Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-05-08
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 mai 1925 08 mai 1925
Description : 1925/05/08 (A26,N70). 1925/05/08 (A26,N70).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63969167
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. M0 70 US NUMERO ; 20 CENTIMES VENDREDI SOIR, 8 MAI 1925
Les Annales Coloniales
'- -' -' JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBUÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRHËtt
EXCLUSIVE; DU JOURNAL .-
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La production alfatière de l'Algérie
et l'industrie du papier
1.1
S'il est imprudent de sacrifier les intérêts de
l'élevage algérien à ceux de l'exploitation de
J'alfa, il serait tout aussi peu sage de s' abste-
nir complètement de toute cueillette des feuil-
les de cette plante sous prétexte que tempo-
rairement les pâturages seront moins abondants;
car Iles inappes alfatières constituent aussi une
véritable richesse et une richesse qui peut se
reconstituer presque indéfiniment. D ailleurs
toutes tes plantes vivaces de ces Hauts-Fla-
teaux sont plus ou moins fibreuses, telles que
le Oyss, le Drinn, le Sfar, le Neci, d'autres
encore ; des analyses relativement récentes ont
prouvé qu'elles donneraient une pâte à papier
utilisable, L'alfa pourtant est actuellement la
seule récoltée, d'abord parce qu elle est la plus
connue et aussi parce que le produit de trans-
formation est le plus beau. D'après des expé-
riences faites par plusieurs industriels anglais,
le rendement de l' alfa en papier est ordinaire-
ment de 40 ; il peut s'élever exceptionnelle-
ment à 50 et mêlne 52
ment à 50 et même 52 : « Le papier d'alfa
a beaucoup plus ci épaisseur pour le même
poids que tout autre papier. Il prend très bien
l'impression, il fait matelas sur les caractères
d'imprimerie ; il convient très bien pour les édi-
tions de luxe, les belles gravures. Les beaux
journaux illustrés anglais sont imprimés eur pa-
pier d'alfa. » La matière première est deman-
dée de plus en plus par les usines qui fabri-
quent l'e papier de luxe ou qui s'en servent
pour ( mélanger la pâte à d'autres de qualité
inférieure. Tout en prenant les précautions in-
dispensables pour ne pas nuire à son élevage, la
colonie a donc un gros avantage actuel non seu-
lement à favoriser l'exploitation de l'alfa par.
tout où eille ne présente pas de danger, mais
même à ouvrir aux entrepreneurs et aux ou-
vriers les régions qui jusqu'à maintenant n'ont
fait l'objet d'aucune cueillette.
L'exploitation alfatière,. en Algérie, remonte
& plus d'un demi-siècle ; elle commença quel-
ques années avant 1870 et porta sur les nappes
les pire proches du littoral en Oranie. Ce dé-
frartement offrait cette particularité, que l'on
ne retrouve ni au Centre ni à l'Est, de posséder
de l'alfa jusque dans ses Sahels et ses plaines
Voisins de la côte. Les transports étaient ra-
pides et faciles vers les ports. De plus, les
Européens, dont le nombre était le plus consi-
dérable dans les villes et les campagnes, ap-
partenaient à la population espagnole accoutu-
mée dans sa péninsule aux diverses manipula-
tioms exigées-par la récolte et l'emballage. Des
bataillons d'aMatiers espagnols ont monopolisé,
au début. cette exploitation, jusqu'au jour où
l' insurrection de BouAntama. fit parmi eux de
qama fit par-mi eux de
nombreuses victimes et les détoutna de cette
industrie ; ils ont été remplacés depuis par les
indigènes. Les chantiers s'établirent sur les
'HflUtS'Plateaux, au fur et à mesure que la voie
ferrée s'approchait de - Méchétia, puis dépassait
cette localité. Il est à remarquer, au demeurant.
que l'ouverture de nouvelles régions alfatières
est subordonnée à la construction de chemins
de fer à proximité, car seul le rail permet
l'acheminement vers la côte d'une marchandise
lourde, encombrante, et dont la valeur est mé-
diocre. Aussi, le département d'Alger, dont
la ligne de pénétration dans l'intérieur s'est
longtemps arrêtée à Berrouaghia, n'exportait
que peu de balles de cette plante, et ce n'est
que depuis le prolongement récent de cette voie
que lés expéditions ont augmenté par le port
d'Alger. Quant au département de Constan-
tine, il bénéficia de bonne heure diet la ligne
qui, par Batna, gagne Biskra ; mais îles régions
palCOltIrtreS ou celles qui sont proches n'ont que
des peuplements trop disséminés pour pouvoir
alimenter un commerce aussi étendu que la mer
d'ail fa oranaise.
Tant que se poursuivit en Algérie le déve-
loppement du réseau des chemins de fer, les
exportations d'alfa s'accrurent ; quand fut arrê-
tée cette construction, elles se maintinrent au
même chiffre et marquèrent mime un mouve-
ment de régression ; dès que le rail fut poussé
plus loin vers le sud ou dans le voisinage de
nouvelles contrées alfatières, les quantités em-
barquées progressèrent. Rien n'est plus sug-
gestif que les moyennes dlécennailes :
Exportations de il'alfa de 1870 à 1914.
Moyennes décennales (quintaux).
Période de 1870-1879 558.962
1880-1889 823.629
1890-1899 792.608
1900-1909 857.793
1910-1913 (4 années) 1.061.406
Lisez une histoire des chemins de fer algé-
riens et vous verrez qu'à toute période die grande
activité des travaux de construction (j'entends
les travaux die voies de pénétration vers le
sud) correspondra une ascension rapide des
mildiers de quintaux exportés, qu'à une période
d"inertie et de stagnation comme celle que tra-
versa la colonie au moment des rattachements,
un arrêt et presque un recul, et qu'enfin à une
reprise de la poussée vers le sud, un réveil de
ce commerce.
Ce réveil ne devait durer que peu de temps ;
Ja guerre survint, et avec elle la paralysie des
voies ferrées et des échanges extérieurs. Encore
convient-il de reconnaître que, pendant deux
années, les expéditions d'alfa restèrent consi-
dérables, 800 à 900.000 quintaux. Lorsque la
guerre sous-marine s'ajouta à la gaerre terrestre,
que de nombreux navires furent torpillés, alors
'1. chatbuallJ anglais, dont le chn^entenide
retour était l'alfa, se firent beaucoup Plus-Tares
dans les ports algériens, « les balls cr alfa
restèrent à quai ; en 1919, au lendemain de
l'armistice, il ne fut pllus exporté que 58.886
quintaux, à peine 'la vingtième partie des envois
d'avant-guerre.
Le marché de l'alfa avait été profondément
bouleversé, et il y eut encore dans les années
qui suivirent de violentes oscillations, notam-
ment sur les prix pratiqués en Angleterre. Ces
mouvements, peu à peu, s' atténuèrent. Les
quantités exportées se rapprochent de celles que
1 on avait constatées avant 1914. Tandis qu'en
1921, etMes n'avaient été que de 341.690 quin.
taux, elles ont été de 1.049.654 en 1922, et
de 1.092.000 en 1923 ; les chilhes connus de
1924 laissent espérer une forte progression, de
telle sorte qu'en cinq années, la situation a été
rétablie et même améliorée. Il faut s'attendre,
à notre avis, à un notable relèvement des expé..
ditions en alfa pendant quelques années. Ceux
qui ont essayé d'évaluer la production annuelle
possible de l'Algérie l'estiment à 400.000
tonnes ; réduirait-on de moitié ce chiffre ou sim-
plement des deux cinquièmes que l'on oblien..
drait 200 à 250.000 tonnes; la réalité est en-
core loin d'atteindre ce maximum.
