Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-04-21
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 avril 1925 21 avril 1925
Description : 1925/04/21 (A26,N61). 1925/04/21 (A26,N61).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63969078
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VIN,GT.,%XIOME ANNBB. NO 61
LE NUMERO : 20 CENTIMES
MARDI SOIR, 21 AVRIL 1925
Les Annales Coloniales
es' dÀ nna- 0 A es
1 JOURNAL QUOTIDIEN
un AimCLU Puum PAR "LES ANNALES COLONIAL»- SONT LA PROPRIÉTÉ
UCLUSIVB DU JOUiIRAL
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Dirbctiurs 1 MAROeL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
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KMm et Admiaiilralteft 1 34, Rue du MOflt-T", PARIS.Jet TMfhm 1 LOUTRE 19-17
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On r»bom« dans ton !«• Bvtta do poste at euz 1m pnsdpani ObnirM
Les huiles d'animaux marins
- Les hulles n imaux mari9ns
J'ai sous les yeux une note particulièrement
intéressante d'un savant chimiste français, M.
E. André, phaimacien-chef des hôpitaux, spé-
cialisé dans l'étude des corps gras (situation
bien rare en France), point sur lequel la patrie
de Chevreul s'est laissée largement distancer
- par l'étranger). Cette étude montre tout le parti
qu'on peut tirer de l'utilisation des animaux
marins pour la production de l'huile. «Il existe,
dit M. André, en dehors des plantes oléifères,
une autre source de corps gras @ sur laquelle
l'attention des techniciens ne s'est pas suffi-
samment arrêtée jusqu'ici. Ce sont les animaux
marins. Les animaux marins les plus élevés
en organisation, les mammifères ont le corps
enveloppé d'une épaisse couche de lard, couche
isolante nécessaire à leur adaptation à la vie
aquatique : cétacés, pinnipèdes et siréniens. »
Ces grands animaux sont, depuis longtemps,
chassés dans les mers polaires arctiques. Ils
sont extrêmement abondants dans l'Antarctique,
où commencent à les capturer des flottilles de
pêches norvégiennes et britanniques ; les An-
glais, toujours en avance, ont déjà en vue de ti-
rer parti des ressources à cet égard, annexé des
terres polaires antarctiques. Les îles Falkland
du Sud, la terre de Grahatn, l'île Adélaïde.
et tout dernièrement la terre EdouarcUVII, la
terre Victoria, les îles Balleny et Scott ont été
rattachées à l'Empire britannique. On s'est sou-
venu en Angleterre que l'huile de baleine ou
de phoque a longtemps servi à l'éclairage de
Londres. Mais, actuellement, cette matière
grasse avec les progrès de la chimie moderne
trouve des emplois plus rémunérateurs, et l'huile
des grands cétacés et des phoques fait l'objet
d'un trafic de plus en plus important. Dans le
seul secteur de la Géorgie du Sud (Falklands),
on a capturé en 1921-1922 près de 7.000 cé-
tacés qui ont donné une valeur de 3.500 mil-
lions de produits.
Nous sommes loin de ces chiffres en France.
Et cependant, nous avons quelques possessions
dans le Sud de l'Océan Indien, dont, récem-
ment, les pouvoirs publics se sont préoccupés
enjea rattachant à notre grande colonie de Ma-
dagascar } ce sont les îles Saint-Paul et Ams-
terdam, les îles Crozet, récemment annexées,
et l'archipel des Kerguelen, dont on a pu voir
ces jours-ci de très beaux et très curieux films
à la séance solennelle de la Société d'Acclima-
tation présentant le découpage des côtes, l'as-
peict général du pays, les parcs nationaux de
conservation des espèces qui ont été délimités.
Aux Kerguelen, fonctionnent à Port-Jeanne-
d' Arc les Etablissements de la Compagnie Gé-
nérale des îles Kerguelen, Saint-Paul et Ams-
terdam, Société française concessionnaire du
droit de pêche dans les eaux territoriales de ces
îles. A l'aide d'un personnel surtout norvégien.
elle se livre à la capture des animaux et à la
fabrication de l'huile de phoque et de baleine.
A la dernière campagne connue (1922-1923),
elle a produit 22.000 tonneaux d'huile. Ces
parages sont de pl us, fréquentés par des équi-
nages de l'île Maurice et de la Réunion. On
signale qu'en 1923 un vapeur anglais, le Ve-
netta, y fit une fructueuse expédition.
Ce sont encore des Sociétés franco-norvé-
giennes qui se tivrent, dans des conditions ré-
munératrices, sur les côtes du Gabon et du
Moyen Congo, à la chasse des baleinoptères.
Mais la plupart des huiles produites ne vien-
nent pas en France, mais en Hollande, en
Norvège et en Angleterre (Glasgow).
En France, nous ne produisons qu'une fai-
ble quantité d'huile de sardine, comme sous-
produit de l'industrie des conserves, mais plu-
sieurs de nos colonies possèdent sur leur littoral
d'importantes ressources dont l'exploitation est
à peine organisée. Les bandes de sardines abon-
dent sur les côtes marocaines ; sur les côtes
d'Annam un hareng émigré, à certaines épo-
ques, en quantités innombrables ; des bancs fort
importants de petits poissons qui ne sont même
pas identifiés scientifiquement, vivent dans les
eaux des Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam.
Dans les parages de Saint-Pierre et Mique-
lon, la pêche de la morue est abondante. Mais
les naturalistes et les chimistes japonais ont
établi que chez certains squales, e foie prend
un développement extraordinaire. « On cite des
espèces chez lesquelles son poids atteint 30
du poidk total de l'animal, le tissu en est telle-
ment gorgé d'huile qu'on peut en retirer 80
du poids de l'organe entier. » Aussi le Japon
commence-t-il à produire des quantités sérieuses
d'huile de requin.
Dans nos colonies, où cependant les squales
sont extrêmement nombreux, rien ou presque
rien n'a été organisé. Cependant, à Djibouti,
une entreprise de pêche dès grands squales est
en voie de formation pour tirer parti de ces ani-
maux (alimentation, huile et cuir), dont on peut
voir d'intéressants spécimens au Laboratoire et
dans les collections si instructives de M. le
professeur Gruvel, au Muséum d'Histoire Na-
turelle.
Sur les côtes africaines, Maroc, Mauritanie,
il serait possible de produire d'énormes quanti-
tés d'huile de poisson. Les côtes d'Indochine
sont peut-être encore plus intéressantes à cet
égard. L'Indochine produit des quantités im-
portantes d'huile de poissons provenant soit de
a fabrication du fameux condiment, le nuoc-
nam, soit de la préparation de poisson salé et
séché ou do poisson en excédent de pêche.
Mais ces huiles, mal préparém, sont de qualité
médiocre et ne peuvent servir que comme com-
bustible.
Les lacs cambodgiens ne le cédait pas en
intérêt à cet égard aux côtes indochinoises.
Cest une véritable population de pêcheurs qui,
à la sbhhhi propice, e sur les lacs et cours
d'eau cambodgiens. Les déchets et les menus
fretins de pêche servent à la fabrication de
l'huile qui pourrait être considérablement aug-
mentée.
Les huiles de poissons de l'Annam et du
Cambodge n'ont pour ainsi dire pas été étu-
diées. Une seule analyse a été faite. « La cha-
leur de combustion est de 9.500 calories, com-
parable à celle des autres huiles et grasses. »
Quelques tentatives d'utilisation pour la savon-
nerie ont eu lieu à Marseille La Société des
Moteurs Aster a procédé, avec des résultats
satisfaisants, à des essais sur des moteurs
semi-Diesel montés en groupes propulseurs
pour la navigation. Le Gouvernement Gé-
néral de l'Indochine a marqué son attentiot
pour cette question de l'huile des animaux ma-
rins en organisant et en dotant un service
d'océanographie et des pêches. Elle présente,
en tout cas, pour la France, un intérêt évident,
puisque nous tirons de l'étranger la presque
totalité du pétrole qui nous est nécessaire. Or,
les recherches scientifiques sur l'origine du pé-
trole tendent vers cette conjecture que le pétrole
est d'origine animale marine. Les chimistes ja-
ponais s efforcent de transformer industriel e.
ment en « carbures d'hydrogène légers et vola-
tils » les huiles de poisson que leur pays produit
en quantités de plus en plus considérables.
