Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-03-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 mars 1925 13 mars 1925
Description : 1925/03/13 (A26,N41). 1925/03/13 (A26,N41).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6396886j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
rtWGT-SIXIEME4 ANNEE. No 41
LE NUMERO : 80 CENTIME
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YE:\IIItUII SOIn. 13 UAHvS 1925
Les Annales Coloniales
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ft JOURNAL QUOTIDIEN
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EXCLUSIVE DU JOUMIAL
La dnnmncBÊ dRédmmm tmti ntmmt au BmrrmoM émj tutmwl ",.. IIIIA.-.,.,
DIRECTEURS 1 MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
RéèMÉN : 34, R.. du Mont-Thabor, PARIS-1- Wlplm : LNTU H-I7
u. u a uàob 1 mom
ABONNEMERTS Franc. et Colonie#. go , 46 » J5 t
«iîuMïSHin» 5 Franc* et Colonie9. «0 • 46 » 15 »
Uln.tr* ( Rtranfrer 120 » « il 38 >
Un s'aboume dans tous les Bureaux de potte ot chez les principaux librelrw
Le Haut-Commissariat ? Pacilinue
»+4
Aurions-nous bientôt un Haut-Commissariat
du Pacifique ? M. Archimbaud qui, dans son
rapport et à la tribune, l'avait demandé, lors
de la discussion du budget des Colonies, revient
à la charge dans une conférence prononcée ré-
cemment à l'iicole des Hautes Ltudes Sociales.
Les préoccupations de M. Archimbaud sont
légitimes. La question du Paclhque, qui n'est
pas née d'hieif, puisque l'on peut dire qu'elle
date du jour où les Européens se sont établis
sur les rives ou occupé les archipels de cet
Océan, a pris, depuis quelques années, et sur-
tout depuis la dernière guerre, un intérêt que
- personne ne songe à nier, je n irai pas jusqu'à
soutenir, ainsi que certains le font, qu'à côté
d'elle la question du Rhin, même pour nous,
passe au second plan. Il y a dans ce propos une
exagération manifeste. Mais on ne peut qu'ap-
prouver M. le Président du Conseil lorsque,
lors de la discussion du budget des Affaires
Litrangères, il indiqua à la Chambre que les
problèmes de l' Iijctrême-Orient ne tarderaient
pas à nous faire oublier les querelles et les pas-
sions suscitées par la suppression de l' Ambas-
sade du Vatican.
Et de fait, aujourd'hui même, l'influence de
ces problèmes se fait sentir d une façon non
équivoque sur la politique européenne propres
ment dite. L'Angleterre, après avoir collaboré
à l'établissement du protocole de Genève en
septembre dernier, ne veut pas maintenant le si-
gner, et, au moment où paraîtront ces lignes,
M. Chamberlain aura rendu ce refus public. Or.
l'une des raisons, sinon peut-être l'unique rai-
son de cette attitudo surprenante au premier
abord, n cet-ce pas l'opposition des Dominions
en particulier de l' Australie, de la Nouvelle-
Zélande, qui, tout à leurs préoccupations du
Pacifique, ne veulent pas que la métropol e s' en-
gage trop à fond dans les affaires uniquement
européennes ? lin prévision des conflits que peu-
vent engendrer lce antagonismes qui se dévelop-
pent dans cette partie du monde, les colonies
veulent que la Grande-Bretagne prépara ses for-
ces et en conserve la pleine disposition. Kt,
d'autre part, nous assistons, de la part du Ja-
pon, inquiet des vues de la politique anglo-
aaxone, à un rapprochement non seulement avec
la Russie, mais aussi, disent les gens qui se pré-
tendent bien informés, avec l'Allemagne.
Que fait la Krance au milieu de ces intérêts
qui s'opposent avec une vigueur menaçante ?
Elle ne peut pas ne pas s'en préoccuper. Llle
possède là-bas sa plus belle colonie et un grand
nombre d'îies d'importance moindre sans doute,
mais dont le sort ne doit pas la laisser indifTé.
rente.
Sans doute, la métropole suit de près les évé-
nernents du Pacifique. sans doute elle travaille
au développement économique de ses posses-
sions dans ces régions. Mais son action perd un
peu de son efficacité parce qu'elle n'est pas
assez coordonnée, elle est faite par différents
agents, pleins de talent, mais qui vivent isolés
les uns des autres, s'ignorent très souvent, s'ils
ne se contrecarrent commo il amve malheureu-
sement aussi. Nous souffrons de ces ignorances,
de ces heurts, de cette dispersion.
Pourquoi ne pas opérer le groupement de
toutes ces énergies souvent mal employées et en
donner la direction à un haut fonctionnaire qui
résiderait en Indochine et serait même le Gou-
verneur Général de l'Indochine ?
- a"
L Indochine qui, par sa population, ses res-
sourcca, est la première de nos colonies, devien-
drait le centre de notre action dans cette partie
du monde. Déjà, on a créé un certain nombre
d'établissements d'enseignement supérieur à
Hanoï qui font de cette ville une- sorte de mé-
tropole intellectuelle, l'Athènes de l' Lxtrême-
Orient, comme on aime souvent à dire.
Nul ne serait mieux qualifié pour diriger et
coordonner notre action que le haut fonctionnaire
qui résido à Hanoï.
Grâce à lui, nos petites colonies du Pacifique
recevraient de cette seconde métropole qui se-
rait pour elle l' Indochine les secours en capi-
taux et en main-d'œuvre qui leur sont indispen-
sables pour sortir de la situation difficile qui est
ta leur. Des relations commerciales suivies et
fructueuses pour les uns et les autres s'établi-
raient à travers les Îles françaises du Grand-
Océan. L'Indochine dont la balance commer-
ciale est favorable pourrait exporter en Nou-
velle-Calédonie, aux Nouvel les-Hébrides et à
Tahiti, les capitaux qui, chez elle, sont sans
emploi, et qui serviraient non pas à boucler le
budget de ces colonies, mais à réaliser des tra-
vaux d'ordre économique comme l'agrandisse-
ment et l'outillage duo port de Nouméa.
De même, on organiserait l'immigration entre
les parties surpeuplées de l'Indochine et les Îles
où l'insuffisance des travailleurs paralyse le dé-
veloppement économique. Déjà, d'ailleurs, des
convois d'Annamites, dont le total s'est élevé,
en 1924, à 2.349 individus, partent tous les
ans pour les Nouvelles-Hébrides et la Nou-
velle-Calédonie. Et tout permet d'espérer qu'un
actif courant d'émigration s'établira entre le
Tonkin et ces îles. Grâce à l' arrivée de ces tra-
vailleurs, la culture du coton, qui trouve là un
climat et un terrain tout à fait favorables, pren-
drait une extension certaine et rapide.
Un courant commercial s'ajoutera au courant
humain. L'Indochine exportera son riz, son su-
ere, son ciment, son zinc et même, mais un peu
plus tard, ses soieries, ses meubles,.ses tapis,
etc., tandis que la Nouvelle-Calédonie expé-
diera la biche de mer qu'on pêche sur ses côtes,
qu'apprécient fort les chinois et les Annamites,
les coquillages à nacre, le coprah, dont ont be-
soin les usines indochinoises et les Nouvelles-
Hébrides, le, tabac qui pourra faire de bons mé-
langes avec celui du Tonkin. Enhn, le coton de
la Nouvelle-Calédonie et des Hébrides serait
le bienvenu dans les manufactures indochinoises
insuffisamment pourvues de cette matière pre-
mière.
Un service maritime semestriel d'abord, puis
trimestriel, entre Saïgon, Port-V ila, Nouméa et
I ahiti assurerait d' une façon régulière ces
échanges économiques. Ainsi s'exprime M. Ar-
chimbaud.
Ce projet soulève un nombre assez considéra-
ble d'observations aussi diverses que lc6 intérêts
auxquels ils touchent.
On objecte que l'immigration tonkinoise ne
prendra jamais un développement tel qu'olle
puisse fournir aux îles du Pacihque la main-
d'œuvre qu'elles exigent. L'Indochine n'est pas
un pays surpeuplé ; d'immenses espaces sont vi-
des, dont les ressources attireront certainement
les habitants des plaines à forte densité quand
les voies de, communication auront été établies.
Les préjugés qui entravent les déplacements de
population ne sont pas impossibles à détruire.
