Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-08-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 août 1925 13 août 1925
Description : 1925/08/13 (A26,N121). 1925/08/13 (A26,N121).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396968z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. - N" 121
LE NUMERO : 80 CENTIMES
JJllJ" SOIR, 13 AOUT 1^95
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
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DIRECTEURS 1 MARCEL RUBPEL et U-G. THÉBAULT
Martin et ItoWiinlH l 34, Rue du Mont-Thabor,PARIS-I" Télépbm : lOUTM 19-17
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Maroc et Colonies
C fl à «!,«̃* Il J
La troisième Commission extraparlementaire
de la Marine Marchande, à laquelle j'avais
l'honneur de présider, a réuni un poids très res-
pectable de documents en réponse aux aues-
tions que nous avions posées aux industriels et
aux commerçants de notre pays : pourquoi le
commerce et l'industrie française utilisent-ils,
pour les importations et les exportations, les na-
vires étrangers de préférence aux navires battant
pavillon national ? Quelles sont les raisons de
cet état de choses ? Quels sont les remèdes à
apporter ?
Les raisons invoquées ont toujours été les
mêmes, qu'il s'agît de l'Union Coloniale Fran-
çaise, de syndicats d'industriels, ou de syndi-
cats de commerçants : fret français plus élevé
que le fret étranger, lignes étrangères mieux
desservies. régularité et stabilité très inférieures
sur les lignes françaises, complications plus
grandes en ce qui concerne les connaissements,
outillage insuffisant de nos ports, frais de manu-
tention, de pilotage et de quai trop élevés, es-
prit administratif des Compagnies françaises,
tels sont les thèmes constamment repris et dé-
veloppés. Ajoutez-y, de ci de là, des protesta-
tions contre la loi de huit heures, l'indiscipline
des inscrits, contre les lois de protection du tra-
vail, voire même contre les grèves lesquelles,
chacun sait ça, sont toujours imputables au mau-
vais esprit des marins, et jamais, non jamais
à l'armement, au Gouvernement ou au législa-
teur lui-même.
Mais, pour en revenir aux choses sérieuses. il
y a une foule de remarques tout à fait justes
dans le gros paquet de documents que notre
Commission a amassés, et dont le rapporteur de
la Commission Générale devait tirer parti. Je
voudrais illustrer par deux exemples qui vien-
nent de nos colonies l'intérêt que présentent les
consultations que nous avons faites.
Le premier est celui des bois africains. 11 y
a deux ans, les. commerçants de l'Afrique
Equatoriale Française utilisaient beaucoup
moi ns les navires étrangers parce que, disaient-
ils, la France leur ornait un débouché suffi-
saht en raison du fléchissement des exportations
du Congo tombées de 150.000 à 40.000 ton-
nes. Mai., dès qu'il s'agissait de transports à
destination de l'Allemagne ou de l' Angleterre,
c'ett à des Compagnies étrangères que nos com-
merçants s'adressaient « à cause du prix des
frets qui seraient excessifs s'il fallait transiter
par un port français ».
C'est toujours cette considération qui, avant
la guerre, portait les expéditeurs de bois afri-
cains à s'adresser à des Compagnies alleman-
des et anglaises. A côté de la raison d'écono.
mie, il y en avait une autre : c'est que celles-ci
se montraient beaucoup plus disposées que les
nôtres à charger des bois. Fret médiocre, pen-
saient les armateurs français : nous évitons de
le prendre, et nous ne nous y résoudrons qu'en
dernier lieu. Raisonnement fâcheux pour un at-
mateur: « le bois ne lui plut pas, il s'atten-
dait à mieux » : c'est le raisonnement du héron
de la Fontaine. 11 conduit le héron à la famine
et l'armateur à la faillite.
L'autre exemple est tiré de transports plus
petits. Plus petits en détail, mais non dans
l' ensemble. Je veux parler des graines oléagi-
neuses : l'importation dans le seul port de Mar-
seille varie de 5 à 6 millions de quintaux mé-
triques par an, et représente plus du dixième
du chiffre total des importations ; soit
5.733.400 quintaux métriques en 1923, 1 mil-
liard de francs environ.
L'Inde importe les sésames, les arachides
décortiquées, les graines de lin, les colza, les
ricins ; la Cote occidentale d'Afrique, les ara-
chides en coques, les palmistes, les sésames;
la Cote orientale d'Afrique, les sésames et les
arachides décortiquées ; la Chine, les sésames,
les arachides en coques et décortiquées, les
lins ; les îles de la Sonde, les coprahs ; le Le-
vant et la Russie les sésames, les colzas et les
lins.
Pour l' Inde, il n'y a rien à faire, absolument
rien. Les graines oléagineuses de ce pays arri-
vent à peu près exclusivement sous pavillon an-
glais. On nous dit : « C'est que tous les expor-
tateurs de l'Inde sont sujets britanniques.» Evi-
demment. Je voudrais qu'on pût ajouter, en re-
vanche, que chaque fois qu'un exportateur est
français, la marchandise qu'il expédie voyage
sous pavillon français.
Mais nous passons aux graines de la Côte
occidentale d'Afrique. Elles proviennent, en
grande partie, du Sénégal. Cette fois, ce sont
des maisons françaises qui chargent, et on ajou-
te : « Tout naturellement, elles donnent dans
la mesure du possible la préférence au pavillon
français. » Dans la mesure du possible ? Voici
le commentaire : « Environ le tiers du tonnage
exporté de la Côte occidentale d'Afrique est
chargé sur des navires français. » Un tiers,
comme disait l'autre, vaut mieux que deux tu
l'auras ; mais, malgré tout; on voudrait davan-
tage- , d ,..1..
D'autre part, voici des constatations intéres-
santes : les affaires par vapeurs complets doi.
vent être distinctes de celles qui se font par
vapeurs réguliers : dans le premier cas, l'impor-
tateur affrète lui-même un navire pour prendre
les graines au pays d'origine ; dans le second,
l'importateur charge sur les vapeurs qui font le
service. Dans le premier cas, le pavillon fran-
çais est battu par les pavillons étrangers ; ce
sont surtout les navires des régions scandinaves
qui remportent : construits pour la navigation
dans la Baltique, ils sont à faible tirent a eau,
peuvent remonter le cours des fleuves de la
Côte occidentale d'Afrique et aller chercher la
marchandise dans les centres de production. De
plus, l'exportation des graines se fait surtout
de novembre à mars ; à cette époque, la Bal-
tique n'est plus navigable, les bateaux scandi-
nares sont disponibles, ils travaillent à tout prix
et rendent la concurrence française impossible.
Dans le second, le pavillon français l'em-
porte sur les autres : depuis longtemps, deux
Compagnies françaises assuraient le service de
la Côte occidentale d'Afrique ; il faut leur
rendre cette justice qu'elles augmentent le nom-
bre des départs, le nombre et le tonnage de
leurs navires. Une troisième Compagnie fran-
çaise assure, depuis deux ans, le transport des
marchandises de la Côte occidentale d Afrique
en prolongeant l'itinéraire jusqu'à Dakar et à
Rufisque.
Je passe rapidement sur les importations de
la Côte orientale : la ligne française qui relie
Marseille à Madagascar, avec escale à Mom-
bassa et Zanzibar, est incontestablement battue
par les vapeurs anglais, scandinaves, italiens,
portugais : elle occupe le cinquième rang sur
la liste.
Pour la Chine, un accord s'est fait entre les
lignes japonaises, anglaises, hollandaises, alle-
mandes et les Messageries. Le fret est uni-
forme. Voilà donc un des principaux facteurs
de notre infériorité qui disparaît. Attendez : il
y en a d' autres qui le remplacent, La Compa-
gnie française ne veut pas plus de graines oléa-
gineuses que les vapeurs de l'A. E. F. ne vou-
laient des bois. Elle préfère charger les soies,
les thés et autres marchandises riches. Les An-
glais et les Japonais sont moins difficiles. Même
les Compagnies allemandes, pendant la pégode
où elles ne touchaient pas en France, transpor-
taient plus de graines oléagineuses que nous;et
pourtant, elles avaient les frais d'un transbor-
dement à Port-Saïd.
Les Hollandais et les ( Anglais se partagent
le fret des graines oléagineuses des îles de la.
Sonde, et si les Français ont l'avantage pour
les importations de Levant et de Russie, c'est
qu'elles sont nulles, ou à peu près.
