Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-05-07
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 mai 1925 07 mai 1925
Description : 1925/05/07 (A26,N69). 1925/05/07 (A26,N69).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396915t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. No 69
L MtJMWRO : a CENTIMES
JEUDI SOIR, 7 MAI 1925
Les Annales Coloniales
,
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU .JOURNAL
lM Annonce» et Réclames sont reçue» aux Bureaux dujournal et dans -A,enea dePubltcNi
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Le bolchevisme aux colonies
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Il y a des méthodes d'agitation bolchevique
qui tentent de s' introduire dans les colonies ; il
lie sied ni d'en exagérer les effets, ni de les
nier ; les bolcheviks ont sans cesse affirmé que
l'affranchissement des colonies, conséquence du
droit des peuples à disposer librement d'eux-
mêmes, sera un des moments de la révolution
universelle ; à préparer cet affranchissement,
ils s'emploient avec une suite d'efforts dont il
est bon de distinguer l'origine et le sens ; c'est
la condition essentielle pour qui veut s'y oppo-
ser avec résolution et avec succès.
11 y a un passage très important dans l'ou-
vrage de Lénine intitulé : Du droit des natiom
à disposer d'elles-mêmes. Ce passage n'a pas
échappé à l'écrit curieux et souple de M. de
Monzie, et il l'a cité textuellement dans son
rapport sur le budget. Lénine observe que tout
mouvement nationaliste peut être un mouvement
démocratique bourgeoi" car, dans les. pàys
«ttàRJé», la masse se compose de paysans, c est-
à..dite de bourgeois capitalistes; là, les partis
prolétaires, s'ils se forment, ne peuvent pour-
suivre une tactique proprement communiste.
Comment faire ? L'unique moyen est de rem-
placer les mots : u démocratique bourgeois »
par : « national-révolutionnaire », et, dans les
pays coloniaux, d'accrocher le mouvement
révolutionnaire au mouvement libérateur bour-
geois.
Les disciples de Lénine s' inspirent de cette
doctrine. La grande guerre a restreint ou rompu
les relations entre la métropole et les colonies ;
d'où le développement des industries et des
capitalismes indigènes dans les pays coloniaux
ou semi-coloniaux, et, par suite, des mouve-
ments d'émancipation nationale à tendance dé-
mocratique bourgeoise ; à la faveur de ces pous-
sées, le bolchevisme tend à s'introduire ; le na-
tionalisme lui sert de façade et de protection ;
méiite dans les pays où la démocratie bourgeoise
tente d'arfêter, de canaliser le mouvement ou-
vrier. il déborde et progresse grâce a tous ces
conflits, t il entratne peu à peu les colohies
vers U République soviétique prolétarienne. A
la lumière de cet considérations, ne voit-on pas
se dessiner plus clairement un certain nombre
de tentatives faites dans les colonies « impé-
rialiltes », et n'en trouve-t-on pas des explica-
tions intéressantes et vraies ?
Il y a mieux : non seulement la méthode bol-
cheviste recommande de s'appuyer sur le nation
rtalisme bourgeois et révolutionnaire, mais elle
prescrit de l'encourager ; au besoin, de le faire
nlttre; dans tous les cas, de l'alimenter par la
propagande et par les actes. La (c culture » du
nationalisme par le bolchevisme, touchante al-
Hance, ou si Ton veut, touchant patronage 1
Quand la bourgeoisie nationale lutte pour s'em-
parer du marché économique intérieur, afin
d'arriver par là à prendre en mains le pouvoir
politique, les bolcheviks ont ordre de faciliter
lu besogne à ces représentants de la classe ca-
pitaliste, en cachant avec soin l' « aspect de
classe ». Mais si ces derniers sont trop timorés
ou trop lents, les bolcheviks instaurent une pro-
pagande nationaliste intellectuelle ainsi définie :
traduction des oeuvres d'émancipation sociale
dans les langues des diverses nationalités, édu-
cation nationale, étude de l'histoire nationale.
Jamais le mot de « national » ne tint plus de
place dans les recommandations d'un parti à
ses adhérents. Et l'on songe à la parole de
'Jordania, le chef menchevik géorgien, rappor-
tée par M. de Monzie : « Alors que les men-
cheviks sont des socialistes européens, les bol-
cheviks sont des socialistes asiatiques représen-
tant à la fois le fanatisme et la duplicité asia-
tiques. »
Parallèlement, il est bien entendu que se
poursuit, dans les mêmes pays, la propagande
plus spécialement révolutionnaire. à l'usage du
prolétariat ouvrier et paysan ; on l'instruit de
ses besoins de classe, on l'organise révolution-
nairement comme les autres prolétariats euro-
péens, sans la sympathie desquels il serait con-
damné - à l'échec. ---
En somme, les trois stades sont les suivants :
dans une première période, préparation d'un
mouvement nationaliste où les forces bourgeoi-
ses démocratiques sont groupées et disciplinées ;
étude des faits et des statistiques qi démo.
trent à la colonie sa dépendance économique
et politique vis-à-vis de l'étranger ; fermentation
créée et entretenue pour exciter l'idée nationa-
liste ; dans une seconde période, mouvement
nationaliste dirigé contre « l'impérialisme » de
la métropole et contre 1' « impérialisme » in-
ternational ; dans une troisième période,
mouvement communiste succédant au mouve-
ment nationaliste vainqueur, lequel ouvre la
voie au bloc ouvrier et paysan, l'allié d'hier,
l'ennemi de toujours.
Il est évident que les colonies françaises ne
sont pas particulièrement visées par ce program-
me à longue échéance. Ni leur importance ter-
ritoriale, ni leur importance politique ne les
désignent, avant tout, à l'attenrion des bolche-
viks : c'est surtout la Chine, la Turquie et la
Perse, d'une paît ; les Indes, l'Arabie et
l'Egypte, d'autre part, qu offrent à leur action
dissimulée ou ouverte le champ le plus vaste
et le plu riche. Mais le programme est dressé
pour toutes les colonies du monde, et la mé-
thode vaut pour toutes sans exception. Seule,
l'application varie, en tenant compte des carac-
tères de chaque peuple i des conditions écono-
miques, politiques, religieuses, momies, histo-
riques. Elle est adaptée, chaque foh. aux dr
constances. Ainsi, pônr l'Afrique du Nord, elle
tient compte que c'est avant tout une terre
d'Islam et qu elle renferme des foyers actifs
de religion et de propagande, comme des par-
ticularités ethniques qui distinguent chacune des.
colonies où le bolchevisme se propose d'agir.
Telles sont les idées générales qu'il est in-
dispensable de connaître pour qui veut distinguer
entre les différentes manifestations de l'esprit
bolcheviste aux colonies. Sommes-nous défen-
dus contre cës entreprises ? Oui, et nous le se"
rons d'autant mieux que nous aurons une poli-
tique indigène qui rende vaines toutes les décla-
mations de ceux que Lénine appelait les démo-
crates bourgeois. Il y a, sans doute, à redouter
pour des esprits que n'ont pas façonnés les
méthodes critiques, les effets d une idéologie
'III 1
qui trouble tant de cerveaux, mëme parmi les
peuples moralement les mieux défendus. Mais
là n'est pas le danger imminent. Il est, on l'a
vu, dans l'excitation des nationalismes colo-
niaux contre la suprématie du ( peuple impé-
rial ». Cette excitation s'a ffai blira par le fait
même que les populations coloniales prendront
une part plus grande à la vie de la France,
qu'elles se sentiront plus profondément atta-
chées à la patrie commune. Les agitateurs pro-
fessionnels auront beau lancer des anathèmes
contre les « étrangers » ; il faut que les étran-
gers, ce soient eux, et eux seuls, et que les
habitants des colonies répliquent qu'ils ne sont
pas des sujets soumis par la conquête, mais des
citoyens de la plus grande France, rapprochés
progressivement de leurs frères d Europe, et
dans la mesure où le permet leur civilisation.
Domination ? Non pas, mais col laboration af-
fectueuse, loyale. La guerre a établi entre les
indigènes et nous des Jiens plus forts et plus
nombreux. La propagande bolcheviste en sera
pour ses frais si, graduellement, les. habitants
de nos colonies ont le sentiment que leur évo-
lution est aidée, favorisée, et que chaque pas
en avant les éloigne de la condition de sujets
et les élève à celle de collaborateurs.
