Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-07-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 juillet 1925 03 juillet 1925
Description : 1925/07/03 (A25,N100). 1925/07/03 (A25,N100).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396947s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-CINQUIEME ANNEE. - N° 1W LE NUMBRO : 80 CENTIMES VENDREDI SOIR, 3 JUILLET 1925 4
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Les Annales Coloniales
le 4i! 5 d 1 - le à
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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On »'«baana dansions 1M BorMuda perte et -. principaux libraine
La Chine et l'Europe
Les troubles de Shanghaï et de Canton ne
sont pas encore apaisés ; le mouvement parait
même s'étendre dans des centres assez éloignés
de son point d'origine. Les journaux d'hier
nous signalent des manifestations analogues
dans la Chityç du Nord, à Pékin notamment.
Cette agitation n'a pas, pour nous, Fiançais,
au moins en ce moment, la même importance
que les opérations du Rif, elle ne semble pas
surtout dirigée contre nous ; les Anglais et les
Japonais sont, en effet, infiniment plus visés que
nous ne le sommes. Mais ces constatations ne
peuvent pas légitimer à l'égard de ces événe-
ments une indifférence dont nous pourrions avoir
bientôt à nous repentir.
On connaît l'origine des faits. Des ouvriers
employés dans des manufactures japonaises
avaient fait grève. Des étudiants eurent un
jour l'idée de manifester en leur faveur sur la
concession internationale. La police anglaise
intervint, fit feu sur la foule et Bua quelques
manifestants. Le lendemain, nouvelle manifes-
tation, intetcfite comme la précédente, et nou-
velle tuerie. Au total, vingt et un tués et de
nombreux blessés.
Ce fut alors dans toute la Chine et dans tous
les milieux des protestations et des manifesta-
tions sans fin qui visaient tout d'abord les An-
glais et les Japonais, mais qui, peu à peu,
s'adressèrent aux étrangers. « On entendit, dit
le correspondant du Journal des Débats, le cri
farouche : « Chassez les étrangers », et par-
fois le cri forcené : « Mort aux étrangers. »
« Tout cela, ajoute-t-il, est très grave. C'est
incontestable. Et les dépêches de Pékin aux-
quelles je Ceia allusion ci-dessus, indiquent que
le mouvement n'est pas resté limité à la Chine
du Sud.
Dès qu'ils ont appris ces événements, bon
nombre d' Européens n'ont pas manqué de don-
ner libire cours à leur indignation contre les Cé-
lestes, et ont ensuite tourné leur colère contre
les Soviets. « C'est encore un coup des bol-
cheviks », se sont-ils écrié.
On connaît trop mon sentiment sur la politi-
que nationaliste du Gouvernement de Moscou
pour que j'aie à me défendre de quelque com-
̃J ai s art ce ii son égard. Mais c'est un peu trop
commode de rejeter constamment sur elle la
responsabilité d'événements fâcheux dans l'ori-
gine/desquels nous avons notre part. J'ai lu
Ay d le document qu'a publié un journal du
matin et qui nous 'montre l'action du consul
russe de Shanghaï dans les milieux ouvriers de
cette ville. A supposer qu'elle soit authentique,
eg rien ne permet jusqu à présent d'en douter,
cette pièce ne nous apprend pas grand'chose
de nouveau. Nous n'avons pas attendu aujour-
d'hui pour signaler cette propagande qui ne
tend pas à établir là où elle s'exerce le com-
munisme, liais à surexciter le sentiment natio-
nal, à provoquer des troubles qui auront leur
ïépercuasion en Europe, et finiront ainsi par
déterminer la grande crise d'où sortira la révo-
lution univepelle. Tout cela donc est connu,
archi-connu, dirais-je.
Mais il ne faut pas donner à la propagande
bolchevique l'occasion de s'exercer avec suc-
cès, et lui préparer un ,terrain favorable. Or,
dans les milieux ouvriers des grandes, cités de
Ta cote chinoise, qu'a-t-on fait dans ce sens ?
Tout ce qu'il ne fallait pas faire.
La presse anglaise et la presse italienne ont
publié sur les conditions de travail dans les
usines de Shanghaï des renseignements fort édi-
fiants. Voici ce1 qu'écrit à ce sujet le comte
Sforza, ancien mirçstre des Affaires étrangères
d'Italie : « Les enfants travaillent dans des
verreries brûlantes sous un climat qui, pendant
six mois, est torride, de 6 heures du matin à
',11 heures du soir ; dans les filatures, l'horaire
des enfants est le même que celui des adultes.
Les mineurs restent jusqu'à 20 heures sous
terre. 11 n'y a de repos hebdomadaire pour
personne ; on travaille sept jours sur sept, ce
qui, il est vrai, répond à l'usage chinois sécu-
laire d'une seule longue viacancé au Carnaval,
au début de l'année lunaire. Mais la Chine
d'alors n'était qu'une Chine d'artisanat tran-
quille. »
Le Gouvernement de Pékin, le Conseil mu-
nicipal de Shanghai se sont émus de cette si-
tuation. Le Conseil municipal tavait voté une
loi réglementant le travail des enfants. Mais
il fallait qu'elle fût validée par l'Assemblée
des contribuables européens. Cette assemblée
fut convoquée au début de mai, mais elle ne
put avoir lieu piarce que seule l'infime mino-
E
rité se présenta. La plupart des uropéens
s'étaient entendus pour la boycotter.
Tels sont les faits. Quand j'en ai, avants
hier, donné coVfïaissance à la Commission des
Affaires étrangères, certains collègues ont paru
les mettre en doute. Or, j'en ai, depuis, trouvé
la confirmation dans un discours de. M. Chain-
berlain, ministre des Affaires étrangères d' An-
gleterre et dans une fort intéressante correspon-
dance du Journal des Débats. Trail/ant des pro-
testations des étudiants conviéa en faveur des
grévistes, celui-ci n'hésite pas à les proclamer
fondées.
Est-ce à dire - que nous - donnions - notre - appro-
bation à la propagande bolchevique,. Là n est
pas la question. Mais nous ne pouvons nous
empêcher de condamner cette exploitation de
l'enfance et de l'ouvrier chinois. rai entendu
dire à certains : « Mais aap. les usines chi-
noises, la condition des ouvriers n'estf pas meil-
leure.» C'est possible. Mais qu'est-ce que cela
prouve ? F.4 puis est-ce que les Européens
* n'ont pas pour mission d'élever le niveatl ma-
tériel des travailleurs indigènes dont ils utili-
sent le concours ?
Le comte Sforza le dit dans l'article dont
nous avons cité des passages. La Chine d'au-
jourd'hui n'est plus 1% Chine d'autrefois, c'est
évident. Auséi devins-nous adopter notre poli-
tique européenne à ces changements. Les mé-
thodes sur les caractères desquelles nous au-
rions de nombreuses réserves à faire, mais qui
ont pu donner autrefois quelques résultats, sont
aujourd'hui à jamais condamnées.
J'entends dire, par aillleurs, qu'il faut re-
courir à la manière forte, user de représailles,
et, même si c'est nécessaire, entreprendre une
action militaire. Ce sont là propos inconsidérés
au moins en ce qui concerne l'expédition mili-
taire.
Il y a, pour résoudre ce problème délicat,
d'autres moyens, moins dangereux et plus effi-
caces. Les esprits les moins entachés de sym-
pathie révolutionnaire n'ont aucune confiance
dans les méthodes qui ont été si longtemps en
honneur. Ils pensent qu'il faut tenir compte
des transformations qu'a subies la mentalité
chinoise et que la guerre n'a fait qu'accélérer.
Il convient de penser sérieusement à modifier
le régime des étrangers en Chine.
La Conférence de Washington l'a fait espé-
rer à ce pays. Or, depuis, rien n'a été fait.
Ce n'est qu'hier seulement qu'a été soumis à
l'approbation des Chambres françaises les deux
traitée internationaux signés le 6 février à Was-
hington et retadfe, le premier aux principes et
à la politique concernant la Chine, le second
au tarif des douanes chinoises. Des raisons, en
apparence excellentes, et sur lesquelles nous
n'insistons pas, sont données pour justifier ce
retard ; mais il aurait été, somme toute, préfé-
irable de faire plus tôt, en faveur d'un pays
qui est sorti ulcéré des négociations de pa ix,
ce geste de cordiale amitié. Le Parlement s'ef.
forcera, sans aucun doute, de ne pas ajouter à
ce retard.
