Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-06-04
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 juin 1925 04 juin 1925
Description : 1925/06/04 (A25,N83). 1925/06/04 (A25,N83).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396929v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VTNGT.ClNQUJEIM'E ANNEE, N° 88 - - - - - - - - --- - --. - LE NUMERQ 120 (SENTIMES - - - - - - - - - - - - - - - - - - - JEPDI SOIR, 4 JUIN lm -
- 4
L es Annales C oloniales
- - - JOURNAL a QUOTIDIEN - -
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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La viilcHiiure métropolitaine il nordulricaine
-- A ..a
On parle beaucoup de crise viticole, et l'on I
a raison. Le danger est grave. Les causes en
sont connues, et c'est déjà quelque chose.
Parmi elles, on place l'adoption irraisonnée
et illimitée des hybrides producteurs directs,
ou, d'une façon plus générale, l'extension du
vignoble métropolitain et, en second lieu, l'ex-
tension du vignoble de l'Afrique du Nord.
Sur hl. première de ces causes, ce n'est ni
le lieu ni le moment d' insister. 11 n'en va pas
de même pour la seconde. J'ai sous les yeux le
rapport de la Commission Consultative Inter-
ministérielle de la Viticulture. Mon excellent
collègue et ami, M. J. Gasser, a, dans ce jour-
nal même, présenté qlques. observations fort
justes à propos du chapitre qui a trait à la pro-
duction viticole dans l'Afrique du Nord. Je
voudrais y revenir à' mon tour : la chose en
vaut la peine.
M. Prosper Gervais, dans sa brochure sur
La Viticulture en France de 1913 àT923, ne
croit pas à un péril immédiat, en ce qui con-
cerne le vignoble du Maroc. Beaucoup de
gens partagent cette opinion. Sans doute, il est
possible que les agriculteurs marocains déve-
loppent, d'une façon exagérée, la culture de
la vigne. Mais, pour l'instant, l'inquiétude
n'est pas de ce côté. En revanche, on conçoit
les réserves qui sont faites, en France, quand
on parle de l'union douanière des trois parties
de l'Afrique du Nord, à la suite de laquelle
les produits du Maroc entreraient en franchise
sur le territoire de la métropole. J'indique, à
peine et en passant, ce coté de lia question, et
j'arrive au vignoble tunisien.
Ici, les inquiétudes se précisent. De 1914 à
1923, les surfaces plantées passent de 17.500
à 26.614 hectares, c'est-à-dire augmentent de
40 en dix années. J'ai vu ailleurs des cal -
culs d'après lesquels les Tunisiens pouvaient
planter 45 ou 50.000 hectares, avec une pro-
duction de 2 millions d'hectolitres. Je ne
m'arrête pas aux paroles imprudentes pronon-
cées à un récent Congrès d'Agriculture en Tu-
nisie ; le rapporteur des questions viticoles y a
oublié les nombreux et sages préceptes de la
sagçsse orientale nécessaire à ceux qui doivent
user de l'instrument ansereux de la parole ; il
a déclaré que les Français devaient arracher
leurs vignes là où ils ne produisaient pas des vins
de crus ou de gros rendements, et que la Tuni-
'sie, une fois délivrée des barrières de la doua-
ne, remplacerait tout cela avec avantage, avec
moins de peine et avec plus de profits pour tout
le monde en général, et pour elle en particu-
lier. Grand émoi chez les viticulteurs de
France. Aussi le rapporteur de la Commission
Consultative affirme-t-il qu'il est nécessaire de
notifier aux viticulteurs tunisiens qu'un régime
spécial leur sera toujours appliqué et que, s'ils
accroissent indéfiniment leurs vignobles, c'est
à leurs risques et périls : idées traduites dans
le voeu suivant : « Qu'en aucun cas le contin-
gent-d'importation en franchise accordé pour
la campagne 1924-1925 ne soit augmenté, et
que la réduction de ce contingent au chiffre de
300.000 hectolitres, fixée antérieurement, soit
envisagée. »
Il n'y a aucun doute. C'est le vœu de tous
cèux qui s'intéressent à notre viticulture.
L'éminent directeur de la Revue de Viticul-
ture, M. Pierre Viala, de l'Institut, écrit, ces
jours derniers, dans une étude remarquable :
« Il est-Jhors de doute que la culture de la
vigne, en Tunisie d'une piart, et au Maroc,
d'autre part, doit être limitée. Il n'est pas dis-
cutable que ces deux pays de protectorat, où la
viticulture pourrait retendre sur - - une surface
indéfinie, doivent être mis dans 1 impossibilité
de nuire à la viticulture nationale, même et
surtout si des projets de constitution d'un Gou-
vernement général de l'Afrique du Nord de-
vaient prendre corps. » Mais le très distingué
savant ajoute : a Peut-il en être de même pour
l'Algérie, qui forme, en somme, trois dépar-
tements français à égalité de droits avec ceux
de la métropole ? » Tout le monde a répondu :
non.
Et cependant, ces trois départements fran-
çais sont devenus grands producteurs de vins,
beaucoup plus grands producteurs qu'on n'au-
rait pu l'imaginer. Je renvoie à J'étude très
précise sur « l'évolution du vignoble algéro-tu-
nisien n, publiée par M. Pierre Berthault dans
la Revue- de Viticulture : 45.000 hectares, en
1883 ; 98.500 en 1890 ; 110.485 en 1893 ;
138.497 en 1899 ; 145.226 en 1900; 167.657
en 1905, voilà les chiffres et ils sont éloquents!
, - De 125.386 en 1909, lors 3e l'invasion du
phylloxéra, les chiffres remontent à 172.709
phylloxéra, à 180.409 hectares en 1923: Et les
en 1922,
plantations continuent. La récolte de 1923 pa-
raissait exceptionnelle : c'était inexact, le ren-
dement à l'hectare ayant été de 56 hectolitres
en 1923, contre 94 en 1914, année toujours
citée en exemple.
D'après M. Pierre Berthault, l'Algérie
donnera de 17 à 18 millions d'hectolitres, avec
une récolte- très belle ; de 12 à 13, avec une
bonne récolte; de 6 millions, avec une Técolte
« déficitaire ». En somme, nous allons vers des
récoltes moyennes de 15 millions par année. Il
conclut que l'extension régulière, continue, du
vignoble aigmen, est un phénomène heureux,
parce que la production viticole et le mouve-
ment des capitaux auquel la vigne donne lieu
sont les sources les plus sûres de la richesse
algérienne, et que cette richesse, il faut la
maintenir et l'amplifier.
« Il faut » est complètement inutile. Les Al-
gériens le savent, et ils n'ont pas attendu de
conseils. Au contraire, je me demande de
quelle utilité seront pour eux les conseils de
ceux qui les engagent à abandonner cette
source de richesses, à arracher des vignes pour
revenir aux céréales, ou du moins de ne plus
étendre désormais la surface des vignobles cul -
tivés. La loi est la même pour tous les paysans
du monde, depuis qu'il y a un monde et des
paysans : on cultive ce qui rapporte le plus et
avec le moins de peine ; la considération de
l'intérêt immédiat et permanent, de l'intérêt
personnel l'emporte sur les considérations éco-
nomiques, agronomiques,- et même philosophi-
ques. Prirnum vioere. Quand on aura composé
des volumes entiers pour persuader aux Algé-
riens qu'il vaudrait mieux tultiver les céréales,
le coton, l'oranger, la betterave, ils réfléchiront
aux aléas, aUX avantages, aux inconvénients, et
vous répondront : « J'aime mieux ma vigne,
ô gué, j'aime mjeux ma vigne. » Et alors,
comme la main-d' œuvre est plus élevée en
France qu'en Algérie, et que lé rendement à
l'hectare y est plus faible, la viticulture métro-
politaine sera en état d'infériorité en présence
de la viticulture algérienne, sans cesse en aug-
mentation. On devine le reste.
On a donc songé à rétablir l'équilibre, en
instituant une taxe à la sortie des vins de la
colonie ; cette taxe irait iau budget algérien, et
elle représenterait la différence entre les prix
de revient des vins de France et de ceux d'Al-
gérie. Ainsi, les viticulteurs de nos départe-
ments français d'Algérie garderaient toute li-
berté dans le choix de leurs cultures, sans dan-
ger pour les viticulteurs de la métrÕpole. Il
faut y réfléchir à deux fois. Des mesures de
ce genre ne s'improvisent pas sans créer d'au-
tres périls. Souvent, la peur d'un mal nous
conduit dans un pire.
