Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-10-06
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 octobre 1925 06 octobre 1925
Description : 1925/10/06 (A26,N149). 1925/10/06 (A26,N149).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63969968
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINtjT .IXIEME ANNEK. - N° 149. Ut Numsiie: JW G&NTI1UEB MARDI SOIR. 6 OCTOBRE 1925
Les Annales Coloniales
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JOURNAL QUOTIDIEN
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On l'âboaae du* toi» Im Bomu da potte et chez l«s principaux IiltniN8
Ou praorawaiB l'actiol pour Il luisto
be-
La critique est facile. Ainsi commence la troi-
sième partie du petit livre de M. André Ser-
vier : m Le Problème tunisien et la question du
peuplement français. » L'art de proposer des
remèdes efficaces à une situation inquiétante est
plus difficile. M. Servier s'y est risqué : ber-
bère, italienne, la Tunisie n'est pas française :
comment faire pour qu'elle le devienne ?
Avant tout, la franciser : la peupler de Fran-
çais, assimiler les étrangers et les indigènes.
La peupler de Français ? C' est bien dit, s'il le
peut. Mais quoi, notre natalité nous permet-
elle de pareils espoirs ? M. Servier ne se pose
pas la question, et peut-être n'a-t-il pas tort. Si
on s' arrêtait dès le début, on finirait par ne rien
faire.
Il propose une propagande active en faveur
du recrutement des colons, en partant de cette
idée que les colons paysans peuvent être recru-
tés dans la métropole, et il demande « une
organisation assez spuple pour encourager toutes
les initiatives, utiliser tous les concours ». Soit.
Sans doute, le paysan de France, reconnaît M.
Servier, ne s' expatrie pas volontiers. Mais si on
lui démontrait qu'il sera plus heureux en Tuni-
sie que dans son département d' origine ? Si on
le dégrevait d'impôts ? Si on diminuait pour lui
la durée du service militaire ? Si on donnait de
nombreux congés agricoles aux militaires fran-
çais de Tunisie pour travailler la terre ? Si on
accordait des facilités aux militaires et aux
fonctionnaires retraités qui voudraient rester ?.
Essayons. Il faut tout essayer pour avoir la sa-
tisfaction de se dire à soi-même qu' on n'a rien
négligé de ce qui peut sauver notre Afrique du
Nord.
Avec ces colons paysans, on créera des vil-
lages français : colonisation démocratique. On
réservera les deux - cinquièmes des lots - aux
paysans venant de la métropole ; un cinquième
pour ceux qui arriveront d'Algérie ; deux cin-
quièmes aux naturalisés et aux indiaènes; cela
déciderait bien des étrangers à opter pour la
nationalité française. Enfin on gardera, à coté
des concessions, un certain nombre de lots des-
tinés aux enfants des colons qui naîtraient dans
les nouveaux villages. Il y a là un ensemble
d8icl6et heureuses : l'essentiel est qu'il y ait des
colons.
Mais la deuxième partie du programme ne
soulève pas la même objection: il y a des étran-
gers et des indigènes en Tunisie ; qu'on les
« francise » avec moins de parcimonie qu'en
ces dernières années. Il a fallu trente ans pour
naturaliser 1.607 Italiens, 415 Maltais, 324
Européens, 201 Musulmans, 213 Israélites.
C'est là un des aspects de ces problèmes de
naturalisation que j'ai moi-même si souvent exa-
minés. J'ai appris par l'expérience combien
d'obstacles de toutes sortes l' administration
dresse comme à plaisir devant les gens qui dé-
sirent être Français. Je ne parle. bien entendu,
que de ceux qui le méritent. Tous les parle-
mentaires qui sont intervenus afin de faire dis-
paraître des impedimenta inventés ou démesu-
rément grossis, tous ceux qui ont eu à lutter
contre les lenteurs, et pourquoi ne pas récrire?
la mauvaise volonté des services de naturalisa-
tion, pourraient apporter des exemples : là,
Servier a pleinement raison. Certes, il voit,
mieux que nous encore, quel serait le péril d'as-
similations trop nombreuses ; il ne veut pas que
nous tombions de Charybde en Scilla ï mais il
a raison de réclamer qu'on place à la porte
d'entrée des contrôleurs vigilants et circonspects
non des Cerbères qui mettent les gens en fuite.
De même, il serait juste d'appliquer aux Ita-
liens le régime appliqué aux Anglo-Maltais, et
de les naturaliser automatiquement et obligatoi-
rement à la troisième génération ; d'adopter
plus libéralement les Israélites, qui ont si rapi-
dement et si heureusement évolué depuis notre
établ issement, et dont j'ai entendu certains se
plaindre, non sans quelque vraisemblance, de
la défiance absurde dont ils étaient l'objet ; de
travailler longuement et progressivement à trans-
former le Berbère, sans manquer en rien à la
neutralité sympathique et à le rapprocher de
nous pour qu'il prenne à son tour sa place dans
la grande - famille -- française.
Dans ce programme d'action prennent rang
les réfonnes administratives ; d' abord, un per-
sonnel ayant trois qualités essentielles : expé-
rience de l'Islam et des Berhères africains ; foi
dans la grandeur et l'utilité de F œuvre d'assis
milation dans notre Afrique du Nord ; «désir
arrêté d'agir et de réaliser. L'Algérie a ce per-
sonnel, la Tunisie non, « elle est encore un
royaume arabe ». Changement de méthode,
changement de personnel ; remplacer par des
colonisateurs les voyageurs en diplomatie qui ne
font que passer, confier les destinées de la Tu-
nisie à des Africains, des arabisants, des fami-
tiers de l'Islam, et les y fixer pour qu'ils ac-
complissent avec le temps une œuvre que le
temps respecte.
Le Résident devrait résider toute sa vie. De
1883 à 1924, neuf résidents se sont succédé ;
pendant cette période, r Egypte n a eu que
deux Gouverneurs, ou même elle n'a eu qu'une
direction, le second gouverneur ayant été formé
par le premier. Dans cette terre à peine échap-
pée à la barbarie, où la prospérité est précaire,
où la richesse est fragile, où les individus sont
des pionniers, où les initiatives marchent à tâ-
tons, où l'outillage est insuffisant. où les forces
naturelles ne sont pas maîtrisées, où le Fran-
çais, submergé par les étrangers et les indi-
gènes, ne sait pas de quoi demain sera fait, il
est indispensable que le résident soit plus qu'ail-
leurs un directeur et un guide, et qu'il consacre
son existence à ce double rôle : sans cela, I'oeu-
vre est compromise.
Et comme, d'autre part, cette œuvre du peu-
plement français est non pas une œuvre tuni-
sienne, mais d'intérêt national, la décision en
matière de peuplement doit appartenir à la
France, loin des milieux tunisiens, où les égoïs-
mes locaux, les intérêts personnels, les préoccu-
pations plus mesquines inspirent trop souvent les
pensées et déterminent les résolutions. Création
de foyers français, établissement des villages,
attribution de lots, tout cela doit échapper aux
assemblées élues où siègent les représentants
des fonctionnaires ou des - indigènes. C' est - à
Paris, au cœur même de la France, que de-
vraient être résolus de pareils problèmes qui sont
d' ordre français, d'ordre nationa l.
Tel est le programme d' action qui suit la
partie critique de l' opuscule et qui s'appuie sur
elle. Je voudrais donner il a conclusion de M.
Servier. Elle est un acte de foi en même temps
qu'un cri d'espérance. « Il y a en Tunisie bon
nombre de terres propres à la colonisation. Il
faut se hâter de les peupler. La tâche essen-
tielle, c'est d'attirer dans la Régence le plus
grand nombre possible de paysans français, afin
d'absorber l'élément italien et de faire évoluer
l'élément indigène. Si nous accompl issons cette
tâche, nous n' aurons à redouter ni le nationa-
lisme musulman, ni le communisme soviétique,
ni l'impérialisme italien. Si nous ne l'accom-
plissons pas, nous aurons beau prendre les me-
sures de police les plus sévères, nous finirons
par être débordés, submergés, et, en fin de
compte, expulsés.
« Le problème tunisien est, en définitive, un
problème national. Nous l'avons résolu en Al-
gérie. Il n'est donc pas au-dessus de nos for-
ces. »
Ces derniers mots sont cf un homme qui ne
croit pas que nous serons débordés, submergés,
expulsés. Ils expriment une confiance raisonnée
dans notre œuvre de colonisation tunisienne :
que M. Servier soit bon prophète 1 Puisse son
livre ouvrir les yeux de ceux qui ne voient pas
et décider ceux qui voient à accomplir l'effort,
prélude du succès.
