Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-06-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 juin 1925 12 juin 1925
Description : 1925/06/12 (A25,N88). 1925/06/12 (A25,N88).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396935k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-CINQUIEME ANNJ N° 88
LE NUMERO : 20 (SENTIMES
VENDREDI SOIR, 12 JUIN 1925
- -"
Les Annales Coloniales
,,' ¡ JOURNAL QUOTIDIEN
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EXCLUSIVE DU JOURNAL
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Propagande coloniale
̃ - ,.a
Le Gouvernement anglais a eu l'idée
fie prolonger d'un an l'exposition colo-
nale de Wembley. Il a voulu, ainsi que
l'a déclaré le roi Georges V, rapprocher
davantage les gens de nombreux pays
et leur démontrer qu'il peut être subvenu
à leurs besoins par l'une quelconque des
parties de l'empire.
C'est là, en effet, sinon le but unique,
jdu moins le but principal de cette exhibi-
tion de produits coloniaux. Elle tend à
montrer au visiteur, qui parcourt les di-
vers pavillons de l'exposition, que l'em-
pire britannique constitue au point de
,vue économique un monde complet, pos-
sédant à la fois les matières premières
et les produits alimentaires indispen-
sables à tout groupement humain civi-
lisé, et qu'il est même assez riche pour
satisfaire en partie aux besoins des au-
tres peuples.
Le curieux apprend sans effort, au
cours de sa promenade, que l'Australie,
la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud,
représentent un peu plus de la moitié de
•J a production mondiale de la laine.
Par ailleurs, il verra les progrès inin-
terrompus da culture du coton dans
ertaines possesions, les efforts considé-
rables et coûteux qui sont faits, en
Egypte notamment, pour en étendre
l'aire. Plus loin, il assistera au dévelop-
pement régulier de la production du
caoutchouc de plantation remplaçant
peu à peu celle du caoutchouc sauvage,
et la maîtrise de ce produit passant du
Brésil à l'Angleterre.
Ce sont ensuite les pavillons du Cana-
da., de l'Inde, de l'Australie encore, qui
apprennent au citoyen anglais que les
terres-impériales produisent assez de blé
pour suppléer à l'insuffisance des cé-
réales métropolitaines. Au pavillon de
l'Australie, on admire une immense co-
lonne du. sommet de laquelle une figure
symbolique verse le flot d'or du blé dans
la corbeille que tend Britania, celui du
-Canada, grâce à des dioramas, parfai-
tement exécutés, nous fait assister à tra-
vers les champs du Dominion, à une vé-
ritable promenade au cours de laquelle
on suit le 'blé depuis le terrain qui le por-
te jusqu'aux boulangeries londonniennes.
C'est une excellente leçon de choses.
Que l'Anglais, devant un pareil spec-
tacle, sente sourdre en lui quelque sen-
timent d'orgueil, rien n'est plus vrai-
semblable sinon certain.
Mais/les organisateurs de l'exposition
n'ont pas voulu le laisser sur cette im-
pression par trop favorable, et ils se sont
attachés à attirer son attention sur cer-
'tains points faibles de cette force impo-
sante. Après lui avoir montré l'étendue
et la prospérité de l'empire, ils veulent
qu'il sache que ce domaine incompa-
rable par sa superficie et 1 abondance de
ses ressources est encore par endroits dé-
pourvu d'habitants et que si les colons
n'affluent sur ces terres en friche, le dé-
veloppement de ses richesses est menacé
d'arrêt.
L'Australie et le Canada, pour ne
parler que des plus importantes posses-
sions, ont une population de densité ex-
trêmement faible, pas même un habitant
au kilomètre carré. Sans doute, il existe
dans ces deux pays de vastes territoires
que la sécheresse et le froid rendent ab-
solument inhabitables, mais que de ter-
res, pluè étendues que ne l'est la Fran-
ce, sont désertes et qui pourraient nour-
rir autant de personnes que nos pays de
la Garonne ou du 'bassin parisien !
L'ingéniosité des hommes s'est évi-
demment efforcée de remédier à l'insuf-
fisance de la main-d'œuvre par l'emploi
du machinisme, mais la machine ne rem-
place pas complètement le colon, et voilà
- pourquoi dans ces deux pays, et surtout
au Canada, de vastes territoires restent
encore incultes.
Il faut donc y attirer les émigrants et
essayer de déterminer l'excédent de po-
pulation de la métropole à franchir les
mers pour aller exploiter ces terres qui
attendent depuis des siècles le cultivateur
qui voudra bien les mettre en valeur.
La fortune à peu près certaine est promise
à l'audacieux qui consentira, à s'expatrier.
Seulement l'Européen, qui vit pénible-
ment-dans le faubourg de la grande'ville,
hésite à s'arracher à sa misérable exis-
tence parce qu'il sait qu'il ne trouvera pas
dans la province canadienne les quelques
distractions qui le retiennent à la ville.
Il redoùte la solitude de la campagne.
Cet état d'esprit est fort répandu et à
vrai dire ce qui frappe le plus l'Européen
qui visite ces contrées silencieuses, c'est
l'état d'isolement dans lequel vit le co-
Ion qui paraît retranché dans une cer-
taine mesure du monde civilisé. Il est
comme le soldat, qui placé aux avants-
postes n'aurait plus que des communi-
cations rares et incertaines avec le gros
de la troupe.
On s'efforce de faire cesser cet isole-
ment. Les colons éventuels sont prévenus
qu'ils trouveront, sur leursi domaines,
grâce à la radiotéléphonie, les distrac-
tions qui les retiennent à leur faubourg.
Des postes émetteurs seront installés qui
mettront journeUemnt les fermiers les
plus isolés au courant des événements
du monde et leur offriront des concerts
susceptibles de les distraire. L'idée est
ingénieuse. On pourrait même en éten-
dre l'application à des pays autres que le
Canada.
Il reste à voir si la perspective d'en-
tendre quotidiennement des concerts en
pleine prairie canadienne, déterminera
beaucoup de citadins à abandonner l'at-
mosphère empuantie des ruelles étroites
et des logements insalubres pour la vie
au grand air.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Affaires étran-
gères. membre de la Commission
des Ctlonies.
- - ̃̃̃̃̃ <>»
AU SBXAT
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Finances
La Commision sénatoriale des Finances,
réunie sous la présidence de M. Milliès-La-
croix, a adopté les trois avis financiers de
M. JeBnnener, relatifs à la déclaration
d'utilité publique des chemins de fer de
Nemours à Marnia, d'Oued-Alhusema à
Saint-Dénat et de Djolfa à Laghouat.
La Commision a été d'avis de repousser
un projet créant trois postes de conseillers
à la Cour d'appel d'Alger, .se refusant à
autoriser aucune nouvelle création sans
ressources correspondantes.
»
On demande des mécènes
0-0-
Le feu a détruit, comme on sait, le pavil-
lon de l'Agronomie Coloniale, au Jardin des
Plantes.
Or, ce pavillon avait été prêté ,par le Mu-
seum à l'administration des Colonies, la-
quelle n'a pas de crédits pour le réédifier.
On va donc le démolir entièrement, pliacer
une palissade autour et. ce « provisoire »
risque, selon la loi bien connue, de durer
fort longtemps.
Les recettes assurées par les entrées
payantes ne suffisent pas, tant s'en faut
pour accomplir tous les travaux qui seraient
nécessai'reu. Il faudrait 60 millions, rien que
pour réaliser le plan de reconstruction des
galeries de botanique, établi avant 19d4.
Quel fastueux mécène fera le geste qui
permettrait à la Ville de Paris d'avoir un
Jardin des Plantes et un Museum dignes
d'elle, et dignes do la France ?
«t»
Le général Mangin
lauréat de licadfimie irancaise
C'est à l'œuvre écrite du général Mangin
qu'est allé hier le grand prix de littérature
de 10.000 francs, de l'Académie Française.