L' Angleterre est demeurée, au siècle dernier,
et en ce siècle la fidèle cliente de l'Algérie en
ce qui concerne ce produit ; elle achète toutes
les quantités d'alfa qui lui sont offertes, et ce
n' est pas en Algérie seulement, c'est encore en
Tunisie, en Tripolitaine, en Espagne't en Por-
tugal ; ses papeteries consomment de 150 à
200.000 tonnes par an, tout particulièrement
celles oui sont situées en Ecosse. L'alfa de la
plus beUe qualité sert à la fabrication du papier
à cigarettes ; la plus commune entre dans la
confection du papier à lettre. A plusieurs re-
prises, on s'est o&nandé tant en France qu'en
Algérie si, à l'exemple des Anglais, des in-
dustriels métropolitains ou africains ne pour-
raient pas transformer, eux aussi, les fibres
d'alfa en pâte à papier. On objectait, il est
vrai, qu'il fallait une préparation spéciale, une
eau plus abondante et plus limpide ; on cal-
culait que les prix de revient étaient beaucoup
plus faibles en Angleterre à cause de la modi-
cité des frets et des prix très bas des matières
chimiques employées. La pénurie de papier,
pendant la période des hostilités, a provoqué un
nouvel examen du problème, d'autant que des
voix s'élevaient pour souligner ce qu'avaient
d'anomal et même de scandaleux cette pau-
vreté de la France en papier et la richesse de
ses colonies en matières premières susceptibles
d'être transformées en pâte. Des études ont
été faites, des expériences de laboratoire ten-
tées, des enquêtes poursuivies auprès des com-
merçants et des industriels ; tout un travail de
préparation méthodique a été accompli, et il
semble bien, à noter plusieurs indices actuels.
que cette situation va changer. On signalait, en
1920, l'installation d'une usine à Maison-Car-
rée, d'une autre à Aïn-EI-Hadjar: il existe
aussi en Tunisie une fabrique de pâte à papier
en pleine activité. En France, s'est constitué
un puissant syndicat qui a obtenu la location
d'une poudrerie de guerre pour l'établissement
d'une papeterie transformant l'alfa. Si l'on est
mal renseigné encore sur ces entreprises, du
moins on sait et cela d'une manière certaine
que îles importations d'alfa augmentent ra-
pidement en France, qu'elles atteignaient à
peine 21.000 quintaux en 1920, qu' elic,
avaient doublé en 1923 (43.138), et que, dans
les neuf premiers mois de 1924, elles se sont
élevées à 68.759 ; on espère qu elles monteront
durant l'année entière à près de 100.000 qmn-
taux. S'il est permis, pour conclure, de former
un vœu, c'est que, le papier d'alfa devienne, à
bref délai, un produit franco-algérien ou, pour
mieux dire, un produit national.
Victor Demontès
Chargé de cours au Collège de France.
-60.
DPART
M. Albert Sarraut, ancien ministre dos
Colonies, ambassadeur de France en Tur-
quie, quittera Paris lundi prochain pour re-
joindre son poste à Constantinople.
«
L'immigration italienne
dans l'Afrique du Nord
--0.0-
D'après le commissariat général italien
de l'émigration, 3.703 Italiens ont émigré,
en 1924, en Tunisie, 1.139 en Algérie et 176
au Maroc. Ces chiffres officiels sont certai-
nement au-dessous de la vérité : au Maroc,
notamment, on enregistre chaque année
l'arrivée de 1.000 à 1.500 Italiens, dont la
plus grande partie vient, il est vrai, de Tu.
nisie, d'Algérie ou môme de France.
Aux Antilles
La Compagnie des Câbles Télégraphiques
poursuit actuellement des négociations avec le
Ministère des Colonies en vue d'obtenir l'au-
torisation de céder le réseau des Antilles.
.,
La croisière du Jeanne-cTArc
leu
Le bateau-école Jeanne*d'Arc séjournera à
iBteerte, du 2 au 8 juin, à Alger, du 9 au 14
juin, à Oran, du 15 au 18 juin.
- .-' -
A propos de voyages
0
Pendant que de hardis
explorateurs, déterminés
par la passion désintéres-
sée de la science, poursui-
vent la découverte péril-
leuse des régions polai-
res, d'autres, alliant le
goût de l'imprévu aux
préoccupations d'ordre
économique, continuent au prix des pluf
grands et des plus louables efforts à étendre
le champ de nos connaissances en Afrique.
Chaque jour, par cette action parallèle,
diminue le domaine de notre ignorance géo-
graphique.
Rasmussen vient de faire une longue ex-
pédition de trois ans dans les régions qui
s'étendent au Nord du Canada et d'explo-
rer toute la partie de ce pays qui est baignée
par l'Océan glacial arctique et les mers qui
s'y rattachent. La lecture de ce voyage ;
comme celle d'ailleurs des explorations d'un
Peary, d'un Amundsen, d'un Charcot, d'un
Shackleton, ou de tels autres de ces héros
auxquels nous devoni le peu que nous savons
de ces pays perdus Vous la glace, constitue
pour les enfants de nos écoles la meilleure
école d'énergie, de vertu, de desintéresse-
ment. Il se dégage de ces récits, qu'on lit
souvent par simple curiosité, les plus belles
leçons de morale en action.
Comme les régions polaires, l'Afrique at-
tire les hommes qui brûlent dit désir d'ajou-
ter quelque chose à nos connaissances géogra-
phiques et de préparer l'extension de l'acti-
vité économique des grands Etats civilisés.
Au début du dix-neuvième siècle, les car-
tes dit continent noir indiquaient que seule,
une légère bande littorale était comtue. Ni
les Portugaist ni les Français, ni les Hol-
landais n'avaient osé s'avancer loin de la
côte. Leurs établissements étaient restés li-
mités au pourtour. Ils Savaient eu l'audace
ou la curiosité de franchir le rebord monta-
gneux qui protège contre l'étranger les pays
dl l'intérieur, ou de contourner les rapides
qui rendent en partie inutilisables ces magni-
fiques cours d'eau que sont le Congo, le
Zambte et le Niger.
La découverte de ce continent devait être
Vœuvre du dix-neuvième siècle. Inaugurée
dès V époque de la Restauration avec René
Coullié et Mungo-Park, elle allait être llâ-
tée à partir de 1850 par la nécessité où se
trouvaient, à la suite du développement de
leur industrie, les grandes puissances de
chercher de nouveaux marchés.Ce fut la ruée
vers VAfrique, rappelant celle dont avaient
été l'objet les Indes et le Nouveau Monde au
début- des temps modernes.
Il serait vraiment trop long dénumérer
le nom de tous les explorateurs, officiers,
administrateurs coloniaux, savants, mission-
naires comme Tivi-ngstone ou aventuriers
comme Stanley, qui, au prix des plus grands
dangers, ont parcouru en tout sens ces im-
menses étendues, tantôt désertes, tantôt rt-
couvertes de la végétation la plus riche.
L'occupation politique suivait si elle ne
précédait pas souvent Vexplorateur. On an-
nexait des territoires dont on ne connaissait
parfois ni le relief, ni les ressources humai-
nes, végétales ou émimalcii. On procédait en
hâte afin de n'être pas devancé par le voisin
qui était plutôt un rival qu'un ami.
Aujourd' hui, le continent africain nous
est Connu dans ses grands traits. Cela ne si-
gnifie pas qu'il iïexiste pas encore des ré-
vions fort étendues sur lesquelles nous ne
savons rien ou ne savons que peu de choses.
Mais les voyages actuels ont beaucoup
moins pour but de nous renseigner sur les
Iraits de la géographie physique que de nous
dévoiler les ressources économiques de tous
ordres que renferment les pays encore peu
connus. Ils constituent le travail prépara-
toire à la mise en exploitation de ces con-
trées.
C'est le but des grandes randonnées qui
sont à l'heure actuelle exécutées dans l'Afri-
que occidentale, à travers le Sahara, dans
t Afrique équatoriale et dans l'Afrique
orientale et qui doivent avoir pour résultat
dr. nous indiquer les voies les plus propres
à favoriser la mise en œuvre des richesses
de ces pays.
En nous efforçant de caractériser les ex-
péditions auxquelles nous faisons allusion,
nous n'avons pas l'intelttion délcver des
critiques. Nous nous bornons à constater
l'une des conséquences de Vactivité indus-
trielle des pays civilisés en émettant l'espoir
que les peuples que nous allons réveiller
dans leur sommeil y trouvent aussi leur
compte.
Henry Fontanier,
Député du Canin,l, secrétaire de la
Commission des Allaires étran-
gères, membre de la Commission
des Colonies.
La popuiaiionae l'inaocnine
4
CeMe-ci, d'après le dernier recensement de
1921, s'élève à 18.983.000 habitants pour
720.000 kilomètres carrés, soit une moyenne de
26 habitants au kilomètre cané. Mais cette
densité varie beaucoup selon les régions. Il y a
au kilomètre carré :
68 habitants en Cochinchine ; 65 au Tonkin ;
27 en Arniam ; 16 au Cambodge ; 3 au Laos.
Il y a, d'autre pert, en Indochine, 17.347
Européens, dont 16.256 Français.
