Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-10-08
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 octobre 1925 08 octobre 1925
Description : 1925/10/08 (A26,N150). 1925/10/08 (A26,N150).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
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DIRECTEURS 1 MARCEL - RUEDEL et L.-G. THEBAULT
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Le travail indigène à Madagascar
Il est important, quant à sa forme, le
«.Décret réglementant le travail indigène dans
la Colonie ce Madagascar et dépendances 9,
que M. Gaston Doumergue vient de signer :
depuis la formule invoquant le Senatus Con-
sulte du 3 mai 1854 (et qui vraiment ne nous
rajeunit pas) jusqu'à la griffe présidentielle,
il ne comprend pas moins de quatre-vingt-
oe. (92) articles.
Mais il est surtout important par son objet.
Nul n'ignore (du moins parmi les Français
qui accordent quelque attention à notre do-
maine colonial) que, dans l'ensemble de la
population madécasse, travailler, prendre de
la peine, c'est ce qui manque le plus, à cause,
d'abord, qu'elle est congénitalement un peu
indolente et puis, et surtout, qu'elle est peu
nombreuse. Je dis a ej surtout », parce que,
si les hommes foisonnaient dans la grande
Ile, il serait relativement facile d'en réunir,
ça et là, quatre qui travailleraient comme un.
Tandis qu'il est malaisé, entre le Capricorne
et l'Equateur et même ailleurs de trou-
ver un homme qui travaille comme quatre.
Bref, quand on n a pas la main-d œuvre
que l'on aimerait, il faut utiliser au mieux
celle que l'on a, ont pensé d'excellents es-
prits. Et tel a bien été l'avis de M. André
Hesse et de M. Steeg, sur le rapport de qui
le décret en question a vu le jour.
Leur collaboration a été heureuse. Elle dut
être aussi facile, M. Steeg, hier et demain
m colonial » et M. Hesse étant à coup sûr
également portés à rechercher l'intérêt strict
'de nos Frances lointaines. Et puis, au-dessus
'de leurs délibérations, même si elles n'eurent
pas lieu Place Vendôme, planait la balance
'de Thémis. Leur ouvrage témoigne, comme
il sied, d'une parfaite connaissance des don-
nées du problème (où la psychologie indigène
joue forcément un grand rôle) mais, en outre,
d'un constant souci de justice et d'humanité.
En quoi il dégage un franc et bon parfum de
République.
Le texte crée de l'ordre :
« Il est institué à Tananarive, au Gouver-
nement général, un Office central et, dans
chaque province ou district où cette création
sera jugée nécessaire, un Office régional du
travail. 8
« L'Office Central réunit, coordonne et pu-
blie tous les renseignements, documents et
statistiques relatifs aux besoins et aux dispo-
nibilités, aux demandes et aux offres de
jnain-d'auvre dans la colonie.
« Il contrôle les offices régionaux du tra-
mait.
« Il étudie les améliorations à apporter à
1d réglementation du travail indigène propo-
sées Par les inspecteurs du travail dont il
centralise les rapports. »
Cf L'Office régional du travail constitue un
bureau officiel de placement, de renseigne-
ments et de statistique.
« Il facilite et surveille le recrutement de
la main-d'œuvre pour les entreprises publi-
antes et privées.
- « Il centralise les demandes et offres de
'main-d'œuvre et les porte à la connaissance
N public; il se tient en relations constantes
avec les offices régionaux voisins et avec
l'Office central du travail.
« Il irise et enregistre les contrats de tra-
vail, indique aux employeurs, à leurs fondés
'de Pouvoirs et aux travailleurs les conditions
Îgénérales que doivent obligatoirement stipu-
er les contrats.
« Il doit être avisé dans les conditions Pré-
vues au présent texte, de toute résiliation ou
rupture ae contrat. »
Créant de l'ordre, le décret réalise certai-
nement des économies : économies de temps,
d'argent et de bras.
Il assure la surveillance de cet ordre nou-
veau par la création d'une < Inspection du
travail a où l'on voit avec plaisir figurer, à
Ojt;é ou en place de fonctionnaires de l'ordre
administratif, des médecins.
-
Les inspecteurs reçoivent les déclarations
et réclamations des employeurs et de leurs
enployés, interviennent sur la demande des
intéressés ou d'office lorsque des difficultés
leur sont signalées et s'efforcent de concilier
les parties. Ils peuvent interroger les tra-
vailleurs et faire toutes les investigations
Qu'ils jugent utiles. Ils fournissent un rap-
port annuel sur l'application de la réglemen-
tation du travail, font toutes propositions re-
latives à l'hygiène, à la sécurité des travail-
leurs, à l'amélioration des rapports entre em-
ployeurs et employés et donnent leur avis sur
toutes les questions concernant la main-
d'oeuvre.
Le texte ministériel définit ensuite et sou-
met à des prescriptions précises les contrats
de travail. C'est là peut-être qu'apparaît le
mieux le souci de faire à la fois oeuvre pra-
tique à l'égard des employeurs ; œuvre
d'équité et d'humanité vis-à-vis des indigè-
nes.
Notons, par exemple, que le repos heb-
domadaire est obligatoire ; que le paiement
ces salaires ne peut avoir lieu ni dans un
débit de boissons (il ne faut pas tenter le
'diable, même si c'est un bon diable) ni dans
un magasin de vente; que les travailleurs
manuels ont droit, sur leur demande. à une
ration journalière de vivres (le contrat stipu-
lant si la ration doit être fournie en plus du
salaire fixé, ou si elle doit venir en déduction
de ce salaire, et pour combien), qu'en un
cas, la ration alimentaire prévue où il est
absolument interdit de faire figurer l'alcool
ne pourra être diminuée, et qu'une ration
forte est allouée lorsque la journée de travail
encède 8 heures, lorsque le travail est parti-
culièrement pénible ou qu'il a lieu de nuit;
signalons encore que les femmes et les en-
fants de moins de 16 ans ne peuvent être
employés à aucun travail entre neuf heures
du soir et cinq heures du matin; que les in-
digènes qui doivent être employés sur les
Hauts Plateaux reçoivent, au départ de leur
circonscription d'origine, une couverture et,
dès leur arrivée, un vêtement chaud, si l'ex-
ploitation est située à plus de 800 mètres
d'altitude; enfin, que la possibilité de secours
médicaux doit être prévue par les entreprises
publiques ou privées, à partir d'un personnel
de cent hommes.
Par contre, l'employeur et c'est bien
le moins qu'il puisse souhaiter est ga-
ranti, dans la mesure du possible, contre les
infidélités éventuelles de son employé, et no-
tamment (là comme en amour, l'absence est
le plus grand des maux) contre ses « absences
irrégulières » qui peuvent donner lieu, selon
les cas, à la retenue du salaire correspondant
à la durée de l'absence (ce qui allait de soi),
à la résiliation du contrat, à des dommages-
intérêts, à la perte par le coupable de tout
droit au rapatriement dans sa circonscription
d'origine, s'il travaille loin d'elle.
Enfin, des a Conseils d'arbitrage » (déjà
réorganisés par un décret du 10 juin 1921)
connaissent des contestations individuelles ou
collectives qui peuvent s'élever entre les ou-
vriers ou employés indigènes et leurs em-
ployeurs, avec possibilité d'appel devant la
Justice de paix à compétence étendue ou le
tribunal de première instance. Et l'on est
heureux de constater que, dans ces Conseils
d'arbitrage comme à l'Office central et dans
les Offices régionaux siégeront des indigè-
nes, dans une juste proportion laissant à
l'élément français la large suprématie né-
cessaire.
Evidemment, cette réglementation du tra-
vail ne va pas, du jour au lendemain, résou-
dre le problème de la main-d'œuvre, mais
elle parait devoir produire avant peu des ef-
fets bienfaisants. Assez rapidement, croyons-
nous, la notion de contrat, d'un contrat où
les devoirs et les droits des deux parties sont
désormais tracés avec précision et avec équité,
disciplinera, au meilleur sens de ce mot, le
caractère indigène. « On peut obtenir beau-
coup du Malgache, lorsqu'il sait que les
promesses qui lui sont faites seront tenues 9,
écrivait récemment un observateur sérieux,
l'homme de France qui connaît le mieux les
questions cotonnières. (1) Et cette consta-
tation, dans sa simplicité, est de première
importance. Ajoutons que le Malgache n'est
pas le seul être humain de cette mentalité.
En outre, il est souvent question de méde-
cins et d'hygiène dans les nouveaux règle-
ments. Ceux-ci, bien appliqués à ce point de
vue, peuvent conserver, sinon amener, beau-
coup de bras aux tâches productives.
