Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-10-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1925 15 octobre 1925
Description : 1925/10/15 (A26,N154). 1925/10/15 (A26,N154).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63970010
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. No 154.
ÙB MUMfihO : « LHN1IACI»
-
JEUDI SOIR, 16 OCTOBRE ilm.
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Les Annales Coloniales
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JOURNAL QUOTIDIEN
LES Altncua PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLOllIALU- SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Le» Annonce» et Ridante» tant reçue* on Bureau» du Journal H Jant le» Agence» éePuUkM
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Rédietin el AdainiilnliM : 34, Rue du Moflt-Thabor, PARIS. Têléftae : LOIVRS II-J7
Un an 6 mois 1 avis
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BN CHINE
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« Il s'est fait en Chine de grands change-
ment depuis 1840, notamment depuis le com-
mencement du siècle actuel, et même depuis la
fin de la guerre. Ces changements sont-ils d'une
"we assez profonde, sont-ils établis d'une
manière suffisamment ferme pour que les puis-
sances se sentent le devoir de renoncer à cer-
tains, sinon à tous les ckoits qui leur permettent
de veiller a la sécurité de leurs ressortissants ?
C'est là la véritable question qui se pose pour
la conférence, pour la Commission exterrito-
riale, pour la Chine et pour les puissances. »
Ainsi le Times appréciait, il y a quelques
jours, les événements de Chine. A propos des
garanties que M. Chamberlain exige que les
délégués britanniques réclament en échange des
réformes nécessaires, le grand journal anglais
déclarant que tout le monde est disposé à aider
J'établissement d'une Chine unie, indépendante,
ordonnée et prospère, posait cette interrogation
finale : « La Chine peut-elle et veut-elle en
faire autant pour sa part ? Et cela me faisait
songer à un article de Spectator paru il y a quel-
ques semaines, où une autre interrogation était
poaée, à l' Angleterre, cette fois : « L'Angle-
terre a-t-ette prouvé aux Chinois qu'elle sentait
la force du courant nationaliste qui entraîne irré-
sistiblement les classes éclairées de ce pays, et
qu'elle comprenait parfaitement ce que leurs
revendications avaient de légitime ? »
Certes, les manifestations de ce nationalisme
lIPPUaÎlsaient comme stupides ; cette xénopho-
bie dangereuse non seulement compromettait la
sécurité, mais nuisait au commerce international,
et plus particulièrement au commerce britanni-
que ; la Grande-Bretagne fait la plus grande
partie de ses affaires, non pas directement avec
les acheteurs chinois, mais par l'intermédiaire
des œaociantl anglais établis dans les ports et
dans les marchés ouverts par les traités aux
étrangers ; de là, cette animosité des Chinois
qui visaient « non un oays perdu dans les bru-
nes de l'horizon, à l'amre extrémité du monde,
mais des êtres humai ns en chair et en os, qui
sont là, sur les lieux, et dont ils peuvent avec
joie mesurer et contempler la ruine. »
Mais les responsabilités de cet état de choses
funeste à la paix économique et à la paix tout
court, étaieat-clles entièrement du côté de la
Chine ? Malgré tout, le Spectator ne le pen-
sait pas. Les progrès du nationalisme chinois
s'affirmaient depuis longtemps par des signes si
nettement visibles qu'on peut se demander pour-
quoi on ne les a pas aperçus plus tôt. Il y avait
me réelle imprudence à s'imaginer que les Chi-
nois ne subiraient pas profondément l'influence
des méthodes occidentales auxquel les leur élite
avait été soumise. Le journal en citait un exem-
pte caractéristique. Les professeurs d'une gran-
de Université chinoise lancent un manifeste
contre ce qu'ils nomment la barbarie de la po-
lice internationale à OtantJhal. Des étudiants
avaient-rls été tués sans provocation de leur
part, ou bien avaient-ils essayé d'envahir le
poste de police et d'y voler des armes pour mas-
sacrer les étrangers ? Le journal déclarait à ce
moment ne pouvoir en décider sans renseigne-
ments et sans preuves. Mais ce qui l'avait
frappé par-dessus tout, ce qui lui avait été le
plus désagréable, ce qu'il avait considéré com-
me une sorte de procédé ironique. c'est que,
dans ce document composé suivant les règles de
l'Art, les Orientaux, pour combattre la Grande-
Bretagne. avaient, avec la même habileté que
les Occidentaux, employé les mêmes arguments
«Toicfre moral, les m&nes tours de phrase et de
pensée, la même dialectique qu'auraient em-
ployée en des circonstances semblables des An-
glais qui auraient eu à rédiger une protestation
analegue. Il ne s'en étonnait, ni ne s'en indi-
gnait, mais il en tirait cette conclusion néces-
saire : d'une part, les idées occidentales avaient
marqué les classes éclairées de la Chine ; de
l'autre, elles avaient le droit de réclamer que
les puissances traitassent la Chine sur le pied
d'lité. - - ---
Le tort des puissances. celui de 1 Angleterre,
était de ne pas avoir suivi l'évolution au jour le
jour. Qu'avait-on fait pour l'emploi de l'in-
demnité des Boxers ? L' A avait laissé
ngl eteffe ava i t la i *ssé
ngl eterre ava i t laissé
penser qu'elle en disposerait pour ses propres
besoins. Les Américains, au contraire, em-
ployaient les sommes recouvrées à des œuvres
d'éducation et s'attiraient des svmpathies. Pour-
tant. r Angleterre est mieux disposée pour 1?
Chine ql: ue elle-même. L'essentiel
est que les Anglais comprennent qu'il faut ai- j
der les Chinois.à sauver la face : « Sauver la
face ! C'est l'acte qui, pour les Chinois, en rai.
son de leurs idées ou de leur état d'âme, a plus
de portée que tout autre. Que l'on convainque
un Chinois qu'aux yeux du public il a sauvé
la face, on l'amènera souvent par là à lâcher la
proie pour l'ombre. Il est moins nécessaire de
satisfaire tous ses désirs que de lui épargner
l'humiliation de paraître dédaigné ou bafoué. »
--- Je connais un certain nombre d'autres peu-
ples qui sont Chinois à ce point de vue. Mais,
pour ne pas quitter la Chine, est-ce à dire que
le Spectator admet que les puissances étran-
gères puissent abandonner les droits d'exterri-
torialité ? Non, et il ne prévoit aucune sécurité
en dehors du régime existant. Mais, pour lui,
if faudrait sauver la face, c'est-à-dire associer
les Chinois à la vie administrative des commu-
nautés fondées par les étrangers et diminuer
l'humiliation inspirée par cette méfiance des
Européens à leur égard. La concession interna-
tionale de Changhaï est administrée par un Con-
seil municipal ; ses membres sont des nationaux
de plusieurs pays étrangers ; on a bien désigné
un Comité Consultatif chinois, chargé d'assister
le Conseil dans ses rapports avec les Chinois ;
que n'a-t-on accordé à ces derniers un ou plu-
sieurs membres élus dans le Conseil ? la face
était sauvée.
Dans la concession internationale d'Amoy,
même erreur et même imprévoyance. A Canton,
à Han-Kéou, à Tientsin, à Kiou-Kiang, à Chin-
Kiang, les étrangers n'ont que le droit de rési-
der, avec le droit d'administrer leurs affaires.
Or, les concessions de Canton et de Han-Kéou
comprennent 17 hectares et 60 hectares ; d'au-
tres sont plus restreintes encore ; y avait-il vrai-
ment là de quoi blesser l'amour-propre des
Chinois ? Pour si peu de terrain, ce n'était pas
la peine, assurément, de s'émouvoir. Au fond,
tout peut s'arranger, tout aurait dû s'arranger.
Qu'on montre aux Chinois que leurs ambitions
sont considérées comme justes et raisonnables,
qu'on est près à les aider, et tout ira mieux.
Lord Govford a proposé, à la Chambre des
Lords, d'envoyer en Chine un homme d'Etat
distingué, qui fasse connaître là-bas de quel es-
prit amical l' Angleterre est animée. « C'est par
notre façon d'agir, plutôt que par nos actes eux-
mêmes. que nous pourrons faire impression sur
les nationalistes chinois et les coinvaincre. »
Optimisme un peu trop souriant peut-être,
mais qui s'appuie sur des raisons dont certaines
au moins méritent d'être retenues. Les Chinois
lâcheront-ils la proie pour l'ombre, et suffira-
t-il que les peuples d'Europe leur accordent de
sauver la face pour que soit sauvée la situation?
Je ne parle pas ici de la question ouvrière qui
est une des plus aiguës et des plus péril eu ses.