Voilà pour le côté politique, ou. si l'on veut,
moral. Au reste, si notre activité s'emploie à
les enrichir par tous les bienfaits d'une civili-
sation supétieure, si nous réalisons ce program-
me de mise en valeur des colonies sur lequel
nous avons dit et écrit de si belles choses, la
phraséologie communiste restera impuissante
pour détacher de nous des peuples qui nous
devront leur prospérité matérielle. Au mot fa-
meux de Cecil Rhodes : « Dans les colonies,
le chemin de fer obtient plus de résultats que
le canon », M. de Monzie répond spirituel-
lement que les bolcheviks sont les premiers à
croire que .le canon a barre sur l'idée ; réplique
fort juste, puisque bolchevisme et militarisme
semblent les deux faces d'une même politique.
Mais il n'en reste pas moins exact que l'arme
la plus sûre est aussi la plus pacifique, et que
développer les ressources des colonies est la
plus redoutable défensive contre des formules
prometteuses et des récriminations intéressées.
Un tiens vaut, se dit-on, mieux que deux tu
l'auras. Le communisme perdra toute influence
dans nos colonies s'il n'a pas, pour suppQs"; le
mécontentement et la haine, le désordre et la
misère.
MQri". Roustan,
ziénaieur de l'Hérault.
Membre de la Commission sénatoriale
des Colonies,
;
Exposition de Wembley
--0.0--
C'est demain à anidi qu'aura lieu à Lon-
dres la réouverture de l'Exposition de Wem-
bley, 4 laquelle participent toutes les colo-
nies anglaises -et les Dominions.
Le Roi George et la Reine seront reçus
par le Duc d'York, Président de l'Exposition
et les délégués des possessions Anglaises
d'outre-mer.
Le discours du Roi et du ministre des
Colonies seront amplifiés par des hauts-
iparleurs et transmis- par toutes les stations
de T. S. F. de l'Empire britannique.
.-
ECOLE COLONIALE
0
M. André Hesse, ministre des Colonies
iccompagné par M. Charles Regismanset,
directeur de son Cabinet s'est rendu ce
matin à dix heures à l'Ecole Coloniale, 2,
avenue de r Observatoire. Il a été reçu par
M. Dislèrc,Président du Conseil d'adminis-
tration et M. Gutrey, directeur de l'Ecole
qui lui ont présenté les membres du Con-
seil d'administration et du Conseil de per-
fectionnement.
Après la visite des locaux de l'école, le
ministre des Colonies s'est .rendu dans le
grand amphithéâtre où il a adressé une
charmante allocution aux élèves et remer-
cié les professeurs. -
omib
La iraduiln miliate de lalu
01J
La production totale de la laine dans
le monde, en 1924, a atteint 2.836.539.000
livres soit 177 millions de livres de plus
qu'en 1923.
Sur le chiffre total, l'Atrique à lourni
255.365,°°° livres contre 242,205,000 livres en
1923. C'est le seul continent dont la produc-
lion soit en progression SUT la moyenne
(Pavant-guerre (219.694.000 livTes. La pro-
duction de 1024 se décompose ainsi: Algérie,
35 millions de livres ; Afrique australe, 193
millions de livres; Maroc, 19.500.000 livres;
Tunisie, 6.765.000 livres.
LA CRISE DE LA MAIN-D ŒUVRE
À LA COTE D"'IïglRg
Les Annales Colo-
niales viennent de publier
une lettre de leur colla-
borateur M. Eug. Dc-
vaux, signalant dans
quelle phrase aiguë était
entrée la crise de la main-
dœuvre à la Côte d'Ivoi-
re. Cette crise, on l'attri-
buerait en grande partie à la politique sui-
vie par le Gouverneur par intérim, M. Bru-
not qui, dans une circulaire à ses admÙtistra-
teurs, a laissé entendre qu'il convenait de ne
s'immiscer dans les rapports entre employeurs
et employés que pour enregistrer les engage-
ments librement coltclus. Or, il est bien évi-
dent que sans Vintervention des comman-
dants de cercle, le nombre de travailleurs
susceptibles d'être réunis par les exploitants
doit être' excessivement faible, les indigèneç
ne manifestant pas en générai pour les tra-
vaux forestiers, quels que soient les salaires
qu'on puisse leur offrir, un enthousiasme
bien considérable.
Notes sommes avec M. Brunot quand il si-
gnale que la solution du problème de la
mabl.d'æt/.vre à la Côte d'Ivoire réside dans
le développement de Voutillage mécaniquc.
Considérons qu'aux prix où sont vendues
depuis trois ans les différentes sortes de bois
exploités, les forestiers peuvent, non seule-
ment augmenter les salaires, améliorer la
nourriture et les conditions de travail de leurs
ouvriers, mais aussi acquérir du matériel, du
rail, des tracteurs, etc., qui leur fera écono-
miser 50 au moins de la main-d? œuvre em-
ployée.
Mais là où nous tic sommes plus d'accord
avec le Gouverneur par intérim de la Côte
d'Ivoire, c'est sur les moyens à employer pour
aboutir au résultat recherché. Supprimer
brutalement le concours de l'administration
aux exploitaltts, leur couper en fait la pos-
sibilité de recruter de la main-d'œuvre, c'est
les acculer à la ruine. La modernisation
d'une exploitation exige des mois, pour
commander le matériel, le recevoir, le faire
parvenir sur les chantiers, dresser le person-
Ilel nécessaire, etc. De plus,' si elle permet
de réduire sensiblement la main-d' œuvre uti-
lisée y cUf. ne la supprime pas complètement,
il s'en faull Il est donc à craindre, si les
mesures prises devaient être maintenues, que
bcmltoup d'exploitants, plutôt que de s en-
gager dans une voie si pleine d'aléas, aban-
donnent leur exploitation et fuient la colonie
sans espoir de retour.
Drôle de façon d- encourager une indus-
trie qui est de beaucoup la principale de la
Côte d'Ivoire, puisqu'elle fournir les neuf
dixièmes du tonnage exporté. M. Brunot
a-t-il méconnu ce fait ou s'est-il mépris sur
la portée de sa décision? Quoi qu'il en soit,
ce haut fonctionnaire eût été mieux inspiré
à continuer son concoufs aux exploitants fo-
restiers, quitte à prendre toutes dispositions
utiles pour rendre peu à peu obligatoire, par
les détenteurs de chantiers, Vacquisition de
matériel perfectionne.
Une mesurc, utile également à la Côte.
d'Ivoire, serait réalisée dans l'organisation
d'un office de la maÙt-d'œuvrc, organisation
qui compléterait le code dy. travail élaboré
pour l'ensemble de l'Afrique Occidentale
française et qui est actuellement soumis à
l'examen du ministre des Colonies. Cet Of-
fice aurait non seulement pour tâche de faci-
liter le recrutement de travailleurs, mais de
fixer les salaires pour les différentes caté-
gories de travaux, selon que ces travaux sont
plus ou moins durs et plus ou moins bien
acceptés par les ÍlIdigèlzes, de contrôler l'exé-
cution des contrats, de s'assurer si la nour-
riture est suffisante, si les conditions de
couchage, de travail répondent à ce qu'il faut
et doit être exigé.
Il est bien certain que la Côte d'Ivoire,
dont la population est assez faible, ne peut
multiplier indéfiniment le nombre de tra-
vailleurs à mettre à la disposition des exploi-
tants ou colons. Elle devrait, en tout cas,
pouvoir suffire pendant très longtemps en-
core à tous les besoins, si ces travailleurs
étaient plus judicieusement employés. Le
nouveau Gouverneur, M. Lapaluà, con-
naît bien la colonie. Il va rejoindre inces-
samment son poste, et s'attachera certainement
à résoudre, dès son arrivée à Abidjan, à la
satisfaction de tous, le délicat problème qui
est posé.
William Bertrand,
Député de la Cltaretite-tulérieure,
membre de là Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats.
"1.
Exemple italien
--(tooO--
Parmi les projets de développement de la
Marine mardhande étudiés actuellement par
le Gouvernement italien, figure un pro-
gramme de circum-navigation autour de
l'Afrique, analogue à celui qu'avait créé,
avant la guerre, la Compagnie allemande
Ost-Afrika Linie. Le service maritime ita-
lien envisagé serait assuré par de grands
paquebots modernes, qui desserviraient tous
les ports importants du continent africain
et ceux de Madagascar.
Les éleotlons muafclpales ni cdlORies
SENEGAL
A Dakar la liste. d'union républicaine
rompflenant M. Diagne, député, est élue. Le
même parti l'emporte à Gorée.
