Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-10-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1925 01 octobre 1925
Description : 1925/10/01 (A26,N146). 1925/10/01 (A26,N146).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63969931
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. N° 146.
tX NUMERO : a» CENTIMES
1EUDI SOIH, lor OCTOBRE 1925.
Les Annales Coloniales
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JOURNAL QUOTIDIEN
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DIRECTEURS 1 MARCEL RUEDEL et L.-G. THÊBAULT
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Le Mouvement Destourien
-– l' *–
Je reviens à la brochure de M. André
Servier : Le Problème Tunisien et la Ques-
tion du Peuplement Français. Les Italiens,
forts de leur nombre et de la ténacité de
leurs convoitises, rêvent de nous supplanter ;
le6 indigènes, poussés par la propagande
panislamique et par les sollicitations commu-
nistes, rêvent de nous jeter dehors. Voilà
le double danger. Nous avons parlé du pre-
mier; parlons à présent du second.
Et d'abord de quels indigènes est-il ques-
tion? Nous avons vu que la population de
Tunisie a accepté sans murmure et même
avec empressement, l'autorité de la France :
cultivateurs, petits et moyens commerçants,
artisans continueraient à vivre dans la tran-
quillité; mais il y a les gros propriétaires ter-
riens, les négociants riches, tous ceux qui
regrettent le temps où les privilèges et les
abus les faisaient tout-puissants; en outre,
ils se sont appauvris pour satisfaire aux be-
soins nouveaux qu'ils se sont créés à notre
exemple : tel bourgeois capitaliste qui pas
sait jadis pour un Crésus a perdu le prestige
de cette opulence, aux yeux de l'indigène
qui, désormais à l'abri de l'injustice grâce à
nos lois, lui achète une partie de ces biens
dont l'autre était si fier. De là, des rancunes
qui ne s'apaisent pas, des regrets qui se
transforment en esprit de révolte: ce nationa-
nalisme a pour mobile autre chose que
l'amour de la patrie. La patrie, c'est poui
ces gens-là, la terre où l'on jouit de ri-
chesses considérables aux dépens du voisin.
Ajoutez qu'ils sont instruits, cultivés; ils ont
fréquenté nos écoles, ils nous ont emprunté
des armes dont ils savent se servir ; écoutez
les, il vous sera difficile de deviner qu'en
fait ils sont aigris par la disparition de cette
féodalité capitaliste dont ils étaient les sei-
gneurs redoutés; ce sont des républicains,
des démocrates, des socialistes, que dis-je?
les communistes ne sont pas pour les ef-
frayer, et ils ne repoussent pas la main que
ceux-ci leur tendent, dussent-ils être entrat-
nés eux-mêmes beaucoup plus loin qu'ilh
D'auraient pensé, et dans d autres dinction.
qu'ils n'auraient voulu. Ces démocrate* sont.
au fond, de fervents musulmans, ce qui est
leur droit, et les agitateurs des classes
moyennes et des classe pauvres, ce qui n'est
pas leur devoir : mais c'est notre devoir, à
nous, de veiller.
A côté et au-dessous, les prolétaires dc"
villes, portefaix, tâcherons, ouvriers des che-
mins de fer et des tramways, employés des
administrations Leur but est d'obtenir des
avantages corporatifs; le moyen est l'adhé-
sion au syndicat. M. André Servier les mon-
tre séduits par « les surenchères démago-
giques ib, et passant de là dans les grou-
pements « socialistee ou communistes.. En-
core faut-il une distinction entre les deux
sortes de groupements; encore en faut-il une
non moins nécessaire entre les divers syndi-
cats. Mais enfin il est hors de doute que cer-
tains esprits, simples et sans défense contre
une certaine « blagologie » dont les effets
sont fâcheux, même dans la métropole,
soient là-bas troublés, et croient aussi au
grand soir colonial ; entendez: le grand soir où
les bolchevistes et les nationalistes se débar-
rasseront par la violence des représentants
du peuple colonisateur, et se trouveront, le
lendemain matin, en face d'une tentative de
Clictature du prolétariat : les seconds peut..
être en seront quelque peu surpris.
Je dis : peut-être, car il paraît surpre
nant que ces bourgeois capitalistes ne se dou-
tent pas des Uns véritables de leurs alliés,
Les dirigeants de Moscou ne cachent ni leur
plan ni leurs moyens d'action; les riches
propagateurs du nationalisme en Tunisie li-
sent, non seulement les journaux turcs et
égyptiens, mais les journaux qui leur vien-
nent de l'Europe tout entière. Sans doute,
leur finesse native n'est-elle pas dupe; elle
les garantira, pensent-ils, contre la tromperie
de ces collaborateurs qui s'imaginent leur
faire tirer les marrons du feu. La fable de
Bertrand et Raton doit avoir une origine
orientale. Ce qu'ils réclament, eux, c'est la
création d'un parlement national tunisien,
élu par le suffrage universel, une attribu-
tion plus large aux indigènes des fonctions
administratives, une part plus importante
à l'enseignement de l'arabe. Ça, c'est le pro-
gramme apparent; ce qu'ils veulent, en réa-
lité, c'est un régime qui leur permettrait
d'avoir la première place dans le pays et de
l'exploiter comme autrefois. Ce que récla-
ment les communistes, c'est l'autonomie du
peuple, l'indépendance de la nation, l'affran-
chissement du pays: ça, c'est le programme
apparent; ce qu'ils veulent en réalité, c'est le
chambardement général à la suite duquel la
dictature du prolétariat sera établie, et la
Tunisie deviendra une république soviéti-
que affiliée à l'U.R.S.S. Il y a quelque dif-
férence dans le but réel ; il n'y en a aucune
dans le but affiché, il n'y en a pas davan-
tage dans le moyen préconisé : l'expulsion
des Français.
Tels sont les dessous du mouvement ap-
pelé destourien : destour signifie constitu-
tion, et les destouriens sont les. constitu-
tionnels » de la Tunisie. Quelle est l'impor-
tance du mouvement? M. Servier déclare
qu'elle n'est pas très grande, et il est en
cela d'accord avec ceux qui vivent là-bas et
observent attentivement. Ne nous laissons
pu prendre par ces pétitions accompagnées
de nombreuses signatures, et qui n'ont au-
cune signification; la plupart des signataires
ne savent pas de quoi il s'agit; on peut
classer ainsi les gens qui adhèrent au mou-
vement destourien : 10 quelques commu-
nistes qui tirent les ficelles ; 2° quelques cen-
taines de bourgeois du pays dont la devise
à notre égard est : Ote-toi de là que je m'y
remette; 30 la foule ignorante et passive à
laquelle on fait prendre des vessies pour des
lanternes. Agitation superficielle, déclare
l'auteur : qu'on rappelle à leur devoir les
quelques Français, fonctionnaires pour la
plupart, et qui passent à la caisse tous les
mois; qu'on ramène les indigènes à la modé-
ration par des mesures énergiques : « Tout
rentrera dans l'ordre P.
Souhaitons-le. Au reste, les symptômes
d'affaiblissement se révèlent tous les jours.
Les socialistes se séparent des communistes
et des destouriens; ceux-ci ne réclament-ils
pas la substitution des fonctionnaires indi-
gènes aux fonctionnaires français? Le parti
socialiste se recrutant surtout parmi les fonc-
tionnaires, rien ne va plus. Les communistes
sont plus à l'aise pour accomplir leur beso-
gne; oui, mais ils sont moins à craindre,
étant moins nombreux et plus connus.
Quant aux bourgeois capitalistes, la masse
s'en méfie, quand elle voit comment ces
esprits avancés se conduisent envers les pau-
vres diables. c Elle les voit à l'œuvre,
comme propriétaires fonciers se montrant
impitoyables envers leurs kammès m. Notre
ennemi, c'est notre maître, et quand le
maître est dur et âpre au gain, on n'est pas
tenté de l'aider à reconquérir la toute-puis-
sance xju'il a perdue.
