Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-07-06
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 juillet 1925 06 juillet 1925
Description : 1925/07/06 (A25,N101). 1925/07/06 (A25,N101).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63969486
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
- VINGT-CINQUIEME ANNEE. - No 101 - --------.----- ._----------------------- - n LS NUMERO ! 8J CENTIMES LUNDI SOIR 6 JUILLET 1925 *
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTICLES PUBLIÉS PAR "LU AMNALU COLONIALU- SONT LA PROPRIÉTÉ
1 EXCLUSIVE DU JOURNAL
Lm Annonce» et Réclame» «Ml reçues aux Bureau* dujomdddm &»Agueu dePuMkMi
- - ---------- -- ---- - - ------ -
DIRECTEURS 1 MARCEL - RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
BédielitB et AdmiiUlrtlUn : 34, Rue du Mont-Thabor, PARtS-1* Téléphone : LOUTRE 19-17
ABMREIMTS
Marti I -
Ha ta I nota 8 moio
Franc* et Colonie*. 80 « 41 » ts >
Éiranrer 120 1 U. 35 à
On l'tbodM dus tons 1M Bortuid* porte et chez 1M principaux libraire*
- ,- -
Les indigènes et la terre
es indïgeneset la te rre
La mise en valeur des trois grande pays du
Nord-Afrique français se heurte à un obstacle
qui consiste dans la situation précaire des indi-
gènes vivant sur d'immenses territoires, dont le
sol appartient, soit à l'Etat, soit aux Habous,
ou est occupa par les tribus en vertu d'une. pro-
priété collective peu précise.
Dans ces conditions, les familles indigènes
se contentent d'égratigner la terre du soc de
bois de leur charrue primitive, sur une par-
celle limitée, pour y semer les céréales néces-
saires à leur propre alimentation et qui, som-
mairement cultivées, ne donnent jamais que de
biaigres récoltes. Elles font paître leurs trou-
peaux aux alentours, et la moisson faite, l'her-
be broutée, transportent plus loin leurs tentes
ou vont construire ailleurs leurs gourbis de terre
et de chaume. Le bétail reste exposé, sans
jhbri, aux intempéries de l'hiver auxquellis il
résistera d'autant moins que le bled, calciné
par l'été, ne lui offrira plus de pâturages, et
que ses propriétaires ne font guère provision de
fourrages.
Aussi de nombreuses peuplades vivent dans
la misère, et empêchent tout) culture ration-
nelle, toute exploitation méthodique sur de
Vastes étendues de terre. Cet inconvénient
existe dans les trois pays, mais il est peut-être
plus sensible en Tunisie que dans les deux
autres, parce que les biens habous, notamment,
ont, dans la Régence, une importance qu'ils
n'ont jamais eue au Maroc, et qu'ils n'ont
lus en Algérie où ils ont été supprimés dans
les premiers temps de l'annexion. 11. est donc
bien naturel que les premières mesures pour mo-
difier ou supprimer un état de choses incompati-
ble avec la civilisation contemporaine viennent
de Tunisie, et il faut louer le Gouvernement du
Protectorat de la sollicitude avisée qu'il a ap-
portée à la solution de ce problème complexe
et délicat comme tous ceux qui touchent à la
(fois à la propriété et aux traditions, c'est-à-dire
laux intéme et aux préjugés ataviques.
La seule solution capable de fixer les indi-
ttup du sol et de les pousser à intensifier leur
proaodioD agricole était de leur attribuer la
propriété iiKflviduelle ou plutôt familiale de
- la terre sur laquelle on désirait les voir s'ins-
taller à demeure pour en exploiter la fécondité.
beur faire cesuprême cadeau à titre éminemr
Iffitent gracieux c'était par trop favoriser ceux
9ui en auraient bénéficié aux dépens de la col-
ectivité, et, peut-être même en déprécier la
valeur à leurs propres yeux. Il fallait donc trou-
ver un moyen, de faire payer la propriété du
sol par des gens qui ne possédaient aucun ca-
pital, aucune réserve d argent. Lés nouveaux
propriétaires devaient, d'autre part, être pré-
servés eux-mêmes contre la nécessité ou la ten-
tation de voir dans le bien dont ils disposaient
pn gage permettant le recours à l'usurier. sans
quoi les terres dont on voulait faire un moyen
d'affranchissemènt pour des populations nonv-
h ses, seraient passées en grande partie entre
les mains de quelques spéculateurs, au bout de
peu d'années. Enfin, il ne sert de rien de con-
Jcéder un terrain à celui qui n'a ni les moyens
ni le crédit nécessaires pour exécuter les tra-
vaux indispensables à sa mise en valeur et pour
subsister jusqu'aux premiers fruits de son la-
beur.
L'entreprise envisagée par le Gouvernement
du Protectorat était donc complexe. Elle se
présentait sous un aspect tripartite : 1° appeler
les indigènes à la propriété des terres qu'ils
n'occupaient qu'à titre instable, tout en appor-
tant à cette propriété quelques restrictions de
karantie pour l'intérêt public: 2° fournir, par le
crédit, aux nouveaux propriétaires, les moyens
de mettre en culture le terrain qui leur était
attribué ; 3° leur enseigner une science agri-
cole nouvelle pour eux, contrôler leurs efforts,
seconder leurs tentatives et corriger leurs er-
reurs.
Tel est le triple programme qui se posait et
[auquel l'Administration s'est efforcée de ré-
pondre.
En ce qui concerne 1 accession à la pro-
priété, ce n'est encore que pour les terres do-
maniales ou les terres habous qu'elle s'en est
occupée. Il est plus délicat de toucher aux
terres que les tribus considèrent comme leur
propriété collective. On compte sur les résultats
obtenus dans les premières et les avantages qui
en résultent pour leurs occupants pour faire ap-
précier à ces tribus les bienfaits de la répartition
individuelle et de la propriété nominale.
L'Etat devait, d'ailleurs, donner l'exemple
en abandonnant d'abord ses propres domaines.
C'est ce qu'il fait depuis 1920. Il a ainsi livré
(aux indigènes environ 120.000 hecltares répar-
tis entre 3.700 familles ou groupes de familles.
Encore convient-il d'ajouter à ce chiffre
60.500 hectares, réservés en plusieurs lots pour
le parcours commun du bétail des concession-
naires des terrains culturaux voisim.
Nous remarquons avec plaisir que la pré-
voyance administrative a su ménager À côté de
idomaines plus étendus permettant l'existence
d'une famille, 250 petits lots de 5 à "6 heo
tares destinés aux ouvriers agricoles ou aux
Khammès pour les maintenir dans la région
où ils constitueront une main-d'œuvre néces-
raire.
Pour être complet, notons ce détail que plus
de 8.000 hectares de terra que le Gouverne-
nœnt voulait attribuer aux indigènes de la ré-
Pm de Sened, dans le Sud tunisien, n'ont pu
r être en raison des dissensions qui existent
.-e leurs tribus.
Indiquons, enfin, que 66.000 hectares sont
prévus comme devant être Ainsi répartis, dam
diverses contrées, pour les années 1925 et
1926. On conçoit que la répartition des lots
était chose délicate et demandait à être entou-
rée de multiples précautions. Elle est effectuée
par des commissions administratives présidées
par le contrôleur civil de la région et où les
intérêts des indigènes sont largement repré-
sentés.
Des lots sont réservés aux indigènes anciens
combattants et mutilés de la guerre, dont les
demandes sont examinées en dehors de celles
des anciens locataires du domaine loti.
Le contrat qui intervient entre l'Etat pro-
priétaire et son acquéreur comporte la location
du terrain avec promesse de vente moyennant
un prix dont le paiement est réparti sur un délai
\maximum de vingt ans et aussi l'accomplisse-
ment de certaines obligations.
L'acquéreur s'engage à exploiter directement
je domaine qui lui est attribué, à.y édifier son
installation familiale a moins que le lot ne soit
à proximité d'un village où il pourra résider.
Enfin, il doit exécuter les travaux nécessaires
à la mise en valeur dé sa propriété, tels que
défrichements, plantations, construction de bâ-
timents d'exploitation et d'abris pour le bétail,
forage de puits, tous travaux dont il est appelé
à être l'unique bénéficiaire.