On le voit par ce qui précède, il ne suffit
pas, pour nous en tenir au commerce avec nos
provinces lointaines, d'avoir des lignes réqu.
ières ; il faut développer ces réseaux et les
améliorer partout où ils apparaissent insuffi-
sants. D'autre part, on a tort de mépriser le
tramping : le cargo qui « vagabonde », qui
va chercher la marchandise partout où elle se
trouve sans être astreint à un service régulier,
est moins un instrument d'offensive que de dé-
fensive. Là où un trafic français est accaparé,
plus ou moins complètement par les Compa-
gnies étrangères, le tramp peut soit porter la
concurrence dans tous les ports d'escale et pra-
tiquer les baisses de prix nécessaires, soit tout
simplement se proposer aux chargeurs français
pour éviter que les produits de nos provinces
lointaines naviguent sous pavillon étranger.
Rappelons-nous les formations de l' « Argo Li-
nie » et de « Roland - Unie », exploitées à frais
communs par la Hambùrg-Amerika et le Lloyd
de Brème avant la guerre. Pourquoi l'arme-
ment français ne constituerait-il pas à frais com-
muns une escadre commerciale de « tramps » ?
Et puis, qu'on fasse ce qu'on voudra, mais
qu'on fasse le plus possible pour améliorer les
transports maritimes entre les colonies et la
métropole ; nous nous consolerons que les pro-
duits de la Chine soient transportés sous pavil-
lon étranger, mais non que nos produits colo-
niaux nous arrivent par des lignes étrangères,
ou que certains d'entre eux aient pour marché
non pas Marseille, mais Hambourg.
Mario Rouatant
Sénateur de Vlîéraull, vice-président,
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Gtoupe
viticole.
Institut National d'agronomie coloniale
M. André Hesse, minisre des Colonies, ac-
compagné de M. Régismanset, chef de son
Cabinet, s'est rendu ce matin à l'Institut Na-
tional d'Agronomie Coloniale, à Nogent-sur-
Marne.
Reçu à son arrivée par M. Prudhomme,
directeur, et le Baut Personnel administratif,
le ministre des Colonies a visité longuement
les installations de l'Institut, qui comprend :
un jardin colonial très riche, des laboratoires
de recherches et d'expérimentations, et une
Ecole Nationale d'Agriculture Coloniale char-
gée de la formation des cadres d'ingénieurs
agronomes de plus en plus nécessaires à la
mise en valeur agricole, rationnelle et métho-
dique de nos colonies.
.,.
Au Ministère des colonies
0
M. Charles Regismanset sous-directeur à
Padministration centrale du ministère des
Colonies en service détaché, directeur de
l'Agence Générale des Colonies, vient d'être
nommé directeur des Affaires Economiques
au ministère des Colonies, en remplacement
de M. Tassel, placé dans le cadre de ré-
serve et nommé directeur honoraire.
M. Charle Regismanset, dont on connait
la haute valeur intellectuelle et la remarqua-
ble canrière coloniale, est. on le sait, actuel-
lement chef du Cabinet au ministre des Co-
lonies.
Nous sommes heureux de lui adresser nos
très cordiales félicitations.
Conseils d'un étranger à nos colons,
industriels et commerçants
lu o.-
Les lecteurs des Anna-
les Coloniales se souvien-
IIcnt certainement que,
chemin faisant, à travers
les dunes du Sahara, la
mission Iiaardt-Audouin
Dubreuil rencontra en
1923 une caravane à dos
de chamcau, dont le chef
était le distingue p-rofesseur Ol/usel" géogra-
•phe danois. Pendant douze années passées
en Algérie, en Tunisie et au Maroc, les re-
cherches de ce savaitt se concentrèrent sur les
conditions géographiques par rapport à la
production et au commerce, et en dernier lieu
ses investigations s1 étendirent jusqu'au Ma-
roc. En véritable ami de la France, M. OU
fusen consacra tous ses efforts à l'établisse.
ment de relations commerciales et économi-
ques entre notre pays et la péninsule Scandi-
nave.
Le succès de Vexposition des produits de
V Afrique. du Nord, organisée à Copenhague
en 1923, ne firent que Vencourager à persé-
vérer, aussi l'éminent professeur vient-il de
publier dans le Bulletin de la Société de Géo-
graphie Commerciale de Paris une étude sur
« les débouchés des possessions françaises de
VAfrique du Nord dans les pays scandina-
ves », où nous avons relevé des i/ldicatiolls,
des conseils que nos colous, commerçants et
industriels de la métropole auraient tout in-
térêt à suivre.
L'attrait qu exercent les pays dte midi sur
les gens du nord y augmente chaque année
le nombre des touristes, heureux de fuir pour
quelques mois le dur climat de l'hiver sccmdi-
nave. Plus nombreux encore seraient-ils si
nos hôtels étaient plus confortables, A l'u-
nis, par exemple, dans le merveilleux parc
du Belvédère, à K or bous, dont le casino
faisait Vobjet d'tlll article de motl ami Mar-
cel Ruedcl dans les Annales Coloniales du 7
aOtÎt 1925. Les hôtels transatlantiques ont mé-
rité les compliments de M. Olfusen, en parti-
culier celui de Rabat, oÙ la table est si bomtc
qu'on risque de « commettre des imprudctl.
ces ». Pour faciliter les voyages des Danois
en Afrique Nord, il faudrait établir des li-
gnes directes entre Tunis, Alger et Casa.
blanca d'unc part et Copenhague d'autre
part.
- M. Olfusen a la conviction que si l'Afri-
que du Nord voulait faire un effort, elle
pourrait procurer à ces navires un fret suffi-
sant pour Copenhague qui est la ville la plus
importante de la Scandinavie, le centre de
distribution de la Baltique pour quantité de
marchandises intéressant la Norvège, la Suè-
de, la Finlande et les Etats Baltes.
Si tant est que le paquebot est Vadjuvant
du cargo, de ces relations touristiques tiai-
tront des échanges commerciaux, car les pays
scandinaves ont un grand besoin des produits
de l'Afrique dit Nord.
En fin gounllet, Ill. "Olft/sen a su distin-
guer parmi les crus de Tunisie et d'Algirtr,
ceux qui flatteront le palais de ses compa-
triotes : le vin blanc de Megrine, le muscat
de Teboursouk, les vins rouge et blanc et mê-
me mousseux de Ros Tabia, les vins ronges
algériens de Royal Kébir, la liqueur de man-
tlafblc.
Les huiles parfumées de Nabeul doivent
être plus légères, les dattes, figues, oran-
ges qui vont déjà au Danent via Mar-
seille, peuvent y être exportées W/i plus gran.
de uantité.. l
Au kapok, M. Olfusen Préfère le crin
végétal d'Algérie qui est moins compressible.
Un essai de transplantation de cactus
Opuntia de Tunisie a fort bien réussi, les
agaves et figuiers orneraient les jardins de
Copenhague.
Par une séleciioû bien comprise, les céra-
miques de Chemka (Ttmisie), vendues à des
prix raisonnables, trouveront un débouché en
Scandinavie.
Les tapis de Kairouan, comme les Dokah
du Touat et du Gourara, ont eu un grand suc-
cès, ainsi que les articles de vannerie.
Au sujet de Vexportation des produits du
sol du Maroc, Vhonorable professeur regrette,
ainsi que bien des colons français, que de
grands lots de terre appartenant à âes,inàz-
gènes, restent inetllies. « Les lois qui régis-
sent la propriété sur le sol sont souvent inson-
dables, écrit-il, et les indigènes ne' renoncent
à leurs terres qu'à contre cœur, B
D'où nécessité d'assurer aux indigènes un
concours agricole compétent importé a Europe.
L'orge blanche serait fort appréciée des bras-
series danoises, ainsi que le lin et la graine
de lin du Maroc.
En se limitant aux produits d'un rendement
sûr et généreux, une compagnie commemme
doit pouvoir créer un grand mouvement
d'échanges entre la Scandinavie et r Afriqu.
du Nord, la sympathie qui existe déjà entre
la patrie de M. Olfusen et la France facilt-
tera grandement les projets de Véminent géo-
graphe et nous ne pouvons qu'en souhaiter la
plus prochaine réalisation, car ce serait un
grand hommage rendu à la colonisation fran-
çaise,
Lucien Casparin.
'Député de la Réunion.
TAUX DE LA ROUPIE
-0-
Le Gouverneur des Etablissements français
dans l'Inde vient de faire connaître au ministre
des GoMmles qu'à la date du 11 août courant,
le taux officiel de la roupie était de 7 fr, 50.