Les aieclions muniCIPalOS
MARTINIQUE
Nous croyons savoir que M. Jean Félix, dé-
puté socialiste S. F. 1. O., doit interpeller à la
rentrée des Chambres M. André Hesse, minis-
tre des Colonies, sur les élections municipales
de la Martinique.
Nous ne savons encore si le sympathique dé-
puté de l'Hérault interviendra en faveur de M.
Séjourné, secrétaire du Comité des Intérêts Eco-
nomiques de la Martinique et représentant de
M. Ernest Billiet, pour justifier les bagarres qui
ont eu lieu, çà et là, ou si, au contraire,
il signalera la collusion du parti conservateur
Clerc-Séjourné avec le fauteur de désordre que
l'envoyé spécial d'un journal du matin bien pen-
sant qualifie de communiste.
Attendons ! Pour nous, nous sommes persua-
dés que M. le ministre des Colonies est bien
tranquille.
<•««»-
Les incidents d'Oran
0-0
La journée d'hier a été parfaitement calme.à
> Otan.
Une quinzaine de manifestants ont été con-
damnés par le tribunal correctionnel à des amen-
des ou à de petites peines de pnson avec sursis.
Il reste encore une cinquantaine de manifestants
à juger.
-00.
M. Claude Farrère
aggrave son cas
00
J' ai, la semaine dernière, stigmatisé l'étrange
attitude de M. Claude Farrère.
Cet écrivain dévoyé proposait de vendre sous
la menace du sénateur Borah, les Français des
Antilles et de la Guyane aux Etats-Unis, en
échange de la remise de nos dettes, tout comme
on vend le lilas sur nos marchés au printemps.
J' ai signalé la gifla retentissante que lui ap-
pliqua, il y a dix jours, M. Henry Lemery,
sénateur de la Martinique.
Aujourd'hui, dans YEclair, de l' ancien révo-
lutionnaire Emile Buré passé depuis au superna-
tionalisme le plus intégral, M. Claude Farrère
recommence sa triste besogne.
1 Voici ce qu'il écrit :
Mon cher Directeur,
Voulez-Vous m'accorder encore voire hospi-
talité pour en finir avec la question qui nous di-
vise, MM. les représentants, députés ou séna-
teurs. des A ntilles françaises, et moi ?
Si je reviens là-dessus, c'est parce que, insé-
rant dans Votre numéro du 5 mai la lettre que je
vous avais écrite le 1"r, doits Yaùez fait précé-
der d'un titre qui pourrait prêter à confusion :
(( Faut-il vendre nos colonies ? » Je n'ai pas
besoin de1 vous rappeler que je n'ai jamais écrit
cette phrase, ni suggéré une aussi formidable
mesure.
Nous avons des colonies en Afrique, qui sont
immenses, Nous en avons en Asie, qui sont con-
sidérables et puissamment riches ; nous en avons
en Océanie ; nous en avons enfin en Amérique.
Je n'ai jamais parlé de vendre que nos colo-
nies américaines exclusivement.
Nos colonies d'Afrique sont, en effet, pour
nous, une source d'énergie Vitale, dont une très
vieille nation comme la nôtre ne peut pas se
passer. Nos colonies d'Asie sont une source de
sagesse et de philosophie ; si jamais la France
1 aperçoit combien funeste est son actuel préjugé
de parlementarisme à outrance, c'est d'Asie que
lui sera venue la lumière.
Quant à nos colonies du Pacifique, elles sont
malheureusement trop peu de chose pour repré-
senter une monnaie d'échange sérieuse.
Seules, nos colonies d'Amérique - An-
tilles, Guyane qui nous sont aujourd'hui à
peu près superflues, sont, au contraire, indispen-
sables à la République américaine, car seule la
possession de notre Martinique et de notre Gua-
deloupe assurera aux Américains le libre usage
de leur canal de Panama, au cas d'un conflit
entre l'Amérique et l'A sie.
J'ai donc, contraint et jorcé par les cÍrconsot
tances, préconisé, et je préconise toujours la
cession de nos colonies américaines aux Etats-
Unis d'A mérique, en échange d'une quittance
de nos dettes de guerre, que les Etats-Unis
d'Amérique nous délivreraient. Mais je n'ai ja-
mais songé, ne ftit-ce quune seconde, à oendre
notre Indochine, notre Congo, notre Soudan,
notre Sénégal, notre Maroc, notre Algérie, no-
tre Tunisie. Tout cela nous est non seulement
utile, mais indispensable.
Et cette petite mise au point clairement éta-
blie, je vous prie, mon cher directeur, de me
, croire très cordialement à Vous,
Claude FARRÈRE.
A quel moment l'ancien officier de Marine
qu'est M. Claude Farrère pensait-il ce qu'il
disait et écrivait ?
Pendant la guerre, quand pris d'un mal ardent
il voulait faire libérer nos frères d'Alsace et de
Lorraine par nos vaillants soldats jusqu'au der-
nier des Français ?
Ou maintenant qu'il veut vendre comme un
troupeau nos frères de la Martinique, de la
Guadeloupe et de la Guyane, vieux Français
de plus de deux siècles de génération, pour évi-
ter aux 'beati possidentes, ses amis politiques,
les douleurs de charges financières en rapport
avec leurs moyens, mais non avec leur patrio-
tisme.
L'Angily
Notre défensive au Maroc
La situation
A l'ouest, le générul Culombat a porté
un détachement dans la région' uuest de
Tafranl.
Au centre, le groupement Frcyùcnberg,
continuant ses opérations de rayonnement
dans lo. région de Tnuunat, s'est porté vers
Baïfo Oucnder.
A l'est, la. situation est stationnaire.
Dans le secteur de Kiffane, l'aviation a
continué sa mission do reconnaissances et
de bombardements, déployant la plus
grande activité et iaisant preuve du plus
'haut dévouement.
L'armée rifaiine
Il 11e .fait aucun douti,! qu'Abd-el-Kriin
dispose d'une armée quasi-moderne. Klle
est pourvue de fusils à tir rapide, «l'une
cinquiutilaine de canons, elle a niônie ù sa
disposition quelques tanks et une demi-
douzaine d'avions. Enfin, c'est une année
entraînée par de longs mois de lutte avec
les Espagnols.
Le « coup » manqué
L'objectif que visait le chef rifain appa-
raît avec évidence.
Il cherchait à atteindre et a couper la
voie ferrée de Fez, Ü Taza, espérant, par ce
haut fait d'urines, soulever cuntre nous les
tribus déjil. soumises.
Par une attaque brusquée, il s'infiltra
entre nos poètes et, bénéficiant de l'effet-
;cle '.surprise, franchit sur de nombreux
points oÙ. la fois la rivière Ouergha et péné-
tra profondément dans la région pacifiée,
LI y a encore, artucllemeait, de nombreu-
ses harkas rifaines au sud de l'Ouerglia et
au nord de cette rivière, plusieurs de nos
postes sont toujours encerclés.
Tout.efois, on peut dire dés maintenant
que la situation est stabilisée. Avec les ren-
forts qui arrivent déjà, très rapidement d'Al-
gérie, aucune surprise n'est plus possible
et le travail de dégagement se poursuit mé-
thodiquement.
< Ravitaillement par avions
Dans la région de Bihane, cinq postes,
encore encerclés, sont ravitaillés par J'avia-
tion, notamment en eau, au moyen de blocs
de (tcc,
Les pertes
Au cours des derniers engagements, le
groupe du colonel Frcydeniberg a eu treize
tués, la plupart indignes, et une centaine
de hlessés, Les Riffains ont subi de très
lourdes pertes.
Stratégie rifaine
Le général Cblnmbat, arrivé à la hauteur
de Bibane, se trouve en présence de posi-
tions solidement organisées avec des lignes
de tranchées successives et élagues.
Tribus loyalistes
On signale la part active prise par les
contiingenls Bcni-Ouarain levés dans les ré-
gions récemment pacifiées qui, engagés sur
une largo partie du front, ont fait preuve
d'un grand loyalisme et ont 'montré tic bril-
lantes qualités militaires,
Concentration de Harkas
Kheriro, caïd des raïds de nouveau installé à proximité de bar ben
Karrich où est cuncentrée une très impor-
tante hnrka rifaine.
Oudl El Karfa rampe aux environs du Hio
Martin et a reçu également des trcnfurls ve-
nus de l'Oued Lan. Ces deux chefs sem-
blent .préparer une offensive imminçnLe.