En résumé, le décret introduit à Madagas-
car des conditions de travail inspirées de
celles mêmes (point inhumaines, que l'on sa-
che) qui régissent l'activité des travailleurs
de la métropole.
Quoi qu'en disent les contempteurs profes-
sionnels de l'effort colonisateur français, ce
n'est pas de la tyrannie que nous apportons
à nos terres lointaines. Ce sont les justes lois
qui créent la liberté véritable. Dans quelques
mi11énaire, peut-être, les hommes pourront
se passer de lois. Pour le moment, tout ce
qu'ils peuvent ambitionner (à toi, ombre de
Nietzsche !) c'est de a danser dans les chaî-
nes ».
Lucien Gaapann.
Député de la Réunion.
Le Ministère remanié
–«M*-–
Le remaniement du Ministère est aujourd'hui
chose faite.
M. A. de Monzie quitte le Ministère de
rlnstruction publique pour recueillir la succes-
sion de M. Th. Steeg, place Vendôme.
M. Yvon Delboa, sous-secrétaire d'Elat à
l'Enseignement technique, devient ministre de
l'Instruction pUblique.
M. Paul Bénazet recueille le bls-seaétariat
laissé vacant par M. Yvon Dethoe. Ce sous-
secrétariat d'Etat comprendra à la fois et ren-
seignement technique et l'éducation physique
dont M. Paul Bénazet est haut-commissaire.
Ces nominations seront sanctionnées au Con-
seil des ministres de samedi prochain.
1.1
A l'Académie des Sciences
00
Lors de la dernière séance de l'Acadé-
mie des Sciencea, M. Mongin a présenté
un important ouvrage de M. GruveL, inti-
tulé : L'Indo-Chine, ses richesses marines
et fluviales, exploitation actuelle, avenir.
M. Bouvier a présenté une note de M.
Pellegrin sur un batracien anoure des rê.
gione désertiques du Maroc.
A L'omcm
0-0
Le « Journal officiel » du 7 octobre publie le
relevé des produits d'origine et de provenance
tunisienne importés en France ou en Algérie
pendant la deuxième déoade de septembre 1925.
Le « Journal officiel n du 7 octobre publie
cinq « errata » au « Journal officiel s du 30
septembre relatifs au régime de la transporta-
tion et à l'administration pénitentiaire à la
Guyane française.
(1) M. V. Cayla, Ingénieur arroDfmae, char.
gé de aiss-
Initiation coloniale
suuuuu
A
J'a; reçu d'un administrateur du
Soudan Français une lettre fort in-
téressante.
Il m'approuve d'avoir proteste ici même,
dans un article sur l' « Initiation Coloniale l,
contre ce qu'il appelle le charabia exotico-
colonial. Ce galimatias, dit-il, nous fait le
plus grand tort auprès du public métropoli-
tain et dans tous les domaines, géographi-
que, économique, administratif ou litté-
raire. Rien d'ailleurs de plus facile que cet
art de jeter de la poudre aux yeux. Je cite
textuellement : « Cet art est à la Portée de
chacun de nous. Nous n'avons qu'à farcir, tel
fauteur de Batouala, notre prose de mots
du dialecte de la population au milieu de la-
quelle nous nous trouvons. »
Mais, ajoute-t-il (car il y a un mais), ne
devrait-il pas y avoir réciprocité de la part
des métropolitains f C'est la réponse du ber-
ger à la bergère. Métropolitains, mes frères,
écouies.
Mon aimable correspondant se plaint que
ceux qui forment Vopinion n'aient pas des
scrupules analogues et réciproques, si f ost
m'exprimer ainsi. Ceux qui forment l'opi-
nion, ce sont les journalistes, et mon a brous-
sard » nous fait entendre que nous aurions
parfois, en ces matières, besoin de quelques
leçons. Parbleut Il a raison, non pas une
fois, mais mille. Heureusement, il y a des
broussards, il y a des coloniaux, des vrais,
pour nous renseigner et redresser nos
erreurs, et nous leur en sommes reconnais-
sants, - et nous aimons à recevoir - des pays
lotntatns la preuve que nos coloniaux nous
ont lus et qtiils nous jugent avec sympathie.
Est-ce par courtoisie que mon administra-
teur ne va pas prendre ses exemples chez
un de nos confrères ou chez moi-même t Tou-
jours est-il qu'il en cite un pris Parmi a les
auteurs et éditeurs de manuels » parmi t les
universitaires qui forment la jeunesse 1. 1 Il
est de toute nécessité, écrit-il, que ceux-ci
n'emploient pas à tort les mots d'origine
exotique ou coloniale qu'ils admettent comme
étant devenus quasi français. »
Ce n'est pas à un manuel proprement dit
que mon correspondant s adresse, mais à un
dictionnaire classique illustré, que je nom-
merai parce qtiïl en fait lui-mime un très
grand éloge et que moi-mime, fen fais le
plus grand cas. J'aurais. pu le désigner
par une périphrase, et écrire que c'est le dic-
tionnaire qui, dans une série de pages rouges
intercalées, vient bienveillamment au secours
de ceux qui, n'ayant jamais fait leurs huma-
nités, ont la prétention démailler leur frose
parlée ou écrite de citations latines. J aime
mieux Vappeler far son nom : le Dictionnaire
Larousse classique illustré, édition 1922: a Il
est difficile de trouver mieux, affirme mon
colonial, comme organe de di/fusion. t
Je lui laisse désormais la parole : e Ou-
vrez le dictionnaire au mot : lGptot. Vous
lisez * Laptot (lap-to) n. m., noir sénéga-
lais engagé au service de la France; les lap-
tots sont appelés officiellement (ces termes
en italique) tirailleurs sénégalais.
a C'est absolument comme si vous con-
fondiez un chasseur à pied avec un matelott
Un Français moyen peut le faire. Mais l'au-
leur d'un dictionnaire où la jeunesse vient
puiser ses rudiments/» Il est simple de ne
pas admettre de mots coloniaux, aussi sim-
ple que de ne pas parler latin, mais quand
on yen mêle!. Et, dans leur préface, les
éditeurs affirment que l'ouvrage répond à
toutes les exigences immédiates de l'ensei-
gnement (l'enseignement colonial en a évi-
demment si peu et elles ne sont nullement
immédiates/) et autsi que tes définitions sont
brèves mais expressives et nuancées (évidem-
ment quand on a acquis la méthode, on peut
dire beaucoup de bêtises en peu de mots très
expressivement et avec bien des nuances). »
Je n'ai rien changé à ce passage de la let-
tre, encore que la fin ne soit pas très juste
ni au point de vue général ni au point de
vue particulier. Il faut plus que de la mé-
thode pour dire des bêtises en peu de mots,
sous une forme expressive et nuancée; il y
faut du talent, autant si c4. tfest plus que
pour exprimer des choses justes avec les
mêmes qualités de style. Mais, ramenons les
choses au point. Il y a là une erreur de dé-
tail qui sera corrigée, j'en suis sûr, à une
édition prochaine. Mais, puisque je suis sur
la voie des aveux, je n'hésiterai pas à recon-
naître que je ne me serais pas aperçu de la
faute si on ne me l'avait pas signalée. Mon
correspondant et moi, nous avons raison - tous
les deux : -
il Il y a une question de probité à n'em-
ployer les termes coloniaux qu'en connais-
sance de cause;
2° Si quelqu'un inconsciemment pèche
contre cette règle, il y aura toujours un vrai
colonial pour le remettre dans la vérité.
Mario Remtan,
Sénateur de l'Hérault, utoe.pr'
de la Commudoft sénatoriale det Co.
lonies, Secrétaire général du Groupe
viticote.
̃.MMUHl'iniliaiUlM
»«
M. de Monzie qui devait se rendre en
Algérie, à Djemila, pour y visiter les récen-
tes découvertes archéologiques, a renoncé à
son voyage. Aplrès avoir assisté aux fêtes
scolaires de Marseille, il rentrera à Parts
pour assister au Conseil des ministres qui
aura lieu samedi.
Le Maréchal Lyautey et X Sleej
Le maréchal Lyautey a adressé à M.
Steeg, le nouveau résident général au Mar
roc, le télégramme suivant :
Je veux être des premiers a vous féliciter et
à nous féliciter de votre désignation.
