Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-04-17
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 avril 1925 17 avril 1925
Description : 1925/04/17 (A26,N59). 1925/04/17 (A26,N59).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396905f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SIXIEME ANNEE. N° 69
1
LE NUMERO : 80 GHNltMBB
VENDREDI SOIR, 17 AVRIL 1925
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
UW,AglicLu PUBUtS PAR "LES ANNALD COLOUMM. SONf LA ROPRlM
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annonce» etRktame» mi reçue* aux Bwtmux dajomtudetdmu k$Agtftem étPaUdU
DIRECTEURS 1 MARCEL RUBD&L et L.-G. THIBAULT
léMctitI et IdmiaUtnlMi : 34, Ru. du Mont-TtfabQr, PARIS-I* Téléshm : LOUYU 19-17
MMWMMp 1
Franc* *t Colonie*. m a a JO m 1
Etrange iMt a a- 10-P
* On raboim* dans tooa le* Bareaox da poste «t abezlet prtadpaux Dbraiiw
L'évolution de la Turquie
* - 1
La Turquie continue d'évoluer. Sous l'in-
fluence de son Gouvernement, elle s'efforce de
se détacher de plus en plus de l'islami ; norîpas
qu'elle le veuille rejeter, pour l'instant, du
moins, en tant que croyance reHgieuse, mais
comme règle unique, impérieuse, exclusive de
la vie sociale.
Le Coran n'est pas, en effet, seulement un
livre religieux. Il contient un ensemble de pré-
ceptes qui réglementent la vie de chaque jour
dans ses moindres détails, jusqu'à la façon de
s'habiller, de se laver, de se coiffer.
La tendance du Gouvernement actuel est de
laïciser la Turquie. Cette volonté de la mo-
derniser éclate dans les conversations de ses
hommes d'Etat, et apparaît dans un grand
nombre de leurs actes.
L'an dernier, Mustapha Kemal, qui est ac-
tuellement président de la République, tenait
à un publiciste français les propos suivants qui
sont significatifs : « Si nos corps sont en Orient,
nos esprits restent tendus vers l'Occident. Nous
aspirons à moderniser notre pays. Tous nos ef-
forts tendent à faire de la Turquie un état mo-
derne, donc occidental. Quel est le peuple qui,
désireux d'entrer dans la civilisation, pourrait
ne pas se diriger vers l'Occident ? L'homme
qui a la volonté de marcheur dans une direction
et qui s'aperçoit que ses mouvements sont gê-
nés par les chaines qui retiennent ses pieds, que
fait-il ? Il brise les chaînes et il marche. »
Et, en effet, la nouvelle Turquie a rompu
les liens qui la rattachent au passé. Elle a pro-
clamé la souveraineté du peuple. Elle a sup-
primé la califat.
Autour de Mustapha Kemal, domine 1 esprit
laïque. Un de ses amis déclarait à un Français
qui l'interrogeait sur ce point : « La religion
était jadis un facteur politique de première im-
portance, aujourd'hui c'est fini. Et, ajoute-t-il,
cela est vrai aussi de l'Islam. Le panislamisme,
c'est de l'histoire ancienne, nous n'y croyons
plus. Exprimée sous cette forme absolue, c'est
évidemment une opinion quelque peu risquée.
Les mouvements qui agitent en ce moment le
monde musulman, depuis le Maroc jusqu'à
l'Inde, nous montrent que dans bien des cas le
panislamisme est autre ch ose qu un souvenir. Il
.n'en reste pas moins curieux d entendre de pa-
reils propos dans la bouche d'un des membres
du Gouvernement d'Angora. Celui-ci, d'ail-
laurs, s'attache à réaliser les conceptions laï-
ques empruntées à l'Occident et à faire de
1 Etat turc un état non pas irreligieux, mais are-
licieux.
Ce n'est pas une œuvre facile dans un pays
où l'influence religieuse dominait la législation,
'l'institution familiale, la justice, l'éducation.
Une r éforme de ce genre implique la revision
des lois et la réorganisation des tribunaux, des
écoles, de r Administration.
Les anciennes écoles religieuses, les médres-
sés, ont été, supprimées; on n'a laissé subsister
que les institutions spéciales qui correspondent
à ce que, chez nous, nous appelons les sémi -
naires, et que fréquentent seuls les jeunes gens
qui veulent se spécialiser dans l'étude des
sciences religieuses'.
Les hommos d'Etat turcs ont voulu aussi ré-
pandre le plus largement possible l'enseigne-
ment ainsi laïcisé. Ils fondent des établisse-
ments d'enseignement supérieur, secondaire, et
des écoles primaires. La fréquentation de cel -
les-ci est obligatoire. Malheureusement, l'ap-
plication dei la loi subit ici, comme chez nous,
du reste, des exceptions sur lesquel les on est
pour l'instant obligé de fermer les yeux.
La création de bibliothèques, de musées, com-
plète l'ensemble de ces institutions qui se pro-
posent de nationaliser et de moderniser l'ensei -
gnement. - -
Des réformes analogues ont été introduites
dans l'Administration de la justice. Des restric-
tions considérables ont été apportées à la com-
pétence des tribunaux religieux. Toutes les af-
faires relatives au statut personnel : paternité,
filiation,, adoption, succession qui relevaient
d'eiux autrefois, ressortissant aujourd'hui aux
tribunaux civils. Seules, les affaires de mariage
et de divorce continueront à être plaidées de-
vant le juge religieux.
Des changements animés du même esprit se
produisent dans les actes de la vie quotidienne.
Les femmes ont obtenu récemment le droit de
fréquenter librement la société des hommes.
Pour la première fois, il y a quelques semai-
nes, les officiers turcs ont arboré des képis avec
visière, alors que cette-ci, était jusque aujour-
d'hui proscrite parce qu'elle empêchait le
croyant de toucher de son front la tene pen-
dant la prière. Il n est pas téméraire de penser
qu'admise dans l'armée, la coiffure européenne
ne tardera pas à l'être dans le monde civil.
Depuisr cette année, les fonctionnaires turcs
sont astreints à travailler comme d'habitude,
durant le mois de jeûne du Ramadhan.
Enfin, l'Assemblée d'Angora a tout der-
nièrement - décrété une mesure - - d'un - caractère
- - -- - - - - -
plus Tévolutionnaire encore. Elle a décidé de
faire traduire le Coran en langue turque vul-
gaire. La Commission qui sera chargée de ce
travail devra aussi accompagner le texta de
commentaires à l'usage du peuple.1 L'esprit
dans lequel sera fait ce travail ne laisse pas de
doute sur son caractère. Il s'agira jde montrer
aux Turcs que le livre du PropRèile ne concerne
plus, dans maintes de ses parties, qu'un passé
depuis longtemps révolu : nombre de ses cha-
pitres ne peuvent plus être appliqués, et il est
nécessaire de tenir compte désormais de révo-
lut1on. des temps.
Il faut faire disparaître l'incompatibilité
entre les lois musulmanes et les sciences moder-
nes. On a vainement essayé pendant longtemps
d'accommoder certains dogmes de l'Islam à
cortain principes de la civilisation occidentale.
On n'a abouti qu'à de détestables compromis.
« Toute conciliation est impossible. »
On ne peut conserver certaines traditions co-
raniques et adopter la culture européenne : il
faut choisir, il faut reconnaître que le livre du
Prophète ce peut plus servir de code pour les
rapports entre les hommes.
Sans doute, il ne s'agit pas de répudier l'Is-
lam comme croyance ; évidemment non, puis-
qu'il est la religion officielle ; mai& c'est une
religion que l'on vomirait bien épurer des nom-
breuses superstitions qui l'encombrent, procéder
à son égard de la façon qu'employèrent les
réformateurs du XVIe siècle chez nous envers
le christianisme.
Cet effort curieux ne va pas sans difficultés.
Nous les comprenons d'autant mieux que les
pays occidentaux ont dû, au début des temps
modernes, en accomplir un qui lui ressemble un
peu. C'est pourquoi nous en saisissons d'autant
mieux les lenteurs. Cette transformation net serai
pas r œuvre de quelques années. Elle exigera
1.. -- ,., l' -
une ou plusieurs générations. \e n est que dans
quelque vingt ou trente ans que nous pour-
rons porter sur elle un jugement motivé.
Pour l'instant, nous nous bornons à en signa*
1er rapidement et de façon fort incomplète quel-
ques-uns des caractères. Ce qui se passe en Tur-
quie nous intéresse d'une façon incontestable.
Tout changement dans le mond musulman
nous touche.