Le ravitaillement du Rif
D'après des indigènes, deux cargos au-
raient débarqué à l'embouchure de d'Oued
Lau de 'l'or:ge et du matériel de guerre pour
le ravitaillement des trempes rifaines. Oudl
El Karfa serait approvisionné d'une maniè-
re semblable.
Commentaires anglais
Le rédacteur du Times au Maroc écrit :
« Les autorités françaises m'ignorent nul-
lement de caractère sérieux de la situation
qu'elles semblent toutefois avoir bien en
main. Il convient de noter que tout ceci se
passe à l'intérieur du Protectorat français,
au sud de la frontière de la zone espa-
gnole, c'est-à-dire sur un territoire où les
Français sont responsables de la sécurité
des personnes et des biens des habitants,
dont un grand nombre ont été contraints
à la révolte par les sévices d'Abd el Krim,
tandis que beaucoup d'autres ont été dé-
pouillés de tout ou massacres.
Il La tilche qui incombe aux autorités du
Protectorat français n'cst pas facile, car il
s'agit non seulement de chasser l'ennrmi
du Protectorat, mais encore d'occuper tout,
le 'pays dans la direction du Nord, jusqu'à
la frontière de la zone espagnole, et cela
en force suffisante pour garantir Ja vie et
les biens des habitants contre le relour de
toute invasion de ce gmire et des souffran-
ces qui on résultent. Il ne suffit pas de re-
pousser les Rifains dans la zanl! espagnole
d'où ils sont venus, car Abd el Krim, avec
sa base établie de l'autre côté de la fron-
tière, pourrait reprendre les hostilités quand
il lui plairait. D'autre part, ')cs autorités
françaises sont, absolument décidées à ne
pas entreprendre l'invasion du Rif.
« Si satisfaisante que soit la situation
des Français dans le Maroc tout entier, il
serait trop dangereux de risquer une répé-
tition des incidents de la semaine dernière,
et il est indispensable de prendre les mesu-
res nécessaires ponr assurer la sécurité à
l'avenir.
« Toute l'autorité, tout le prestige de la
France au Maroc dépendent de son pouvoir
de garantir la sécurité des populations et de
les défendre contre toute agression. La crise
semble être conjurée, actuellement-, mais la
situation ne saurait manquer d'inspirer en-
core une certaine anxiété au Gouvernement
du Protectorat. »
La main-d'muvre au Congo belge
-0
La question de la main-d'œuvre préoc-
eupe considérablement I/1 Gouvernement
du G»ii<»o Belge., I.f des études très sérieu-
ses unt été l'ailrs, à son instigation, pour
dL('lîlliLHll' aussi exactement que possible,
d'une ipart, les besoins auxquels il y aura
lipu de faire l'ace au euurs dey prochaines
années, et d'autre- part, les ressources eur
lesquelles un pourra légitimement compter,
sans arrêt or de façoll absnlue la vie indi-
gène.
Il est, en effet, indispensable d'agir avec
la plus grande prudence. L'n prélèvement
inconsidéré d'hommp* adultes peut réduire
certaines rnntré^s à la mort. Pour s'en
rendre compte, on n'a qu'à considérer ce
qui su passe, dans nos pays, quand a lieu
une mobilisation généralle. et qu'on enlève*
à à de sa population.
Il serait dune dangereux de détourner un
trop grand nombre d'hommes de la vie col-
lective indigène, d'abord pour le trouble
que cela, apporterait dans l'existence de la
communauté, et ensuite 'pour -la fâcheuse
répercussion que eell«i manière de procéder
aurait sur la natalité. Ou risquerait de ta-
rir la source même d'une main-d'œuvre
dont le besoin se fera de plus en plus sen-
tir, à mesure que la eivilisation créera de
nouveHes nécessités.
A la suite des études faites à cc sujet,
certains principes ont été admis, qui pa-
raissent judicieusement établis : on estime
qu'il est possible, sans danger, de distraire
des coliectivités indigènes 5 '::, des hommes
adultes (snit. 1 1/i de. la population to-
tale) ; que, même, qunmf il s'agit d'un tra-
vail régional, ce ipnurcenlnge peut être
élevé à 10, mais que cela est uii" limite cx-
il-Ame qu'il ne faut pas dépasser. Et en-
core. y a-t-il lieu de tenir compte, dans le
dernier cas, des facilités de communication
existant entre le lieu du travail et le lieu
de l'habitation fomiliGlle,
En somme, (.'TI doit admettre d'une façon
générale que pour ne pas nuire à la vie
d'une collectivité, il est indispensable de
laisser à eollc-ci une proportion de 22,5
hommes adultes pour 10 femmes, enfants,
vieillards et infirmes.
Il est évident que ces chiffres théoriques
ne s'aipipliquent pas, quand on se trouve
dans une agglomération au milieu mémo
de laquelle s'exécutent les travaux aux-
quels sont employés les indigènes. Dans ce
cas, h poiuCCalagc peut sans inconvénient,
s'élever jusqu'à 100 C'est ce qui so
passe chez nous, dans nos citég curopéen-
nes.
La Commission chargée de l'enquête,
passant, ensuite, de lu théorie à la prati-
que, et drs principes aux faits, a étudié
également, la situation de la population
existant au Congo, et la quantité de. tra-
vailleurs qu'un pouvait esipéivr en retirer.
D'après ses calculs, la population m¡)'lc
adulte s'élève, à. très ,peil de cbo.se près, à
•?.{Î7('».(M)0 individus, ce qui il-mnprrut une
possibilité d.- recrutement do ~JGT.(KJ0 tra-
vailleurs.
Si l'on lient compte de ce que nous avons
dit plus haul. c'est-à-dire que le pourcen-
tage de prélèvement itux
grands centres autour desquels s1 snnt
agglomérés de nombreux travailleurs
accompagnés de leurs fillllillc's. on arrive
à évaluer le contingent en main-d'oMivro à
?;") Y, de la population mâle adult-, soit
G(»S.0o0 honmws.
Comme par ail'eurs les besoins - .tl.wlR
des employeurs s'élèvent à -ilG.o-Mi boinmes,
o-n peut dire que la .situation pivso.ile est
bonne. Mais il faut compter avec l'avenir :
déjà un prévoit pour IVWO la nécessite d'un
et
ne fera que s'accroître.
C'est donc avec juste raison que K -3 Pou-
voirs publies portent leur atlentio.i sur
,crUe .question, el robe relient avec 'lIxiété
les moyens de maintenir un rapport exact
entre les nécessités et. les dispoinbiPU s.
Les moyens préconisés à l'heure ̃ tnelle
sont l'occupation administrative. i;i propa-
gande en faveur du travail, l'aniel .;ation
fil
et la lente poussée (les indigènes y is tes
centres d'exploitation.
Nous pouvons résumer ces movi-ns en un
seul : la civilisation de l'indigène !
De cette étude, il résulte des notons ex-
trêmement. intéressantes de la connaissance
desquelles toutes les nations colonisatrices,,
el la France en particulier, peuvent retirer
avantage et profit.
La fantasia des spahis
Le concours hippique qui poui. llit ses
épreuves matin et soiv, au milieu cl une bril-
lante assistance sportive, a enn'gi:-'tr hier
un des plus beaux uccès à l'occasion de la
(1 fantasia » des «=pahif.
Subitement, ce fui sur la pjstc b.ilnycc des
obstacles, l'irruption magnifique du cava-
liers du désert, burnous au vent, visages de
bronze, presque droits sur leurs hautes sel-
les de cuir fauve. Les chevaux, petits, ner-
veux, se prisaient du vent et de L. course
rapide. Leur crinière eot délicatement tres-
sée en tresses serrées et ornées de rubans
rouges ou verts. Les exercices vertigineux se
succèdent. La foule applaudit et s'enthou-
siasme. La piste n'est plus que mouvements,
groupes, défilés souples et harmonieux, cer-
cles et rassemblements, dans les couleurs dé-
ployées des burnous routes et blancs, avec.
symétrique la tache somptueu-c, aolroan
rouge, culotte bleue et burnous bl.mc aux
reliefs d'or des chefs.
La Fantasia alors romnwncc. Lis cava-
liers passent en trombe, debout sur leurs
chevaux, pareils à de nobles statues, puis
au son rythmé de, tambourins, parmi les
galopades effrénées, la poudre parle, les pe-
tits fusils crépitent, volent en l'air, rattra-
pés d'une main sûre en plein galop, et c'est,
peur un instant, une vision tumultueuse,
éblouissante de l'armée d'Afrique.
