Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-08-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 août 1925 20 août 1925
Description : 1925/08/20 (A26,N123). 1925/08/20 (A26,N123).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63969701
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
Il
VINGT-SIXIEME ANNEE. No 123
tig NllMBBO : 10 CENTIMES
JEUDI SOIR, 20 AOUT 1025
Les Annales Coloniales
,', JOURNAL i QUOTIDIEN
.-. PM AIIIIMD v- --. -. LA .A.
axcumu vu JOUMUM
Lm Ammmmm eMhlmmm m$t wpw mm Ornmm ê*JnmmHêam ImAgm ma éêPwUkÊU
DIRECTEURS 1 MARCEL RUEDEL et L.-G. THÊBAULT
RéMiB Il AfaMniin 1 34, Rue du Mont- Thabop. PARIS-I* Tétotae : LOOTM 19-17
ABORIIEllENTt
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Froncé et Coloniet. 80 * 48 » 25 >
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Le Bolchevisme. et l'Empire Britannique
1
!»
La propagande bolcheviste aux colonies dont
'* j'ai ici même précisé le caractère, est chez les
t Anglais l'objet des préoccupations de tous les
* journaux. On reconnait très volontiers, comme
•r je l'ai démontré sans peine, que le Gouverne-
ment bolchevik n'est pas responsable des dé-
! sordres, qu'il n'est pas le créateur de tous ces
hypernationalisines xénophobes dangereux pour
toutes les nations coloniales sans exception,
mais qu'il utilise* ces mouvements, qu'il les
stimule et les encourage à son profit, qu'il les
considère comme devant servir à sa propre
1 cause. * - -
1 La Grande-Bretagne, parce qu'elle a le plus
î grand Empire colonial du monde, se sent le
plus directement menacée. Dès que la mission
soviétique de juin est arrivée à Londres, les
protestations ont redoublé. Le Daily Telegraph
proclamait que la Grande-Bretagne était l'ad-
versaire le plus détesté des Soviets : « Les
actes (du Gouvernement bolchevik) constituent,
au point de vue juridique, une violation fla-
grante d'une clause importante de l'accord an-
glo-russe de 1921. Il est impossible de justifier
le maintien d'un chargé d'affaires britannique à
Moscou et du personnel d'une ambassade russe
démesurée à Londres. La présence dans notre
* capitale des représentant, diplomatiques du
Gouvernement des Soviets à Londres est, pour
i le.moins, un scandale; elle pourrait constituer
! aisément une menace périlleuse contre la loi et
1 l'ordre. »
! Voilà le ton. Il y a quelques semaines, la
{ Yorkshire Post organe unioniste très répandu.
1 demandait au Gouvernement s'il estimait com-
I patible avec les intérêts et la dignité de la
Grande-Bretagne « de maintenir l'apparence de
relations diplomatiques normales avec un Gou-
vernement qui viole chaque jour ses promesses
les plus solennelles. » il reprenait l'opinion de
lord Birkenhead prétendant que l'heure était
venue d'examiner si l'Angleterre était sans dé-
fense contre les machinations du Gouvernement
soviétique*. « Comment pouvons-nous dénoncer
te communisme, s^O[iait-il, et expulser les
communistes étrangers, alors que nous permet-
tons à une mission communiste étrangère de tra-
vailler au milieu de nous? »
* Le même confrère introduisait cette nuance
qIIe la rupture des relations diplomatiques avec
le bolchevisme soviétique n'impliquait nulle.
ment une pensée hostile à l'égard de la Russie:
ce pays avait été notre allié pendant le début
de la grande guerre, et cela restait inoubliable ;
de plus, le monde enti er ne pouvait se recons-
tituer que si la Russie revenait à la prospérité.
* Mais « le Gouvernement soviétique et la tyran-
nie communiste en matière de commerce et de
politique extérieure rendaient illusoires les ef-
forts » de ceux qui auraient voulu travailler à
la restauration de la Russie.
« Le moment est venu pour le Gouverne-
ment britannique d'avertir nettement le Gouver-
nement des Soviets que s'il continue à attaquer
les intérêts britanniques en Chine, dans l'Inde
et partout ailleurs, les relations diplomatiques
avec la Russie seront rompues et l'ambassa-
deur de Russie à Londres renvoyé dans son
pays par le premier -bateau. Le pays est las
de ces menées souterraines et entend y mettre
fin. »
Telles sont les paroles énergiques d'un an-
cien membre du premier cabinet Baldwin, par-
lant le 4 juillet à Gillingham (Dorset). On en
trouvera des commentaires non moins énergiques
dans les journaux conservateurs, et aussi dans
certains autres.
La Birmingham Post, dans une étude du 15
juillet dernier, reproche en termes plus mesu-
rés mais non moins décisifs, aux ministres ap-
partenant aux trois partis politiques anglais
d'avoir montré une indulgence excessive en pré-
sence d' actes dont l'hostilité était évidente.
L'accord de 1920 aurait dû être dénoncé plu-
sieurs fois : non seulement il ne l'a pas été.
mais la reconnaissance des Soviets l'a renforcé.
Les actes nuisibles ont continué après que Mac
Donald eût reconnu la Russie ; malgré cela.
l'Angleterre a fait preuve de catience ! aujour-
d'hui, elle est dans le cas delégitime défense ;
la rupture ne saurait tarder, si cela continue.
Que M. Rakowski soit sincère quand il déclare
tenir à la continuité des relations commerciales
avec l' Angleterre, on doit - l'admettre :
« Il n'en reste pas moins qu'une organisa-
tion, dont le but avoué est la destruction de
l'Empire britannique, a son siège en Russie.
Ses émissaires ont cherché fréquemment, avec
l'approbation de hauts fonctionnaires de
l'Union soviétique (ceux que le même journal
appelle plus bas : des Russes influents) à sa-
per notre influence à l'étranger et à ruiner notre
paix intérieure. La destruction de la Grande-
Bretagne est certainement souhaitée par la
Ille Internationale ; une fraction importante des
ministres soviétiques la désire. Il est déplacé ou
inexact de dire, dans ces conditions, que per-
sonne ne désire en Russie la rupture des rela-
tions avec la Grande-Bretagne. »
Peut-être même les plus- à craindre sont-ils
ceux qui se déclarent disposés à entretenir des
relations cordiales avec l'Angleterre, pour
mieux ruiner son Empire colonial. J'embrasse
mon rival.
, La presse libérale anglaise a, bien entendu,
une toute autre attitude. Là, on n'est pas pour
la rupture immédiate, et l'on félicite volontiers
M. Chamberlain de ne pas avoir suivi le comte
de Birkenhead et sir Douglas Hoog. Mais il
est surlrmt rurieux de voir comment, dans la
Westminster Gazette, l'écrivain libéral. M. J.-
A. Spnder, s'oppose aux protestations des
conservateurs. C'^st la thèse du docteur Tant-
Mieux. Pourquoi trembler pour les colonies an-
glaises? Le péril qui les menace est passager.
La Russie est à la veille d'une évolution pro-
fonde et d'une transformation complète. Encore
dix ans, et du bolchevisme, il ne restera plus
que le nom ; peut-être quelques villes en con-
serveront-elles l'empreinte ; mais les millions
de paysans qui sont la force stable d'un peuple,
n'en garderont même plus le souvenir. Il faut
donc ne pas commettre la faute de rompre lei
contact avec la Russie.
Au lieu de s'indigner et d'exiger des mesu-
res de représailles, que lord Birkenhead et sir
Douglas Hoog se renseignent avec exactitude :
ils s' apercevront que le moment ne saurait être
plus mal choisi pour une offensive contre le
bolchevisme : « Si le projet de pacte devait
échouer et si les relations devaient être rom-
pues en même temps avec la" Russie, l'Alle-
magne se tournerait inévitablement vers l'Orient;
l'alliance des deux pays hors la loi deviendrait
une certitude. Nous demandons que le pro-
blème soit examiné avec sang-froid et sous tous
ses aspects. La responsabilité exclusive doit
appartenir à cet égarj à M. Austen Chamber-
lain ou à M. Baldwin. »
L'Allemagne se tournerait inévitablement
vers l'Orient. Voilà, en effet, un des côtés
du problème, et non des moins difficiles ni des
moins délicats. La question des relations anglo-
soviétiques est compliquée de la question des
relations germano-soviétiques. On le sent à
chaque pas dans les articles de journaux et de
revues écrits en Angleterre depuis l'accord de
1920. Ainsi, ce ne sont pas seulement les co-
lonies anglaises, ce ne sont pas seulement les
colonies des peuples de la vieille Europe, c'est
le sort même de l'Europe, de l'Asie, et, pour
tout dire, du monde entier qui se joue lorsque
fe jouent les parties diplomatiques entre le
Royaume-Uni et le Gouvernement soviétique.