Quelle sera la répercussion de ces réformes
sur les autres pays musulmans ? Il est préma-
turé de l'examiner. Mais les quelques faits que
nous venons de citer prouvent, ou, si l'on pré-
fère, tendent à prouver que l'islamisme est sus-
ceptible d'évolution. Limitons-nous, pour au-
jourd'hui, à cette constatation.
Henry Fotttanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Alfatre,s étran-
gères, membre de Vt Commission
des Colonies.
41»
Le Ministère Painlevé
--()-o--
Après det laborieuses négociations qui du-
raient depuis trois jours, M. Painlevé a pu,
aux premières heures du matin, constituer défi-
nitivement son Cabinet.
En voici la composition :
Présidence du Conseil et Guerre :. M. PAIN-
LEVÉ ;
Justice - M. STEEG ;
Finances M. CAILLAUX ;
A ffaires étrangères : M. BRIAND ;
Intérieur : M. SCHRAMECK ;
Marine : M. Emile BoREL ;
Commerce et P. T. T. ; M. CHAUMET ;
Instruction publique : M. DE MONZIE ;
Agriculture : M. Jean DURAND i
Travaux publics : M. Pierre LAVAL ;
Pensions : M. ANTÉRIOU;
Colonies : M. André HESSE ;
Travail : M. DURAFOUR.
SOUS-SECRETAIRES D'ETAT
Présidence du Conseil : M. Georges BON-
NET ;
Guerre : M. OSSOLA ;
Marine marchande : M. DANIELOU ?
Aéronautique : M. Laurent EYNAC ;
Enseignement technique : M. ,Yvon DEL-
BOS ;
Régions libérées: M. DEYRIS ;
Commissaire à la Guerre.. M. BfflAZET.,
m *
M. André Hesse, qui succède à M. Edouard
Daladier, au Ministère des Colonies, est né à
Paris le 22 avril 1874.
Avocat à la Cour d'appel de Paris, il aenre-
gistré de brillants succès comme avocat d'as-
sises. Elu pour la première fois député de la
Chairento-Inférieure le 8 mai 1910, il fut réélu
les 26 avril 1914 et le 11 mai 1924.
M. André Hesse est inscrit au groupe radi-
cal et radical-socialiste.
M. Maurice Viollette
gouverneur général de l'Algerie
-0-0-
M. Maurice Viollette député d'Eure-et-
Loir, rapporteur généra] du budget a été
nommé Gouverneur général à Alger, en
remplacement de M..Steeg, nommé ministre
de la Justice.
Nous adressons nos cordiales félicitations
à M. Maurice ViolMte qui fut durant de lon-
gues années le collaborateur du journal.
- bol
L'A. VIA TION COLONIALE
Q-0-
Japon-Europe
Le baron Sakalani, membre de la Société
impériale d'aviation, a .offert au journal
Asafri, un prix de 50.000 yen destiné à ré-
compenser l'aviateur qui réussira un vol du
Japon en Europe.
Rome-Tokio-Melbourne
L'hydravion militaire italien piloté par le
commandant Depinedo et Se mécanicien
Companilli, qui poursuit le raid Rome-To-
]do-Mel})(mrnc et retour, est attendu en In-
dochine vers le 20 avril.
Il atterrira à SaIgon, Tourane, Haliphong,
Hanot et Vientiane.
POUR LE mm COLONIAL
--0-0---
Une réponse intéressante
Plusieurs firmes ayant
leur siège social en France
et leur exploitation uni.
quement a u x colonies,
m'ont fait l'honneur de
me soumettre une question
extrêmement délicate, rela-
tive à l'aPPlication de la
loi du 1er juillet 1916. Ces
maisons désiraient savoir
si eues sont oui ou non assujetties à cette
loi. Ni le ministère des Colonies ni celui des
Finances ce qui est plus étrange -
n'avaient pu jusqu'ici les renseigner. Certai-
nes d'entre elles, animées d'ailleurs des
meilleures intentions et ne demandant qu'à
payer ce qu'elles doivent, se sont vu infliger
majorations et pénalités, comme si elles
avaient voulu frauder le Trésor.
Lasses de ~traite?nents qu'elles ne croient
pas avoir mérités et, plus encore. d'une sus-
picion qui les désoblige, c'est le moins fjù'on
en puisse dire, elles m'ont demandé d'inter-
venir auprès du ministère des Finances. le
l'ai fait dans les termes suivants :
« La loi dit ior juillet 191,6, relative aux bé-
« néfices de guerre qui ne fait aucune
« mention se "rapportant aux exploitations co-
« loniales, - précise en son article 2 § 4 :
« Pour la comparaison du bénéfice normal
« avec celui qui a été réalisé au cours de la
« période de guerre, les bénéfices à comparer
(t sont constitues par la totalisation des pro-
u duits nets des diverses entreprises EXPLOI-
« TÉES EN FRANCE par un même contribuable,
« sous déduction, s'il y a lieu, des pertes
« résultant d'un déficit d'exploitation dans
« certaines de ces entreprises, »
(c. Des expressions, « exploitées en France »,
« ci-dessus soulignées deux fois, il semblef
« bien résulter que les exploitations aux co-
« lonies ne soient pas soumises à cette con-
« tribution. l'ai tenu cependant à poser la
« question aux Finances. La voici :
« une firme ayant son siège social en
« France, mais son exploitation uniquement
« aux colonies, est-elle assujettie à la loi du
« ior juillet 1916? »
La question a dû paraître quelque peu em-
barrassante,, si j'en juge par le temps qu'on a
mis à y répondre. Mats le temps ne fait rien
à l'affilire. Ce qui importe, c'est la réponse.
Je la transcris textuellement :
(( Monsieur le Député,
« Vous m'avez demandé si une Société qui
tt a son exploitation aux- colonies et son siège
u social en France, se trouve dans le cas
« d être soumise à la contribution extraordi-
« naire sur les bénéfices de guerre.
.« l'ai l'honneur de vous faire connaître
« que, d'après l'article 2 de la loi du t or juil-
« let 1916, la contribution extraordinaire n'est
« exigible qu'a raison des bénéfices provenant
et d'entreprises exploitées en France. Il s'en.
U suit que les bénéfices réalisés par une so-
« CÍcté dont le siège social est en France, ne
« sont pas, en principe, susceptibles d'être
« retenus pour l'assiette de l'impôt.
u Toutefois, si le siège social intervenait
« effectivement dans Vexploitation de cette
cc eJttreprsc, la part des bénéfices totaux cor.
» respondant aux opérations effectuées en
cc France devrait être retenue Pour servir, le
« cas échéant, de base à l'imposition de la
« Société.
f( Veuillez agréer
Pour le Ministre et par autorisation.
De cette lettre, il résulte nettement trois
choses :
La première, c'est que les sociétés ayant
l'exploitation de leurs entreprises exclusive-
ment aux- colonies, bien que leur siège social
soit en France - Paris, Marseille, Bordeaux,
etc., etc. ne sont pas soumises à la loi du
ior juillet 1916 et, par conséquent, ne sont
pas assujetties à la contribution extraordinaire
sur les bénéfices de guerre.
La seconde, c'est que les sociétés qui, tout
en ayant leur exploitation aux colonies, font
néanmoins, au siège social situé en France,
des actes de commerce : achat" vente. sont
assujetties à la contribution pour ces actes de
commerce exécutés en France.
Il y a donc lieu,, pour ces sociétés, de pro-
céder à une sorte de ventilation dans leurs
bénéfices et d'en faire deux parts : l'une -
celle provenant des entreprises - exploitées aux
colonies, non soumise à la contribution ex-
traordinaire ; Vautre, au contraire celle
provenant des actes de commerce accomplis
en France assiljettie à la contribution.
La troisième conséquence à tirer de cette
lettre, c'est qu'il semble bien difficile que le
fisc puisse maintenir les majorations et pé-
nalités infligées aux assujettis.
Sans autres commentaires. J'ai pensé que
les contnzoi-çaeits. - tous les commerçants
ayant .¡jes entreprises aux colonies avaient
intérêt ~a connaître cette interprétation d'un
texte sur lequel on n'était pas d'accord jus-
qu'ici et qm a donné lieu à de nombreuses
contestations et controverses.
La quesïion sera-t-elle Portée devant le
Conseil d'Etat? C'est possible, sinon proba-
ble. En tous cas, il sera intéressant de con-
naître la décision de cette haute juridiction
administrative. Son arrêt confirmera-t-il l'in-
terprétation ministérielle ?
Henri Michel,
Député des Basse-Alpes, membre de
la Commission des Colonies, vice-
président de la Commission de la
Marine.
̃«♦»>
Contre le paludisme
--0.0--
La Commission du paludisme, réunie à
Genève, a adopté le rapport de la mission
qu'elle avait chargée, l'été dernier, d'enquê-
ter sur le paludisme dans les Balkans,en Rus-
sie et en Italie.