Je m' en tiens au côté extérieur du problème
chinois. Je lis dans d'autres journaux étrangers
que le culte de la force recueille en Chine de
nombreux adhérents, que la propagande boIche-
viste conquiert de nouveaux adeptes, qu'elle
renforce la propagande nationaliste comme par-
tout, que tous ces ferments de désordre sont
d'autant plus à craindre que, suivant le Specta-
tor lui-même, il n'y a ni un gouvernement ni
un personnage qui puisse parler au nom du
pays, et je réfléchis à cette prédiction mena-
çante de la Reoiew of Reviews : « Les pays
européens qui possèdent des intérêts en Chine,
aussi bien que les Etats-Unis et le Japon, au.
ront peut-être à affronter une situation infini-
ment plus grave que celle qui a été provoquée
par le mouvement des Boxers au début du siè-
cle, car. cette fois. le problème du Pacifique
tout entier pourrait se poser. »
Mario Rottêian,
Sénateur de ItHuauU, vice-préiident
de la Commitiion sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire çénéral du Groupe
viticole.
Jurisprudence coloniale
La Cour d'appel de la Réunion vient de
rendre un arrêt qui peut intéresser toutes les
Cours d'appel des vieilles colonies.
Dans une affaire de la commune de Saint-
Benoît contre M. Adam de Villiers, la Cour
d'appel de la Réunion avait rendu un arrêt
portant que cet arrêt avait été rendu « à l'au-
dience par trois magistrats, le quatrième étant
empêché ».
Cet arrêt, soumis à la Cour db cassation, a
été cassé en vertu de l'artide 79 de la loi du
31 mars 1903. La Cour de cassation s'exprime
ainsi :
« Attendu qu'aux termes de cet article, les
arrêts doivent, dans les Cours de la Marti-
nique, de la Guadeloupe et de la Réunion,
être rendus par trois magistrats ; que cette règle
est édictée pour prévenir les partages, n'est
que l'application à l'organisation judiciaire de
ces colonies du principe de l'imparité consacré
par l' article lor de la loi du 30 août 1883 ;
attendu que si l'arrêt attaqué porte qu'il a été
rendu à l'audience par trois magistrats, le
quatrième étant empêché, il en résulte égale-
ment que l' affaire a été jugée par quatre ma-
gistrats ; qu'en admettant à la délibération un
quatrième magistrat, la Cour a violé le texte de
loi ci-dessus visé.
« Par ces motifs : Casse. »
Il faut reconnaître que le texte de l'arti-
cle 79 de la loi de Finances du 31 mars 1903,
qui est visé par l'arrêt de la Cour de cassa-
tion, diffère légèrement de celui de l'article 10r
de la loi du 30 août 1883 sur la réforme de
l'organisation judiciaire. Mais qu'il a pour but
simplement d'éviter les partages. Dès Ion. il
aurait suffi, pour éviter la cassation, de cons-
tater que le quatrième magistrat n'avait pas
participé au vote, c'est-à-dire au jugement lui-
même ; il aurait pu prendre part au délibéré ; il
devait seulement s'abstenir au moment où la
décision aurait été prise. Disons, à cette occa-
sion, qu'il résulte d'un arrêt de la Cour de
cassation du 31 octobre 1916 que, dans les
affaires qui comportent le rapport d un conseil-
ler, celui-ci ne peut ni s'abstenir, ni ne prendre
part à la délibération qu'avec voix consultative,
parce qu'il fait partie intégrante de la Cour.
Maurice Ribet,
Avocat à la Cour d'appel.
8'8
Voyage
-0.0-
M. André liesse, ministre des Colonies
aceompagné de Mme André Hesae est ar-
rivé au dtébut de l'après-midi it Nice pour
assister aux délibérations du Congrès radi-
cal et radicaS-socioliste.
Les naturalisations
tunisiennes
DO
A
On se rappelle les incidents qui
ont failli amener une friction un
peu rude entre les Anglais et nous,
à le suite desquels fut votée la loi du 20 dé-
cembre 1923 sur la naturalisation française
en Tunisie.
Il avait été question, peu auparavant,
d'étendre à notre protectorat de l'est africain
les dispositions de la loi de 1889 sur la natu-
ralisation automatique des fils d* étrangers.
Les Italiens, toujours couverts par les con-
ventions de 1896, échappaient à la loi, mais
craignaient la remise en discussion de leurs
privilèges et s'opposaient préventivement à
toute modificatton du régime existant. Les
Anglais, soucieux de conserver les 3 ou 4.000
sujtes d'origine maltaise qu'ils avaient dans
la Régence, firent même porter Vaffaire de-
vant le tribunal international de La Haye.
On entendit à ce propos de belles discussions
sur le jus soli opposé au jus sanguinis,mait le
plus clair fut que si nous voulions créer des
citoyens français avec des sujets étrangers il
nous fallait recourir au procédé direct de la
naturalisation individuelle. D'où la loi qui
régit présentement cette matière en Tunisie.
Les lois sont comme beaucoup de choses.
Elles valent par la façon dont elles sont ap-
Pliquées. Or, il parait que l'on fait des dit-
ficultés aux Tunisiens qui veulent obtenir
leur naturalisation, même quand ils réunit-
sent les conditions qui ont été énumérées et
précisées dans la loi de 1923. Les Israélites
tunisiens, surtout, se plaignent des obstacles
rencontrés et des retards apportés à la me-
sure quils sollicitent. Ils sont là quelques
milliers de médecins, d'avocats, de commer-
çants ou d'industriels qui ont fait leur de-
mande et dont on n'arrive pas à clore les dos-
siers..
AI. Simon Raynaud, député républicain
socialiste de la Loiret est fait Vinterprtfe de
ces Tunisiens et réclame en leur nom plus
de hâte de la part de l'Administration et le
vote d'une loi nouvelle qui élargisse la base
de l'accession à la nationalité française.
A moins de décider que la naturalisation
soit accordée à ceux qui en feraient la 4,-
mande, sauf évidente indignité, on ne voit
pas les élargissements qu'il y aurait utilité
à donner aux dispositions actuelles de la loi.
Le bey de Tunis n'apporte Pas d'entraves au
changement de nationalité de ceux de ses su-
jets qui veulent devenir Français. De notre
côté, nous avons adopté, avec la loi de 1923,
les conditions réclamées par M. Simon Rey-
naud. Encore faut-il laisser au Gouverne-
ment le temps moral d'apprécier en toute
connaissance de cause la valeur de ceux qui
demandent à être agrégés à la Nation fran-
çaise. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit ici
de Vattribution d'une faveur et non de l'exer-
cice d'un droit.
Nous désirons vivement l'accroissement du
nombre des Français dans la Régence. Il ne
peut donc être question de mauvaise volonté
et si des retards sont constatls, malgré le
nombre .imposant de naturalisations publiées
chaque semaine par TOfficiel, le vote d'une
loi nouvelle ne changera pas la situation, à
moins qu'il n'augmente le chiffre des em-
ployés du bureau du Sceau.
J. Gatter,
Sénateur d'oran.
A LA CHAMBRE
-0-0--
QUESTIONS ECRITES
Les colis pour le Maroc
M. Jules Nadi, dépité, signale à, M. le Minis-
tre de la Guerre combien le climat purticuiio.r
du Maroc nécessite que les familles envoient,
aux soldats en campagne, des colis d'approvi-
sonnements et demande au ministre la possibi-
lité de Wfcr délivrer des feuilles pour le Il';' Il',
port gratuit desdits colis. (Question du 7 juil-
let 1925).
Réponse. -- La question de la gratuité d'ache-
minement de paquets postaux ù destination
des trouprs en campagne au Maroc fera l'objet
d'un décret <).ui sera pris incessamment.
La franchise postale
M. Pierre Hameil, député, demande à M. le
Ministre de la Guerre s'il a envisagé la possi-
bilité de faire accorder la franchise postale
pour les colis destinés aux troupes combnUan.1
tes du Maroc, ainsi que l'acheminement de
leur correspondance par voie d'avions et en
franchise militaire, ajoute que ces mesures sont
réclamées par la plupart des familles (Question
du ly juin 1925).
Réponse. - La gratuité d'acheminement de
paquets postaux à destination des troupes en
campagne au Maroc fera l'objet d'un décret
qui sera pris prochainement. On étudie, en ou-
tre, la question de la franchise postale aérienne
dans le sens Maroc-France.
Le service militaire des coloniaux
M. Auguste llrunt, député, demande à M. le
Ministre de la Guerra si un Français résidant
aux colonies, où la loi militaire avait été sus-
pendue en temps de paix ou n'avait pas été in-
tégralement appliquée, et rappelé sous les dra-
peaux pour la durée dt In guerre, avant l'âge
de trente ans révolus, doit être considéré com-
me ayant complété le service légal effectif un-
posé aux Français de sa classe (Question du
7 juillet 1925).