M. J.-A. Spender a bien raison : il faut exaK
miner le problème avec sang-froid et sous tous
ses aspects.
Mario Rouatan,
Sénateur de VllùrauU, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
v ilicole.
̃ ̃ o»
Autour de la loi de finances
Les sucres, rhums, vanilles et essences
sont des produits bruts.
On sait que l'article 24 de la Ici de finan-
ces du 13 juillet 1025, article que nous
avons reproduit déjà, dispose :
Il L'article 60 de la loi de finances du 25
juin 1920 est complété ain%i qu'il suit :
« Sont également exemptes de la taxe
prévue à l'article 59, les affaires consistant
dans la vente de produits végétaux, ani-
maux ou minéraux, importés à l'état brut,
dont la liste sera fixée par un décret rendu
sur la proposition des ministres des Finan-
ces, du Commerce et des Colonies, lorsque
cette vente est effectuée par l'importateur
lui-même et que les produits sont vendus
dans l'état où ils ont été importés. »
Au moment où l'on va arrêter la nomen-
clature des produits entrant dans la caté-
gorie susvisée, il nous parait nécessaire de
signaler parmi ceux qui doivent figurer
dans le décret auquel il est fait allusion
plus haut, les sucres bruts et les rhums des
colonies françaises qui constituent la forme
première sous laquelle est réalisée la canne
à sucre.
Ces sucres figurertt au tarif des douanes,
art. 90, sous la dénomination :
Sucres des colonies et possessions fran-
çaises.
Sucres bruts (y compris les poudres blan-
ches).
Sucres raffinés autres que candis.
Candis.
C'est de la première catégorie (sucres
bruts, y compris les poudres blanches) que
nous voulons parler dans la circonstance.
Il va de soi, en effet, que la dénomination
de produits importés à l'état brut doit in-
contestablement s'appliquer aux sucres et
aux rhums. Il n'est pas possible, en bonne
logique, de dire que ce sont là des produits
fabriqués, à moins de décider.– ce qui se-
rait absurde - que la canne peut être im-
portée en France pour y être transformée,
par usinage, en rhum et en sucre.
Lors de la discussion, il y a quelques an-
nées, de la loi de finances qui, pour la pre-
mière fois, inséra la disposition qui pré-
cède, M. Bokanowski, alors rapporteur gé-
néral, avait émis la prétention de ne point
considérer le sucre comme un produit brut.
M. Georges Boussenot, alors député de la
Réunion, - s'éleva vivement contre cette pré-
tention et M. Bokanowski n'insista pas.
Très opportunément" le Syndicat général
des Producteurs de rhums et de sucres colo-
niaux a rappelé la question aux élus des co-
lonies intéressées.
Il doit en être de même de la vanille et
nous pourrions ajouter des essences, la va-
nille ne pouvant être « travaillée » qu'aux
lieux de récolte et les essences devant être
produites par la distillation des fleurs fraî-
ches de plantes à parfum : mimosa, ylang-
ylang, géranium, etc.
–-–
L'AVIATION JCOLONIALE
Un accord a été signé entre le ministre
do l'Aéronautique et la Compagnie Impérial
Airways aux termes duquel cette dernière
établira un service aérien entre F.l-Kantara,
près du canal de Suez et Karaschi, aux In-
des.
La distance sera couverte en soixante
heures, ce qui épargnera aux voyageurs six
jours de traversée.
La caisse intercoloniale
des retraites
et le supplément colonial
---0-0--
La haute administration
coloniale a compris, il y a
quelques années déjà,
qu'elle avait tout intérêt à
attirer vers la carrière co-
loniale toute une jeunesse
active, énergique et hon-
nête, et parmi les moyens
à sa disposition, un des
meilleurs est certainement l'attribution de sol-
des et de retraites convenables et en rapport
avec les risques courus, l'exode de fonction-
naires sélectionnés vers les pays d'outre-mer.
Quand on compare la valeur des cadres
actuels à celle des cadres de jadis, on se rend
compte que d'une manière générale, nos
administrateurs et leurs adjoints ont eu à
coeur dç relever le prestige des fonctionnaires
coloniaux et c'est pourquoi nous devons nous
joindre aux fonctionnaires et agents coloniaux
qui demandent l'incorporation du supplément
colonial dans le calcul de la retraite des tri-
butaires de la caisse intercoloniale.
Instauré par l'article 4 du décret du
11 septembre 1920, le supplément colonial
est un accessoire de solde alloué aux fonc-
tionnaires coloniaux pour tenir compte de leur
séjour effectif dans nos possessions d'olltre-
mer.
Assujetti aux retenues pour dettes et ait-
ment s, le supplément colonial est donc consi-
déré comme le traitement lui-même et doit
être soumis à retenues pour le décompte de
la pension de retraite. D'autre part, il rem-
place la solde coloniale et a pour but essen-
tiel de conserver au personnel colonial les
avantages dont il jouit depuis son organisa-
tion.
Ce nest pas ujt supplément de cherté de
vie, et il est attribué pendant tous les séjours
aux colonies, car la solde de présence, en
Europe, est jugée si insuffisante que les
fonctionnaires coloniaux en service en France
touchent une forte indemnité.
En négligeant le supplément colonial dans
le décompte de la pension, on aboutirait a
une diminution du faux de cette pension alors-
que par le relèvement des traitements d'acti-
vité, les pouvoirs publics se proposaient de
l'augmenter.
Notons en outre que ce que demandent nos
camarades coloniaux, en supprimant les cloi-
sons étanches existant entre les différentes
caisses locales, permettra au personnel colo-
nial d'être affecté, au cours de sa carrière,
et suivant les besoins du service, à l'une ou
Vautre de nos colonies sans perdre le béné-
fice des retenues effectuées au profit d'une
caisse.
Il faut donc adméttre que les colonies sont
suf fisamment riches pour payer des services
rendus presque exclusivement à leur profit
et accorder aux fonctionnaires et agents colo-
niaux dont les emplois conduisent à pension
sur le trésor public, le droit d'option pour le
régime de la caisse intercoloniale créée par
Varticle 71 de la loi du 14 avril 1924.
Soucieux de sauvegarder le bon renom de
ses collaborateurs en pays d'outre-mer, M. le
Ministre des Colonies aura certainement à
cœur de les aider à gagner leur cotise auprès
du Gouvernement de la République.
Maurice Bouilloux-Lafont
Député du Finistère.
Vice-Président de la Chambre,
Abd el Krim joint l'utile à l'agréable
Un des passe-temps favoris d'Abd-el-
Krim - passe-temps utile aux opérations
de ses troupes - f:st d'écouter les nouvel-
les par sans-fil.
Le chef rifain possède dans son palais
une trentaine d'appareils, tous de fabrica-
tion al'lomaude. Le plus puissant de ces ap-
pareils, qui peut envoyer des instructions
aussi bien que recevoir des informations,
fonctionne jour et nuil.Quatre opérateurs s'y
relèvent toutes les six heures. De cette fa-
çon, Abd-el-Krim est tenu au courant des
nouvelles d'Europe et du monde entier.
Un grand nombre de ses officiers sont
constamment en communication avec lui
au moyen de petits appareils fixés à la selle
do leurs chevaux.
-04*
ZIZ1 EST MORTE
0-0-
C'en est fait. La fille noir et or de la jun-
gle a payé de la vie sa tentative d'évasion.
Toute une section de gendarmes l'a fusil-
lée. Dix coups de mousqueton ont percé sa!
belle robe, rompu ses muscles d'acier et crevé
son cœur farouche.
Il le fallait, sans doute. La faim est mau-
vaise conseillère. Maintenant, Zizi est expo-
sée, pour deux jours, dit-on, aux regards ras-
surés des badauds. Comme un pape défunt aiU
regards des fidèles.
Mais quand donc Paris aura-t-il un parc
semblable à celui de Hambourg, où les fauves
arbitrairement réduits en esclavage ne sentent
pas trop, du moins, leur captivité ?
Car tout est là : sauvegarder les illusions.
R. L.
m GRAND (XII NOUS PARLE
DE LU GUERRE BU MAROC
* (De notre envoyé sPécial)
t Mardi 18 août 1925.
