Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-05-14
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 mai 1925 14 mai 1925
Description : 1925/05/14 (A26,N73). 1925/05/14 (A26,N73).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396919g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
ViN«T-&IXnM ANNS* - No 71
m NUMBAO : 10 CMNTÏME9
-- -
JEUDI som, 14 MAI 192M
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1 1 1 ; J: ,
Les Annales Coloniales
à --.O d £ 0 4
- JOURNAL QUOTIDIEN -
LES ARTICLES puBUts PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
, EXCLUSIVE DU JOURNAL
Let Âniwtee» et Réclames lo/ft retuet aux Bureaux dujeumal et iatu letAgtncei de Publicité
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THÈBAULT
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On s'abonne dus otn 1m Bw««b ém pacte «t «hez Im pHadpaax llbrafcrM
A propos du Congrès pan-noir
100
J'ai lu, dans les journaux, la noite
Suivante : « Le Congrès national afri-
cain, en réalité Congrès pan-noir, com-
posé de personnes de couleur de l'Afri-
que du bud, s'est tenu ces jours derniers
& Johannesburg. Les orateurs ont affir-
mé que l'Afrique resterait finalement aux
noirs, et que ceux-ci deviendraient un
jour les maîtres de ce continent. »
Voilà donc un nouvel épisode du cha-
pitre qui s'est ouvert en 1919; deux ans
ftprès, le Congrès pan-noir de 1921, réu-
mi à Bruxelles, les 31 août, Ier et 2 sep-
tembre, lançait l'appel au monde qui dé-
butait ainsi*: « L'égalité absolue des
taces au triple point de vue physique,
politique et social est la pierre d'achop-
pement de la paix mondiale et du pro-
grès humain », et qu'on a appelé, la
fcharte de la race noite. Le Congrès de
1925 reprend la tradition déormais éta-
blie. Les quelques remarques que je vou-
drais faire rejoignent celles que j'ai pré-
sentées l'autre semaine sur le bolche-
visme et les colonies. Il y a un bolche-
visme noir comme un bolchevisme jaune:
M. Blaise Diagne, député du Sénégal,
vqui présidait le Congrès pan-noir de
ruxelles, .déclarait que le premier ne
pourrait amener que ruines et dévasta-
tions, comme le second l'avait fait en
Russie, et, en même temps qu'il récla-
mait pour ses compatriotes tous les
droits des hommes libres et émancipés,
'il dénonçait les dangers de l'attitude
bolcheviste pour la cause même où les
communistes voyaient un prétexte à agi-
Stations et à bouleversements révolution-
naires.
On dit que les noirs d'origine améri-
caine et anglo-saxonne sont pour la
thèse qui met à la base de l'émancipa-
tion des races noires la reconnaissance
des principes du bolchevisme; que les
noirs originaires des autres parties de
U' Afrique sont pour la thèse que j'appu-
lerai réformiste ou évoluitionniste. n
gros, cela est vrai. Au Congrès pan-noir
de Paris, le 4 septembre 1921, M. Bur-
ghart du Bois exposait la première en
,termes énergiques : « Vous avez des re-
présentants au Parlement, lalécriait-ilp
nous aussi, nous en avons eu dans la
ehambw Haute; nous! .tenons à vous
rappeler que nous ne les avons plus, et
que pareille chose pourrait vous arri-
ver.,. Nous voulions que partout en Afri-
que des gouvernements autonomes soient
établis, oit les noirs se gouvernent eux-
mêmes. Nous autres, Américains, nous
sommes mieux à même que quiconque
de seritir toutes les puissances qui s'op-
posent aux résultats' que nous désirons
obtenir, et nous désirons que tous les
no;^sachent bien que la force qui s'op-
Jpose à notre mouvement n'est pas can-
tonnée à l'Amérique, mais qu'elle vient
jusqu'ici et qu'elle a su trouver des par-
tisans en France. »
Pourtant, quand on examinait de très
près les déclarations de M. Burghart du
oisi, on y rencontrait des idées moins
absolues, plus sages), plus pratiques :
par exemple, l'idée que les seuls moyens
Employés ne pouvaient être que des
( ce qui Ù'est pas
moyens pacifiques (ce qui n'est pas
un principe spécifiquement bolcheviste),
qu'une nation n'avait pas à s'immiscer
dans les affaires intérieures des autres,
et surtout que, si on accordait à tous
s peuplés noirs un gouvernement auto-
nome, ils en seraient fort embarrassés :
« Ils auront, au début, besoin d'une di-
rection, mais il faut que cette direction
soit faite én faveur de l'indigène et non
pas dans l'intérêt des dirigeants. »
Paroles prudentes et auxquelles on ne
trouve rien à objecter. Cette direction
dont la > race noire a besoin, dont elle
aura besoin plus ou moins longtemps ici
ou là suivant que ses efforts pour s'éle-
,ver au niveau moral et intellectuel des
autres peuples civilisés auront obtenu
plus ou moins de succès, c'est le devoir
du peuple protecteur et ami de la lui
donner, et cela à la fois dans l'intérêt de
l'indigène et dans l'intérêt général de
l 'hmanit'IJ
Au fond, quand M. Diagne, soute-
nant l'opinion des autres noirs, décla-
rait ridicule la prétention d'isoler la race
noire et de la laisser travailler seule à sa
propre évolution, quand il montrait que
la civilisation s'était faite par la fusion
des races, par les idées de l'élite et l'ef-
fort de la masse tout entière, il ne disait
pas autre chose; seulement, il n'em-
ployait pas le même raisonnement pour
arriver au même résultat, et il avait le
mur-age d'ajouter, en parlant du projet
d'isoler la race noire en Afrique pour
♦gn'fllfl y travpillAt, loin du nste de
monde, à sa rénovation : « Le problème
ainsi présenté est insoluble; il ne peut
convenir qu'à des gens qui mettent leur
orgueil à lancer des théories impossibles.
Pour ma part, il ne me convient pas de
compromettre par un geste inutilement
téméraire une cause juste. L'évolution
de notre race est chose nécessaire, parce
que l'humanité a besoin, au lendemain
de la guerre, de la mise en valeur du
monde entier et qu'il faut pour cela la
collaboration de tous. »
Cause nécessaire : le Congrès panafri-
cain de Bruxelles affirmait, non sans rai-
son, que le développement de l'humanité
était aujourd'hui (après la grande
guerre), reconnu solidaire de toutes ses
paries, que « l'urgent desideratum » de
l'heure était la collaboration continue
des races « sur les bases de l'égalité et
de la réunion de toutes les valeurs intel-
lectuelles et morales » et trouvait cette
formule pittoresque : « Une civilisation
universelle ne saurait être bien ordonnée
si elle doit continuer de s'encombrer
d'un ballast de plus de 200 millions
d'êtres humains laissés dans l'ignorance
et maintenus dans l'incapacité écono-
mique. »
Cause juste, puisque, selon le même
manifeste, les grandes espérances so-
ciales de la deuxième moitié du XIX" siè-
cle et les conclusions de la science con-
temporaine prouvaient que les noirs et
les hommes de couleur etaient suscepti-
bles d'un développement progressif per-
mettant à la race "arriérée d'atteindre
l'état avancé des autres races. Dévelop-
pement progressif, impossible avec
une politique séparatiste, possible
uniquement avec une politique de
collaboration; il faut des éducateurs à
« la race arriérée », des éducateurs qui
multiplient les élites et aident les masses
à les'reconnaître, à les suivre. Il faut
que sur toute la terre la démocratie de-
vienne une habitude, proclame la charte
de la race noire. Une habitude, oui,
comme Aristote le disait de la vertu.
Mais de s'imaginer que la démocratie
sera le prix de l'infusion, dans des tétés
mal préparées, d'une idéologie fort dan-
gereuse pour les têtes européennes, c'est
de la folie pure et simple ; c'est compro-
mettre la juste, la nécessaire cause par
des gestes insensés; c'est perdre tout en.
voulant tout gagner, et c'est aussi, par
une réaction facile à prévoir, faire d'ores
et déjà renaître les vieux préjugés, les
plaisanteries séculaires, les sots argu-
ments contre l'égalité des races. Les dé-
fenseurs de la thèse soutenue pat M.