Je suis particulièrement heureux de vous avoir
comme successeur et je tiens à vous dire que
les agences ayant apporté ce soir vos déclara-
tions, j'ai fait communiquer immédiatement au
sultan ce qui le concernait. Il y a été des plus
sensibles et j'estime que rien notait plus oppor-
tun que de telles paroles, le mettant tout de
suite vis-à-vis de vous dans une confiance dont
vous pouvez être assuré.
Je compte être à Paris vers le 15 octobre et je
me tiendrai entièrement à votre disposition.
M. Steeg a répondu en ces termes :
Vos félicitations sont les premières reçues et
me touchent profondément. Je vous exprime ma
gratitude. J'attendais pour vous télégraphier la
publication officielle du décret m'appelant au
Jourd honneur de vous succéder.
Conscient des responsabilités que j'assume, je
me félicite à la pensée que, dans l'accomplisse-
ment de ma tAche, je suis assuré de votre sym-
pathie qui m'est précieuse et de l'aide de votre
expérience.
Je vous remercie d'avoir communiqué mes dé-
clarations au sultan qui sait qu'il peut, comme
tout le peuple marocain, compter, demain com-
me hier, sur le dévouement au représentant de
la République française à une œuvre de pacifica-
tion Ilns a justice et le progrès. Je serai heu-
reux de m'entretenir avec vous dès votre arrivée
à Paris.
Laldieu dllHlcbal Lllill
--0-0--
Mardi dernier, le maréchal et Mme Lyau-
tey ont reçu, à la résidence générale, les
notables indigènes appartenant au makhzen
des villes de Rabat et de Salé et des régions
des Zaer et des Zemmour. La même note
d'émotion que pour les adieux des popula-
tions européennes a régné sur l'assistance.
Le grand vizir a rendu un hommage tout
particulier au respect que le Maréchal a
toujours témoigné aux institutions religieu-
ses, aux traditions, aux coutumes locales
et aux mesures prises d'accord avec le
Sultan Moulay Youssef pour assurer la
pleine et entière sécurité du pays, mesures
grâce auxquelles l'empire cliériften a con-
tinué à vivre et à prospérer dans l'ordre
et le calme alors que bien d'autn-s pays
subissaient trèe lourdement le contre-coup
du bouleversement général.
Nous vous garderons une éternelle
^connaissance, a ajouté S. E. El Mo-
kri, pour Jes mesures si efflbaces que
Vous avez prises au cours des trois pre-
miers mois qui ont suivi l'agression rifaine
et qui nous ont permis do contenir la ruée
des rebelles sur la zone si calme depuis
tant d'années avec des troupes peu nom-
breuses et un matériel très réduit.
Le Maréchal Lyautey a, a son toul\
exprimé la certitude que l'œuvre qu'il a
commencée avec le Sultan sera continuée
avec son successeur, dans l'assurance qu'il
restera fidèlement attaché aux principes
cqpistamment suivis, parce que ce sont
ceux dont s'inspire le gouvernement de la
France.
Nu'l ne saurait s'y dérober, ajouta le Ma-
réchal. C'est donc dans une entière sécu-
rité, en ce t qui vous concerne, que je remet-
trai vos intérêts entre ses mains. D'ailleurs,
M. Blanc, comme vous me l'avez rappelé,
restera là, vous connaissant, vous aimant,
ayant votre confiance, et ce sera pour mon
successeur l'auxiliaire le plus précieux et
pour vous l'intermédiaire ami sur lequel
vous pourrez toujours compter.
En vous adressant mes adieux, c'est à
tout le peuple marocain que je les adresse,
ce peuple dont l'attachement a été pour moi,
pendant ces treize années, ma première
force et auquel mon cœur reste pour tou-
jours attaché.
- Après ce discours, le Maréchal a tenu à
dire adieu en particulier à chaque personne.
Dans la délégation des jeunes gens de
l'école franco-arabe, le fils du caïd Oul-
Fargja, tué sur le front à la tête d'une me-
halla, a été présenté au maréchal Lyautey.
Le Maréchal a remis ensuite des plaques
de grand-officier de la Légion d'Honneur
à Taouami-Abhadou, grand chambellan du
Sultan, et à Hadjomartazi, vizir des domai-
nes du gouvernement chérifien.
Le Maréchal a offert ensuite une colla-
tion à ses invités.
Après la réception des notabilités musul-
manes, le Maréchal a reçu, avec le même
cérémonial, une importante délégation de
la population israélite, présentée par le
grand rabbin.
Celui-ci, dans son discours, a remercié
le Maréchal Lyautey au nom de la commu-
nauté Israélite et a exprimé de vJfs regrets
de le voir partir. Le Maréchal a dit qu'il
était très touché de ces sentiments et l'a
assuré de la protection toujours généreuse
de la France pour tous ses coreligionnaires.
8.1 –-–
LES CONBEtM GENERAUX
ET LE MAROC
lue fonsetl (général du Nord a discuté
hier un Vœu à (prqpos de la guerre du Ma-
roc, demandant « que le gouvernement
publie aussitôt que possible tons les docu-
ments de nature à renseigner l'opinion
publique française et ¡d.rangtm sur les ori-
gines du oonJlit du Hiff et sur l'ensemnfble
des négociations auxquelles il a donné lieu.
1.8
Vie expMêfl M ptrt ét Btrican
- 00
Un grave accident s'est produit hier ît
bord du navire lé Saint-Priest, qui se trou-
ve ftot.uelltiment au port de Bordeaux, on
partance pour le Maroc, et sur lequel des
ouvriers exécutaient des travaux de sou-
dure à l'aide de tubes d'oxygène.
lin. de <38 tubes fit explosion et quatre
des ouvriers furent blessés, dont un très
grièvement.
In Memoriam
'tl
M. André Hesse, ministre des Colonies,
et M. Alexandre varenne, Gouverneur gé-
néral de l'Indochine, ont visité officielle-
ment ce matin le temple comméiporatif
édifié 8U Jardin colonial, à Nogent-sur-
Marne, à la mémoire des Indochinois
morts pour la France.
M. André Hesse et M. Alexandre Va-
renne, qu'accompagnaient M. te MVèr-
neur Gaston Joseph, directeur du Cabinet
du ministre, et MM. Le Fol et Trias, direo
teur et chef du Cabinet du Gouverneur Gé-
néral, ont été reçue à leur arrivée, à 10
heures 30, par M. Henri Gourdon, prési-
dent du Souvenir Indochinois, M. Prud'-
homme, directeur de l'Institut National
d'Agronomie Coloniale, entourés des Con-
seils d'administration de ces deux institu-
tions et de M. Champion, maire de No-
gent.
Les honneurs militaires ont été rendus
par une compagnie de tirailleurs indochi-
nois et par la musique militaire du 21*
colonial.
Parmi les très nombreuses personnalités
coloniales qui avaient tenu à assister à
cette visite otflciellle, figuraient S. A. I.,
le prince héritier d'Annaan Vinh-Try-Kai-
Dunh ; M. le général Gouraud, gouverneur
militaire de Paris : M. le général Peltier,
chef des affaires militaires au Ministère des
Colonies ; M. Roume, ancien Gouverneur
général de l'Indochine ; MM. Diagne et
Outrey, députés ; M. le Résident Supérieur
Gamier, directeur de l'Agence Economi-
que de l'Indochine ; MM. les Résidents
honoraires Mahé et Gharîes ; M. Guy, gou-
verneur honoraire des Colonies ; M. Re-
gisnmnset, directeur des affaires Economi-
ques au Ministère des Colonies ; M. Getten,
président du Conseil d'administration des
chemins de fer du Yunnan.
Le cortège officiel, escorte oes tirailleurs
indoohinois s'est rendu au temple commé-
moratif où M. Varenne a déposé une palme
do bronze. Le ministre et le Gouverneur
général ont fleuri ensuite les autels
dédiés aux mÛJies dés soldats et travailleurs
indochinois et ont fait brûler les baguettes
d'encens rituelles.
Après la- signature du Livre d'or du tem-
ple, les visiteurs se sont rendus dans la
nel septentrionale où M. Henri Gourdon
dans un discoure d'une haute élévation a
remercié le ministre et le Gouverneur gé-
néral de leur geste, qui aura un retentiee-
sement certain dans notre grande colonie.
Il a retracé l'œuvre du Souvenir indochi-
nois, exposant Jes principes dont elle s'ins-
pire, et la signification de la consécration
de ce temple à la mémoire de nos sujets et
protégés asiatiques morts pour la France.
