son honneur par
l'Institut Colonial.
Autour de M. André Hesse. ministre des
Colonies, qui prL'idail,g.: trouvaient réunies
de nombreuses personnalités politiques et
coloniales.
A l'heure des toasts le Gouverneur géné-
raI répondant aux souhaits du ministre des
Colonies, a fait dos déclarations fort applau-
dies. sur l'onivr.- 'll1'j¡ vi poursuivre en
Extrême-Orient.
Les missions en Afrique Occidentale
o-o–
Il semble exister entre les évangelistes
catholiques et protestants de l'Afrique Oc-
cidentale une rivalité de fort mauvais aloi.
C'est ainsi que les missionnaires catholi-
ques français établis en Gold Coast ont fait
courir le bruit que nous avons impartiale-
ment reproduit dans les Annales Coloniales
du 26 juin 1925, qu'ils avaient eu jusqu'à
présent la prépondérance en Gold Coast,
mats que, grâce a certains suntcriugos,
les missionnaires anglais avaient pris le
dessus. Or, d'après un de nos correspon-
dants, la prépondérance n'appartient pas
plus à l'Eglise romaine qu'à la Haute Eglise
d'Angleterre. La Gold Coast a été évangé-
lisée depuis bientôt un siècle par les Mis-
sions Wesleyonnes (1837). Le premier mis-
sionnaire était un mulAtre, Birchman Froc-
mann. fils d'un ancien esclave libéré de
Sierra Léonc et d'une Anglaise, qui eut un
grand succès en Gold Coast, et fut bientôt
rejoint par des missionnaires anglais. ne-
puis ce moment, c'est-à-dire depuis plus
de 80 ans. les missions wesleyennes n'ont
cessé de se développer dans ce pays et au-
jourd'hui elles comptent 105.000 àdhéren's
hnptisrs, réunis dans plus de T>00 églises
ou temples.
Quant à la mission de la Haute-Eglise
anglicane (Society for the propagation of
the Gospel), elle représente, comme la mis-
sion catholiquc, une minorité. Il est vrai
de dire qu'elle tend à adopter les rites ca-
tholiques comme en Angleterre, c'est pour-
quoi en ne les considère plus comme des
protestants.
AU JARDIN COLONIAL
-0
Le monument élevé à la mémoire des ti-
railleurs originaires de Madagascar morts
en France pendant la guerre, sera inauguré
mercredi 21 octobre, à 11 heures du matin,
dans le parc de l'Institut National d'Agro-
nomie coloniale, avenue de la Bçlle-Ga-
brielle, à Nogcnt-sur-Marne.
Cette inauguration sera présidée par M.
André Hesse, ministre des Colonies. Les
honneurs seront rendus par une compagnie
de tirailleurs malgaches.
v g
RBroCR
M. Richard, Gouverneur de la Martinique,
qui a été victime, il y a deux mois, de l'at-
tentat que nous avons relaté, est arrivé hier
matin à Saint-X>azairo, à hurd du paquel>ot
Pitertô-Riio,
,0.,e
Décrets et Arrêtés
Décret approuvant un arrêté du Gouver.
neur Général de l'Indochine concernant
les bases d'imposition de la taxe annuelle
et obligatoire sur les hénétices annuels
des part d'intérêt et commandites dans
les Sociétés, Compagnies et Entreprises
dont le capital n'est pas divisé en actions.
Décret portant règlement sur le rernbourse-
ment - des frais de transport et de dépla-
cement du personnel relevant du minis-
tère des Colonies voyageant par ordre en
France, en Corse et dans les pays de
l'Afrique du Nord.
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