Burghart du Bois n'ont pas le droit d ou-
blier que contre ces préjugés nos philo-
sophes français ont été les premiers à
faire entendre des protestations indi-
gnées ou ironiques. A l'époque où les né-
gociants de Bordeaux trouvaient d'ex-
cellentes raisons pour défendre l'institu-
tion de l'esclavage, on sait avec quelle
spirituelle éloquence Montesquieu ven-
geait les noirs opprimés : « Ceux dont il
s'agit sont noirs depuis les pieds jus-
qu'à la tête; et ils ont le nez si écrasé
qu'il est presque impossible de les plain-
dre. On ne peut se mettre dans l'esprit
que Dieu, qui est un être très sage, ait
mis une âme, surtout une âme bonne,
dans un corps tout noir. Il est si naturel
de penser que c'est la couleur qui cons-
titue l'essence ye l'humanité, que Ijes
peuples d'Asie, - qui font des eunuques,
privent ,toujourS' les noirs 'du rapport
qu'ils ont avec nous, d'une façon plus
marquée. » C'est notre Montesquieu qui
a annoncé « la convention générale en
faveur de la miséricorde et de la pitié »,
convention qui devait être signée en
1815, après que la première République
eut -- proclamé pour nos colonies l'aboli-
tion de 1 esclavage, et que le Consulat
l'eut rétabli.
Telle est la tradition de la France dé-
mocratique. La-charte de la race noire
l'a reconnu, et j'y reviendrai. Aujour-
d'hui, je n'ai voulu qu'opposer à la de-
vise : - « L'Afrique aux Africains n, pro-
clamée par les noirs à tendances bolche-
vistes, la véritable doctrine ainsi définie
dans la même charte : « C'est le devoir
du monde civilisé que d'aider de toutes
les manières les races attardées et oppri-
mées à accéder à la plénitude de la vie. »
Ces races n'ont qu'à s'en remettre à la
France : elle désarmera les violences et
les haines par une politique généreuse
à la fois prudente et désintéressée.
Mmi* Rmrwtan,
ssèiMevr a fVHérault.
Membre de la C 1ftmf000000lt
Wembfé d? te CarnmSm^genïïfirrtalB
mé. MAURICU VIOLLETTU
Gouverneur Général de l'Alydrie
---0-0-
Il aurait pu être, depuis
un an, Gouverneur Géné-
ral de VltidocJdne ou rede-
venir ministre.
Attaché à sa tâche de
rapporteur général du
budget, il a tout refusé
pour la poursuivre, et s'il
part aujourd'Jttii à Alger,
c'est sur les instances pressantes de M. Pazn-
levé et du Gouvernement tout entier, car
l'Algérie a besoin d'un administrateur habile
et énergique : deux qualités qui sont le propre
de notre ami Maurice Viollette. Agé de cin-
quante-quatre ans, il a débuté dans la vie po-
litique en 1899, dans le grand Cabinet Wal-
dcck-Rousse au, comme chef de Cabinet de
M. M Hier and, avant de devenir député de
Dreux, en 1902. Républicain d'extrême-gau.
che, Maurice Viollette, au cours de ces vingt-
cinq dernières années, a fait 'preuve d'une
belle constance politique, et sa fidélité à ses
convictions peut servir d'exemple à beaucoup.
Comme maire de Dreux, qu'il administre
depuis de longues années, il a su montrer
pendant la guerre, aux Iteures difficiles,
beaucoup de prévoyance et de sagesse. Au
ministère du Ravitaillement dans le 40 Minis-
trc Ribot en 1917, il a laissé le sou-
venir d'un organisateur et d'un gros tra-
vailleur. Comme vice-président de la Cham-
bre, comme président du Conseil Général
d'Etere-et-Loir, comme rapporteur de divers
grands projets parlementaires, comme rap-
porteur général du budget, il a marqué sa
place par ion énergie et ses qualités de mé-
thode.
Au cours de sa carrière politique, il a été
en butte aux attaques répétées de ses adver-
saires qui, deux fois, ont marqué un point,
la première, il y a vingt ans, lorsque, secré-
taire de la Chambre désigné par le groupe
républicain socialiste auquel il a toujours
appartenu il ne fut pas réélu grdce à une
manœuvre de toute la droite, le regretté Eu-
gène Etienne en Ute, qui vota à l unanimité
contre lui pour le docteur Isoard, député ré-
publicain socialiste. épris de dissidence et
d'honneur, et qui, Wepuis, eut quelques soucis
dans les scandales des carnets médicaux dej
Marseille.
La seconde fois, en 1919, Maurice Viol-
lette tomba, tête de liste de gauche en Ettre-
et-Loir, contre la liste conservatrice de M.
Mignot-ftoscrian, patronnée par M. lhopi-
icall, sénateur radical. Mais déjà deux ans
après, Af"uricc Viollette reprenait une écla-
tante reihntche dans son propre département
en battant M. Lhopiteau comme président
du Conseil Général. Ensuite, aux élections du
ii mai 1924, il remportait une belle victoire,
passant avec toute sa liste.
Au point de vue colonial, Maurice Viol-
lette, qui a longtemps collaboré aux Annales
Coloniales, s'était signalé à l'attention géné-
rale par ses deux rapports sur le budget des
Colonies qui, malgré les efforts combinés de
tout le vieux parti colonial ^f rançais alors
puissant, aboutirent, en 1911, à la chute de
M. Klobukowski, gendre de Paul-Bert, com-
me. Gouverneur Général de"l' Indocltine.
Rompu aux problèmes si délicats de l'Afri-
que du Nord, s'étant déjà rendu plusieurs fois
en Algérie et au Maroc, Maurice Viollette va
trouver à Alger un champ faction digne de
lui.
Les problèmes économiques et financiers,
les questions agricoles et industrielles, les
conflits de races si aigus dans les trois dépar-'
temcnts, et surtout dans VOranie, vont être
l'objet de sa sollicitude.
Nul doute qu'il ne réussisse à Alger à faire
une œuvre digne de lui, digne de la mère pa.
trie et de la France d'outre-Méditerranée.
Marcel Ruedel
La nomination de H. Viollette
Hier matin, a paru à l'Officiel la nomi-
nation de M. Viollette, député d'Eure-et-
Loir, au Gouvernement Général de l'Algérie.
M. Viollette a été chargé des fonctions de
gouverneur « à titre de mission temporaire n,
M. Viollette se trouve dans le même cas
que M. Célestin Jonnart, député du Pas-de-
Calais, lorsqu'il fut nommé gouverneur gé-
néral de l'Algérie. S'il était nommé à titre
définitif, il aurait dû, oommq MM. Paul
Doumer, député de l'Yonne, et Victor Au-
gagneur, député du Rhône, le firent lorsqu'ils
furent nommés gouverneurs généraux, le pre-
mier de l'Indochine en 1806, le second de
Madagascar à la fin de 1905, donner sa dé-
mission de député.
La publication officielle de cette nomina-
tion antérieurement arrêtée par le Gouver-
nement, avait été ajournée sur la demande du
nouveau gouverneur générât jusqu'après la
clôture des élections municipales.
Ranger
--0-0--
Mllè Felyns Verbist, étoile belge de la
danse, vient de Sonner des représentations
qui ottt remporté le plus ffrana succea. La
dhartDAnte suj ette, du roi Albert a fait sensa-
tion par sa tri- et son m «lurtgrapliitfùq.
La mort de Mangin
0-0-
C'est une véritable perte pour l'armée colo-
niale et les colonies que la mort prématurée du
général Mangin, si soudainement enlevé par une
crise foudroyante d'urémie, à moins de soixante
ans, et qui avait marqué une place considérable
et dans la grande guerre et dans l'épopée colo-
niale.