Ballottage à Saint-Louis.
GUADELOUPE
De très violents incidents suscités par les
amis de M. Graticn Candace, furieux de
leur échec, ont marqué l'a soirée de diman-
che.
Au Lamentin, les urnes ont été brisées
par les électeurs révolutionnaires ; a la
Goyave, l'unie a été enlevée et n'a pas été
retrouvée.
L'écrascmemt des députée Candace et
Jean-Francis est confirmé.
Le .parti' de M. Doisneuf conserve tou-
tes sue positions.
Dès le premier tour, il s'empare des
communes suivantes : Dassc-Terrc (c'hcf-
lieu de l'Ile). Le Moule, Le Gosier, lx?s
Vieux-Hnbitants. Partout ailleurs, le httl-
lotllagc lui est -favorable.
A Painle-ù-Pitrc, M. Boisneuf arrive en
tète de sa liste, avec une écrasante majo-
t.if" ant. 1m liqlr, rlii tiiSntilb-i-nqiri, -1dn n-
François.
A Basse-Terre, la liste Fnvcreau. favora-
ble là M. Baisneur, est élue. Au nailliJf, il
Guubeyre, à Saint-François, au Petit-
Bourg les moires sortants sont réélus.
'Bul\{)Uogcs à Saint-Claude, au Grand-
Bourg, il Capesterre et ù Marie-Galante.
Comme nous l'avions dit, les forces de
police ont été insuffisantes lit urrôler les
manœuvres des séides de M. Grntien Can-
dace. En effet, ce n'est pas 95 gendarmes
qui étaient présents pour assurer l'ordre :
il 'y on avait seulement 80. Dans de trr'l;
notnhrouses communes, les électeurs ont
été obligés' d'organiser des gardes civi-
ques.
MARTINIQUE
Vingt-six municipalités sortantes sont
réélues, dont seize du parti Lémcry-Sévèrc-
Delmont.
A Fort-de-France, la liste Sévère passe à
une forte majorité.
,Ballott.ugo à Saliite-Luce.
Les amis do M. Séjourné ont. suscité de
violentes' bagarres. Ils auraient troublé les
opérations électorales dans les quatre com-
munes de Diamand, Sainte-Luce, Saint-
Pierre et Ajoupa-Bouillon, comme nous
t'avons indiqué dans notre dernier nu-
méro.
GUYANE
Les élections municipales en Guvane se
sont passées dans le plus grand calme. On
ne signale aucun incident. A Cayenne, la
liste que le maire sortant avait formée et
qui était, cette fois, composéo exclusive-
ment des amis de M. Eugène Lan lier, dé
puté, n été élue sans concurrents.
Les partisans du député en fonctions ont
également conquis plusieurs municipalités
dans l'intérieur, mais on n'a pas encore
reçu de détails.
On se souvient qu'au mois de mai 192t,
les élections législatives avaient été très
chaudement, disputées. Un an écoulé, In co-
lonie est donc entièrement pacifiée.
RltfJNlON
Saint-Denis
M. Jaucourt, adjoint, se présentait à la
tête d une liste comprenant 13 conseillers
sortants, 3 représentants du parti populaire
et 9 autres sièges réservés à des personna-
lités diverses.
La liste concurrente en tête de laquelle
se trouvait M. Richeville Robert, présentait
m conseillers sortants avec les autres sièges
répartis entre des commerçants de la. colo-
nie.
Les résultats définitifs ne sont pas encore
connus.
Saint-Paul
A Saint-Paul, la liste opposée à celle du
maire, M. Prémont, et patronnée par M.
Payet, premier adjoint, a été tout entière
élue,
Saint-Pierre
Il y a ballottage entre la liste présentée
par notre ami M. Augustin Archambeaud et
celle du maire M. Le Vigoureux. Mais la
liste du docteur Archambeaud ayant la ma-
jorité relative, semble devoir être tout en-
tière élue au second tour.
Saint-Louis
M. Léonus Bernard est réélu avec tous
ses amis.
Sainte-Marie
La liste de M. Montlivct, opposée à celle
du maire M. Vincent Boyer, a obtenu la
majorité relative.
Les bagarres d'Oran 1
L'agitation a continué le 4 mai dans les
rues d'Oran, avec un caractère incontes-
table de gravité, malgré les rigoureuses
mesures d'ordre, immédiatement prises
par les autorités civiles et militaires.
De nombreux coups de revolver ont été
échangés au cours de ces échauffourées.
- A diverses reprise, une bande d'éner-
gumènes fanatisés par les appels à la vio-
lence des meneurs antisémites, ont tenté
des coups de force contre le grand temple
israélite du boulevard National que la
troupe a pu efficacement protéger.
Un instant, le service d ordre resta maî-
tre de la situation, mais des divers quar-
tiers des faubourgs vinrent des colonnes
de manifestants,. et les collisions avec les
juifs recommencèrent. De plus, à partir de
ce moment, on vit arriver des indigènes
armés de matraques qui participèrent aux
bagarres. La circulation des voitures fut
interrompue. De nombreux magasins fer-
mèrent leurs portes.
Les incidents se poursuivirent ainsi du-
rant tout l'après-midi, sans qu'il y eût
d'hommes blessés grièvement, fort heu-
reusement. Puis, une accalmie se produisit
entre 18 heures et 20 heures, mais après
ce fut une nouvelle ruée ; antijuifs et juifs,
très excités, se recherchaient pour entrer
en lutte. Vers 21 heures, un groupe d'indi-
gènes et un groupe d'israélites s'attaquè-
rent à coups de revolver ù. l'angle du bou-
levard de Sétbastopol et de la rue Mauegat.
L'agent de police Laxounj reçut une balle
qui, sans-un bouton de sa vareuse qui la
lit dévier, et amortit le choc, l'eût atteint
en plein cœur ; il n'eut qu'une blessure lé-
gère. Un sous-officier de cavalerie fut éga-
lement blessé légèrement.
Vers 10 heures 30 du soir, une autre
bande composée d'environ 400 jeunes Ara-
bes armés de matraques et de revolvers
descendit du village nègre et chercha à
provoquer une bagarre sur le boulevard
éguin. Les indigènes furent rapidement
refoulés et dispersés par la gendarmerie,
non sans avoir tiré de nombreux coups de
feu, heureusement sans atteindre per-
sonne.
Peu après, une colonne de plus de 4.000
manifestants se forma, drapeaux tricolores
en tête, et traversa la ville en réclamant
la démission du maire antisémite.
Plusieurs coups de feu furent tirés dans
la rue Saint-Denis.
Une passante, Mme Delgado, atteinte par
une balle et grièvement blessée, fut trans-
portée à l'hôpital. Une autre femme reçut
également une balle.
C'est seulement aux approches de mi-
nuit que l'effervescence s'est calmée.Toutes
les troupes de la garnison sont sur pied et
on fait venir des renforts de l'intérieur du
département. La ville est en état de sièe.
Les manifestations se sont poursuivies
le 6 mai..Sur divers points de la ville des
groupes importants ont été refoulés par la
troupe.
Près du marché Kargueniab, Mme Del-
gado, Ùgéc de soixante-trois ans, proprié-
taire, oui se trouvait il son balcon, au pre-
mier étage, a été atteinte, au bas-ventre,
d'un coup de revolver tiré en l'air.
Une autre manifestation se rendait vers
le boulevard National lorsqu'un tramway
Neclriclue, urrivant un vitesse, la coupa en
deux tronçons. La flc, furieuse, sauta
sur la motrice et la remorque. Le wat-
man et les receveurs furent blessés à coups
de pavés ot de matraques. Plusieurs coups
de revolver furent tirés, sans blesser per-
sonne.
A 8 heures du soir, le maréchal des lo-
gis Schmidt, du deuxième groupe d'artil-
lerie, faisant partie du peloton qui refou-
lait plusieurs milliers de manifestants dans
le quartier Israélite, est tombé de cheval
et s'est brisé une jambe.
De nombreuses brigades de gendarmerie
de l'intérieur ont envoyé des renforts à
Oran. Une centaine de cavaliers apparte-
nont au 0° chasseurs d'Afrique, avec trois
officiers, sont arrivés de Mascara.
On compte vingt arrestations mainte-
nues.