En revanche, on a raison de compter sur
les bénéfices qu'il v aurait et pour l'Algérie et
pour la France à développer la fabrication des
vins de liqueurs, des moûts riches en sucres,
des mistelles. Nous sommes obligés d'aller en
chercher chez les Portugais et -les - Espagnols :
ne serait-il pas souhaitable que nous les trou-
vions en Algérie 1 Mais j'ai eu l'occasion de
le dire, la' semaine dernière, à la tribune du
Sénat : pour avoir des mistelles à sa disposi-
tion, il faut.prévoir la .fabrication avant la ven-
dange, immobiliser de gros capitaux pour
l'achat de l'alcool, stocker la marchandise,
veiller à sa parfaite tenue et à sa conservation,
ce qui entraîne un gros supplément de frais.
Tous les moyens doivent donc être employés
pour encourager le viticulteur à faire ces efforts
indispensables, Le premier est de modifier la
législation fiscale, beaucoup trop restrictive, et
qui manque du libéralisme nécessaire. C'est ce
que nous avons demandé, ce que nous deman-
erons encore.
En d tautres termes, pour le Maroc et la
Tunisie, « une politique coloniale agricole or-
donnée et prévoyante, afin d'harmoniser, de
solidariser et spécialiser les forces productrices»
des pays de protectorat ; pour l'Algérie, une
politique économique qui s'appuie sur le senti-
ment de la solidarité la plus étroite et la vo-
lonté d'une collaboration confiante et entière :
telles sont les grandes lignes à suivre, et que
nous suivrons.
Mario Roustan,
Stria leur de VlWrault, vice-président
de la Cotnmissinn sénatoriale clés Co.
Umins, Secrétaire qénèral du Groupe
viticole.
-00.
M. Viollette à Alger
M. Viollette, gouverneur général de l'Al-
gérie, a pris, hier, officiellement posses-
sion de ses fonctions.
Les consuls des puissances étrangère's,
par l'organe du consul d'Italie, doyen,
sont venus affirmer au Gouverneur leur
intention de continuer avec lui les excel-
lentes relations qu'ils curent avec see pré-
dééesseurs. Le Gouverneur Géhéral les a
remerciés et a indiqué notamment que la
France n'a qu'un souci : se créer des amis
dans le monde entier, elle n'a pas d'autre
préoccupation.
Les officiers supérieurs ont été présentés
au Gouverneur par le général Grattier.
'M. Viollette a fait l'éloge de l'armée 1
d'Afrique, et, a exalté l'œuvre des officiers.
Aux clergé catholique, protestant et is-
raélite, le Gouverneur a indiqué que rien
ne serait fait pour porter atteinte à leur
complète indépendance et aux droits de'la
conscience.
-Mgr. Lcynaud, archevêque d'Alger, qui
a présenté le clergé de son diocèse, a as-
suré le Gouverneur Général que le clergé'
algérien était tout entier attaché* à la
France et à la République et à assuré M.
Viollette de l'étroite colloboration de ce
clergé à la mission du Gouverneur Géné-
ral.
M. Viollette a remercié l'archevêque des
assurances qu'il venait de lui donner, dé.
clarant de son côté que nul acte de son
Gouvernement n'irait à rencontre d'une
tolérance totale et de la liberté de cons-
cience.
LEGION D'HONNEUR
Panmi les croix de la Légion d'honneur
récemment attribuées par M. André HCSlSC,
ministre des Coflonies, il convient de souli-
gner cdi-le du médecin-major collonial Bos-
acTt jeune médecin qui compte à peine
trois ans N service aux coilonies pour
services exceptionnels rendus dans Ile sec-
teur do (prophyliaxie de la (maladie du som-
m-eifl du Haut-Chari.
LES COMITÉS
de propagande coloniale
M. André H esse, mu
nistre des Colonies, dans
un récent discours au
Trocadéro, rappelait Vim-
périeuse nécessité d'intcll
si/ier l'action de propa-
gande en faveur de nos
Colonies et de notre Ma-
rine Marchande à Vexem-
ple de VAllemagne et de la Belgique.
L'Agence Economique de l'Afrique Occi-
dentale Française dont on ne saurait trop
louer les heureuses initiatives, poursuit acti-
vement, depuis quelques mois, la constitution
dans les villes industrielles de la Métropole,
de Comités de Propagande Coloniale. Les
Annales Coloniales ont enregistré avec plai-
sir la création d'un certain nombre de ces
Comités à Troyes, à Cherbourg, à Montpel-
lier, à Avignon, à Metz, à La Rochelle, et
présentement de nouveaux groupements sont
en voie de formation à Thionville, à Caen,
à Toulouse, et dans diverses autres villes.
Ces Comités régionaux ont pour objet
IOde faire, par tous les moyens de propa-
gande possibles, connaître tes colonies fran-
çaises, au point de vue historique, géogra-
phique et surtout économique. - -
2° D'attirer Vattention des commerçants
et industriels sur toutes les productions co-
loniales, de favoriser les rapports commer.
ciaux (importation, exportation), de réunir
toutes documentations, rassembler tous ren-
seignements pouvant servir aux intérêts com-
muns.
3° D'organiser des conférences, agrémen-
tées de projections cinématographiques et
toutes manifestations propres à diffuser les
questions coloniales.
4° De procurer att corps enseignant, par
Vintermédiaire des chefs hiérarchiques, les
documents présentant un intérêt particulier
pour permettre aux professeurs et instituteurs
de faire des causeries tfordre économique sur
les colonies françaises.
En province, les Comités de Propagande
Coloniale peuvent ainsi très utilement ap.
puyer l'action des offices et des agences éco-
nomiques, assurer un contact étroit que, les
organismes officithy avec leurs seuls moyens,
ne pourraient suf fisamment étendre sur Ven-
semble de la Métropole. Ils reçoivent de ces
Offices et Agences une documentatiôn tenue
à jour, leurs bulletins périodiques, des échan-
tillons de produits exportés et importés, et
tous renseignements dont ils ont besoin.
Les Membres des Comités de Propagande
procèdent directement auprès des industriels
régionaux à des enquêtes sur leurs besoins
en produits coloniaux et leur 'indiquent les
débouchés que peuvent trouver aux Colonies
les articles qui ils fabriquent.
Il est intéressant de relever, parmi les
adhérents à ces groupements, non seulement
des industriels et des commerçants, des repré-
sentants des Chambres de Commerce et des
Chambres Syndicales, tuais des Délégués des
syndicats ouvriers et des membres de V En-
scignemcnt ; les professions les plus variées
s'y trouvent représentées.
Vun de principaux buts des Comités de
Propagande est de faire connaître aux fabri-
cants régionaux les articles de provenance
étrangère que reçoivent nos Colonies et que
l'industrie Itationale doit pouvoir coneitrren-
cer. Des specimens de ces articles étrangers
sont mis (i leur disposition par les Agencej
économiques avec toutes indications relatives
à leur prix d'acltat, à leur prix de revient,
aux quantités importées,
Enfin, ces groupements nouveaux appelés,
comme on le voit, à jouer un rôle considéra-
ble dans la propagande, coloniale, au moyen
de conférences illustrées de films et de pro-
jections., de tracts et de brochures répandus
à profusion, sont tout indiqués pour intéres-
ser la masse du public et la jeunesse de nos
écoles au domaine extérieur de la France.
Comme toute Ligue ou groupement impor-
tant de propagande, agissant de Paris, mul-
tiplie dans les Départements des sections
pour généraliser son effort sur toute Vétendue
du pays, l Agence économique de l Afrique !
Occidentale française, sous Vheureuses ini-
tiative de son distingué directeur M. Gaston
Joseph, favorise aussi la formation de Co-
mités qui constituent des foyers de propa-
gande de la plus grande utilité pratique.
Le prédécesseur de M. André Hesse, rue
Oudinot, AI. Daladier, avait d'ailleurs tenu
fl marquer tout le prix qt/il attachait à l'œu-
vre entreprise par ces nouveaux groupements,
en comprenant le Président de l'un de ces
Comités dans la dernière promotion de la
Légion d'honneur du Ministère des Colo-
nies.
Maurice Bouilloux-Lafont
Vice-Président de la Chambre,
Député du Finistère.
r .,.