Les échanges commerciaux, d'autre part,
n'auront jamais le volume que se plaît à leur at-
tribuer une imagination un peu vive. Certaines
îles, celles de la Société, sont plus éloignées de
l'Indochine que de l'Europe, depuis le perce-
ment de l'isthme de Panama. Leur centre d'at-
traction serait plutôt les Antilles, où elles pour-
raient trouver capitaux et main-d oeuvre. Toutes
ces objections, M. Archimbaud les réfute, pas
toujours peut-ctre, d'une façon décisive.
Mail il n'en reste pas moins que l'idée de
centraliser les intérêts français en extrême"
Orient me paraît une idée heureuse. Lt il a
raison quand il dit que c'est la condition indis-
pensable pour avoir làbas une « politique ho-
mogène et réaliste qui s'impose aujourd'hui ».
« 11 nous faut, ajoute-t-il, dans ces régions, un
haut-commissaire qui jouisse d'une autorité in-
discutable telle qu'elle fasse respecter ses avis
de toutes les puissances asiatiques. Aussi ne sau-
rait-on trop étendre ses pouvoirs et même, lors-
qu'il s'agira de questions purement chinoises,
le haut-commissaire sera plus écouté si l'on sait
qu'il représente la totalité des intérêts français
dans le Pacifique, »
Il faut donc réunir en une même main la sur-
veillance et la défense des intérêts français dans
le Pacifique. C'est entendu. Mais doit-on con-
fier cette mission d'une importance extrême à
un fonctionnaire qui résidera à Hanoï loin du
Gouvernement responsable, loin du Parlement
dont la contrôle doit être incessant ? Je ne le
crois pas.
Ce haut-commissaire serait un véritable roi,
ses pouvoirs seraient si étendus, car je ne sup-
pose pas qu'on veuille en faire une simple boîto
aux lettres, qu'il lui serait possible d'engager
de sa propre autorité, lui faire irresponsable
l' avenir même de notre pays. Il n'y a pas des
problèmes régionaux, si je puis dire, mais des
problèmes mondiaux dont la solution ne peut
appartenir qu'au Gouvernement central.
Il y a quelque imprudence de la part du
Pouvoir central de se dépouiller, au profit d'un
subordonné, de ses prérogatives. Il me serait
facile de citer des exemples. Mais est-ce utile?
Aussi, il me paraîtrait plus sage, plus con-
forme aux principes mêmes de notre régime, de
réaliser cette centralisation d'une façon diffé-
rente. Ce serait la création d'un ministère ou
d'un sous-Secrétariat de l'Extrême-Orient dont
la fonction répondrait aux doubles préoccupa-
tions d'ordre politique et économique, si justi-
fiées de M. Archimbaud, et dont la gestion
n'échapperait pas au contrôle indispensable du
Parlement.
Henry Fontanier,
Députe du Cantal, Secrétaire de la
Commission des Affaires étrangères,
Membre de la Commission des Co-
lonies.
-880
MISSION AU MAROC
---0-0--
Notre ami et éminent collalxmUcur, M.
Bouillollx-Lafont, vice-président do la
Chambre, rapporteur du budget de la guer-
re, quittera Paris dans quelques jours, se
rendant en mission au Maroc. Il a, en effet,
été chargé par la Commission des Finances,
de recueillir sur place toutes informations
utiles et plus spécialement de contrôler, par
un examen approfondi, la situation militaire
de notre protectorat marocain.
Nos meilleurs vœux accompagnent le sym-
pathique vice-président de la Chambre dans
son voyage, dont nous n'avons pas besoin
de souligner toute l'importance.
«et@,
TAUX DE LA ROUPIE
0
Le Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans l'Inde vient de faire connaître
au ministre des Colonies qu'à la date du
10 mars 1927), le taux officiel de la roupie
était de 6 fr. 60.
-00.
LS CHEMINOTS TUNISIENS
0
M. Herriot, Président du Conseil, a reçu
ce matin, une délégation de Cheminots tuni-
siens, qui lui a été présentée par M. Dide*
garray, Secrétaire de la Ftion dM Che.
minots.
Dakar, port d escale
peut dès maintenant ravitailler
les navires en mazout
-
Le port de Dakar vient
d'être pourvu tout récem-
ment d installations pour
le ravitaillement des na-
vires en mazout,
On sait que nombreux
sont déjà les paquebots on
cargos qui emploient ce
combustible liquide, au
lieu et place du charboll. Ils y trouvent pas
mal d'avantages : une tonne de mazout vaut
facilement, en e ffet, au point de vue des ca-
lories fournies pendant la combustiofl, deux
tonnes de charbon ; Vapprovisionnement à
embarquer dans les soutes peut dont être
deux fois moins importallt ; il est de plus
facile à jauger et à embarquer, n'a pas,
comme le charbon, l'inconvénient de produire
cette poussière qui pénètre partout et qui est
si désagréable au personnel du bord, aussi
bien qu'aux passagers. Si l'on ajotdc, gu en
général une tonne de mazout coûte moins que
deux tonnes de charbon, et que son emploi
ne nécessite qu'un personnel très réduit dans
les chaufferies, ou se rend compte de la
réelle supériorité du premier de ces combus-
tibles sur le second.
L'avenir de Dakar réside plus, à notre
avis, dans le développement du port de com-
merce que dans celui du port d'cscale pro-
prement dit. le nombre plus ou moins grand
des navires venant prendre du charbon ou
du mazout, qui l'tm et l'autre doivent être
importés de l'étranger n'offre pas, en effet,
pour la colonie ou pour la Métropole un
bien grand intérêt. Si faible qu'il soit, il
convient cependant de ne pas le névli^er et
i! faut féliciter la Société quit avec l'agré-
ment de VAdministration du port, a pris
l'initiative des installations dont il s'agit. Un
dépôt flottant d'une capacité de 8.000 ton-
nes, trois chalands-citernes avec appareils de
pompage constituent le mathiel. Chacun des
appareils de pompage peut débiter 500 ton-
ses de mazout à l'heure. Ce matériel sera pro-
bablement doublé dans le courant de l'an-
née. Ultérieurement, il pourra être complété
par des réservoirs à terre et des pipe-lities.
La Société qui a procède à ces imtalla-
tions et dont la spécialité était jusqu'ici de
ravitailler les navires en charbon aurait passé
des contrats, avec une entre prise pétrolifèrc
du Mexique, qui lui permettraient de four-
nir du mazout à Dakar à un prix i III érieur
à celui qui est demandé à Tas l'aimas, on
un dépôt de mazout existe déjà depuis plu-
sieurs années. Ce sera évidemment le meil-
leur moyen d'attirer des navires.
Il n'est pas douteux que le port de Dakar
va connaître, du fait que les navires chauf-
fant au mazout pourront s'y approvisimwcr,
un surcroît d'activité, surcroît d'activité qui
ne saurait toutefois entraîner ni (lgralldisse
ment des bassins ou des quais, ni dé-
penses qui ne seraient pas en rapport
m'cc les résultats pratiques à en atten-
dre. Tel qu'il est, le port peut suf-
fire pendant longtemps à tous les bateaux
qui viendront y faire escale: ce qui est ur-
gent, c'est de creuser les bassins où viennent
se placer les navires qui apportent ou em-
portent du fut, et de compléter F outillage,
lwfamment. pour le chargement, rapide des
arachides. r (' résultai obtetiu pour le lavi-
t aille ment des navires en mazout, si appré-
ciable qu'il soit, ne doit pas faire perdre de
vue cette dernière question.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Rapports et Décrets
Décret portant suppression des droits de
sortie sur les sucres.
Lors de sa séance du Il juin 192't, le Conseil
(iiMicrul de lu Martinique a délibère sur l'éta-
blissement de droits ad valorem sur les sucres
fabriqués dans la colonie, frappant aussi bien
les produits exportés que ceux consommés
sur place et revêtant ainsi le caractère d'impôt
foncier, pour renu.lacer les droits spécifiques
douaniers que supportaient les sucres exportés.
Connue corollaire a cette délibération, l'As-
semblée locale a adopté un vœu tendant à
l'abro#;ilion du décret du 1 Si mars 1U21 lixnnt
11 21 francs les 100 kilos, les droits, à carac-
tère douanier, frappant les sucres à la sor-
tie de la colonie.
('.elle mesure qui a reçu l'adhésion du gou-
verneur lors de la réunion du 25 juillet 191. du
Conseil Privé, M. le Ministre des Colonies
après consultation du Conseil d'Elut vient de
Vrendre le décret ci-dessus.