M. Gao Van Sen, (président de l'Asso-
ciation mutuelle des Indoohinois a exprimé
la gratitude de da ootonijg indochinoise de
Paris pour l'hommage que rendent en ce
jour Jes représentants du Gouvernement
français et du Gouvernement de la colonie
il ses compatriotes tombés pour le service
du pays, ainsi que sa reconnaissance pour
la tAche patriotique qu'assume le Souvenir
Indocllinois..
Dans une improvisation remarquable, M.
Alexandre Varenne, a répondu à cë® allo-
cutions. Il s'est déclaré heureux d'avoir
pu avant son départ pour l'Indochme, ve-
nir apporter le tribut de son admiration
à tous les Indochinois qui sans distinc-
Lion de race, de rang ou de religion, oili
donné à la France le concours de leurs
bra. et ont payé de leur vie cette preuve
héroïque de leur loyalisme. Il sait la pro-
fonde vénération. des Indochinois pour
leurs morts et il a tenu, avant, de prendre
en mains les destinées de notre grande
Colonie, à sacrifier à cette noble et. pieuse
tradition.
Evoquant son très prochain départ pour
l'Indochine, M. Alexandre Varenne, ponc-
tuant ses déclarations, a indiqué le haut
souci de justice vis-à-vis des annamitet
qu'il voulait voir dominer son administra-
tion.
En quittant le Temple, le cortège officiel
est arrêté pour y déposer des fleurs devant
le monument qu'à édifié le Souvenir Indo-
chinois, désireux d'honorer tous nos b4i(08
indigènes suivant leurs croyances propres,
à La mémoire des Indochinois chrétiens
morts pour la France. Les autorités y ont
été saluées par les représentants de la So-
ciété des Missions étranaèrcs.
Le Ministre et le Gouverneur général se
sont ensuite rendus à la stèle élevée à la
mémoire des soldats coloniaux, français et
iindigènes, décédée pendant la guerre à
l'hôpital organisé au Jardin colonial.
Après une courte allocution de M. Prud'-
homme, le Gouverneur général et le Mi-
nistre ont déposé des palmes au pied du
monument.
Puis, M. André Hesse a tenu à associer
le Gouvernement à cette manifestation de
gratitude nationale.
Discours du Ministre des Gokmles
Je suis particulièrement ému d'associer le
Gouvernement de la République à cette tou-
chante manifestation de gratitude nationale.
Lorsque la France envahie a fait appel à tout
ses fils, ceux des rives lointaines où flotte son
drapeau n'ont pas été les derniers à répondre.
Les colonies nous ont envoyé leurs enfants de
toutes les races, soit pour combattre 1 côté de
leurs frères de France sur la ligne de feu, soit
pour forger, dans nos usines de guerre, les armes
de la Victoire.
L armee coloniale nous a fourni une pléiade
de chefs illustres dont la guerre a tout de suite
mis en relief les brillantes qualités mititaires.
et ces merveilleux régiments qui, de l'Orient à
l'Occident, ont été, sans un moment de trêve,
au danger et à l'honneur.
Près d'im million d'hommes ont ainsi travené
les mers, apportant à la mère-patrie le secours
des Frances nouvelles, cependant que leurs
concitoyens restaient là-bas, Sntensifiaat la pro-
duction de leurs fertiles régions pour assurer le
ravitaillement de la patrie en danger.
Innombrables sont ceux qui ont payé de leur
sang le sacrifice de leur jeunesse. Dans ce pai-
sible Jardin colonial, asile de la Science. des
théories de blessés sortis des rangs de l'année
coloniale ont promené leurs douleurs héroïques.
Beaucoup ont succombé dans l'hôpital que le
dévouement avait installé dans ces bâtimeata.
Je salue leur mémoire en m'inclinant avec
respect devant cette pagode pyramide qui per-
pétue leur souvenir comme je l'ai fait tout à
l'heure devant les monuments des Indochinois
morts pour la France.
En leur rendant ainsi le pieux hommage dé-
la République reconnaissante, je tiens à affirmer
hautement l'étroite solidarité qui unit la métro-
pole et ces Frances d* outre-mer qui vivent sous
son égide, solidarité qui s'est glorieusement ma-
nifestée dans les épreuves de la guerre et qui
continue à s'affirmer dans les travaux de la paix.
Un violent séisme
pour aujourd'hui ?
--00-
D'après un télégramme do Rome, M.
Bendandi, le sismologue italien qui j rédit
avec une exactitude remarquable plusieurs
tremblements de terre, annonce peur au-
jourd'hui et demain, le séisme le plus vio-
lent qui ait jamais été enregistré. .-
Les premiers chocs de cette nouvelle Soc-
rie de violents tremblements de terre se-
ront formidables et, d'après M. Bendandi
ils doivent se poursuivre au cours de l'au-
tomne. Les régions les plus en danger
sont : le bassin de la Méditerranée, la côte
d'Algérie, certaines parties de l'Italie cen-
d'Algérie, l'Adriatique supérieure.
trale et
Une période d'agitation sismique se pro-
duirait également dans le sud de la mer
de Chine. Les chocs seront très rapprochés
de l'Italie et se produiront simultanément
dans l'archipel grec.
De son côté, le général Chapel, un émi-
nent sismologue français, sans partager le
pessimisme de son confrère italien, cons-
tate que ces prédictions s'adaptent étroite-
ment à une théorie qu'il a défendue depuis
quarante ans. Le 25 août 1890, le général
Chapel établissait, devant l'Académie des
Sciences, le principe de dates criUques re-
latives à la France et aux pays de même
latitude, sur lesquelles il y a probabilité
de voir se grouper des grands- accidenta
météorologiques : tremblements de terre,
cvclones inondations, etc. - La date du - ;t
septembre, qui fut marquée le mois der-
nier par le tremblement de terre du cen-
tre de la France, figure dans eeMe liste,
ainsi que celle du 8 octobre. Cette dernière
marquera, d'après le général Chapel, des
aciamoa de 40*.
Voilà deux savants dignes de foi. On «*î
en droit d'éprouver, au cours des heures
présentes, quoique appréhension.
1.1
TAUX ne LA HAMWP
-0-
tje gouverneur général de l'Indochine vient
de taire connaître au ministre des Colonies qit'à
la date du 7 octobre 1906 le taux oîlicicl de la
piastre (otmt de 12 fr. 40.
LA FFIMIHMTIOI
Il CMMII SqMv des CitaiH
-0-0--
Les Annales Coloniales, du 2 octobre, unt
publié un éditorial annonçant la réorga-
nisation du Conseil supérieur des Colonies.
Voici les raisons qui ont amené M. André
liesse, ministre des Colonies, à rechercher
des améliorations à cet organisme créé
par Ui décret du 19 octobre 183 et déjà sou-
ven.t remanié.
On sait qu-j le Conseil Supérieur des Co-
lonies est la seule institution où celles de
nos possessions qui n, sont pas représen-
tées .all Parlement, puissent auprès du
pouvoir central. par l'intermédiaire de dé-
légués* 'IUR, exposer les besoins spéciaux
jpt soutenir les légitimes aspirations de
leurs liabitanls. C'est également en dehors
des Chambres la seule assemblée où le mi.
nistre des Colonies ait les moyens d'avoir
des avis éclairés sur tous les problèmes
quels qu'ils soient, qui se. posent devant
lui, -ceux qui touchent à des intérêts pra-
tiques et immédiats, comme ceux qui sou-
lèvent avec mlt législation nouvelle des
difficultés de principe ou d'application, et
ceux-l/i même Ilui se trouvent A certains
moments, pour la sauvegarde de notre em-
pire extérieur, liés ù notre politiquo géné-
rale, à la vie nationale de la France.
Or, depuis plus de quarante ans que le
décret du 19 octobre 188: instituait près
du Ministre de la Marine et des Colonies
tin Conseil Supérieur des Colonies, émana-
tion qu'on pouvait croire définitive du
« 1 loin i té Consultatif des Colonies »); du
Bénatus Consul le de 1851 < t de la « Com-
mission Supérieure des Colonies Il de 1878,
de très nombreuses modifications ont étapportées à la composition et h l'organi-
sation de cette assemblée.
Les années 1890, 18%, 190-1, 1006 et, et*
dernier lieu 1920 jalonnent «es diverse^
étapes, mais l'on pouvait considérer ta,
dernière réglementation comme défini-
tive.
L'expérience de cinq années a montré
cependant que, sans nnire i l'harmonie de
l'édifice éclwifaudé en 19?0, des améliora-
tions importantes pouvaient être afJpor-
U MUMIitU ; *) UbNitMJkà
f- • *
JtUDf SOIR, 1 OCTOBRB mu" t¡:!:
-- - el.