La Commission a également abordé l'exa-
men des besoins médicaux en quinine du
monde entier.
La culture du colon
en Afrique Eouamie Française
0
Le coton est une des cinq ou six matières
premières les plus indispensables à notre
industrie. Il y a, en France, 9.600.000 bro-
ches de filatures presque entièrement ali-
mentées par de la matière première d'impor-
tation étrangère, qui nous contraint à payer
un lourd tribut à des pays à change élevé,
ce qui ne contribue pas peu à déprécier no-
tre devise nationale, et nous place, à ce point
de vue, dans la dépendance économique des
Etats-Unis et de l'Angleterre.
Pour nous affranchir de cette servitude dé-
sastreuse pour nous, il n'est qu'un remède :
la culture cotonnière à grande échelle dans
nos colonies. Ce problème a été étudié de-
puis de longues. années, et par les Pouvoirs
publics et par l'Association Cotonnière Co-
loniale, institution subventionnée par l'Etat
qui recevra, cette année, quatre millions du
ministère des Colonies, pour favoriser sous
toutes ses formes la production du coton co-
lonial français.
Trois champs d'expérimentation semblent
avoir actuellement les faveurs officielles,
parce que les essais pratiqués depuis plu-
sieurs années ont donné des resultats de plus
en plus concluants et offrent de grandes sur-
faces irrigables : ce sont la vallée du Niger,
l'Algérie et le Cambodge.
Il en existe un quatrième qui, pour n'avoir.
pas, jusqu'à présent, en raison de son éloi-
gnement, bénéficié de la faveur officielle,
semble pouvoir fournir à la production cu-
tonnière un appoint aussi intéressant que les
pays cités ci-dessus, c'est la colonie du
Tchad, qui étend d'immenses plaines irri-
gables sous les mêmes latitudes que le Sou-
dan Egyptien, qui est un des principaux
fournisseurs du marché mondial, et parallèle-
ment-a lui.
A vrai dire, jusqu'à présent, si le coton
est cultivé en de nombreux endroits sur le
territoire de l'Afrique Equatoriale Fran-
çaise, il n'cxiste cependant aucune exploi-
tation digne de ce nom et l'indigène ne cul-
tive que pour ses propres besoins.
Le Gabon, en majeure partie couvert par
la forêt, ne se prête nullement à la culture
du coton.
Dans la colonie du Moyen-Congo, des es-
sais ont été tentés dans les vallées du Niari,
de la Bouenza, dans la circonscription de la
Madeï Sangha, qui ont permis de conclure
que le cotonnier pouvait réussir.
Dans l'Oubangui-Chari, la situation est
beaucoup plus favorable et la production
pourrait être notable, les seules limitations
possibles à cette culture proviendraient des
moyens de communication.
Le coton pouvant pousser dans les meil-
leures conditions au-dessous du 12° de lati-
tude nord, le Tchad semble être son habitat
par excellence et, en fait, il n'est guère de
village qui ne possède son atelier de tis-
sage.
Des plantations ont été tentées dont il
convient d'attendre les résultats, toutefois,
il est apparu dès maintenant que la culture
fractionnaire par l'indigène donne les meil-
leurs résultats, les espèces cotonnières du
pays étant excellentes. Il suffit de centrali-
ser la récolte sur les factoreries. Et c'est
ce qui a rléjà été tenté avec le plus grand
succès à l'échelle d'expérimentation. A la
dernière récolte, 60 tonnes de coton égrené
ont été exportées et, à la prochaine, le pro-
duit étant de .bonne vente, ce chifire pourrait
être au moins triplé. - - - - L.
L, Association Cotonnière Coloniale a déFt
introduit, au Tchad, 7 égreneuses, des
presses et du matériel divers qui rendent les
plus grands services.
L'administration a encouragé les popula-
tions à la. culture du coton sec et l'indigène
a répondu largement à son appel.
La qualité du coton, dont les soies sont
assez courtes, est cependant excellente et
peut, sur nos marchés européens, soutenir la
comparaison avec n'importe quel coton de
qualité moyenne. Il convient de noter qu il
s'agit de production des espèces indigènes et
d'espèces importées.
L'administration locale favorisera cette
culture par tous les moyens en son pouvoir,
notamment par la distribution aux indigènes
d° graines sélectionnées, de primes et par la
mise en rapport direct avec le commerçant.
Il y a un autre facteur important : les
voies de communication, car, jusqu'à présent,
le gros obstacle à la mise en valeur du Tchad
a été son eloignement de la mer.
Or, notre colonie dispose d'une excellente
voie économique, c'est la voie fluviale de la
Bénoué et du Bas-Niger, entre le Mayo-
Kébi, Garoua et le port anglais de Lagos, en
Nigéria, la convention du 14 juin 1898 nous
assurant l'égalité commerciale avec nos voi-
sins, mais le fret des Compagnies fluviales
britanniques reste élevé en raison du change.
Il faudrait organiser - un service français
pour les besoins de l'administration et des
particuliers de notre colonie, mais celle-ci
ne sera réalisable économiquement que lors-
que le tonnage d'importation-exportation du
Tchad sera suffisant. Il faut donc, dévelop-
per d'abord la production sur place, et, dans
le tonnage général, le coton doit entrer pour
une large part. C'est d'ailleurs un produit
« riche » qui, en raison de sa valeur, peut
supporter des frais de transport assez élevés
en laissant une marge assez forte de béné-
fices aux exploitants.
Il y a place dans cette vaste et riche colo-
nie pour toutes les énergies et les capitaux
français qui voudront s'appliquer à sa mise
en valeur par l'extension de cultures aussi
rémunératrices que celles-ci, et il faut espé-
rer que les groupements économiques du co-
ton, en France, accorderont au Tchad une
sollicitude égale à celle qu'ils ont témoignée
à d'autres colonies plus favorisées.
Les grandes vallées de notre colonie mé.
ritent, au même titre que celle du. Niger, le
surnom « d'Egypte française ».
L'administration ne demande qu'à soutenir
les efforts des groupements qui entrepren-
dront la culture cotonnière au Tchad, cet
autre Soudan Egyptien qui peut, dans une
large mesure, aider la mère patrie à affran-
chir notre industrie textile des importations
étrangères.
La question du IranSSaharlaD
Les arguments mis en avant pour rallier
les profanes à la construction d'un trans-
saharien ont tout d'abord été d'ordre éco-
nomique et politique. Malgré des chiffres
assez impressionnants fournis sur les res-
sources devant alimenter le trafic du che-
min de fer, il y a eu peu de convaincus.
On eut alors recours à des considérations
stratégiques, plus impressionnantes, sur-
tout au lendemain de la grande guerre. Il
permettrait, dit-on, d'acheminer rapide-
ment et sans danger J'armée noire sur le
front de guerre européen; puis, entre deux
guerres européennes, le transsaharien as-
surera la sécurité du désert.
Tous les esprits chauvins ne manquèrent
pas de se rallier par cet argument au trans-
saharien, mais ils ne sont pas une majorité
suffisante pour assurer à .l'entreprise le suc-
cès -- escompté.
Quel peut 61 ru le rendement de ce chemin
de fer, à voie unique, qui mesurera près de
de fer, kilomètres d'Oran au Niger au point
de vue militaire ? IL ne dépassera pas celui
du Transsibérien ; il sera donc de 10 à 12
trains par jour, soit le chargement de 3
eteatners.
Vaut-il mieux embarquer nos réservistes
noirs à Oran qu'à Dakar ? Les convois par-
tant d'Oran n'arriyeront pas deux jours
plus tôt en France. Ils seront soustraits aux
attaques des croiseurs et des sous-marins
onneniis de Dakar au détroit de Gibraltar,
mais nos transports resteront vulnérables
SUr le parcours Oran-côtos françaîsfis. Si
nous sommes très inférieurs comme puis-
sance navale, n'espérons donc pas amener
plus facilement en France nos troupes indi-
gènes en partant de l'Aligérie.
Les espoirs fondés sur le rondement éco-
nomlquc du transsahorien ne reposent guè-
re que sur des probabilités, aussi la ques-
tion du traassaharien que certains cher-
chent à ramener sur le terrain de l'actua-
lité, ne préoccupe plus l'opinion publique.
Quand nous serons certains des résultats
de la mise en valeur de la boucle du Niger,
.nous pourrons nous lancer hardiment dans
la construction du transsaharien, mais à ce
moment-là sculement.
La prospérité 0 de l'Algérie
Au moment où M. Th. Steeg quitte le Gou-
vernement Général de l'Algérie, y laissant le
souvenir d'un grand administrateur, il est inté-
ressant de signaler lete heureux résultats obte-
nus par ses efforts éclairés.
