Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-06-22
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 juin 1925 22 juin 1925
Description : 1925/06/22 (A25,N93). 1925/06/22 (A25,N93).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396940w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-CINQUIEME ANNEE. - K 93 LE NUMERO : M CBWMES ----- ---------- - -------- - - - LUNDI SOIR, Il JUIN 10"
Les Annales Coloniales
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Au pays du M'zab
- - >♦»
Le pays du M'zab a été, récemment, signalé
à l'attention publique par la mention dans les
journaux du rejet par le Conseil d'Etat du
pourvoi que ses habitants, les Mozabites, avaient
engagé devant ce tribunal suprême contre les
décisions des diverses juridictions, repoussant
leur prétention de ne pas être soumis, comme
Jes autres indigènes algériens, au service mili-
taire.
- Il y a longtemps que durait ce procès. Il
était par lui-même fort curieux, et les arguments
des Mozabites fort intéressants. Il faut croire
que cela me suffisait pas à leur donner une va-
leur juridique, puisqu'ils ont été inadimis par
toute la hiérarchie des tribunaux.
Les Mozabites, éternels réfractaires, seront
donc astreints au service militaire. Je -crains
qu'ils n'y brillent guère, sans y mettre aucune
mauvaise volonté, à moins que, les dispensant
du maniement d'armes et des exercices pour
lesquels ils ont une réelle inaptitude physique,
on ne Jes emploie au ravitaillement des colonnes
expéditionnaires ou des postes les plus avancés
dans le Sahara. Mais cette suggestion risque de
ne pas être comprise d'une administration qui
pratique rarement l'utilisation, des compétences.
Les Mozabites, en effet, sont, par atavisme,
de merveilleux pourvoyeurs. A l'époque où
r Algérie n'était pas sillonnée comme aujour-
d'hui de voies ferrées et de routes, ils réali-
saient un continuel prodige en alimentant le pays
où ils se sont installés qui est loin de produire
par lui-même les denrées les plus nécessaires à
l'existence. et où ils apportaient de très loin,
par caravanes, bravant les difficultés et les pé-
rils d'un long trajet, presque tout ce q l'leur
population consommait. - 'r
- Pays plus étrange encore que ses étranges
habitatits ! Aujourd'hui, on s'y rend asaez- aisé-
ment, et il devient un des buts du tourisme cos-
mopolite. D'Alger, 280 kilomètres de chemin
de fer conduisent à Dfel fa à travers un paysage
extraordinairement varié. Des services d autobus
réguliers fonctionnent1 sur les 100 kilomètres qui
séparent Djelfa de Laghouat. Ce court trajet se
fait déjà à travers le désert sablonneux ; La-
Wtouah, c'est déjà l'oasis avec ses palmiers, ses
tratcheurs, son soleil. *
De Laghouat, des autobus circulent aussi sur
les 200 kilomètres qu'il faut franchir pour par-
avenir à Gardaia, au cœur du M'zab.
On traverse d abord une suite de vallons
étroits et peu profonds bordés de pistachiers
térébinthes groupés en boqueteauv. C'est la
région des dayas, d'un aspect absolument spé-
cial. Après une halte, pour déjeuner, au cara-
vansérail de Tilgremt, on pénètre dans la cheb-
ka- du M'zab.
Que ce soit à cheval, à mehari, à pied, en
auto, nul ne peut traverser sans émoi, presque
sans angoisse, cette immense étendue chaotique
de pierres incendiées. C'est la mort dans la)
désolation. Pas un arbre, pas une plante, pas
une mousse. Des rochers noirs, tourmentés, tor-
dus, hostiles. Une épouvante étemelle plane sur
cette stérilité.
Et soudain apparaissent des palmiers vigou-
reux, des jardins, des maisons. Ce sont les
villes du M'zalb. D'abord. Berriane, en avant.
garde dans son oasis verdoyante. Puis les cinq
villes sacrées que quelques kilomètres seùle.
ment séparent les unes des autres : Ghardaia,
la capitale ; Beni-Isgue, la cité sainte par excel-
lence; Bou-Noura, Melika, El Aleuf ; plus
loirf, vers l'Est, à 100 kilomètres de Ghardaia"
à l'extrémité de la chebka pierreuse, dans la
direction des sables de Touggourt, la septième
ville du M'zab, Guerrara.
Dans ce pays, il pleut en moyenne tous les
huit ans. La chronologie des familles se base
sur les années où, dans le lit dei tÛlled, un peu
d'eau a coulé. Les cimetières sont creusés dans
le roc, et les Mozabites qui s'en vont gagner
de l'or gai leur génie commercial dans les ré-
gions du Nord, dans les villes au littoral, n'ont
qu',un but : venir dormir leur dernier sommeil
dans ces abris de pierre. Le forage d'un puits
\eSt un travail d'art difficile, long, très coûteux.
Ces jardins fleuris représentent par leur création,
par leur entretien, un effort qui est un défi tran-
quille à la nature.
Qu'est-ce que des hommes sont donc venus
chercher dans un pays pareil situé loin 3e tout,
loin de la route des caravanes, loin des centres
où ils pouvaient s'approvisionner, loin des au-
tres hommes ?
C'est précisément cela qu'ils sont venus cher-
cher : la solitude. Cette désolation qui les en-
toure les a retenus, parce qu'elle était pour eux
une protection. Derrière cette mort, ils abri-
taient leur vie et leur foi.
Les Mozabites actuels sont, en effet, les des-
cendants des Abbadites de race berbère, der-
niers fidèles de l'hérésie kharedjite qui faisait
d'eux les puritains, les quakers de l'Islam. Les
Arabes les persécutèrent, les chassèrent de leur
capitale, Takdemt aujourd'hui Tiaret. tn
cap i ta l e,
vain,, se réfugièrent-ils dans le SahaTa, à ledra..
iba, à Ouargla. La haine religieuse les y pour-
suivit. La prise âOuargla, en 1075, fut l'occa-
sion d'un gmnd massacre des leurs. Ceux qui
purent s'enfuir, persévérantidans leur foi, cher-
chèrent un asile, et c'est précisément l'aridité,
l'horreur, la cHtficufcé dT accès du M'zab qui les
décidèrent à s'y installer, dans l'espoir que le
désert de pierres swait une barrière qui les pro-
tégerait contre la fureur de leurs ennemis.
On conçoit que ces hommes portent un amour
profond à ce pays. Ils ne l'ont pas trouvé com-
me tous les peuples migrateurs qui se sont dé..
tés dans un site qui les séduisait au bord d'un
fleuve, au carrefour des routes. dans des plaines
fertiles. Ils l'ont fait de leur travail ; ils en ont
conquis l'étendue mètre par mètre sur la pierre
inféconde; il leur a servi de bouclier et de
rempart. _A_-
- - - - -
Comment, dans ce milieu, Join des autres
hommes, ont pu se développer chez les Moza-
bites les étonnantes aptitudes commerciales dont
ils font preuve ? Certains l'expliquent en les
donnant comme les authentiques descendants des
Carthaginois. Nous ne nous hasarderons pas à
la. discussion scientifique de cette thèse qui trou-
ve des points de repère appréciables dans le
physique même des habitants du M'zab très
différent de celui des autres populations algé-
riennes, mais surtout dans des affinités morales
indéniables, telles que ces dispositions innées
pour le trafic qui l distinguent et l'éloignement
pour le métier des armes par lequel ils vien-
nent de se signaler une fois de plus. Il n'y a
pas jusque dans la construction et la disposition
de leurs villes que l'on ne retrouve des analogies
singulières avec ce que nous savons de Carthage
et des colonies phéniciennes.
Le service militaire modjfiera-t-il la mentalité
et les goûts des futures générations mozabites ?
Il y faudra, si ce résultat doit se produire, bien
des années, bien des classes. On peut souhai-
ter, du reste, qu'il ne soit ni trop prompt ni
trop complet. Ce petit peuple qui ne compte
pas 35.000 âmes, est loin d'être antipathique.