Cette -- œuvre comprend:
La Force noire, Comment finit la guerre,
Des faits, des hommes, qui onV déjà paru j
Autour du continent lattn, Regards sur la
France d'Afrique, qui sont annoncés. Dans
ces livres, de belles pages écrites en une
langue forte et sohre, témoignent d'un tem-
pérament de véritable écrivain.
Il y a lieu de croire que Mangin, s'il eût
vécu, fût entré à l'Académie. Par son choix
d'hier, la docte assemblée semble bien avoir
marqué son regret de ne pas compter parmi
ses membres le grand soldat.
Le coton au Soudan Français
Le coton au Soudan Français
Le Service de l'Agriculture du Soudan
Français s'occupe activement de l'installa-
tion tie deux fermes cotonnières, l'une à Si."
kasso au compte du budget local, l'autre
dans le cercle de Koutiala au compte du
budget général de l'Afrique Occidentale
Française, aux environs du village de
M'Pesoba. Ces deux stations, situées dans
des régions particulièrement favorables au
cotonnier, seront à la fois des fermes-écoles
pour apprendre aux indigènes l'utilisation
de nos instruments aratoires et des stations
d'essais pour l'étude de la culture du - coton*-
nier, l'amélioration 'des variétés indigènes
et l'introduction de variétés étrangères pour
rechercher celles qui devront être dénnitive.
ment adoptées.
Les résultats de la campagne de coton
1924-1925 ne sont pas encore entièrement
connus, mais par suite de la crise des trans-
ports, les achats dans l'intérieur de la boxu
cle nu Niger seront certainement inférieurs
à ceux de 1924. De nouveaux efforts vont
être entrepris pour intensifier la production
et améliorer la qualité de la prochaine ré-
colte.
A Segou, les travaux du Laborato!re des
textiles sont en cours d'exécution.
"X
-
La situation au Maroc
CI*-
Arrêtons-nous à la fron-
tière. de la sone espagnole
et négocions, telle est la
solution préconisée par de
bons esprits, qui préten-
dent en opérant ainsi ar-
rêter toute effusion de
sang inutile.
Ùabord précisons. -- la
frontière franco-espagnole dans la région ri-
faine du Maroc n'est pas une frontière, mais
une limite tracée à l'aveuglette et pour
cause - personne n'y avait jamais été - en.
tre les diplomates Français et Espagnols au-
tour d'un tapis vert sur une carte fatalement
erronée. Limite artificielle et sans valeur
pour les Marocains qui ne connaissent qu'un
chef plus encore religieux que militaire, le
sultan vénéré aux trois capitales Fez, Mek-
nès et Rabat. Limite sans valeur qui parta-
geait les zones dinfluence économique mais
laissait intacte la souveraineté politique, qui
partageait les responsabilités d'ordre et de
police mais laissait la porte ouverte à tous,
pour la mise en valeur de l'empire du Magh-
reb.
La politique suivie au Maroc par le maré-
chal Lyautey a Hè de deux ordres. Dans la
région nord du Maroc franfais, soumission
progressive à l'autoritr directe du sultan des
tribus rebelles ou indépendantes; dans le Sud
après des heurts dont quelques-uns furent
molents et sanglants, politique d'association
avec les grands caids de la région de Marra-
kech et de l'Atlas, chefs puissants et riches,
fort au courant de la vie moderne, ayant, il
y a déjà dix ans leurs autos, fabriquant eux-
mêmes leur électricité dans leur palais, dis-
posant de comptes en banques et possédant
leurs carnets de chèques dans les comptoirs
les plus achalandés.
Ceux-ci ont été les associés de la paix fran-
aise, et loyalement le sont restés eus si bien
au moment du soulèvement de Fez qu'au-
jourd'hui.
Dans la zone espagnole, la politique de
soumission ayant, l'ln peut le dire, complète-
ment éclloué, nos voisins ont surtout cherché
à réaliser une politique cÛassociation dont le
gouvernement ibérique ferait les frais : tri-
buts payés à Raisouli ou à Abd el Maleck,
en attendant Abd el Krim.
En réalité ne nions pas que la partie espa-
gnole était difficile à jouer : le Rif est un
nid de guêpes et un nid d'aigles abrttant une
population pillarde qui au cours de l'histoi-
de n'a guère accopté d'autres règles que le
rapt, le viol et la tapine. Un chef intelligent
commande ces hordes dont t équipement mi..
litaire et l'outillage en canons et en muni-
tions sont suffisants pour durer longtemps et
tenir en échec nos forces, terroriser les tribut
voisines soumises et pacifiées. De là à déter-
miner par le bruit de petits succès répandus
par la renommée aux cent bouches dans tout
le Maroc musulman comme de constants dé-
sastres français, une constante effervescence,
il n'y a qu'un pas facile à franchir.
Céder à Abd el Krim, négocier sans avoir
vaincu serait pour le Maroc d'une légèreté
'sans nom.
Les indigènes y perdraient leur confiance
dans la force de lo France incapable de les
protéger contre un chef rebelle à leur sultan,
ne l'oublions pas; les Français installés en si
grand nombre seraient regardéf: en parasites
d'Arbaoua à Agadir, de Taza à Casablanca.
Position précaire, prémices des grandes ca-
tastrophes 1
La paix la plus certaine au Maroc, c'est
la fin de la dissidence d'Abd el Krmt.
Négocier avec lui sans l'avoir vaincu serait
la guerre de partisans installée en permanen-
ce au Maroc, ce serait la pire dts foues, com-
promettant irrémédiablement non seulement
notre position au Maroc, mais notre situa-
tion en Algérie ct en Tunisie, notr!. prestige
dans le monde musulman. Dans touLe l'Afri-
que du Nord, la fragilité de noire supériorité
militaire devant un chef de bande fcrait fa-
cilement croire aux indigènes que notre su-
périorité morale est de même argile.. et cela
non -bas au profit des masses indigènes, mais
de quelques agitateurs nationaux, les musul-
mans heureux de pêcher en eau trouble et de
restaurer les exactions du passé.
Si, en France des indigènophiles à courte
vue ne veulent pas, que des malandrins ara-
bes fassent suer le burnous dans toute
l'Afrique mineure comme-avant l'occupation,
il faut qtiils sachent qu'aucune négociation
r/est possible Q7PC Abd el Krim sans. un"
victoire décisive sur ce chef.
Qu'on se le dise
Marcel Ruedel
0- q --
L'ÉLEVAGE AU SOUDAN FRANÇAIS
La station d'élevage d'El-Oualadji a
reçu, par l'intermédiaire de la Chambre de
Commerce de Tourcoing, au cours du mois
de mars, 25 brebis et 10 béliers mérinos,
ainsi que 10 chèvres et 5 boucs angoras ve-
nant du Cap. Ces animaux sont arrivés en
bon état. Au 19* janvier 1925, l'effectif to-
tal de la bergerie s'élevait à 1.078 têtes.
iLa guerre au Maroc
8.88
AU PARLEMENT
Les pouvoirs d'enquête
Sans débat, la Chambre a accordé, hier,
les pouvoirs d'enquête aux membres de la
Commission de l'armée qui vomt, comme on
le sait, partir en mission de contrôle au
Maroc. Les délégués sont, nous l'avons dit,
MM. Qharles Guilhaumon, Guy de Mont-
joie, Fiori et Cluzel.
Réunion du groupe socialiste
Le groupe socialiste du Parlement, réuni
hier matin, a longuement examiné la si-
tuation militaire au Maroc et discuté les
projets financiers de M. CaHlaux.
Sur ces deux questions, tous les mem-
bres du groupe qui prirent a parole, MM.
Léon Blum, Vincent Auriol, Mistral, com-
me MM. Compère-Morel, Paul Faure et
Pressemane se prononcèrent contre la po-
-litique du Cabinet Painlevé.
Certains députés demandèrent même que
le groupe socialiste reprit son indépendance
complète.