Mais ceci n est qu une partie de t oeuvre à
réaliser. Il faut étudier et sans délai les moyens
d'améliorer les relations de la Chine avec les
grandes puissances. La Conférence douanière
Internationale qui se réunira à Shanghaï doit
rechercher ces conditions. Nous souhaitons que
les Gouvernements- se rendent enfin compte
qu'il est temps qu'elle se mette à l'oeuvre.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
commission des Allaires étran-
gères, membre de la Commission
des Colonies.
-–
INSPECTION DE6 COLONIES
-0-
MM. Haranger (Daniel), Cayet (Georges)
et Bagot (Fernand), inspecteurs adjoints des
colonies, ont été promus au grade d'inspec-
teur de 38 classe des colonies, pour compter
du 5 juillet 1925.
Magistrature coloniale
0-0-
M. Lalande-Desjardins, précédemment
nommé conseiller à la Cour d'Appel de
l'Afrique occidentale française et non ins-
tallé, a été nommé, sur sa demande, con-
seiller à la Cour d'Appel de la Nouvelle-
Calédonie.
M. Gtabé, conseiller à la Cour d'Appel de
la Guadeloupe, a été nommé conseiller a
la Cour d'Appel de l'Afrique occidentale
française, en remplacement de M. Lalande-
Dcsjardins.
M. Jeanson (Gaston, François, Jedn-Bap-
liste), licencié en droit, avocat défenseur à
Nouméa .a été nommé conseiller à la Cour
d'Appel de la Nouvelle-Calédonie, en rem-
placement de .M. Lalande-Desjardins, pré-
cédemment nommé conseiller à la Cour
d'Appel de l'Afrique occidentale française.
Toute l'Afrique en motocyclette
M. Ozanne, qui fut opérateur de cinéma-
tographe de la mission Tranin-Duvarne,
vient d'entreprendre la traversée de l'Afri-
que de l'ouest à l'eft, dans sa plus grande
largeur, en motocyclette.
La machine est une 3 CV seulement.
Parti de Dakar, M. Ozanne vient d'ar-
river à Ouagadougou, couivrant ainsi 2.000
kilomètres environ à travers l'Afrique cen-
brafle. Il continue vers le Tchad.
Ce motocycliste, qui avait déj'à prouvé
son « cran » comme tourneur de manivelle,
le prouve encore mieux par l'extraordi-
naire: randonnée qu'il poursuit actuelle-
ment.
Nos vœux les plus sincères l'accompa-
gnent.
Légion d'Honneur
Sont promus ou nommés dans la Légion
d'honneur au titre de la Grande Chancellerie
de la Légion d'honneur :
Au grade d'officier:
M. ROUYeT, ancien président du Conseil
Général de Constantine.
An grade de chevalier 7
M. Barbreau, ancien sous-préfeti en Algérie.
M. Bergé, agent-voyer de la ville de Saï-
gon, en retraite.
M. Chairy, professeur en retraite, ancien
professeur au Lycée d'Alger.
M. Jore, juge, président du Tribunal d'ap-
pel de Djibouti.
Transsaharien
Voici qwon nous pré-
sente une nouvelle incar-
nation du transsaharien,
ce c serpent de mer -
de la presse coloniale,
dont on pouvait pourtânt
espérer la dispartiion dé-
finitive après une longlte
histoire languissante.
- - - - - –o *
Le premier des projets de voie transsaha-
rienne vit le jour en 1861 et le dernier faisait
encore quelque bruit voici deux ans. Entre
les deux il y en eut cC innombrables. Les plus
anciens préconisaient le chemin de fer comme
l'instrument indispensable pour la pacifica-
tion du Sahara. Le Sahara ayant été pacifié
peu à peu, depuis lors, sans chemin de fer
et par des moyens plus sûrs, on chercha des
justifications nouvelles dans le domaine
économique : le Transsaharien devait ressus-
citer la vieille route des caravanes, faire à
nouveau du Sahara la grande voie des échan-
ges et de Tombouctou le grand port inté-
rieur qtéils avaient été jusqu à Vouverture, au
xie siècle, des ports de la côte et des voies
y aboutissant. Malheureusement ce projet
grandiose (en dehors même des difficultés
d'établissement et d'exploitation qui sont
énormes, en particulier le manque d'eau)
présentait une objection capitale : la voie de
mer, dix fois moins chère pour les marchan-
dises, resterait toujours préférée à la voie
de terre, même théoriquement plus courte..
On revint alors, depuis la guerre et sous
l'insiration du général Mangin, à une con-
ception politique et militaire : le Transsaha-
rien, voie « impériale D, devait créer un bloc
territorial français de Dunkerque à Porto-
Novo et amener rapidement les troupes noires
en France en cas de mobilisation. Ce projet,
assez sérieusement étudié, fut adapté en 1923
par le Conseil Supérieur de la Défense Na-
tionale. Il ne semble pas que sa réalisation
en ait été avancée, l'hypothèse de son utili-
sation lointaine ne semblant sans doute pas
contre-balancer son caractère antiéconomique
trop certain.
Le nouveau projet, que nous avons entre
les mains, reprend, en les aggravant par-
fois, tous les arguments anciens, de tous or-
dres. Il semble anime qu'il reprenne "ssi
tous les anciens tracés. Mais ce respect de
toutes les traditions ne Vempéche pas d'inno-
ver, et dans une direction plutôt imprévue :
le Transsaharien, d'après lui, serait, avant
tout, le débouché futur. du Katanga belge!
Certes, il admet que la voie de mer par Ma.
tadi ou Lobito-Bay aura toujours Vavantage
pour l'évacuation des marchandises lourdes.
Mais il compte sur un trafic suffisant en
voyageurs, sacs postaux et « produits d'un
prix élevé et de faible poids » pour entrete-
nir deux trains par jour sur ses 5.000 kilo-
mètres de voie désertique. Malheureusement
le Katanga et le bassin du Congo Kont guère
eu à évacuer jusqiiici que du cuivre, de
l'étain, des oléagineux et des bois, produits
plutôt lourds. Quant aux voyageurs et à la
poste eux-mêmes, ils semblent bien devoir
être pris. un 'jour par l'aviation, 11 ne paraît
donc pas que les recettes imaginées pour
couvrir toutes les dépenses de la ligne (y cont-
pris l'amortissement et' au "delà!) puissent
être jamais ébauchées autrement que sur le
papier.
Sans doute notre pénurie financière ac-
tuelle nous préserve-t-elle de toutes ces fan-
taisies ferroviaires, amusantes sur la carte,
mais ruineuses et ne répondant à aucun ieilé-
rèt véritable, sauf peut-être celui des cons-
- --" - ., ,.
tructeurs éventuels. C est aeja assez, four-
tant, que certains, esprits métropolitains puis-
sent encore s'y égarer, alors que toutes nos
colonies à Vheure actuelle (VÂ. O. F. inté-
rieure et l'A.E.F. en particulier) souffrent
de l'insuffisance ou de l'inexistence de leurs
débouchés vers la mer. Seule la création ou
la prolongation des lignes côtières amènera
l'activité et la richesse civilisatrices dans (Cim-
menses régions jusqtèalors fermées. L'avenir
certain de l'Afrique, continent clos, s'élabo-
rera seulement par ces percées directes, et
avec des sommes bien misérables comparées
à celles qui paieraient la chimère décorative
et décevante d'un chemin 'de fer saharien.
William Bertrand,
Député de la Charente-Intérieure,
membre de la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats.
LES OOLOlllAflWOllSEftVfiTOlRE
L'unique premier prix de piano (hommes) dé-
cerné cette année est allé à un jeune colonial,
M. René Dreyfus, qui fut touché de la. grâce
musicale il y a cinq ans, à Madagascar,
dès qu'il eut entendu, par hasard, plaquer un
acrord air un piano.
M. Rcnô Dreyfus n'en est aujourd'hui qu'à
son quatorzième printemps, et c'est déjà un
artiste. Il avait révélé, l'an dernier, une nature
exceptionnellement douée. A tout ce que lui a
appris de sÜre technique son éminenl profes-
seur Mme Long, il ajoute ce qui ne s'apprend
pas : une sonorité exquisemcnt sensible, émou.
vante. Il a An outre, quand il le faut, la force et
l'éclat. Son interprétation de l'admirable 4a Bal-
lade de Chopin emporta le jury, le public. et
la suprême récompense.
Simultanément, à un jour près, Mlles Clavlus
Marius et Rinaud, deux: gentilles coloniales obte-
naient chacune un 2° prix de piano.