Les Annales Coloniales
'- -' -' JOURNAL QUOTIDIEN
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̃« .'O: S France et Colonies. 80 • 48 » 15 1
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On eabmme dans tout les Bureaux de poste et dtn Im principaux libNInI
- - -
p
La production alfatière de l'Algérie
et l'industrie du papier
1.1
S'il est imprudent de sacrifier les intérêts de
l'élevage algérien à ceux de l'exploitation de
J'alfa, il serait tout aussi peu sage de s' abste-
nir complètement de toute cueillette des feuil-
les de cette plante sous prétexte que tempo-
rairement les pâturages seront moins abondants;
car Iles inappes alfatières constituent aussi une
véritable richesse et une richesse qui peut se
reconstituer presque indéfiniment. D ailleurs
toutes tes plantes vivaces de ces Hauts-Fla-
teaux sont plus ou moins fibreuses, telles que
le Oyss, le Drinn, le Sfar, le Neci, d'autres
encore ; des analyses relativement récentes ont
prouvé qu'elles donneraient une pâte à papier
utilisable, L'alfa pourtant est actuellement la
seule récoltée, d'abord parce qu elle est la plus
connue et aussi parce que le produit de trans-
formation est le plus beau. D'après des expé-
riences faites par plusieurs industriels anglais,
le rendement de l' alfa en papier est ordinaire-
ment de 40 ; il peut s'élever exceptionnelle-
ment à 50 et mêlne 52
ment à 50 et même 52 : « Le papier d'alfa
a beaucoup plus ci épaisseur pour le même
poids que tout autre papier. Il prend très bien
l'impression, il fait matelas sur les caractères
d'imprimerie ; il convient très bien pour les édi-
tions de luxe, les belles gravures. Les beaux
journaux illustrés anglais sont imprimés eur pa-
pier d'alfa. » La matière première est deman-
dée de plus en plus par les usines qui fabri-
quent l'e papier de luxe ou qui s'en servent
pour ( mélanger la pâte à d'autres de qualité
inférieure. Tout en prenant les précautions in-
dispensables pour ne pas nuire à son élevage, la
colonie a donc un gros avantage actuel non seu-
lement à favoriser l'exploitation de l'alfa par.
tout où eille ne présente pas de danger, mais
même à ouvrir aux entrepreneurs et aux ou-
vriers les régions qui jusqu'à maintenant n'ont
fait l'objet d'aucune cueillette.
L'exploitation alfatière,. en Algérie, remonte
& plus d'un demi-siècle ; elle commença quel-
ques années avant 1870 et porta sur les nappes
les pire proches du littoral en Oranie. Ce dé-
frartement offrait cette particularité, que l'on
ne retrouve ni au Centre ni à l'Est, de posséder
de l'alfa jusque dans ses Sahels et ses plaines
Voisins de la côte. Les transports étaient ra-
pides et faciles vers les ports. De plus, les
Européens, dont le nombre était le plus consi-
dérable dans les villes et les campagnes, ap-
partenaient à la population espagnole accoutu-
mée dans sa péninsule aux diverses manipula-
tioms exigées-par la récolte et l'emballage. Des
bataillons d'aMatiers espagnols ont monopolisé,
au début. cette exploitation, jusqu'au jour où
l' insurrection de BouAntama. fit parmi eux de
qama fit par-mi eux de
nombreuses victimes et les détoutna de cette
industrie ; ils ont été remplacés depuis par les
indigènes. Les chantiers s'établirent sur les
'HflUtS'Plateaux, au fur et à mesure que la voie
ferrée s'approchait de - Méchétia, puis dépassait
cette localité. Il est à remarquer, au demeurant.
que l'ouverture de nouvelles régions alfatières
est subordonnée à la construction de chemins
de fer à proximité, car seul le rail permet
l'acheminement vers la côte d'une marchandise
lourde, encombrante, et dont la valeur est mé-
diocre. Aussi, le département d'Alger, dont
la ligne de pénétration dans l'intérieur s'est
longtemps arrêtée à Berrouaghia, n'exportait
que peu de balles de cette plante, et ce n'est
que depuis le prolongement récent de cette voie
que lés expéditions ont augmenté par le port
d'Alger. Quant au département de Constan-
tine, il bénéficia de bonne heure diet la ligne
qui, par Batna, gagne Biskra ; mais îles régions
palCOltIrtreS ou celles qui sont proches n'ont que
des peuplements trop disséminés pour pouvoir
alimenter un commerce aussi étendu que la mer
d'ail fa oranaise.
Tant que se poursuivit en Algérie le déve-
loppement du réseau des chemins de fer, les
exportations d'alfa s'accrurent ; quand fut arrê-
tée cette construction, elles se maintinrent au
même chiffre et marquèrent mime un mouve-
ment de régression ; dès que le rail fut poussé
plus loin vers le sud ou dans le voisinage de
nouvelles contrées alfatières, les quantités em-
barquées progressèrent. Rien n'est plus sug-
gestif que les moyennes dlécennailes :
Exportations de il'alfa de 1870 à 1914.
Moyennes décennales (quintaux).
Période de 1870-1879 558.962
1880-1889 823.629
1890-1899 792.608
1900-1909 857.793
1910-1913 (4 années) 1.061.406
Lisez une histoire des chemins de fer algé-
riens et vous verrez qu'à toute période die grande
activité des travaux de construction (j'entends
les travaux die voies de pénétration vers le
sud) correspondra une ascension rapide des
mildiers de quintaux exportés, qu'à une période
d"inertie et de stagnation comme celle que tra-
versa la colonie au moment des rattachements,
un arrêt et presque un recul, et qu'enfin à une
reprise de la poussée vers le sud, un réveil de
ce commerce.
Ce réveil ne devait durer que peu de temps ;
Ja guerre survint, et avec elle la paralysie des
voies ferrées et des échanges extérieurs. Encore
convient-il de reconnaître que, pendant deux
années, les expéditions d'alfa restèrent consi-
dérables, 800 à 900.000 quintaux. Lorsque la
guerre sous-marine s'ajouta à la gaerre terrestre,
que de nombreux navires furent torpillés, alors
'1. chatbuallJ anglais, dont le chn^entenide
retour était l'alfa, se firent beaucoup Plus-Tares
dans les ports algériens, « les balls cr alfa
restèrent à quai ; en 1919, au lendemain de
l'armistice, il ne fut pllus exporté que 58.886
quintaux, à peine 'la vingtième partie des envois
d'avant-guerre.
Le marché de l'alfa avait été profondément
bouleversé, et il y eut encore dans les années
qui suivirent de violentes oscillations, notam-
ment sur les prix pratiqués en Angleterre. Ces
mouvements, peu à peu, s' atténuèrent. Les
quantités exportées se rapprochent de celles que
1 on avait constatées avant 1914. Tandis qu'en
1921, etMes n'avaient été que de 341.690 quin.
taux, elles ont été de 1.049.654 en 1922, et
de 1.092.000 en 1923 ; les chilhes connus de
1924 laissent espérer une forte progression, de
telle sorte qu'en cinq années, la situation a été
rétablie et même améliorée. Il faut s'attendre,
à notre avis, à un notable relèvement des expé..
ditions en alfa pendant quelques années. Ceux
qui ont essayé d'évaluer la production annuelle
possible de l'Algérie l'estiment à 400.000
tonnes ; réduirait-on de moitié ce chiffre ou sim-
plement des deux cinquièmes que l'on oblien..
drait 200 à 250.000 tonnes; la réalité est en-
core loin d'atteindre ce maximum.