Bien qu'aucune décision définitive n'ait
6M piriae, quelques députés socialistes af-
firmaient 1 après-midi, dans* les couloirs,
que leur groupe aillait recîiercfher immédia-
tement des moyens de retirer au Gouverne-
ment le soutien qu'ils lui avaient apporté
jusqu'ici.
LE DEPART DE LA DELEGATION
PARLEMENTAIRE
La délégation de la Commission de l'Ar-
mée partira ce soir pour Marseille, où elle
s'embarquera demain matin à destination
de Casablanca. Elle séjournera une hui-
taine de jours au Maroc.
LES OPERATIONS
A l'ouest, la situation est sans change-
ment. Aucune infiltration nouvelle n'est si-
gnalée.
Le groupe mobile a rayonné le 10 juin
autour du djebel Azjen sans incidents. Au
village d'Azjen, les R'hounas restent sou-
mis.
Les postes au nord et à l'est d'Ouezzan
ont reçu quelques coups de ifusil. Ouezzan
et ses abords, dans un rayon de 10 à 12 ki-
lomètres, sont absolument calmes.
Piuis à l'jest, le poste de Tafrani, attaqué
dans la nuit du 9 au 10, a résisté victorieu-
sement, faisant subir de lourdes pertes aux
assaillants.
La journée du 10 juin et la nuit clu 11 ont
été calmes aux alentours de -ce posie.
Au centre, les abords ouest et nord du
poste de Taounat sont toujours occupés par
les dissidents qui paraissent se renforcer,
mais n'ont renouvelé aucune tentative con-
tre notre position.
La menace ennemie sur le Guerenaou
s'accentue du fait de la présence à l'ouest,
et près de Syah d'une harka de 1.100 fu-
sils.
Queqques coups de fusil ont été échan-
s entre nos gardes indigènes et des rô-
deurs chez les Beni Bouyani. De nombreux
coups de fusil ont été également tirés con-
tre le poste de zouaves de Kiffane.
Menace écartée
La situation sur le front rifain, telle que
le maréchal Lyautey l'exposa à M. Painlevé
dès son arrivée, était la suivante :
Dans le bec de canard qui s'étend au nord
d'Ouezzan, vers la zone jadis espagnole, et
devenue rifaine depuis la prise de Che-
ohaouen, sept de nos postes étaient encer-
clés.
Le 10, le général Colombat résolut de les
dégager et envoya dans ce but une partie
de son groupe mobile.
Mais, depuis plusieurs jours, des infiltra-
tions de Rifains s'étaient produites dans Ja
tribu des Rhounas qui occupe cette région.
Vers midi, un aviateur signala au groupe
mobile que la tribu partait en dissldence;
femmes et enfants poussaient troupeaux au
galop vers le nord, c'est-à-dire vers Ohe-
chaouen, tandis que Iles guerriers déva-
laient vers le sud, c'est-à-dire vers Ouez-
zan.
Sentant cette 'dernière ville menacée, le
commandement du groupe mobile changea
d'objectif et fit face à ce nouveau danger.
Il réussit, à arrêter l'ennemi, et hier, ce-
lui-ci avait suspendu ses attaques de ce
côté.
Les pertes rifaines
Un détachement rifain, comprenant l.'ôOO
fusi-ls et opérant sur l'Ouergha a eu 800
tués ou blessés; une autre fraction de 100
Riifains a eu 75 hommes ensevelis avec
leurs armes dans une tranchée.
L'ORGANISATION DU FRONT RIFAIN
Abd el Krim organise son front selon un
plan d'ensemble bien déterminé, consistant
en l'établissement de voies de communica-
tion et particulièrement, de pistes, dont celle
de Taourtat à Targuist, actuellement ter-
minée, et celle de Taouertat à Taleghza, en
voie d'achèvement. Il crée des. réseaux télé-
phoniques, notamment en pays des Bem-
Zeroual, P et fait creuser des tranchées et des
abris. Ces travaux sont poussés activement,
particulièrement en ce qui concerne les re-
tranchements et les abris contre les bombar-
dements aériens. Chez les Jai et les Beni
Bcrhetr, ces travaux sont presque terminés.
On signale l'organisation, à Taleghza,
d'une puissante malialtma, ou maison de
commandement, avec un central téléphoni-
que, de nombreux abris et des silos conte-
nant d'importants approvisionnements..
Enfin. une piste stratégique parallèle au
front est activement poussée entre Gafsai
des Beni Zeroual et N.ktama.
L'AMBITION D'ABD EL KRIM
Si les projets militaires d'Abd el Krim
demeurent impénétrables, par contre, on
sait actuellement quelles sont ses ambitions
politiques et le but qu'il poursuit, qui est de
s'emiparer du trône chérifien.
Convaincu de son prochain succès, il a
donné rendez-vous aux chefs dissidents,
particulièrement au fameux Sidi Raho,
pour marcher sur Fez, les invitant à ne
s'ébranler que lorsqu'il aura lui-même at-
teint Souk el Arba de Tissa.
Des indices de lassitude déjà signalés se
confirment, mais Abd el Krim réagit avec
une impitoyable violence. Il offre 150 pese-
tas à quiconque arrête un déserteur. Les
déserteurs sont fusillés immédiatement.
LA PROPAGANDE ANTI-FRANÇAISE
De nombreux trapts poussant les légion-
naires à la désertion et rédigés en langue
allemande ont été trouvés dans nos lignes
où ils avaient été déposés pendant la nuit.
D'autre part, la police de Casablanca
poursuit son enquête sur les menées com-
munistes au Maroc. De nouvelles perquisi-
tions ont été effectuées chez des individus
affiliés au parti communiste. Elles ont
donné des résultats intéressants.
La police marseillaise a arrêté, hier, au
terminus des tramways des Trois-Lacs,
dans' la Ibânlluue de la ville, l'employé Mar-
gaillan, vingt-neuf ans, qui avait collé des
affiches sur les. murs, affiches où il était
dit : « Soldats 1 Fraternisez avec les Ri-
fains. Il
FRONT ESPAGNOL
La pression de l'ennemi augmente quel-
que peu autour des positions espagnoles
dans les régions occidentale et orientale.
Les troupes sont d'ailleurs prêtes à repous-
ser toute attaque.
Dans la matinée d'hier, au cours du ra-
vitaillement et de la relève des positions
avancées, opérés dans Je secteur de Ben-
karric par des détachements de la méhalla
de Tétouan, un groupe ennemi a engagé
une vive fusillade, mais il a été repoussé,
laissant sur le terrain trois tués et un
blessé. -
Les pertes espagnoles sont de dix tués et
blessés espagnols, trente tués et blessés in-
digènes. *
Les Rifains inquiets
Les informations parvenues à Fez sem-
blent indiquer que les chefs rifains sont très
préoccupés des préparatifs espagnols et ras-
semblent actuellement des harkas impor-
tantes dans la région d'Ajdir. Les mouve-
ments de ces harkas sont signalés par di-
vers observateurs.
Pour ce qui est de l'action politique, le
fait le plus important est l'organisation par
les Rifains des pays occupés, marquant la
ferme volonté d'Abd el Krim d'annexer ces
provinces. Abd el Krim tient toujours très
fortement les tribus confédérées du nord
du Maroc, malgré la lassitude témoignée par
certaines, par suite des pertes élevées
qu'elles subissent et malgré les vieilles que-
relles héréditaires qui les divisent. On croit
généralement pourtant que le bloc ne résis-
tera pas au premier échec important des
Rifains,
Une interview du général Primo de Rivera
Le général Primo de Rivera, interviewé
à Tétouan par l'envoyé spécial d'li joairnal
El Liberal, a déclaré qu'il se trouvait de-
puis quelques mois en constants rapports
avec le maréchal Lyautey en prévision des
événements. Il a précisé que l'accord qui
sera réalisé à la prochairfe conférence de
Madrid ne modifiera point des traités e.n
vigueur et respectera l'esprit et la lettre du
protocole des conférences d'Algésiras.