Est-ce cms colonies que nous viendra désormais
ta lumière, la lumière artistique ? En tout cas, les
trois sympathiques musiciens dont nous signa-
lons avec plaisir le succès nous apportent mieux
nue ces « virtualités » dont parlait naguère M.
ae Monzie,
j R. L.
AU SENAT
- 0- 0 1-
DEBATS
Les événements dii Maroc
D'accord avec M. Paul Painlevé, M. Paul
Bluysen a interpellé hiey le Gouvernement
au Sénat. Le Sénateur de l'Inde a réclamé
des renseignements du Gouvernement sur
notre action « militaire et politique au Ma-
roc » puis a demandé à la Haute Assemblée
d'adresser « ses hommages et ses remer-
ciements au maréchal Lyautey, aux géné-
raux, aux officiers et aux soldats qui com-
battent au Maroc, aux indigènes qui ont fait
oreuve de loyalisme. » -
-n M. Henry Chéron est venu ensuite à la
Irihune dénoncer, avec force détails, le
périL de la propagande, communiste.
Discours de M. Painlevé
Après une courte intervention de M.
Gourju, M. Painlevé, en prenant possession
de la tribune, s'est tout d'abord élevé con-
tre les indications fausses relatives aux ef-
fectifs engagés et aux (pertes subies au Ma-
roc.
« Les forces françaises actuellement au
Maroc, déclare le Président du Conseil, dé-
fassent à peine d'un quart celles qui s'y
trouvaient avant la grande guerre et même
il y a encore quatre ans. C'est une fable
odieuse et ridicule que de prétendre que,
dans une seule bataille, nous avons perdu
1.600 hommes. En réalité, le total des offi-
piers et soldats tués ou disparus depuis le
tfébut de la campagne atteint 400. Ce chif-
fre, quelque douloureux qu'il soit, suffit à
replacer les événements à leur échelle
véritable. »
M. Painlevé évoque ensuite la campagne
jnenée par le parti communiste pour faire
croire que les responsabilités de la gu-ez-Q
pèsent sur le Gouverne'ment français.
« Nous n'avons commis aucun acte depro-
vocation, mais nous avons subi une vérita-
ble agression. On parle de grande guerre,
mais p'est plutôt une opération de police
que nous faisons-, rien de plue. Laissons aux
choses le nom qui leur convient.
Nous nous heurtons à do grandes diffi-
cultés. L'armée rifaine vaut, non point
par ses armements, mais par ses soldats,
soldais forts, vigoureux, courageux, habi-
tuée à une guerre de guérillas et d'em-
bûches, aptes à se mouvoir sur un ter-
Tain difficile, qu'ils connaissent admira-
blement. Mais nous avons maintenant à
pied d'œuvre les armes nécessaires, no-
tamment Les tanks, et notre action mili-
taire va devenir décisive. »
Très applaudi le chef du Gouvernement
a (terminé son discours en rendant un
juste hommage à nos troupes, au corps
médical et à l'aviation sanitaire.
« Nous ne négligerons rien,a-t-il dit,pour
repousser l'agresseur, mais en même
temps nous ne négligerons aucune occa-
sion pour rétablir au Maroc une paix di-
gne de la France, de ses droits, de son
honneur et de son prestige. »
M. Painlevé a réponde ensuite aux
alarmes de M. Henry Chéron sur la pro-
pagande communistte el déclare » qu'en
défendant le Maroc, c'est l'Airiquc du
Nord tout entière que nous défendons ».
M. Briand à la tribune
M. Briand a indiqué en réponse à une
question de M. de Blois au sujet des né-
gociations possibles avec l'Espagne, pour
empédher l'action soviétique dans le Rif,
qu'il est naturel que la France et l'Es-
pagne, animées d'un même esprit de paix,
se rapprochent et se concertent au sujet
du Maroc. Déjà, des résultats ont été ob-
tenus. La France a tout A gagner à se
réchauffer à la sympathie des autres peu-
ples.
« Nos oreilles sont ouvertes à des pro-
positions de paix, qui pourront nous être
faites par qui est qualifié pour les faire.
Ainsii, nous retrouveroais la sympathie de
tous les peuples du Maroc. Pendant la
guerre, nous avons fait confiance aux po-
pulations de toules nos possessions exté-
rieures, nous avons raniiomé chez nous
ton tes nos 1 or ce s. Les (populations, non-
seulement ne se montrèrent pas révoltées,
mais elles contribuèrent à notre défense.
(Raies ont versé leur sang pour la France,
et la France ne peut désespérer d'elles.
Penser autrement, ce serait faire injure à
notre patrie. »
L'ordre d'u jour de condamne accepté
par le Gouvernera ont et signé de MM.
I?iénvenu--Mar1in, Henry Chéron, Strauss
et Hcrvcy, présidents des quatre groupes
républicains du Sénat, ainsi libellé :
« Le Sénat exipiime a nouveau aux vail-
lantes troupes du Maroc et à leur chef la
reconnaissance de la République : affirme
à la fois. les intentions pacifiques de la
France et sa ferme volonté de défendre
comlre l'agression d'Abd el Krim le terri-
toire confié -à notre protectorat ; approuve
les déclarations du gouvernement et, con-
fiant en lui tant pour donner à noCre ac-
tion militaire et diplomatique une conclu-
sion qui sauvegarde l'œuvre civilisatrice
de la France, que pour réprimer les exci-
tations dirigées contre l'armée, contre la
patrie et de nature à mettre en péril la vie
de nos soldais, passe a l'ordre du jour » a
été voté à l'unanimité des 290 votants.
L'inauguration du phare aérien
du Mont-Afrique
--0-0-
Le phare du Mont-Afrique (près Dijon),
dont nous avons déjà parlé à nos lecteurs,
vient d'être officiellement inauguré en pré-
sence de M. Terrisse, chef du Service de
ta Navigation aérienne, et de M. Guibesrt,
inspecteur du Service de Radio.
Le Service Technique de l'Aéronautique
avait délégué un de ses pilotes et le minis-
tère de la Gueirre alerté quelques escadril-
les entre Paria- et Lyon pour étudier la
visibilité du phM.
Au Conseil d'État
00
Annulation d'un arrêté du Gouverneur des
Etablissements Français de l'Océanie.
Par décision en date du 11 mai 1920, le
Gouverneur de l'Océanie rétrogradait de la
2° classe à la 3Q classe de son emploi,
M. Gérard, relieur à l'Imprimerie des Eta-
blissements français de cette colonie, a rai-
son de son intervention dans l'élection
d'un délégué au Conseil supérieur des Co-
lonies.
L'intéressé introduisit alors une requête
au Conseil d'Etat, aux fins d'annulation de
cette décision.
Le requérant fit valoir que le Gouverneur
de la Colonie, se référant à une dépêche mi-
nistérielle, avait violé un droit fondamental
,qui appartient à tous les citoyens, en pres-
crivant à ses subordonnés, par sa circu-
laire du 4 mars 1920, de s'abstenir de toute
intervention dans l'élection en question.
Le requérant rappela que, simple agent de
gestion, il n'avait pas commis d'abus de
fonction en soutenant, par gratitude, un
des candidats.
A quoi le ministre des Colonies répondit
que M. Gérard avait tenu une réunion pu-
blique sans procéder aux formalités préa-
lables de déclarations prévues par la loi ;
que, par ailleurs, il appartenait à l'Admi-
nistration ,d'interdire aux fonctionnaires
une participation électorale.
Cette affaire, dont l'importance n'échap-
pera pas aux fonctionnaires et aux agents
des colonies, a été mise en délibéré par le
Conseil d'Etat.
Cette haute jurisprudence a purement et
simplement annulé l'arrêté du Gouverneur
des Etablissements français de l'Océanie, en
date du 11 mai 1920, pour les motifs ci-
après :
Le Conseil, considérant qu'aux termes de
l'article 4 § 3 du décret du 25 janvier 1925
la Commission d'enquête, instituée pour le
personnel des Imprimeries du Gouverne-
ment aux Colonies, est composée d'un
administrateur des Colonies ou d'un chef
de bureau des secrétariats généraux de la
Colonie, d'un agent du service de l'impri-
merie, membres ;
Considétant. qu'il est constant que la
Commission d'enquête était présidqeue e par
par
un sous-chef de bureau des secrétariats gé-
néraux des Colonies et comprenant un com-
mis principal des secrétariats généraux des
Colonies ; qu'il suit de là que cette Com-
mission était irrégulièrement composée et
que le requérant est fondé à soutenir que
la décision attaquée est entachée d'excès
de pouvoir.