Mario Routtan,
Sénateur de l'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
ville oie.
Au jardin colonial de Nogent
-0-0---
M. André Hesse, ministre des Colonies, et
M. Alexandre Varenne, Gouverneur Général
de l'Indochine, visiteront le jeudi 8 octobre,
à io h. 30, au Jardin colonial de No^ent^sur-
Marne, le temple commémoratif dédié par le
Souvenir Indochinois aux Annamites et Cam-
bodgiens morts pour la France pendant la
grande guerre.
Qoe-
EN SYRIE
La situation
La principale colonne du groupe mobile
du générall Gamelin a atteint Rusas, situé
à 6 kilomètres I,lU sud de Soueïda. Un cer-
tain nombre de ichefs locaux appartenant
au clan d'Atrash, ont offert leur soumis-
sion sans condition. On annonce aussi,
mais la nouvelle n'est pas officiedlement
confirmée, que le sultan, Ipllcha d'Atrash
a fait connaître qu'il était disposé à se sou-
mettre si on lud garantissait la vie sauve
ainsi qu'à son frère Seid. La coilonne fran-
çaise a repris à l'ennemi trois des canons
perdus le 2 août.
Des troubles d'un caractère nettement
local, dont des nomadles semblent être les
principaux exécutants, ont ôdaté à Hama.
Toutes les dispositions sont prises pour
rétablir l'ordre dans le plus bref délai.
Une nouvelle du « Lokal Anzeiger »
selon laquelle des officiers et un drapeau
français auraient été insultés à Damas, est
dénuée de itout fondement.
Les fêtes de la Nativité du prophète se
sont déroulées dans un calme absolu à
Damas.
Une enquête
Le ministre de la (Guterre, président du
Conseil, a prescrit l'ouverture d'une en-
quête générale sur les événements qui se
sont déroulés en Syrie depuis la révolte
des Druses et M. Painlevé a chargé de
cette enquête, le général Duport., du conseil
supérieur de la guorre.
Le général Duport recueillera d'abord, à
Paris, Ses dépositions du général Michaud
et des divers témoins qui se trouvent en
ce moment en France ; il a d'ores et déjà
commencé l'étude des documente parvenus
au iiiiiii&tèilo de la guerre. Il se rendra
ensuite en Syrie.
* IEWOIIIIM da tus EICONOIs
--00--
Le Panorama de l'Afrique française
Le général Gouraud, gouverneur militaire
de Paris, a visité, hier soir, le panorama de
l'Afrique Française, à l'exposition des Arts
décoratifs. Il a pris un grand plaisir à voir
défiler l'immense toile peinte qui donne l'il-
lusion parfaite d'un voyage sur un paque-
bot, de Marseille à Casablanca. Le gouver-
neur militaire de Paris, qui était accompa-
gné de M. Terrier et entouré de hautes per-
sonnalités parisiennes, a félicité très vIve-
ment l'auteur du panorama, le peintre Ga-
briel-Rousseau.
« Mon vieil Annam »
0-0-
Grand chasseur devant l'Eternel,
et ce qui est mieux, devant les ti-
gres, les ours, les éléphants, les
rhinocéros et les lions, Pierre Sauvaire, mar-
quis de Barthélemy l'est au Premier chef.
Il vient de réunir sous ce titre : Mon vieil
Annam, ses bêtes, une série de souvenirs,
contes et récits de chasse d'un vivant intérêt,
digne des premiers ouvrages du mime au-
teur, En Indochine (1894-1895), En Indo-
Chine (1896-1897), et Au pays Moï (1903).
On y retrouve à la fois ce ton bonhomme et
familier, cette précision et cette netteté dans
le récit qui sont si personnels à Vauteur,
qu'il écrive ou qwil parle.
Détail piquant, la préfoce est due à la
plume d'un de nos plus brillants généraux de
l'armée coloniale, Berdoulat, et c est sur les
coteaux de la région de Valmy-Af assiges, le
ier mai 1915, que le commandant du glorieux
Ier corps d'armée colonial fit la connaissante
du lieutenant de Barthélemy, blessé au
fied, qu'il prit dans son état-major. Ils ne
se connaissaient pas, mais tous deux connais-
saient bien Cam Ranh, car si c'est en juin
1886 que le sous-lieutenant Berdoulat débar-
quait en rade de Cam Ranh avec sa compa-
gnie d'infanterie coloniale, c'est à Cam Ranh
que le marquis de Barthélemy passa la plus
longue partie de sa vie indochinoise qui aura
plusieurs lustres et prit fin avec le début des
hostilités.
Le port de Cam Ranlt, sa rade, ses abris,
son arrière-pays, on peut dire que le mar-
quis de Barthélémy en connait les moin-
dres détours. Il n'a vécu là que pour fonder
là une œuvre durable, digne de son pays et
digne de lui.
Les chasses! Oui, récits passionnants que
des amis ont entendus soit au château de
Domwille, soit au castel d'Aubagne où, en-
tre deux apparitions à Paris, l'auteur prend
un contact plus étroit avec sa vieille terre
de France, à laquelle il est, comme nous tous,
si attaché.
Ce qui fait le charme de l'ouvrage, c'est
qu'en quelques pages vous vivez avec l'auteur
des moments palpitants, soit qu'on tire un
ours par surprise, soit que nous assistions à
une promenade d'éléphants venant chercher
en bande sur la côte 1 eau, le sel et le ris, soit
que nous soyons à l'affût d'une panthère,
soit enfin que nous riions bien aux exploits
cy négétiques de Monsieur « Mission spéciale »,
pour lequel le Résident et ses escortes de
miliciens ont mobilisé un tigre tout Prêt.
Mais il y a autre chose que ce vieil An-
nam de bêtes et de chasse que nous montre
aujourd'hui M. de Barthélemy. C'est celui
de la terre et des hommes parmi lesquels il
a si longtemps vécu, que sa femme et lui
connaissent si bien et dont l'on retrouve sou-
vent chez lui les représentants les plus oua-
lifiés lors de leur séjour en France.
Les desiderata des Annamites, leurs aspi-
rations politiques, économiques et sociales,
la volonté de nos protégés - qui le sont si
peu encore, militairement parlant, et guère
plus moralement - de devenir progressive-
ment nos associés, de participer à lo grande
œUVTe active et civilisatrice de la France en
Extrême-Orient et aussi ailhuTs, c'est chez
Vauteur de Mon vieil Annam que j'ai. il y
a quelques années, pour la première fois, i
compris tout cela, loin des rodomontades
puériles d'un gouverneur géréral verbeux 11
des âpretés au gain de quelques condottieri
sans vergogne, qui ont, les unes comme les
autres, nui considérablement à notre œuvre
asiatique et creusé des fossés.
La sagesse et la prudence d'Alexandre Va-
renne auront à s'exercer pour redonner
confiance aux Annamites, assurer la Pros-
périté économique en favorisant nos compa-
triotes honnêtes, en démasquant - ceux qui - lan-
cent affaires sur affaires, ne voyant dans
l'Indochine qu'une perpétuelle spéculation
d'agio et de Bourse.
TJ Indochine est assez belle et assez riche,
en dépit du malaise passager de son bud-
get, pour que tous, Français et Annamites,
puissent, y faire leur vie dans la sécurité et
le progrès.
Marcel Ruedel
Le thon des Antilles
M. Mangin, directeur du Muséum,, a pré-
senté hier à ses collègues de l'Académie
des Sciences de très curieuses observations
recueillies par MM. Cruvel, professeur au
Muséum, et Conseil, chargé de mission a
la Martinique, au sujet de la biologie nu
germon ou thon blanc dans les mers des
Antilles. Tandis que, sur les côtes de Fran-
ce, ces poissons sont toujours stériles et
vides d'œufs et de taitance, dans les mers
des Antilles, au contraire leurs organes gé-
nitaux sont presque toujours très dévelop-
pés. L'ovaire contient entre un et dçux mil-
lions d'œufs. Les auteurs se demandent
s'il ne se passerait pas là le même phé-
nomène que celui signalé par le docteur
Schmidt pour la ponte des anguilles.
A L'OFFICIEL
-0-0---
Nomination d'un notaire
Par décret paru au « J. O. » du 3 octobre,
M. Oallet. de Snint-Aurin (Charles), principal
clerc de notaire, capacitaire en droit, est nom-
mé notaire, à la résidence de Fort-de-France
(Martinique), en remplacement de M. Kaller-
C irangenol, démissionnaire.