L'amiral Franchet d'Esperey
en Tunisie
Le maréchal Franchet d'Esperey, en
tournée d'inspection dans l'Afrique du
Nord, visite actuellement les qarnisons de
la régence. Il a plissé en remue avanf-hier
les troupes de la garnison de Bilerte.
Il est parti hier pqur Sir-Bou-Reckba
pour assister à (les manœuvres des trou-
pes de la division d'occwpalion.
III est-accompagné du colonel Peltier; du
85 tirailleurs. (Par dépêche.)
Les transports fluviaux
en A. E. F.
no -
Dans les immenses territoires qui consti-
tuent l'Afrique Equatoriale, se trouvent en-
closes des richesses inapprables. Malheu-
reusement nous n'avons pu, jusqu'à présent,
en extraire que de faibles parties, par suite
de l'existence de deux obstacles qui en ren-
dent l'exploitation onéreuse et difficile, le
manque de main d'oeuvre et la difficulté des
transports.
Pour vaincre le premier, on ne peut guère
envisager, tout au moins à l'heure présente,
que l'intensification du travail mécanique.
Pour dominer le second, Il est nécessaire de
créer des moyens de transport qui permettent
l'évacuation rapide des marchandises.
Tous les gouvernements intéressés ont si
bien compris cette nécessité, qu'ils font, en
ce moment, les efforts et les sacrifices les plus
considérables pour construire des routes et
des chemins de fer, reliant le centre de
l'-Afrique aux ports de l'Océan. Il viendra
évidemment un jour où les projets actuelle-
ment en cours deviendront des réalités, mais
il est à craindre que de nombreuses années
ne s'écoulent, avant qu'une voie ferrée ne
relie, par exemple, le Tchad à Pointe-Noire.
En attendant, il faut examiner les possi-
bilités d'obtenir des voies fluviales le maxi-
mum de rendement qu'elles peuvent donner.
Nos voisins du Congo belge pensent ainsi,
car en activant les travaux des chemins de
fer, ils ne négligent pas d'organiser, au
mieux, leurs transports fluviaux.
Dans les Annales Coloniales, à plusieurs
reprises, nous avons déjà signalé les amélio-
rations constantes réalisées par la Citas et la
Sonatra, que vient maintenant étayer l'Una-
tra.
Peut-être pourrions-nous suivre utilement
cet exemple ? Nous obtiendrions ainsi un
résultat plus rapide, qui aurait encore l'avan-
tage de procurer aux exportateurs des pro-
duits lourds ou encombrants, un débouché
relativement bon marché.
Il est certain qu'il faudrait effectuer cer-
tains travaux préliminaires, tels que l'étude
dès courants et des fonds, le placement de
baisses, l'aménagement des - mouillages, -
mais comparativement à ceux réclamés par
l'installation d'une voie ferrée ou même
d'une simple route, ce serait peu de chose.–
Il serait également nécessaire de se procurer
un matériel approprié, mais, là, nous pou-
vons profiter utilement des expériences déjà
tentées et agir presque à coup sûr. C'est ain-
si que des études faites par Sadler et Ficq,
il résulte nettement que le matériel donnant
les meilleurs résultats tant au point de vue
technique qu'au point de vue économique,
consiste, en remorqueurs et en allèges,
dont les caractéristiques sont les suivantes :
Remorqueurs, longueur : 56 m., base ti m.,
creux : 2 m. 20, tirant d'eau en charge 1 m.,
propulsion : 2 roues à aubes mobiles.
Alliages : 45 m. x 9 m. x 1 m. 80.
Un train en flèche ainsi composé doit pou-
voir transporter 3.000 tonries en effectuant
un trajet de TO kilomètres à l'heure.– Natu-
rellement le chargement et la vitesse sont
fonctions de la hauteur des eaux, et doivent
varier suivant les saisons.
L'objection principale faite à ce système
de transports est la navigabilité défectueuse
de;; fleuves congolais. Il ne semble pas, ce-
pendant, que ceux-ci soient en général infé-
rieurs sous le rapport de la navigabilité au
Mississipi et au Rhin. La pente et le cou-
rant du Rhin sont plus forts que ceux du
Congo et de rOuhangui. Le mouillage du
Rhin est de 1 m. 40 seulement à l'étiage, aux
environs de Strasbourg. Les passes et les
courbes du Rhin, sont, dans maints endroits,
plus resserrées que celles des grands cours
d'eau du Congo.
Il ne semble donc pas, dans ces condi-
tions, que nous devrions, de prime abord,
nous désintéresser des transports par eau et
qu'il conviendrait, non pas d'entretenir ce
qui existe déjà, mais de chercher à l'amé-
liorer par une mise au point judicieusement
et scientifiquement appliquée.
:
A la Commission de r&igfirie
des Colonies 81 des protectorats
-0-0 -
La Commission de l'Algérie, dos Colo-
nies el des Protectorats se réunira demain
vendredi 5 juin à 14 h. 30.
A l'ordre du jour figurent :
1° Examen des iiic-ci i rie atioiig" apportées
au budget des Colonies par le Sénat.
2° Désignation do Rapporteurs pour
3vis : - -"
a) projet 1548 .(chemin de fer de Saint-
Charles à Guelma) ; -
b) projet 1604 (traité d'amitié, de commerce
et de navigation avec le Siam).
3° Désignation de rapporteurs :
a) projet 1362 (vente d.u terrain de la re-
doute de Case-Navire, Martinique) ;
b) projet 1507 (tcnflrmL à ratifier l'arrêté
en date du 16 avril 1924 du Gouverneur
Général de TA. O. F. portant promulga-
non au Gabon de différents textes rela-
tifs aux douanes).
Nous publierons samedi 6 juin un important
mnnéro spécial consacré à l'Automobilisme et
au Tourisme en Indochine.
La guerre au Maroc
LES OPERATIONS
A l'ouest, la situation est inchangée. Le
calme, momentanément troublé par un
coup de main ennemi sur EBseli-Terroulla,
est rétabli. La rapide intervention de nos
Goums et des éléments réguliers autour
desquels vinrent se rallier des contingents
de partisans, permirent de briser, dès le
début, les tentatives de l'adversaire.
Le poste de liibane fut bombardé dans
la matinée du 31 mai. LM tirs de contre-
batterie déclenchée de nôtre côté contre
l'artillerie ennemie donnèrent de bous ré-
sultats.
Les généraux Calmel, adjoint au maré-
chal commandant en chef, et Colomibat,
ont passé le 31 mai à Ouezzan la tournée
d'inspection..
On signale qu'un groupement de troupes
espagnoles est arrivé à Tnadof avec mis-
sion de patrouiller aux bords de l'Oukkos.
Des renforts rifains seraient arrivés dans
la région de Dou-Kclaa.
Au centre, ncs troupes sont revenues à
leurs bases de départ après avoir effectué
les dégagements et les liaisons précédem-
ment indiquées. Aucun incident n'est si-
gnalé.
Dans le secteur est, la situation est sta-
tionnaire. Notre artillerie, à Kiffane, a dé-
inuli des abris ennemis.
Dernières dépêches
A l'cuest, les dissidents Rihouna, péné-
trant dans notre zone, ont tenté le 2 juin
un cuup de main analogue a celui précé-
demment signalé. Ils ont brûlé quelques
maisons et se sont repliés devant la ferme
attitude de nos partisans groupés autour
des détachements de nos troupes.
La relève des troupes des posics au
nord de ce secteur s'est effectuée sans in-
cident pendant la jeurnée du 2 juin.
Plus à l'est, une opération vivement
menée avec l'appui de l'artillerie a permisa
un large ravitaillement en eau du poste
des Beni Derkôul. Aucune perte de notre
côté.
Au centre, des contingents ennemis im-
portants ont été repérés dans la région de
Taounat et de Bab Ouender.
Une attaque dissidende contre nos trou-
pes campées à Gara des Mezziat a échou6
complètement. On signale, dans la partie
occidentale de ce secteur, un mouvement
général des -détachements ennemis vers le
nord. Il semble qu'il s'agisse simplement
d'un transfert de forces vers d'autres
points du front.
A l'est, lu situation est calme.
La propagande ennemie s'accentue
parmi toiles les populations en bordure de
la zone dissidente. Quelques rassemble-
ments ennemis sont signalés aux abords
de Gueroouaou.