Il était naturel de demander à l' Administra-
tion des habous, propriétaire de très grandes
étendues de terre en Tunisie, d'imiter l'exem-
ple de l'Etat. A la fin de 1925, plus de
30.000 hectares prélevés sur ses vastes do-
maines auront ainsi été remis aux indigènes
qui en deviendront propriétaires dans les con-
ditions déjà exposées pour les al lotissements
de l'Etat.
On peut déjà se rendre compte des premiers
."résultats. D'importants défrichements -sont en
voie d' exécution. La très gref de majorité des
bénéficiaires des lots a procédé à son installa-
tion et paraît pleine d'entrain. Cette très inté-
ressante réalisation permet, entre autres consé-
quences, de constater, une fois de plus, com-
bien le voisinage des colons français est bien-
faisant pour les indigènes : partout où les nou-
veaux propriétaires arabes sont en contact avec
line ferme française, leurs travaux sont beau-
coup plus avancés qu'ailleurs. Imitant ce qu'ils
(voient faire, alors que pendant des siècles Us
ont vécu sur une terre qu'ils n'avaient nul sou-
ci d'améliorer, supportant, en fatalistes, des
inconvénients saisonniers ou - climatériques con-
tre lesquels ils ne tentaient aucune réaction, ils
se mettent, comme leurs voisins, à epierrer les
Jterrains caillouteux, à fertiliser le sol par des
engrais, à couper et abriter des réserves de
nourriture pour le bétail, en un mot, à tra-
- -
Voilà donc des milliers d indigènes aux-
quels le protectorat de la France a permis, a
donné l'accès à la propriété qu'ils n'auraient
jamais connu avec leurs institutions propres.
Nous verrons comment l'Administration com-
plète son œuvre en instituant pour eux le cré-
dit nécessaire à la mise en valeur de leur pro-
priété, et aussi en leur apprenant les méthodes
par lesquelles ils pourront en tirer le meilleur
profit.
Et nous demanderons ensuite aux doctri-
naires si la Tunisie aux Tunisiens aurait jamais
connu de tels bienfaits,
Ernest Haudos,
Député de la Marne,
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commerciales.
A L'ÉCOLE COLONIALE
-&0--
Par arrêté ministériel en date du 1er juil-
let 1925, M. Angoulv-ant, Gouverneur gé-
néral lionoraire. des Colonies, est nommé
.pour la période fixée par l'arrêté du 11 dé-
cembre 1922, membre du Conseil d'admi-
nistra t ion de l'Ecole Coloniale, en rempla-
cement de M. Pavie, décédé.
etio
UNE GRÈVE
Deux cents chargeurs et charretiers, em-
ployés au chargement des céréales au port
de Tunis, se sont mis en grève. Ils deman-
dent une auomenlation de salaire.
(Par dépêche.)
--- --
Grave accident de mer
A l'occasion de la frite musulmane de
VAïd-el-Kcbir, quinze indigènes de Nabeul
(près Tunis) avaient organisé une prome-
natte en mer.
Le temps, beau au début, s'assombrit par
la suite et Vembarcation à voile a été re-
tournée par un coup de vent avec ses
quinze occupants, qui ont tous été noyés.
- (Par dépêc.h¡.)
La mission Delingette
Le capitaine Delingette est arrivé le 4 juil-
let au Cap. du Club royal automo-
Une délégation du Club royal automo-
bile s'est portée à sa rencontre dans plu-
sieurs villes et a organisé un cortège dans
les rues du Cap.
t–
Nouveau prospecteur
M. André Citroën vient d'obtenir des per-
mis de recherches minières et d'exploitation
en Afrique Equatoriale Française.
1 - -.3" -.
Les coipiratim ipoïn
AU TOGO
a
La question des coopé-
ratives agricoles fut, le
26 août dernier, exposée
par le Commandant de. cer-
cle de Lomé, au Conseil
des Notables du chef-lieu.
Ceux-ci furent vivement
frappés et, à Vissue de
cette réunion. l'un d'eux
pria au nom de tous le Commandant de cer-
cle « de remercier bien vivement le chef du
territoire de cette preuve de bienveillance
ajoutée à tant d'autres. Je pifis vous dire,
poursuivit-il, que- cette question des associa-
tions agricoles est de beaucoup une de celles
qui nous a le plus intéressés depuis que nous
faisons partie du Conseil des Notables. Nous
allons èn parler entre nous et nous viendrons
vous demander conseil ».
C'est ce qu'ils firent, organisant à cet ef-
fet, en septembre suivant, plusieurs réunions
privées chez l'un des principaux riotabUs~We~
Lomé. Le 18 septembre eurent lieu, avec
Vorganisation définitive de l'Association, les
élections des membres de son bureau direc-
teur. Utt arrêté intervint à la date du 26 ec-
tobre 1924 pour en autoriser la création et le
fonctionnement. De plus, et afin de faciliter
les débuts de cc groupement économique, qui,
le premier, fut organisé dans le Territoire, le
Commissaire de la République lui accorda,
dès le début d'octobre, une subvention de
300 francs.
« Ce geste, lui écrivait le président Théo-
phile Tamakloe dans sa lettre de remercie-
ments, datée du 6 octobre, démontre tout
l'intérêt que vous avez pour le développement
de notre pays et ce pte vous avez à cœur de
faire pour son avenir, v
A Anêcho, la création d'une Association
fonctionnant sur des bases analogues fut dé-
finitivement arrêtée par le Conseil des No-
tables dans, une séaltce, à l'issue de laquelle
soixante-cinq indigènes, agriculteurs et éle-
veurs t se firent inscrire comme membres du
futur groupement. L'institution fui ac-
cueillie là avec une faveur toute spéciale, le
cercle d'Anécho étant essentiellement agri-
cole. De plus, chacun des membres présents
s'étant engagé à faire connaître autour de
lui les avantages à attendre cVune coopération
agricole sagement étudiée et conduite, il
il est pas douteux qu'en peu de mois les adhé-
sions deviendront fort nombreuses et permet.
tront ainsi de doter VAssociation de tous les
moyens d'action qui lui seront nécessaires
pour mener à bien la tâche qu'elle s'est assi-
gllée. Autorisée par arrêté du 28 octobre
924, cette coopérative a été dotée, pour
1924, à l'exemple de celle de Klouto et de
Lomé, d'une subvention de 500 francs. Elle
s'est réunie pour la première fois, le 27 dé-
cembre, sous la présidence du Commissaire
de la République, qui a tenu ainsi à marquer
aux yeux de tous V intérêt qu'il portait fi cette
institution.
Aux termes des statuts, chaque Association
coopérative agricole se fixe, comme but essen-
tiel, l'étude et la défense des intérêts agri-
coles et économiques de sa région, Venir'aide
entre producteurs et la sauvegarde des inté-
rêts communs. Elle se propose, en consé-
quence, de faire œuvre de vulgarisation en
ce qui concerne les méthodes et procédés Mo-
dernes relatifs aux cultures vivrières et aux
produits d'exportation : récolte, cueillette,
préparation et sélection des produits, expan-
sion à donner aux cultures nouvelles signalées
comme intéressantes, à Vélevage et l'exploi-
tation forestière.
D'autre part, VAssociation s'appliquera à
créer un office permanent de renseignements
agricoles, des champs d'essais et d'expéri-
mentationdes cours pratiques d'éducation
agricole. Elle accordera aide £ t protection à
ceux de ses membres devenus nécessiteux,
ainsi qu'aux familles des membres défunts.
Par ailleurs, elle achètera par coopération,
les matières premières, l'outillage aratoire et
agricole, les engrais, semences, plantes, ani-
maux domestiques pour élevage, nécessaires à
ses membres pour l'exercice de leur travail,
entreprise ou profession, L'Association s'en-
tremettra enfin, pour faciliter à ses membres
la* transformait on et la vente des produits de
leur travail et de leurs récoltes, groupera les
commandes et les expéditions. L'article 15
des statuts édicte qu'il sera créé une Caisse
de prévoyance.
Quel est Vavenir réservé à ces associa-
tio#ts! Leur création est trop récente pour que
Von puisse déjà faire état de réalisations..
Néanmoins, l'accueil que les indigènes onh
réservé à cette institution permet d'espérer.
leur plein succès. Souhaitons que les modi-
fications profondes quelles ne manqueront
pas d'apporter aux conditions actuelles du
travail, en permettant temfloi et la diffu-
sion de la culture mécanique, feront beaucoup
pour Vévolution sociale de la masse indu
gène.
