Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-03-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mars 1925 19 mars 1925
Description : 1925/03/19 (A26,N44). 1925/03/19 (A26,N44).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396889s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SmiOfolE ANNEE. No 44
LE«WJWBQt: W CttNTIMEÎ
JKUDI SOIR, 19 MARS 1925
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN -
LIlI ACTICLU MuLab PAR tu AHNALMCWFLWIMR aour LA, paunMU
KXCUJMVK PU MWM
.-..,,-- A' --"A,.
DIRECTEURS 1 MARCEL RUBDEL et L.-Ô. THÉBAULT
tMaato tg HrtlUliHii : 04, Rll da Moilt-THabOr, PARIS-1* MifktM : 1MIU le-V
Un U C MIT 9 MU/M
IBOHIEUFLTI ( Franc* ei Colonie». 18. 9 16 3
Olortr* ( Étranger 129 9 M w M 9
Da » «boin> dini tons lu Bnrcttn de posta et ckexlu principaux UbrtkrM
REFLEXIONS SUR LA VOIE FERREE DE L'A. E. F.
La Commission Sénatoriale des Colonies a
fait le tour d'un certain nombre de questions
qui. à l'heure actuetic, passent au premi er
plan. Tour rapide, et qui n est même pas
achevé. Nous reprendrons samedi matin le si
intéressant voyage. Une auez longue station,
aussi longue que le permettait notre désir
d'aller vite, a été faite au Congo français. Un
devine qu'elle a eu surtout pour but d' échan-
ger quelques idées essentielles sur le chemin
de fer de l' A.E.F.
Non pas que l'on se soit attardé à de lon-
gues critiques sur le passé. Quelques allu-
sions discrètes ont suffi. Aussi bien tous ceux
qui étaient présents savaient ce que parler
veut dire. Mais l'on a surtout parlé de l'ave-
nir, et l'on a bien fait. L'aveni r s'annonce
plein" d espérances. Les plus réservés [et
f étais de ceux-ci) estimaient que, dès le début
de l'exploitation, la ligne française aurait à
transporter un trafic de 100.000 tonnes, et
cela en calculant le tonnage français actuel-
lement confié au chemin de fer du Congo
belge, et en le- majorant de 20 en plut..
Des voix plus autorisées nous ont affirmé que.
dès les premiers jours, le tonnage atteindra
de 150 à 200.000 tonnes, et que ce chiffre
sera largement dépassé au lui el à mesure-
que la voie ferrée rendra tous les services que
nous en atlcRdons.
Admirable perspective 1 Les bois du
Mayumbi, les oléagineux du Moyen Congo,
les riches gisements de cuivre et de plomb
argentifère de¡s, environs de Mindouli eg
Bouenza, etc., etc., que de richesses décu-
plées par le chemin de fer de l'A. E. h. !
n est-ce même pas dnre trop peu encora, »
.V ous parlez de servir la prospérité économi -
que, la richesse agricole, industrielle et com-
merciale ? s'est écrié quelqu'un. N' oubliez
pas surtout que la voie ferrée sauvera la race.
ce qui est encore plus et mieux. »
Sans doute, mais pour cela il faut quetle
satisfasse à une condition indispensable :
c'est qu'elle permette l'application de tarifs
aussi réduits que possible. On n'y parvien-
dra qu'ave l'organisation de trains à la fois
îourds et économiques, c'est-à-dire actionnés
par des engins puissants disposant d'énergie à
bon march. Cette énergie ne peut être autr
que l'énergie hydroélectrique captée sur le
parcours de la ligne. - u
Les Annales Coloniales sont revenues, à di-
verses reprises, sur ce côté du problème. Ce
n'est pas la peine, assurément, comme l'écri-
vait un de nos confrèrm, de construire là-bas
« des dérail lards d'intérêt local 1 » Allons plus
loin. Il eût été absurde de ne pas commencer
par l'électrification, là surtout où tout indiqut,
qu'il doit en être ainsi. Dans cette région mon-
tagneuse, où tous les fleuves et tous les cours
d'eaux prennent naissance sur un plateau de 5
à 800 mètres d'attitude, où les chutes sont
nombreuses, où les pluies sont abondantes, on
peut voir une des terres les plus privilégiées
qui soient au mofide pour l'électrification.
La Belgique l'a bien compris. Elle a résolu
de refaire d'urgence la ligne de Léopoldville
à Matadi, sa seule voie d'évacuation vers la
mer, par l'embouchure du Congo. « Si le che-
min de fer ne se construit pas, disait Stanley,
tout l'Etat du Congo, quelle que soit l'immen-
sité de sc-s ressources, ne vaudra pas une pièce
de deux schellings. »
Le chemin de fer s'est construit, et l'Etat
vaut bien davantage. La ligne de Léopoldville
à. Matadi transportait 60.000 tonnes en 1912.
100.000 en 1919 ; électrifiée, transformée, la
ligne pourra transporter, d'après certains cal-
culs, 1 million de tonnes. A la Chambre
belge, en 1922, il a été déclaré que la Belgi-
que comptait faire affluer vers le Stanleypool
600.000 tonnes avant 10 ans, et 1 million
avant 25 ans. Tous ces résultats ne sont pos-
sibles qu'avec l'électrification rapide : les Bel-
ges s'y emploient avec empressement. Et alors
se pose ici l'interrogation bien connue : « Mais
- vous allez donc faire à nos - voisins et amis une
concurrence fâcheuse ? Vous allez, au mo-
ment même où ils développent et transforment
leur voie ferrée, créer une grande voie riva-
le ? )) Plaisante interrogation, et qui est quel-
que peu naïve, à moins qu'elle ne cache le des-
sein de gens qui ont intérêt à altérer t'amitié
confiante qui nous lie, à notre sœur. Concur-
rence ? Rivalité ? Qu'est-ce que cela signi-
fie > Le vieux proverbe dit que le soleil est
leiiré pour tout le monde : quand c'est le Fran-
çais qui doit jouir de son éclat et de sa lumiè-
re, nul ne pourra convaincre le Belge qu'il se-
rait bon de s'en montrer jaloux.
Lorsque nos voisins et amis font des efforts
pour se délivrer du tribut qu'ils payent aux
chemins de fer de la Rhodésie, aux ports an-
gfais et portugais, ils sont d'ans leur droit, et
nul ne saurait les en blâmer. Nous pourrions
en dire autant si nous avions pour but unique
de nous dégager d'une lourde contribution
payée au chemin de fer du Congo belge. Mait
iFs'agit de tout autre chose. Dès aujourd'hui,
le chemin de fer belge est loin de suffire à
assurer le transport des marchandises qui s'of-
frent à lui ; les « embouteillages » sont fré-
quenb, les transports sont « contingentés H,
les Belges font passer avant nous leurs natio-
naux, ce qui est d'une stricte justice, et les
autres attendent leur tour, qui risque parfois
de ne pas venir: 1 Administration de rA. E.
F. et Ifs maisons des commerçants français
n:Gnt droit qu'à un tonnage limité. Même avec
la transformation annoncée, la ligne belge res-
terait, et de beaucoup, insufifsante si les pos-
sibilités d'exploitation se réalisent d'une façon
normale. Songiez que le chemin de fer actuel
du Katanga qui transportait, en 1913, 250.000
tonnes, a transporté, en 1922, 1.700.000 ton-
nes. bit, encore une fois, ces accroissements
ne sont pas finis.
Il y a donc place là-bas pour les efforts pa-
rallèles, fraternels des deux peuples. Concur-
rence ? Rivalité ? Non pas, mais collabora-
tion, solidarité. Lorsque, en 1876, le roi Léo-
pold Il réunit à BmxeUes les plus savants. géo-
graphes et les explorateurs les plus expérimen-
tés, il les convia, avant toute expédition du
côté du Congo, à « discuter et à préciser en
commun les voies à suivre, les moyens à em-
ployer pour planter définitivement l'étendard
de -la civilisation sur le sol de 1 Afrique Cen-
trale '». Les deux peuples qui ont mêlé, leur
sang pour défendre dans la vieille Europe
l'étendard de la civilisation suivent les mêmes
voies et emploient les mêmes moyens, afin de
répandre leur bienfaits sur les régions où coule
l'antique Zaïre. Rien ne saura les séparer.
Mario Roustan,
Sénateur de l'Hérault.
Membre de la Commission sénatoriale
des CoLonies,
Rapportcui du buagel de la Marina marchande.
«M. -
L'upporlunite Ait tH'MNtMte-BCMt
L'Agence .Econ«)miue de l'Afrique Equa-
toriale Française vient d'éditer une bro-
chure illustrée, avec quatre cartes sur les
ressources économiques de l'Afrique Equa-
toriale et le chemin de fer de Brazzaville à
l'Océan.