La tuberculose
dans les colonies françaises
-H»–
La tuberculose est très répandue dans les
colonies françaises.
Elle exerce de sérieux ravages aux Indes,
à la Réunion, à la Guyane et surtout à Saint-
Pierre et Miquelon, sous l'influence de l'al-
coolisme.
En Nouvelle-Calédonie, l'élément pénal l'a
rapidement propagée chez les Canaques. Avec
la lèpre, elle est un des principaux facteurs
qui menacent de déchéance cette race si cu-
rieuse et si pittoresque.
Dans les vieilles antillaises, aux temps de
l'esclavage, les noirs vivant en famille avec
les planteurs, bien nourris et bien soignés, ne
connaissaient guère la maladie. Depuis qu'ils
ont été admis à la liberté, ils vivent en pro-
miscuité dans des cases malpropres, et leurs
réactions tuberculiniques atteignent 41
A Madagascar, elle est fréquente chez les
Hovas des Hauts Plateaux et plus rare parmi
les populations côtières.
En Afrique, elle était surtout localisée aux
villes du littoral. Pendant la guerre, à la
suite du recrutement intense des troupes noi-
res, elle a tenté de se disséminer dans l'inté-
rieur du pays, mais on ne cite encore que
quelques cas isolés, sans tendance à la géné-
ralisation. Les premiers contingents sénéga-
lais, à leur arrivée en France, n'onf fourni
qu'un faible pourcentage de suspects aux exa-
mens pratiqués dans les camps de concentra-
tion de Fréjus et de Saint-Raphaël ; 4 ou 5
seulement d'entre eux ont réagi au test de
la cutiréaction. Plus tard, beaucoup ont pré-
senté des manifestations graves analogues à
celles que l'on observe chez les enfants, c'est-
à-dire sur des terrains à peu près vierges de
toute contamination extérieure. Les statisti-
ques de ces dernières années indiquent que
le taux de morbidité qui avait été de 23
en 1919 a diminué progressivement pour at-
teindre les chiffres de 3,2 0/00 en 1919 et
4 0/00 en 1923 et 1924.
En Indochine, la tuberculose est assez rare
au Laos, isolé dans ses frontières et dont le
débloquement est seulement amorcé, mais
elle est en progression dans la plupart des au-
tres provinces de l'Union. Alors qu'en 1910,
les statistiques enregistraient 404 cas avec
57 décès, elles donnent pour l'année 1923,
2.817 cas avec 726 décès.
Cette extension de la tuberculose en Indo-
chine tient principalement au brassage plus
intensif des groupements humains et au dé-
veloppement des échanges intercommerciaux
qui amènent chaque jour une foule plus nom-
breuse, au contact des centres urbains conta-
minés. C'est ainsi qu'en Cochinchine, terri-
toire très peuplé, sur 2.916 individus exami-
nés, l'épreuve de la cuti-réaction a donné
un pourcentage de 67 %, chiffres analogues à
ceux observés en Europe.
C'est dans cette province que la lutte anti-
tuberculose a été entamée dans les conditions
les plus rationnelles par l'Institut Pasteur de
Saïgon. Elle servira de base à toutes les or-
ganisations futures et peut se schématiser
comme il suit :
io Organisation d'un service de dépistage;
20 Education hygiénique du Public (brochu-
res de propagandes en français et cn anna-
mite, films, affiches, conférences, etc.) ;
30 Protection des exposés et préservation de
V enfance, réalisée à Cholon par la création
d'un Comité municipal d'études de la tuber-
culose (examen des élèves des écoles, envoi
des suspects dans des écoles en plein air, des
sanatona, des hôpitaux, etc.);
4° Traitement dans les hôpitaux des tuber-
culeux avérés et isolement des porteurs de
germes.
D'autre part, M. André liesse a prescrit
la mise en essai en Indochine et en A. O. F.
de la vaccination par le vaccin B. C. G. de
Calmette des nourrissons âgés de quelques
jouts. Cette vaccination sera également ex-
périmentée sur des hommes des contingents
indigènes présentant une cuti-réaction néga-
tive et destinés à servir dans la métropole et
aux T. O. E., période pendant laquelle ils
sont exposés à contracter les formes les plus
graves de la tuberculose. On voit les immen-
ses avantages de la vaccination si elle était
confirmée par l'expérience et son heureuse in-
fluence pour la conservation des effectifs mal-
gaches et africains.
Ces essais ont été confiés aux laboratoires
de Saigon, de Dakar et de Tananarive, oui,
approvisionnés par l'Institut Pasteur de Pa-
ris en semences vaccinales, préparent le vac-
cin sur place en se conformant rigoureuse-
ment aux indications données par cet établis-
sement scientifique.
Cette rapide promenade statistique à tra-
vers les colonies françaises, nous permet
d'établir que l'infection bacillaire est inéga-
lement répandue sur les divers territoires et
que son intensité est proportionnelle à la den-
sité des agglomérations humaines et à l'acti-
vité de leurs échanges commerciaux qui mul-
tiplient les occasions de contagion. Elle appa-
raît ainsi comme la rançon de ce qu'on est
convenu d'appeler ta civilisation, bien qu'elle
n'exprime, en définitive, que les transfor-
mations de la vie matérielle.
La conclusion serait d'obliger les races à
vivre en ordre dispersé à la surface de la
terre, mais il a été reconnu que la grande
ville exerce sur l'individu une profonde at-
traction, malgré les difficultés d'existence
qu'elle impose, et que les peuples se placent
de plus en plus sous une interdépendance
économique mutuelle. Dans ces conditions,
l'hygiéniste ne peut que s'efforcer de lutter
contre les excès de la civilisation qui l'escor-
tent comme l'ombre suit le corps.
La Belgiqie honore aD savant français
î.o docteur Vinrent, inspecteur général du
service de santé de l'armée, membre de l'Aca-
(Iém ie des sciences, l'inventeur des sérums ty-
phique, paratyphique et polyvalent, tant appré-
cias aux Colonies l't, l'auteur de très beaux
travaux sur les épidémies, vient d'être nommé
par décret royal, grand-croix de la Couronne de
Belgique.
Après la Résidence générale
du Maroc
M. Th. Steeg, garde des Sceaux, étant nom-
mé aujourd'hui Résident Général de France au
Maroc, le portefeuille de la Justice devient
vacant.
Par un sentiment de convenance bien natu-
rel, M. Painlevé a décidé qu'il ne serait pas
pourvu à son remplacement jusqu' au retour de
MM. J. Caillaux, qui navigue actuellement
sur l'Atlantique, et Aristide Briand, qui repré-
sente la France à Locamo.
Cela n'empêche pas le petit jeu des combi-
naisons de s'échafauder. Les uns annoncent que
M. Schrameck passerait place Vendôme et se-
rait remplacé par M. Camille Chautemps, an-
cien ministre de 1" Intérieur, dans le cabinet
Herriot.
D'autres annoncent que M. A. de Monzie,
avocat fameux, qui ne se plait pas follement
rue de Grenelle, remplacerait M. Steeg, à
moins que ce ne soit M. André Hesse, mi-
nistre des Colonies, avocat réputé, et hier en-
core, avanlt 100 arrivée rue Oudinot, président
de la Commission de la Législation civile et
criminelle. Nos informateurs ajoutent que, dans
l' un comme dans l'autre cas, M. Edouard
Daladier, ancien ministre des Colonies, succé-
derait à M. de Monzie ou à M. André Hesse.
Pour dire la vérité, nous ne cacherons pas
que, pas plus M. Daladier qu'aucun autre an-
cien collaborateur de M. Herriot n'a été tou-
ché par une offre quelconque de M. Painlevé,
et il n' est pas permis d'affirmer que l' offre se-
rait acceptée. En ce qui concerne l' ancien mi-
nistre des Colonies, notamment, il est actuelle-
ment dans le Midi, retenu par des préoccupa-
tions de santé familiale ; il se rendra au Con-
grès de Nice à la fin de la semaine prochaine
et ne reviendra à Paris que juste pour la ren-
trée des Chambres.
Un de nos confrères qui semble mieux
tuyauté ajoute qu'il n'y aura pas de grands re-
maniements ministériels," que tout se bornera à
boucher le trou créé par le départ de M. Steeg,
qu'il est même probable que le remaniement
se fera au sein même du Ministère et précise
que M. Georges Bonnet, le sympathique sous-
secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil,
qui rappelle par ses brillantes qualités feu
Pierre Baudin, serait promu au Ministère de
l'Instruction publique. Mais si c'était M. An-
dré Hesse qui passait place Vendôme, le nom
de M. Ch. Daniélou, sous-secrétaire d'bat à
la Marine marchande, est mis en avant pour
la rue Oudinot.