« Leurs recherches antérieures ont amené la
découverte de carbures voisins de ceux qui exis-
tent dans le pétrole, dans certaines huiles de
foies de squales. Certains «représentants de ce
groupe d'animaux marins transforment en pé-
trole les corps gras contenus dans les proies
dont ils se nourrissent ; ils réalisent facilement
et à basse température une tiansformation que
la chimie n'est parvenue à réaliser que depuis
peu par des moyens brutaux et violents. »
Cette constatation montre l'intérêt que pré-
sentent pour notre pays les richesses ichtyologi-
ques de nos côtes et de nos mers coloniales, le
parti qu'on en peut tirer pour le plus grand
bien de notre économie nationale. Encore l'uti-
lisation de ces matières premières soulève-t-elle
de nombreux problèmes auxquels la science chi-
mique française doit A* attacher. Il est du plus
haut intérêt de lui en donner les moyens. Des
efforts ont été déjà faits en ce sens. 1. 'Indo-
chine a organisé et fait fonctionner un orga-
nisme de recherches océanographiques. Diffé-
rentes colonies aident financièrement le labora
toire des matières animales au Museum d'His-
toire Naturelle que dirige avec tant d'activité
et de compétence l'éminent professeur Gruvel,
laboratoire qui a déjà rendu de gran ds services
et est appelé à en rendre de plus grands en-
core. Mais ce n'est pas suffisant, et il est né-
cessaire de compléter l'action déjà entreprise
pour l'utilisation des richesses marines colonia-
les. On n'entreprend rien de durable sans une
base scientifique certaine. C'est en partant de
la science qu'il faut étudier les matières gras-
ses coloniales, celles d'origine végétale, comme
celles d'origine animale marine, ces dernières
trop peu connues et partant, trop négligées. Ces
études représentent non seulement un intérêt
scientifique, mais aussi un intérêt pratique immé-
diat. Il est temps d'organiser sur une large
base, à grand rendement, ces recherches scien-
tifiques et les études chimiques figurent au pre-
mier rang de ces recherches.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
0.
L' AVIATION COLONIALE
---0-0- ,.
Le navigraphe
Dans sa séance d'hier, l'Académie des
Sciences a entendu M. Laubeuf rolaïer les
importants services rendus à la misojan
de Goys par le navigraphe. Cet appa.reil,in-
vontô par le capitaine de corvette Le
Prieur, permet de contrôler la force du
vent, de calculer exactement la dériv-e et de
régler en conséquence 'la marche des
avions.
GrELee au navig.raphe,la mission de Goys
a pu ilravevser la Méditerranée avec un
écart -de 1 seulement sur le trajet prévu.
Au dessus du Sahara, des étapes de 320
kilomètres et de 450 kilomètres ont été ter-
minées respectivement avec des écarts de
1 et de 4 kilomètres. A la boussole, étant
donné les vents rencontrés, ces m'mes
écarts auraient été de 65 et de 13 kilo-
mètres.
Ces cîiiffres font ressortir le considérable
intérêt de l'appareil « Le Prieutr », pour
r aviation à longs parcours.
AU MAROC
L'inauguration de la gare de Rabat. -
La roire de Casablanca. - La situa-
tion économique.
Mardi 21 avril.
Aujourd' hui, a eu lieu solennellement l'inau-
guration de la gare de Rabat. Une grande af-
jltrcnce de personnes assistait à cette cérémonie.
La joire annuelle de Casablanca vient égale-
ment de s'ouvrir dans les meilleures conditions.
La sitaalton générale du protectorat, en progrès
sur Fan dernier, est bien meilleure qu il y a
deux ans. L'activité économique se développe
à nouveau normalement. La récolte des orges,
à distance da littoral, s'annonce superbe. La
plaie qui est tombée à nouveau à la fin de la
semaine dernière permet d'espérer que la ré-
coite des blés sera aussi brillante que l'utuiêt
dernière,
(Par dépêche.)
Le pétrole à Madagascar
--0-0--
Les Annales Coloniales
tout récemment et moi-
même dans le numéro du
17 octobre 24, j'ai signalé
à la sollicitude des fou-
voirs publics et à l'atten-
tion de tous ceux qui sont
susceptibles de s y inté-
resser la question du fè-
trole à Madagascar, estimant- que des indices
éminemment sérieux justifiaient et récla-
maient les plus sérieuses recherches.
L'Imite précieuse joue un rôle trop essen-
tiel dans le monde pour que ce ne soit pas
un devoir éminent de ne rien négliger de ce
qui peut alléger pour la France la charge
énorme des sacrifices quelle doit faire pour
s'en procurer et de ce qui peut aussi lui évi-
ter la crainte angoissante d'être privée en
certaines circonstances de cet élément, devenu
essentiel, de la vie d'une nation.
Quel avantage ne serait-ce pas Pour notre
industrie, pour notre marine chez qui les mo-
teurs à pétrole tendent de plus en plus à
remplacer la machinerie à houille, pour no-
tre sécurité nationale, que de trouver chez
nous, que d'avoir chez nous ce produit que
les grandes puissances se disputent si âpre-
ment à travers le monde.
Aussi avons-nous enregistré avec plaisir les
déclarations faites récemment devant les
membres de VAssociation des Anciens Elè-
ves de la Faculté des Sciences de Paris par
un de leurs camarades, M. Grégoire, ancien
élève de l'Ecole Polytechnique, docteur en
droit, ingénieur conseil.
Le conférencier a exposé les résultats de
la mission qui, lui avait confiée la Compagnie
Minière des pétroles de Madagascar et qui
consistait à étudier les gisements de Bemou-
lang.
Sans nous arrêter, malgré son intérêt, à la
partie descriptive et pittoresque de la confé-
rence, examinons immédiatement les conclu-
sions techniques formulées. M. Grégoire a
vu dans la région de Bemoulang des gise-
ments de grès bitumineux considérables. Il
n'ose pas en évaluer la masse mais avant lui,
plus audacieux, M. Toulouse, contrôleur des
mines, n'a pas hésité à la chiffrer par plul
de 100 millions 'de tonnes.
Les appréciateurs compétents pensent que
ces grès sont le vestiges d'un ancien gise-
ment pétrolifère immense évaporé à travers
- les sicles.
Cinquante kilos de ces grès rapportés de
Madagascar ont donné, à Vanalyse, une te-
neur d'hydrocarbures de 8 lesquels sou-
mis cux-mêmes à une distillation fractionnée
ont fourni 4,32 d* essence et 11,87 de
lampants, ceux-ci et celle-là étant au moins
égaux, pour la qualité, aux produits de la
Standard Oil,
M. Grégoire croit qu'il doit exister, au
nord de Bemoulang, dans la région du cap
Saint-André, des gisements importants de
pétrole mais estime que l'on ne pourrait s'en
assurer qu'en procédant à des sondages.
De toute sa conférence dont je ne retiens
que les données essentielles, il résulte que Ma-
dagascar peut offrir des réserves de pétrole
qui paraissent considérables.
Nous insistons pour que les pouvoirs pu.
blics adoptent enfin une politique pétrolifère
résolue et surtout constante, organisent les
travaux de lechcrche et d?exploitation qui
doivent en procurer le bénéfice à la France,
soit par leur intervention directe, soit en se
substituant des compagnies concessionnaires
sur lesquelles ils réserveront à l'Etat un droit
de contrôle et une participation.
De nombreuses questions acQessoires vien-
nent, hélas, compliquer le problème. Ce n'est,
pas tout que de découvrir des gisements de
pétrole. Le transport dans l'intérieur de l'île,
puis l'exportation en France constituent une
grave difficulté. Dans le pays, Vautomobi-
lisme doit fournir la solution d'autant plus
aisément que le produit même dont il devra
effectuer le déplacement deviendra Valiment
de sa propre vie. Quant h la partie maritime
du programme, ce n'est pas seulement pour
le pétrole de M adagascar quelle se pose,
mais aussi pour la plupart des produits d,?
nos colonies. Le besoin ayant toujours créé
l'organe, il faudra bien que Véconomie po-
litique et la science réunies résolvent cette
équation dans un proche avenir.
Pierre Taittinger,
Députb de Paris, Vice président
de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats.
-080
Départ du duc de Brabant
Le prince Ldopold quitte aujourd'hui la
Belgique, à bord de YAnversville, pour se
rendre au Congo.
Le roi, la reine et la princesse Marie-José,
ainsi que des membres du Gouvernement et
de nombreuses personnalités, Ce sont rendus à
Anvers pour accompagner le prince jusqu'au
bateau.
a 'l"
TAUX OFFICIEL DE LA ROUPIE
DANS L'INDE
-o-
Le Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans l'Inde vient de faire connaître au
ministre des Colonies qnà la date du 17
avril 1925 le taux officiel de la rqopie était
de 6 Ht, 65.
