Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-04-30
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 avril 1925 30 avril 1925
Description : 1925/04/30 (A26,N66). 1925/04/30 (A26,N66).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396912k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. No 06
a NUMERO ; 20 CENTIMES
JEUDI SOIR. 30 AVRIL 1073.
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Les Annales Coloniales
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JOURNAL -. QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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Vente ou cession de colonies
soi
Quand mon honorable collègue M. Gau-
'din de Villaine est descendu de la tri-
bune, après son intervention dans la dis-
cussion générale du budget des colo-
nies, je n'ai pas pu m'empêcher de lui
demander : « Eh bien, mon cher mon-
sieur, vous n'êtes plus d'avis de vendre
l'Indochine? Non, puisque désormais
j'ajoute : Vendez, ou défendez. Nous
défendrons, soyez sans crainte, et nous
garderons, je l'espère très fermement ».
Ce n'est pas la première fois qu'il est
question de vendre une ou plusieurs co-
lonies; ou plutôt, comme l'expression a,
en elle-même, quelque chose qui nous
heurte dans nos sentiments les plus in-
times, on la remplace par celle-ci qui est
un euphémisme : il ert question de céder
une ou plusieurs colonies. Le mot « cé-
der » prend, à cette heure, un sens plus
précis, sur lequel je veux revenir.
Nos créanciers sonnent à notre porte.
Ils n'y mettent pas toujours la discrétion
que nous étions en droit d'espérer. Pour
nous en tenir aux dettes politiques, les
Etats-Unis nous téclament 2.933.265.221
dollars, que nous leur devons à la suite
des emprunts de 1917, 1918, 1919,
1920; l'intérêt s'est élevé de 3 0/0, à
.5 %; le versement de ces intérêts a été
payé par nous jusqu'en mai 1919 ;
depuis, les intérêts arriérés s'ajou-
tent à la somme, et le tout atteignait
650 millions de dollars au 15 novembre
11923-
•«. A la Grande-Bretagne nous étions re-
'devables, le 31 juillet 1924, de 627 mil-
lions 402.900 livres sterling, représentant
environ 453 millions dus en capital,
augmentés de 174 millions d'intérêts ca-
pitalisés, à un taux qui s'est accru de
,3 1/4 0/0 à 7,50 Nos dettes politi-
ques se montent donc à plus de 30 mil-
liards de francs-or, répartis approxima-
tivement en tranches égales entre les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne. En
bonne morale, le règlement des dettes
• contractées par les alliés pour défendre
la cause commune devrait être entrepris
par un effort commun des alliés unis dans
la victoire, chacun contribuant en rai-
son directe de sa richesse et en raison
inverse des sacrifices consentis.
Mais la morale, hélas ! perd ses droits,
quand il est? question de livres et de
Sollars, La logique ne perd pas les siens ;
il devrait être au moins entendu que les
paiements faits à nos créanciers seraient
imputés sur les sommes que nous devons
récupérer de l'Allemagne. A la formule :
« L'Allemagne paiera » est substituée,
après beaucoup de difficultés et de pei-
nes, la formule : « L'Allemagne paye ».
Nous ne demandons pas mieux que
d'étudier les -moyens de rendre à nos
créanciers une part de cet argent qui nous
est dû, et qu'ils ne nous ont peut-être
pas aidés à recouvrer assez complètement
ni assez vite.
Or, cela ne semble pas devoir les sa-
tisfaire; l'Amérique surtout a d'autres
exigences; le Chicago Tribune rappelait
que M. Louis Dubois évaluait à 6.178
millions Õe dollars les sommes dues aux
Etats-Unis et à la Grande-Bretagne, et
à 3.750 millions de dollars les sommes
que la France recevrait de l'Allemagne
pendant les 37 premières années de l'ap-
plication du plan Dawes. Il fallait donc,
d'après l'étude du « Chicago Tribune »
que la France cherchât autre chose pour
jt acquitter : n'avait-elle pas eu ses pro-
fits de guerre, l'Alsace-Lorraine, la
--- Sarre, et sa part des - colonies alleman-
des? Au contraire, l'Amérique n avait
rien obtenu, rien sinon le privilège am-
bigu de faire passer un câble de T. S. F.
sur l'île de Yap, privilège subordonné
au consentement du Japon. Et l'on
songe à la déclaration du 24 septembre
1917, promulguée par le Gouvernement
'des Etats-Unis en ces termes : « Dans
le dessein de pourvoir plus efficacement
à la sécurité et à la défense nationale des
Etats-Unis, le secrétaire du trésor est
autorisé à faire ouvrir des crédits à tous
les Gouvernements étrangers en guerre
avec les ennemis des Etats-Unis. » A la
sécurité et à la défense nationale des
Etats-Unis : vous avez bien lu? Que les
temps sont changés.
Donc, voici quel est le « règlement »
proposé à la France : Saint-Pierre et Mi-
quelon, les îles françaises du Canada, la
Martinique et les Antilles Françaises, les
îles françaises du Pacifique, les Mar-
quises, les îles de la Société, pourraient
'(( payer » les Etats-Unis. Et avec ça,
Messieurs? Avec ça, répliquent les
Américains, nous consoliderons nos rou-
tes de cabotage et de haute mer. Ces
Ses n'ont pas pour vous, Français, gran-
de valeur ; mais c'est un axiome militaire
que, « si vous ne possédez pas une île,
un autre l'aura, et il est à peu près im-
possible de dire le résultat que la pos-
session d'une île peut avoir; l'exemple
classique moderne est Héligoland, cé-
dée par la Grande-Bretagne à l'Alle-
magne. »
Les Américains qui parlent ainsi (et il
en est qui parlent tout autrement, je
m'empresse de le reconnaître), ont rai-
son de se borner à un exemple classique
moderne; d'autres plus anciens et pris
dans leur histoire même, les rendraient
incontestablement plus réservés dans
leurs réclamations. Ils ajoutent qu'ils au-
raient voulu négocier avec l'Angleterre
sur la cession des Antilles anglaises à
l'Amérique, mais que les Anglais ont le
droit de ne rien vouloir entendre à ce
sujet, parce qu'ils sont décidés à payer
et même qu'ils payent.. Comme tout cela
est présenté délicatement, et avec bon
goût ! Le Chicago Tribune a même peur
que nous -n'ayons pas compris la fine et
ingénieuse comparaison, et il met les
deux pieds une fois de plus dans l'ar-
ticle : « les Anglais paient en bonnes
espèces. » Admirez cette façon de trai-
ter un pays comme la France : « .11 est
équitable qu'un débiteur qui se dit à
court d'argent prenne en considération
qu'il y a des biens immobiliers accepta-
bles ! » C'est à peine si on ne nous dé-
clare pas crûment que nous ne sommes
pas de bonne foi, mais on nous fait sa-
voir gentiment quels biens immobiliers
on est prêt à accepter.
Biens immobiliers, Saint-Pierre et Mi-
ctuelon, derniers vestiges de nos posses-
sions de Terre-Neuve, de cette ancienne
France où se retrouvent, tous les ans,
nos marins de Dieppe, de Fécamp, de
Granville, de Saint-Malo, de Saint-Ser-
van, et même de Bayonne; la Martini-
que, la Guadeloupe, Marie-Galante, la
Désirade, les Saintes, Saint-Barthélemy,
Saint-Martin, la Martinique et la Gua-
deloupe, « les vieilles colonies », restées
françaises, malgré les vicissitudes de tou-
tes sortes, et rattachées à la mère-patrie
par des liens si nombreux et si doux ; les
îles du Pacifique, où tant de bons servi-
teurs de la plus grande France ont porté
notre civilisation. Tout cela mérite
d'être traité autrement que par un in-
ventaire dressé par un homme de loi à
la veille de la déclaration de faillite ; tout
cela, ce sont des êtres vivants, des tra-
ditions, des souvenirs, des terres où
dorment les nôtres, des hommes que nous
avons marqués de notre empreinte, des
enfants qui ont appris notre nom dès le
berceau.