La prospérité de notre grande possession de
l'Afrique du Nord se trouve mise en lumière
par les plus-values du budget de l'Algérie en
1924 qui viennent d'être publiées.
Les prévisions avaient été de 394.894.192
francs ; les recettes effectives ont été de 465
millions 789.830 francs. Les annulations de
crédit (50 millions) qui s'ajouteront aux excé-
dents de recettes constitueront une plus-value
globale de 120 millions.
Les impots directs ont été en plus-value de
plus de 8 millions. L'augmentation des droits
de succession et '(le timbre dépasse 28 millions.
Les taxes sur les alcools et las spiritueux ont
un excédent de plus de 8 millions. L'élévation
du prix du tabac a donné une plus-value de 5
millions.. L'excédent des recettes des P. T. T.
sur les prévisions a été de plus de 6 millions,
et la taxe sur les valeurs mobilières a procuré
une plus-value de 2 millions..
- 40.
Décrets et Arrêtés
00 --
Arrêté portant renouvellement pour une du-
rée de cinq années, à partir du lor sep-
tembre 1925, de la Convention du 28 mai
1320, portant cession de main-d'œuvre
pénale au profit de la « Société Forestière
de la Guyane Française n..
Le nombre dus transportés mis à la dis-
position du concessionnaire est fixé A :
zuu nommes pour ni i.eriuue au L-" sep-
tembre IU2.-) ;i 11 31 ::LoÙt :L\J:W :
l'Ju luiiiiiiius pour la période du 1er sep-
tembre l'J20 mi 31 août 1027 :
175 homntCa pour .la période du l'r septem-
bre 1.02T au 31 août l'j2S :
HiO hoinmPb pour la pénurie du 1er septem-
bre I02S au 31 iiuùl 1«J29 ;
150 hommes pour l:t période du l'r septem-
bre 192!) au 31 août 1930.
Toutefois le roin t .ssinnnniro sora libre de
n'utiliser qu'un nombre d'hommes moindre
suiviml 1rs besoins de son exploitation.
Eon raison de la réduction d'effectif de nwtn-
̃d'onivre prévue, le muxirnum des quantités d.c
bois il fournir fini tintement h l'Administra-
tion pénitonUain: est fixé a un demi mcti'c
cubo pair mois et par ihoiume en cession, ce
chiffre étant di'liTmiiV- pan' le calcul de l'ef-
fectif moyen de nioin-d'ujnvrc en resion du-
rant le mois.
rn(l 'redevance dr> 2 francs par homme, et
par jour c-t due pour toiïïes les joiirnéespas-
séns par 1c: condamnés à la disposition du
concessionnaire.
'1. 0. du 17 avril.
Au Congo belge
Conseil colonial
Dans sa dernière séance, sous la prési-
dence de M. Carton, ministre des Colonies, *
le Conseil u approuvé les rapports rédigés
sur les projets de décret examinés au cours
de la précédente séance.
Puis, il -a successivement examiné et ap-
prouvé à l'unanimité trois projets de dé-
cret : 1° un projet approuvant une conven-
tion conclue le 25 février 1925 par laquelle
la colonie cède la station agricole de Zambi
avec terres d'extension à la Compagnie des
Produits du Congo; 2° un projet créant une
réserve de faunu et de flore sous la déno-
mination de « Parc National Alberti); b®
un projet approuvant une convention rela-
tive à .la pêche à la baleine dans les eaux
territoriales congolaises.
La question de la main-d'oeuvre
Cette Commission présidée par M. CooreJ
man, ministre d'Etat, s'est occupée de
l'emploi de la main-d'ceuvre et des amélio-
rations 'à apporter dans son rendement.
Elle a étudié la suppression du portage,
la répression du vagabondage, le dévelop-
pement du machinisme, l'éducation profes-
sionnelle indigène, le recrutement, le fonc-
tionnement des Bourses du travail et les
obligations des employeurs.
Elle a conclu des rappurts qu'elle a reçus
et des discussions auxquelles ils ont donné
lieu, que :
« Dans la colonie prise en bloc, la main-
d'œuvre est suffisante pour satisfaire aux
besoins jusqu'en 1930, des entreprises exis-
tantes, en même temps qu'aux prévisions
de développement de la colonie, mais ce-
pendant sous certaines conditions.
n Le désordre actuel des méthodes de re-
crutement et d'emploi des travailleurs indi-
gènes fait apparaître comme réel le danger
de destruction des sources de main-d'œu-
vre actuellement exploitées. Pour l'écarter
et envisager l'avenir avec confiance, il fau-
drait :
Il 1° Que le développement économique
de la colonie soit poursuivi avec circons-
pection, conformément à un programme
tracé pour chaque région par le Gouverne-
ment, avec la collaboration des entrepri-
ses intéressées, puis imposé sans faiblesse;
J) 2° Que les charges de recrutcrtient
soient uniformément et judicieusement ré*
nm-lina enr tnntf la rolonie:
1-'& "'--- --.--..- -- ---------1
» 3° Que les employeurs réalisent eux-
mômes de sérieuses économies de main-
d'œuvre en s'imposant tous les sacrifice^
nécessaires.
» Le problème de la main-d'œuvre au
Congo devient donc un 'problème d'organi-
sation et do contrôle. »
La Commission ajoute à son rapport l'es-
quisse d'une solution de co problème, où
elle traite notamment des principes de l'or-
ganisation du recrutement, du fonctionne-
ment des Dcnrrses du travail, des indigènes
déracinés habitant autour des grands cen-
tres.
Le royaume des Bakubas
M. Engels, Gouverneur de la province du
Congo-Kasai, qui vicllt de prendre passa-
ge à bord de la dernière malle anversoise,
regagnant ie COLlgu-r:I'lgc, a Llit avant son
départ une intéressante conféreiic" sur le
royaume des Baklluag, lu kibanguismc, la
crise des transports et de la main-d'œuvre.
Le royaume des Bakubas, doté d'une or-
ganisation politiqnc, vieille de quinze sl.
cles, euniple quelque Cent ruille habitants,
a dit l'excellent «•onférencier. Son Uni, théo-
riquement absolu, acei-pte le POU\ ull' belge,
n*'- de la eunquélc, en échange de quoi l'au-
lurité colunialc b,'lgc soutient SI Il autorité.
L'administration désuéle du roy unné des
Bakubas est parfaitement susceptible d'une
r<'rLnm.' modernisation, qui ne 1 eul qu être
profitable aux inh'rèts coloniaux belges en
même temps qu'rà ceux des indigènes.
Après cet eN illustre de projec-
tions, M. lingels a entretenu ses auditeurs
du fameux cx-i-atochiste protestant Simon
Kihango, le pseudo-thaumaturge, IIIVPlltt::Ul'
du kibanguisme.
Pas une goutt.' de sang n'a J!•• versûc
dans cette sorte d ep'inec m\stuo-puntiquc,
mais f '-tat d'effervescence dans lequel se
trouvent les noirs fanatisas par Kibangu
exige do la fermeté de la part du Gouverne.
ment colonial belge.
M. Engels a déclaré en passant (l En
conscience, ie ne pense pas que Te kiban-
guisme soit un mouvement politique inspiré
par des étrangers dans le but de susciter
au Gouvernement des difficulté^ pouvant
amener des complications internationales.
Si certains missionnaires protestants ont 8U
à certains moments une attitude suspeCtC,
si le kibang" uisme d,lit uec.'ssaii nient re-
naître dansles contrées ou Renseignement
nroteslant est le plus répandu - .'s noirs
avant une tendance à considérer la Biblo
comme leur propre histoire preuguree -
il faut reconnaître qu'aujourd'hui Jus n_IIS"
sionnaires protestants ont tous rompu avec
le kibnngnismr.
Après un aperçu rapide de H question
de la main-d'œuvre indigène. r,\I'n.tûlll' a
brièvement évoqué la crise des transports
e1 a rendu hommage aux énergiques etforts
qui ont été tentés pour conjurer la crise
Il depuis septembre dernier, le tralic u. a
cessé d'augmenter aussi bien fi la descente
qu'à la montée sur la ligne MatadHvinslia-
sa et sans le régime actuel des lie 'jices, qui
restreignent les importations, it n". aurait
ccrtc plus de déficit ̃>.
L'Utilisation du frigo
pour obvier à la pénurie de viande de
boucherie qui sévit h 1 .énpoldvil!" et dans
plusieurs provinces du Omgo, d-uix grou-
pe de sociétés coloniales bijgi s iciinent de
former un syndicat dont Vnbje! • si l'étude
de l'extension a tout te C.oiigo d-' l'impor-
tation des produits congelés. La réalisation
des projets de ce syndicaL apportera aux
Congolais un plus grand confort.