Réponses - Un Français, en résidence aux
colonies, qui n'a accompli qu'une partie des
obligations de sa classe, du fait de l'applica-
tion de la loi militaire aux colonies (art. 90
de la loi du 21 mars 1905) et a été rappelé
sous les drapeaux, pour la durée de la guerre,
même avant FaRe ue trente ans, ne peut être
considéré comme ayant parachevé le temps de
service légal imposé à sa classe.
Pourquoi nous sons sommes tas ?
0-0
La politique franco-indigène en Indochine
Nos amis se souviennent de la campagne
active que nous avons menée l'hiver dernier,
afin de demander au Gouvernement certai-
nes réformes et certaines libertés que nous
jugeons indispensables à notre dignité
d'homme et de sujet de la République fran-
çaise.
Ils se souviennent avec quel respect, mais
quelle fermeté, nous avons demandé au Gou-
vernement d'envoyer en Indochine pour suc-
céder à M. Merlin qui devait prendre sa re-
traite, un Gouverneur Général possédant en
dehors des qualités de cœur et d intelligence,
des pouvoirs étendus pour innover une po-
litique de sagesse et d'apaisement. Un Gou-
verneur Général ayant le souci de faire dis-
paraitre les nombreuses frictions qui sépa-
rent nos deux peuples. Un Gouverneur Gé-
néral se rendant compte que les Français et
les Indochinois n'avaient pas été conçus par
le Créateur pour se détester et se haïr à priori
et éternellement, mais qu'après une ère de
tâtonnements et de malentendus, il faut que
la concorde et l'affection règnent dans la
Grande Union Franco-Indochinoise. Nous
remercions le Gouvernement d'avoir exaucé
notre voeu en confiant les destinées de notre
patrie à M. A. Varenne.
Ces amis se souvenant de tout cela, nous
ont manifesté leur surprise de ne voir au-
cune manifestation pacifique et correcte, cela
va de soi, venant de notre part pour affir-
mer à l'occasion de la nomination de M. Va-
renne, la campagne que nous avons entre-
prise il y a quelques mois. 11 est certain que
nous avons les moyens d'organiser de nom-
breux meetings et d'écrire de longs articles
dans lesquels nous aurions réclamé avec
énergie ce que nous avons toujours réclamé :
naturalisation, liberté de la presse, liberté
de réunion, diffusion dans la masse d'une
Instruction logique et rationnelle, une plus
large participation des Indochinois dans
l'administration de leur pays, la multiplica-
tion des médecins indigènes, une association
sincère dans tous les domaines, politique,
administratif et - économique, etc. -
Cependant, nous nous sommes tus à des-
sein, car sans avoir l'honneur de connaître
notre Gouverneur Général, dont on en a dit
tant de bien, nous savions à quel parti poli-
tique il appartenait et auquel il reste plus
que jamais attaché, nous connaissions ses
principes en matière de colonisation et les
quelques paroles qu'il avait prononcées dans
différents lieux, sont pour nous rassurer to-
talement.
Il est exact que des discours éloquents et
des promesses formelles ont toujours été
faits, sans aucune suite. Mais il est des cir-
constances telles, que des paroles qui en sor-
tent, revêtent immédiatement la gravité de
celles d'un serment, d'un traité. Nous avons
vécu une de ces minutes intenses et graves,
le jour de la visite de M. le Ministre des
Colonies et de M. le Gouverneur Varenne, à
la pagode de Nogent, où, prenant à témoins
ceux qui sont morts pour la France et
s'adressant à eux avec un accent de sincérité
qui ne trompe pas, l'un et l'autre, ont pro-
noncé des paroles de paix et de concorde
trop graves pour qu'elles puissent être ou-
bliées.
Nous n'avons pas l'honneur de connaître
M. le Gouverneur Varenne, nous le répétons
et cependant nous sommes certains d'ores
et déjil que nous avons devant nous et avec
nous un nomme de cœur et d'énergie, et cela
nous suffit.
Et c'est pour cette raison que nous avons,
momentanément fait trêve, pour ne pas gêner
le Gouvernement dans son action pour ne
pas prêter flanc aux critiques de ses adver-
saires,toujours prêts à barrer la route du pro-
grès. Nous lui laissons l'entière initiative
pour réaliser les réformes qui nous sont chè-
res.
Paternellement il s'était penché sur nous,
il a compté les pulsations de notre cœur et
en a découvert les maux dont nous souffrons.
Il saura, nous en sommes certains, porter le
coup de bistouri nécessaire pour faire crever
l'abcès qui empoisonne notre vie et ronge les
derniers liens qui nous rattachent à nos amis
français.
Une ère de Paix et de Concorde s'ouvre. 11
ne faut pas que cette ère soit un simple mo,
ment d'enthousiasme, mais le prélude de la
franche et sincère fraternisation des Français
et Annamites. 'Jt faut que Français,et Anna-
mites dans un effort suprême issu de la vo-
lonté de réconciliation, ne s'attachent plus à
critiquer les erreurs commises de part et
d'autre pour faire table rase du passé. Et
c'est sur ce terrain assaini et affermi par la
Réconciliation que M. le Gouverneur général
pourra construire le nouvelle édifice tant
attendue faite de justice et d'amour et sur
laquelle les mots de : Liberté, Egalité et
Fraternité ne seront pas des vrrux platonit-
ques, mais des volontés inscrites en lettres de
sang par des Français et Annamites morts
pour la Patrie commune : La France.
Tran Van Kha
te-
DANS LA LEGION D'HONNEUR
MINISTERE DE LA JUSTICE
: M. Alfred Kampmann, avocat à la Cour
d'appel de Paris, directeur du cabinet, du
Garde dos t'allx, vient d'être promu Com-
mandeur de la Légion d'honneur.
MINISTERE DE LA GUERRE
M. Moureau, chef des travaux du bîVli-
ment au ministère de la Guerre, conseiller
technique, de la Commission des répara-
lions, vient d'être promu au grade d'ofii-
cier d<ï la Légion d'honneur.
MINISTERE DE
L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Est nommé chevalier : M. Pierre Camo.
homme de lettres, conseiller à la Cour d'ap-
pel de Tannnarivc.
MINISTERE DU COMMERCE
Ont été nommés chevaliers M. Rorgeaud,
négociant à Alger et M. Chini. entrepre-
neur de travaux publics A Alger.
M. Viollette
expose son programme
M. Viollette, Gouverneur Général de l'Al-
gérie, recevant les journalistes, a exposé
hier à Alger les grandes lignes du pro-
gramme qu'à compte exécuter.
Lee agissements des communistes s'Im-
posent tout d'abord à son attention. Les dif-
férentes instructions, perquisitions, enquê-
tes démontrent l'existence, en Algérie, de
sept rayons et de quarante cellules, dont
les plus importantes groupaient cent trente-
trois membres : cheminots, employés des
postes, des télégraphes, du gaz, de la ma-
rine. Ces menées communistes, visant ou-
vertement la révolte des indigènes, c'eût
été une véritable trahison envers la colo-
nie de ne pas réagir et de ne par veiller
pour l'avenir.
Le Gouverneur Général de l'Algérie
compte ensuite, A (propos des questions mi-
litaires, arriver à établir sous certaines
modalités, l'égalité du tempe de service
entre les Français et les indigènes.
Profitant des leçons du Maroc, M. Viol-
lette a l'intention de demander la consti-
tution, en Algérie, de certains centres de
réapprovisionnement pour l'artillerie, l'avia-
tion,, etc.
U a déjà demandé au ministre de porter
au mois de février la date d'incorporation
des recrues qui, actuellement, arrivent de
France seulement au mois de mai, quand
les chaleurs sont déjà fortes.
Le Gouverneur Général a également l'in-
tention de demander au Conseil des minis-
tres d'activer l'application en Algérie des
lois et décrets concernant cette colonie, lois
et décrets qui restent souvent trois ou qua-
tre ans dans les différents ministères.
M. Viollette a annoncé ensuite qu'il pro-
poserait la création d'une banque de cré-
dit agricole, avec l'appui degla Banque
d'Algérie. Il veut également intensifier le
rendement des cultures de céréaJes par
l'emploi des méthodes modernes, afin que
non seulement l'Algérie ne soit plus obli-
gée d'acheter des céréales, mais puisse de-
venir un pays exportateur.