Tableau d'avancement du personnel
de l'A. O. F.
Le Conseil d'Etat, considérât qu'il ré-
sulte des observations présentées par le
ministre des Colonies, que le tableau
d'avancement attaqué a été rapporté par
arrêté du 19 septembre 1924 ; est, dès
lors, sans objet la requête de M. Chameau,
commis principal des trésoreries de l'Afri-
que Occidentale Française, contre lo ta-
bleau d'avancement du personnel do la Tré-
sorerie de l'A. O. F., dressé pour l'exer-
cice Jœu.
Désordres à Tanger
0-0-
La grève de protestation contre les clau-
ses fiscales du nouveau statut de Tanger
bat son plein. Quelques boutiques fran-
çaises et une boutique britannique ont ou-
vert leurs portes hier matin, mais elles ont
dû immédiatement les refermer, les devan-
tures ayant été brisées à. coup de pierre
par les grévistes.
La police, voulant intervenir, essuya le
feu des manifestants, dont elle n'eut raTSon
qu'après avoir blessjé deux Espagnols à
coups de baïonnette.
Les bureaux du journal français, les
Annales Tangéroises ont été démolis par
les émeutiers que l'on croit ètre prin-
cipalement des Espagnols
La police française surveille lesi marchés
en dehors des murs de la ville, tandis que
la police espagnole fait des patrouilles dans
les rues. 4
TAUX OFFICIEL DE LA ROUPIE
–o–
Le Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans l'Inde vient de faire connaître au
ministre des Colonies qu'à la date du 28
juin 1025 le taux officiel de la roupie était
de 7 fr, 60.
,–
Les laines de iAtrique ou nord
I 'i
M. Michel Lallour, administrateur délé-
gué de l'Union Ovine de l'Afrique du Nord
vient au cours d'une réunion à Tourcoing,
de rendre compte de son récent voyage au
Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Le programme d'alction est douible. Il
comporte une œuvre de longue haleine en
vue de l'amélioration des races ovines de
l'Afrique du Nord, œuvre qui se réalisera
progressivement par la collaboration cons-
tante des sections marocaine algérienne
et tunisienne de l'Union Ovine avec les
administrations, et il comporte quelques
iniliutives immédiates qui feront l'mtjct de
sociétés spéciales en voie de constitution.
M. Lallour a expliqué notamment com-
ment la création d'une « Société Nord-Afri-
caine de Tonte » permettra d'assurer une
récolte correcte de lia laine. Des ateliers
automobiles exécuteront la tonte mécani-
que des moulons, le classment dps toi-
sons et leur emballage en hn 1100 scellées.
Il sera possible de donner ou outre cer-
tains soins prophylactiques aux aninianx.
Des Bourses, de laines compléteront cette
organisation : elles se tiendront chaque
année dans les quatre principaux centres
de l'Afrique du Nord, avec la collabora-
tion des Chamhres de Commerce, et elles
permettront aux négociants et aux indus-
triels français de s'intéresser davantage à
la production lainière de ces pays.
La guerre au Maroc
LE HAUT COMMANDEMENT
On annonçait hier dans les couloirs del I$-
Chambre que la nomination d'un général
commandant en chef au Maroc, qui seraifr-
le maître absolu des opérations, était sur
le point d'être signée.
le Certains précisaient que ce général en
chef serait sans doute Je général Targe.
LES OPERATIONS
Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, trois-
attaques successives contre les camps du
groupe mobile du Haut-Leben ont été arrê-
tées par nos tirs d'artillerie et d'infanteriei,
Plus à l'est, des attaques assez vives se
sont produites dans la région de M'Slia et
au coude de l'oued M'Soun.
Nos troupes ont maintenu leurs positions.
Rien à signaler sur le reste du front.
CHEZ L'ENNEMI
Selon des renseignements parvenus à Fez
les villages de Gnornara et Cote seraient.
vides, leurs habitants seraient envoyés chez
les Beni Zeroual ou sur l'Ouergha.
Plusieurs Rifains ont déclaré que les tri-
bus du Rif sont actuellement très éprou-
vées.
Abd el Krim utilise pour sa propagande
le fait qu'il fait face aux Espagnols et aux
Français à la fois et il annonce qu'il chas-
sera les uns et les autres bientôt du Maroc.
Il aurait actuellement réparti devant no-
tre front nord des forces atteignant 25.000
fusils, dont un grand nombre rifaines.
Nos prisonniers
Au cours d'une interview, M. Giraudoux,
chef du service de la presse au ministère
des Affaires étrangères, a déclaré que nous
ne devons pas avoir plus de 200 ou 250
hommes faits prisonniers par les Rifains.
Sauf quelques sous-officiers, ce sont deg
Sénégalais.
Les ambitions d'Abd el Krim
Au cours de l'entrevue qu'il a eue récem-
ment avec M. Echevarrieta, Abd el Krim
aurait exigé La. reconraissance d'un Etat
indépendant du Rif qui aurait pour fron-
tière : a l'ouest la ligne Primo de Rivera,
et s'étendrait à l'est jusqu'à l'oued Kert,
englobant les tribus de Beni-Said, Beni-
Ouïiohek et Taferoit, actuellement occupées
par l'armée espagnole.
Abd el Krim aurait indiqué en outre qu'il
se contenterait, au sud, de la vallée de
l'Ouergha.
LA FETE DE L'AIT-EL-KUBM
Les fêtes de rAït-el-Kebir ont commencé
hier au milieu d'une très grande affluence.
Le matin, escorté do sa garde noire, le sul-
-tan Moulaï Youssef, affirmant en ce jour
de cérémonie musulmane sa double puis-
sance politique et religieuse, s'est rendu au
milieu d'une l'oule énorme à la M'Salla, le
mur de pierre situé dans la plaine, sur la
route de Meknès.
Au premier rang, on remu'quait les
grands caïds qui représentent les principa-
les tribus de la région de Marrakech : Si
Kaddour ben Ghabrit, ministre plénipoten-
tiaire, le pacha de Fez, les rands vizirs,
des caïds de la réigion de Tanger.
Quand la prière est terminée, lo sultan,
avec un couteau d'argent, égorge un mou-
ton qu'un cavalier emporte aussitôt sur
une mule au Dar el Maghzen, où l'animal
doit arriver encore vivant. Dans chaque-
famille un mouton est ainsi tué le jour de
l'Aït-el-Kebir.
ZONE ESPAGNOLE
Toutes les nouvelles qui parviennent à.
Tanger de la région des Djcballas et de
celle des Andjeras concordent pour laisser
,prévoir une attaque, sur tous les fronts, au
lendemain de l'Aït-el-Kcbir.
L'arrivée de nombreux contingents rifains
est signalée à Chechaouen.
DEFAITISME ?
Les correspondants de guerre espagnols
qui se trouvent actuellement au quartier
général français envoient à Madrid des
communiqués pessimistes sur la situation
au front français.
Le 25 juin, notamment, lo correspondant
du journal « Eil Sol » écrivait :
« La situation est critique au nord de la
route de Foz-Taza, l'ennemi a coupé les
communications avec l'arripre de Aïn-Aï-
cha, qui est la base de la colonne volante
du colonel Freydenberg.
DON AUX BLESSES
La colonie française de, Mexico a envoyé
une somme de 15.000 francs pour les bles-
sés du Maroc.
La Conférence de Madrid
Le général Jordana, MM. Mailvy, de Per-
retti de la Rocca, de Sorbier de pougnado-
resse, et Aguire de Carcer, ont examine
ensemble avant-hier les questions soumi-
ses à la Cnnférrncc. Ils se sont réunis de
nouveau hier.
A l'issue do cette réunion, le çiénêral
Jordana a déclaré aux journalistes que seS'
impressions sont- bonnos et que les pour-
parlers marchant admirablement. Il a ajou-
té que la Conférence a une importance ex-
c optionnelle, fondamental1.1, H qu'elle, étaft
indispensable.
Le Il'nt''ra.l Primo de Rivera a exposé au.
Conseil du Directoire les résultats de son
entretien avec, M. Malvy. Le Conseil a exa-
miné pTtsnUc l'état «les travaux de la con-
féronce.