Dans cette plaquette sont successivement-
passés en revue l'historique de la colonie
qui, à l'inverse de la plupart des autres,
s'est annexée à la France sans coûteuse ex-
pédition militaire et dont l'essor s'est trouvé
retardé par la mutilation temporaire de
1911, puis un bref inventaire des ressources
du pays, qui est un inépuisable réservoir de
matières premières abondantes et variées :
bois, caoutchouc, amandes de palme, coton,
ivoire, minerai de cuivre, raphia, gomme,
pour ne citer que les principales.
Cet immense pays qui s'étend jusqu'en
Afrique Centrale est heureusement desservi
jusque dans ses parties les plus reculées par
un réseau très étendu de magnifiques voies
navigables accessibles - en toutes saisons,
mais son artère centrale et collectrice, le
Congo, qui est une des plus formidables
voies d'eau de l'Univers, s'arrête à quelques
centaines de kilomètres de l'Océan dont il
est séparé par des rapides infranchissables.
C'est pour combler cette fâcheuse solu-
tion de continuit é à laquelle le chemin de
fer belge du Pool à Matadi ne pare que très
imparfaitement en raison de l'insuffisance
de son débit, que la France a décidé de
constiuire une voie ferrée de 540 kilomè-
tres unissant la mer intérieure du Pool à
l'Océan Atlantique; enfin, l'exutoire de
cette vaste colonie française sera français. -
Le principe d un emprunt de 300 millions
vient d'être voté par La Chambre lors de la
discussion de la loi des Finances pour ache-
ver cette voie ferrée déjà largement atnor-
cée.
La brochure décrit minutieusement l'éco-
nomie du projet et tout ce que la Métropole
peut attendre de sa réalisation. C'est pour-
quoi elle a été abondamment répandue dans
les milieux parlementaires où elle a certai-
nement contribué en éclairant nos législa-
teurs sur l'opportunité du vote de l'em-
prunt, à assurer celui-ci.
-60.
Politique coloniale -
--o-c-
A la suite du rapport de notre excellent
collaborateur M. Edouard de Warren sur la
- - a
politique coloniale au congrès de la Féd'éra-
ration républicaine, celle-ci, considérant que
la France peut être menacée de tomber sous
la dépendance économique des (pays étran-
gers, si elle continue à acheter chaque an-
née pour plus de trente milliards de matiè-
res premières qu'elle pourrait trouver da.ns
ses colonies - mises en valeur ; considérant
qu'en face d une Allemagne de 70 millions
d'habitanls, toujours -agre,.geive, la sécurité
de la France se trouive dans le bloc dés * cent
millions d'habitants de la plus grande
France ; a décidé de constituer une section
coloniale chargée d'obtenir du Gouverne-
ment et du Parlement, un programme com-
plot de mise en valeur de la. France d'outre-
mer avec ses moyens de réalisation, et de
poursuivre particuliôremient l'organisation
d'un ministère de l'Extérieur : Afnique du
Nord, colonies, pays de protectorat, ainsi
que la réalisation du Transsaharien dont les
éludes sont terminées et dont les facilités
comme la sécurité des transports feraient
une France s'étendant de la mer du Nord
au Congo.
Le commerce colonial
'D
France, Angleterre et leurs colonies
En 1924, le pourcentage des ventes de la
Grande-Bretagne à ses Dominions et Colo-
nies a été de 41 de ses exportations to-
tales. Pendant la même année, les importa-
tions en Angleterre des Dominions et Colo-
nies ont atteint 27 des achats de la Mé-
tropole à l'extérieur.
En 1924 également, la part de la France
dans mes exportations fcur ses possessions
d'outre-mer a été de 12 7 %, et la part de
ses importations coloniales n'a pas dépassé
i o, i de son trafic total. - -
, Comme on le voit, dit VAgence Française
et Coloniale, le Izoyaume-uni - se réserve
dans son domaine extérieur une participa-
tion beaucoup plus importante que la
France par rapport au commerce général.
Le coton â Madagascar
--0-0---
4L
Deux mobiles écono-
miques semblent diriger
la 1 politique mondiale :
la possession du pétrole et
celle du coton.
En dépit des promesses
de la fabrication du pé-
trole synthétique, la pre-
mière n'a rien perdu de
son acuité et la secondre accroît chaque jour
la sienne.
La révolution cotonnière s'avère plus pro-
fonde et plus constante. L'industrie euro-
péemle qui avait coutume de trouver ses ap-
provisionnements de coton aux Etats-Unis,
constate que depuis l'immense développe-
ment apporté par la guerre à Vindustrie amé-
ricainef celle-ci absorbe presque toute la
récolte du pays, et que le jour est proche où
plus une seule balle de - coton ne sera exportée
vers les marchés extérieurs.
Il faut donc aviser d'urgence.
VAngleterre a déjà pris ses précautions :
sa politique en Egypte et dans le prethe
Orient est avant tout une politique coton-
lIiète. Il lui faut le Soudan, parce que le
Soudan est un pays à coton; il lui faut la
Mésopotamie, parce que la Mésopotamie est
une terre à coton. Déjà Vimmense territoire
qui s'étend entre le Tig-re et VEuphrate n'est
plus qu'une vaste plantation. L'industrie bri-
tannique est, dès à présent, garantie contre
le manque de matière première pour ses fila-
tures.
L'imlttstrie française a également vu le
danger; mais elle tCa pas réalisé aussi rapi-
dement les moyens d'y parer. Cependant,
des efforts méritoires ont été faits, notam-
ment en A. O. F., en Indochine et dans
diverses colonies. De timides tentatives, bien
minimes à côté des réalisations anglaises,
sont en cours en Algérie, au Maroc, en
Afrique Occidentale, mais on en est encore
à la période es expériences et des tâtonne-
ments. Il est à cratndre que la réalité aille
plus vite en 'mettant nos tissages devant la
disette de coton.
L'Association Cotonnière Coloniale, de
fondation assez récente, se préoccupe, il est
vrai, asses activement, de développer dans
les colonies françaises la culture du coton;
mais elle est loin d'avoir à sa disposition les
budgets opulents de la British Cotton
Growing Association de Lmtdres, et même ati
Bîuimwolle-Komittee de Berlin.
C'est néanmoins sous son impulsion que se
réalise le programme de culture cotonnière
de l'A. O. F. que déjà nous avons cité, et
elle étudie une action similaire à Madagas-
car. Une mission, dirigée par M. Cayla, pré-
pare depuis près cPun (m, dans la grande lIe
- le plan qui sera prochainement soumis à rA.
C. C. On annonce le retour imminent du chef
de la mission, qui rapporte des observations
fort intéressantes prouvant que la question
est. sortie du domaine spéculatif, grâce aux
discussions dont elle a été l'objet de la part
des collectivités compétentes et intéressées,
auxquelles ont été communiqués les résultats,,
des Lhambres de Commerce de Majunga et
de Tuléar, entre autres.
l'enquête s'est étendue non pas seulement
aux possibilités de culture qui semblent des
plus satisfaisantes dans de vastes régions,
mais encore aux contingences commerciales
et industrielles qui tiennent une place impor-
tante dans Vensemble de la question.
J'espère que celle-ci est au point et qu'il
sera possible de passer sans tarder aux appli-
cations pratiques qu'elle comporte.
Il faut agir d'urgence, d'extrême urgence:
sinon Vindustrie française du tissage pour-
rait se trouver soudain condamnée à mort ou
tout au moins réduite à la stagnation, à la
maladie du sommeil.
Maurice Bouilloux-Lafont
Vice-Président de la Chamhre,
Député du Finistère.
..a
M. Marcel Olivier aux Comores
M'. Olivier, Gouverneur Général de' Mada-
gascar, s' est embarqué lundi à bord de l'aviso
Bellatrix pour se rendre dans l archipel des
Comores qu'il compte inspecter, au lendemain
du décret pris par M. Daladier, assurait l'au-
tonomie financière de l'archipel des Comores,
sous la haute autorité du Gouverneur Général
de Madagascar.
.1.
L'emprunt de l'Angola
O-G
Le Gouvernement portugais est décidé à
outiller ses territoires de l'Angola, en amé-
liorant le port et en développant le chemin
de fer.
Un emprunt de 9.000 contos-or vient de
faire l'objet d'un projet de loi déposé de-
vant le Parlement par le ministre des Fi-
nances.
EN TRIPOLITAINE
--. Omo -
La mission automobile dirigée par le ma-
jor Gabini et composée de six voitures au-
tomobiles, partie le 26 février de Tripoli,
est arrivée le 8 mars à GhAdamès.
Après un repos de huit jours, elle en est
partie hier pour rejoindre Tripoli.
A la Commission consultative
des études tunisiennes
--0-0-
La Commission Consultative des Etudes
Tunisiennes a reçu à sa séance d'hier S. E.