Le général Primo de Rivera a ajouté :
« La répression sévère de la contre-
bande des armes, un blocus effectif et éner-
gique des tribu® rebelles, une action cons-
tante de l'aviation rendant impossibles lies
travaux des champs et la tenue des mar-
chés, sont les moyens Iles plus efficaces,
probablement les seuls moyens pour ame-
ner les Rjtfains à accepter la paix que nous
avons l'obligation de leur imnoser.
« Les Français et les Espagnols agiront
d'accord, nuiis probablement avec indépen-
dance, eux dans leur zone, nous dans la
nôtre. Nous nous solidariserons dans une
action conjointe pour la surveillance et la
répression de la contrebande maritime et
les mesures à prendre pour empêcher la
contrebande par terre. »
RETARD DE LA CONFERENCE
FRANCO-ESPAGNOLE
Un conseil du directoire tenu avant-hier
soir, s'est notamment occupé de la procé-
dure à suivre concernant les délibérations
de lia conférence hispano-française.
̃ L'ouverture des pourparlers franco-cs-
pagnols est retardée cle quelques jours.
Mais l'accord est déjà complet en ses gran-
des lignes entre d'Espagne et la France et
la situation se présente sous les meilleurs
auspices.
OPINION D'UN JOURNAL ALLEMAND
La Deutsche Zeitllng, organe nationaliste,
après avoir reproduit une information de
Paris sur les ofliciers allemands engagés
dans l'armée d'Abd el Krim, écrit :
« S'il est vrai que 250 anciens. officiers
allemands se trouvent on ce moment en
qualité de conseillers ou d'ingénieurs au-
près d'Abd el Krim, nous l'ignorons. Cela
ne regarde pas les Français. Ajoutons que
ce sont eux qui, en nous imposant le dt-sar-
mement, et en privait de ressources une
dizaine de mille d'officiers lés' forcent à
chercher une occupation ¡\ l'étrongi-r. D'ail-
leurs, île traité de Versailles n'interdit que
l'envoi de missions officielles à t'étranger.
Ce que peuvent faire des particuliers ne
concerne pas l'Entente. »
SYMPATHIES ANGLAISES
On dit à Londres, dans les milieux inifor-
més, que le Gouvernement anglais gardera
l'attitude ],a plus amicale envers tout genre
de blocus g-ue la France et l'Espagne em-
ploieront au Maroc, mais n'y prendra pas
part. La - question d'aide effective à la
France n'a pas été envisagée par le Cabi-
net ; cependant, la France peut compter
que toutes les sympathies de l'Angleterre
lui sont acquises.
RETOUR DU GÉNÉRAL NIESSEL
Le général Niessel, qui a effectué une
inspection au Maroc, est arrivé hier matin
à Marseille, à Lord du paquebot Lamori-
cière, venant d'Oran. Il est reparti dans la
soirée pour Paris.
moie-
M. Painlevé 01 Maroc
--0-0--
Chez le sultan
Le président du Conseil a prolongé fort
avant dans la nuit du 10 au 11 son entre-
tien avec le maréchal Lyautey. Au matin,
de bonne heure, la conversation reprenait
et ne devait cesser que, devant 1 obliga-
tion de M. Painlevé de se rendre à 10 heu-
res au palais du sultan.
Accompagné par M. Laurent Eynoo,
sou's-secrétaire d'Etat à l'Aéronautique,
et par le général Jaoquemot, chef de son
cabinet militaire, le président du Conseil a
gagné en auto le palais du sultan.
L'escorte du maréchal entourait le cor-
tège.
Devant le palais du sultan, la cavale-
rie, la garde noire du sultan attendaient
impeccablement alignées, ; 4 l'intérieur,
dans la cour immense, les troupes d'infan-
terie étaient au garde-à-vous.
Une nouba jouait la Marseillaise.
Accueilli par le hadjib de Sa Majesté
dhériflenne, Si Mahamed Abadon. et par
son directeur du protocole, Si Kaddour
ben Ghabrit, ministre plénipotentiaire, M.
Painlevé a gravi l'escalier, sur les marches
duquel se tenaient d'abord les esclaves,
puis les fonctionnaires du maghzen, puis
- les - grands dignitaires. -- - --
Dans son cabinet de travail, le sultan
attendait detbout. Si Kaddour ben Ghabrit
vient à peine de traduire les mots de cor-
diale bienvenue du sultan, que déjà M.
Painlevé affirme que le Gouvernement ché-
rifien peut compter sur la loyauté et l'éner-
gie de la France. Les yeux sur le résident
général, Moulaï Youssef fait quelques pas
au devant du chef du gouvernement de la
France. Il parait ému.
Quand lo président du Conseil et le ma-
réchal Lyautey ont pris place en des fau-
teuils, le sultan, à son tour, s'est assis.
Il demande maintenant au chef du gouve
nement de donner tout son appui au ma-
réchal Lyautey. M. Painlevé répond :
Le maréchal Lyautey et moi sommes
de très vieux et très confiants amis. J'ai
eu l'honneur de me trouver à côté de lui
pendant la guerre, et je sais tout ce que
la France lui doit.
Mais déjà le sultan poursuit :
- Le point principal, c'est le maintien
du protectorat français sur le Maroc.
- C'est la volonté du gouvernement,
atteste M. Painlevé, et c'est la thèse
même que fai soutenue à la tribune.
Mais le sultan ne veut point s'en tenir
là. Malgré l'assurance qu'il vient de rece-
voir, il ajoute :
voir, TI faut que l'autorité du maghzen
reste entière sur tout le Maroc.
Une seconde de réflexion où l'on sent
que pèse toute la gravité de l'engagement,
et M. Painlevé affirme :
- Oui, il faut qu'elle demeure entière et
sans partage.
Maintenant, les ministres du sultan ont
été congédiés. La conversation cependant
se poursuit un moment encore entre Moulai
Youssef et M. Painlevé. En se retirant, un
haut dignitaire affirme aux représentants
de la prèsse que le sultan sait toute la
gravité de l'heure, mais que sa confiance
dans la victoire du maghzen est entière,
parce qu'entière est sa confiance dans la
France.
A 1'hAn-Ita1
- - - -- -.. - - - --
Sorti du Palais, le président du Conseil
s'est rendu à l'hôpital Marie-Feuillet, où
il s'est entretenu avec les blessés- et a
distribué des croix de guerre.
Au front
M. Painlevé a commencé aujourd'hui la
visite du front, qui se poursuivra demain.
COURRIER UË Lft TIJNISIE
--0-0-- TUNISIIIL,
LA VIE ECONOMIQUE
Quelques cours au marché de Sfax
LES HUILES
En peu de temps, plusieurs centaines de
mille kilos ont été écoulés et expédiés en Eu
rope et ce mouvement continue. Les transac-
tions portent sur une moyenne de 200.000 kilos
hebdomadaire.
Les cotations pour ces transactions sont de
630 à 635 fr. le quintal.
Gomme pour les premières affaires, la ma-
jorité des lots pratiqués, a été achetée par les
agents des maisons européennes.
Deuxième pression. - Tout le mouvement
portant sur les huiles extra,, on se désinté-
resse un reu des « deuxième pression". ce
produit est cependant intéressant et suscep-
tible d'une bonne vente, surtout en ce moment.
On ne traite que do loin en loin quelques
lot-, LI., cette qualité de 610 a 61.5 francs le
quintal.
Fdik et maasri. - Pour les qualités cou-
rantes, huile « fdik » et huile « maasri », le
marché demeure toujours très régulier.
Ce? qualités, de consommation locale, na
connaissent pas le calme. Leurs prix actuels
sont de 590 francs le quintal pour le « idiks »
et de 580 fr. les « mnasri ».
LES CEREALRS
Le M6 ancien ne tardera pas à disparaître.
On l'écoulé à 165 et 170 francs le quintal sui-
vant la qualité.
Les acheteurs préfèrent attendre le produit
de la nouvelle récolte.