Ces déplorables- événements auraient
pour origine une violente campagne de
presse fmti-sémite entreprise par le DT
Molle, directeïîr du Petit Oranais, au lende-
main des élections législatives du 11 mai
1021. Le docteur Molle, maire d'Oran, can-
didat, ne fut pas élu. Il reprocha dès lors
aux Juifs d'avoir voté en bloc contre lui.
Cette campagne de presse se développa
pendant une année et. devint de plus en plus
violente à mesure qu'on approchait des
élections municipales ; d'autre part, M.
Molle et ses nmis constituaient, une « li-
gue latine n, qui, comme son .appellation
l'indique, essayait d'agir tout particulière-
ment sur les éléments d'origine espagnole
que compte la population d'Oran. En un
mot, il s agissait de dresser contre le bloc
des électeurs juifs lè bloc des électeurs
« néos », comme on appelle en Algérie les
habitants naluraliséS! 'automatiquement en
vertu de la loi de 1889.
Les cléments Israélites, sur les conseils
qui leur furent donnés, sur les observa-
tions pressantes qui leur furent adressées
de toutes parts, laissèrent passer sans mot
dire le vent de tempête déchaîné sur eux,
et puis dimanche ce furent les élections ; la
liste antijuive du docteur Molle a été élue
à 2.000 voix de majorité. Jamais on n'avait
autant voté à Oran. La campagne d'exci-
tation sur les éléments d'origine espa-
gnole avait donné une partie des fruits es-
pérés, tout au moins dans la classe popu-
laire, car il faut dire que tous les éléments
qui raisonnent réprouvent de pareils procé-
dés électoraux.
On ne peut que regretter profondément
que la politique ait fait oublier les sacrifices
consentis d'un cœur unanime sur lies
champs de bataille par les Oranais, qu'ils
fussent (l'origine française, espagnole ou
juive.
-
- --- - _-0 - - - -. --=-- -- --
MISSION EN SYRIE
-0-
Notre collaborateur et ami, M. Auguste Bru-
net, député de la Réunion, ancien gouverneur
de première classe des Colonies, est chargé par
le Gouvernement de se rendre en Syrie, pour
examiner, d'accord avec le haut-commissaire
de la France, certains problèmes d'ordre poli-
tique ou administratif intéressant l'exécution du
mandat. Interviewé, M. Brunet a déclaré :
(c La mission que je vais remplir n a rien de
commun avec celles de certains de mes collè-
gues du Parlement chargés, pour une longue
durée, de hauts postes diplomatiques ou colo-
niaux. Jamais il n'a été question de faire de
moi une sorte de coadjuteur du général Sarrail,
comme on l'a, dit. Il s'agit d'une mission au
sens le plus étroit du ternie, et au cours de la-
quelle je vais simplement étudier différentes
questions d'ordre politique et administratif. Au
surplus, mon séjour en Syrie ne durera pas plus
d'un mois. n
M. Brunet s'embarquera à Marseille samedi.
Notre déleosive au Maroc
A l'Ouest, le général Colombat a achevé
le ravitaillement des postes avancés ; la
garnison des postes témoigne d'un moral
très élevé; d'impression d'un combat victo-
rieux est profonde dans la région et le gé-
néral Colombat en poursuit intensément
l'exploitation polità[ue.
Au Centre, un groupement constitué ces
jours derniers sous de commandement du
colonel Freydenbei'ig s'est porté dans le.
secteur de Taounat. Il a rencontré de très
forts contingents riffains, auxquels il a li-
vré de violentes combats. Aux dernières
nouvelles, il couvre la région de Taounat.
qu'il dégage.
A l'Est, le igroupement Gambay a dégajgê
les abords de KiffQllc par une série d'ac-
tions au cours desquelles il a infligé de sé-
rieuses pertes à ses adversaires eu repous-
sant de nombreuses contre-attaques. *
Les forces françaises
La lutte entre les rebe-lcs m des troupes
françaises est interprétée comme le début
d'opérations importantes.
Les tribus continuent à s'organiser soli-
dement et les Djebala Cornera et les Dje-
bala du FUf ont envoyé des contingente im-
portants 'sur la digne BerujjLl à Tarza.
Les troupes françaises ont concentré
25.000 hommes, 125 aéroplanes et une nom-
breuse artillerie de campagne, dans la pré-
vision d'opérations de grande envergure.
Les forces ri/aines
Les tribus des Beni-Arous, des Djebel-
Ilaibib et des :Bcni-M'Caoucr, qui étaient
neutres jusqu'à présent, procèdent à leur
organisation militaire.
Il semble qu'Aibd-ol-Krim dispose, pour
son offensive, d'une vingtaine de mille
hommes.
Nos pertes
Au cours d'un des violents oombats de
ces jours derniers, nos pertes se décompte-
raient ainsi : 4 officiers et 40 hommes tués,
15(1 îblustiés. Les RifHins ont subi des per-
tes au moins dix fois supérieures.
Le matèchal Lyautcu
Le maréchal, qui vient de séjourner deux
Jours à Fez, est reparti pour Rabat.
Nouvelles informations
A l'Ouest, le groupement Colombat a ef-
fectué une reconnaissance dans le massif
du Bibane. Il a trouvé cette position forte-
ment organisée ; les vilSages et 'les bois
sont solidement fortifiés avec les liignes de
tranchées successives .et étalées. -11 et
rentré à son bivouac sans combat. La situa-
tion, dans ce se-cteur, est stOiLionnaire.
Au centre, la position de Taounat se trou-
ve dégagée.
Partout, de nombreux cadavres ennemis
sont restés sur le terrain, et nous avons
fait des prisonniers.
Dans la haute val'léc du LClben, nos grou-
pes de partisans ont refoulé vers le Nord
des infiltrations ennemies.
A l'Est, l'ennemi n'-a tenté aucune réac-
tion , bay.
Pn'.lnifions rifaines
Selon îles traités définissant la frontière
entTc les zopies française et espagnole, tou-
tes les tribus qui prennent de l'eau à la ri-
vière Oueifî'ha sont réputées appartenir à
la zone ifmnçaise, et ceci, naturellement,
80 rapporte aux tribus de la rive Nord aussi
bien qu'à celles de la rive Sud de cette ri-
vière.
Abd-ol-Rriiin soutient que l'Ouergha forme
ïa frontière et que toutes les tribus de la
rive Nord sont soumises à &a domination.
L'attitude de l'Angleterre
L'ambassadeur de France en Angleterre
aurait reçu des instructions pour travailler
iL un accord complet entre la Grande-Bre-
tagne ot la France sur des questions de
Syrie et du Maroc.
En retour de la neutralité bienveillante
de l'Angleterre, la France aurait promis
aux autorités britanniques son appui dans
la question de Mossoul.
Décrets et Arrêtés
-0-0-
Décret modifiant le décret du 3 avril 1924,
relatif au recrutement du personnel de la
magistrature coloniale.
Décret complétant l'article 2 du décret du
lep décembre 1920, portant amélioration
des tarifs des traitements du personnel
des bureaux des Secrétariats Généraux
des Colonies.
Arrêté modifiant le nombre de places mises
au coucours de l'Ecole Coloniale.
L'article 2- de l'arrêté du 28 novembre, mo-
difié par l'arrêté du 0 août 1924, ayant fixé
à 27 le nombre des places mises au concours
des 4 et 5 avril 1924 pour l'admission au stage
à l'Ecole Coloniale des Adjoints des services
civils et des commis principaux des bureaux
des Secrétariats généraux des Colonies, a été
modilirt définitivement ainsi qu'il suit :
Le nombre des places mises au concours
susvisé est fixé à 30.
Les stagiaires de l'Ecole Coloniale prove-
nant de ce concours, qui auront subi avec
succès les épreuves de sortie de l'Ecole, se-
rontordre de classement, aux groupes des Colo-
nies et territoires à mandat mentionnés ci-
dessous, jusqu'à concurrence du nombre indi-
qué.
Décret nommant lieutenant de port de 26
classe à Madagascar, M. Lagorsse Albert,
capitaine au long cours, enseigne de
vaisseau (te lrc classe.
(.1. O. du 7 mai 1955.)
-et@>
MEDAILLE COLONIALE
-o-
Le droit à la médaille coloniale avec
l'arare « Maroo » est, acquis à M. I.adroit,
de Lacharrière, explorateur, p$ur les mis-
sions périlleuses qu'il a accomf lies au
Maroc, notamment an sud du Grand Atlas
et dans le Sous, de 1910 à 1011, avant
même que le protectorat français n'y fut
établi, et dont les résultats ont été d'une
incontestable utilité.