Le port fluvial de Brazzaville
Le Brazzaville-Océan est en bonne voie
d'exécution, 150 kilomètres de plateforme sont
actuellement terminés, et les chantiers de tête,
tant du côté de Pointe-Noire que du côté de
Brazzaville, progressent régulièrement.
Mais Ici chemin de fer-doit être complété par
deux organismes indispensables, pour jouer, au
mieux des intérêts du commerce, le rôle éco-
nomique qui lui est dévolu : à Pointe-Noire, un
port maritime, et à Brazzaville un port fluvial,
tous deux assez bien outillés pour répondre à
toutes les nécessités du trafic, voyageurs et
marchandises.
A Pointe-Noire, en attendant la construction
d'un port en eau calme, on va construire un
wharf en béton armé susceptible de suffire aux
besoins durant les premières années qui suivront
la mise en exploitation du chemin de fer. Le
projet vient d'être approuvé par le Comité des.
Travaux publics des Colonies.
Les choses sont moins avancées en ce qui
concerne Brazzaville. L'aménagement d'un port
fluvial y a été étudié en 1911 par la mission
hydrographique Congo, Oubangui, Sangha, di-
rigée par l'ingénieur hydrographe Roussilhe.
Elle avait fait choix, pour la construction des
quais, l'installation des docks et de la gare flu-
viale de la partie de la rive du fleuve sur un
kilomètre de développement environ, située à
l'extrémité nord-est de la ville, immédiatement
en amont de la concession dite hollandaise, face
à l'île M'Bomou.
Cet emplacement était reconnu le meilleur
en raison des avantages suivants : grands fonds
à proximité de la rive, absence de bancs de
sable, rive saine facilement accessible par la
voie ferrée ; éloignement des chutes, abri rela-
tif contre les tornades donné par M'Bomou.
Malgré les avantages incontestés de ce choix,
aucune décision définitive n'avait encore été
prise jusqu'à ce jour, et cela parce que les ter-
rains situés entre le futur port et la ville, les
plus intéressants pour les installations commer-
ciales, appartenaient en toute propriété à une
Société hollandaise, dont la concession mesurait
33 hectares d'un seul tenant.
Cette Société ayant cédé tous ses droits à
une Société anonyme belge dite « Interfina », le
Gouverneur Général de l'Afrique Equatoriale
Française, M. Antonetti, a été assez heureux
pour réaliser avec les dirigeants de cette der-
nière un accord qui dégage largement le futur
port : la Société « Interfina » a cédé gratuite-
ment à la colonie une parcelle d'environ 14
hectares située sur la rive, immédiatement en
aval du port projeté. En échange, la colonie a
cédé à la Société un terrain de 2 hectares à
Pointe-Noire, et un terrain d'un hectare à Ban-
gui. En outre, la Société s'engage à ériger sur
ces terrains, dans un délai de quatre ans, des
immeubles pour une valeur minimum de deux
millions cinq cent mille francs, dont un million
cinq cent mille au moins à Pointe-Noire.
Maintenant que l'emplacement du port fluvial
de Brazzaville est définitivement fixé grâce à
l'esprit de décision du Gouverneur Général
Antonetti, il importe que l'établissement dès
projets définitifs soit vivement poussé et que les
travaux soient adjugés au plus tôt. Les installa-
tions du port fluvial et celles du port maritime
de Pointe-Noire doivent être mises en service
en même temps que le chemin de fer Brazza-
ville-Océan pour le plus rapide développement
économique de nos possessions du Congo.
Leprince de galles dans
---0-0--
Le prince de Galles, qui vient d'arriver à
Kano, en Nigeria, continue sa visite des pos-
sessions africaines de l'Angleterre, au milieu
des fêtes organisées en son honneur.
Le 4 avril, le Repu/se, cuirassé d'escadre, à
bord duquel voyage le prince héritier, mouillait
devant Bathurst, capitale de la Gambie an-
glaise.
La ville de Bathurst était toute ensoleillée
lorsque le prince débarqua en compagnie du
capitaine Armitage, Gouverneur de la Colo-
nie, qui était allé le saluer en haute mer, à
bord de son yacht. Les enfants avaient été pla-
cés près du wharf et mani festaient leur joie
par leurs applaudissements. Les chefs du Pro-
tectorat, dont la plupart visitaient Bathurst pour
la première fois, témoignèrent à l'héritier du
trône britannique leur loyalisme.
Le prince, ensuite, visita le Cénotaphe, où
toute la population, que l'on pouvait évaluer à
10.000 personnes, l'escorta dans une procession
triomphale. Passant ensuite la revue des trou-
pes, il questionna les soldats sur leur partici-
pation à la Grande Guerre et sur leur bien-être
actuel. Six adresses, émanant de chaque fraction
de la communauté, lui furent présentées. Aux
souhaits de bienvenue du Gouverneur, il répon-
dit qu'il regrettait le peu de dur ée de son sé-
jour dans la colonie, mais que l'accueil de la
Gambie était d'un bon augure pour le reste de
son voyage.
Le 6 avril, le Repulse a jeté l'ancre au large
du Sierra-Leone. Lorsque le prince débarqua
avec le Gouverneur, sir Ransford Slater, il y
eut un enthousiasme intense ; la bienvenue fut
d'abordl souhaitée par les canons de la vieille
et fidèle colonie. Après avoir reçu t'adresse du
Conseil législatif, le prince salua les chefs du
Sterm-Leone, dont plusieurs furent décores de
la médaille du roi. Les réceptions terminées, il
inaugura l'école de chimie et l'Exposition
d'Agriculture, puis il passa en revue les enfants
des écoles avant de s'embarquer pour la Gold.
Coast, où il a séj ourné du 9 au 12 avril, avant
de se rendre à Lagro.
EN COCHINCHINE
La maln-Q'œUyrR dans les plantations (Ma
le
Les premières plantations en terres grises
n'ont pas nécessité beaucoup de coolies ou de
travailleurs parce qu'elles étaient naturelle-
ment très modestes, d'autre part, comme elles
étaient situées à proximité de centres d'habi-
tations, la question de la main-d'œuvre ne se
soulevait pas pour elles. Mais, dès que l'élan
vers la culture des hevéas se fût accentué
et que les planteurs, de plus en plus nom-
breux, eurent été dans la nécessité de recher-
cher, toujours plus loin, les terrains qu'ils
voulaient mettre en valeur, la question de la
main-d'œuvre commença à se poser d'une fa-
çon plus impérative. Les éléments disponibles
dans les régions élevées furent alors rapide-
ment épuisés. Les planteurs furent obligés
de s'adresser à la population du delta. Mais,
en dehors des répugnances que celle-ci éprou.
vait d'aller s'installer, même momentané-
ment, avec des salaires plus élevés, dans des
régions qu'elle considérait comme insalu-
bres et dangereuses,on dut reconnaître qu'elle
était à peine suffisante pour assurer la mise
en valeur des régions déjà existantes et ten-
ter le défrichement des vastes étendues que
l'administration mettait à sa disposition, par-
ticulièrement du côté de Rachgia et de Ba-
clieu. On a pu alors recruter des travailleurs
dans les provinces de l'Annam limitrophes de
la Cochinchine. Mais celles-ci ne sont pas ex-
trêmement peuplées et comptent seulement
une population de pêcheurs assez inaptes aux
travaux de la terre. Enfin, quand les colons
de ces provinces ont tenté eux-mêmes la cul-
ture de l'hevéa, et ils l'ont fait sur des su-
perficies assez grandes, ils ont gardé pour eux
les coolies disponibles.
Quand de grandes Sociétés ont commencé à
se monter, comme celles de Suzannah, de Xa-
trach, de Xacan, d'Anloc, etc., on dut se dé-
cider à tenter le recrutement des travailleurs
dans le Nord-Annam et le Tonkin. Mais ces
pays sont très éloignés de la Cochinchine et
les voies de communication et surtout les
moyens de transport laissent beaucoup à dési-
rer. Les Annamites du Nord-Annam et du
Tonkin ne sont pas absolument réfractaires
à une immigration vers le sud de la péninsule
indochinoise, surtout si on leur offre des sa-
laires rémunérateurs. Cependant, l'éloigne-
ment de leurs villages et de leurs familles
n'est pas sans leur causer certaines appréhen-
sions et la traversée les effraye. Enfin, en
dépit des contrats que l'on peut passer avec,
eux, ils ne savent pas trop comment ils se-
ront traités la-bas et s'ils ne seront pas rc-
tenus un jour contre leur gré. Toutes ces
difficultés ne surgiraient pas, évidemment, si
le Transindochinois était terminé et s'il s'éta-
blissait un courant régulier entre les états du
nord et du sud. Alors, les déplacements se-
raient beaucoup plus faciles et plus fré-
quents.