L'orge ancienne cote de 85 à 00 et même g-Z
LE NUMERO : 20 (SENTIMES
VENDREDI SOIR, 12 JUIN 1925
- -"
Les Annales Coloniales
,,' ¡ JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Jhrnon", et Réclame» sont reçues aux Bureaux dujoumal et dam ht» Agences de Publicité
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ta | biII I MII
et Colonie», 90 » 48 » 15 »
un 3 - Il il 18 »
MbiuI M*
Q8 ..--.. da88 toaI- ---. de 8t .ua IIIIIL.--..
Propagande coloniale
̃ - ,.a
Le Gouvernement anglais a eu l'idée
fie prolonger d'un an l'exposition colo-
nale de Wembley. Il a voulu, ainsi que
l'a déclaré le roi Georges V, rapprocher
davantage les gens de nombreux pays
et leur démontrer qu'il peut être subvenu
à leurs besoins par l'une quelconque des
parties de l'empire.
C'est là, en effet, sinon le but unique,
jdu moins le but principal de cette exhibi-
tion de produits coloniaux. Elle tend à
montrer au visiteur, qui parcourt les di-
vers pavillons de l'exposition, que l'em-
pire britannique constitue au point de
,vue économique un monde complet, pos-
sédant à la fois les matières premières
et les produits alimentaires indispen-
sables à tout groupement humain civi-
lisé, et qu'il est même assez riche pour
satisfaire en partie aux besoins des au-
tres peuples.
Le curieux apprend sans effort, au
cours de sa promenade, que l'Australie,
la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud,
représentent un peu plus de la moitié de
•J a production mondiale de la laine.
Par ailleurs, il verra les progrès inin-
terrompus da culture du coton dans
ertaines possesions, les efforts considé-
rables et coûteux qui sont faits, en
Egypte notamment, pour en étendre
l'aire. Plus loin, il assistera au dévelop-
pement régulier de la production du
caoutchouc de plantation remplaçant
peu à peu celle du caoutchouc sauvage,
et la maîtrise de ce produit passant du
Brésil à l'Angleterre.
Ce sont ensuite les pavillons du Cana-
da., de l'Inde, de l'Australie encore, qui
apprennent au citoyen anglais que les
terres-impériales produisent assez de blé
pour suppléer à l'insuffisance des cé-
réales métropolitaines. Au pavillon de
l'Australie, on admire une immense co-
lonne du. sommet de laquelle une figure
symbolique verse le flot d'or du blé dans
la corbeille que tend Britania, celui du
-Canada, grâce à des dioramas, parfai-
tement exécutés, nous fait assister à tra-
vers les champs du Dominion, à une vé-
ritable promenade au cours de laquelle
on suit le 'blé depuis le terrain qui le por-
te jusqu'aux boulangeries londonniennes.
C'est une excellente leçon de choses.
Que l'Anglais, devant un pareil spec-
tacle, sente sourdre en lui quelque sen-
timent d'orgueil, rien n'est plus vrai-
semblable sinon certain.
Mais/les organisateurs de l'exposition
n'ont pas voulu le laisser sur cette im-
pression par trop favorable, et ils se sont
attachés à attirer son attention sur cer-
'tains points faibles de cette force impo-
sante. Après lui avoir montré l'étendue
et la prospérité de l'empire, ils veulent
qu'il sache que ce domaine incompa-
rable par sa superficie et 1 abondance de
ses ressources est encore par endroits dé-
pourvu d'habitants et que si les colons
n'affluent sur ces terres en friche, le dé-
veloppement de ses richesses est menacé
d'arrêt.
L'Australie et le Canada, pour ne
parler que des plus importantes posses-
sions, ont une population de densité ex-
trêmement faible, pas même un habitant
au kilomètre carré. Sans doute, il existe
dans ces deux pays de vastes territoires
que la sécheresse et le froid rendent ab-
solument inhabitables, mais que de ter-
res, pluè étendues que ne l'est la Fran-
ce, sont désertes et qui pourraient nour-
rir autant de personnes que nos pays de
la Garonne ou du 'bassin parisien !
L'ingéniosité des hommes s'est évi-
demment efforcée de remédier à l'insuf-
fisance de la main-d'œuvre par l'emploi
du machinisme, mais la machine ne rem-
place pas complètement le colon, et voilà
- pourquoi dans ces deux pays, et surtout
au Canada, de vastes territoires restent
encore incultes.
Il faut donc y attirer les émigrants et
essayer de déterminer l'excédent de po-
pulation de la métropole à franchir les
mers pour aller exploiter ces terres qui
attendent depuis des siècles le cultivateur
qui voudra bien les mettre en valeur.
La fortune à peu près certaine est promise
à l'audacieux qui consentira, à s'expatrier.
Seulement l'Européen, qui vit pénible-
ment-dans le faubourg de la grande'ville,
hésite à s'arracher à sa misérable exis-
tence parce qu'il sait qu'il ne trouvera pas
dans la province canadienne les quelques
distractions qui le retiennent à la ville.
Il redoùte la solitude de la campagne.
Cet état d'esprit est fort répandu et à
vrai dire ce qui frappe le plus l'Européen
qui visite ces contrées silencieuses, c'est
l'état d'isolement dans lequel vit le co-
Ion qui paraît retranché dans une cer-
taine mesure du monde civilisé. Il est
comme le soldat, qui placé aux avants-
postes n'aurait plus que des communi-
cations rares et incertaines avec le gros
de la troupe.
On s'efforce de faire cesser cet isole-
ment. Les colons éventuels sont prévenus
qu'ils trouveront, sur leursi domaines,
grâce à la radiotéléphonie, les distrac-
tions qui les retiennent à leur faubourg.
Des postes émetteurs seront installés qui
mettront journeUemnt les fermiers les
plus isolés au courant des événements
du monde et leur offriront des concerts
susceptibles de les distraire. L'idée est
ingénieuse. On pourrait même en éten-
dre l'application à des pays autres que le
Canada.
Il reste à voir si la perspective d'en-
tendre quotidiennement des concerts en
pleine prairie canadienne, déterminera
beaucoup de citadins à abandonner l'at-
mosphère empuantie des ruelles étroites
et des logements insalubres pour la vie
au grand air.
Henry Fontanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Affaires étran-
gères. membre de la Commission
des Ctlonies.
- - ̃̃̃̃̃ <>»
AU SBXAT
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Finances
La Commision sénatoriale des Finances,
réunie sous la présidence de M. Milliès-La-
croix, a adopté les trois avis financiers de
M. JeBnnener, relatifs à la déclaration
d'utilité publique des chemins de fer de
Nemours à Marnia, d'Oued-Alhusema à
Saint-Dénat et de Djolfa à Laghouat.
La Commision a été d'avis de repousser
un projet créant trois postes de conseillers
à la Cour d'appel d'Alger, .se refusant à
autoriser aucune nouvelle création sans
ressources correspondantes.
»
On demande des mécènes
0-0-
Le feu a détruit, comme on sait, le pavil-
lon de l'Agronomie Coloniale, au Jardin des
Plantes.
Or, ce pavillon avait été prêté ,par le Mu-
seum à l'administration des Colonies, la-
quelle n'a pas de crédits pour le réédifier.
On va donc le démolir entièrement, pliacer
une palissade autour et. ce « provisoire »
risque, selon la loi bien connue, de durer
fort longtemps.
Les recettes assurées par les entrées
payantes ne suffisent pas, tant s'en faut
pour accomplir tous les travaux qui seraient
nécessai'reu. Il faudrait 60 millions, rien que
pour réaliser le plan de reconstruction des
galeries de botanique, établi avant 19d4.
Quel fastueux mécène fera le geste qui
permettrait à la Ville de Paris d'avoir un
Jardin des Plantes et un Museum dignes
d'elle, et dignes do la France ?
«t»
Le général Mangin
lauréat de licadfimie irancaise
C'est à l'œuvre écrite du général Mangin
qu'est allé hier le grand prix de littérature
de 10.000 francs, de l'Académie Française.