Il X a quelque chose de touchant dans l'amour
qu il porte au pays qu'il s'est donné, qu'il s'est
créé, quelque chose de touchant aussi dans le
maintien jaloux de ses traditions, de son orga-
nisation familiale - et sociale. -
Ces traditions, il a su les garder iptactes,
quoique héquentapt les tribus du Tell et les
villes euroaniséM. Presque tous ses jeunes
hommes y vont travailler. Une grande partie du
commerce de gros et de d6tail est entre leurs
mains. Leurs boutiques entassent sur quel ques
mètres carrés l'assortiment le plus hétéroclite
de demées et de marchandises. L'Arabe s'y
approvisionne sans qu'un courant de sympathie
s établisse entre le marchand et le client. La
population européenne y trouve bien souvent
d'utiles ressources, et le « moutchou », comme
elle appelle le commerçant détaillant, resté un
peu éninmatiaue pour elle.
Assis sur ses jambes croisées, atteignant d'un
geste lent la denrée qu'on lui demande, le
moutchou d'Alger, de Biskra, de Tlemcen,
pense au M'zab lointain où il envoie ses re-
cettes, au jour où il y reviendra avec un compte
dans une banque, sinon, par prudence, dans plu-
sieurs banques de Gtvardaîa. Alors, il pourra,
grâce à ses économies, embellir sa demeure,
faire creuser un nouveau puits et agrandir le
jardin où les palmiers mettent de l'ombre, les
orangers des parfums et des fruits d'or, les jas-
mins leurs -blanches clochettes embaumées, pour
attendre le jour où il ira, près des aVeux, repo-
ser sur la couche de pierre qui symbolise le
M'zab.
Ernest Haudoll,
Député de la Mame,
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commerciale
A la Commission de ililogrie
des Colonies aides protectorats
--0-0-- -
La Commission des colonies, réunie
sous la présidencè de M. Proust, a enten-
du M. ChanmeL, ministre du Commerce,
,su,p'pl"anL M. Andr6 Hessc, ministre des
COlDnies, actuellement soufffrant,. sur le
projet de loi portant création d'une ban-
ane d'émission à Madagascar.
- Après diverses observationts présentées
par MM. Angoulvant, Régis, Maitre, Ro-
ihngMa, le rapporteur M. Michel et ie mi-
nistre ont fait connaître leur avis. Le pré-
sident a remercié M. Chaumet d'avoir
bien voulu se rendre devant la Commis-
sion et il a fait connaître all Gouverne-
ment que la Commission des colonies al-
lait faire toute diligence pour que le projet
soit volé dans ;le plus bref délai possible.
Etaient préusenls : MM. Angoulvant,
Flayclle, Gasparin, GOllde (Finistère),
Henry llichl, La Groudière (de), Maître,
Perrcau-Pradier (Pierre), Poitou-Duples-
s,y, PromIt, Régis, Robaglia (Barthélémy),
Warren (Edouard de).
alib
Nouvelle ligne psiale dons le Facilique
---Q-O-
On annonce en Indochine qu'une grande
Compagnie américaine pourvue de beaux
bateaux installerait un service entre Ma-
nille, Batavia, Singapore, Saïgon et Haï-,
phong .Ces navires auraient des aménage-
menls luxueux.
La coïncidence de ces vapeurs et des
grands courriers français et étrangers ren-
drait un grand service au point de vue pos-
tal.
Un pigeon arrive du Maroc
Un industriel de la région lyonnaise, passant
en automobile sur la route de Saini-Heand à
Fonlanès. porta secours a un pigeon épuisé par
la ponrsuîte d'un épervier. Mais grande fui sa
surprise de constater, après l'avoir délivré,
qu'il portait, imprimé sur ses plumes, un ca-
chet indiquant sa provenance du Maroc. L'oi-
seau n'étant pas blessé grièvement, put re-
prendre son vol au bout d'un quart dTieuns.
Quo Vadis ? dut dire l'industriel. Mais cet
honorable touriste est de ceux"qut respectent
le secret des correspondances.
Les inquiétudes du Japon
0-0-
Vaccroissement conti-
nu de sa population-
malgré les tremblements
de terre, l'excédent annuel
des naissances sur les dé-
cès est de 700.000 enfants,
oblige le Japon à cher-
cher des débouchés pour
les nombreux habitants
qutl ne peut nourrtr.
Lt AméTiqtie, la Grande-Bretagne lui ont
fermé leurs parles. Les Japonais ne peuvent
ni posséder, ni louer une terre aux Philip-
pines. Ils ne peuvent, ni posséder, ni louer
aucune portion de terrain en Ckine. La Si-
bérie leur" est fermée. Et les pays de CAmé-
rique du Sud où ils espéraient pouvoir s'éta-
blir les menacent d'exclusion. Seul le Mexi-
que leur reste ouvert.
- Nous avons eu déjà l'occasion de marquer
le côté tragique de ce problème qui est un
des éléments les plus délicats de la question
du Pacifique.
C'est pour le Japon une question angois-
sante et qui l'irrite contre les peuples qui
paraissent lui contester le droit à l'existence.
Il a comme Vimpression qu'on veut Vétouf-
fer dans fin réseau d'interdictions soigneuse-
ment aménagées. Aussi est-il fort excité con-
tre VAnglo-Saxon qui lui bouche toutes les
brèches par où il pourrait pcnctrcr dans cer-
tains territoires quasi inhabités qui environ-
nent le gratta Océan.
Cette interdiction lui est d'autam plus in-
supportable quelle lui paraît plus injuste.
Le Japon a la conscience de ses capacités
colonisatrices. Il n'en veut pour preuve que
les résultats de son action dans la Mandchou-
rie du Sud.
En quime aIlS, écrit un publiciste japonais,
dont les affirmations sont confirmées par les
Européens qui ont visité le pays, la partie
la plus déshéritée de la Mandchourie esï-fas-
sée à une prospérité supérieure à celle de
tontes les autres provinces de la Chine, et de
toutes les autres colonies d'Extrême-Orient
sauf les Indes Néerlandaises. Et Vauteur
continue en nous montrant à l'aide de chif-
fres, la supériorité de la colonisation japo-
naise sur celle des Anglo-Saxons, moins ingé-
nieuse et surtout moins profitable aux
tallts dn pays; Un consul anglais lui
a jugé à propos de vanter, dans un banqîftt,
les entreprises japonaises qui savent combiner
avec bonheur, des activités nombreuses et
variées, qui sont habilement maniées et admi-
nistrées par les meilleurs cerveaux dIt lapon
et qui enfin, constituent une véritable leçon
démonstrative dans l'art de. mener un déve-
loppement pour Vutilité commune et de répan.
ire la civilisation par le chemin de fer.
Ces paroles ont sans aucun doute flatté
V amour-propre japonais, mais elles 1" ont pas
réussi à dissiper les inquiétudes d'un peuple
qui voit, selon Vexpression d'un écrivain Iran.
çais, s'enrouler plies étroitement autour de
son cott la corde qui doit Vétrangler.
Les Anglais en effet établissent à Singa-
pour la base navale dont nous avons récem-
ment entretenu nos lecteurs. Les Russes se
montrent actifs dans le nord de la Mand-
chourie et s'efforcent, grâce à une entente
avec le chemin de fer de l'Est chinois à dé-
river vers Vladivostock tout le trafic des im-
menses territoires de V Oussouri ct cela au
détriment de Dairett.
Les Américains enfin prolongent l'occupa-
fiolt des Philippines qu'ils ferment aux Japo-
nais. Bien plus, les récentes manœuvres de
leur flotte autour des îles Ii awai, a donné
l'impression qu'ils voulaient établir à Pearl-
Harbour, une base de Venvergure de celle
que l'Angleterre construit à l'entrée dit dé-
troit de Malacca. .1 --
Si ces projets, qui n ont rien d invraisem-
blable prennent corps, ils ne pourront -qu'être
dirigés contre l'empire du Soleil Levant, et
l'on conçoit facïlcmcntquc la prësse de T o-
hio s'en soit occupée. es journaux les plus
favorables aux Américains s'en sont émus-bl
n'ont pas été les derniers à protester avec vi-
vacité.
La diplomatie comme c'est son rôle, s'est
évertuée à calmer l'effervescence, mais avec
nn succès qui n'est qu'apparent. « Cette
eau bénite de cours dit un journal, ne suf-
fit pas à ccartcr du cœur des peuples japo;.
nais un soupçon aussi profond qu'il est re-
grettable. »
Ainsi, sur les bords du Pacifique, les con-
flits renaissent, ou plus exactement ne ces-
sent de succéder jusqu'au jour, où, si Von
n'y prend garde, ils n'aient un dénouement
que certains prévoient, mais que ceux qui
en ont les moycns, ne s'attachent pas à pré-
venir.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Affaires étran-
gères, membre de la Commission
des Celonies.