J'ignore ce que l'avenir nous réserve.
Mais dans ce monde en proie à l'incerti-
tude et au doute, il y aurait un pas en
arrière et une désillusion si des popula-
tions entières pouvaient servir de mon-
naie courante entre les pays débiteurs et
les pays créanciers. Si jamais la France
devait « céder » une ou plusieurs colo-
nies, ce ne serait pas, j'imagine, parce
que les peuples qui ont versé leur sang
sur les mêmes champs de bataille pour
sauver le monde, lui signifieraient par
huissier d'avoir à payer ses dettes en
remplaçant l'or qu'elle n'a plus par
quelques-unes de ses provinces lointai-
nes : à cela elle répondrait en rappelant
ses 1.390.000 morts et ses 1.500.000 mu-
tilés, les chères victimes que rien ne rem-
placera.
Mario Roustan, |
Sénateur de VHérault.
Membre de la Commission sénatoriale
des Colonies,
un comité Aigsrie-Tiiinsie-miirac
r
Le Comité de l'Afrique Française vient de
créer, sous son patronage, un « Comité
Agéri Tunis:ie-Maroc n qui tee spéciali-
sera dans toutes les questions qui concer-
nent notre France nord-africaine. A la tète
<3e ce nouveau groupement, se trouvent no-
tre ami et collaborateur, M. de Warren,
député, spécialiste des questions tunisien-
nes, président du Comité ; M. Alapetite,
ancien Résident général en Tunisie ; MM.
Baréty, député des Alpes-Maritimes, prési-
dent du « Groupe du Maroc et de ila Tuni-
sie » à, la Chambre ; Piétri, député de la
Corse, ancien chef de Cabinet de M. Cail-
laux, précédemment Directeur général des
Finances au Maroc ; Mallarmé, député
d'Alffer.
L'AFFAIRE GALMOT
La dixième Chambre de Ta Cour a donné
acte, hier, au bâtonnier Henri-Robert, du dé-
sistement de M. Jean Gai mot et a confirmé
l'amende prononcée contre M. Georges GaI.
mot, que défendait Me Laplse.
- -.1 -;-
Une promotion
Q8
Le Tournai officiel d'au-
jourd hui publie la pro-
motion de M. Lucien
Saint, ministre plénipo-
tentiaire, à la première
classe de son grade.
Cette nomination, la
première faite par M.
Aristide Briand - depuis
qu'il a pris la direction des services du Quai
trOrsay, prouve dans quelle estime il tient le
distingué Résilient Général de France à
Tunis. Elle donne à ce haut fonctionnaire
une autorité plus forte en rentrant à Tunis,
après avoir mené si diligemment les discus-
sions de la Commission consultative des
questions tunisiennes, instituée par M. Her.
riot au ministère des affaires étrangères.
Les Annales Coloniales sont heureuses
de féliciter M. Lucien Saint de cette marque
d'estime et de confiance.
Depuis son arrivée à Tunis, il s'est atta.
ché à une oeuvre qui lui a donné beaucoup de
soucis. Quittant la préfecture de l'Aisne, 0%
il avait entrepris une œuvre de reconstitu-
tion qui lui avait valu la sympathie unanime
de malheureuses populations sinistrées, il
est arrivé dans la Régence à une heure parti-
culièrement difficile. Il lui fallait rétablir le
principe de l'autorité et assurer à la Tunisie
un régime en rapport avec les aspirations des
populations française, étrangères et indi-
gène, en rapport avec l'évolution sociale du
pays et ses nécessités économiques.
M. Lucien Saint s'est tiré à son honneur
de ces dures exigences. Et les premiers
desiderata de certains éléments indigènes
turbulents se manifestèrent en 1922 lors du
voyage présidentiel de façon un peu vive.
Il a su satisfaire la population française
par la transformation de la Commission
consultative en un" Grand Conseil, tout en
donnant aux iJofJulations indigènes une
extension de leurs droits civiques et politi-
ques. Mesure provisoire peut-Ute qui néces-
sitera des transformations, nous n'en dou-
tons pas, mais porte ouverte vers des réfor-
mes politiques, dont la création des Conseils
régionaux qui fonctionnent d'une façon sa-
tisfaisante et Vadaptation prochaine aux
communes des principale1 dispositions de la
loi municipale algérienne.
Il est certain que les lois sociales et ou-
vrières de la Régence ont besoin d'être
adaptées aux us et coutumes de la Mère-
Patrie et des autres pays avoisillants.
Tout en respectant la souveraineté du Bey,
qui n'est pas uniquement de façade, comme
on se Vimagine un peu trop en France, VAd-
ministration du Protectorat trouvera, nous
en sommes persuadés, les mesures d'une sou-
plesse suffisante qui permettront une pre-
mière amélioration des textes régissant les
rapports entre les employeurs et les em-
ployés.
-* - ,
Dans un pays où l'élément français repré-
sente environ le tiers de la population euro-
péenne, M. Lucien Saint a bien mérité du
pays en assurant à la Mère-Patrie, dans des
conditions d'un filtrage plus serré qu'en
Algérie les conventions internationales
ne lui permettant pas de faire plus vite
toute une catégorie de nouveaux Français,
dont les premiers sont d'origine anglo-mal.
taise, dont les suivants seront sans doute les
étrangers de toute race installés depuis deux
générations en Tunisie.
Il reste encore beaucoup de choses à faire
en Tunisie, ne serait-ce qu'en ce qui con.
cerne les rapports communaux de la Ré.
gence avec la France et avec l'Algérie.
Mais, comme dit Kipling, ceci est une autre
affaire.
Ernest Haudos,
Député de la Marne,
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commerciales
Une grande démonstration nava e
ta Japon
0-0-
L'opinion japonaise étant fortement
Ómue par les manoeuvres navales qui se
déroulent au large des Iles Hawaï dans le
Pacifique, le Gouvernement japonais a dé-
cidé d'organiser une grande manifesta-
tion navale. Les forces combinées de mer,
de terre et de l'air, seront concentrées en
vue d'un grand déploiement d'apparence
guerrière.
Les manœuvres qui commenceront le 22
mai et auxquelles le Prince Régent assis-
tera comprendront l'attaque d'une lie par
des crois ours, des bateaux de première
ligne et des aéroplanes. La défense de me
sera effectuée par des unités de môme na-
ture, un débarquement d'infanterie et la
tentative des forces de défense pour
repousser l'attaque.
La flotte s'efforcera de reproduire la ba.
taille de Tsouchima où les marins japo-
nais l'emportèrent sur les Russes au cours
de la guerre russo- japonaise.
Ges démonstrations provoquent, une cer-
taine anxiété dans le Pacifique que les
Etaits-Unis semblent vouloir faire explorer
en envoyant des navires en éolaireurs
pour -visiter l'Indochine où les Annales
Coloniales ont signalé leur passage, et
plusieurs escadres en Australie et en Nou-
velle-Zélande lorsque la flotte américaine
aura terminé ses manmuvres.
Correction sévère et méritée
Il Oient d'arriver une triste aventure à M.
Claude F arrête, qui fil pendant la guerre un
superpatriotisme de bon aW.
Il est de cette phalange de bons Français qui
cherchent à cendre des colonies à l'étranger
pour améliorer notre change et éviter des me-
sures fiscales certes lourdes aux beati possiden-
tes.
Ses idées avant été développées et commen.
tées par M. Emile Buré, directeur du journal
nationaliste fEclair, M. Henry Lemery, sé-
nateur de la Martinique, et ancien sous-secré-
taire d'Etat à la Marine marchande, a envoyé
à ce journal une vigoureuse réponse dont nous
extrayons les passages suivants : -
M. Claude Fairère est un romancier doublé
d'un officier de marine. Il se fait l'avocat du
panaméricanisme et il prêche au public des An-
nales la cession des îles françaises de l'Atlan-
tique aux Etats-Unis. C'est, en vérité, inad-
missible. Il faudra massacrer jusqu'au derni er
d entre nous pour faire de nos vieilles provinces
françaises d'outre-mer une terre étrangère. C'est
*33mènce que crimaginer que la guerre de 1914.