Enfin le Gouverneur Général de l'Algérie
projette l'application en Mgérie, sous une
forme encore à étudier,de la loi sur les fem-
mes en couches quf présentement serait plus
facile à réaliser que centaines autres lois so-
ciales, dont l'application pourra se faire
plus tard. -
Les délégations financières, lors de leur
prochaine session en novembre seront sai-
sies par le Gouverneur de ces différents
projeta.
Les communistes en Algérie
Un arrêt
ïji Chambre des appels correctionnels a
l'ontllu hier à Altgor son arrêt dans l'affaire
des trois communistes Arrighi, Aucoutu-
rier et Lozeray, venus en Algérie pour faire
«Uî la propagande communiste auprès des
indigènes.
Ces trois propngandistos avaient été
arrêtés à Ailger, ie lendemain de leur arri-
vée. La Cour déclare l'appel sur le juge-
ment rojotant l'exception de nullité de la
procédure irrecevable au fond. Elle con-
lirme Je jugement (UMaratif de cu^xabilité
et maintient Iln peine de deux ans de pri-
son et do 1.000 francs d'amende envers
chacun des prévenus, lesquels ont déclaré
qu'ils se pourvoiiuient en cassation.
Rappelons que M. Arrighi vient d'être
61 u, à Aulnay-sous-Bois, conseiller d'arron-
dissement, et que M. Lozeray est en ttYte
du ba.\lbtt.age à l'élection municipale du
quartier de \ln. Villette. M. Aucouturiçr est
rédacteur iï VHumanité.
L'AVIATION COLONIALE
D'Alep à Bagdad
Le pilote Noguès, qui accomplit le raid
Paris-Téhéran et qui fut plusieurs jours
retenu à Constantinople, a couvert, avant-
hier, l'étape Âlep-Bagdad en 5 heures 15
à 8 heures du ma-
minutes. Parti d'Alep à 8 heures du ma-
tin, il atterrissait à Bagdad à 13 h. 15,
après avoir effectué les 812 kilomètres du
trajet sans le moindre incident.
Les tarifs postaux pour le Maroc
et l'Algérie
L'administration des Postes fait con-
naître qu'à partir de demain 16 octobre,
les surtaxes applicables aux correspondan-
ces à acheminer par voie aérienne de Fran-
ce au Maroc et en Algérie et inversement
seront fixées comme suit :
Jusqu'à 10 grammes : 0 fr. 60.
De 10 a 20 grammes : 1 franc.
De 20 à 50 grammes : 1 fr. 50.
De 50 à 100 gr ammes : 2 francs.
Au-dessus de 100 grammes : 2 francs
pour les premiers 100 grammes, plus
fr. 75 Ipat' 100 grammes ou fraction de
100 grammes d'excédent.
Toutes les correspondances à destina-
tion ou en provenance des militaires et ma-
rins du corps d'occupation du Maroc con-
tinueront à acquitter les anciennes sur-
taxes, soit :
Jusqu'à 20 grammes : 0 fr. 50.
De 20 à 100 grammes : 1 franc.
Au-dessus de 100 grammes : 1 franc pour
les premiers 100 grammes, plus 0 fr. 50
par 100 grammes ou fraction de 100 gram-
mes d'excédent.
Décrets et Arrêtés
Décret rendant applicables à l'Algérie les
dispositions de la loi du 31 décembre
1913 sur les monuments historiques.
Décret fixant les surtaxes aériennes appli-
cables aux correspondances acheminées
par avion sur la ligne France-Maroc-Al-
gérie.
(J. 0. du 15 octobre 1925.)
La guerre au Maroc
00
LE HAUT COMMANDEMENT
Le maréchal Pétain rentrera prochaine-
ment en France rendre compte au Gouver-
nement des opérations et de la situation.
Chez les Rilains
Les DjeboJas auraient gardé avec eux le
frore d'Abd el Krim qui n'a pu aller au
secours de son frère.
A Ja dernière réunion tenue à AIt-Kama.
ra, Abd el Kriin aurait insisté auprès des
chefs Backoia et Béni Ouriaghed sur l'en-
vod de nouveaux renforts, mais ses exhor-
tations n'ont obtenu aucun succès. Très
mécontent, il a fait emprisonner quelques
chefs suspects de défaillance et fusiller un
indigène supposé déserteur et suspecté d'es-
pionnage
LES OPERATIONS MILITAIRES
Les résultats politiques et militaires ob-
tenus à la suite de nos dernières opéra-
tions, d'autre part le mouvement de sou-
mission qui continue et la persistance de
la pluie, permettent d'indiquer que les
grandes opérations offensives peuvent être
considérées comme momentanément cio.
D'après ce communiqué officiel, c'est la
campagne d'hiver qui est décidée et à la-
quelle on est réduit, malgré les effectifs
relativement importants mis à la disposi-
tion du haut commandement.
Des aviateurs partis en reconnaissance
signalent une concentration importante
d'éléments rifains dans les campagnes au.
nord-ouest d'Abou-Hekba. Un fort détache-
ment de cavalerie, envoyé en reconnais-
sance, s'est avancé jusqu'à quelques kilo-
mètres du mont Djedaine et a rencontré
une sérieuse résistance. Il s'en est suivi
une lutte assez vive et des pertes légères.
Un groupe de dissidents a tenté de s'in-
filtrer dans la région de la zaoula d'Amjot ;
découvert, il a été dispersé par un groupe
franc.
L'aviation
Un escadrille d'hydravions a lancé 2.800
kilos de bombes sur Targuist où Abd el
Krim aurait un abri profond à l'abir des
bombes d'avion. L'aviation a dépdoyé éigia-
lement une grande activité dans la région
d'Aïn-Berda et au nord-ouest de Kert.
Correspondance militaire
A partir du 15 octobre, les correspondan-
ces à destination des troupeg en opérations
au Maroc sont acheminées par 1 intermé-
diaire d'un bureau central militaire fonc-
tionnant à Marseille.
En conséquence, à partir de cette date,
les adresses des dites correspondances doi-
vent, après l'indication très précise de
l'unité (compltgni-e, bataillon, régiment) du
destinataire, comporter la seule mention :
Secteur n°
MAROC
à l'exclusion de toute autre indication.
Les récompenses
Le J. O. de la République française du 15
octobre 1925 publie deux taibleaux supplé-
mentaires de concours pour la Légion
d'honneur et 'la médaiiMe militaire et d'avan-
cement en faveur des troupes du Maroc.
<>» -
EN SYRIE
Un nouveau Gouverneur au Djebel Druse
Le général haut commissaire a signé un
arrêté nommant le colonel Andréa gouver-
neur du Djebel Druse.
Les vainqueurs de Mousseifre
Le combat de Mpusseitfre du 17 sep-
tembre a été soutenu par un bataillon de
la. légion étrangère ayant à sa tête le com-
mandant Kratzer et un escadron de la lé-
gion étrangère, et non, comme l'annon-
çaient certaines informations, par des Sy-
riens et des tirailleurs.
Une bande châtiée
Une bande signalée dans les environs de
Damas a été entièrement détruite, après
une opération rapidement conduite par les
troupes françaises. Les opérations se pour-
suivront contre d'autres bandes signalées,
auxquelles un traitement analogue sera
réservé.
Citation
A l'occasion des événements de Hama,
le général Sarrail a cité à l'ordre de l'ar-
mée du Levant M. Anhouard, administra-
teur en chef des colonies, délégué du com-
missariat près des Ktats de Syrie et da
,tiits de et du
Djebel Druse.
La frontière turco-syrienne
L'ambassadeur de France el le délégué
turc ont exposé avant-hier à Cndlslantmo-
ple,. dans une longue conversation, leurs
thèses sur la délimitation de la frontière
turco-syrionne. Ces thèses paraissent se
rapprocher sensiblement.
Nos pertes
M. Palll PainleNé, présidnil du Conseil,
a étô «iitendu hier par la commission
des li.nauivs tir LI C.hainbre sur la ques-
tion des appels des réservistes >'ii 1926. In-
,'iddnnwnt., 'le .président du conseil fut in-
vité par M. lvsjardins. député de l'Aisne,
a faire rnnnnit.iv ù la eonmiission le oluf-
fre îles 'perles Syrie depuis 1920 jusqu'à e" jour.
M. Painl''Ve put donner quelques chiffres
à la commission il annonça, que, depuis
1920 jusqu'à tin juillet l'AT». nos pertes en
Syrie s'étaient élevées à G.(Vi-2 hommes,
dont 179 officiers
MM. Hennuflei et Dame demandèrent
alors au président bien communiquer également, à la com-
mission le cihitfre dos pertes que nous
avons à ce jour subies au Maroc.
>M. Painlevé a promis de fournir mer-
credi tous ces documents à la commission.,
ÙB MUMfihO : « LHN1IACI»
-
JEUDI SOIR, 16 OCTOBRE ilm.