Le 12 août, est arrivé à Lamalou-les-
Bains, pour suivre le traitement, Ben Daoud
Pacha. Grâce à l'amabilité et à la courtoisie
de l'ancien Paoha de Marrakech, j'ai pu le
voir, lui et sa famille, et bavarder longue-
ment avec son fils cadet qui l'accompagne,
jeune homme à l'intelligence vive, parlant
admirablement le français et possédant une
culture intellectuelle essentiellement fran-
çaise, puisqu'il fit ses études à Orléans.
Il est intéressant pour les lecteurs des
Annales Coloniales de connaître, à l'heure
actuelle, ce que peut penser de la situation
au Maroc Ben Daoud Pacha qui fut trente-
deux ans Pacha de Marrakech comme
successeur de son frère Mohammed Ben
Daoud, sous Moulai Hassan, ministre des
domaines jusqu'en 1909, secrétaire de l'ar-
mement à Fez, et qui dès l'occupation
française se fit protégé français ; sur les
conseils de M. Gaillard, consul de France
à Fez, délégué ensuite à la Résidence à Ra-
bat, il quitta cette ville à regret et vint
s'installer à Tanger par mesure de sécurité.
Sa santé devenant précaire depuis cinq ans,
il a abandonné toute fonction officielle.
Ben Daoud Pacha, venu de Marseille en
auto jusqu'ici en passant par Montpellier,
a apprécié les jolis sites français et, malgré
la fatigue du voyage -- deux jours de mer,
deux jours d'auto le calme et bon cli-
mat de Lamalou, où il est venu déjà en
1922 faire une cure sur les conseils du doc-
teur Reminger, directeur de l'Institut Pas-
teur, de Tanger.
- Quelles sont les causes, lui deman-
dai-je, qui ont provoqué la révolte d'Abd-
cl-Krim ? - *
- Nombreuses, me répondit-il, d'abord,
voyons le premier point : Abd-el-Krim, fils
d'un oatd du Rif, est ingénieur des mines
ainsi que son frère, ils ont une grosse situa-
tion aux yeux des musulmans, les mines du
Rif étant pour cette famille et les musul-
mans de la contrée, la richesse ; d'autre
part, l'avance des Français dans la région
d'Ouezzan persuadait les musulmans du Rif
qu'Abd-el-Krim les avait vendus contre une
compensation à lui accordée par le Gouver-
nement français, et le peuple alors força
Abd-el-Krim à prendre les armes avec lui.
Il a une infanterie remarquable qui oon-
nait admirablement les secrets de tous les
défilés et- de toutes les montagnes de cette
région, il faut le tc mater >1 pour que la
lutte cesse, u c'est utile plus pour son peuple
que pour lui ; il craint pour lui et sa fa-
mille une vengeance terrible.
Oui peut soutenir Abd-cl-Krim dans sa
lutte r
Les Musulmans hindous et égyptiens
ont été et sont encore pour Abd-el-Krim
d'un grand soutien ; des quêtes ont été
faites et des conseils organisés pour leur ve-
nir en aide. J'ai l'impression" que les Italiens
sont heureux de causer à la France quel-
ques soucis au Maroc pour se venger de
leurs désillusions au sujet de la Tunisie ;
à Tanger, on est certain, et pour des rai-
sons sérieuses, du ravitaillement d'Abd-el-
Krim par les Italiens, c'est une conviction,
de même que l'influence néfaste de l'Alle-
magne.
Quant à. la situation obscure de l'Es-
pagne, elle vient des complications créées
par le général Sylvestre vis-à-vis du caid
de Melilla au cours d'une réunion du Con-
seil des mines, et le rappel vraiment brus-
qué du général Sylvestre donna raison et
confiance à Abd-el-Krim, Maintenant, reste
l'Angleterre dont vous connaissez comme
moi la politique traditionnelle. -
- Des journaux réactionnaires français,
YEcho de Paris en tête, parlent de l'in-
fluence du communisme au Maroc, qu'en
dites-vous ?
Mon interlocuteur bondit :
- Jamais un musulman ne sera commu-
niste. *
C'est une hérésie profonde, en désaccord
complet avec le Coran et la religion musul-
mane, le communiste qui veut influencer le
musulman se présente sous la forme de na-
tionaliste, il suffirait de faire connaître
un seul nom de communiste pour que les
musulmans le répudient et se retirent ;
pour un bon musulman, la religion est au-
dessus de tout. jamais vous ne trouverez
un communiste parmi les musulmans.
Si la lutte cessait maintenant, que fau-
drait-il faire au Maroc ?
Une armée forte ; impressionner par
la force, sans brutalité ni injustice, le Mu-
sulman et faire beaucoup pour sauvegarder
ses intérêts vis-à-vis de grosses sociétés et
de grosses firmes trop favorisées, de nos
jours, là-bas.
J è terminai mon entretien sur des paroles
de bon espoir sur l'issue de la guerre au
Maroc que prononça Ben Daoud pacha. Il
me dit que sa saison durerait ici deux mois
et que, de là, il repartirait sur Paris et ren-
trerait à Tanger en décembre. Je fus invitée
à inaugurer par le couscous traditionnel, à
la fin de la semaine, l'installation de sa
villa.
La France doit être fière de sa colonisa-
tion au Maroc, la preuve en est dans cet en-
tretien où des paroles sincères vis-à-vis de
la France furent prononcées par Ben Daoud
pacha.
F. J.
«$$go
Dans le commerce de la laine
--<>-{)--
Le commerce d'exiporlation des laines
coloniales prenant chaque jour de plus en
plus d'importance, il est intéressant de no-
tcor qu'il Verviers, le principal centre lai-
nier belge, les délégués des Chambres de
Commerce de Dradfort" de Roubaix, de
Tourcoing et de Verviers ont décidé d'éta-
blir une procédure amiable pour le règle-
ment dos litiges..
Décrets et Arrêtés
--00---
Décret portant création d'un service de chè-
ques postaux en Afrique Occidentale
française.
Aux termes de ce décret, il est institué en
Afrique Occidentale Française un service de
comptes courants et de chèques postaux placé
sous l'autorité du Gouverneur général et dont
la gestion est confiée à, la Direction régionale
des Postes et Télégraphes, à Dakar.
Décret autorisant l'ouverture d'une nou-
velle tranche de travaux d'amélioration
du port de Conakry.
Aux termes de ce décret, est autorisée l'ou-
verture d'une nouvelle tranche de travaux
d'amélioration au port de Conakry jusqu'à
concurrence d'une dépense de 687.000 francs
représentant le reliquat disponible de la do-
tation de 3 millions affectée au port de Co-
nakry sur les fonds de l'emprunt de 107 mil-
lions.
Décret réglementant la coupe et l'exporta-
tion des bois de l'Afrique Equatoriale
Française.
Aux termes de l'article premier de ce dé-
cret, est interdite en Afrique Equatoriale Fran-
çaise l'exportation des bois en grume et équar-
ris au-dessous de certaines dimensions ex-
pressément indiquées.
Aux termes de l'article 2, les dispositions
de l'article premier ne s'appliquent pas à l'ex-
portation de l'ébéne et des bois qui s'exportent
dépouillés d'aubier.
L'article 3 dispose que les bois exportés don-
nent lieu à la perception d'un droit de sortie ;
l'article 4, que l'exportation ou la tentative
d'exportation de bois dont les dimensions se-
raient inférieures de plus d'un vingtième ù
celles déterminées par le présent décret est
punie des peines édictées par les articles 08
a 12 du décret du 17 février 1921.
Enfin, l'article 5, que le décret du 28 octobre
1915 est ubrogé.
(J. 0. du 18 août 1925.)
Decret modifiant le tableau des exceptions
au tarif métropolitain applicable au
Gabon.
Aux termes de ce décret, le tableau annexé
nux décrets des 29 novembre t8'.)i, 31 décembre
IIO:.' et 16 octobre IJI., déterminant les excep-
tions au tarir des douanes de la Métropole,
est rnoditié suivant un nouveau tableau vi-
sant les animaux vivants, les produits et dé-
pouilles d'unimuux, les produits des pêches,
les lurineux alimentaires, les fruits el grut-
nés, les denrées coloniales de consommation,
les produits et déchets divers, les boissons,
les marbres, pierres, terres, combustibles, mi-
néraux, * les produits chimiques, des compo-
sitions diverses (médicaments composés, sa-
vons autres que ceux de' parfumerie), les tis-
sus, les armes, poudres et munitions, des
ouvrages en matières diverses (châssis d auto-
mobiles, allumettes chimiques).
Décret modifiant le tarit spécial des douanes
de la Guadeloupe en ce qui concerne les
animaux vivants.