AUTOUR DU GOUVERNEMENT
GENERAL DE L'INDOCHINE
0
M. Varenne et le Parti Sacialitti
Le sort en est jeté. Quelques éclë-
Le sort en est jeté. Quelques militants, ai-
gris ou jaloux, ont fait voter par la Fédé-
ration socialiste (S.F.I.O.) du Puy-de-Dôme
une motion blâmant Varenne d'avoir accepté
les fonctions de Gouverneur Général de l'In-
dochine et en même temps la même Fédération
l'envoyait comme délégué au Congrès du
Parti Socialiste qui se tient après-demain au
Manège Japy, à Paris. Dans ces conditions,
Alexandre Varenne, désavoué par une minorité
d'agités de sa propre Fédération (51 sur 110),
a décliné ce mandat et ne se présentera pas de-
vant le Congrès. Le nouveau Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine l'annonce dans son journal
du Puy-de-Dôme, la Montagne, et dans ces
conditions, il ne semble pas douteux que son
exclusion soit votée par le Congrès de samedi
prochain.
Nous ne pouvons que regretter ces événe-
ments à la fois pour Varenne et pour le Parti
30ciaiiste.
Pour Varenne, car il est pénible, après avoir
fondé le Parti socialiste dans le Puy-de-Dôme,
après l'avoir organisé, galvanisé et mené à une
force aussi incontestable dans ce département,
de voir ses efforts de militant ainsi méconnus. <
C'est la justice des hommes et c'est le
triomphe de l'incompréhension.
Pour le Parti socialiste, le malheur est plus
grave encore. Car Varenne demeure député
et Gouverneur Général de l'Indochine. Mais
le Parti socialiste semble vouloir s'amputer
demain d'hommes qui étaient son honneur, et
dont la haute conscience et la grande valeur
étaient concurremment appréciées. Paul-Bon-
cour et Vincent Auriol ne seront pas au Ma-
nège Japy samedi ; d'autres comme Marquet,
Moutet, Renaudel y seront comme des sus-
pects : suspects d'avoir une claire vision de la
situation politique générale, ou suspects seu-
lement pour ne pas partager l'opinion d'une
minorité turbulente qui tend de plus en plus à
asservir les timides et à exclure les pondérés.
Le cas Varenne est un fâcheux précédent
qui, s'il se renouvelle, tendra de plus eq plus
Á laisser la section française de l'Internationale
ouvrière entre les mains des agités, des aigrts
ou des envieux, en un mot des médiocres.
Ce n'est pas ainsi-, par des exclusions et des
excommunications qu'un grand parti peut se
préparer à conduire les destinées d'un pays
comme le nôtre.
M. R.
Madame Delingette
reçoit la Légion d'Honneur
En relatant, il y a huit jours, le triomphal
retour à Paris du capitaine Delingette et de sa
femme, j'indiquais le désappointement éprouvé
par beaucoup de leurs admirateurs d'avoir
vu M. Bonnet, sous-secrétaire d'Etat à la
Présidence du Conseil, représentant le Gouver-
nement, venir « les mains vides M à la réception
du stand Renault.
Cet oubli est heureusement réparé aujour-
d'hui.
M. Painlevé, ministre de la Guerre, vient
d'inscrire d'office le capitaine Delingette au
tableau d'avancement pour le grade de chef
de bataillon d'infanterie coloniale.
M. André Hesse, ministre des Colonies,
rentré depuis quarante-huit heures d'une cure
à Contrexéville, voulant lui aussi avoir un beau
geste, a remis hier après-midi la croix de
Chevalier de la Légion d'honneur à Mme De-
lingette.
Ce fut une cérémonie intime qui réunit dans
les jardins du Ministère 8es Colonies, autour
de M. André Hesse, M. Régismanset, chef
de Cabinet, les directeurs des services du Dé-
partement, les fonctionnaires du Cabinet et les
représentants de la Presse.
M. Huké, administrateur des Etablissements
Renault, qui a construit la six-roues avec la-
quelle le raid a été effectué, avait tenu à être
là pour féliciter la nouvelle légionnaire.
A 16 heures précises, Mme Delingette ar-
rive accompagnée de son mari.
Dans unClt brève allocution, le ministre des
Colonies a évoqué les épisodes les plus dra-
matiques et les plus anxieux de cette extraor-
dinaire randonnée à travers l'Afrique entière.
Le général Pelletier, directeur des Affaires
militaires au Ministère des Colonies, a 1% en-
suite la citation suivante :
Mme DELINGETTE (Louise), explora-
trice.
Titres exceptionnels: a accompagné le
vwpitaine Delingette, son mari, dans la tra-
versée de VAfrique en automobile, de Co-
lomb-Béchar au Cap ; au cours de cette
longue et périlleuse exploration, d'une
durée de plusieurs mois, a fait preuve d'in-
comparables qualités d'énergie, de dèvoue-
ment et de volonté ; est la première femjne
ayant traversé le Sahara ; personnifie le.
dévouement, le courage et l'îiéroïsme de la
femme française.
Puis le général Pelletier, épingla la Croix de
la Légion d'honneur au revers du vêtement de
la lécipendiaire à laquelle il a donné l'acco-
lade.
Un goûter a été ensuite servi sous les frais
ombrages du jardin, par les soins de Mlle
Georgette Hesse, fille du ministre.
L.-G. T.
La situation
en Nouvelle-Calédonie
Le discours que M. le Gouverneur Guyon
a prononcé le 20 juin dernier à l' ouverture de
la première session de 1925 du Conseil Géné-
ral nous a fait connaître les mesures qu'il a
prises depuis son arrivée à Nouméa et les pro-
jets qu'il se propose de réaliser avec le con-
cours de l'Assemblée locale, afin de doter'cette
belle colonie de l'outillage qui lui est néces-
saire pour obtenir son complet développement.
Voulant avoir d'abord la confiance des repré-
sentants de la population, il leur a demandé
leur collaboration pour l'établissement du pro-
gramme qu'il a soumis à leurs délibérations,
et afin d'éviter le renouvellement ou la prolon-
gation des conflits survenus entre l'Assemblée
qui avait été dissoute et l'Administration avant
son arrivée, il a donné à l'Assemblée locale
des explications qui mettaient le Conseil Gé-
néral dans l'obligation de ne plus refuser les
crédits qui lui étaient demandés. Il a ainsi ré-
sol u la question irritante des congés des fonc-
tionnaires contre lesquels les représentants de la
population ne cessaient de protester en raison
des charges que ces déplacements imposaient au
budget local.
Après avoir réglé un conflit qui se renouve-
lait depuis plusieurs années à chaque session
du Conseil Général, le Gouverneur a examiné
dans son discours toutes les parties de son pro-
gramme comprenant la réorganisation fiscale et
l'intensification de la mise en valeur de la Co-
lonie. Il a traité cette dernière question avec
toute l' ampleur que comporte un tel sujet.
Dès son arrivée à Nouméa, M. Guyon a
constitué une Grande Commission 'd'étude de
la mise en valeur de la Colonie par l'élabora-
lion d'un programme de grands travaux dans
l'ordre économiaue et dans l'ordre social.
- Cette Commission a fait d'abord l'inventaire
des besoins de la Colonie. Elle a sérié les be-
soins, et, par suite, les œuvres destinées à y
pourvoir, par ordre d'importance. Elle a fait
cette discrimination pour une période de vingt
années à compter de -1926.
Elle a abouti à un chiffre global de dépen-
ses de 56.775.000 francsréparties en quatre
tranches, comprenant :*
tranches, comprenant :* Francs
La lro tranche 3 ans 22. 100.000
La 2° tranche 6 ans 22.903.500
La 3° tranche 6 ans.. , 9.739.000
La 4e tranche 5 ans 2.032.500
Au total,..,.. 56.775.000
Le Gouverneur a terminé 1 examen de la
mise en valeur de la Colonie en disant :
« J'ai le devoir d'y insister en arrivant au
terme de cet important suiét, c'est Itintégrale
réalisation des taxes nouvelles qui constitue le
fondetoent de cet oeuvre. » »
Après les vicissitudes de la Nouvelle-Calé-
donfe qui a fait naître tant d'espoirs et qui a
donné tant de déceptions, le discours de M.
Guyon inspire la confiance qui stimule le cou-
rage. C'est une vie nouvelle que le nouveau
Gouverneur aura apportée à cette colonie dont
il a pu apprécier les richesses et le charme.
Nous formons des vœux pour le succès de son
œuvre.
une grève dedockers en Tunisie
0-0-
Les chefs de c.ltanticrs des dockers (le
Tunis se sont mis en grâce et les ouvriers
ont suivi le mouvement. La grève, décla-
rée au. suict d'une ilemandr. d'augmentation
de salaires, serait également provoquée
par des motifs politiques, les dockers dé-
clarant se refuser à transporter des cé-
réales pour les troupes qui combattent A lnl
el Krim. (Pnr dépêche).