En résumé, de cette partie de l'étude de
M. Servier, je tire les deux conclusions sui-
vantes :
Le mouvement destourien est dangereux,
si on ne fait rien pour l'enrayer; toutefois,
non seulement il en est temps encore, mais
on est sûr du résultat si on se met rapidement
à l'oeuvre. On a l'impression que ces agita-
teurs et ces agités ont fait jusqu'ici plus de
bruit que de mal, et que, si on les empê-
chait de faire plus longtemps du bruit, le
mal ne serait pas très grand. D'autres di-
ront qu'il y a peut-être là un peu trop d'op-
timisme : c'est qu'ils n'auront pas lu le reste
de la brochure et la partie intitulée : - Un
Programme d'action. Ils y verront que, loin
de considérer le problème comme facile à ré-
soudre, l'auteur s'attache à mettre en lu-
mière les mesures indispensables et urgentes
qui s'imposent si nous voulons conserver la
Tunisie.
Mario Rouataa,
Sénateur de l'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
viticole.
04
M. VIOLLETTE A ALGER
–O-0
Le Gouverneur général et Mme Viollette
sont arrivés hier à 15 heures par le paque-
bot Général-Chanzy. Le Gouverneur a été
salué par toutes les autorités et de nom-
breuses personnalités politiques et militai-
res. M. et Mme Violette se sont rendus im-
médiatement au Palais d'été.
(Par dépêche.)
8.1
UN AUDACIEUX ATTENTAT
A PORTO-FARINA
––©«–
IJnc jeune fille française, Marie Lannes,
fille du gardien en chef du bagne ne Porto-
Farina, près de Bizerle, a été enlevée de
chez ses parents, en plein après-midi, par
deux bandits indigènes armés de lusils. Les
appels désespérés de la jeune fille, qui est
dflée de quinze ans, furent heureusement
entendus par des habitants de la localité,
qui sauvèrent la captive. Mais ses ravis-
seurs parvinrent à s'enfuir.
(Par dÓphe.)
Des purs sangs
pour l'Afrique du Nord
Hier, au Tremblay, le prix Prince Charlie,
réservé aux poulains et pouliches de deux
ans, a été gagné par Mélodieuse, apparte-
nant à M. Jacques Schwob, entraînée à Chan-
tilly par Michel Pantall et montée par le
jeune H. Pantall, la meilleure cravache de
cette fin d'année. La pouliche qui a fait un
rapport intéressant, 69 francs gagnant pour
10 francs au pesage, et 44 francs pour 5 fr.
à la pelouse, a été, comme elle devait l'etre,
vendue aux enchères après la course. Mise à
prix 18.000 fr., elle a été réclamée à 23.050
francs par M. G. Zermati, propriétaire d'une
écurie de course en Algérie où il l'envoie.
Déjà, dimanche à Longchamp, a couru
cette fois sans succès, en attendant mieux,
La Chérifienne, un nom prédestiné pour une
pouliche destinée à l'Algérie. La Chérifienne
appartient à M. Brossette, le propriétaire le
plus important de l'Afrique du Nord et dont
on regrette de ne pas voir plus souvent les
sympathiques couleurs représentées sur les
hippodromes parisiens où il remporta de bril-
lants succès, notamment avec une pouliche
de grand style, la Chiffa.
Boiard.
Les exportations de l'Afrique
Occidentale Française
pendant le 1" semestre 1925
0-0-
D'après diverses informations
transmises par nos correspondants
africains, le commerce d exorta.
tion de fA.O.F., pendant le premier semes-
tre de l'année en cours, n'accusait pas en
quantités, sauf en ce qui concerne les
arachides, les bois et les cacaos, d'aug-
mentation sensible, sur la période correspon-
dante de 1924. Les exportations d'huiles et
amandes de palme qui n'ont pas atteint
43.000 tonnes pour les six premiers mois de
1925,sont même inférieures de pris de 3.000
tonnes à celles de l'année précédente ; celles
des autres corps gras, copralt, karité, sèscF
me, ricin, ou produits divers, peaux laines,
coton, gommes, caoutchouc, bananes, etc.,
restent ?t réalité très faibles et il semble
qtl on ne tente pas, pour développer certai-
nes d'entre elles, tous les efforts qui seraient
nécessaires.
Par contre, les augmentations enregis-
trées sur les arachides, les bois et les cacaos
sont fort intéressantes.
L'arachide est incontestablement et res-
tera l'aliment principal du commerce d'ex-
port att on ouest-afrtcatn. L'A. O. F. et no-
tamment le Sénégal, le Soudan et la Haute-
Volta sont des terres d'élection pour cette
graine oléagineuse ; les possibilités de cul-
Hure et de production n'y sont limitées que
par celles d'évacuation vers les ports de la
côte. On sait malheureusement que ces moyens
de transport ne sont pas nombreux et que là
où ils existent, ils se révèlent très insuffi-
sants. Le Thiès-Kayes, à Peine achevé, suf-
lit difficilement en effet, à transporter les
graines qui sont cultivées dans les régions tra-
versées par cette voie ferrée; il n'évacue cel-
les qui sont fourmes par le Soudan qu'avec
des difficultés plus grandes encore et cette
dernière colonie doit user de beaucoup de
circonspection pour mettre en valeur les im-
menses superficies qui se prêteraient admira-
blement à la production de Varachide. Si
cette constatation pouvait seulement servir à
éviter les mimes erreurs sur les autres che-
mins de fer en construction ou en projet !.
Quoi qu'il en soit et malgré tous les retards
imputables aux services transporteurs, les dif-
férents ports du Sénégal ont pu expédier,
pendant le semestre qui nous intéresse, 290
mille tonnes de graines contre 248.000 pen-
dant les six premiers mois de 1924. C'est
un assez beau succès et les stocks restant tant
dans les ports que dans les gares et les ma-
gasins du commerce, laissent prévoir pour
l'ensemble de l'année, une augmentation sans
précédent.
Les bois d'ebénisterie ici nous passons
à la Côte d'Ivoire accusent d'autre part
44.400 mètres cubes et les bois communs
n.250 mètres cubes contre, respectivement
40.000 et 3.290 pendant le ier semestre 1924.
C'est d'autant plus remarquable que cer-
taines mesures prises par le Gouverneur in-
térimaire de la colonie, M. Brunot, ont, sous
prétexte de protéger la main-d'œuvre indigè-
ne, entravé assez sérieusement les exploita-
tions pendant plusieurs mois.
Les sorties de cacao, avec 4.520 tonnes,
contre 2.300, sont un excellent présage pour
l'avenir de la production du cacao à la Côte
d'Ivoire. L'effort réalisé par la colonisation
indigène est réel et il est regrettable que la
majeure partie des populations autochtones
de la région côtière reste à peu près réfrac-
taire à tout Progrès, à toute itmovation. Cette
zons se prête merveilleusement à toutes les
cultures riches; cacao_ver, caféier, cocotier,
palmier à Iile, etc. et si Vindigène faisait
simplement là un effort semblable à cetui
que l'on constate dans le Bas-Dahomey, c'est
par centaines de milliers de tonnes que les
produits de toutes sortes pourraient être ex-
portés de la colonie. Les chiffres enregistrés
sont beaucoup plus modestes; ils s'accrois-
sent heureusement avec une progression len-
te, mais assez régulière.
Pour conclure, disons que l'examen des
statistiques commerciales de l'A. O. F., est
surtout favorable aux colonies du Sénégal et
de la Côte d'Ivoire qui dtcusent chaque année
une augmentation appréciable de leur ton-
nage d'exportation. Les autres colonies du
groupe sont relativement stagnantes, com-
me la Gutnee et le Dahomey, ou attendent,
pour prendre leur essor, que des moyens suf-
fisants de communication les rapprochent de
la côte ; c'est le cas pour le Soudait et la
Haute Volta. Quant à la Mauritanie et au
Niger. n'en parlons pas. Dans l'ensuit-
ble, la situation est néanmoins excellente,
et c'est là le principal.
Pierre Valatle,
Député du Cher.
SÉNÉGALAIS COMMUNISTE
Des gardiens de la paix du huitième ar-
rondissement ont arrêté, hier, à l'Exposi-
tion des arts décoratifs, le Sénégalais Ia-
mine Sengkor, trente-six ans, né à Dakar,
facteur des postes en congé, demeurant 61,
rue Myrrha, qui distribuait des tracts
antimilitaristes à ses compatriotes soldats,
de service au pavillon de l'Afrique occi-
dentale. Sengkor a été envoyé au dépôt.