Cette -- œuvre comprend:
La Force noire, Comment finit la guerre,
Des faits, des hommes, qui onV déjà paru j
Autour du continent lattn, Regards sur la
France d'Afrique, qui sont annoncés. Dans
ces livres, de belles pages écrites en une
langue forte et sohre, témoignent d'un tem-
pérament de véritable écrivain.
Il y a lieu de croire que Mangin, s'il eût
vécu, fût entré à l'Académie. Par son choix
d'hier, la docte assemblée semble bien avoir
marqué son regret de ne pas compter parmi
ses membres le grand soldat.
Le coton au Soudan Français
Le coton au Soudan Français
Le Service de l'Agriculture du Soudan
Français s'occupe activement de l'installa-
tion tie deux fermes cotonnières, l'une à Si."
kasso au compte du budget local, l'autre
dans le cercle de Koutiala au compte du
budget général de l'Afrique Occidentale
Française, aux environs du village de
M'Pesoba. Ces deux stations, situées dans
des régions particulièrement favorables au
cotonnier, seront à la fois des fermes-écoles
pour apprendre aux indigènes l'utilisation
de nos instruments aratoires et des stations
d'essais pour l'étude de la culture du - coton*-
nier, l'amélioration 'des variétés indigènes
et l'introduction de variétés étrangères pour
rechercher celles qui devront être dénnitive.
ment adoptées.
Les résultats de la campagne de coton
1924-1925 ne sont pas encore entièrement
connus, mais par suite de la crise des trans-
ports, les achats dans l'intérieur de la boxu
cle nu Niger seront certainement inférieurs
à ceux de 1924. De nouveaux efforts vont
être entrepris pour intensifier la production
et améliorer la qualité de la prochaine ré-
colte.
A Segou, les travaux du Laborato!re des
textiles sont en cours d'exécution.
"X
-
La situation au Maroc
CI*-
Arrêtons-nous à la fron-
tière. de la sone espagnole
et négocions, telle est la
solution préconisée par de
bons esprits, qui préten-
dent en opérant ainsi ar-
rêter toute effusion de
sang inutile.
Ùabord précisons. -- la
frontière franco-espagnole dans la région ri-
faine du Maroc n'est pas une frontière, mais
une limite tracée à l'aveuglette et pour
cause - personne n'y avait jamais été - en.
tre les diplomates Français et Espagnols au-
tour d'un tapis vert sur une carte fatalement
erronée. Limite artificielle et sans valeur
pour les Marocains qui ne connaissent qu'un
chef plus encore religieux que militaire, le
sultan vénéré aux trois capitales Fez, Mek-
nès et Rabat. Limite sans valeur qui parta-
geait les zones dinfluence économique mais
laissait intacte la souveraineté politique, qui
partageait les responsabilités d'ordre et de
police mais laissait la porte ouverte à tous,
pour la mise en valeur de l'empire du Magh-
reb.
La politique suivie au Maroc par le maré-
chal Lyautey a Hè de deux ordres. Dans la
région nord du Maroc franfais, soumission
progressive à l'autoritr directe du sultan des
tribus rebelles ou indépendantes; dans le Sud
après des heurts dont quelques-uns furent
molents et sanglants, politique d'association
avec les grands caids de la région de Marra-
kech et de l'Atlas, chefs puissants et riches,
fort au courant de la vie moderne, ayant, il
y a déjà dix ans leurs autos, fabriquant eux-
mêmes leur électricité dans leur palais, dis-
posant de comptes en banques et possédant
leurs carnets de chèques dans les comptoirs
les plus achalandés.
Ceux-ci ont été les associés de la paix fran-
aise, et loyalement le sont restés eus si bien
au moment du soulèvement de Fez qu'au-
jourd'hui.
Dans la zone espagnole, la politique de
soumission ayant, l'ln peut le dire, complète-
ment éclloué, nos voisins ont surtout cherché
à réaliser une politique cÛassociation dont le
gouvernement ibérique ferait les frais : tri-
buts payés à Raisouli ou à Abd el Maleck,
en attendant Abd el Krim.
En réalité ne nions pas que la partie espa-
gnole était difficile à jouer : le Rif est un
nid de guêpes et un nid d'aigles abrttant une
population pillarde qui au cours de l'histoi-
de n'a guère accopté d'autres règles que le
rapt, le viol et la tapine. Un chef intelligent
commande ces hordes dont t équipement mi..
litaire et l'outillage en canons et en muni-
tions sont suffisants pour durer longtemps et
tenir en échec nos forces, terroriser les tribut
voisines soumises et pacifiées. De là à déter-
miner par le bruit de petits succès répandus
par la renommée aux cent bouches dans tout
le Maroc musulman comme de constants dé-
sastres français, une constante effervescence,
il n'y a qu'un pas facile à franchir.
Céder à Abd el Krim, négocier sans avoir
vaincu serait pour le Maroc d'une légèreté
'sans nom.
Les indigènes y perdraient leur confiance
dans la force de lo France incapable de les
protéger contre un chef rebelle à leur sultan,
ne l'oublions pas; les Français installés en si
grand nombre seraient regardéf: en parasites
d'Arbaoua à Agadir, de Taza à Casablanca.
Position précaire, prémices des grandes ca-
tastrophes 1
La paix la plus certaine au Maroc, c'est
la fin de la dissidence d'Abd el Krmt.
Négocier avec lui sans l'avoir vaincu serait
la guerre de partisans installée en permanen-
ce au Maroc, ce serait la pire dts foues, com-
promettant irrémédiablement non seulement
notre position au Maroc, mais notre situa-
tion en Algérie ct en Tunisie, notr!. prestige
dans le monde musulman. Dans touLe l'Afri-
que du Nord, la fragilité de noire supériorité
militaire devant un chef de bande fcrait fa-
cilement croire aux indigènes que notre su-
périorité morale est de même argile.. et cela
non -bas au profit des masses indigènes, mais
de quelques agitateurs nationaux, les musul-
mans heureux de pêcher en eau trouble et de
restaurer les exactions du passé.
Si, en France des indigènophiles à courte
vue ne veulent pas, que des malandrins ara-
bes fassent suer le burnous dans toute
l'Afrique mineure comme-avant l'occupation,
il faut qtiils sachent qu'aucune négociation
r/est possible Q7PC Abd el Krim sans. un"
victoire décisive sur ce chef.
Qu'on se le dise
Marcel Ruedel
0- q --
L'ÉLEVAGE AU SOUDAN FRANÇAIS
La station d'élevage d'El-Oualadji a
reçu, par l'intermédiaire de la Chambre de
Commerce de Tourcoing, au cours du mois
de mars, 25 brebis et 10 béliers mérinos,
ainsi que 10 chèvres et 5 boucs angoras ve-
nant du Cap. Ces animaux sont arrivés en
bon état. Au 19* janvier 1925, l'effectif to-
tal de la bergerie s'élevait à 1.078 têtes.
iLa guerre au Maroc
8.88
AU PARLEMENT
Les pouvoirs d'enquête
Sans débat, la Chambre a accordé, hier,
les pouvoirs d'enquête aux membres de la
Commission de l'armée qui vomt, comme on
le sait, partir en mission de contrôle au
Maroc. Les délégués sont, nous l'avons dit,
MM. Qharles Guilhaumon, Guy de Mont-
joie, Fiori et Cluzel.
Réunion du groupe socialiste
Le groupe socialiste du Parlement, réuni
hier matin, a longuement examiné la si-
tuation militaire au Maroc et discuté les
projets financiers de M. CaHlaux.
Sur ces deux questions, tous les mem-
bres du groupe qui prirent a parole, MM.
Léon Blum, Vincent Auriol, Mistral, com-
me MM. Compère-Morel, Paul Faure et
Pressemane se prononcèrent contre la po-
-litique du Cabinet Painlevé.
Certains députés demandèrent même que
le groupe socialiste reprit son indépendance
complète.