1
LE NUMERO : 80 GHNltMBB
VENDREDI SOIR, 17 AVRIL 1925
-.a d e gi4l in 14e qw 1
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
UW,AglicLu PUBUtS PAR "LES ANNALD COLOUMM. SONf LA ROPRlM
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La Annonce» etRktame» mi reçue* aux Bwtmux dajomtudetdmu k$Agtftem étPaUdU
DIRECTEURS 1 MARCEL RUBD&L et L.-G. THIBAULT
léMctitI et IdmiaUtnlMi : 34, Ru. du Mont-TtfabQr, PARIS-I* Téléshm : LOUYU 19-17
MMWMMp 1
Franc* *t Colonie*. m a a JO m 1
Etrange iMt a a- 10-P
* On raboim* dans tooa le* Bareaox da poste «t abezlet prtadpaux Dbraiiw
L'évolution de la Turquie
* - 1
La Turquie continue d'évoluer. Sous l'in-
fluence de son Gouvernement, elle s'efforce de
se détacher de plus en plus de l'islami ; norîpas
qu'elle le veuille rejeter, pour l'instant, du
moins, en tant que croyance reHgieuse, mais
comme règle unique, impérieuse, exclusive de
la vie sociale.
Le Coran n'est pas, en effet, seulement un
livre religieux. Il contient un ensemble de pré-
ceptes qui réglementent la vie de chaque jour
dans ses moindres détails, jusqu'à la façon de
s'habiller, de se laver, de se coiffer.
La tendance du Gouvernement actuel est de
laïciser la Turquie. Cette volonté de la mo-
derniser éclate dans les conversations de ses
hommes d'Etat, et apparaît dans un grand
nombre de leurs actes.
L'an dernier, Mustapha Kemal, qui est ac-
tuellement président de la République, tenait
à un publiciste français les propos suivants qui
sont significatifs : « Si nos corps sont en Orient,
nos esprits restent tendus vers l'Occident. Nous
aspirons à moderniser notre pays. Tous nos ef-
forts tendent à faire de la Turquie un état mo-
derne, donc occidental. Quel est le peuple qui,
désireux d'entrer dans la civilisation, pourrait
ne pas se diriger vers l'Occident ? L'homme
qui a la volonté de marcheur dans une direction
et qui s'aperçoit que ses mouvements sont gê-
nés par les chaines qui retiennent ses pieds, que
fait-il ? Il brise les chaînes et il marche. »
Et, en effet, la nouvelle Turquie a rompu
les liens qui la rattachent au passé. Elle a pro-
clamé la souveraineté du peuple. Elle a sup-
primé la califat.
Autour de Mustapha Kemal, domine 1 esprit
laïque. Un de ses amis déclarait à un Français
qui l'interrogeait sur ce point : « La religion
était jadis un facteur politique de première im-
portance, aujourd'hui c'est fini. Et, ajoute-t-il,
cela est vrai aussi de l'Islam. Le panislamisme,
c'est de l'histoire ancienne, nous n'y croyons
plus. Exprimée sous cette forme absolue, c'est
évidemment une opinion quelque peu risquée.
Les mouvements qui agitent en ce moment le
monde musulman, depuis le Maroc jusqu'à
l'Inde, nous montrent que dans bien des cas le
panislamisme est autre ch ose qu un souvenir. Il
.n'en reste pas moins curieux d entendre de pa-
reils propos dans la bouche d'un des membres
du Gouvernement d'Angora. Celui-ci, d'ail-
laurs, s'attache à réaliser les conceptions laï-
ques empruntées à l'Occident et à faire de
1 Etat turc un état non pas irreligieux, mais are-
licieux.
Ce n'est pas une œuvre facile dans un pays
où l'influence religieuse dominait la législation,
'l'institution familiale, la justice, l'éducation.
Une r éforme de ce genre implique la revision
des lois et la réorganisation des tribunaux, des
écoles, de r Administration.
Les anciennes écoles religieuses, les médres-
sés, ont été, supprimées; on n'a laissé subsister
que les institutions spéciales qui correspondent
à ce que, chez nous, nous appelons les sémi -
naires, et que fréquentent seuls les jeunes gens
qui veulent se spécialiser dans l'étude des
sciences religieuses'.
Les hommos d'Etat turcs ont voulu aussi ré-
pandre le plus largement possible l'enseigne-
ment ainsi laïcisé. Ils fondent des établisse-
ments d'enseignement supérieur, secondaire, et
des écoles primaires. La fréquentation de cel -
les-ci est obligatoire. Malheureusement, l'ap-
plication dei la loi subit ici, comme chez nous,
du reste, des exceptions sur lesquel les on est
pour l'instant obligé de fermer les yeux.
La création de bibliothèques, de musées, com-
plète l'ensemble de ces institutions qui se pro-
posent de nationaliser et de moderniser l'ensei -
gnement. - -
Des réformes analogues ont été introduites
dans l'Administration de la justice. Des restric-
tions considérables ont été apportées à la com-
pétence des tribunaux religieux. Toutes les af-
faires relatives au statut personnel : paternité,
filiation,, adoption, succession qui relevaient
d'eiux autrefois, ressortissant aujourd'hui aux
tribunaux civils. Seules, les affaires de mariage
et de divorce continueront à être plaidées de-
vant le juge religieux.
Des changements animés du même esprit se
produisent dans les actes de la vie quotidienne.
Les femmes ont obtenu récemment le droit de
fréquenter librement la société des hommes.
Pour la première fois, il y a quelques semai-
nes, les officiers turcs ont arboré des képis avec
visière, alors que cette-ci, était jusque aujour-
d'hui proscrite parce qu'elle empêchait le
croyant de toucher de son front la tene pen-
dant la prière. Il n est pas téméraire de penser
qu'admise dans l'armée, la coiffure européenne
ne tardera pas à l'être dans le monde civil.
Depuisr cette année, les fonctionnaires turcs
sont astreints à travailler comme d'habitude,
durant le mois de jeûne du Ramadhan.
Enfin, l'Assemblée d'Angora a tout der-
nièrement - décrété une mesure - - d'un - caractère
- - -- - - - - -
plus Tévolutionnaire encore. Elle a décidé de
faire traduire le Coran en langue turque vul-
gaire. La Commission qui sera chargée de ce
travail devra aussi accompagner le texta de
commentaires à l'usage du peuple.1 L'esprit
dans lequel sera fait ce travail ne laisse pas de
doute sur son caractère. Il s'agira jde montrer
aux Turcs que le livre du PropRèile ne concerne
plus, dans maintes de ses parties, qu'un passé
depuis longtemps révolu : nombre de ses cha-
pitres ne peuvent plus être appliqués, et il est
nécessaire de tenir compte désormais de révo-
lut1on. des temps.
Il faut faire disparaître l'incompatibilité
entre les lois musulmanes et les sciences moder-
nes. On a vainement essayé pendant longtemps
d'accommoder certains dogmes de l'Islam à
cortain principes de la civilisation occidentale.
On n'a abouti qu'à de détestables compromis.
« Toute conciliation est impossible. »
On ne peut conserver certaines traditions co-
raniques et adopter la culture européenne : il
faut choisir, il faut reconnaître que le livre du
Prophète ce peut plus servir de code pour les
rapports entre les hommes.
Sans doute, il ne s'agit pas de répudier l'Is-
lam comme croyance ; évidemment non, puis-
qu'il est la religion officielle ; mai& c'est une
religion que l'on vomirait bien épurer des nom-
breuses superstitions qui l'encombrent, procéder
à son égard de la façon qu'employèrent les
réformateurs du XVIe siècle chez nous envers
le christianisme.
Cet effort curieux ne va pas sans difficultés.
Nous les comprenons d'autant mieux que les
pays occidentaux ont dû, au début des temps
modernes, en accomplir un qui lui ressemble un
peu. C'est pourquoi nous en saisissons d'autant
mieux les lenteurs. Cette transformation net serai
pas r œuvre de quelques années. Elle exigera
1.. -- ,., l' -
une ou plusieurs générations. \e n est que dans
quelque vingt ou trente ans que nous pour-
rons porter sur elle un jugement motivé.
Pour l'instant, nous nous bornons à en signa*
1er rapidement et de façon fort incomplète quel-
ques-uns des caractères. Ce qui se passe en Tur-
quie nous intéresse d'une façon incontestable.
Tout changement dans le mond musulman
nous touche.
Quelle sera la répercussion de ces réformes
sur les autres pays musulmans ? Il est préma-
turé de l'examiner. Mais les quelques faits que
nous venons de citer prouvent, ou, si l'on pré-
fère, tendent à prouver que l'islamisme est sus-
ceptible d'évolution. Limitons-nous, pour au-
jourd'hui, à cette constatation.