, ,. --
1,0 maréchal commandant, en elieil tilt
cours de sn visite sur le front du secteur
est, a remis la croix de chevalier de In Lc-
gion d'honneur aux caïds Meddou des Ghc-
zenpoa r,! Ahmecl Onld Aissa, des Métalsa,
ces deux chefs indigènes, qui prirent part
personnellement à une opération à In tête
de leurs contingenls., avaient fait preuve
d'un courtise et d'un dévouement dignes du
plus grand éloge. La. cérémonie ô. laquelle
donna lieu la remise de ces décorations a.
produit la meilleure impression sur la foule
des indigènes présents.
« Boys-Scouts rifains » ?
Au cours de l'un des combats qui se sont
déroulés sur le nihane, nos soldats ont vu
surgir loul à coup devant aux un détache-
mont de 500 hommes environs coiffés de
chapeaux et vélus de chemises el de pnnta-
lons kakis. La rapidité du combat, qui se
termina par la retraite de cette troupe, ne
permit pas d'identifier les hommes qui la
composaient.
Nos soldats les ont. baptisés du nom de
« Boys-Scouts rifains n.
LE SERVICE DE SANTE
Aucun cas de gangrène gazeuse, aucun
cas de tétanos n'est relevé, même sur les
blessés sommairement pansés par leurs
camarades dans les posics encerclés, L éva-
cuation du front sur l'arrière se fait rapi-
demrnt, les grands blessés par avions sa-
nitaires 1-1 en ri ot. les petits blessés par ca-
mionnettes ou cacolets. Dans Les hôpitaux
en arrière du front. échelonnés sur la ligne
Oudjda-Kenitra,lcs blessés sont soignés par
le personnel militaire et. civil. Sœurs de
charité, et infirmières de la r:\'nix..l\'Ûngt.mon-
trcnL le plus grand dévouement. A l'hôpital
de F-ez, douze infirmières devaient regagner
la France pour un congé de six mois. Dès
le commencement de l'offensive ennemie,
elles sollicitèrent leur maintien.
On assure que l'administration du Pro-
tectorat se préoccuperait de louer dans les
villes du Sud : Mazagan, ofl, Mogador, de
vasLes immeubles susceptibles d'élre rapi-
dement transformés en hôpitaux militaires.
D'ores et. déjfi le Service de Santé dis-
pose de six mille cinq cents lits.
De toutes parts, des collectes s'organisent
pour apporter quelques adoucissements aux
blessés. Ce sont les mutilés et anciens
cnmbn Liants du Maroc qui ont donhé
loxemple.
Mme Lyauley est également l'animatrice
de tout mouvement charitable. Inicrvicwée
par un journaliste parisien, elle a dit
« Nous avons tout le nécessaire, mais en
matière de charité il n'y a pas de superflu.
Nous accepterons tous les tlon: nous
avons besoin de linge de corps, de chemi-
ses, de pyjamas, de moustiquaires, de ven-
tilateur», de. pain, de kola, d'eaux minéra-
les, de matériel de transport plus souple
pour les mauvaises roules du front. »
GHEZ L'ENNEMI
Abd-el-Krim a ordonné à ses lieutenants
et caïds de la zonc, occidentale de presser
les tribus Djebalas d'adhérer à la rebel-
lion pour les lancer sur le front français.
11 fait courir Je bruit qu'il a ouvert les
hostilités après entente avec les Alde-
mands, qui bientôt déclareront la guerre
à l'Europe.
Abd-el-Krim a renforcé ses harkas pour
attaquer les Espagnols et ensuite les Fran-
çais. Les principaux caïds de la zone oc-
cidentale ont été convoqués successive-
ment -a Ajdir pour recevoir des instruc-
tions.
AU MAROC ESPAGNOL
L'aviation continue à bombarder d'une
façon intensive et avec eflicacité les douars
ennemis. Les bombes incendient les
champs ; les habitants s'enfuient.
Le paclia de Tétoyan a ordonné aux
musulmans de livrer leurs armes dans un
délai de trois jours.
La surveillance des convois de ravitail-
lement ennemis a été renforcée.
Nouvelles d'Espagne
Des passagers arrivés de Ceula à Al-
gésiras disent que le bruit court que l'Es-
pagne commencerait de nouvelles opéra-
tions contre Alhucemas, par terre et par
nier, le H juin.
La. flotte espagnole doit arriver prochai-
nement à Algésiras.
La presse espagnole, dans l'ensemblc,
est favorable à une collaboration avec la
France au Maroc. D'autre pari, il semble
que le Gouvernement espagnol soit disposé
à continuer de son côté son œuvre do pa-
cification, le dernier repli n'ayant repré-
senté qu'une manœuvre mililaire en vue
de consolider et de fortifier l'arrière-garde.
On parle aussi d'opérations dans la zone
des Djebalas, combinées avec une avance
des troupes françaises par la vallée de
l'Ouergha.
Dès que l'Espagne et la France auront
réprimé les attaques des (Rifains, elles of-
friraient à Abd el Krim des propositions
de soumission moyennant certaines condi-
tions, en échange de la reconnaissance par
celui-ci de la souveraineté du sultan et de
l'autorité du califat dans la zone attribuée
à l'Espagne par les traités.
Le général Primo de Rivera, au cours
d'une réception d'une délégation d'officiers
de la garnison de Barcelone, a confirmé la
nouvelle d'une prochaine offensive espa-
gnole contre Abd el Krim. « Nous allons
taper dur », a-t-il dit.
Celle opération, h laquelle prendront
part des forces de terre, de mer et de l'air,
aurait lieu durant la deuxième quinzaine
do juin. On escompte une rapide et bril-
lante victoire et pouvoir promener le dra-
peau espagnol à Anoual et Ajdir.
« La question du Maroc, dit encore, à
Valence, le président du Directoire, entre
maintenant dans une phape intéressante,
parce que le Dinrloire est déridé à en finir
immédiatement..T\ilfends de la grande fa.-
mille militaire de nouveaux sacrifices au
Maroc, où, jusqu'à ce jour, nous avons
lutté contre un ennemi supérieur en nom-
bre.
a Nous avons la conviction, termina le
général Primo de Rivera en faisant allu-
sion ;'i l'expédition d'Alhucemas, que très
prochainement toute la côte marocaine
s» ra entre nos mains. Il
LA PROPAGANDE ANTI-FRANÇAISE
A Paris : arrestations
Lf nommé Jaudnl, demeurant UI, rue
lleheval. a été arrête et envoyé au dépôt
pour aveir apposé des affiches anti-milita-
ristes et fies papillons du méire- espi it dur
les murs de certaines rues.
D'autre part, le, nommé Norbert Bour-
don, ans. garçon de magasin. i?7, rue
du Mail, a élé arrêté, faubourg Montmar-
tre, pour distribution de tracts antimilita-
l'istes.
l'es aflicp.es el tracts émanent du comité
révolutionnaire d'action sur h's soldais du *^
Maroc.
Au Conseil municipal
Hier, à l'ouveriure de la première séance
du Conseil municipal, comme M. Guillau-
min, le nouveau président, proposait à l'as-
semblée d'envoyer son salut ému et re-
connaissant à 110s soldats qui combattent
et tombent au Maroc, le groupe communiste
se dressa aux cris de .< A bas la guerre t
A bas la guerre ! »
A Nancy
Hier après-midi, la police de Nancy a
perquisitionné chez différents militants com-
nlUlIislf, et notamment à la Maison du
Peuple, Des placards qui devaient être ap-
posés sur les murs de la ville et. distribués
I dans les casernes ont été saisis.
A Toulouse
A Toulouse, une ronde d'agonis cyclis-
tos a surpris, la nuit dernière, le commu-
niste Navarre qui collait sur les murs voi-
sins des dépôts el dos casernes insultantes pour nos chefs et nos soldats.
Ces affiches, qui provoquent les militaires
a la désobéissance et invitent les dMache-
ments de troupes envoyées au Maroc à pac-
tiser avec les Rifains. ont été saisies. Des
perquisitions ont été effectuées dans les mi-
lieux mosenulaires, et le secrétaire de la
section communiste unitaire, M. Georges
Joan, qui avait fourni à son camarade Na-.
varre les placards saisis, sera poursuivi.
En Savoie
On a arrêté è la Rochelle (Savoie) pour
propagande antimilitariste, et incitntion de
soldats à la désobéissance, Camille Vil-
lard, 31 ans, qui a été écroué à la maison,
d'arrêt do Chamhéry.