A la Commission des Colonies du Sénat
---0-0-
M. Edouard Datadier, ministre des Colo-
nies, a été entendu cet après-midi par la
Commission des Colonies sûr "les crédits et
les modalilés d'exécution du chemin de fer
de Brazzaville à l'océan.
«Oie, -
VERS L'AFRIQUE DU NORD
Nos amis Mario Houstan, sénateur de
l'Hérault, et René Chavagnc, député du Loir-
et-Chcr, doivent partir pour des voyages
d'information et d'études, pour l'Afrique du
Nord (Maroc, Algérie, Tunisie), le premier
le mois prochain et le second dans le cou-
rant de mai.
Opinions coloniales
oe
Nous recevons la lettre suivante :
Monsieur le Directeur,
J'exprimais dans ma dernière lettre l'opinion
que co n'était pas, comme le demandait le
Rapporteur du Budget, un sous-directeur qu'il
était possible de supprimer à f Administration
centrale, mais tous. Ma suggestion, si l'on en
croit les bruits, n' aurait aucun succès. Il y
avait cinq sous-directeurs, il va y en avoir
nouf.
On profiterait, paraît-il, des vacances ac-
tuelles non pour supprimer le poste, mais pour
y promouvoir tous les hors-cadres inscrits au
tableau.
Le procédé est connu : le ministre ne peut
nommer qu'à des emplois vacants. Un fonc-
tionnaire, quels que soient ses mérites, ne sau-
rait être avancé en grade hors des cadres. Mais
si une seule vacance vient à se produire dans
l'Administration centrale, tous les hors-cadres.
si nombreux soient-ils, peuvent être promus
presque simultanément. Il suffit de leur faire
toucher barre : ils sont successivement réinté-
grés, avancés, réexportés. Lo mouvement est
rapide : le temps, pour chacun d eux, de don-
ncr trois signatures. 1 outes les chinoiseries ne
viennent pas de Chine. Celle-ci est de haute
tigncc. Ltte provient du Conseil d'Etat.
Lorsque les hors-cadres sont pourvus, la va-
cance toujours libre est définitivement comblée
au profit d'un fonctionnaire du cadre. Il ne
reste plus aux contribuables métropolitains ou
coloniaux qu'à payer.
« Pas n'est besoin de réussir pour persévé-
rer », disait un Bourguignon célèbre. Plus te-
nace que lui, je continue.
Le Rapporteur du budget, frappé par l'état
dnarchique de l'Administration centrale, de-
mande sa fusion avec les divers corps colo"
maux.
L'idée n' est pas neuve. Elle date de' l'épo-
que où les administrateurs, en surnombre, ont
essaimé dans la plupart des services. L'Ad-
ministration centrale les a particulièrement at-
tirés. Paris présente des avantages : la tempé-
rature y est modérée ; l' avancement rapide, et.
à tout prendre, les petites femmes de Mont-
martre valent bien les danseuses cambodgien-
nes.
M. Ldouard Daladier, ministre des Colo-
nies, a refusé d'entrer dans la combinaison.
On ne saurait trop l' en louer. Les adminis-
trateurs eux-mêmes, dans leur ensemble, doi-
vent l'en remercier. Ceux d'entre eux qui se-
raient venus à Paris n'auraient pas été les meil-
leurs, mais les plus intrigants ou les mieux
apparentés. L'avancement des autres n'aurait
pas été sans en souffrir quelque peu. Les Pari-
s iens n'auraient pas manqué de se faire la
part belle au détriment des broussards. La
camaraderie aurait sévi avec une intensité I)OU.
velle. Le régime « Sarraut » se serait généra-
lisé.
D' autre part, la présence à Paris des colo-
niaux genre « 1 ouzet » n'aurait pas tardé à
devenir indispensable. Ils se seraient dévoués
et cramponnés avec une énergie d'embusqués.
Les règlements qui savent partois s'assouplir
au gré des circonstances auraient été impuis-
sants à les déloger. L'Administration centrale
serait devenue le fief des fils d'archevêques.
Elle n'y aurait gagné ni en valeur profession-
nelle, ni en valeur morale.
L'Administration centrale et les administra-
tions locales ne sauraient, d'ailleurs, être con-
fondues. Leurs tâches sont tout à fait différen-
tes. Llles exigent, le plus souvcnt, des quali-
tés opposées.
A la rue Oudinot, il faut des hommes d'étu-
de pour approfondir les questions de principe,
envisager notre action dans son ensemble tant
au point de vue colonial que métropolitain et
international, et assurer la continuité de notre
politique.
Aux colonies, il faut surtout des hommes
d'action ne craignant ni les responsabilités, ni
les coups de soleil, ni les coups de feu : des
hommes de réalisation.
Or, les hommes ne sont pas universels ni,
par suite, lorsqu'ils ont una valeur personnelle,
interchangea bles. Les nullités seules le sont.
Les meilleurs fonctionnaires de la rue Oudi-
not feraient triste figure dans la brousse.
Les meilleurs broussards seraient singulière-
ment déplacés à l'Administration centrale.
Certains y sont venus. Si M. Archimbault
avait su combien a été médiocre leur rende-
ment, il n'aurait pas formulé sa proposition.
A l'appui de la thèse de la fusion, on a
invoqué l'exemple du Ministère des Affaires
Elrangères. Il ne saurait être pris en considéra-
tion. Les Ambassades sont, à proprement par-
ler, des services détachés du Quai d'Orsay.
Le travail y est le mmc qu'à Paris. L'unité
de corps s'y impose. Elle constituerait une
monstruosité dans l' Administration coloniale.
Cependant, l'Administration centrale ne
saurait accomplir sa tâche de direction sans
connaître les colonies autrement que par des
rapports. Pour répondre à cette nécessité, on
a astreir.t les jeunes rédacteurs à un stage de
deux ans outre-mer. La mesure est insuf fi-
sante. Les rédacteurs détachés aux colonies
y servent dans les bureaux. Ils ne connaissent
guère du pays que la place du Gouvernement.
Lorsque, vingt ans après, ils sont chargés d'un
service rue Oudinot, leur stage lointain ne leur
est d aucune utilité.
Là est le point faible de I Administration
caltrale. Ses fonctionnaires ne rempliront plei-
nement leur tâche que s'ils ont vu fonctionner
sur place les Administrations locales, dans des
situations leur permettant d'en apprécier par
eux-mêmes les qualités, les défauts et les dif-
ficultés. A cette condition seulement, l'Admi-
nistration de la rue Oudinot aura les connais-
sances nécessaires pour donner au ministrp la
collaboration éclairée qu'il attend d'elle et
préparer avec autorité les instructions qui doi-
vent servir de base à l'action des Administra-
tions locales.
Cette conception n'est pas nouvelle. Llle a
déjà présidé à l' organisation de l'état-major
général de l'Armée, et la Guerre l'a réalisée
d'une façon heureuse : les officiers d'état-
major, en dehors de leurs études spéciales,
sont tenus de faire un stage dans un régiment
à chaque changement de grade. Ils n' en fe-
raient peut-être pas moins de médiocres offi-
ciers de troupes ; mais quand ils préparent des
instructions, ils ne risquent pas de dire des
absurdités d'ordre pratique.
Ne pourrait-on pas, de même, astreindre les
fonctionnaires de t Administration centrale à
effectuer dans des postes actifs un stage colo-
nial à chaque changement de grade ? Ils n' y
brilleraient peut-être pas d'un très vif éclat,
mais ils s'y instruiraient et, rendus à leur spé-
cialité, ils auraient une vision des réalités co-
loniales qui leur éviterait bien des erreurs.
Ne pourrait-on pas décider, par exemple,
que nul ne serai t nommé sous-chef de bureau
s'il n'avait rempli les fonctions de chef de
district, ni chc4 de bureau ; s 'il n'avait com-
mandé un cercle ou une province, ni sous-di-
recteur ou directeur, s'il n'avait rempli les
fonctions de Gouverneur ?
L exécution de ces mesures ne serait très
onéreuse ni pour la métropole, ni pour 'es
colonies. La première continuerait à payer 1
ses fonctionnaires détachés leur sofde (i Lu-
ropo qui supporte les retenues pour les pen-
sions. Les secondes leur verseraient les supplé-
ments prévus pour les fonctionnaires coloniaux
dont ils prendraient momentantément la place.
Si, à cet égard, des modifications de textes
étaient nécessaires, elles ne seraient ni très
importantes ni, sans doute, très difficiles à ef-
fectuer.