On vflit, par cette dépêche, quels éclios
l'insurrection rifaine pourrait éveiller dans
toute l'Afrique du Nord, si elle n'était con-
tenue d'une main ferme.
«
A L MtSEML CE SAIBon
Huit cents ouvriers indigènes de l'arse-
nal de Saïgon se sont mis en grève pour
un motif futile au lendemain de l'arrivée
du croiseur u Jules-Michelet » qui a be-
soin de réparations avant son départ pour
la Chine. La visite de ses machines a fait
constater u11 échauffement des supports
de l'hélice centrale faisant envisager la
nécessité d'un prochain passage du bâti-
ment. dans un arsenal.
Il est toutefois à remarquer que le « Ju-
les-Miohelet », possédant trois hélices,
pourra poursuivre sa croisière avec ses
deux hélices latérales, s'il ne peut utiliser
l'arsenal de Saïgon pour effectuer la répa-
ration nécessaire. - -
C'est la première fois que les ouvriers
de l'arsenal de Saïgon se mettent en grè-
ve. Lorsque les causes nous seront con-
nues nous pourrons donner à cet événe-
ment les commentaires qu'il comporte.
1'"
Magistrature coloniale
Sont nommés :
Juge suppléant au tribunal de 1" Instance
de Tamatave (Madagascar) : M. Bourdet,
attaché au Parquet du Procureur Général
de cette colonie, en remplacement de M. La
Porte, précédemment nommé, juge-président
du tribunal de 1re Instance de Djibouti (Côte
des Somalis). au tribunal de 1- Instance
Juge suppléant au tribunal de 1re Instance
de Diégo-Suarez (Madagascar) : M. Piétri,
attaché au Parquet du Procureur Général
de cette colonie, en remplacement de M.
Bargone, précédemment nommé substitut
du Procureur de la République, à Saint-
Denis (Réunion).
Décrets et Arrêtés
Décret portant création d'un droit de sor-
tie de 10 ad valorem sur les perles
fines exportées des établissements fran-
çais de l'Océanie.
Aux tonnes de ce décret sont exemptes dtr
ce droit les perlas montées taisant partie des
bijoux pPL-soiin 'b des voyageurs qui quittent
la colonie.
Lei parles expédiées par la Poste ou dans
des culis des messageries ainsi que celles
que kr:> voyageuis emportent sur eux ou duns
leurs liagages, doivent être déclarées au ser-
vice des Douanes et Contributions avec leur
valeur exacte. 0
Culte vali'ur est celle qui est pratiquée cou-
ramment (lui, '-- ta colonie quelles que soient
les conditions dans lesquelles les déclarants
til.'nt acquis ces perles ou en soient devenus
possesseurs.
Toute personne qui à la sortie de, la co-
'onie sera trouvée en possession de perles
qu'elle n'aura pas dûclarées ou qui aura. tenté
par la voie de la Poste ou par tout autre
moyen de faire sortir des perles sans en avoir
fait la déclaration, sera punie de la confisca-
tion de ce, perles et d'une amende de 5.000
francs si la valeur des perles n'excède pas
cette somme ou du double de la valeur des
perles <;i cette valeur excède 5.000 fr. -
Toute personne convaincue d'avoir, par
n'importe quel moyen, fait sortir des perles
de la colonie sans les déclarer, sera punie
d'une amende de 10.000 fr. et en outre, pour
tenir lieu de la conliscation des perles, d'une
imende égale au double de la valeur de ces
vertes. En cas de récidive, lapine de trois
jours à un mois de prison pouxTa être pro-
noncée.
Décret rendant aplicable en Indochine l'ar-
ticle 3 de la loi du 16 octobre 1919, por-
tant interdiction du trafic des reconnais-
sances des Monts-de-Piété.
Décret abrogeant celui du 8 avril 1898 sur
la distribution des cartes électorales dans
les établissements français dans l'Inde.
Le texte abrogé lixait, outre le mode d'éta-
blissement et do distribution des cartes élec-
torales, 1"5 attributions des interprètes atta-
ches aux collèges ''Ieetoroux dans les Etablis-
sements français de l'Inde.
Postérieurement à cet act'j, 'liveis décrets
et lois avaient fix.1 de nouveau le mode d'éla-
Wissenient et de distribution des cartes électo-
rales et assuré le secret du vote. De plus,
dans un r-cent rapport sur les élections muni-
cipales du 3 anai dernier, le Gouverneur des
Etablissements français dons l'Inde concluait
ù l'inutilité des interprètes et faisait ressortir
l'imiporlance des dépenses ciu'ils occasionnent
ft chaque élection. -
Décret approuvant l'inscription de rubri-
ques nouvelles au budget des établisse-
ments français de l'Océanie pour l'exer-
cice 1925.
Ces rubriques nouvelles permettent au *""
sor de percevoir des recettes au titre de l'Im-
migration.
Décret majorant de 20 décimes le principal
des amendes pénales prononcées par les
Cours et Tribunaux de l'Inde.
Par suite de la dépréciation de valeur de la
monnaie, les peines pécuniaires actuellement
en vigueur dans la colonie et notamment les
peines de simple police, ne correspondaient
plus aux sanctions que le législateur d'avant-
guerre entendait attacher a l'infraction com-
mise et ne constituaient plus une répression
^ufilsantc.
Décret pOÍ\olt fixation des quantités de ca-
fés originaires des territoires du Togo pla-
cés sous mandat français admissibles au
bénéfice de la détaxe pendant la période
allant du lor juillet 1925 au 30 juin 1928..
Aux termes ue ce decret, sont. tixées a 10 ton-
niîs le» quantités de café originaires des Ter-
ritoires du rogo places sous mandat français
qui pourront ôtre admises en France pendant
la période allant du lor juillet 1926 au 30 juin
102(5, dans les conditions prévues par le rt-
eret susvisé du il juin 192-i.
Décret du lrr août relatif à la cession à la
colonie de la Martinique de deux immeu-
bles militaires situés dans les communes
de la Trinité et du Marin (Martinique).
Décret du 10 août 1924 autorisant l'admis-
sion des pâtes d'arachide, de coprah et
de palmiste au marché à terme des hui-
les et tourteaux de Marseille.
u J. O. » du 12 a.oùt
Décret rendant applicable à l'Afrique Equa-
toriale la loi du 1er mars 1888 ayant pour
obJet d'interdire aux étrangers la pêche
dans les eaux territoriales de France et
de l'Algérie.
Décret complétant ceux du 26 mai 1913 et
du 4 septembre 1919 au sujet de la natu-
ralisation des indigènes dans l'Indochine,
sujets ou protégés français.
Aux termes de ce décret le paragraphe 9 ci-
apres est ajouté à l'article 1er du décret du 26
mai modifié pnr le décret du 4 septembre 1919 :
U1 Los étudiants en médeeine régulière-
ment inscrits A l'E'-ole de Plein exercice de
Hanuï, reçus au cours d'admission dans les
Ecoles du Service de Santé où sont recrutes
les médecins coloniaux et qui souscrivent l'en-
gagement de servir pendant un minimum de
dix ans dans le Corps de Snntô COlonial".
Le présent d -crut a pour but, tout en témoi-
gnant lle- l'intérét que porte l'administration
colonie à l'élite intellectuelle des étudiants
indocliinois, de donner quelques bons élé-
ments, strictement sélectionnés, au eurps de
santé colonial dont l'effectif est insuflisant et
qui a un effort considérable à fournir en vue
de l'assainissement. de notre domaine d'outre-
mer et de la protection sanitaire des popula-
tions indigènes, particulièrement dans les pays
d'Afrique.
Arrêté allouant une indemnité au trésorier-
payeur de la Guadeloupe.
Aux termes de cet firrélé, il est attribué au
Trésorier-Payeur de la Guadeloupe, chargé de
In centralisation des opérations du budget
annexe, institué pour les travaux du Port de
la Pointe-fi-Pître, une indemnité annuelle de
4.000 francs exclusive de toute remise.
Le patejnent de oettc indemnité sera effec-
tué par douzièmes (effet à compter du l'r dé-
cembre 1924.1
7. 0. du 13 août.