1919, qui a émancipé tant de peuples, puisse
avoir pour résultat l'asservissement de popula-
tions françaises, et que, pour prix de sa vic-
toire, la France doive renier ses lils d. outre-mer
et tant de pages glorieuses de son histoire.
Les Antilles représentent pour la France une
richesse, un lien international d'une inestimable
valeur, mais aussi et surtout un morceau du ter-
ritoire national.
Elles représentent, certes, une richesse. Après
trois siècles de colonisation, grâce aux efforts
des noirs et des blancs, la Guadeloupe et la
Martinique se sont couvertes de plantations.
L'industrie sucrière et celle de la distillation
du rhum s'y sont organisées. A F heure actuelle,
on estime à cent millions de kilogrammes de
sucre et à trente millions de litres de rhlm la
production des Antilles. Nous fournissons à la
France continentale pour 46 millions de francs
de sucre, l'affranchissant ainsi d'un lourd
tribut envers l'étranger. Les « lies » produisent
encore du café, du cacao, des épicéa, et il man-
que seulement des aménagements frigorifiques
suffisants aux navires transatlantiques pour que
a France reçoive de ses départements lointains
les fruits délicieux que sont la sapotille, la pom-
me de Cythère, la pomme de cannelle, la prune
de monbru, là mangue divine régal des gour-
mets, la grenade à chair rose et l' innombra-
ble variété des bananes succulentes. Quelle
somme pourrait jamais payer ce grenier à sucre
et ce splendide verger ?
Enfin, la Martinique, la Guadeloupe et leurs
satellites sont - il faut que M. Claude Fanère
satellites sont - il faid,
s'en rende compte - des départements français
au même titre que la Savoie ou la Franche-
Comté. Ces colonies offrent, en effet, cette par-
ticularité qu'il n'y existe ni colons, ni indigènes,
mais des Français. Ces Français ont la peau plus
ou moins brune, plus ou moins pigmentée, mais
ils ne diffèrent pas plus par la langue, les
mœurs, les traditions de la population de
la France continentale que les habitants de deux
provinces françaises ne diffèrent entre eux. bt.
tre un Flamand et un Basque, il y a plus d'écart
qu'entre un Martiniquais et un Provençal.
Ce que M. Claude Farrère demande dans
son ignorance de notre histoire et de nos mœurs,
c'est que l'on cède quatre-cent mille Fran-
çais à l' Amérique. La France ne fera jamais
cela. La France ne vend pas des âmes.
Henry LEMERY,
sénateur.
Si M. Claude Farrère avait entendu M. Paul-
Jean Baptiste, Guadeloupéen, candidat dans le
quartier Gaillon au Conseil municipal contre M.
Aucoc, il aurait probablement dit comme l'ho-
norable joaillier :
A llez donc faire de la politique dans
votre île, et ne nous ennuyez pas en France.
I Mais l'autre aurait répondu justement au dé-
licat écrivain : -
Je suis parti volontaire au premier jour de
la guerre quand la mère-patrie m'a appelé.
Vous qui voulez nous vendrtfaujourd'hui, vous,
officier de carrière, où étiez-vous quand j'ai
perdu mes deux bras à Verdun ?
Au reste, il semble bien que M. Claude Far-
rère soit un récidiviste de l'abandon. Je me
rappelle l'émotion qui passa parmi les au-
diteurs, il y a deux ans et demi, lorsqu'il inau-
gura. la série des gtandes Conférences colonia-
les au Cercle Interallié, sous le haut patronage
de M. Albert Sarrairf et du maréchal Lyairte])
- je dirai mê me plus : le malaise qui étreignit
l'assemblée en entendant l'auteur de l'Homme
qui assassina proclamer la nécessité pour nous
d'évacuer un jour prochain le Maroc et de
II manciper pour qu'il retourne à sa civilisation
légèrement transformée. D'ailleurs, m des au-
diteurs les plus qualifiés de cette conférence,
notre ami Edouard de Warren, député de
Meurthe-et-Moselle, qui a passé une grande
partie de sa vie en Afrique du Nord, marqua
ce jour-là sa stupéfaction des paroles pronon-
cées par M. Claude Farrère sous un aussi haut
patronage.
Quoi qu'il en soit, M. Henry Lemery s'est
chargé d'exécuter un des plus brillants partisans
de la thèse de l'abandon colonial.
çrdces lui soient rendues.
L'Angély
LES TROUBLES A LA MABTIIIOUE
0-0-
NE CONFONDONS PAS AUTOUR
AVEC ALENTOUR
Avec toute la fougue de sa jeunesse, M. Lu-
dovic-Oscar Frouard, actuellement rédacteur
politique de Paris-Soir, et pour l'instant en
Voyage aux Antilles, vient de prendre Parti dans
l'imbroglio politique antillais.
L'ancien secrétaire général du Parti commu-
niste qui, après me escale à l'Union socialiste
communiste, est rentré dans le giron de la sec-
tion française de l'Internationale ouvrière, où il
brilla pendant la guerre et aux premiers jours
de l'après-guerre, a cablé à son journal le télé-
gramme suivant sous ce litre flamboyant :
LA MARTINIQUE EN APPELLE AU PUBLIC
FRANÇAIS
Fort-de-France, 26 avril. Instruction ou-
verte aujourd'hui contre LagrosillièTe et Sé-
journé, dont on annonce l'arrestation.
On lew reproche une soi-disant excitation à
la révolte dans un discours éleictoral.
Ces poursuites ridicules et odieuses contre
des candidats sont un scandale. Ces arrestations
probables, les menaces dont j'ai été moi-même
l'objet demandent une protestation énergique
et immédiate de la presse de gauche devant une
situation pire que celle de la colonie voisine au
moment de l'affaire Boisneuf.
La Martinique en appelle au public français.
L.-O. FROSSARD.
Il y a du vrai et de grossières erreurs dans le
télégrammç.
Il est inadmissible qu'en période électorale,
il soit procédé à des arrestations de candidats et
à une ingérence administrative incompatible
avec les droits imprescriptibles de l'homme et du
citoyen.
Aussi comprettons-nous le câble que M. An-
dré Hesse le nouveau ministre des Colonies, a
enboyé à M. Richard, Gouverneur de la Mar-
tinique, l'invitant à modérer son action, à main-
tenir l'ordre sans arrestations et sans envoi de
gendarmes supplémentaires ou de gardes répu-
blicains en extra. Mais nous connaissons trop
M. Richard qui gouverne depuis deux am la
Martinique, pour croire un seul instant que ce
distingué fonctionnaire soit jaloux des tristes
lauriers guadeloupéens - de l'inénarrable Jocelyn-
Robert.
D'autre part la situation politique n'est pas
celle que M. Ludovic-Oscar Frossard indique.
Si les adversaires de M. J. Lagrosillière lui
reprochent beaucoup plus ses mauvaises affai-
res que ses votes au Parlement, il ne faut ou-
blier Léon Blum qui es.t saisi n'en aura gar-
de que M. Lagrosillière a quitté autrefois
le Parti socialiste unifié et qu'il n'était dans la
dernière législature inscrit à aucun groupe.
Quant à M. Séjourné. qui a une situation
personnelle consiclérable, il est ce n'est pas
là un blâme, mais une constatation /e secré-
taire du Comité des Intérêts Economiques à la
Martinique, et le représentant de M. Ernest
Billiet. En outre, son parti puise sa force dans
les formations politiques de droite, dont le vé-
néré M. Femand Clerc, ancien député et an-
cien sénateur, est depuis trente-cinq ans le chef
incontesté : c'est lui qui fit élire, en 1898, M.