L MtJMWRO : a CENTIMES
JEUDI SOIR, 7 MAI 1925
Les Annales Coloniales
,
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU .JOURNAL
lM Annonce» et Réclames sont reçue» aux Bureaux dujournal et dans -A,enea dePubltcNi
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Rédaction et Administration : 34, Rue du Mont-Thabef, PARIS-1" Téléphone : LOUVRE 19-17
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> ̃ r.
Le bolchevisme aux colonies
m
Il y a des méthodes d'agitation bolchevique
qui tentent de s' introduire dans les colonies ; il
lie sied ni d'en exagérer les effets, ni de les
nier ; les bolcheviks ont sans cesse affirmé que
l'affranchissement des colonies, conséquence du
droit des peuples à disposer librement d'eux-
mêmes, sera un des moments de la révolution
universelle ; à préparer cet affranchissement,
ils s'emploient avec une suite d'efforts dont il
est bon de distinguer l'origine et le sens ; c'est
la condition essentielle pour qui veut s'y oppo-
ser avec résolution et avec succès.
11 y a un passage très important dans l'ou-
vrage de Lénine intitulé : Du droit des natiom
à disposer d'elles-mêmes. Ce passage n'a pas
échappé à l'écrit curieux et souple de M. de
Monzie, et il l'a cité textuellement dans son
rapport sur le budget. Lénine observe que tout
mouvement nationaliste peut être un mouvement
démocratique bourgeoi" car, dans les. pàys
«ttàRJé», la masse se compose de paysans, c est-
à..dite de bourgeois capitalistes; là, les partis
prolétaires, s'ils se forment, ne peuvent pour-
suivre une tactique proprement communiste.
Comment faire ? L'unique moyen est de rem-
placer les mots : u démocratique bourgeois »
par : « national-révolutionnaire », et, dans les
pays coloniaux, d'accrocher le mouvement
révolutionnaire au mouvement libérateur bour-
geois.
Les disciples de Lénine s' inspirent de cette
doctrine. La grande guerre a restreint ou rompu
les relations entre la métropole et les colonies ;
d'où le développement des industries et des
capitalismes indigènes dans les pays coloniaux
ou semi-coloniaux, et, par suite, des mouve-
ments d'émancipation nationale à tendance dé-
mocratique bourgeoise ; à la faveur de ces pous-
sées, le bolchevisme tend à s'introduire ; le na-
tionalisme lui sert de façade et de protection ;
méiite dans les pays où la démocratie bourgeoise
tente d'arfêter, de canaliser le mouvement ou-
vrier. il déborde et progresse grâce a tous ces
conflits, t il entratne peu à peu les colohies
vers U République soviétique prolétarienne. A
la lumière de cet considérations, ne voit-on pas
se dessiner plus clairement un certain nombre
de tentatives faites dans les colonies « impé-
rialiltes », et n'en trouve-t-on pas des explica-
tions intéressantes et vraies ?
Il y a mieux : non seulement la méthode bol-
cheviste recommande de s'appuyer sur le nation
rtalisme bourgeois et révolutionnaire, mais elle
prescrit de l'encourager ; au besoin, de le faire
nlttre; dans tous les cas, de l'alimenter par la
propagande et par les actes. La (c culture » du
nationalisme par le bolchevisme, touchante al-
Hance, ou si Ton veut, touchant patronage 1
Quand la bourgeoisie nationale lutte pour s'em-
parer du marché économique intérieur, afin
d'arriver par là à prendre en mains le pouvoir
politique, les bolcheviks ont ordre de faciliter
lu besogne à ces représentants de la classe ca-
pitaliste, en cachant avec soin l' « aspect de
classe ». Mais si ces derniers sont trop timorés
ou trop lents, les bolcheviks instaurent une pro-
pagande nationaliste intellectuelle ainsi définie :
traduction des oeuvres d'émancipation sociale
dans les langues des diverses nationalités, édu-
cation nationale, étude de l'histoire nationale.
Jamais le mot de « national » ne tint plus de
place dans les recommandations d'un parti à
ses adhérents. Et l'on songe à la parole de
'Jordania, le chef menchevik géorgien, rappor-
tée par M. de Monzie : « Alors que les men-
cheviks sont des socialistes européens, les bol-
cheviks sont des socialistes asiatiques représen-
tant à la fois le fanatisme et la duplicité asia-
tiques. »
Parallèlement, il est bien entendu que se
poursuit, dans les mêmes pays, la propagande
plus spécialement révolutionnaire. à l'usage du
prolétariat ouvrier et paysan ; on l'instruit de
ses besoins de classe, on l'organise révolution-
nairement comme les autres prolétariats euro-
péens, sans la sympathie desquels il serait con-
damné - à l'échec. ---
En somme, les trois stades sont les suivants :
dans une première période, préparation d'un
mouvement nationaliste où les forces bourgeoi-
ses démocratiques sont groupées et disciplinées ;
étude des faits et des statistiques qi démo.
trent à la colonie sa dépendance économique
et politique vis-à-vis de l'étranger ; fermentation
créée et entretenue pour exciter l'idée nationa-
liste ; dans une seconde période, mouvement
nationaliste dirigé contre « l'impérialisme » de
la métropole et contre 1' « impérialisme » in-
ternational ; dans une troisième période,
mouvement communiste succédant au mouve-
ment nationaliste vainqueur, lequel ouvre la
voie au bloc ouvrier et paysan, l'allié d'hier,
l'ennemi de toujours.
Il est évident que les colonies françaises ne
sont pas particulièrement visées par ce program-
me à longue échéance. Ni leur importance ter-
ritoriale, ni leur importance politique ne les
désignent, avant tout, à l'attenrion des bolche-
viks : c'est surtout la Chine, la Turquie et la
Perse, d'une paît ; les Indes, l'Arabie et
l'Egypte, d'autre part, qu offrent à leur action
dissimulée ou ouverte le champ le plus vaste
et le plu riche. Mais le programme est dressé
pour toutes les colonies du monde, et la mé-
thode vaut pour toutes sans exception. Seule,
l'application varie, en tenant compte des carac-
tères de chaque peuple i des conditions écono-
miques, politiques, religieuses, momies, histo-
riques. Elle est adaptée, chaque foh. aux dr
constances. Ainsi, pônr l'Afrique du Nord, elle
tient compte que c'est avant tout une terre
d'Islam et qu elle renferme des foyers actifs
de religion et de propagande, comme des par-
ticularités ethniques qui distinguent chacune des.
colonies où le bolchevisme se propose d'agir.
Telles sont les idées générales qu'il est in-
dispensable de connaître pour qui veut distinguer
entre les différentes manifestations de l'esprit
bolcheviste aux colonies. Sommes-nous défen-
dus contre cës entreprises ? Oui, et nous le se"
rons d'autant mieux que nous aurons une poli-
tique indigène qui rende vaines toutes les décla-
mations de ceux que Lénine appelait les démo-
crates bourgeois. Il y a, sans doute, à redouter
pour des esprits que n'ont pas façonnés les
méthodes critiques, les effets d une idéologie
'III 1
qui trouble tant de cerveaux, mëme parmi les
peuples moralement les mieux défendus. Mais
là n'est pas le danger imminent. Il est, on l'a
vu, dans l'excitation des nationalismes colo-
niaux contre la suprématie du ( peuple impé-
rial ». Cette excitation s'a ffai blira par le fait
même que les populations coloniales prendront
une part plus grande à la vie de la France,
qu'elles se sentiront plus profondément atta-
chées à la patrie commune. Les agitateurs pro-
fessionnels auront beau lancer des anathèmes
contre les « étrangers » ; il faut que les étran-
gers, ce soient eux, et eux seuls, et que les
habitants des colonies répliquent qu'ils ne sont
pas des sujets soumis par la conquête, mais des
citoyens de la plus grande France, rapprochés
progressivement de leurs frères d Europe, et
dans la mesure où le permet leur civilisation.
Domination ? Non pas, mais col laboration af-
fectueuse, loyale. La guerre a établi entre les
indigènes et nous des Jiens plus forts et plus
nombreux. La propagande bolcheviste en sera
pour ses frais si, graduellement, les. habitants
de nos colonies ont le sentiment que leur évo-
lution est aidée, favorisée, et que chaque pas
en avant les éloigne de la condition de sujets
et les élève à celle de collaborateurs.