M. Roux-Freitsineng à Fez
0-0
Poursuivant son inspection du Maroc orien-
tal, notre distingué collaborateur et ami M.
Roux-Freissineng, député d'Oran, était de
passage à Fez la semaine dernière.
dot*-
En Méditerranée
-0-0
Le it Bambara » et L' « Annamite », tor-
pilleurs d'escadre, qui avaient ivjoint Tou-
lon pour s'y faire caréner, sont du nouveau
dans les eaux du Mai oj.
Le croiseur « Strasbourg » est en répara-
tion à l'arsenal de Toulon.
11 doit rallier le plus tôt possible la côte
rifaine.
A l'Académie des Sciences
----()-&--
Un crapaud marocain monstre
Le professeur Houvier u annoncé que pen-
dant une mission en cours actuelle-
ment au Maroc, en vue d'y étudier les pois-
sons et les batraciens, le docteur Pellegrin,
assistant au Muséum d'histoire naturelle, a
eu l'occasion de rencontrer une csipëce de
crapaud particulièrement intéressante.
D'une taille gigantesque pour un animal
de cette espèce, ce batracien, dont les lar-
ves sont d'une dimension telle qu'on se de-
mande comment les crapauds qui leur ont
donné nuissance ont pu effectuer leur ponte
dans les pays désertiques H dépourvus
d'eau où - on les rencontre, présente, en effet,
cette particularité peu ordinaire d'être pour-
vu d'un urgane à. raide duqu l il lui est
possible 'le fouiller le sol.
-00-
Hommage posthume à H. Dervilté
Le jury supérieur international des ré-
compenses de l'Exposition internationale
des arts décoratifs s'est réuni hier, sous Ui
présidence du commissaire général. M. Fer-
nand David a prononcé l'éloge funèbre Je
M. Stéphane Dorvillé, président du jury in-
lernalional, qui fut au premier rang de ceux
qui contribuèrent à la réalisation de l'expo-
sition de 1925, et indiqué que, d'accord avec
le ministre du Commerce, le fauteuil de la
présidence du jury inlcrnationnl. serait lais-
se vacant.
M. Warchalowski, commissaire général
de Pologne, au nom de ses collègues étran-
gers, s'associa à cet hOllHnnge, et ;a séance
fut levée en signe de deuil.
.000 -
Des parlementaires au Maroc
---()+-
MM. I ,ouis Serre, sénateur; Lé'mi H.uvly,
Viclor .Tenu (>1 Le C.oibeiller. députés, «pu
se sont donné comme mission «l'étudier hi
situation économique du 'Marne ont débitr-
qué avant-hier h Casablanca il burd d<
VAnfa. Ils ont visité hier les hôpil;nix.
Chez les Noirs
--0-0--
La Notion d'un Etre Suprême
La plupart des tribus encore primitives de
l'Afrique hiquatoriale ou Centrale ont la notioo
d'un être matérialisé ou non qui est supérieur
à tout, qui est maître des éléments, et qui se
trouve généralement au-dessus de la terre, au
delà des nuages.
Dans rOubangui, N' Zapa, chez les Sangos,
les Langouassis, les Yakomas, les Boubous,
est maître principalement des éléments. Quand
une tornade menace, le féticheur réussit à
l'éloigner en agitant en l'air un chasse-mouche
et en sifflant à l' aide d' un sifflet en bois, et il
invoque N'Zapa pendant toute cette cérémo-
nie qui, un jour en ma présence, a réussi. chez
tous ces indigènes cités plus haut, l'être suprê-
me est dans les airs ou dans les nues.
Chez les Bashi du Congo belge, au contraire,
Nyamuzinda, l'unique créateur, le dispensateur
de la vie est sous terre. Les phénomènes natu-
rels, ceux qui frappent davantage l'imagina-
tion par leur grandeur et leur étrangeté, tels les
éléments décharnés, relèvent directement de
la causalité. « Nyartmzinda, écrit le Père Col-
le, des Pères Blancs, dans la revue Congo, a
commis aux âmes des défunts, aux bazimu, les
besoins particuliers des hommes, il délègue ses
pouvoirs, et son habitat est sous terre « e Kuzi-
mu » dans le royaume de la mort.
Si quelque mal sévit, on ne s'en prend pas
aux bazimu, qui sont trop près des Bashi, mais
c'est Nyamuzinda qui est insulté et maudit sans
danger, car il est loin. Ignorant les désirs de
l'être suprême, les Bashi lui font des offrandes
légères. Bien qu'il habite sous terre, il est par-
tout, comme le dieu des Blanc. il voit tout,
il entend tout. Par les volcans en éruption, il
manifeste sa présence.
Chez les Bahunde, le dieu est redouté, il
n'est pas le créateur, mais le plus puissant des
mânes ancestraux, chargé de répartir la mort
parmi les hommes.
Notons un autre dieu avec lequel les Bahun-
de le confondent. C'est Nyamutagira, grand gé-
nie, qui manifeste sa présence sous forme de
serpent colorié (l' arc-en-ciel). On lui accorde
une épouse. Nyamiberc, et une fille, Bumgo.
Au Nord de Kivu, Nyamuzinda est le roi des
défunts, le Pluton des anciens, et au sud-ouest
du lac Kivu. Lungwe est honoré comme créa-
teur, peuplant les forêts d'animaux. Dans ce
Rwanda Imana désigne la cause première, le
créateur, l'Etre immatériel qui a toujours existé,
n' a jamais été homme et est honoré de tous.
Personne n'oserait lui adresser la moindre in-
sulte, car il est bon de sa nature. C'est un dieu
personnel. Dans cette région, Imana veut dire :
't Celui d'en haut n. comme N'Zapa dans
l'Oubangui. Il ressemble étonnamment au Dieu
des Chrétiens.
Au Tanganyika. Dieu c'est Mungu.
Nous voyons donc que dans toutes ces tri-
bus primitives, on a une idée assez juste de
l'Etre suprême. C'est ce qui a facilité la tâche
des missionnaires pour amener leurs néophytes
à l'idée de Dieu qu'ils - ont matérialisé par
l'image, les médailles et les statuettes et dont
ils se sont fait les Bazimu.
E. D.
Les adieuxduMarÉcbalLyauley
0
Sa lettre de démission
A l'ouverture de la séance du Conseil de
Gouvernement qui s'est tenu hier, à Rabat,
lo maréchal Lyautey, en faisant ses adieux
a lu la lettre suivante qu'il a adressée au
Gouvernement pour lui demander à être
remplacé comme résident générai au Ma-
roc :
Rabat, le 25 septembre 192.
Les iternières opérations militaires vien-
nent de réaliser un redressement qui
nuits replaee sensiblement sur les lignes
I/IW nous occupions avant l'agression ri-
laine.
IM situation du protectorat se trouve ré-
tablie telle qu'elle était en avril, c'est-à-
dire au }>otut oii elle, avait ele portée après
treize ans de ftroijression continue.
Je crois avoir le droit de. dire que ma bi-
elle,, telle qu'elle m'tlrait été confiée en
ll,)12, a été remplie.
Tant que le Maroc a été en péril, je ne
me suis pas permis de renouveler la de-
mande de remplacement que i'avais pré-
sentee au (Umvernemenl en 1!> £ 1 et en 1924,
demande mtdivéc }>ar de graves iiccidents
de sauté et par le besoin d'un repos auquel
mes ;i<) ans d'activité coloniule me don-
naient légitimement droit.
Du ptur ait la menace rifaine, que
l avais signalée arce une inquiétude crois-
sante. s'est réc''y'é-> è l'-qtoque où mes rap-
ports l'avaient fait prévoir, (e n'ai pins eu
d'autre, pensée que de tenir le. coup avec les
moiiens réduits dont je disposais au début
et île sauver la situation.
Aujourd'hui, on peut sincèrement afjir-
mer l'importance des effectifs à pied. d'ft'UVre,
l'avenir peut être envisagé avec confiance.
C'est donc, e,i toute sècuiite de cons-
cience ipie je demande à être, relevé de mes
fonctions de einnmissaire résident générai
au Maroc.
An demeurant, lu question ilu lïif Olll)ffJ
des p,."{,f,"m,,. nouveaux, comme je l'ex-
pose dans /a lettre confidentielle ct-join/e,
rappelant ce qui a été réalisé depuis l'agres-
sion rifaine.