On annonce le retour en France, après
un séjour colonial de près de quatre ans,
de M. Hector Simoncau, procureur général
do la Guyanr. L'intérim a été confié à
M. dhaspoul, substitut du procureur génô-*
rai. 1
r-'- - - --- --------.---- --- -------------- ----- - --- - -
Les Annales Coloniales
le 4i! 5 d 1 - le à
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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lr. MO t M w 35 »
On »'«baana dansions 1M BorMuda perte et -. principaux libraine
La Chine et l'Europe
Les troubles de Shanghaï et de Canton ne
sont pas encore apaisés ; le mouvement parait
même s'étendre dans des centres assez éloignés
de son point d'origine. Les journaux d'hier
nous signalent des manifestations analogues
dans la Chityç du Nord, à Pékin notamment.
Cette agitation n'a pas, pour nous, Fiançais,
au moins en ce moment, la même importance
que les opérations du Rif, elle ne semble pas
surtout dirigée contre nous ; les Anglais et les
Japonais sont, en effet, infiniment plus visés que
nous ne le sommes. Mais ces constatations ne
peuvent pas légitimer à l'égard de ces événe-
ments une indifférence dont nous pourrions avoir
bientôt à nous repentir.
On connaît l'origine des faits. Des ouvriers
employés dans des manufactures japonaises
avaient fait grève. Des étudiants eurent un
jour l'idée de manifester en leur faveur sur la
concession internationale. La police anglaise
intervint, fit feu sur la foule et Bua quelques
manifestants. Le lendemain, nouvelle manifes-
tation, intetcfite comme la précédente, et nou-
velle tuerie. Au total, vingt et un tués et de
nombreux blessés.
Ce fut alors dans toute la Chine et dans tous
les milieux des protestations et des manifesta-
tions sans fin qui visaient tout d'abord les An-
glais et les Japonais, mais qui, peu à peu,
s'adressèrent aux étrangers. « On entendit, dit
le correspondant du Journal des Débats, le cri
farouche : « Chassez les étrangers », et par-
fois le cri forcené : « Mort aux étrangers. »
« Tout cela, ajoute-t-il, est très grave. C'est
incontestable. Et les dépêches de Pékin aux-
quelles je Ceia allusion ci-dessus, indiquent que
le mouvement n'est pas resté limité à la Chine
du Sud.
Dès qu'ils ont appris ces événements, bon
nombre d' Européens n'ont pas manqué de don-
ner libire cours à leur indignation contre les Cé-
lestes, et ont ensuite tourné leur colère contre
les Soviets. « C'est encore un coup des bol-
cheviks », se sont-ils écrié.
On connaît trop mon sentiment sur la politi-
que nationaliste du Gouvernement de Moscou
pour que j'aie à me défendre de quelque com-
̃J ai s art ce ii son égard. Mais c'est un peu trop
commode de rejeter constamment sur elle la
responsabilité d'événements fâcheux dans l'ori-
gine/desquels nous avons notre part. J'ai lu
Ay d le document qu'a publié un journal du
matin et qui nous 'montre l'action du consul
russe de Shanghaï dans les milieux ouvriers de
cette ville. A supposer qu'elle soit authentique,
eg rien ne permet jusqu à présent d'en douter,
cette pièce ne nous apprend pas grand'chose
de nouveau. Nous n'avons pas attendu aujour-
d'hui pour signaler cette propagande qui ne
tend pas à établir là où elle s'exerce le com-
munisme, liais à surexciter le sentiment natio-
nal, à provoquer des troubles qui auront leur
ïépercuasion en Europe, et finiront ainsi par
déterminer la grande crise d'où sortira la révo-
lution univepelle. Tout cela donc est connu,
archi-connu, dirais-je.
Mais il ne faut pas donner à la propagande
bolchevique l'occasion de s'exercer avec suc-
cès, et lui préparer un ,terrain favorable. Or,
dans les milieux ouvriers des grandes, cités de
Ta cote chinoise, qu'a-t-on fait dans ce sens ?
Tout ce qu'il ne fallait pas faire.
La presse anglaise et la presse italienne ont
publié sur les conditions de travail dans les
usines de Shanghaï des renseignements fort édi-
fiants. Voici ce1 qu'écrit à ce sujet le comte
Sforza, ancien mirçstre des Affaires étrangères
d'Italie : « Les enfants travaillent dans des
verreries brûlantes sous un climat qui, pendant
six mois, est torride, de 6 heures du matin à
',11 heures du soir ; dans les filatures, l'horaire
des enfants est le même que celui des adultes.
Les mineurs restent jusqu'à 20 heures sous
terre. 11 n'y a de repos hebdomadaire pour
personne ; on travaille sept jours sur sept, ce
qui, il est vrai, répond à l'usage chinois sécu-
laire d'une seule longue viacancé au Carnaval,
au début de l'année lunaire. Mais la Chine
d'alors n'était qu'une Chine d'artisanat tran-
quille. »
Le Gouvernement de Pékin, le Conseil mu-
nicipal de Shanghai se sont émus de cette si-
tuation. Le Conseil municipal tavait voté une
loi réglementant le travail des enfants. Mais
il fallait qu'elle fût validée par l'Assemblée
des contribuables européens. Cette assemblée
fut convoquée au début de mai, mais elle ne
put avoir lieu piarce que seule l'infime mino-
E
rité se présenta. La plupart des uropéens
s'étaient entendus pour la boycotter.
Tels sont les faits. Quand j'en ai, avants
hier, donné coVfïaissance à la Commission des
Affaires étrangères, certains collègues ont paru
les mettre en doute. Or, j'en ai, depuis, trouvé
la confirmation dans un discours de. M. Chain-
berlain, ministre des Affaires étrangères d' An-
gleterre et dans une fort intéressante correspon-
dance du Journal des Débats. Trail/ant des pro-
testations des étudiants conviéa en faveur des
grévistes, celui-ci n'hésite pas à les proclamer
fondées.
Est-ce à dire - que nous - donnions - notre - appro-
bation à la propagande bolchevique,. Là n est
pas la question. Mais nous ne pouvons nous
empêcher de condamner cette exploitation de
l'enfance et de l'ouvrier chinois. rai entendu
dire à certains : « Mais aap. les usines chi-
noises, la condition des ouvriers n'estf pas meil-
leure.» C'est possible. Mais qu'est-ce que cela
prouve ? F.4 puis est-ce que les Européens
* n'ont pas pour mission d'élever le niveatl ma-
tériel des travailleurs indigènes dont ils utili-
sent le concours ?
Le comte Sforza le dit dans l'article dont
nous avons cité des passages. La Chine d'au-
jourd'hui n'est plus 1% Chine d'autrefois, c'est
évident. Auséi devins-nous adopter notre poli-
tique européenne à ces changements. Les mé-
thodes sur les caractères desquelles nous au-
rions de nombreuses réserves à faire, mais qui
ont pu donner autrefois quelques résultats, sont
aujourd'hui à jamais condamnées.
J'entends dire, par aillleurs, qu'il faut re-
courir à la manière forte, user de représailles,
et, même si c'est nécessaire, entreprendre une
action militaire. Ce sont là propos inconsidérés
au moins en ce qui concerne l'expédition mili-
taire.
Il y a, pour résoudre ce problème délicat,
d'autres moyens, moins dangereux et plus effi-
caces. Les esprits les moins entachés de sym-
pathie révolutionnaire n'ont aucune confiance
dans les méthodes qui ont été si longtemps en
honneur. Ils pensent qu'il faut tenir compte
des transformations qu'a subies la mentalité
chinoise et que la guerre n'a fait qu'accélérer.
Il convient de penser sérieusement à modifier
le régime des étrangers en Chine.
La Conférence de Washington l'a fait espé-
rer à ce pays. Or, depuis, rien n'a été fait.
Ce n'est qu'hier seulement qu'a été soumis à
l'approbation des Chambres françaises les deux
traitée internationaux signés le 6 février à Was-
hington et retadfe, le premier aux principes et
à la politique concernant la Chine, le second
au tarif des douanes chinoises. Des raisons, en
apparence excellentes, et sur lesquelles nous
n'insistons pas, sont données pour justifier ce
retard ; mais il aurait été, somme toute, préfé-
irable de faire plus tôt, en faveur d'un pays
qui est sorti ulcéré des négociations de pa ix,
ce geste de cordiale amitié. Le Parlement s'ef.
forcera, sans aucun doute, de ne pas ajouter à
ce retard.