_--- - - --- i
Les Annales Coloniales
, iii ÎS '-- -
JOURNAL QUOTIDIEN
LES Altncua PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLOllIALU- SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Le» Annonce» et Ridante» tant reçue* on Bureau» du Journal H Jant le» Agence» éePuUkM
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Rédietin el AdainiilnliM : 34, Rue du Moflt-Thabor, PARIS. Têléftae : LOIVRS II-J7
Un an 6 mois 1 avis
(̃AHiiHCiTC i France et Colonies. 80 1 45 » 25 »
̃ ,i r.n i
( ÉlrfUtlle,. 120 » 88 as »
On dan tons In Barasai 4a posta et claez let princtpaux librai rti
BN CHINE
..8
« Il s'est fait en Chine de grands change-
ment depuis 1840, notamment depuis le com-
mencement du siècle actuel, et même depuis la
fin de la guerre. Ces changements sont-ils d'une
"we assez profonde, sont-ils établis d'une
manière suffisamment ferme pour que les puis-
sances se sentent le devoir de renoncer à cer-
tains, sinon à tous les ckoits qui leur permettent
de veiller a la sécurité de leurs ressortissants ?
C'est là la véritable question qui se pose pour
la conférence, pour la Commission exterrito-
riale, pour la Chine et pour les puissances. »
Ainsi le Times appréciait, il y a quelques
jours, les événements de Chine. A propos des
garanties que M. Chamberlain exige que les
délégués britanniques réclament en échange des
réformes nécessaires, le grand journal anglais
déclarant que tout le monde est disposé à aider
J'établissement d'une Chine unie, indépendante,
ordonnée et prospère, posait cette interrogation
finale : « La Chine peut-elle et veut-elle en
faire autant pour sa part ? Et cela me faisait
songer à un article de Spectator paru il y a quel-
ques semaines, où une autre interrogation était
poaée, à l' Angleterre, cette fois : « L'Angle-
terre a-t-ette prouvé aux Chinois qu'elle sentait
la force du courant nationaliste qui entraîne irré-
sistiblement les classes éclairées de ce pays, et
qu'elle comprenait parfaitement ce que leurs
revendications avaient de légitime ? »
Certes, les manifestations de ce nationalisme
lIPPUaÎlsaient comme stupides ; cette xénopho-
bie dangereuse non seulement compromettait la
sécurité, mais nuisait au commerce international,
et plus particulièrement au commerce britanni-
que ; la Grande-Bretagne fait la plus grande
partie de ses affaires, non pas directement avec
les acheteurs chinois, mais par l'intermédiaire
des œaociantl anglais établis dans les ports et
dans les marchés ouverts par les traités aux
étrangers ; de là, cette animosité des Chinois
qui visaient « non un oays perdu dans les bru-
nes de l'horizon, à l'amre extrémité du monde,
mais des êtres humai ns en chair et en os, qui
sont là, sur les lieux, et dont ils peuvent avec
joie mesurer et contempler la ruine. »
Mais les responsabilités de cet état de choses
funeste à la paix économique et à la paix tout
court, étaieat-clles entièrement du côté de la
Chine ? Malgré tout, le Spectator ne le pen-
sait pas. Les progrès du nationalisme chinois
s'affirmaient depuis longtemps par des signes si
nettement visibles qu'on peut se demander pour-
quoi on ne les a pas aperçus plus tôt. Il y avait
me réelle imprudence à s'imaginer que les Chi-
nois ne subiraient pas profondément l'influence
des méthodes occidentales auxquel les leur élite
avait été soumise. Le journal en citait un exem-
pte caractéristique. Les professeurs d'une gran-
de Université chinoise lancent un manifeste
contre ce qu'ils nomment la barbarie de la po-
lice internationale à OtantJhal. Des étudiants
avaient-rls été tués sans provocation de leur
part, ou bien avaient-ils essayé d'envahir le
poste de police et d'y voler des armes pour mas-
sacrer les étrangers ? Le journal déclarait à ce
moment ne pouvoir en décider sans renseigne-
ments et sans preuves. Mais ce qui l'avait
frappé par-dessus tout, ce qui lui avait été le
plus désagréable, ce qu'il avait considéré com-
me une sorte de procédé ironique. c'est que,
dans ce document composé suivant les règles de
l'Art, les Orientaux, pour combattre la Grande-
Bretagne. avaient, avec la même habileté que
les Occidentaux, employé les mêmes arguments
«Toicfre moral, les m&nes tours de phrase et de
pensée, la même dialectique qu'auraient em-
ployée en des circonstances semblables des An-
glais qui auraient eu à rédiger une protestation
analegue. Il ne s'en étonnait, ni ne s'en indi-
gnait, mais il en tirait cette conclusion néces-
saire : d'une part, les idées occidentales avaient
marqué les classes éclairées de la Chine ; de
l'autre, elles avaient le droit de réclamer que
les puissances traitassent la Chine sur le pied
d'lité. - - ---
Le tort des puissances. celui de 1 Angleterre,
était de ne pas avoir suivi l'évolution au jour le
jour. Qu'avait-on fait pour l'emploi de l'in-
demnité des Boxers ? L' A avait laissé
ngl eteffe ava i t la i *ssé
ngl eterre ava i t laissé
penser qu'elle en disposerait pour ses propres
besoins. Les Américains, au contraire, em-
ployaient les sommes recouvrées à des œuvres
d'éducation et s'attiraient des svmpathies. Pour-
tant. r Angleterre est mieux disposée pour 1?
Chine ql: ue elle-même. L'essentiel
est que les Anglais comprennent qu'il faut ai- j
der les Chinois.à sauver la face : « Sauver la
face ! C'est l'acte qui, pour les Chinois, en rai.
son de leurs idées ou de leur état d'âme, a plus
de portée que tout autre. Que l'on convainque
un Chinois qu'aux yeux du public il a sauvé
la face, on l'amènera souvent par là à lâcher la
proie pour l'ombre. Il est moins nécessaire de
satisfaire tous ses désirs que de lui épargner
l'humiliation de paraître dédaigné ou bafoué. »
--- Je connais un certain nombre d'autres peu-
ples qui sont Chinois à ce point de vue. Mais,
pour ne pas quitter la Chine, est-ce à dire que
le Spectator admet que les puissances étran-
gères puissent abandonner les droits d'exterri-
torialité ? Non, et il ne prévoit aucune sécurité
en dehors du régime existant. Mais, pour lui,
if faudrait sauver la face, c'est-à-dire associer
les Chinois à la vie administrative des commu-
nautés fondées par les étrangers et diminuer
l'humiliation inspirée par cette méfiance des
Européens à leur égard. La concession interna-
tionale de Changhaï est administrée par un Con-
seil municipal ; ses membres sont des nationaux
de plusieurs pays étrangers ; on a bien désigné
un Comité Consultatif chinois, chargé d'assister
le Conseil dans ses rapports avec les Chinois ;
que n'a-t-on accordé à ces derniers un ou plu-
sieurs membres élus dans le Conseil ? la face
était sauvée.
Dans la concession internationale d'Amoy,
même erreur et même imprévoyance. A Canton,
à Han-Kéou, à Tientsin, à Kiou-Kiang, à Chin-
Kiang, les étrangers n'ont que le droit de rési-
der, avec le droit d'administrer leurs affaires.
Or, les concessions de Canton et de Han-Kéou
comprennent 17 hectares et 60 hectares ; d'au-
tres sont plus restreintes encore ; y avait-il vrai-
ment là de quoi blesser l'amour-propre des
Chinois ? Pour si peu de terrain, ce n'était pas
la peine, assurément, de s'émouvoir. Au fond,
tout peut s'arranger, tout aurait dû s'arranger.
Qu'on montre aux Chinois que leurs ambitions
sont considérées comme justes et raisonnables,
qu'on est près à les aider, et tout ira mieux.
Lord Govford a proposé, à la Chambre des
Lords, d'envoyer en Chine un homme d'Etat
distingué, qui fasse connaître là-bas de quel es-
prit amical l' Angleterre est animée. « C'est par
notre façon d'agir, plutôt que par nos actes eux-
mêmes. que nous pourrons faire impression sur
les nationalistes chinois et les coinvaincre. »
Optimisme un peu trop souriant peut-être,
mais qui s'appuie sur des raisons dont certaines
au moins méritent d'être retenues. Les Chinois
lâcheront-ils la proie pour l'ombre, et suffira-
t-il que les peuples d'Europe leur accordent de
sauver la face pour que soit sauvée la situation?