Si Mustapha Dinguigli, premier ministre du
Gouvernement tunisien accompagné de M.
Lakouat, chef de la section d'Etat. En sa
présence, M. Saint, Résident Général en
Tunisie a fait un vif éloge du Bey et de son
premier ministre. Celui-ci lui répondit dans
les termes les plus cordiaux et dit combien
les Tunisiens apprécient l'œuvre de civili-
sation de la France. Puis il assura la Com-
mission que le Bey l'aidera de tout son pou-
voir dans l'œuvre qu'elle entreprend pour
améliorer le sort des indigènes.
On introduit ensuite deux calds : M. Zaou-
che, caîd de Sousse et M. Snadli, caïd de
Sfax. Le premier exposa la situation éco-
nomique de son caïdat et demanda que le
Gouvernement français demande à l'im-
mense domaine de l'Enflda, de céder 10.000
hectares actuellement en friches qui per-
mettrait aux indigènes l'accession à la pro-,
priété et les fixerait au sol. Puis il préco-
nisa l'application du crédit agricole aux
indigènes, le développement de l'enseigne-
ment -technique et demanda que dans les
bénéfices des entreprises, une part ,.oit
réservée à la main-d'œuvre indigène.
Puis il rendit hommage aux services ren-
dus par le Grand Conseil, les Conseils
régionaux et les Conseils de caldah et ter-
mina en demandant qu'à l'avenir les indi-
gènes, dans les votes qu'ils auront à émet-
tre puissent substituer au vote par accla
mations le scrutin par bulletins.
Apres lui, Snaldi, caïd do Sfax, montra
l'excellente ibesogne accomplie par l'union
des capitaux français et du travail indigène,
notamment dans l'exploitation de l'immen-
se forêt d'oliviers de Sfax, et créée grâce
à la collaboration remarquable de l'indus-
trie française et de la main-d'œuvre indi-
gène. Il examina ensuite la situation du
'port de Sfax et indiqua la grave menace
qui pèse sur la vie des indigènes vivant de
leur travail d'embarquement des phospha-
tes indigènes. Leur existence serait très
compromise par la concurrence faite par
les phosphates marocains; il demande à la
Commission d'inviter le Gouvernement à sa
préoccUiper de cette grave question.
Comme le caïd de Sousse, il .préconise
l'accession des indigènes à la petite propriété
et il demande que renseignement technique
soit étendu aux indigènes.
En temntnant, il déclare que les réiformeB
réalisées en Tunisie auoioue avant nroduit
d'excellents résultats ne constituent pas une
régression sur le régime dont jouissent
actuellement les protégés de la France, puis
il fait un vif éloge de l'œuvre bienfaisante
des institutions françaises.
La séance a été renvoyée a mercredi ma-
tin 'pour entendre le caïd Bel-Rodja.
La discussion au début de la séance d'hier
a porté sur l'organisation d'un appel pos-
sible des jugements rendus par le Tribunal
mixité de Tunis eu matière immobilière. Le
débat, n'étant pas épuisé, la question re-
viendra en discussion lors de l'examen des
propositions ayant. Irait au peuplement, it
la colonisation, à J'immatriculation, à la
naturalisation.
M. Jouhaux a ensuite ouvert le débat sur
les questions sociales en demandant l'appli-
cation pure et simple de la loi de 1884 à la
Tunisie. Au cours de son exposé il a dé-
claré qu'à son avis, la queslion des étran-
gers et dcn indigènes ne pouvait, faire obs-
tacle à cette application, car aux termes
de la loi 3111* les syndicats ouvriers, les
membres des bureaux des syndicats doi-
vent être français. Donc, la direction des
syndicats restant française, il n'y a aucun
inconvénient, selon lui, à appliquer aux or-
ganisations ouvrières de Tunisie, la loi de
:t8M. D ailleurs, a-l-u aJonlc, il n y aurait
pas qu'en Tunisie que des syndicats ne
soient pas uniquement composés de Fran-
cis, en France ils contiennent des étran-
gers et en Algérie, des indigènes.
Une très longue, discussion s'est engagée
ensuite sur la portée de la Convention de
1806 entre la France et l'Italie, aux fer-
mes de laquelle 1'8 droits et privilèges re-
connus aux nationaux français et aux in-
digènes tunisiens, doivent également profi-
ter aux Italiens.
Ce texte permet Ira-t-il à ceux-ci d'enva-
hir les syndicats el d'en prendre la direc-
tion, aux termes de la loi de 1884 ? Toute
la question est lù. Dans l'affirmative, le dé-
cret beylical appliquant celte loi à la Tu-
nisie, devrait reconnaître le môme droit
aux Italiens.
En somme, la Commission, tout en recon-
naissant la légitimité de In question pré-
sentée par M. Jouhaux, désire trouver un
système écartant les ouvriers italiens de la
direction des syndicats ouvriers.
En substance, le Gouvernement n'est nul-
lement hostile à. l'extension des libertés syn-
dicales aux travailleurs tunisiens, mais
ainsi que l'a déclaré M. Saint, il y a des
précautions à prendre pour éviter que les
syndicats ne deviennent, des foyers d'.in-
fluence ou de conspiration antifranoaises.
La Commission a ensuite entendu deux
membres du Grand Conseil, MM. Pellegrin
et Paoli, qui apportèrent certaines revendi-
cations sur le même .sujet et demandant
l'application aux travailleurs tunisiens de
iu loi sur la journée de 8 heures et qu'ils
soient soumis A la juridiction prud'homale.
Ils ont également demandé que les mem-
bres du Grand Conseil soient élus au suf-
frage univorsel.
MM. Morinaud et Mallarmé ont invité
MM. Pellegrin et Paoli à fournir à la Com-
mission quelques éclaircissements sur la
façon dont sont administrés en Tunisie, las
syndicats ouvriers. Ceux-ci répondirent
qu'à l'exception d'un seul, tous les syndi-
cats ont à leur tête des citoyens français
rt ils pensent qu'à l'avenir il en sera tou-
jours ainsi.
L'AVIATION COLONIALE
00
Lemaitre et Arrachart vont d'Oran
à Casablanca
Les aviateurs Lemattre et Arrachart ont
quitté le champ de la Senia mardi matin à
8 h. 30. Les renseignements météorologi-
ques reçus du Maroc indiquaient un temps
favorable et vent faible de sud-ouest. De
nombreuses personnalités oranaises étaient
venues saluer les denix aviateurs au mo-
ment de leur départ.
Sept avions du 2° groupe d'Afrique s'éle-
vèrent ien même temps que les deux avia-
teurs et leur firent escorte durant une
demi-heune.
Ils sont l'objet d'une brillante réception
à Fez
Les capitaines Lemaître et Arrachart ont
atterri à Fez, à 11 h. 45.
Ils ont donc couvert les 500 kilomètres
du parcours en trois heures un quart.
Lee aviateurs, .en s'arrétant a Fez, ré-
pondent à l'aimable invitation qui leur a
été faite par les autorités marocaines.
Le maréchal Lyautey a reçu
Arrachart et Lemaitre à Casablanca
Les aviateurs Arrachart iet Lemaltre,
partis mercredi 18 de Fez ù 9 h. 10 du ma-
tin, ont atterri à Casablanca à 11 heures.
Le maréchal Lyautey, qui les attendait
sur le terrain d'aviation, les félicita et leur
demanda pourquoi ils avaient modifié leur
itinéraire pour venir à Casablanca.
Le capitaine Arrachart expliqua qu'il
avait reçu l'ordre de faire un détour.
- C'est donc une bonne fortune pour le
Maroc de vous avoir, ajouta le maréchal
en serrant la main aux deux aviateurs.
Arrachart et Lemaltre ont été reçus dans
la soirée par Le général Bertrand et les
membres de l'Aéro-Clut*. Ils ont été rete-
nus à dîner par le maréchal Lyautey.
Les aviateurs se rendront aujourd'hui
jeudi ù Marrakech ict vendredi à Rabat.
Le raid aérien Bruxelles-Congo belge
Bruxelles, 18 murs. On a reçu ce 9oir
h Bruxelles un long télégramme de Thief-
fry, envoyé via Dakar, le 13 mars, de Fori-
Archambault, où l'avion Marie-José a at-
terri le 12 mars, à 9 h. 5. Parti le 5 mars
de Zinder, à 6 h. 20, il a atterri le même
jour, après une première escale provo-
quée par la brume, à 200 kilomètres au
sud de Fort-Lamy, ayant épuisé sa pro-
vision d'essence.
Le ravitaillement venu de Fort-Lamy, lui
est parvenu le 11 mars. Reparti le 12 mars
à 6 h. 25, il a atterri à Fort-Archambault à
9 h. 5.