Mais ceci n est qu une partie de t oeuvre à
réaliser. Il faut étudier et sans délai les moyens
d'améliorer les relations de la Chine avec les
grandes puissances. La Conférence douanière
Internationale qui se réunira à Shanghaï doit
rechercher ces conditions. Nous souhaitons que
les Gouvernements- se rendent enfin compte
qu'il est temps qu'elle se mette à l'oeuvre.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
commission des Allaires étran-
gères, membre de la Commission
des Colonies.
-–
INSPECTION DE6 COLONIES
-0-
MM. Haranger (Daniel), Cayet (Georges)
et Bagot (Fernand), inspecteurs adjoints des
colonies, ont été promus au grade d'inspec-
teur de 38 classe des colonies, pour compter
du 5 juillet 1925.
Magistrature coloniale
0-0-
M. Lalande-Desjardins, précédemment
nommé conseiller à la Cour d'Appel de
l'Afrique occidentale française et non ins-
tallé, a été nommé, sur sa demande, con-
seiller à la Cour d'Appel de la Nouvelle-
Calédonie.
M. Gtabé, conseiller à la Cour d'Appel de
la Guadeloupe, a été nommé conseiller a
la Cour d'Appel de l'Afrique occidentale
française, en remplacement de M. Lalande-
Dcsjardins.
M. Jeanson (Gaston, François, Jedn-Bap-
liste), licencié en droit, avocat défenseur à
Nouméa .a été nommé conseiller à la Cour
d'Appel de la Nouvelle-Calédonie, en rem-
placement de .M. Lalande-Desjardins, pré-
cédemment nommé conseiller à la Cour
d'Appel de l'Afrique occidentale française.
Toute l'Afrique en motocyclette
M. Ozanne, qui fut opérateur de cinéma-
tographe de la mission Tranin-Duvarne,
vient d'entreprendre la traversée de l'Afri-
que de l'ouest à l'eft, dans sa plus grande
largeur, en motocyclette.
La machine est une 3 CV seulement.
Parti de Dakar, M. Ozanne vient d'ar-
river à Ouagadougou, couivrant ainsi 2.000
kilomètres environ à travers l'Afrique cen-
brafle. Il continue vers le Tchad.
Ce motocycliste, qui avait déj'à prouvé
son « cran » comme tourneur de manivelle,
le prouve encore mieux par l'extraordi-
naire: randonnée qu'il poursuit actuelle-
ment.
Nos vœux les plus sincères l'accompa-
gnent.
Légion d'Honneur
Sont promus ou nommés dans la Légion
d'honneur au titre de la Grande Chancellerie
de la Légion d'honneur :
Au grade d'officier:
M. ROUYeT, ancien président du Conseil
Général de Constantine.
An grade de chevalier 7
M. Barbreau, ancien sous-préfeti en Algérie.
M. Bergé, agent-voyer de la ville de Saï-
gon, en retraite.
M. Chairy, professeur en retraite, ancien
professeur au Lycée d'Alger.
M. Jore, juge, président du Tribunal d'ap-
pel de Djibouti.
Transsaharien
Voici qwon nous pré-
sente une nouvelle incar-
nation du transsaharien,
ce c serpent de mer -
de la presse coloniale,
dont on pouvait pourtânt
espérer la dispartiion dé-
finitive après une longlte
histoire languissante.
- - - - - –o *
Le premier des projets de voie transsaha-
rienne vit le jour en 1861 et le dernier faisait
encore quelque bruit voici deux ans. Entre
les deux il y en eut cC innombrables. Les plus
anciens préconisaient le chemin de fer comme
l'instrument indispensable pour la pacifica-
tion du Sahara. Le Sahara ayant été pacifié
peu à peu, depuis lors, sans chemin de fer
et par des moyens plus sûrs, on chercha des
justifications nouvelles dans le domaine
économique : le Transsaharien devait ressus-
citer la vieille route des caravanes, faire à
nouveau du Sahara la grande voie des échan-
ges et de Tombouctou le grand port inté-
rieur qtéils avaient été jusqu à Vouverture, au
xie siècle, des ports de la côte et des voies
y aboutissant. Malheureusement ce projet
grandiose (en dehors même des difficultés
d'établissement et d'exploitation qui sont
énormes, en particulier le manque d'eau)
présentait une objection capitale : la voie de
mer, dix fois moins chère pour les marchan-
dises, resterait toujours préférée à la voie
de terre, même théoriquement plus courte..
On revint alors, depuis la guerre et sous
l'insiration du général Mangin, à une con-
ception politique et militaire : le Transsaha-
rien, voie « impériale D, devait créer un bloc
territorial français de Dunkerque à Porto-
Novo et amener rapidement les troupes noires
en France en cas de mobilisation. Ce projet,
assez sérieusement étudié, fut adapté en 1923
par le Conseil Supérieur de la Défense Na-
tionale. Il ne semble pas que sa réalisation
en ait été avancée, l'hypothèse de son utili-
sation lointaine ne semblant sans doute pas
contre-balancer son caractère antiéconomique
trop certain.
Le nouveau projet, que nous avons entre
les mains, reprend, en les aggravant par-
fois, tous les arguments anciens, de tous or-
dres. Il semble anime qu'il reprenne "ssi
tous les anciens tracés. Mais ce respect de
toutes les traditions ne Vempéche pas d'inno-
ver, et dans une direction plutôt imprévue :
le Transsaharien, d'après lui, serait, avant
tout, le débouché futur. du Katanga belge!
Certes, il admet que la voie de mer par Ma.
tadi ou Lobito-Bay aura toujours Vavantage
pour l'évacuation des marchandises lourdes.
Mais il compte sur un trafic suffisant en
voyageurs, sacs postaux et « produits d'un
prix élevé et de faible poids » pour entrete-
nir deux trains par jour sur ses 5.000 kilo-
mètres de voie désertique. Malheureusement
le Katanga et le bassin du Congo Kont guère
eu à évacuer jusqiiici que du cuivre, de
l'étain, des oléagineux et des bois, produits
plutôt lourds. Quant aux voyageurs et à la
poste eux-mêmes, ils semblent bien devoir
être pris. un 'jour par l'aviation, 11 ne paraît
donc pas que les recettes imaginées pour
couvrir toutes les dépenses de la ligne (y cont-
pris l'amortissement et' au "delà!) puissent
être jamais ébauchées autrement que sur le
papier.
Sans doute notre pénurie financière ac-
tuelle nous préserve-t-elle de toutes ces fan-
taisies ferroviaires, amusantes sur la carte,
mais ruineuses et ne répondant à aucun ieilé-
rèt véritable, sauf peut-être celui des cons-
- --" - ., ,.
tructeurs éventuels. C est aeja assez, four-
tant, que certains, esprits métropolitains puis-
sent encore s'y égarer, alors que toutes nos
colonies à Vheure actuelle (VÂ. O. F. inté-
rieure et l'A.E.F. en particulier) souffrent
de l'insuffisance ou de l'inexistence de leurs
débouchés vers la mer. Seule la création ou
la prolongation des lignes côtières amènera
l'activité et la richesse civilisatrices dans (Cim-
menses régions jusqtèalors fermées. L'avenir
certain de l'Afrique, continent clos, s'élabo-
rera seulement par ces percées directes, et
avec des sommes bien misérables comparées
à celles qui paieraient la chimère décorative
et décevante d'un chemin 'de fer saharien.
William Bertrand,
Député de la Charente-Intérieure,
membre de la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats.
LES OOLOlllAflWOllSEftVfiTOlRE
L'unique premier prix de piano (hommes) dé-
cerné cette année est allé à un jeune colonial,
M. René Dreyfus, qui fut touché de la. grâce
musicale il y a cinq ans, à Madagascar,
dès qu'il eut entendu, par hasard, plaquer un
acrord air un piano.
M. Rcnô Dreyfus n'en est aujourd'hui qu'à
son quatorzième printemps, et c'est déjà un
artiste. Il avait révélé, l'an dernier, une nature
exceptionnellement douée. A tout ce que lui a
appris de sÜre technique son éminenl profes-
seur Mme Long, il ajoute ce qui ne s'apprend
pas : une sonorité exquisemcnt sensible, émou.
vante. Il a An outre, quand il le faut, la force et
l'éclat. Son interprétation de l'admirable 4a Bal-
lade de Chopin emporta le jury, le public. et
la suprême récompense.
Simultanément, à un jour près, Mlles Clavlus
Marius et Rinaud, deux: gentilles coloniales obte-
naient chacune un 2° prix de piano.