L retour de M. Borel
«
L'escadre de la Méditerranée, comman-
dée par le vice-amiral Charles Dumesnil,
qui était absente de Toulon depuis deux
mois par suite de ses voyages suf les cô-
tes italiennes, algériennes) de l'Atlantique
et de la Manche, était hier soir, vers 5
heures, en vue de Toulon,
Sur le cuirassé Il Courbet » se trouvait
M. Emile Borel, ministre de la Marine.
LE NUMERO : 80 CENTIMES
JJllJ" SOIR, 13 AOUT 1^95
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
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Maroc et Colonies
C fl à «!,«̃* Il J
La troisième Commission extraparlementaire
de la Marine Marchande, à laquelle j'avais
l'honneur de présider, a réuni un poids très res-
pectable de documents en réponse aux aues-
tions que nous avions posées aux industriels et
aux commerçants de notre pays : pourquoi le
commerce et l'industrie française utilisent-ils,
pour les importations et les exportations, les na-
vires étrangers de préférence aux navires battant
pavillon national ? Quelles sont les raisons de
cet état de choses ? Quels sont les remèdes à
apporter ?
Les raisons invoquées ont toujours été les
mêmes, qu'il s'agît de l'Union Coloniale Fran-
çaise, de syndicats d'industriels, ou de syndi-
cats de commerçants : fret français plus élevé
que le fret étranger, lignes étrangères mieux
desservies. régularité et stabilité très inférieures
sur les lignes françaises, complications plus
grandes en ce qui concerne les connaissements,
outillage insuffisant de nos ports, frais de manu-
tention, de pilotage et de quai trop élevés, es-
prit administratif des Compagnies françaises,
tels sont les thèmes constamment repris et dé-
veloppés. Ajoutez-y, de ci de là, des protesta-
tions contre la loi de huit heures, l'indiscipline
des inscrits, contre les lois de protection du tra-
vail, voire même contre les grèves lesquelles,
chacun sait ça, sont toujours imputables au mau-
vais esprit des marins, et jamais, non jamais
à l'armement, au Gouvernement ou au législa-
teur lui-même.
Mais, pour en revenir aux choses sérieuses. il
y a une foule de remarques tout à fait justes
dans le gros paquet de documents que notre
Commission a amassés, et dont le rapporteur de
la Commission Générale devait tirer parti. Je
voudrais illustrer par deux exemples qui vien-
nent de nos colonies l'intérêt que présentent les
consultations que nous avons faites.
Le premier est celui des bois africains. 11 y
a deux ans, les. commerçants de l'Afrique
Equatoriale Française utilisaient beaucoup
moi ns les navires étrangers parce que, disaient-
ils, la France leur ornait un débouché suffi-
saht en raison du fléchissement des exportations
du Congo tombées de 150.000 à 40.000 ton-
nes. Mai., dès qu'il s'agissait de transports à
destination de l'Allemagne ou de l' Angleterre,
c'ett à des Compagnies étrangères que nos com-
merçants s'adressaient « à cause du prix des
frets qui seraient excessifs s'il fallait transiter
par un port français ».
C'est toujours cette considération qui, avant
la guerre, portait les expéditeurs de bois afri-
cains à s'adresser à des Compagnies alleman-
des et anglaises. A côté de la raison d'écono.
mie, il y en avait une autre : c'est que celles-ci
se montraient beaucoup plus disposées que les
nôtres à charger des bois. Fret médiocre, pen-
saient les armateurs français : nous évitons de
le prendre, et nous ne nous y résoudrons qu'en
dernier lieu. Raisonnement fâcheux pour un at-
mateur: « le bois ne lui plut pas, il s'atten-
dait à mieux » : c'est le raisonnement du héron
de la Fontaine. 11 conduit le héron à la famine
et l'armateur à la faillite.
L'autre exemple est tiré de transports plus
petits. Plus petits en détail, mais non dans
l' ensemble. Je veux parler des graines oléagi-
neuses : l'importation dans le seul port de Mar-
seille varie de 5 à 6 millions de quintaux mé-
triques par an, et représente plus du dixième
du chiffre total des importations ; soit
5.733.400 quintaux métriques en 1923, 1 mil-
liard de francs environ.
L'Inde importe les sésames, les arachides
décortiquées, les graines de lin, les colza, les
ricins ; la Cote occidentale d'Afrique, les ara-
chides en coques, les palmistes, les sésames;
la Cote orientale d'Afrique, les sésames et les
arachides décortiquées ; la Chine, les sésames,
les arachides en coques et décortiquées, les
lins ; les îles de la Sonde, les coprahs ; le Le-
vant et la Russie les sésames, les colzas et les
lins.
Pour l' Inde, il n'y a rien à faire, absolument
rien. Les graines oléagineuses de ce pays arri-
vent à peu près exclusivement sous pavillon an-
glais. On nous dit : « C'est que tous les expor-
tateurs de l'Inde sont sujets britanniques.» Evi-
demment. Je voudrais qu'on pût ajouter, en re-
vanche, que chaque fois qu'un exportateur est
français, la marchandise qu'il expédie voyage
sous pavillon français.
Mais nous passons aux graines de la Côte
occidentale d'Afrique. Elles proviennent, en
grande partie, du Sénégal. Cette fois, ce sont
des maisons françaises qui chargent, et on ajou-
te : « Tout naturellement, elles donnent dans
la mesure du possible la préférence au pavillon
français. » Dans la mesure du possible ? Voici
le commentaire : « Environ le tiers du tonnage
exporté de la Côte occidentale d'Afrique est
chargé sur des navires français. » Un tiers,
comme disait l'autre, vaut mieux que deux tu
l'auras ; mais, malgré tout; on voudrait davan-
tage- , d ,..1..
D'autre part, voici des constatations intéres-
santes : les affaires par vapeurs complets doi.
vent être distinctes de celles qui se font par
vapeurs réguliers : dans le premier cas, l'impor-
tateur affrète lui-même un navire pour prendre
les graines au pays d'origine ; dans le second,
l'importateur charge sur les vapeurs qui font le
service. Dans le premier cas, le pavillon fran-
çais est battu par les pavillons étrangers ; ce
sont surtout les navires des régions scandinaves
qui remportent : construits pour la navigation
dans la Baltique, ils sont à faible tirent a eau,
peuvent remonter le cours des fleuves de la
Côte occidentale d'Afrique et aller chercher la
marchandise dans les centres de production. De
plus, l'exportation des graines se fait surtout
de novembre à mars ; à cette époque, la Bal-
tique n'est plus navigable, les bateaux scandi-
nares sont disponibles, ils travaillent à tout prix
et rendent la concurrence française impossible.
Dans le second, le pavillon français l'em-
porte sur les autres : depuis longtemps, deux
Compagnies françaises assuraient le service de
la Côte occidentale d'Afrique ; il faut leur
rendre cette justice qu'elles augmentent le nom-
bre des départs, le nombre et le tonnage de
leurs navires. Une troisième Compagnie fran-
çaise assure, depuis deux ans, le transport des
marchandises de la Côte occidentale d Afrique
en prolongeant l'itinéraire jusqu'à Dakar et à
Rufisque.
Je passe rapidement sur les importations de
la Côte orientale : la ligne française qui relie
Marseille à Madagascar, avec escale à Mom-
bassa et Zanzibar, est incontestablement battue
par les vapeurs anglais, scandinaves, italiens,
portugais : elle occupe le cinquième rang sur
la liste.
Pour la Chine, un accord s'est fait entre les
lignes japonaises, anglaises, hollandaises, alle-
mandes et les Messageries. Le fret est uni-
forme. Voilà donc un des principaux facteurs
de notre infériorité qui disparaît. Attendez : il
y en a d' autres qui le remplacent, La Compa-
gnie française ne veut pas plus de graines oléa-
gineuses que les vapeurs de l'A. E. F. ne vou-
laient des bois. Elle préfère charger les soies,
les thés et autres marchandises riches. Les An-
glais et les Japonais sont moins difficiles. Même
les Compagnies allemandes, pendant la pégode
où elles ne touchaient pas en France, transpor-
taient plus de graines oléagineuses que nous;et
pourtant, elles avaient les frais d'un transbor-
dement à Port-Saïd.
Les Hollandais et les ( Anglais se partagent
le fret des graines oléagineuses des îles de la.
Sonde, et si les Français ont l'avantage pour
les importations de Levant et de Russie, c'est
qu'elles sont nulles, ou à peu près.
On le voit par ce qui précède, il ne suffit
pas, pour nous en tenir au commerce avec nos
provinces lointaines, d'avoir des lignes réqu.
ières ; il faut développer ces réseaux et les
améliorer partout où ils apparaissent insuffi-
sants. D'autre part, on a tort de mépriser le
tramping : le cargo qui « vagabonde », qui
va chercher la marchandise partout où elle se
trouve sans être astreint à un service régulier,
est moins un instrument d'offensive que de dé-
fensive. Là où un trafic français est accaparé,
plus ou moins complètement par les Compa-
gnies étrangères, le tramp peut soit porter la
concurrence dans tous les ports d'escale et pra-
tiquer les baisses de prix nécessaires, soit tout
simplement se proposer aux chargeurs français
pour éviter que les produits de nos provinces
lointaines naviguent sous pavillon étranger.