A Rabtu
Les journaux arabes Il AI Zohra In Manda
Jahdouh », de Tunis : « El Ahram El An-
liar », du Caire, et « Ladinil », d'Alexandrie»
- 4
L es Annales C oloniales
- - - JOURNAL a QUOTIDIEN - -
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
# EXCLUSIVE DU JOURNAL
Les Annontet et Rédames sont reçues aux Bureaux tluJoural el dans la Agences de Publicité
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1 U. aD I mois 9 sois
IB. France ee Colonie. 60 » 48 9 16 >
av" utaSSi l Étranger 120» 68. sa J
On abonne dans tous le* Bureaux de poète et ehezMt principaux libraire*
La viilcHiiure métropolitaine il nordulricaine
-- A ..a
On parle beaucoup de crise viticole, et l'on I
a raison. Le danger est grave. Les causes en
sont connues, et c'est déjà quelque chose.
Parmi elles, on place l'adoption irraisonnée
et illimitée des hybrides producteurs directs,
ou, d'une façon plus générale, l'extension du
vignoble métropolitain et, en second lieu, l'ex-
tension du vignoble de l'Afrique du Nord.
Sur hl. première de ces causes, ce n'est ni
le lieu ni le moment d' insister. 11 n'en va pas
de même pour la seconde. J'ai sous les yeux le
rapport de la Commission Consultative Inter-
ministérielle de la Viticulture. Mon excellent
collègue et ami, M. J. Gasser, a, dans ce jour-
nal même, présenté qlques. observations fort
justes à propos du chapitre qui a trait à la pro-
duction viticole dans l'Afrique du Nord. Je
voudrais y revenir à' mon tour : la chose en
vaut la peine.
M. Prosper Gervais, dans sa brochure sur
La Viticulture en France de 1913 àT923, ne
croit pas à un péril immédiat, en ce qui con-
cerne le vignoble du Maroc. Beaucoup de
gens partagent cette opinion. Sans doute, il est
possible que les agriculteurs marocains déve-
loppent, d'une façon exagérée, la culture de
la vigne. Mais, pour l'instant, l'inquiétude
n'est pas de ce côté. En revanche, on conçoit
les réserves qui sont faites, en France, quand
on parle de l'union douanière des trois parties
de l'Afrique du Nord, à la suite de laquelle
les produits du Maroc entreraient en franchise
sur le territoire de la métropole. J'indique, à
peine et en passant, ce coté de lia question, et
j'arrive au vignoble tunisien.
Ici, les inquiétudes se précisent. De 1914 à
1923, les surfaces plantées passent de 17.500
à 26.614 hectares, c'est-à-dire augmentent de
40 en dix années. J'ai vu ailleurs des cal -
culs d'après lesquels les Tunisiens pouvaient
planter 45 ou 50.000 hectares, avec une pro-
duction de 2 millions d'hectolitres. Je ne
m'arrête pas aux paroles imprudentes pronon-
cées à un récent Congrès d'Agriculture en Tu-
nisie ; le rapporteur des questions viticoles y a
oublié les nombreux et sages préceptes de la
sagçsse orientale nécessaire à ceux qui doivent
user de l'instrument ansereux de la parole ; il
a déclaré que les Français devaient arracher
leurs vignes là où ils ne produisaient pas des vins
de crus ou de gros rendements, et que la Tuni-
'sie, une fois délivrée des barrières de la doua-
ne, remplacerait tout cela avec avantage, avec
moins de peine et avec plus de profits pour tout
le monde en général, et pour elle en particu-
lier. Grand émoi chez les viticulteurs de
France. Aussi le rapporteur de la Commission
Consultative affirme-t-il qu'il est nécessaire de
notifier aux viticulteurs tunisiens qu'un régime
spécial leur sera toujours appliqué et que, s'ils
accroissent indéfiniment leurs vignobles, c'est
à leurs risques et périls : idées traduites dans
le voeu suivant : « Qu'en aucun cas le contin-
gent-d'importation en franchise accordé pour
la campagne 1924-1925 ne soit augmenté, et
que la réduction de ce contingent au chiffre de
300.000 hectolitres, fixée antérieurement, soit
envisagée. »
Il n'y a aucun doute. C'est le vœu de tous
cèux qui s'intéressent à notre viticulture.
L'éminent directeur de la Revue de Viticul-
ture, M. Pierre Viala, de l'Institut, écrit, ces
jours derniers, dans une étude remarquable :
« Il est-Jhors de doute que la culture de la
vigne, en Tunisie d'une piart, et au Maroc,
d'autre part, doit être limitée. Il n'est pas dis-
cutable que ces deux pays de protectorat, où la
viticulture pourrait retendre sur - - une surface
indéfinie, doivent être mis dans 1 impossibilité
de nuire à la viticulture nationale, même et
surtout si des projets de constitution d'un Gou-
vernement général de l'Afrique du Nord de-
vaient prendre corps. » Mais le très distingué
savant ajoute : a Peut-il en être de même pour
l'Algérie, qui forme, en somme, trois dépar-
tements français à égalité de droits avec ceux
de la métropole ? » Tout le monde a répondu :
non.
Et cependant, ces trois départements fran-
çais sont devenus grands producteurs de vins,
beaucoup plus grands producteurs qu'on n'au-
rait pu l'imaginer. Je renvoie à J'étude très
précise sur « l'évolution du vignoble algéro-tu-
nisien n, publiée par M. Pierre Berthault dans
la Revue- de Viticulture : 45.000 hectares, en
1883 ; 98.500 en 1890 ; 110.485 en 1893 ;
138.497 en 1899 ; 145.226 en 1900; 167.657
en 1905, voilà les chiffres et ils sont éloquents!
, - De 125.386 en 1909, lors 3e l'invasion du
phylloxéra, les chiffres remontent à 172.709
phylloxéra, à 180.409 hectares en 1923: Et les
en 1922,
plantations continuent. La récolte de 1923 pa-
raissait exceptionnelle : c'était inexact, le ren-
dement à l'hectare ayant été de 56 hectolitres
en 1923, contre 94 en 1914, année toujours
citée en exemple.
D'après M. Pierre Berthault, l'Algérie
donnera de 17 à 18 millions d'hectolitres, avec
une récolte- très belle ; de 12 à 13, avec une
bonne récolte; de 6 millions, avec une Técolte
« déficitaire ». En somme, nous allons vers des
récoltes moyennes de 15 millions par année. Il
conclut que l'extension régulière, continue, du
vignoble aigmen, est un phénomène heureux,
parce que la production viticole et le mouve-
ment des capitaux auquel la vigne donne lieu
sont les sources les plus sûres de la richesse
algérienne, et que cette richesse, il faut la
maintenir et l'amplifier.
« Il faut » est complètement inutile. Les Al-
gériens le savent, et ils n'ont pas attendu de
conseils. Au contraire, je me demande de
quelle utilité seront pour eux les conseils de
ceux qui les engagent à abandonner cette
source de richesses, à arracher des vignes pour
revenir aux céréales, ou du moins de ne plus
étendre désormais la surface des vignobles cul -
tivés. La loi est la même pour tous les paysans
du monde, depuis qu'il y a un monde et des
paysans : on cultive ce qui rapporte le plus et
avec le moins de peine ; la considération de
l'intérêt immédiat et permanent, de l'intérêt
personnel l'emporte sur les considérations éco-
nomiques, agronomiques,- et même philosophi-
ques. Prirnum vioere. Quand on aura composé
des volumes entiers pour persuader aux Algé-
riens qu'il vaudrait mieux tultiver les céréales,
le coton, l'oranger, la betterave, ils réfléchiront
aux aléas, aUX avantages, aux inconvénients, et
vous répondront : « J'aime mieux ma vigne,
ô gué, j'aime mjeux ma vigne. » Et alors,
comme la main-d' œuvre est plus élevée en
France qu'en Algérie, et que lé rendement à
l'hectare y est plus faible, la viticulture métro-
politaine sera en état d'infériorité en présence
de la viticulture algérienne, sans cesse en aug-
mentation. On devine le reste.
On a donc songé à rétablir l'équilibre, en
instituant une taxe à la sortie des vins de la
colonie ; cette taxe irait iau budget algérien, et
elle représenterait la différence entre les prix
de revient des vins de France et de ceux d'Al-
gérie. Ainsi, les viticulteurs de nos départe-
ments français d'Algérie garderaient toute li-
berté dans le choix de leurs cultures, sans dan-
ger pour les viticulteurs de la métrÕpole. Il
faut y réfléchir à deux fois. Des mesures de
ce genre ne s'improvisent pas sans créer d'au-
tres périls. Souvent, la peur d'un mal nous
conduit dans un pire.