Le Conseil économique et financier 'com.
posé d'Européens et dindigènes sera consulté
annuellement, et chaque fois qu'il sera néces-
saire, sur les mesures à prendre pour la mise
en valeur du Territoire.
Pierre Valade,
Dépoté du Cher.
AU SENAT
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Finances et des Colonies
M. André liesse, accompagné de M. An-
tonetti, Gouverneur général de l'A. E. F.
a été entendu par les Commissions des Fi-
nances et des Colonies, réunies sous la pré-
sidence de M. Milliès-Lacroix.
M. le Gouverneur général Antonetti a
friirni aux deux Commission» d'intértrf-
sands renseignements sur l'état des tra-
vaux du chemin de fer de Brazzaville à
l'Océan et sur les possibilités d'électrifica-
tion de la ligne.
Commission de l'Algérie
La Commission de l'Algérie s'est réunie
sous la présidence du Général Bourgeois.
tElle a entendu M. Hervey, sénateur de
l'Eure qui a fait un exposé du Rapport
qu'il déposera à la rentrée des Chambres
sur le projet de loi tendant à modifier la
loi de 1897 sur la propriété foncièçe en
Algérie.
DEBATS
Contingent de Légion d'honneur pour l'Ex-
position Coloniale de Strasbourg
M. Jamin, sénateur de la Mayenne, rap:
porteur de la Commission spéciale qui s'est
réunie jeudi, déposera demain son rapport
sur lo bureau du Sénat. Les conclusions por-
tent suppression d'une cravate de comman-
deur et réduction du nombre do rosettes et
de croix. M. Philipp, sénateur du Gers, for-
mulera ensuite l'avi3 au nom de la Com-
mission des Colonies.
Comn.e cela s'est passé lors de l'augmen-
tation du contingent ordinaire des Colonies,
'nous espérons qu'au cours du débat, la
haute assemblée liendra à rétablir dans ses
chiffres primitifs les propositions précédem-
ment déposées par M. Daladier,
1 A LA CHAMBRE
-0-0-
DAN& LES COMMISSIONS
Commission des Affaires Etrangères
M. Auguste Brunet., lout récemment ren-
tré d'une mission du Gouvernement en
Syrie et au Litan, a fait vendredi un ex-
posé de la situation politiqua, administra-
tive et économique des territoires placés
sous le mandat de la France à la Commis-
filon des Affaires F
sion des Affaires Etrangères. Cet exposé,
tirés complet et très favorablement ac-
cueilli, a été suivi d'une discussion à la-
quelle ont pris part MM. Londlcm., Désiré
Ferry, Soulié, Franklin-Bouillon.
M. -Branct a affirmé que l'ordre le plus
absolu régnait dans les milieux musul-
mans et indiqué qu'une très large détente
s'était produite dans les milieux chrétiens
à l'origine prévenus contre la personne
du HoutrCommissaire.
11 a fait le bilan de l'œuvre accomplie
par la France en Syrie et rendu hommage
à F effort réalisé tant par le général Sar-
rail que par ses prédécesseurs.
M. Auguste Brunei a été très vivement
félicité par le Président et par les mem-
bres de la Commission.
'06'e
A la Présidence du Conseil
-0-0--
M. Paul Painlevé, président du Conseil,
a reçu sajnedi matin M. Martial Merlin,
Gouverneur Général de l'Indochine.
<>»
Le Gouvernement Général
de l'I ndochine
-o-o -'
Plusieurs de nos confrères ont annoncé que
le Gouvernement avait fait choix d'un nouveau
Gouverneur Général de l'Indochine.
Rappelons que M. Martial Merlin, Gouver-
neur Général en fonctions, actuellement à Pa-
ris, n'est ni démissionnaire, ni à la retraite.
D'autre part, M. Mongttllot, Résident Su-
périeur du Tonkin, accomplit à la - satisfaction
générale l'intérim de ce poste important dont
il connaît admirablement tous les services.
Indiquons que M. P.-P. fainlevé, qui avait
parlé du Gouvernement Général de l'Indochine
à M. Ed. Daladier lequel a remercié sans
accepter -– s'il caresse l'idée d'envoyer un par-
lementaire à Hanoï reprendre la grande tradi -
tion des Paul Bert, des Constans, des J.-L. de
Lanessan, des Armand Rousseau et des Dou-
mer, n'a pas encore envisagé la question avec
ses collègues an sein du Conseil des mi ni sires.
Quant à la candidature de M. Alexandre
Varenne, vice-président de -la .Chambre et dé-
puté socialiste (S.F.I.O.) du Puy-de-Dôme,
elle rencontre beaucoup de sympathie dans les
milieux parlementaires.
Le nom de M. Camille Chautemps, ancien
ministre de l'Intérieur dans le Cabinet Herriot,
et qui a la sympathie particulière du Président
du Conseil, serait favorablement accueilli par
tous les coloniaux qui n'ont pas oublié son frère,
notre regretté collaborateur et ami Félix Chau-
Vemps ;
Enfin, d'autres noms d'hommes politiques
tels que M. Justin Godart, ancien minise du
Travail et de l'Hygiène dans le Cabinet Her-
riot, sont également prononcés.
Il n'est plus du tout question de M. Mari us
Moutet, député socialiste (S. F. I. O.) de
Lyon, qui a une situation considérable au bar-
reau, ni de M. Adrien Dariac, député de
rOme, président de la Commission des Finan.
ces dans la Chambre du Bloc national, ni de
M. Daniel Vincent, député du Nord et an-
cien ministre du Bloc national dans' le dernier
Ministère Poincaré.
Bref, la question reste entière, à supposer
qu'elle soit déjà posée.
La campagne ceMrt
1824-1826, en Haute-VOila
t)
Les tournées de propagande commencées il
y a deux ans et poursuivies méthodiquement
depuis, en vue d'assurer le développement de
la culture cotonnière en Haute-Vol ta avaient,
l'année dernière, porté leurs premiers fruits :
80 tonnes environ de fibres furent, alors,
exportées par le commerce européen. Justi-
fiant les efforts fournis, la campagne coton-
nière 1924-1925 s'est effectuée dans la plus
grande activité, paraissant absorber presque
toute la vitalité commerciale de la colonie.
A un moment même, une concurrence très
vive fut déployée par la colonie voisine de
la Gold-Coast, où les offres d'fl at attei-
gnaient le double de celles pratiquées sur les
différents marchés. Pour enrayer le mouve-
ment d'exportation de coton qui, de ce fait,
se dessinait au profit de l'étranger, les repré-
sentants de nos commerçants durent sponta-
nement, sans attendre lavis de leurs chefs,
majorer les prix qui leur avaient été indiqués.
Aujourd'hui, les résultats de cette campa-
gne sont connus dans leur ensemble; ils dé-
passent de beaucoup les prévisions établies
sur une production d'environ 670 tonnes de
coton brut. La récolte s'est, en effet, élevée
à 3.528 tonnes fournies par les cercles pro-
ducteurs suivants : Bobo-Dioulasso, 810 ton-
nes; Koudougou, 775; Ouagadougou, 765;
Dédougou, 700; Ouahigouya, 175; Kaya,
- 1°5; Tenkodogo - 100, et -- Gaoua 38.
Si l'on retient que ce coton a été payé au
producteur au prix moyen de i franc le kilo,
c'est donc une somme de 3 millions 1/2 qui,
en 4 mois durée de la campagne coton-
nière a été jetée sur le marché indigène.
Cette somme, d'autre part, représente près
de la moitié du rendement prévu de l'impôt
de capitation et plus du tiers du produit to-
tal des recettes de !aocolonie.
Cette introduction en masse 'de numéraire
a été excellente pour secouer l'apathie native
de certaines populations de la colonie qui,
maintenant, au contact des Européens, se
créent des besoins nouveaux. Il semble bien
Qu'avec la culture du coton une ère nouvelle
.&. - - - -.
s'ouvre pour ces régions qui s'étaient, jus-
qu'à présent, uniquement cantonnées dans les
cultures vivrières familiales et le commerce
traditionnel d'échange de bétail contre noix
de colas et de petite pacotille anglaise. Par
ailleurs, c'est, pour les grandes Sociétés co-
loniales à succursales multiples, la perspec-
tive de conquérir, à brève échéance, la clien-
tèle de 3 millions d individus.