Dans les débuts, le recrutement des coolies
dans les pays du nord n'a pas présenté, les ga-
ranties désirables et les planteurs de Cochin-
chine, qui payaient très cher, n'ont pas eu
toujours beaucoup de satisfaction. Les tra-
vailleurs qu'ils recevaient n'avaient ni les
conditions de santé ni les aptitudes physiques
nécessaires, ni même la mentalité convenable.
En plus des désertions, il se produisait aussi
des déchets dont les colons ou les Sociétés
supportaient tous les frais.
Plus tard, toutes ces petites imperfections
ont disparu ou sont devenues plus rares, car
les planteurs de Cochinchine ont envoyé au
Tonkin des représentants sérieux qui se sont
ingéniés à recruter dans les provinces les plus
peuplées, entre autres celle de Thoi Binh,
une véritable sélection agricole. Ce ne sont
plus des individus, mais des familles que
l'on a ainsi transplantées on Cochinchine, qui
ont pu former de vrais villages sur les plan-
tations. Cette façon de procéder était assu-
rément encore plus coûteuse, mais elle don-
nait, en revanche, aux colons et aux Sociétés
de nouvelles garanties et assurait la. mise en
valeur et le parfait entretien de leur domaine.
Grâce à toutes ces dispositions, la pénurie
de la main-d'œuvre ne s'est plus fait sentir.
D'ailleurs, les mesures qui ont été prises par-
tout pour le bien-être et le confort des tra-
vailleurs, les sacrifices de toutes sortes que
les planteurs ont consentis en leur faveur ont
eu une. heureuse répercussion. D'autre part,
les concessions, même les plus éloignées, sont
maintenant toutes très bien reliks à Saigon
ou aux grands centres voisins par des routes
ou de larges voies, avec des moyens de trans-
port rapide. KUes ne sont pas du tout isolées
comme on pourrait le supposer, et les Anna-
mites qui y trava.illent savent fort bien, au-
jourd'hui, qu'ils n'y sont pas enfermés com-
me des prisonniers, loin des leurs.
Enfin, il n'est pas inutile de faire remar-
quer que les planteurs de caoutchouc sont
parvenus à civiliser les peuplades « mois 1).
qui vivaient comme des sauvages dans les
hautes régions du delta, rejetant toute con-
trainte. et tout travail. Ils refusaient d'avoir
tout contact et toute relation avec les Anna-
mites, leurs ennemis héréditaires. Humanisés
par les bons soins de nos colons et accessibles
à bien des petits avantages de notre civilisa-
tion, ils consentent aujourd'hui n travailler
et fournissent un effort à peu près égal à ce-
lui des Annamites du Tonkin, de l'Annam ou
de la Cochinchine.
Si l'exploitation du caoutchouc arrive à pren-
are une extension encore Deaucoup plus con-
sidérable, ce qui est fort possible, puisqu'il
reste encore 2 ou 3 millions d'hectares de ter-
rains favorables à cette culture, surtout en
terres rouges, le recrutement des coolies serait
assurément plus malaisé, mais ne serait cer-
tainement pas un obstacle insurmontable
pour les nouveaux colons ou les nouvelles Sou
ciétés. D'abord, l'achèvement du Transindo-
chinois dont les travaux vont être repris, ne
manquera pas d'amener un afflux d'émi-
grants des provinces surpeuplées du nord.
D'autre part, on pourra peut-être faire appel
avec succès à la main-d'œuvre de quelques
pays voisins.
Les travailleurs chinois ne manqueraient
pas de répondre à notre appel si on leur of-
frait les mêmes avantages que dans la pres-
qu'île malaise. Certaines provinces de la Chi-
ne fournissent une main-d'œuvre tout à fait
appréciable. Swatow surtout envoie des tra-
vailleurs à Sumatra et cette île compte en
permanence plus de 200 à 250.000 chinois qui
contribuent au développement de sa richesse.
La Cochinchine pourrait, au besoin, aller
chercher là.bas la main-d'œuvre qui lui man-
que et cela d'autant plus facilement que de
l'Indochine dépend le territoire de Kuang-
Tchéou-Wan, qui renferme en abondance une
population agricole très laborieuse et peu
exigeante.
La Cochinchine a aussi à proximité de ses
côtes l'île de Java qui est surpeuplée et qui
a déjà fourni d'excellents coolies aux îles
voisines de Sumatra, de Bornéo et des Céle-
bes. Elle pourrait s'adresser à elle. D'ail-
leurs un essai a été tenté avec succès par une
des plus importantes Sociétés de Cochinchi-
ne qui a pu installer dans sa plantation de
Locninh un millier de Javanais, répartis en
quelques villages.
Enfin, à côté de ces engagements fixes"
on pourrait trouver une solution imitée de la
méthode pratiquée par les Anglais dans lai.
presqu'île de Malacca, qui n'a pas de main-
d'œuvre agricole indigène. Elle est fournie
par des Chinois qui viennent travailler d'eux-
mêmes, sans engagement préalable, ou par
des Hindous de la région de Négapatam
(Sud de l'Inde), qui sont recrutés par un
Kangany, simple surveillant auquel le plan-
teur a donné une licence de recrutement. De
Négapatam à Port Swchcnham (presqu'île
de Malacca), il y a six jours de navigation.
Tous les quinze jours, un bateau fait le tra-
jet et amène un millier de "nohos au plus.
Une maison de. Xégapatam donne, pour le
compie des planteurs de légères avances aux
Kanganys. Cette maison contrôle l'em-
barquement des ouvriers. T.e passage de ces
ouvriers recrutés par les plantations est payé
par le Gouvernement, qui en trouve la com-
pensation dans un impôt par tète d'ouvrier
employé aiir la. plantation. Les ouvriers
n'ont à prendre aucun engagement que le
remboursement des très légères avances con-
senties et l'obligation de donner un préavis
d'un mois au planteur qu'ils désirent quitter,
Ce système tout à fait lihre a. suffi, pa-
raît-il, à assurer la bonne marche des gran-
des exploitations de caoutchouc de l'île de
Sumatra. TI se ramène en somme, à cette
idée que lorsque des travailleurs sont assurés
de trouver dans un pays une rémunération
avantageuse de leur travail, ils sont tout dis-
posés à y venir .si on leur en favorise les
moyens. Si donc la Cnchinchine devient un
jour, comme nous sommes portés à le croire,
un grand centre florissant d'exploitation de
caoutchouc, la. main-d'œuvre ne lui fera pas
défaut.
- te,
Au Congo belge
-00
La maladie du sommeil
Le Gouvernement belge vient de faire
savoir au secrétaire général de la Société
des Natioais qu'il est favorable à la convo-
cation d'une conférence sur la maladie du
sommeil et qu'il a désigné à cet effet com-
me son représentant Je docteur Emile Van
Campcnhout.
Au mois d'octobre dernier, dans sa réu-
nion de Home, le Conseil avait décida dc-
deniiTiider aux l'la convocation éventuelle d'une conférence
des i-éprêsenlunls des administrations colo-
niales chargée d'examiner, an point de vue
administratif et financier, la possibilité d'en-
voyer sur place une mission de spécialistes
pour étudier la maladie du sommeil. Cette
conférence devrait, en outre envisager les
moyens pratiques d'une liaison entre lea
administrations des" différents territoires de
l'Afrique éqnaloriale, ainsi qu'entre les
administrations sanitaires de ces pays, afin
de définir les zones contaminées, les migra-
lions de ]n population et les endroits où se
trouvent le'5"mouches tsé-lsé.
La production de l'or
L'an dernier, les mines de Kilo-Moto ont
produit :Ui(y,) kilos 804 grammes d'or, soit
159 kilos 302 grammes de plus qu'en 1923,
ou 14.6 pour cent en plus.
Les ,résp.rvcs d'or au 1er janvier de cetto
année se montent H. 26.000 kilos.
Les réserves d'or à Kilo-Moto au 1OT jan-
*
vier dernier. représcnTent une valeur da
358.800.000 francs français.