Henry Fotttanier,
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Alfatre,s étran-
gères, membre de Vt Commission
des Colonies.
41»
Le Ministère Painlevé
--()-o--
Après det laborieuses négociations qui du-
raient depuis trois jours, M. Painlevé a pu,
aux premières heures du matin, constituer défi-
nitivement son Cabinet.
En voici la composition :
Présidence du Conseil et Guerre :. M. PAIN-
LEVÉ ;
Justice - M. STEEG ;
Finances M. CAILLAUX ;
A ffaires étrangères : M. BRIAND ;
Intérieur : M. SCHRAMECK ;
Marine : M. Emile BoREL ;
Commerce et P. T. T. ; M. CHAUMET ;
Instruction publique : M. DE MONZIE ;
Agriculture : M. Jean DURAND i
Travaux publics : M. Pierre LAVAL ;
Pensions : M. ANTÉRIOU;
Colonies : M. André HESSE ;
Travail : M. DURAFOUR.
SOUS-SECRETAIRES D'ETAT
Présidence du Conseil : M. Georges BON-
NET ;
Guerre : M. OSSOLA ;
Marine marchande : M. DANIELOU ?
Aéronautique : M. Laurent EYNAC ;
Enseignement technique : M. ,Yvon DEL-
BOS ;
Régions libérées: M. DEYRIS ;
Commissaire à la Guerre.. M. BfflAZET.,
m *
M. André Hesse, qui succède à M. Edouard
Daladier, au Ministère des Colonies, est né à
Paris le 22 avril 1874.
Avocat à la Cour d'appel de Paris, il aenre-
gistré de brillants succès comme avocat d'as-
sises. Elu pour la première fois député de la
Chairento-Inférieure le 8 mai 1910, il fut réélu
les 26 avril 1914 et le 11 mai 1924.
M. André Hesse est inscrit au groupe radi-
cal et radical-socialiste.
M. Maurice Viollette
gouverneur général de l'Algerie
-0-0-
M. Maurice Viollette député d'Eure-et-
Loir, rapporteur généra] du budget a été
nommé Gouverneur général à Alger, en
remplacement de M..Steeg, nommé ministre
de la Justice.
Nous adressons nos cordiales félicitations
à M. Maurice ViolMte qui fut durant de lon-
gues années le collaborateur du journal.
- bol
L'A. VIA TION COLONIALE
Q-0-
Japon-Europe
Le baron Sakalani, membre de la Société
impériale d'aviation, a .offert au journal
Asafri, un prix de 50.000 yen destiné à ré-
compenser l'aviateur qui réussira un vol du
Japon en Europe.
Rome-Tokio-Melbourne
L'hydravion militaire italien piloté par le
commandant Depinedo et Se mécanicien
Companilli, qui poursuit le raid Rome-To-
]do-Mel})(mrnc et retour, est attendu en In-
dochine vers le 20 avril.
Il atterrira à SaIgon, Tourane, Haliphong,
Hanot et Vientiane.
POUR LE mm COLONIAL
--0-0---
Une réponse intéressante
Plusieurs firmes ayant
leur siège social en France
et leur exploitation uni.
quement a u x colonies,
m'ont fait l'honneur de
me soumettre une question
extrêmement délicate, rela-
tive à l'aPPlication de la
loi du 1er juillet 1916. Ces
maisons désiraient savoir
si eues sont oui ou non assujetties à cette
loi. Ni le ministère des Colonies ni celui des
Finances ce qui est plus étrange -
n'avaient pu jusqu'ici les renseigner. Certai-
nes d'entre elles, animées d'ailleurs des
meilleures intentions et ne demandant qu'à
payer ce qu'elles doivent, se sont vu infliger
majorations et pénalités, comme si elles
avaient voulu frauder le Trésor.
Lasses de ~traite?nents qu'elles ne croient
pas avoir mérités et, plus encore. d'une sus-
picion qui les désoblige, c'est le moins fjù'on
en puisse dire, elles m'ont demandé d'inter-
venir auprès du ministère des Finances. le
l'ai fait dans les termes suivants :
« La loi dit ior juillet 191,6, relative aux bé-
« néfices de guerre qui ne fait aucune
« mention se "rapportant aux exploitations co-
« loniales, - précise en son article 2 § 4 :
« Pour la comparaison du bénéfice normal
« avec celui qui a été réalisé au cours de la
« période de guerre, les bénéfices à comparer
(t sont constitues par la totalisation des pro-
u duits nets des diverses entreprises EXPLOI-
« TÉES EN FRANCE par un même contribuable,
« sous déduction, s'il y a lieu, des pertes
« résultant d'un déficit d'exploitation dans
« certaines de ces entreprises, »
(c. Des expressions, « exploitées en France »,
« ci-dessus soulignées deux fois, il semblef
« bien résulter que les exploitations aux co-
« lonies ne soient pas soumises à cette con-
« tribution. l'ai tenu cependant à poser la
« question aux Finances. La voici :
« une firme ayant son siège social en
« France, mais son exploitation uniquement
« aux colonies, est-elle assujettie à la loi du
« ior juillet 1916? »
La question a dû paraître quelque peu em-
barrassante,, si j'en juge par le temps qu'on a
mis à y répondre. Mats le temps ne fait rien
à l'affilire. Ce qui importe, c'est la réponse.
Je la transcris textuellement :
(( Monsieur le Député,
« Vous m'avez demandé si une Société qui
tt a son exploitation aux- colonies et son siège
u social en France, se trouve dans le cas
« d être soumise à la contribution extraordi-
« naire sur les bénéfices de guerre.
.« l'ai l'honneur de vous faire connaître
« que, d'après l'article 2 de la loi du t or juil-
« let 1916, la contribution extraordinaire n'est
« exigible qu'a raison des bénéfices provenant
et d'entreprises exploitées en France. Il s'en.
U suit que les bénéfices réalisés par une so-
« CÍcté dont le siège social est en France, ne
« sont pas, en principe, susceptibles d'être
« retenus pour l'assiette de l'impôt.
u Toutefois, si le siège social intervenait
« effectivement dans Vexploitation de cette
cc eJttreprsc, la part des bénéfices totaux cor.
» respondant aux opérations effectuées en
cc France devrait être retenue Pour servir, le
« cas échéant, de base à l'imposition de la
« Société.
f( Veuillez agréer
Pour le Ministre et par autorisation.
De cette lettre, il résulte nettement trois
choses :
La première, c'est que les sociétés ayant
l'exploitation de leurs entreprises exclusive-
ment aux- colonies, bien que leur siège social
soit en France - Paris, Marseille, Bordeaux,
etc., etc. ne sont pas soumises à la loi du
ior juillet 1916 et, par conséquent, ne sont
pas assujetties à la contribution extraordinaire
sur les bénéfices de guerre.
La seconde, c'est que les sociétés qui, tout
en ayant leur exploitation aux colonies, font
néanmoins, au siège social situé en France,
des actes de commerce : achat" vente. sont
assujetties à la contribution pour ces actes de
commerce exécutés en France.
Il y a donc lieu,, pour ces sociétés, de pro-
céder à une sorte de ventilation dans leurs
bénéfices et d'en faire deux parts : l'une -
celle provenant des entreprises - exploitées aux
colonies, non soumise à la contribution ex-
traordinaire ; Vautre, au contraire celle
provenant des actes de commerce accomplis
en France assiljettie à la contribution.
La troisième conséquence à tirer de cette
lettre, c'est qu'il semble bien difficile que le
fisc puisse maintenir les majorations et pé-
nalités infligées aux assujettis.
Sans autres commentaires. J'ai pensé que
les contnzoi-çaeits. - tous les commerçants
ayant .¡jes entreprises aux colonies avaient
intérêt ~a connaître cette interprétation d'un
texte sur lequel on n'était pas d'accord jus-
qu'ici et qm a donné lieu à de nombreuses
contestations et controverses.
La quesïion sera-t-elle Portée devant le
Conseil d'Etat? C'est possible, sinon proba-
ble. En tous cas, il sera intéressant de con-
naître la décision de cette haute juridiction
administrative. Son arrêt confirmera-t-il l'in-
terprétation ministérielle ?
Henri Michel,
Député des Basse-Alpes, membre de
la Commission des Colonies, vice-
président de la Commission de la
Marine.
̃«♦»>
Contre le paludisme
--0.0--
La Commission du paludisme, réunie à
Genève, a adopté le rapport de la mission
qu'elle avait chargée, l'été dernier, d'enquê-
ter sur le paludisme dans les Balkans,en Rus-
sie et en Italie.