Bien qu'aucune décision définitive n'ait
6M piriae, quelques députés socialistes af-
firmaient 1 après-midi, dans* les couloirs,
que leur groupe aillait recîiercfher immédia-
tement des moyens de retirer au Gouverne-
ment le soutien qu'ils lui avaient apporté
jusqu'ici.
LE DEPART DE LA DELEGATION
PARLEMENTAIRE
La délégation de la Commission de l'Ar-
mée partira ce soir pour Marseille, où elle
s'embarquera demain matin à destination
de Casablanca. Elle séjournera une hui-
taine de jours au Maroc.
LES OPERATIONS
A l'ouest, la situation est sans change-
ment. Aucune infiltration nouvelle n'est si-
gnalée.
Le groupe mobile a rayonné le 10 juin
autour du djebel Azjen sans incidents. Au
village d'Azjen, les R'hounas restent sou-
mis.
Les postes au nord et à l'est d'Ouezzan
ont reçu quelques coups de ifusil. Ouezzan
et ses abords, dans un rayon de 10 à 12 ki-
lomètres, sont absolument calmes.
Piuis à l'jest, le poste de Tafrani, attaqué
dans la nuit du 9 au 10, a résisté victorieu-
sement, faisant subir de lourdes pertes aux
assaillants.
La journée du 10 juin et la nuit clu 11 ont
été calmes aux alentours de -ce posie.
Au centre, les abords ouest et nord du
poste de Taounat sont toujours occupés par
les dissidents qui paraissent se renforcer,
mais n'ont renouvelé aucune tentative con-
tre notre position.
La menace ennemie sur le Guerenaou
s'accentue du fait de la présence à l'ouest,
et près de Syah d'une harka de 1.100 fu-
sils.
Queqques coups de fusil ont été échan-
s entre nos gardes indigènes et des rô-
deurs chez les Beni Bouyani. De nombreux
coups de fusil ont été également tirés con-
tre le poste de zouaves de Kiffane.
Menace écartée
La situation sur le front rifain, telle que
le maréchal Lyautey l'exposa à M. Painlevé
dès son arrivée, était la suivante :
Dans le bec de canard qui s'étend au nord
d'Ouezzan, vers la zone jadis espagnole, et
devenue rifaine depuis la prise de Che-
ohaouen, sept de nos postes étaient encer-
clés.
Le 10, le général Colombat résolut de les
dégager et envoya dans ce but une partie
de son groupe mobile.
Mais, depuis plusieurs jours, des infiltra-
tions de Rifains s'étaient produites dans Ja
tribu des Rhounas qui occupe cette région.
Vers midi, un aviateur signala au groupe
mobile que la tribu partait en dissldence;
femmes et enfants poussaient troupeaux au
galop vers le nord, c'est-à-dire vers Ohe-
chaouen, tandis que Iles guerriers déva-
laient vers le sud, c'est-à-dire vers Ouez-
zan.
Sentant cette 'dernière ville menacée, le
commandement du groupe mobile changea
d'objectif et fit face à ce nouveau danger.
Il réussit, à arrêter l'ennemi, et hier, ce-
lui-ci avait suspendu ses attaques de ce
côté.
Les pertes rifaines
Un détachement rifain, comprenant l.'ôOO
fusi-ls et opérant sur l'Ouergha a eu 800
tués ou blessés; une autre fraction de 100
Riifains a eu 75 hommes ensevelis avec
leurs armes dans une tranchée.
L'ORGANISATION DU FRONT RIFAIN
Abd el Krim organise son front selon un
plan d'ensemble bien déterminé, consistant
en l'établissement de voies de communica-
tion et particulièrement, de pistes, dont celle
de Taourtat à Targuist, actuellement ter-
minée, et celle de Taouertat à Taleghza, en
voie d'achèvement. Il crée des. réseaux télé-
phoniques, notamment en pays des Bem-
Zeroual, P et fait creuser des tranchées et des
abris. Ces travaux sont poussés activement,
particulièrement en ce qui concerne les re-
tranchements et les abris contre les bombar-
dements aériens. Chez les Jai et les Beni
Bcrhetr, ces travaux sont presque terminés.
On signale l'organisation, à Taleghza,
d'une puissante malialtma, ou maison de
commandement, avec un central téléphoni-
que, de nombreux abris et des silos conte-
nant d'importants approvisionnements..
Enfin. une piste stratégique parallèle au
front est activement poussée entre Gafsai
des Beni Zeroual et N.ktama.
L'AMBITION D'ABD EL KRIM
Si les projets militaires d'Abd el Krim
demeurent impénétrables, par contre, on
sait actuellement quelles sont ses ambitions
politiques et le but qu'il poursuit, qui est de
s'emiparer du trône chérifien.
Convaincu de son prochain succès, il a
donné rendez-vous aux chefs dissidents,
particulièrement au fameux Sidi Raho,
pour marcher sur Fez, les invitant à ne
s'ébranler que lorsqu'il aura lui-même at-
teint Souk el Arba de Tissa.
Des indices de lassitude déjà signalés se
confirment, mais Abd el Krim réagit avec
une impitoyable violence. Il offre 150 pese-
tas à quiconque arrête un déserteur. Les
déserteurs sont fusillés immédiatement.
LA PROPAGANDE ANTI-FRANÇAISE
De nombreux trapts poussant les légion-
naires à la désertion et rédigés en langue
allemande ont été trouvés dans nos lignes
où ils avaient été déposés pendant la nuit.
D'autre part, la police de Casablanca
poursuit son enquête sur les menées com-
munistes au Maroc. De nouvelles perquisi-
tions ont été effectuées chez des individus
affiliés au parti communiste. Elles ont
donné des résultats intéressants.
La police marseillaise a arrêté, hier, au
terminus des tramways des Trois-Lacs,
dans' la Ibânlluue de la ville, l'employé Mar-
gaillan, vingt-neuf ans, qui avait collé des
affiches sur les. murs, affiches où il était
dit : « Soldats 1 Fraternisez avec les Ri-
fains. Il
FRONT ESPAGNOL
La pression de l'ennemi augmente quel-
que peu autour des positions espagnoles
dans les régions occidentale et orientale.
Les troupes sont d'ailleurs prêtes à repous-
ser toute attaque.
Dans la matinée d'hier, au cours du ra-
vitaillement et de la relève des positions
avancées, opérés dans Je secteur de Ben-
karric par des détachements de la méhalla
de Tétouan, un groupe ennemi a engagé
une vive fusillade, mais il a été repoussé,
laissant sur le terrain trois tués et un
blessé. -
Les pertes espagnoles sont de dix tués et
blessés espagnols, trente tués et blessés in-
digènes. *
Les Rifains inquiets
Les informations parvenues à Fez sem-
blent indiquer que les chefs rifains sont très
préoccupés des préparatifs espagnols et ras-
semblent actuellement des harkas impor-
tantes dans la région d'Ajdir. Les mouve-
ments de ces harkas sont signalés par di-
vers observateurs.
Pour ce qui est de l'action politique, le
fait le plus important est l'organisation par
les Rifains des pays occupés, marquant la
ferme volonté d'Abd el Krim d'annexer ces
provinces. Abd el Krim tient toujours très
fortement les tribus confédérées du nord
du Maroc, malgré la lassitude témoignée par
certaines, par suite des pertes élevées
qu'elles subissent et malgré les vieilles que-
relles héréditaires qui les divisent. On croit
généralement pourtant que le bloc ne résis-
tera pas au premier échec important des
Rifains,
Une interview du général Primo de Rivera
Le général Primo de Rivera, interviewé
à Tétouan par l'envoyé spécial d'li joairnal
El Liberal, a déclaré qu'il se trouvait de-
puis quelques mois en constants rapports
avec le maréchal Lyautey en prévision des
événements. Il a précisé que l'accord qui
sera réalisé à la prochairfe conférence de
Madrid ne modifiera point des traités e.n
vigueur et respectera l'esprit et la lettre du
protocole des conférences d'Algésiras.