LE NUMERO : 20 CENTIMES
MARDI SOIR, 21 AVRIL 1925
Les Annales Coloniales
es' dÀ nna- 0 A es
1 JOURNAL QUOTIDIEN
un AimCLU Puum PAR "LES ANNALES COLONIAL»- SONT LA PROPRIÉTÉ
UCLUSIVB DU JOUiIRAL
ImAnnmctt^RMtmnmnirtçim eu* Bontmx 4uj9mmtlttdmu UêAgmem Aftltel
Dirbctiurs 1 MAROeL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
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KMm et Admiaiilralteft 1 34, Rue du MOflt-T", PARIS.Jet TMfhm 1 LOUTRE 19-17
Da H I Mil I wk
1 $ Frone$$t Colonie*. 10.. » 15 »
( Étranger 1M » a 9 M »
On r»bom« dans ton !«• Bvtta do poste at euz 1m pnsdpani ObnirM
Les huiles d'animaux marins
- Les hulles n imaux mari9ns
J'ai sous les yeux une note particulièrement
intéressante d'un savant chimiste français, M.
E. André, phaimacien-chef des hôpitaux, spé-
cialisé dans l'étude des corps gras (situation
bien rare en France), point sur lequel la patrie
de Chevreul s'est laissée largement distancer
- par l'étranger). Cette étude montre tout le parti
qu'on peut tirer de l'utilisation des animaux
marins pour la production de l'huile. «Il existe,
dit M. André, en dehors des plantes oléifères,
une autre source de corps gras @ sur laquelle
l'attention des techniciens ne s'est pas suffi-
samment arrêtée jusqu'ici. Ce sont les animaux
marins. Les animaux marins les plus élevés
en organisation, les mammifères ont le corps
enveloppé d'une épaisse couche de lard, couche
isolante nécessaire à leur adaptation à la vie
aquatique : cétacés, pinnipèdes et siréniens. »
Ces grands animaux sont, depuis longtemps,
chassés dans les mers polaires arctiques. Ils
sont extrêmement abondants dans l'Antarctique,
où commencent à les capturer des flottilles de
pêches norvégiennes et britanniques ; les An-
glais, toujours en avance, ont déjà en vue de ti-
rer parti des ressources à cet égard, annexé des
terres polaires antarctiques. Les îles Falkland
du Sud, la terre de Grahatn, l'île Adélaïde.
et tout dernièrement la terre EdouarcUVII, la
terre Victoria, les îles Balleny et Scott ont été
rattachées à l'Empire britannique. On s'est sou-
venu en Angleterre que l'huile de baleine ou
de phoque a longtemps servi à l'éclairage de
Londres. Mais, actuellement, cette matière
grasse avec les progrès de la chimie moderne
trouve des emplois plus rémunérateurs, et l'huile
des grands cétacés et des phoques fait l'objet
d'un trafic de plus en plus important. Dans le
seul secteur de la Géorgie du Sud (Falklands),
on a capturé en 1921-1922 près de 7.000 cé-
tacés qui ont donné une valeur de 3.500 mil-
lions de produits.
Nous sommes loin de ces chiffres en France.
Et cependant, nous avons quelques possessions
dans le Sud de l'Océan Indien, dont, récem-
ment, les pouvoirs publics se sont préoccupés
enjea rattachant à notre grande colonie de Ma-
dagascar } ce sont les îles Saint-Paul et Ams-
terdam, les îles Crozet, récemment annexées,
et l'archipel des Kerguelen, dont on a pu voir
ces jours-ci de très beaux et très curieux films
à la séance solennelle de la Société d'Acclima-
tation présentant le découpage des côtes, l'as-
peict général du pays, les parcs nationaux de
conservation des espèces qui ont été délimités.
Aux Kerguelen, fonctionnent à Port-Jeanne-
d' Arc les Etablissements de la Compagnie Gé-
nérale des îles Kerguelen, Saint-Paul et Ams-
terdam, Société française concessionnaire du
droit de pêche dans les eaux territoriales de ces
îles. A l'aide d'un personnel surtout norvégien.
elle se livre à la capture des animaux et à la
fabrication de l'huile de phoque et de baleine.
A la dernière campagne connue (1922-1923),
elle a produit 22.000 tonneaux d'huile. Ces
parages sont de pl us, fréquentés par des équi-
nages de l'île Maurice et de la Réunion. On
signale qu'en 1923 un vapeur anglais, le Ve-
netta, y fit une fructueuse expédition.
Ce sont encore des Sociétés franco-norvé-
giennes qui se tivrent, dans des conditions ré-
munératrices, sur les côtes du Gabon et du
Moyen Congo, à la chasse des baleinoptères.
Mais la plupart des huiles produites ne vien-
nent pas en France, mais en Hollande, en
Norvège et en Angleterre (Glasgow).
En France, nous ne produisons qu'une fai-
ble quantité d'huile de sardine, comme sous-
produit de l'industrie des conserves, mais plu-
sieurs de nos colonies possèdent sur leur littoral
d'importantes ressources dont l'exploitation est
à peine organisée. Les bandes de sardines abon-
dent sur les côtes marocaines ; sur les côtes
d'Annam un hareng émigré, à certaines épo-
ques, en quantités innombrables ; des bancs fort
importants de petits poissons qui ne sont même
pas identifiés scientifiquement, vivent dans les
eaux des Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam.
Dans les parages de Saint-Pierre et Mique-
lon, la pêche de la morue est abondante. Mais
les naturalistes et les chimistes japonais ont
établi que chez certains squales, e foie prend
un développement extraordinaire. « On cite des
espèces chez lesquelles son poids atteint 30
du poidk total de l'animal, le tissu en est telle-
ment gorgé d'huile qu'on peut en retirer 80
du poids de l'organe entier. » Aussi le Japon
commence-t-il à produire des quantités sérieuses
d'huile de requin.
Dans nos colonies, où cependant les squales
sont extrêmement nombreux, rien ou presque
rien n'a été organisé. Cependant, à Djibouti,
une entreprise de pêche dès grands squales est
en voie de formation pour tirer parti de ces ani-
maux (alimentation, huile et cuir), dont on peut
voir d'intéressants spécimens au Laboratoire et
dans les collections si instructives de M. le
professeur Gruvel, au Muséum d'Histoire Na-
turelle.
Sur les côtes africaines, Maroc, Mauritanie,
il serait possible de produire d'énormes quanti-
tés d'huile de poisson. Les côtes d'Indochine
sont peut-être encore plus intéressantes à cet
égard. L'Indochine produit des quantités im-
portantes d'huile de poissons provenant soit de
a fabrication du fameux condiment, le nuoc-
nam, soit de la préparation de poisson salé et
séché ou do poisson en excédent de pêche.
Mais ces huiles, mal préparém, sont de qualité
médiocre et ne peuvent servir que comme com-
bustible.
Les lacs cambodgiens ne le cédait pas en
intérêt à cet égard aux côtes indochinoises.
Cest une véritable population de pêcheurs qui,
à la sbhhhi propice, e sur les lacs et cours
d'eau cambodgiens. Les déchets et les menus
fretins de pêche servent à la fabrication de
l'huile qui pourrait être considérablement aug-
mentée.
Les huiles de poissons de l'Annam et du
Cambodge n'ont pour ainsi dire pas été étu-
diées. Une seule analyse a été faite. « La cha-
leur de combustion est de 9.500 calories, com-
parable à celle des autres huiles et grasses. »
Quelques tentatives d'utilisation pour la savon-
nerie ont eu lieu à Marseille La Société des
Moteurs Aster a procédé, avec des résultats
satisfaisants, à des essais sur des moteurs
semi-Diesel montés en groupes propulseurs
pour la navigation. Le Gouvernement Gé-
néral de l'Indochine a marqué son attentiot
pour cette question de l'huile des animaux ma-
rins en organisant et en dotant un service
d'océanographie et des pêches. Elle présente,
en tout cas, pour la France, un intérêt évident,
puisque nous tirons de l'étranger la presque
totalité du pétrole qui nous est nécessaire. Or,
les recherches scientifiques sur l'origine du pé-
trole tendent vers cette conjecture que le pétrole
est d'origine animale marine. Les chimistes ja-
ponais s efforcent de transformer industriel e.
ment en « carbures d'hydrogène légers et vola-
tils » les huiles de poisson que leur pays produit
en quantités de plus en plus considérables.