La Commission a également abordé l'exa-
men des besoins médicaux en quinine du
monde entier.
La culture du colon
en Afrique Eouamie Française
0
Le coton est une des cinq ou six matières
premières les plus indispensables à notre
industrie. Il y a, en France, 9.600.000 bro-
ches de filatures presque entièrement ali-
mentées par de la matière première d'impor-
tation étrangère, qui nous contraint à payer
un lourd tribut à des pays à change élevé,
ce qui ne contribue pas peu à déprécier no-
tre devise nationale, et nous place, à ce point
de vue, dans la dépendance économique des
Etats-Unis et de l'Angleterre.
Pour nous affranchir de cette servitude dé-
sastreuse pour nous, il n'est qu'un remède :
la culture cotonnière à grande échelle dans
nos colonies. Ce problème a été étudié de-
puis de longues. années, et par les Pouvoirs
publics et par l'Association Cotonnière Co-
loniale, institution subventionnée par l'Etat
qui recevra, cette année, quatre millions du
ministère des Colonies, pour favoriser sous
toutes ses formes la production du coton co-
lonial français.
Trois champs d'expérimentation semblent
avoir actuellement les faveurs officielles,
parce que les essais pratiqués depuis plu-
sieurs années ont donné des resultats de plus
en plus concluants et offrent de grandes sur-
faces irrigables : ce sont la vallée du Niger,
l'Algérie et le Cambodge.
Il en existe un quatrième qui, pour n'avoir.
pas, jusqu'à présent, en raison de son éloi-
gnement, bénéficié de la faveur officielle,
semble pouvoir fournir à la production cu-
tonnière un appoint aussi intéressant que les
pays cités ci-dessus, c'est la colonie du
Tchad, qui étend d'immenses plaines irri-
gables sous les mêmes latitudes que le Sou-
dan Egyptien, qui est un des principaux
fournisseurs du marché mondial, et parallèle-
ment-a lui.
A vrai dire, jusqu'à présent, si le coton
est cultivé en de nombreux endroits sur le
territoire de l'Afrique Equatoriale Fran-
çaise, il n'cxiste cependant aucune exploi-
tation digne de ce nom et l'indigène ne cul-
tive que pour ses propres besoins.
Le Gabon, en majeure partie couvert par
la forêt, ne se prête nullement à la culture
du coton.
Dans la colonie du Moyen-Congo, des es-
sais ont été tentés dans les vallées du Niari,
de la Bouenza, dans la circonscription de la
Madeï Sangha, qui ont permis de conclure
que le cotonnier pouvait réussir.
Dans l'Oubangui-Chari, la situation est
beaucoup plus favorable et la production
pourrait être notable, les seules limitations
possibles à cette culture proviendraient des
moyens de communication.
Le coton pouvant pousser dans les meil-
leures conditions au-dessous du 12° de lati-
tude nord, le Tchad semble être son habitat
par excellence et, en fait, il n'est guère de
village qui ne possède son atelier de tis-
sage.
Des plantations ont été tentées dont il
convient d'attendre les résultats, toutefois,
il est apparu dès maintenant que la culture
fractionnaire par l'indigène donne les meil-
leurs résultats, les espèces cotonnières du
pays étant excellentes. Il suffit de centrali-
ser la récolte sur les factoreries. Et c'est
ce qui a rléjà été tenté avec le plus grand
succès à l'échelle d'expérimentation. A la
dernière récolte, 60 tonnes de coton égrené
ont été exportées et, à la prochaine, le pro-
duit étant de .bonne vente, ce chifire pourrait
être au moins triplé. - - - - L.
L, Association Cotonnière Coloniale a déFt
introduit, au Tchad, 7 égreneuses, des
presses et du matériel divers qui rendent les
plus grands services.
L'administration a encouragé les popula-
tions à la. culture du coton sec et l'indigène
a répondu largement à son appel.
La qualité du coton, dont les soies sont
assez courtes, est cependant excellente et
peut, sur nos marchés européens, soutenir la
comparaison avec n'importe quel coton de
qualité moyenne. Il convient de noter qu il
s'agit de production des espèces indigènes et
d'espèces importées.
L'administration locale favorisera cette
culture par tous les moyens en son pouvoir,
notamment par la distribution aux indigènes
d° graines sélectionnées, de primes et par la
mise en rapport direct avec le commerçant.
Il y a un autre facteur important : les
voies de communication, car, jusqu'à présent,
le gros obstacle à la mise en valeur du Tchad
a été son eloignement de la mer.
Or, notre colonie dispose d'une excellente
voie économique, c'est la voie fluviale de la
Bénoué et du Bas-Niger, entre le Mayo-
Kébi, Garoua et le port anglais de Lagos, en
Nigéria, la convention du 14 juin 1898 nous
assurant l'égalité commerciale avec nos voi-
sins, mais le fret des Compagnies fluviales
britanniques reste élevé en raison du change.
Il faudrait organiser - un service français
pour les besoins de l'administration et des
particuliers de notre colonie, mais celle-ci
ne sera réalisable économiquement que lors-
que le tonnage d'importation-exportation du
Tchad sera suffisant. Il faut donc, dévelop-
per d'abord la production sur place, et, dans
le tonnage général, le coton doit entrer pour
une large part. C'est d'ailleurs un produit
« riche » qui, en raison de sa valeur, peut
supporter des frais de transport assez élevés
en laissant une marge assez forte de béné-
fices aux exploitants.
Il y a place dans cette vaste et riche colo-
nie pour toutes les énergies et les capitaux
français qui voudront s'appliquer à sa mise
en valeur par l'extension de cultures aussi
rémunératrices que celles-ci, et il faut espé-
rer que les groupements économiques du co-
ton, en France, accorderont au Tchad une
sollicitude égale à celle qu'ils ont témoignée
à d'autres colonies plus favorisées.
Les grandes vallées de notre colonie mé.
ritent, au même titre que celle du. Niger, le
surnom « d'Egypte française ».
L'administration ne demande qu'à soutenir
les efforts des groupements qui entrepren-
dront la culture cotonnière au Tchad, cet
autre Soudan Egyptien qui peut, dans une
large mesure, aider la mère patrie à affran-
chir notre industrie textile des importations
étrangères.
La question du IranSSaharlaD
Les arguments mis en avant pour rallier
les profanes à la construction d'un trans-
saharien ont tout d'abord été d'ordre éco-
nomique et politique. Malgré des chiffres
assez impressionnants fournis sur les res-
sources devant alimenter le trafic du che-
min de fer, il y a eu peu de convaincus.
On eut alors recours à des considérations
stratégiques, plus impressionnantes, sur-
tout au lendemain de la grande guerre. Il
permettrait, dit-on, d'acheminer rapide-
ment et sans danger J'armée noire sur le
front de guerre européen; puis, entre deux
guerres européennes, le transsaharien as-
surera la sécurité du désert.
Tous les esprits chauvins ne manquèrent
pas de se rallier par cet argument au trans-
saharien, mais ils ne sont pas une majorité
suffisante pour assurer à .l'entreprise le suc-
cès -- escompté.
Quel peut 61 ru le rendement de ce chemin
de fer, à voie unique, qui mesurera près de
de fer, kilomètres d'Oran au Niger au point
de vue militaire ? IL ne dépassera pas celui
du Transsibérien ; il sera donc de 10 à 12
trains par jour, soit le chargement de 3
eteatners.
Vaut-il mieux embarquer nos réservistes
noirs à Oran qu'à Dakar ? Les convois par-
tant d'Oran n'arriyeront pas deux jours
plus tôt en France. Ils seront soustraits aux
attaques des croiseurs et des sous-marins
onneniis de Dakar au détroit de Gibraltar,
mais nos transports resteront vulnérables
SUr le parcours Oran-côtos françaîsfis. Si
nous sommes très inférieurs comme puis-
sance navale, n'espérons donc pas amener
plus facilement en France nos troupes indi-
gènes en partant de l'Aligérie.
Les espoirs fondés sur le rondement éco-
nomlquc du transsahorien ne reposent guè-
re que sur des probabilités, aussi la ques-
tion du traassaharien que certains cher-
chent à ramener sur le terrain de l'actua-
lité, ne préoccupe plus l'opinion publique.
Quand nous serons certains des résultats
de la mise en valeur de la boucle du Niger,
.nous pourrons nous lancer hardiment dans
la construction du transsaharien, mais à ce
moment-là sculement.
La prospérité 0 de l'Algérie
Au moment où M. Th. Steeg quitte le Gou-
vernement Général de l'Algérie, y laissant le
souvenir d'un grand administrateur, il est inté-
ressant de signaler lete heureux résultats obte-
nus par ses efforts éclairés.