Le général Primo de Rivera a ajouté :
« La répression sévère de la contre-
bande des armes, un blocus effectif et éner-
gique des tribu® rebelles, une action cons-
tante de l'aviation rendant impossibles lies
travaux des champs et la tenue des mar-
chés, sont les moyens Iles plus efficaces,
probablement les seuls moyens pour ame-
ner les Rjtfains à accepter la paix que nous
avons l'obligation de leur imnoser.
« Les Français et les Espagnols agiront
d'accord, nuiis probablement avec indépen-
dance, eux dans leur zone, nous dans la
nôtre. Nous nous solidariserons dans une
action conjointe pour la surveillance et la
répression de la contrebande maritime et
les mesures à prendre pour empêcher la
contrebande par terre. »
RETARD DE LA CONFERENCE
FRANCO-ESPAGNOLE
Un conseil du directoire tenu avant-hier
soir, s'est notamment occupé de la procé-
dure à suivre concernant les délibérations
de lia conférence hispano-française.
̃ L'ouverture des pourparlers franco-cs-
pagnols est retardée cle quelques jours.
Mais l'accord est déjà complet en ses gran-
des lignes entre d'Espagne et la France et
la situation se présente sous les meilleurs
auspices.
OPINION D'UN JOURNAL ALLEMAND
La Deutsche Zeitllng, organe nationaliste,
après avoir reproduit une information de
Paris sur les ofliciers allemands engagés
dans l'armée d'Abd el Krim, écrit :
« S'il est vrai que 250 anciens. officiers
allemands se trouvent on ce moment en
qualité de conseillers ou d'ingénieurs au-
près d'Abd el Krim, nous l'ignorons. Cela
ne regarde pas les Français. Ajoutons que
ce sont eux qui, en nous imposant le dt-sar-
mement, et en privait de ressources une
dizaine de mille d'officiers lés' forcent à
chercher une occupation ¡\ l'étrongi-r. D'ail-
leurs, île traité de Versailles n'interdit que
l'envoi de missions officielles à t'étranger.
Ce que peuvent faire des particuliers ne
concerne pas l'Entente. »
SYMPATHIES ANGLAISES
On dit à Londres, dans les milieux inifor-
més, que le Gouvernement anglais gardera
l'attitude ],a plus amicale envers tout genre
de blocus g-ue la France et l'Espagne em-
ploieront au Maroc, mais n'y prendra pas
part. La - question d'aide effective à la
France n'a pas été envisagée par le Cabi-
net ; cependant, la France peut compter
que toutes les sympathies de l'Angleterre
lui sont acquises.
RETOUR DU GÉNÉRAL NIESSEL
Le général Niessel, qui a effectué une
inspection au Maroc, est arrivé hier matin
à Marseille, à Lord du paquebot Lamori-
cière, venant d'Oran. Il est reparti dans la
soirée pour Paris.
moie-
M. Painlevé 01 Maroc
--0-0--
Chez le sultan
Le président du Conseil a prolongé fort
avant dans la nuit du 10 au 11 son entre-
tien avec le maréchal Lyautey. Au matin,
de bonne heure, la conversation reprenait
et ne devait cesser que, devant 1 obliga-
tion de M. Painlevé de se rendre à 10 heu-
res au palais du sultan.
Accompagné par M. Laurent Eynoo,
sou's-secrétaire d'Etat à l'Aéronautique,
et par le général Jaoquemot, chef de son
cabinet militaire, le président du Conseil a
gagné en auto le palais du sultan.
L'escorte du maréchal entourait le cor-
tège.
Devant le palais du sultan, la cavale-
rie, la garde noire du sultan attendaient
impeccablement alignées, ; 4 l'intérieur,
dans la cour immense, les troupes d'infan-
terie étaient au garde-à-vous.
Une nouba jouait la Marseillaise.
Accueilli par le hadjib de Sa Majesté
dhériflenne, Si Mahamed Abadon. et par
son directeur du protocole, Si Kaddour
ben Ghabrit, ministre plénipotentiaire, M.
Painlevé a gravi l'escalier, sur les marches
duquel se tenaient d'abord les esclaves,
puis les fonctionnaires du maghzen, puis
- les - grands dignitaires. -- - --
Dans son cabinet de travail, le sultan
attendait detbout. Si Kaddour ben Ghabrit
vient à peine de traduire les mots de cor-
diale bienvenue du sultan, que déjà M.
Painlevé affirme que le Gouvernement ché-
rifien peut compter sur la loyauté et l'éner-
gie de la France. Les yeux sur le résident
général, Moulaï Youssef fait quelques pas
au devant du chef du gouvernement de la
France. Il parait ému.
Quand lo président du Conseil et le ma-
réchal Lyautey ont pris place en des fau-
teuils, le sultan, à son tour, s'est assis.
Il demande maintenant au chef du gouve
nement de donner tout son appui au ma-
réchal Lyautey. M. Painlevé répond :
Le maréchal Lyautey et moi sommes
de très vieux et très confiants amis. J'ai
eu l'honneur de me trouver à côté de lui
pendant la guerre, et je sais tout ce que
la France lui doit.
Mais déjà le sultan poursuit :
- Le point principal, c'est le maintien
du protectorat français sur le Maroc.
- C'est la volonté du gouvernement,
atteste M. Painlevé, et c'est la thèse
même que fai soutenue à la tribune.
Mais le sultan ne veut point s'en tenir
là. Malgré l'assurance qu'il vient de rece-
voir, il ajoute :
voir, TI faut que l'autorité du maghzen
reste entière sur tout le Maroc.
Une seconde de réflexion où l'on sent
que pèse toute la gravité de l'engagement,
et M. Painlevé affirme :
- Oui, il faut qu'elle demeure entière et
sans partage.
Maintenant, les ministres du sultan ont
été congédiés. La conversation cependant
se poursuit un moment encore entre Moulai
Youssef et M. Painlevé. En se retirant, un
haut dignitaire affirme aux représentants
de la prèsse que le sultan sait toute la
gravité de l'heure, mais que sa confiance
dans la victoire du maghzen est entière,
parce qu'entière est sa confiance dans la
France.
A 1'hAn-Ita1
- - - -- -.. - - - --
Sorti du Palais, le président du Conseil
s'est rendu à l'hôpital Marie-Feuillet, où
il s'est entretenu avec les blessés- et a
distribué des croix de guerre.
Au front
M. Painlevé a commencé aujourd'hui la
visite du front, qui se poursuivra demain.
COURRIER UË Lft TIJNISIE
--0-0-- TUNISIIIL,
LA VIE ECONOMIQUE
Quelques cours au marché de Sfax
LES HUILES
En peu de temps, plusieurs centaines de
mille kilos ont été écoulés et expédiés en Eu
rope et ce mouvement continue. Les transac-
tions portent sur une moyenne de 200.000 kilos
hebdomadaire.
Les cotations pour ces transactions sont de
630 à 635 fr. le quintal.
Gomme pour les premières affaires, la ma-
jorité des lots pratiqués, a été achetée par les
agents des maisons européennes.
Deuxième pression. - Tout le mouvement
portant sur les huiles extra,, on se désinté-
resse un reu des « deuxième pression". ce
produit est cependant intéressant et suscep-
tible d'une bonne vente, surtout en ce moment.
On ne traite que do loin en loin quelques
lot-, LI., cette qualité de 610 a 61.5 francs le
quintal.
Fdik et maasri. - Pour les qualités cou-
rantes, huile « fdik » et huile « maasri », le
marché demeure toujours très régulier.
Ce? qualités, de consommation locale, na
connaissent pas le calme. Leurs prix actuels
sont de 590 francs le quintal pour le « idiks »
et de 580 fr. les « mnasri ».
LES CEREALRS
Le M6 ancien ne tardera pas à disparaître.
On l'écoulé à 165 et 170 francs le quintal sui-
vant la qualité.
Les acheteurs préfèrent attendre le produit
de la nouvelle récolte.
L'orge ancienne cote de 85 à 00 et même g-Z
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