L' Angleterre est demeurée, au siècle dernier,
et en ce siècle la fidèle cliente de l'Algérie en
ce qui concerne ce produit ; elle achète toutes
les quantités d'alfa qui lui sont offertes, et ce
n' est pas en Algérie seulement, c'est encore en
Tunisie, en Tripolitaine, en Espagne't en Por-
tugal ; ses papeteries consomment de 150 à
200.000 tonnes par an, tout particulièrement
celles oui sont situées en Ecosse. L'alfa de la
plus beUe qualité sert à la fabrication du papier
à cigarettes ; la plus commune entre dans la
confection du papier à lettre. A plusieurs re-
prises, on s'est o&nandé tant en France qu'en
Algérie si, à l'exemple des Anglais, des in-
dustriels métropolitains ou africains ne pour-
raient pas transformer, eux aussi, les fibres
d'alfa en pâte à papier. On objectait, il est
vrai, qu'il fallait une préparation spéciale, une
eau plus abondante et plus limpide ; on cal-
culait que les prix de revient étaient beaucoup
plus faibles en Angleterre à cause de la modi-
cité des frets et des prix très bas des matières
chimiques employées. La pénurie de papier,
pendant la période des hostilités, a provoqué un
nouvel examen du problème, d'autant que des
voix s'élevaient pour souligner ce qu'avaient
d'anomal et même de scandaleux cette pau-
vreté de la France en papier et la richesse de
ses colonies en matières premières susceptibles
d'être transformées en pâte. Des études ont
été faites, des expériences de laboratoire ten-
tées, des enquêtes poursuivies auprès des com-
merçants et des industriels ; tout un travail de
préparation méthodique a été accompli, et il
semble bien, à noter plusieurs indices actuels.
que cette situation va changer. On signalait, en
1920, l'installation d'une usine à Maison-Car-
rée, d'une autre à Aïn-EI-Hadjar: il existe
aussi en Tunisie une fabrique de pâte à papier
en pleine activité. En France, s'est constitué
un puissant syndicat qui a obtenu la location
d'une poudrerie de guerre pour l'établissement
d'une papeterie transformant l'alfa. Si l'on est
mal renseigné encore sur ces entreprises, du
moins on sait et cela d'une manière certaine
que îles importations d'alfa augmentent ra-
pidement en France, qu'elles atteignaient à
peine 21.000 quintaux en 1920, qu' elic,
avaient doublé en 1923 (43.138), et que, dans
les neuf premiers mois de 1924, elles se sont
élevées à 68.759 ; on espère qu elles monteront
durant l'année entière à près de 100.000 qmn-
taux. S'il est permis, pour conclure, de former
un vœu, c'est que, le papier d'alfa devienne, à
bref délai, un produit franco-algérien ou, pour
mieux dire, un produit national.
Victor Demontès
Chargé de cours au Collège de France.
-60.
DPART
M. Albert Sarraut, ancien ministre dos
Colonies, ambassadeur de France en Tur-
quie, quittera Paris lundi prochain pour re-
joindre son poste à Constantinople.
«
L'immigration italienne
dans l'Afrique du Nord
--0.0-
D'après le commissariat général italien
de l'émigration, 3.703 Italiens ont émigré,
en 1924, en Tunisie, 1.139 en Algérie et 176
au Maroc. Ces chiffres officiels sont certai-
nement au-dessous de la vérité : au Maroc,
notamment, on enregistre chaque année
l'arrivée de 1.000 à 1.500 Italiens, dont la
plus grande partie vient, il est vrai, de Tu.
nisie, d'Algérie ou môme de France.
Aux Antilles
La Compagnie des Câbles Télégraphiques
poursuit actuellement des négociations avec le
Ministère des Colonies en vue d'obtenir l'au-
torisation de céder le réseau des Antilles.
.,
La croisière du Jeanne-cTArc
leu
Le bateau-école Jeanne*d'Arc séjournera à
iBteerte, du 2 au 8 juin, à Alger, du 9 au 14
juin, à Oran, du 15 au 18 juin.
- .-' -
A propos de voyages
0
Pendant que de hardis
explorateurs, déterminés
par la passion désintéres-
sée de la science, poursui-
vent la découverte péril-
leuse des régions polai-
res, d'autres, alliant le
goût de l'imprévu aux
préoccupations d'ordre
économique, continuent au prix des pluf
grands et des plus louables efforts à étendre
le champ de nos connaissances en Afrique.
Chaque jour, par cette action parallèle,
diminue le domaine de notre ignorance géo-
graphique.
Rasmussen vient de faire une longue ex-
pédition de trois ans dans les régions qui
s'étendent au Nord du Canada et d'explo-
rer toute la partie de ce pays qui est baignée
par l'Océan glacial arctique et les mers qui
s'y rattachent. La lecture de ce voyage ;
comme celle d'ailleurs des explorations d'un
Peary, d'un Amundsen, d'un Charcot, d'un
Shackleton, ou de tels autres de ces héros
auxquels nous devoni le peu que nous savons
de ces pays perdus Vous la glace, constitue
pour les enfants de nos écoles la meilleure
école d'énergie, de vertu, de desintéresse-
ment. Il se dégage de ces récits, qu'on lit
souvent par simple curiosité, les plus belles
leçons de morale en action.
Comme les régions polaires, l'Afrique at-
tire les hommes qui brûlent dit désir d'ajou-
ter quelque chose à nos connaissances géogra-
phiques et de préparer l'extension de l'acti-
vité économique des grands Etats civilisés.
Au début du dix-neuvième siècle, les car-
tes dit continent noir indiquaient que seule,
une légère bande littorale était comtue. Ni
les Portugaist ni les Français, ni les Hol-
landais n'avaient osé s'avancer loin de la
côte. Leurs établissements étaient restés li-
mités au pourtour. Ils Savaient eu l'audace
ou la curiosité de franchir le rebord monta-
gneux qui protège contre l'étranger les pays
dl l'intérieur, ou de contourner les rapides
qui rendent en partie inutilisables ces magni-
fiques cours d'eau que sont le Congo, le
Zambte et le Niger.
La découverte de ce continent devait être
Vœuvre du dix-neuvième siècle. Inaugurée
dès V époque de la Restauration avec René
Coullié et Mungo-Park, elle allait être llâ-
tée à partir de 1850 par la nécessité où se
trouvaient, à la suite du développement de
leur industrie, les grandes puissances de
chercher de nouveaux marchés.Ce fut la ruée
vers VAfrique, rappelant celle dont avaient
été l'objet les Indes et le Nouveau Monde au
début- des temps modernes.
Il serait vraiment trop long dénumérer
le nom de tous les explorateurs, officiers,
administrateurs coloniaux, savants, mission-
naires comme Tivi-ngstone ou aventuriers
comme Stanley, qui, au prix des plus grands
dangers, ont parcouru en tout sens ces im-
menses étendues, tantôt désertes, tantôt rt-
couvertes de la végétation la plus riche.
L'occupation politique suivait si elle ne
précédait pas souvent Vexplorateur. On an-
nexait des territoires dont on ne connaissait
parfois ni le relief, ni les ressources humai-
nes, végétales ou émimalcii. On procédait en
hâte afin de n'être pas devancé par le voisin
qui était plutôt un rival qu'un ami.
Aujourd' hui, le continent africain nous
est Connu dans ses grands traits. Cela ne si-
gnifie pas qu'il iïexiste pas encore des ré-
vions fort étendues sur lesquelles nous ne
savons rien ou ne savons que peu de choses.
Mais les voyages actuels ont beaucoup
moins pour but de nous renseigner sur les
Iraits de la géographie physique que de nous
dévoiler les ressources économiques de tous
ordres que renferment les pays encore peu
connus. Ils constituent le travail prépara-
toire à la mise en exploitation de ces con-
trées.
C'est le but des grandes randonnées qui
sont à l'heure actuelle exécutées dans l'Afri-
que occidentale, à travers le Sahara, dans
t Afrique équatoriale et dans l'Afrique
orientale et qui doivent avoir pour résultat
dr. nous indiquer les voies les plus propres
à favoriser la mise en œuvre des richesses
de ces pays.
En nous efforçant de caractériser les ex-
péditions auxquelles nous faisons allusion,
nous n'avons pas l'intelttion délcver des
critiques. Nous nous bornons à constater
l'une des conséquences de Vactivité indus-
trielle des pays civilisés en émettant l'espoir
que les peuples que nous allons réveiller
dans leur sommeil y trouvent aussi leur
compte.
Henry Fontanier,
Député du Canin,l, secrétaire de la
Commission des Allaires étran-
gères, membre de la Commission
des Colonies.
La popuiaiionae l'inaocnine
4
CeMe-ci, d'après le dernier recensement de
1921, s'élève à 18.983.000 habitants pour
720.000 kilomètres carrés, soit une moyenne de
26 habitants au kilomètre cané. Mais cette
densité varie beaucoup selon les régions. Il y a
au kilomètre carré :
68 habitants en Cochinchine ; 65 au Tonkin ;
27 en Arniam ; 16 au Cambodge ; 3 au Laos.
Il y a, d'autre pert, en Indochine, 17.347
Européens, dont 16.256 Français.