AU SBNÂT
L'interpellation de M. Bluysen
M. Bluysen, sénateur de l'Inde, voulait,
comme on sait, interpeller le Gouverne-
ment Sur l'affaire du Maroc.
- Mardi, dit M. Steeg, garde des sceaux,
M. Paimlevé viendra devant les Commis-
sions du Sénat donner toutes explications.
Immédiatement après, il seta t. la dispo-
sition de la Haute-Assemblée.
Le Sénat a accepté cette procédure.
l'AleotnfioaUon des chemins fle ?
en Afrique Équatoriale Française
vu
M. Edouard Daladier, lorsqu'il était mi-
nistre des Colonies, avait pris la décision indis-
pensable à la mise en valeur de notre Gmgp.
« Faites un chemin de fer ou abandonnez
l'Afrique Equatoriale », comme aurait dit le
regretté Marcel Sembat.
On avait commencé le chemin de fer avec
tous les tâtonnements inhérents à une opération
de ce genre, et même plus d'erreurs qu'il
n'était permis. Mais l'opinion publique inté-
ressée a accepté, adopté l'idée du chemin de
fer du Congo, et il va se faire rapidement. Au
Parlement, le chemin de fer de Brazzaville à
l'Océan a rencontré des défenseurs fervents.
Un seul point. l'électrification restait obs-
cure dans le texte du projet de loi, sinon dans
l'esprit du ministre.
On se rappelle les déclarations formelles
faites en faveur de l'électrification à la Com-
mission des Colonies du Sénat par M. Edouard
Daladier. A la suite des interventions de nos
amis, Mario Roustan, G. Gasser, Charles
Deloncle, le général Messimy, la Com-
mission Sénatoriale avait, d'ailleurs, manifesté
nettement sa volonté.
La Chambre précisera, semble-t-il, dans le
texte même de la loi, la même dédsion. En
effet, l'amendement suivant vient d'être déposé
aujourd'hui lundi sur le bureau de la Cham-
bre.
Article premier
Dans le premier paragraphe, après les mois :
« chemin de fer », ajouter « électrique ».
Exposé sommaire.
Alors que la ligne concurrente belge de Léo-
poldai/le à Maiadl est en voie J'électrificalion,
alors que des chutes d'eau inemployéexistent
dans la région de Brazzaville et dans tout le
Gabon, ce serait prendre une lourde respon-
sabilité de ne pas spécifier que la ligne reliani
Brazzaville à V Océan sera obligatoirement élec-
Irlaue.
Voici, au reste, les noms des signataires :
William Bertrand, Goude, Jacquier, Pierre
Taittinger, Nouelle, André Goirand, Brigault,
Charles Bnron, Pierre Va l ude, Aubïiot,
Gouin, Gasparin, Henry Fontanier, Gabriel
Angoulvant, Ernest Outrey, hrançois-Morel,
Lafagette. Geniaux, Louis Proust, de Warren,
Ginoux-Defermon, Roux-Freissineng, Henri
Michel, Perreaa-Pradier, H. Maitre, de
Saint-Just, de la Groudière, de la Riboisière,
Régis, Brocard, Poitou-Duplessy.
Au total, 31 membres sur 44 que compte
la Commission, et s'il y en a qui n'ont
pas signé, c'est uniquement parce que les cir-
constances n'ont pas permis aux promoteurs de
al' amendement d'e les joindre encore.
̃«>»
L'exploitation des mines l'or
par les indiganes en Guinés Fraisa
-0-0--
Le décret du 22 octobre 1924 qui vient de
réglementer à nouveau la recherche et l'exploi-
tation des gîtes naturels de substances minérales
en A. 0. F. a spécifié, dans son article 17,
que les indigènes conserveraient dans l'étendue
des régions ou périmètres exploités traditionnel-
lement par eux, leur droit coutunner d'exploiter
les gîtes d'or et autres substances minérales.
Ces régions ou périmètres et les substances
minérales qui en font l'objet devaient être dé-
terminées par des arrêtés des lieutenants-gou-
verneurs des colonies intéressées, pris dans un
délai de six mois.
L'arrêté ainsi prévu a été pris, pour la co-
lonie de la Guinée Française, à la date du 3
mai dernier. Il décide, en principe, que le
droit coutumier indigène d'exploitation s'étend
à tous les gisements aurifères de la colonie ac-
tuellement exploités par eux ou qu'ils auront
exploités jusqu' à une période postérieure au
28 novembre 1899, c'est-à-dire 25 ans avant
la promulgation en A. O. F. du décret du
22 octobre 1924. Il n'y aura déchéance de ce
droit que sur les gisements situés dans le péri-
mètre d'une concession délivrée avant cette
même date du 28 novembre 1925.
Les droits ainsi reconnus aux indigènes ne
peuvent être exercés que par ceux qui sont ori-
ginaires du canton sur le territoire duquel se
trouvent les gisements, à l'exclusion de tout
Européen agissant a titre de mandataire et de
tout indigène originaire d'autres régions. Les
indigènes bénéficiaires de ce droit peuvent se
grouper, au mieux de leurs intérêts, et confor-
mément à la coutume, pour exploiter ces gise-
ments.
Le même arrêté énumère ensuite les régions
sur lesquelles le droit coutumier d'exploiter les
gisements aurifères est reconnu, il décide enfin
qu'en cas de découverte par les indigènes d'un
nouveau gisement situé en dehors du périmètre
d'un permis de recherches ou d une concession
ils devront demander au Lieutenant-Gouver-
neur l' autorisation d'exploiter ce nouveau gise-
ment en employant leurs procédés actuels.
T.ire an seconde page :
La guerre au Maroc.
A la Chambre.
Mouvement gréviste dans les ports.
Au Conseil d'Etat.
Les courriers de l'Algérie, de la Tunisie et du
Maroc.
La pêche des langoustes
sur les côtes de Mauritanie en 1924
0-0-
Pendant l'année 1924, une trentaine de dun-
dees langoustiers furent enregistrés au séma-
phore du Cap Blanc ; sur ce nombre, vingt-six
appartenaient aux ports bretons, et particulière-
ment à Douarnenez.
Le Cap Blanc est principalement fréquenté
pendant les mois de janvier-février et mars ;
d' une façon générale, les dundees ne restent
que peu de temps dans ces parages. Ils re-
montent ensuite le long des côtes du Rio-de-
Oro, et parfois, si les résultats ne sont pas
suihsants, ils descendent vers le Sud jusqu' en
Gambie, si l'on signale des langoustes.
Les pêcheurs se sont plaints l'année der-
nière d'un appauvrissement des fonds : on pê-
che moins qu'autrefois, les campagnes durent
plus longtemps, donnent moins de résultats, et
cela malgré l'utilisation &un personnel de
plus en plus exercé et aussi malgré l'emploi
d'un nombre de filets de plus en plus élevé
D'où vient cet appauvrissement ? La lan-
gouste s'est-elle déplacée ou dïminue-t-elle en
nombre par destntction. extinction ou arrêt
dans la reproduction ? On manque de rensei-
gnements à ce sujet, mais la première hypothèse
paraît la plus probable ; on a déjà signalé des
cas de disparition des langoustes qui revenaient
ensuite, plus nombreuses, aux endroits d'où
elles avaient émigré.
Quoi qu'il en soit, la langouste de Maurita-
nie, bien que cotée à un prix inférieur à celle
de France ou d'Angleterre, se vend à son arri-
vée en Bretagne, à des taux qui sont encore
sufifsamment rémunérateurs.
Une certaine concurrence serait même faite
aux pêcheurs bretons, depuis 1924, par des
langoustiers espagnols ; mais cette concurrence
n'est pas dangereuse, parce que les équipages
français, plus adroitt et plus entraînés, attei-
gnent un rendement bien supérieur à celui des
pêcheurs espagnols.
9
La pêche à la baleine
en Mauritanie en 1924
-<>-0---
C'est une Société norvégienne, dont l' ins-
tallation principale est sur la côte de l'Angola,
qui se livre à la pêche de la baleine à Port-
Etienne. Pendant l'année 1924, elle a capturé
une soixantaine de ces cétacés en 25 .journées
de chasse environ.