Léon Bourgeois
00
M. Léon Bourgeois, sénateur, ancien pré-
sident du Conseil, ancien président de la
Chambre des députés et du Sénat, premier
délégué de la France à La Haye et président
honoraire de la délégation française à la So-
ciété des Nations, président d'honneur de la
Société Amicale de la Marne, est mort avant-
hier mardi, d'une crise aiguë d'urémie, au
château d'Oeer, près d'Eoernav.
Né à Paris, le 21 mai 1851, M. Léon Bour-
geois fit ses études au Lycée Charlemagne,
en compagnie de M. Cavaignac et de M. Ber-
teaux qui devinrent plus tard tous deux mi-
nistres de la Guerre.
Reçu docteur en droit après la guerre de
1870, où il gagna les galons de maréchal des
logis d'artillerie, il devint à Paris secrétaire
de la Conférence des Avocats.
C'est comme chef du Bureau du Conten-
tieux au ministère des Travaux publics, en
1876, que Léon Bourgeois débuta dans la vie
administrative qui allait le conduire à la
politique militante.
Il fut élu député de la Marne le 26 février
>888 contre le général Boulanger et s'inscri-
vit à la gauche radicale de la Chambre.
L'Instruction publique, l'Intérieur, les Affai-
res étrangères et le Travail furent ses suc-
cessifs portefeuilles.
Sa santé délicate l'obligea à quitter en
1923 la présidence du Sénat.
Délégué de la France en 1899 et 1907 à la
Conférence de La Haye, Léon Bourgeois y
préconisait l'institution du tribunal souverain
entre les nations assurant à chacune la ga-
rantie de ses droits imposant à chacune une
règle commune de justice. Les travaux de la
Conférence aboutirent au projet signé par
trente-deux Etats. La Société des Nations en
est sortie.
En 1019, il y était désigné comme président
de la délégation française, et la Société des
Nations, reconnaissante de ses longs efforts,
l'appelait à diriger ses travaux.
Etu par l'Académie des Sciences Morales
et Politiques, il fut reçu comme membre li-
bre.
Sa vie, si intimement liée à l'histoire de
la troisième République, fut avant tout celle
d'un arbitre, conciliateur et apôtre de la
paix.
Parmi les MaTnais, il était le bienfaiteur,
le conseiller avisé.
Les Annales Coloniales s'associent au deuil
du docteur Georges Bourgeois et le prient,
ainsi que leurs amis et distingués collabora-
teurs MM. Ernest Haudos et Auguste Bru-
net, d'agréer leurs très sincères condoléances.
8..
Le Cabinet de M. Alelodre VARENNE
Le cabinet civil de M. Alexandre Varenne,
Gouverneur Général de l'Indochine, est ainsi
constitué :
Directeur : M. Le Fol, administrateur de
po classe des Services civils de l' Indochine ;
Chef de cabinet : [Vl. Trillat, chef de bu-
reau hors-classe au Ministère des Travaux pu-
blics ;
Chef-adjoint : M. Richard, sous-préfet de
Ire classe.
Sous-chef ; M. Carrière Roger, publiciste ;
Chef du Secrétariat particulier : M. Masse
Fleury, licencié en cfcoit ;
Attaché : M. Voirin André, avocat à la
Cour ;
Attaché : M. Becq Roger.
8.1
R. Alexandre VARENNE
à l'Exposition des Arts Décoratifs
Le Gouverneur Général de l'Indochine
Alexandre Varenne a tenu, avant de rejoin-
dre son poste, à donner aux artisans indo-
chinois de l'Exposition,, des Arts Décoratifs,
un témoignage de sa sollicitude. C'est pour-
quoi, en compagnie du ministre des Colonies,
il s'est rendu avant-hier après-midi au pa-
villon de l'Indochine, dont nous avons déjà
relaté l'ingénieuse et artistique installation.
Après la visite des salles et des stands à
laquelle il prit le plus grand intérêt, M. le
Gouverneur Général de l'Indochine alla, sous
la conduite de M. le Gouverneur Général
Camille Guy, jeter un coup d'oeil au pavil-
leu de l'A. O. F. et de Madagascar dont
les pierres précieuses semblèrent retenir
toute son attention.
M. André Hesse remercia ensuite M.
Alexandre Varenne d'avoir bien voulu con-
sacrer quelques instants, cependant si pré-
cieux, à la veille de son départ, à l'exposi-
tion de ces collections de ses futurs adminis-
trés qui ont donné à la France et aux étran-
gers une haute opinion de leurs talents ar-
tistiques, et ce sera une satisfaction profonde
pour les indigènes de notre belle colonie
d'Extrême-Orient que de savoir l'approbation
du Gouverneur Général à la conservation du
pavillon de l'Asie que M. André Hesse es-
père voir affecter aux œuvres exposées en
1928 à l'Exposition Coloniale Internationale
pour laquelle il va déposer un projet de loi.
M. Alexandre Varenne, en une très heu-
reuse improvisation, a promis de protéger les
écoles d art indochinois et de les aider à
soutenir leur renommée mondiale. « Ma tâ-
che sera lourde, a ajouté le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine, mais je ferai tous mes
efforts pour qu'à mon retour les indigènes et
les colons puissent me considérer comme un
homme juste et un bon citoyen. J'aurai alors
la certitude d'avoir bien servi mon pays. x
Souhaitons donc que ces paroles aient leur
écho dans notre Extrême-Orient où, sans au-
cun doute, avec l'appui du Gouvernement de
la République, M. Alexandre Varenne et ses
collaborateurs feront de la bonne besogne en
continuant à faire aimer la France par une
protection éclairée et bienveillante des Indo-
chinois.
hionof -
Le Colontl HONTEIl
--(M)-
Un de nos grands explorateurs coloniaux,
le colonel Monteil, de l'infanterie de Marine,
vient de mourir, presque subitement, à l'âge
de 70 ans.
Sa carrière est intimement liée à l'histoire
de la conquête de notre Empire colonial afri-
cain. Sa première étude du tracé du che-
min de fer du Sénégal au Niger, que lui avait
confiée le général Brière de l'isle, du 21 no-
vembre 1879 au 25 janvier 1880, dont il pu-
blia les résultats dans son Voyage d'Explora-
tion au SénégGl. nous facilita plus tard l'éta-
blissement du chemin de fer de Thiès à Kayes
à travers le Djoloff et le Ferlo.
Au retour de cette mission, le capitaine
Monteil fut nommé chef du bureau politique
du Sénégal, puis chef de la mission topogra-
phique du Haut-Fleuve. C'est alors que de
Ségou, sur le Niger, Monteil entreprit avec
une modeste escorte de vingt tirailleurs sa re-
marquable exploration du Niger à Tripoli par
le lac Tchad qu'il a relatée dans son ouvrage :
De Saint-Louis à Tripoli, par le lac Tchad.
Monteil traçait pour la première fois un iti-
néraire direct du sud au nord à travers le
Sahara central, aujourui suivi par les auto-
mobiles. Cette exploration lui valut le grade
de chef de bataillon et la grande médaille d'or
de la Société de Géographie. Son ouvrage
reçut de l'Académie Française le Prix Mon-
tyon.
Infatigable et fidèle Africain, nous le retrou-
vons dans le Haut-Oubangui en 1893, où il
devint Gouverneur, après avoir fait partie de
la Commission de délimitation franco-alle-
mande du Cameroun, ce qui lui valut les féli-
citations officielles du Conseil des Ministres.
A la Côte d'Ivoire, en 1894, Monteil réprime
la révolte des Baoulis, puis marche contre Sa-
mory à Kong, enlève Dabakala et revient à la
Côte, après avoir été grièvement blessé. Il fut
alors obligé de prendre une retraite anticipée.
En 1914, quand la guerre éclata, le colonel
Monteil reprit du service et fut nommé chef
d'état-major de la place de Paris, se retrou-
vant en ce poste comme trente-huit ans aupa-
ravant sous les ordres de son vieil ami Galliéni:
il occupa ce poste jusqu'en 1915, date à la-
quelle on le chargea de mission et d'études
pour la défense sous-marine.
Le colonel Monteil laisse de nombreux
écrits, dont les derniers ont paru en 1924 sous le
titre : Quelques feuillets d'Histoire coloniale.