Rappelons-nous les formations de l' « Argo Li-
nie » et de « Roland - Unie », exploitées à frais
communs par la Hambùrg-Amerika et le Lloyd
de Brème avant la guerre. Pourquoi l'arme-
ment français ne constituerait-il pas à frais com-
muns une escadre commerciale de « tramps » ?
Et puis, qu'on fasse ce qu'on voudra, mais
qu'on fasse le plus possible pour améliorer les
transports maritimes entre les colonies et la
métropole ; nous nous consolerons que les pro-
duits de la Chine soient transportés sous pavil-
lon étranger, mais non que nos produits colo-
niaux nous arrivent par des lignes étrangères,
ou que certains d'entre eux aient pour marché
non pas Marseille, mais Hambourg.
Mario Rouatant
Sénateur de Vlîéraull, vice-président,
de la Commission sénatoriale des Co-
lonies, Secrétaire général du Gtoupe
viticole.
Institut National d'agronomie coloniale
M. André Hesse, minisre des Colonies, ac-
compagné de M. Régismanset, chef de son
Cabinet, s'est rendu ce matin à l'Institut Na-
tional d'Agronomie Coloniale, à Nogent-sur-
Marne.
Reçu à son arrivée par M. Prudhomme,
directeur, et le Baut Personnel administratif,
le ministre des Colonies a visité longuement
les installations de l'Institut, qui comprend :
un jardin colonial très riche, des laboratoires
de recherches et d'expérimentations, et une
Ecole Nationale d'Agriculture Coloniale char-
gée de la formation des cadres d'ingénieurs
agronomes de plus en plus nécessaires à la
mise en valeur agricole, rationnelle et métho-
dique de nos colonies.
.,.
Au Ministère des colonies
0
M. Charles Regismanset sous-directeur à
Padministration centrale du ministère des
Colonies en service détaché, directeur de
l'Agence Générale des Colonies, vient d'être
nommé directeur des Affaires Economiques
au ministère des Colonies, en remplacement
de M. Tassel, placé dans le cadre de ré-
serve et nommé directeur honoraire.
M. Charle Regismanset, dont on connait
la haute valeur intellectuelle et la remarqua-
ble canrière coloniale, est. on le sait, actuel-
lement chef du Cabinet au ministre des Co-
lonies.
Nous sommes heureux de lui adresser nos
très cordiales félicitations.
Conseils d'un étranger à nos colons,
industriels et commerçants
lu o.-
Les lecteurs des Anna-
les Coloniales se souvien-
IIcnt certainement que,
chemin faisant, à travers
les dunes du Sahara, la
mission Iiaardt-Audouin
Dubreuil rencontra en
1923 une caravane à dos
de chamcau, dont le chef
était le distingue p-rofesseur Ol/usel" géogra-
•phe danois. Pendant douze années passées
en Algérie, en Tunisie et au Maroc, les re-
cherches de ce savaitt se concentrèrent sur les
conditions géographiques par rapport à la
production et au commerce, et en dernier lieu
ses investigations s1 étendirent jusqu'au Ma-
roc. En véritable ami de la France, M. OU
fusen consacra tous ses efforts à l'établisse.
ment de relations commerciales et économi-
ques entre notre pays et la péninsule Scandi-
nave.
Le succès de Vexposition des produits de
V Afrique. du Nord, organisée à Copenhague
en 1923, ne firent que Vencourager à persé-
vérer, aussi l'éminent professeur vient-il de
publier dans le Bulletin de la Société de Géo-
graphie Commerciale de Paris une étude sur
« les débouchés des possessions françaises de
VAfrique du Nord dans les pays scandina-
ves », où nous avons relevé des i/ldicatiolls,
des conseils que nos colous, commerçants et
industriels de la métropole auraient tout in-
térêt à suivre.
L'attrait qu exercent les pays dte midi sur
les gens du nord y augmente chaque année
le nombre des touristes, heureux de fuir pour
quelques mois le dur climat de l'hiver sccmdi-
nave. Plus nombreux encore seraient-ils si
nos hôtels étaient plus confortables, A l'u-
nis, par exemple, dans le merveilleux parc
du Belvédère, à K or bous, dont le casino
faisait Vobjet d'tlll article de motl ami Mar-
cel Ruedcl dans les Annales Coloniales du 7
aOtÎt 1925. Les hôtels transatlantiques ont mé-
rité les compliments de M. Olfusen, en parti-
culier celui de Rabat, oÙ la table est si bomtc
qu'on risque de « commettre des imprudctl.
ces ». Pour faciliter les voyages des Danois
en Afrique Nord, il faudrait établir des li-
gnes directes entre Tunis, Alger et Casa.
blanca d'unc part et Copenhague d'autre
part.
- M. Olfusen a la conviction que si l'Afri-
que du Nord voulait faire un effort, elle
pourrait procurer à ces navires un fret suffi-
sant pour Copenhague qui est la ville la plus
importante de la Scandinavie, le centre de
distribution de la Baltique pour quantité de
marchandises intéressant la Norvège, la Suè-
de, la Finlande et les Etats Baltes.
Si tant est que le paquebot est Vadjuvant
du cargo, de ces relations touristiques tiai-
tront des échanges commerciaux, car les pays
scandinaves ont un grand besoin des produits
de l'Afrique dit Nord.
En fin gounllet, Ill. "Olft/sen a su distin-
guer parmi les crus de Tunisie et d'Algirtr,
ceux qui flatteront le palais de ses compa-
triotes : le vin blanc de Megrine, le muscat
de Teboursouk, les vins rouge et blanc et mê-
me mousseux de Ros Tabia, les vins ronges
algériens de Royal Kébir, la liqueur de man-
tlafblc.
Les huiles parfumées de Nabeul doivent
être plus légères, les dattes, figues, oran-
ges qui vont déjà au Danent via Mar-
seille, peuvent y être exportées W/i plus gran.
de uantité.. l
Au kapok, M. Olfusen Préfère le crin
végétal d'Algérie qui est moins compressible.
Un essai de transplantation de cactus
Opuntia de Tunisie a fort bien réussi, les
agaves et figuiers orneraient les jardins de
Copenhague.
Par une séleciioû bien comprise, les céra-
miques de Chemka (Ttmisie), vendues à des
prix raisonnables, trouveront un débouché en
Scandinavie.
Les tapis de Kairouan, comme les Dokah
du Touat et du Gourara, ont eu un grand suc-
cès, ainsi que les articles de vannerie.
Au sujet de Vexportation des produits du
sol du Maroc, Vhonorable professeur regrette,
ainsi que bien des colons français, que de
grands lots de terre appartenant à âes,inàz-
gènes, restent inetllies. « Les lois qui régis-
sent la propriété sur le sol sont souvent inson-
dables, écrit-il, et les indigènes ne' renoncent
à leurs terres qu'à contre cœur, B
D'où nécessité d'assurer aux indigènes un
concours agricole compétent importé a Europe.
L'orge blanche serait fort appréciée des bras-
series danoises, ainsi que le lin et la graine
de lin du Maroc.
En se limitant aux produits d'un rendement
sûr et généreux, une compagnie commemme
doit pouvoir créer un grand mouvement
d'échanges entre la Scandinavie et r Afriqu.
du Nord, la sympathie qui existe déjà entre
la patrie de M. Olfusen et la France facilt-
tera grandement les projets de Véminent géo-
graphe et nous ne pouvons qu'en souhaiter la
plus prochaine réalisation, car ce serait un
grand hommage rendu à la colonisation fran-
çaise,
Lucien Casparin.
'Député de la Réunion.
TAUX DE LA ROUPIE
-0-
Le Gouverneur des Etablissements français
dans l'Inde vient de faire connaître au ministre
des GoMmles qu'à la date du 11 août courant,
le taux officiel de la roupie était de 7 fr, 50.