Les aieclions muniCIPalOS
MARTINIQUE
Nous croyons savoir que M. Jean Félix, dé-
puté socialiste S. F. 1. O., doit interpeller à la
rentrée des Chambres M. André Hesse, minis-
tre des Colonies, sur les élections municipales
de la Martinique.
Nous ne savons encore si le sympathique dé-
puté de l'Hérault interviendra en faveur de M.
Séjourné, secrétaire du Comité des Intérêts Eco-
nomiques de la Martinique et représentant de
M. Ernest Billiet, pour justifier les bagarres qui
ont eu lieu, çà et là, ou si, au contraire,
il signalera la collusion du parti conservateur
Clerc-Séjourné avec le fauteur de désordre que
l'envoyé spécial d'un journal du matin bien pen-
sant qualifie de communiste.
Attendons ! Pour nous, nous sommes persua-
dés que M. le ministre des Colonies est bien
tranquille.
<•««»-
Les incidents d'Oran
0-0
La journée d'hier a été parfaitement calme.à
> Otan.
Une quinzaine de manifestants ont été con-
damnés par le tribunal correctionnel à des amen-
des ou à de petites peines de pnson avec sursis.
Il reste encore une cinquantaine de manifestants
à juger.
-00.
M. Claude Farrère
aggrave son cas
00
J' ai, la semaine dernière, stigmatisé l'étrange
attitude de M. Claude Farrère.
Cet écrivain dévoyé proposait de vendre sous
la menace du sénateur Borah, les Français des
Antilles et de la Guyane aux Etats-Unis, en
échange de la remise de nos dettes, tout comme
on vend le lilas sur nos marchés au printemps.
J' ai signalé la gifla retentissante que lui ap-
pliqua, il y a dix jours, M. Henry Lemery,
sénateur de la Martinique.
Aujourd'hui, dans YEclair, de l' ancien révo-
lutionnaire Emile Buré passé depuis au superna-
tionalisme le plus intégral, M. Claude Farrère
recommence sa triste besogne.
1 Voici ce qu'il écrit :
Mon cher Directeur,
Voulez-Vous m'accorder encore voire hospi-
talité pour en finir avec la question qui nous di-
vise, MM. les représentants, députés ou séna-
teurs. des A ntilles françaises, et moi ?
Si je reviens là-dessus, c'est parce que, insé-
rant dans Votre numéro du 5 mai la lettre que je
vous avais écrite le 1"r, doits Yaùez fait précé-
der d'un titre qui pourrait prêter à confusion :
(( Faut-il vendre nos colonies ? » Je n'ai pas
besoin de1 vous rappeler que je n'ai jamais écrit
cette phrase, ni suggéré une aussi formidable
mesure.
Nous avons des colonies en Afrique, qui sont
immenses, Nous en avons en Asie, qui sont con-
sidérables et puissamment riches ; nous en avons
en Océanie ; nous en avons enfin en Amérique.
Je n'ai jamais parlé de vendre que nos colo-
nies américaines exclusivement.
Nos colonies d'Afrique sont, en effet, pour
nous, une source d'énergie Vitale, dont une très
vieille nation comme la nôtre ne peut pas se
passer. Nos colonies d'Asie sont une source de
sagesse et de philosophie ; si jamais la France
1 aperçoit combien funeste est son actuel préjugé
de parlementarisme à outrance, c'est d'Asie que
lui sera venue la lumière.
Quant à nos colonies du Pacifique, elles sont
malheureusement trop peu de chose pour repré-
senter une monnaie d'échange sérieuse.
Seules, nos colonies d'Amérique - An-
tilles, Guyane qui nous sont aujourd'hui à
peu près superflues, sont, au contraire, indispen-
sables à la République américaine, car seule la
possession de notre Martinique et de notre Gua-
deloupe assurera aux Américains le libre usage
de leur canal de Panama, au cas d'un conflit
entre l'Amérique et l'A sie.
J'ai donc, contraint et jorcé par les cÍrconsot
tances, préconisé, et je préconise toujours la
cession de nos colonies américaines aux Etats-
Unis d'A mérique, en échange d'une quittance
de nos dettes de guerre, que les Etats-Unis
d'Amérique nous délivreraient. Mais je n'ai ja-
mais songé, ne ftit-ce quune seconde, à oendre
notre Indochine, notre Congo, notre Soudan,
notre Sénégal, notre Maroc, notre Algérie, no-
tre Tunisie. Tout cela nous est non seulement
utile, mais indispensable.
Et cette petite mise au point clairement éta-
blie, je vous prie, mon cher directeur, de me
, croire très cordialement à Vous,
Claude FARRÈRE.
A quel moment l'ancien officier de Marine
qu'est M. Claude Farrère pensait-il ce qu'il
disait et écrivait ?
Pendant la guerre, quand pris d'un mal ardent
il voulait faire libérer nos frères d'Alsace et de
Lorraine par nos vaillants soldats jusqu'au der-
nier des Français ?
Ou maintenant qu'il veut vendre comme un
troupeau nos frères de la Martinique, de la
Guadeloupe et de la Guyane, vieux Français
de plus de deux siècles de génération, pour évi-
ter aux 'beati possidentes, ses amis politiques,
les douleurs de charges financières en rapport
avec leurs moyens, mais non avec leur patrio-
tisme.
L'Angily
Notre défensive au Maroc
La situation
A l'ouest, le générul Culombat a porté
un détachement dans la région' uuest de
Tafranl.
Au centre, le groupement Frcyùcnberg,
continuant ses opérations de rayonnement
dans lo. région de Tnuunat, s'est porté vers
Baïfo Oucnder.
A l'est, la. situation est stationnaire.
Dans le secteur de Kiffane, l'aviation a
continué sa mission do reconnaissances et
de bombardements, déployant la plus
grande activité et iaisant preuve du plus
'haut dévouement.
L'armée rifaiine
Il 11e .fait aucun douti,! qu'Abd-el-Kriin
dispose d'une armée quasi-moderne. Klle
est pourvue de fusils à tir rapide, «l'une
cinquiutilaine de canons, elle a niônie ù sa
disposition quelques tanks et une demi-
douzaine d'avions. Enfin, c'est une année
entraînée par de longs mois de lutte avec
les Espagnols.
Le « coup » manqué
L'objectif que visait le chef rifain appa-
raît avec évidence.
Il cherchait à atteindre et a couper la
voie ferrée de Fez, Ü Taza, espérant, par ce
haut fait d'urines, soulever cuntre nous les
tribus déjil. soumises.
Par une attaque brusquée, il s'infiltra
entre nos poètes et, bénéficiant de l'effet-
;cle '.surprise, franchit sur de nombreux
points oÙ. la fois la rivière Ouergha et péné-
tra profondément dans la région pacifiée,
LI y a encore, artucllemeait, de nombreu-
ses harkas rifaines au sud de l'Ouerglia et
au nord de cette rivière, plusieurs de nos
postes sont toujours encerclés.
Tout.efois, on peut dire dés maintenant
que la situation est stabilisée. Avec les ren-
forts qui arrivent déjà, très rapidement d'Al-
gérie, aucune surprise n'est plus possible
et le travail de dégagement se poursuit mé-
thodiquement.
< Ravitaillement par avions
Dans la région de Bihane, cinq postes,
encore encerclés, sont ravitaillés par J'avia-
tion, notamment en eau, au moyen de blocs
de (tcc,
Les pertes
Au cours des derniers engagements, le
groupe du colonel Frcydeniberg a eu treize
tués, la plupart indignes, et une centaine
de hlessés, Les Riffains ont subi de très
lourdes pertes.
Stratégie rifaine
Le général Cblnmbat, arrivé à la hauteur
de Bibane, se trouve en présence de posi-
tions solidement organisées avec des lignes
de tranchées successives et élagues.
Tribus loyalistes
On signale la part active prise par les
contiingenls Bcni-Ouarain levés dans les ré-
gions récemment pacifiées qui, engagés sur
une largo partie du front, ont fait preuve
d'un grand loyalisme et ont 'montré tic bril-
lantes qualités militaires,
Concentration de Harkas
Kheriro, caïd des raïds
Karrich où est cuncentrée une très impor-
tante hnrka rifaine.
Oudl El Karfa rampe aux environs du Hio
Martin et a reçu également des trcnfurls ve-
nus de l'Oued Lan. Ces deux chefs sem-
blent .préparer une offensive imminçnLe.