Déjà, le comptoir industriel cotonnier, de
MM. Boussac frères, qui a absorbé à lui seul
la moitié du marché, s'apprête pour la pro-
chaine campagne à faire un gros effort par
l'engagement d'un important personnel euro-
péen et l'apport d'un nouveau matériel des.
tiné à la création d'usines d'égrenages, ainsi
que de camions pour le transport. D'autre
part, les deux usines fixes de l'Association
Cotonnière Coloniale, dont l'Administration
entreprend actuellement le montage, fonc-
tionneront à plein rendement en 1926. Ces
diverses installations, concurremment avec le
matériel provisoire dont peut disposer le
Gouvernement local, permettront d'égrener,
de presser et d'écouler avant l'hivernage, et
cela est un point essentiel, la production de
coton destinée a 1 exportation.
La collaboration active des services techni-
ques, des administrateurs et des chefs indi-
gènes ; l'intelligente et persévérante propa-
gande poursuivie depuis deux années en
Haute-Volta ont assuré des résultats qui font
bien augurer des prochaines campagnes co-
tonnieres.
«ifc
L'AVIATION COLONIALE
-0
Les routes aériennes France-Algérie
Les délégations financières réunies à
Alger ont eu à examiner les crédits affectés
pour assurer Je service des liaisons aérien-
nes France-Algénic, lesquelles comportent
actuellement les tralics suivants :
1° Alicante-Oran ; 2o Alicante-Alger (pro-
visoirement, en attendant la liaison Barçe-
lone-Palma-Alger, dès que le Gouvernement
espagnol aura autorisé l'amerrissage à
Palma ) ; 3° Antibes-Côtc du département
de Constantine (bifurcation à Ajaccio de la
ligne Antibes-Tunis). -'- -
Une somme de l.isou.lRX) trancs a ete voiee 1
par les délégations financières, comme par-
ticipation à ces liaisons aériennes. C'est le
colonel Casse, directeur des services de la
navigation aérienne, venu en avion à Alger,
qui a exposé l'intérêt du programme aérien
dont la réalisation assurera des relations
efficaces entre la France et notre métropole
du nord de ,l'Afrique.
Il leste à décider du point d'escale sur la
côte du département de Constantine. Phi-
lippeville l'emiporlu ail point de vue écono-
mique, tandis que Bône est préférable au
point de vue technique. Peut-être une solu-
tion interviendra-t-clle, laquelle ne fera que
copier ce qui existe dans les compagnies
maritimes, dont les bateaux font tantôt le
circuit Marseille-Philippcville-nônc-Matr-
anillA /->l lonlAf ln nnïY*rvnrs ,iTwr>rçuv
\oI.'I'-', '-U ,.-'" -- "-'0" "-"--"
Après son voyage en Algérie, le colonel
Casse s'est rendu en Tunisie, inspecter la
station d'hydravions du service de naviga-
tion aérienne, établie sur le la2 de Rizerto.
Parfaitement abritée, celte installation
sera terminée au début de 1920 ; les finan-
ces tunisiennes ont prévu un crédit de par-
ticipation de 150.000 francs pour rétablisse-
ment. de e port qui intéresse la ligne Anti-
bos-Ajaccio-Tunis.
Les Coloniaux
au Conservatoire
Le succès simultané, au Conservatoire, de
trois jeunes gens originaires de nos possessions
lointaines, est un fait plein de significations, qui
vaut qu'on y revienne.
René Dreyfus
A notre regret, nous n'avons pu rencontrer
chez lui M. René Dreyfus, envolé vers les sa-
lons amis des jeunes gloires, celui, par exem-
ple, de Mme Claude Debussy.
Sa grand'mère a bien voulu nous conter son
histoire. Le père de René Dreyfus, propriétaire
de mines à Tananarive, s'aperçut le premier
de la vocation de l'enfant et l'encouragea. A
dix. ans, le petit René, sans aucune leçon préa-
lable, s'était familiarisé avec le clavier d'un
piano de rencontre, assez pour pouvoir expri-
mer ses joies ou ses tristesses enfantines. On
s'émerveillait et qui ne s'émerveillerait
de ce talent jailli du plus profond de l'instinct:
véritable « génération spontanée », puisque la
mémoire auditive n'y pouvait avoir aucune part.
Au cours de ses cinq ans d'études à Paris,
René Dreyfus a dû entendre beaucoup de mu-
siques et les comprendre, car il joue avec une
singulière facilité des « à la manière de. ».
Il improvise du Chopin, du Debussy, du Ra-
vel étonnamment évocateur du génie musical
de ces maîtres.
Que donneront ses études actuelles d har-
monie et de composition ? C'est le secret de
l'avenir, mais tout porte à croire que la sève,
d'une richesse , toute tropicale, que porte en lui
le récent lauréat, sera admirablement féconde.
René Dreyfus a éprouvé récemment une grande
douleur : la perte de son père, mort à Tana-
narive de la maladie du sommeil. La joie pré-
sente du jeune artiste est comme recouverte
d'un voile de deuil. Et deux petites soeurs sont
restées, orphelines, dans la Grande Ile, si loin,
si loin. Joie et douleur : tout ce qu'il faut
pour devenir un grand artiste.
Germaine Rinaud
Cette jeune lauréate est toute à son bonheur.
Nous l'avons vue, grande, mince et flexible
jeune fille, chez sa marraine, Mme Mauger,
femme d'un administrateur des Colonies à St-
Louis, qui sut distinguer très tôt chez sa filleule
le don musical.
L'air très doux, un peu timide, Mlle Rinaud
nous parle de son village natal : Nye-Nouya,
près de Farana, en Guinée française. Devenue
trop parisienne pour ne pas concevoir que l'on
puisse hésiter à bien entendre ces syllabes exoti-
ques, elle épelle : « N-y-e-N-o-u-y-a 1 » ef
« K-a-n-k-a-n », Kankan où son père est ins-
tituteur.
Toute petite, elle suivait partout Mme Mau-
ger, blottie sur ses genoux, lors des promena-
des en pirogue sur le Niger, cachée dans les
plis de sa robe quand les indigènes se livraient
à leurs danses bruyantes : plus effnayée que
séduite, son sang français l'emportait déjà. On
danse beaucoup à Kankan, comme ce nom y
invite.
Puis, « manaine » jugea que sa petite pro-
tégée méritait de connaître la France et ses fa-
cilités d'éducation. À sept ans, l'on s'embar-
quait ; à huit, on apprenait les rudiments de la
musique qui chantait déjà sans méthode dans
le petit cœur naïf et si étonné de tant de choses
nouvelles. A onze ans, on entrait au Conser-
vatoire, et à seize on enlevait un second prix
avec des voix pour un premier.
Avez-vous le désir, mademoiselle, de
revoir votre pays ?
Mais oui, monsieur, et j'espère bien lui
rendre visite, mes études terminées.
Peut-être pas en tournée de concerts ?
- Dame, monsieur, on ne connaît guère,
là-bas, que le tam-'Jam et le balafon.
Le balafon ?
Oui, .des morceaux de bois creux, so-
nores, sur lesquels on tape avec un petit mail-
let.
Et nous tombâmes d'accord que ça ne valait
pas un Pleyel, cependant que j'examinais,
dans l' antichambre, une panoplie de sagaïes,
un tam-tam, des colliers de coquillages et ces
masques cornus et horrifiques que le danseurs
noirs mettent sur leurs visages pour leurs gesti-
culations des jours de fête.
Louise Clavius-Marius
Non loin du Champ-de-Mars, Mlle Louise
Clavius-Marius habite chez son père, ancien
Procureur général et chef du Service judiciaire
au Congo. Elle n'oublie pas Saint-Louis du
Sénégal, où elle est née de parents martini-
quais. Elle a vécu jusqu'à dix ans à Saint-
Louis. Elle en regrette l'éclatante lumière.