Les baleines péchées appartiennent à plu-
sieurs espèces: baloénoptères, cachalots, etc.,
certaines baleines bleues dites de « Norvège »
existent également dans les parages du Cap
Blanc et sont particulièrement intéressantes,
puisqu'elles peuvent donner jusqu'à douze ton-
nes d'huile par animal.
Le système d'exploitation est connu : un na-
vire-usme servant en même temps de magasin
et comprenant un outillage perfectionné : qua-
tre bateaux chasseurs de faible tonnage avec
équipage de 9 à 10 hommes, une main-d' œu-
vre spécialisée et bien payée, une utilisation
immédiate des produits. Les chasseurs qui tou-
chent des primes importantes pour chaque cap-
ture vont et viennent sans prendre beaucoup de
repos.
L'animal poursuivi est harponné à l'aide du
canon-harpon et tué par l'explosion de la char-
ge placée au bout du harpon ; il est aussitôt
gonflé à l'air comprimé après que l' orifice fait
par le harpon a été bouché, et on remorque
l' animal. Quelques heures après la capture,
les équipes chargées du dépecage sont à l'ceu-
vre.
La zone de chasse se trouve actuellement
dans un secteur allant de 50 milles marins à
l' ouest du Cap Blanc, à 10 milles du même
Cap.
La dernière saison de chasse ne semble pas
avoir été très fructueuse ; mais la baleine étant
sujette à certaines migrations, les pêcheurs nor-
végiens conservent de grands espoirs. La So-
ciété a, paraît-il, l'intention de créer, à terre,
une usine de guano de baleine et d'entrepren-
dre des recherches en vue de trouver de l'eau
douce, leur exploitation en demandant de gros-
ses quantités.
-000.
Décrets et Arrêtés
Décret mettant un magistrat à la disposi-
tion du Gouvernement général de l'Algé-
rie.
M. HomilIal, procureur de la République
près le Tribunal de promiiMv insinua de
Dreux, est mis à la disposition du Cuiuverno-
miMit, général de l'A 19(\rif' pnur nxorcor les
fondions dr clip.f arljoinl du aihinpl du gfJU-
verneur général.
)écret tendant à fixer pour l'année 1925 le
contingent de glucoses originaires de
l'Indochine à admettre en France aux
conditions prévues par l'article 3 de la .loi
du 19 avril 1924.
Ce décret fixe la quantité de glurosfs ori-
ginaires de l'Indochine qui pourra être admise,
en France pendant l'annôe 1025, atix condi-
tions prévues par l'article 3 de la loi précitée
du 19 avril 1924. à 2.600 tonnes.
TAUX OFFICIEL DE LA ROUPIE
0
Le Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans l'Inde, vient de faire connaître au
Ministre des Colonies qu'à la date du 18
juin 1985 le taux officiel de la roupie était
de 7 fr. 40.
L'AVUTION COLONIALE
Geste fraternel
Avant de prendre leur vol pour Tripoli,
les aviateurs italiens, qui accomplissent lé
raid Turin-Tripoli-le Caire ont déposé une
palme sur le monument de Roland Garros,
érigé au camp d'aviation de Lacuina..
Les aviateurs italiens ont été salués à. leur
départ par les autorités françaises civiles
et militaires et par les autorités consulaires
italiennes.
Raid inexpliqué
L'aviateur anglais Cobham, de retour du
Maroc, est arrivé à 15 heures à l'aérodrome
d'Orly, d'où il est reparti presque aussitôt
pour l'aérodrome de Stag-Lane, où il est
arrivé hier soir.
D'après une information de Malaga, les
autorités espagnoles de cette ville avaient
retenu l'aviateur au cours de son voyage
aller, son passager et lui n'ayant pas de
passeports en règle.
Le consul d'Angleterre s'étant porté ga-
rant pour ses compatriotes, Cobham put
continuer son raid dunt le but demeure se-
oret.
Mme Faure-Favier en mission officielle
à Alger
Mme Faure-Favier est arrivée le 19 à Al-
ger, venant de Marseille. Elle a franchi en
trois heures de vol la distance qui sépare
ces deux villes. Elle a été reçue (par le colo-
nel Moynièr, chef de la maison militaire du
Gouverneur, auquel elll a remis une lettre
de M. Laurent-Eynac pour le colonel Causse,
directeur des services de la navigation aé-
rienne.
Dakar-Casablanca
Le dernier courrier aérien Dakar-Casa-
blanca a accompli, pour la première foie,
le voyage en deux jours. Parti de Dakar sa-
medi à 5 heures, il arriva à Casablanca le
dimanche à 19 heures.
L'empire de l'air
Sir Scfton Brancker a parlé, la semaine
dernière, des « Routes aériennes impériales
des Indes et de l'Australie » à une réunion
du « Royal Colonial Instituts ».
Sir Sefton Brancker a annoncé qu'on fe-
rait appel au vol de nuit sur la fignc des
Bides, entre l'Egypte et les Indes. La route
passera par Bagdad. La distance est de
3.950 kilomètres.
Si 1 Angleterre manque de grandes lignes
de communications aériennes impériales,
c'est surtout parce que les grands CcmI
çants anglais se montrent très méfiants des
innovations. Par contre, la France et l'Alle-
magne développent leurs réscuux aériens
et les Etats-Unis éclipseront bientôt l'An-
geterre. M. Henri Ford est d'opinion qu'il
va pouvoir exploiter plusieurs lignes sane
subventions do l'Etat, et si « M. Henri
Ford entreprend la fabrication en masse
des aéroplanes il est Ifinps d'ouvrir l'œil M.
Sir Sefton Brancker eSopèrc que dans deux
ou trois ans l'Angleterre aura un service
de dirigeables sur la route des Indes avec
une halte a Isnialia, et une base a Karachi ;
de là, on continuera vers l'Australie. Il exis-
tera aussi un service régulier d'avions pour
rOdent, viA Hlldad.
La Goniérence de Madrid
-C-Q--
A l'issue de la sàmcc plénière du 19, 1&
note suivante a été communiquée à la
presse:
- u La Commission fianro-espagnole a tenu
une deuxième séance à 11 heures, à la pré-
sidence du Directoire. Elle a examiné, sur
le rapport des experts, la question de la
surveillance maritime et est tombée d'accordr
sur des propositions précises à soumettre
aux deux niouvernemcnts. Elle a examiné
en outre la question de la surveillance ter-
restre et constitué une sous-commission qui
étudiera., suivant l'échange de vues généra-
les ainsi intervenu, les moyens d'organiser
une surveillance effective et concertée. »
On croit savoir que le projet relatif au
blocus du Rif est déjà rédigé. Il pourra être
promptement :-<;!..<'/IÓ et mis en exécution.
Certaines mesures ont déjà été prises, d'ail-
kurs ,:'5nn:3 attendre cette signature. Il est
entendu que chacune des deux flottes peut
agir dans les eaux lerritoriales des deux
naUons. Ln ravitaillement des navires fran-
çais pourra ètiv opère dans tels et tels ports
espagnols, et îvciputquement. Par contre,
un navire ne pourra débarquer de troupes
dans uiv zone- qii n'est pas celle de sa
nation.
Séance plénière ajournée
L'\s experts espagnols et français n'ayant
pas cneoiv terminé l'étude de certaines
questions, la séance plénière de la confé-
renec qui avait, été (ix-V à aujourd'hui a été
ajournée à demain.
Une singulière objection anglaise
Le réducteur diplomatique du « Daily
Telcgrnpli », éerii :
« Un important point technique a été sou-
levé par les juristes des divers ministères
des affaires étrangères et amirautés à pro-
pos dl1 projet de blo< us franco-espagnol de
la côte rifaine.