Voilà pour le côté politique, ou. si l'on veut,
moral. Au reste, si notre activité s'emploie à
les enrichir par tous les bienfaits d'une civili-
sation supétieure, si nous réalisons ce program-
me de mise en valeur des colonies sur lequel
nous avons dit et écrit de si belles choses, la
phraséologie communiste restera impuissante
pour détacher de nous des peuples qui nous
devront leur prospérité matérielle. Au mot fa-
meux de Cecil Rhodes : « Dans les colonies,
le chemin de fer obtient plus de résultats que
le canon », M. de Monzie répond spirituel-
lement que les bolcheviks sont les premiers à
croire que .le canon a barre sur l'idée ; réplique
fort juste, puisque bolchevisme et militarisme
semblent les deux faces d'une même politique.
Mais il n'en reste pas moins exact que l'arme
la plus sûre est aussi la plus pacifique, et que
développer les ressources des colonies est la
plus redoutable défensive contre des formules
prometteuses et des récriminations intéressées.
Un tiens vaut, se dit-on, mieux que deux tu
l'auras. Le communisme perdra toute influence
dans nos colonies s'il n'a pas, pour suppQs"; le
mécontentement et la haine, le désordre et la
misère.
MQri". Roustan,
ziénaieur de l'Hérault.
Membre de la Commission sénatoriale
des Colonies,
;
Exposition de Wembley
--0.0--
C'est demain à anidi qu'aura lieu à Lon-
dres la réouverture de l'Exposition de Wem-
bley, 4 laquelle participent toutes les colo-
nies anglaises -et les Dominions.
Le Roi George et la Reine seront reçus
par le Duc d'York, Président de l'Exposition
et les délégués des possessions Anglaises
d'outre-mer.
Le discours du Roi et du ministre des
Colonies seront amplifiés par des hauts-
iparleurs et transmis- par toutes les stations
de T. S. F. de l'Empire britannique.
.-
ECOLE COLONIALE
0
M. André Hesse, ministre des Colonies
iccompagné par M. Charles Regismanset,
directeur de son Cabinet s'est rendu ce
matin à dix heures à l'Ecole Coloniale, 2,
avenue de r Observatoire. Il a été reçu par
M. Dislèrc,Président du Conseil d'adminis-
tration et M. Gutrey, directeur de l'Ecole
qui lui ont présenté les membres du Con-
seil d'administration et du Conseil de per-
fectionnement.
Après la visite des locaux de l'école, le
ministre des Colonies s'est .rendu dans le
grand amphithéâtre où il a adressé une
charmante allocution aux élèves et remer-
cié les professeurs. -
omib
La iraduiln miliate de lalu
01J
La production totale de la laine dans
le monde, en 1924, a atteint 2.836.539.000
livres soit 177 millions de livres de plus
qu'en 1923.
Sur le chiffre total, l'Atrique à lourni
255.365,°°° livres contre 242,205,000 livres en
1923. C'est le seul continent dont la produc-
lion soit en progression SUT la moyenne
(Pavant-guerre (219.694.000 livTes. La pro-
duction de 1024 se décompose ainsi: Algérie,
35 millions de livres ; Afrique australe, 193
millions de livres; Maroc, 19.500.000 livres;
Tunisie, 6.765.000 livres.
LA CRISE DE LA MAIN-D ŒUVRE
À LA COTE D"'IïglRg
Les Annales Colo-
niales viennent de publier
une lettre de leur colla-
borateur M. Eug. Dc-
vaux, signalant dans
quelle phrase aiguë était
entrée la crise de la main-
dœuvre à la Côte d'Ivoi-
re. Cette crise, on l'attri-
buerait en grande partie à la politique sui-
vie par le Gouverneur par intérim, M. Bru-
not qui, dans une circulaire à ses admÙtistra-
teurs, a laissé entendre qu'il convenait de ne
s'immiscer dans les rapports entre employeurs
et employés que pour enregistrer les engage-
ments librement coltclus. Or, il est bien évi-
dent que sans Vintervention des comman-
dants de cercle, le nombre de travailleurs
susceptibles d'être réunis par les exploitants
doit être' excessivement faible, les indigèneç
ne manifestant pas en générai pour les tra-
vaux forestiers, quels que soient les salaires
qu'on puisse leur offrir, un enthousiasme
bien considérable.
Notes sommes avec M. Brunot quand il si-
gnale que la solution du problème de la
mabl.d'æt/.vre à la Côte d'Ivoire réside dans
le développement de Voutillage mécaniquc.
Considérons qu'aux prix où sont vendues
depuis trois ans les différentes sortes de bois
exploités, les forestiers peuvent, non seule-
ment augmenter les salaires, améliorer la
nourriture et les conditions de travail de leurs
ouvriers, mais aussi acquérir du matériel, du
rail, des tracteurs, etc., qui leur fera écono-
miser 50 au moins de la main-d? œuvre em-
ployée.
Mais là où nous tic sommes plus d'accord
avec le Gouverneur par intérim de la Côte
d'Ivoire, c'est sur les moyens à employer pour
aboutir au résultat recherché. Supprimer
brutalement le concours de l'administration
aux exploitaltts, leur couper en fait la pos-
sibilité de recruter de la main-d'œuvre, c'est
les acculer à la ruine. La modernisation
d'une exploitation exige des mois, pour
commander le matériel, le recevoir, le faire
parvenir sur les chantiers, dresser le person-
Ilel nécessaire, etc. De plus,' si elle permet
de réduire sensiblement la main-d' œuvre uti-
lisée y cUf. ne la supprime pas complètement,
il s'en faull Il est donc à craindre, si les
mesures prises devaient être maintenues, que
bcmltoup d'exploitants, plutôt que de s en-
gager dans une voie si pleine d'aléas, aban-
donnent leur exploitation et fuient la colonie
sans espoir de retour.
Drôle de façon d- encourager une indus-
trie qui est de beaucoup la principale de la
Côte d'Ivoire, puisqu'elle fournir les neuf
dixièmes du tonnage exporté. M. Brunot
a-t-il méconnu ce fait ou s'est-il mépris sur
la portée de sa décision? Quoi qu'il en soit,
ce haut fonctionnaire eût été mieux inspiré
à continuer son concoufs aux exploitants fo-
restiers, quitte à prendre toutes dispositions
utiles pour rendre peu à peu obligatoire, par
les détenteurs de chantiers, Vacquisition de
matériel perfectionne.
Une mesurc, utile également à la Côte.
d'Ivoire, serait réalisée dans l'organisation
d'un office de la maÙt-d'œuvrc, organisation
qui compléterait le code dy. travail élaboré
pour l'ensemble de l'Afrique Occidentale
française et qui est actuellement soumis à
l'examen du ministre des Colonies. Cet Of-
fice aurait non seulement pour tâche de faci-
liter le recrutement de travailleurs, mais de
fixer les salaires pour les différentes caté-
gories de travaux, selon que ces travaux sont
plus ou moins durs et plus ou moins bien
acceptés par les ÍlIdigèlzes, de contrôler l'exé-
cution des contrats, de s'assurer si la nour-
riture est suffisante, si les conditions de
couchage, de travail répondent à ce qu'il faut
et doit être exigé.
Il est bien certain que la Côte d'Ivoire,
dont la population est assez faible, ne peut
multiplier indéfiniment le nombre de tra-
vailleurs à mettre à la disposition des exploi-
tants ou colons. Elle devrait, en tout cas,
pouvoir suffire pendant très longtemps en-
core à tous les besoins, si ces travailleurs
étaient plus judicieusement employés. Le
nouveau Gouverneur, M. Lapaluà, con-
naît bien la colonie. Il va rejoindre inces-
samment son poste, et s'attachera certainement
à résoudre, dès son arrivée à Abidjan, à la
satisfaction de tous, le délicat problème qui
est posé.
William Bertrand,
Député de la Cltaretite-tulérieure,
membre de là Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats.
"1.
Exemple italien
--(tooO--
Parmi les projets de développement de la
Marine mardhande étudiés actuellement par
le Gouvernement italien, figure un pro-
gramme de circum-navigation autour de
l'Afrique, analogue à celui qu'avait créé,
avant la guerre, la Compagnie allemande
Ost-Afrika Linie. Le service maritime ita-
lien envisagé serait assuré par de grands
paquebots modernes, qui desserviraient tous
les ports importants du continent africain
et ceux de Madagascar.
Les éleotlons muafclpales ni cdlORies
SENEGAL
A Dakar la liste. d'union républicaine
rompflenant M. Diagne, député, est élue. Le
même parti l'emporte à Gorée.