Mais Paris a d'autres séductions, à commencer
par les incomparables enseignements qu'il offre
aux vocations artistiques. Avec le joli rire de
ses 19 ans, elle rend grâces à ses maîtres, no-
tamment à M. Lazare Lévy, son professeur
d'aujourd'hui. (On ne dira jamais trop, en
effet, la haute valeur des classes instrumentales
du Conservatoire). Cependant, elle tient à ob-
server que sa mère, excellente pianiste, fut son
premier professeur. Elle compte, au demeu-
rant, parmi ses proches, de remarquables musi-
- 1.. -
ciens amateurs, oon père qui, depuis un ms-
tant, est présent à l'entretien, déclare :
L'on aime profondément la musique,,
dans notre famille. Aussi ai-je été fort heureux
de trouver en ma fille les promesses d'un talent
sérieux. Ma fille a d'abord travaillé sous la
direction maternelle, puis les progrès furent
rapides, obtenus avec les maîtres de la rue de
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTICLES PUBLIÉS PAR "LU AMNALU COLONIALU- SONT LA PROPRIÉTÉ
1 EXCLUSIVE DU JOURNAL
Lm Annonce» et Réclame» «Ml reçues aux Bureau* dujomdddm &»Agueu dePuMkMi
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DIRECTEURS 1 MARCEL - RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
BédielitB et AdmiiUlrtlUn : 34, Rue du Mont-Thabor, PARtS-1* Téléphone : LOUTRE 19-17
ABMREIMTS
Marti I -
Ha ta I nota 8 moio
Franc* et Colonie*. 80 « 41 » ts >
Éiranrer 120 1 U. 35 à
On l'tbodM dus tons 1M Bortuid* porte et chez 1M principaux libraire*
- ,- -
Les indigènes et la terre
es indïgeneset la te rre
La mise en valeur des trois grande pays du
Nord-Afrique français se heurte à un obstacle
qui consiste dans la situation précaire des indi-
gènes vivant sur d'immenses territoires, dont le
sol appartient, soit à l'Etat, soit aux Habous,
ou est occupa par les tribus en vertu d'une. pro-
priété collective peu précise.
Dans ces conditions, les familles indigènes
se contentent d'égratigner la terre du soc de
bois de leur charrue primitive, sur une par-
celle limitée, pour y semer les céréales néces-
saires à leur propre alimentation et qui, som-
mairement cultivées, ne donnent jamais que de
biaigres récoltes. Elles font paître leurs trou-
peaux aux alentours, et la moisson faite, l'her-
be broutée, transportent plus loin leurs tentes
ou vont construire ailleurs leurs gourbis de terre
et de chaume. Le bétail reste exposé, sans
jhbri, aux intempéries de l'hiver auxquellis il
résistera d'autant moins que le bled, calciné
par l'été, ne lui offrira plus de pâturages, et
que ses propriétaires ne font guère provision de
fourrages.
Aussi de nombreuses peuplades vivent dans
la misère, et empêchent tout) culture ration-
nelle, toute exploitation méthodique sur de
Vastes étendues de terre. Cet inconvénient
existe dans les trois pays, mais il est peut-être
plus sensible en Tunisie que dans les deux
autres, parce que les biens habous, notamment,
ont, dans la Régence, une importance qu'ils
n'ont jamais eue au Maroc, et qu'ils n'ont
lus en Algérie où ils ont été supprimés dans
les premiers temps de l'annexion. 11. est donc
bien naturel que les premières mesures pour mo-
difier ou supprimer un état de choses incompati-
ble avec la civilisation contemporaine viennent
de Tunisie, et il faut louer le Gouvernement du
Protectorat de la sollicitude avisée qu'il a ap-
portée à la solution de ce problème complexe
et délicat comme tous ceux qui touchent à la
(fois à la propriété et aux traditions, c'est-à-dire
laux intéme et aux préjugés ataviques.
La seule solution capable de fixer les indi-
ttup du sol et de les pousser à intensifier leur
proaodioD agricole était de leur attribuer la
propriété iiKflviduelle ou plutôt familiale de
- la terre sur laquelle on désirait les voir s'ins-
taller à demeure pour en exploiter la fécondité.
beur faire cesuprême cadeau à titre éminemr
Iffitent gracieux c'était par trop favoriser ceux
9ui en auraient bénéficié aux dépens de la col-
ectivité, et, peut-être même en déprécier la
valeur à leurs propres yeux. Il fallait donc trou-
ver un moyen, de faire payer la propriété du
sol par des gens qui ne possédaient aucun ca-
pital, aucune réserve d argent. Lés nouveaux
propriétaires devaient, d'autre part, être pré-
servés eux-mêmes contre la nécessité ou la ten-
tation de voir dans le bien dont ils disposaient
pn gage permettant le recours à l'usurier. sans
quoi les terres dont on voulait faire un moyen
d'affranchissemènt pour des populations nonv-
h ses, seraient passées en grande partie entre
les mains de quelques spéculateurs, au bout de
peu d'années. Enfin, il ne sert de rien de con-
Jcéder un terrain à celui qui n'a ni les moyens
ni le crédit nécessaires pour exécuter les tra-
vaux indispensables à sa mise en valeur et pour
subsister jusqu'aux premiers fruits de son la-
beur.
L'entreprise envisagée par le Gouvernement
du Protectorat était donc complexe. Elle se
présentait sous un aspect tripartite : 1° appeler
les indigènes à la propriété des terres qu'ils
n'occupaient qu'à titre instable, tout en appor-
tant à cette propriété quelques restrictions de
karantie pour l'intérêt public: 2° fournir, par le
crédit, aux nouveaux propriétaires, les moyens
de mettre en culture le terrain qui leur était
attribué ; 3° leur enseigner une science agri-
cole nouvelle pour eux, contrôler leurs efforts,
seconder leurs tentatives et corriger leurs er-
reurs.
Tel est le triple programme qui se posait et
[auquel l'Administration s'est efforcée de ré-
pondre.
En ce qui concerne 1 accession à la pro-
priété, ce n'est encore que pour les terres do-
maniales ou les terres habous qu'elle s'en est
occupée. Il est plus délicat de toucher aux
terres que les tribus considèrent comme leur
propriété collective. On compte sur les résultats
obtenus dans les premières et les avantages qui
en résultent pour leurs occupants pour faire ap-
précier à ces tribus les bienfaits de la répartition
individuelle et de la propriété nominale.
L'Etat devait, d'ailleurs, donner l'exemple
en abandonnant d'abord ses propres domaines.
C'est ce qu'il fait depuis 1920. Il a ainsi livré
(aux indigènes environ 120.000 hecltares répar-
tis entre 3.700 familles ou groupes de familles.
Encore convient-il d'ajouter à ce chiffre
60.500 hectares, réservés en plusieurs lots pour
le parcours commun du bétail des concession-
naires des terrains culturaux voisim.
Nous remarquons avec plaisir que la pré-
voyance administrative a su ménager À côté de
idomaines plus étendus permettant l'existence
d'une famille, 250 petits lots de 5 à "6 heo
tares destinés aux ouvriers agricoles ou aux
Khammès pour les maintenir dans la région
où ils constitueront une main-d'œuvre néces-
raire.
Pour être complet, notons ce détail que plus
de 8.000 hectares de terra que le Gouverne-
nœnt voulait attribuer aux indigènes de la ré-
Pm de Sened, dans le Sud tunisien, n'ont pu
r être en raison des dissensions qui existent
.-e leurs tribus.
Indiquons, enfin, que 66.000 hectares sont
prévus comme devant être Ainsi répartis, dam
diverses contrées, pour les années 1925 et
1926. On conçoit que la répartition des lots
était chose délicate et demandait à être entou-
rée de multiples précautions. Elle est effectuée
par des commissions administratives présidées
par le contrôleur civil de la région et où les
intérêts des indigènes sont largement repré-
sentés.
Des lots sont réservés aux indigènes anciens
combattants et mutilés de la guerre, dont les
demandes sont examinées en dehors de celles
des anciens locataires du domaine loti.
Le contrat qui intervient entre l'Etat pro-
priétaire et son acquéreur comporte la location
du terrain avec promesse de vente moyennant
un prix dont le paiement est réparti sur un délai
\maximum de vingt ans et aussi l'accomplisse-
ment de certaines obligations.
L'acquéreur s'engage à exploiter directement
je domaine qui lui est attribué, à.y édifier son
installation familiale a moins que le lot ne soit
à proximité d'un village où il pourra résider.
Enfin, il doit exécuter les travaux nécessaires
à la mise en valeur dé sa propriété, tels que
défrichements, plantations, construction de bâ-
timents d'exploitation et d'abris pour le bétail,
forage de puits, tous travaux dont il est appelé
à être l'unique bénéficiaire.
Il était naturel de demander à l' Administra-
tion des habous, propriétaire de très grandes
étendues de terre en Tunisie, d'imiter l'exem-
ple de l'Etat. A la fin de 1925, plus de
30.000 hectares prélevés sur ses vastes do-
maines auront ainsi été remis aux indigènes
qui en deviendront propriétaires dans les con-
ditions déjà exposées pour les al lotissements
de l'Etat.