Le lieutenant Thicffry a marqué son ad-
miration pour le courage, l'endurance et
l'habileté du pilote et du mécanicien, et a
fait l'éloge du concours précieux et du dé-
vouement absolu des autorités coloniales
françaises. Il a signalé que la traversée du
Sahara est un jeu d'enfant a côté des dif-
ficultés rencontrées depuis Niamey, en
raison de la grande chaleur (70° centigra-
dosï et ik la brume intense qui couvre la
région du lac Tchad. -
-600
En Mrique (ouatoriaie Française
L'exportation des produits du cru pendant
l'année 1924
Les - - renseignements parvenus SUT les sor-
tics des produits du cru des colonies du
Tchad, de l'Oubangui-Chari et du Moyen-
Congo pendant l'année 1924, confirment les
progrès déjà constatés aux exportations par
la comparaison des statistiques trimestriel-
les de 1924, actuellement en notre posses-
sion, avec celles de 1923, et ceci est d'un
bon augure pour le futur chemin de fer.
Les états de produits du cru du Gabon
ne sont pas parvenus.
Mais pour les trois colonies précitées, il
convient de signaler les exportations sui-
vantes dont la progression est des plus in-
téressantes :
Les amandes de palme : 5.016.622 kilos,
en augmentation de 384.314 kilos.
Les huiles de palme : 374-351 kilos, en
augmentation de 50.338 kilos.
Le caoutchouc : 1.245.823 kilos, en aug-
mentation de 309.648 kilos.
Le riz : 39.052 kilos, en augmentation de
37.565 kilos.
Le copal : 126.284 kilos, en augmentation
de 30.151 kilos. -
Les autres fruits et graines oléagineuses :
61.287 kilos, on augmentation de 16.629 kgs.
D'autre part, les arachides et les sésames,
non relevés dans les statistiques de l'année
précédente, ont vu leur culture se dévelop-
per. - -
, Ces produits qui servaient uniquement à
l'alimentation des indigènes dans les régions
de production, ont donné lieu pour la pre-
mière fois à des exportations dans les colo-
nies étrangères voisines de la Nigéria et du
Congo belge. Elles ne figurent respective-
ment aux sorties que pour 42.889 kilos et
9.301 kilos, mais il y a là une indication au
sujet de l'avenir auquel elles sont appelées.
11 faut signaler, enfin, parmi les produits
en progression :
Les peaux brutes d'animaux : 37.515 kgs.
Le raphi : 14.971 kilos.
L'huile d'arachidc : 7.37(6 kilos.
Toutes les augmentations précitées por-
tant sur la presque totalité des produits du
cru d'exportation, démontrent les progrès
économiques réalisés par notre Afrique
Equatoriale Française, grâce au développe-
ment de l'outillage économique de l'Ouban-
gui qui dispose actuellement de 3.000 kilo-
mètres de routes.
Elles permettent d'espérer pour l'avenir
un développement considérable quand se-
ront ouverts à la circulation des produits
d'importation et d'exportation, la voie fer-
rée de Braizaville-Océan, actuellement en
construction et les chemins de fer projetés
dans rOubangui et le Gabon.
De la Tunisie au Tchad
--0-0--
La mission Courtot
Elle reviendra par le Dahomey
Tunis, le 18 mars. La mission auto-
mobile tunisienne a quitté M'Guigmi le 14
pour se diriger vers Zinder.
D'accord avec le Résident général, le
lieutenant-colonel Courtot a décidé, en rai-
son de la fatigue du matériel qui rendrait
très aléatoire le retour par l'itinéraire sui-
vi à l'aller et des conditions atmosphéri-
ques défavorables, de poursuivre sa recon-
naissance vers le Niger par Zinder et Kaiia
puis de rejoindre la côte du Dahomey à
Kotonou où la mission embarquera.
giel
Intéressante documentation
-0-0--
M. Edouard Daladier. soucieux de dé-
velopper le plus possible parmi le grand
public métropolitain l'étude des questions
coloniales, a pensé qu'il serait intéressant
pour la Presse d'avoir connaissance des
idées défendues par les journaux des Colo-
nies soit de langue française, soit de lan-
gue indigène.
Désormais le service de la Pressa au dé-
partement des Colonies fait une analyse
impartiale des organes qui lui parviennent
des différentes Colonies d'Afrique, d'Asie
et d'Océanie.
Au Conseil d'Etat
Un brigadier faisant fonction de chef de
cantonnement des Eaux et Forêts n'a pas
droit aux indemnités accordées aux offi-
ciers.
M. Orsatti, brigadier des Eaux et Forêts,
ayant été chargé des fonctions de chef de
cantonnement de Mascara, adressait alors
au Gouverneur général de l'Algérie une de-
mundc d'indemnités de recrutement et de
première mise, dont bénéficient les officiers
des Eaux et Forêts.
Le 1.1 août 1923, le Gouverneur général
de l'Algérie informait M. Orsatti qu'il re-
fusait do lui accorder les indemnités solli-
citées.
Comme suite à ce refus, M. Orsatti intro-
duisit une requête au Conseil d'Etat .,:.
fins d'annulation do ia décision ,h Onu
verneur (lt',J) f.!
Cette li-ïuv J.iri&pr.ulenca a conclu al:
rejet de la n-q-uélu d~ M, m sait i'"pour fu
motifs su! finir. :
fCont<.id,j,:'n;tt que 1 indcinniu '!.«ivmièpj
mise a ̃ {II',k,' :,I,'X Ç'iir'jet" ^iiviv-ix nouvel-
lement "r "¡¡¡Ii" -j{«! ."ifsliiu .ci:- permet-
tre de if i-i .'UCl: aux frais d'acquisition
d'une tenue, d'une monture et d'un har-
nachement, que les brigadiers chargés
d'exécuter les fonctions de chefs de can-
tonnement continueront à faire partie du
cadre des prépnsés, qui conservent ainsi
l'uniforme, le cheval el le harnachement
qui leur avaient été .fournis pur l'Admlnis-
tration dos Eaux et Fon'ts ; ils n'ont eu,
de ce chef, il supporter aucune dépense du
fait de leur désignation ; que, dès lors, lu
décision invoquée par le requérant ne peut
être regardée comme ayant entendu con-
férer aux fonctionnaires dont il n'agit le
droit de percevoir un supplément d'indem-
nité de première mise.
Considérant, d'autre part, que l'indem-
nité de recrutement, 11'u l,l.é institué- qu'en
faveur des guides généraux, chefs de can-
tonnemcnt. 'l.nt' cette allucntion a été uni-
quement créée niin d'assurer le recrute-
ment régulier des officiers des Eaux et
Forêts et d'éviter ainsi les désignations de
préposés pour exeivor des fonctions .réser-
vées aux agents, que l'objet spécial de cette
identité s'oppose à ce qu'elle soit ailribmV
:t des fonctionnaires qui, s'ils occupent des
postes de chefs ,1e cimltuïTienients, n'ont
cependant pas In qu:ili!é d'officiers des
Eaux et Forêl,
A LA CHAMBRE
--{'-Oo-
PROJET DE LOI
Chemin de fer de Tebesta à Djebel-Onk
Le Gouvernement a déposé hier sur le
bureau de la Chambre un projet de loi re*
latif à la déclaration d'utilité publique d'un
chemin de fer à voie normale de Tebessa
à Djebel-Onk avec emhrnnchrnwnf, sur le
Bled-el-tladba.
L'exposé des motifs de ce projet dit no-
tamment : La ligne à voie normale de Te-
bessa à Djeh-el-Onk avec embranchement
sur le Bied-ei-lladba, a essentiellement pour
but de desservir des groupements de gise-
ments de phosphates ; celui du Djebel-Onk
M celui de Bled-cl-Hadbn. découverts dans
la région du sud de Tebessa «̃ -nvii-i-i
80 kilomètres de cette ville.
A partir de Tebessfl, les phosphates de
ces deux gisements seront dirigés sur Bouc,
port d'embarquement el efnpiuïtant k
îvseau des voles ferrées Tebessa-Souk
-- - --- ------- .-------
Ahras-Dllvivier-Ruuc actuellement en voie
de transforma lion, ("e reserm ma une
capacité largement suffisante pour permet-
tre le transport, des produits miniers sup-
plémentaires constituant l'apport nés gise-
monts du Dj ebel-<)nk. lorsque ce Myogram-
me de travaux b l'étude aura été 'é.lisé.
On a admis que le Ira lie. probab' • de la
ligne serait de l.OO.OOO tonnes dont 1 mil-
lion pour le Djebel-Onl, el ïMa.dOO pour le
Rlrd-el-Radbo.
La ligne devant être construite par Vamo,
diataire du gisement du DjebeV-Onk, au-
cune aide financière ne sera demandée ;),
la métropole.