« Leurs recherches antérieures ont amené la
découverte de carbures voisins de ceux qui exis-
tent dans le pétrole, dans certaines huiles de
foies de squales. Certains «représentants de ce
groupe d'animaux marins transforment en pé-
trole les corps gras contenus dans les proies
dont ils se nourrissent ; ils réalisent facilement
et à basse température une tiansformation que
la chimie n'est parvenue à réaliser que depuis
peu par des moyens brutaux et violents. »
Cette constatation montre l'intérêt que pré-
sentent pour notre pays les richesses ichtyologi-
ques de nos côtes et de nos mers coloniales, le
parti qu'on en peut tirer pour le plus grand
bien de notre économie nationale. Encore l'uti-
lisation de ces matières premières soulève-t-elle
de nombreux problèmes auxquels la science chi-
mique française doit A* attacher. Il est du plus
haut intérêt de lui en donner les moyens. Des
efforts ont été déjà faits en ce sens. 1. 'Indo-
chine a organisé et fait fonctionner un orga-
nisme de recherches océanographiques. Diffé-
rentes colonies aident financièrement le labora
toire des matières animales au Museum d'His-
toire Naturelle que dirige avec tant d'activité
et de compétence l'éminent professeur Gruvel,
laboratoire qui a déjà rendu de gran ds services
et est appelé à en rendre de plus grands en-
core. Mais ce n'est pas suffisant, et il est né-
cessaire de compléter l'action déjà entreprise
pour l'utilisation des richesses marines colonia-
les. On n'entreprend rien de durable sans une
base scientifique certaine. C'est en partant de
la science qu'il faut étudier les matières gras-
ses coloniales, celles d'origine végétale, comme
celles d'origine animale marine, ces dernières
trop peu connues et partant, trop négligées. Ces
études représentent non seulement un intérêt
scientifique, mais aussi un intérêt pratique immé-
diat. Il est temps d'organiser sur une large
base, à grand rendement, ces recherches scien-
tifiques et les études chimiques figurent au pre-
mier rang de ces recherches.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
0.
L' AVIATION COLONIALE
---0-0- ,.
Le navigraphe
Dans sa séance d'hier, l'Académie des
Sciences a entendu M. Laubeuf rolaïer les
importants services rendus à la misojan
de Goys par le navigraphe. Cet appa.reil,in-
vontô par le capitaine de corvette Le
Prieur, permet de contrôler la force du
vent, de calculer exactement la dériv-e et de
régler en conséquence 'la marche des
avions.
GrELee au navig.raphe,la mission de Goys
a pu ilravevser la Méditerranée avec un
écart -de 1 seulement sur le trajet prévu.
Au dessus du Sahara, des étapes de 320
kilomètres et de 450 kilomètres ont été ter-
minées respectivement avec des écarts de
1 et de 4 kilomètres. A la boussole, étant
donné les vents rencontrés, ces m'mes
écarts auraient été de 65 et de 13 kilo-
mètres.
Ces cîiiffres font ressortir le considérable
intérêt de l'appareil « Le Prieutr », pour
r aviation à longs parcours.
AU MAROC
L'inauguration de la gare de Rabat. -
La roire de Casablanca. - La situa-
tion économique.
Mardi 21 avril.
Aujourd' hui, a eu lieu solennellement l'inau-
guration de la gare de Rabat. Une grande af-
jltrcnce de personnes assistait à cette cérémonie.
La joire annuelle de Casablanca vient égale-
ment de s'ouvrir dans les meilleures conditions.
La sitaalton générale du protectorat, en progrès
sur Fan dernier, est bien meilleure qu il y a
deux ans. L'activité économique se développe
à nouveau normalement. La récolte des orges,
à distance da littoral, s'annonce superbe. La
plaie qui est tombée à nouveau à la fin de la
semaine dernière permet d'espérer que la ré-
coite des blés sera aussi brillante que l'utuiêt
dernière,
(Par dépêche.)
Le pétrole à Madagascar
--0-0--
Les Annales Coloniales
tout récemment et moi-
même dans le numéro du
17 octobre 24, j'ai signalé
à la sollicitude des fou-
voirs publics et à l'atten-
tion de tous ceux qui sont
susceptibles de s y inté-
resser la question du fè-
trole à Madagascar, estimant- que des indices
éminemment sérieux justifiaient et récla-
maient les plus sérieuses recherches.
L'Imite précieuse joue un rôle trop essen-
tiel dans le monde pour que ce ne soit pas
un devoir éminent de ne rien négliger de ce
qui peut alléger pour la France la charge
énorme des sacrifices quelle doit faire pour
s'en procurer et de ce qui peut aussi lui évi-
ter la crainte angoissante d'être privée en
certaines circonstances de cet élément, devenu
essentiel, de la vie d'une nation.
Quel avantage ne serait-ce pas Pour notre
industrie, pour notre marine chez qui les mo-
teurs à pétrole tendent de plus en plus à
remplacer la machinerie à houille, pour no-
tre sécurité nationale, que de trouver chez
nous, que d'avoir chez nous ce produit que
les grandes puissances se disputent si âpre-
ment à travers le monde.
Aussi avons-nous enregistré avec plaisir les
déclarations faites récemment devant les
membres de VAssociation des Anciens Elè-
ves de la Faculté des Sciences de Paris par
un de leurs camarades, M. Grégoire, ancien
élève de l'Ecole Polytechnique, docteur en
droit, ingénieur conseil.
Le conférencier a exposé les résultats de
la mission qui, lui avait confiée la Compagnie
Minière des pétroles de Madagascar et qui
consistait à étudier les gisements de Bemou-
lang.
Sans nous arrêter, malgré son intérêt, à la
partie descriptive et pittoresque de la confé-
rence, examinons immédiatement les conclu-
sions techniques formulées. M. Grégoire a
vu dans la région de Bemoulang des gise-
ments de grès bitumineux considérables. Il
n'ose pas en évaluer la masse mais avant lui,
plus audacieux, M. Toulouse, contrôleur des
mines, n'a pas hésité à la chiffrer par plul
de 100 millions 'de tonnes.
Les appréciateurs compétents pensent que
ces grès sont le vestiges d'un ancien gise-
ment pétrolifère immense évaporé à travers
- les sicles.
Cinquante kilos de ces grès rapportés de
Madagascar ont donné, à Vanalyse, une te-
neur d'hydrocarbures de 8 lesquels sou-
mis cux-mêmes à une distillation fractionnée
ont fourni 4,32 d* essence et 11,87 de
lampants, ceux-ci et celle-là étant au moins
égaux, pour la qualité, aux produits de la
Standard Oil,
M. Grégoire croit qu'il doit exister, au
nord de Bemoulang, dans la région du cap
Saint-André, des gisements importants de
pétrole mais estime que l'on ne pourrait s'en
assurer qu'en procédant à des sondages.
De toute sa conférence dont je ne retiens
que les données essentielles, il résulte que Ma-
dagascar peut offrir des réserves de pétrole
qui paraissent considérables.
Nous insistons pour que les pouvoirs pu.
blics adoptent enfin une politique pétrolifère
résolue et surtout constante, organisent les
travaux de lechcrche et d?exploitation qui
doivent en procurer le bénéfice à la France,
soit par leur intervention directe, soit en se
substituant des compagnies concessionnaires
sur lesquelles ils réserveront à l'Etat un droit
de contrôle et une participation.
De nombreuses questions acQessoires vien-
nent, hélas, compliquer le problème. Ce n'est,
pas tout que de découvrir des gisements de
pétrole. Le transport dans l'intérieur de l'île,
puis l'exportation en France constituent une
grave difficulté. Dans le pays, Vautomobi-
lisme doit fournir la solution d'autant plus
aisément que le produit même dont il devra
effectuer le déplacement deviendra Valiment
de sa propre vie. Quant h la partie maritime
du programme, ce n'est pas seulement pour
le pétrole de M adagascar quelle se pose,
mais aussi pour la plupart des produits d,?
nos colonies. Le besoin ayant toujours créé
l'organe, il faudra bien que Véconomie po-
litique et la science réunies résolvent cette
équation dans un proche avenir.
Pierre Taittinger,
Députb de Paris, Vice président
de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats.
-080
Départ du duc de Brabant
Le prince Ldopold quitte aujourd'hui la
Belgique, à bord de YAnversville, pour se
rendre au Congo.
Le roi, la reine et la princesse Marie-José,
ainsi que des membres du Gouvernement et
de nombreuses personnalités, Ce sont rendus à
Anvers pour accompagner le prince jusqu'au
bateau.
a 'l"
TAUX OFFICIEL DE LA ROUPIE
DANS L'INDE
-o-
Le Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans l'Inde vient de faire connaître au
ministre des Colonies qnà la date du 17
avril 1925 le taux officiel de la rqopie était
de 6 Ht, 65.