On peut déjà se rendre compte des premiers
."résultats. D'importants défrichements -sont en
voie d' exécution. La très gref de majorité des
bénéficiaires des lots a procédé à son installa-
tion et paraît pleine d'entrain. Cette très inté-
ressante réalisation permet, entre autres consé-
quences, de constater, une fois de plus, com-
bien le voisinage des colons français est bien-
faisant pour les indigènes : partout où les nou-
veaux propriétaires arabes sont en contact avec
line ferme française, leurs travaux sont beau-
coup plus avancés qu'ailleurs. Imitant ce qu'ils
(voient faire, alors que pendant des siècles Us
ont vécu sur une terre qu'ils n'avaient nul sou-
ci d'améliorer, supportant, en fatalistes, des
inconvénients saisonniers ou - climatériques con-
tre lesquels ils ne tentaient aucune réaction, ils
se mettent, comme leurs voisins, à epierrer les
Jterrains caillouteux, à fertiliser le sol par des
engrais, à couper et abriter des réserves de
nourriture pour le bétail, en un mot, à tra-
- -
Voilà donc des milliers d indigènes aux-
quels le protectorat de la France a permis, a
donné l'accès à la propriété qu'ils n'auraient
jamais connu avec leurs institutions propres.
Nous verrons comment l'Administration com-
plète son œuvre en instituant pour eux le cré-
dit nécessaire à la mise en valeur de leur pro-
priété, et aussi en leur apprenant les méthodes
par lesquelles ils pourront en tirer le meilleur
profit.
Et nous demanderons ensuite aux doctri-
naires si la Tunisie aux Tunisiens aurait jamais
connu de tels bienfaits,
Ernest Haudos,
Député de la Marne,
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commerciales.
A L'ÉCOLE COLONIALE
-&0--
Par arrêté ministériel en date du 1er juil-
let 1925, M. Angoulv-ant, Gouverneur gé-
néral lionoraire. des Colonies, est nommé
.pour la période fixée par l'arrêté du 11 dé-
cembre 1922, membre du Conseil d'admi-
nistra t ion de l'Ecole Coloniale, en rempla-
cement de M. Pavie, décédé.
etio
UNE GRÈVE
Deux cents chargeurs et charretiers, em-
ployés au chargement des céréales au port
de Tunis, se sont mis en grève. Ils deman-
dent une auomenlation de salaire.
(Par dépêche.)
--- --
Grave accident de mer
A l'occasion de la frite musulmane de
VAïd-el-Kcbir, quinze indigènes de Nabeul
(près Tunis) avaient organisé une prome-
natte en mer.
Le temps, beau au début, s'assombrit par
la suite et Vembarcation à voile a été re-
tournée par un coup de vent avec ses
quinze occupants, qui ont tous été noyés.
- (Par dépêc.h¡.)
La mission Delingette
Le capitaine Delingette est arrivé le 4 juil-
let au Cap. du Club royal automo-
Une délégation du Club royal automo-
bile s'est portée à sa rencontre dans plu-
sieurs villes et a organisé un cortège dans
les rues du Cap.
t–
Nouveau prospecteur
M. André Citroën vient d'obtenir des per-
mis de recherches minières et d'exploitation
en Afrique Equatoriale Française.
1 - -.3" -.
Les coipiratim ipoïn
AU TOGO
a
La question des coopé-
ratives agricoles fut, le
26 août dernier, exposée
par le Commandant de. cer-
cle de Lomé, au Conseil
des Notables du chef-lieu.
Ceux-ci furent vivement
frappés et, à Vissue de
cette réunion. l'un d'eux
pria au nom de tous le Commandant de cer-
cle « de remercier bien vivement le chef du
territoire de cette preuve de bienveillance
ajoutée à tant d'autres. Je pifis vous dire,
poursuivit-il, que- cette question des associa-
tions agricoles est de beaucoup une de celles
qui nous a le plus intéressés depuis que nous
faisons partie du Conseil des Notables. Nous
allons èn parler entre nous et nous viendrons
vous demander conseil ».
C'est ce qu'ils firent, organisant à cet ef-
fet, en septembre suivant, plusieurs réunions
privées chez l'un des principaux riotabUs~We~
Lomé. Le 18 septembre eurent lieu, avec
Vorganisation définitive de l'Association, les
élections des membres de son bureau direc-
teur. Utt arrêté intervint à la date du 26 ec-
tobre 1924 pour en autoriser la création et le
fonctionnement. De plus, et afin de faciliter
les débuts de cc groupement économique, qui,
le premier, fut organisé dans le Territoire, le
Commissaire de la République lui accorda,
dès le début d'octobre, une subvention de
300 francs.
« Ce geste, lui écrivait le président Théo-
phile Tamakloe dans sa lettre de remercie-
ments, datée du 6 octobre, démontre tout
l'intérêt que vous avez pour le développement
de notre pays et ce pte vous avez à cœur de
faire pour son avenir, v
A Anêcho, la création d'une Association
fonctionnant sur des bases analogues fut dé-
finitivement arrêtée par le Conseil des No-
tables dans, une séaltce, à l'issue de laquelle
soixante-cinq indigènes, agriculteurs et éle-
veurs t se firent inscrire comme membres du
futur groupement. L'institution fui ac-
cueillie là avec une faveur toute spéciale, le
cercle d'Anécho étant essentiellement agri-
cole. De plus, chacun des membres présents
s'étant engagé à faire connaître autour de
lui les avantages à attendre cVune coopération
agricole sagement étudiée et conduite, il
il est pas douteux qu'en peu de mois les adhé-
sions deviendront fort nombreuses et permet.
tront ainsi de doter VAssociation de tous les
moyens d'action qui lui seront nécessaires
pour mener à bien la tâche qu'elle s'est assi-
gllée. Autorisée par arrêté du 28 octobre
924, cette coopérative a été dotée, pour
1924, à l'exemple de celle de Klouto et de
Lomé, d'une subvention de 500 francs. Elle
s'est réunie pour la première fois, le 27 dé-
cembre, sous la présidence du Commissaire
de la République, qui a tenu ainsi à marquer
aux yeux de tous V intérêt qu'il portait fi cette
institution.
Aux termes des statuts, chaque Association
coopérative agricole se fixe, comme but essen-
tiel, l'étude et la défense des intérêts agri-
coles et économiques de sa région, Venir'aide
entre producteurs et la sauvegarde des inté-
rêts communs. Elle se propose, en consé-
quence, de faire œuvre de vulgarisation en
ce qui concerne les méthodes et procédés Mo-
dernes relatifs aux cultures vivrières et aux
produits d'exportation : récolte, cueillette,
préparation et sélection des produits, expan-
sion à donner aux cultures nouvelles signalées
comme intéressantes, à Vélevage et l'exploi-
tation forestière.
D'autre part, VAssociation s'appliquera à
créer un office permanent de renseignements
agricoles, des champs d'essais et d'expéri-
mentationdes cours pratiques d'éducation
agricole. Elle accordera aide £ t protection à
ceux de ses membres devenus nécessiteux,
ainsi qu'aux familles des membres défunts.
Par ailleurs, elle achètera par coopération,
les matières premières, l'outillage aratoire et
agricole, les engrais, semences, plantes, ani-
maux domestiques pour élevage, nécessaires à
ses membres pour l'exercice de leur travail,
entreprise ou profession, L'Association s'en-
tremettra enfin, pour faciliter à ses membres
la* transformait on et la vente des produits de
leur travail et de leurs récoltes, groupera les
commandes et les expéditions. L'article 15
des statuts édicte qu'il sera créé une Caisse
de prévoyance.
Quel est Vavenir réservé à ces associa-
tio#ts! Leur création est trop récente pour que
Von puisse déjà faire état de réalisations..
Néanmoins, l'accueil que les indigènes onh
réservé à cette institution permet d'espérer.
leur plein succès. Souhaitons que les modi-
fications profondes quelles ne manqueront
pas d'apporter aux conditions actuelles du
travail, en permettant temfloi et la diffu-
sion de la culture mécanique, feront beaucoup
pour Vévolution sociale de la masse indu
gène.
Le Conseil économique et financier 'com.
posé d'Européens et dindigènes sera consulté
annuellement, et chaque fois qu'il sera néces-
saire, sur les mesures à prendre pour la mise
en valeur du Territoire.
Pierre Valade,
Dépoté du Cher.