A ces problèmes nouveaur. qui iteman-
d'ynt i) être abonlés et suivis nuité. il faut un homme nouveau, dans /<»
Les Annales Coloniales
- d d e « , 4
JOURNAL QUOTIDIEN
Ui AMNUI nJMJÉS FA* mi AMNALBCOLOMIAL»" MNIT LA fROHÉlI
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On l'âboaae du* toi» Im Bomu da potte et chez l«s principaux IiltniN8
Ou praorawaiB l'actiol pour Il luisto
be-
La critique est facile. Ainsi commence la troi-
sième partie du petit livre de M. André Ser-
vier : m Le Problème tunisien et la question du
peuplement français. » L'art de proposer des
remèdes efficaces à une situation inquiétante est
plus difficile. M. Servier s'y est risqué : ber-
bère, italienne, la Tunisie n'est pas française :
comment faire pour qu'elle le devienne ?
Avant tout, la franciser : la peupler de Fran-
çais, assimiler les étrangers et les indigènes.
La peupler de Français ? C' est bien dit, s'il le
peut. Mais quoi, notre natalité nous permet-
elle de pareils espoirs ? M. Servier ne se pose
pas la question, et peut-être n'a-t-il pas tort. Si
on s' arrêtait dès le début, on finirait par ne rien
faire.
Il propose une propagande active en faveur
du recrutement des colons, en partant de cette
idée que les colons paysans peuvent être recru-
tés dans la métropole, et il demande « une
organisation assez spuple pour encourager toutes
les initiatives, utiliser tous les concours ». Soit.
Sans doute, le paysan de France, reconnaît M.
Servier, ne s' expatrie pas volontiers. Mais si on
lui démontrait qu'il sera plus heureux en Tuni-
sie que dans son département d' origine ? Si on
le dégrevait d'impôts ? Si on diminuait pour lui
la durée du service militaire ? Si on donnait de
nombreux congés agricoles aux militaires fran-
çais de Tunisie pour travailler la terre ? Si on
accordait des facilités aux militaires et aux
fonctionnaires retraités qui voudraient rester ?.
Essayons. Il faut tout essayer pour avoir la sa-
tisfaction de se dire à soi-même qu' on n'a rien
négligé de ce qui peut sauver notre Afrique du
Nord.
Avec ces colons paysans, on créera des vil-
lages français : colonisation démocratique. On
réservera les deux - cinquièmes des lots - aux
paysans venant de la métropole ; un cinquième
pour ceux qui arriveront d'Algérie ; deux cin-
quièmes aux naturalisés et aux indiaènes; cela
déciderait bien des étrangers à opter pour la
nationalité française. Enfin on gardera, à coté
des concessions, un certain nombre de lots des-
tinés aux enfants des colons qui naîtraient dans
les nouveaux villages. Il y a là un ensemble
d8icl6et heureuses : l'essentiel est qu'il y ait des
colons.
Mais la deuxième partie du programme ne
soulève pas la même objection: il y a des étran-
gers et des indigènes en Tunisie ; qu'on les
« francise » avec moins de parcimonie qu'en
ces dernières années. Il a fallu trente ans pour
naturaliser 1.607 Italiens, 415 Maltais, 324
Européens, 201 Musulmans, 213 Israélites.
C'est là un des aspects de ces problèmes de
naturalisation que j'ai moi-même si souvent exa-
minés. J'ai appris par l'expérience combien
d'obstacles de toutes sortes l' administration
dresse comme à plaisir devant les gens qui dé-
sirent être Français. Je ne parle. bien entendu,
que de ceux qui le méritent. Tous les parle-
mentaires qui sont intervenus afin de faire dis-
paraître des impedimenta inventés ou démesu-
rément grossis, tous ceux qui ont eu à lutter
contre les lenteurs, et pourquoi ne pas récrire?
la mauvaise volonté des services de naturalisa-
tion, pourraient apporter des exemples : là,
Servier a pleinement raison. Certes, il voit,
mieux que nous encore, quel serait le péril d'as-
similations trop nombreuses ; il ne veut pas que
nous tombions de Charybde en Scilla ï mais il
a raison de réclamer qu'on place à la porte
d'entrée des contrôleurs vigilants et circonspects
non des Cerbères qui mettent les gens en fuite.
De même, il serait juste d'appliquer aux Ita-
liens le régime appliqué aux Anglo-Maltais, et
de les naturaliser automatiquement et obligatoi-
rement à la troisième génération ; d'adopter
plus libéralement les Israélites, qui ont si rapi-
dement et si heureusement évolué depuis notre
établ issement, et dont j'ai entendu certains se
plaindre, non sans quelque vraisemblance, de
la défiance absurde dont ils étaient l'objet ; de
travailler longuement et progressivement à trans-
former le Berbère, sans manquer en rien à la
neutralité sympathique et à le rapprocher de
nous pour qu'il prenne à son tour sa place dans
la grande - famille -- française.
Dans ce programme d'action prennent rang
les réfonnes administratives ; d' abord, un per-
sonnel ayant trois qualités essentielles : expé-
rience de l'Islam et des Berhères africains ; foi
dans la grandeur et l'utilité de F œuvre d'assis
milation dans notre Afrique du Nord ; «désir
arrêté d'agir et de réaliser. L'Algérie a ce per-
sonnel, la Tunisie non, « elle est encore un
royaume arabe ». Changement de méthode,
changement de personnel ; remplacer par des
colonisateurs les voyageurs en diplomatie qui ne
font que passer, confier les destinées de la Tu-
nisie à des Africains, des arabisants, des fami-
tiers de l'Islam, et les y fixer pour qu'ils ac-
complissent avec le temps une œuvre que le
temps respecte.
Le Résident devrait résider toute sa vie. De
1883 à 1924, neuf résidents se sont succédé ;
pendant cette période, r Egypte n a eu que
deux Gouverneurs, ou même elle n'a eu qu'une
direction, le second gouverneur ayant été formé
par le premier. Dans cette terre à peine échap-
pée à la barbarie, où la prospérité est précaire,
où la richesse est fragile, où les individus sont
des pionniers, où les initiatives marchent à tâ-
tons, où l'outillage est insuffisant. où les forces
naturelles ne sont pas maîtrisées, où le Fran-
çais, submergé par les étrangers et les indi-
gènes, ne sait pas de quoi demain sera fait, il
est indispensable que le résident soit plus qu'ail-
leurs un directeur et un guide, et qu'il consacre
son existence à ce double rôle : sans cela, I'oeu-
vre est compromise.
Et comme, d'autre part, cette œuvre du peu-
plement français est non pas une œuvre tuni-
sienne, mais d'intérêt national, la décision en
matière de peuplement doit appartenir à la
France, loin des milieux tunisiens, où les égoïs-
mes locaux, les intérêts personnels, les préoccu-
pations plus mesquines inspirent trop souvent les
pensées et déterminent les résolutions. Création
de foyers français, établissement des villages,
attribution de lots, tout cela doit échapper aux
assemblées élues où siègent les représentants
des fonctionnaires ou des - indigènes. C' est - à
Paris, au cœur même de la France, que de-
vraient être résolus de pareils problèmes qui sont
d' ordre français, d'ordre nationa l.
Tel est le programme d' action qui suit la
partie critique de l' opuscule et qui s'appuie sur
elle. Je voudrais donner il a conclusion de M.
Servier. Elle est un acte de foi en même temps
qu'un cri d'espérance. « Il y a en Tunisie bon
nombre de terres propres à la colonisation. Il
faut se hâter de les peupler. La tâche essen-
tielle, c'est d'attirer dans la Régence le plus
grand nombre possible de paysans français, afin
d'absorber l'élément italien et de faire évoluer
l'élément indigène. Si nous accompl issons cette
tâche, nous n' aurons à redouter ni le nationa-
lisme musulman, ni le communisme soviétique,
ni l'impérialisme italien. Si nous ne l'accom-
plissons pas, nous aurons beau prendre les me-
sures de police les plus sévères, nous finirons
par être débordés, submergés, et, en fin de
compte, expulsés.
« Le problème tunisien est, en définitive, un
problème national. Nous l'avons résolu en Al-
gérie. Il n'est donc pas au-dessus de nos for-
ces. »
Ces derniers mots sont cf un homme qui ne
croit pas que nous serons débordés, submergés,
expulsés. Ils expriment une confiance raisonnée
dans notre œuvre de colonisation tunisienne :
que M. Servier soit bon prophète 1 Puisse son
livre ouvrir les yeux de ceux qui ne voient pas
et décider ceux qui voient à accomplir l'effort,
prélude du succès.