Quant aux fonctionnaires coloniaux rempla-
cés par des centraux, ils prendraient provisoi -
rement la situation de ceux-ci à la rue Oudi-
not. Lt il y aurait à cela double avantage, car
ils gagneraient, eux aussi, à connaître les tra-
ditions de l'Administration ctmtrale, ses vues
d'ensemble, ses méthodes de travail, à tenir
compte de contingences dont la vie coloniale
ne peut lernr révéler l'existence. Ce stage ne
serait pas moins indispensable pour les colo-
niaux destinés à faire des Gouverneurs que le
stage colonial pour les centraux. Il devait
même leur être imposé.
Ainsi serait réalisée, sans fusion, une dou-
ble pénétration qui laisserait chacun dans sa
spécialité, tout en portant au maximum l'étcn-
due de ses connaissances et sa capacité de ren-
dement.
Mais il ne suffit pas d' avoir vu une colonie,
même pendant pluseiurs années, pour avoir des
idées exactes et définitives sur tout notre Em-
pire colonial. Les colonies chfièrcnt et évo-
luent. Il serait désirable de maintenir les fonc-
tionnaires centraux en contact direct avec elles.
A cet effet, il faudrait les y envoyer chaque
fois qu'une question politique ou administrative
importante l' exigerait. Ils remplaceraient avan
tageusement pour ces missions les comptables
à tout faire de l'inspection. Ils les rempJace-
raiant avantageusement en raison de leur com-
pétence spéciale, de leur longue expérience et
aussi parce que, ayant suivi les affaires avant
leur départ, ils auraient encore, après les avoir
étudiées sur place, à les solutionner à leur re-
tour.
On pourrait alors envisager le maintien des
sous-directeurs, car ils auraient d-as missions à
remplir ou des directeurs en mission à rempla-
ccr. Mais, en attendant ces réformes, je per-
siste donc à penser que le moment est venu do
les supprimer, et non pas d'en constituer un
stock qu'il faudra quinze ans pour épuiser.
Veuillez agréer.
J. Aytet
L'AVIATION COLONIALE
Alqrr, 1:1 mflT.':, - l.fS Ilriafr.1I /'s 1.l'Hwi-
tre et Arrachart. sont partis ce malin, pour
Oran. d'où, a pré-s un court séjour, ils re-
prendront, par la voie, des airs, la route du
liourqet.
LE TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouverneur Général de rTndnchine
vient de faire connaître au ministre des
colonies qu'à la date du 12 mars 1925 le
taux officiel de la piastre était de 10 fr. 00.
Le Commerce du Dahomey en Î924
–0-0–
Le mouvement commercial du Dahomey
pendant l'année 1^24 a atteint le chiffre de
183.514.107 francs contre 118.838.848 francs
en 1023, soit une augmentation de 64.675.25,-)
francs.
Pour les importations, la paît de la France
et de ses colonies est de 21.350.160 francs;
celle de l'étranger de 61.770-330 francs.
Aux exportations, les chiffres s',Qèvcnt Tes,
pectivement à 38.118.470 et 62.257.120 francs.
Création de Chambres dkqricuilure
et d'industrie
en AlriQue OCCidentale franaise
--0-0---
La mise en valeur de nos colonies néces-
site une union étroite des agriculteurs et in-
dustriels avec l'Administration. Afin de per-
mettre l'expression des Ivsoins de l'Agricul-
ture, il était indispensable en Afrique ( )cci.
dentale de faire appel à la fois aux chefs
d'exploitation française et aux propriétaires
ruraux faisant valoir un bien d'une certaine
importance.
Afin de leur donner une plus grande auto-
rité, et vu que les établissements industriels
existant dans le pays consacrent presque ex-
clusivement leur activité au traitement som-
maire des produits du sol (huileries, usines
de décortiquage, soieries, etc.), il était né-
cessaire d'associer la représentation des in-
térêts de l'agriculture et la représentation des
intérêts de l'industrie.
C'est pourquoi M. Daladier, minire des
Colonies, vient de soumettre, le 9 mars 1925,
à la signature du président de la Républi-
que, un décret permettant au (Gouverneur
Cénérnl de l'A. n. F. d'instituer des Cham-
bres d'Agriculture et d'Industrie dans les
colonies du groupe.
Ce haut fonctionnaire est ainsi chargé; de
déterminer par arrêtés la composition, les
attributions, le régime administratif et finan-
cier de ces nouveaux organes dont la créa-
tion représente le franchissement d'une nou-
velle étaix, par la coopération de l'Adminis-
tration et des agriculteurs ou industriels fran-
çais et indigènes.
.,. -----
L'action française
au Cameroun
La Société des Nations, étudiant la situation
des pays à mandat, avait adressé ses félicitations
à la France pour l' administration du Came-
roun
Les Allemands étaient au Cameroun depuis
1884, soit depuis trente ans, quand la guerre
mondiale. éclata. Leur œuvre dans leur colonie
se borna à réaliser une voie ferrée de 160 kilo-
mètres, construite de telle manière que cette
voie dût être ref aite par la suite, et une autre
voie ferrée de 180 kilomètres ; de plus, avait
été établi un wharf de 40 mètres qui donna
déjà des signes d'usure, et une usine à eaux
reconstruite par nous. L' outillage maritime laissé
par les Allemands était, pour ainsi ebre, inuti-
lisable.
Devant cette situation lamentable, l'adminis-
tration du Territoire prenant le mandat en juil-
let 1922, s' est mise au travail.
De juillet 1922 à mai 1923, près de 500
kilomètres de routes automobiles et de voie
ferrée furent amorcés,
De mai 1923 à décembre 1924, le I erri-
toire a construit 833 kilomètres de routes auto-
mobiles nouvelles, et a procédé à la réfection
d'environ 200 kilomètres de voies dejà exis-
tantes. Ajoutons les constr«:tions et répn ations
d'hôpitaux, de bâtiments administratifs "t l' éco-
les dans les centres.
Au 1" mai 1923, le Cameroun ne jouvait
disposer que de quelques centaines Je mille
francs. Or, il fallait, de toute nécessité et de
toute urgence, acquérir du matériel pour le port
et lc-s chemins de fer. Un projet de loi autori-
sant un emprunt avait bien été dLvp05 au début
de 1922, mais il ne devenait loi d'L'-tat flue le
Il décembre 1923 !
Cependant l'administration n hésita pas, dès
le mois d'août 1923, à commander 4 locomo-
tives valant près d'un million de francs, nt dès
le vote de l'emprunt, sans attendre la moindre
tentative de réalisation. dès septembre Î923,
commandait le matériel nécessaire au ci ,-elop-
pcment du territoire. Ce matériel a rcrrffrvencé
à être fourni en 1925. Ces commandes :'lCrm;-
rent de fournir au chemin «.ta fer du N'»rd des
locomotives et wagons indispensable aux
exploitations forestières, au chemin de fer du
Centre de reconstruira les ponts de JajKOia (120
mètres) et de la Kélé (60 mètres) détruits par
les Allemands, En cinq ans. dan nn pays
effroyablement chaotique pour les 38 premiers
kilomètres, ont été construit' 105 kilomètres de
voie métrique et 35 kilomèrre-s de voie de
0 m. 60. Pendant ce temps, un réseau i- 1.500
kilomètres de routes auto ': t édifié.
Les travaux du port de Douala ont S mis
nn adjudication le 5 janvier 1925. I e r.iatériel
du port a été renouvelé : ::(ül chai.n i-, sont
en service, la drague allemande a etc îcjmise à
neuf, un vapeur de 600 tonneaux d(> j n'Té et
un remorqueur vont commenccr à for.ct¡"nnCT,
Des commandes en cours de !ivraisot > X été
passées pour 7 chalands, 2 rcTvorqueur 4 cha-
loupes à moteur, 3 machines pour Rru-s le le-
vage ; enfin ..-:;our le service ,;;¡ port, i "mor-
queur de 300 ('he\iHI\, 3 l[,;,."nc!:\. 1 - igue.
des bouées, balises rt ¡'ateL'.:T d'éch * fin
chenal, o: t été demandes.
Ainsi, en moins do troi« ahxn\s, 1< Came-
roun a réalisé un programme * r rravauv i fait
bien augurer de ce que sera tpour l'estimation de r part, le mouvoment commercial du Te: Mre,
pendant l'année 1924. a également dépité ce-
lui de 1923, de près de 45 millions de fanes.
De telles précisions démontrent suffisamment
que les Trançai s s'attachent i élever le*, races
indigènes et à développer cr ?»0Mibilité^ éco-
nomiques d'i pays.