AU SENAT
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Finances et des Colonies
M. André liesse, accompagné de M. An-
tonetti, Gouverneur général de l'A. E. F.
a été entendu par les Commissions des Fi-
nances et des Colonies, réunies sous la pré-
sidence de M. Milliès-Lacroix.
M. le Gouverneur général Antonetti a
friirni aux deux Commission» d'intértrf-
sands renseignements sur l'état des tra-
vaux du chemin de fer de Brazzaville à
l'Océan et sur les possibilités d'électrifica-
tion de la ligne.
Commission de l'Algérie
La Commission de l'Algérie s'est réunie
sous la présidence du Général Bourgeois.
tElle a entendu M. Hervey, sénateur de
l'Eure qui a fait un exposé du Rapport
qu'il déposera à la rentrée des Chambres
sur le projet de loi tendant à modifier la
loi de 1897 sur la propriété foncièçe en
Algérie.
DEBATS
Contingent de Légion d'honneur pour l'Ex-
position Coloniale de Strasbourg
M. Jamin, sénateur de la Mayenne, rap:
porteur de la Commission spéciale qui s'est
réunie jeudi, déposera demain son rapport
sur lo bureau du Sénat. Les conclusions por-
tent suppression d'une cravate de comman-
deur et réduction du nombre do rosettes et
de croix. M. Philipp, sénateur du Gers, for-
mulera ensuite l'avi3 au nom de la Com-
mission des Colonies.
Comn.e cela s'est passé lors de l'augmen-
tation du contingent ordinaire des Colonies,
'nous espérons qu'au cours du débat, la
haute assemblée liendra à rétablir dans ses
chiffres primitifs les propositions précédem-
ment déposées par M. Daladier,
1 A LA CHAMBRE
-0-0-
DAN& LES COMMISSIONS
Commission des Affaires Etrangères
M. Auguste Brunet., lout récemment ren-
tré d'une mission du Gouvernement en
Syrie et au Litan, a fait vendredi un ex-
posé de la situation politiqua, administra-
tive et économique des territoires placés
sous le mandat de la France à la Commis-
filon des Affaires F
sion des Affaires Etrangères. Cet exposé,
tirés complet et très favorablement ac-
cueilli, a été suivi d'une discussion à la-
quelle ont pris part MM. Londlcm., Désiré
Ferry, Soulié, Franklin-Bouillon.
M. -Branct a affirmé que l'ordre le plus
absolu régnait dans les milieux musul-
mans et indiqué qu'une très large détente
s'était produite dans les milieux chrétiens
à l'origine prévenus contre la personne
du HoutrCommissaire.
11 a fait le bilan de l'œuvre accomplie
par la France en Syrie et rendu hommage
à F effort réalisé tant par le général Sar-
rail que par ses prédécesseurs.
M. Auguste Brunei a été très vivement
félicité par le Président et par les mem-
bres de la Commission.
'06'e
A la Présidence du Conseil
-0-0--
M. Paul Painlevé, président du Conseil,
a reçu sajnedi matin M. Martial Merlin,
Gouverneur Général de l'Indochine.
<>»
Le Gouvernement Général
de l'I ndochine
-o-o -'
Plusieurs de nos confrères ont annoncé que
le Gouvernement avait fait choix d'un nouveau
Gouverneur Général de l'Indochine.
Rappelons que M. Martial Merlin, Gouver-
neur Général en fonctions, actuellement à Pa-
ris, n'est ni démissionnaire, ni à la retraite.
D'autre part, M. Mongttllot, Résident Su-
périeur du Tonkin, accomplit à la - satisfaction
générale l'intérim de ce poste important dont
il connaît admirablement tous les services.
Indiquons que M. P.-P. fainlevé, qui avait
parlé du Gouvernement Général de l'Indochine
à M. Ed. Daladier lequel a remercié sans
accepter -– s'il caresse l'idée d'envoyer un par-
lementaire à Hanoï reprendre la grande tradi -
tion des Paul Bert, des Constans, des J.-L. de
Lanessan, des Armand Rousseau et des Dou-
mer, n'a pas encore envisagé la question avec
ses collègues an sein du Conseil des mi ni sires.
Quant à la candidature de M. Alexandre
Varenne, vice-président de -la .Chambre et dé-
puté socialiste (S.F.I.O.) du Puy-de-Dôme,
elle rencontre beaucoup de sympathie dans les
milieux parlementaires.
Le nom de M. Camille Chautemps, ancien
ministre de l'Intérieur dans le Cabinet Herriot,
et qui a la sympathie particulière du Président
du Conseil, serait favorablement accueilli par
tous les coloniaux qui n'ont pas oublié son frère,
notre regretté collaborateur et ami Félix Chau-
Vemps ;
Enfin, d'autres noms d'hommes politiques
tels que M. Justin Godart, ancien minise du
Travail et de l'Hygiène dans le Cabinet Her-
riot, sont également prononcés.
Il n'est plus du tout question de M. Mari us
Moutet, député socialiste (S. F. I. O.) de
Lyon, qui a une situation considérable au bar-
reau, ni de M. Adrien Dariac, député de
rOme, président de la Commission des Finan.
ces dans la Chambre du Bloc national, ni de
M. Daniel Vincent, député du Nord et an-
cien ministre du Bloc national dans' le dernier
Ministère Poincaré.
Bref, la question reste entière, à supposer
qu'elle soit déjà posée.
La campagne ceMrt
1824-1826, en Haute-VOila
t)
Les tournées de propagande commencées il
y a deux ans et poursuivies méthodiquement
depuis, en vue d'assurer le développement de
la culture cotonnière en Haute-Vol ta avaient,
l'année dernière, porté leurs premiers fruits :
80 tonnes environ de fibres furent, alors,
exportées par le commerce européen. Justi-
fiant les efforts fournis, la campagne coton-
nière 1924-1925 s'est effectuée dans la plus
grande activité, paraissant absorber presque
toute la vitalité commerciale de la colonie.
A un moment même, une concurrence très
vive fut déployée par la colonie voisine de
la Gold-Coast, où les offres d'fl at attei-
gnaient le double de celles pratiquées sur les
différents marchés. Pour enrayer le mouve-
ment d'exportation de coton qui, de ce fait,
se dessinait au profit de l'étranger, les repré-
sentants de nos commerçants durent sponta-
nement, sans attendre lavis de leurs chefs,
majorer les prix qui leur avaient été indiqués.
Aujourd'hui, les résultats de cette campa-
gne sont connus dans leur ensemble; ils dé-
passent de beaucoup les prévisions établies
sur une production d'environ 670 tonnes de
coton brut. La récolte s'est, en effet, élevée
à 3.528 tonnes fournies par les cercles pro-
ducteurs suivants : Bobo-Dioulasso, 810 ton-
nes; Koudougou, 775; Ouagadougou, 765;
Dédougou, 700; Ouahigouya, 175; Kaya,
- 1°5; Tenkodogo - 100, et -- Gaoua 38.
Si l'on retient que ce coton a été payé au
producteur au prix moyen de i franc le kilo,
c'est donc une somme de 3 millions 1/2 qui,
en 4 mois durée de la campagne coton-
nière a été jetée sur le marché indigène.
Cette somme, d'autre part, représente près
de la moitié du rendement prévu de l'impôt
de capitation et plus du tiers du produit to-
tal des recettes de !aocolonie.
Cette introduction en masse 'de numéraire
a été excellente pour secouer l'apathie native
de certaines populations de la colonie qui,
maintenant, au contact des Européens, se
créent des besoins nouveaux. Il semble bien
Qu'avec la culture du coton une ère nouvelle
.&. - - - -.
s'ouvre pour ces régions qui s'étaient, jus-
qu'à présent, uniquement cantonnées dans les
cultures vivrières familiales et le commerce
traditionnel d'échange de bétail contre noix
de colas et de petite pacotille anglaise. Par
ailleurs, c'est, pour les grandes Sociétés co-
loniales à succursales multiples, la perspec-
tive de conquérir, à brève échéance, la clien-
tèle de 3 millions d individus.