- Denis Guibert à - la Martinique, sans qu'on, l'y
ait jamais vu, et il fut avec MM. Osman Du-
quesnay, député, et Jérémie Lemaire, Gouver-
neur, l'inspirateur de toutes les manœuvres anti-
républicaines à la Martinique.
Donc, ne mêlons pas le Parti républicain et
le Cartel des Gauches à des intérêts particuliers.
M. Ludovic-Oscar Frossard aurait dû le sa-
voir avant de s'embarquer. D'aucuns disent
qu'il est parti pour les Antilles; éclairé seule-
ment par M. Séjourné.
Nous n'en voulons rien croire.
Marcel Ruedel
RETOUR
---.0-
C'est seulement le 15 mai que M. le Gou-
verneur Général Antonetti, avec Mme Anto-
netti, s'embarqueront à Matadi, à bord du pa-
quebot Tchad, des Chargeurs Réunis, qui ar-
rivera à Bordeaux vers le 7 juin.
-40.
Aux Philippines
0-0-
Une loi sur la tenue des livres do com-
merce oblige lc-s étrangers à tenir leur
comptabilité en anglais, en espagnol ou en
tagal.
Loi négociants Chinois ont protesté et
grâce à l'appui de leur consul général
ils en ont fait retarder l'application jus-
qu'à ce que la Cour suprême ait pris une
décision. Celle juridiction a décidé que la
loi sur la ionue des livres de commerce
était conforme à la constitution et a con-
firmé la législation adoptée qui vise prin-
cipalement les ddainauts chinois dont plu-
sieurs milliers devront quitter les Pliilli-
pines si la Cour nnp-rômc n'adoucit pas la
loi en question.
Quelques maisons françaises et alleman-
des sont affectées par cette loi et ies Chi-
nois devront engager des comptables tra-
ducteurs, l'{' qui donnera dn travail aux
indigènes possédant une. certaine instruc-
tion.
11 serait à désirer qu'une mesure sem-
blable fut prise en Indochine et aux Ela-
blissemenls français de l'Oroonie pour
obliger les Chinois fi tenir leurs livres de
commerce en rrRnoiR, en anglais, en
annamite ou en tahitien.
LE CAnDIDA T DE BRonZE
00 -
M. Paul Jean-Baptiste, Antillais, est can-
didat aux élections municipales du quartier
Gaillon, contre M. Aucoc.
Il est de bronze par la couleur, selon une
assertion reproduite dans un spirituel article
de VŒuvre d'hier.
Il l'est, en tout cas, par le courage, comme
l'a attesté le général Mangin par cette let-
tre que l'on peut lire sur l'un des placards
diversement propitiatoires affichés place
Ventadour :
« Cher Monsieur,
« Vous me demandez de certifier que
vous avez servi sous mes ordres à Verdun :
vos blessures sont les meilleurs témoins de
votre présence au feu et de votre courage.
k Croyez, cher Monsieur, à l'expression de
ma bien cordiale sympathie. Il
Signé : CH. MANGIN.
Or, M. Aucoc crut expédient d'employer
un ton de condescendance ironique envers
ce Français de oouleur, engagé volontaire
et grand blessé de la guerre ; il l'invita
sans façon à s'en aller faire de la poli-
tique dans son pays d'origine.
Ce pourquoi M. Paul Jean-Baptiste traite
M. Aucoc de « patriote en chambre"
menue gentillesse de période électorale -
et lui rappelle très justement que les habi-
tants des Antilles sont Français depuis 300
ans et tout à fait fondés à considérer leur
« pays d'oiigine Il comme un « département
français u.
Qu'ad viendra-t-il de la compétition?
M. Aucoc a pour lui de pouvoir joindre
l'éloquence du geste à celle du verbe.
Si M. Paul Jean-Baptiste ne peut compter,
lui, que sur sa parole, c'est qu'il a laissé
ses deux bras à Verdun et voilà qui est
de la plus émouvante éloquence. -
Loin de nous la pensée de reprocher à
M. Aucoc d'être en possession de tous ses
membres, mais qu'il a donc été mal inspiré
en montrant ou c'est teut comme le
port d'embarquement à un colonial qui vou-
lut bien, au bénéfice du pays, faire ce troc :
ses bras contre la Légion d'Honneur, lai
médaille militaire et une croix à plusieurs
palmes 1
R. de Laromiguière
41»
Les colonies et la propagane bolcbeviste
M. Voline, premier secrétaire de l'am-
bassade des Soviets à Paris, assistant, ré-
cemment, a une réunion communiste orga-
nisée pour commémorer la mort de Sun-
Yat-Sen, aurait appelé « puissances oppri-
mées » les colonies françaises.
A la suite de cet incident, M. Briand, mi-
nistre des Affaires étrangères, u. reçu hier
M. Krassine, ambassadeur de Russie.
Le représeaitant de l'U. R. S. S. a aftirmé
que son collaborateur n'avait pas tenu les
propos incriminés et s'est défendu énergi-
queanent de touto propagande subversive
en France.
L'incident est donc jioo.
--
L'EXPOSITION
DES ARTS DÉCORATIFS
0
Afrique du Nord. Afrique Occidentale
française. Madagascar. Japon
Ceux qui aiment le contraste ne m'en vou-
dront pas de leur offrir aujourd'hui celui
qu'évoque immédiatement la lecture de notre
sous-titre. Mais la visite est encore trop rapi-
dement faite dans le grand pavillon de l'Afri-
que du Xorrl. Il comprend trois pays : Algé-
rie, Tunisie, Maroc.
On y admire les lignes sobres d'une archi-
tecture harmonieuse et de proportion agréa-
ble. Les plafonds offrent un travail cfillsidé-
rable de poutres finement seulptres. de motifs
composés avec soin ; les panneaux ajourés des
portes nous retiennent longuement -- travail
minutieux d'invention et d'exécution parfaite.
On imagine, des jeux de lumière et d'ombre
d'une fantaisie charmante à travers ce bois
de ---.,'., et fouillé s.i artistement.
Et dans la partie Tunisienne qui comprend
un intérieur de maison indigène adaptée aux
besoins de la v ie. moderne du Français qui de-
vrait l'habiter, la céramique est mise en valeur
avec pont et mesure. L eau claire d'une fon-
taine, au milieu de la cour intérieure, aura les
tons bleus et verts des carreaux choisis. M V.
Valensi, architecte-décorateur, diplômé de
l'Ecole des Beaux-Arts, préside à l'a r range-
ment de. tous les objets mobiliers ou décora-
tifs appelés à garnir l'ensemble. Les artisans
indigènes nous apporteront des spéeimens de
l'art du cuir et du plâtre fouillé, du tapis et
de la sparterie, rk la reliure, dentelles et tis-
sus accompagneront un ensemble très étudié.
Le pavillon africain est une réplique du pa-
lais élevé il Ahomey. Silhouette massive,
rouge, do style soudanais, quelque peu éton-
nante au hord île la Seine. La décoration exté-
rieure est constituée par des bas-reliefs, ani-
maux exotiques, masques étranges. A l'inté-
rieur,, deux grands panneaux décoratifs con-
sacrés. l'un à l'A. O. F. : la fête du Feu,
avec tout son cortège de rougeoiement diabo-
lique. l'autre l'A. E. F. : une scène de féti-
chisme au Congo; < e sont les œuvres de MM.
Cayun et nom(rl('-LJgaJ'.)t" Une, partie
spéciale du pavillon est consanée à Madagas-
car.
Toute une décoration aux tons vifs, rouge,
jaune et noir, couvre les murs qui reçoivent
encore quantités d'armes de formes inquiptan-
tes, de masques aux grimaces invraisembla»
blés. Dans un coin. une coiffure indigène en-
tièrement faite de coquillages enfilés suppose
une tête robuste, étant donné le poids de ce
a NUMERO ; 20 CENTIMES
JEUDI SOIR. 30 AVRIL 1073.