LE NUMERO : 80 CENTIME
v1
YE:\IIItUII SOIn. 13 UAHvS 1925
Les Annales Coloniales
es. ,, i il Ai!5 0
ft JOURNAL QUOTIDIEN
LU MTKUI PUBLIÉS PAI -LES AM HALB» COUMUAUCS" Mm LA Pwramt
EXCLUSIVE DU JOUMIAL
La dnnmncBÊ dRédmmm tmti ntmmt au BmrrmoM émj tutmwl ",.. IIIIA.-.,.,
DIRECTEURS 1 MARCEL RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
RéèMÉN : 34, R.. du Mont-Thabor, PARIS-1- Wlplm : LNTU H-I7
u. u a uàob 1 mom
ABONNEMERTS Franc. et Colonie#. go , 46 » J5 t
«iîuMïSHin» 5 Franc* et Colonie9. «0 • 46 » 15 »
Uln.tr* ( Rtranfrer 120 » « il 38 >
Un s'aboume dans tous les Bureaux de potte ot chez les principaux librelrw
Le Haut-Commissariat ? Pacilinue
»+4
Aurions-nous bientôt un Haut-Commissariat
du Pacifique ? M. Archimbaud qui, dans son
rapport et à la tribune, l'avait demandé, lors
de la discussion du budget des Colonies, revient
à la charge dans une conférence prononcée ré-
cemment à l'iicole des Hautes Ltudes Sociales.
Les préoccupations de M. Archimbaud sont
légitimes. La question du Paclhque, qui n'est
pas née d'hieif, puisque l'on peut dire qu'elle
date du jour où les Européens se sont établis
sur les rives ou occupé les archipels de cet
Océan, a pris, depuis quelques années, et sur-
tout depuis la dernière guerre, un intérêt que
- personne ne songe à nier, je n irai pas jusqu'à
soutenir, ainsi que certains le font, qu'à côté
d'elle la question du Rhin, même pour nous,
passe au second plan. Il y a dans ce propos une
exagération manifeste. Mais on ne peut qu'ap-
prouver M. le Président du Conseil lorsque,
lors de la discussion du budget des Affaires
Litrangères, il indiqua à la Chambre que les
problèmes de l' Iijctrême-Orient ne tarderaient
pas à nous faire oublier les querelles et les pas-
sions suscitées par la suppression de l' Ambas-
sade du Vatican.
Et de fait, aujourd'hui même, l'influence de
ces problèmes se fait sentir d une façon non
équivoque sur la politique européenne propres
ment dite. L'Angleterre, après avoir collaboré
à l'établissement du protocole de Genève en
septembre dernier, ne veut pas maintenant le si-
gner, et, au moment où paraîtront ces lignes,
M. Chamberlain aura rendu ce refus public. Or.
l'une des raisons, sinon peut-être l'unique rai-
son de cette attitudo surprenante au premier
abord, n cet-ce pas l'opposition des Dominions
en particulier de l' Australie, de la Nouvelle-
Zélande, qui, tout à leurs préoccupations du
Pacifique, ne veulent pas que la métropol e s' en-
gage trop à fond dans les affaires uniquement
européennes ? lin prévision des conflits que peu-
vent engendrer lce antagonismes qui se dévelop-
pent dans cette partie du monde, les colonies
veulent que la Grande-Bretagne prépara ses for-
ces et en conserve la pleine disposition. Kt,
d'autre part, nous assistons, de la part du Ja-
pon, inquiet des vues de la politique anglo-
aaxone, à un rapprochement non seulement avec
la Russie, mais aussi, disent les gens qui se pré-
tendent bien informés, avec l'Allemagne.
Que fait la Krance au milieu de ces intérêts
qui s'opposent avec une vigueur menaçante ?
Elle ne peut pas ne pas s'en préoccuper. Llle
possède là-bas sa plus belle colonie et un grand
nombre d'îies d'importance moindre sans doute,
mais dont le sort ne doit pas la laisser indifTé.
rente.
Sans doute, la métropole suit de près les évé-
nernents du Pacifique. sans doute elle travaille
au développement économique de ses posses-
sions dans ces régions. Mais son action perd un
peu de son efficacité parce qu'elle n'est pas
assez coordonnée, elle est faite par différents
agents, pleins de talent, mais qui vivent isolés
les uns des autres, s'ignorent très souvent, s'ils
ne se contrecarrent commo il amve malheureu-
sement aussi. Nous souffrons de ces ignorances,
de ces heurts, de cette dispersion.
Pourquoi ne pas opérer le groupement de
toutes ces énergies souvent mal employées et en
donner la direction à un haut fonctionnaire qui
résiderait en Indochine et serait même le Gou-
verneur Général de l'Indochine ?
- a"
L Indochine qui, par sa population, ses res-
sourcca, est la première de nos colonies, devien-
drait le centre de notre action dans cette partie
du monde. Déjà, on a créé un certain nombre
d'établissements d'enseignement supérieur à
Hanoï qui font de cette ville une- sorte de mé-
tropole intellectuelle, l'Athènes de l' Lxtrême-
Orient, comme on aime souvent à dire.
Nul ne serait mieux qualifié pour diriger et
coordonner notre action que le haut fonctionnaire
qui résido à Hanoï.
Grâce à lui, nos petites colonies du Pacifique
recevraient de cette seconde métropole qui se-
rait pour elle l' Indochine les secours en capi-
taux et en main-d'œuvre qui leur sont indispen-
sables pour sortir de la situation difficile qui est
ta leur. Des relations commerciales suivies et
fructueuses pour les uns et les autres s'établi-
raient à travers les Îles françaises du Grand-
Océan. L'Indochine dont la balance commer-
ciale est favorable pourrait exporter en Nou-
velle-Calédonie, aux Nouvel les-Hébrides et à
Tahiti, les capitaux qui, chez elle, sont sans
emploi, et qui serviraient non pas à boucler le
budget de ces colonies, mais à réaliser des tra-
vaux d'ordre économique comme l'agrandisse-
ment et l'outillage duo port de Nouméa.
De même, on organiserait l'immigration entre
les parties surpeuplées de l'Indochine et les Îles
où l'insuffisance des travailleurs paralyse le dé-
veloppement économique. Déjà, d'ailleurs, des
convois d'Annamites, dont le total s'est élevé,
en 1924, à 2.349 individus, partent tous les
ans pour les Nouvelles-Hébrides et la Nou-
velle-Calédonie. Et tout permet d'espérer qu'un
actif courant d'émigration s'établira entre le
Tonkin et ces îles. Grâce à l' arrivée de ces tra-
vailleurs, la culture du coton, qui trouve là un
climat et un terrain tout à fait favorables, pren-
drait une extension certaine et rapide.
Un courant commercial s'ajoutera au courant
humain. L'Indochine exportera son riz, son su-
ere, son ciment, son zinc et même, mais un peu
plus tard, ses soieries, ses meubles,.ses tapis,
etc., tandis que la Nouvelle-Calédonie expé-
diera la biche de mer qu'on pêche sur ses côtes,
qu'apprécient fort les chinois et les Annamites,
les coquillages à nacre, le coprah, dont ont be-
soin les usines indochinoises et les Nouvelles-
Hébrides, le, tabac qui pourra faire de bons mé-
langes avec celui du Tonkin. Enhn, le coton de
la Nouvelle-Calédonie et des Hébrides serait
le bienvenu dans les manufactures indochinoises
insuffisamment pourvues de cette matière pre-
mière.
Un service maritime semestriel d'abord, puis
trimestriel, entre Saïgon, Port-V ila, Nouméa et
I ahiti assurerait d' une façon régulière ces
échanges économiques. Ainsi s'exprime M. Ar-
chimbaud.
Ce projet soulève un nombre assez considéra-
ble d'observations aussi diverses que lc6 intérêts
auxquels ils touchent.
On objecte que l'immigration tonkinoise ne
prendra jamais un développement tel qu'olle
puisse fournir aux îles du Pacihque la main-
d'œuvre qu'elles exigent. L'Indochine n'est pas
un pays surpeuplé ; d'immenses espaces sont vi-
des, dont les ressources attireront certainement
les habitants des plaines à forte densité quand
les voies de, communication auront été établies.
Les préjugés qui entravent les déplacements de
population ne sont pas impossibles à détruire.