Dans ce volume, il apporte une documentation
expérimentale personnelle, ainsi que des vues
d' avenir, tant sur les démêlés passagers entre la
France et l'Etat indépendant du Congo que
sur la rivalité, en Afrique, entre l'Angleterre
et notre pays ; il précise aussi les menées de
r Allemagne en Tripolitaine, qui provoquèrent
l'intervention de l'Italie, encore hésitante, et
établit la répercussion de tous ces événements
sur le groupement des nations pendant la gran-
de guerre.
Il avait essayé à plusieurs reprises, et sans
succès, de la politique. Au lendemain de sa
retraite en 1898, il s'était présenté dans la
première circonscription du Vie arrondissement
de Paris comme libéral et avait réuni 1.221
voix au premier tour, contre M. André Ber-
thelot, radical-socialiste et conseiller municipal
de la Monnaie, qui en avait recueilli 3.237.
Mais au second tour, le fantoche gélatineux
qu'est M. Charles Benoist, candidat conserva-
teur, - malgré ses 1.962 - voix du premier tour,
n ayant pas osé affronter la lutte, le colonel
Monteil reprit le drapeau des modérés, de ces
mains pusillanimes, et rassembla 3.193 contre
le futur sénateur de la Seine qui fut élu par
3.731 voix.
Depuis une quinzaine d'années, le colonel
Monteil se consacrait plus à la mathématique
qu'aux colonies. Quand nous le rencontrions
sur les boulevards ou aux Champs-Elysées, il
préférait rivaliser avec Painlevé qu'avec Gal-
liéni et entraînait son interlocuteur dans des
considérations et déductions où il ne pouvait
guère le suivre.
Africain de l'épopée héroïque, de la grande
épopée coloniale, le colonel Monteil laissera
d'unanimes regrets chez tous ses camarades
pour qui il ne cessa d'être un chef bienveillant
et estimé.
Eugène Devaux
-00.
LE BEDEUL WIÇMMB CHEZ M. PMKLEVE
*
Hier aprôs-niidi, M. Paul Painlevé, prési-
dent du Conseil, a reçu liC général Michaud,
retour de Syrie, avec lequel il a eu une lon-
Uiie conversation sur les événements mili-
taires qui se sont déroulés tandis que Ton
tentait. do débloquer Soueïda.
A la présidence du Conseil
M. Paul Painlevé, président du Conseil, a
1 feu M. André liesse, minisliv des Colo-
nies, et M. Alexandre Varenne, gouverneur
général de l'Indochine, qui l'ont entretenu
de différentes questions concernant notiv
eolonie d'Extrême-Orient. 1-e gouverneur
général a annoncé au président du Conseil
qu'il s'embarquerait, le 23 octobre, à Mar-
Meille, sur le paquebot Paul-Lerat, à desti-
nation de l'Indochine.
M. Painlevé a reçu ensuite la mnréelml
Franchet d'Esperey, puis le contre-amiral
Pirot, nouvellement désigné comme chef de
cabinet du ministre de la Marine.
A LA MARTINIQUE
-0-0---
Lagrosillière et ses amis
condamnés
On se souvient du drame rapide qui, à bord
du Pellerin-de-Latouche, faillit coûter la vie
au Gouverneur Richard. L'instruction de cette
affaire se poursuit ; l'assassin Des Etages,
qui tira sur M. Richard (sous prétexte de ven-
ger son père tué dans une bagarre qu'il avait
lui-même suscitée), est en prison à Fort-de-
France, où il est défendu par M" Lazurick,
avocat à la Cour d'appel de Paris. Plaignons
notre ami Robert Lazurick d'être chargé d'une
tâche aussi ingrate.
Ludovic-Oscar Frossard n' est point inscrit
au barreau, mais, se référant à des précédents
nombreux, il sollicitera, conformément au Code
d'instruction criminelle, l'autorisation d' appor-
ter à la défense l'éclat de sa parole. On se
souvient qu'il avait été chargé d'une mission
aux Antilles par M. Séjourné et l'Union des
Intérêts Economiques.
D' autre part, les inculpés du Diamant et de
l'Ajupa Bouillon viennent d'être condamnés
en première instance : M. Lagrosillière à 4
mois de prison, M. Emmanuel Roch et ses
co-inculpés à 2 mois. Ils se pourvoient en ap-
pel, et c'est Me Lazurick qui soutiendra leur
pourvoi.
M. André Hesse, ministre des Colonies, a
bien voulu assurer au défenseur qu'il deman-
dait personnellement que l'appel des affaires
de l' Ajupa Bouillon et du Diamant ne vien-
nent pas devant la Cour avant son arrivée à
la Martinique. Nous savons gré au ministre des
Colonies d'assurer l'intégralité des droits de
la défense. Ajoutons enfin, et nous nous en fé-
licitons, que le Gouverneur est en bonne voie
de guérison.
Solennité musulmane
-0
Les têtes de Mouled
A l'occasion des fûtes musulmanes du
Mouled, le bey est venu à Tunis avec toute
sa cour, pour visiter les mosquées.
M. de Castillon de Saint-Victor, ministre
plénipotentiaire délégué do la résidence, a
accompagné lie souverain à la cérémonie of-
ficielle du palais de Dar el Bey.
Le soir, les souks étaient brillamment
illuminées, la cavalerie et la garde beyli-
cale escortaient le cortège. Un escadron du
4° chasseurs d'Afrique et le 7° régiment de
chasseurs alpins rendaient les honneurs.
Pour les coloniaux tombés à l'ennemi
--0-&--
MM. André Ilesc. ministre des Colonies, et
Alexandre Varenne. gouverneur général de l'In-
dochine, se rendront, le 10 octobre à 10 heures.
a la r.-uRode du jardin colonial, à Nogent-sur-
Marne, et déposeront une patine au monument
des :nlullia Il x morts pour lu France
C\':-;l le 21 octobre a 11 heures et non ù.
!."> heures qu'aura lieu la cérémonie il la mé-
moire des Malgaches, au Jardin Colonial de
Notent.
HMMM LlmlillE IT MOSIUL
---o-cr--
M. Chekri-Ganem, l'auteur d' A ntar qui ai
connu et qui connaîtra encore de beaux succès
à l'Opéra, a composé un poème, intitulé Le
Giaour, que M. Marc Delmas, prix de Kome,
a mis en musique
.,.
Le relour do Marechal LYAUTEY
Avant de s'embarquer pour la France, le
maréchal Lyautey se rendra à Fez samedi
prochain.
Dans la matinée, il recevra les notables in-
digènes et visitera la ville, donnant ainsi une
dernière preuve de ses sentiments affectueux
pour les Fezcis.
L'après-midi, il recevra la colonie fran-
çaise.
11 accomplira ensuite la visite rituelle à
Moulaï-Idriss où il déposera son offrande ha-
bituelle.
Dimanche, le maréchal s 'arrêtera a Mek-
nès, où il recevra la colonie française et les
notables indigènes.
Lundi, à l'issue du Conseil du Gouverne-
ment, il recevra à la Résidence générale la
colonie française de Rabat et de la région,
et. mardi il recevra les notables indigènes.
Mercredi, il se rendra à Casablanca.
Le maréchal compte s'embarquer pour la
France le 10 octobre.
Membre de droit du Conseil Supéneur de
la (uerre, l'ancin Résident Général de
France au Maroc pourra y jouer un rôle très
utile. Son successeur parait toujours devoir
être M. Steeg, sur le nom de qui se réunissent
presque tous les suffrage-.
ut démission du mare Chai Liautty
0-0
Les ministres se sont, reunis en conseil
u l'IClysée, sous la présidence de M. iKm-
mergue.
Le Coiivernement n pris <•< >un.'ussa.n la lettre par laquelle le maréchal Lyautey
deniîinde à être relevé de ses tondions de
Résident, général all Maroc pour les rai-
sons qu'il a fait, connaître lui-même a Ha-
bat. et qu'il avait, indiquées déjà en l'.tëiS
et L)2î.
Le Conseil des minisires, regrettant la
décision du maréchal mais s'inclinait! tle-
vant ses raisons impérieuses, a décidé,
d'accepter sa démission. Il lui adresse l'ex-
pression de la reconnaissance du pays
pour la grande sation accomplie par lui au Maroc, et no-
tamment pour le dévouement et l'énergie
dont il a fait preuve dans la période cri-
tique (le ces derniers mois.
tX NUMERO : a» CENTIMES
1EUDI SOIH, lor OCTOBRE 1925.