Né en 1866 à Sarrebourg, il sortit de Saint-
Cyr dans l'infanterie de marine, et c'est aux
colonies, dans l'armée coloniale, qu'il conquit
rapidement tous ses grades. Ce fut surtout un
Africain. Jeune lieutenant, il est au Soudan,
pépinière de brillants officiers. Lieutenant, il
part à la mission du Congo-Nil, la mission
Marchand, dont il ne reste plus que quelques
rares survivants, puisque Germain, Baratier et
Mangin sont maintenant disparus. Là comme
au Soudan, comme dans les différents postes
qu'il occupera, Mangin se révélera comme une
volonté ferme, agissante. Dur à lui-même plus
encore que dur aux autres, il fut un véritable
chef dans toute l'acception du mot. Officier su-
périeur, il est chef d'Etat-Major du comman-
dant supérieur des troupes à - Dakar, - lorsqu'un
soir, le Gouverneur Général d'alors le fait
appeler pour lui annoncer la mort du capitaine
Mangin, son frère, glorieusement tué la veille
dans un combat meurtrier en Mauritanie. Et
Mangin, raidi, contenant son émotion, de ré-
pondre : « 11 est mort en soldat. » C'est au
Maroc, après une brillante campagne à Marra-
kech qu'il reçut tout jeune, à 48 ans, les étoiles,
et le voilà jeté dans la grande mêlée. On con-
naît le rôle considérable qu'il y joua, à Ver-
dun, à Douaumont, sur l'Aisne, à Villers-Cot-
terets, en 1918. Commandant en chef de l' ar-
mée du Rhin après l'armistice, il n'y fut pas
maintenu pour des raisons politiques. Il fut
nommé au Conseil Supérieur de la Guerre, et
reçut une inspection générale. Depuis, il fut en-
voyé comme ambassadeur extraordinaire en
Amérique latine.
C'est une grande figure militaire et une
grande figure coloniale qui disparaît. Une per-
sonnalité aussi accusée que le général Mangin
ne pouvait pas ne pas susciter des détracteurs.
11 n'en faut pas moins saluer le magnifique sol -
dat et le grand colonial qui disparaît. Soldat
dat et le grand co l on i a l qui disparaît. h omme
et chef militaire, il le fut autant qu'
peut l'être ; ses citations en témoignent. Aussi
stofltLre dans te succès que dans le revers, il
resta toujours lui-même. Il supporta avec une
abnégation et une discipline parfaites une courte
disgrâce– d'ailleurs complètement imméritée
mais c'est surtout, en tant que colonial que
nous voulons dire ici quelques mots sur son.
œuvre. Elle fut avant tout africaine, et son
nom restera attaché à la conquête du Soudan,
à la mission Congo-Nil, à l'organisation des
troupes noires, dont il fut un des principaux
artisans par la parole et par l'action. Il a syn-
thétisé ses idées à ce sujet dans son livre fa-
meux : La Force Noire. 01 t on peut ne pas
se rallier complètement à ses arguments, si l' on
doit faire quelques réserves sur ses conclusions
trop absol ues, il n'est que juste de reconnaître
l'infljence prépondérante que sa propagande et
son activité ont exercée sur l'organisation des
troupes noires. 11 faut, à ce sujet, relever une
appréciation excessive d'un grand journal du
soir sur la part qui revient à Mangin dans la
solution de la question des troupes noires. D'au-
tres grands quotidiens ont été mieux inspirés en
reconnaissant qu'il en était, et le terme est très
juste, « un des premiers inventeurs », car il
n'est pas, comme l'écrivait le Temps (13 mai,
26 page, 6° col.), le « premier » qui « nous a
révélé quel les pouvaient être les ressources du
recrutement sénégalais et soudanais ». Sans rien
enlever à l'initiative de Mangin à cet égard, il
ne faut pas oublier que les premiers qui em-
ployèrent les troupes noires furent les chefs mi-
litaires qui présidèrent à la conquête du Sou-
dan, il ne faut pas oublier non plus qu'au moins
en même temps le Gouverneur Général Wil-
liam Ponty, qui ne suivait pas cr ailleurs toutes
les vues du colonel Mangin, mais l'encourageait
cependant dans sa campagne, avait déjà songé
à la réalisation en préconisant le long du
tracé du futur chemin de fer Thiès-Kayes, qui
ouvrait le Soudan, l'installation de postes réser-
voirs d'hommes, qui eût été la véritable pépi-
nière de l'armée noire et aurait évité certains
à-coups postérieurs. Mangin partage avec Wil-
liam Ponty la gloire d'avoir posé la question
des troupes noires et d'avoir envisagé des solu-
tions pratiques. L'un et l'autre, à ce sujet, ont
bien mérité du pays. Et Mangin s'est révélé à
cet égard aussi grand militaire que grand colo-
nial.
J. Aytet
Les obsèques du général Mangin auront lieu
demain vendredi 15 mai. - Le service funèbre
sera célébré en l'église Saint-Louis des Inva-
lides. On se réunira à la maison mortuaire, 9,
avenue de la Bourdonnais, à 9 h. 45. L'inhu-
mation aura lieu au cimetière Montparnasse.
*
La pêche en Mauritanie
0
M. Charles Daniélou, sous-secrétairc
d'Etat de la Marine marchande, vient de
rappeleT à l'attention du ministre des Colo-
nies, un voeu des armateurs à la pêche au
large et à la pêche hauturière de Douarne-
nez, tendant à la création à Port-Etienne
d'un dépôt de provisions et de combustibles
destiné au ravfteriHpment des pêcheurs bre-
tons qui 9e rendent en Mauritanie*
Discours do m. BuDiei
aux DMegationsMciBres d'Aluerll
0
A l'ouverture de la session des déléga-
tions financières, M. Dubief, secrétaire gé-
néral, a pron6ncé un discours important.
Après avoir salué les gouverneurs pré-
cédents, et, notamment, M. Steeg, il offrit
ses vœux à M. Viollette, non encore anivé
en Algéne,
M. Dïibief exposa ensuite la situation de
l'Algérie. La situation économique n'a ja-
mais été plus rassurante. La géne finan-
cière de la métropole y a, pourtant, eu sa
répercussion, mais, grâce aux efforts de
l'administration, aidée par le crédit mu-
tuel, soixante-cinq millions ont pu être
avancés au commerce local.
L'application du nouveau régime de co-
lonisation a permis de consolider le peu-
plement français et le rapprochement en-
tre colons et indigènes fortement poussé.
Du reste, Venseignement indigène a été
amélioré. 1
Abordant la question budgétaire, M. Vtt-
bief montra que la réadaptation du traite-
ment des fonctionnaires est une mesure
qu'on ne peut plus diffère
Il faut prévoir, dans le budget algérien,
des crédits nouveaux pour une centaine de
millions.
(Par Dépêche.)
ÉLECTIONS MUNICIPALES
LA REUNION
Le ministère des Colonies n'a pas encore
reçu les résultats complets des électione.
Saint-Denis
La liste de M. Richeville Robert, maire de
Saint-Denis, est tout entière élue, battant
celle constituée par son adjoint, M. Jau-
court.
Saint-Pierre
Les chiffres obtenus par les deux listes en
présence, celle du docteur Augustin Ar-
chambaud et celle de MM. Vigoureux et
Virabcnt, ne sont pas encore connus.
Le Tampon
Les résultats électoraux manquent en..
core.
GUADELOUPE
La Pointe-à-Pitre
M. Jean François (partage l'insuccès de
son colistier Candace.
Le dépulè-nmire de Fort do France vient
d'être battu à une forte majorité.
GrandrBourg
Le Maire, grand ami de Candace est ba-
tu. 11 en est de môme, comme nous l'avons
déuà annoncé, dans la plupart des autres lo-
ua lités où tous les amis do Candace se
voinnt blackboulés.
«t» ---
L'aviation coloniale
-0--
De Londres aux Indes,
Un Il commencé à Manchester la cons-
truction pour le service des Indes, d'avions
qui seront les plus grands aéroplanes
cuuunerciaux du monde construits enlière-
meut en acier sauf l'extrémité des ailes.