Les échanges commerciaux, d'autre part,
n'auront jamais le volume que se plaît à leur at-
tribuer une imagination un peu vive. Certaines
îles, celles de la Société, sont plus éloignées de
l'Indochine que de l'Europe, depuis le perce-
ment de l'isthme de Panama. Leur centre d'at-
traction serait plutôt les Antilles, où elles pour-
raient trouver capitaux et main-d oeuvre. Toutes
ces objections, M. Archimbaud les réfute, pas
toujours peut-ctre, d'une façon décisive.
Mail il n'en reste pas moins que l'idée de
centraliser les intérêts français en extrême"
Orient me paraît une idée heureuse. Lt il a
raison quand il dit que c'est la condition indis-
pensable pour avoir làbas une « politique ho-
mogène et réaliste qui s'impose aujourd'hui ».
« 11 nous faut, ajoute-t-il, dans ces régions, un
haut-commissaire qui jouisse d'une autorité in-
discutable telle qu'elle fasse respecter ses avis
de toutes les puissances asiatiques. Aussi ne sau-
rait-on trop étendre ses pouvoirs et même, lors-
qu'il s'agira de questions purement chinoises,
le haut-commissaire sera plus écouté si l'on sait
qu'il représente la totalité des intérêts français
dans le Pacifique, »
Il faut donc réunir en une même main la sur-
veillance et la défense des intérêts français dans
le Pacifique. C'est entendu. Mais doit-on con-
fier cette mission d'une importance extrême à
un fonctionnaire qui résidera à Hanoï loin du
Gouvernement responsable, loin du Parlement
dont la contrôle doit être incessant ? Je ne le
crois pas.
Ce haut-commissaire serait un véritable roi,
ses pouvoirs seraient si étendus, car je ne sup-
pose pas qu'on veuille en faire une simple boîto
aux lettres, qu'il lui serait possible d'engager
de sa propre autorité, lui faire irresponsable
l' avenir même de notre pays. Il n'y a pas des
problèmes régionaux, si je puis dire, mais des
problèmes mondiaux dont la solution ne peut
appartenir qu'au Gouvernement central.
Il y a quelque imprudence de la part du
Pouvoir central de se dépouiller, au profit d'un
subordonné, de ses prérogatives. Il me serait
facile de citer des exemples. Mais est-ce utile?
Aussi, il me paraîtrait plus sage, plus con-
forme aux principes mêmes de notre régime, de
réaliser cette centralisation d'une façon diffé-
rente. Ce serait la création d'un ministère ou
d'un sous-Secrétariat de l'Extrême-Orient dont
la fonction répondrait aux doubles préoccupa-
tions d'ordre politique et économique, si justi-
fiées de M. Archimbaud, et dont la gestion
n'échapperait pas au contrôle indispensable du
Parlement.
Henry Fontanier,
Députe du Cantal, Secrétaire de la
Commission des Affaires étrangères,
Membre de la Commission des Co-
lonies.
-880
MISSION AU MAROC
---0-0--
Notre ami et éminent collalxmUcur, M.
Bouillollx-Lafont, vice-président do la
Chambre, rapporteur du budget de la guer-
re, quittera Paris dans quelques jours, se
rendant en mission au Maroc. Il a, en effet,
été chargé par la Commission des Finances,
de recueillir sur place toutes informations
utiles et plus spécialement de contrôler, par
un examen approfondi, la situation militaire
de notre protectorat marocain.
Nos meilleurs vœux accompagnent le sym-
pathique vice-président de la Chambre dans
son voyage, dont nous n'avons pas besoin
de souligner toute l'importance.
«et@,
TAUX DE LA ROUPIE
0
Le Gouverneur des Etablissements fran-
çais dans l'Inde vient de faire connaître
au ministre des Colonies qu'à la date du
10 mars 1927), le taux officiel de la roupie
était de 6 fr. 60.
-00.
LS CHEMINOTS TUNISIENS
0
M. Herriot, Président du Conseil, a reçu
ce matin, une délégation de Cheminots tuni-
siens, qui lui a été présentée par M. Dide*
garray, Secrétaire de la Ftion dM Che.
minots.
Dakar, port d escale
peut dès maintenant ravitailler
les navires en mazout
-
Le port de Dakar vient
d'être pourvu tout récem-
ment d installations pour
le ravitaillement des na-
vires en mazout,
On sait que nombreux
sont déjà les paquebots on
cargos qui emploient ce
combustible liquide, au
lieu et place du charboll. Ils y trouvent pas
mal d'avantages : une tonne de mazout vaut
facilement, en e ffet, au point de vue des ca-
lories fournies pendant la combustiofl, deux
tonnes de charbon ; Vapprovisionnement à
embarquer dans les soutes peut dont être
deux fois moins importallt ; il est de plus
facile à jauger et à embarquer, n'a pas,
comme le charbon, l'inconvénient de produire
cette poussière qui pénètre partout et qui est
si désagréable au personnel du bord, aussi
bien qu'aux passagers. Si l'on ajotdc, gu en
général une tonne de mazout coûte moins que
deux tonnes de charbon, et que son emploi
ne nécessite qu'un personnel très réduit dans
les chaufferies, ou se rend compte de la
réelle supériorité du premier de ces combus-
tibles sur le second.
L'avenir de Dakar réside plus, à notre
avis, dans le développement du port de com-
merce que dans celui du port d'cscale pro-
prement dit. le nombre plus ou moins grand
des navires venant prendre du charbon ou
du mazout, qui l'tm et l'autre doivent être
importés de l'étranger n'offre pas, en effet,
pour la colonie ou pour la Métropole un
bien grand intérêt. Si faible qu'il soit, il
convient cependant de ne pas le névli^er et
i! faut féliciter la Société quit avec l'agré-
ment de VAdministration du port, a pris
l'initiative des installations dont il s'agit. Un
dépôt flottant d'une capacité de 8.000 ton-
nes, trois chalands-citernes avec appareils de
pompage constituent le mathiel. Chacun des
appareils de pompage peut débiter 500 ton-
ses de mazout à l'heure. Ce matériel sera pro-
bablement doublé dans le courant de l'an-
née. Ultérieurement, il pourra être complété
par des réservoirs à terre et des pipe-lities.
La Société qui a procède à ces imtalla-
tions et dont la spécialité était jusqu'ici de
ravitailler les navires en charbon aurait passé
des contrats, avec une entre prise pétrolifèrc
du Mexique, qui lui permettraient de four-
nir du mazout à Dakar à un prix i III érieur
à celui qui est demandé à Tas l'aimas, on
un dépôt de mazout existe déjà depuis plu-
sieurs années. Ce sera évidemment le meil-
leur moyen d'attirer des navires.
Il n'est pas douteux que le port de Dakar
va connaître, du fait que les navires chauf-
fant au mazout pourront s'y approvisimwcr,
un surcroît d'activité, surcroît d'activité qui
ne saurait toutefois entraîner ni (lgralldisse
ment des bassins ou des quais, ni dé-
penses qui ne seraient pas en rapport
m'cc les résultats pratiques à en atten-
dre. Tel qu'il est, le port peut suf-
fire pendant longtemps à tous les bateaux
qui viendront y faire escale: ce qui est ur-
gent, c'est de creuser les bassins où viennent
se placer les navires qui apportent ou em-
portent du fut, et de compléter F outillage,
lwfamment. pour le chargement, rapide des
arachides. r (' résultai obtetiu pour le lavi-
t aille ment des navires en mazout, si appré-
ciable qu'il soit, ne doit pas faire perdre de
vue cette dernière question.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Rapports et Décrets
Décret portant suppression des droits de
sortie sur les sucres.
Lors de sa séance du Il juin 192't, le Conseil
(iiMicrul de lu Martinique a délibère sur l'éta-
blissement de droits ad valorem sur les sucres
fabriqués dans la colonie, frappant aussi bien
les produits exportés que ceux consommés
sur place et revêtant ainsi le caractère d'impôt
foncier, pour renu.lacer les droits spécifiques
douaniers que supportaient les sucres exportés.
Connue corollaire a cette délibération, l'As-
semblée locale a adopté un vœu tendant à
l'abro#;ilion du décret du 1 Si mars 1U21 lixnnt
11 21 francs les 100 kilos, les droits, à carac-
tère douanier, frappant les sucres à la sor-
tie de la colonie.
('.elle mesure qui a reçu l'adhésion du gou-
verneur lors de la réunion du 25 juillet 191. du
Conseil Privé, M. le Ministre des Colonies
après consultation du Conseil d'Elut vient de
Vrendre le décret ci-dessus.