Le ravitaillement du Rif
D'après des indigènes, deux cargos au-
raient débarqué à l'embouchure de d'Oued
Lau de 'l'or:ge et du matériel de guerre pour
le ravitaillement des trempes rifaines. Oudl
El Karfa serait approvisionné d'une maniè-
re semblable.
Commentaires anglais
Le rédacteur du Times au Maroc écrit :
« Les autorités françaises m'ignorent nul-
lement de caractère sérieux de la situation
qu'elles semblent toutefois avoir bien en
main. Il convient de noter que tout ceci se
passe à l'intérieur du Protectorat français,
au sud de la frontière de la zone espa-
gnole, c'est-à-dire sur un territoire où les
Français sont responsables de la sécurité
des personnes et des biens des habitants,
dont un grand nombre ont été contraints
à la révolte par les sévices d'Abd el Krim,
tandis que beaucoup d'autres ont été dé-
pouillés de tout ou massacres.
Il La tilche qui incombe aux autorités du
Protectorat français n'cst pas facile, car il
s'agit non seulement de chasser l'ennrmi
du Protectorat, mais encore d'occuper tout,
le 'pays dans la direction du Nord, jusqu'à
la frontière de la zone espagnole, et cela
en force suffisante pour garantir Ja vie et
les biens des habitants contre le relour de
toute invasion de ce gmire et des souffran-
ces qui on résultent. Il ne suffit pas de re-
pousser les Rifains dans la zanl! espagnole
d'où ils sont venus, car Abd el Krim, avec
sa base établie de l'autre côté de la fron-
tière, pourrait reprendre les hostilités quand
il lui plairait. D'autre part, ')cs autorités
françaises sont, absolument décidées à ne
pas entreprendre l'invasion du Rif.
« Si satisfaisante que soit la situation
des Français dans le Maroc tout entier, il
serait trop dangereux de risquer une répé-
tition des incidents de la semaine dernière,
et il est indispensable de prendre les mesu-
res nécessaires ponr assurer la sécurité à
l'avenir.
« Toute l'autorité, tout le prestige de la
France au Maroc dépendent de son pouvoir
de garantir la sécurité des populations et de
les défendre contre toute agression. La crise
semble être conjurée, actuellement-, mais la
situation ne saurait manquer d'inspirer en-
core une certaine anxiété au Gouvernement
du Protectorat. »
La main-d'muvre au Congo belge
-0
La question de la main-d'œuvre préoc-
eupe considérablement I/1 Gouvernement
du G»ii<»o Belge., I.f des études très sérieu-
ses unt été l'ailrs, à son instigation, pour
dL('lîlliLHll' aussi exactement que possible,
d'une ipart, les besoins auxquels il y aura
lipu de faire l'ace au euurs dey prochaines
années, et d'autre- part, les ressources eur
lesquelles un pourra légitimement compter,
sans arrêt or de façoll absnlue la vie indi-
gène.
Il est, en effet, indispensable d'agir avec
la plus grande prudence. L'n prélèvement
inconsidéré d'hommp* adultes peut réduire
certaines rnntré^s à la mort. Pour s'en
rendre compte, on n'a qu'à considérer ce
qui su passe, dans nos pays, quand a lieu
une mobilisation généralle. et qu'on enlève*
à à de sa population.
Il serait dune dangereux de détourner un
trop grand nombre d'hommes de la vie col-
lective indigène, d'abord pour le trouble
que cela, apporterait dans l'existence de la
communauté, et ensuite 'pour -la fâcheuse
répercussion que eell«i manière de procéder
aurait sur la natalité. Ou risquerait de ta-
rir la source même d'une main-d'œuvre
dont le besoin se fera de plus en plus sen-
tir, à mesure que la eivilisation créera de
nouveHes nécessités.
A la suite des études faites à cc sujet,
certains principes ont été admis, qui pa-
raissent judicieusement établis : on estime
qu'il est possible, sans danger, de distraire
des coliectivités indigènes 5 '::, des hommes
adultes (snit. 1 1/i de. la population to-
tale) ; que, même, qunmf il s'agit d'un tra-
vail régional, ce ipnurcenlnge peut être
élevé à 10, mais que cela est uii" limite cx-
il-Ame qu'il ne faut pas dépasser. Et en-
core. y a-t-il lieu de tenir compte, dans le
dernier cas, des facilités de communication
existant entre le lieu du travail et le lieu
de l'habitation fomiliGlle,
En somme, (.'TI doit admettre d'une façon
générale que pour ne pas nuire à la vie
d'une collectivité, il est indispensable de
laisser à eollc-ci une proportion de 22,5
hommes adultes pour 10 femmes, enfants,
vieillards et infirmes.
Il est évident que ces chiffres théoriques
ne s'aipipliquent pas, quand on se trouve
dans une agglomération au milieu mémo
de laquelle s'exécutent les travaux aux-
quels sont employés les indigènes. Dans ce
cas, h poiuCCalagc peut sans inconvénient,
s'élever jusqu'à 100 C'est ce qui so
passe chez nous, dans nos citég curopéen-
nes.
La Commission chargée de l'enquête,
passant, ensuite, de lu théorie à la prati-
que, et drs principes aux faits, a étudié
également, la situation de la population
existant au Congo, et la quantité de. tra-
vailleurs qu'un pouvait esipéivr en retirer.
D'après ses calculs, la population m¡)'lc
adulte s'élève, à. très ,peil de cbo.se près, à
•?.{Î7('».(M)0 individus, ce qui il-mnprrut une
possibilité d.- recrutement do ~JGT.(KJ0 tra-
vailleurs.
Si l'on lient compte de ce que nous avons
dit plus haul. c'est-à-dire que le pourcen-
tage de prélèvement itux
grands centres autour desquels s1 snnt
agglomérés de nombreux travailleurs
accompagnés de leurs fillllillc's. on arrive
à évaluer le contingent en main-d'oMivro à
?;") Y, de la population mâle adult-, soit
G(»S.0o0 honmws.
Comme par ail'eurs les besoins - .tl.wlR
des employeurs s'élèvent à -ilG.o-Mi boinmes,
o-n peut dire que la .situation pivso.ile est
bonne. Mais il faut compter avec l'avenir :
déjà un prévoit pour IVWO la nécessite d'un
et
ne fera que s'accroître.
C'est donc avec juste raison que K -3 Pou-
voirs publies portent leur atlentio.i sur
,crUe .question, el robe relient avec 'lIxiété
les moyens de maintenir un rapport exact
entre les nécessités et. les dispoinbiPU s.
Les moyens préconisés à l'heure ̃ tnelle
sont l'occupation administrative. i;i propa-
gande en faveur du travail, l'aniel .;ation
fil
et la lente poussée (les indigènes y is tes
centres d'exploitation.
Nous pouvons résumer ces movi-ns en un
seul : la civilisation de l'indigène !
De cette étude, il résulte des notons ex-
trêmement. intéressantes de la connaissance
desquelles toutes les nations colonisatrices,,
el la France en particulier, peuvent retirer
avantage et profit.
La fantasia des spahis
Le concours hippique qui poui. llit ses
épreuves matin et soiv, au milieu cl une bril-
lante assistance sportive, a enn'gi:-'tr hier
un des plus beaux uccès à l'occasion de la
(1 fantasia » des «=pahif.
Subitement, ce fui sur la pjstc b.ilnycc des
obstacles, l'irruption magnifique du cava-
liers du désert, burnous au vent, visages de
bronze, presque droits sur leurs hautes sel-
les de cuir fauve. Les chevaux, petits, ner-
veux, se prisaient du vent et de L. course
rapide. Leur crinière eot délicatement tres-
sée en tresses serrées et ornées de rubans
rouges ou verts. Les exercices vertigineux se
succèdent. La foule applaudit et s'enthou-
siasme. La piste n'est plus que mouvements,
groupes, défilés souples et harmonieux, cer-
cles et rassemblements, dans les couleurs dé-
ployées des burnous routes et blancs, avec.
symétrique la tache somptueu-c, aolroan
rouge, culotte bleue et burnous bl.mc aux
reliefs d'or des chefs.
La Fantasia alors romnwncc. Lis cava-
liers passent en trombe, debout sur leurs
chevaux, pareils à de nobles statues, puis
au son rythmé de, tambourins, parmi les
galopades effrénées, la poudre parle, les pe-
tits fusils crépitent, volent en l'air, rattra-
pés d'une main sûre en plein galop, et c'est,
peur un instant, une vision tumultueuse,
éblouissante de l'armée d'Afrique.
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