Ces engins, capables d'une vitesse de 180
kilomètres à 'l'heurc, réaliseront une
moyenne do 150 kilomètres environ et se-
ront munis de trois hélices indépendantes
pouvant développer mille chevaux.
lis pourront transporter vingt passagers,
auxquels on fournira des repas à bord.
Ces avions sont spécialement destinés il
la section désertique Le Caire-Carachi.
laeoi
Mission Bruneau de Laborie
0-CI
Parti d'Alger, M. Bruneau de Laborie a
atteint Abécher au début de mars. Il a suivi
l'itinéraire Ouargla, Fort-Flatters, Fort-Po-
ligitac, Djanet, Djado, Wour, Dardaï, Yebbi,
Gouro, Ounyanga, Fada, et traversé, du
nord-ouest au sud-est, de Wour à Gouro, le
massif du Tibesti. Ce pays avait déjà été par-
couru, à peu près en entier, notamment par
la mission du colonel Tilho qui en avait
dressé la carte. M. Bruneau de Laborie a
pu, néanmoins, y reci eillir aes observations
intéressantes et compléter certains renseigne-
ments qu'il îtvait rapportés de Libye, il y a
plus d'un aB et demi.
L'explorateur doit avoir atteint maintenant
la région de Fort-Crampel. 11 a mis cinq
mois et demi pour arriver à la capitale du
Ouadaï qu'il avait, d'ailleurs, visitée déjà
deux fois.
4..
Mort de H. Léonce Benedile
00
M. Léonce Bénédite, conservateur du Mu-
sée National du Luxembourg et du Musée
Rodin, vient de mourir ; il avait 66 ans,
Il avait consacré son activité à de multi-
ples œuvres, notamment à la Société des
peintres orientalistes, qu'il présidait avec une
diligence constante et qu'il avait su conduire
à une grande prospérité.
En face de cette association, s'est consti-
tuée, il y a quelques années, la Société Colo-
niale des Artistes Français, qui est plus ex-
clusivement coloniale et que préside M. Hen-
ry Bérenger, rapporteur général du budget
au Sénat.
̃ ̃ - ̃̃ ̃ ̃ - ̃
SOUDAN FRANÇAIS
M. Descomet Gabricl-Omer, administra-
teur en chef de 1ro classe des coloniest a
été délégué dans les fonctions de secré.
ln ire général du Gouvernement du Soudan
Français, en remplacement de M. Four-
nier. rémment nommé Gouverneur dç
3° classa - des - ublidnlgs,,
Histoires d'animaux
Au moins une fois J'an, la presse s'inquiète
de l'état du Jardin des Plantes. l âter le pouls
si j'ose dire du rhinocéros fait partie
des Commandements d'un bon journaliste.
Disons tout de suite, puisque nous sommes
en pays exotique, que « y en a bon cette an-
née ». Du moins, cela va mieux que par le
passé, d'après l'un de nos confrères, à qui M.
Mangin, directeur du Muséum, a fait les dé-
clarations suivantes :
(( Nous avons eu à déplorer la mort de quel-
ques animaux pendant la période humide. Plu-
sieurs antilopes ont succombé aux suites d'une
nécrose des os. Ces accidents se produisent sou-
vent, car les antilopes légères sont si ombra-
geuses qu'on ne peut les approcher pour leur
donner des soins. Voudrait-on les saisir, on leur
briserait les pattes. D'affolement, elles se jet-
tent parfois contre les grilles et s' y tuent. Nous
avons perdu également un faisan, une panthère
d'Ethiopie, une buse, un chat sauvage. Chaque
mort d'animal est évidemment regrettable ; mais
les corps étant aussitôt remis au service com-
pétent, qui en assure la conservation, rien
n'est perdu pour la science.
« Les serpents, par contre, vont bien. Nous
n'avons eu que quelques pertes dues au mauvais
fonctionnement des appareils de chauffage. La
chaleur, pour les reptiles, c'est l' essentiel. Sa-
vez-vous que le transport de ces animaux est le
plus aisé ? Il suffit de les bien gaver avant
l' embarquement pour que, durant trois semaines
de voyage, on n' ait autre chose à faire que de
veiller à la température égale des cages de
verre où ils sont enveloppés dans la laine. Ainsi
nourris au départ, les serpents sont inoffensifs,
et je ne conçois pas qu'un commandant de
Compagnie Transatlantique se soit, récemment,
refusé à embarquer un envoi de repti les à cause
d'un danger éventuel.
« Nous ne sommes pas dépourvus d'élé-
phants. Il y a Rachel, et la toute jeune LUI.
qui vient, hélas 1 de perdre son compagnon.
Ces animaux nous viennent de l' Indochine.
Bientôt, j' espère, nous recevrons des éléphants
d' Afrique.
« Les vides, d'ailleurs, sont assez rapide.
ment - comblés.
« Nous avons reçu d'un missionnaire une jo-
lie petite tigresse, de superbes oiseaux et trois
mangoustes. Du Gouverneur de la Guinée, des
antilopes grises et à robe tachetée, deux cigo-
gnes épiscopales, une poule sultane, trois ai -
grettes, une grue caronculée. Nous attendons
des mammifères ; le lieutenant Gérard, qui doit
quitter le Tchad en mai, nous ramènera, en
juillet, une belle diversité d'animaux. D'Amé-
rique, nous parviendront des bisons, des mou-
tons et des chèvreg au pelage remarquable.
« Des tortures énormes des Seychelles vien-
nent heureusement de compléter notre collec-
tion et deux charmants hippopotames nains, de
la région située entre la Guinée et la Côte
d'Ivoire, font la joie du public. Détail amusant:
celui-ci se figure que ces deux charmants pachy-
dermes, dont la taille ne dépasse guère celle
du sanglier -- sont les petits -- des gros hippopota-
mes. D'où leur touchant attendrissement. »
M. Mangin a signalé ensuite diverses amé-
liorations qui ont pu être réalisées grâce aux
entrées payantes :
« Au Musée Zoologique les galeries qui,
jusqu'à présent, étaient privées de lumière, se-
ront éclairées à l'êlectricité. Le public pourra
maintenant mieux admirer nos belles collec-
tions.
« Enfin, nous allons pouvoir édifier, grâce au
fonds Pasteur, un vivarium, sorte de serre dans
'Taquelle nous pourrons élever quantité d'insec-
tes, de crustacés, de mollusques, qui ne vivent
que dans les régions chaudes. Les visiteurs con-
templèront à loisir, à travers les aquariums et
les cages, les merveilleux insectes tisseurs de
soie et ceux si curieux dont le mimétisme don-
ne l'apparence des végétaux aux dépens des-
quels ils vivent : fleurs, feuilles, branches, etc.
Ils verront les mollusques mangeurs d'escar-
gots.
« Dans la galerie des reptiles, toute la par-
tie où se trouvent les poissons sera transformée :
une série d'aquariums remplacera le grand bas-
sin.
Enfin, le sympathique savant s est plaint de
la désinvolture avec laquelle la Ville traite le
Jardin des Plantes :
« Alors qu'on augmente nos charges dans
la proportion de 1 à 3, on n'a pas songé à ac-
croître notre maigre subvention annuelle. Nous
demandons une subvention égale aux charges.
« La situation qui nous est faite pourrait,
d'ailleurs, avoir pour le public les conséquences
les plus désagréables, Croyez-vous qu-e, si j'ob-
tenais du ministre que le Jardin des Plantes fût
considéré comme établissement d'enseignement
supérieur et vous voyez ce qu'il en résulte-
rait .pour la population parisienne la Ville
ne mettrait pas rapidemen'. les Douces ? »
M. Mangin a raison. &n domaine de fleurs
et d'animaux est un lieu de délassement et à
la fois d'éducation, essentiellement démocrati-
que.