Les Annales Coloniales
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JOURNAL QUOTIDIEN
us Ainan PUBUÉS ra UA AMKAUMOOLOMIALM" SONT U nmuiii
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Le Mouvement Destourien
-– l' *–
Je reviens à la brochure de M. André
Servier : Le Problème Tunisien et la Ques-
tion du Peuplement Français. Les Italiens,
forts de leur nombre et de la ténacité de
leurs convoitises, rêvent de nous supplanter ;
le6 indigènes, poussés par la propagande
panislamique et par les sollicitations commu-
nistes, rêvent de nous jeter dehors. Voilà
le double danger. Nous avons parlé du pre-
mier; parlons à présent du second.
Et d'abord de quels indigènes est-il ques-
tion? Nous avons vu que la population de
Tunisie a accepté sans murmure et même
avec empressement, l'autorité de la France :
cultivateurs, petits et moyens commerçants,
artisans continueraient à vivre dans la tran-
quillité; mais il y a les gros propriétaires ter-
riens, les négociants riches, tous ceux qui
regrettent le temps où les privilèges et les
abus les faisaient tout-puissants; en outre,
ils se sont appauvris pour satisfaire aux be-
soins nouveaux qu'ils se sont créés à notre
exemple : tel bourgeois capitaliste qui pas
sait jadis pour un Crésus a perdu le prestige
de cette opulence, aux yeux de l'indigène
qui, désormais à l'abri de l'injustice grâce à
nos lois, lui achète une partie de ces biens
dont l'autre était si fier. De là, des rancunes
qui ne s'apaisent pas, des regrets qui se
transforment en esprit de révolte: ce nationa-
nalisme a pour mobile autre chose que
l'amour de la patrie. La patrie, c'est poui
ces gens-là, la terre où l'on jouit de ri-
chesses considérables aux dépens du voisin.
Ajoutez qu'ils sont instruits, cultivés; ils ont
fréquenté nos écoles, ils nous ont emprunté
des armes dont ils savent se servir ; écoutez
les, il vous sera difficile de deviner qu'en
fait ils sont aigris par la disparition de cette
féodalité capitaliste dont ils étaient les sei-
gneurs redoutés; ce sont des républicains,
des démocrates, des socialistes, que dis-je?
les communistes ne sont pas pour les ef-
frayer, et ils ne repoussent pas la main que
ceux-ci leur tendent, dussent-ils être entrat-
nés eux-mêmes beaucoup plus loin qu'ilh
D'auraient pensé, et dans d autres dinction.
qu'ils n'auraient voulu. Ces démocrate* sont.
au fond, de fervents musulmans, ce qui est
leur droit, et les agitateurs des classes
moyennes et des classe pauvres, ce qui n'est
pas leur devoir : mais c'est notre devoir, à
nous, de veiller.
A côté et au-dessous, les prolétaires dc"
villes, portefaix, tâcherons, ouvriers des che-
mins de fer et des tramways, employés des
administrations Leur but est d'obtenir des
avantages corporatifs; le moyen est l'adhé-
sion au syndicat. M. André Servier les mon-
tre séduits par « les surenchères démago-
giques ib, et passant de là dans les grou-
pements « socialistee ou communistes.. En-
core faut-il une distinction entre les deux
sortes de groupements; encore en faut-il une
non moins nécessaire entre les divers syndi-
cats. Mais enfin il est hors de doute que cer-
tains esprits, simples et sans défense contre
une certaine « blagologie » dont les effets
sont fâcheux, même dans la métropole,
soient là-bas troublés, et croient aussi au
grand soir colonial ; entendez: le grand soir où
les bolchevistes et les nationalistes se débar-
rasseront par la violence des représentants
du peuple colonisateur, et se trouveront, le
lendemain matin, en face d'une tentative de
Clictature du prolétariat : les seconds peut..
être en seront quelque peu surpris.
Je dis : peut-être, car il paraît surpre
nant que ces bourgeois capitalistes ne se dou-
tent pas des Uns véritables de leurs alliés,
Les dirigeants de Moscou ne cachent ni leur
plan ni leurs moyens d'action; les riches
propagateurs du nationalisme en Tunisie li-
sent, non seulement les journaux turcs et
égyptiens, mais les journaux qui leur vien-
nent de l'Europe tout entière. Sans doute,
leur finesse native n'est-elle pas dupe; elle
les garantira, pensent-ils, contre la tromperie
de ces collaborateurs qui s'imaginent leur
faire tirer les marrons du feu. La fable de
Bertrand et Raton doit avoir une origine
orientale. Ce qu'ils réclament, eux, c'est la
création d'un parlement national tunisien,
élu par le suffrage universel, une attribu-
tion plus large aux indigènes des fonctions
administratives, une part plus importante
à l'enseignement de l'arabe. Ça, c'est le pro-
gramme apparent; ce qu'ils veulent, en réa-
lité, c'est un régime qui leur permettrait
d'avoir la première place dans le pays et de
l'exploiter comme autrefois. Ce que récla-
ment les communistes, c'est l'autonomie du
peuple, l'indépendance de la nation, l'affran-
chissement du pays: ça, c'est le programme
apparent; ce qu'ils veulent en réalité, c'est le
chambardement général à la suite duquel la
dictature du prolétariat sera établie, et la
Tunisie deviendra une république soviéti-
que affiliée à l'U.R.S.S. Il y a quelque dif-
férence dans le but réel ; il n'y en a aucune
dans le but affiché, il n'y en a pas davan-
tage dans le moyen préconisé : l'expulsion
des Français.
Tels sont les dessous du mouvement ap-
pelé destourien : destour signifie constitu-
tion, et les destouriens sont les. constitu-
tionnels » de la Tunisie. Quelle est l'impor-
tance du mouvement? M. Servier déclare
qu'elle n'est pas très grande, et il est en
cela d'accord avec ceux qui vivent là-bas et
observent attentivement. Ne nous laissons
pu prendre par ces pétitions accompagnées
de nombreuses signatures, et qui n'ont au-
cune signification; la plupart des signataires
ne savent pas de quoi il s'agit; on peut
classer ainsi les gens qui adhèrent au mou-
vement destourien : 10 quelques commu-
nistes qui tirent les ficelles ; 2° quelques cen-
taines de bourgeois du pays dont la devise
à notre égard est : Ote-toi de là que je m'y
remette; 30 la foule ignorante et passive à
laquelle on fait prendre des vessies pour des
lanternes. Agitation superficielle, déclare
l'auteur : qu'on rappelle à leur devoir les
quelques Français, fonctionnaires pour la
plupart, et qui passent à la caisse tous les
mois; qu'on ramène les indigènes à la modé-
ration par des mesures énergiques : « Tout
rentrera dans l'ordre P.
Souhaitons-le. Au reste, les symptômes
d'affaiblissement se révèlent tous les jours.
Les socialistes se séparent des communistes
et des destouriens; ceux-ci ne réclament-ils
pas la substitution des fonctionnaires indi-
gènes aux fonctionnaires français? Le parti
socialiste se recrutant surtout parmi les fonc-
tionnaires, rien ne va plus. Les communistes
sont plus à l'aise pour accomplir leur beso-
gne; oui, mais ils sont moins à craindre,
étant moins nombreux et plus connus.
Quant aux bourgeois capitalistes, la masse
s'en méfie, quand elle voit comment ces
esprits avancés se conduisent envers les pau-
vres diables. c Elle les voit à l'œuvre,
comme propriétaires fonciers se montrant
impitoyables envers leurs kammès m. Notre
ennemi, c'est notre maître, et quand le
maître est dur et âpre au gain, on n'est pas
tenté de l'aider à reconquérir la toute-puis-
sance xju'il a perdue.