Ia reconnaissance du blocus par les puts-
sances impliquerait, parait-il, conformément
à l'interpréter ion usuelle du droit interna-
tional à co siijet, la reconnaissance des con-
ditions des belligérants engagés dans le con-
flit et, de ce fail, légitimerait les reven-
dications d'indépendance d\\bd-cl-Krim, qui
aux yeux des Français et des Kspagnols*
est simplement, un chef rebelle. »
Nouveau délégué à Madrid
La délégation française s'est augmentée
hier d'un nouveau membre : le comman-
dant Sciard, dont la compétence, en matière
Les Annales Coloniales
- JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIETE
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Au pays du M'zab
- - >♦»
Le pays du M'zab a été, récemment, signalé
à l'attention publique par la mention dans les
journaux du rejet par le Conseil d'Etat du
pourvoi que ses habitants, les Mozabites, avaient
engagé devant ce tribunal suprême contre les
décisions des diverses juridictions, repoussant
leur prétention de ne pas être soumis, comme
Jes autres indigènes algériens, au service mili-
taire.
- Il y a longtemps que durait ce procès. Il
était par lui-même fort curieux, et les arguments
des Mozabites fort intéressants. Il faut croire
que cela me suffisait pas à leur donner une va-
leur juridique, puisqu'ils ont été inadimis par
toute la hiérarchie des tribunaux.
Les Mozabites, éternels réfractaires, seront
donc astreints au service militaire. Je -crains
qu'ils n'y brillent guère, sans y mettre aucune
mauvaise volonté, à moins que, les dispensant
du maniement d'armes et des exercices pour
lesquels ils ont une réelle inaptitude physique,
on ne Jes emploie au ravitaillement des colonnes
expéditionnaires ou des postes les plus avancés
dans le Sahara. Mais cette suggestion risque de
ne pas être comprise d'une administration qui
pratique rarement l'utilisation, des compétences.
Les Mozabites, en effet, sont, par atavisme,
de merveilleux pourvoyeurs. A l'époque où
r Algérie n'était pas sillonnée comme aujour-
d'hui de voies ferrées et de routes, ils réali-
saient un continuel prodige en alimentant le pays
où ils se sont installés qui est loin de produire
par lui-même les denrées les plus nécessaires à
l'existence. et où ils apportaient de très loin,
par caravanes, bravant les difficultés et les pé-
rils d'un long trajet, presque tout ce q l'leur
population consommait. - 'r
- Pays plus étrange encore que ses étranges
habitatits ! Aujourd'hui, on s'y rend asaez- aisé-
ment, et il devient un des buts du tourisme cos-
mopolite. D'Alger, 280 kilomètres de chemin
de fer conduisent à Dfel fa à travers un paysage
extraordinairement varié. Des services d autobus
réguliers fonctionnent1 sur les 100 kilomètres qui
séparent Djelfa de Laghouat. Ce court trajet se
fait déjà à travers le désert sablonneux ; La-
Wtouah, c'est déjà l'oasis avec ses palmiers, ses
tratcheurs, son soleil. *
De Laghouat, des autobus circulent aussi sur
les 200 kilomètres qu'il faut franchir pour par-
avenir à Gardaia, au cœur du M'zab.
On traverse d abord une suite de vallons
étroits et peu profonds bordés de pistachiers
térébinthes groupés en boqueteauv. C'est la
région des dayas, d'un aspect absolument spé-
cial. Après une halte, pour déjeuner, au cara-
vansérail de Tilgremt, on pénètre dans la cheb-
ka- du M'zab.
Que ce soit à cheval, à mehari, à pied, en
auto, nul ne peut traverser sans émoi, presque
sans angoisse, cette immense étendue chaotique
de pierres incendiées. C'est la mort dans la)
désolation. Pas un arbre, pas une plante, pas
une mousse. Des rochers noirs, tourmentés, tor-
dus, hostiles. Une épouvante étemelle plane sur
cette stérilité.
Et soudain apparaissent des palmiers vigou-
reux, des jardins, des maisons. Ce sont les
villes du M'zalb. D'abord. Berriane, en avant.
garde dans son oasis verdoyante. Puis les cinq
villes sacrées que quelques kilomètres seùle.
ment séparent les unes des autres : Ghardaia,
la capitale ; Beni-Isgue, la cité sainte par excel-
lence; Bou-Noura, Melika, El Aleuf ; plus
loirf, vers l'Est, à 100 kilomètres de Ghardaia"
à l'extrémité de la chebka pierreuse, dans la
direction des sables de Touggourt, la septième
ville du M'zab, Guerrara.
Dans ce pays, il pleut en moyenne tous les
huit ans. La chronologie des familles se base
sur les années où, dans le lit dei tÛlled, un peu
d'eau a coulé. Les cimetières sont creusés dans
le roc, et les Mozabites qui s'en vont gagner
de l'or gai leur génie commercial dans les ré-
gions du Nord, dans les villes au littoral, n'ont
qu',un but : venir dormir leur dernier sommeil
dans ces abris de pierre. Le forage d'un puits
\eSt un travail d'art difficile, long, très coûteux.
Ces jardins fleuris représentent par leur création,
par leur entretien, un effort qui est un défi tran-
quille à la nature.
Qu'est-ce que des hommes sont donc venus
chercher dans un pays pareil situé loin 3e tout,
loin de la route des caravanes, loin des centres
où ils pouvaient s'approvisionner, loin des au-
tres hommes ?
C'est précisément cela qu'ils sont venus cher-
cher : la solitude. Cette désolation qui les en-
toure les a retenus, parce qu'elle était pour eux
une protection. Derrière cette mort, ils abri-
taient leur vie et leur foi.
Les Mozabites actuels sont, en effet, les des-
cendants des Abbadites de race berbère, der-
niers fidèles de l'hérésie kharedjite qui faisait
d'eux les puritains, les quakers de l'Islam. Les
Arabes les persécutèrent, les chassèrent de leur
capitale, Takdemt aujourd'hui Tiaret. tn
cap i ta l e,
vain,, se réfugièrent-ils dans le SahaTa, à ledra..
iba, à Ouargla. La haine religieuse les y pour-
suivit. La prise âOuargla, en 1075, fut l'occa-
sion d'un gmnd massacre des leurs. Ceux qui
purent s'enfuir, persévérantidans leur foi, cher-
chèrent un asile, et c'est précisément l'aridité,
l'horreur, la cHtficufcé dT accès du M'zab qui les
décidèrent à s'y installer, dans l'espoir que le
désert de pierres swait une barrière qui les pro-
tégerait contre la fureur de leurs ennemis.
On conçoit que ces hommes portent un amour
profond à ce pays. Ils ne l'ont pas trouvé com-
me tous les peuples migrateurs qui se sont dé..
tés dans un site qui les séduisait au bord d'un
fleuve, au carrefour des routes. dans des plaines
fertiles. Ils l'ont fait de leur travail ; ils en ont
conquis l'étendue mètre par mètre sur la pierre
inféconde; il leur a servi de bouclier et de
rempart. _A_-
- - - - -
Comment, dans ce milieu, Join des autres
hommes, ont pu se développer chez les Moza-
bites les étonnantes aptitudes commerciales dont
ils font preuve ? Certains l'expliquent en les
donnant comme les authentiques descendants des
Carthaginois. Nous ne nous hasarderons pas à
la. discussion scientifique de cette thèse qui trou-
ve des points de repère appréciables dans le
physique même des habitants du M'zab très
différent de celui des autres populations algé-
riennes, mais surtout dans des affinités morales
indéniables, telles que ces dispositions innées
pour le trafic qui l distinguent et l'éloignement
pour le métier des armes par lequel ils vien-
nent de se signaler une fois de plus. Il n'y a
pas jusque dans la construction et la disposition
de leurs villes que l'on ne retrouve des analogies
singulières avec ce que nous savons de Carthage
et des colonies phéniciennes.
Le service militaire modjfiera-t-il la mentalité
et les goûts des futures générations mozabites ?
Il y faudra, si ce résultat doit se produire, bien
des années, bien des classes. On peut souhai-
ter, du reste, qu'il ne soit ni trop prompt ni
trop complet. Ce petit peuple qui ne compte
pas 35.000 âmes, est loin d'être antipathique.
Il X a quelque chose de touchant dans l'amour
qu il porte au pays qu'il s'est donné, qu'il s'est
créé, quelque chose de touchant aussi dans le
maintien jaloux de ses traditions, de son orga-
nisation familiale - et sociale. -
Ces traditions, il a su les garder iptactes,
quoique héquentapt les tribus du Tell et les
villes euroaniséM. Presque tous ses jeunes
hommes y vont travailler. Une grande partie du
commerce de gros et de d6tail est entre leurs
mains. Leurs boutiques entassent sur quel ques
mètres carrés l'assortiment le plus hétéroclite
de demées et de marchandises. L'Arabe s'y
approvisionne sans qu'un courant de sympathie
s établisse entre le marchand et le client. La
population européenne y trouve bien souvent
d'utiles ressources, et le « moutchou », comme
elle appelle le commerçant détaillant, resté un
peu éninmatiaue pour elle.