0 le
Les Annales Coloniales
- - -.M d e d i d ii - à àa
JOURNAL -. QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Les AnllMCU etrédames soni rewtl aux Bureaux du Journal diant le» Agence» de Publicité
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9k sb S nola S
tM^SSELi i Promu et Goloniet. 10. 16 )
MmiVi r Btrarueer 110» «8 > 38 >
on leabom» "M tolu wnwemm de POM et dm lm Pubuduum abrub«
e r
Vente ou cession de colonies
soi
Quand mon honorable collègue M. Gau-
'din de Villaine est descendu de la tri-
bune, après son intervention dans la dis-
cussion générale du budget des colo-
nies, je n'ai pas pu m'empêcher de lui
demander : « Eh bien, mon cher mon-
sieur, vous n'êtes plus d'avis de vendre
l'Indochine? Non, puisque désormais
j'ajoute : Vendez, ou défendez. Nous
défendrons, soyez sans crainte, et nous
garderons, je l'espère très fermement ».
Ce n'est pas la première fois qu'il est
question de vendre une ou plusieurs co-
lonies; ou plutôt, comme l'expression a,
en elle-même, quelque chose qui nous
heurte dans nos sentiments les plus in-
times, on la remplace par celle-ci qui est
un euphémisme : il ert question de céder
une ou plusieurs colonies. Le mot « cé-
der » prend, à cette heure, un sens plus
précis, sur lequel je veux revenir.
Nos créanciers sonnent à notre porte.
Ils n'y mettent pas toujours la discrétion
que nous étions en droit d'espérer. Pour
nous en tenir aux dettes politiques, les
Etats-Unis nous téclament 2.933.265.221
dollars, que nous leur devons à la suite
des emprunts de 1917, 1918, 1919,
1920; l'intérêt s'est élevé de 3 0/0, à
.5 %; le versement de ces intérêts a été
payé par nous jusqu'en mai 1919 ;
depuis, les intérêts arriérés s'ajou-
tent à la somme, et le tout atteignait
650 millions de dollars au 15 novembre
11923-
•«. A la Grande-Bretagne nous étions re-
'devables, le 31 juillet 1924, de 627 mil-
lions 402.900 livres sterling, représentant
environ 453 millions dus en capital,
augmentés de 174 millions d'intérêts ca-
pitalisés, à un taux qui s'est accru de
,3 1/4 0/0 à 7,50 Nos dettes politi-
ques se montent donc à plus de 30 mil-
liards de francs-or, répartis approxima-
tivement en tranches égales entre les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne. En
bonne morale, le règlement des dettes
• contractées par les alliés pour défendre
la cause commune devrait être entrepris
par un effort commun des alliés unis dans
la victoire, chacun contribuant en rai-
son directe de sa richesse et en raison
inverse des sacrifices consentis.
Mais la morale, hélas ! perd ses droits,
quand il est? question de livres et de
Sollars, La logique ne perd pas les siens ;
il devrait être au moins entendu que les
paiements faits à nos créanciers seraient
imputés sur les sommes que nous devons
récupérer de l'Allemagne. A la formule :
« L'Allemagne paiera » est substituée,
après beaucoup de difficultés et de pei-
nes, la formule : « L'Allemagne paye ».
Nous ne demandons pas mieux que
d'étudier les -moyens de rendre à nos
créanciers une part de cet argent qui nous
est dû, et qu'ils ne nous ont peut-être
pas aidés à recouvrer assez complètement
ni assez vite.
Or, cela ne semble pas devoir les sa-
tisfaire; l'Amérique surtout a d'autres
exigences; le Chicago Tribune rappelait
que M. Louis Dubois évaluait à 6.178
millions Õe dollars les sommes dues aux
Etats-Unis et à la Grande-Bretagne, et
à 3.750 millions de dollars les sommes
que la France recevrait de l'Allemagne
pendant les 37 premières années de l'ap-
plication du plan Dawes. Il fallait donc,
d'après l'étude du « Chicago Tribune »
que la France cherchât autre chose pour
jt acquitter : n'avait-elle pas eu ses pro-
fits de guerre, l'Alsace-Lorraine, la
--- Sarre, et sa part des - colonies alleman-
des? Au contraire, l'Amérique n avait
rien obtenu, rien sinon le privilège am-
bigu de faire passer un câble de T. S. F.
sur l'île de Yap, privilège subordonné
au consentement du Japon. Et l'on
songe à la déclaration du 24 septembre
1917, promulguée par le Gouvernement
'des Etats-Unis en ces termes : « Dans
le dessein de pourvoir plus efficacement
à la sécurité et à la défense nationale des
Etats-Unis, le secrétaire du trésor est
autorisé à faire ouvrir des crédits à tous
les Gouvernements étrangers en guerre
avec les ennemis des Etats-Unis. » A la
sécurité et à la défense nationale des
Etats-Unis : vous avez bien lu? Que les
temps sont changés.
Donc, voici quel est le « règlement »
proposé à la France : Saint-Pierre et Mi-
quelon, les îles françaises du Canada, la
Martinique et les Antilles Françaises, les
îles françaises du Pacifique, les Mar-
quises, les îles de la Société, pourraient
'(( payer » les Etats-Unis. Et avec ça,
Messieurs? Avec ça, répliquent les
Américains, nous consoliderons nos rou-
tes de cabotage et de haute mer. Ces
Ses n'ont pas pour vous, Français, gran-
de valeur ; mais c'est un axiome militaire
que, « si vous ne possédez pas une île,
un autre l'aura, et il est à peu près im-
possible de dire le résultat que la pos-
session d'une île peut avoir; l'exemple
classique moderne est Héligoland, cé-
dée par la Grande-Bretagne à l'Alle-
magne. »
Les Américains qui parlent ainsi (et il
en est qui parlent tout autrement, je
m'empresse de le reconnaître), ont rai-
son de se borner à un exemple classique
moderne; d'autres plus anciens et pris
dans leur histoire même, les rendraient
incontestablement plus réservés dans
leurs réclamations. Ils ajoutent qu'ils au-
raient voulu négocier avec l'Angleterre
sur la cession des Antilles anglaises à
l'Amérique, mais que les Anglais ont le
droit de ne rien vouloir entendre à ce
sujet, parce qu'ils sont décidés à payer
et même qu'ils payent.. Comme tout cela
est présenté délicatement, et avec bon
goût ! Le Chicago Tribune a même peur
que nous -n'ayons pas compris la fine et
ingénieuse comparaison, et il met les
deux pieds une fois de plus dans l'ar-
ticle : « les Anglais paient en bonnes
espèces. » Admirez cette façon de trai-
ter un pays comme la France : « .11 est
équitable qu'un débiteur qui se dit à
court d'argent prenne en considération
qu'il y a des biens immobiliers accepta-
bles ! » C'est à peine si on ne nous dé-
clare pas crûment que nous ne sommes
pas de bonne foi, mais on nous fait sa-
voir gentiment quels biens immobiliers
on est prêt à accepter.
Biens immobiliers, Saint-Pierre et Mi-
ctuelon, derniers vestiges de nos posses-
sions de Terre-Neuve, de cette ancienne
France où se retrouvent, tous les ans,
nos marins de Dieppe, de Fécamp, de
Granville, de Saint-Malo, de Saint-Ser-
van, et même de Bayonne; la Martini-
que, la Guadeloupe, Marie-Galante, la
Désirade, les Saintes, Saint-Barthélemy,
Saint-Martin, la Martinique et la Gua-
deloupe, « les vieilles colonies », restées
françaises, malgré les vicissitudes de tou-
tes sortes, et rattachées à la mère-patrie
par des liens si nombreux et si doux ; les
îles du Pacifique, où tant de bons servi-
teurs de la plus grande France ont porté
notre civilisation. Tout cela mérite
d'être traité autrement que par un in-
ventaire dressé par un homme de loi à
la veille de la déclaration de faillite ; tout
cela, ce sont des êtres vivants, des tra-
ditions, des souvenirs, des terres où
dorment les nôtres, des hommes que nous
avons marqués de notre empreinte, des
enfants qui ont appris notre nom dès le
berceau.