Décret portant modification du tarif des
droits de sortie perçus sur les peaux
brutes, le coprah, les trocas et autres co-
quillages de nacre exportés de la Nou-
velle-Calédonie.
Décret modifiant le tarif du droit de sortie
perçu à la Nouvelle-Calédonie sur les con-
serves de viandes exportées. *
Aux termes de ce décret, le tarif du droit
de sortie établi, par l'article 1er du décret
du tG septembre 1!.20! lIIodjllé par le décret
du 12 juin 1922 est fixe comme suit, en ce fJul
concerne les conserves de viandes exportées
de lu (Colonie : ,
A destination de la Franco, des Colonies
françaises cl des N'ouvel',i"-l hybrides, 3 0/0
ad valorem; à destination de l'étranger, 5 0/0
ad valorem.
Décret relatif au droit de sortie perçu sur
les minerais et produits de transforma-
tion exportés de Nouvelle-Calédonie.
Aux tonnes de ce décret, il est perçu fi la
sortie de la Nouvelle-Calédonie et dépendances
sur les minerais locaux et les produits de
transformation de ces minerais, ifne taxe de
5 de la valeur de ces produits au port d'ex-
portation.
Décret portant approbation de l'arrêté du 19
mai 1925, du Gouverneur des Iles Saint
Pierre et Miquelon, relatif à l'ouverture
de crédits supplémentaires pour l'exercice
1924.
(J. 0., du 18 août 1925).
Décrets et arrêtés portant fixation du cadre
du personnel métropolitain des Postes et
des Télégraphes détaché à la Réunion.
(. 0. du 19 août 1925.)
EN SYRIE
Informations. anglaises
D'après le Time;s, les négociations entre
Druses et Français auraient abouti. Comme
condition préalable a ces négociations les
Druses auraient exigé que huit dû leurs
chefs qui avaient été arrêtés fussent remis
en liberté. Les Français, auraient fait droit à
cette demande et les Druses auraient levé
1-e siège de Suueïda. Le général Sarrail au-
rait demandé une les el-
les des soldais français tués durant la ré-
volte et se proposerait d'augmenter les ef-
fectifs de SoueÀla.
Le capitaine Carbillet aurait été remplacé
dans ses fondions do Couverneur du Iljc-
hcl-IJrusc par le capitaine He\naud.
D'autre part, Duihj Mail parle d'une
nouvelle révolté qui aurait éclaté dans les
environs d'Alep. On possède encore peu ne
détails, mais on craint toujours, d'après le
Dtiihl Mail, que le mouvement n'ait quel-
que importance. 1! s'agirait d'une extension
de la révolte dans la légion du Djebel-
Druso.
Nouvelles de Beyrouth
D'après le journal, la Sijric, de Beyrouth,
arrivé hier à Marseille, le général Sarraii
aurait décidé que l'administration postale et
télégraphique, qui relevait du ha'U-cnmmis-
sariat. dépendrait désormais des F.tats sous
mandat. Le capitaine Carbillet, précédem-
ment gouverneur du Djcbel-Drnse, aurait
été nommé conseiller administratif a
Atexandrette. •
11, TAUX DE LA ROUPIE
--o-
Le Ciouvcrneur des Etablissements français
dans l'Indochine, vient de faire connaître au
Ministre des Colonies qu'fi la date du 14 août
eonrant, le taux officiel de la roupie était* de
7 fr. 55.
*
La guerre au Maroc
LE HAUT COMMANDEMENT
Le maréchal Pétain a quitté Paris mardi
soir après avoir été salué par M. Painlevé
avec qui il avait eu un entretien dans
l après-midi. 11 est monté à bord du
Maréchal Lyauteu hier matin pour Casa-
blanca.
Le maréchal Lyautey a quitté Rabat
avant-hier, se rendant à Ouezzan où il ren-
contra le général Naulin venu de Fez en
avion.
Pendant leur séjour dans la région, les
deux chefs ont visité le front ouest, qui est
placé sous les ordres dLf général Pruneau.
Le 1U dans la matinée, a eu lieu l'inaugu-
ration de la voie ferrée aboutissant à Ouez-
zan et qui a été construite, malgré les dif-
ficultés actuelles, grâce à l'activité déployée
.l' les troupes du génie.
Les généraux Naulin, Pruneau et Gou-
reau, ainsi que le colonel Frey* denberg,
assistaient à cette inauguration,entoures
de toutes les personnalités militaires et ci-
viles de la ville, ainsi que de la population
européenne et indigène.
Le nnuréchal Lyautey, accompagné de M.
Leroy, chef de son Cabinet civil, s'est rendu
ensuite chez les cotons de la région, assail-
lis dernièrement par des dissidents, leur ont
fait courageusement face à la tôto de leurs
partisans. Il a remis la croix de guerre
au prince Murât et à MM. Delbrucq, Jean
de Vilmorin, Emmanuel Brun et Jacques
Brun. 11 a déjeuné dans une ferme avant de
bo rendre à Arbaoua, où il a rencontré le
général lliquelme, commandant les forces
espagnoles à Laraclie.
LES OPERATIONS MILITAIRES
A l'est, l'opération du nettoyage chez les
Tsouls se développe dans de bonnes condi-
tions. En conséquence de ce premier bond,
les contingents ennemis relluent vers le
nord du pays, poursuivis par les bombar-
dements des esendirillea.
Au sud des Tsouls, les Fez Ouled Daïr
ont demandé l'aman sans conditions.
Dans la matinée, le corps, d'armée a con-
tinué son avance ; l'opération se développe
normalement.
Le général Naulin, complétant l'organisa-
tion du commandement, a confié la direc-
tion du secteur du centre au général de di-
vision Marty, commandant la division ma-
rocaine, qui aura comme adjoints les géné-
raux Billotte et Geureau.
Dons le secteur iL l'est d'Ouezzan, les
troupes procèdent à l'organisation des pos-
tes d'Amezou et do Dur-Bobos, destinés à
souder la ligne défensive à celle des Espa-
gnols.
On signale une grande lassitude chez les
Boni Mesguilda.
Au centre, la situation est calme.
Les opérations en puys Ttluul, commen-
cées le 17 août, continuent dans de bonnes
conditions. Tandis que le groupement prin-
cipal attaquait au centre en direction sud-
nord, deux détachements exécutaient une
manujuviro enveloppante par les ailes. Le
11) au malin, les colunnes de l'est et de
l'ouest effectuaient leur jonction au nord d.u
pays des Tsouls, ce qui eut pour premier,
résultat une demande d'aman de la part
IJes Oulad Sbahir, fraction méridionale des
Tsouls.
Les pertes françaises sont légères.
CHEZ LES ESPAGNOLS
Le Gouvernement espagnol a envisagé
une opération do débarquement dans la baie
d'AIhucemas ; mais étant donné lès diffi-
cultés militaires et navales en face des-
quelles on se trouve il est possible que ce
projet soit abandonné.
Dans la zone espagnole l'ennemi a subi
des pertes sérieuses devant Axiep et Azib-
midar.
Sur le Iront occidental les Djeballas s'or-
ganisent en vue d'une attaque qui parait
prochaine. De nouveaux contingents rifains
sont arrivés a. Oouedlau.
Politesses réciproques
Pondant son séjour à Arbaoua le maré-
chal Lyautey a remis la croix de guerre
aux ofticiers espagnols qui se distinguèrent
le plus au cours des opérations combinées
elfectuées récemment sur les bords du
Loukkos.
A titre de réciprocité, le général Primo de
Rivera ira a son tour prochainement dans
la zone française remettre des décorations
espagnoles à plusieurs ofticiers français qui
participèrent à ces opérations.
Une proclamation du grand-vizir
aux dissidents
Une prodllllatiún du grunù-vizir lancée
iL des milliers d'exemplaires dans les souks
et douars des Yamaos, au moyen d'avions,
exhorte les rebelles' à se soumettre au
maghzen et avertit les dissidents que des
grandes puissances comme la France el
l'Espagne peuvent subir des revers momen-
tanés, mais qu'elles ne seront jamais rédui-
tes à rien el qu'elles vaincront finalement à
coup sur, comme jusqu'ici l'histoire le dé-
montre.
l'ne. adresse spéciale qui a été envoyée
aux Djjebalas déclare que le maghzen n'oc-
cupera pas de nouvelles positions, car il
désire qu'ils soient eux-mêmes les vrais
gardiens de leurs territoires, et qu'il leur
fournira une aide eftieaee.