On se prend à songer qu'un peu d'eau de la
piscine des Tourelles aurait pu être utilement
détournée vers le Jardin des Plantes. Car cette
eau, a-t-on raconté, contenait des paillettes
d'oT. #
Les Arabes, dit-on, n'ont plus peur du lion,
jadis la terreur du bled. Ils l'appelaient « Jean,
fils de Jean )i, avec toutes les marques du plus
profond respect comme font les Annamites qui
m NUMBAO : 10 CMNTÏME9
-- -
JEUDI som, 14 MAI 192M
-- - - - - - ---
1 1 1 ; J: ,
Les Annales Coloniales
à --.O d £ 0 4
- JOURNAL QUOTIDIEN -
LES ARTICLES puBUts PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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Let Âniwtee» et Réclames lo/ft retuet aux Bureaux dujeumal et iatu letAgtncei de Publicité
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l. go.,
On s'abonne dus otn 1m Bw««b ém pacte «t «hez Im pHadpaax llbrafcrM
A propos du Congrès pan-noir
100
J'ai lu, dans les journaux, la noite
Suivante : « Le Congrès national afri-
cain, en réalité Congrès pan-noir, com-
posé de personnes de couleur de l'Afri-
que du bud, s'est tenu ces jours derniers
& Johannesburg. Les orateurs ont affir-
mé que l'Afrique resterait finalement aux
noirs, et que ceux-ci deviendraient un
jour les maîtres de ce continent. »
Voilà donc un nouvel épisode du cha-
pitre qui s'est ouvert en 1919; deux ans
ftprès, le Congrès pan-noir de 1921, réu-
mi à Bruxelles, les 31 août, Ier et 2 sep-
tembre, lançait l'appel au monde qui dé-
butait ainsi*: « L'égalité absolue des
taces au triple point de vue physique,
politique et social est la pierre d'achop-
pement de la paix mondiale et du pro-
grès humain », et qu'on a appelé, la
fcharte de la race noite. Le Congrès de
1925 reprend la tradition déormais éta-
blie. Les quelques remarques que je vou-
drais faire rejoignent celles que j'ai pré-
sentées l'autre semaine sur le bolche-
visme et les colonies. Il y a un bolche-
visme noir comme un bolchevisme jaune:
M. Blaise Diagne, député du Sénégal,
vqui présidait le Congrès pan-noir de
ruxelles, .déclarait que le premier ne
pourrait amener que ruines et dévasta-
tions, comme le second l'avait fait en
Russie, et, en même temps qu'il récla-
mait pour ses compatriotes tous les
droits des hommes libres et émancipés,
'il dénonçait les dangers de l'attitude
bolcheviste pour la cause même où les
communistes voyaient un prétexte à agi-
Stations et à bouleversements révolution-
naires.
On dit que les noirs d'origine améri-
caine et anglo-saxonne sont pour la
thèse qui met à la base de l'émancipa-
tion des races noires la reconnaissance
des principes du bolchevisme; que les
noirs originaires des autres parties de
U' Afrique sont pour la thèse que j'appu-
lerai réformiste ou évoluitionniste. n
gros, cela est vrai. Au Congrès pan-noir
de Paris, le 4 septembre 1921, M. Bur-
ghart du Bois exposait la première en
,termes énergiques : « Vous avez des re-
présentants au Parlement, lalécriait-ilp
nous aussi, nous en avons eu dans la
ehambw Haute; nous! .tenons à vous
rappeler que nous ne les avons plus, et
que pareille chose pourrait vous arri-
ver.,. Nous voulions que partout en Afri-
que des gouvernements autonomes soient
établis, oit les noirs se gouvernent eux-
mêmes. Nous autres, Américains, nous
sommes mieux à même que quiconque
de seritir toutes les puissances qui s'op-
posent aux résultats' que nous désirons
obtenir, et nous désirons que tous les
no;^sachent bien que la force qui s'op-
Jpose à notre mouvement n'est pas can-
tonnée à l'Amérique, mais qu'elle vient
jusqu'ici et qu'elle a su trouver des par-
tisans en France. »
Pourtant, quand on examinait de très
près les déclarations de M. Burghart du
oisi, on y rencontrait des idées moins
absolues, plus sages), plus pratiques :
par exemple, l'idée que les seuls moyens
Employés ne pouvaient être que des
( ce qui Ù'est pas
moyens pacifiques (ce qui n'est pas
un principe spécifiquement bolcheviste),
qu'une nation n'avait pas à s'immiscer
dans les affaires intérieures des autres,
et surtout que, si on accordait à tous
s peuplés noirs un gouvernement auto-
nome, ils en seraient fort embarrassés :
« Ils auront, au début, besoin d'une di-
rection, mais il faut que cette direction
soit faite én faveur de l'indigène et non
pas dans l'intérêt des dirigeants. »
Paroles prudentes et auxquelles on ne
trouve rien à objecter. Cette direction
dont la > race noire a besoin, dont elle
aura besoin plus ou moins longtemps ici
ou là suivant que ses efforts pour s'éle-
,ver au niveau moral et intellectuel des
autres peuples civilisés auront obtenu
plus ou moins de succès, c'est le devoir
du peuple protecteur et ami de la lui
donner, et cela à la fois dans l'intérêt de
l'indigène et dans l'intérêt général de
l 'hmanit'IJ
Au fond, quand M. Diagne, soute-
nant l'opinion des autres noirs, décla-
rait ridicule la prétention d'isoler la race
noire et de la laisser travailler seule à sa
propre évolution, quand il montrait que
la civilisation s'était faite par la fusion
des races, par les idées de l'élite et l'ef-
fort de la masse tout entière, il ne disait
pas autre chose; seulement, il n'em-
ployait pas le même raisonnement pour
arriver au même résultat, et il avait le
mur-age d'ajouter, en parlant du projet
d'isoler la race noire en Afrique pour
♦gn'fllfl y travpillAt, loin du nste de
monde, à sa rénovation : « Le problème
ainsi présenté est insoluble; il ne peut
convenir qu'à des gens qui mettent leur
orgueil à lancer des théories impossibles.
Pour ma part, il ne me convient pas de
compromettre par un geste inutilement
téméraire une cause juste. L'évolution
de notre race est chose nécessaire, parce
que l'humanité a besoin, au lendemain
de la guerre, de la mise en valeur du
monde entier et qu'il faut pour cela la
collaboration de tous. »
Cause nécessaire : le Congrès panafri-
cain de Bruxelles affirmait, non sans rai-
son, que le développement de l'humanité
était aujourd'hui (après la grande
guerre), reconnu solidaire de toutes ses
paries, que « l'urgent desideratum » de
l'heure était la collaboration continue
des races « sur les bases de l'égalité et
de la réunion de toutes les valeurs intel-
lectuelles et morales » et trouvait cette
formule pittoresque : « Une civilisation
universelle ne saurait être bien ordonnée
si elle doit continuer de s'encombrer
d'un ballast de plus de 200 millions
d'êtres humains laissés dans l'ignorance
et maintenus dans l'incapacité écono-
mique. »
Cause juste, puisque, selon le même
manifeste, les grandes espérances so-
ciales de la deuxième moitié du XIX" siè-
cle et les conclusions de la science con-
temporaine prouvaient que les noirs et
les hommes de couleur etaient suscepti-
bles d'un développement progressif per-
mettant à la race "arriérée d'atteindre
l'état avancé des autres races. Dévelop-
pement progressif, impossible avec
une politique séparatiste, possible
uniquement avec une politique de
collaboration; il faut des éducateurs à
« la race arriérée », des éducateurs qui
multiplient les élites et aident les masses
à les'reconnaître, à les suivre. Il faut
que sur toute la terre la démocratie de-
vienne une habitude, proclame la charte
de la race noire. Une habitude, oui,
comme Aristote le disait de la vertu.
Mais de s'imaginer que la démocratie
sera le prix de l'infusion, dans des tétés
mal préparées, d'une idéologie fort dan-
gereuse pour les têtes européennes, c'est
de la folie pure et simple ; c'est compro-
mettre la juste, la nécessaire cause par
des gestes insensés; c'est perdre tout en.
voulant tout gagner, et c'est aussi, par
une réaction facile à prévoir, faire d'ores
et déjà renaître les vieux préjugés, les
plaisanteries séculaires, les sots argu-
ments contre l'égalité des races. Les dé-
fenseurs de la thèse soutenue pat M.