J'ignore ce que l'avenir nous réserve.
Mais dans ce monde en proie à l'incerti-
tude et au doute, il y aurait un pas en
arrière et une désillusion si des popula-
tions entières pouvaient servir de mon-
naie courante entre les pays débiteurs et
les pays créanciers. Si jamais la France
devait « céder » une ou plusieurs colo-
nies, ce ne serait pas, j'imagine, parce
que les peuples qui ont versé leur sang
sur les mêmes champs de bataille pour
sauver le monde, lui signifieraient par
huissier d'avoir à payer ses dettes en
remplaçant l'or qu'elle n'a plus par
quelques-unes de ses provinces lointai-
nes : à cela elle répondrait en rappelant
ses 1.390.000 morts et ses 1.500.000 mu-
tilés, les chères victimes que rien ne rem-
placera.
Mario Roustan, |
Sénateur de VHérault.
Membre de la Commission sénatoriale
des Colonies,
un comité Aigsrie-Tiiinsie-miirac
r
Le Comité de l'Afrique Française vient de
créer, sous son patronage, un « Comité
Agéri Tunis:ie-Maroc n qui tee spéciali-
sera dans toutes les questions qui concer-
nent notre France nord-africaine. A la tète
<3e ce nouveau groupement, se trouvent no-
tre ami et collaborateur, M. de Warren,
député, spécialiste des questions tunisien-
nes, président du Comité ; M. Alapetite,
ancien Résident général en Tunisie ; MM.
Baréty, député des Alpes-Maritimes, prési-
dent du « Groupe du Maroc et de ila Tuni-
sie » à, la Chambre ; Piétri, député de la
Corse, ancien chef de Cabinet de M. Cail-
laux, précédemment Directeur général des
Finances au Maroc ; Mallarmé, député
d'Alffer.
L'AFFAIRE GALMOT
La dixième Chambre de Ta Cour a donné
acte, hier, au bâtonnier Henri-Robert, du dé-
sistement de M. Jean Gai mot et a confirmé
l'amende prononcée contre M. Georges GaI.
mot, que défendait Me Laplse.
- -.1 -;-
Une promotion
Q8
Le Tournai officiel d'au-
jourd hui publie la pro-
motion de M. Lucien
Saint, ministre plénipo-
tentiaire, à la première
classe de son grade.
Cette nomination, la
première faite par M.
Aristide Briand - depuis
qu'il a pris la direction des services du Quai
trOrsay, prouve dans quelle estime il tient le
distingué Résilient Général de France à
Tunis. Elle donne à ce haut fonctionnaire
une autorité plus forte en rentrant à Tunis,
après avoir mené si diligemment les discus-
sions de la Commission consultative des
questions tunisiennes, instituée par M. Her.
riot au ministère des affaires étrangères.
Les Annales Coloniales sont heureuses
de féliciter M. Lucien Saint de cette marque
d'estime et de confiance.
Depuis son arrivée à Tunis, il s'est atta.
ché à une oeuvre qui lui a donné beaucoup de
soucis. Quittant la préfecture de l'Aisne, 0%
il avait entrepris une œuvre de reconstitu-
tion qui lui avait valu la sympathie unanime
de malheureuses populations sinistrées, il
est arrivé dans la Régence à une heure parti-
culièrement difficile. Il lui fallait rétablir le
principe de l'autorité et assurer à la Tunisie
un régime en rapport avec les aspirations des
populations française, étrangères et indi-
gène, en rapport avec l'évolution sociale du
pays et ses nécessités économiques.
M. Lucien Saint s'est tiré à son honneur
de ces dures exigences. Et les premiers
desiderata de certains éléments indigènes
turbulents se manifestèrent en 1922 lors du
voyage présidentiel de façon un peu vive.
Il a su satisfaire la population française
par la transformation de la Commission
consultative en un" Grand Conseil, tout en
donnant aux iJofJulations indigènes une
extension de leurs droits civiques et politi-
ques. Mesure provisoire peut-Ute qui néces-
sitera des transformations, nous n'en dou-
tons pas, mais porte ouverte vers des réfor-
mes politiques, dont la création des Conseils
régionaux qui fonctionnent d'une façon sa-
tisfaisante et Vadaptation prochaine aux
communes des principale1 dispositions de la
loi municipale algérienne.
Il est certain que les lois sociales et ou-
vrières de la Régence ont besoin d'être
adaptées aux us et coutumes de la Mère-
Patrie et des autres pays avoisillants.
Tout en respectant la souveraineté du Bey,
qui n'est pas uniquement de façade, comme
on se Vimagine un peu trop en France, VAd-
ministration du Protectorat trouvera, nous
en sommes persuadés, les mesures d'une sou-
plesse suffisante qui permettront une pre-
mière amélioration des textes régissant les
rapports entre les employeurs et les em-
ployés.
-* - ,
Dans un pays où l'élément français repré-
sente environ le tiers de la population euro-
péenne, M. Lucien Saint a bien mérité du
pays en assurant à la Mère-Patrie, dans des
conditions d'un filtrage plus serré qu'en
Algérie les conventions internationales
ne lui permettant pas de faire plus vite
toute une catégorie de nouveaux Français,
dont les premiers sont d'origine anglo-mal.
taise, dont les suivants seront sans doute les
étrangers de toute race installés depuis deux
générations en Tunisie.
Il reste encore beaucoup de choses à faire
en Tunisie, ne serait-ce qu'en ce qui con.
cerne les rapports communaux de la Ré.
gence avec la France et avec l'Algérie.
Mais, comme dit Kipling, ceci est une autre
affaire.
Ernest Haudos,
Député de la Marne,
Président de la Commission
des Douanes
et des Conventions commerciales
Une grande démonstration nava e
ta Japon
0-0-
L'opinion japonaise étant fortement
Ómue par les manoeuvres navales qui se
déroulent au large des Iles Hawaï dans le
Pacifique, le Gouvernement japonais a dé-
cidé d'organiser une grande manifesta-
tion navale. Les forces combinées de mer,
de terre et de l'air, seront concentrées en
vue d'un grand déploiement d'apparence
guerrière.
Les manœuvres qui commenceront le 22
mai et auxquelles le Prince Régent assis-
tera comprendront l'attaque d'une lie par
des crois ours, des bateaux de première
ligne et des aéroplanes. La défense de me
sera effectuée par des unités de môme na-
ture, un débarquement d'infanterie et la
tentative des forces de défense pour
repousser l'attaque.
La flotte s'efforcera de reproduire la ba.
taille de Tsouchima où les marins japo-
nais l'emportèrent sur les Russes au cours
de la guerre russo- japonaise.
Ges démonstrations provoquent, une cer-
taine anxiété dans le Pacifique que les
Etaits-Unis semblent vouloir faire explorer
en envoyant des navires en éolaireurs
pour -visiter l'Indochine où les Annales
Coloniales ont signalé leur passage, et
plusieurs escadres en Australie et en Nou-
velle-Zélande lorsque la flotte américaine
aura terminé ses manmuvres.
Correction sévère et méritée
Il Oient d'arriver une triste aventure à M.
Claude F arrête, qui fil pendant la guerre un
superpatriotisme de bon aW.
Il est de cette phalange de bons Français qui
cherchent à cendre des colonies à l'étranger
pour améliorer notre change et éviter des me-
sures fiscales certes lourdes aux beati possiden-
tes.