Mario Routtan,
Sénateur de l'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
ville oie.
Au jardin colonial de Nogent
-0-0---
M. André Hesse, ministre des Colonies, et
M. Alexandre Varenne, Gouverneur Général
de l'Indochine, visiteront le jeudi 8 octobre,
à io h. 30, au Jardin colonial de No^ent^sur-
Marne, le temple commémoratif dédié par le
Souvenir Indochinois aux Annamites et Cam-
bodgiens morts pour la France pendant la
grande guerre.
Qoe-
EN SYRIE
La situation
La principale colonne du groupe mobile
du générall Gamelin a atteint Rusas, situé
à 6 kilomètres I,lU sud de Soueïda. Un cer-
tain nombre de ichefs locaux appartenant
au clan d'Atrash, ont offert leur soumis-
sion sans condition. On annonce aussi,
mais la nouvelle n'est pas officiedlement
confirmée, que le sultan, Ipllcha d'Atrash
a fait connaître qu'il était disposé à se sou-
mettre si on lud garantissait la vie sauve
ainsi qu'à son frère Seid. La coilonne fran-
çaise a repris à l'ennemi trois des canons
perdus le 2 août.
Des troubles d'un caractère nettement
local, dont des nomadles semblent être les
principaux exécutants, ont ôdaté à Hama.
Toutes les dispositions sont prises pour
rétablir l'ordre dans le plus bref délai.
Une nouvelle du « Lokal Anzeiger »
selon laquelle des officiers et un drapeau
français auraient été insultés à Damas, est
dénuée de itout fondement.
Les fêtes de la Nativité du prophète se
sont déroulées dans un calme absolu à
Damas.
Une enquête
Le ministre de la (Guterre, président du
Conseil, a prescrit l'ouverture d'une en-
quête générale sur les événements qui se
sont déroulés en Syrie depuis la révolte
des Druses et M. Painlevé a chargé de
cette enquête, le général Duport., du conseil
supérieur de la guorre.
Le général Duport recueillera d'abord, à
Paris, Ses dépositions du général Michaud
et des divers témoins qui se trouvent en
ce moment en France ; il a d'ores et déjà
commencé l'étude des documente parvenus
au iiiiiii&tèilo de la guerre. Il se rendra
ensuite en Syrie.
* IEWOIIIIM da tus EICONOIs
--00--
Le Panorama de l'Afrique française
Le général Gouraud, gouverneur militaire
de Paris, a visité, hier soir, le panorama de
l'Afrique Française, à l'exposition des Arts
décoratifs. Il a pris un grand plaisir à voir
défiler l'immense toile peinte qui donne l'il-
lusion parfaite d'un voyage sur un paque-
bot, de Marseille à Casablanca. Le gouver-
neur militaire de Paris, qui était accompa-
gné de M. Terrier et entouré de hautes per-
sonnalités parisiennes, a félicité très vIve-
ment l'auteur du panorama, le peintre Ga-
briel-Rousseau.
« Mon vieil Annam »
0-0-
Grand chasseur devant l'Eternel,
et ce qui est mieux, devant les ti-
gres, les ours, les éléphants, les
rhinocéros et les lions, Pierre Sauvaire, mar-
quis de Barthélemy l'est au Premier chef.
Il vient de réunir sous ce titre : Mon vieil
Annam, ses bêtes, une série de souvenirs,
contes et récits de chasse d'un vivant intérêt,
digne des premiers ouvrages du mime au-
teur, En Indochine (1894-1895), En Indo-
Chine (1896-1897), et Au pays Moï (1903).
On y retrouve à la fois ce ton bonhomme et
familier, cette précision et cette netteté dans
le récit qui sont si personnels à Vauteur,
qu'il écrive ou qwil parle.
Détail piquant, la préfoce est due à la
plume d'un de nos plus brillants généraux de
l'armée coloniale, Berdoulat, et c est sur les
coteaux de la région de Valmy-Af assiges, le
ier mai 1915, que le commandant du glorieux
Ier corps d'armée colonial fit la connaissante
du lieutenant de Barthélemy, blessé au
fied, qu'il prit dans son état-major. Ils ne
se connaissaient pas, mais tous deux connais-
saient bien Cam Ranh, car si c'est en juin
1886 que le sous-lieutenant Berdoulat débar-
quait en rade de Cam Ranh avec sa compa-
gnie d'infanterie coloniale, c'est à Cam Ranh
que le marquis de Barthélemy passa la plus
longue partie de sa vie indochinoise qui aura
plusieurs lustres et prit fin avec le début des
hostilités.
Le port de Cam Ranlt, sa rade, ses abris,
son arrière-pays, on peut dire que le mar-
quis de Barthélémy en connait les moin-
dres détours. Il n'a vécu là que pour fonder
là une œuvre durable, digne de son pays et
digne de lui.
Les chasses! Oui, récits passionnants que
des amis ont entendus soit au château de
Domwille, soit au castel d'Aubagne où, en-
tre deux apparitions à Paris, l'auteur prend
un contact plus étroit avec sa vieille terre
de France, à laquelle il est, comme nous tous,
si attaché.
Ce qui fait le charme de l'ouvrage, c'est
qu'en quelques pages vous vivez avec l'auteur
des moments palpitants, soit qu'on tire un
ours par surprise, soit que nous assistions à
une promenade d'éléphants venant chercher
en bande sur la côte 1 eau, le sel et le ris, soit
que nous soyons à l'affût d'une panthère,
soit enfin que nous riions bien aux exploits
cy négétiques de Monsieur « Mission spéciale »,
pour lequel le Résident et ses escortes de
miliciens ont mobilisé un tigre tout Prêt.
Mais il y a autre chose que ce vieil An-
nam de bêtes et de chasse que nous montre
aujourd'hui M. de Barthélemy. C'est celui
de la terre et des hommes parmi lesquels il
a si longtemps vécu, que sa femme et lui
connaissent si bien et dont l'on retrouve sou-
vent chez lui les représentants les plus oua-
lifiés lors de leur séjour en France.
Les desiderata des Annamites, leurs aspi-
rations politiques, économiques et sociales,
la volonté de nos protégés - qui le sont si
peu encore, militairement parlant, et guère
plus moralement - de devenir progressive-
ment nos associés, de participer à lo grande
œUVTe active et civilisatrice de la France en
Extrême-Orient et aussi ailhuTs, c'est chez
Vauteur de Mon vieil Annam que j'ai. il y
a quelques années, pour la première fois, i
compris tout cela, loin des rodomontades
puériles d'un gouverneur géréral verbeux 11
des âpretés au gain de quelques condottieri
sans vergogne, qui ont, les unes comme les
autres, nui considérablement à notre œuvre
asiatique et creusé des fossés.
La sagesse et la prudence d'Alexandre Va-
renne auront à s'exercer pour redonner
confiance aux Annamites, assurer la Pros-
périté économique en favorisant nos compa-
triotes honnêtes, en démasquant - ceux qui - lan-
cent affaires sur affaires, ne voyant dans
l'Indochine qu'une perpétuelle spéculation
d'agio et de Bourse.
TJ Indochine est assez belle et assez riche,
en dépit du malaise passager de son bud-
get, pour que tous, Français et Annamites,
puissent, y faire leur vie dans la sécurité et
le progrès.
Marcel Ruedel
Le thon des Antilles
M. Mangin, directeur du Muséum,, a pré-
senté hier à ses collègues de l'Académie
des Sciences de très curieuses observations
recueillies par MM. Cruvel, professeur au
Muséum, et Conseil, chargé de mission a
la Martinique, au sujet de la biologie nu
germon ou thon blanc dans les mers des
Antilles. Tandis que, sur les côtes de Fran-
ce, ces poissons sont toujours stériles et
vides d'œufs et de taitance, dans les mers
des Antilles, au contraire leurs organes gé-
nitaux sont presque toujours très dévelop-
pés. L'ovaire contient entre un et dçux mil-
lions d'œufs. Les auteurs se demandent
s'il ne se passerait pas là le même phé-
nomène que celui signalé par le docteur
Schmidt pour la ponte des anguilles.
A L'OFFICIEL
-0-0---
Nomination d'un notaire
Par décret paru au « J. O. » du 3 octobre,
M. Oallet. de Snint-Aurin (Charles), principal
clerc de notaire, capacitaire en droit, est nom-
mé notaire, à la résidence de Fort-de-France
(Martinique), en remplacement de M. Kaller-
C irangenol, démissionnaire.