Burghart du Bois n'ont pas le droit d ou-
blier que contre ces préjugés nos philo-
sophes français ont été les premiers à
faire entendre des protestations indi-
gnées ou ironiques. A l'époque où les né-
gociants de Bordeaux trouvaient d'ex-
cellentes raisons pour défendre l'institu-
tion de l'esclavage, on sait avec quelle
spirituelle éloquence Montesquieu ven-
geait les noirs opprimés : « Ceux dont il
s'agit sont noirs depuis les pieds jus-
qu'à la tête; et ils ont le nez si écrasé
qu'il est presque impossible de les plain-
dre. On ne peut se mettre dans l'esprit
que Dieu, qui est un être très sage, ait
mis une âme, surtout une âme bonne,
dans un corps tout noir. Il est si naturel
de penser que c'est la couleur qui cons-
titue l'essence ye l'humanité, que Ijes
peuples d'Asie, - qui font des eunuques,
privent ,toujourS' les noirs 'du rapport
qu'ils ont avec nous, d'une façon plus
marquée. » C'est notre Montesquieu qui
a annoncé « la convention générale en
faveur de la miséricorde et de la pitié »,
convention qui devait être signée en
1815, après que la première République
eut -- proclamé pour nos colonies l'aboli-
tion de 1 esclavage, et que le Consulat
l'eut rétabli.
Telle est la tradition de la France dé-
mocratique. La-charte de la race noire
l'a reconnu, et j'y reviendrai. Aujour-
d'hui, je n'ai voulu qu'opposer à la de-
vise : - « L'Afrique aux Africains n, pro-
clamée par les noirs à tendances bolche-
vistes, la véritable doctrine ainsi définie
dans la même charte : « C'est le devoir
du monde civilisé que d'aider de toutes
les manières les races attardées et oppri-
mées à accéder à la plénitude de la vie. »
Ces races n'ont qu'à s'en remettre à la
France : elle désarmera les violences et
les haines par une politique généreuse
à la fois prudente et désintéressée.
Mmi* Rmrwtan,
ssèiMevr a fVHérault.
Membre de la C 1ftmf000000lt
Wembfé d? te CarnmSm^genïïfirrtalB
mé. MAURICU VIOLLETTU
Gouverneur Général de l'Alydrie
---0-0-
Il aurait pu être, depuis
un an, Gouverneur Géné-
ral de VltidocJdne ou rede-
venir ministre.
Attaché à sa tâche de
rapporteur général du
budget, il a tout refusé
pour la poursuivre, et s'il
part aujourd'Jttii à Alger,
c'est sur les instances pressantes de M. Pazn-
levé et du Gouvernement tout entier, car
l'Algérie a besoin d'un administrateur habile
et énergique : deux qualités qui sont le propre
de notre ami Maurice Viollette. Agé de cin-
quante-quatre ans, il a débuté dans la vie po-
litique en 1899, dans le grand Cabinet Wal-
dcck-Rousse au, comme chef de Cabinet de
M. M Hier and, avant de devenir député de
Dreux, en 1902. Républicain d'extrême-gau.
che, Maurice Viollette, au cours de ces vingt-
cinq dernières années, a fait 'preuve d'une
belle constance politique, et sa fidélité à ses
convictions peut servir d'exemple à beaucoup.
Comme maire de Dreux, qu'il administre
depuis de longues années, il a su montrer
pendant la guerre, aux Iteures difficiles,
beaucoup de prévoyance et de sagesse. Au
ministère du Ravitaillement dans le 40 Minis-
trc Ribot en 1917, il a laissé le sou-
venir d'un organisateur et d'un gros tra-
vailleur. Comme vice-président de la Cham-
bre, comme président du Conseil Général
d'Etere-et-Loir, comme rapporteur de divers
grands projets parlementaires, comme rap-
porteur général du budget, il a marqué sa
place par ion énergie et ses qualités de mé-
thode.
Au cours de sa carrière politique, il a été
en butte aux attaques répétées de ses adver-
saires qui, deux fois, ont marqué un point,
la première, il y a vingt ans, lorsque, secré-
taire de la Chambre désigné par le groupe
républicain socialiste auquel il a toujours
appartenu il ne fut pas réélu grdce à une
manœuvre de toute la droite, le regretté Eu-
gène Etienne en Ute, qui vota à l unanimité
contre lui pour le docteur Isoard, député ré-
publicain socialiste. épris de dissidence et
d'honneur, et qui, Wepuis, eut quelques soucis
dans les scandales des carnets médicaux dej
Marseille.
La seconde fois, en 1919, Maurice Viol-
lette tomba, tête de liste de gauche en Ettre-
et-Loir, contre la liste conservatrice de M.
Mignot-ftoscrian, patronnée par M. lhopi-
icall, sénateur radical. Mais déjà deux ans
après, Af"uricc Viollette reprenait une écla-
tante reihntche dans son propre département
en battant M. Lhopiteau comme président
du Conseil Général. Ensuite, aux élections du
ii mai 1924, il remportait une belle victoire,
passant avec toute sa liste.
Au point de vue colonial, Maurice Viol-
lette, qui a longtemps collaboré aux Annales
Coloniales, s'était signalé à l'attention géné-
rale par ses deux rapports sur le budget des
Colonies qui, malgré les efforts combinés de
tout le vieux parti colonial ^f rançais alors
puissant, aboutirent, en 1911, à la chute de
M. Klobukowski, gendre de Paul-Bert, com-
me. Gouverneur Général de"l' Indocltine.
Rompu aux problèmes si délicats de l'Afri-
que du Nord, s'étant déjà rendu plusieurs fois
en Algérie et au Maroc, Maurice Viollette va
trouver à Alger un champ faction digne de
lui.
Les problèmes économiques et financiers,
les questions agricoles et industrielles, les
conflits de races si aigus dans les trois dépar-'
temcnts, et surtout dans VOranie, vont être
l'objet de sa sollicitude.
Nul doute qu'il ne réussisse à Alger à faire
une œuvre digne de lui, digne de la mère pa.
trie et de la France d'outre-Méditerranée.
Marcel Ruedel
La nomination de H. Viollette
Hier matin, a paru à l'Officiel la nomi-
nation de M. Viollette, député d'Eure-et-
Loir, au Gouvernement Général de l'Algérie.
M. Viollette a été chargé des fonctions de
gouverneur « à titre de mission temporaire n,
M. Viollette se trouve dans le même cas
que M. Célestin Jonnart, député du Pas-de-
Calais, lorsqu'il fut nommé gouverneur gé-
néral de l'Algérie. S'il était nommé à titre
définitif, il aurait dû, oommq MM. Paul
Doumer, député de l'Yonne, et Victor Au-
gagneur, député du Rhône, le firent lorsqu'ils
furent nommés gouverneurs généraux, le pre-
mier de l'Indochine en 1806, le second de
Madagascar à la fin de 1905, donner sa dé-
mission de député.
La publication officielle de cette nomina-
tion antérieurement arrêtée par le Gouver-
nement, avait été ajournée sur la demande du
nouveau gouverneur générât jusqu'après la
clôture des élections municipales.
Ranger
--0-0--
Mllè Felyns Verbist, étoile belge de la
danse, vient de Sonner des représentations
qui ottt remporté le plus ffrana succea. La
dhartDAnte suj ette, du roi Albert a fait sensa-
tion par sa tri- et son m «lurtgrapliitfùq.
La mort de Mangin
0-0-
C'est une véritable perte pour l'armée colo-
niale et les colonies que la mort prématurée du
général Mangin, si soudainement enlevé par une
crise foudroyante d'urémie, à moins de soixante
ans, et qui avait marqué une place considérable
et dans la grande guerre et dans l'épopée colo-
niale.