Est-ce cms colonies que nous viendra désormais
ta lumière, la lumière artistique ? En tout cas, les
trois sympathiques musiciens dont nous signa-
lons avec plaisir le succès nous apportent mieux
nue ces « virtualités » dont parlait naguère M.
ae Monzie,
j R. L.
AU SENAT
- 0- 0 1-
DEBATS
Les événements dii Maroc
D'accord avec M. Paul Painlevé, M. Paul
Bluysen a interpellé hiey le Gouvernement
au Sénat. Le Sénateur de l'Inde a réclamé
des renseignements du Gouvernement sur
notre action « militaire et politique au Ma-
roc » puis a demandé à la Haute Assemblée
d'adresser « ses hommages et ses remer-
ciements au maréchal Lyautey, aux géné-
raux, aux officiers et aux soldats qui com-
battent au Maroc, aux indigènes qui ont fait
oreuve de loyalisme. » -
-n M. Henry Chéron est venu ensuite à la
Irihune dénoncer, avec force détails, le
périL de la propagande, communiste.
Discours de M. Painlevé
Après une courte intervention de M.
Gourju, M. Painlevé, en prenant possession
de la tribune, s'est tout d'abord élevé con-
tre les indications fausses relatives aux ef-
fectifs engagés et aux (pertes subies au Ma-
roc.
« Les forces françaises actuellement au
Maroc, déclare le Président du Conseil, dé-
fassent à peine d'un quart celles qui s'y
trouvaient avant la grande guerre et même
il y a encore quatre ans. C'est une fable
odieuse et ridicule que de prétendre que,
dans une seule bataille, nous avons perdu
1.600 hommes. En réalité, le total des offi-
piers et soldats tués ou disparus depuis le
tfébut de la campagne atteint 400. Ce chif-
fre, quelque douloureux qu'il soit, suffit à
replacer les événements à leur échelle
véritable. »
M. Painlevé évoque ensuite la campagne
jnenée par le parti communiste pour faire
croire que les responsabilités de la gu-ez-Q
pèsent sur le Gouverne'ment français.
« Nous n'avons commis aucun acte depro-
vocation, mais nous avons subi une vérita-
ble agression. On parle de grande guerre,
mais p'est plutôt une opération de police
que nous faisons-, rien de plue. Laissons aux
choses le nom qui leur convient.
Nous nous heurtons à do grandes diffi-
cultés. L'armée rifaine vaut, non point
par ses armements, mais par ses soldats,
soldais forts, vigoureux, courageux, habi-
tuée à une guerre de guérillas et d'em-
bûches, aptes à se mouvoir sur un ter-
Tain difficile, qu'ils connaissent admira-
blement. Mais nous avons maintenant à
pied d'œuvre les armes nécessaires, no-
tamment Les tanks, et notre action mili-
taire va devenir décisive. »
Très applaudi le chef du Gouvernement
a (terminé son discours en rendant un
juste hommage à nos troupes, au corps
médical et à l'aviation sanitaire.
« Nous ne négligerons rien,a-t-il dit,pour
repousser l'agresseur, mais en même
temps nous ne négligerons aucune occa-
sion pour rétablir au Maroc une paix di-
gne de la France, de ses droits, de son
honneur et de son prestige. »
M. Painlevé a réponde ensuite aux
alarmes de M. Henry Chéron sur la pro-
pagande communistte el déclare » qu'en
défendant le Maroc, c'est l'Airiquc du
Nord tout entière que nous défendons ».
M. Briand à la tribune
M. Briand a indiqué en réponse à une
question de M. de Blois au sujet des né-
gociations possibles avec l'Espagne, pour
empédher l'action soviétique dans le Rif,
qu'il est naturel que la France et l'Es-
pagne, animées d'un même esprit de paix,
se rapprochent et se concertent au sujet
du Maroc. Déjà, des résultats ont été ob-
tenus. La France a tout A gagner à se
réchauffer à la sympathie des autres peu-
ples.
« Nos oreilles sont ouvertes à des pro-
positions de paix, qui pourront nous être
faites par qui est qualifié pour les faire.
Ainsii, nous retrouveroais la sympathie de
tous les peuples du Maroc. Pendant la
guerre, nous avons fait confiance aux po-
pulations de toules nos possessions exté-
rieures, nous avons raniiomé chez nous
ton tes nos 1 or ce s. Les (populations, non-
seulement ne se montrèrent pas révoltées,
mais elles contribuèrent à notre défense.
(Raies ont versé leur sang pour la France,
et la France ne peut désespérer d'elles.
Penser autrement, ce serait faire injure à
notre patrie. »
L'ordre d'u jour de condamne accepté
par le Gouvernera ont et signé de MM.
I?iénvenu--Mar1in, Henry Chéron, Strauss
et Hcrvcy, présidents des quatre groupes
républicains du Sénat, ainsi libellé :
« Le Sénat exipiime a nouveau aux vail-
lantes troupes du Maroc et à leur chef la
reconnaissance de la République : affirme
à la fois. les intentions pacifiques de la
France et sa ferme volonté de défendre
comlre l'agression d'Abd el Krim le terri-
toire confié -à notre protectorat ; approuve
les déclarations du gouvernement et, con-
fiant en lui tant pour donner à noCre ac-
tion militaire et diplomatique une conclu-
sion qui sauvegarde l'œuvre civilisatrice
de la France, que pour réprimer les exci-
tations dirigées contre l'armée, contre la
patrie et de nature à mettre en péril la vie
de nos soldais, passe a l'ordre du jour » a
été voté à l'unanimité des 290 votants.
L'inauguration du phare aérien
du Mont-Afrique
--0-0-
Le phare du Mont-Afrique (près Dijon),
dont nous avons déjà parlé à nos lecteurs,
vient d'être officiellement inauguré en pré-
sence de M. Terrisse, chef du Service de
ta Navigation aérienne, et de M. Guibesrt,
inspecteur du Service de Radio.
Le Service Technique de l'Aéronautique
avait délégué un de ses pilotes et le minis-
tère de la Gueirre alerté quelques escadril-
les entre Paria- et Lyon pour étudier la
visibilité du phM.
Au Conseil d'État
00
Annulation d'un arrêté du Gouverneur des
Etablissements Français de l'Océanie.
Par décision en date du 11 mai 1920, le
Gouverneur de l'Océanie rétrogradait de la
2° classe à la 3Q classe de son emploi,
M. Gérard, relieur à l'Imprimerie des Eta-
blissements français de cette colonie, a rai-
son de son intervention dans l'élection
d'un délégué au Conseil supérieur des Co-
lonies.
L'intéressé introduisit alors une requête
au Conseil d'Etat, aux fins d'annulation de
cette décision.
Le requérant fit valoir que le Gouverneur
de la Colonie, se référant à une dépêche mi-
nistérielle, avait violé un droit fondamental
,qui appartient à tous les citoyens, en pres-
crivant à ses subordonnés, par sa circu-
laire du 4 mars 1920, de s'abstenir de toute
intervention dans l'élection en question.
Le requérant rappela que, simple agent de
gestion, il n'avait pas commis d'abus de
fonction en soutenant, par gratitude, un
des candidats.
A quoi le ministre des Colonies répondit
que M. Gérard avait tenu une réunion pu-
blique sans procéder aux formalités préa-
lables de déclarations prévues par la loi ;
que, par ailleurs, il appartenait à l'Admi-
nistration ,d'interdire aux fonctionnaires
une participation électorale.
Cette affaire, dont l'importance n'échap-
pera pas aux fonctionnaires et aux agents
des colonies, a été mise en délibéré par le
Conseil d'Etat.
Cette haute jurisprudence a purement et
simplement annulé l'arrêté du Gouverneur
des Etablissements français de l'Océanie, en
date du 11 mai 1920, pour les motifs ci-
après :
Le Conseil, considérant qu'aux termes de
l'article 4 § 3 du décret du 25 janvier 1925
la Commission d'enquête, instituée pour le
personnel des Imprimeries du Gouverne-
ment aux Colonies, est composée d'un
administrateur des Colonies ou d'un chef
de bureau des secrétariats généraux de la
Colonie, d'un agent du service de l'impri-
merie, membres ;
Considétant. qu'il est constant que la
Commission d'enquête était présidqeue e par
par
un sous-chef de bureau des secrétariats gé-
néraux des Colonies et comprenant un com-
mis principal des secrétariats généraux des
Colonies ; qu'il suit de là que cette Com-
mission était irrégulièrement composée et
que le requérant est fondé à soutenir que
la décision attaquée est entachée d'excès
de pouvoir.