A la Commission des Colonies du Sénat
---0-0-
M. Edouard Datadier, ministre des Colo-
nies, a été entendu cet après-midi par la
Commission des Colonies sûr "les crédits et
les modalilés d'exécution du chemin de fer
de Brazzaville à l'océan.
«Oie, -
VERS L'AFRIQUE DU NORD
Nos amis Mario Houstan, sénateur de
l'Hérault, et René Chavagnc, député du Loir-
et-Chcr, doivent partir pour des voyages
d'information et d'études, pour l'Afrique du
Nord (Maroc, Algérie, Tunisie), le premier
le mois prochain et le second dans le cou-
rant de mai.
Opinions coloniales
oe
Nous recevons la lettre suivante :
Monsieur le Directeur,
J'exprimais dans ma dernière lettre l'opinion
que co n'était pas, comme le demandait le
Rapporteur du Budget, un sous-directeur qu'il
était possible de supprimer à f Administration
centrale, mais tous. Ma suggestion, si l'on en
croit les bruits, n' aurait aucun succès. Il y
avait cinq sous-directeurs, il va y en avoir
nouf.
On profiterait, paraît-il, des vacances ac-
tuelles non pour supprimer le poste, mais pour
y promouvoir tous les hors-cadres inscrits au
tableau.
Le procédé est connu : le ministre ne peut
nommer qu'à des emplois vacants. Un fonc-
tionnaire, quels que soient ses mérites, ne sau-
rait être avancé en grade hors des cadres. Mais
si une seule vacance vient à se produire dans
l'Administration centrale, tous les hors-cadres.
si nombreux soient-ils, peuvent être promus
presque simultanément. Il suffit de leur faire
toucher barre : ils sont successivement réinté-
grés, avancés, réexportés. Lo mouvement est
rapide : le temps, pour chacun d eux, de don-
ncr trois signatures. 1 outes les chinoiseries ne
viennent pas de Chine. Celle-ci est de haute
tigncc. Ltte provient du Conseil d'Etat.
Lorsque les hors-cadres sont pourvus, la va-
cance toujours libre est définitivement comblée
au profit d'un fonctionnaire du cadre. Il ne
reste plus aux contribuables métropolitains ou
coloniaux qu'à payer.
« Pas n'est besoin de réussir pour persévé-
rer », disait un Bourguignon célèbre. Plus te-
nace que lui, je continue.
Le Rapporteur du budget, frappé par l'état
dnarchique de l'Administration centrale, de-
mande sa fusion avec les divers corps colo"
maux.
L'idée n' est pas neuve. Elle date de' l'épo-
que où les administrateurs, en surnombre, ont
essaimé dans la plupart des services. L'Ad-
ministration centrale les a particulièrement at-
tirés. Paris présente des avantages : la tempé-
rature y est modérée ; l' avancement rapide, et.
à tout prendre, les petites femmes de Mont-
martre valent bien les danseuses cambodgien-
nes.
M. Ldouard Daladier, ministre des Colo-
nies, a refusé d'entrer dans la combinaison.
On ne saurait trop l' en louer. Les adminis-
trateurs eux-mêmes, dans leur ensemble, doi-
vent l'en remercier. Ceux d'entre eux qui se-
raient venus à Paris n'auraient pas été les meil-
leurs, mais les plus intrigants ou les mieux
apparentés. L'avancement des autres n'aurait
pas été sans en souffrir quelque peu. Les Pari-
s iens n'auraient pas manqué de se faire la
part belle au détriment des broussards. La
camaraderie aurait sévi avec une intensité I)OU.
velle. Le régime « Sarraut » se serait généra-
lisé.
D' autre part, la présence à Paris des colo-
niaux genre « 1 ouzet » n'aurait pas tardé à
devenir indispensable. Ils se seraient dévoués
et cramponnés avec une énergie d'embusqués.
Les règlements qui savent partois s'assouplir
au gré des circonstances auraient été impuis-
sants à les déloger. L'Administration centrale
serait devenue le fief des fils d'archevêques.
Elle n'y aurait gagné ni en valeur profession-
nelle, ni en valeur morale.
L'Administration centrale et les administra-
tions locales ne sauraient, d'ailleurs, être con-
fondues. Leurs tâches sont tout à fait différen-
tes. Llles exigent, le plus souvcnt, des quali-
tés opposées.
A la rue Oudinot, il faut des hommes d'étu-
de pour approfondir les questions de principe,
envisager notre action dans son ensemble tant
au point de vue colonial que métropolitain et
international, et assurer la continuité de notre
politique.
Aux colonies, il faut surtout des hommes
d'action ne craignant ni les responsabilités, ni
les coups de soleil, ni les coups de feu : des
hommes de réalisation.
Or, les hommes ne sont pas universels ni,
par suite, lorsqu'ils ont una valeur personnelle,
interchangea bles. Les nullités seules le sont.
Les meilleurs fonctionnaires de la rue Oudi-
not feraient triste figure dans la brousse.
Les meilleurs broussards seraient singulière-
ment déplacés à l'Administration centrale.
Certains y sont venus. Si M. Archimbault
avait su combien a été médiocre leur rende-
ment, il n'aurait pas formulé sa proposition.
A l'appui de la thèse de la fusion, on a
invoqué l'exemple du Ministère des Affaires
Elrangères. Il ne saurait être pris en considéra-
tion. Les Ambassades sont, à proprement par-
ler, des services détachés du Quai d'Orsay.
Le travail y est le mmc qu'à Paris. L'unité
de corps s'y impose. Elle constituerait une
monstruosité dans l' Administration coloniale.
Cependant, l'Administration centrale ne
saurait accomplir sa tâche de direction sans
connaître les colonies autrement que par des
rapports. Pour répondre à cette nécessité, on
a astreir.t les jeunes rédacteurs à un stage de
deux ans outre-mer. La mesure est insuf fi-
sante. Les rédacteurs détachés aux colonies
y servent dans les bureaux. Ils ne connaissent
guère du pays que la place du Gouvernement.
Lorsque, vingt ans après, ils sont chargés d'un
service rue Oudinot, leur stage lointain ne leur
est d aucune utilité.
Là est le point faible de I Administration
caltrale. Ses fonctionnaires ne rempliront plei-
nement leur tâche que s'ils ont vu fonctionner
sur place les Administrations locales, dans des
situations leur permettant d'en apprécier par
eux-mêmes les qualités, les défauts et les dif-
ficultés. A cette condition seulement, l'Admi-
nistration de la rue Oudinot aura les connais-
sances nécessaires pour donner au ministrp la
collaboration éclairée qu'il attend d'elle et
préparer avec autorité les instructions qui doi-
vent servir de base à l'action des Administra-
tions locales.
Cette conception n'est pas nouvelle. Llle a
déjà présidé à l' organisation de l'état-major
général de l'Armée, et la Guerre l'a réalisée
d'une façon heureuse : les officiers d'état-
major, en dehors de leurs études spéciales,
sont tenus de faire un stage dans un régiment
à chaque changement de grade. Ils n' en fe-
raient peut-être pas moins de médiocres offi-
ciers de troupes ; mais quand ils préparent des
instructions, ils ne risquent pas de dire des
absurdités d'ordre pratique.
Ne pourrait-on pas, de même, astreindre les
fonctionnaires de t Administration centrale à
effectuer dans des postes actifs un stage colo-
nial à chaque changement de grade ? Ils n' y
brilleraient peut-être pas d'un très vif éclat,
mais ils s'y instruiraient et, rendus à leur spé-
cialité, ils auraient une vision des réalités co-
loniales qui leur éviterait bien des erreurs.
Ne pourrait-on pas décider, par exemple,
que nul ne serai t nommé sous-chef de bureau
s'il n'avait rempli les fonctions de chef de
district, ni chc4 de bureau ; s 'il n'avait com-
mandé un cercle ou une province, ni sous-di-
recteur ou directeur, s'il n'avait rempli les
fonctions de Gouverneur ?
L exécution de ces mesures ne serait très
onéreuse ni pour la métropole, ni pour 'es
colonies. La première continuerait à payer 1
ses fonctionnaires détachés leur sofde (i Lu-
ropo qui supporte les retenues pour les pen-
sions. Les secondes leur verseraient les supplé-
ments prévus pour les fonctionnaires coloniaux
dont ils prendraient momentantément la place.
Si, à cet égard, des modifications de textes
étaient nécessaires, elles ne seraient ni très
importantes ni, sans doute, très difficiles à ef-
fectuer.