Né en 1866 à Sarrebourg, il sortit de Saint-
Cyr dans l'infanterie de marine, et c'est aux
colonies, dans l'armée coloniale, qu'il conquit
rapidement tous ses grades. Ce fut surtout un
Africain. Jeune lieutenant, il est au Soudan,
pépinière de brillants officiers. Lieutenant, il
part à la mission du Congo-Nil, la mission
Marchand, dont il ne reste plus que quelques
rares survivants, puisque Germain, Baratier et
Mangin sont maintenant disparus. Là comme
au Soudan, comme dans les différents postes
qu'il occupera, Mangin se révélera comme une
volonté ferme, agissante. Dur à lui-même plus
encore que dur aux autres, il fut un véritable
chef dans toute l'acception du mot. Officier su-
périeur, il est chef d'Etat-Major du comman-
dant supérieur des troupes à - Dakar, - lorsqu'un
soir, le Gouverneur Général d'alors le fait
appeler pour lui annoncer la mort du capitaine
Mangin, son frère, glorieusement tué la veille
dans un combat meurtrier en Mauritanie. Et
Mangin, raidi, contenant son émotion, de ré-
pondre : « 11 est mort en soldat. » C'est au
Maroc, après une brillante campagne à Marra-
kech qu'il reçut tout jeune, à 48 ans, les étoiles,
et le voilà jeté dans la grande mêlée. On con-
naît le rôle considérable qu'il y joua, à Ver-
dun, à Douaumont, sur l'Aisne, à Villers-Cot-
terets, en 1918. Commandant en chef de l' ar-
mée du Rhin après l'armistice, il n'y fut pas
maintenu pour des raisons politiques. Il fut
nommé au Conseil Supérieur de la Guerre, et
reçut une inspection générale. Depuis, il fut en-
voyé comme ambassadeur extraordinaire en
Amérique latine.
C'est une grande figure militaire et une
grande figure coloniale qui disparaît. Une per-
sonnalité aussi accusée que le général Mangin
ne pouvait pas ne pas susciter des détracteurs.
11 n'en faut pas moins saluer le magnifique sol -
dat et le grand colonial qui disparaît. Soldat
dat et le grand co l on i a l qui disparaît. h omme
et chef militaire, il le fut autant qu'
peut l'être ; ses citations en témoignent. Aussi
stofltLre dans te succès que dans le revers, il
resta toujours lui-même. Il supporta avec une
abnégation et une discipline parfaites une courte
disgrâce– d'ailleurs complètement imméritée
mais c'est surtout, en tant que colonial que
nous voulons dire ici quelques mots sur son.
œuvre. Elle fut avant tout africaine, et son
nom restera attaché à la conquête du Soudan,
à la mission Congo-Nil, à l'organisation des
troupes noires, dont il fut un des principaux
artisans par la parole et par l'action. Il a syn-
thétisé ses idées à ce sujet dans son livre fa-
meux : La Force Noire. 01 t on peut ne pas
se rallier complètement à ses arguments, si l' on
doit faire quelques réserves sur ses conclusions
trop absol ues, il n'est que juste de reconnaître
l'infljence prépondérante que sa propagande et
son activité ont exercée sur l'organisation des
troupes noires. 11 faut, à ce sujet, relever une
appréciation excessive d'un grand journal du
soir sur la part qui revient à Mangin dans la
solution de la question des troupes noires. D'au-
tres grands quotidiens ont été mieux inspirés en
reconnaissant qu'il en était, et le terme est très
juste, « un des premiers inventeurs », car il
n'est pas, comme l'écrivait le Temps (13 mai,
26 page, 6° col.), le « premier » qui « nous a
révélé quel les pouvaient être les ressources du
recrutement sénégalais et soudanais ». Sans rien
enlever à l'initiative de Mangin à cet égard, il
ne faut pas oublier que les premiers qui em-
ployèrent les troupes noires furent les chefs mi-
litaires qui présidèrent à la conquête du Sou-
dan, il ne faut pas oublier non plus qu'au moins
en même temps le Gouverneur Général Wil-
liam Ponty, qui ne suivait pas cr ailleurs toutes
les vues du colonel Mangin, mais l'encourageait
cependant dans sa campagne, avait déjà songé
à la réalisation en préconisant le long du
tracé du futur chemin de fer Thiès-Kayes, qui
ouvrait le Soudan, l'installation de postes réser-
voirs d'hommes, qui eût été la véritable pépi-
nière de l'armée noire et aurait évité certains
à-coups postérieurs. Mangin partage avec Wil-
liam Ponty la gloire d'avoir posé la question
des troupes noires et d'avoir envisagé des solu-
tions pratiques. L'un et l'autre, à ce sujet, ont
bien mérité du pays. Et Mangin s'est révélé à
cet égard aussi grand militaire que grand colo-
nial.
J. Aytet
Les obsèques du général Mangin auront lieu
demain vendredi 15 mai. - Le service funèbre
sera célébré en l'église Saint-Louis des Inva-
lides. On se réunira à la maison mortuaire, 9,
avenue de la Bourdonnais, à 9 h. 45. L'inhu-
mation aura lieu au cimetière Montparnasse.
*
La pêche en Mauritanie
0
M. Charles Daniélou, sous-secrétairc
d'Etat de la Marine marchande, vient de
rappeleT à l'attention du ministre des Colo-
nies, un voeu des armateurs à la pêche au
large et à la pêche hauturière de Douarne-
nez, tendant à la création à Port-Etienne
d'un dépôt de provisions et de combustibles
destiné au ravfteriHpment des pêcheurs bre-
tons qui 9e rendent en Mauritanie*
Discours do m. BuDiei
aux DMegationsMciBres d'Aluerll
0
A l'ouverture de la session des déléga-
tions financières, M. Dubief, secrétaire gé-
néral, a pron6ncé un discours important.
Après avoir salué les gouverneurs pré-
cédents, et, notamment, M. Steeg, il offrit
ses vœux à M. Viollette, non encore anivé
en Algéne,
M. Dïibief exposa ensuite la situation de
l'Algérie. La situation économique n'a ja-
mais été plus rassurante. La géne finan-
cière de la métropole y a, pourtant, eu sa
répercussion, mais, grâce aux efforts de
l'administration, aidée par le crédit mu-
tuel, soixante-cinq millions ont pu être
avancés au commerce local.
L'application du nouveau régime de co-
lonisation a permis de consolider le peu-
plement français et le rapprochement en-
tre colons et indigènes fortement poussé.
Du reste, Venseignement indigène a été
amélioré. 1
Abordant la question budgétaire, M. Vtt-
bief montra que la réadaptation du traite-
ment des fonctionnaires est une mesure
qu'on ne peut plus diffère
Il faut prévoir, dans le budget algérien,
des crédits nouveaux pour une centaine de
millions.
(Par Dépêche.)
ÉLECTIONS MUNICIPALES
LA REUNION
Le ministère des Colonies n'a pas encore
reçu les résultats complets des électione.
Saint-Denis
La liste de M. Richeville Robert, maire de
Saint-Denis, est tout entière élue, battant
celle constituée par son adjoint, M. Jau-
court.
Saint-Pierre
Les chiffres obtenus par les deux listes en
présence, celle du docteur Augustin Ar-
chambaud et celle de MM. Vigoureux et
Virabcnt, ne sont pas encore connus.
Le Tampon
Les résultats électoraux manquent en..
core.
GUADELOUPE
La Pointe-à-Pitre
M. Jean François (partage l'insuccès de
son colistier Candace.
Le dépulè-nmire de Fort do France vient
d'être battu à une forte majorité.
GrandrBourg
Le Maire, grand ami de Candace est ba-
tu. 11 en est de môme, comme nous l'avons
déuà annoncé, dans la plupart des autres lo-
ua lités où tous les amis do Candace se
voinnt blackboulés.
«t» ---
L'aviation coloniale
-0--
De Londres aux Indes,
Un Il commencé à Manchester la cons-
truction pour le service des Indes, d'avions
qui seront les plus grands aéroplanes
cuuunerciaux du monde construits enlière-
meut en acier sauf l'extrémité des ailes.
Ces engins, capables d'une vitesse de 180
kilomètres à 'l'heurc, réaliseront une
moyenne do 150 kilomètres environ et se-
ront munis de trois hélices indépendantes
pouvant développer mille chevaux.
lis pourront transporter vingt passagers,
auxquels on fournira des repas à bord.