Tableau d'avancement du personnel
de l'A. O. F.
Le Conseil d'Etat, considérât qu'il ré-
sulte des observations présentées par le
ministre des Colonies, que le tableau
d'avancement attaqué a été rapporté par
arrêté du 19 septembre 1924 ; est, dès
lors, sans objet la requête de M. Chameau,
commis principal des trésoreries de l'Afri-
que Occidentale Française, contre lo ta-
bleau d'avancement du personnel do la Tré-
sorerie de l'A. O. F., dressé pour l'exer-
cice Jœu.
Désordres à Tanger
0-0-
La grève de protestation contre les clau-
ses fiscales du nouveau statut de Tanger
bat son plein. Quelques boutiques fran-
çaises et une boutique britannique ont ou-
vert leurs portes hier matin, mais elles ont
dû immédiatement les refermer, les devan-
tures ayant été brisées à. coup de pierre
par les grévistes.
La police, voulant intervenir, essuya le
feu des manifestants, dont elle n'eut raTSon
qu'après avoir blessjé deux Espagnols à
coups de baïonnette.
Les bureaux du journal français, les
Annales Tangéroises ont été démolis par
les émeutiers que l'on croit ètre prin-
cipalement des Espagnols
La police française surveille lesi marchés
en dehors des murs de la ville, tandis que
la police espagnole fait des patrouilles dans
les rues. 4
TAUX OFFICIEL DE LA ROUPIE
–o–
Le Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans l'Inde vient de faire connaître au
ministre des Colonies qu'à la date du 28
juin 1025 le taux officiel de la roupie était
de 7 fr, 60.
,–
Les laines de iAtrique ou nord
I 'i
M. Michel Lallour, administrateur délé-
gué de l'Union Ovine de l'Afrique du Nord
vient au cours d'une réunion à Tourcoing,
de rendre compte de son récent voyage au
Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Le programme d'alction est douible. Il
comporte une œuvre de longue haleine en
vue de l'amélioration des races ovines de
l'Afrique du Nord, œuvre qui se réalisera
progressivement par la collaboration cons-
tante des sections marocaine algérienne
et tunisienne de l'Union Ovine avec les
administrations, et il comporte quelques
iniliutives immédiates qui feront l'mtjct de
sociétés spéciales en voie de constitution.
M. Lallour a expliqué notamment com-
ment la création d'une « Société Nord-Afri-
caine de Tonte » permettra d'assurer une
récolte correcte de lia laine. Des ateliers
automobiles exécuteront la tonte mécani-
que des moulons, le classment dps toi-
sons et leur emballage en hn 1100 scellées.
Il sera possible de donner ou outre cer-
tains soins prophylactiques aux aninianx.
Des Bourses, de laines compléteront cette
organisation : elles se tiendront chaque
année dans les quatre principaux centres
de l'Afrique du Nord, avec la collabora-
tion des Chamhres de Commerce, et elles
permettront aux négociants et aux indus-
triels français de s'intéresser davantage à
la production lainière de ces pays.
La guerre au Maroc
LE HAUT COMMANDEMENT
On annonçait hier dans les couloirs del I$-
Chambre que la nomination d'un général
commandant en chef au Maroc, qui seraifr-
le maître absolu des opérations, était sur
le point d'être signée.
le Certains précisaient que ce général en
chef serait sans doute Je général Targe.
LES OPERATIONS
Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, trois-
attaques successives contre les camps du
groupe mobile du Haut-Leben ont été arrê-
tées par nos tirs d'artillerie et d'infanteriei,
Plus à l'est, des attaques assez vives se
sont produites dans la région de M'Slia et
au coude de l'oued M'Soun.
Nos troupes ont maintenu leurs positions.
Rien à signaler sur le reste du front.
CHEZ L'ENNEMI
Selon des renseignements parvenus à Fez
les villages de Gnornara et Cote seraient.
vides, leurs habitants seraient envoyés chez
les Beni Zeroual ou sur l'Ouergha.
Plusieurs Rifains ont déclaré que les tri-
bus du Rif sont actuellement très éprou-
vées.
Abd el Krim utilise pour sa propagande
le fait qu'il fait face aux Espagnols et aux
Français à la fois et il annonce qu'il chas-
sera les uns et les autres bientôt du Maroc.
Il aurait actuellement réparti devant no-
tre front nord des forces atteignant 25.000
fusils, dont un grand nombre rifaines.
Nos prisonniers
Au cours d'une interview, M. Giraudoux,
chef du service de la presse au ministère
des Affaires étrangères, a déclaré que nous
ne devons pas avoir plus de 200 ou 250
hommes faits prisonniers par les Rifains.
Sauf quelques sous-officiers, ce sont deg
Sénégalais.
Les ambitions d'Abd el Krim
Au cours de l'entrevue qu'il a eue récem-
ment avec M. Echevarrieta, Abd el Krim
aurait exigé La. reconraissance d'un Etat
indépendant du Rif qui aurait pour fron-
tière : a l'ouest la ligne Primo de Rivera,
et s'étendrait à l'est jusqu'à l'oued Kert,
englobant les tribus de Beni-Said, Beni-
Ouïiohek et Taferoit, actuellement occupées
par l'armée espagnole.
Abd el Krim aurait indiqué en outre qu'il
se contenterait, au sud, de la vallée de
l'Ouergha.
LA FETE DE L'AIT-EL-KUBM
Les fêtes de rAït-el-Kebir ont commencé
hier au milieu d'une très grande affluence.
Le matin, escorté do sa garde noire, le sul-
-tan Moulaï Youssef, affirmant en ce jour
de cérémonie musulmane sa double puis-
sance politique et religieuse, s'est rendu au
milieu d'une l'oule énorme à la M'Salla, le
mur de pierre situé dans la plaine, sur la
route de Meknès.
Au premier rang, on remu'quait les
grands caïds qui représentent les principa-
les tribus de la région de Marrakech : Si
Kaddour ben Ghabrit, ministre plénipoten-
tiaire, le pacha de Fez, les rands vizirs,
des caïds de la réigion de Tanger.
Quand la prière est terminée, lo sultan,
avec un couteau d'argent, égorge un mou-
ton qu'un cavalier emporte aussitôt sur
une mule au Dar el Maghzen, où l'animal
doit arriver encore vivant. Dans chaque-
famille un mouton est ainsi tué le jour de
l'Aït-el-Kebir.
ZONE ESPAGNOLE
Toutes les nouvelles qui parviennent à.
Tanger de la région des Djcballas et de
celle des Andjeras concordent pour laisser
,prévoir une attaque, sur tous les fronts, au
lendemain de l'Aït-el-Kcbir.
L'arrivée de nombreux contingents rifains
est signalée à Chechaouen.
DEFAITISME ?
Les correspondants de guerre espagnols
qui se trouvent actuellement au quartier
général français envoient à Madrid des
communiqués pessimistes sur la situation
au front français.
Le 25 juin, notamment, lo correspondant
du journal « Eil Sol » écrivait :
« La situation est critique au nord de la
route de Foz-Taza, l'ennemi a coupé les
communications avec l'arripre de Aïn-Aï-
cha, qui est la base de la colonne volante
du colonel Freydenberg.
DON AUX BLESSES
La colonie française de, Mexico a envoyé
une somme de 15.000 francs pour les bles-
sés du Maroc.
La Conférence de Madrid
Le général Jordana, MM. Mailvy, de Per-
retti de la Rocca, de Sorbier de pougnado-
resse, et Aguire de Carcer, ont examine
ensemble avant-hier les questions soumi-
ses à la Cnnférrncc. Ils se sont réunis de
nouveau hier.
A l'issue do cette réunion, le çiénêral
Jordana a déclaré aux journalistes que seS'
impressions sont- bonnos et que les pour-
parlers marchant admirablement. Il a ajou-
té que la Conférence a une importance ex-
c optionnelle, fondamental1.1, H qu'elle, étaft
indispensable.
Le Il'nt''ra.l Primo de Rivera a exposé au.
Conseil du Directoire les résultats de son
entretien avec, M. Malvy. Le Conseil a exa-
miné pTtsnUc l'état «les travaux de la con-
féronce.
On annonce le retour en France, après
un séjour colonial de près de quatre ans,
de M. Hector Simoncau, procureur général
do la Guyanr. L'intérim a été confié à
M. dhaspoul, substitut du procureur génô-*
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