Le port fluvial de Brazzaville
Le Brazzaville-Océan est en bonne voie
d'exécution, 150 kilomètres de plateforme sont
actuellement terminés, et les chantiers de tête,
tant du côté de Pointe-Noire que du côté de
Brazzaville, progressent régulièrement.
Mais Ici chemin de fer-doit être complété par
deux organismes indispensables, pour jouer, au
mieux des intérêts du commerce, le rôle éco-
nomique qui lui est dévolu : à Pointe-Noire, un
port maritime, et à Brazzaville un port fluvial,
tous deux assez bien outillés pour répondre à
toutes les nécessités du trafic, voyageurs et
marchandises.
A Pointe-Noire, en attendant la construction
d'un port en eau calme, on va construire un
wharf en béton armé susceptible de suffire aux
besoins durant les premières années qui suivront
la mise en exploitation du chemin de fer. Le
projet vient d'être approuvé par le Comité des.
Travaux publics des Colonies.
Les choses sont moins avancées en ce qui
concerne Brazzaville. L'aménagement d'un port
fluvial y a été étudié en 1911 par la mission
hydrographique Congo, Oubangui, Sangha, di-
rigée par l'ingénieur hydrographe Roussilhe.
Elle avait fait choix, pour la construction des
quais, l'installation des docks et de la gare flu-
viale de la partie de la rive du fleuve sur un
kilomètre de développement environ, située à
l'extrémité nord-est de la ville, immédiatement
en amont de la concession dite hollandaise, face
à l'île M'Bomou.
Cet emplacement était reconnu le meilleur
en raison des avantages suivants : grands fonds
à proximité de la rive, absence de bancs de
sable, rive saine facilement accessible par la
voie ferrée ; éloignement des chutes, abri rela-
tif contre les tornades donné par M'Bomou.
Malgré les avantages incontestés de ce choix,
aucune décision définitive n'avait encore été
prise jusqu'à ce jour, et cela parce que les ter-
rains situés entre le futur port et la ville, les
plus intéressants pour les installations commer-
ciales, appartenaient en toute propriété à une
Société hollandaise, dont la concession mesurait
33 hectares d'un seul tenant.
Cette Société ayant cédé tous ses droits à
une Société anonyme belge dite « Interfina », le
Gouverneur Général de l'Afrique Equatoriale
Française, M. Antonetti, a été assez heureux
pour réaliser avec les dirigeants de cette der-
nière un accord qui dégage largement le futur
port : la Société « Interfina » a cédé gratuite-
ment à la colonie une parcelle d'environ 14
hectares située sur la rive, immédiatement en
aval du port projeté. En échange, la colonie a
cédé à la Société un terrain de 2 hectares à
Pointe-Noire, et un terrain d'un hectare à Ban-
gui. En outre, la Société s'engage à ériger sur
ces terrains, dans un délai de quatre ans, des
immeubles pour une valeur minimum de deux
millions cinq cent mille francs, dont un million
cinq cent mille au moins à Pointe-Noire.
Maintenant que l'emplacement du port fluvial
de Brazzaville est définitivement fixé grâce à
l'esprit de décision du Gouverneur Général
Antonetti, il importe que l'établissement dès
projets définitifs soit vivement poussé et que les
travaux soient adjugés au plus tôt. Les installa-
tions du port fluvial et celles du port maritime
de Pointe-Noire doivent être mises en service
en même temps que le chemin de fer Brazza-
ville-Océan pour le plus rapide développement
économique de nos possessions du Congo.
Leprince de galles dans
---0-0--
Le prince de Galles, qui vient d'arriver à
Kano, en Nigeria, continue sa visite des pos-
sessions africaines de l'Angleterre, au milieu
des fêtes organisées en son honneur.
Le 4 avril, le Repu/se, cuirassé d'escadre, à
bord duquel voyage le prince héritier, mouillait
devant Bathurst, capitale de la Gambie an-
glaise.
La ville de Bathurst était toute ensoleillée
lorsque le prince débarqua en compagnie du
capitaine Armitage, Gouverneur de la Colo-
nie, qui était allé le saluer en haute mer, à
bord de son yacht. Les enfants avaient été pla-
cés près du wharf et mani festaient leur joie
par leurs applaudissements. Les chefs du Pro-
tectorat, dont la plupart visitaient Bathurst pour
la première fois, témoignèrent à l'héritier du
trône britannique leur loyalisme.
Le prince, ensuite, visita le Cénotaphe, où
toute la population, que l'on pouvait évaluer à
10.000 personnes, l'escorta dans une procession
triomphale. Passant ensuite la revue des trou-
pes, il questionna les soldats sur leur partici-
pation à la Grande Guerre et sur leur bien-être
actuel. Six adresses, émanant de chaque fraction
de la communauté, lui furent présentées. Aux
souhaits de bienvenue du Gouverneur, il répon-
dit qu'il regrettait le peu de dur ée de son sé-
jour dans la colonie, mais que l'accueil de la
Gambie était d'un bon augure pour le reste de
son voyage.
Le 6 avril, le Repulse a jeté l'ancre au large
du Sierra-Leone. Lorsque le prince débarqua
avec le Gouverneur, sir Ransford Slater, il y
eut un enthousiasme intense ; la bienvenue fut
d'abordl souhaitée par les canons de la vieille
et fidèle colonie. Après avoir reçu t'adresse du
Conseil législatif, le prince salua les chefs du
Sterm-Leone, dont plusieurs furent décores de
la médaille du roi. Les réceptions terminées, il
inaugura l'école de chimie et l'Exposition
d'Agriculture, puis il passa en revue les enfants
des écoles avant de s'embarquer pour la Gold.
Coast, où il a séj ourné du 9 au 12 avril, avant
de se rendre à Lagro.
EN COCHINCHINE
La maln-Q'œUyrR dans les plantations (Ma
le
Les premières plantations en terres grises
n'ont pas nécessité beaucoup de coolies ou de
travailleurs parce qu'elles étaient naturelle-
ment très modestes, d'autre part, comme elles
étaient situées à proximité de centres d'habi-
tations, la question de la main-d'œuvre ne se
soulevait pas pour elles. Mais, dès que l'élan
vers la culture des hevéas se fût accentué
et que les planteurs, de plus en plus nom-
breux, eurent été dans la nécessité de recher-
cher, toujours plus loin, les terrains qu'ils
voulaient mettre en valeur, la question de la
main-d'œuvre commença à se poser d'une fa-
çon plus impérative. Les éléments disponibles
dans les régions élevées furent alors rapide-
ment épuisés. Les planteurs furent obligés
de s'adresser à la population du delta. Mais,
en dehors des répugnances que celle-ci éprou.
vait d'aller s'installer, même momentané-
ment, avec des salaires plus élevés, dans des
régions qu'elle considérait comme insalu-
bres et dangereuses,on dut reconnaître qu'elle
était à peine suffisante pour assurer la mise
en valeur des régions déjà existantes et ten-
ter le défrichement des vastes étendues que
l'administration mettait à sa disposition, par-
ticulièrement du côté de Rachgia et de Ba-
clieu. On a pu alors recruter des travailleurs
dans les provinces de l'Annam limitrophes de
la Cochinchine. Mais celles-ci ne sont pas ex-
trêmement peuplées et comptent seulement
une population de pêcheurs assez inaptes aux
travaux de la terre. Enfin, quand les colons
de ces provinces ont tenté eux-mêmes la cul-
ture de l'hevéa, et ils l'ont fait sur des su-
perficies assez grandes, ils ont gardé pour eux
les coolies disponibles.
Quand de grandes Sociétés ont commencé à
se monter, comme celles de Suzannah, de Xa-
trach, de Xacan, d'Anloc, etc., on dut se dé-
cider à tenter le recrutement des travailleurs
dans le Nord-Annam et le Tonkin. Mais ces
pays sont très éloignés de la Cochinchine et
les voies de communication et surtout les
moyens de transport laissent beaucoup à dési-
rer. Les Annamites du Nord-Annam et du
Tonkin ne sont pas absolument réfractaires
à une immigration vers le sud de la péninsule
indochinoise, surtout si on leur offre des sa-
laires rémunérateurs. Cependant, l'éloigne-
ment de leurs villages et de leurs familles
n'est pas sans leur causer certaines appréhen-
sions et la traversée les effraye. Enfin, en
dépit des contrats que l'on peut passer avec,
eux, ils ne savent pas trop comment ils se-
ront traités la-bas et s'ils ne seront pas rc-
tenus un jour contre leur gré. Toutes ces
difficultés ne surgiraient pas, évidemment, si
le Transindochinois était terminé et s'il s'éta-
blissait un courant régulier entre les états du
nord et du sud. Alors, les déplacements se-
raient beaucoup plus faciles et plus fré-
quents.