En revanche, on a raison de compter sur
les bénéfices qu'il v aurait et pour l'Algérie et
pour la France à développer la fabrication des
vins de liqueurs, des moûts riches en sucres,
des mistelles. Nous sommes obligés d'aller en
chercher chez les Portugais et -les - Espagnols :
ne serait-il pas souhaitable que nous les trou-
vions en Algérie 1 Mais j'ai eu l'occasion de
le dire, la' semaine dernière, à la tribune du
Sénat : pour avoir des mistelles à sa disposi-
tion, il faut.prévoir la .fabrication avant la ven-
dange, immobiliser de gros capitaux pour
l'achat de l'alcool, stocker la marchandise,
veiller à sa parfaite tenue et à sa conservation,
ce qui entraîne un gros supplément de frais.
Tous les moyens doivent donc être employés
pour encourager le viticulteur à faire ces efforts
indispensables, Le premier est de modifier la
législation fiscale, beaucoup trop restrictive, et
qui manque du libéralisme nécessaire. C'est ce
que nous avons demandé, ce que nous deman-
erons encore.
En d tautres termes, pour le Maroc et la
Tunisie, « une politique coloniale agricole or-
donnée et prévoyante, afin d'harmoniser, de
solidariser et spécialiser les forces productrices»
des pays de protectorat ; pour l'Algérie, une
politique économique qui s'appuie sur le senti-
ment de la solidarité la plus étroite et la vo-
lonté d'une collaboration confiante et entière :
telles sont les grandes lignes à suivre, et que
nous suivrons.
Mario Roustan,
Stria leur de VlWrault, vice-président
de la Cotnmissinn sénatoriale clés Co.
Umins, Secrétaire qénèral du Groupe
viticole.
-00.
M. Viollette à Alger
M. Viollette, gouverneur général de l'Al-
gérie, a pris, hier, officiellement posses-
sion de ses fonctions.
Les consuls des puissances étrangère's,
par l'organe du consul d'Italie, doyen,
sont venus affirmer au Gouverneur leur
intention de continuer avec lui les excel-
lentes relations qu'ils curent avec see pré-
dééesseurs. Le Gouverneur Géhéral les a
remerciés et a indiqué notamment que la
France n'a qu'un souci : se créer des amis
dans le monde entier, elle n'a pas d'autre
préoccupation.
Les officiers supérieurs ont été présentés
au Gouverneur par le général Grattier.
'M. Viollette a fait l'éloge de l'armée 1
d'Afrique, et, a exalté l'œuvre des officiers.
Aux clergé catholique, protestant et is-
raélite, le Gouverneur a indiqué que rien
ne serait fait pour porter atteinte à leur
complète indépendance et aux droits de'la
conscience.
-Mgr. Lcynaud, archevêque d'Alger, qui
a présenté le clergé de son diocèse, a as-
suré le Gouverneur Général que le clergé'
algérien était tout entier attaché* à la
France et à la République et à assuré M.
Viollette de l'étroite colloboration de ce
clergé à la mission du Gouverneur Géné-
ral.
M. Viollette a remercié l'archevêque des
assurances qu'il venait de lui donner, dé.
clarant de son côté que nul acte de son
Gouvernement n'irait à rencontre d'une
tolérance totale et de la liberté de cons-
cience.
LEGION D'HONNEUR
Panmi les croix de la Légion d'honneur
récemment attribuées par M. André HCSlSC,
ministre des Coflonies, il convient de souli-
gner cdi-le du médecin-major collonial Bos-
acTt jeune médecin qui compte à peine
trois ans N service aux coilonies pour
services exceptionnels rendus dans Ile sec-
teur do (prophyliaxie de la (maladie du som-
m-eifl du Haut-Chari.
LES COMITÉS
de propagande coloniale
M. André H esse, mu
nistre des Colonies, dans
un récent discours au
Trocadéro, rappelait Vim-
périeuse nécessité d'intcll
si/ier l'action de propa-
gande en faveur de nos
Colonies et de notre Ma-
rine Marchande à Vexem-
ple de VAllemagne et de la Belgique.
L'Agence Economique de l'Afrique Occi-
dentale Française dont on ne saurait trop
louer les heureuses initiatives, poursuit acti-
vement, depuis quelques mois, la constitution
dans les villes industrielles de la Métropole,
de Comités de Propagande Coloniale. Les
Annales Coloniales ont enregistré avec plai-
sir la création d'un certain nombre de ces
Comités à Troyes, à Cherbourg, à Montpel-
lier, à Avignon, à Metz, à La Rochelle, et
présentement de nouveaux groupements sont
en voie de formation à Thionville, à Caen,
à Toulouse, et dans diverses autres villes.
Ces Comités régionaux ont pour objet
IOde faire, par tous les moyens de propa-
gande possibles, connaître tes colonies fran-
çaises, au point de vue historique, géogra-
phique et surtout économique. - -
2° D'attirer Vattention des commerçants
et industriels sur toutes les productions co-
loniales, de favoriser les rapports commer.
ciaux (importation, exportation), de réunir
toutes documentations, rassembler tous ren-
seignements pouvant servir aux intérêts com-
muns.
3° D'organiser des conférences, agrémen-
tées de projections cinématographiques et
toutes manifestations propres à diffuser les
questions coloniales.
4° De procurer att corps enseignant, par
Vintermédiaire des chefs hiérarchiques, les
documents présentant un intérêt particulier
pour permettre aux professeurs et instituteurs
de faire des causeries tfordre économique sur
les colonies françaises.
En province, les Comités de Propagande
Coloniale peuvent ainsi très utilement ap.
puyer l'action des offices et des agences éco-
nomiques, assurer un contact étroit que, les
organismes officithy avec leurs seuls moyens,
ne pourraient suf fisamment étendre sur Ven-
semble de la Métropole. Ils reçoivent de ces
Offices et Agences une documentatiôn tenue
à jour, leurs bulletins périodiques, des échan-
tillons de produits exportés et importés, et
tous renseignements dont ils ont besoin.
Les Membres des Comités de Propagande
procèdent directement auprès des industriels
régionaux à des enquêtes sur leurs besoins
en produits coloniaux et leur 'indiquent les
débouchés que peuvent trouver aux Colonies
les articles qui ils fabriquent.
Il est intéressant de relever, parmi les
adhérents à ces groupements, non seulement
des industriels et des commerçants, des repré-
sentants des Chambres de Commerce et des
Chambres Syndicales, tuais des Délégués des
syndicats ouvriers et des membres de V En-
scignemcnt ; les professions les plus variées
s'y trouvent représentées.
Vun de principaux buts des Comités de
Propagande est de faire connaître aux fabri-
cants régionaux les articles de provenance
étrangère que reçoivent nos Colonies et que
l'industrie Itationale doit pouvoir coneitrren-
cer. Des specimens de ces articles étrangers
sont mis (i leur disposition par les Agencej
économiques avec toutes indications relatives
à leur prix d'acltat, à leur prix de revient,
aux quantités importées,
Enfin, ces groupements nouveaux appelés,
comme on le voit, à jouer un rôle considéra-
ble dans la propagande, coloniale, au moyen
de conférences illustrées de films et de pro-
jections., de tracts et de brochures répandus
à profusion, sont tout indiqués pour intéres-
ser la masse du public et la jeunesse de nos
écoles au domaine extérieur de la France.
Comme toute Ligue ou groupement impor-
tant de propagande, agissant de Paris, mul-
tiplie dans les Départements des sections
pour généraliser son effort sur toute Vétendue
du pays, l Agence économique de l Afrique !
Occidentale française, sous Vheureuses ini-
tiative de son distingué directeur M. Gaston
Joseph, favorise aussi la formation de Co-
mités qui constituent des foyers de propa-
gande de la plus grande utilité pratique.
Le prédécesseur de M. André Hesse, rue
Oudinot, AI. Daladier, avait d'ailleurs tenu
fl marquer tout le prix qt/il attachait à l'œu-
vre entreprise par ces nouveaux groupements,
en comprenant le Président de l'un de ces
Comités dans la dernière promotion de la
Légion d'honneur du Ministère des Colo-
nies.
Maurice Bouilloux-Lafont
Vice-Président de la Chambre,
Député du Finistère.
r .,.