Le tour de dépar* pour le Maroc
Le ministre de la (îuerro vient de faire
connaître que les militaires dont le porc est
mort pour la France ou a été réformé avec
:-,0 d'invalidité bénéficient d'un tour de
faveur en ce qui concerne leur rang d'ins-
cription sur les listes do tour de départ
pour les ihéAtres d'opérntions extérieures
et qu'il n'était pas possible de nfodifief cette
réglementation.
VINGT-SIXIEME ANNEE. No 123
tig NllMBBO : 10 CENTIMES
JEUDI SOIR, 20 AOUT 1025
Les Annales Coloniales
,', JOURNAL i QUOTIDIEN
.-. PM AIIIIMD v- --. -. LA .A.
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Le Bolchevisme. et l'Empire Britannique
1
!»
La propagande bolcheviste aux colonies dont
'* j'ai ici même précisé le caractère, est chez les
t Anglais l'objet des préoccupations de tous les
* journaux. On reconnait très volontiers, comme
•r je l'ai démontré sans peine, que le Gouverne-
ment bolchevik n'est pas responsable des dé-
! sordres, qu'il n'est pas le créateur de tous ces
hypernationalisines xénophobes dangereux pour
toutes les nations coloniales sans exception,
mais qu'il utilise* ces mouvements, qu'il les
stimule et les encourage à son profit, qu'il les
considère comme devant servir à sa propre
1 cause. * - -
1 La Grande-Bretagne, parce qu'elle a le plus
î grand Empire colonial du monde, se sent le
plus directement menacée. Dès que la mission
soviétique de juin est arrivée à Londres, les
protestations ont redoublé. Le Daily Telegraph
proclamait que la Grande-Bretagne était l'ad-
versaire le plus détesté des Soviets : « Les
actes (du Gouvernement bolchevik) constituent,
au point de vue juridique, une violation fla-
grante d'une clause importante de l'accord an-
glo-russe de 1921. Il est impossible de justifier
le maintien d'un chargé d'affaires britannique à
Moscou et du personnel d'une ambassade russe
démesurée à Londres. La présence dans notre
* capitale des représentant, diplomatiques du
Gouvernement des Soviets à Londres est, pour
i le.moins, un scandale; elle pourrait constituer
! aisément une menace périlleuse contre la loi et
1 l'ordre. »
! Voilà le ton. Il y a quelques semaines, la
{ Yorkshire Post organe unioniste très répandu.
1 demandait au Gouvernement s'il estimait com-
I patible avec les intérêts et la dignité de la
Grande-Bretagne « de maintenir l'apparence de
relations diplomatiques normales avec un Gou-
vernement qui viole chaque jour ses promesses
les plus solennelles. » il reprenait l'opinion de
lord Birkenhead prétendant que l'heure était
venue d'examiner si l'Angleterre était sans dé-
fense contre les machinations du Gouvernement
soviétique*. « Comment pouvons-nous dénoncer
te communisme, s^O[iait-il, et expulser les
communistes étrangers, alors que nous permet-
tons à une mission communiste étrangère de tra-
vailler au milieu de nous? »
* Le même confrère introduisait cette nuance
qIIe la rupture des relations diplomatiques avec
le bolchevisme soviétique n'impliquait nulle.
ment une pensée hostile à l'égard de la Russie:
ce pays avait été notre allié pendant le début
de la grande guerre, et cela restait inoubliable ;
de plus, le monde enti er ne pouvait se recons-
tituer que si la Russie revenait à la prospérité.
* Mais « le Gouvernement soviétique et la tyran-
nie communiste en matière de commerce et de
politique extérieure rendaient illusoires les ef-
forts » de ceux qui auraient voulu travailler à
la restauration de la Russie.
« Le moment est venu pour le Gouverne-
ment britannique d'avertir nettement le Gouver-
nement des Soviets que s'il continue à attaquer
les intérêts britanniques en Chine, dans l'Inde
et partout ailleurs, les relations diplomatiques
avec la Russie seront rompues et l'ambassa-
deur de Russie à Londres renvoyé dans son
pays par le premier -bateau. Le pays est las
de ces menées souterraines et entend y mettre
fin. »
Telles sont les paroles énergiques d'un an-
cien membre du premier cabinet Baldwin, par-
lant le 4 juillet à Gillingham (Dorset). On en
trouvera des commentaires non moins énergiques
dans les journaux conservateurs, et aussi dans
certains autres.
La Birmingham Post, dans une étude du 15
juillet dernier, reproche en termes plus mesu-
rés mais non moins décisifs, aux ministres ap-
partenant aux trois partis politiques anglais
d'avoir montré une indulgence excessive en pré-
sence d' actes dont l'hostilité était évidente.
L'accord de 1920 aurait dû être dénoncé plu-
sieurs fois : non seulement il ne l'a pas été.
mais la reconnaissance des Soviets l'a renforcé.
Les actes nuisibles ont continué après que Mac
Donald eût reconnu la Russie ; malgré cela.
l'Angleterre a fait preuve de catience ! aujour-
d'hui, elle est dans le cas delégitime défense ;
la rupture ne saurait tarder, si cela continue.
Que M. Rakowski soit sincère quand il déclare
tenir à la continuité des relations commerciales
avec l' Angleterre, on doit - l'admettre :
« Il n'en reste pas moins qu'une organisa-
tion, dont le but avoué est la destruction de
l'Empire britannique, a son siège en Russie.
Ses émissaires ont cherché fréquemment, avec
l'approbation de hauts fonctionnaires de
l'Union soviétique (ceux que le même journal
appelle plus bas : des Russes influents) à sa-
per notre influence à l'étranger et à ruiner notre
paix intérieure. La destruction de la Grande-
Bretagne est certainement souhaitée par la
Ille Internationale ; une fraction importante des
ministres soviétiques la désire. Il est déplacé ou
inexact de dire, dans ces conditions, que per-
sonne ne désire en Russie la rupture des rela-
tions avec la Grande-Bretagne. »
Peut-être même les plus- à craindre sont-ils
ceux qui se déclarent disposés à entretenir des
relations cordiales avec l'Angleterre, pour
mieux ruiner son Empire colonial. J'embrasse
mon rival.
, La presse libérale anglaise a, bien entendu,
une toute autre attitude. Là, on n'est pas pour
la rupture immédiate, et l'on félicite volontiers
M. Chamberlain de ne pas avoir suivi le comte
de Birkenhead et sir Douglas Hoog. Mais il
est surlrmt rurieux de voir comment, dans la
Westminster Gazette, l'écrivain libéral. M. J.-
A. Spnder, s'oppose aux protestations des
conservateurs. C'^st la thèse du docteur Tant-
Mieux. Pourquoi trembler pour les colonies an-
glaises? Le péril qui les menace est passager.
La Russie est à la veille d'une évolution pro-
fonde et d'une transformation complète. Encore
dix ans, et du bolchevisme, il ne restera plus
que le nom ; peut-être quelques villes en con-
serveront-elles l'empreinte ; mais les millions
de paysans qui sont la force stable d'un peuple,
n'en garderont même plus le souvenir. Il faut
donc ne pas commettre la faute de rompre lei
contact avec la Russie.
Au lieu de s'indigner et d'exiger des mesu-
res de représailles, que lord Birkenhead et sir
Douglas Hoog se renseignent avec exactitude :
ils s' apercevront que le moment ne saurait être
plus mal choisi pour une offensive contre le
bolchevisme : « Si le projet de pacte devait
échouer et si les relations devaient être rom-
pues en même temps avec la" Russie, l'Alle-
magne se tournerait inévitablement vers l'Orient;
l'alliance des deux pays hors la loi deviendrait
une certitude. Nous demandons que le pro-
blème soit examiné avec sang-froid et sous tous
ses aspects. La responsabilité exclusive doit
appartenir à cet égarj à M. Austen Chamber-
lain ou à M. Baldwin. »
L'Allemagne se tournerait inévitablement
vers l'Orient. Voilà, en effet, un des côtés
du problème, et non des moins difficiles ni des
moins délicats. La question des relations anglo-
soviétiques est compliquée de la question des
relations germano-soviétiques. On le sent à
chaque pas dans les articles de journaux et de
revues écrits en Angleterre depuis l'accord de
1920. Ainsi, ce ne sont pas seulement les co-
lonies anglaises, ce ne sont pas seulement les
colonies des peuples de la vieille Europe, c'est
le sort même de l'Europe, de l'Asie, et, pour
tout dire, du monde entier qui se joue lorsque
fe jouent les parties diplomatiques entre le
Royaume-Uni et le Gouvernement soviétique.
M. J.-A. Spender a bien raison : il faut exaK
miner le problème avec sang-froid et sous tous
ses aspects.