Ballottage à Saint-Louis.
GUADELOUPE
De très violents incidents suscités par les
amis de M. Graticn Candace, furieux de
leur échec, ont marqué l'a soirée de diman-
che.
Au Lamentin, les urnes ont été brisées
par les électeurs révolutionnaires ; a la
Goyave, l'unie a été enlevée et n'a pas été
retrouvée.
L'écrascmemt des députée Candace et
Jean-Francis est confirmé.
Le .parti' de M. Doisneuf conserve tou-
tes sue positions.
Dès le premier tour, il s'empare des
communes suivantes : Dassc-Terrc (c'hcf-
lieu de l'Ile). Le Moule, Le Gosier, lx?s
Vieux-Hnbitants. Partout ailleurs, le httl-
lotllagc lui est -favorable.
A Painle-ù-Pitrc, M. Boisneuf arrive en
tète de sa liste, avec une écrasante majo-
t.if" ant. 1m liqlr, rlii tiiSntilb-i-nqiri, -1dn n-
François.
A Basse-Terre, la liste Fnvcreau. favora-
ble là M. Baisneur, est élue. Au nailliJf, il
Guubeyre, à Saint-François, au Petit-
Bourg les moires sortants sont réélus.
'Bul\{)Uogcs à Saint-Claude, au Grand-
Bourg, il Capesterre et ù Marie-Galante.
Comme nous l'avions dit, les forces de
police ont été insuffisantes lit urrôler les
manœuvres des séides de M. Grntien Can-
dace. En effet, ce n'est pas 95 gendarmes
qui étaient présents pour assurer l'ordre :
il 'y on avait seulement 80. Dans de trr'l;
notnhrouses communes, les électeurs ont
été obligés' d'organiser des gardes civi-
ques.
MARTINIQUE
Vingt-six municipalités sortantes sont
réélues, dont seize du parti Lémcry-Sévèrc-
Delmont.
A Fort-de-France, la liste Sévère passe à
une forte majorité.
,Ballott.ugo à Saliite-Luce.
Les amis do M. Séjourné ont. suscité de
violentes' bagarres. Ils auraient troublé les
opérations électorales dans les quatre com-
munes de Diamand, Sainte-Luce, Saint-
Pierre et Ajoupa-Bouillon, comme nous
t'avons indiqué dans notre dernier nu-
méro.
GUYANE
Les élections municipales en Guvane se
sont passées dans le plus grand calme. On
ne signale aucun incident. A Cayenne, la
liste que le maire sortant avait formée et
qui était, cette fois, composéo exclusive-
ment des amis de M. Eugène Lan lier, dé
puté, n été élue sans concurrents.
Les partisans du député en fonctions ont
également conquis plusieurs municipalités
dans l'intérieur, mais on n'a pas encore
reçu de détails.
On se souvient qu'au mois de mai 192t,
les élections législatives avaient été très
chaudement, disputées. Un an écoulé, In co-
lonie est donc entièrement pacifiée.
RltfJNlON
Saint-Denis
M. Jaucourt, adjoint, se présentait à la
tête d une liste comprenant 13 conseillers
sortants, 3 représentants du parti populaire
et 9 autres sièges réservés à des personna-
lités diverses.
La liste concurrente en tête de laquelle
se trouvait M. Richeville Robert, présentait
m conseillers sortants avec les autres sièges
répartis entre des commerçants de la. colo-
nie.
Les résultats définitifs ne sont pas encore
connus.
Saint-Paul
A Saint-Paul, la liste opposée à celle du
maire, M. Prémont, et patronnée par M.
Payet, premier adjoint, a été tout entière
élue,
Saint-Pierre
Il y a ballottage entre la liste présentée
par notre ami M. Augustin Archambeaud et
celle du maire M. Le Vigoureux. Mais la
liste du docteur Archambeaud ayant la ma-
jorité relative, semble devoir être tout en-
tière élue au second tour.
Saint-Louis
M. Léonus Bernard est réélu avec tous
ses amis.
Sainte-Marie
La liste de M. Montlivct, opposée à celle
du maire M. Vincent Boyer, a obtenu la
majorité relative.
Les bagarres d'Oran 1
L'agitation a continué le 4 mai dans les
rues d'Oran, avec un caractère incontes-
table de gravité, malgré les rigoureuses
mesures d'ordre, immédiatement prises
par les autorités civiles et militaires.
De nombreux coups de revolver ont été
échangés au cours de ces échauffourées.
- A diverses reprise, une bande d'éner-
gumènes fanatisés par les appels à la vio-
lence des meneurs antisémites, ont tenté
des coups de force contre le grand temple
israélite du boulevard National que la
troupe a pu efficacement protéger.
Un instant, le service d ordre resta maî-
tre de la situation, mais des divers quar-
tiers des faubourgs vinrent des colonnes
de manifestants,. et les collisions avec les
juifs recommencèrent. De plus, à partir de
ce moment, on vit arriver des indigènes
armés de matraques qui participèrent aux
bagarres. La circulation des voitures fut
interrompue. De nombreux magasins fer-
mèrent leurs portes.
Les incidents se poursuivirent ainsi du-
rant tout l'après-midi, sans qu'il y eût
d'hommes blessés grièvement, fort heu-
reusement. Puis, une accalmie se produisit
entre 18 heures et 20 heures, mais après
ce fut une nouvelle ruée ; antijuifs et juifs,
très excités, se recherchaient pour entrer
en lutte. Vers 21 heures, un groupe d'indi-
gènes et un groupe d'israélites s'attaquè-
rent à coups de revolver ù. l'angle du bou-
levard de Sétbastopol et de la rue Mauegat.
L'agent de police Laxounj reçut une balle
qui, sans-un bouton de sa vareuse qui la
lit dévier, et amortit le choc, l'eût atteint
en plein cœur ; il n'eut qu'une blessure lé-
gère. Un sous-officier de cavalerie fut éga-
lement blessé légèrement.
Vers 10 heures 30 du soir, une autre
bande composée d'environ 400 jeunes Ara-
bes armés de matraques et de revolvers
descendit du village nègre et chercha à
provoquer une bagarre sur le boulevard
éguin. Les indigènes furent rapidement
refoulés et dispersés par la gendarmerie,
non sans avoir tiré de nombreux coups de
feu, heureusement sans atteindre per-
sonne.
Peu après, une colonne de plus de 4.000
manifestants se forma, drapeaux tricolores
en tête, et traversa la ville en réclamant
la démission du maire antisémite.
Plusieurs coups de feu furent tirés dans
la rue Saint-Denis.
Une passante, Mme Delgado, atteinte par
une balle et grièvement blessée, fut trans-
portée à l'hôpital. Une autre femme reçut
également une balle.
C'est seulement aux approches de mi-
nuit que l'effervescence s'est calmée.Toutes
les troupes de la garnison sont sur pied et
on fait venir des renforts de l'intérieur du
département. La ville est en état de sièe.
Les manifestations se sont poursuivies
le 6 mai..Sur divers points de la ville des
groupes importants ont été refoulés par la
troupe.
Près du marché Kargueniab, Mme Del-
gado, Ùgéc de soixante-trois ans, proprié-
taire, oui se trouvait il son balcon, au pre-
mier étage, a été atteinte, au bas-ventre,
d'un coup de revolver tiré en l'air.
Une autre manifestation se rendait vers
le boulevard National lorsqu'un tramway
Neclriclue, urrivant un vitesse, la coupa en
deux tronçons. La flc, furieuse, sauta
sur la motrice et la remorque. Le wat-
man et les receveurs furent blessés à coups
de pavés ot de matraques. Plusieurs coups
de revolver furent tirés, sans blesser per-
sonne.
A 8 heures du soir, le maréchal des lo-
gis Schmidt, du deuxième groupe d'artil-
lerie, faisant partie du peloton qui refou-
lait plusieurs milliers de manifestants dans
le quartier Israélite, est tombé de cheval
et s'est brisé une jambe.
De nombreuses brigades de gendarmerie
de l'intérieur ont envoyé des renforts à
Oran. Une centaine de cavaliers apparte-
nont au 0° chasseurs d'Afrique, avec trois
officiers, sont arrivés de Mascara.
On compte vingt arrestations mainte-
nues.