L'amiral Franchet d'Esperey
en Tunisie
Le maréchal Franchet d'Esperey, en
tournée d'inspection dans l'Afrique du
Nord, visite actuellement les qarnisons de
la régence. Il a plissé en remue avanf-hier
les troupes de la garnison de Bilerte.
Il est parti hier pqur Sir-Bou-Reckba
pour assister à (les manœuvres des trou-
pes de la division d'occwpalion.
III est-accompagné du colonel Peltier; du
85 tirailleurs. (Par dépêche.)
Les transports fluviaux
en A. E. F.
no -
Dans les immenses territoires qui consti-
tuent l'Afrique Equatoriale, se trouvent en-
closes des richesses inapprables. Malheu-
reusement nous n'avons pu, jusqu'à présent,
en extraire que de faibles parties, par suite
de l'existence de deux obstacles qui en ren-
dent l'exploitation onéreuse et difficile, le
manque de main d'oeuvre et la difficulté des
transports.
Pour vaincre le premier, on ne peut guère
envisager, tout au moins à l'heure présente,
que l'intensification du travail mécanique.
Pour dominer le second, Il est nécessaire de
créer des moyens de transport qui permettent
l'évacuation rapide des marchandises.
Tous les gouvernements intéressés ont si
bien compris cette nécessité, qu'ils font, en
ce moment, les efforts et les sacrifices les plus
considérables pour construire des routes et
des chemins de fer, reliant le centre de
l'-Afrique aux ports de l'Océan. Il viendra
évidemment un jour où les projets actuelle-
ment en cours deviendront des réalités, mais
il est à craindre que de nombreuses années
ne s'écoulent, avant qu'une voie ferrée ne
relie, par exemple, le Tchad à Pointe-Noire.
En attendant, il faut examiner les possi-
bilités d'obtenir des voies fluviales le maxi-
mum de rendement qu'elles peuvent donner.
Nos voisins du Congo belge pensent ainsi,
car en activant les travaux des chemins de
fer, ils ne négligent pas d'organiser, au
mieux, leurs transports fluviaux.
Dans les Annales Coloniales, à plusieurs
reprises, nous avons déjà signalé les amélio-
rations constantes réalisées par la Citas et la
Sonatra, que vient maintenant étayer l'Una-
tra.
Peut-être pourrions-nous suivre utilement
cet exemple ? Nous obtiendrions ainsi un
résultat plus rapide, qui aurait encore l'avan-
tage de procurer aux exportateurs des pro-
duits lourds ou encombrants, un débouché
relativement bon marché.
Il est certain qu'il faudrait effectuer cer-
tains travaux préliminaires, tels que l'étude
dès courants et des fonds, le placement de
baisses, l'aménagement des - mouillages, -
mais comparativement à ceux réclamés par
l'installation d'une voie ferrée ou même
d'une simple route, ce serait peu de chose.–
Il serait également nécessaire de se procurer
un matériel approprié, mais, là, nous pou-
vons profiter utilement des expériences déjà
tentées et agir presque à coup sûr. C'est ain-
si que des études faites par Sadler et Ficq,
il résulte nettement que le matériel donnant
les meilleurs résultats tant au point de vue
technique qu'au point de vue économique,
consiste, en remorqueurs et en allèges,
dont les caractéristiques sont les suivantes :
Remorqueurs, longueur : 56 m., base ti m.,
creux : 2 m. 20, tirant d'eau en charge 1 m.,
propulsion : 2 roues à aubes mobiles.
Alliages : 45 m. x 9 m. x 1 m. 80.
Un train en flèche ainsi composé doit pou-
voir transporter 3.000 tonries en effectuant
un trajet de TO kilomètres à l'heure.– Natu-
rellement le chargement et la vitesse sont
fonctions de la hauteur des eaux, et doivent
varier suivant les saisons.
L'objection principale faite à ce système
de transports est la navigabilité défectueuse
de;; fleuves congolais. Il ne semble pas, ce-
pendant, que ceux-ci soient en général infé-
rieurs sous le rapport de la navigabilité au
Mississipi et au Rhin. La pente et le cou-
rant du Rhin sont plus forts que ceux du
Congo et de rOuhangui. Le mouillage du
Rhin est de 1 m. 40 seulement à l'étiage, aux
environs de Strasbourg. Les passes et les
courbes du Rhin, sont, dans maints endroits,
plus resserrées que celles des grands cours
d'eau du Congo.
Il ne semble donc pas, dans ces condi-
tions, que nous devrions, de prime abord,
nous désintéresser des transports par eau et
qu'il conviendrait, non pas d'entretenir ce
qui existe déjà, mais de chercher à l'amé-
liorer par une mise au point judicieusement
et scientifiquement appliquée.
:
A la Commission de r&igfirie
des Colonies 81 des protectorats
-0-0 -
La Commission de l'Algérie, dos Colo-
nies el des Protectorats se réunira demain
vendredi 5 juin à 14 h. 30.
A l'ordre du jour figurent :
1° Examen des iiic-ci i rie atioiig" apportées
au budget des Colonies par le Sénat.
2° Désignation do Rapporteurs pour
3vis : - -"
a) projet 1548 .(chemin de fer de Saint-
Charles à Guelma) ; -
b) projet 1604 (traité d'amitié, de commerce
et de navigation avec le Siam).
3° Désignation de rapporteurs :
a) projet 1362 (vente d.u terrain de la re-
doute de Case-Navire, Martinique) ;
b) projet 1507 (tcnflrmL à ratifier l'arrêté
en date du 16 avril 1924 du Gouverneur
Général de TA. O. F. portant promulga-
non au Gabon de différents textes rela-
tifs aux douanes).
Nous publierons samedi 6 juin un important
mnnéro spécial consacré à l'Automobilisme et
au Tourisme en Indochine.
La guerre au Maroc
LES OPERATIONS
A l'ouest, la situation est inchangée. Le
calme, momentanément troublé par un
coup de main ennemi sur EBseli-Terroulla,
est rétabli. La rapide intervention de nos
Goums et des éléments réguliers autour
desquels vinrent se rallier des contingents
de partisans, permirent de briser, dès le
début, les tentatives de l'adversaire.
Le poste de liibane fut bombardé dans
la matinée du 31 mai. LM tirs de contre-
batterie déclenchée de nôtre côté contre
l'artillerie ennemie donnèrent de bous ré-
sultats.
Les généraux Calmel, adjoint au maré-
chal commandant en chef, et Colomibat,
ont passé le 31 mai à Ouezzan la tournée
d'inspection..
On signale qu'un groupement de troupes
espagnoles est arrivé à Tnadof avec mis-
sion de patrouiller aux bords de l'Oukkos.
Des renforts rifains seraient arrivés dans
la région de Dou-Kclaa.
Au centre, ncs troupes sont revenues à
leurs bases de départ après avoir effectué
les dégagements et les liaisons précédem-
ment indiquées. Aucun incident n'est si-
gnalé.
Dans le secteur est, la situation est sta-
tionnaire. Notre artillerie, à Kiffane, a dé-
inuli des abris ennemis.
Dernières dépêches
A l'cuest, les dissidents Rihouna, péné-
trant dans notre zone, ont tenté le 2 juin
un cuup de main analogue a celui précé-
demment signalé. Ils ont brûlé quelques
maisons et se sont repliés devant la ferme
attitude de nos partisans groupés autour
des détachements de nos troupes.
La relève des troupes des posics au
nord de ce secteur s'est effectuée sans in-
cident pendant la jeurnée du 2 juin.
Plus à l'est, une opération vivement
menée avec l'appui de l'artillerie a permisa
un large ravitaillement en eau du poste
des Beni Derkôul. Aucune perte de notre
côté.
Au centre, des contingents ennemis im-
portants ont été repérés dans la région de
Taounat et de Bab Ouender.
Une attaque dissidende contre nos trou-
pes campées à Gara des Mezziat a échou6
complètement. On signale, dans la partie
occidentale de ce secteur, un mouvement
général des -détachements ennemis vers le
nord. Il semble qu'il s'agisse simplement
d'un transfert de forces vers d'autres
points du front.
A l'est, lu situation est calme.
La propagande ennemie s'accentue
parmi toiles les populations en bordure de
la zone dissidente. Quelques rassemble-
ments ennemis sont signalés aux abords
de Gueroouaou.