Mario Rouatan,
Sénateur de VllùrauU, vice-président
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Groupe
v ilicole.
̃ ̃ o»
Autour de la loi de finances
Les sucres, rhums, vanilles et essences
sont des produits bruts.
On sait que l'article 24 de la Ici de finan-
ces du 13 juillet 1025, article que nous
avons reproduit déjà, dispose :
Il L'article 60 de la loi de finances du 25
juin 1920 est complété ain%i qu'il suit :
« Sont également exemptes de la taxe
prévue à l'article 59, les affaires consistant
dans la vente de produits végétaux, ani-
maux ou minéraux, importés à l'état brut,
dont la liste sera fixée par un décret rendu
sur la proposition des ministres des Finan-
ces, du Commerce et des Colonies, lorsque
cette vente est effectuée par l'importateur
lui-même et que les produits sont vendus
dans l'état où ils ont été importés. »
Au moment où l'on va arrêter la nomen-
clature des produits entrant dans la caté-
gorie susvisée, il nous parait nécessaire de
signaler parmi ceux qui doivent figurer
dans le décret auquel il est fait allusion
plus haut, les sucres bruts et les rhums des
colonies françaises qui constituent la forme
première sous laquelle est réalisée la canne
à sucre.
Ces sucres figurertt au tarif des douanes,
art. 90, sous la dénomination :
Sucres des colonies et possessions fran-
çaises.
Sucres bruts (y compris les poudres blan-
ches).
Sucres raffinés autres que candis.
Candis.
C'est de la première catégorie (sucres
bruts, y compris les poudres blanches) que
nous voulons parler dans la circonstance.
Il va de soi, en effet, que la dénomination
de produits importés à l'état brut doit in-
contestablement s'appliquer aux sucres et
aux rhums. Il n'est pas possible, en bonne
logique, de dire que ce sont là des produits
fabriqués, à moins de décider.– ce qui se-
rait absurde - que la canne peut être im-
portée en France pour y être transformée,
par usinage, en rhum et en sucre.
Lors de la discussion, il y a quelques an-
nées, de la loi de finances qui, pour la pre-
mière fois, inséra la disposition qui pré-
cède, M. Bokanowski, alors rapporteur gé-
néral, avait émis la prétention de ne point
considérer le sucre comme un produit brut.
M. Georges Boussenot, alors député de la
Réunion, - s'éleva vivement contre cette pré-
tention et M. Bokanowski n'insista pas.
Très opportunément" le Syndicat général
des Producteurs de rhums et de sucres colo-
niaux a rappelé la question aux élus des co-
lonies intéressées.
Il doit en être de même de la vanille et
nous pourrions ajouter des essences, la va-
nille ne pouvant être « travaillée » qu'aux
lieux de récolte et les essences devant être
produites par la distillation des fleurs fraî-
ches de plantes à parfum : mimosa, ylang-
ylang, géranium, etc.
–-–
L'AVIATION JCOLONIALE
Un accord a été signé entre le ministre
do l'Aéronautique et la Compagnie Impérial
Airways aux termes duquel cette dernière
établira un service aérien entre F.l-Kantara,
près du canal de Suez et Karaschi, aux In-
des.
La distance sera couverte en soixante
heures, ce qui épargnera aux voyageurs six
jours de traversée.
La caisse intercoloniale
des retraites
et le supplément colonial
---0-0--
La haute administration
coloniale a compris, il y a
quelques années déjà,
qu'elle avait tout intérêt à
attirer vers la carrière co-
loniale toute une jeunesse
active, énergique et hon-
nête, et parmi les moyens
à sa disposition, un des
meilleurs est certainement l'attribution de sol-
des et de retraites convenables et en rapport
avec les risques courus, l'exode de fonction-
naires sélectionnés vers les pays d'outre-mer.
Quand on compare la valeur des cadres
actuels à celle des cadres de jadis, on se rend
compte que d'une manière générale, nos
administrateurs et leurs adjoints ont eu à
coeur dç relever le prestige des fonctionnaires
coloniaux et c'est pourquoi nous devons nous
joindre aux fonctionnaires et agents coloniaux
qui demandent l'incorporation du supplément
colonial dans le calcul de la retraite des tri-
butaires de la caisse intercoloniale.
Instauré par l'article 4 du décret du
11 septembre 1920, le supplément colonial
est un accessoire de solde alloué aux fonc-
tionnaires coloniaux pour tenir compte de leur
séjour effectif dans nos possessions d'olltre-
mer.
Assujetti aux retenues pour dettes et ait-
ment s, le supplément colonial est donc consi-
déré comme le traitement lui-même et doit
être soumis à retenues pour le décompte de
la pension de retraite. D'autre part, il rem-
place la solde coloniale et a pour but essen-
tiel de conserver au personnel colonial les
avantages dont il jouit depuis son organisa-
tion.
Ce nest pas ujt supplément de cherté de
vie, et il est attribué pendant tous les séjours
aux colonies, car la solde de présence, en
Europe, est jugée si insuffisante que les
fonctionnaires coloniaux en service en France
touchent une forte indemnité.
En négligeant le supplément colonial dans
le décompte de la pension, on aboutirait a
une diminution du faux de cette pension alors-
que par le relèvement des traitements d'acti-
vité, les pouvoirs publics se proposaient de
l'augmenter.
Notons en outre que ce que demandent nos
camarades coloniaux, en supprimant les cloi-
sons étanches existant entre les différentes
caisses locales, permettra au personnel colo-
nial d'être affecté, au cours de sa carrière,
et suivant les besoins du service, à l'une ou
Vautre de nos colonies sans perdre le béné-
fice des retenues effectuées au profit d'une
caisse.
Il faut donc adméttre que les colonies sont
suf fisamment riches pour payer des services
rendus presque exclusivement à leur profit
et accorder aux fonctionnaires et agents colo-
niaux dont les emplois conduisent à pension
sur le trésor public, le droit d'option pour le
régime de la caisse intercoloniale créée par
Varticle 71 de la loi du 14 avril 1924.
Soucieux de sauvegarder le bon renom de
ses collaborateurs en pays d'outre-mer, M. le
Ministre des Colonies aura certainement à
cœur de les aider à gagner leur cotise auprès
du Gouvernement de la République.
Maurice Bouilloux-Lafont
Député du Finistère.
Vice-Président de la Chambre,
Abd el Krim joint l'utile à l'agréable
Un des passe-temps favoris d'Abd-el-
Krim - passe-temps utile aux opérations
de ses troupes - f:st d'écouter les nouvel-
les par sans-fil.
Le chef rifain possède dans son palais
une trentaine d'appareils, tous de fabrica-
tion al'lomaude. Le plus puissant de ces ap-
pareils, qui peut envoyer des instructions
aussi bien que recevoir des informations,
fonctionne jour et nuil.Quatre opérateurs s'y
relèvent toutes les six heures. De cette fa-
çon, Abd-el-Krim est tenu au courant des
nouvelles d'Europe et du monde entier.
Un grand nombre de ses officiers sont
constamment en communication avec lui
au moyen de petits appareils fixés à la selle
do leurs chevaux.
-04*
ZIZ1 EST MORTE
0-0-
C'en est fait. La fille noir et or de la jun-
gle a payé de la vie sa tentative d'évasion.
Toute une section de gendarmes l'a fusil-
lée. Dix coups de mousqueton ont percé sa!
belle robe, rompu ses muscles d'acier et crevé
son cœur farouche.
Il le fallait, sans doute. La faim est mau-
vaise conseillère. Maintenant, Zizi est expo-
sée, pour deux jours, dit-on, aux regards ras-
surés des badauds. Comme un pape défunt aiU
regards des fidèles.
Mais quand donc Paris aura-t-il un parc
semblable à celui de Hambourg, où les fauves
arbitrairement réduits en esclavage ne sentent
pas trop, du moins, leur captivité ?
Car tout est là : sauvegarder les illusions.
R. L.
m GRAND (XII NOUS PARLE
DE LU GUERRE BU MAROC
* (De notre envoyé sPécial)
t Mardi 18 août 1925.
Le 12 août, est arrivé à Lamalou-les-
Bains, pour suivre le traitement, Ben Daoud
Pacha. Grâce à l'amabilité et à la courtoisie
de l'ancien Paoha de Marrakech, j'ai pu le
voir, lui et sa famille, et bavarder longue-
ment avec son fils cadet qui l'accompagne,
jeune homme à l'intelligence vive, parlant
admirablement le français et possédant une
culture intellectuelle essentiellement fran-
çaise, puisqu'il fit ses études à Orléans.