En résumé, de cette partie de l'étude de
M. Servier, je tire les deux conclusions sui-
vantes :
Le mouvement destourien est dangereux,
si on ne fait rien pour l'enrayer; toutefois,
non seulement il en est temps encore, mais
on est sûr du résultat si on se met rapidement
à l'oeuvre. On a l'impression que ces agita-
teurs et ces agités ont fait jusqu'ici plus de
bruit que de mal, et que, si on les empê-
chait de faire plus longtemps du bruit, le
mal ne serait pas très grand. D'autres di-
ront qu'il y a peut-être là un peu trop d'op-
timisme : c'est qu'ils n'auront pas lu le reste
de la brochure et la partie intitulée : - Un
Programme d'action. Ils y verront que, loin
de considérer le problème comme facile à ré-
soudre, l'auteur s'attache à mettre en lu-
mière les mesures indispensables et urgentes
qui s'imposent si nous voulons conserver la
Tunisie.
Mario Rouataa,
Sénateur de l'Hérault, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
viticole.
04
M. VIOLLETTE A ALGER
–O-0
Le Gouverneur général et Mme Viollette
sont arrivés hier à 15 heures par le paque-
bot Général-Chanzy. Le Gouverneur a été
salué par toutes les autorités et de nom-
breuses personnalités politiques et militai-
res. M. et Mme Violette se sont rendus im-
médiatement au Palais d'été.
(Par dépêche.)
8.1
UN AUDACIEUX ATTENTAT
A PORTO-FARINA
––©«–
IJnc jeune fille française, Marie Lannes,
fille du gardien en chef du bagne ne Porto-
Farina, près de Bizerle, a été enlevée de
chez ses parents, en plein après-midi, par
deux bandits indigènes armés de lusils. Les
appels désespérés de la jeune fille, qui est
dflée de quinze ans, furent heureusement
entendus par des habitants de la localité,
qui sauvèrent la captive. Mais ses ravis-
seurs parvinrent à s'enfuir.
(Par dÓphe.)
Des purs sangs
pour l'Afrique du Nord
Hier, au Tremblay, le prix Prince Charlie,
réservé aux poulains et pouliches de deux
ans, a été gagné par Mélodieuse, apparte-
nant à M. Jacques Schwob, entraînée à Chan-
tilly par Michel Pantall et montée par le
jeune H. Pantall, la meilleure cravache de
cette fin d'année. La pouliche qui a fait un
rapport intéressant, 69 francs gagnant pour
10 francs au pesage, et 44 francs pour 5 fr.
à la pelouse, a été, comme elle devait l'etre,
vendue aux enchères après la course. Mise à
prix 18.000 fr., elle a été réclamée à 23.050
francs par M. G. Zermati, propriétaire d'une
écurie de course en Algérie où il l'envoie.
Déjà, dimanche à Longchamp, a couru
cette fois sans succès, en attendant mieux,
La Chérifienne, un nom prédestiné pour une
pouliche destinée à l'Algérie. La Chérifienne
appartient à M. Brossette, le propriétaire le
plus important de l'Afrique du Nord et dont
on regrette de ne pas voir plus souvent les
sympathiques couleurs représentées sur les
hippodromes parisiens où il remporta de bril-
lants succès, notamment avec une pouliche
de grand style, la Chiffa.
Boiard.
Les exportations de l'Afrique
Occidentale Française
pendant le 1" semestre 1925
0-0-
D'après diverses informations
transmises par nos correspondants
africains, le commerce d exorta.
tion de fA.O.F., pendant le premier semes-
tre de l'année en cours, n'accusait pas en
quantités, sauf en ce qui concerne les
arachides, les bois et les cacaos, d'aug-
mentation sensible, sur la période correspon-
dante de 1924. Les exportations d'huiles et
amandes de palme qui n'ont pas atteint
43.000 tonnes pour les six premiers mois de
1925,sont même inférieures de pris de 3.000
tonnes à celles de l'année précédente ; celles
des autres corps gras, copralt, karité, sèscF
me, ricin, ou produits divers, peaux laines,
coton, gommes, caoutchouc, bananes, etc.,
restent ?t réalité très faibles et il semble
qtl on ne tente pas, pour développer certai-
nes d'entre elles, tous les efforts qui seraient
nécessaires.
Par contre, les augmentations enregis-
trées sur les arachides, les bois et les cacaos
sont fort intéressantes.
L'arachide est incontestablement et res-
tera l'aliment principal du commerce d'ex-
port att on ouest-afrtcatn. L'A. O. F. et no-
tamment le Sénégal, le Soudan et la Haute-
Volta sont des terres d'élection pour cette
graine oléagineuse ; les possibilités de cul-
Hure et de production n'y sont limitées que
par celles d'évacuation vers les ports de la
côte. On sait malheureusement que ces moyens
de transport ne sont pas nombreux et que là
où ils existent, ils se révèlent très insuffi-
sants. Le Thiès-Kayes, à Peine achevé, suf-
lit difficilement en effet, à transporter les
graines qui sont cultivées dans les régions tra-
versées par cette voie ferrée; il n'évacue cel-
les qui sont fourmes par le Soudan qu'avec
des difficultés plus grandes encore et cette
dernière colonie doit user de beaucoup de
circonspection pour mettre en valeur les im-
menses superficies qui se prêteraient admira-
blement à la production de Varachide. Si
cette constatation pouvait seulement servir à
éviter les mimes erreurs sur les autres che-
mins de fer en construction ou en projet !.
Quoi qu'il en soit et malgré tous les retards
imputables aux services transporteurs, les dif-
férents ports du Sénégal ont pu expédier,
pendant le semestre qui nous intéresse, 290
mille tonnes de graines contre 248.000 pen-
dant les six premiers mois de 1924. C'est
un assez beau succès et les stocks restant tant
dans les ports que dans les gares et les ma-
gasins du commerce, laissent prévoir pour
l'ensemble de l'année, une augmentation sans
précédent.
Les bois d'ebénisterie ici nous passons
à la Côte d'Ivoire accusent d'autre part
44.400 mètres cubes et les bois communs
n.250 mètres cubes contre, respectivement
40.000 et 3.290 pendant le ier semestre 1924.
C'est d'autant plus remarquable que cer-
taines mesures prises par le Gouverneur in-
térimaire de la colonie, M. Brunot, ont, sous
prétexte de protéger la main-d'œuvre indigè-
ne, entravé assez sérieusement les exploita-
tions pendant plusieurs mois.
Les sorties de cacao, avec 4.520 tonnes,
contre 2.300, sont un excellent présage pour
l'avenir de la production du cacao à la Côte
d'Ivoire. L'effort réalisé par la colonisation
indigène est réel et il est regrettable que la
majeure partie des populations autochtones
de la région côtière reste à peu près réfrac-
taire à tout Progrès, à toute itmovation. Cette
zons se prête merveilleusement à toutes les
cultures riches; cacao_ver, caféier, cocotier,
palmier à Iile, etc. et si Vindigène faisait
simplement là un effort semblable à cetui
que l'on constate dans le Bas-Dahomey, c'est
par centaines de milliers de tonnes que les
produits de toutes sortes pourraient être ex-
portés de la colonie. Les chiffres enregistrés
sont beaucoup plus modestes; ils s'accrois-
sent heureusement avec une progression len-
te, mais assez régulière.
Pour conclure, disons que l'examen des
statistiques commerciales de l'A. O. F., est
surtout favorable aux colonies du Sénégal et
de la Côte d'Ivoire qui dtcusent chaque année
une augmentation appréciable de leur ton-
nage d'exportation. Les autres colonies du
groupe sont relativement stagnantes, com-
me la Gutnee et le Dahomey, ou attendent,
pour prendre leur essor, que des moyens suf-
fisants de communication les rapprochent de
la côte ; c'est le cas pour le Soudait et la
Haute Volta. Quant à la Mauritanie et au
Niger. n'en parlons pas. Dans l'ensuit-
ble, la situation est néanmoins excellente,
et c'est là le principal.
Pierre Valatle,
Député du Cher.
SÉNÉGALAIS COMMUNISTE
Des gardiens de la paix du huitième ar-
rondissement ont arrêté, hier, à l'Exposi-
tion des arts décoratifs, le Sénégalais Ia-
mine Sengkor, trente-six ans, né à Dakar,
facteur des postes en congé, demeurant 61,
rue Myrrha, qui distribuait des tracts
antimilitaristes à ses compatriotes soldats,
de service au pavillon de l'Afrique occi-
dentale. Sengkor a été envoyé au dépôt.