Je ne parle pas ici de la question ouvrière qui
est une des plus aiguës et des plus péril eu ses.
Je m' en tiens au côté extérieur du problème
chinois. Je lis dans d'autres journaux étrangers
que le culte de la force recueille en Chine de
nombreux adhérents, que la propagande boIche-
viste conquiert de nouveaux adeptes, qu'elle
renforce la propagande nationaliste comme par-
tout, que tous ces ferments de désordre sont
d'autant plus à craindre que, suivant le Specta-
tor lui-même, il n'y a ni un gouvernement ni
un personnage qui puisse parler au nom du
pays, et je réfléchis à cette prédiction mena-
çante de la Reoiew of Reviews : « Les pays
européens qui possèdent des intérêts en Chine,
aussi bien que les Etats-Unis et le Japon, au.
ront peut-être à affronter une situation infini-
ment plus grave que celle qui a été provoquée
par le mouvement des Boxers au début du siè-
cle, car. cette fois. le problème du Pacifique
tout entier pourrait se poser. »
Mario Rottêian,
Sénateur de ItHuauU, vice-préiident
de la Commitiion sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire çénéral du Groupe
viticole.
Jurisprudence coloniale
La Cour d'appel de la Réunion vient de
rendre un arrêt qui peut intéresser toutes les
Cours d'appel des vieilles colonies.
Dans une affaire de la commune de Saint-
Benoît contre M. Adam de Villiers, la Cour
d'appel de la Réunion avait rendu un arrêt
portant que cet arrêt avait été rendu « à l'au-
dience par trois magistrats, le quatrième étant
empêché ».
Cet arrêt, soumis à la Cour db cassation, a
été cassé en vertu de l'artide 79 de la loi du
31 mars 1903. La Cour de cassation s'exprime
ainsi :
« Attendu qu'aux termes de cet article, les
arrêts doivent, dans les Cours de la Marti-
nique, de la Guadeloupe et de la Réunion,
être rendus par trois magistrats ; que cette règle
est édictée pour prévenir les partages, n'est
que l'application à l'organisation judiciaire de
ces colonies du principe de l'imparité consacré
par l' article lor de la loi du 30 août 1883 ;
attendu que si l'arrêt attaqué porte qu'il a été
rendu à l'audience par trois magistrats, le
quatrième étant empêché, il en résulte égale-
ment que l' affaire a été jugée par quatre ma-
gistrats ; qu'en admettant à la délibération un
quatrième magistrat, la Cour a violé le texte de
loi ci-dessus visé.
« Par ces motifs : Casse. »
Il faut reconnaître que le texte de l'arti-
cle 79 de la loi de Finances du 31 mars 1903,
qui est visé par l'arrêt de la Cour de cassa-
tion, diffère légèrement de celui de l'article 10r
de la loi du 30 août 1883 sur la réforme de
l'organisation judiciaire. Mais qu'il a pour but
simplement d'éviter les partages. Dès Ion. il
aurait suffi, pour éviter la cassation, de cons-
tater que le quatrième magistrat n'avait pas
participé au vote, c'est-à-dire au jugement lui-
même ; il aurait pu prendre part au délibéré ; il
devait seulement s'abstenir au moment où la
décision aurait été prise. Disons, à cette occa-
sion, qu'il résulte d'un arrêt de la Cour de
cassation du 31 octobre 1916 que, dans les
affaires qui comportent le rapport d un conseil-
ler, celui-ci ne peut ni s'abstenir, ni ne prendre
part à la délibération qu'avec voix consultative,
parce qu'il fait partie intégrante de la Cour.
Maurice Ribet,
Avocat à la Cour d'appel.
8'8
Voyage
-0.0-
M. André liesse, ministre des Colonies
aceompagné de Mme André Hesae est ar-
rivé au dtébut de l'après-midi it Nice pour
assister aux délibérations du Congrès radi-
cal et radicaS-socioliste.
Les naturalisations
tunisiennes
DO
A
On se rappelle les incidents qui
ont failli amener une friction un
peu rude entre les Anglais et nous,
à le suite desquels fut votée la loi du 20 dé-
cembre 1923 sur la naturalisation française
en Tunisie.
Il avait été question, peu auparavant,
d'étendre à notre protectorat de l'est africain
les dispositions de la loi de 1889 sur la natu-
ralisation automatique des fils d* étrangers.
Les Italiens, toujours couverts par les con-
ventions de 1896, échappaient à la loi, mais
craignaient la remise en discussion de leurs
privilèges et s'opposaient préventivement à
toute modificatton du régime existant. Les
Anglais, soucieux de conserver les 3 ou 4.000
sujtes d'origine maltaise qu'ils avaient dans
la Régence, firent même porter Vaffaire de-
vant le tribunal international de La Haye.
On entendit à ce propos de belles discussions
sur le jus soli opposé au jus sanguinis,mait le
plus clair fut que si nous voulions créer des
citoyens français avec des sujets étrangers il
nous fallait recourir au procédé direct de la
naturalisation individuelle. D'où la loi qui
régit présentement cette matière en Tunisie.
Les lois sont comme beaucoup de choses.
Elles valent par la façon dont elles sont ap-
Pliquées. Or, il parait que l'on fait des dit-
ficultés aux Tunisiens qui veulent obtenir
leur naturalisation, même quand ils réunit-
sent les conditions qui ont été énumérées et
précisées dans la loi de 1923. Les Israélites
tunisiens, surtout, se plaignent des obstacles
rencontrés et des retards apportés à la me-
sure quils sollicitent. Ils sont là quelques
milliers de médecins, d'avocats, de commer-
çants ou d'industriels qui ont fait leur de-
mande et dont on n'arrive pas à clore les dos-
siers..
AI. Simon Raynaud, député républicain
socialiste de la Loiret est fait Vinterprtfe de
ces Tunisiens et réclame en leur nom plus
de hâte de la part de l'Administration et le
vote d'une loi nouvelle qui élargisse la base
de l'accession à la nationalité française.
A moins de décider que la naturalisation
soit accordée à ceux qui en feraient la 4,-
mande, sauf évidente indignité, on ne voit
pas les élargissements qu'il y aurait utilité
à donner aux dispositions actuelles de la loi.
Le bey de Tunis n'apporte Pas d'entraves au
changement de nationalité de ceux de ses su-
jets qui veulent devenir Français. De notre
côté, nous avons adopté, avec la loi de 1923,
les conditions réclamées par M. Simon Rey-
naud. Encore faut-il laisser au Gouverne-
ment le temps moral d'apprécier en toute
connaissance de cause la valeur de ceux qui
demandent à être agrégés à la Nation fran-
çaise. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit ici
de Vattribution d'une faveur et non de l'exer-
cice d'un droit.
Nous désirons vivement l'accroissement du
nombre des Français dans la Régence. Il ne
peut donc être question de mauvaise volonté
et si des retards sont constatls, malgré le
nombre .imposant de naturalisations publiées
chaque semaine par TOfficiel, le vote d'une
loi nouvelle ne changera pas la situation, à
moins qu'il n'augmente le chiffre des em-
ployés du bureau du Sceau.
J. Gatter,
Sénateur d'oran.
A LA CHAMBRE
-0-0--
QUESTIONS ECRITES
Les colis pour le Maroc
M. Jules Nadi, dépité, signale à, M. le Minis-
tre de la Guerre combien le climat purticuiio.r
du Maroc nécessite que les familles envoient,
aux soldats en campagne, des colis d'approvi-
sonnements et demande au ministre la possibi-
lité de Wfcr délivrer des feuilles pour le Il';' Il',
port gratuit desdits colis. (Question du 7 juil-
let 1925).
Réponse. -- La question de la gratuité d'ache-
minement de paquets postaux ù destination
des trouprs en campagne au Maroc fera l'objet
d'un décret <).ui sera pris incessamment.
La franchise postale
M. Pierre Hameil, député, demande à M. le
Ministre de la Guerre s'il a envisagé la possi-
bilité de faire accorder la franchise postale
pour les colis destinés aux troupes combnUan.1
tes du Maroc, ainsi que l'acheminement de
leur correspondance par voie d'avions et en
franchise militaire, ajoute que ces mesures sont
réclamées par la plupart des familles (Question
du ly juin 1925).
Réponse. - La gratuité d'acheminement de
paquets postaux à destination des troupes en
campagne au Maroc fera l'objet d'un décret
qui sera pris prochainement. On étudie, en ou-
tre, la question de la franchise postale aérienne
dans le sens Maroc-France.