Ces avions sont spécialement destinés il
la section désertique Le Caire-Carachi.
laeoi
Mission Bruneau de Laborie
0-CI
Parti d'Alger, M. Bruneau de Laborie a
atteint Abécher au début de mars. Il a suivi
l'itinéraire Ouargla, Fort-Flatters, Fort-Po-
ligitac, Djanet, Djado, Wour, Dardaï, Yebbi,
Gouro, Ounyanga, Fada, et traversé, du
nord-ouest au sud-est, de Wour à Gouro, le
massif du Tibesti. Ce pays avait déjà été par-
couru, à peu près en entier, notamment par
la mission du colonel Tilho qui en avait
dressé la carte. M. Bruneau de Laborie a
pu, néanmoins, y reci eillir aes observations
intéressantes et compléter certains renseigne-
ments qu'il îtvait rapportés de Libye, il y a
plus d'un aB et demi.
L'explorateur doit avoir atteint maintenant
la région de Fort-Crampel. 11 a mis cinq
mois et demi pour arriver à la capitale du
Ouadaï qu'il avait, d'ailleurs, visitée déjà
deux fois.
4..
Mort de H. Léonce Benedile
00
M. Léonce Bénédite, conservateur du Mu-
sée National du Luxembourg et du Musée
Rodin, vient de mourir ; il avait 66 ans,
Il avait consacré son activité à de multi-
ples œuvres, notamment à la Société des
peintres orientalistes, qu'il présidait avec une
diligence constante et qu'il avait su conduire
à une grande prospérité.
En face de cette association, s'est consti-
tuée, il y a quelques années, la Société Colo-
niale des Artistes Français, qui est plus ex-
clusivement coloniale et que préside M. Hen-
ry Bérenger, rapporteur général du budget
au Sénat.
̃ ̃ - ̃̃ ̃ ̃ - ̃
SOUDAN FRANÇAIS
M. Descomet Gabricl-Omer, administra-
teur en chef de 1ro classe des coloniest a
été délégué dans les fonctions de secré.
ln ire général du Gouvernement du Soudan
Français, en remplacement de M. Four-
nier. rémment nommé Gouverneur dç
3° classa - des - ublidnlgs,,
Histoires d'animaux
Au moins une fois J'an, la presse s'inquiète
de l'état du Jardin des Plantes. l âter le pouls
si j'ose dire du rhinocéros fait partie
des Commandements d'un bon journaliste.
Disons tout de suite, puisque nous sommes
en pays exotique, que « y en a bon cette an-
née ». Du moins, cela va mieux que par le
passé, d'après l'un de nos confrères, à qui M.
Mangin, directeur du Muséum, a fait les dé-
clarations suivantes :
(( Nous avons eu à déplorer la mort de quel-
ques animaux pendant la période humide. Plu-
sieurs antilopes ont succombé aux suites d'une
nécrose des os. Ces accidents se produisent sou-
vent, car les antilopes légères sont si ombra-
geuses qu'on ne peut les approcher pour leur
donner des soins. Voudrait-on les saisir, on leur
briserait les pattes. D'affolement, elles se jet-
tent parfois contre les grilles et s' y tuent. Nous
avons perdu également un faisan, une panthère
d'Ethiopie, une buse, un chat sauvage. Chaque
mort d'animal est évidemment regrettable ; mais
les corps étant aussitôt remis au service com-
pétent, qui en assure la conservation, rien
n'est perdu pour la science.
« Les serpents, par contre, vont bien. Nous
n'avons eu que quelques pertes dues au mauvais
fonctionnement des appareils de chauffage. La
chaleur, pour les reptiles, c'est l' essentiel. Sa-
vez-vous que le transport de ces animaux est le
plus aisé ? Il suffit de les bien gaver avant
l' embarquement pour que, durant trois semaines
de voyage, on n' ait autre chose à faire que de
veiller à la température égale des cages de
verre où ils sont enveloppés dans la laine. Ainsi
nourris au départ, les serpents sont inoffensifs,
et je ne conçois pas qu'un commandant de
Compagnie Transatlantique se soit, récemment,
refusé à embarquer un envoi de repti les à cause
d'un danger éventuel.
« Nous ne sommes pas dépourvus d'élé-
phants. Il y a Rachel, et la toute jeune LUI.
qui vient, hélas 1 de perdre son compagnon.
Ces animaux nous viennent de l' Indochine.
Bientôt, j' espère, nous recevrons des éléphants
d' Afrique.
« Les vides, d'ailleurs, sont assez rapide.
ment - comblés.
« Nous avons reçu d'un missionnaire une jo-
lie petite tigresse, de superbes oiseaux et trois
mangoustes. Du Gouverneur de la Guinée, des
antilopes grises et à robe tachetée, deux cigo-
gnes épiscopales, une poule sultane, trois ai -
grettes, une grue caronculée. Nous attendons
des mammifères ; le lieutenant Gérard, qui doit
quitter le Tchad en mai, nous ramènera, en
juillet, une belle diversité d'animaux. D'Amé-
rique, nous parviendront des bisons, des mou-
tons et des chèvreg au pelage remarquable.
« Des tortures énormes des Seychelles vien-
nent heureusement de compléter notre collec-
tion et deux charmants hippopotames nains, de
la région située entre la Guinée et la Côte
d'Ivoire, font la joie du public. Détail amusant:
celui-ci se figure que ces deux charmants pachy-
dermes, dont la taille ne dépasse guère celle
du sanglier -- sont les petits -- des gros hippopota-
mes. D'où leur touchant attendrissement. »
M. Mangin a signalé ensuite diverses amé-
liorations qui ont pu être réalisées grâce aux
entrées payantes :
« Au Musée Zoologique les galeries qui,
jusqu'à présent, étaient privées de lumière, se-
ront éclairées à l'êlectricité. Le public pourra
maintenant mieux admirer nos belles collec-
tions.
« Enfin, nous allons pouvoir édifier, grâce au
fonds Pasteur, un vivarium, sorte de serre dans
'Taquelle nous pourrons élever quantité d'insec-
tes, de crustacés, de mollusques, qui ne vivent
que dans les régions chaudes. Les visiteurs con-
templèront à loisir, à travers les aquariums et
les cages, les merveilleux insectes tisseurs de
soie et ceux si curieux dont le mimétisme don-
ne l'apparence des végétaux aux dépens des-
quels ils vivent : fleurs, feuilles, branches, etc.
Ils verront les mollusques mangeurs d'escar-
gots.
« Dans la galerie des reptiles, toute la par-
tie où se trouvent les poissons sera transformée :
une série d'aquariums remplacera le grand bas-
sin.
Enfin, le sympathique savant s est plaint de
la désinvolture avec laquelle la Ville traite le
Jardin des Plantes :
« Alors qu'on augmente nos charges dans
la proportion de 1 à 3, on n'a pas songé à ac-
croître notre maigre subvention annuelle. Nous
demandons une subvention égale aux charges.
« La situation qui nous est faite pourrait,
d'ailleurs, avoir pour le public les conséquences
les plus désagréables, Croyez-vous qu-e, si j'ob-
tenais du ministre que le Jardin des Plantes fût
considéré comme établissement d'enseignement
supérieur et vous voyez ce qu'il en résulte-
rait .pour la population parisienne la Ville
ne mettrait pas rapidemen'. les Douces ? »
M. Mangin a raison. &n domaine de fleurs
et d'animaux est un lieu de délassement et à
la fois d'éducation, essentiellement démocrati-
que.
On se prend à songer qu'un peu d'eau de la
piscine des Tourelles aurait pu être utilement
détournée vers le Jardin des Plantes. Car cette
eau, a-t-on raconté, contenait des paillettes
d'oT. #
Les Arabes, dit-on, n'ont plus peur du lion,
jadis la terreur du bled. Ils l'appelaient « Jean,
fils de Jean )i, avec toutes les marques du plus
profond respect comme font les Annamites qui
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