Il est intéressant pour les lecteurs des
Annales Coloniales de connaître, à l'heure
actuelle, ce que peut penser de la situation
au Maroc Ben Daoud Pacha qui fut trente-
deux ans Pacha de Marrakech comme
successeur de son frère Mohammed Ben
Daoud, sous Moulai Hassan, ministre des
domaines jusqu'en 1909, secrétaire de l'ar-
mement à Fez, et qui dès l'occupation
française se fit protégé français ; sur les
conseils de M. Gaillard, consul de France
à Fez, délégué ensuite à la Résidence à Ra-
bat, il quitta cette ville à regret et vint
s'installer à Tanger par mesure de sécurité.
Sa santé devenant précaire depuis cinq ans,
il a abandonné toute fonction officielle.
Ben Daoud Pacha, venu de Marseille en
auto jusqu'ici en passant par Montpellier,
a apprécié les jolis sites français et, malgré
la fatigue du voyage -- deux jours de mer,
deux jours d'auto le calme et bon cli-
mat de Lamalou, où il est venu déjà en
1922 faire une cure sur les conseils du doc-
teur Reminger, directeur de l'Institut Pas-
teur, de Tanger.
- Quelles sont les causes, lui deman-
dai-je, qui ont provoqué la révolte d'Abd-
cl-Krim ? - *
- Nombreuses, me répondit-il, d'abord,
voyons le premier point : Abd-el-Krim, fils
d'un oatd du Rif, est ingénieur des mines
ainsi que son frère, ils ont une grosse situa-
tion aux yeux des musulmans, les mines du
Rif étant pour cette famille et les musul-
mans de la contrée, la richesse ; d'autre
part, l'avance des Français dans la région
d'Ouezzan persuadait les musulmans du Rif
qu'Abd-el-Krim les avait vendus contre une
compensation à lui accordée par le Gouver-
nement français, et le peuple alors força
Abd-el-Krim à prendre les armes avec lui.
Il a une infanterie remarquable qui oon-
nait admirablement les secrets de tous les
défilés et- de toutes les montagnes de cette
région, il faut le tc mater >1 pour que la
lutte cesse, u c'est utile plus pour son peuple
que pour lui ; il craint pour lui et sa fa-
mille une vengeance terrible.
Oui peut soutenir Abd-cl-Krim dans sa
lutte r
Les Musulmans hindous et égyptiens
ont été et sont encore pour Abd-el-Krim
d'un grand soutien ; des quêtes ont été
faites et des conseils organisés pour leur ve-
nir en aide. J'ai l'impression" que les Italiens
sont heureux de causer à la France quel-
ques soucis au Maroc pour se venger de
leurs désillusions au sujet de la Tunisie ;
à Tanger, on est certain, et pour des rai-
sons sérieuses, du ravitaillement d'Abd-el-
Krim par les Italiens, c'est une conviction,
de même que l'influence néfaste de l'Alle-
magne.
Quant à. la situation obscure de l'Es-
pagne, elle vient des complications créées
par le général Sylvestre vis-à-vis du caid
de Melilla au cours d'une réunion du Con-
seil des mines, et le rappel vraiment brus-
qué du général Sylvestre donna raison et
confiance à Abd-el-Krim, Maintenant, reste
l'Angleterre dont vous connaissez comme
moi la politique traditionnelle. -
- Des journaux réactionnaires français,
YEcho de Paris en tête, parlent de l'in-
fluence du communisme au Maroc, qu'en
dites-vous ?
Mon interlocuteur bondit :
- Jamais un musulman ne sera commu-
niste. *
C'est une hérésie profonde, en désaccord
complet avec le Coran et la religion musul-
mane, le communiste qui veut influencer le
musulman se présente sous la forme de na-
tionaliste, il suffirait de faire connaître
un seul nom de communiste pour que les
musulmans le répudient et se retirent ;
pour un bon musulman, la religion est au-
dessus de tout. jamais vous ne trouverez
un communiste parmi les musulmans.
Si la lutte cessait maintenant, que fau-
drait-il faire au Maroc ?
Une armée forte ; impressionner par
la force, sans brutalité ni injustice, le Mu-
sulman et faire beaucoup pour sauvegarder
ses intérêts vis-à-vis de grosses sociétés et
de grosses firmes trop favorisées, de nos
jours, là-bas.
J è terminai mon entretien sur des paroles
de bon espoir sur l'issue de la guerre au
Maroc que prononça Ben Daoud pacha. Il
me dit que sa saison durerait ici deux mois
et que, de là, il repartirait sur Paris et ren-
trerait à Tanger en décembre. Je fus invitée
à inaugurer par le couscous traditionnel, à
la fin de la semaine, l'installation de sa
villa.
La France doit être fière de sa colonisa-
tion au Maroc, la preuve en est dans cet en-
tretien où des paroles sincères vis-à-vis de
la France furent prononcées par Ben Daoud
pacha.
F. J.
«$$go
Dans le commerce de la laine
--<>-{)--
Le commerce d'exiporlation des laines
coloniales prenant chaque jour de plus en
plus d'importance, il est intéressant de no-
tcor qu'il Verviers, le principal centre lai-
nier belge, les délégués des Chambres de
Commerce de Dradfort" de Roubaix, de
Tourcoing et de Verviers ont décidé d'éta-
blir une procédure amiable pour le règle-
ment dos litiges..
Décrets et Arrêtés
--00---
Décret portant création d'un service de chè-
ques postaux en Afrique Occidentale
française.
Aux termes de ce décret, il est institué en
Afrique Occidentale Française un service de
comptes courants et de chèques postaux placé
sous l'autorité du Gouverneur général et dont
la gestion est confiée à, la Direction régionale
des Postes et Télégraphes, à Dakar.
Décret autorisant l'ouverture d'une nou-
velle tranche de travaux d'amélioration
du port de Conakry.
Aux termes de ce décret, est autorisée l'ou-
verture d'une nouvelle tranche de travaux
d'amélioration au port de Conakry jusqu'à
concurrence d'une dépense de 687.000 francs
représentant le reliquat disponible de la do-
tation de 3 millions affectée au port de Co-
nakry sur les fonds de l'emprunt de 107 mil-
lions.
Décret réglementant la coupe et l'exporta-
tion des bois de l'Afrique Equatoriale
Française.
Aux termes de l'article premier de ce dé-
cret, est interdite en Afrique Equatoriale Fran-
çaise l'exportation des bois en grume et équar-
ris au-dessous de certaines dimensions ex-
pressément indiquées.
Aux termes de l'article 2, les dispositions
de l'article premier ne s'appliquent pas à l'ex-
portation de l'ébéne et des bois qui s'exportent
dépouillés d'aubier.
L'article 3 dispose que les bois exportés don-
nent lieu à la perception d'un droit de sortie ;
l'article 4, que l'exportation ou la tentative
d'exportation de bois dont les dimensions se-
raient inférieures de plus d'un vingtième ù
celles déterminées par le présent décret est
punie des peines édictées par les articles 08
a 12 du décret du 17 février 1921.
Enfin, l'article 5, que le décret du 28 octobre
1915 est ubrogé.
(J. 0. du 18 août 1925.)
Decret modifiant le tableau des exceptions
au tarif métropolitain applicable au
Gabon.
Aux termes de ce décret, le tableau annexé
nux décrets des 29 novembre t8'.)i, 31 décembre
IIO:.' et 16 octobre IJI., déterminant les excep-
tions au tarir des douanes de la Métropole,
est rnoditié suivant un nouveau tableau vi-
sant les animaux vivants, les produits et dé-
pouilles d'unimuux, les produits des pêches,
les lurineux alimentaires, les fruits el grut-
nés, les denrées coloniales de consommation,
les produits et déchets divers, les boissons,
les marbres, pierres, terres, combustibles, mi-
néraux, * les produits chimiques, des compo-
sitions diverses (médicaments composés, sa-
vons autres que ceux de' parfumerie), les tis-
sus, les armes, poudres et munitions, des
ouvrages en matières diverses (châssis d auto-
mobiles, allumettes chimiques).
Décret modifiant le tarit spécial des douanes
de la Guadeloupe en ce qui concerne les
animaux vivants.
Décret portant modification du tarif des
droits de sortie perçus sur les peaux
brutes, le coprah, les trocas et autres co-
quillages de nacre exportés de la Nou-
velle-Calédonie.