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
18A811D8" MMLAUMUMM
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DIRECTEURS 1 MARCEL - RUEDEL et L.-G. THEBAULT
IMéi et UaUmiÊiim : 94, Rut du Mont-Thabor, PARIS-1" ftiéplMM : Llllllil-ir
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̃kâi.nrm - t franc* et Caioméat.. , M • 41 1 18 ** 1
̃S* | mrangwr 1M • M • M i
Oi^tfcw» i«i hi I– HT– 4tpH»
Le travail indigène à Madagascar
Il est important, quant à sa forme, le
«.Décret réglementant le travail indigène dans
la Colonie ce Madagascar et dépendances 9,
que M. Gaston Doumergue vient de signer :
depuis la formule invoquant le Senatus Con-
sulte du 3 mai 1854 (et qui vraiment ne nous
rajeunit pas) jusqu'à la griffe présidentielle,
il ne comprend pas moins de quatre-vingt-
oe. (92) articles.
Mais il est surtout important par son objet.
Nul n'ignore (du moins parmi les Français
qui accordent quelque attention à notre do-
maine colonial) que, dans l'ensemble de la
population madécasse, travailler, prendre de
la peine, c'est ce qui manque le plus, à cause,
d'abord, qu'elle est congénitalement un peu
indolente et puis, et surtout, qu'elle est peu
nombreuse. Je dis a ej surtout », parce que,
si les hommes foisonnaient dans la grande
Ile, il serait relativement facile d'en réunir,
ça et là, quatre qui travailleraient comme un.
Tandis qu'il est malaisé, entre le Capricorne
et l'Equateur et même ailleurs de trou-
ver un homme qui travaille comme quatre.
Bref, quand on n a pas la main-d œuvre
que l'on aimerait, il faut utiliser au mieux
celle que l'on a, ont pensé d'excellents es-
prits. Et tel a bien été l'avis de M. André
Hesse et de M. Steeg, sur le rapport de qui
le décret en question a vu le jour.
Leur collaboration a été heureuse. Elle dut
être aussi facile, M. Steeg, hier et demain
m colonial » et M. Hesse étant à coup sûr
également portés à rechercher l'intérêt strict
'de nos Frances lointaines. Et puis, au-dessus
'de leurs délibérations, même si elles n'eurent
pas lieu Place Vendôme, planait la balance
'de Thémis. Leur ouvrage témoigne, comme
il sied, d'une parfaite connaissance des don-
nées du problème (où la psychologie indigène
joue forcément un grand rôle) mais, en outre,
d'un constant souci de justice et d'humanité.
En quoi il dégage un franc et bon parfum de
République.
Le texte crée de l'ordre :
« Il est institué à Tananarive, au Gouver-
nement général, un Office central et, dans
chaque province ou district où cette création
sera jugée nécessaire, un Office régional du
travail. 8
« L'Office Central réunit, coordonne et pu-
blie tous les renseignements, documents et
statistiques relatifs aux besoins et aux dispo-
nibilités, aux demandes et aux offres de
jnain-d'auvre dans la colonie.
« Il contrôle les offices régionaux du tra-
mait.
« Il étudie les améliorations à apporter à
1d réglementation du travail indigène propo-
sées Par les inspecteurs du travail dont il
centralise les rapports. »
Cf L'Office régional du travail constitue un
bureau officiel de placement, de renseigne-
ments et de statistique.
« Il facilite et surveille le recrutement de
la main-d'œuvre pour les entreprises publi-
antes et privées.
- « Il centralise les demandes et offres de
'main-d'œuvre et les porte à la connaissance
N public; il se tient en relations constantes
avec les offices régionaux voisins et avec
l'Office central du travail.
« Il irise et enregistre les contrats de tra-
vail, indique aux employeurs, à leurs fondés
'de Pouvoirs et aux travailleurs les conditions
Îgénérales que doivent obligatoirement stipu-
er les contrats.
« Il doit être avisé dans les conditions Pré-
vues au présent texte, de toute résiliation ou
rupture ae contrat. »
Créant de l'ordre, le décret réalise certai-
nement des économies : économies de temps,
d'argent et de bras.
Il assure la surveillance de cet ordre nou-
veau par la création d'une < Inspection du
travail a où l'on voit avec plaisir figurer, à
Ojt;é ou en place de fonctionnaires de l'ordre
administratif, des médecins.
-
Les inspecteurs reçoivent les déclarations
et réclamations des employeurs et de leurs
enployés, interviennent sur la demande des
intéressés ou d'office lorsque des difficultés
leur sont signalées et s'efforcent de concilier
les parties. Ils peuvent interroger les tra-
vailleurs et faire toutes les investigations
Qu'ils jugent utiles. Ils fournissent un rap-
port annuel sur l'application de la réglemen-
tation du travail, font toutes propositions re-
latives à l'hygiène, à la sécurité des travail-
leurs, à l'amélioration des rapports entre em-
ployeurs et employés et donnent leur avis sur
toutes les questions concernant la main-
d'oeuvre.
Le texte ministériel définit ensuite et sou-
met à des prescriptions précises les contrats
de travail. C'est là peut-être qu'apparaît le
mieux le souci de faire à la fois oeuvre pra-
tique à l'égard des employeurs ; œuvre
d'équité et d'humanité vis-à-vis des indigè-
nes.
Notons, par exemple, que le repos heb-
domadaire est obligatoire ; que le paiement
ces salaires ne peut avoir lieu ni dans un
débit de boissons (il ne faut pas tenter le
'diable, même si c'est un bon diable) ni dans
un magasin de vente; que les travailleurs
manuels ont droit, sur leur demande. à une
ration journalière de vivres (le contrat stipu-
lant si la ration doit être fournie en plus du
salaire fixé, ou si elle doit venir en déduction
de ce salaire, et pour combien), qu'en un
cas, la ration alimentaire prévue où il est
absolument interdit de faire figurer l'alcool
ne pourra être diminuée, et qu'une ration
forte est allouée lorsque la journée de travail
encède 8 heures, lorsque le travail est parti-
culièrement pénible ou qu'il a lieu de nuit;
signalons encore que les femmes et les en-
fants de moins de 16 ans ne peuvent être
employés à aucun travail entre neuf heures
du soir et cinq heures du matin; que les in-
digènes qui doivent être employés sur les
Hauts Plateaux reçoivent, au départ de leur
circonscription d'origine, une couverture et,
dès leur arrivée, un vêtement chaud, si l'ex-
ploitation est située à plus de 800 mètres
d'altitude; enfin, que la possibilité de secours
médicaux doit être prévue par les entreprises
publiques ou privées, à partir d'un personnel
de cent hommes.
Par contre, l'employeur et c'est bien
le moins qu'il puisse souhaiter est ga-
ranti, dans la mesure du possible, contre les
infidélités éventuelles de son employé, et no-
tamment (là comme en amour, l'absence est
le plus grand des maux) contre ses « absences
irrégulières » qui peuvent donner lieu, selon
les cas, à la retenue du salaire correspondant
à la durée de l'absence (ce qui allait de soi),
à la résiliation du contrat, à des dommages-
intérêts, à la perte par le coupable de tout
droit au rapatriement dans sa circonscription
d'origine, s'il travaille loin d'elle.
Enfin, des a Conseils d'arbitrage » (déjà
réorganisés par un décret du 10 juin 1921)
connaissent des contestations individuelles ou
collectives qui peuvent s'élever entre les ou-
vriers ou employés indigènes et leurs em-
ployeurs, avec possibilité d'appel devant la
Justice de paix à compétence étendue ou le
tribunal de première instance. Et l'on est
heureux de constater que, dans ces Conseils
d'arbitrage comme à l'Office central et dans
les Offices régionaux siégeront des indigè-
nes, dans une juste proportion laissant à
l'élément français la large suprématie né-
cessaire.
Evidemment, cette réglementation du tra-
vail ne va pas, du jour au lendemain, résou-
dre le problème de la main-d'œuvre, mais
elle parait devoir produire avant peu des ef-
fets bienfaisants. Assez rapidement, croyons-
nous, la notion de contrat, d'un contrat où
les devoirs et les droits des deux parties sont
désormais tracés avec précision et avec équité,
disciplinera, au meilleur sens de ce mot, le
caractère indigène. « On peut obtenir beau-
coup du Malgache, lorsqu'il sait que les
promesses qui lui sont faites seront tenues 9,
écrivait récemment un observateur sérieux,
l'homme de France qui connaît le mieux les
questions cotonnières. (1) Et cette consta-
tation, dans sa simplicité, est de première
importance. Ajoutons que le Malgache n'est
pas le seul être humain de cette mentalité.