Ses idées avant été développées et commen.
tées par M. Emile Buré, directeur du journal
nationaliste fEclair, M. Henry Lemery, sé-
nateur de la Martinique, et ancien sous-secré-
taire d'Etat à la Marine marchande, a envoyé
à ce journal une vigoureuse réponse dont nous
extrayons les passages suivants : -
M. Claude Fairère est un romancier doublé
d'un officier de marine. Il se fait l'avocat du
panaméricanisme et il prêche au public des An-
nales la cession des îles françaises de l'Atlan-
tique aux Etats-Unis. C'est, en vérité, inad-
missible. Il faudra massacrer jusqu'au derni er
d entre nous pour faire de nos vieilles provinces
françaises d'outre-mer une terre étrangère. C'est
*33mènce que crimaginer que la guerre de 1914.
1919, qui a émancipé tant de peuples, puisse
avoir pour résultat l'asservissement de popula-
tions françaises, et que, pour prix de sa vic-
toire, la France doive renier ses lils d. outre-mer
et tant de pages glorieuses de son histoire.
Les Antilles représentent pour la France une
richesse, un lien international d'une inestimable
valeur, mais aussi et surtout un morceau du ter-
ritoire national.
Elles représentent, certes, une richesse. Après
trois siècles de colonisation, grâce aux efforts
des noirs et des blancs, la Guadeloupe et la
Martinique se sont couvertes de plantations.
L'industrie sucrière et celle de la distillation
du rhum s'y sont organisées. A F heure actuelle,
on estime à cent millions de kilogrammes de
sucre et à trente millions de litres de rhlm la
production des Antilles. Nous fournissons à la
France continentale pour 46 millions de francs
de sucre, l'affranchissant ainsi d'un lourd
tribut envers l'étranger. Les « lies » produisent
encore du café, du cacao, des épicéa, et il man-
que seulement des aménagements frigorifiques
suffisants aux navires transatlantiques pour que
a France reçoive de ses départements lointains
les fruits délicieux que sont la sapotille, la pom-
me de Cythère, la pomme de cannelle, la prune
de monbru, là mangue divine régal des gour-
mets, la grenade à chair rose et l' innombra-
ble variété des bananes succulentes. Quelle
somme pourrait jamais payer ce grenier à sucre
et ce splendide verger ?
Enfin, la Martinique, la Guadeloupe et leurs
satellites sont - il faut que M. Claude Fanère
satellites sont - il faid,
s'en rende compte - des départements français
au même titre que la Savoie ou la Franche-
Comté. Ces colonies offrent, en effet, cette par-
ticularité qu'il n'y existe ni colons, ni indigènes,
mais des Français. Ces Français ont la peau plus
ou moins brune, plus ou moins pigmentée, mais
ils ne diffèrent pas plus par la langue, les
mœurs, les traditions de la population de
la France continentale que les habitants de deux
provinces françaises ne diffèrent entre eux. bt.
tre un Flamand et un Basque, il y a plus d'écart
qu'entre un Martiniquais et un Provençal.
Ce que M. Claude Farrère demande dans
son ignorance de notre histoire et de nos mœurs,
c'est que l'on cède quatre-cent mille Fran-
çais à l' Amérique. La France ne fera jamais
cela. La France ne vend pas des âmes.
Henry LEMERY,
sénateur.
Si M. Claude Farrère avait entendu M. Paul-
Jean Baptiste, Guadeloupéen, candidat dans le
quartier Gaillon au Conseil municipal contre M.
Aucoc, il aurait probablement dit comme l'ho-
norable joaillier :
A llez donc faire de la politique dans
votre île, et ne nous ennuyez pas en France.
I Mais l'autre aurait répondu justement au dé-
licat écrivain : -
Je suis parti volontaire au premier jour de
la guerre quand la mère-patrie m'a appelé.
Vous qui voulez nous vendrtfaujourd'hui, vous,
officier de carrière, où étiez-vous quand j'ai
perdu mes deux bras à Verdun ?
Au reste, il semble bien que M. Claude Far-
rère soit un récidiviste de l'abandon. Je me
rappelle l'émotion qui passa parmi les au-
diteurs, il y a deux ans et demi, lorsqu'il inau-
gura. la série des gtandes Conférences colonia-
les au Cercle Interallié, sous le haut patronage
de M. Albert Sarrairf et du maréchal Lyairte])
- je dirai mê me plus : le malaise qui étreignit
l'assemblée en entendant l'auteur de l'Homme
qui assassina proclamer la nécessité pour nous
d'évacuer un jour prochain le Maroc et de
II manciper pour qu'il retourne à sa civilisation
légèrement transformée. D'ailleurs, m des au-
diteurs les plus qualifiés de cette conférence,
notre ami Edouard de Warren, député de
Meurthe-et-Moselle, qui a passé une grande
partie de sa vie en Afrique du Nord, marqua
ce jour-là sa stupéfaction des paroles pronon-
cées par M. Claude Farrère sous un aussi haut
patronage.
Quoi qu'il en soit, M. Henry Lemery s'est
chargé d'exécuter un des plus brillants partisans
de la thèse de l'abandon colonial.
çrdces lui soient rendues.
L'Angély
LES TROUBLES A LA MABTIIIOUE
0-0-
NE CONFONDONS PAS AUTOUR
AVEC ALENTOUR
Avec toute la fougue de sa jeunesse, M. Lu-
dovic-Oscar Frouard, actuellement rédacteur
politique de Paris-Soir, et pour l'instant en
Voyage aux Antilles, vient de prendre Parti dans
l'imbroglio politique antillais.
L'ancien secrétaire général du Parti commu-
niste qui, après me escale à l'Union socialiste
communiste, est rentré dans le giron de la sec-
tion française de l'Internationale ouvrière, où il
brilla pendant la guerre et aux premiers jours
de l'après-guerre, a cablé à son journal le télé-
gramme suivant sous ce litre flamboyant :
LA MARTINIQUE EN APPELLE AU PUBLIC
FRANÇAIS
Fort-de-France, 26 avril. Instruction ou-
verte aujourd'hui contre LagrosillièTe et Sé-
journé, dont on annonce l'arrestation.
On lew reproche une soi-disant excitation à
la révolte dans un discours éleictoral.
Ces poursuites ridicules et odieuses contre
des candidats sont un scandale. Ces arrestations
probables, les menaces dont j'ai été moi-même
l'objet demandent une protestation énergique
et immédiate de la presse de gauche devant une
situation pire que celle de la colonie voisine au
moment de l'affaire Boisneuf.
La Martinique en appelle au public français.
L.-O. FROSSARD.
Il y a du vrai et de grossières erreurs dans le
télégrammç.
Il est inadmissible qu'en période électorale,
il soit procédé à des arrestations de candidats et
à une ingérence administrative incompatible
avec les droits imprescriptibles de l'homme et du
citoyen.
Aussi comprettons-nous le câble que M. An-
dré Hesse le nouveau ministre des Colonies, a
enboyé à M. Richard, Gouverneur de la Mar-
tinique, l'invitant à modérer son action, à main-
tenir l'ordre sans arrestations et sans envoi de
gendarmes supplémentaires ou de gardes répu-
blicains en extra. Mais nous connaissons trop
M. Richard qui gouverne depuis deux am la
Martinique, pour croire un seul instant que ce
distingué fonctionnaire soit jaloux des tristes
lauriers guadeloupéens - de l'inénarrable Jocelyn-
Robert.
D'autre part la situation politique n'est pas
celle que M. Ludovic-Oscar Frossard indique.
Si les adversaires de M. J. Lagrosillière lui
reprochent beaucoup plus ses mauvaises affai-
res que ses votes au Parlement, il ne faut ou-
blier Léon Blum qui es.t saisi n'en aura gar-
de que M. Lagrosillière a quitté autrefois
le Parti socialiste unifié et qu'il n'était dans la
dernière législature inscrit à aucun groupe.
Quant à M. Séjourné. qui a une situation
personnelle consiclérable, il est ce n'est pas
là un blâme, mais une constatation /e secré-
taire du Comité des Intérêts Economiques à la
Martinique, et le représentant de M. Ernest
Billiet. En outre, son parti puise sa force dans
les formations politiques de droite, dont le vé-
néré M. Femand Clerc, ancien député et an-
cien sénateur, est depuis trente-cinq ans le chef
incontesté : c'est lui qui fit élire, en 1898, M.