AUTOUR DU GOUVERNEMENT
GENERAL DE L'INDOCHINE
0
M. Varenne et le Parti Sacialitti
Le sort en est jeté. Quelques éclë-
Le sort en est jeté. Quelques militants, ai-
gris ou jaloux, ont fait voter par la Fédé-
ration socialiste (S.F.I.O.) du Puy-de-Dôme
une motion blâmant Varenne d'avoir accepté
les fonctions de Gouverneur Général de l'In-
dochine et en même temps la même Fédération
l'envoyait comme délégué au Congrès du
Parti Socialiste qui se tient après-demain au
Manège Japy, à Paris. Dans ces conditions,
Alexandre Varenne, désavoué par une minorité
d'agités de sa propre Fédération (51 sur 110),
a décliné ce mandat et ne se présentera pas de-
vant le Congrès. Le nouveau Gouverneur Gé-
néral de l'Indochine l'annonce dans son journal
du Puy-de-Dôme, la Montagne, et dans ces
conditions, il ne semble pas douteux que son
exclusion soit votée par le Congrès de samedi
prochain.
Nous ne pouvons que regretter ces événe-
ments à la fois pour Varenne et pour le Parti
30ciaiiste.
Pour Varenne, car il est pénible, après avoir
fondé le Parti socialiste dans le Puy-de-Dôme,
après l'avoir organisé, galvanisé et mené à une
force aussi incontestable dans ce département,
de voir ses efforts de militant ainsi méconnus. <
C'est la justice des hommes et c'est le
triomphe de l'incompréhension.
Pour le Parti socialiste, le malheur est plus
grave encore. Car Varenne demeure député
et Gouverneur Général de l'Indochine. Mais
le Parti socialiste semble vouloir s'amputer
demain d'hommes qui étaient son honneur, et
dont la haute conscience et la grande valeur
étaient concurremment appréciées. Paul-Bon-
cour et Vincent Auriol ne seront pas au Ma-
nège Japy samedi ; d'autres comme Marquet,
Moutet, Renaudel y seront comme des sus-
pects : suspects d'avoir une claire vision de la
situation politique générale, ou suspects seu-
lement pour ne pas partager l'opinion d'une
minorité turbulente qui tend de plus en plus à
asservir les timides et à exclure les pondérés.
Le cas Varenne est un fâcheux précédent
qui, s'il se renouvelle, tendra de plus eq plus
Á laisser la section française de l'Internationale
ouvrière entre les mains des agités, des aigrts
ou des envieux, en un mot des médiocres.
Ce n'est pas ainsi-, par des exclusions et des
excommunications qu'un grand parti peut se
préparer à conduire les destinées d'un pays
comme le nôtre.
M. R.
Madame Delingette
reçoit la Légion d'Honneur
En relatant, il y a huit jours, le triomphal
retour à Paris du capitaine Delingette et de sa
femme, j'indiquais le désappointement éprouvé
par beaucoup de leurs admirateurs d'avoir
vu M. Bonnet, sous-secrétaire d'Etat à la
Présidence du Conseil, représentant le Gouver-
nement, venir « les mains vides M à la réception
du stand Renault.
Cet oubli est heureusement réparé aujour-
d'hui.
M. Painlevé, ministre de la Guerre, vient
d'inscrire d'office le capitaine Delingette au
tableau d'avancement pour le grade de chef
de bataillon d'infanterie coloniale.
M. André Hesse, ministre des Colonies,
rentré depuis quarante-huit heures d'une cure
à Contrexéville, voulant lui aussi avoir un beau
geste, a remis hier après-midi la croix de
Chevalier de la Légion d'honneur à Mme De-
lingette.
Ce fut une cérémonie intime qui réunit dans
les jardins du Ministère 8es Colonies, autour
de M. André Hesse, M. Régismanset, chef
de Cabinet, les directeurs des services du Dé-
partement, les fonctionnaires du Cabinet et les
représentants de la Presse.
M. Huké, administrateur des Etablissements
Renault, qui a construit la six-roues avec la-
quelle le raid a été effectué, avait tenu à être
là pour féliciter la nouvelle légionnaire.
A 16 heures précises, Mme Delingette ar-
rive accompagnée de son mari.
Dans unClt brève allocution, le ministre des
Colonies a évoqué les épisodes les plus dra-
matiques et les plus anxieux de cette extraor-
dinaire randonnée à travers l'Afrique entière.
Le général Pelletier, directeur des Affaires
militaires au Ministère des Colonies, a 1% en-
suite la citation suivante :
Mme DELINGETTE (Louise), explora-
trice.
Titres exceptionnels: a accompagné le
vwpitaine Delingette, son mari, dans la tra-
versée de VAfrique en automobile, de Co-
lomb-Béchar au Cap ; au cours de cette
longue et périlleuse exploration, d'une
durée de plusieurs mois, a fait preuve d'in-
comparables qualités d'énergie, de dèvoue-
ment et de volonté ; est la première femjne
ayant traversé le Sahara ; personnifie le.
dévouement, le courage et l'îiéroïsme de la
femme française.
Puis le général Pelletier, épingla la Croix de
la Légion d'honneur au revers du vêtement de
la lécipendiaire à laquelle il a donné l'acco-
lade.
Un goûter a été ensuite servi sous les frais
ombrages du jardin, par les soins de Mlle
Georgette Hesse, fille du ministre.
L.-G. T.
La situation
en Nouvelle-Calédonie
Le discours que M. le Gouverneur Guyon
a prononcé le 20 juin dernier à l' ouverture de
la première session de 1925 du Conseil Géné-
ral nous a fait connaître les mesures qu'il a
prises depuis son arrivée à Nouméa et les pro-
jets qu'il se propose de réaliser avec le con-
cours de l'Assemblée locale, afin de doter'cette
belle colonie de l'outillage qui lui est néces-
saire pour obtenir son complet développement.
Voulant avoir d'abord la confiance des repré-
sentants de la population, il leur a demandé
leur collaboration pour l'établissement du pro-
gramme qu'il a soumis à leurs délibérations,
et afin d'éviter le renouvellement ou la prolon-
gation des conflits survenus entre l'Assemblée
qui avait été dissoute et l'Administration avant
son arrivée, il a donné à l'Assemblée locale
des explications qui mettaient le Conseil Gé-
néral dans l'obligation de ne plus refuser les
crédits qui lui étaient demandés. Il a ainsi ré-
sol u la question irritante des congés des fonc-
tionnaires contre lesquels les représentants de la
population ne cessaient de protester en raison
des charges que ces déplacements imposaient au
budget local.
Après avoir réglé un conflit qui se renouve-
lait depuis plusieurs années à chaque session
du Conseil Général, le Gouverneur a examiné
dans son discours toutes les parties de son pro-
gramme comprenant la réorganisation fiscale et
l'intensification de la mise en valeur de la Co-
lonie. Il a traité cette dernière question avec
toute l' ampleur que comporte un tel sujet.
Dès son arrivée à Nouméa, M. Guyon a
constitué une Grande Commission 'd'étude de
la mise en valeur de la Colonie par l'élabora-
lion d'un programme de grands travaux dans
l'ordre économiaue et dans l'ordre social.
- Cette Commission a fait d'abord l'inventaire
des besoins de la Colonie. Elle a sérié les be-
soins, et, par suite, les œuvres destinées à y
pourvoir, par ordre d'importance. Elle a fait
cette discrimination pour une période de vingt
années à compter de -1926.
Elle a abouti à un chiffre global de dépen-
ses de 56.775.000 francsréparties en quatre
tranches, comprenant :*
tranches, comprenant :* Francs
La lro tranche 3 ans 22. 100.000
La 2° tranche 6 ans 22.903.500
La 3° tranche 6 ans.. , 9.739.000
La 4e tranche 5 ans 2.032.500
Au total,..,.. 56.775.000
Le Gouverneur a terminé 1 examen de la
mise en valeur de la Colonie en disant :
« J'ai le devoir d'y insister en arrivant au
terme de cet important suiét, c'est Itintégrale
réalisation des taxes nouvelles qui constitue le
fondetoent de cet oeuvre. » »
Après les vicissitudes de la Nouvelle-Calé-
donfe qui a fait naître tant d'espoirs et qui a
donné tant de déceptions, le discours de M.
Guyon inspire la confiance qui stimule le cou-
rage. C'est une vie nouvelle que le nouveau
Gouverneur aura apportée à cette colonie dont
il a pu apprécier les richesses et le charme.
Nous formons des vœux pour le succès de son
œuvre.
une grève dedockers en Tunisie
0-0-
Les chefs de c.ltanticrs des dockers (le
Tunis se sont mis en grâce et les ouvriers
ont suivi le mouvement. La grève, décla-
rée au. suict d'une ilemandr. d'augmentation
de salaires, serait également provoquée
par des motifs politiques, les dockers dé-
clarant se refuser à transporter des cé-
réales pour les troupes qui combattent A lnl
el Krim. (Pnr dépêche).