Décret modifiant le tarif du droit de sortie
perçu à la Nouvelle-Calédonie sur les con-
serves de viandes exportées. *
Aux termes de ce décret, le tarif du droit
de sortie établi, par l'article 1er du décret
du tG septembre 1!.20! lIIodjllé par le décret
du 12 juin 1922 est fixe comme suit, en ce fJul
concerne les conserves de viandes exportées
de lu (Colonie : ,
A destination de la Franco, des Colonies
françaises cl des N'ouvel',i"-l hybrides, 3 0/0
ad valorem; à destination de l'étranger, 5 0/0
ad valorem.
Décret relatif au droit de sortie perçu sur
les minerais et produits de transforma-
tion exportés de Nouvelle-Calédonie.
Aux tonnes de ce décret, il est perçu fi la
sortie de la Nouvelle-Calédonie et dépendances
sur les minerais locaux et les produits de
transformation de ces minerais, ifne taxe de
5 de la valeur de ces produits au port d'ex-
portation.
Décret portant approbation de l'arrêté du 19
mai 1925, du Gouverneur des Iles Saint
Pierre et Miquelon, relatif à l'ouverture
de crédits supplémentaires pour l'exercice
1924.
(J. 0., du 18 août 1925).
Décrets et arrêtés portant fixation du cadre
du personnel métropolitain des Postes et
des Télégraphes détaché à la Réunion.
(. 0. du 19 août 1925.)
EN SYRIE
Informations. anglaises
D'après le Time;s, les négociations entre
Druses et Français auraient abouti. Comme
condition préalable a ces négociations les
Druses auraient exigé que huit dû leurs
chefs qui avaient été arrêtés fussent remis
en liberté. Les Français, auraient fait droit à
cette demande et les Druses auraient levé
1-e siège de Suueïda. Le général Sarrail au-
rait demandé une les el-
les des soldais français tués durant la ré-
volte et se proposerait d'augmenter les ef-
fectifs de SoueÀla.
Le capitaine Carbillet aurait été remplacé
dans ses fondions do Couverneur du Iljc-
hcl-IJrusc par le capitaine He\naud.
D'autre part, Duihj Mail parle d'une
nouvelle révolté qui aurait éclaté dans les
environs d'Alep. On possède encore peu ne
détails, mais on craint toujours, d'après le
Dtiihl Mail, que le mouvement n'ait quel-
que importance. 1! s'agirait d'une extension
de la révolte dans la légion du Djebel-
Druso.
Nouvelles de Beyrouth
D'après le journal, la Sijric, de Beyrouth,
arrivé hier à Marseille, le général Sarraii
aurait décidé que l'administration postale et
télégraphique, qui relevait du ha'U-cnmmis-
sariat. dépendrait désormais des F.tats sous
mandat. Le capitaine Carbillet, précédem-
ment gouverneur du Djcbel-Drnse, aurait
été nommé conseiller administratif a
Atexandrette. •
11, TAUX DE LA ROUPIE
--o-
Le Ciouvcrneur des Etablissements français
dans l'Indochine, vient de faire connaître au
Ministre des Colonies qu'fi la date du 14 août
eonrant, le taux officiel de la roupie était* de
7 fr. 55.
*
La guerre au Maroc
LE HAUT COMMANDEMENT
Le maréchal Pétain a quitté Paris mardi
soir après avoir été salué par M. Painlevé
avec qui il avait eu un entretien dans
l après-midi. 11 est monté à bord du
Maréchal Lyauteu hier matin pour Casa-
blanca.
Le maréchal Lyautey a quitté Rabat
avant-hier, se rendant à Ouezzan où il ren-
contra le général Naulin venu de Fez en
avion.
Pendant leur séjour dans la région, les
deux chefs ont visité le front ouest, qui est
placé sous les ordres dLf général Pruneau.
Le 1U dans la matinée, a eu lieu l'inaugu-
ration de la voie ferrée aboutissant à Ouez-
zan et qui a été construite, malgré les dif-
ficultés actuelles, grâce à l'activité déployée
.l' les troupes du génie.
Les généraux Naulin, Pruneau et Gou-
reau, ainsi que le colonel Frey* denberg,
assistaient à cette inauguration,entoures
de toutes les personnalités militaires et ci-
viles de la ville, ainsi que de la population
européenne et indigène.
Le nnuréchal Lyautey, accompagné de M.
Leroy, chef de son Cabinet civil, s'est rendu
ensuite chez les cotons de la région, assail-
lis dernièrement par des dissidents, leur ont
fait courageusement face à la tôto de leurs
partisans. Il a remis la croix de guerre
au prince Murât et à MM. Delbrucq, Jean
de Vilmorin, Emmanuel Brun et Jacques
Brun. 11 a déjeuné dans une ferme avant de
bo rendre à Arbaoua, où il a rencontré le
général lliquelme, commandant les forces
espagnoles à Laraclie.
LES OPERATIONS MILITAIRES
A l'est, l'opération du nettoyage chez les
Tsouls se développe dans de bonnes condi-
tions. En conséquence de ce premier bond,
les contingents ennemis relluent vers le
nord du pays, poursuivis par les bombar-
dements des esendirillea.
Au sud des Tsouls, les Fez Ouled Daïr
ont demandé l'aman sans conditions.
Dans la matinée, le corps, d'armée a con-
tinué son avance ; l'opération se développe
normalement.
Le général Naulin, complétant l'organisa-
tion du commandement, a confié la direc-
tion du secteur du centre au général de di-
vision Marty, commandant la division ma-
rocaine, qui aura comme adjoints les géné-
raux Billotte et Geureau.
Dons le secteur iL l'est d'Ouezzan, les
troupes procèdent à l'organisation des pos-
tes d'Amezou et do Dur-Bobos, destinés à
souder la ligne défensive à celle des Espa-
gnols.
On signale une grande lassitude chez les
Boni Mesguilda.
Au centre, la situation est calme.
Les opérations en puys Ttluul, commen-
cées le 17 août, continuent dans de bonnes
conditions. Tandis que le groupement prin-
cipal attaquait au centre en direction sud-
nord, deux détachements exécutaient une
manujuviro enveloppante par les ailes. Le
11) au malin, les colunnes de l'est et de
l'ouest effectuaient leur jonction au nord d.u
pays des Tsouls, ce qui eut pour premier,
résultat une demande d'aman de la part
IJes Oulad Sbahir, fraction méridionale des
Tsouls.
Les pertes françaises sont légères.
CHEZ LES ESPAGNOLS
Le Gouvernement espagnol a envisagé
une opération do débarquement dans la baie
d'AIhucemas ; mais étant donné lès diffi-
cultés militaires et navales en face des-
quelles on se trouve il est possible que ce
projet soit abandonné.
Dans la zone espagnole l'ennemi a subi
des pertes sérieuses devant Axiep et Azib-
midar.
Sur le Iront occidental les Djeballas s'or-
ganisent en vue d'une attaque qui parait
prochaine. De nouveaux contingents rifains
sont arrivés a. Oouedlau.
Politesses réciproques
Pondant son séjour à Arbaoua le maré-
chal Lyautey a remis la croix de guerre
aux ofticiers espagnols qui se distinguèrent
le plus au cours des opérations combinées
elfectuées récemment sur les bords du
Loukkos.
A titre de réciprocité, le général Primo de
Rivera ira a son tour prochainement dans
la zone française remettre des décorations
espagnoles à plusieurs ofticiers français qui
participèrent à ces opérations.
Une proclamation du grand-vizir
aux dissidents
Une prodllllatiún du grunù-vizir lancée
iL des milliers d'exemplaires dans les souks
et douars des Yamaos, au moyen d'avions,
exhorte les rebelles' à se soumettre au
maghzen et avertit les dissidents que des
grandes puissances comme la France el
l'Espagne peuvent subir des revers momen-
tanés, mais qu'elles ne seront jamais rédui-
tes à rien el qu'elles vaincront finalement à
coup sur, comme jusqu'ici l'histoire le dé-
montre.
l'ne. adresse spéciale qui a été envoyée
aux Djjebalas déclare que le maghzen n'oc-
cupera pas de nouvelles positions, car il
désire qu'ils soient eux-mêmes les vrais
gardiens de leurs territoires, et qu'il leur
fournira une aide eftieaee.
Le tour de dépar* pour le Maroc
Le ministre de la (îuerro vient de faire
connaître que les militaires dont le porc est
mort pour la France ou a été réformé avec
:-,0 d'invalidité bénéficient d'un tour de
faveur en ce qui concerne leur rang d'ins-
cription sur les listes do tour de départ
pour les ihéAtres d'opérntions extérieures
et qu'il n'était pas possible de nfodifief cette
réglementation.
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