Ces déplorables- événements auraient
pour origine une violente campagne de
presse fmti-sémite entreprise par le DT
Molle, directeïîr du Petit Oranais, au lende-
main des élections législatives du 11 mai
1021. Le docteur Molle, maire d'Oran, can-
didat, ne fut pas élu. Il reprocha dès lors
aux Juifs d'avoir voté en bloc contre lui.
Cette campagne de presse se développa
pendant une année et. devint de plus en plus
violente à mesure qu'on approchait des
élections municipales ; d'autre part, M.
Molle et ses nmis constituaient, une « li-
gue latine n, qui, comme son .appellation
l'indique, essayait d'agir tout particulière-
ment sur les éléments d'origine espagnole
que compte la population d'Oran. En un
mot, il s agissait de dresser contre le bloc
des électeurs juifs lè bloc des électeurs
« néos », comme on appelle en Algérie les
habitants naluraliséS! 'automatiquement en
vertu de la loi de 1889.
Les cléments Israélites, sur les conseils
qui leur furent donnés, sur les observa-
tions pressantes qui leur furent adressées
de toutes parts, laissèrent passer sans mot
dire le vent de tempête déchaîné sur eux,
et puis dimanche ce furent les élections ; la
liste antijuive du docteur Molle a été élue
à 2.000 voix de majorité. Jamais on n'avait
autant voté à Oran. La campagne d'exci-
tation sur les éléments d'origine espa-
gnole avait donné une partie des fruits es-
pérés, tout au moins dans la classe popu-
laire, car il faut dire que tous les éléments
qui raisonnent réprouvent de pareils procé-
dés électoraux.
On ne peut que regretter profondément
que la politique ait fait oublier les sacrifices
consentis d'un cœur unanime sur lies
champs de bataille par les Oranais, qu'ils
fussent (l'origine française, espagnole ou
juive.
-
- --- - _-0 - - - -. --=-- -- --
MISSION EN SYRIE
-0-
Notre collaborateur et ami, M. Auguste Bru-
net, député de la Réunion, ancien gouverneur
de première classe des Colonies, est chargé par
le Gouvernement de se rendre en Syrie, pour
examiner, d'accord avec le haut-commissaire
de la France, certains problèmes d'ordre poli-
tique ou administratif intéressant l'exécution du
mandat. Interviewé, M. Brunet a déclaré :
(c La mission que je vais remplir n a rien de
commun avec celles de certains de mes collè-
gues du Parlement chargés, pour une longue
durée, de hauts postes diplomatiques ou colo-
niaux. Jamais il n'a été question de faire de
moi une sorte de coadjuteur du général Sarrail,
comme on l'a, dit. Il s'agit d'une mission au
sens le plus étroit du ternie, et au cours de la-
quelle je vais simplement étudier différentes
questions d'ordre politique et administratif. Au
surplus, mon séjour en Syrie ne durera pas plus
d'un mois. n
M. Brunet s'embarquera à Marseille samedi.
Notre déleosive au Maroc
A l'Ouest, le général Colombat a achevé
le ravitaillement des postes avancés ; la
garnison des postes témoigne d'un moral
très élevé; d'impression d'un combat victo-
rieux est profonde dans la région et le gé-
néral Colombat en poursuit intensément
l'exploitation polità[ue.
Au Centre, un groupement constitué ces
jours derniers sous de commandement du
colonel Freydenbei'ig s'est porté dans le.
secteur de Taounat. Il a rencontré de très
forts contingents riffains, auxquels il a li-
vré de violentes combats. Aux dernières
nouvelles, il couvre la région de Taounat.
qu'il dégage.
A l'Est, le igroupement Gambay a dégajgê
les abords de KiffQllc par une série d'ac-
tions au cours desquelles il a infligé de sé-
rieuses pertes à ses adversaires eu repous-
sant de nombreuses contre-attaques. *
Les forces françaises
La lutte entre les rebe-lcs m des troupes
françaises est interprétée comme le début
d'opérations importantes.
Les tribus continuent à s'organiser soli-
dement et les Djebala Cornera et les Dje-
bala du FUf ont envoyé des contingente im-
portants 'sur la digne BerujjLl à Tarza.
Les troupes françaises ont concentré
25.000 hommes, 125 aéroplanes et une nom-
breuse artillerie de campagne, dans la pré-
vision d'opérations de grande envergure.
Les forces ri/aines
Les tribus des Beni-Arous, des Djebel-
Ilaibib et des :Bcni-M'Caoucr, qui étaient
neutres jusqu'à présent, procèdent à leur
organisation militaire.
Il semble qu'Aibd-ol-Krim dispose, pour
son offensive, d'une vingtaine de mille
hommes.
Nos pertes
Au cours d'un des violents oombats de
ces jours derniers, nos pertes se décompte-
raient ainsi : 4 officiers et 40 hommes tués,
15(1 îblustiés. Les RifHins ont subi des per-
tes au moins dix fois supérieures.
Le matèchal Lyautcu
Le maréchal, qui vient de séjourner deux
Jours à Fez, est reparti pour Rabat.
Nouvelles informations
A l'Ouest, le groupement Colombat a ef-
fectué une reconnaissance dans le massif
du Bibane. Il a trouvé cette position forte-
ment organisée ; les vilSages et 'les bois
sont solidement fortifiés avec les liignes de
tranchées successives .et étalées. -11 et
rentré à son bivouac sans combat. La situa-
tion, dans ce se-cteur, est stOiLionnaire.
Au centre, la position de Taounat se trou-
ve dégagée.
Partout, de nombreux cadavres ennemis
sont restés sur le terrain, et nous avons
fait des prisonniers.
Dans la haute val'léc du LClben, nos grou-
pes de partisans ont refoulé vers le Nord
des infiltrations ennemies.
A l'Est, l'ennemi n'-a tenté aucune réac-
tion ,
Pn'.lnifions rifaines
Selon îles traités définissant la frontière
entTc les zopies française et espagnole, tou-
tes les tribus qui prennent de l'eau à la ri-
vière Oueifî'ha sont réputées appartenir à
la zone ifmnçaise, et ceci, naturellement,
80 rapporte aux tribus de la rive Nord aussi
bien qu'à celles de la rive Sud de cette ri-
vière.
Abd-ol-Rriiin soutient que l'Ouergha forme
ïa frontière et que toutes les tribus de la
rive Nord sont soumises à &a domination.
L'attitude de l'Angleterre
L'ambassadeur de France en Angleterre
aurait reçu des instructions pour travailler
iL un accord complet entre la Grande-Bre-
tagne ot la France sur des questions de
Syrie et du Maroc.
En retour de la neutralité bienveillante
de l'Angleterre, la France aurait promis
aux autorités britanniques son appui dans
la question de Mossoul.
Décrets et Arrêtés
-0-0-
Décret modifiant le décret du 3 avril 1924,
relatif au recrutement du personnel de la
magistrature coloniale.
Décret complétant l'article 2 du décret du
lep décembre 1920, portant amélioration
des tarifs des traitements du personnel
des bureaux des Secrétariats Généraux
des Colonies.
Arrêté modifiant le nombre de places mises
au coucours de l'Ecole Coloniale.
L'article 2- de l'arrêté du 28 novembre, mo-
difié par l'arrêté du 0 août 1924, ayant fixé
à 27 le nombre des places mises au concours
des 4 et 5 avril 1924 pour l'admission au stage
à l'Ecole Coloniale des Adjoints des services
civils et des commis principaux des bureaux
des Secrétariats généraux des Colonies, a été
modilirt définitivement ainsi qu'il suit :
Le nombre des places mises au concours
susvisé est fixé à 30.
Les stagiaires de l'Ecole Coloniale prove-
nant de ce concours, qui auront subi avec
succès les épreuves de sortie de l'Ecole, se-
ront
nies et territoires à mandat mentionnés ci-
dessous, jusqu'à concurrence du nombre indi-
qué.
Décret nommant lieutenant de port de 26
classe à Madagascar, M. Lagorsse Albert,
capitaine au long cours, enseigne de
vaisseau (te lrc classe.
(.1. O. du 7 mai 1955.)
-et@>
MEDAILLE COLONIALE
-o-
Le droit à la médaille coloniale avec
l'arare « Maroo » est, acquis à M. I.adroit,
de Lacharrière, explorateur, p$ur les mis-
sions périlleuses qu'il a accomf lies au
Maroc, notamment an sud du Grand Atlas
et dans le Sous, de 1910 à 1011, avant
même que le protectorat français n'y fut
établi, et dont les résultats ont été d'une
incontestable utilité.
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