Dans les débuts, le recrutement des coolies
dans les pays du nord n'a pas présenté, les ga-
ranties désirables et les planteurs de Cochin-
chine, qui payaient très cher, n'ont pas eu
toujours beaucoup de satisfaction. Les tra-
vailleurs qu'ils recevaient n'avaient ni les
conditions de santé ni les aptitudes physiques
nécessaires, ni même la mentalité convenable.
En plus des désertions, il se produisait aussi
des déchets dont les colons ou les Sociétés
supportaient tous les frais.
Plus tard, toutes ces petites imperfections
ont disparu ou sont devenues plus rares, car
les planteurs de Cochinchine ont envoyé au
Tonkin des représentants sérieux qui se sont
ingéniés à recruter dans les provinces les plus
peuplées, entre autres celle de Thoi Binh,
une véritable sélection agricole. Ce ne sont
plus des individus, mais des familles que
l'on a ainsi transplantées on Cochinchine, qui
ont pu former de vrais villages sur les plan-
tations. Cette façon de procéder était assu-
rément encore plus coûteuse, mais elle don-
nait, en revanche, aux colons et aux Sociétés
de nouvelles garanties et assurait la. mise en
valeur et le parfait entretien de leur domaine.
Grâce à toutes ces dispositions, la pénurie
de la main-d'œuvre ne s'est plus fait sentir.
D'ailleurs, les mesures qui ont été prises par-
tout pour le bien-être et le confort des tra-
vailleurs, les sacrifices de toutes sortes que
les planteurs ont consentis en leur faveur ont
eu une. heureuse répercussion. D'autre part,
les concessions, même les plus éloignées, sont
maintenant toutes très bien reliks à Saigon
ou aux grands centres voisins par des routes
ou de larges voies, avec des moyens de trans-
port rapide. KUes ne sont pas du tout isolées
comme on pourrait le supposer, et les Anna-
mites qui y trava.illent savent fort bien, au-
jourd'hui, qu'ils n'y sont pas enfermés com-
me des prisonniers, loin des leurs.
Enfin, il n'est pas inutile de faire remar-
quer que les planteurs de caoutchouc sont
parvenus à civiliser les peuplades « mois 1).
qui vivaient comme des sauvages dans les
hautes régions du delta, rejetant toute con-
trainte. et tout travail. Ils refusaient d'avoir
tout contact et toute relation avec les Anna-
mites, leurs ennemis héréditaires. Humanisés
par les bons soins de nos colons et accessibles
à bien des petits avantages de notre civilisa-
tion, ils consentent aujourd'hui n travailler
et fournissent un effort à peu près égal à ce-
lui des Annamites du Tonkin, de l'Annam ou
de la Cochinchine.
Si l'exploitation du caoutchouc arrive à pren-
are une extension encore Deaucoup plus con-
sidérable, ce qui est fort possible, puisqu'il
reste encore 2 ou 3 millions d'hectares de ter-
rains favorables à cette culture, surtout en
terres rouges, le recrutement des coolies serait
assurément plus malaisé, mais ne serait cer-
tainement pas un obstacle insurmontable
pour les nouveaux colons ou les nouvelles Sou
ciétés. D'abord, l'achèvement du Transindo-
chinois dont les travaux vont être repris, ne
manquera pas d'amener un afflux d'émi-
grants des provinces surpeuplées du nord.
D'autre part, on pourra peut-être faire appel
avec succès à la main-d'œuvre de quelques
pays voisins.
Les travailleurs chinois ne manqueraient
pas de répondre à notre appel si on leur of-
frait les mêmes avantages que dans la pres-
qu'île malaise. Certaines provinces de la Chi-
ne fournissent une main-d'œuvre tout à fait
appréciable. Swatow surtout envoie des tra-
vailleurs à Sumatra et cette île compte en
permanence plus de 200 à 250.000 chinois qui
contribuent au développement de sa richesse.
La Cochinchine pourrait, au besoin, aller
chercher là.bas la main-d'œuvre qui lui man-
que et cela d'autant plus facilement que de
l'Indochine dépend le territoire de Kuang-
Tchéou-Wan, qui renferme en abondance une
population agricole très laborieuse et peu
exigeante.
La Cochinchine a aussi à proximité de ses
côtes l'île de Java qui est surpeuplée et qui
a déjà fourni d'excellents coolies aux îles
voisines de Sumatra, de Bornéo et des Céle-
bes. Elle pourrait s'adresser à elle. D'ail-
leurs un essai a été tenté avec succès par une
des plus importantes Sociétés de Cochinchi-
ne qui a pu installer dans sa plantation de
Locninh un millier de Javanais, répartis en
quelques villages.
Enfin, à côté de ces engagements fixes"
on pourrait trouver une solution imitée de la
méthode pratiquée par les Anglais dans lai.
presqu'île de Malacca, qui n'a pas de main-
d'œuvre agricole indigène. Elle est fournie
par des Chinois qui viennent travailler d'eux-
mêmes, sans engagement préalable, ou par
des Hindous de la région de Négapatam
(Sud de l'Inde), qui sont recrutés par un
Kangany, simple surveillant auquel le plan-
teur a donné une licence de recrutement. De
Négapatam à Port Swchcnham (presqu'île
de Malacca), il y a six jours de navigation.
Tous les quinze jours, un bateau fait le tra-
jet et amène un millier de "nohos au plus.
Une maison de. Xégapatam donne, pour le
compie des planteurs de légères avances aux
Kanganys. Cette maison contrôle l'em-
barquement des ouvriers. T.e passage de ces
ouvriers recrutés par les plantations est payé
par le Gouvernement, qui en trouve la com-
pensation dans un impôt par tète d'ouvrier
employé aiir la. plantation. Les ouvriers
n'ont à prendre aucun engagement que le
remboursement des très légères avances con-
senties et l'obligation de donner un préavis
d'un mois au planteur qu'ils désirent quitter,
Ce système tout à fait lihre a. suffi, pa-
raît-il, à assurer la bonne marche des gran-
des exploitations de caoutchouc de l'île de
Sumatra. TI se ramène en somme, à cette
idée que lorsque des travailleurs sont assurés
de trouver dans un pays une rémunération
avantageuse de leur travail, ils sont tout dis-
posés à y venir .si on leur en favorise les
moyens. Si donc la Cnchinchine devient un
jour, comme nous sommes portés à le croire,
un grand centre florissant d'exploitation de
caoutchouc, la. main-d'œuvre ne lui fera pas
défaut.
- te,
Au Congo belge
-00
La maladie du sommeil
Le Gouvernement belge vient de faire
savoir au secrétaire général de la Société
des Natioais qu'il est favorable à la convo-
cation d'une conférence sur la maladie du
sommeil et qu'il a désigné à cet effet com-
me son représentant Je docteur Emile Van
Campcnhout.
Au mois d'octobre dernier, dans sa réu-
nion de Home, le Conseil avait décida dc-
deniiTiider aux l'
des i-éprêsenlunls des administrations colo-
niales chargée d'examiner, an point de vue
administratif et financier, la possibilité d'en-
voyer sur place une mission de spécialistes
pour étudier la maladie du sommeil. Cette
conférence devrait, en outre envisager les
moyens pratiques d'une liaison entre lea
administrations des" différents territoires de
l'Afrique éqnaloriale, ainsi qu'entre les
administrations sanitaires de ces pays, afin
de définir les zones contaminées, les migra-
lions de ]n population et les endroits où se
trouvent le'5"mouches tsé-lsé.
La production de l'or
L'an dernier, les mines de Kilo-Moto ont
produit :Ui(y,) kilos 804 grammes d'or, soit
159 kilos 302 grammes de plus qu'en 1923,
ou 14.6 pour cent en plus.
Les ,résp.rvcs d'or au 1er janvier de cetto
année se montent H. 26.000 kilos.
Les réserves d'or à Kilo-Moto au 1OT jan-
*
vier dernier. représcnTent une valeur da
358.800.000 francs français.
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