Le service militaire des coloniaux
M. Auguste llrunt, député, demande à M. le
Ministre de la Guerra si un Français résidant
aux colonies, où la loi militaire avait été sus-
pendue en temps de paix ou n'avait pas été in-
tégralement appliquée, et rappelé sous les dra-
peaux pour la durée dt In guerre, avant l'âge
de trente ans révolus, doit être considéré com-
me ayant complété le service légal effectif un-
posé aux Français de sa classe (Question du
7 juillet 1925).
Réponses - Un Français, en résidence aux
colonies, qui n'a accompli qu'une partie des
obligations de sa classe, du fait de l'applica-
tion de la loi militaire aux colonies (art. 90
de la loi du 21 mars 1905) et a été rappelé
sous les drapeaux, pour la durée de la guerre,
même avant FaRe ue trente ans, ne peut être
considéré comme ayant parachevé le temps de
service légal imposé à sa classe.
Pourquoi nous sons sommes tas ?
0-0
La politique franco-indigène en Indochine
Nos amis se souviennent de la campagne
active que nous avons menée l'hiver dernier,
afin de demander au Gouvernement certai-
nes réformes et certaines libertés que nous
jugeons indispensables à notre dignité
d'homme et de sujet de la République fran-
çaise.
Ils se souviennent avec quel respect, mais
quelle fermeté, nous avons demandé au Gou-
vernement d'envoyer en Indochine pour suc-
céder à M. Merlin qui devait prendre sa re-
traite, un Gouverneur Général possédant en
dehors des qualités de cœur et d intelligence,
des pouvoirs étendus pour innover une po-
litique de sagesse et d'apaisement. Un Gou-
verneur Général ayant le souci de faire dis-
paraitre les nombreuses frictions qui sépa-
rent nos deux peuples. Un Gouverneur Gé-
néral se rendant compte que les Français et
les Indochinois n'avaient pas été conçus par
le Créateur pour se détester et se haïr à priori
et éternellement, mais qu'après une ère de
tâtonnements et de malentendus, il faut que
la concorde et l'affection règnent dans la
Grande Union Franco-Indochinoise. Nous
remercions le Gouvernement d'avoir exaucé
notre voeu en confiant les destinées de notre
patrie à M. A. Varenne.
Ces amis se souvenant de tout cela, nous
ont manifesté leur surprise de ne voir au-
cune manifestation pacifique et correcte, cela
va de soi, venant de notre part pour affir-
mer à l'occasion de la nomination de M. Va-
renne, la campagne que nous avons entre-
prise il y a quelques mois. 11 est certain que
nous avons les moyens d'organiser de nom-
breux meetings et d'écrire de longs articles
dans lesquels nous aurions réclamé avec
énergie ce que nous avons toujours réclamé :
naturalisation, liberté de la presse, liberté
de réunion, diffusion dans la masse d'une
Instruction logique et rationnelle, une plus
large participation des Indochinois dans
l'administration de leur pays, la multiplica-
tion des médecins indigènes, une association
sincère dans tous les domaines, politique,
administratif et - économique, etc. -
Cependant, nous nous sommes tus à des-
sein, car sans avoir l'honneur de connaître
notre Gouverneur Général, dont on en a dit
tant de bien, nous savions à quel parti poli-
tique il appartenait et auquel il reste plus
que jamais attaché, nous connaissions ses
principes en matière de colonisation et les
quelques paroles qu'il avait prononcées dans
différents lieux, sont pour nous rassurer to-
talement.
Il est exact que des discours éloquents et
des promesses formelles ont toujours été
faits, sans aucune suite. Mais il est des cir-
constances telles, que des paroles qui en sor-
tent, revêtent immédiatement la gravité de
celles d'un serment, d'un traité. Nous avons
vécu une de ces minutes intenses et graves,
le jour de la visite de M. le Ministre des
Colonies et de M. le Gouverneur Varenne, à
la pagode de Nogent, où, prenant à témoins
ceux qui sont morts pour la France et
s'adressant à eux avec un accent de sincérité
qui ne trompe pas, l'un et l'autre, ont pro-
noncé des paroles de paix et de concorde
trop graves pour qu'elles puissent être ou-
bliées.
Nous n'avons pas l'honneur de connaître
M. le Gouverneur Varenne, nous le répétons
et cependant nous sommes certains d'ores
et déjil que nous avons devant nous et avec
nous un nomme de cœur et d'énergie, et cela
nous suffit.
Et c'est pour cette raison que nous avons,
momentanément fait trêve, pour ne pas gêner
le Gouvernement dans son action pour ne
pas prêter flanc aux critiques de ses adver-
saires,toujours prêts à barrer la route du pro-
grès. Nous lui laissons l'entière initiative
pour réaliser les réformes qui nous sont chè-
res.
Paternellement il s'était penché sur nous,
il a compté les pulsations de notre cœur et
en a découvert les maux dont nous souffrons.
Il saura, nous en sommes certains, porter le
coup de bistouri nécessaire pour faire crever
l'abcès qui empoisonne notre vie et ronge les
derniers liens qui nous rattachent à nos amis
français.
Une ère de Paix et de Concorde s'ouvre. 11
ne faut pas que cette ère soit un simple mo,
ment d'enthousiasme, mais le prélude de la
franche et sincère fraternisation des Français
et Annamites. 'Jt faut que Français,et Anna-
mites dans un effort suprême issu de la vo-
lonté de réconciliation, ne s'attachent plus à
critiquer les erreurs commises de part et
d'autre pour faire table rase du passé. Et
c'est sur ce terrain assaini et affermi par la
Réconciliation que M. le Gouverneur général
pourra construire le nouvelle édifice tant
attendue faite de justice et d'amour et sur
laquelle les mots de : Liberté, Egalité et
Fraternité ne seront pas des vrrux platonit-
ques, mais des volontés inscrites en lettres de
sang par des Français et Annamites morts
pour la Patrie commune : La France.
Tran Van Kha
te-
DANS LA LEGION D'HONNEUR
MINISTERE DE LA JUSTICE
: M. Alfred Kampmann, avocat à la Cour
d'appel de Paris, directeur du cabinet, du
Garde dos t'allx, vient d'être promu Com-
mandeur de la Légion d'honneur.
MINISTERE DE LA GUERRE
M. Moureau, chef des travaux du bîVli-
ment au ministère de la Guerre, conseiller
technique, de la Commission des répara-
lions, vient d'être promu au grade d'ofii-
cier d<ï la Légion d'honneur.
MINISTERE DE
L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Est nommé chevalier : M. Pierre Camo.
homme de lettres, conseiller à la Cour d'ap-
pel de Tannnarivc.
MINISTERE DU COMMERCE
Ont été nommés chevaliers M. Rorgeaud,
négociant à Alger et M. Chini. entrepre-
neur de travaux publics A Alger.
M. Viollette
expose son programme
M. Viollette, Gouverneur Général de l'Al-
gérie, recevant les journalistes, a exposé
hier à Alger les grandes lignes du pro-
gramme qu'à compte exécuter.
Lee agissements des communistes s'Im-
posent tout d'abord à son attention. Les dif-
férentes instructions, perquisitions, enquê-
tes démontrent l'existence, en Algérie, de
sept rayons et de quarante cellules, dont
les plus importantes groupaient cent trente-
trois membres : cheminots, employés des
postes, des télégraphes, du gaz, de la ma-
rine. Ces menées communistes, visant ou-
vertement la révolte des indigènes, c'eût
été une véritable trahison envers la colo-
nie de ne pas réagir et de ne par veiller
pour l'avenir.
Le Gouverneur Général de l'Algérie
compte ensuite, A (propos des questions mi-
litaires, arriver à établir sous certaines
modalités, l'égalité du tempe de service
entre les Français et les indigènes.
Profitant des leçons du Maroc, M. Viol-
lette a l'intention de demander la consti-
tution, en Algérie, de certains centres de
réapprovisionnement pour l'artillerie, l'avia-
tion,, etc.
U a déjà demandé au ministre de porter
au mois de février la date d'incorporation
des recrues qui, actuellement, arrivent de
France seulement au mois de mai, quand
les chaleurs sont déjà fortes.
Le Gouverneur Général a également l'in-
tention de demander au Conseil des minis-
tres d'activer l'application en Algérie des
lois et décrets concernant cette colonie, lois
et décrets qui restent souvent trois ou qua-
tre ans dans les différents ministères.
M. Viollette a annoncé ensuite qu'il pro-
poserait la création d'une banque de cré-
dit agricole, avec l'appui degla Banque
d'Algérie. Il veut également intensifier le
rendement des cultures de céréaJes par
l'emploi des méthodes modernes, afin que
non seulement l'Algérie ne soit plus obli-
gée d'acheter des céréales, mais puisse de-
venir un pays exportateur.