L'enquête d'ulihto publique a donné des
résultats favorables.
La ligne serait Mttnrliec nu rès. an des
LE«WJWBQt: W CttNTIMEÎ
JKUDI SOIR, 19 MARS 1925
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN -
LIlI ACTICLU MuLab PAR tu AHNALMCWFLWIMR aour LA, paunMU
KXCUJMVK PU MWM
.-..,,-- A' --"A,.
DIRECTEURS 1 MARCEL RUBDEL et L.-Ô. THÉBAULT
tMaato tg HrtlUliHii : 04, Rll da Moilt-THabOr, PARIS-1* MifktM : 1MIU le-V
Un U C MIT 9 MU/M
IBOHIEUFLTI ( Franc* ei Colonie». 18. 9 16 3
Olortr* ( Étranger 129 9 M w M 9
Da » «boin> dini tons lu Bnrcttn de posta et ckexlu principaux UbrtkrM
REFLEXIONS SUR LA VOIE FERREE DE L'A. E. F.
La Commission Sénatoriale des Colonies a
fait le tour d'un certain nombre de questions
qui. à l'heure actuetic, passent au premi er
plan. Tour rapide, et qui n est même pas
achevé. Nous reprendrons samedi matin le si
intéressant voyage. Une auez longue station,
aussi longue que le permettait notre désir
d'aller vite, a été faite au Congo français. Un
devine qu'elle a eu surtout pour but d' échan-
ger quelques idées essentielles sur le chemin
de fer de l' A.E.F.
Non pas que l'on se soit attardé à de lon-
gues critiques sur le passé. Quelques allu-
sions discrètes ont suffi. Aussi bien tous ceux
qui étaient présents savaient ce que parler
veut dire. Mais l'on a surtout parlé de l'ave-
nir, et l'on a bien fait. L'aveni r s'annonce
plein" d espérances. Les plus réservés [et
f étais de ceux-ci) estimaient que, dès le début
de l'exploitation, la ligne française aurait à
transporter un trafic de 100.000 tonnes, et
cela en calculant le tonnage français actuel-
lement confié au chemin de fer du Congo
belge, et en le- majorant de 20 en plut..
Des voix plus autorisées nous ont affirmé que.
dès les premiers jours, le tonnage atteindra
de 150 à 200.000 tonnes, et que ce chiffre
sera largement dépassé au lui el à mesure-
que la voie ferrée rendra tous les services que
nous en atlcRdons.
Admirable perspective 1 Les bois du
Mayumbi, les oléagineux du Moyen Congo,
les riches gisements de cuivre et de plomb
argentifère de¡s, environs de Mindouli eg
Bouenza, etc., etc., que de richesses décu-
plées par le chemin de fer de l'A. E. h. !
n est-ce même pas dnre trop peu encora, »
.V ous parlez de servir la prospérité économi -
que, la richesse agricole, industrielle et com-
merciale ? s'est écrié quelqu'un. N' oubliez
pas surtout que la voie ferrée sauvera la race.
ce qui est encore plus et mieux. »
Sans doute, mais pour cela il faut quetle
satisfasse à une condition indispensable :
c'est qu'elle permette l'application de tarifs
aussi réduits que possible. On n'y parvien-
dra qu'ave l'organisation de trains à la fois
îourds et économiques, c'est-à-dire actionnés
par des engins puissants disposant d'énergie à
bon march. Cette énergie ne peut être autr
que l'énergie hydroélectrique captée sur le
parcours de la ligne. - u
Les Annales Coloniales sont revenues, à di-
verses reprises, sur ce côté du problème. Ce
n'est pas la peine, assurément, comme l'écri-
vait un de nos confrèrm, de construire là-bas
« des dérail lards d'intérêt local 1 » Allons plus
loin. Il eût été absurde de ne pas commencer
par l'électrification, là surtout où tout indiqut,
qu'il doit en être ainsi. Dans cette région mon-
tagneuse, où tous les fleuves et tous les cours
d'eaux prennent naissance sur un plateau de 5
à 800 mètres d'attitude, où les chutes sont
nombreuses, où les pluies sont abondantes, on
peut voir une des terres les plus privilégiées
qui soient au mofide pour l'électrification.
La Belgique l'a bien compris. Elle a résolu
de refaire d'urgence la ligne de Léopoldville
à Matadi, sa seule voie d'évacuation vers la
mer, par l'embouchure du Congo. « Si le che-
min de fer ne se construit pas, disait Stanley,
tout l'Etat du Congo, quelle que soit l'immen-
sité de sc-s ressources, ne vaudra pas une pièce
de deux schellings. »
Le chemin de fer s'est construit, et l'Etat
vaut bien davantage. La ligne de Léopoldville
à. Matadi transportait 60.000 tonnes en 1912.
100.000 en 1919 ; électrifiée, transformée, la
ligne pourra transporter, d'après certains cal-
culs, 1 million de tonnes. A la Chambre
belge, en 1922, il a été déclaré que la Belgi-
que comptait faire affluer vers le Stanleypool
600.000 tonnes avant 10 ans, et 1 million
avant 25 ans. Tous ces résultats ne sont pos-
sibles qu'avec l'électrification rapide : les Bel-
ges s'y emploient avec empressement. Et alors
se pose ici l'interrogation bien connue : « Mais
- vous allez donc faire à nos - voisins et amis une
concurrence fâcheuse ? Vous allez, au mo-
ment même où ils développent et transforment
leur voie ferrée, créer une grande voie riva-
le ? )) Plaisante interrogation, et qui est quel-
que peu naïve, à moins qu'elle ne cache le des-
sein de gens qui ont intérêt à altérer t'amitié
confiante qui nous lie, à notre sœur. Concur-
rence ? Rivalité ? Qu'est-ce que cela signi-
fie > Le vieux proverbe dit que le soleil est
leiiré pour tout le monde : quand c'est le Fran-
çais qui doit jouir de son éclat et de sa lumiè-
re, nul ne pourra convaincre le Belge qu'il se-
rait bon de s'en montrer jaloux.
Lorsque nos voisins et amis font des efforts
pour se délivrer du tribut qu'ils payent aux
chemins de fer de la Rhodésie, aux ports an-
gfais et portugais, ils sont d'ans leur droit, et
nul ne saurait les en blâmer. Nous pourrions
en dire autant si nous avions pour but unique
de nous dégager d'une lourde contribution
payée au chemin de fer du Congo belge. Mait
iFs'agit de tout autre chose. Dès aujourd'hui,
le chemin de fer belge est loin de suffire à
assurer le transport des marchandises qui s'of-
frent à lui ; les « embouteillages » sont fré-
quenb, les transports sont « contingentés H,
les Belges font passer avant nous leurs natio-
naux, ce qui est d'une stricte justice, et les
autres attendent leur tour, qui risque parfois
de ne pas venir: 1 Administration de rA. E.
F. et Ifs maisons des commerçants français
n:Gnt droit qu'à un tonnage limité. Même avec
la transformation annoncée, la ligne belge res-
terait, et de beaucoup, insufifsante si les pos-
sibilités d'exploitation se réalisent d'une façon
normale. Songiez que le chemin de fer actuel
du Katanga qui transportait, en 1913, 250.000
tonnes, a transporté, en 1922, 1.700.000 ton-
nes. bit, encore une fois, ces accroissements
ne sont pas finis.
Il y a donc place là-bas pour les efforts pa-
rallèles, fraternels des deux peuples. Concur-
rence ? Rivalité ? Non pas, mais collabora-
tion, solidarité. Lorsque, en 1876, le roi Léo-
pold Il réunit à BmxeUes les plus savants. géo-
graphes et les explorateurs les plus expérimen-
tés, il les convia, avant toute expédition du
côté du Congo, à « discuter et à préciser en
commun les voies à suivre, les moyens à em-
ployer pour planter définitivement l'étendard
de -la civilisation sur le sol de 1 Afrique Cen-
trale '». Les deux peuples qui ont mêlé, leur
sang pour défendre dans la vieille Europe
l'étendard de la civilisation suivent les mêmes
voies et emploient les mêmes moyens, afin de
répandre leur bienfaits sur les régions où coule
l'antique Zaïre. Rien ne saura les séparer.
Mario Roustan,
Sénateur de l'Hérault.
Membre de la Commission sénatoriale
des CoLonies,
Rapportcui du buagel de la Marina marchande.
«M. -
L'upporlunite Ait tH'MNtMte-BCMt
L'Agence .Econ«)miue de l'Afrique Equa-
toriale Française vient d'éditer une bro-
chure illustrée, avec quatre cartes sur les
ressources économiques de l'Afrique Equa-
toriale et le chemin de fer de Brazzaville à
l'Océan.