En outre, il est souvent question de méde-
cins et d'hygiène dans les nouveaux règle-
ments. Ceux-ci, bien appliqués à ce point de
vue, peuvent conserver, sinon amener, beau-
coup de bras aux tâches productives.
En résumé, le décret introduit à Madagas-
car des conditions de travail inspirées de
celles mêmes (point inhumaines, que l'on sa-
che) qui régissent l'activité des travailleurs
de la métropole.
Quoi qu'en disent les contempteurs profes-
sionnels de l'effort colonisateur français, ce
n'est pas de la tyrannie que nous apportons
à nos terres lointaines. Ce sont les justes lois
qui créent la liberté véritable. Dans quelques
mi11énaire, peut-être, les hommes pourront
se passer de lois. Pour le moment, tout ce
qu'ils peuvent ambitionner (à toi, ombre de
Nietzsche !) c'est de a danser dans les chaî-
nes ».
Lucien Gaapann.
Député de la Réunion.
Le Ministère remanié
–«M*-–
Le remaniement du Ministère est aujourd'hui
chose faite.
M. A. de Monzie quitte le Ministère de
rlnstruction publique pour recueillir la succes-
sion de M. Th. Steeg, place Vendôme.
M. Yvon Delboa, sous-secrétaire d'Elat à
l'Enseignement technique, devient ministre de
l'Instruction pUblique.
M. Paul Bénazet recueille le bls-seaétariat
laissé vacant par M. Yvon Dethoe. Ce sous-
secrétariat d'Etat comprendra à la fois et ren-
seignement technique et l'éducation physique
dont M. Paul Bénazet est haut-commissaire.
Ces nominations seront sanctionnées au Con-
seil des ministres de samedi prochain.
1.1
A l'Académie des Sciences
00
Lors de la dernière séance de l'Acadé-
mie des Sciencea, M. Mongin a présenté
un important ouvrage de M. GruveL, inti-
tulé : L'Indo-Chine, ses richesses marines
et fluviales, exploitation actuelle, avenir.
M. Bouvier a présenté une note de M.
Pellegrin sur un batracien anoure des rê.
gione désertiques du Maroc.
A L'omcm
0-0
Le « Journal officiel » du 7 octobre publie le
relevé des produits d'origine et de provenance
tunisienne importés en France ou en Algérie
pendant la deuxième déoade de septembre 1925.
Le « Journal officiel n du 7 octobre publie
cinq « errata » au « Journal officiel s du 30
septembre relatifs au régime de la transporta-
tion et à l'administration pénitentiaire à la
Guyane française.
(1) M. V. Cayla, Ingénieur arroDfmae, char.
gé de aiss-
Initiation coloniale
suuuuu
A
J'a; reçu d'un administrateur du
Soudan Français une lettre fort in-
téressante.
Il m'approuve d'avoir proteste ici même,
dans un article sur l' « Initiation Coloniale l,
contre ce qu'il appelle le charabia exotico-
colonial. Ce galimatias, dit-il, nous fait le
plus grand tort auprès du public métropoli-
tain et dans tous les domaines, géographi-
que, économique, administratif ou litté-
raire. Rien d'ailleurs de plus facile que cet
art de jeter de la poudre aux yeux. Je cite
textuellement : « Cet art est à la Portée de
chacun de nous. Nous n'avons qu'à farcir, tel
fauteur de Batouala, notre prose de mots
du dialecte de la population au milieu de la-
quelle nous nous trouvons. »
Mais, ajoute-t-il (car il y a un mais), ne
devrait-il pas y avoir réciprocité de la part
des métropolitains f C'est la réponse du ber-
ger à la bergère. Métropolitains, mes frères,
écouies.
Mon aimable correspondant se plaint que
ceux qui forment Vopinion n'aient pas des
scrupules analogues et réciproques, si f ost
m'exprimer ainsi. Ceux qui forment l'opi-
nion, ce sont les journalistes, et mon a brous-
sard » nous fait entendre que nous aurions
parfois, en ces matières, besoin de quelques
leçons. Parbleut Il a raison, non pas une
fois, mais mille. Heureusement, il y a des
broussards, il y a des coloniaux, des vrais,
pour nous renseigner et redresser nos
erreurs, et nous leur en sommes reconnais-
sants, - et nous aimons à recevoir - des pays
lotntatns la preuve que nos coloniaux nous
ont lus et qtiils nous jugent avec sympathie.
Est-ce par courtoisie que mon administra-
teur ne va pas prendre ses exemples chez
un de nos confrères ou chez moi-même t Tou-
jours est-il qu'il en cite un pris Parmi a les
auteurs et éditeurs de manuels » parmi t les
universitaires qui forment la jeunesse 1. 1 Il
est de toute nécessité, écrit-il, que ceux-ci
n'emploient pas à tort les mots d'origine
exotique ou coloniale qu'ils admettent comme
étant devenus quasi français. »
Ce n'est pas à un manuel proprement dit
que mon correspondant s adresse, mais à un
dictionnaire classique illustré, que je nom-
merai parce qtiïl en fait lui-mime un très
grand éloge et que moi-mime, fen fais le
plus grand cas. J'aurais. pu le désigner
par une périphrase, et écrire que c'est le dic-
tionnaire qui, dans une série de pages rouges
intercalées, vient bienveillamment au secours
de ceux qui, n'ayant jamais fait leurs huma-
nités, ont la prétention démailler leur frose
parlée ou écrite de citations latines. J aime
mieux Vappeler far son nom : le Dictionnaire
Larousse classique illustré, édition 1922: a Il
est difficile de trouver mieux, affirme mon
colonial, comme organe de di/fusion. t
Je lui laisse désormais la parole : e Ou-
vrez le dictionnaire au mot : lGptot. Vous
lisez * Laptot (lap-to) n. m., noir sénéga-
lais engagé au service de la France; les lap-
tots sont appelés officiellement (ces termes
en italique) tirailleurs sénégalais.
a C'est absolument comme si vous con-
fondiez un chasseur à pied avec un matelott
Un Français moyen peut le faire. Mais l'au-
leur d'un dictionnaire où la jeunesse vient
puiser ses rudiments/» Il est simple de ne
pas admettre de mots coloniaux, aussi sim-
ple que de ne pas parler latin, mais quand
on yen mêle!. Et, dans leur préface, les
éditeurs affirment que l'ouvrage répond à
toutes les exigences immédiates de l'ensei-
gnement (l'enseignement colonial en a évi-
demment si peu et elles ne sont nullement
immédiates/) et autsi que tes définitions sont
brèves mais expressives et nuancées (évidem-
ment quand on a acquis la méthode, on peut
dire beaucoup de bêtises en peu de mots très
expressivement et avec bien des nuances). »
Je n'ai rien changé à ce passage de la let-
tre, encore que la fin ne soit pas très juste
ni au point de vue général ni au point de
vue particulier. Il faut plus que de la mé-
thode pour dire des bêtises en peu de mots,
sous une forme expressive et nuancée; il y
faut du talent, autant si c4. tfest plus que
pour exprimer des choses justes avec les
mêmes qualités de style. Mais, ramenons les
choses au point. Il y a là une erreur de dé-
tail qui sera corrigée, j'en suis sûr, à une
édition prochaine. Mais, puisque je suis sur
la voie des aveux, je n'hésiterai pas à recon-
naître que je ne me serais pas aperçu de la
faute si on ne me l'avait pas signalée. Mon
correspondant et moi, nous avons raison - tous
les deux : -
il Il y a une question de probité à n'em-
ployer les termes coloniaux qu'en connais-
sance de cause;
2° Si quelqu'un inconsciemment pèche
contre cette règle, il y aura toujours un vrai
colonial pour le remettre dans la vérité.
Mario Remtan,
Sénateur de l'Hérault, utoe.pr'
de la Commudoft sénatoriale det Co.
lonies, Secrétaire général du Groupe
viticote.
̃.MMUHl'iniliaiUlM
»«
M. de Monzie qui devait se rendre en
Algérie, à Djemila, pour y visiter les récen-
tes découvertes archéologiques, a renoncé à
son voyage. Aplrès avoir assisté aux fêtes
scolaires de Marseille, il rentrera à Parts
pour assister au Conseil des ministres qui
aura lieu samedi.
Le Maréchal Lyautey et X Sleej
Le maréchal Lyautey a adressé à M.
Steeg, le nouveau résident général au Mar
roc, le télégramme suivant :
Je veux être des premiers a vous féliciter et
à nous féliciter de votre désignation.