Assis sur ses jambes croisées, atteignant d'un
geste lent la denrée qu'on lui demande, le
moutchou d'Alger, de Biskra, de Tlemcen,
pense au M'zab lointain où il envoie ses re-
cettes, au jour où il y reviendra avec un compte
dans une banque, sinon, par prudence, dans plu-
sieurs banques de Gtvardaîa. Alors, il pourra,
grâce à ses économies, embellir sa demeure,
faire creuser un nouveau puits et agrandir le
jardin où les palmiers mettent de l'ombre, les
orangers des parfums et des fruits d'or, les jas-
mins leurs -blanches clochettes embaumées, pour
attendre le jour où il ira, près des aVeux, repo-
ser sur la couche de pierre qui symbolise le
M'zab.
Ernest Haudoll,
Député de la Mame,
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commerciale
A la Commission de ililogrie
des Colonies aides protectorats
--0-0-- -
La Commission des colonies, réunie
sous la présidencè de M. Proust, a enten-
du M. ChanmeL, ministre du Commerce,
,su,p'pl"anL M. Andr6 Hessc, ministre des
COlDnies, actuellement soufffrant,. sur le
projet de loi portant création d'une ban-
ane d'émission à Madagascar.
- Après diverses observationts présentées
par MM. Angoulvant, Régis, Maitre, Ro-
ihngMa, le rapporteur M. Michel et ie mi-
nistre ont fait connaître leur avis. Le pré-
sident a remercié M. Chaumet d'avoir
bien voulu se rendre devant la Commis-
sion et il a fait connaître all Gouverne-
ment que la Commission des colonies al-
lait faire toute diligence pour que le projet
soit volé dans ;le plus bref délai possible.
Etaient préusenls : MM. Angoulvant,
Flayclle, Gasparin, GOllde (Finistère),
Henry llichl, La Groudière (de), Maître,
Perrcau-Pradier (Pierre), Poitou-Duples-
s,y, PromIt, Régis, Robaglia (Barthélémy),
Warren (Edouard de).
alib
Nouvelle ligne psiale dons le Facilique
---Q-O-
On annonce en Indochine qu'une grande
Compagnie américaine pourvue de beaux
bateaux installerait un service entre Ma-
nille, Batavia, Singapore, Saïgon et Haï-,
phong .Ces navires auraient des aménage-
menls luxueux.
La coïncidence de ces vapeurs et des
grands courriers français et étrangers ren-
drait un grand service au point de vue pos-
tal.
Un pigeon arrive du Maroc
Un industriel de la région lyonnaise, passant
en automobile sur la route de Saini-Heand à
Fonlanès. porta secours a un pigeon épuisé par
la ponrsuîte d'un épervier. Mais grande fui sa
surprise de constater, après l'avoir délivré,
qu'il portait, imprimé sur ses plumes, un ca-
chet indiquant sa provenance du Maroc. L'oi-
seau n'étant pas blessé grièvement, put re-
prendre son vol au bout d'un quart dTieuns.
Quo Vadis ? dut dire l'industriel. Mais cet
honorable touriste est de ceux"qut respectent
le secret des correspondances.
Les inquiétudes du Japon
0-0-
Vaccroissement conti-
nu de sa population-
malgré les tremblements
de terre, l'excédent annuel
des naissances sur les dé-
cès est de 700.000 enfants,
oblige le Japon à cher-
cher des débouchés pour
les nombreux habitants
qutl ne peut nourrtr.
Lt AméTiqtie, la Grande-Bretagne lui ont
fermé leurs parles. Les Japonais ne peuvent
ni posséder, ni louer une terre aux Philip-
pines. Ils ne peuvent, ni posséder, ni louer
aucune portion de terrain en Ckine. La Si-
bérie leur" est fermée. Et les pays de CAmé-
rique du Sud où ils espéraient pouvoir s'éta-
blir les menacent d'exclusion. Seul le Mexi-
que leur reste ouvert.
- Nous avons eu déjà l'occasion de marquer
le côté tragique de ce problème qui est un
des éléments les plus délicats de la question
du Pacifique.
C'est pour le Japon une question angois-
sante et qui l'irrite contre les peuples qui
paraissent lui contester le droit à l'existence.
Il a comme Vimpression qu'on veut Vétouf-
fer dans fin réseau d'interdictions soigneuse-
ment aménagées. Aussi est-il fort excité con-
tre VAnglo-Saxon qui lui bouche toutes les
brèches par où il pourrait pcnctrcr dans cer-
tains territoires quasi inhabités qui environ-
nent le gratta Océan.
Cette interdiction lui est d'autam plus in-
supportable quelle lui paraît plus injuste.
Le Japon a la conscience de ses capacités
colonisatrices. Il n'en veut pour preuve que
les résultats de son action dans la Mandchou-
rie du Sud.
En quime aIlS, écrit un publiciste japonais,
dont les affirmations sont confirmées par les
Européens qui ont visité le pays, la partie
la plus déshéritée de la Mandchourie esï-fas-
sée à une prospérité supérieure à celle de
tontes les autres provinces de la Chine, et de
toutes les autres colonies d'Extrême-Orient
sauf les Indes Néerlandaises. Et Vauteur
continue en nous montrant à l'aide de chif-
fres, la supériorité de la colonisation japo-
naise sur celle des Anglo-Saxons, moins ingé-
nieuse et surtout moins profitable aux
tallts dn pays; Un consul anglais lui
a jugé à propos de vanter, dans un banqîftt,
les entreprises japonaises qui savent combiner
avec bonheur, des activités nombreuses et
variées, qui sont habilement maniées et admi-
nistrées par les meilleurs cerveaux dIt lapon
et qui enfin, constituent une véritable leçon
démonstrative dans l'art de. mener un déve-
loppement pour Vutilité commune et de répan.
ire la civilisation par le chemin de fer.
Ces paroles ont sans aucun doute flatté
V amour-propre japonais, mais elles 1" ont pas
réussi à dissiper les inquiétudes d'un peuple
qui voit, selon Vexpression d'un écrivain Iran.
çais, s'enrouler plies étroitement autour de
son cott la corde qui doit Vétrangler.
Les Anglais en effet établissent à Singa-
pour la base navale dont nous avons récem-
ment entretenu nos lecteurs. Les Russes se
montrent actifs dans le nord de la Mand-
chourie et s'efforcent, grâce à une entente
avec le chemin de fer de l'Est chinois à dé-
river vers Vladivostock tout le trafic des im-
menses territoires de V Oussouri ct cela au
détriment de Dairett.
Les Américains enfin prolongent l'occupa-
fiolt des Philippines qu'ils ferment aux Japo-
nais. Bien plus, les récentes manœuvres de
leur flotte autour des îles Ii awai, a donné
l'impression qu'ils voulaient établir à Pearl-
Harbour, une base de Venvergure de celle
que l'Angleterre construit à l'entrée dit dé-
troit de Malacca. .1 --
Si ces projets, qui n ont rien d invraisem-
blable prennent corps, ils ne pourront -qu'être
dirigés contre l'empire du Soleil Levant, et
l'on conçoit facïlcmcntquc la prësse de T o-
hio s'en soit occupée. es journaux les plus
favorables aux Américains s'en sont émus-bl
n'ont pas été les derniers à protester avec vi-
vacité.
La diplomatie comme c'est son rôle, s'est
évertuée à calmer l'effervescence, mais avec
nn succès qui n'est qu'apparent. « Cette
eau bénite de cours dit un journal, ne suf-
fit pas à ccartcr du cœur des peuples japo;.
nais un soupçon aussi profond qu'il est re-
grettable. »
Ainsi, sur les bords du Pacifique, les con-
flits renaissent, ou plus exactement ne ces-
sent de succéder jusqu'au jour, où, si Von
n'y prend garde, ils n'aient un dénouement
que certains prévoient, mais que ceux qui
en ont les moycns, ne s'attachent pas à pré-
venir.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Affaires étran-
gères, membre de la Commission
des Celonies.