Dans cette plaquette sont successivement-
passés en revue l'historique de la colonie
qui, à l'inverse de la plupart des autres,
s'est annexée à la France sans coûteuse ex-
pédition militaire et dont l'essor s'est trouvé
retardé par la mutilation temporaire de
1911, puis un bref inventaire des ressources
du pays, qui est un inépuisable réservoir de
matières premières abondantes et variées :
bois, caoutchouc, amandes de palme, coton,
ivoire, minerai de cuivre, raphia, gomme,
pour ne citer que les principales.
Cet immense pays qui s'étend jusqu'en
Afrique Centrale est heureusement desservi
jusque dans ses parties les plus reculées par
un réseau très étendu de magnifiques voies
navigables accessibles - en toutes saisons,
mais son artère centrale et collectrice, le
Congo, qui est une des plus formidables
voies d'eau de l'Univers, s'arrête à quelques
centaines de kilomètres de l'Océan dont il
est séparé par des rapides infranchissables.
C'est pour combler cette fâcheuse solu-
tion de continuit é à laquelle le chemin de
fer belge du Pool à Matadi ne pare que très
imparfaitement en raison de l'insuffisance
de son débit, que la France a décidé de
constiuire une voie ferrée de 540 kilomè-
tres unissant la mer intérieure du Pool à
l'Océan Atlantique; enfin, l'exutoire de
cette vaste colonie française sera français. -
Le principe d un emprunt de 300 millions
vient d'être voté par La Chambre lors de la
discussion de la loi des Finances pour ache-
ver cette voie ferrée déjà largement atnor-
cée.
La brochure décrit minutieusement l'éco-
nomie du projet et tout ce que la Métropole
peut attendre de sa réalisation. C'est pour-
quoi elle a été abondamment répandue dans
les milieux parlementaires où elle a certai-
nement contribué en éclairant nos législa-
teurs sur l'opportunité du vote de l'em-
prunt, à assurer celui-ci.
-60.
Politique coloniale -
--o-c-
A la suite du rapport de notre excellent
collaborateur M. Edouard de Warren sur la
- - a
politique coloniale au congrès de la Féd'éra-
ration républicaine, celle-ci, considérant que
la France peut être menacée de tomber sous
la dépendance économique des (pays étran-
gers, si elle continue à acheter chaque an-
née pour plus de trente milliards de matiè-
res premières qu'elle pourrait trouver da.ns
ses colonies - mises en valeur ; considérant
qu'en face d une Allemagne de 70 millions
d'habitanls, toujours -agre,.geive, la sécurité
de la France se trouive dans le bloc dés * cent
millions d'habitants de la plus grande
France ; a décidé de constituer une section
coloniale chargée d'obtenir du Gouverne-
ment et du Parlement, un programme com-
plot de mise en valeur de la. France d'outre-
mer avec ses moyens de réalisation, et de
poursuivre particuliôremient l'organisation
d'un ministère de l'Extérieur : Afnique du
Nord, colonies, pays de protectorat, ainsi
que la réalisation du Transsaharien dont les
éludes sont terminées et dont les facilités
comme la sécurité des transports feraient
une France s'étendant de la mer du Nord
au Congo.
Le commerce colonial
'D
France, Angleterre et leurs colonies
En 1924, le pourcentage des ventes de la
Grande-Bretagne à ses Dominions et Colo-
nies a été de 41 de ses exportations to-
tales. Pendant la même année, les importa-
tions en Angleterre des Dominions et Colo-
nies ont atteint 27 des achats de la Mé-
tropole à l'extérieur.
En 1924 également, la part de la France
dans mes exportations fcur ses possessions
d'outre-mer a été de 12 7 %, et la part de
ses importations coloniales n'a pas dépassé
i o, i de son trafic total. - -
, Comme on le voit, dit VAgence Française
et Coloniale, le Izoyaume-uni - se réserve
dans son domaine extérieur une participa-
tion beaucoup plus importante que la
France par rapport au commerce général.
Le coton â Madagascar
--0-0---
4L
Deux mobiles écono-
miques semblent diriger
la 1 politique mondiale :
la possession du pétrole et
celle du coton.
En dépit des promesses
de la fabrication du pé-
trole synthétique, la pre-
mière n'a rien perdu de
son acuité et la secondre accroît chaque jour
la sienne.
La révolution cotonnière s'avère plus pro-
fonde et plus constante. L'industrie euro-
péemle qui avait coutume de trouver ses ap-
provisionnements de coton aux Etats-Unis,
constate que depuis l'immense développe-
ment apporté par la guerre à Vindustrie amé-
ricainef celle-ci absorbe presque toute la
récolte du pays, et que le jour est proche où
plus une seule balle de - coton ne sera exportée
vers les marchés extérieurs.
Il faut donc aviser d'urgence.
VAngleterre a déjà pris ses précautions :
sa politique en Egypte et dans le prethe
Orient est avant tout une politique coton-
lIiète. Il lui faut le Soudan, parce que le
Soudan est un pays à coton; il lui faut la
Mésopotamie, parce que la Mésopotamie est
une terre à coton. Déjà Vimmense territoire
qui s'étend entre le Tig-re et VEuphrate n'est
plus qu'une vaste plantation. L'industrie bri-
tannique est, dès à présent, garantie contre
le manque de matière première pour ses fila-
tures.
L'imlttstrie française a également vu le
danger; mais elle tCa pas réalisé aussi rapi-
dement les moyens d'y parer. Cependant,
des efforts méritoires ont été faits, notam-
ment en A. O. F., en Indochine et dans
diverses colonies. De timides tentatives, bien
minimes à côté des réalisations anglaises,
sont en cours en Algérie, au Maroc, en
Afrique Occidentale, mais on en est encore
à la période es expériences et des tâtonne-
ments. Il est à cratndre que la réalité aille
plus vite en 'mettant nos tissages devant la
disette de coton.
L'Association Cotonnière Coloniale, de
fondation assez récente, se préoccupe, il est
vrai, asses activement, de développer dans
les colonies françaises la culture du coton;
mais elle est loin d'avoir à sa disposition les
budgets opulents de la British Cotton
Growing Association de Lmtdres, et même ati
Bîuimwolle-Komittee de Berlin.
C'est néanmoins sous son impulsion que se
réalise le programme de culture cotonnière
de l'A. O. F. que déjà nous avons cité, et
elle étudie une action similaire à Madagas-
car. Une mission, dirigée par M. Cayla, pré-
pare depuis près cPun (m, dans la grande lIe
- le plan qui sera prochainement soumis à rA.
C. C. On annonce le retour imminent du chef
de la mission, qui rapporte des observations
fort intéressantes prouvant que la question
est. sortie du domaine spéculatif, grâce aux
discussions dont elle a été l'objet de la part
des collectivités compétentes et intéressées,
auxquelles ont été communiqués les résultats,,
des Lhambres de Commerce de Majunga et
de Tuléar, entre autres.
l'enquête s'est étendue non pas seulement
aux possibilités de culture qui semblent des
plus satisfaisantes dans de vastes régions,
mais encore aux contingences commerciales
et industrielles qui tiennent une place impor-
tante dans Vensemble de la question.
J'espère que celle-ci est au point et qu'il
sera possible de passer sans tarder aux appli-
cations pratiques qu'elle comporte.
Il faut agir d'urgence, d'extrême urgence:
sinon Vindustrie française du tissage pour-
rait se trouver soudain condamnée à mort ou
tout au moins réduite à la stagnation, à la
maladie du sommeil.
Maurice Bouilloux-Lafont
Vice-Président de la Chamhre,
Député du Finistère.
..a
M. Marcel Olivier aux Comores
M'. Olivier, Gouverneur Général de' Mada-
gascar, s' est embarqué lundi à bord de l'aviso
Bellatrix pour se rendre dans l archipel des
Comores qu'il compte inspecter, au lendemain
du décret pris par M. Daladier, assurait l'au-
tonomie financière de l'archipel des Comores,
sous la haute autorité du Gouverneur Général
de Madagascar.
.1.
L'emprunt de l'Angola
O-G
Le Gouvernement portugais est décidé à
outiller ses territoires de l'Angola, en amé-
liorant le port et en développant le chemin
de fer.
Un emprunt de 9.000 contos-or vient de
faire l'objet d'un projet de loi déposé de-
vant le Parlement par le ministre des Fi-
nances.
EN TRIPOLITAINE
--. Omo -
La mission automobile dirigée par le ma-
jor Gabini et composée de six voitures au-
tomobiles, partie le 26 février de Tripoli,
est arrivée le 8 mars à GhAdamès.
Après un repos de huit jours, elle en est
partie hier pour rejoindre Tripoli.
A la Commission consultative
des études tunisiennes
--0-0-
La Commission Consultative des Etudes
Tunisiennes a reçu à sa séance d'hier S. E.
Si Mustapha Dinguigli, premier ministre du
Gouvernement tunisien accompagné de M.