La tuberculose
dans les colonies françaises
-H»–
La tuberculose est très répandue dans les
colonies françaises.
Elle exerce de sérieux ravages aux Indes,
à la Réunion, à la Guyane et surtout à Saint-
Pierre et Miquelon, sous l'influence de l'al-
coolisme.
En Nouvelle-Calédonie, l'élément pénal l'a
rapidement propagée chez les Canaques. Avec
la lèpre, elle est un des principaux facteurs
qui menacent de déchéance cette race si cu-
rieuse et si pittoresque.
Dans les vieilles antillaises, aux temps de
l'esclavage, les noirs vivant en famille avec
les planteurs, bien nourris et bien soignés, ne
connaissaient guère la maladie. Depuis qu'ils
ont été admis à la liberté, ils vivent en pro-
miscuité dans des cases malpropres, et leurs
réactions tuberculiniques atteignent 41
A Madagascar, elle est fréquente chez les
Hovas des Hauts Plateaux et plus rare parmi
les populations côtières.
En Afrique, elle était surtout localisée aux
villes du littoral. Pendant la guerre, à la
suite du recrutement intense des troupes noi-
res, elle a tenté de se disséminer dans l'inté-
rieur du pays, mais on ne cite encore que
quelques cas isolés, sans tendance à la géné-
ralisation. Les premiers contingents sénéga-
lais, à leur arrivée en France, n'onf fourni
qu'un faible pourcentage de suspects aux exa-
mens pratiqués dans les camps de concentra-
tion de Fréjus et de Saint-Raphaël ; 4 ou 5
seulement d'entre eux ont réagi au test de
la cutiréaction. Plus tard, beaucoup ont pré-
senté des manifestations graves analogues à
celles que l'on observe chez les enfants, c'est-
à-dire sur des terrains à peu près vierges de
toute contamination extérieure. Les statisti-
ques de ces dernières années indiquent que
le taux de morbidité qui avait été de 23
en 1919 a diminué progressivement pour at-
teindre les chiffres de 3,2 0/00 en 1919 et
4 0/00 en 1923 et 1924.
En Indochine, la tuberculose est assez rare
au Laos, isolé dans ses frontières et dont le
débloquement est seulement amorcé, mais
elle est en progression dans la plupart des au-
tres provinces de l'Union. Alors qu'en 1910,
les statistiques enregistraient 404 cas avec
57 décès, elles donnent pour l'année 1923,
2.817 cas avec 726 décès.
Cette extension de la tuberculose en Indo-
chine tient principalement au brassage plus
intensif des groupements humains et au dé-
veloppement des échanges intercommerciaux
qui amènent chaque jour une foule plus nom-
breuse, au contact des centres urbains conta-
minés. C'est ainsi qu'en Cochinchine, terri-
toire très peuplé, sur 2.916 individus exami-
nés, l'épreuve de la cuti-réaction a donné
un pourcentage de 67 %, chiffres analogues à
ceux observés en Europe.
C'est dans cette province que la lutte anti-
tuberculose a été entamée dans les conditions
les plus rationnelles par l'Institut Pasteur de
Saïgon. Elle servira de base à toutes les or-
ganisations futures et peut se schématiser
comme il suit :
io Organisation d'un service de dépistage;
20 Education hygiénique du Public (brochu-
res de propagandes en français et cn anna-
mite, films, affiches, conférences, etc.) ;
30 Protection des exposés et préservation de
V enfance, réalisée à Cholon par la création
d'un Comité municipal d'études de la tuber-
culose (examen des élèves des écoles, envoi
des suspects dans des écoles en plein air, des
sanatona, des hôpitaux, etc.);
4° Traitement dans les hôpitaux des tuber-
culeux avérés et isolement des porteurs de
germes.
D'autre part, M. André liesse a prescrit
la mise en essai en Indochine et en A. O. F.
de la vaccination par le vaccin B. C. G. de
Calmette des nourrissons âgés de quelques
jouts. Cette vaccination sera également ex-
périmentée sur des hommes des contingents
indigènes présentant une cuti-réaction néga-
tive et destinés à servir dans la métropole et
aux T. O. E., période pendant laquelle ils
sont exposés à contracter les formes les plus
graves de la tuberculose. On voit les immen-
ses avantages de la vaccination si elle était
confirmée par l'expérience et son heureuse in-
fluence pour la conservation des effectifs mal-
gaches et africains.
Ces essais ont été confiés aux laboratoires
de Saigon, de Dakar et de Tananarive, oui,
approvisionnés par l'Institut Pasteur de Pa-
ris en semences vaccinales, préparent le vac-
cin sur place en se conformant rigoureuse-
ment aux indications données par cet établis-
sement scientifique.
Cette rapide promenade statistique à tra-
vers les colonies françaises, nous permet
d'établir que l'infection bacillaire est inéga-
lement répandue sur les divers territoires et
que son intensité est proportionnelle à la den-
sité des agglomérations humaines et à l'acti-
vité de leurs échanges commerciaux qui mul-
tiplient les occasions de contagion. Elle appa-
raît ainsi comme la rançon de ce qu'on est
convenu d'appeler ta civilisation, bien qu'elle
n'exprime, en définitive, que les transfor-
mations de la vie matérielle.
La conclusion serait d'obliger les races à
vivre en ordre dispersé à la surface de la
terre, mais il a été reconnu que la grande
ville exerce sur l'individu une profonde at-
traction, malgré les difficultés d'existence
qu'elle impose, et que les peuples se placent
de plus en plus sous une interdépendance
économique mutuelle. Dans ces conditions,
l'hygiéniste ne peut que s'efforcer de lutter
contre les excès de la civilisation qui l'escor-
tent comme l'ombre suit le corps.
La Belgiqie honore aD savant français
î.o docteur Vinrent, inspecteur général du
service de santé de l'armée, membre de l'Aca-
(Iém ie des sciences, l'inventeur des sérums ty-
phique, paratyphique et polyvalent, tant appré-
cias aux Colonies l't, l'auteur de très beaux
travaux sur les épidémies, vient d'être nommé
par décret royal, grand-croix de la Couronne de
Belgique.
Après la Résidence générale
du Maroc
M. Th. Steeg, garde des Sceaux, étant nom-
mé aujourd'hui Résident Général de France au
Maroc, le portefeuille de la Justice devient
vacant.
Par un sentiment de convenance bien natu-
rel, M. Painlevé a décidé qu'il ne serait pas
pourvu à son remplacement jusqu' au retour de
MM. J. Caillaux, qui navigue actuellement
sur l'Atlantique, et Aristide Briand, qui repré-
sente la France à Locamo.
Cela n'empêche pas le petit jeu des combi-
naisons de s'échafauder. Les uns annoncent que
M. Schrameck passerait place Vendôme et se-
rait remplacé par M. Camille Chautemps, an-
cien ministre de 1" Intérieur, dans le cabinet
Herriot.
D'autres annoncent que M. A. de Monzie,
avocat fameux, qui ne se plait pas follement
rue de Grenelle, remplacerait M. Steeg, à
moins que ce ne soit M. André Hesse, mi-
nistre des Colonies, avocat réputé, et hier en-
core, avanlt 100 arrivée rue Oudinot, président
de la Commission de la Législation civile et
criminelle. Nos informateurs ajoutent que, dans
l' un comme dans l'autre cas, M. Edouard
Daladier, ancien ministre des Colonies, succé-
derait à M. de Monzie ou à M. André Hesse.
Pour dire la vérité, nous ne cacherons pas
que, pas plus M. Daladier qu'aucun autre an-
cien collaborateur de M. Herriot n'a été tou-
ché par une offre quelconque de M. Painlevé,
et il n' est pas permis d'affirmer que l' offre se-
rait acceptée. En ce qui concerne l' ancien mi-
nistre des Colonies, notamment, il est actuelle-
ment dans le Midi, retenu par des préoccupa-
tions de santé familiale ; il se rendra au Con-
grès de Nice à la fin de la semaine prochaine
et ne reviendra à Paris que juste pour la ren-
trée des Chambres.
Un de nos confrères qui semble mieux
tuyauté ajoute qu'il n'y aura pas de grands re-
maniements ministériels," que tout se bornera à
boucher le trou créé par le départ de M. Steeg,
qu'il est même probable que le remaniement
se fera au sein même du Ministère et précise
que M. Georges Bonnet, le sympathique sous-
secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil,
qui rappelle par ses brillantes qualités feu
Pierre Baudin, serait promu au Ministère de
l'Instruction publique. Mais si c'était M. An-
dré Hesse qui passait place Vendôme, le nom
de M. Ch. Daniélou, sous-secrétaire d'bat à
la Marine marchande, est mis en avant pour
la rue Oudinot.