Je suis particulièrement heureux de vous avoir
comme successeur et je tiens à vous dire que
les agences ayant apporté ce soir vos déclara-
tions, j'ai fait communiquer immédiatement au
sultan ce qui le concernait. Il y a été des plus
sensibles et j'estime que rien notait plus oppor-
tun que de telles paroles, le mettant tout de
suite vis-à-vis de vous dans une confiance dont
vous pouvez être assuré.
Je compte être à Paris vers le 15 octobre et je
me tiendrai entièrement à votre disposition.
M. Steeg a répondu en ces termes :
Vos félicitations sont les premières reçues et
me touchent profondément. Je vous exprime ma
gratitude. J'attendais pour vous télégraphier la
publication officielle du décret m'appelant au
Jourd honneur de vous succéder.
Conscient des responsabilités que j'assume, je
me félicite à la pensée que, dans l'accomplisse-
ment de ma tAche, je suis assuré de votre sym-
pathie qui m'est précieuse et de l'aide de votre
expérience.
Je vous remercie d'avoir communiqué mes dé-
clarations au sultan qui sait qu'il peut, comme
tout le peuple marocain, compter, demain com-
me hier, sur le dévouement au représentant de
la République française à une œuvre de pacifica-
tion Ilns a justice et le progrès. Je serai heu-
reux de m'entretenir avec vous dès votre arrivée
à Paris.
Laldieu dllHlcbal Lllill
--0-0--
Mardi dernier, le maréchal et Mme Lyau-
tey ont reçu, à la résidence générale, les
notables indigènes appartenant au makhzen
des villes de Rabat et de Salé et des régions
des Zaer et des Zemmour. La même note
d'émotion que pour les adieux des popula-
tions européennes a régné sur l'assistance.
Le grand vizir a rendu un hommage tout
particulier au respect que le Maréchal a
toujours témoigné aux institutions religieu-
ses, aux traditions, aux coutumes locales
et aux mesures prises d'accord avec le
Sultan Moulay Youssef pour assurer la
pleine et entière sécurité du pays, mesures
grâce auxquelles l'empire cliériften a con-
tinué à vivre et à prospérer dans l'ordre
et le calme alors que bien d'autn-s pays
subissaient trèe lourdement le contre-coup
du bouleversement général.
Nous vous garderons une éternelle
^connaissance, a ajouté S. E. El Mo-
kri, pour Jes mesures si efflbaces que
Vous avez prises au cours des trois pre-
miers mois qui ont suivi l'agression rifaine
et qui nous ont permis do contenir la ruée
des rebelles sur la zone si calme depuis
tant d'années avec des troupes peu nom-
breuses et un matériel très réduit.
Le Maréchal Lyautey a, a son toul\
exprimé la certitude que l'œuvre qu'il a
commencée avec le Sultan sera continuée
avec son successeur, dans l'assurance qu'il
restera fidèlement attaché aux principes
cqpistamment suivis, parce que ce sont
ceux dont s'inspire le gouvernement de la
France.
Nu'l ne saurait s'y dérober, ajouta le Ma-
réchal. C'est donc dans une entière sécu-
rité, en ce t qui vous concerne, que je remet-
trai vos intérêts entre ses mains. D'ailleurs,
M. Blanc, comme vous me l'avez rappelé,
restera là, vous connaissant, vous aimant,
ayant votre confiance, et ce sera pour mon
successeur l'auxiliaire le plus précieux et
pour vous l'intermédiaire ami sur lequel
vous pourrez toujours compter.
En vous adressant mes adieux, c'est à
tout le peuple marocain que je les adresse,
ce peuple dont l'attachement a été pour moi,
pendant ces treize années, ma première
force et auquel mon cœur reste pour tou-
jours attaché.
- Après ce discours, le Maréchal a tenu à
dire adieu en particulier à chaque personne.
Dans la délégation des jeunes gens de
l'école franco-arabe, le fils du caïd Oul-
Fargja, tué sur le front à la tête d'une me-
halla, a été présenté au maréchal Lyautey.
Le Maréchal a remis ensuite des plaques
de grand-officier de la Légion d'Honneur
à Taouami-Abhadou, grand chambellan du
Sultan, et à Hadjomartazi, vizir des domai-
nes du gouvernement chérifien.
Le Maréchal a offert ensuite une colla-
tion à ses invités.
Après la réception des notabilités musul-
manes, le Maréchal a reçu, avec le même
cérémonial, une importante délégation de
la population israélite, présentée par le
grand rabbin.
Celui-ci, dans son discours, a remercié
le Maréchal Lyautey au nom de la commu-
nauté Israélite et a exprimé de vJfs regrets
de le voir partir. Le Maréchal a dit qu'il
était très touché de ces sentiments et l'a
assuré de la protection toujours généreuse
de la France pour tous ses coreligionnaires.
8.1 –-–
LES CONBEtM GENERAUX
ET LE MAROC
lue fonsetl (général du Nord a discuté
hier un Vœu à (prqpos de la guerre du Ma-
roc, demandant « que le gouvernement
publie aussitôt que possible tons les docu-
ments de nature à renseigner l'opinion
publique française et ¡d.rangtm sur les ori-
gines du oonJlit du Hiff et sur l'ensemnfble
des négociations auxquelles il a donné lieu.
1.8
Vie expMêfl M ptrt ét Btrican
- 00
Un grave accident s'est produit hier ît
bord du navire lé Saint-Priest, qui se trou-
ve ftot.uelltiment au port de Bordeaux, on
partance pour le Maroc, et sur lequel des
ouvriers exécutaient des travaux de sou-
dure à l'aide de tubes d'oxygène.
lin. de <38 tubes fit explosion et quatre
des ouvriers furent blessés, dont un très
grièvement.
In Memoriam
'tl
M. André Hesse, ministre des Colonies,
et M. Alexandre varenne, Gouverneur gé-
néral de l'Indochine, ont visité officielle-
ment ce matin le temple comméiporatif
édifié 8U Jardin colonial, à Nogent-sur-
Marne, à la mémoire des Indochinois
morts pour la France.
M. André Hesse et M. Alexandre Va-
renne, qu'accompagnaient M. te MVèr-
neur Gaston Joseph, directeur du Cabinet
du ministre, et MM. Le Fol et Trias, direo
teur et chef du Cabinet du Gouverneur Gé-
néral, ont été reçue à leur arrivée, à 10
heures 30, par M. Henri Gourdon, prési-
dent du Souvenir Indochinois, M. Prud'-
homme, directeur de l'Institut National
d'Agronomie Coloniale, entourés des Con-
seils d'administration de ces deux institu-
tions et de M. Champion, maire de No-
gent.
Les honneurs militaires ont été rendus
par une compagnie de tirailleurs indochi-
nois et par la musique militaire du 21*
colonial.
Parmi les très nombreuses personnalités
coloniales qui avaient tenu à assister à
cette visite otflciellle, figuraient S. A. I.,
le prince héritier d'Annaan Vinh-Try-Kai-
Dunh ; M. le général Gouraud, gouverneur
militaire de Paris : M. le général Peltier,
chef des affaires militaires au Ministère des
Colonies ; M. Roume, ancien Gouverneur
général de l'Indochine ; MM. Diagne et
Outrey, députés ; M. le Résident Supérieur
Gamier, directeur de l'Agence Economi-
que de l'Indochine ; MM. les Résidents
honoraires Mahé et Gharîes ; M. Guy, gou-
verneur honoraire des Colonies ; M. Re-
gisnmnset, directeur des affaires Economi-
ques au Ministère des Colonies ; M. Getten,
président du Conseil d'administration des
chemins de fer du Yunnan.
Le cortège officiel, escorte oes tirailleurs
indoohinois s'est rendu au temple commé-
moratif où M. Varenne a déposé une palme
do bronze. Le ministre et le Gouverneur
général ont fleuri ensuite les autels
dédiés aux mÛJies dés soldats et travailleurs
indochinois et ont fait brûler les baguettes
d'encens rituelles.
Après la- signature du Livre d'or du tem-
ple, les visiteurs se sont rendus dans la
nel septentrionale où M. Henri Gourdon
dans un discoure d'une haute élévation a
remercié le ministre et le Gouverneur gé-
néral de leur geste, qui aura un retentiee-
sement certain dans notre grande colonie.
Il a retracé l'œuvre du Souvenir indochi-
nois, exposant Jes principes dont elle s'ins-
pire, et la signification de la consécration
de ce temple à la mémoire de nos sujets et
protégés asiatiques morts pour la France.