Lakouat, chef de la section d'Etat. En sa
présence, M. Saint, Résident Général en
Tunisie a fait un vif éloge du Bey et de son
premier ministre. Celui-ci lui répondit dans
les termes les plus cordiaux et dit combien
les Tunisiens apprécient l'œuvre de civili-
sation de la France. Puis il assura la Com-
mission que le Bey l'aidera de tout son pou-
voir dans l'œuvre qu'elle entreprend pour
améliorer le sort des indigènes.
On introduit ensuite deux calds : M. Zaou-
che, caîd de Sousse et M. Snadli, caïd de
Sfax. Le premier exposa la situation éco-
nomique de son caïdat et demanda que le
Gouvernement français demande à l'im-
mense domaine de l'Enflda, de céder 10.000
hectares actuellement en friches qui per-
mettrait aux indigènes l'accession à la pro-,
priété et les fixerait au sol. Puis il préco-
nisa l'application du crédit agricole aux
indigènes, le développement de l'enseigne-
ment -technique et demanda que dans les
bénéfices des entreprises, une part ,.oit
réservée à la main-d'œuvre indigène.
Puis il rendit hommage aux services ren-
dus par le Grand Conseil, les Conseils
régionaux et les Conseils de caldah et ter-
mina en demandant qu'à l'avenir les indi-
gènes, dans les votes qu'ils auront à émet-
tre puissent substituer au vote par accla
mations le scrutin par bulletins.
Apres lui, Snaldi, caïd do Sfax, montra
l'excellente ibesogne accomplie par l'union
des capitaux français et du travail indigène,
notamment dans l'exploitation de l'immen-
se forêt d'oliviers de Sfax, et créée grâce
à la collaboration remarquable de l'indus-
trie française et de la main-d'œuvre indi-
gène. Il examina ensuite la situation du
'port de Sfax et indiqua la grave menace
qui pèse sur la vie des indigènes vivant de
leur travail d'embarquement des phospha-
tes indigènes. Leur existence serait très
compromise par la concurrence faite par
les phosphates marocains; il demande à la
Commission d'inviter le Gouvernement à sa
préoccUiper de cette grave question.
Comme le caïd de Sousse, il .préconise
l'accession des indigènes à la petite propriété
et il demande que renseignement technique
soit étendu aux indigènes.
En temntnant, il déclare que les réiformeB
réalisées en Tunisie auoioue avant nroduit
d'excellents résultats ne constituent pas une
régression sur le régime dont jouissent
actuellement les protégés de la France, puis
il fait un vif éloge de l'œuvre bienfaisante
des institutions françaises.
La séance a été renvoyée a mercredi ma-
tin 'pour entendre le caïd Bel-Rodja.
La discussion au début de la séance d'hier
a porté sur l'organisation d'un appel pos-
sible des jugements rendus par le Tribunal
mixité de Tunis eu matière immobilière. Le
débat, n'étant pas épuisé, la question re-
viendra en discussion lors de l'examen des
propositions ayant. Irait au peuplement, it
la colonisation, à J'immatriculation, à la
naturalisation.
M. Jouhaux a ensuite ouvert le débat sur
les questions sociales en demandant l'appli-
cation pure et simple de la loi de 1884 à la
Tunisie. Au cours de son exposé il a dé-
claré qu'à son avis, la queslion des étran-
gers et dcn indigènes ne pouvait, faire obs-
tacle à cette application, car aux termes
de la loi 3111* les syndicats ouvriers, les
membres des bureaux des syndicats doi-
vent être français. Donc, la direction des
syndicats restant française, il n'y a aucun
inconvénient, selon lui, à appliquer aux or-
ganisations ouvrières de Tunisie, la loi de
:t8M. D ailleurs, a-l-u aJonlc, il n y aurait
pas qu'en Tunisie que des syndicats ne
soient pas uniquement composés de Fran-
cis, en France ils contiennent des étran-
gers et en Algérie, des indigènes.
Une très longue, discussion s'est engagée
ensuite sur la portée de la Convention de
1806 entre la France et l'Italie, aux fer-
mes de laquelle 1'8 droits et privilèges re-
connus aux nationaux français et aux in-
digènes tunisiens, doivent également profi-
ter aux Italiens.
Ce texte permet Ira-t-il à ceux-ci d'enva-
hir les syndicats el d'en prendre la direc-
tion, aux termes de la loi de 1884 ? Toute
la question est lù. Dans l'affirmative, le dé-
cret beylical appliquant celte loi à la Tu-
nisie, devrait reconnaître le môme droit
aux Italiens.
En somme, la Commission, tout en recon-
naissant la légitimité de In question pré-
sentée par M. Jouhaux, désire trouver un
système écartant les ouvriers italiens de la
direction des syndicats ouvriers.
En substance, le Gouvernement n'est nul-
lement hostile à. l'extension des libertés syn-
dicales aux travailleurs tunisiens, mais
ainsi que l'a déclaré M. Saint, il y a des
précautions à prendre pour éviter que les
syndicats ne deviennent, des foyers d'.in-
fluence ou de conspiration antifranoaises.
La Commission a ensuite entendu deux
membres du Grand Conseil, MM. Pellegrin
et Paoli, qui apportèrent certaines revendi-
cations sur le même .sujet et demandant
l'application aux travailleurs tunisiens de
iu loi sur la journée de 8 heures et qu'ils
soient soumis A la juridiction prud'homale.
Ils ont également demandé que les mem-
bres du Grand Conseil soient élus au suf-
frage univorsel.
MM. Morinaud et Mallarmé ont invité
MM. Pellegrin et Paoli à fournir à la Com-
mission quelques éclaircissements sur la
façon dont sont administrés en Tunisie, las
syndicats ouvriers. Ceux-ci répondirent
qu'à l'exception d'un seul, tous les syndi-
cats ont à leur tête des citoyens français
rt ils pensent qu'à l'avenir il en sera tou-
jours ainsi.
L'AVIATION COLONIALE
00
Lemaitre et Arrachart vont d'Oran
à Casablanca
Les aviateurs Lemattre et Arrachart ont
quitté le champ de la Senia mardi matin à
8 h. 30. Les renseignements météorologi-
ques reçus du Maroc indiquaient un temps
favorable et vent faible de sud-ouest. De
nombreuses personnalités oranaises étaient
venues saluer les denix aviateurs au mo-
ment de leur départ.
Sept avions du 2° groupe d'Afrique s'éle-
vèrent ien même temps que les deux avia-
teurs et leur firent escorte durant une
demi-heune.
Ils sont l'objet d'une brillante réception
à Fez
Les capitaines Lemaître et Arrachart ont
atterri à Fez, à 11 h. 45.
Ils ont donc couvert les 500 kilomètres
du parcours en trois heures un quart.
Lee aviateurs, .en s'arrétant a Fez, ré-
pondent à l'aimable invitation qui leur a
été faite par les autorités marocaines.
Le maréchal Lyautey a reçu
Arrachart et Lemaitre à Casablanca
Les aviateurs Arrachart iet Lemaltre,
partis mercredi 18 de Fez ù 9 h. 10 du ma-
tin, ont atterri à Casablanca à 11 heures.
Le maréchal Lyautey, qui les attendait
sur le terrain d'aviation, les félicita et leur
demanda pourquoi ils avaient modifié leur
itinéraire pour venir à Casablanca.
Le capitaine Arrachart expliqua qu'il
avait reçu l'ordre de faire un détour.
- C'est donc une bonne fortune pour le
Maroc de vous avoir, ajouta le maréchal
en serrant la main aux deux aviateurs.
Arrachart et Lemaltre ont été reçus dans
la soirée par Le général Bertrand et les
membres de l'Aéro-Clut*. Ils ont été rete-
nus à dîner par le maréchal Lyautey.
Les aviateurs se rendront aujourd'hui
jeudi ù Marrakech ict vendredi à Rabat.
Le raid aérien Bruxelles-Congo belge
Bruxelles, 18 murs. On a reçu ce 9oir
h Bruxelles un long télégramme de Thief-
fry, envoyé via Dakar, le 13 mars, de Fori-
Archambault, où l'avion Marie-José a at-
terri le 12 mars, à 9 h. 5. Parti le 5 mars
de Zinder, à 6 h. 20, il a atterri le même
jour, après une première escale provo-
quée par la brume, à 200 kilomètres au
sud de Fort-Lamy, ayant épuisé sa pro-
vision d'essence.
Le ravitaillement venu de Fort-Lamy, lui
est parvenu le 11 mars. Reparti le 12 mars
à 6 h. 25, il a atterri à Fort-Archambault à
9 h. 5.