On vflit, par cette dépêche, quels éclios
l'insurrection rifaine pourrait éveiller dans
toute l'Afrique du Nord, si elle n'était con-
tenue d'une main ferme.
«
A L MtSEML CE SAIBon
Huit cents ouvriers indigènes de l'arse-
nal de Saïgon se sont mis en grève pour
un motif futile au lendemain de l'arrivée
du croiseur u Jules-Michelet » qui a be-
soin de réparations avant son départ pour
la Chine. La visite de ses machines a fait
constater u11 échauffement des supports
de l'hélice centrale faisant envisager la
nécessité d'un prochain passage du bâti-
ment. dans un arsenal.
Il est toutefois à remarquer que le « Ju-
les-Miohelet », possédant trois hélices,
pourra poursuivre sa croisière avec ses
deux hélices latérales, s'il ne peut utiliser
l'arsenal de Saïgon pour effectuer la répa-
ration nécessaire. - -
C'est la première fois que les ouvriers
de l'arsenal de Saïgon se mettent en grè-
ve. Lorsque les causes nous seront con-
nues nous pourrons donner à cet événe-
ment les commentaires qu'il comporte.
1'"
Magistrature coloniale
Sont nommés :
Juge suppléant au tribunal de 1" Instance
de Tamatave (Madagascar) : M. Bourdet,
attaché au Parquet du Procureur Général
de cette colonie, en remplacement de M. La
Porte, précédemment nommé, juge-président
du tribunal de 1re Instance de Djibouti (Côte
des Somalis). au tribunal de 1- Instance
Juge suppléant au tribunal de 1re Instance
de Diégo-Suarez (Madagascar) : M. Piétri,
attaché au Parquet du Procureur Général
de cette colonie, en remplacement de M.
Bargone, précédemment nommé substitut
du Procureur de la République, à Saint-
Denis (Réunion).
Décrets et Arrêtés
Décret portant création d'un droit de sor-
tie de 10 ad valorem sur les perles
fines exportées des établissements fran-
çais de l'Océanie.
Aux tonnes de ce décret sont exemptes dtr
ce droit les perlas montées taisant partie des
bijoux pPL-soiin 'b des voyageurs qui quittent
la colonie.
Lei parles expédiées par la Poste ou dans
des culis des messageries ainsi que celles
que kr:> voyageuis emportent sur eux ou duns
leurs liagages, doivent être déclarées au ser-
vice des Douanes et Contributions avec leur
valeur exacte. 0
Culte vali'ur est celle qui est pratiquée cou-
ramment (lui, '-- ta colonie quelles que soient
les conditions dans lesquelles les déclarants
til.'nt acquis ces perles ou en soient devenus
possesseurs.
Toute personne qui à la sortie de, la co-
'onie sera trouvée en possession de perles
qu'elle n'aura pas dûclarées ou qui aura. tenté
par la voie de la Poste ou par tout autre
moyen de faire sortir des perles sans en avoir
fait la déclaration, sera punie de la confisca-
tion de ce, perles et d'une amende de 5.000
francs si la valeur des perles n'excède pas
cette somme ou du double de la valeur des
perles <;i cette valeur excède 5.000 fr. -
Toute personne convaincue d'avoir, par
n'importe quel moyen, fait sortir des perles
de la colonie sans les déclarer, sera punie
d'une amende de 10.000 fr. et en outre, pour
tenir lieu de la conliscation des perles, d'une
imende égale au double de la valeur de ces
vertes. En cas de récidive, lapine de trois
jours à un mois de prison pouxTa être pro-
noncée.
Décret rendant aplicable en Indochine l'ar-
ticle 3 de la loi du 16 octobre 1919, por-
tant interdiction du trafic des reconnais-
sances des Monts-de-Piété.
Décret abrogeant celui du 8 avril 1898 sur
la distribution des cartes électorales dans
les établissements français dans l'Inde.
Le texte abrogé lixait, outre le mode d'éta-
blissement et do distribution des cartes élec-
torales, 1"5 attributions des interprètes atta-
ches aux collèges ''Ieetoroux dans les Etablis-
sements français de l'Inde.
Postérieurement à cet act'j, 'liveis décrets
et lois avaient fix.1 de nouveau le mode d'éla-
Wissenient et de distribution des cartes électo-
rales et assuré le secret du vote. De plus,
dans un r-cent rapport sur les élections muni-
cipales du 3 anai dernier, le Gouverneur des
Etablissements français dons l'Inde concluait
ù l'inutilité des interprètes et faisait ressortir
l'imiporlance des dépenses ciu'ils occasionnent
ft chaque élection. -
Décret approuvant l'inscription de rubri-
ques nouvelles au budget des établisse-
ments français de l'Océanie pour l'exer-
cice 1925.
Ces rubriques nouvelles permettent au *""
sor de percevoir des recettes au titre de l'Im-
migration.
Décret majorant de 20 décimes le principal
des amendes pénales prononcées par les
Cours et Tribunaux de l'Inde.
Par suite de la dépréciation de valeur de la
monnaie, les peines pécuniaires actuellement
en vigueur dans la colonie et notamment les
peines de simple police, ne correspondaient
plus aux sanctions que le législateur d'avant-
guerre entendait attacher a l'infraction com-
mise et ne constituaient plus une répression
^ufilsantc.
Décret pOÍ\olt fixation des quantités de ca-
fés originaires des territoires du Togo pla-
cés sous mandat français admissibles au
bénéfice de la détaxe pendant la période
allant du lor juillet 1925 au 30 juin 1928..
Aux termes ue ce decret, sont. tixées a 10 ton-
niîs le» quantités de café originaires des Ter-
ritoires du rogo places sous mandat français
qui pourront ôtre admises en France pendant
la période allant du lor juillet 1926 au 30 juin
102(5, dans les conditions prévues par le rt-
eret susvisé du il juin 192-i.
Décret du lrr août relatif à la cession à la
colonie de la Martinique de deux immeu-
bles militaires situés dans les communes
de la Trinité et du Marin (Martinique).
Décret du 10 août 1924 autorisant l'admis-
sion des pâtes d'arachide, de coprah et
de palmiste au marché à terme des hui-
les et tourteaux de Marseille.
u J. O. » du 12 a.oùt
Décret rendant applicable à l'Afrique Equa-
toriale la loi du 1er mars 1888 ayant pour
obJet d'interdire aux étrangers la pêche
dans les eaux territoriales de France et
de l'Algérie.
Décret complétant ceux du 26 mai 1913 et
du 4 septembre 1919 au sujet de la natu-
ralisation des indigènes dans l'Indochine,
sujets ou protégés français.
Aux termes de ce décret le paragraphe 9 ci-
apres est ajouté à l'article 1er du décret du 26
mai modifié pnr le décret du 4 septembre 1919 :
U1 Los étudiants en médeeine régulière-
ment inscrits A l'E'-ole de Plein exercice de
Hanuï, reçus au cours d'admission dans les
Ecoles du Service de Santé où sont recrutes
les médecins coloniaux et qui souscrivent l'en-
gagement de servir pendant un minimum de
dix ans dans le Corps de Snntô COlonial".
Le présent d -crut a pour but, tout en témoi-
gnant lle- l'intérét que porte l'administration
colonie à l'élite intellectuelle des étudiants
indocliinois, de donner quelques bons élé-
ments, strictement sélectionnés, au eurps de
santé colonial dont l'effectif est insuflisant et
qui a un effort considérable à fournir en vue
de l'assainissement. de notre domaine d'outre-
mer et de la protection sanitaire des popula-
tions indigènes, particulièrement dans les pays
d'Afrique.
Arrêté allouant une indemnité au trésorier-
payeur de la Guadeloupe.
Aux termes de cet firrélé, il est attribué au
Trésorier-Payeur de la Guadeloupe, chargé de
In centralisation des opérations du budget
annexe, institué pour les travaux du Port de
la Pointe-fi-Pître, une indemnité annuelle de
4.000 francs exclusive de toute remise.
Le patejnent de oettc indemnité sera effec-
tué par douzièmes (effet à compter du l'r dé-
cembre 1924.1
7. 0. du 13 août.
L retour de M. Borel
«
L'escadre de la Méditerranée, comman-
dée par le vice-amiral Charles Dumesnil,
qui était absente de Toulon depuis deux
mois par suite de ses voyages suf les cô-
tes italiennes, algériennes) de l'Atlantique
et de la Manche, était hier soir, vers 5
heures, en vue de Toulon,
Sur le cuirassé Il Courbet » se trouvait
M. Emile Borel, ministre de la Marine.
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