M. Gao Van Sen, (président de l'Asso-
ciation mutuelle des Indoohinois a exprimé
la gratitude de da ootonijg indochinoise de
Paris pour l'hommage que rendent en ce
jour Jes représentants du Gouvernement
français et du Gouvernement de la colonie
il ses compatriotes tombés pour le service
du pays, ainsi que sa reconnaissance pour
la tAche patriotique qu'assume le Souvenir
Indocllinois..
Dans une improvisation remarquable, M.
Alexandre Varenne, a répondu à cë® allo-
cutions. Il s'est déclaré heureux d'avoir
pu avant son départ pour l'Indochme, ve-
nir apporter le tribut de son admiration
à tous les Indochinois qui sans distinc-
Lion de race, de rang ou de religion, oili
donné à la France le concours de leurs
bra. et ont payé de leur vie cette preuve
héroïque de leur loyalisme. Il sait la pro-
fonde vénération. des Indochinois pour
leurs morts et il a tenu, avant, de prendre
en mains les destinées de notre grande
Colonie, à sacrifier à cette noble et. pieuse
tradition.
Evoquant son très prochain départ pour
l'Indochine, M. Alexandre Varenne, ponc-
tuant ses déclarations, a indiqué le haut
souci de justice vis-à-vis des annamitet
qu'il voulait voir dominer son administra-
tion.
En quittant le Temple, le cortège officiel
est arrêté pour y déposer des fleurs devant
le monument qu'à édifié le Souvenir Indo-
chinois, désireux d'honorer tous nos b4i(08
indigènes suivant leurs croyances propres,
à La mémoire des Indochinois chrétiens
morts pour la France. Les autorités y ont
été saluées par les représentants de la So-
ciété des Missions étranaèrcs.
Le Ministre et le Gouverneur général se
sont ensuite rendus à la stèle élevée à la
mémoire des soldats coloniaux, français et
iindigènes, décédée pendant la guerre à
l'hôpital organisé au Jardin colonial.
Après une courte allocution de M. Prud'-
homme, le Gouverneur général et le Mi-
nistre ont déposé des palmes au pied du
monument.
Puis, M. André Hesse a tenu à associer
le Gouvernement à cette manifestation de
gratitude nationale.
Discours du Ministre des Gokmles
Je suis particulièrement ému d'associer le
Gouvernement de la République à cette tou-
chante manifestation de gratitude nationale.
Lorsque la France envahie a fait appel à tout
ses fils, ceux des rives lointaines où flotte son
drapeau n'ont pas été les derniers à répondre.
Les colonies nous ont envoyé leurs enfants de
toutes les races, soit pour combattre 1 côté de
leurs frères de France sur la ligne de feu, soit
pour forger, dans nos usines de guerre, les armes
de la Victoire.
L armee coloniale nous a fourni une pléiade
de chefs illustres dont la guerre a tout de suite
mis en relief les brillantes qualités mititaires.
et ces merveilleux régiments qui, de l'Orient à
l'Occident, ont été, sans un moment de trêve,
au danger et à l'honneur.
Près d'im million d'hommes ont ainsi travené
les mers, apportant à la mère-patrie le secours
des Frances nouvelles, cependant que leurs
concitoyens restaient là-bas, Sntensifiaat la pro-
duction de leurs fertiles régions pour assurer le
ravitaillement de la patrie en danger.
Innombrables sont ceux qui ont payé de leur
sang le sacrifice de leur jeunesse. Dans ce pai-
sible Jardin colonial, asile de la Science. des
théories de blessés sortis des rangs de l'année
coloniale ont promené leurs douleurs héroïques.
Beaucoup ont succombé dans l'hôpital que le
dévouement avait installé dans ces bâtimeata.
Je salue leur mémoire en m'inclinant avec
respect devant cette pagode pyramide qui per-
pétue leur souvenir comme je l'ai fait tout à
l'heure devant les monuments des Indochinois
morts pour la France.
En leur rendant ainsi le pieux hommage dé-
la République reconnaissante, je tiens à affirmer
hautement l'étroite solidarité qui unit la métro-
pole et ces Frances d* outre-mer qui vivent sous
son égide, solidarité qui s'est glorieusement ma-
nifestée dans les épreuves de la guerre et qui
continue à s'affirmer dans les travaux de la paix.
Un violent séisme
pour aujourd'hui ?
--00-
D'après un télégramme do Rome, M.
Bendandi, le sismologue italien qui j rédit
avec une exactitude remarquable plusieurs
tremblements de terre, annonce peur au-
jourd'hui et demain, le séisme le plus vio-
lent qui ait jamais été enregistré. .-
Les premiers chocs de cette nouvelle Soc-
rie de violents tremblements de terre se-
ront formidables et, d'après M. Bendandi
ils doivent se poursuivre au cours de l'au-
tomne. Les régions les plus en danger
sont : le bassin de la Méditerranée, la côte
d'Algérie, certaines parties de l'Italie cen-
d'Algérie, l'Adriatique supérieure.
trale et
Une période d'agitation sismique se pro-
duirait également dans le sud de la mer
de Chine. Les chocs seront très rapprochés
de l'Italie et se produiront simultanément
dans l'archipel grec.
De son côté, le général Chapel, un émi-
nent sismologue français, sans partager le
pessimisme de son confrère italien, cons-
tate que ces prédictions s'adaptent étroite-
ment à une théorie qu'il a défendue depuis
quarante ans. Le 25 août 1890, le général
Chapel établissait, devant l'Académie des
Sciences, le principe de dates criUques re-
latives à la France et aux pays de même
latitude, sur lesquelles il y a probabilité
de voir se grouper des grands- accidenta
météorologiques : tremblements de terre,
cvclones inondations, etc. - La date du - ;t
septembre, qui fut marquée le mois der-
nier par le tremblement de terre du cen-
tre de la France, figure dans eeMe liste,
ainsi que celle du 8 octobre. Cette dernière
marquera, d'après le général Chapel, des
aciamoa
Voilà deux savants dignes de foi. On «*î
en droit d'éprouver, au cours des heures
présentes, quoique appréhension.
1.1
TAUX ne LA HAMWP
-0-
tje gouverneur général de l'Indochine vient
de taire connaître au ministre des Colonies qit'à
la date du 7 octobre 1906 le taux oîlicicl de la
piastre (otmt de 12 fr. 40.
LA FFIMIHMTIOI
Il CMMII SqMv des CitaiH
-0-0--
Les Annales Coloniales, du 2 octobre, unt
publié un éditorial annonçant la réorga-
nisation du Conseil supérieur des Colonies.
Voici les raisons qui ont amené M. André
liesse, ministre des Colonies, à rechercher
des améliorations à cet organisme créé
par Ui décret du 19 octobre 183 et déjà sou-
ven.t remanié.
On sait qu-j le Conseil Supérieur des Co-
lonies est la seule institution où celles de
nos possessions qui n, sont pas représen-
tées .all Parlement, puissent auprès du
pouvoir central. par l'intermédiaire de dé-
légués* 'IUR, exposer les besoins spéciaux
jpt soutenir les légitimes aspirations de
leurs liabitanls. C'est également en dehors
des Chambres la seule assemblée où le mi.
nistre des Colonies ait les moyens d'avoir
des avis éclairés sur tous les problèmes
quels qu'ils soient, qui se. posent devant
lui, -ceux qui touchent à des intérêts pra-
tiques et immédiats, comme ceux qui sou-
lèvent avec mlt législation nouvelle des
difficultés de principe ou d'application, et
ceux-l/i même Ilui se trouvent A certains
moments, pour la sauvegarde de notre em-
pire extérieur, liés ù notre politiquo géné-
rale, à la vie nationale de la France.
Or, depuis plus de quarante ans que le
décret du 19 octobre 188: instituait près
du Ministre de la Marine et des Colonies
tin Conseil Supérieur des Colonies, émana-
tion qu'on pouvait croire définitive du
« 1 loin i té Consultatif des Colonies »); du
Bénatus Consul le de 1851 < t de la « Com-
mission Supérieure des Colonies Il de 1878,
de très nombreuses modifications ont étapportées à la composition et h l'organi-
sation de cette assemblée.
Les années 1890, 18%, 190-1, 1006 et, et*
dernier lieu 1920 jalonnent «es diverse^
étapes, mais l'on pouvait considérer ta,
dernière réglementation comme défini-
tive.
L'expérience de cinq années a montré
cependant que, sans nnire i l'harmonie de
l'édifice éclwifaudé en 19?0, des améliora-
tions importantes pouvaient être afJpor-
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