Le lieutenant Thicffry a marqué son ad-
miration pour le courage, l'endurance et
l'habileté du pilote et du mécanicien, et a
fait l'éloge du concours précieux et du dé-
vouement absolu des autorités coloniales
françaises. Il a signalé que la traversée du
Sahara est un jeu d'enfant a côté des dif-
ficultés rencontrées depuis Niamey, en
raison de la grande chaleur (70° centigra-
dosï et ik la brume intense qui couvre la
région du lac Tchad. -
-600
En Mrique (ouatoriaie Française
L'exportation des produits du cru pendant
l'année 1924
Les - - renseignements parvenus SUT les sor-
tics des produits du cru des colonies du
Tchad, de l'Oubangui-Chari et du Moyen-
Congo pendant l'année 1924, confirment les
progrès déjà constatés aux exportations par
la comparaison des statistiques trimestriel-
les de 1924, actuellement en notre posses-
sion, avec celles de 1923, et ceci est d'un
bon augure pour le futur chemin de fer.
Les états de produits du cru du Gabon
ne sont pas parvenus.
Mais pour les trois colonies précitées, il
convient de signaler les exportations sui-
vantes dont la progression est des plus in-
téressantes :
Les amandes de palme : 5.016.622 kilos,
en augmentation de 384.314 kilos.
Les huiles de palme : 374-351 kilos, en
augmentation de 50.338 kilos.
Le caoutchouc : 1.245.823 kilos, en aug-
mentation de 309.648 kilos.
Le riz : 39.052 kilos, en augmentation de
37.565 kilos.
Le copal : 126.284 kilos, en augmentation
de 30.151 kilos. -
Les autres fruits et graines oléagineuses :
61.287 kilos, on augmentation de 16.629 kgs.
D'autre part, les arachides et les sésames,
non relevés dans les statistiques de l'année
précédente, ont vu leur culture se dévelop-
per. - -
, Ces produits qui servaient uniquement à
l'alimentation des indigènes dans les régions
de production, ont donné lieu pour la pre-
mière fois à des exportations dans les colo-
nies étrangères voisines de la Nigéria et du
Congo belge. Elles ne figurent respective-
ment aux sorties que pour 42.889 kilos et
9.301 kilos, mais il y a là une indication au
sujet de l'avenir auquel elles sont appelées.
11 faut signaler, enfin, parmi les produits
en progression :
Les peaux brutes d'animaux : 37.515 kgs.
Le raphi : 14.971 kilos.
L'huile d'arachidc : 7.37(6 kilos.
Toutes les augmentations précitées por-
tant sur la presque totalité des produits du
cru d'exportation, démontrent les progrès
économiques réalisés par notre Afrique
Equatoriale Française, grâce au développe-
ment de l'outillage économique de l'Ouban-
gui qui dispose actuellement de 3.000 kilo-
mètres de routes.
Elles permettent d'espérer pour l'avenir
un développement considérable quand se-
ront ouverts à la circulation des produits
d'importation et d'exportation, la voie fer-
rée de Braizaville-Océan, actuellement en
construction et les chemins de fer projetés
dans rOubangui et le Gabon.
De la Tunisie au Tchad
--0-0--
La mission Courtot
Elle reviendra par le Dahomey
Tunis, le 18 mars. La mission auto-
mobile tunisienne a quitté M'Guigmi le 14
pour se diriger vers Zinder.
D'accord avec le Résident général, le
lieutenant-colonel Courtot a décidé, en rai-
son de la fatigue du matériel qui rendrait
très aléatoire le retour par l'itinéraire sui-
vi à l'aller et des conditions atmosphéri-
ques défavorables, de poursuivre sa recon-
naissance vers le Niger par Zinder et Kaiia
puis de rejoindre la côte du Dahomey à
Kotonou où la mission embarquera.
giel
Intéressante documentation
-0-0--
M. Edouard Daladier. soucieux de dé-
velopper le plus possible parmi le grand
public métropolitain l'étude des questions
coloniales, a pensé qu'il serait intéressant
pour la Presse d'avoir connaissance des
idées défendues par les journaux des Colo-
nies soit de langue française, soit de lan-
gue indigène.
Désormais le service de la Pressa au dé-
partement des Colonies fait une analyse
impartiale des organes qui lui parviennent
des différentes Colonies d'Afrique, d'Asie
et d'Océanie.
Au Conseil d'Etat
Un brigadier faisant fonction de chef de
cantonnement des Eaux et Forêts n'a pas
droit aux indemnités accordées aux offi-
ciers.
M. Orsatti, brigadier des Eaux et Forêts,
ayant été chargé des fonctions de chef de
cantonnement de Mascara, adressait alors
au Gouverneur général de l'Algérie une de-
mundc d'indemnités de recrutement et de
première mise, dont bénéficient les officiers
des Eaux et Forêts.
Le 1.1 août 1923, le Gouverneur général
de l'Algérie informait M. Orsatti qu'il re-
fusait do lui accorder les indemnités solli-
citées.
Comme suite à ce refus, M. Orsatti intro-
duisit une requête au Conseil d'Etat .,:.
fins d'annulation do ia décision ,h Onu
verneur (lt',J) f.!
Cette li-ïuv J.iri&pr.ulenca a conclu al:
rejet de la n-q-uélu d~ M, m sait i'"pour fu
motifs su! finir. :
fCont<.id,j,:'n;tt que 1 indcinniu '!.«ivmièpj
mise a ̃ {II',k,' :,I,'X Ç'iir'jet" ^iiviv-ix nouvel-
lement "r "¡¡¡Ii" -j{«! ."ifsliiu .ci:- permet-
tre de if i-i .'UCl: aux frais d'acquisition
d'une tenue, d'une monture et d'un har-
nachement, que les brigadiers chargés
d'exécuter les fonctions de chefs de can-
tonnement continueront à faire partie du
cadre des prépnsés, qui conservent ainsi
l'uniforme, le cheval el le harnachement
qui leur avaient été .fournis pur l'Admlnis-
tration dos Eaux et Fon'ts ; ils n'ont eu,
de ce chef, il supporter aucune dépense du
fait de leur désignation ; que, dès lors, lu
décision invoquée par le requérant ne peut
être regardée comme ayant entendu con-
férer aux fonctionnaires dont il n'agit le
droit de percevoir un supplément d'indem-
nité de première mise.
Considérant, d'autre part, que l'indem-
nité de recrutement, 11'u l,l.é institué- qu'en
faveur des guides généraux, chefs de can-
tonnemcnt. 'l.nt' cette allucntion a été uni-
quement créée niin d'assurer le recrute-
ment régulier des officiers des Eaux et
Forêts et d'éviter ainsi les désignations de
préposés pour exeivor des fonctions .réser-
vées aux agents, que l'objet spécial de cette
identité s'oppose à ce qu'elle soit ailribmV
:t des fonctionnaires qui, s'ils occupent des
postes de chefs ,1e cimltuïTienients, n'ont
cependant pas In qu:ili!é d'officiers des
Eaux et Forêl,
A LA CHAMBRE
--{'-Oo-
PROJET DE LOI
Chemin de fer de Tebesta à Djebel-Onk
Le Gouvernement a déposé hier sur le
bureau de la Chambre un projet de loi re*
latif à la déclaration d'utilité publique d'un
chemin de fer à voie normale de Tebessa
à Djebel-Onk avec emhrnnchrnwnf, sur le
Bled-el-tladba.
L'exposé des motifs de ce projet dit no-
tamment : La ligne à voie normale de Te-
bessa à Djeh-el-Onk avec embranchement
sur le Bied-ei-lladba, a essentiellement pour
but de desservir des groupements de gise-
ments de phosphates ; celui du Djebel-Onk
M celui de Bled-cl-Hadbn. découverts dans
la région du sud de Tebessa «̃ -nvii-i-i
80 kilomètres de cette ville.
A partir de Tebessfl, les phosphates de
ces deux gisements seront dirigés sur Bouc,
port d'embarquement el efnpiuïtant k
îvseau des voles ferrées Tebessa-Souk
-- - --- ------- .-------
Ahras-Dllvivier-Ruuc actuellement en voie
de transforma lion, ("e reserm ma une
capacité largement suffisante pour permet-
tre le transport, des produits miniers sup-
plémentaires constituant l'apport nés gise-
monts du Dj ebel-<)nk. lorsque ce Myogram-
me de travaux b l'étude aura été 'é.lisé.
On a admis que le Ira lie. probab' • de la
ligne serait de l.OO.OOO tonnes dont 1 mil-
lion pour le Djebel-Onl, el ïMa.dOO pour le
Rlrd-el-Radbo.
La ligne devant être construite par Vamo,
diataire du gisement du DjebeV-Onk, au-
cune aide financière ne sera demandée ;),
la métropole.
L'enquête d'ulihto publique a donné des
résultats favorables.
La ligne serait Mttnrliec nu rès. an des
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