AU SBNÂT
L'interpellation de M. Bluysen
M. Bluysen, sénateur de l'Inde, voulait,
comme on sait, interpeller le Gouverne-
ment Sur l'affaire du Maroc.
- Mardi, dit M. Steeg, garde des sceaux,
M. Paimlevé viendra devant les Commis-
sions du Sénat donner toutes explications.
Immédiatement après, il seta t. la dispo-
sition de la Haute-Assemblée.
Le Sénat a accepté cette procédure.
l'AleotnfioaUon des chemins fle ?
en Afrique Équatoriale Française
vu
M. Edouard Daladier, lorsqu'il était mi-
nistre des Colonies, avait pris la décision indis-
pensable à la mise en valeur de notre Gmgp.
« Faites un chemin de fer ou abandonnez
l'Afrique Equatoriale », comme aurait dit le
regretté Marcel Sembat.
On avait commencé le chemin de fer avec
tous les tâtonnements inhérents à une opération
de ce genre, et même plus d'erreurs qu'il
n'était permis. Mais l'opinion publique inté-
ressée a accepté, adopté l'idée du chemin de
fer du Congo, et il va se faire rapidement. Au
Parlement, le chemin de fer de Brazzaville à
l'Océan a rencontré des défenseurs fervents.
Un seul point. l'électrification restait obs-
cure dans le texte du projet de loi, sinon dans
l'esprit du ministre.
On se rappelle les déclarations formelles
faites en faveur de l'électrification à la Com-
mission des Colonies du Sénat par M. Edouard
Daladier. A la suite des interventions de nos
amis, Mario Roustan, G. Gasser, Charles
Deloncle, le général Messimy, la Com-
mission Sénatoriale avait, d'ailleurs, manifesté
nettement sa volonté.
La Chambre précisera, semble-t-il, dans le
texte même de la loi, la même dédsion. En
effet, l'amendement suivant vient d'être déposé
aujourd'hui lundi sur le bureau de la Cham-
bre.
Article premier
Dans le premier paragraphe, après les mois :
« chemin de fer », ajouter « électrique ».
Exposé sommaire.
Alors que la ligne concurrente belge de Léo-
poldai/le à Maiadl est en voie J'électrificalion,
alors que des chutes d'eau inemployéexistent
dans la région de Brazzaville et dans tout le
Gabon, ce serait prendre une lourde respon-
sabilité de ne pas spécifier que la ligne reliani
Brazzaville à V Océan sera obligatoirement élec-
Irlaue.
Voici, au reste, les noms des signataires :
William Bertrand, Goude, Jacquier, Pierre
Taittinger, Nouelle, André Goirand, Brigault,
Charles Bnron, Pierre Va l ude, Aubïiot,
Gouin, Gasparin, Henry Fontanier, Gabriel
Angoulvant, Ernest Outrey, hrançois-Morel,
Lafagette. Geniaux, Louis Proust, de Warren,
Ginoux-Defermon, Roux-Freissineng, Henri
Michel, Perreaa-Pradier, H. Maitre, de
Saint-Just, de la Groudière, de la Riboisière,
Régis, Brocard, Poitou-Duplessy.
Au total, 31 membres sur 44 que compte
la Commission, et s'il y en a qui n'ont
pas signé, c'est uniquement parce que les cir-
constances n'ont pas permis aux promoteurs de
al' amendement d'e les joindre encore.
̃«>»
L'exploitation des mines l'or
par les indiganes en Guinés Fraisa
-0-0--
Le décret du 22 octobre 1924 qui vient de
réglementer à nouveau la recherche et l'exploi-
tation des gîtes naturels de substances minérales
en A. 0. F. a spécifié, dans son article 17,
que les indigènes conserveraient dans l'étendue
des régions ou périmètres exploités traditionnel-
lement par eux, leur droit coutunner d'exploiter
les gîtes d'or et autres substances minérales.
Ces régions ou périmètres et les substances
minérales qui en font l'objet devaient être dé-
terminées par des arrêtés des lieutenants-gou-
verneurs des colonies intéressées, pris dans un
délai de six mois.
L'arrêté ainsi prévu a été pris, pour la co-
lonie de la Guinée Française, à la date du 3
mai dernier. Il décide, en principe, que le
droit coutumier indigène d'exploitation s'étend
à tous les gisements aurifères de la colonie ac-
tuellement exploités par eux ou qu'ils auront
exploités jusqu' à une période postérieure au
28 novembre 1899, c'est-à-dire 25 ans avant
la promulgation en A. O. F. du décret du
22 octobre 1924. Il n'y aura déchéance de ce
droit que sur les gisements situés dans le péri-
mètre d'une concession délivrée avant cette
même date du 28 novembre 1925.
Les droits ainsi reconnus aux indigènes ne
peuvent être exercés que par ceux qui sont ori-
ginaires du canton sur le territoire duquel se
trouvent les gisements, à l'exclusion de tout
Européen agissant a titre de mandataire et de
tout indigène originaire d'autres régions. Les
indigènes bénéficiaires de ce droit peuvent se
grouper, au mieux de leurs intérêts, et confor-
mément à la coutume, pour exploiter ces gise-
ments.
Le même arrêté énumère ensuite les régions
sur lesquelles le droit coutumier d'exploiter les
gisements aurifères est reconnu, il décide enfin
qu'en cas de découverte par les indigènes d'un
nouveau gisement situé en dehors du périmètre
d'un permis de recherches ou d une concession
ils devront demander au Lieutenant-Gouver-
neur l' autorisation d'exploiter ce nouveau gise-
ment en employant leurs procédés actuels.
T.ire an seconde page :
La guerre au Maroc.
A la Chambre.
Mouvement gréviste dans les ports.
Au Conseil d'Etat.
Les courriers de l'Algérie, de la Tunisie et du
Maroc.
La pêche des langoustes
sur les côtes de Mauritanie en 1924
0-0-
Pendant l'année 1924, une trentaine de dun-
dees langoustiers furent enregistrés au séma-
phore du Cap Blanc ; sur ce nombre, vingt-six
appartenaient aux ports bretons, et particulière-
ment à Douarnenez.
Le Cap Blanc est principalement fréquenté
pendant les mois de janvier-février et mars ;
d' une façon générale, les dundees ne restent
que peu de temps dans ces parages. Ils re-
montent ensuite le long des côtes du Rio-de-
Oro, et parfois, si les résultats ne sont pas
suihsants, ils descendent vers le Sud jusqu' en
Gambie, si l'on signale des langoustes.
Les pêcheurs se sont plaints l'année der-
nière d'un appauvrissement des fonds : on pê-
che moins qu'autrefois, les campagnes durent
plus longtemps, donnent moins de résultats, et
cela malgré l'utilisation &un personnel de
plus en plus exercé et aussi malgré l'emploi
d'un nombre de filets de plus en plus élevé
D'où vient cet appauvrissement ? La lan-
gouste s'est-elle déplacée ou dïminue-t-elle en
nombre par destntction. extinction ou arrêt
dans la reproduction ? On manque de rensei-
gnements à ce sujet, mais la première hypothèse
paraît la plus probable ; on a déjà signalé des
cas de disparition des langoustes qui revenaient
ensuite, plus nombreuses, aux endroits d'où
elles avaient émigré.
Quoi qu'il en soit, la langouste de Maurita-
nie, bien que cotée à un prix inférieur à celle
de France ou d'Angleterre, se vend à son arri-
vée en Bretagne, à des taux qui sont encore
sufifsamment rémunérateurs.
Une certaine concurrence serait même faite
aux pêcheurs bretons, depuis 1924, par des
langoustiers espagnols ; mais cette concurrence
n'est pas dangereuse, parce que les équipages
français, plus adroitt et plus entraînés, attei-
gnent un rendement bien supérieur à celui des
pêcheurs espagnols.
9
La pêche à la baleine
en Mauritanie en 1924
-<>-0---
C'est une Société norvégienne, dont l' ins-
tallation principale est sur la côte de l'Angola,
qui se livre à la pêche de la baleine à Port-
Etienne. Pendant l'année 1924, elle a capturé
une soixantaine de ces cétacés en 25 .journées
de chasse environ.