Léon Bourgeois
00
M. Léon Bourgeois, sénateur, ancien pré-
sident du Conseil, ancien président de la
Chambre des députés et du Sénat, premier
délégué de la France à La Haye et président
honoraire de la délégation française à la So-
ciété des Nations, président d'honneur de la
Société Amicale de la Marne, est mort avant-
hier mardi, d'une crise aiguë d'urémie, au
château d'Oeer, près d'Eoernav.
Né à Paris, le 21 mai 1851, M. Léon Bour-
geois fit ses études au Lycée Charlemagne,
en compagnie de M. Cavaignac et de M. Ber-
teaux qui devinrent plus tard tous deux mi-
nistres de la Guerre.
Reçu docteur en droit après la guerre de
1870, où il gagna les galons de maréchal des
logis d'artillerie, il devint à Paris secrétaire
de la Conférence des Avocats.
C'est comme chef du Bureau du Conten-
tieux au ministère des Travaux publics, en
1876, que Léon Bourgeois débuta dans la vie
administrative qui allait le conduire à la
politique militante.
Il fut élu député de la Marne le 26 février
>888 contre le général Boulanger et s'inscri-
vit à la gauche radicale de la Chambre.
L'Instruction publique, l'Intérieur, les Affai-
res étrangères et le Travail furent ses suc-
cessifs portefeuilles.
Sa santé délicate l'obligea à quitter en
1923 la présidence du Sénat.
Délégué de la France en 1899 et 1907 à la
Conférence de La Haye, Léon Bourgeois y
préconisait l'institution du tribunal souverain
entre les nations assurant à chacune la ga-
rantie de ses droits imposant à chacune une
règle commune de justice. Les travaux de la
Conférence aboutirent au projet signé par
trente-deux Etats. La Société des Nations en
est sortie.
En 1019, il y était désigné comme président
de la délégation française, et la Société des
Nations, reconnaissante de ses longs efforts,
l'appelait à diriger ses travaux.
Etu par l'Académie des Sciences Morales
et Politiques, il fut reçu comme membre li-
bre.
Sa vie, si intimement liée à l'histoire de
la troisième République, fut avant tout celle
d'un arbitre, conciliateur et apôtre de la
paix.
Parmi les MaTnais, il était le bienfaiteur,
le conseiller avisé.
Les Annales Coloniales s'associent au deuil
du docteur Georges Bourgeois et le prient,
ainsi que leurs amis et distingués collabora-
teurs MM. Ernest Haudos et Auguste Bru-
net, d'agréer leurs très sincères condoléances.
8..
Le Cabinet de M. Alelodre VARENNE
Le cabinet civil de M. Alexandre Varenne,
Gouverneur Général de l'Indochine, est ainsi
constitué :
Directeur : M. Le Fol, administrateur de
po classe des Services civils de l' Indochine ;
Chef de cabinet : [Vl. Trillat, chef de bu-
reau hors-classe au Ministère des Travaux pu-
blics ;
Chef-adjoint : M. Richard, sous-préfet de
Ire classe.
Sous-chef ; M. Carrière Roger, publiciste ;
Chef du Secrétariat particulier : M. Masse
Fleury, licencié en cfcoit ;
Attaché : M. Voirin André, avocat à la
Cour ;
Attaché : M. Becq Roger.
8.1
R. Alexandre VARENNE
à l'Exposition des Arts Décoratifs
Le Gouverneur Général de l'Indochine
Alexandre Varenne a tenu, avant de rejoin-
dre son poste, à donner aux artisans indo-
chinois de l'Exposition,, des Arts Décoratifs,
un témoignage de sa sollicitude. C'est pour-
quoi, en compagnie du ministre des Colonies,
il s'est rendu avant-hier après-midi au pa-
villon de l'Indochine, dont nous avons déjà
relaté l'ingénieuse et artistique installation.
Après la visite des salles et des stands à
laquelle il prit le plus grand intérêt, M. le
Gouverneur Général de l'Indochine alla, sous
la conduite de M. le Gouverneur Général
Camille Guy, jeter un coup d'oeil au pavil-
leu de l'A. O. F. et de Madagascar dont
les pierres précieuses semblèrent retenir
toute son attention.
M. André Hesse remercia ensuite M.
Alexandre Varenne d'avoir bien voulu con-
sacrer quelques instants, cependant si pré-
cieux, à la veille de son départ, à l'exposi-
tion de ces collections de ses futurs adminis-
trés qui ont donné à la France et aux étran-
gers une haute opinion de leurs talents ar-
tistiques, et ce sera une satisfaction profonde
pour les indigènes de notre belle colonie
d'Extrême-Orient que de savoir l'approbation
du Gouverneur Général à la conservation du
pavillon de l'Asie que M. André Hesse es-
père voir affecter aux œuvres exposées en
1928 à l'Exposition Coloniale Internationale
pour laquelle il va déposer un projet de loi.
M. Alexandre Varenne, en une très heu-
reuse improvisation, a promis de protéger les
écoles d art indochinois et de les aider à
soutenir leur renommée mondiale. « Ma tâ-
che sera lourde, a ajouté le Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine, mais je ferai tous mes
efforts pour qu'à mon retour les indigènes et
les colons puissent me considérer comme un
homme juste et un bon citoyen. J'aurai alors
la certitude d'avoir bien servi mon pays. x
Souhaitons donc que ces paroles aient leur
écho dans notre Extrême-Orient où, sans au-
cun doute, avec l'appui du Gouvernement de
la République, M. Alexandre Varenne et ses
collaborateurs feront de la bonne besogne en
continuant à faire aimer la France par une
protection éclairée et bienveillante des Indo-
chinois.
hionof -
Le Colontl HONTEIl
--(M)-
Un de nos grands explorateurs coloniaux,
le colonel Monteil, de l'infanterie de Marine,
vient de mourir, presque subitement, à l'âge
de 70 ans.
Sa carrière est intimement liée à l'histoire
de la conquête de notre Empire colonial afri-
cain. Sa première étude du tracé du che-
min de fer du Sénégal au Niger, que lui avait
confiée le général Brière de l'isle, du 21 no-
vembre 1879 au 25 janvier 1880, dont il pu-
blia les résultats dans son Voyage d'Explora-
tion au SénégGl. nous facilita plus tard l'éta-
blissement du chemin de fer de Thiès à Kayes
à travers le Djoloff et le Ferlo.
Au retour de cette mission, le capitaine
Monteil fut nommé chef du bureau politique
du Sénégal, puis chef de la mission topogra-
phique du Haut-Fleuve. C'est alors que de
Ségou, sur le Niger, Monteil entreprit avec
une modeste escorte de vingt tirailleurs sa re-
marquable exploration du Niger à Tripoli par
le lac Tchad qu'il a relatée dans son ouvrage :
De Saint-Louis à Tripoli, par le lac Tchad.
Monteil traçait pour la première fois un iti-
néraire direct du sud au nord à travers le
Sahara central, aujourui suivi par les auto-
mobiles. Cette exploration lui valut le grade
de chef de bataillon et la grande médaille d'or
de la Société de Géographie. Son ouvrage
reçut de l'Académie Française le Prix Mon-
tyon.
Infatigable et fidèle Africain, nous le retrou-
vons dans le Haut-Oubangui en 1893, où il
devint Gouverneur, après avoir fait partie de
la Commission de délimitation franco-alle-
mande du Cameroun, ce qui lui valut les féli-
citations officielles du Conseil des Ministres.
A la Côte d'Ivoire, en 1894, Monteil réprime
la révolte des Baoulis, puis marche contre Sa-
mory à Kong, enlève Dabakala et revient à la
Côte, après avoir été grièvement blessé. Il fut
alors obligé de prendre une retraite anticipée.
En 1914, quand la guerre éclata, le colonel
Monteil reprit du service et fut nommé chef
d'état-major de la place de Paris, se retrou-
vant en ce poste comme trente-huit ans aupa-
ravant sous les ordres de son vieil ami Galliéni:
il occupa ce poste jusqu'en 1915, date à la-
quelle on le chargea de mission et d'études
pour la défense sous-marine.
Le colonel Monteil laisse de nombreux
écrits, dont les derniers ont paru en 1924 sous le
titre : Quelques feuillets d'Histoire coloniale.