- Denis Guibert à - la Martinique, sans qu'on, l'y
ait jamais vu, et il fut avec MM. Osman Du-
quesnay, député, et Jérémie Lemaire, Gouver-
neur, l'inspirateur de toutes les manœuvres anti-
républicaines à la Martinique.
Donc, ne mêlons pas le Parti républicain et
le Cartel des Gauches à des intérêts particuliers.
M. Ludovic-Oscar Frossard aurait dû le sa-
voir avant de s'embarquer. D'aucuns disent
qu'il est parti pour les Antilles; éclairé seule-
ment par M. Séjourné.
Nous n'en voulons rien croire.
Marcel Ruedel
RETOUR
---.0-
C'est seulement le 15 mai que M. le Gou-
verneur Général Antonetti, avec Mme Anto-
netti, s'embarqueront à Matadi, à bord du pa-
quebot Tchad, des Chargeurs Réunis, qui ar-
rivera à Bordeaux vers le 7 juin.
-40.
Aux Philippines
0-0-
Une loi sur la tenue des livres do com-
merce oblige lc-s étrangers à tenir leur
comptabilité en anglais, en espagnol ou en
tagal.
Loi négociants Chinois ont protesté et
grâce à l'appui de leur consul général
ils en ont fait retarder l'application jus-
qu'à ce que la Cour suprême ait pris une
décision. Celle juridiction a décidé que la
loi sur la ionue des livres de commerce
était conforme à la constitution et a con-
firmé la législation adoptée qui vise prin-
cipalement les ddainauts chinois dont plu-
sieurs milliers devront quitter les Pliilli-
pines si la Cour nnp-rômc n'adoucit pas la
loi en question.
Quelques maisons françaises et alleman-
des sont affectées par cette loi et ies Chi-
nois devront engager des comptables tra-
ducteurs, l'{' qui donnera dn travail aux
indigènes possédant une. certaine instruc-
tion.
11 serait à désirer qu'une mesure sem-
blable fut prise en Indochine et aux Ela-
blissemenls français de l'Oroonie pour
obliger les Chinois fi tenir leurs livres de
commerce en rrRnoiR, en anglais, en
annamite ou en tahitien.
LE CAnDIDA T DE BRonZE
00 -
M. Paul Jean-Baptiste, Antillais, est can-
didat aux élections municipales du quartier
Gaillon, contre M. Aucoc.
Il est de bronze par la couleur, selon une
assertion reproduite dans un spirituel article
de VŒuvre d'hier.
Il l'est, en tout cas, par le courage, comme
l'a attesté le général Mangin par cette let-
tre que l'on peut lire sur l'un des placards
diversement propitiatoires affichés place
Ventadour :
« Cher Monsieur,
« Vous me demandez de certifier que
vous avez servi sous mes ordres à Verdun :
vos blessures sont les meilleurs témoins de
votre présence au feu et de votre courage.
k Croyez, cher Monsieur, à l'expression de
ma bien cordiale sympathie. Il
Signé : CH. MANGIN.
Or, M. Aucoc crut expédient d'employer
un ton de condescendance ironique envers
ce Français de oouleur, engagé volontaire
et grand blessé de la guerre ; il l'invita
sans façon à s'en aller faire de la poli-
tique dans son pays d'origine.
Ce pourquoi M. Paul Jean-Baptiste traite
M. Aucoc de « patriote en chambre"
menue gentillesse de période électorale -
et lui rappelle très justement que les habi-
tants des Antilles sont Français depuis 300
ans et tout à fait fondés à considérer leur
« pays d'oiigine Il comme un « département
français u.
Qu'ad viendra-t-il de la compétition?
M. Aucoc a pour lui de pouvoir joindre
l'éloquence du geste à celle du verbe.
Si M. Paul Jean-Baptiste ne peut compter,
lui, que sur sa parole, c'est qu'il a laissé
ses deux bras à Verdun et voilà qui est
de la plus émouvante éloquence. -
Loin de nous la pensée de reprocher à
M. Aucoc d'être en possession de tous ses
membres, mais qu'il a donc été mal inspiré
en montrant ou c'est teut comme le
port d'embarquement à un colonial qui vou-
lut bien, au bénéfice du pays, faire ce troc :
ses bras contre la Légion d'Honneur, lai
médaille militaire et une croix à plusieurs
palmes 1
R. de Laromiguière
41»
Les colonies et la propagane bolcbeviste
M. Voline, premier secrétaire de l'am-
bassade des Soviets à Paris, assistant, ré-
cemment, a une réunion communiste orga-
nisée pour commémorer la mort de Sun-
Yat-Sen, aurait appelé « puissances oppri-
mées » les colonies françaises.
A la suite de cet incident, M. Briand, mi-
nistre des Affaires étrangères, u. reçu hier
M. Krassine, ambassadeur de Russie.
Le représeaitant de l'U. R. S. S. a aftirmé
que son collaborateur n'avait pas tenu les
propos incriminés et s'est défendu énergi-
queanent de touto propagande subversive
en France.
L'incident est donc jioo.
--
L'EXPOSITION
DES ARTS DÉCORATIFS
0
Afrique du Nord. Afrique Occidentale
française. Madagascar. Japon
Ceux qui aiment le contraste ne m'en vou-
dront pas de leur offrir aujourd'hui celui
qu'évoque immédiatement la lecture de notre
sous-titre. Mais la visite est encore trop rapi-
dement faite dans le grand pavillon de l'Afri-
que du Xorrl. Il comprend trois pays : Algé-
rie, Tunisie, Maroc.
On y admire les lignes sobres d'une archi-
tecture harmonieuse et de proportion agréa-
ble. Les plafonds offrent un travail cfillsidé-
rable de poutres finement seulptres. de motifs
composés avec soin ; les panneaux ajourés des
portes nous retiennent longuement -- travail
minutieux d'invention et d'exécution parfaite.
On imagine, des jeux de lumière et d'ombre
d'une fantaisie charmante à travers ce bois
de ---.,'., et fouillé s.i artistement.
Et dans la partie Tunisienne qui comprend
un intérieur de maison indigène adaptée aux
besoins de la v ie. moderne du Français qui de-
vrait l'habiter, la céramique est mise en valeur
avec pont et mesure. L eau claire d'une fon-
taine, au milieu de la cour intérieure, aura les
tons bleus et verts des carreaux choisis. M V.
Valensi, architecte-décorateur, diplômé de
l'Ecole des Beaux-Arts, préside à l'a r range-
ment de. tous les objets mobiliers ou décora-
tifs appelés à garnir l'ensemble. Les artisans
indigènes nous apporteront des spéeimens de
l'art du cuir et du plâtre fouillé, du tapis et
de la sparterie, rk la reliure, dentelles et tis-
sus accompagneront un ensemble très étudié.
Le pavillon africain est une réplique du pa-
lais élevé il Ahomey. Silhouette massive,
rouge, do style soudanais, quelque peu éton-
nante au hord île la Seine. La décoration exté-
rieure est constituée par des bas-reliefs, ani-
maux exotiques, masques étranges. A l'inté-
rieur,, deux grands panneaux décoratifs con-
sacrés. l'un à l'A. O. F. : la fête du Feu,
avec tout son cortège de rougeoiement diabo-
lique. l'autre l'A. E. F. : une scène de féti-
chisme au Congo; < e sont les œuvres de MM.
Cayun et nom(rl('-LJgaJ'.)t" Une, partie
spéciale du pavillon est consanée à Madagas-
car.
Toute une décoration aux tons vifs, rouge,
jaune et noir, couvre les murs qui reçoivent
encore quantités d'armes de formes inquiptan-
tes, de masques aux grimaces invraisembla»
blés. Dans un coin. une coiffure indigène en-
tièrement faite de coquillages enfilés suppose
une tête robuste, étant donné le poids de ce
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