, ,. --
1,0 maréchal commandant, en elieil tilt
cours de sn visite sur le front du secteur
est, a remis la croix de chevalier de In Lc-
gion d'honneur aux caïds Meddou des Ghc-
zenpoa r,! Ahmecl Onld Aissa, des Métalsa,
ces deux chefs indigènes, qui prirent part
personnellement à une opération à In tête
de leurs contingenls., avaient fait preuve
d'un courtise et d'un dévouement dignes du
plus grand éloge. La. cérémonie ô. laquelle
donna lieu la remise de ces décorations a.
produit la meilleure impression sur la foule
des indigènes présents.
« Boys-Scouts rifains » ?
Au cours de l'un des combats qui se sont
déroulés sur le nihane, nos soldats ont vu
surgir loul à coup devant aux un détache-
mont de 500 hommes environs coiffés de
chapeaux et vélus de chemises el de pnnta-
lons kakis. La rapidité du combat, qui se
termina par la retraite de cette troupe, ne
permit pas d'identifier les hommes qui la
composaient.
Nos soldats les ont. baptisés du nom de
« Boys-Scouts rifains n.
LE SERVICE DE SANTE
Aucun cas de gangrène gazeuse, aucun
cas de tétanos n'est relevé, même sur les
blessés sommairement pansés par leurs
camarades dans les posics encerclés, L éva-
cuation du front sur l'arrière se fait rapi-
demrnt, les grands blessés par avions sa-
nitaires 1-1 en ri ot. les petits blessés par ca-
mionnettes ou cacolets. Dans Les hôpitaux
en arrière du front. échelonnés sur la ligne
Oudjda-Kenitra,lcs blessés sont soignés par
le personnel militaire et. civil. Sœurs de
charité, et infirmières de la r:\'nix..l\'Ûngt.mon-
trcnL le plus grand dévouement. A l'hôpital
de F-ez, douze infirmières devaient regagner
la France pour un congé de six mois. Dès
le commencement de l'offensive ennemie,
elles sollicitèrent leur maintien.
On assure que l'administration du Pro-
tectorat se préoccuperait de louer dans les
villes du Sud : Mazagan, ofl, Mogador, de
vasLes immeubles susceptibles d'élre rapi-
dement transformés en hôpitaux militaires.
D'ores et. déjfi le Service de Santé dis-
pose de six mille cinq cents lits.
De toutes parts, des collectes s'organisent
pour apporter quelques adoucissements aux
blessés. Ce sont les mutilés et anciens
cnmbn Liants du Maroc qui ont donhé
loxemple.
Mme Lyauley est également l'animatrice
de tout mouvement charitable. Inicrvicwée
par un journaliste parisien, elle a dit
« Nous avons tout le nécessaire, mais en
matière de charité il n'y a pas de superflu.
Nous accepterons tous les tlon: nous
avons besoin de linge de corps, de chemi-
ses, de pyjamas, de moustiquaires, de ven-
tilateur», de. pain, de kola, d'eaux minéra-
les, de matériel de transport plus souple
pour les mauvaises roules du front. »
GHEZ L'ENNEMI
Abd-el-Krim a ordonné à ses lieutenants
et caïds de la zonc, occidentale de presser
les tribus Djebalas d'adhérer à la rebel-
lion pour les lancer sur le front français.
11 fait courir Je bruit qu'il a ouvert les
hostilités après entente avec les Alde-
mands, qui bientôt déclareront la guerre
à l'Europe.
Abd-el-Krim a renforcé ses harkas pour
attaquer les Espagnols et ensuite les Fran-
çais. Les principaux caïds de la zone oc-
cidentale ont été convoqués successive-
ment -a Ajdir pour recevoir des instruc-
tions.
AU MAROC ESPAGNOL
L'aviation continue à bombarder d'une
façon intensive et avec eflicacité les douars
ennemis. Les bombes incendient les
champs ; les habitants s'enfuient.
Le paclia de Tétoyan a ordonné aux
musulmans de livrer leurs armes dans un
délai de trois jours.
La surveillance des convois de ravitail-
lement ennemis a été renforcée.
Nouvelles d'Espagne
Des passagers arrivés de Ceula à Al-
gésiras disent que le bruit court que l'Es-
pagne commencerait de nouvelles opéra-
tions contre Alhucemas, par terre et par
nier, le H juin.
La. flotte espagnole doit arriver prochai-
nement à Algésiras.
La presse espagnole, dans l'ensemblc,
est favorable à une collaboration avec la
France au Maroc. D'autre pari, il semble
que le Gouvernement espagnol soit disposé
à continuer de son côté son œuvre do pa-
cification, le dernier repli n'ayant repré-
senté qu'une manœuvre mililaire en vue
de consolider et de fortifier l'arrière-garde.
On parle aussi d'opérations dans la zone
des Djebalas, combinées avec une avance
des troupes françaises par la vallée de
l'Ouergha.
Dès que l'Espagne et la France auront
réprimé les attaques des (Rifains, elles of-
friraient à Abd el Krim des propositions
de soumission moyennant certaines condi-
tions, en échange de la reconnaissance par
celui-ci de la souveraineté du sultan et de
l'autorité du califat dans la zone attribuée
à l'Espagne par les traités.
Le général Primo de Rivera, au cours
d'une réception d'une délégation d'officiers
de la garnison de Barcelone, a confirmé la
nouvelle d'une prochaine offensive espa-
gnole contre Abd el Krim. « Nous allons
taper dur », a-t-il dit.
Celle opération, h laquelle prendront
part des forces de terre, de mer et de l'air,
aurait lieu durant la deuxième quinzaine
do juin. On escompte une rapide et bril-
lante victoire et pouvoir promener le dra-
peau espagnol à Anoual et Ajdir.
« La question du Maroc, dit encore, à
Valence, le président du Directoire, entre
maintenant dans une phape intéressante,
parce que le Dinrloire est déridé à en finir
immédiatement..T\ilfends de la grande fa.-
mille militaire de nouveaux sacrifices au
Maroc, où, jusqu'à ce jour, nous avons
lutté contre un ennemi supérieur en nom-
bre.
a Nous avons la conviction, termina le
général Primo de Rivera en faisant allu-
sion ;'i l'expédition d'Alhucemas, que très
prochainement toute la côte marocaine
s» ra entre nos mains. Il
LA PROPAGANDE ANTI-FRANÇAISE
A Paris : arrestations
Lf nommé Jaudnl, demeurant UI, rue
lleheval. a été arrête et envoyé au dépôt
pour aveir apposé des affiches anti-milita-
ristes et fies papillons du méire- espi it dur
les murs de certaines rues.
D'autre part, le, nommé Norbert Bour-
don, ans. garçon de magasin. i?7, rue
du Mail, a élé arrêté, faubourg Montmar-
tre, pour distribution de tracts antimilita-
l'istes.
l'es aflicp.es el tracts émanent du comité
révolutionnaire d'action sur h's soldais du *^
Maroc.
Au Conseil municipal
Hier, à l'ouveriure de la première séance
du Conseil municipal, comme M. Guillau-
min, le nouveau président, proposait à l'as-
semblée d'envoyer son salut ému et re-
connaissant à 110s soldats qui combattent
et tombent au Maroc, le groupe communiste
se dressa aux cris de .< A bas la guerre t
A bas la guerre ! »
A Nancy
Hier après-midi, la police de Nancy a
perquisitionné chez différents militants com-
nlUlIislf, et notamment à la Maison du
Peuple, Des placards qui devaient être ap-
posés sur les murs de la ville et. distribués
I dans les casernes ont été saisis.
A Toulouse
A Toulouse, une ronde d'agonis cyclis-
tos a surpris, la nuit dernière, le commu-
niste Navarre qui collait sur les murs voi-
sins des dépôts el dos casernes
Ces affiches, qui provoquent les militaires
a la désobéissance et invitent les dMache-
ments de troupes envoyées au Maroc à pac-
tiser avec les Rifains. ont été saisies. Des
perquisitions ont été effectuées dans les mi-
lieux mosenulaires, et le secrétaire de la
section communiste unitaire, M. Georges
Joan, qui avait fourni à son camarade Na-.
varre les placards saisis, sera poursuivi.
En Savoie
On a arrêté è la Rochelle (Savoie) pour
propagande antimilitariste, et incitntion de
soldats à la désobéissance, Camille Vil-
lard, 31 ans, qui a été écroué à la maison,
d'arrêt do Chamhéry.
A Rabtu
Les journaux arabes Il AI Zohra In Manda
Jahdouh », de Tunis : « El Ahram El An-
liar », du Caire, et « Ladinil », d'Alexandrie»
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