Dans ce volume, il apporte une documentation
expérimentale personnelle, ainsi que des vues
d' avenir, tant sur les démêlés passagers entre la
France et l'Etat indépendant du Congo que
sur la rivalité, en Afrique, entre l'Angleterre
et notre pays ; il précise aussi les menées de
r Allemagne en Tripolitaine, qui provoquèrent
l'intervention de l'Italie, encore hésitante, et
établit la répercussion de tous ces événements
sur le groupement des nations pendant la gran-
de guerre.
Il avait essayé à plusieurs reprises, et sans
succès, de la politique. Au lendemain de sa
retraite en 1898, il s'était présenté dans la
première circonscription du Vie arrondissement
de Paris comme libéral et avait réuni 1.221
voix au premier tour, contre M. André Ber-
thelot, radical-socialiste et conseiller municipal
de la Monnaie, qui en avait recueilli 3.237.
Mais au second tour, le fantoche gélatineux
qu'est M. Charles Benoist, candidat conserva-
teur, - malgré ses 1.962 - voix du premier tour,
n ayant pas osé affronter la lutte, le colonel
Monteil reprit le drapeau des modérés, de ces
mains pusillanimes, et rassembla 3.193 contre
le futur sénateur de la Seine qui fut élu par
3.731 voix.
Depuis une quinzaine d'années, le colonel
Monteil se consacrait plus à la mathématique
qu'aux colonies. Quand nous le rencontrions
sur les boulevards ou aux Champs-Elysées, il
préférait rivaliser avec Painlevé qu'avec Gal-
liéni et entraînait son interlocuteur dans des
considérations et déductions où il ne pouvait
guère le suivre.
Africain de l'épopée héroïque, de la grande
épopée coloniale, le colonel Monteil laissera
d'unanimes regrets chez tous ses camarades
pour qui il ne cessa d'être un chef bienveillant
et estimé.
Eugène Devaux
-00.
LE BEDEUL WIÇMMB CHEZ M. PMKLEVE
*
Hier aprôs-niidi, M. Paul Painlevé, prési-
dent du Conseil, a reçu liC général Michaud,
retour de Syrie, avec lequel il a eu une lon-
Uiie conversation sur les événements mili-
taires qui se sont déroulés tandis que Ton
tentait. do débloquer Soueïda.
A la présidence du Conseil
M. Paul Painlevé, président du Conseil, a
1 feu M. André liesse, minisliv des Colo-
nies, et M. Alexandre Varenne, gouverneur
général de l'Indochine, qui l'ont entretenu
de différentes questions concernant notiv
eolonie d'Extrême-Orient. 1-e gouverneur
général a annoncé au président du Conseil
qu'il s'embarquerait, le 23 octobre, à Mar-
Meille, sur le paquebot Paul-Lerat, à desti-
nation de l'Indochine.
M. Painlevé a reçu ensuite la mnréelml
Franchet d'Esperey, puis le contre-amiral
Pirot, nouvellement désigné comme chef de
cabinet du ministre de la Marine.
A LA MARTINIQUE
-0-0---
Lagrosillière et ses amis
condamnés
On se souvient du drame rapide qui, à bord
du Pellerin-de-Latouche, faillit coûter la vie
au Gouverneur Richard. L'instruction de cette
affaire se poursuit ; l'assassin Des Etages,
qui tira sur M. Richard (sous prétexte de ven-
ger son père tué dans une bagarre qu'il avait
lui-même suscitée), est en prison à Fort-de-
France, où il est défendu par M" Lazurick,
avocat à la Cour d'appel de Paris. Plaignons
notre ami Robert Lazurick d'être chargé d'une
tâche aussi ingrate.
Ludovic-Oscar Frossard n' est point inscrit
au barreau, mais, se référant à des précédents
nombreux, il sollicitera, conformément au Code
d'instruction criminelle, l'autorisation d' appor-
ter à la défense l'éclat de sa parole. On se
souvient qu'il avait été chargé d'une mission
aux Antilles par M. Séjourné et l'Union des
Intérêts Economiques.
D' autre part, les inculpés du Diamant et de
l'Ajupa Bouillon viennent d'être condamnés
en première instance : M. Lagrosillière à 4
mois de prison, M. Emmanuel Roch et ses
co-inculpés à 2 mois. Ils se pourvoient en ap-
pel, et c'est Me Lazurick qui soutiendra leur
pourvoi.
M. André Hesse, ministre des Colonies, a
bien voulu assurer au défenseur qu'il deman-
dait personnellement que l'appel des affaires
de l' Ajupa Bouillon et du Diamant ne vien-
nent pas devant la Cour avant son arrivée à
la Martinique. Nous savons gré au ministre des
Colonies d'assurer l'intégralité des droits de
la défense. Ajoutons enfin, et nous nous en fé-
licitons, que le Gouverneur est en bonne voie
de guérison.
Solennité musulmane
-0
Les têtes de Mouled
A l'occasion des fûtes musulmanes du
Mouled, le bey est venu à Tunis avec toute
sa cour, pour visiter les mosquées.
M. de Castillon de Saint-Victor, ministre
plénipotentiaire délégué do la résidence, a
accompagné lie souverain à la cérémonie of-
ficielle du palais de Dar el Bey.
Le soir, les souks étaient brillamment
illuminées, la cavalerie et la garde beyli-
cale escortaient le cortège. Un escadron du
4° chasseurs d'Afrique et le 7° régiment de
chasseurs alpins rendaient les honneurs.
Pour les coloniaux tombés à l'ennemi
--0-&--
MM. André Ilesc. ministre des Colonies, et
Alexandre Varenne. gouverneur général de l'In-
dochine, se rendront, le 10 octobre à 10 heures.
a la r.-uRode du jardin colonial, à Nogent-sur-
Marne, et déposeront une patine au monument
des :nlullia Il x morts pour lu France
C\':-;l le 21 octobre a 11 heures et non ù.
!."> heures qu'aura lieu la cérémonie il la mé-
moire des Malgaches, au Jardin Colonial de
Notent.
HMMM LlmlillE IT MOSIUL
---o-cr--
M. Chekri-Ganem, l'auteur d' A ntar qui ai
connu et qui connaîtra encore de beaux succès
à l'Opéra, a composé un poème, intitulé Le
Giaour, que M. Marc Delmas, prix de Kome,
a mis en musique
.,.
Le relour do Marechal LYAUTEY
Avant de s'embarquer pour la France, le
maréchal Lyautey se rendra à Fez samedi
prochain.
Dans la matinée, il recevra les notables in-
digènes et visitera la ville, donnant ainsi une
dernière preuve de ses sentiments affectueux
pour les Fezcis.
L'après-midi, il recevra la colonie fran-
çaise.
11 accomplira ensuite la visite rituelle à
Moulaï-Idriss où il déposera son offrande ha-
bituelle.
Dimanche, le maréchal s 'arrêtera a Mek-
nès, où il recevra la colonie française et les
notables indigènes.
Lundi, à l'issue du Conseil du Gouverne-
ment, il recevra à la Résidence générale la
colonie française de Rabat et de la région,
et. mardi il recevra les notables indigènes.
Mercredi, il se rendra à Casablanca.
Le maréchal compte s'embarquer pour la
France le 10 octobre.
Membre de droit du Conseil Supéneur de
la (uerre, l'ancin Résident Général de
France au Maroc pourra y jouer un rôle très
utile. Son successeur parait toujours devoir
être M. Steeg, sur le nom de qui se réunissent
presque tous les suffrage-.
ut démission du mare Chai Liautty
0-0
Les ministres se sont, reunis en conseil
u l'IClysée, sous la présidence de M. iKm-
mergue.
Le Coiivernement n pris <•< >un.'ussa.n
deniîinde à être relevé de ses tondions de
Résident, général all Maroc pour les rai-
sons qu'il a fait, connaître lui-même a Ha-
bat. et qu'il avait, indiquées déjà en l'.tëiS
et L)2î.
Le Conseil des minisires, regrettant la
décision du maréchal mais s'inclinait! tle-
vant ses raisons impérieuses, a décidé,
d'accepter sa démission. Il lui adresse l'ex-
pression de la reconnaissance du pays
pour la grande
tamment pour le dévouement et l'énergie
dont il a fait preuve dans la période cri-
tique (le ces derniers mois.
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