M. Roux-Freitsineng à Fez
0-0
Poursuivant son inspection du Maroc orien-
tal, notre distingué collaborateur et ami M.
Roux-Freissineng, député d'Oran, était de
passage à Fez la semaine dernière.
dot*-
En Méditerranée
-0-0
Le it Bambara » et L' « Annamite », tor-
pilleurs d'escadre, qui avaient ivjoint Tou-
lon pour s'y faire caréner, sont du nouveau
dans les eaux du Mai oj.
Le croiseur « Strasbourg » est en répara-
tion à l'arsenal de Toulon.
11 doit rallier le plus tôt possible la côte
rifaine.
A l'Académie des Sciences
----()-&--
Un crapaud marocain monstre
Le professeur Houvier u annoncé que pen-
dant une mission en cours actuelle-
ment au Maroc, en vue d'y étudier les pois-
sons et les batraciens, le docteur Pellegrin,
assistant au Muséum d'histoire naturelle, a
eu l'occasion de rencontrer une csipëce de
crapaud particulièrement intéressante.
D'une taille gigantesque pour un animal
de cette espèce, ce batracien, dont les lar-
ves sont d'une dimension telle qu'on se de-
mande comment les crapauds qui leur ont
donné nuissance ont pu effectuer leur ponte
dans les pays désertiques H dépourvus
d'eau où - on les rencontre, présente, en effet,
cette particularité peu ordinaire d'être pour-
vu d'un urgane à. raide duqu l il lui est
possible 'le fouiller le sol.
-00-
Hommage posthume à H. Dervilté
Le jury supérieur international des ré-
compenses de l'Exposition internationale
des arts décoratifs s'est réuni hier, sous Ui
présidence du commissaire général. M. Fer-
nand David a prononcé l'éloge funèbre Je
M. Stéphane Dorvillé, président du jury in-
lernalional, qui fut au premier rang de ceux
qui contribuèrent à la réalisation de l'expo-
sition de 1925, et indiqué que, d'accord avec
le ministre du Commerce, le fauteuil de la
présidence du jury inlcrnationnl. serait lais-
se vacant.
M. Warchalowski, commissaire général
de Pologne, au nom de ses collègues étran-
gers, s'associa à cet hOllHnnge, et ;a séance
fut levée en signe de deuil.
.000 -
Des parlementaires au Maroc
---()+-
MM. I ,ouis Serre, sénateur; Lé'mi H.uvly,
Viclor .Tenu (>1 Le C.oibeiller. députés, «pu
se sont donné comme mission «l'étudier hi
situation économique du 'Marne ont débitr-
qué avant-hier h Casablanca il burd d<
VAnfa. Ils ont visité hier les hôpil;nix.
Chez les Noirs
--0-0--
La Notion d'un Etre Suprême
La plupart des tribus encore primitives de
l'Afrique hiquatoriale ou Centrale ont la notioo
d'un être matérialisé ou non qui est supérieur
à tout, qui est maître des éléments, et qui se
trouve généralement au-dessus de la terre, au
delà des nuages.
Dans rOubangui, N' Zapa, chez les Sangos,
les Langouassis, les Yakomas, les Boubous,
est maître principalement des éléments. Quand
une tornade menace, le féticheur réussit à
l'éloigner en agitant en l'air un chasse-mouche
et en sifflant à l' aide d' un sifflet en bois, et il
invoque N'Zapa pendant toute cette cérémo-
nie qui, un jour en ma présence, a réussi. chez
tous ces indigènes cités plus haut, l'être suprê-
me est dans les airs ou dans les nues.
Chez les Bashi du Congo belge, au contraire,
Nyamuzinda, l'unique créateur, le dispensateur
de la vie est sous terre. Les phénomènes natu-
rels, ceux qui frappent davantage l'imagina-
tion par leur grandeur et leur étrangeté, tels les
éléments décharnés, relèvent directement de
la causalité. « Nyartmzinda, écrit le Père Col-
le, des Pères Blancs, dans la revue Congo, a
commis aux âmes des défunts, aux bazimu, les
besoins particuliers des hommes, il délègue ses
pouvoirs, et son habitat est sous terre « e Kuzi-
mu » dans le royaume de la mort.
Si quelque mal sévit, on ne s'en prend pas
aux bazimu, qui sont trop près des Bashi, mais
c'est Nyamuzinda qui est insulté et maudit sans
danger, car il est loin. Ignorant les désirs de
l'être suprême, les Bashi lui font des offrandes
légères. Bien qu'il habite sous terre, il est par-
tout, comme le dieu des Blanc. il voit tout,
il entend tout. Par les volcans en éruption, il
manifeste sa présence.
Chez les Bahunde, le dieu est redouté, il
n'est pas le créateur, mais le plus puissant des
mânes ancestraux, chargé de répartir la mort
parmi les hommes.
Notons un autre dieu avec lequel les Bahun-
de le confondent. C'est Nyamutagira, grand gé-
nie, qui manifeste sa présence sous forme de
serpent colorié (l' arc-en-ciel). On lui accorde
une épouse. Nyamiberc, et une fille, Bumgo.
Au Nord de Kivu, Nyamuzinda est le roi des
défunts, le Pluton des anciens, et au sud-ouest
du lac Kivu. Lungwe est honoré comme créa-
teur, peuplant les forêts d'animaux. Dans ce
Rwanda Imana désigne la cause première, le
créateur, l'Etre immatériel qui a toujours existé,
n' a jamais été homme et est honoré de tous.
Personne n'oserait lui adresser la moindre in-
sulte, car il est bon de sa nature. C'est un dieu
personnel. Dans cette région, Imana veut dire :
't Celui d'en haut n. comme N'Zapa dans
l'Oubangui. Il ressemble étonnamment au Dieu
des Chrétiens.
Au Tanganyika. Dieu c'est Mungu.
Nous voyons donc que dans toutes ces tri-
bus primitives, on a une idée assez juste de
l'Etre suprême. C'est ce qui a facilité la tâche
des missionnaires pour amener leurs néophytes
à l'idée de Dieu qu'ils - ont matérialisé par
l'image, les médailles et les statuettes et dont
ils se sont fait les Bazimu.
E. D.
Les adieuxduMarÉcbalLyauley
0
Sa lettre de démission
A l'ouverture de la séance du Conseil de
Gouvernement qui s'est tenu hier, à Rabat,
lo maréchal Lyautey, en faisant ses adieux
a lu la lettre suivante qu'il a adressée au
Gouvernement pour lui demander à être
remplacé comme résident générai au Ma-
roc :
Rabat, le 25 septembre 192.
Les iternières opérations militaires vien-
nent de réaliser un redressement qui
nuits replaee sensiblement sur les lignes
I/IW nous occupions avant l'agression ri-
laine.
IM situation du protectorat se trouve ré-
tablie telle qu'elle était en avril, c'est-à-
dire au }>otut oii elle, avait ele portée après
treize ans de ftroijression continue.
Je crois avoir le droit de. dire que ma bi-
elle,, telle qu'elle m'tlrait été confiée en
ll,)12, a été remplie.
Tant que le Maroc a été en péril, je ne
me suis pas permis de renouveler la de-
mande de remplacement que i'avais pré-
sentee au (Umvernemenl en 1!> £ 1 et en 1924,
demande mtdivéc }>ar de graves iiccidents
de sauté et par le besoin d'un repos auquel
mes ;i<) ans d'activité coloniule me don-
naient légitimement droit.
Du ptur ait la menace rifaine, que
l avais signalée arce une inquiétude crois-
sante. s'est réc''y'é-> è l'-qtoque où mes rap-
ports l'avaient fait prévoir, (e n'ai pins eu
d'autre, pensée que de tenir le. coup avec les
moiiens réduits dont je disposais au début
et île sauver la situation.
Aujourd'hui, on peut sincèrement afjir-
mer
l'avenir peut être envisagé avec confiance.
C'est donc, e,i toute sècuiite de cons-
cience ipie je demande à être, relevé de mes
fonctions de einnmissaire résident générai
au Maroc.
An demeurant, lu question ilu lïif Olll)ffJ
des p,."{,f,"m,,. nouveaux, comme je l'ex-
pose dans /a lettre confidentielle ct-join/e,
rappelant ce qui a été réalisé depuis l'agres-
sion rifaine.
A ces problèmes nouveaur. qui iteman-
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