Déjà, le comptoir industriel cotonnier, de
MM. Boussac frères, qui a absorbé à lui seul
la moitié du marché, s'apprête pour la pro-
chaine campagne à faire un gros effort par
l'engagement d'un important personnel euro-
péen et l'apport d'un nouveau matériel des.
tiné à la création d'usines d'égrenages, ainsi
que de camions pour le transport. D'autre
part, les deux usines fixes de l'Association
Cotonnière Coloniale, dont l'Administration
entreprend actuellement le montage, fonc-
tionneront à plein rendement en 1926. Ces
diverses installations, concurremment avec le
matériel provisoire dont peut disposer le
Gouvernement local, permettront d'égrener,
de presser et d'écouler avant l'hivernage, et
cela est un point essentiel, la production de
coton destinée a 1 exportation.
La collaboration active des services techni-
ques, des administrateurs et des chefs indi-
gènes ; l'intelligente et persévérante propa-
gande poursuivie depuis deux années en
Haute-Volta ont assuré des résultats qui font
bien augurer des prochaines campagnes co-
tonnieres.
«ifc
L'AVIATION COLONIALE
-0
Les routes aériennes France-Algérie
Les délégations financières réunies à
Alger ont eu à examiner les crédits affectés
pour assurer Je service des liaisons aérien-
nes France-Algénic, lesquelles comportent
actuellement les tralics suivants :
1° Alicante-Oran ; 2o Alicante-Alger (pro-
visoirement, en attendant la liaison Barçe-
lone-Palma-Alger, dès que le Gouvernement
espagnol aura autorisé l'amerrissage à
Palma ) ; 3° Antibes-Côtc du département
de Constantine (bifurcation à Ajaccio de la
ligne Antibes-Tunis). -'- -
Une somme de l.isou.lRX) trancs a ete voiee 1
par les délégations financières, comme par-
ticipation à ces liaisons aériennes. C'est le
colonel Casse, directeur des services de la
navigation aérienne, venu en avion à Alger,
qui a exposé l'intérêt du programme aérien
dont la réalisation assurera des relations
efficaces entre la France et notre métropole
du nord de ,l'Afrique.
Il leste à décider du point d'escale sur la
côte du département de Constantine. Phi-
lippeville l'emiporlu ail point de vue écono-
mique, tandis que Bône est préférable au
point de vue technique. Peut-être une solu-
tion interviendra-t-clle, laquelle ne fera que
copier ce qui existe dans les compagnies
maritimes, dont les bateaux font tantôt le
circuit Marseille-Philippcville-nônc-Matr-
anillA /->l lonlAf ln nnïY*rvnrs ,iTwr>rçuv
\oI.'I'-', '-U ,.-'" -- "-'0" "-"--"
Après son voyage en Algérie, le colonel
Casse s'est rendu en Tunisie, inspecter la
station d'hydravions du service de naviga-
tion aérienne, établie sur le la2 de Rizerto.
Parfaitement abritée, celte installation
sera terminée au début de 1920 ; les finan-
ces tunisiennes ont prévu un crédit de par-
ticipation de 150.000 francs pour rétablisse-
ment. de e port qui intéresse la ligne Anti-
bos-Ajaccio-Tunis.
Les Coloniaux
au Conservatoire
Le succès simultané, au Conservatoire, de
trois jeunes gens originaires de nos possessions
lointaines, est un fait plein de significations, qui
vaut qu'on y revienne.
René Dreyfus
A notre regret, nous n'avons pu rencontrer
chez lui M. René Dreyfus, envolé vers les sa-
lons amis des jeunes gloires, celui, par exem-
ple, de Mme Claude Debussy.
Sa grand'mère a bien voulu nous conter son
histoire. Le père de René Dreyfus, propriétaire
de mines à Tananarive, s'aperçut le premier
de la vocation de l'enfant et l'encouragea. A
dix. ans, le petit René, sans aucune leçon préa-
lable, s'était familiarisé avec le clavier d'un
piano de rencontre, assez pour pouvoir expri-
mer ses joies ou ses tristesses enfantines. On
s'émerveillait et qui ne s'émerveillerait
de ce talent jailli du plus profond de l'instinct:
véritable « génération spontanée », puisque la
mémoire auditive n'y pouvait avoir aucune part.
Au cours de ses cinq ans d'études à Paris,
René Dreyfus a dû entendre beaucoup de mu-
siques et les comprendre, car il joue avec une
singulière facilité des « à la manière de. ».
Il improvise du Chopin, du Debussy, du Ra-
vel étonnamment évocateur du génie musical
de ces maîtres.
Que donneront ses études actuelles d har-
monie et de composition ? C'est le secret de
l'avenir, mais tout porte à croire que la sève,
d'une richesse , toute tropicale, que porte en lui
le récent lauréat, sera admirablement féconde.
René Dreyfus a éprouvé récemment une grande
douleur : la perte de son père, mort à Tana-
narive de la maladie du sommeil. La joie pré-
sente du jeune artiste est comme recouverte
d'un voile de deuil. Et deux petites soeurs sont
restées, orphelines, dans la Grande Ile, si loin,
si loin. Joie et douleur : tout ce qu'il faut
pour devenir un grand artiste.
Germaine Rinaud
Cette jeune lauréate est toute à son bonheur.
Nous l'avons vue, grande, mince et flexible
jeune fille, chez sa marraine, Mme Mauger,
femme d'un administrateur des Colonies à St-
Louis, qui sut distinguer très tôt chez sa filleule
le don musical.
L'air très doux, un peu timide, Mlle Rinaud
nous parle de son village natal : Nye-Nouya,
près de Farana, en Guinée française. Devenue
trop parisienne pour ne pas concevoir que l'on
puisse hésiter à bien entendre ces syllabes exoti-
ques, elle épelle : « N-y-e-N-o-u-y-a 1 » ef
« K-a-n-k-a-n », Kankan où son père est ins-
tituteur.
Toute petite, elle suivait partout Mme Mau-
ger, blottie sur ses genoux, lors des promena-
des en pirogue sur le Niger, cachée dans les
plis de sa robe quand les indigènes se livraient
à leurs danses bruyantes : plus effnayée que
séduite, son sang français l'emportait déjà. On
danse beaucoup à Kankan, comme ce nom y
invite.
Puis, « manaine » jugea que sa petite pro-
tégée méritait de connaître la France et ses fa-
cilités d'éducation. À sept ans, l'on s'embar-
quait ; à huit, on apprenait les rudiments de la
musique qui chantait déjà sans méthode dans
le petit cœur naïf et si étonné de tant de choses
nouvelles. A onze ans, on entrait au Conser-
vatoire, et à seize on enlevait un second prix
avec des voix pour un premier.
Avez-vous le désir, mademoiselle, de
revoir votre pays ?
Mais oui, monsieur, et j'espère bien lui
rendre visite, mes études terminées.
Peut-être pas en tournée de concerts ?
- Dame, monsieur, on ne connaît guère,
là-bas, que le tam-'Jam et le balafon.
Le balafon ?
Oui, .des morceaux de bois creux, so-
nores, sur lesquels on tape avec un petit mail-
let.
Et nous tombâmes d'accord que ça ne valait
pas un Pleyel, cependant que j'examinais,
dans l' antichambre, une panoplie de sagaïes,
un tam-tam, des colliers de coquillages et ces
masques cornus et horrifiques que le danseurs
noirs mettent sur leurs visages pour leurs gesti-
culations des jours de fête.
Louise Clavius-Marius
Non loin du Champ-de-Mars, Mlle Louise
Clavius-Marius habite chez son père, ancien
Procureur général et chef du Service judiciaire
au Congo. Elle n'oublie pas Saint-Louis du
Sénégal, où elle est née de parents martini-
quais. Elle a vécu jusqu'à dix ans à Saint-
Louis. Elle en regrette l'éclatante lumière.
Mais Paris a d'autres séductions, à commencer
par les incomparables enseignements qu'il offre
aux vocations artistiques. Avec le joli rire de
ses 19 ans, elle rend grâces à ses maîtres, no-
tamment à M. Lazare Lévy, son professeur
d'aujourd'hui. (On ne dira jamais trop, en
effet, la haute valeur des classes instrumentales
du Conservatoire). Cependant, elle tient à ob-
server que sa mère, excellente pianiste, fut son
premier professeur. Elle compte, au demeu-
rant, parmi ses proches, de remarquables musi-
- 1.. -
ciens amateurs, oon père qui, depuis un ms-
tant, est présent à l'entretien, déclare :
L'on aime profondément la musique,,
dans notre famille. Aussi ai-je été fort heureux
de trouver en ma fille les promesses d'un talent
sérieux. Ma fille a d'abord travaillé sous la
direction maternelle, puis les progrès furent
rapides, obtenus avec les maîtres de la rue de
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