Enfin le Gouverneur Général de l'Algérie
projette l'application en Mgérie, sous une
forme encore à étudier,de la loi sur les fem-
mes en couches quf présentement serait plus
facile à réaliser que centaines autres lois so-
ciales, dont l'application pourra se faire
plus tard. -
Les délégations financières, lors de leur
prochaine session en novembre seront sai-
sies par le Gouverneur de ces différents
projeta.
Les communistes en Algérie
Un arrêt
ïji Chambre des appels correctionnels a
l'ontllu hier à Altgor son arrêt dans l'affaire
des trois communistes Arrighi, Aucoutu-
rier et Lozeray, venus en Algérie pour faire
«Uî la propagande communiste auprès des
indigènes.
Ces trois propngandistos avaient été
arrêtés à Ailger, ie lendemain de leur arri-
vée. La Cour déclare l'appel sur le juge-
ment rojotant l'exception de nullité de la
procédure irrecevable au fond. Elle con-
lirme Je jugement (UMaratif de cu^xabilité
et maintient Iln peine de deux ans de pri-
son et do 1.000 francs d'amende envers
chacun des prévenus, lesquels ont déclaré
qu'ils se pourvoiiuient en cassation.
Rappelons que M. Arrighi vient d'être
61 u, à Aulnay-sous-Bois, conseiller d'arron-
dissement, et que M. Lozeray est en ttYte
du ba.\lbtt.age à l'élection municipale du
quartier de \ln. Villette. M. Aucouturiçr est
rédacteur iï VHumanité.
L'AVIATION COLONIALE
D'Alep à Bagdad
Le pilote Noguès, qui accomplit le raid
Paris-Téhéran et qui fut plusieurs jours
retenu à Constantinople, a couvert, avant-
hier, l'étape Âlep-Bagdad en 5 heures 15
à 8 heures du ma-
minutes. Parti d'Alep à 8 heures du ma-
tin, il atterrissait à Bagdad à 13 h. 15,
après avoir effectué les 812 kilomètres du
trajet sans le moindre incident.
Les tarifs postaux pour le Maroc
et l'Algérie
L'administration des Postes fait con-
naître qu'à partir de demain 16 octobre,
les surtaxes applicables aux correspondan-
ces à acheminer par voie aérienne de Fran-
ce au Maroc et en Algérie et inversement
seront fixées comme suit :
Jusqu'à 10 grammes : 0 fr. 60.
De 10 a 20 grammes : 1 franc.
De 20 à 50 grammes : 1 fr. 50.
De 50 à 100 gr ammes : 2 francs.
Au-dessus de 100 grammes : 2 francs
pour les premiers 100 grammes, plus
fr. 75 Ipat' 100 grammes ou fraction de
100 grammes d'excédent.
Toutes les correspondances à destina-
tion ou en provenance des militaires et ma-
rins du corps d'occupation du Maroc con-
tinueront à acquitter les anciennes sur-
taxes, soit :
Jusqu'à 20 grammes : 0 fr. 50.
De 20 à 100 grammes : 1 franc.
Au-dessus de 100 grammes : 1 franc pour
les premiers 100 grammes, plus 0 fr. 50
par 100 grammes ou fraction de 100 gram-
mes d'excédent.
Décrets et Arrêtés
Décret rendant applicables à l'Algérie les
dispositions de la loi du 31 décembre
1913 sur les monuments historiques.
Décret fixant les surtaxes aériennes appli-
cables aux correspondances acheminées
par avion sur la ligne France-Maroc-Al-
gérie.
(J. 0. du 15 octobre 1925.)
La guerre au Maroc
00
LE HAUT COMMANDEMENT
Le maréchal Pétain rentrera prochaine-
ment en France rendre compte au Gouver-
nement des opérations et de la situation.
Chez les Rilains
Les DjeboJas auraient gardé avec eux le
frore d'Abd el Krim qui n'a pu aller au
secours de son frère.
A Ja dernière réunion tenue à AIt-Kama.
ra, Abd el Kriin aurait insisté auprès des
chefs Backoia et Béni Ouriaghed sur l'en-
vod de nouveaux renforts, mais ses exhor-
tations n'ont obtenu aucun succès. Très
mécontent, il a fait emprisonner quelques
chefs suspects de défaillance et fusiller un
indigène supposé déserteur et suspecté d'es-
pionnage
LES OPERATIONS MILITAIRES
Les résultats politiques et militaires ob-
tenus à la suite de nos dernières opéra-
tions, d'autre part le mouvement de sou-
mission qui continue et la persistance de
la pluie, permettent d'indiquer que les
grandes opérations offensives peuvent être
considérées comme momentanément cio.
D'après ce communiqué officiel, c'est la
campagne d'hiver qui est décidée et à la-
quelle on est réduit, malgré les effectifs
relativement importants mis à la disposi-
tion du haut commandement.
Des aviateurs partis en reconnaissance
signalent une concentration importante
d'éléments rifains dans les campagnes au.
nord-ouest d'Abou-Hekba. Un fort détache-
ment de cavalerie, envoyé en reconnais-
sance, s'est avancé jusqu'à quelques kilo-
mètres du mont Djedaine et a rencontré
une sérieuse résistance. Il s'en est suivi
une lutte assez vive et des pertes légères.
Un groupe de dissidents a tenté de s'in-
filtrer dans la région de la zaoula d'Amjot ;
découvert, il a été dispersé par un groupe
franc.
L'aviation
Un escadrille d'hydravions a lancé 2.800
kilos de bombes sur Targuist où Abd el
Krim aurait un abri profond à l'abir des
bombes d'avion. L'aviation a dépdoyé éigia-
lement une grande activité dans la région
d'Aïn-Berda et au nord-ouest de Kert.
Correspondance militaire
A partir du 15 octobre, les correspondan-
ces à destination des troupeg en opérations
au Maroc sont acheminées par 1 intermé-
diaire d'un bureau central militaire fonc-
tionnant à Marseille.
En conséquence, à partir de cette date,
les adresses des dites correspondances doi-
vent, après l'indication très précise de
l'unité (compltgni-e, bataillon, régiment) du
destinataire, comporter la seule mention :
Secteur n°
MAROC
à l'exclusion de toute autre indication.
Les récompenses
Le J. O. de la République française du 15
octobre 1925 publie deux taibleaux supplé-
mentaires de concours pour la Légion
d'honneur et 'la médaiiMe militaire et d'avan-
cement en faveur des troupes du Maroc.
<>» -
EN SYRIE
Un nouveau Gouverneur au Djebel Druse
Le général haut commissaire a signé un
arrêté nommant le colonel Andréa gouver-
neur du Djebel Druse.
Les vainqueurs de Mousseifre
Le combat de Mpusseitfre du 17 sep-
tembre a été soutenu par un bataillon de
la. légion étrangère ayant à sa tête le com-
mandant Kratzer et un escadron de la lé-
gion étrangère, et non, comme l'annon-
çaient certaines informations, par des Sy-
riens et des tirailleurs.
Une bande châtiée
Une bande signalée dans les environs de
Damas a été entièrement détruite, après
une opération rapidement conduite par les
troupes françaises. Les opérations se pour-
suivront contre d'autres bandes signalées,
auxquelles un traitement analogue sera
réservé.
Citation
A l'occasion des événements de Hama,
le général Sarrail a cité à l'ordre de l'ar-
mée du Levant M. Anhouard, administra-
teur en chef des colonies, délégué du com-
missariat près des Ktats de Syrie et da
,tiits de et du
Djebel Druse.
La frontière turco-syrienne
L'ambassadeur de France el le délégué
turc ont exposé avant-hier à Cndlslantmo-
ple,. dans une longue conversation, leurs
thèses sur la délimitation de la frontière
turco-syrionne. Ces thèses paraissent se
rapprocher sensiblement.
Nos pertes
M. Palll PainleNé, présidnil du Conseil,
a étô «iitendu hier par la commission
des li.nauivs tir LI C.hainbre sur la ques-
tion des appels des réservistes >'ii 1926. In-
,'iddnnwnt., 'le .président du conseil fut in-
vité par M. lvsjardins. député de l'Aisne,
a faire rnnnnit.iv ù la eonmiission le oluf-
fre îles 'perles
M. Painl''Ve put donner quelques chiffres
à la commission il annonça, que, depuis
1920 jusqu'à tin juillet l'AT». nos pertes en
Syrie s'étaient élevées à G.(Vi-2 hommes,
dont 179 officiers
MM. Hennuflei et Dame demandèrent
alors au président
mission le cihitfre dos pertes que nous
avons à ce jour subies au Maroc.
>M. Painlevé a promis de fournir mer-
credi tous ces documents à la commission.,
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