Les baleines péchées appartiennent à plu-
sieurs espèces: baloénoptères, cachalots, etc.,
certaines baleines bleues dites de « Norvège »
existent également dans les parages du Cap
Blanc et sont particulièrement intéressantes,
puisqu'elles peuvent donner jusqu'à douze ton-
nes d'huile par animal.
Le système d'exploitation est connu : un na-
vire-usme servant en même temps de magasin
et comprenant un outillage perfectionné : qua-
tre bateaux chasseurs de faible tonnage avec
équipage de 9 à 10 hommes, une main-d' œu-
vre spécialisée et bien payée, une utilisation
immédiate des produits. Les chasseurs qui tou-
chent des primes importantes pour chaque cap-
ture vont et viennent sans prendre beaucoup de
repos.
L'animal poursuivi est harponné à l'aide du
canon-harpon et tué par l'explosion de la char-
ge placée au bout du harpon ; il est aussitôt
gonflé à l'air comprimé après que l' orifice fait
par le harpon a été bouché, et on remorque
l' animal. Quelques heures après la capture,
les équipes chargées du dépecage sont à l'ceu-
vre.
La zone de chasse se trouve actuellement
dans un secteur allant de 50 milles marins à
l' ouest du Cap Blanc, à 10 milles du même
Cap.
La dernière saison de chasse ne semble pas
avoir été très fructueuse ; mais la baleine étant
sujette à certaines migrations, les pêcheurs nor-
végiens conservent de grands espoirs. La So-
ciété a, paraît-il, l'intention de créer, à terre,
une usine de guano de baleine et d'entrepren-
dre des recherches en vue de trouver de l'eau
douce, leur exploitation en demandant de gros-
ses quantités.
-000.
Décrets et Arrêtés
Décret mettant un magistrat à la disposi-
tion du Gouvernement général de l'Algé-
rie.
M. HomilIal, procureur de la République
près le Tribunal de promiiMv insinua de
Dreux, est mis à la disposition du Cuiuverno-
miMit, général de l'A 19(\rif' pnur nxorcor les
fondions dr clip.f arljoinl du aihinpl du gfJU-
verneur général.
)écret tendant à fixer pour l'année 1925 le
contingent de glucoses originaires de
l'Indochine à admettre en France aux
conditions prévues par l'article 3 de la .loi
du 19 avril 1924.
Ce décret fixe la quantité de glurosfs ori-
ginaires de l'Indochine qui pourra être admise,
en France pendant l'annôe 1025, atix condi-
tions prévues par l'article 3 de la loi précitée
du 19 avril 1924. à 2.600 tonnes.
TAUX OFFICIEL DE LA ROUPIE
0
Le Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans l'Inde, vient de faire connaître au
Ministre des Colonies qu'à la date du 18
juin 1985 le taux officiel de la roupie était
de 7 fr. 40.
L'AVUTION COLONIALE
Geste fraternel
Avant de prendre leur vol pour Tripoli,
les aviateurs italiens, qui accomplissent lé
raid Turin-Tripoli-le Caire ont déposé une
palme sur le monument de Roland Garros,
érigé au camp d'aviation de Lacuina..
Les aviateurs italiens ont été salués à. leur
départ par les autorités françaises civiles
et militaires et par les autorités consulaires
italiennes.
Raid inexpliqué
L'aviateur anglais Cobham, de retour du
Maroc, est arrivé à 15 heures à l'aérodrome
d'Orly, d'où il est reparti presque aussitôt
pour l'aérodrome de Stag-Lane, où il est
arrivé hier soir.
D'après une information de Malaga, les
autorités espagnoles de cette ville avaient
retenu l'aviateur au cours de son voyage
aller, son passager et lui n'ayant pas de
passeports en règle.
Le consul d'Angleterre s'étant porté ga-
rant pour ses compatriotes, Cobham put
continuer son raid dunt le but demeure se-
oret.
Mme Faure-Favier en mission officielle
à Alger
Mme Faure-Favier est arrivée le 19 à Al-
ger, venant de Marseille. Elle a franchi en
trois heures de vol la distance qui sépare
ces deux villes. Elle a été reçue (par le colo-
nel Moynièr, chef de la maison militaire du
Gouverneur, auquel elll a remis une lettre
de M. Laurent-Eynac pour le colonel Causse,
directeur des services de la navigation aé-
rienne.
Dakar-Casablanca
Le dernier courrier aérien Dakar-Casa-
blanca a accompli, pour la première foie,
le voyage en deux jours. Parti de Dakar sa-
medi à 5 heures, il arriva à Casablanca le
dimanche à 19 heures.
L'empire de l'air
Sir Scfton Brancker a parlé, la semaine
dernière, des « Routes aériennes impériales
des Indes et de l'Australie » à une réunion
du « Royal Colonial Instituts ».
Sir Sefton Brancker a annoncé qu'on fe-
rait appel au vol de nuit sur la fignc des
Bides, entre l'Egypte et les Indes. La route
passera par Bagdad. La distance est de
3.950 kilomètres.
Si 1 Angleterre manque de grandes lignes
de communications aériennes impériales,
c'est surtout parce que les grands CcmI
çants anglais se montrent très méfiants des
innovations. Par contre, la France et l'Alle-
magne développent leurs réscuux aériens
et les Etats-Unis éclipseront bientôt l'An-
geterre. M. Henri Ford est d'opinion qu'il
va pouvoir exploiter plusieurs lignes sane
subventions do l'Etat, et si « M. Henri
Ford entreprend la fabrication en masse
des aéroplanes il est Ifinps d'ouvrir l'œil M.
Sir Sefton Brancker eSopèrc que dans deux
ou trois ans l'Angleterre aura un service
de dirigeables sur la route des Indes avec
une halte a Isnialia, et une base a Karachi ;
de là, on continuera vers l'Australie. Il exis-
tera aussi un service régulier d'avions pour
rOdent, viA Hlldad.
La Goniérence de Madrid
-C-Q--
A l'issue de la sàmcc plénière du 19, 1&
note suivante a été communiquée à la
presse:
- u La Commission fianro-espagnole a tenu
une deuxième séance à 11 heures, à la pré-
sidence du Directoire. Elle a examiné, sur
le rapport des experts, la question de la
surveillance maritime et est tombée d'accordr
sur des propositions précises à soumettre
aux deux niouvernemcnts. Elle a examiné
en outre la question de la surveillance ter-
restre et constitué une sous-commission qui
étudiera., suivant l'échange de vues généra-
les ainsi intervenu, les moyens d'organiser
une surveillance effective et concertée. »
On croit savoir que le projet relatif au
blocus du Rif est déjà rédigé. Il pourra être
promptement :-<;!..<'/IÓ et mis en exécution.
Certaines mesures ont déjà été prises, d'ail-
kurs ,:'5nn:3 attendre cette signature. Il est
entendu que chacune des deux flottes peut
agir dans les eaux lerritoriales des deux
naUons. Ln ravitaillement des navires fran-
çais pourra ètiv opère dans tels et tels ports
espagnols, et îvciputquement. Par contre,
un navire ne pourra débarquer de troupes
dans uiv zone- qii n'est pas celle de sa
nation.
Séance plénière ajournée
L'\s experts espagnols et français n'ayant
pas cneoiv terminé l'étude de certaines
questions, la séance plénière de la confé-
renec qui avait, été (ix-V à aujourd'hui a été
ajournée à demain.
Une singulière objection anglaise
Le réducteur diplomatique du « Daily
Telcgrnpli », éerii :
« Un important point technique a été sou-
levé par les juristes des divers ministères
des affaires étrangères et amirautés à pro-
pos dl1 projet de blo< us franco-espagnol de
la côte rifaine.
Ia reconnaissance du blocus par les puts-
sances impliquerait, parait-il, conformément
à l'interpréter ion usuelle du droit interna-
tional à co siijet, la reconnaissance des con-
ditions des belligérants engagés dans le con-
flit et, de ce fail, légitimerait les reven-
dications d'indépendance d\\bd-cl-Krim, qui
aux yeux des Français et des Kspagnols*
est simplement, un chef rebelle. »
Nouveau délégué à Madrid
La délégation française s'est augmentée
hier d'un nouveau membre : le comman-
dant Sciard, dont la compétence, en matière
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