Quant aux fonctionnaires coloniaux rempla-
cés par des centraux, ils prendraient provisoi -
rement la situation de ceux-ci à la rue Oudi-
not. Lt il y aurait à cela double avantage, car
ils gagneraient, eux aussi, à connaître les tra-
ditions de l'Administration ctmtrale, ses vues
d'ensemble, ses méthodes de travail, à tenir
compte de contingences dont la vie coloniale
ne peut lernr révéler l'existence. Ce stage ne
serait pas moins indispensable pour les colo-
niaux destinés à faire des Gouverneurs que le
stage colonial pour les centraux. Il devait
même leur être imposé.
Ainsi serait réalisée, sans fusion, une dou-
ble pénétration qui laisserait chacun dans sa
spécialité, tout en portant au maximum l'étcn-
due de ses connaissances et sa capacité de ren-
dement.
Mais il ne suffit pas d' avoir vu une colonie,
même pendant pluseiurs années, pour avoir des
idées exactes et définitives sur tout notre Em-
pire colonial. Les colonies chfièrcnt et évo-
luent. Il serait désirable de maintenir les fonc-
tionnaires centraux en contact direct avec elles.
A cet effet, il faudrait les y envoyer chaque
fois qu'une question politique ou administrative
importante l' exigerait. Ils remplaceraient avan
tageusement pour ces missions les comptables
à tout faire de l'inspection. Ils les rempJace-
raiant avantageusement en raison de leur com-
pétence spéciale, de leur longue expérience et
aussi parce que, ayant suivi les affaires avant
leur départ, ils auraient encore, après les avoir
étudiées sur place, à les solutionner à leur re-
tour.
On pourrait alors envisager le maintien des
sous-directeurs, car ils auraient d-as missions à
remplir ou des directeurs en mission à rempla-
ccr. Mais, en attendant ces réformes, je per-
siste donc à penser que le moment est venu do
les supprimer, et non pas d'en constituer un
stock qu'il faudra quinze ans pour épuiser.
Veuillez agréer.
J. Aytet
L'AVIATION COLONIALE
Alqrr, 1:1 mflT.':, - l.fS Ilriafr.1I /'s 1.l'Hwi-
tre et Arrachart. sont partis ce malin, pour
Oran. d'où, a pré-s un court séjour, ils re-
prendront, par la voie, des airs, la route du
liourqet.
LE TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouverneur Général de rTndnchine
vient de faire connaître au ministre des
colonies qu'à la date du 12 mars 1925 le
taux officiel de la piastre était de 10 fr. 00.
Le Commerce du Dahomey en Î924
–0-0–
Le mouvement commercial du Dahomey
pendant l'année 1^24 a atteint le chiffre de
183.514.107 francs contre 118.838.848 francs
en 1023, soit une augmentation de 64.675.25,-)
francs.
Pour les importations, la paît de la France
et de ses colonies est de 21.350.160 francs;
celle de l'étranger de 61.770-330 francs.
Aux exportations, les chiffres s',Qèvcnt Tes,
pectivement à 38.118.470 et 62.257.120 francs.
Création de Chambres dkqricuilure
et d'industrie
en AlriQue OCCidentale franaise
--0-0---
La mise en valeur de nos colonies néces-
site une union étroite des agriculteurs et in-
dustriels avec l'Administration. Afin de per-
mettre l'expression des Ivsoins de l'Agricul-
ture, il était indispensable en Afrique ( )cci.
dentale de faire appel à la fois aux chefs
d'exploitation française et aux propriétaires
ruraux faisant valoir un bien d'une certaine
importance.
Afin de leur donner une plus grande auto-
rité, et vu que les établissements industriels
existant dans le pays consacrent presque ex-
clusivement leur activité au traitement som-
maire des produits du sol (huileries, usines
de décortiquage, soieries, etc.), il était né-
cessaire d'associer la représentation des in-
térêts de l'agriculture et la représentation des
intérêts de l'industrie.
C'est pourquoi M. Daladier, minire des
Colonies, vient de soumettre, le 9 mars 1925,
à la signature du président de la Républi-
que, un décret permettant au (Gouverneur
Cénérnl de l'A. n. F. d'instituer des Cham-
bres d'Agriculture et d'Industrie dans les
colonies du groupe.
Ce haut fonctionnaire est ainsi chargé; de
déterminer par arrêtés la composition, les
attributions, le régime administratif et finan-
cier de ces nouveaux organes dont la créa-
tion représente le franchissement d'une nou-
velle étaix, par la coopération de l'Adminis-
tration et des agriculteurs ou industriels fran-
çais et indigènes.
.,. -----
L'action française
au Cameroun
La Société des Nations, étudiant la situation
des pays à mandat, avait adressé ses félicitations
à la France pour l' administration du Came-
roun
Les Allemands étaient au Cameroun depuis
1884, soit depuis trente ans, quand la guerre
mondiale. éclata. Leur œuvre dans leur colonie
se borna à réaliser une voie ferrée de 160 kilo-
mètres, construite de telle manière que cette
voie dût être ref aite par la suite, et une autre
voie ferrée de 180 kilomètres ; de plus, avait
été établi un wharf de 40 mètres qui donna
déjà des signes d'usure, et une usine à eaux
reconstruite par nous. L' outillage maritime laissé
par les Allemands était, pour ainsi ebre, inuti-
lisable.
Devant cette situation lamentable, l'adminis-
tration du Territoire prenant le mandat en juil-
let 1922, s' est mise au travail.
De juillet 1922 à mai 1923, près de 500
kilomètres de routes automobiles et de voie
ferrée furent amorcés,
De mai 1923 à décembre 1924, le I erri-
toire a construit 833 kilomètres de routes auto-
mobiles nouvelles, et a procédé à la réfection
d'environ 200 kilomètres de voies dejà exis-
tantes. Ajoutons les constr«:tions et répn ations
d'hôpitaux, de bâtiments administratifs "t l' éco-
les dans les centres.
Au 1" mai 1923, le Cameroun ne jouvait
disposer que de quelques centaines Je mille
francs. Or, il fallait, de toute nécessité et de
toute urgence, acquérir du matériel pour le port
et lc-s chemins de fer. Un projet de loi autori-
sant un emprunt avait bien été dLvp05 au début
de 1922, mais il ne devenait loi d'L'-tat flue le
Il décembre 1923 !
Cependant l'administration n hésita pas, dès
le mois d'août 1923, à commander 4 locomo-
tives valant près d'un million de francs, nt dès
le vote de l'emprunt, sans attendre la moindre
tentative de réalisation. dès septembre Î923,
commandait le matériel nécessaire au ci ,-elop-
pcment du territoire. Ce matériel a rcrrffrvencé
à être fourni en 1925. Ces commandes :'lCrm;-
rent de fournir au chemin «.ta fer du N'»rd des
locomotives et wagons indispensable aux
exploitations forestières, au chemin de fer du
Centre de reconstruira les ponts de JajKOia (120
mètres) et de la Kélé (60 mètres) détruits par
les Allemands, En cinq ans. dan nn pays
effroyablement chaotique pour les 38 premiers
kilomètres, ont été construit' 105 kilomètres de
voie métrique et 35 kilomèrre-s de voie de
0 m. 60. Pendant ce temps, un réseau i- 1.500
kilomètres de routes auto ': t édifié.
Les travaux du port de Douala ont S mis
nn adjudication le 5 janvier 1925. I e r.iatériel
du port a été renouvelé : ::(ül chai.n i-, sont
en service, la drague allemande a etc îcjmise à
neuf, un vapeur de 600 tonneaux d(> j n'Té et
un remorqueur vont commenccr à for.ct¡"nnCT,
Des commandes en cours de !ivraisot > X été
passées pour 7 chalands, 2 rcTvorqueur 4 cha-
loupes à moteur, 3 machines pour Rru-s le le-
vage ; enfin ..-:;our le service ,;;¡ port, i "mor-
queur de 300 ('he\iHI\, 3 l[,;,."nc!:\. 1 - igue.
des bouées, balises rt ¡'ateL'.:T d'éch * fin
chenal, o: t été demandes.
Ainsi, en moins do troi« ahxn\s, 1< Came-
roun a réalisé un programme * r rravauv i fait
bien augurer de ce que sera t
pendant l'année 1924. a également dépité ce-
lui de 1923, de près de 45 millions de fanes.
De telles précisions démontrent suffisamment
que les Trançai s s'attachent i élever le*, races
indigènes et à développer cr ?»0Mibilité^ éco-
nomiques d'i pays.
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