La prospérité de notre grande possession de
l'Afrique du Nord se trouve mise en lumière
par les plus-values du budget de l'Algérie en
1924 qui viennent d'être publiées.
Les prévisions avaient été de 394.894.192
francs ; les recettes effectives ont été de 465
millions 789.830 francs. Les annulations de
crédit (50 millions) qui s'ajouteront aux excé-
dents de recettes constitueront une plus-value
globale de 120 millions.
Les impots directs ont été en plus-value de
plus de 8 millions. L'augmentation des droits
de succession et '(le timbre dépasse 28 millions.
Les taxes sur les alcools et las spiritueux ont
un excédent de plus de 8 millions. L'élévation
du prix du tabac a donné une plus-value de 5
millions.. L'excédent des recettes des P. T. T.
sur les prévisions a été de plus de 6 millions,
et la taxe sur les valeurs mobilières a procuré
une plus-value de 2 millions..
- 40.
Décrets et Arrêtés
00 --
Arrêté portant renouvellement pour une du-
rée de cinq années, à partir du lor sep-
tembre 1925, de la Convention du 28 mai
1320, portant cession de main-d'œuvre
pénale au profit de la « Société Forestière
de la Guyane Française n..
Le nombre dus transportés mis à la dis-
position du concessionnaire est fixé A :
zuu nommes pour ni i.eriuue au L-" sep-
tembre IU2.-) ;i 11 31 ::LoÙt :L\J:W :
l'Ju luiiiiiiius pour la période du 1er sep-
tembre l'J20 mi 31 août 1027 :
175 homntCa pour .la période du l'r septem-
bre 1.02T au 31 août l'j2S :
HiO hoinmPb pour la pénurie du 1er septem-
bre I02S au 31 iiuùl 1«J29 ;
150 hommes pour l:t période du l'r septem-
bre 192!) au 31 août 1930.
Toutefois le roin t .ssinnnniro sora libre de
n'utiliser qu'un nombre d'hommes moindre
suiviml 1rs besoins de son exploitation.
Eon raison de la réduction d'effectif de nwtn-
̃d'onivre prévue, le muxirnum des quantités d.c
bois il fournir fini tintement h l'Administra-
tion pénitonUain: est fixé a un demi mcti'c
cubo pair mois et par ihoiume en cession, ce
chiffre étant di'liTmiiV- pan' le calcul de l'ef-
fectif moyen de nioin-d'ujnvrc en resion du-
rant le mois.
rn(l 'redevance dr> 2 francs par homme, et
par jour c-t due pour toiïïes les joiirnéespas-
séns par 1c: condamnés à la disposition du
concessionnaire.
'1. 0. du 17 avril.
Au Congo belge
Conseil colonial
Dans sa dernière séance, sous la prési-
dence de M. Carton, ministre des Colonies, *
le Conseil u approuvé les rapports rédigés
sur les projets de décret examinés au cours
de la précédente séance.
Puis, il -a successivement examiné et ap-
prouvé à l'unanimité trois projets de dé-
cret : 1° un projet approuvant une conven-
tion conclue le 25 février 1925 par laquelle
la colonie cède la station agricole de Zambi
avec terres d'extension à la Compagnie des
Produits du Congo; 2° un projet créant une
réserve de faunu et de flore sous la déno-
mination de « Parc National Alberti); b®
un projet approuvant une convention rela-
tive à .la pêche à la baleine dans les eaux
territoriales congolaises.
La question de la main-d'oeuvre
Cette Commission présidée par M. CooreJ
man, ministre d'Etat, s'est occupée de
l'emploi de la main-d'ceuvre et des amélio-
rations 'à apporter dans son rendement.
Elle a étudié la suppression du portage,
la répression du vagabondage, le dévelop-
pement du machinisme, l'éducation profes-
sionnelle indigène, le recrutement, le fonc-
tionnement des Bourses du travail et les
obligations des employeurs.
Elle a conclu des rappurts qu'elle a reçus
et des discussions auxquelles ils ont donné
lieu, que :
« Dans la colonie prise en bloc, la main-
d'œuvre est suffisante pour satisfaire aux
besoins jusqu'en 1930, des entreprises exis-
tantes, en même temps qu'aux prévisions
de développement de la colonie, mais ce-
pendant sous certaines conditions.
n Le désordre actuel des méthodes de re-
crutement et d'emploi des travailleurs indi-
gènes fait apparaître comme réel le danger
de destruction des sources de main-d'œu-
vre actuellement exploitées. Pour l'écarter
et envisager l'avenir avec confiance, il fau-
drait :
Il 1° Que le développement économique
de la colonie soit poursuivi avec circons-
pection, conformément à un programme
tracé pour chaque région par le Gouverne-
ment, avec la collaboration des entrepri-
ses intéressées, puis imposé sans faiblesse;
J) 2° Que les charges de recrutcrtient
soient uniformément et judicieusement ré*
nm-lina enr tnntf la rolonie:
1-'& "'--- --.--..- -- ---------1
» 3° Que les employeurs réalisent eux-
mômes de sérieuses économies de main-
d'œuvre en s'imposant tous les sacrifice^
nécessaires.
» Le problème de la main-d'œuvre au
Congo devient donc un 'problème d'organi-
sation et do contrôle. »
La Commission ajoute à son rapport l'es-
quisse d'une solution de co problème, où
elle traite notamment des principes de l'or-
ganisation du recrutement, du fonctionne-
ment des Dcnrrses du travail, des indigènes
déracinés habitant autour des grands cen-
tres.
Le royaume des Bakubas
M. Engels, Gouverneur de la province du
Congo-Kasai, qui vicllt de prendre passa-
ge à bord de la dernière malle anversoise,
regagnant ie COLlgu-r:I'lgc, a Llit avant son
départ une intéressante conféreiic" sur le
royaume des Baklluag, lu kibanguismc, la
crise des transports et de la main-d'œuvre.
Le royaume des Bakubas, doté d'une or-
ganisation politiqnc, vieille de quinze sl.
cles, euniple quelque Cent ruille habitants,
a dit l'excellent «•onférencier. Son Uni, théo-
riquement absolu, acei-pte le POU\ ull' belge,
n*'- de la eunquélc, en échange de quoi l'au-
lurité colunialc b,'lgc soutient SI Il autorité.
L'administration désuéle du roy unné des
Bakubas est parfaitement susceptible d'une
r<'rLnm.' modernisation, qui ne 1 eul qu être
profitable aux inh'rèts coloniaux belges en
même temps qu'rà ceux des indigènes.
Après cet eN illustre de projec-
tions, M. lingels a entretenu ses auditeurs
du fameux cx-i-atochiste protestant Simon
Kihango, le pseudo-thaumaturge, IIIVPlltt::Ul'
du kibanguisme.
Pas une goutt.' de sang n'a J!•• versûc
dans cette sorte d ep'inec m\stuo-puntiquc,
mais f '-tat d'effervescence dans lequel se
trouvent les noirs fanatisas par Kibangu
exige do la fermeté de la part du Gouverne.
ment colonial belge.
M. Engels a déclaré en passant (l En
conscience, ie ne pense pas que Te kiban-
guisme soit un mouvement politique inspiré
par des étrangers dans le but de susciter
au Gouvernement des difficulté^ pouvant
amener des complications internationales.
Si certains missionnaires protestants ont 8U
à certains moments une attitude suspeCtC,
si le kibang" uisme d,lit uec.'ssaii nient re-
naître dansles contrées ou Renseignement
nroteslant est le plus répandu - .'s noirs
avant une tendance à considérer la Biblo
comme leur propre histoire preuguree -
il faut reconnaître qu'aujourd'hui Jus n_IIS"
sionnaires protestants ont tous rompu avec
le kibnngnismr.
Après un aperçu rapide de H question
de la main-d'œuvre indigène. r,\I'n.tûlll' a
brièvement évoqué la crise des transports
e1 a rendu hommage aux énergiques etforts
qui ont été tentés pour conjurer la crise
Il depuis septembre dernier, le tralic u. a
cessé d'augmenter aussi bien fi la descente
qu'à la montée sur la ligne MatadHvinslia-
sa et sans le régime actuel des lie 'jices, qui
restreignent les importations, it n". aurait
ccrtc plus de déficit ̃>.
L'Utilisation du frigo
pour obvier à la pénurie de viande de
boucherie qui sévit h 1 .énpoldvil!" et dans
plusieurs provinces du Omgo, d-uix grou-
pe de sociétés coloniales bijgi s iciinent de
former un syndicat dont Vnbje! • si l'étude
de l'extension a tout te C.oiigo d-' l'impor-
tation des produits congelés. La réalisation
des projets de ce syndicaL apportera aux
Congolais un plus grand confort.
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